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UE 112

Devoir 4
Droit des sociétés
Année 2014-2015

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Auteur : Bernard D’ANGELO

EXERCICE 1 : SITUATIONS PRATIQUES (16 POINTS)

Jean DU MOULIN exploite un grand chalet à la montagne près de Vars dans lequel il reçoit principale-
ment des groupes d’étudiants ou de comités d’entreprise de grandes sociétés.
Pour cela, il a créé la SARL BLANCHE en 2004 avec trois autres personnes : Max, Sophie et Samuel.
En haute saison, ils sont jusqu’à neuf à travailler dans l’entreprise pour s’occuper des 150 personnes que
peut accueillir le chalet.
Jean occupe la fonction de gérant depuis la création de la SARL. Les statuts de la SARL sont conformes
à la loi.
L’affaire fonctionne bien et l’expert-comptable transmet à Jean le 16 octobre 2014, les comptes de la
société correspondant à l’exercice clos le 31 août 2014. L’exercice se solde par un résultat bénéficiaire
de 24 246 €, comme le montre l’extrait du bilan dans l’annexe 2.
Jean vous consulte pour avoir les réponses aux questions suivantes :

TRAVAIL À FAIRE
1. À quelle date, au plus tard, doit-il convoquer l’AG destinée à approuver les comptes de l’exercice
2014 ? (2 points)
2. Faudra-t-il affecter une partie du résultat à la réserve légale ? (1,5 point)
Jean présente les comptes aux autres associés et une altercation a lieu en ce qui concerne la question
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de laisser, ou non, des sommes aussi importantes en réserves.


En effet, Jean et Samuel ont un besoin immédiat d’argent. Ils voudraient donc profiter de la prochaine AG
pour distribuer toutes les réserves. Pour justifier leur choix, ils font valoir que la société fonctionne bien
et elle n’a pas besoin de conserver des sommes en réserve.
À l’inverse, Max et Sophie sont farouchement opposés à la distribution des réserves, car ils craignent
que les résultats futurs de la société diminuent fortement et ils considèrent donc les réserves comme une
garantie essentielle pour la société. Un client important leur a fait savoir qu’il changeait de lieu d’héber-
gement pour ses prochains séjours. Par ailleurs, la conjoncture n’est pas si bonne avec les consé-
quences néfastes de la crise économique sur le secteur des vacances aux sports d’hivers.
Ils viennent tous vous consulter pour avoir des informations sur les points suivants.
3. Quel est l’intérêt de mettre des sommes en réserves ? (1,5 point)
4. L’AG peut-elle décider de distribuer toutes les réserves ? (1,5 point)
Finalement, Jean a convoqué l’AGO pour le 22 janvier 2015 et il a décidé avec Samuel de proposer un
ordre du jour qui prévoit la distribution de la somme globale de 75 000 € car ils ont tous les deux besoin
d’argent (surtout Jean, qui prévoit de profiter de la basse activité d’avril et de mai pour partir deux mois
en Australie pour aller voir sa fille installée là-bas depuis septembre dernier).
5. À quoi s’expose Jean si l’AGO décide de voter la distribution de 75 000 € ? (1,5 point)
L’AGO a lieu dans une ambiance très tendue et houleuse. Max et Sophie menacent de porter plainte si
la résolution prévoyant 75 000 € de distribution est votée. Samuel change donc d’avis et Jean c
­ ommence
à l’insulter ouvertement. Toutes les rancœurs entre les deux hommes éclatent au grand jour. Samuel
propose alors de voter la révocation du mandat de gérant de Jean et de nommer Sophie comme gérante.

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Les trois associés étant d’accord pour cela, ces deux résolutions sont adoptées. Jean claque alors la
porte en menaçant de dissoudre la société.
6. Quelles devront être les formalités à effectuer à l’issue de cette AGO ? (1,25 point)
7. Quelles seront les sanctions si ces formalités ne sont pas réalisées ? (1,75 point)
8. Jean peut-il décider la dissolution de la société ? (2 points)
9. Si les associés décident lors d’une AG la dissolution de la société pour reprendre l’activité dans le
cadre d’une autre organisation sans Jean, quelles seront les conséquences de cette décision et les
formalités à réaliser à l’issue de cette AG ? (1,5 point)
En faisant le point sur les créances impayées, Sophie s’aperçoit qu’un client, M. DUVAL, qui a organisé
plusieurs séjours au chalet, doit encore 8 263 € à la société. Elle le joint au téléphone et celui-ci lui
répond qu’il a agi en fait au nom d’une société en participation et qu’il s’est disputé avec son associé car
celui-ci lui doit de l’argent.
M. DUVAL explique alors à Sophie que le plus simple pour elle est de s’adresser à cet associé pour obte-
nir le paiement de sa créance. Sophie lui dit que personne n’a jamais entendu parler de ce monsieur au
chalet et qu’elle ne peut donc pas le joindre. M. DUVAL lui indique alors son nom, son adresse et son
numéro de téléphone. Il s’agit d’un certain M. Jacques MARTIN.
10. Sophie peut-elle effectivement se retourner contre Jacques MARTIN en invoquant l’existence de
la société en participation ? (1,5 point)

Annexe 1 Répartition du capital de la SARL BLANCHE


Associés Nombre de parts sociales
Jean 400
Max 200
Sophie 200
Samuel 200

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Annexe 2 Extraits du bilan de la SARL BLANCHE pour l’exercice clos
le 31 août 2014

Capital 100 000 €
Réserves légales 10 000 €
Réserves statutaires 15 000 €
Réserves extraordinaires 25 000 €
RAN 12 000 €
Résultat 24 246 €

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EXERCICE 2 : ANALYSE DE DOCUMENT (4 POINTS)

TRAVAIL À FAIRE
1. Quel est le problème de droit posé à la Cour de cassation dans l’arrêt ci-après du 3 avril 2012 ?
(1 point)
2. Quelles sont la décision et l’argumentation de la cour d’appel de Colmar ? (1,5 point)
3. Pour quelles raisons la chambre commerciale de la Cour de cassation casse-t-elle l’arrêt de la cour
d’appel de Colmar ? (1,5 point)

Cour de cassation, chambre commerciale – Audience publique


du mardi 3 avril 2012

N° de pourvoi : 11-15671 – Non publié au bulletin

Vu les articles 1832 et 1873 du Code civil ;


Attendu que l’existence d’une société créée de fait, qui exige la réunion des éléments caractérisant tout
contrat de société, nécessite l’existence d’apports, l’intention de collaborer sur un pied d’égalité à la réali-
sation d’un projet commun et l’intention de participer aux bénéfices ou aux économies ainsi qu’aux pertes
éventuelles pouvant en résulter ; que ces éléments doivent être établis séparément et ne peuvent se déduire
les uns des autres ;
Attendu, selon l’arrêt attaqué, qu’après la fin du concubinage ayant existé entre lui et Mme X…, M. Y… s’est
maintenu dans l’immeuble édifié au cours de la vie commune sur un terrain appartenant à sa concubine ;
que M. Y… a assigné Mme X… en paiement du montant de ses investissements dans l’immeuble ; qu’ulté-
rieurement, il a sollicité la dissolution et la liquidation de la société créée de fait entre les concubins ainsi que
l’attribution préférentielle de l’immeuble ; que Mme X… a assigné M. Y… en paiement d’indemnités d’occu-
pation ; que les deux instances ont été jointes ;
Attendu que pour dire qu’il a existé une société créée de fait entre Mme X… et M. Y… et en ordonner la
dissolution, l’arrêt relève que les règlements effectués par ce dernier tant aux organismes bancaires qu’à
Mme X… dépassent largement le cadre d’une participation normale aux dépenses de la vie commune ; qu’il
retient qu’en contractant ensemble des emprunts dans le dessein de construire une maison sur le terrain de
Mme X… et en mettant en commun leurs ressources pour rembourser ces emprunts, les parties ont mani-
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festé leur intention de collaborer sur un pied d’égalité à la réalisation d’un projet immobilier commun ; qu’il
retient encore qu’en souscrivant avec sa concubine divers engagements bancaires qu’il aurait dû ou devrait
seul assumer en cas de défaillance de Mme X…, M. Y… a personnellement pris un risque financier et a
marqué sa volonté de participer aux pertes éventuelles ;
Attendu qu’en statuant ainsi, alors que l’intention de s’associer en vue d’une entreprise commune ne peut
se déduire de la participation financière à la réalisation d’un projet immobilier et est distincte de la mise en
commun d’intérêts inhérents au concubinage, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS et sans qu’il y ait lieu de statuer sur les autres griefs :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 27 janvier 2011, entre les parties, par la
cour d’appel de Colmar ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient
avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Metz ;
[…]

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