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UE 112

Devoir 2
Droit des sociétés
Année 2014-2015

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Auteur : Jérôme LE DILY

Exercice 1 : Cas pratique (15 points)

La société « La conserverie d’Iroise » est une société anonyme au capital social de 190 000 € (divisé en
1 900 actions d’une valeur nominale de 100 € chacune). Ses actions ne sont pas admises aux négocia-
tions sur un marché réglementé. Son siège social se situe à Douarnenez (Finistère).
Cette société exerce une activité de commerce de produits alimentaires à base de poissons et de fruits
de mer, par correspondance et dans des boutiques spécialisées. Elle emploie 25 salariés.
Le capital social est réparti entre 9 actionnaires :
• Arnaud, 39 ans, propriétaire de 350 actions ;
• Béatrice, 48 ans, propriétaire de 250 actions ;
• Cécile, 42 ans, propriétaire de 200 actions ;
• Damien, 32 ans, propriétaire de 200 actions ;
• Eva, 29 ans, propriétaire de 200 actions ;
• Fabrice, 31 ans, propriétaire de 200 actions ;
• Gaëlle, 56 ans, propriétaire de 200 actions ;
• Henri, 78 ans, propriétaire de 200 actions ;
• Lionel, 17 ans, propriétaire de 100 actions.
La société réalise chaque année un chiffre d’affaires assez stable, entre 18 000 000 € et 20 000 000 €.
Le total de son bilan s’élevait à 1 600 000 € au titre de l’exercice 2013.
La direction de cette société anonyme est de type moniste. La société est dirigée par un directeur géné-
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ral, en la personne de Gaëlle. Le conseil d’administration est présidé par Arnaud, et se compose des
4 administrateurs suivants : Arnaud, Damien, Fabrice et Gaëlle.
La SA a le même commissaire aux comptes depuis dix ans : M. Hovasse.
Marc, l’un des salariés de la SA, vient de démissionner le mois dernier. Il exerçait les fonctions de chargé
de communication et de webdesigner. Damien souhaiterait le remplacer. Il espère pouvoir conclure un
contrat de travail à durée indéterminée avec la SA. Il doit en parler demain à Gaëlle et à Arnaud. Cette
situation serait une première au sein de la SA « La conserverie d’Iroise », aucun  actionnaire et aucun
administrateur n’ayant jamais été simultanément salarié de la société.
Fabrice est décédé accidentellement la semaine dernière. Plusieurs personnes se sont déjà manifestées,
pour faire part de leur volonté de devenir administrateur en remplacement de Fabrice. À l’heure actuelle,
quatre candidatures fermes ont été déposées :
• Serge, 38 ans, notaire ;
• Lionel, 17 ans (émancipé), étudiant, actionnaire de la SA ;
• Henri, 78 ans, actionnaire de la SA ;
• Eva, actionnaire de la SA, administrateur dans trois SA différentes (non liées entre elles) ayant leur siège
social en région parisienne et membre du conseil de surveillance dans deux autres SA (non liées entre
elles) ayant leur siège social à Lyon.
Lors de l’assemblée générale ordinaire d’approbation des comptes 2013, intervenue le 28  juin 2014,
les  actionnaires ont voté la révocation du mandat de président du conseil d’administration confié à
Arnaud. Cette décision a été votée à l’unanimité des actionnaires (à l’exception d’Arnaud), alors qu’elle
n’était pas inscrite à l’ordre du jour. Arnaud conteste la validité de cette décision. Le commissaire aux
comptes va dans son sens. Gaëlle, DG de la SA, s’interroge ; elle ne sait pas bien si l’assemblée générale
ordinaire pouvait prendre une telle décision et de cette manière.

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Droit des sociétés • Série 2

Conformément aux dispositions des statuts, deux directeurs généraux délégués ont été nom-
més lors de la création de la société : Cécile et Béatrice.
Le mois dernier, Cécile a acquis du matériel informatique au nom de la SA. Cette acquisition
s’est réalisée dans le plus grand silence, Gaëlle et Arnaud ayant découvert hier l’existence de ce
contrat. Pourtant, les statuts n’autorisent pas un directeur général délégué à accomplir seul des
actes au nom de la SA sans y avoir été préalablement autorisé conjointement par le président du
conseil d’administration et par le directeur général.
Par ailleurs, une augmentation de capital par apport en nature est envisagée. Il s’agirait d’un
apport unique effectué par Cécile, correspondant à un bien immobilier qu’elle évalue à 80 000 €.
Les actionnaires envisagent de profiter de la prochaine assemblée générale, en juin 2015, pour
mettre en œuvre ce projet.

TRAVAIL À FAIRE
1. À quelles conditions Damien peut-il devenir salarié de la SA tout en restant membre du
conseil d’administration ? (3,5 points)
2. Quelle est la conséquence, pour la SA, du décès de Fabrice ? (2,5 points)
3. Les quatre candidatures au poste d’administrateur, en remplacement de Fabrice, sont-
elles recevables ? (2,5 points)
4. Les actionnaires pouvaient-ils valablement révoquer Arnaud de son mandat de président
du conseil d’administration lors de l’AG de juin dernier ? (2 points)
5. Henri trouve curieux qu’il y ait deux directeurs généraux délégués (il pense que la loi n’en
prévoit qu’un seul) et conteste l’acte d’acquisition accompli par Cécile le mois dernier au
motif qu’un directeur général délégué ne peut disposer d’aucun pouvoir de gestion externe.
Qu’en pensez-vous ? (2 points)
6. Comment se décidera l’augmentation de capital par apport en nature ? Cécile peut-elle
imposer la valeur de 80 000 € ? (2,5 points)

Annexe Extraits des statuts de la SA La conserverie d’Iroise

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Article 8
« Le conseil d’administration doit comporter quatre membres. Les administrateurs devront
tous être des personnes physiques. Chaque administrateur devra détenir au moins cin-
quante actions en pleine propriété. »

Article 18
« Pour prendre les décisions collectives extraordinaires, l’assemblée générale ne délibère
valablement que si les  actionnaires présents ou représentés possèdent au moins, sur
première convocation, la moitié et, sur deuxième convocation, le tiers des actions ayant le
droit de vote. Elle statue à la majorité des deux tiers des voix dont disposent les action-
naires présents ou représentés. »

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Exercice 2 : Analyse d’une décision de justice (5 points)

TRAVAIL À FAIRE
Après avoir pris connaissance de l’arrêt reproduit ci-après, vous traiterez les questions
suivantes :
1. Résumez les faits. (0,5 point)
2. Présentez la procédure judiciaire antérieure. (1 point)
3. Formulez le problème de droit. (0,5 point)
4. Présentez et analysez la solution et les arguments de la Cour de cassation. (1,5 point)
5. Pourquoi était-il nécessaire pour M. X de démontrer que Mme Y avait commis une faute
personnelle détachable de ses fonctions ? (1,5 point)

Cass. Com., 12 mars 2013, n° 12-11514, F-D


Sur le moyen unique :
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 25 octobre 2011) et les productions, que M. X… était directeur
technique et commercial de la société par  actions simplifiée Pharmaconsult (la société) dont le
président et unique actionnaire était Mme Y… ; qu’il a été licencié pour motif économique le 10
septembre 2004 ; que la société a été ultérieurement mise en liquidation judiciaire ; qu’un arrêt
irrévocable du 5 décembre 2007 a fixé au passif de la société les sommes dues à M. X… au titre
de l’intéressement de l’année 2003 et de l’indemnité compensatrice de la clause de non-concur-
rence ; que reprochant à Mme Y… d’avoir commis une faute personnelle détachable de ses fonc-
tions de dirigeant en détournant à son profit les sommes qui auraient dû lui revenir, M. X… l’a fait
assigner en paiement de dommages-intérêts ;
Attendu que M. X… fait grief à l’arrêt d’avoir rejeté ses demandes, alors, selon le moyen :
[…]
Mais attendu, en premier lieu, que l’arrêt se borne à retenir que la décision de distribution de divi-
dendes, prise au nom et pour le compte de la personne morale, ne constitue pas en elle-même une
faute détachable des fonctions de dirigeant, même si elle est intervenue en faveur de l’associée
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unique ; qu’il ne dit pas que le fait que cette décision soit prise au nom et pour le compte de la
personne morale fait obstacle par principe à ce qu’elle puisse constituer une faute du dirigeant
détachable de ses fonctions ;
Et attendu, en second lieu, que l’arrêt retient que l’allégation de manœuvres intentionnelles desti-
nées à dissimuler le bénéfice au titre de l’exercice clos le 31 décembre 2003 est inopérante, les
comptes annuels ayant été déposés au registre du commerce où ils sont consultables par toute
personne en formant la demande, peu important qu’ils l’aient été après l’expiration du délai légal ;
qu’il retient encore que l’attestation d’une autre salariée faisant état du refus de la comptable de
communiquer des informations sur la convention collective ou sur le bilan de l’exercice 2003 à la
suite de recommandations de Mme Y… ne suffit pas à constituer une réticence dolosive de nature
à caractériser une faute détachable des fonctions de dirigeant, en l’absence de toute demande
écrite que M. X… aurait adressée à cette dernière relativement à son intéressement au bénéfice
pour l’année 2003 ; qu’en l’état de ces appréciations souveraines desquelles elle a pu déduire que
Mme Y… n’avait commis aucune faute détachable de ses fonctions de dirigeant, la cour d’appel,
qui a procédé à la recherche visée par la troisième branche et qui n’avait pas à faire d’autres
recherches, a légalement justifié sa décision ;
D’où il suit que le moyen, qui manque en fait en sa première branche, n’est pas fondé pour le
surplus ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
[…]

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