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Aminotransférases
Aminotransférases
Biologie médicale
[90-10-0130]
Aminotransférases
Résumé
Les aminotransférases (aspartate aminotransférase : AST ou ASAT, et alanine aminotransférase :
ALT ou ALAT), encore nommées transaminases, catalysent le transfert réversible du groupement
aminé d'un aminoacide, respectivement le L-aspartate (AST), et la L-alanine (ALT), sur un acide
alpha cétonique, le 2-oxoglutarate.
Ce sont des enzymes présentes dans de nombreux tissus, localisées dans le cytoplasme (AST et
ALT) et les mitochondries (AST), dont l'augmentation dans le sang témoigne de la libération du
contenu cellulaire consécutive à une cytolyse.
Les aminotransférases jouent un rôle très important dans les réactions de transamination du
métabolisme intermédiaire, car elles participent à la synthèse et au catabolisme des acides aminés.
Leur présence dans le plasma résulte de leur libération à partir des tissus, témoignant du
processus normal de renouvellement cellulaire ou/et d'une modification de la perméabilité de la
membrane des cellules ou de leur nécrose, à la suite d'une lésion. La mesure de leur activité
sérique permet de mettre en évidence une cytolyse, de localiser l'atteinte d'un organe et d'indiquer
l'importance ou la gravité de l'affection.
ÉTAPE PRÉANALYTIQUE
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Les techniques les plus souvent adoptées pour mesurer l'activité sérique ou plasmatique des
aminotransférases reposent sur le même principe de mesure (fig 1).
Techniques de référence
La détermination de l'activité catalytique de ces enzymes a fait l'objet de travaux au niveau
international, et a abouti à la publication de techniques de référence. Pour chacune, les conditions
opératoires, le mode de mesure, la nature et la concentration des réactifs sont décrits dans les
documents publiés par l'International Federation of Clinical Chemistry (IFCC).
Elles préconisent l'addition dans le milieu réactionnel de phosphate de pyridoxal (PLP) [13] pour
réactiver l'enzyme présente dans le sérum sous forme d'apoenzyme (inactive) et révéler la totalité
de l'enzyme présente dans le sérum. Une phase de préincubation du réactif avec le sérum ou le
plasma est ainsi nécessaire pour permettre à la fois la réactivation de l'enzyme par son coenzyme,
et le déroulement des réactions parasites de consommation du NADH2 avant la mesure.
Ces techniques sont destinées à assurer la justesse des mesures, et à titrer les matériaux de
référence.
Des matériaux de référence ont été préparés respectivement par le National Institute of
[1]
Standards, États-Unis (NIST) pour l'AST (sous la référence RM 8430) et le Bureau
communautaire de référence de l'Union européenne pour l'ALT (sous la référence CRM 426) [14].
Des étalons secondaires sont désormais commercialisés pour être utilisés comme des étalons et
améliorer la cohérence interlaboratoire des résultats [2].
Techniques recommandées
Les conditions de mesures proposées [7, 8, 9, 10] par la Société française de biologie clinique
(SFBC) sont très proches (tableaux III et IV) de celles des techniques de référence, et
fournissent des résultats de justesse voisine.
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Variations physiologiques
L'exercice physique, l'âge et le poids sont des facteurs d'augmentation de l'AST. L'activité des
transaminases n'est pas modifiée par la grossesse.
Les différences observées entre les résultats obtenus avec les techniques utilisant du PLP et celles
qui n'en utilisent pas varient en fonction des sérums, de zéro à 200 %. En moyenne, chez les
sujets sains, l'augmentation constatée par l'addition de PLP est de l'ordre de 50 % pour l'AST, et
de 20 % pour l'ALT.
[2, 3, 5, 11]
Valeurs observées dans les pathologies les plus fréquemment rencontrées
Affections cardiaques
Dans l'infarctus du myocarde, l'augmentation de l'AST commence dès la 12e heure, le maximum du
pic se situe aux environs de 24 heures. Les activités retrouvées se situent entre 2,5 et 9 fois le
niveau de base. L'ALT augmente vers la 19e heure, et le maximum se situe vers la 24e heure. Les
niveaux sont compris entre 0,3 et 3,3 fois la limite de base.
Affections hépatiques
Toutes les hépatites aiguës, d'origine médicamenteuse, toxique ou virale, ainsi que les ischémies
hépatiques d'origine veineuse ou artérielle, l'obstruction de la voie biliaire principale, conduisent à
une hypertransaminasémie importante. Des augmentations modérées sont observées dans les
tumeurs hépatiques et les métastases, ainsi que dans la plupart des cholestases [4].
La cytolyse hépatique se traduit par une augmentation concomitante de l'AST et de l'ALT. Une
élévation de l'ALT et de l'AST, de 15 à 150 fois la limite de l'intervalle de référence, permet de
contribuer à établir le diagnostic. L'importance de cette augmentation n'est pas un signe de
gravité. On assiste, en cas de guérison, à une normalisation des valeurs en 3 à 5 semaines, quelle
que soit la valeur au moment de l'acmé. Le rapport AST/ALT est toujours inférieur à 1. L'élévation
de ce rapport est un signe d'évolution vers la chronicité.
Hépatites chroniques
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La gravité de l'atteinte peut être évaluée par l'estimation du rapport AST/ALT (rapport de De Ritis),
pour lequel une valeur supérieure à 1 est un facteur pronostique défavorable.
Quelle que soit l'origine de l'hépatite chronique (médicamenteuse, toxique ou virale), on observe,
dans l'hépatite chronique persistante, un rapport AST/ALT voisin de 1, et une augmentation des
activités AST et ALT, de 2 à 5 fois la limite supérieure de l'intervalle de référence.
Dans l'hépatite chronique active, le rapport AST/ALT est supérieur à 1, et l'activité AST se situe à 10
fois la limite supérieure de l'intervalle de référence.
Cirrhoses
Dans les cirrhoses, l'augmentation des transaminases est modeste, mais le rapport AST/ALT est
supérieur à 1.
Les patients atteints de cirrhose biliaire primitive, présentent une élévation modérée des
transaminases.
La toxicité hépatique de différents médicaments (tableau VII) et des produits xénobiotiques, peut
se traduire par une augmentation des transaminases, témoignant d'une atteinte cytolytique :
l'augmentation est souvent modérée (30 à 300 UI/L), mais prolongée (> 6 mois).
Alcoolisme
L'alcoolisme est un facteur d'augmentation des transaminases [3]. Il a été montré une
augmentation préférentielle de la fraction mitochondriale de l'AST chez les patients dont la
consommation d'alcool est supérieure à 40 g par jour. Dans l'alcoolisme chronique, l'augmentation
des transaminases constitue un facteur pronostique important d'évolution vers la cirrhose.
Syndrome de Reye
La cytolyse hépatique se traduit par une augmentation de l'AST et de l'ALT de plus de trois fois la
valeur limite de l'intervalle de référence. Les cas où les valeurs atteignent 100 fois la limite sont
rares.
Hépatite C
L'activité des transaminases est élevée chez les porteurs du virus dans plus de 50 % des cas, plus
de 6 mois après l'infection. L'augmentation porte surtout sur l'ALT, mais reste généralement
modeste.
C'est souvent par le biais de l'analyse systématique des transaminases, qu'une recherche du virus
de l'hépatite C est prescrite.
Le seuil au-dessus duquel le risque de transmission d'une hépatite est significativement augmenté
a été défini (arrêté du 4/ 01/95, JO du 31/01/95). Chaque laboratoire de qualification du don doit
calculer ce seuil à partir des valeurs observées des activités ALT de deux populations (donneurs
hommes et donneuses femmes) et leur distribution. Les activités mesurées, après transformation
logarithmique décimale, sont calculées à l'aide de la formule suivante : moyenne + 1,96 écart type.
Lorsqu'un donneur présente une valeur de l'ALT plasmatique supérieure à ce seuil, le sang est
écarté et le donneur reconvoqué.
Plusieurs cas ont été décrits dans la littérature pour l'AST et l'ALT. Pour l'AST, les cas rapportés
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Plusieurs cas ont été décrits dans la littérature pour l'AST et l'ALT. Pour l'AST, les cas rapportés
montrent des augmentations de l'activité de cinq à dix fois la limite supérieure des valeurs
usuelles, avec persistance pendant des périodes pouvant aller jusqu'à 10 ans.
La méconnaissance de ce type d'élévation isolée de l'une des deux transaminases peut être à
l'origine d'investigations multiples et d'hospitalisations inutiles.
Références
[1] Bowers GN, Mc C omb RB, Danyal Syed GC , Edwards J, Paule RC , Greenberg N , et al. Primary
human aspartate aminotransferase reference material. The catalytic activity concentration of AST in
RM 8430 as measured by the IFC C reference method for AST in 10 Enzyme standardization
laboratories. Clin Chem 1988 ; 34 : 450-459
[2] Ferard G, Edwards J, Kanno T, Lessinger JM, Moss DW, Schiele F , et al. Validation of an enzyme
calibrator. An IFC C guideline. Clin Biochem 1998 ; 31 : 495-500 [crossref]
[3] Fontaine H, Vassault A, Nalpas B Alcool et foie. Pathol Biol 1999 ; 47 : 945-957
[4] Gerhardt MF, Guéchot J, Imbert-Bismuth F, Jezequel-C uer M, Lasnier E, Myara A , et al. Exploration
biologique dans le diagnostic et la surveillance d'une maladie de foie. Schémas d'aide à la
décision. Pathol Biol 1999 ; 47 : 1016-1032
[5] Guéchot J, Gerhardt MF, Imbert-Bismuth F, Myara A, Vassault A, Voitot H Aspects récents de la
biochimie hépatique: de la physiologie à l'exploration fonctionnelle du foie. Ann Biol
Clin 1995 ; 53 : 373-394
[6] Guyader D C ytolyse aiguë. (Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS,
Paris) (Ed.) Hépatologie : 2000; 7-007-B-211-6.
[7] Mathieu M, Guidollet J, Junien C , Lalégerie P, Schiele F, Vassault A et les membres de la commission
enzymologie de la SFBC . Recommandations pour la détermination dans le sérum humain de la
concentration catalytique de l'alanine aminotransférase. Ann Biol Clin 1978 ; 36 : 457-462
[8] Mathieu M, Guidollet J, Junien C , Lalégerie P, Schiele F, Vassault A et les membres de la commission
enzymologie de la SFBC . Recommandations pour la détermination dans le sérum humain de la
concentration catalytique de l'alanine aminotransférase. Ann Biol Clin 1982 ; 40 : 117-123
[9] Mathieu M, Guidollet J, Junien C , Lalégerie P, Schiele F, Vassault A et les membres de la commission
enzymologie de la SFBC . Recommandations pour la détermination dans le sérum humain de la
concentration catalytique de l'aspartate aminotransférase. Ann Biol Clin 1976 ; 34 : 291-302
[10] Mathieu M, Guidollet J, Junien C , Lalégerie P, Schiele F, Vassault A et les membres de la commission
enzymologie de la SFBC . Recommandations pour la détermination dans le sérum humain de la
concentration catalytique de l'aspartate aminotransférase. Ann Biol Clin 1982 ; 40 : 91-98
[11] Moss D, Henderson AR Textbook of clinical chemistry. Philadelphia: WB Saunders1994
[12] Schiele F, Siest G, C olinet E, Profilis C . The certification of the catalytic concentration of alanine
aminotransferase (ALT) (EC 2. 6. 1. 2) from pig heart in a reconstituted lyophilized material C RM
426. C ommission of the European C ommunities, C ommunity Bureau of Reference, 1992
[13] Schumann G, Bonora R, C eriotti F, Férard G, Ferrero C A, Franck PFH , et al. IFC C primary reference
procedures for the measurement of catalytic activity concentrations of enzymes at 37 °C . Part 4.
Reference procedure for the measurement of catalytic concentration of alanine aminotransferase [L-
Alanine: 2-Oxoglutarate aminotransferase (ALT), EC 2.6.1.2]. Part 5. Reference procedure for the
measurement of catalytic concentration of aspartate aminotransferase [L-Aspartate: 2-Oxoglutarate
aminotransferase (AST), EC 2.6.1.1]. Clin Chem Lab Med 2002 ; 40 : 718-733
[14] Sturk A, Sanders GT Macro enzymes: prevalence, composition, detection and clinical relevance. J
Clin Chem Clin Biochem 1990 ; 28 : 65-81
[15] Vincent-Viry M Alanine aminotransférase. Aspartate aminotransférase. In: Paris: Elsevier/C ollection
Option Bio (Ed.) : 1991; 77-83, 123-138.
Fig. 1 :
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Fig. 1 :
Principe de mesure de l'activité catalytique des aminotransférases. MDH : malate déshydrogénase; LDH : lactate
déshydrogénase.
Fig. 2 :
Fig. 2 :
Équation de calcul de l'activité catalytique des aminotransférases. δ A : variation d'absorbance par unité de temps; δ t :
durée de la mesure en minute; VT : volume total réactionnel; VS : volume du sérum; : coefficient d'absorption
molaire du NADH (à 30 °C = 6,3 x 102 m2 ·mol- 1 ); d : trajet d'optique de la cuve en mm.
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molaire du NADH (à 30 °C = 6,3 x 102 m2 ·mol- 1 ); d : trajet d'optique de la cuve en mm.
Fig. 3 :
Fig. 3 :
Transformation de température de 30 °C à 37 °C et de 37 °C à 30 °C .
Fig. 4 :
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Fig. 4 :
Schéma d'interprétation d'une augmentation de l'aspartate aminotransférase (15 N = 15 fois la limite supérieure de
l'intervalle de référence).
Fig. 5 :
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Fig. 5 :
Schéma d'interprétation d'une augmentation de l'alanine aminotransférase (15 N = 15 fois la limite supérieure de
l'intervalle de référence).
Tableaux
Tableau I
Tableau I - Principales caractéristiques des aminotransférases (ALT et AST).
Forme présente dans le sérum normal cytosolique et mitochondriale (< 5 %) cytosolique (100 %)
Tableau II
Tableau II - Prélèvement, stabilité dans le plasma et influence de l'hémolyse.
ALT SFBC oui oui non oui 48 heures 5 jours non sans
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Tableau III
Tableau III - Recommandations générales proposées par la Société française de biologie clinique.
Tableau IV
Tableau IV - C onditions de mesure des aminotransférases proposées par la Société française de biologie clinique.
ALT AST
pH 7,5 7,8
MDH - 10 ukatal/L
Tableau V
Tableau V - Performances des techniques automatisées utilisant des réactifs prêts à l'emploi.
Tableau VI
Tableau VI - Valeurs usuelles de l'AST et de l'ALT à 37 ÃÂ�ÂÂ�ÃÂ�°C .
AST ALT
Tableau VII
Tableau VII - Principaux médicaments impliqués dans l'augmentation des transaminases.
Anabolisants : stéroïdes
Antalgiques et anti-inflammatoires : acide acétylsalicylique, allopurinol, paracétamol,
phénylbutazoneÃÂ�ÂÂ�ÃÂ�ÂÂ�
Antiarythmiques : amiodarone, procaïnamide, quinidineÃÂ�ÂÂ�ÃÂ�ÂÂ�
Antibiotiques : céphalosporines, érythromycine, tétracyclines, troléandomycineÃÂ�ÂÂ�ÃÂ�ÂÂ�
Antiépileptiques : acide valproïque, carbamazépine, diphénylhydantoïne, phénobarbital
Antihypertenseurs : méthyldopa, acide tiéniliqueÃÂ�ÂÂ�ÃÂ�ÂÂ�
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Antihypertenseurs : méthyldopa, acide tiéniliqueÃÂ�ÂÂ�ÃÂ�ÂÂ�
Antituberculeux : isoniazide, rifampicineÃÂ�ÂÂ�ÃÂ�ÂÂ�
C ontraceptifs oraux
Diurétiques : furosémide
Hypolipémiants : clofibrate, fénofibrateÃÂ�ÂÂ�ÃÂ�ÂÂ�
Immunosuppresseurs : ciclosporine, azathioprine
Sulfamides hypoglycémiants : glibenclamide, tolbutamide
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