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INTRODUCTION

Le comparatisme, a connu un développement fulgurant depuis le XVIIIe


siècle. Les savants ont tout comparé, les langues (la linguistique comparée), les lettres
(la littérature comparée), les croyances (les religions comparées)1.

Raymond Saleilles, après avoir enseigné le Droit pénal comparé, inaugure


en 1901, à la Faculté de Droit de Paris, son cours de Droit civil comparé. Mais depuis
lors, l’on a cessé de décrier le peu d’importance qu’on y accorde dans les pays du
Droit continental.

Dans son ouvrage intitulé Droit comparé, Pierre Le Grand2 désapprouve le


comportement du juriste français en écrivant : « Pris dans un Droit dont on lui a appris
à être épris, le juriste français n’entend pas qu’il y a, en d’autres endroits, d’autres
Droits, les Droits des autres peuples (…) qui sollicitent la comparaison.»

Le Droit comparé a pour objet de rechercher et d'expliquer les différences


entre les divers ordres juridiques à une époque déterminée. Cette diversité est perçue
comme un phénomène culturel, qui appelle l'étude non seulement des sources du Droit
positif des systèmes faisant l'objet de la comparaison, mais aussi et surtout de la
structure des sociétés concernées, des modes de raisonnement qui y ont cours et des
croyances et idéologies sous-jacentes3.

e
Paradoxalement, cette branche, qualifiée au début du XX siècle de
« nouvelle venue » dans le cursus académique par le comparatiste Édouard Lambert
(1866-1947), se recherche toujours en tant que discipline scientifique. Plus d'un siècle
après que le premier congrès international de Droit comparé tenu à Paris en 1900 lui
ait reconnu sa légitimité universitaire, force est de reconnaître que, dans la plupart des

1
BRUNO DE LOYNES de Fumichon, Introduction au droit comparé, (Coll. Ex Professo), Vol. II, sl,
2013, p. 5.
2
LE GRAND Pierre, Droit comparé, (col. Que sais-je), PUF, Paris, 2011, p. 2.
3
À ce titre, les liens qu'entretient le Droit comparé avec la philosophie du Droit, avec la linguistique,
la sociologie et l'anthropologie, ou encore avec les sciences économiques et politiques, lui confèrent
une vocation académique unique au sein des disciplines juridiques.

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pays, le comparatiste (s'il existe...) jouit d'un prestige limité auprès de ses pairs, tandis
que sa matière est généralement perçue comme favorisant l'accumulation stérile
d'informations éparses et non systématisées, de valeur tout au plus anecdotique pour
les diverses branches de Droit positif qu'elles peuvent concerner.

Il est vrai aussi que c'est la pratique même de la comparaison qui contribue
parfois à ternir l'image de cette discipline, se confondant trop souvent avec la simple
juxtaposition d'études ponctuelles consacrées à tel ou tel système, voire à telle ou telle
règle étrangère, tout en négligeant les exigences d'ordre épistémologique qui confèrent
à cette matière toute sa légitimité scientifique.

I. Polémique autour de l’intitulé du cours et définition

L'expression de «Droit comparé» est parfois critiquée non sans raison. On


lui propose en remplacement celle de «science comparative du Droit» ; d' «études
juridiques comparatives» ou de «Droit comparant»4. car, ses expressions expriment
mieux l'idée que, la matière dont il est question renvoie à une démarche et non à un
Droit positif, non à un Droit matériel, comme le Droit français ou le Droit privé ...

Pas étonnant que l'un des fondateurs du Droit comparé moderne, Edouard
Lambert dise que l'expression «Droit comparé» est «amphibologique», qu'elle est
équivoque, qu'elle a un double sens.

Partant de ce qui précède, il ressort que le Droit comparé a deux objets


étroitement liés : l'étude des Droits étrangers, d'une part, et la comparaison de ces
Droits d'autre part.

Il n'est pas possible de comparer deux éléments, sans les connaître, l'un et
l'autre, dans une mesure suffisante. Aussi devrait-on, en principe, commencer par
étudier les Droits étrangers, avant de procéder à leur comparaison. Adrian Popovici dit
que le Droit comparé, c’est toute incursion dans un Droit qui n’est pas le vôtre, qui
n’est pas votre Droit national.

4
Les anglophones utilisent l'expression de « Comparative Law ».

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II. Historique du Droit comparé

Les origines du Droit comparé sont fort lointaines et se perdent dans la nuit
des temps : on en trouve déjà des exemples dès l'Antiquité. Mais pour ne pas faire de
l’histoire du Droit comparé, nous allons nous limiter à retracer les grandes lignes de
son évolution.

En effet, s’il est vrai que les Grecs ont inventé la philosophie, la science
politique, l'histoire, la médecine, l'urbanisme, leurs législateurs et leurs philosophes
ont appliqué la comparaison à des fins de construction du Droit.

C’est ainsi qu’il est souvent dit que Lycurgue, Dracon, Solon, Pisistrate et
les autres sages de la Grèce antique, ont beaucoup voyagé pour faire des découvertes.
Ils auraient visité des pays étrangers (Crète, Egypte, Phénicie, Asie Mineure, Perse), et
étudié leurs mœurs et coutumes, leurs institutions et leurs Droits.

Physiquement, psychologiquement et idéologiquement, ces sages auraient


pris leurs distances avec leur cité et leur milieu d'origine. A leur retour, cet état d'esprit
et ces connaissances leur auraient permis de réformer de manière progressiste les
institutions et le Droit de leur cité.

Pas étonnant que Lycurgue, ait voyagé et consulté, notamment la Pythie de


Delphes, avant d'établir la constitution de Sparte, la première constitution connue de
toute l'histoire constitutionnelle. Cette constitution, qui portait le nom de «grande
Rhétra», ou «grande Loi», daterait de IXe ou du VIIIe siècle av. J-C.

De même, Aristote, un philosophe grec du temps de la crise de la


démocratie et du règne d'Alexandre le Grand, réunit une équipe de chercheurs et
rassembla de la documentation sur 153 constitutions de cités du monde méditerranéen,
grecques et autres. Son objectif était clairement, l'un de ceux que se fixe le Droit
comparé d'aujourd'hui : améliorer le Droit positif. Aristote était à la recherche de la
meilleure constitution politique, la constitution la plus stable, la plus durable.

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En plus, pour avoir la loi de XII tables5, et juguler la crise à Rome en 450
avant notre ère, Tite Live écrit : On envoya à Athènes une commission composée de
Spurius Postumius Albus, Aulus Manlius et Publius Sulpicius Camerinus, pour aller
copier la célèbre constitution de Solon et étudier les usages, coutumes et lois d'autres
cités grecques6.

Enfin, pour rédiger l’esprit des lois, Montesquieu a réuni la documentation


nécessaire à son projet au cours d'un voyage d'étude de trois ans (1728-1731), qui le
mena à travers l'Europe, en Allemagne, Autriche, Hongrie, Italie, Suisse, Hollande et
Angleterre. Pas étonnant qu’Edouard de Laboulaye et Frederick Pollock, le présentent
comme fondateur du comparatisme à l'époque moderne. Tout compte fait, il a pratiqué
avec constance le comparatisme, et en a dégagé certaines lois, étant donné que, pour
lui, la comparaison nécessitait de chercher, non à tout justifier, mais à tout
comprendre.

III. Intérêts de l’étude du Droit comparé

Les intérêts du Droit comparé peuvent être groupés autour de trois ordres :
l’ordre pratique d’abord, celui didactique ou pédagogique ensuite et enfin l’ordre
scientifique.

III.1. Intérêt pratique du Droit comparé

La connaissance de Droits étrangers est toujours présentée comme


indispensable dans l'exercice de nombreuses fonctions professionnelles : celles de
juge, d'arbitre ou d'avocat, sans compter celles de diplomate ou d'homme politique.

Mais outre cet aspect plus général, le Droit comparé sert à perfectionner le
Droit positif ; à harmoniser et à unifier le Droit ; mais il exerce, dans certaines
circonstances, une fonction créatrice, une fonction véritablement constructrice du
Droit.

5
Premier code complet de règles de Droit, qui semble être le premier exemple de démarche
comparative dans l'histoire du Droit.
6
BRUNO DE LOYNES de Fumichon, Op.Cit., pp. 45-46.

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1. Le Droit comparé et le perfectionnement du Droit positif.

Le Droit comparé exerce une action sur l'interprétation et la mise en œuvre


du système juridique en vigueur de lege lata7 d’une part et d’autre part exerce une
action sur l'amélioration du Droit existant, sur les réformes législatives souhaitables de
lege ferenda8. Le Droit comparé est un élément de la politique juridique, l'art de
préparer les transformations volontaires et conscientes du Droit.

Quand on cherche à faire progresser le Droit, quelle que soit la direction


que l'on souhaite emprunter et les buts que l'on se fixe, la tendance naturelle de l'esprit
du juriste est de chercher chez le voisin, proche ou lointain, des solutions, des
formules, qui ont fait leur preuve, qui ont été appliquées avec succès. En les étudiant à
fond, le juriste cherche à les adapter à la réalité et fini par améliorer son Droit.

C’est en ce sens que l’on dit souvent que, les législateurs, les jurisconsultes
et les juges se font parfois les avocats de l'imitation, ou de l'adoption pure et simple et
en masse, de règles étrangères. C'est ce que les comparatistes appellent la «réception»
du Droit9. Cette dernière pouvant être définie comme l'accueil, par un Droit, de
notions, de règles, d'institutions, jusque-là inconnues de lui, et provenant d'un Droit
étranger.

Mais cette réception doit se faire avec toutes les réserves d’usage, car
comme l’écrivait Carbonnier : « La réception est un processus complexe de greffe
provoquant parfois des rejets … Le Droit est un matériau fragile : comme la verrerie,
il se brise dans les transports internationaux. »

7
Etudier le Droit de lege lata, c'est examiner la loi, telle qu'elle est posée, telle qu'elle existe : le Droit
en vigueur. Il s'agit de comprendre au mieux le Droit en vigueur.
8
Etudier le Droit de lege ferenda, c'est examiner la loi, dans l'idée de son amélioration, des réformes
législatives souhaitables : legem ferens désigne le préteur ou le consul romain «portant la loi», c'est-
à-dire concevant, rédigeant, soutenant, défendant, un projet de loi, devant les comices du peuple
romain : les comices étaient les assemblées des citoyens romains qui avaient le pouvoir d'acquiescer
ou de rejeter l'adoption du projet de loi présenté par le consul ou le préteur. De lege ferenda signifie
donc «au sujet d'une loi que l'on se propose de porter devant le peuple pour améliorer le Droit
existant».
9
Les anglophones appellent ce phénomène le « legal transplants ».

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Quoi qu’il en soit, il faut à chaque étape se poser deux questions :


l’institution est-elle idoine dans le pays d’origine ? Connaîtra-t-elle le même succès
dans un autre pays ou autre système juridique ? Car, Il se peut que certaines
institutions sont impossibles à transposer (du moins sans adaptations).

2. Le Droit comparé et l'harmonisation du Droit

Le Droit comparé peut aussi contribuer à satisfaire le besoin


d'harmonisation, et même d'unification du Droit, par des solutions appropriées.

Pour arriver aux actes uniformes de l’OHADA par exemple, la commission


de haut niveau qui a proposé la création de cette organisation internationale,
commença par étudier les Droits des affaires de tous les pays membres de la zone
franc avant de conclure que le ralentissement des investissements en Afrique
francophone était liée à l’insécurité juridique et judicaire, et proposer un Droit
harmonisé pour l’Afrique.

L'unification du Droit est un but controversé. Portalis, dans son Discours


préliminaire, discours de présentation du projet de Code civil en 1804, déclarait à ce
sujet : «L'uniformité est un genre de perfection qui saisit quelque fois les grands
esprits et frappe infailliblement les petits». Avant lui, Montesquieu écrivait, dans
l'esprit des lois : «Les lois doivent être tellement propres au peuple pour lequel elles
sont faites, que c'est un grand hasard si celles d'une nation peuvent convenir à une
autre».

3. Le Droit comparé et la construction du Droit

Le Droit comparé joue un rôle encore plus important ; il exerce une


fonction encore plus radicale : une fonction créatrice, une fonction constructrice. La
comparaison de plusieurs Droits peut produire, par une forme de synthèse, un Droit
nouveau, original. Le processus est comparable à celui de la dialectique, en logique.
La thèse, par sa confrontation avec l'antithèse, génère une troisième idée, la synthèse,
idée nouvelle, différente des deux premières.

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III.2. L’intérêt didactique du Droit comparé

Pendant longtemps, jusqu'au XIXe siècle, le Droit comparé a été considéré


comme une matière réservée à quelques dilettantes (curieux), qui se délectaient en
amateurs d'exotisme juridique. Mais la mondialisation a fait du Droit comparé une
matière nécessaire à toute culture juridique, un élément indispensable à la formation de
juristes professionnels.

Le Droit comparé présente donc également un intérêt pédagogique évident,


car il initie aux Droits étrangers.

L'étude de plusieurs Droits permet d'approfondir les concepts, les notions,


les règles, les institutions de chacun d'eux. Elle permet d'abord d'identifier les valeurs
profondes de chaque société, ses sentiments particuliers, son sens personnel de l'utilité.

III.3. L'Intérêt dogmatique du Droit comparé

Le Droit comparé présente, enfin, un intérêt dogmatique, c'est-à-dire


scientifique. Car, il peut contribuer au progrès de la science du Droit.

Au regard de l’importance qui précède, il serait saugrenu d’ignorer cette


discipline. D’où la nécessité de la tirer de l'ombre, du statut de parent pauvre qu'elle
revêt encore par rapport à d'autres matières jugées plus sérieuses, plus immédiatement
utiles, notamment dans le cursus universitaire, car tout compte fait, la comparaison est
comme le disait Mme Horatia Muir-Watt de nature à libérer le raisonnement juridique
de certains carcans conceptuels sclérosants en ouvrant la porte à d'autres grilles de
lecture.

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IV. Méthodes du Droit comparé

Si le statut universitaire du Droit comparé se stabilise, les comparatistes


obtiennent une reconnaissance de leur spécialité, les rapports avec les sciences
voisines se précisent, les sociétés savantes et revues de Droit comparé se multiplient,
son domaine d'étude (les droits étrangers et leur comparaison) fait également l'objet
d'un consensus, le problème de la méthodologie, de la démarche comparative, devient
central et fait polémique.

Zweigert et Kötz10 s'attachent à définir la bonne attitude intellectuelle du


chercheur en Droit comparé. Pour eux, les rapprochements hâtifs ou hasardeux sont
particulièrement à craindre dans cette discipline. Le comparatiste doit manifester des
qualités de jugement, de bon sens : l'esprit de paradoxe et de fausseté est à proscrire
tout particulièrement dans la comparaison des Droits. Certaines qualités y sont, par
contre, très prisées : l'intuition et le flair, le discernement, la perspicacité, la finesse.

Le comparatiste doit également avoir une aptitude à poser les problèmes de


manière très générale, sans faire référence, explicitement ou implicitement, aux
concepts du Droit national, sans se reposer sur les catégories du Droit dans lequel il a
été formé.

La démarche comparatiste exige aussi une honnêteté intellectuelle


scrupuleuse, ainsi que la curiosité de découvrir le pourquoi de la variété des réponses
apportées par les divers systèmes juridiques à des besoins ou des questions similaires.

Zweigert et Kötz insistent également sur la nécessité de l'esprit critique,


même si, cette qualité est une constante de l'exigence scientifique.

10
KONRAD Zweigert et HEIN Kötz, cités par, BRUNO DE LOYNES de Fumichon, Op.Cit., pp. 83-
84.

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Quant aux méthodes proprement dites du Droit comparé, il sied de


souligner que le fonctionnalisme11 a émergé, à côté des autres méthodes (la méthode
structurale, ou schème structural ; la méthode actancielle, ou schème actanciel12 ; la
méthode dialectique, ou schème dialectique…).

11
On distinguera toujours la règle (ou norme) isolée, de l'institution, qui peut être un organe, ou un
mécanisme, un faisceau de règles unies. Car, les institutions répondent à des besoins, qui en justifient
l'existence. Elles ont une source matérielle, qui fournit leur raison d'être et expliquent leur matière :
elles ont une ratio legis. Ainsi, la découverte de la fonction d'une notion, d'un organe, d'un
mécanisme permet d'aller plus loin dans la compréhension que ne l'autorise une simple définition. A
titre exemplatif, la publicité foncière a pour ratio legis dans chaque Etat, la sécurité des transactions
immobilières. Mais les moyens d'atteindre ce but diffèrent d’un pays à l’autre. En Allemagne, l'Etat a
créé l'institution des livres fonciers, tenus par l'autorité publique, qui en délivre des extraits dotés
d'une grande force juridique. Aux Etats-Unis par contre, la pratique a créé des sociétés d'assurance
foncière, qui garantissent, contre le paiement d'une prime modique, les droits de l'acquéreur.
12
Pour cette méthode, tout phénomène résulte de l'action intentionnelle de certains acteurs, dans un
certain univers, dans un certain milieu.

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V. PLAN DU COURS

Ce cours, outre introduction et la conclusion est subdivisé en deux parties.

1ère PARTIE : LES REGIMES MATRIMONIAUX COMPARES

Chap. Ier : Généralités sur les régimes matrimoniaux

Chap. II : Effets extra patrimoniaux du mariage comparés

Chap. III : Effets patrimoniaux du mariage comparés

2ème : PARTIE : LES SUCCESSIONS ET LIBERALITES COMPAREES

Chap. Ier : La dévolution successorale comparée

Chap. II : Les testaments et libéralités comparés.

VI. BIBLIOGRAPHIE

VI.1. TEXTES CONSTITUTIONNEL ET LEGAUX

A. Texte constitutionnel

1. Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, telle que


modifiée et complétée par la loi N°. 11/002 du 20 janvier 2011, portant révision de
certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo,
publiée au Journal Officiel de la RDC., N°. spécial du 5 février 2011.

B. Textes Légaux

1. Loi N°. 68-012 du 4 juillet 1968, relative aux successions, testaments et donations,
publiée au journal Officiel du Madagascar, N°. 598 du 13 juillet 1968.
2. Loi N°. 72-61 du 12 juin 1972, portant Code de la famille du Sénégal, modifiée par
les lois N°. 74-37 du 18 juillet 1974 et N°. 89-01 du 17 janvier 1989, publiée au
Journal Officiel du Sénégal du 18 janvier 1989.
3. Loi N°. 87- 010 du 1er août 1987, portant Code de la famille, telle que modifiée et
complétée par la loi N°. 16/008 du 15 juillet 2016, publiée sur <https://www.
leganet.cd/Legislation/Code%20de%20la%20famille/Loi.15.07.2016.html>.

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4. Loi du 22 juillet 2018, modifiant le Code civil et diverses autres dispositions en


matière de Droit des régimes matrimoniaux et modifiant la loi du 31 juillet 2017
modifiant le Code civil en ce qui concerne les successions et les libéralités, publiée
au Moniteur Belge du 27 juillet 2018.
5. Code civil français.

VI. 2. DOCTRINE

A.OUVRAGES

1. BRUNO DE LOYNES de Fumichon, Introduction au Droit comparé, (Collection


Ex Professo), Vol. II, sl., 2013.

2. CATALA de Roton, Les successions entre époux, (coll.Droit civil), Economica,


Paris, 1990.

3. DECLERCQ, M.et CLIPPELLE, Br., Cours de Droit civil élémentaire, De Boeck,


Bruxelles, 1996.

4. FLOUR Jacques et SOULEAU Henri, Les libéralités, Armand Colin, Paris, 1982.

5. FLOUR Jacques et SOULEAU Henri, Les successions, Armand Colin, Paris, 1991,
3e éd.

6. FLOUR Jacques et CHAMPENOIS Gérard, Les régimes matrimoniaux, Armand


Colin, Paris, 1995.

7. LE GRAND Pierre, Droit comparé, (Col. Que sais-je), PUF., Paris, 2011.

8. LUCET, F.et VAREILLE, B., Droit civil. Régimes matrimoniaux, libéralités et


successions, Dalloz, Paris, 1998, 3e éd.
9. MUPILA NdjikeKawende, H.F., Les successions en Droit congolais, éd. Pax-
Congo, Kinshasa, 2000.

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10. MUZAMA Matansi, P.J., Droits des héritiers en Droit congolais. Eveil de
conscience et critique des décisions des cours et tribunaux, éd. RJJ.,
Lubumbashi, 2004.
11. TSHIBANGU TshiasuKalala, F., Droit civil. Régimes matrimoniaux, successions,
libéralités, CADICEC., Kinshasa, 2006, 2e éd.

12. YAV Katshung, J., Les successions en Droit congolais. Cas des enfants héritiers,
New voicespublishing, Cap town, 2008, 1ere éd.

B. ARTICLES

1. 1. AMAR, E. et GUERIN, S., « Se marier ou non : le Droit fiscal peut-il aider à


choisir ? », in Economie et statistique, éd. Institut national de la statistique et des
études économiques, Paris, N°. 401, 2007, pp. 23-37.

2. BOMPAKA Nkeyi, « Les problèmes des successions au Zaïre, état de la question et


examen du projet de la loi relatif au Code de la famille », in Lettre de l’IRES, Institut
de recherches économiques et sociales, Kinshasa, N°. 9-10, 1986, pp. 23–44.
3. BROSSIER, M., « Les débats sur le Droit de la famille au Sénégal. Une mise en
question des fondements de l'autorité légitime ? », in Politique africaine, éd.
Karthala, Paris, N°. 96, Vol. 4, 2004, pp. 78-98.
4. DOUET, F., « Florilège de hiatus entre la fiscalité de la famille et le Droit de la
famille », in Droit de la famille - revue mensuelle, Lexis Nexis, Paris,
Janvier 2014, pp. 7-10.
5. GUYINDULA Gam, F., « De l’égalité déclarée et de l’inégalité persistante entre
enfants dans le Code de la famille », in Les analyses juridiques, s.é., Lubumbashi,
N°. 6, 2005, pp. 15- 22.
6. HOLLANDERS DE OUDERAEN, G., « La loi du 22 mai 2014 sur la conversion
de l’usufruit : Heurs et malheurs du conjoint survivant », in Revue de planification
patrimoniale belge et internationale, Larcier, Bruxelles, N°. 3, 2015, pp. 295-308.
7. HORATIA MUIR-WATT, « La fonction subversive du Droit comparé », in
Revue internationale de droit comparé, Vol. 52 N°3, Juillet-septembre 2000.
pp. 503-527.

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13

8. KABEYA Badiambuji, W., « Liquidation du petit héritage en Droit congolais :


chimère périlleux », in Pistes Africaines, s.é., Bruxelles, N°. 3, Vol. 9, Septembre-
décembre 2019, pp. 21-39.
9. KABEYA Badiambuji, W., « L’ordre public successoral en Droit congolais : à
quoi s’en tenir ? », in Pistes Africaines, s.é., Bruxelles, N°. 1, Vol. 10, Janvier-avril
2020, pp. 21-35.
10. KABEYA Badiambuji, W. et KASONGO Mutombo, J.M., « L’égalité de Droit et
l’inégalité de fait entre héritiers de la première catégorie », in Cahiers de l’U.O.M.,
PUM, Mbujimayi, N°. 3, Vol. II, Octobre 2012, pp. 163-172.
11. KONGOLO Mulangaluend, J.B., « Code congolais de la famille : lorsque le pire
survient dans le mariage », Article en ligne, publié le 8 mars 2015 sur
<http://www.desc-Wondo.org>, Consulté le 29 juin 2019, à 15h 33, pp.1- 4.
12. MBO Avango, « Conflits de succession en Droit positif congolais », in Cahiers
africains des droits de l’homme et de la démocratie, s.é., Kinshasa, N°. 031,
Vol. 1, Juin 2011, pp. 87-99.
13. MFUMU NGOY, Kadyambi, D., « Le régime répressif du recel successoral :
Etude comparative des législations franco-congolaise », In Revue des cultures
africaines (Mitunda), Centre de recherche des langues et littératures africaines,
Lubumbashi, N°. 1, 2018, pp. 301-314.

14. PFERSMANN Otto, « Le Droit comparé comme interprétation et comme


théorie du Droit », in Revue internationale de Droit comparé, Vol. 53 N°.2,
Avril-juin 2001. pp. 275-288.
15. SITAMUILA Akele, A., « La situation de la veuve d’après le Code de la famille en
République démocratique du Congo, résistances coutumières et conflits d’intérêts
autour des droits patrimoniaux du conjoint survivant », in Congo-Afrique, Centre
d'études pour l'action sociale, Kinshasa, N°. 342, Février 2000, pp. 98-120.
16. TIMTCHUENG, M., « Le Droit camerounais des successions dépouillé des
conceptions civilistes », in Revue générale de Droit, Wilson & Lafleur Itée,
Montréal, N°. 2, Vol. 41, 2011, pp. 341-357.

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PREMIERE PARTIE : LES REGIMES MATRIMONIAUX COMPARES

Les régimes matrimoniaux, les successions et libéralités, constituent des


branches importantes du Droit des personnes et de la famille, outre le fait qu’elles
touchent et prolongent en outre l’étude des Droits des biens et des obligations.

Dans cette partie, nous allons étudier les régimes matrimoniaux de quelques
pays à Droit continental ou romaniste, car la comparaison des Droits proches par
l'esprit, liés par des traditions ou par une histoire commune, est particulièrement
fructueuse.

Mais avant de s’y mettre, il sied de rappeler certaines notions générales


jugées capitales pour la compréhension de la matière.

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CHAP Ier : GENERALITES SUR LES REGIMES MATRIMONIAUX

Le mariage impose une vie commune aux époux. Cette communauté de vie
fait surgir dans la foulée des problèmes touchant aux biens des époux et aux charges
provenant de leur cohabitation. C’est pour en donner solution que la théorie spéciale
relative aux régimes matrimoniaux s’est peu à peu formée depuis le Droit romain,
partant de la pratique de la dot.

SECTION I : HISTORIQUE DES REGIMES MATRIMONIAUX

En Droit romain classique, les époux ne concluaient pas comme c’est à la


mode aujourd’hui en Droits occidentaux des contrats de mariage. Pour cette raison,
leur régime matrimonial était légal. Mais, la réglementation était rudimentaire et, la loi
s’arrêtait à réglementer les conditions de restitution de la dot au moyen de
l’instrumentum dotal.

C’est seulement au dix-septième siècle, avec l’avènement des coutumes


écrites, qu’on verra en France notamment, les praticiens inventer des clauses modifiant
le fond du régime légal traditionnel de la communauté.

Comme ces clauses parurent avantageuses, et constituaient un réel progrès,


l’usage des contrats de mariages contenant des clauses conventionnelles de régimes
matrimoniaux se rependit. De ces différentes clauses, le législateur mit sur pied des
nouveaux régimes à l’instar du régime dotal, du régime de séparation, celui sans
communauté et autres.

Nous allons en étudier quelques-uns, car la compréhension exacte du


contenu historique de ces différents régimes, facilitera la comparaison des régimes
matrimoniaux actuels dans certains pays.

§1. LE REGIME DE LA COMMUNAUTE

Ce régime était caractérisé par l’existence d’une masse commune qui se


composait des biens indivis, appartenant aux deux époux par moitié. C’est cette masse
qu’on appelait la communauté.

Prof. William KABEYA Badiambuji Droit civil comparé : Les régimes matrimoniaux, successions et libéralités
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Cette communauté était administrée par le mari, qui avait des pouvoirs très
étendus, aussi grand que s’il en était seul propriétaire. Il administrait même les propres
de sa femme et percevait les revenus au profit de la communauté car, il était, disait-on
maître et seigneur de la communauté.

Cette situation resta inchangée jusqu’à la réforme du 13 juillet 1907, sur le


libre salaire de la femme mariée. Cette loi accorda à l’épouse quel que soit son régime
matrimonial la qualité pour toucher son salaire et ses autres gains et en disposer
librement sans aucun contrôle, sans aucune intervention de son mari, à la seule
condition que ces gains et salaires soient acquis dans l’exercice d’une profession
indépendante de celle du mari. Il s’agit des biens autrement appelés « réservés ».

§2. LE REGIME SANS COMMUNAUTE

Dans ce régime, chaque époux conservait pour lui la propriété de son


patrimoine et il ne s’établissait entre eux aucune communauté des biens : leurs dettes
restaient séparées et les acquisitions que chacun faisait pendant le mariage, à quel que
titre que ce soit lui demeuraient propres. Néanmoins, le mari avait l’administration de
tous les biens de la femme et en avait la jouissance en son nom personnel sous réserve
de la loi du 13 juillet 1907.

§3. LE REGIME DE SEPARATION DES BIENS

Le régime de séparation des biens est celui qui excluait non seulement
l’existence de toute communauté entre époux, mais qui en outre enlevait au mari tout
droit d’administration et de jouissance sur les biens de sa femme. La femme pouvait
sans autorisation préalable du mari aliéner les meubles, mais pas les immeubles.

§4. LE REGIME DOTAL

Dans ce régime il y a la présence de la dot.

Le mot dot a deux sens en Droit de régimes matrimoniaux. L’un étroit,


l’autre large.

Prof. William KABEYA Badiambuji Droit civil comparé : Les régimes matrimoniaux, successions et libéralités
17

Au sens restreint, qui est le plus fréquent, la dot est un bien que la femme
apporte au mari au moment du mariage, pour l’aider à supporter les charges du
ménage. Il faut préciser le sens de mot « apporte » contenu dans cette définition. Il ne
s’agit pas de ce que la femme apporte d’une manière vague, il s’agit des biens dont le
mari obtient la jouissance, dont il gagne les revenus. Ainsi, pour qu’il y ait dot, il faut
que la femme ait transféré à son mari, soit la propriété, soit la jouissance. Dans ce sens
restreint, la dot est une convention entre futurs époux ou entre époux.

Au sens large, la « dot » a une toute autre signification, elle désigne les
biens donnés aux futurs époux par leurs parents ou par les tiers pour les aider à se
marier. Dans ce sens, le futur époux peut être aussi bien doté que sa future épouse.
Dans ce sens la constitution de dot est une convention entre les époux ou l’un des
époux et le tiers. En clair, il s’agit de la « donation pour cause de noces ».

Le régime dotal est au fond un régime de séparation des biens. Ce qui lui
vaut une appellation différente c’est la présence de la dot apportée au mari, et dont il
acquiert tout au moins les revenus et parfois même la propriété.

En réalité, dans le régime dotal, les biens de la femme constituent deux


masses : d’une part les biens dotaux qui sont en principe inaliénables et soumis à
l’administration du mari, d’autre part, les biens paraphernaux qui sont soumis au
même régime que celui applicable aux richesses de la femme séparée en biens. La
paraphernalité y est la règle et la dotalité l’exception.

Outre ces quatre régimes classiques dont quelques-uns survivent encore


bien qu’étant aménagés, nous verrons que le Droit a connu beaucoup d’autres régimes
matrimoniaux par la suite.

SECTION II : LES REGIMES MATRIMONIAUX AFRICAINS

Il est très difficile d’affirmer avec précision qu’avant la colonisation en


Afrique, il y a existé un régime matrimonial à approcher avec succès des régimes
matrimoniaux occidentaux.

Prof. William KABEYA Badiambuji Droit civil comparé : Les régimes matrimoniaux, successions et libéralités
18

Pour se rendre à l’évidence, il faille analyser les écrits des civilistes qui se
sont penchés sur la question.

Joseph Kizerbo écrit : « se référant à la mentalité africaine, la femme était


nantie des avantages substantiels faisant qu’en dehors du grand champs familial, elle
avait toujours quelques petits champs des condiments, d’arachides, de maniocs dont le
produit lui revenait en propre ».

Cette constatation ne nous permet pas pour autant de nous placer avec
succès dans un régime de type occidental, il ne s’agit ici ni de la communauté pure ni
de la séparation pure, car les produits du champ commun issus des efforts de la femme
ne lui reviennent pas en propre et souvent elle n’est même pas associée au sort à leur
réserver, pire encore, à la liquidation, elle ne bénéficiait pas grand-chose de ce travail
commun, dont les fruits n’étaient jamais divisés en part égale.

Pour sa part, Antoine Sohier écrit, quant aux biens des époux, vu l’absence
de biens immobiliers importants, aucune question de propriété immobilière ne se pose
entre eux.

Dans le ménage indigène, chacun a ses activités propres, mais il existe des
ouvrages communs, spécialement les cultures : les champs sont repartis entre les
femmes ; chacune s’occupe des siens, mais avec l’aide du mari, qui lui, doit le gros
œuvre : dessèchement, protection contre les animaux sauvages, etc.

la séparation de biens absolue est de principe partout, en ce qui concerne les


biens ne provenant pas d’une activité exercée pendant l’union ; la femme reste
propriétaire de ce qu’elle a apporté avec elle lors du mariage, vêtements, outils,
matériel de cuisine, etc.,

Dans le cas le plus fréquent, en cas de polygamie, chacune des femmes a


droit à ses gains. Le régime de la séparation des biens est poussé si loin que chacun des
époux gère son pécule personnel comme il l’entend, et peut exiger de l’autre, pour lui
avoir prêté un objet, non seulement le montant du dommage en cas de détérioration,
mais un prix de location ou des intérêts.

Prof. William KABEYA Badiambuji Droit civil comparé : Les régimes matrimoniaux, successions et libéralités
19

Mais dans un second système, moins fréquent, le produit de l’activité de la


femme revient entièrement au mari ; l’épouse a nettement une situation juridique
inferieure.

Quant aux fruits des activités communes (récolte des champs cultivés par la
femme avec la collaboration de son conjoint), Il est difficile de se rendre compte de
leur appartenance exacte pendant la vie conjugale, car, les époux devant tous deux
participer à la subsistance du ménage, la femme faisant la cuisine pour le mari et les
enfants, les produits sont nécessairement consommés en commun.

C’est à la dissolution de l’union que les droits sur ces biens apparaissent le
mieux par leur attribution. Nous trouvons apparemment trois régimes : dans les
coutumes où le travail de la femme revient au mari, les champs communs restent à
celui-ci ou à son héritier ; ailleurs l’avoir commun est partagé par moitié ; ainsi dans
les groupes à résidence matrilocale, le mari a le droit d’emporter sa part de la récolte ;
enfin un jugement proclame les droits exclusifs de la femme sur le champ que lui a
attribué son mari13.

Quoi de plus normal de retenir que le régime matrimonial africain était un


régime suis generis avec prédominance maritale à étendue variable et parfois aux
contours mal définis, parce que dépendant trop des causes de la dissolution du
mariage.

Heureusement, avec la colonisation et la décolonisation, les Etats africains


se sont attelés à se doter d’un arsenal juridique adopté à l’évolution mondiale. Raison
pour laquelle, en réponse à la lutte féministe menée par les femmes tendant à ne plus
être considérées comme d’éternelles mineures par quelques articles du Code civil, les
législateurs africains ont emprunté la voie des régimes matrimoniaux occidentaux.
Emane, dans son article portant sur les droits patrimoniaux de la femme mariée
Ivoirienne écrit : « le féminisme est sans doute le trait le plus frappant des Codes de la
famille dans les nouveaux Etats africains, bien décidés à libérer la femme et à la faire
bénéficier aussi des fruits de l’indépendance, étant donné que sa condition était
13
SOHIER Antoine, Le mariage en Droit coutumier congolais, Inst. Royal Colonial belge, Bruxelles,
1946, pp. 170-173.

Prof. William KABEYA Badiambuji Droit civil comparé : Les régimes matrimoniaux, successions et libéralités
20

alarmante voire scandaleuse pour celui qui connaitrait mal les mœurs d’Afrique
noire».

En s’alignant sur le modèle européen, l’Afrique est aussi appelée à se


prononcer sur la possibilité de modifier en cours du mariage ou pas le régime
matrimonial préalablement choisi.

SECTION III : DE L’IMMUTABILITE A LA MUTABILITE

Les conventions matrimoniales devaient être rédigées avant le mariage ou à


la limite, figurer dans le contrat de mariage. Après célébration de ce dernier, il était
interdit d’y apporter un quelconque changement, car ces conventions étaient
immuables et irrévocables.

§1. MOTIF DE L’IMMUTABILITE

Les anciens auteurs fondaient l’immutabilité sur deux motifs différents. Le


premier basé sur la prohibition qui était faite aux époux de se faire des donations entre
eux, et le second fondé sur le caractère exceptionnel du mariage qui ne concernait pas
seulement les époux, mais aussi leurs deux familles , les enfants à naître et l’intérêt des
tiers.

Ainsi, toute modification ultérieure de ce pacte de familles, à laquelle les


autres parties ne seront pas appelées était considérée comme une violation du contrat,
causant préjudice aux tiers qui, ignorant les modifications apportées au contrat
primitif, seront surpris par des changements imprévus qui jetteraient l’incertitude dans
les affaires.

La première raison s’est d’abord atténuée par l’acceptation des donations


entre époux à sens unique, autorisant à l’homme de donner à sa femme, sans
possibilité pour celle-ci de donner à son mari, avant d’autoriser complètement les
donations entre époux en précisant qu’elles sont révocables ad nutum.

Prof. William KABEYA Badiambuji Droit civil comparé : Les régimes matrimoniaux, successions et libéralités
21

La deuxième raison a persisté jusqu’à la loi N° 65-570 du 13 juillet 1965,


qui adopta en France la mutabilité des régimes matrimoniaux et à celle du 14 juillet
1976 en Belgique qui, à son article 1395 disposait que les époux peuvent modifier leur
régime matrimonial et même le changer simplement.

§2. TENDANCE CONTRE L’IMMUTABILITE

Malgré la valeur de ces raisons, elles ont été discutées et battues en brèche
lorsque les auteurs ont estimé qu’il ne fallait pas restreindre la liberté de donner,
même entre époux en dépit du fait que ces donations se font souvent sous l’empire des
sentiments qui se modifient avec le temps14. Ainsi, a-t-on conclu à la régularité des
donations entre époux, sous réserve du fait qu’elle doit déroger au principe de
l’irrévocabilité de donations.

Quant au caractère exceptionnel du mariage qui interdisait la mutabilité des


conventions matrimoniales, on a fait valoir que les deux époux, en rédigeant leur
contrat, peuvent se tromper sur leur véritable intérêt, qu’en plus, leur situation de
fortune et la composition de leur famille peuvent varier, ainsi il était dangereux de les
enfermer à vie dans un régime qui leur est défavorable, et qui n’a plus sa raison d’être.

Quant à l’intérêt de tiers, dit-on, il serait suffisamment protégé par des


mesures de publicité. Le Droit congolais s’inscrit dans cette logique et admet le
changement des régimes matrimoniaux, en prévoyant des larges mesures de publicité.
A l’ article 496 du Code de la famille il est disposé : « dans le délai d’un mois à
compter de la date à laquelle la décision de modification est intervenue, et n’est plus
susceptible de recours, le dispositif du jugement est envoyé par les soins du greffier à
l’officier de l’état civil du lieu de célébration ou de l’enregistrement du mariage, pour
transcription par mention en marge de l’acte de mariage.

Il sera également procédé à la publicité du dispositif dans le même délai,


par les soins du greffier, au Journal officiel.

14
L’époux donateur peut être entrainé par une passion excessive ou déréglée et regretter plus tard un élan
irrégulier sous l’impulsion duquel il aurait agi.

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22

Lorsque l’un des époux est commerçant, mention du dispositif du jugement


de modification est portée au registre de commerce dans le même délai. Les mentions
prescrites aux alinéas précédents peuvent être requises directement par les parties, sur
présentation de l’extrait du jugement.»

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23

CHAP II : EFFETS EXTRA PATRIMONIAUX DU MARIAGE COMPARES

Quel que soit le Droit positif envisagé, le mariage crée au profit et à charge
des époux, des droits et devoirs extra patrimoniaux. Mais, il y a lieu de préciser que
ces derniers, contiennent de différences substantielles selon les législations en
présence.

SECTION Ière : DROITS ET DEVOIRS DES EPOUX FRANCO-CONGOLAIS

Depuis quelques décennies, la loi française du 18 février 1938 sur la


capacité de la femme mariée marquait un tournant décisif dans l’égalité parfaite entre
époux, en conférant à la femme mariée le plein exercice de sa capacité. Les lois
ultérieures ont été aussi bouleversantes que la première.

En Droit français, les droits et devoirs des époux se diffèrent selon que les
époux en présence sont mariés ou « pacsés » (ayant signé un pacte civil de solidarité,
Pacs en sigle).

Sans revenir sur le titre un peu pompeux et ridicule : pacte civil de «


solidarité » (solidarité comme citoyenneté étant des termes très largement galvaudés),
ni sur les débats, parfois orageux et engagés qui ont entouré la préparation de sa loi, on
peut préciser que le Pacs a été introduit en France par la loi du 15 novembre 1999, telle
que réformée par la loi du 23 juin 2006.

Cette loi le définit comme « le contrat conclu par deux personnes physiques
majeures, de sexe différent ou de même sexe, pour organiser leur vie commune ».

§1. DEVOIR DE SECOURS ET D’ASSISTANCE

Les époux mariés en France et au Congo, se doivent secours et assistance.


Le devoir de secours couvre l'obligation pour chaque époux de fournir à l’autre les
ressources nécessaires à la vie, d'une façon compatible avec la condition du ménage et
à proportion de ses propres possibilités. Cette obligation est réciproque et ne pèse
même plus à titre principal sur le mari.

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24

Pour sa part, le devoir d'assistance couvre un devoir d'aide matérielle et


morale très large. On lui rattache, tout particulièrement, le devoir de soins en cas de
maladie. Pour cette raison l’on dit généralement que « le secours sort de la bourse et
l’assistance vient du cœur. »

Par ailleurs, le lien qui résulte du Pacs n’est pas un lien d’alliance ou de
quelque nature familiale que ce soit. Ainsi, les règles concernant les alliés ne sont pas
applicables aux « pacsés » : ils n’assument pas d’obligation alimentaire entre époux ;
le Pacs n’a pas d’influence sur l’état-civil des partenaires ; le Pacs ne crée pas non plus
une famille particulière. Les enfants nés de couples ayant choisi un Pacs sont des
enfants naturels (nés hors mariage) et aucune présomption de paternité ne facilite
l’établissement de leur paternité.

Mais, les règles applicables aux concubins leur profitent (droit à l’assistance
médicale ; excuse de non dénonciation de malfaiteur ou de recel de malfaiteur).

Les époux pacsés ne doivent conformément au Code civil que « s’apporter


aide mutuelle et matérielle » et « cohabiter » Ce qui est maigre si on le compare aux
obligations des époux mariés. Les partenaires n’ont donc pas d’obligation de fidélité
ou d’assistance morale.

§2. DEVOIR DE FIDELITE

Le mariage oblige les époux au devoir de fidélité. Chacun des époux ne


peut avoir de relations sexuelles avec une personne autre que son conjoint. Cette
disposition prohibe l’adultère.

En Droit français, depuis la loi du 11 juillet 1975, l’adultère n’est plus une
infraction pénale. Il ne constitue également plus une cause péremptoire de divorce, ce
qui signifie que le demandeur n’obtiendra pas de plein droit le divorce en cas
d’adultère. Il devra démontrer la faute au sens civil du terme.

Sur ce point toute la différence saute aux yeux avec le Droit congolais qui
punit encore l’adultère comme infraction prévue à l’article 467 du Code de la famille,
en dépit de l’évolution qu’il a connue en la matière depuis le 15 juillet 2016, date à

Prof. William KABEYA Badiambuji Droit civil comparé : Les régimes matrimoniaux, successions et libéralités
25

partir de laquelle, la punition de l’homme adultère n’est plus soumise à la condition


que son acte soit entouré de circonstances de nature à lui imprimer le caractère
injurieux. Cette condition a été jugée discriminatoire et encourageant les hommes à
l’infidélité.

Cette inégalité de traitement a été abolie. L’actuel article 467 du Code


congolais de la famille dispose : « Est puni, du chef d’adultère, d’une servitude pénale
principale de six mois à un an et d’une amende de 60.000 à 250.000 francs congolais :
1. quiconque, sauf si sa bonne foi a été surprise, aura eu des rapports sexuels avec une
personne mariée ;
2. le conjoint qui aura eu des rapports sexuels avec une personne autre que son
conjoint.
La peine est portée au double si l’adultère a été entouré de circonstances
de nature à lui imprimer le caractère injurieux, notamment lorsque l’adultère a eu lieu
dans la maison conjugale. »

Avec cette réforme, le caractère injurieux qui rendait punissable l’adultère


de l’homme et désormais une circonstance aggravante de l’infraction d’adultère quel
que soit le sexe de l’époux adultère.

§3. LE DEVOIR DE COMMUNAUTE DE VIE

Les époux s'obligent mutuellement à une communauté de vie. Ce devoir


prend la suite du devoir de cohabitation qui était expressément prévu par le texte de
1804 et maintenu jusqu'à ces dernières années.

Le législateur français de 1970 a estimé que le contenu de ce devoir dépasse


celui de l'ancien devoir de cohabitation. Car, il recouvre l'obligation de vivre sous le
même toit, mais également celle de remplir les "devoirs conjugaux" notamment la
consommation du mariage. Ceci est aussi repris en des termes identique par l’article
453 du Code de la famille congolais en ces termes : « Les époux s’obligent
mutuellement à la communauté de vie. Ils sont tenus de vivre ensemble et de
consommer le mariage.»

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26

Si à ce sujet, il y a identité de formulation et de compréhension, il faut


révéler que le devoir de la communauté de vie, impliquant la résidence commune, pose
le problème du choix de cette résidence.

En Droit congolais, l’ancienne formulation de l’article 45415 amenait à


croire que c’est l’homme qui avait le pouvoir de choisir la résidence conjugale de son
propre chef, quitte à la femme de s’y opposer devant le tribunal de paix, si elle estimait
que ce choix ne tenait pas compte des intérêts familiaux et était arbitraire.

Mais la révision du 15 juillet 2016 à ce sujet a rendu les choses


presqu’identiques au Droit français où, les époux doivent choisir de commun accord la
résidence conjugale, avec possibilité en cas de désaccord que l’époux le plus diligent
saisisse le juge pour les départager.

Néanmoins, contrairement au Droit français, au Congo, en cas de


désaccord sur le choix de la résidence conjugale ou au cas où celle-ci a été
unilatéralement et arbitrairement fixée par un des époux, l’article 455 du Code de la
famille prévoit que, le conjoint lésé ne peut exercer son recours devant le tribunal de
paix, qu’après plusieurs tentatives d’harmonisation16.

Cette nuance authentiquement congolaise est à saluer car, les affaires de


famille doivent en principe comme le disait René Dekkers se dérouler en dehors du
prétoire, étant donné qu’elles commandent des flexibilités que la rigidité du prétoire
peut se permettre d’ignorer.

15
Cet article disposait : « l’épouse est obligée d’habiter avec son mari et de le suivre partout où il juge
à propos de résider; le mari est obligé de la recevoir. »
16
Encore fallait-il que le législateur fixe ce qu’il entend par plusieurs tentatives d’harmonisation, sur
l’autorité compétente devant arbitrer ces tentatives d’harmonisation et sur la question de savoir si
l’action qui aurait éluder cette démarche devait être déclarée irrecevable par le juge de paix. Tout
compte fait, il est préférable que le législateur congolais se réfère à l’expérience éthiopienne qui
prévoit l’institution des arbitres familiaux.

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§4 PROBLEMATIQUE DE L’EGALITE ENTRE EPOUX

Contrairement au régime initial du Code civil français, où les rapports de


hiérarchie entre époux étaient très forts, conformément à l'opinion de Napoléon, son
principal inspirateur qui, jusqu’en 1804 disait : "La nature a fait de nos femmes des
esclaves, le mari a le droit de dire à sa femme : Madame vous ne sortirez pas,
Madame vous n'irez pas à la comédie, Madame vous m'appartenez corps et âme",
aujourd’hui, les époux français ont atteint un niveau égalitaire parfait, bien qu’à l’issue
d’une longue bataille féminine et d’une longue histoire législative.

Actuellement, le mari français n’est plus chef de la communauté, il n’a plus


la puissance paternelle sur les enfants, car cette dernière est remplacée par l’autorité
parentale exercée conjointement ou concurremment par les époux. Il n’a plus seul la
direction du ménage. Car, depuis la réforme de 23 décembre 1985, les époux assurent
ensemble la direction morale et matérielle de la famille.

La nouvelle version du Code de la famille de la RDC a abondé dans ce


sens, en dépit du fait qu’on retrouve encore à son article 444 que « Le mari est le chef
du ménage. » La volonté du législateur congolais à virer vers la philosophie française
se lit notamment par le fait que l’alinéa 2 de cet article qui disposait que « le mari doit
protection à sa femme ; la femme doit obéissance à son mari » a été remplacé par une
formulation plus égalitaire qui dispose : « Les époux se doivent protection mutuelle ».
Si ceci est rationnelle car, la femme doit aussi protéger son mari, il ressort que la
législation congolaise n’astreint plus la femme à l’obéissance.

Dans cette même logique, l’article 445 du Code de la famille qui disposait :
« Sous la direction du mari, les époux concourent, dans l’intérêt du ménage, à assurer
la direction morale et matérielle de ce- lui-ci. », a été amputé de ses 5 premiers mots.

§5. DEVOIR DE CONTRIBUTION AUX CHARGES DU MENAGE

Les époux français et congolais sont tenus de contribuer aux charges du


ménage, (dépenses d’entretien du ménage et d’éducation des enfants), à proportion de
leurs facultés respectives, même si contrairement au Droit congolais, celui franco-

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belge autorise aux époux de régler la proportion de la contribution autrement par


conventions matrimoniales.

La jurisprudence considère que l’activité domestique du conjoint désœuvré


au foyer constitue une exécution en nature de son obligation de contribuer aux charges
du mariage.

§6. DROIT DE PERCEPTION ET D’AFFECTATION DES REVENUS PAR LES EPOUX

La France a déjà atteint le niveau de la cogestion des biens du ménage avec


cette précision que la femme gère, administre et peut disposer du produit de son travail
et des biens acquis avec ses gains, pourvu qu’elle exerce une profession indépendante
de celle du mari.

Le Droit congolais par contre, prévoit (article 490) que, quel que soit le
régime matrimonial choisi par les époux, la gestion des patrimoines commun et propre
est présumée être confiée au mari, en concertation avec la femme, sauf convention
contraire.

Pour raison de cohérence et de pragmatisme, le Congo vient d’abroger


l’article 497 qui concernait la gestion et l’administration des biens acquis par la femme
dans l’exercice d’une profession séparée de celle de son mari et les économies en
provenant, qui constituaient des biens qu’elle gérait et administrait, chose encore en
vigueur en Droit français.

Avec cette évolution, il ressort au Congo que le principe posé et adopté


désormais est celui de la gestion conjointe du ménage17 susceptible de connaître deux
exceptions : lorsqu’on sait que la présomption pose une gestion maritale en
concertation avec la femme d’une part et d’autre part la gestion exclusive est permise
sur convention.

17
Conformément à l’article 508 qui dispose : « Lorsque par la volonté des conjoints, la gestion des
biens n’est pas conjointe, chacun des conjoints administre ses biens et en perçoit les revenus. Ils
peuvent en disposer librement sauf ce qui est stipulé à l’article 499 de la présente loi. »

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SECTION II : DROITS ET DEVOIRS DES EPOUX EN DROIT CONGOLO-


SENEGALO-MALGACHE

A l’instar du Droit français, le Droit sénégalo-malgache renferme des


spécificités qui lui sont propres, en dépit de plusieurs traits communs qu’il présente
avec le Droit congolais.

Au sujet de la fidélité, ces trois législations en présence demandent aux


époux de s’être fidèles, se secourir et s’assister (articles 150, 151 du Code sénégalais
de la famille et article 52 du Code de la famille malgache).

Mais, en Droit sénégalais, au sujet de la fidélité, le mari restera fidèle à une


seule femme, seulement s’il avait souscrit à l’option de monogamie. Car, l’article 133
de ce Code dispose « Le mariage peut être conclu : soit sous le régime de la
polygamie, auquel cas l’homme ne peut avoir simultanément plus de quatre épouses ;
soit sous le régime de la limitation de polygamie ; soit sous le régime de la
monogamie. Faute par l’homme de souscrire l’une des options (…) le mariage est
placé sous le régime de la polygamie. »

Par ailleurs, tant au Madagascar qu’au Sénégal les époux doivent contribuer
aux charges du ménage. Mais si en Droit malgache les choses se passent comme au
Congo, le Droit sénégalais se présente un peu autrement car, l’article 375 consacré aux
charges du ménage prévoit que ces dernières pèsent à titre principal sur le mari.

La situation juridique de la femme mariée en ces deux législations est que le


mariage ne porte pas atteinte à la capacité juridique des époux mais leurs pouvoirs
peuvent être limités par le régime matrimonial (Art. 56 Code malgache). Ce qui
prouve à suffisance que, la femme conserve sa capacité civile entière comme c’est le
cas de l’homme, sous réserve de ce qui sera dit au sujet des régimes matrimoniaux.

En sens presque identique se prononce l’article 371 du Code sénégalais qui


dispose : « la femme, comme le mari, a le plein exercice de sa capacité civile. Ses
droits et pouvoirs ne sont limités que par l’effet des dispositions légales ».

Prof. William KABEYA Badiambuji Droit civil comparé : Les régimes matrimoniaux, successions et libéralités
30

La situation est identique actuellement au Congo où l’alinéa dernier de


l’article 215 qui limitait la capacité de la femme mariée a été supprimé. Désormais, la
loi recommande notamment à l’article 448 que les époux doivent s’accorder pour tous
les actes juridiques dans lesquels ils s’obligent à une prestation qu’ils doivent
effectuer18.

Au sujet de la vie commune, elle est imposée à tous les époux des
législations en présence.

En effet, si les époux malgaches, aux termes de l’article 54 sont tenus de


vivre ensemble, il faut souligner qu’ils fixent d’un commun accord la résidence
commune. Avec possibilité qu’en cas de survenance, au cours du mariage, de
désaccord entre les époux, sur le choix d’une résidence commune, l’époux le plus
diligent peut saisir du différend le juge des référés.

Par contre au Sénégal, la formulation de la loi à ce sujet est conforme au


Droit congolais ancien. En effet, l’article 153 du Code sénégalais de la famille dit
clairement que le choix de la résidence du ménage appartient au mari et la femme est
tenue d’y habiter avec lui et le mari est tenu de l’y recevoir. Lorsque la résidence fixée
par le mari présente pour la famille des dangers d’ordre physique ou d’ordre moral, la
femme peut, par exception, être autorisée à avoir pour elle et ses enfants un autre
domicile fixé par le juge de paix.

18
Cette nouvelle formulation de l’article 448 remplace l’ancienne qui disposait « La femme doit
obtenir l’autorisation de son mari pour tous les actes juridiques dans lesquels elle s’oblige à une
prestation qu’elle doit effectuer en personne. » Quoi de plus normal que la doctrine dise
que : « voulant à tout prix rendre la femme capable à l’instar de son mari, le législateur les a
rendu tous deux incapables »

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31

CHAP III : EFFETS PATRIMONIAUX DU MARIAGE COMPARES

Les régimes matrimoniaux sont nombreux à travers le monde et, chaque


pays en prévoit autant qu’il veut selon sa philosophie du couple.

Mais, quel que soit le nombre arrêté par chaque législation, il y a toujours
un certain nombre des dispositions applicables à tous les régimes, que Jean Carbonnier
appelait la substructure de régimes matrimoniaux.

Ces règles sont intangibles, générales et d’ordre public. Elles constituent ce


qu’on appelle « le droit commun des régimes matrimoniaux », « le régime matrimonial
général », « le régime matrimonial primaire » ; « le statut impératif de base » ou « le
régime primaire impératif ». Le Code de la famille de la RDC à l’article 474 in fine les
appelle « les règles fondamentales communes ».

Il s’agit des règles qui assurent impérativement le minimum indispensable


d’organisation économique que postule l’association conjugale. Elles servent de
fondement aux diverses combinaisons possibles que traduisent ensuite les différents
régimes matrimoniaux offerts au choix des époux.

SECTION I. LE REGIME PRIMAIRE

Les règles du régime primaire sont nombreuses selon les Etats. Il y en a qui
sont relatives au nombre de régimes matrimoniaux ; à la possibilité de les modifier ou
les changer ; à l’interdépendance des époux et à l’indépendance de ceux-ci.

§1. REGLES RELATIVES AU NOMBRE DE REGIMES MATRIMONIAUX

Tout Droit national précise le nombre de régimes matrimoniaux qu’il


organise en faisant la part de chose entre le régime légal ou de droit commun et les
régimes conventionnels.

Au Congo, il existe trois régimes entre lesquels les futurs époux ou les
époux doivent choisir : la séparation des biens, la communauté réduite aux acquêts et
la communauté universelle (art. 487 du CF). Le régime légal congolais est celui de la
communauté réduite aux acquêts comme c’est le cas en Droits français et belge.

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32

A ce propos, l’article 368 du Code de la famille du Sénégal aux al. 2 et 3


dispose : « La loi organise trois régimes différents : la séparation des biens ; le régime
dotal et le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts.

La séparation des biens constitue le régime de droit commun ; mais les


époux peuvent choisir l’un des deux autres régimes organisés par la loi. »

Le choix du régime de la séparation des biens comme régime légal en Droit


sénégalais, se justifie car, le mariage polygamique qui y est admis paraît inconciliable
avec un régime communautaire, dans la mesure où, il poserait beaucoup de problèmes
de liquidation des biens surtout acquis par le mari au cours de ses différents mariages.

Mais au Congo comme au Sénégal, les époux ne sont pas libres d’organiser
le régime choisi selon leur convenance, dans la mesure où, tous les régimes sont déjà
rigoureusement réglementés par le législateur sans possibilité d’y déroger par
l’expression de volonté contraire.

Au Madagascar par contre, le législateur prévoit deux régimes à savoir, le


régime légal du kitay telo an-dalàna qui est fort proche au régime de la communauté
réduite aux acquêts et le régime de la séparation des biens.

A l’instar du Droit français, le Droit malgache donne la possibilité aux


époux de signer un contrat dans lequel ils peuvent fixer librement les règles qui
régiront leur régime matrimonial sous réserve que ces dispositions conventionnelles ne
portent pas atteinte à l’ordre public, aux bonnes mœurs ainsi qu’aux règles touchant à
l’organisation de la tutelle, aux droits et obligations découlant du mariage et l’ordre
légal des successions.

Ce contrat de mariage est aux termes de l’article 7 rédigé avant le mariage,


mais ne prend effet qu’à la date de celui-ci. Mention de son existence est portée sur
l’acte de mariage.

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33

A ce même sujet, à l’instar du Droit malgache qui admet la définition du


régime matrimonial par acte de volonté des époux, le Droit franco-belge accepte aussi
que les époux en fassent autant ou choisissent entre les régimes conventionnels, qui
sont la communauté universelle, la séparation de biens et la participation aux acquêts,
sous réserve du fait que le couple qui n’aura signé aucune convention matrimoniale et
n’aura choisi aucun régime conventionnel, sera soumis au régime légal, qui est celui
de la communauté réduite aux acquêts.

§2. REGLES RELATIVES A LA MUTABILITE DES REGIMES MATRIMONIAUX

Il y a des pays qui admettent que les époux modifient ou changent une seule
fois le régime matrimonial choisi (unimutabilité des régimes matrimoniaux) c’est le
cas du Congo19, qui ne fixe aucun délai avant l’écoulement duquel le changement n’est
pas possible20.

D’autres pays au nombre desquels se recrute le Sénégal n’admettent aucun


changement (immutabilité des régimes matrimoniaux)21 ; d’autres enfin, se prononcent
en faveur de la mutabilité parfaite, permettant aux époux de changer les régimes
matrimoniaux autant de fois que l’intérêt du ménage l’exige comme le Madagascar, la
France et la Belgique, même si ces trois derniers pays ne disent pas la même chose
quant au délai avant l’écoulement duquel le changement n’est pas possible.

En effet, en Droit franco-belge, les époux ne peuvent pas modifier leur


régime avant de l’avoir appliquer au moins pendant deux ans. Le Madagascar lui,
exige que les époux doivent l’avoir fait au moins pendant trois ans.

19
Art. 494. À la demande des époux et une fois durant le mariage, le régime matrimonial peut être
modifié.
20
Le seul délai imposé par le législateur congolais à ce niveau est celui avant l’écoulement duquel une
nouvelle demande en changement n’est pas admissible, après le rejet judiciaire de la première
demande. (Article 494 AL 4 Au cas où cette demande n’est pas accueillie, celle-ci ne peut être
renouvelée qu’après deux ans à dater de la décision devenue définitive pour autant qu’elle
s’appuie sur des éléments nouveaux).
21
Article 370 al.1 et 2 L’option s’exerce au moment du mariage sous la forme d’une déclaration
commune recueillie par l’officier de l’état civil dans les conditions prévues aux articles 116 et 126
et mentionnée à l’acte de mariage selon les dispositions de l’article 65. Ce choix est irrévocable et
les époux ne peuvent changer volontairement de régime pendant le mariage.

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34

Le législateurs de ces pays estiment avec raisons, que ce délai est nécessaire
aux époux pour appliquer le régime et se réaliser s’il ne convient pas réellement à leurs
besoins.
Mais un point commun est que le changement ou la modification est partout
judiciaire et soumis à la publicité.
Au regard de cette évidence et compte tenu du fait que les raisons
suffisantes ont été trouvées aux causes qui justifiaient l’immutabilité, on ne comprend
pas les motivations profondes qui amènent jusqu’ores certains législateurs à rester en
retard sur cette question.
§3. REGLES RELATIVES A L’INTERDEPENDANCE DES EPOUX

Les règles sur les régimes matrimoniaux fixent les droits des époux quant à
la gestion des biens tant communs que propres. Elles interdisent à un époux de poser
certains actes sans l’accord de l’autre.

En effet, en Droit congolais, en dépit du fait que la gestion est maritale en


concertation avec la femme, sous réserve des conventions contraires, il faut aussi
reconnaitre que, quels que soient le régime matrimonial et les modalités de la gestion
de ce régime, l’accord des deux époux est nécessaire pour :

1. transférer une concession foncière commune ou propre, ordinaire ou perpétuelle ou


la grever d’un droit d’emphytéose, de superficie22, d’usufruit, d’usage,
d’habitation, d’hypothèque ou d’une servitude ;

2. Aliéner, par incorporation, un immeuble23 commun ou propre ou le grever d’un


droit réel d’emphytéose, de superficie, d’usufruit, d’usage, d’habitation,
d’hypothèque ou d’une servitude et d’un bail de plus de neuf ans ;

3. Aliéner un immeuble commun dont la valeur est supérieure à 650.000 francs


congolais ou des titres inscrits de cette valeur au nom du mari et de la femme ;

22
Cette disposition pose un petit souci en rapport avec la constitution des droits réels immobiliers
comme l’emphytéose et la superficie par l’un des époux, lorsqu’on sait qu’il s’agit là, des
concessions ordinaires que seul l’Etat peut constituer au profit des tiers.
23
Il y a des sérieuses raisons de croire à ce niveau que le législateur congolais voulait bien parler
d’aliéner un immeuble par incorporation et non d’aliéner par incorporation un immeuble.

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35

4. Contracter un emprunt de plus de 150.000 francs congolais sur les biens communs
ou propres de l’autre époux ;

5. Faire une donation de plus de 650.000 francs congolais ou cautionner la dette d’un
tiers pour un montant supérieur à 650.000 francs congolais, sur les biens communs
ou propres de l’autre époux. (art.499).
En Droit malgache, aussi, l’art. 22 institue le mari administrateur des biens
de la communauté seulement. Néanmoins, même dans cette communauté, Il ne peut,
sans le consentement de la femme :

1° - Disposer à titre gratuit des biens communs, meubles ou immeubles ;

2° - Aliéner ou grever de droits réels un immeuble ou un fonds de commerce ou une


exploitation appartenant à la communauté :

3° - Aliéner les droits sociaux non négociables et les meubles corporels dont
l’aliénation est soumise à publicité, lorsque ces biens dépendent de la communauté.

En Droit franco-belge, pareille disposition existe. Les époux n’y peuvent


l’un sans l’autre disposer des droits par lesquels est assuré le logement de la famille ni
des meubles meublants dont il est garni, que ceci soit propre ou commun.

De même, les actes de disposition comme la vente, donation, échange,


hypothèque conventionnelle, résiliation de bail et même certains actes préparatoires ou
annexes comme le mandat donné à un agent immobilier ou à un notaire sont soumis en
Droit franco-belge à la cogestion.

En Droit sénégalais par contre, si la gestion des biens des époux dépendra
de chaque régime en place, sous la précision que dans le régime légal de la séparation
des biens, l’article 380 al.1 prévoit que chacun des époux conserve l’administration, la
puissance et la libre disposition de ses biens personnels, il faut préciser que
l’interdépendance des époux a posé problème au regard du choix polygamique qui y
est possible. Car, s’il fallait par exemple conditionner l’aliénation d’un immeuble
propre au mari à l’accord du conjoint et qu’il en ait 4, laquelle d’entre elles devait
consentir, quand on sait que l’article 369 in fine interdit dans les mariages

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36

polygamiques, au mari d’utiliser les revenus de l’une des épouses au profit des autres
et institue par conséquent le principe de l’égalité entre les épouses d’un polygame.

§4. REGLES RELATIVES A L’INDEPENDANCE DES EPOUX

Chaque loi prévoit des règles qui gouvernent l’indépendance des époux.
Ces règles concernent partout la gestion des biens exclusivement personnels comme
les habits et les bijoux qui sont gérés par leurs propriétaires.

Mais la situation peut se différencier en ce qui concerne la gestion des gains


et salaires de la femme mariée, obtenu dans l’exercice d’une profession complètement
séparée de celle de son mari.

Au Congo, on vient d’abroger l’article 497 du CF qui y était consacré. Ce


qui prouve qu’actuellement les époux sont égaux et leurs salaires suivent les règles
générales de gestion de biens du ménage.

En Droit malgache, par contre, l’article 25 reste dans la logique ancienne du


Droit congolais et dispose : « L’administration des biens acquis par la femme grâce à
ses gains et salaires dans l’exercice d’une profession séparée de celle de son mari, lui
est réservée. Sous réserve du consentement du mari, elle peut faire sur ces biens tous
les actes de disposition et d’aliénation (…).». A la lecture de cette disposition, il
ressort que le mari n’a pas comme c’était le cas au Congo la possibilité de récupérer
cette gestion à la femme, même s’il a le droit d’avaliser ou pas les actes de disposition
portant sur ce bien.

Par ailleurs, au Sénégal, les choses se présentent un peu autrement, les biens
acquis par la femme dans l’exercice d’une profession séparée de celle du mari
constituent des biens réservés qu’elle administre et dont elle dispose, sous tous les
régimes, suivant les règles de la séparation des biens.

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37

SECTION II : REGIMES MATRIMONIAUX COMPARES

Dans cette section, les régimes matrimoniaux français et sénégalo-


malgaches seront confrontés à ceux congolais vus en première licence.

§1. LES REGIMES MATRIMONIAUX FRANÇAIS ET CONGOLAIS

Comme pour les effets extrapatrimoniaux, ceux patrimoniaux en Droit


français doivent respecter la différence entre le mariage et le pacs.

Si le mariage crée le régime matrimonial, le Pacs crée à son tour ce que la


doctrine appelle parfois régime « pacsimonial », qui ne comprend pas beaucoup de
règles comme c’est le cas du régime matrimonial.

En effet, s’agissant des effets matériels, la loi prévoit que les partenaires
sont tenus solidairement à l’égard des tiers des dettes contractées par l’un d’eux pour
les besoins de la vie courante et pour les dépenses relatives au logement commun (art.
515-4 al. 2 du C. civ.)

La loi prévoit qu’à défaut de stipulation contraire de l’acte d’acquisition, les


biens des partenaires acquis postérieurement à la conclusion du pacte sont soumis au
régime de l’indivision par moitié, sauf si l’acte d’acquisition en dispose autrement.

Les biens dont la date d’acquisition ne peut être établie sont soumis au
régime de l’indivision (art. 515-5 C. civ.) Les règles de l’indivision impliquent une
cogestion de principe : l’accord des deux partenaires est, en principe nécessaire pour
l’accomplissement de tout acte d’administration ou de disposition relatif à un bien
indivis. De plus, il en résulte que chaque partenaire peut provoquer, à tout moment le
partage, sans qu’il soit même besoin de modifier le pacte.

1. REGIME LEGAL FRANCAIS

Le régime légal en France comme au Congo est la communauté réduite aux


acquêts. Les réalités de ces deux régimes sont les mêmes sauf en ce qui concerne la
gestion.

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38

La communauté se compose de l’ensemble des biens acquis pendant le


mariage, appelés acquêts. Restent propres à chacun des époux, les biens possédés
avant le mariage ainsi que ceux recueillis à titre gratuit pendant le mariage avec
exclusion de communauté. Les gains et salaires du conjoint et les revenus de ses biens
propres sont des acquêts de communauté. En cas de difficultés de preuve, la loi prévoit
que « tout bien meuble ou immeuble est réputé acquêt de communauté si l’on ne
prouve qu’il est propre à l’un des époux par application d’une disposition de la loi. »
Le doute profite à la communauté dit-on.

S’agissant de la gestion des biens communs, le principe posé par la loi


française est d’une part celui de la gestion concurrente (chacun des époux peut, en
principe, accomplir tous les actes d’administration et de disposition à l’égard des
biens communs) ; sous réserve de ce qui a été dit au sujet des actes jugés graves que
l’un ne peut poser sans l’autre et d’autre part une gestion exclusive dans certains
domaines où l’indépendance de l’époux est apparue nécessaire (biens communs
nécessaires à la profession, gains et salaires en France).

S’agissant de la gestion des biens propres en France, « chaque époux a


l’administration et la jouissance de ses propres et peut en disposer librement. ». Par
contre, au Congo, la gestion est confiée au mari en concertation avec sa femme, sauf
manifestation expresse contraire de volonté exprimée par les époux devant l’OEC.

2. LES REGIMES CONVENTIONNELS FRANÇAIS

Ces régimes en France ne peuvent être adoptés que par contrat de mariage,
rédigé en la forme authentique. Il s’agit notamment du régime de la communauté
universelle, de celui de la séparation des biens et du régime de la participation aux
acquêts.

Au Congo pourtant, ce qu’on peut qualifier des régimes


conventionnels sont : le régime de la communauté universelle et celui de la séparation
de biens, qui sont, nous l’avons dit, rigoureusement réglementés, sans laisser aux
époux la possibilité d’en élargir ou en restreindre les effets par clauses contractuelles
comme c’est le cas en France.

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39

a) Communauté conventionnelle française.

Les époux français peuvent tout en adoptant la communauté, en aménager


les règles, par des clauses procurant à l’un des époux des profits particuliers appelés
« avantage matrimonial ».

Ces clauses peuvent modifier la composition de la communauté, modifier


l’administration de la communauté ou modifier le partage de la communauté.

1°. Clauses modifiant la composition de la communauté : parmi ces clauses, on peut


citer la clause de la communauté des meubles et acquêts ; mais aussi la célèbre
clause d’ameublissement autrement appelée clause d’entrer en communauté, qui
n’est rien d’autre qu’une stipulation par laquelle les époux décident qu’un bien qui
aurait dû rester propre par application de leur régime matrimonial entrera dans la
communauté.

2°. Clauses modifiant l’administration de la communauté : sous réserve de l’observance


de la prohibition de la clause d’unicité d’administration, les époux peuvent
convenir de l’administration conjointe ou faite sous signature conjointe. Ceci ayant
pour effet d’amplifier la gestion conjointe au détriment de celle concurrente.

3°. Clauses relatives au partage de la communauté : les époux peuvent convenir du


prélèvement préciputaire avant tout partage du reliquat de la communauté en part
égale. Ils peuvent procéder à la stipulation des parts inégales ou celles d’attribution
intégrale de la communauté à l’un des époux.

Ces différentes clauses procurent des avantages appelés avantages


matrimoniaux, qui ne doivent pas en principe être regardés comme des donations et ne
sont par conséquent ni réductibles en cas d’atteinte à la réserve, ni rapportables, ni
imputables sur l’usufruit successoral du conjoint survivant, exception faite au cas où le
conjoint prédécédé laisse les enfants d’un autre lit qui ne viendront jamais à la
succession du conjoint survivant bénéficiaires de l’avantage en question. Dans ce cas,
l’avantage matrimonial est réductible jusqu’à concurrence du montant dû aux héritiers
du stipulant.

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40

b) Régime de communauté de meubles et acquêts

Dans ce régime, la masse commune est constituée de tous les biens


meubles, à raison de leur nature, et de tous les acquêts, c'est-à-dire les biens acquis à
titre onéreux, après la célébration du mariage. Ce régime a une très grande importance,
car il est, sous réserve de quelques modifications, le régime matrimonial légal des
Français mariés avant le 1e février 1966, date de l'entrée en application de la loi
nouvelle sur les régimes matrimoniaux.

c) Régime de la séparation des biens

Ce régime recèle les mêmes réalités au Congo qu’en France, sauf au sujet
de la gestion. En effet, dans le régime de séparation de biens français, chaque époux
reste propriétaire de tous ses biens et conserve l’administration, la jouissance et la libre
disposition et n’a, en principe, rien à liquider ou à partager avec son conjoint.

d) Régime de la participation aux acquêts

Ce régime crée en 1965 en Droit français aurait pu être le régime


matrimonial légal. Tel était le souhait du Doyen Carbonnier, inspirateur de la réforme
de 1965. Mais, les députés français l’ont refusé en raison d’un fort attachement à leur
système traditionnellement communautariste.

La participation aux acquêts est un régime matrimonial de type mixte :


pendant toute sa durée, il fonctionne comme une séparation de biens ; à la dissolution,
il ouvre à chaque époux le droit de participer aux bénéfices de l’autre comme dans une
communauté de biens. Ce droit prend la forme d’une créance de participation due par
celui des deux époux qui s’est le plus enrichi pendant le mariage. Cette créance de
participation est calculée par la double estimation du patrimoine originaire et du
patrimoine final.

Calcul de la créance de participation : ce calcul se fait en trois étapes :

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41

 La balance entre le patrimoine final et le patrimoine initial : la différence


obtenue entre le patrimoine final et celui originaire fait apparaitre les acquêts nets
de chaque époux. Cette différence peut faire apparaitre un solde négatif ou
positif. Si ce solde est positif, il aura vocation à être partagé pour moitié entre
époux. Par contre, s’il est négatif, il révèle la médiocrité de la gestion de l’époux
concerné qui supportera seul l’entièreté de ce déficit ;
 La compensation entre époux des acquêts nets réalisés par chacun : cette
compensation joue à hauteur du montant des acquêts réalisés par celui qui s’est le
moins enrichi en cours du mariage ;
 Sort du surplus d’acquêts : le surplus d’acquêts réalisé par l’époux qui s’est le
plus enrichi en cours du régime, sera en valeur partagé entre époux.

Le Congo n’a rien de semblable dans son arsenal juridique, mais au regard
du fait que souvent les époux congolais ne choisissent pas le régime de la séparation
des biens, mieux vaut le remplacer par celui-ci.

§2. LES REGIMES MATRIMONIAUX SENEGALO- CONGOLO-MALGACHES

Les trois législations en présence n’ont en commun que le régime de la


séparation des biens. A celui-ci le Droit du Sénégal ajoute le régime dotal et celui
communautaire de participation aux meubles et acquêts, alors que le Droit malgache
ajoute le régime légal du kitaytelo an-dalàna qui est fort proche du régime de la
communauté réduite aux acquêts.

L’analyse rapide de ces régimes s’impose.

1. Le régime de la séparation des biens

La séparation des biens en Droit sénégalo-malgache et en Droit congolais


recèle les mêmes réalités vis-à-vis de la composition et du paiement des dettes.

Par contre, vis-à-vis de la gestion chacun des époux conserve


l’administration, la jouissance et la libre disposition de ses biens personnels, sous
réserve d’une part de sa contribution aux charges du ménage tant en Droit sénégalais

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42

(art.380) que malgache (Art. 57) et d’autre part, des actes nécessitant l’avis de deux
époux au Madagascar.

2. Régime dotal sénégalais

Les époux sénégalais peuvent opter pour ce régime de la famille des


régimes séparatistes. Sa spécificité est comme on l’a dit la présence des biens dotaux.

Par biens dotaux, le législateur sénégalais entend tous les biens donnés à la
femme à l’occasion de son mariage par d’autres personnes que son conjoint, mais aussi
les biens acquis en échange ou en remploi ou sous-emploi d’un bien figurant à l’état
descriptif des biens considérés tels.

Ce régime ne peut s’appliquer en principe que sur les biens d’une certaine
valeur. C’est ainsi que l’article 384 al.3 et 4 prévoient qu’il ne peut s’appliquer qu’à
des immeubles immatriculés, à des valeurs mobilières déposées dans une banque à un
compte spécial dit «compte dotal» et à des animaux constituant un cheptel et leur croît.
Ce, à condition que les époux l’aient expressément choisi au moment du mariage et
qu’un état descriptif signé du donateur, de l’épouse donataire et du mari a été établi en
triple exemplaire dont l’un remis à l’épouse, l’autre au mari et le dernier joint à l’acte
de mariage.

Ces biens remis au mari et frappés en principe d’inaliénabilité24 doivent être


administrés par lui en bon père de famille (Art.386) avec cette conséquence que s’il les
met en péril par sa mauvaise administration, la femme peut poursuivre la séparation
des biens en justice, et ces biens seront désormais soumis aux règles régissant la
séparation.

Toutefois, à la liquidation du régime, les biens dotaux sont restitués en


nature et sans délai par le mari ou ses héritiers.

24
La loi prévoit les exceptions à cette inaliénabilité en ces termes : «1° La femme peut, avec le
Consentement du mari, donner ces immeubles pour l’établissement des enfants communs ;
2° Ces immeubles peuvent être aliénés à titre onéreux, avec le consentement du mari, si l’intérêt de
la famille ou la bonne administration du patrimoine de la femme l’exige. L’un ou l’autre des époux
saisit le juge par simple requête aux fins de se faire habiliter à passer l’acte envisagé »

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3. Le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts

Quand les époux déclarent se marier sous ce régime en Droit sénégalais,


leurs biens sont gérés, pendant le mariage, comme sous le régime de la séparation de
biens, et liquidés, à la dissolution du régime, comme si les époux étaient communs en
biens.

En effet, par l’adoption du régime communautaire, les époux se donnent le


pouvoir réciproque et irrévocable d’accomplir sur leurs biens tous les actes
d’administration. Chacun des époux gère seul ses biens, sans distinction selon leur
nature, leur origine ou leurs conditions d’acquisition. Sous réserve du fait que selon
l’article 391, ne peuvent être faits que du consentement des époux les actes de
disposition emportant aliénation totale ou partielle, à titre onéreux ou gratuit,
d’immeubles, de fonds de commerce ou de droits sociaux non négociables. Les
capitaux provenant de ces opérations ne peuvent être perçus sans ce consentement
commun.

Ce consentement de deux époux est également exigé pour donner à bail un


immeuble à usage commercial et pour les autres baux excédant 9 années.

Par ailleurs, à la dissolution, les biens des époux constituent une masse à
partager entre eux. Mais de cette masse seront exclus comme propres à chacun des
époux, les immeubles immatriculés dont chacun des époux était propriétaire avant le
mariage, ceux qui leur sont advenus personnellement pendant le mariage, par
succession ou libéralités, les biens qui par leur nature ou leur destination ont un
caractère personnel, ainsi que les droits exclusivement attachés à la personne.

Les biens des époux non exclus de la liquidation répondent des dettes
régulièrement nées pendant le mariage.

Après le règlement du passif, le surplus est partagé par moitié entre les
époux ou leurs ayants cause.

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44

Bref, ce régime est géré comme la séparation des biens et liquidé comme
une communauté d’acquêt élargie aux meubles à caractère non personnel acquis avant
le mariage. Mais, il présente aussi des liens avec le régime français de la participation
aux acquêts.

4. Le régime légal malgache ou kitay telo an-dalàna.

Ce régime légal malgache se rapproche plus du régime congolais de la


communauté réduite aux acquêts, même si les règles de gestions différent un peu. Car,
l’Article 17 du Code malgache de la famille prévoit que les biens des époux, meubles
et immeubles qu’ils possèdent à la date du mariage, ou qu’ils acquièrent pendant le
mariage, par succession, donation ou testament sont des biens personnels. Et l’article
18 d’ajouter, sont également personnels :
 les fruits et produits des biens personnels ;
 les biens meubles ou immeubles acquis à titre onéreux au cours du mariage
lorsque cette acquisition a été faite en échange d’un bien personnel ou avec des
deniers personnels ou provenant de l’aliénation d’un bien personnel ;
 les biens ainsi que les droits exclusivement attachés à la personne.
Cette catégorie des biens qualifiés de personnels en Droit malgache est
appelée biens propres dans le régime congolais de la communauté réduite aux acquêts.
De même, à bien voir la suite de la loi malgache, notamment l’article 21, on
s’aperçoit que, constituent des biens communs :

 les gains salaires des époux ;


 les deniers communs ;
 les biens acquis avec les gains et salaires et les deniers communs, y compris les
biens réservés de la femme soumis à une gestion particulière. »
Cette catégorie des biens qualifiés de communs, correspond à ce qu’on
appelle dans le régime congolais de la communauté réduite aux acquêts les
« acquêts ».

En effet, la différence entre ces deux régimes porte sur ses modalités de
gestion. Tant il est vrai que dans le régime légal malgache ou kitaytelo an-dalàna, le
mari administre les biens de la communauté (art 22), alors que chaque époux conserve
la pleine propriété de ses biens personnels et en dispose librement (art 20).

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II ème PARTIE : LES SUCCESSIONS ET LIBERALITES COMPAREES

La mort est un phénomène universel et incontournable. Elle frappe à la


porte de quiconque, sans lui en avoir demandé l’aval et parfois lorsqu’il s’y attend le
moins.

Pas étonnant que Mupila Ndjike écrive que personne n’ira toujours et
toujours à l’enterrement des autres25, sans qu’il fasse lui-même, un jour objet de
l’ouverture de la succession.

Au sens propre, la succession est définie comme la transmission du


patrimoine d’une personne décédée à une ou plusieurs personnes vivantes ; au sens
dérivé (objectif), la succession désigne le patrimoine laissé par la personne décédée, ou
mieux les biens qui font l’objet de la transmission. Dans ce sens, la succession est
synonyme de «héritage ou hérédité».

En vertu de la prohibition des pactes sur successions future, c’est à


l’ouverture de la succession que se pose le problème de la dévolution successorale.

25
MUPILA NdjikeKawende, H.F., Les successions en Droit congolais, éd. Pax-Congo, Kinshasa,
2000, p. 28.

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46

CHAP Ier : LA DEVOLUTION SUCCESSORALE COMPAREE

La dévolution successorale est l’ensemble des règles qui déterminent les


personnes pouvant recueillir les biens du défunt, déterminent les conditions qu’elles
doivent remplir et leurs parts héréditaires.

SECTION I ère : CONDITIONS DE SUCCESSIBILITE EN DROIT COMPARE

Outre le petit débat congolais sur les conditions de successibilité26, il y a


lieu de constater que les conditions pour succéder, au Congo, au Sénégal ; en France
comme en Belge sont les mêmes. A savoir : exister à l’ouverture de la succession et ne
pas être indigne.

Ces conditions semblent être les mêmes en Droit malgache, même si là au


lieu de s’arrêter à deux comme ses homologues, le législateur malgache en énumère 4
à savoir : exister ; ne pas avoir été déclaré indigne ; ne pas avoir été déchu par
testament du droit de succéder27 ; ne pas avoir été «rejeté»28. L’analyse de ces
conditions supplémentaires prouve qu’au fond il s’agit de la même chose.

§1. EXISTER A L’OUVERTURE DE LA SUCCESSION

Pour être appelé à une succession, il faut exister au moment du décès du de


cujus. Il faut donc être soit déjà né, soit d’une part avoir été conçu avant cette date et
d’autre part ne pas être décédé avant cette date, sous réserve de la représentation. Si

26
YAV Katshung, J., Les successions en Droit congolais. Cas des enfants héritiers, New voices
publishing, Cap town, 2008, 1e éd., p. 13.
27
La déchéance testamentaire dont il est question ici, n’est rien d’autre que l’exhérédation connue
aussi dans d’autres Droits sous analyse.
28
Le rejet est une sanction infligée à un enfant majeur par son père, par sa mère, par un ascendant ou
par l’adoptant. Il entraîne la rupture du lien de filiation ou de parenté qui rattachait le rejeté au
rejetant (Art. 79).
Mais, la loi limite cependant les causes du rejet en précisant que le rejet ne peut être prononcé que
si le rejeté a sciemment porté atteinte à l’honneur familial ou gravement manqué aux devoirs de
secours, d’assistance et de respect dont il était tenu envers le rejetant ou la famille. Mais pour éviter
un exercice abusif du droit de rejet, la loi prévoit premièrement que le rejetant doit être
préalablement autorisé par le Président du tribunal de sa résidence à faire la déclaration de rejet à
l’état civil. Le Président du tribunal saisi doit tenter de concilier les parties (art. 85 à 88). S’il n’y
parvient pas, il peut accorder ou refuser l’autorisation et deuxièmement, si le rejetant est dans un
autre mariage, il ne peut, tant que sa nouvelle union n’est pas dissoute, rejeter un enfant issu du
premier lit.

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47

toutes les législations l’entendent de cette façon, les législateurs de ces pays
l’expriment différemment.

Les uns disent ouvertement que les enfants conçus existent sur le plan
successoral (Art. 6 de la loi malgache qui dispose : ne peut être appelé à succéder
l'enfant non encore conçu au moment de l'ouverture de la succession et celui 399 al.2
où l’on lit l’enfant simplement conçu peut succéder s’il naît vivant).

Les autres passent la question sous silence en la laissant sous l’empire du


principe « Infans conceptus pro nato habetur quoties de commodis ejus agitur »29, c’est
le cas de la RDC, qui dans sa législation ne cite comme héritiers que les enfants nés,
comme si ceux à naître mais déjà conçus ne l’étaient pas.

Outre cet aspect, celui qui est décédé avant le de cujus n’existe plus au sens
successoral, mais peut être représenté à la succession du décédé.

1. LA REPRESENTATION SUCCESSORALE

Il y a deux manières de succéder. On succède de son propre chef ou par


représentation. Le premier mode est la règle, le deuxième l’exception.

La représentation successorale (autrement appelée subrogation successorale)


est une institution en vertu de laquelle, certains successibles descendants d’une même
souche, et en concours avec des successibles d’autres souches exercent dans une
succession, les droits qui y aurait eus leur ascendant prédécédé s’il avait survécu au de
cujus.

Elle est une fiction juridique dont l’effet est de permettre aux descendants
d’une personne, qui aurait hérité du de cujus s’il avait survécu, de prendre part à cette
succession par ses parents encore en vie qui les représenteront.

29
Cet adage signifie : l’enfant conçu est considéré comme né, chaque fois qu’il y va de son intérêt.
C’est une règle non écrite à laquelle on fait constamment recours en matière de filiation, de
succession et de donation.

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48

Il est à souligner que le Droit congolais comme celui malgache admettent la


représentation ascendante.

En effet, l’article 758 litera b du Code de la famille de la RDC


dispose : « Le conjoint survivant, les père et mère, les frères et sœurs germains ou
consanguins ou utérins forment la deuxième catégorie des héritiers de la succession et
constituent trois groupes distincts. Lorsque les père et mère du de cujus ou l’un d’eux
sont décédés avant lui mais que leurs père et mère ou l’un d’eux sont encore en vie,
ceux-ci viennent à la succession en leurs lieu et place.».

Mais, le Droit malgache lui, prévoit la représentation ascendante jusqu’à


l’infinie en disposant à son Article 22 que « la représentation est admise à l'infini,
dans la ligne directe, ascendante ou descendante, et dans la ligne collatérale en faveur
des enfants et descendants de frères et sœurs du défunt. Lorsque des héritiers des
sixième et septième classes sont, les uns vivants, les autres décédés, la représentation
est admise au premier degré en faveur des enfants de ces derniers », le législateur
congolais ne l’admet que jusqu’au premier degré ascendant.

Par contre, le Droit sénégalais, sous réserve du fait qu’il admet la


polygamie, n’a comme le Droit français opté qu’en faveur de la représentation
descendante, lorsqu’on lit à l’article 521 du Code de la famille du Sénégal « Les
enfants prédécédés, codécédés (…), indignes, présumés ou déclarés absents sont
représentés par leurs descendants légitimes ».

Les représentants ont tous les droits qu’aurait eu le représenté. Le partage


s’opère par souche30 entre les enfants venant de leur chef et les représentants des
autres ; si une même souche a produit plusieurs branches31, la subdivision s’opère par
souche dans chaque branche et les membres d’une même branche partagent entre eux
par tête. La représentation a lieu également au cas où tous les enfants du défunt sont
présumés ou déclarés absents.

30
On appelle souche l’auteur commun de plusieurs descendants (Art. 517).
31
La branche est constituée par la ligne directe des parents issus d’une même souche (Art.518).

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49

Les descendants d’un enfant prédécédé ou codécédé peuvent le représenter


même s’ils ont renoncé à sa succession. En aucun cas, l’indigne ne peut administrer les
biens dévolus aux descendants qui le représentent. »

Mais qu’elle soit descendante ou ascendante, elle peut poser problème en


cas des comourants.

2. LA THEORIE DES COMOURANTS

Le Droit franco-belge, prévoyait que si les personnes appelées


réciproquement les unes des autres décèdent dans un même événement sans qu’on
puisse en fait déterminer l’ordre de décès, la théorie des comourants réglerait la
situation.

Cette théorie mettait sur une série de présomptions de survie suivant l’âge
et le sexe.

En effet, cette théorie disposait :

 Si les comourants avaient tous moins de quinze ans, le plus âgé est présumé
avoir survécu car, on le considère comme plus fort ;
 S’ils avaient tous plus de soixante ans, le moins âgé est présumé avoir
survécu ;
 S’ils avaient tous entre quinze et soixante ans, le plus jeune est présumé avoir
survécu. Toutefois, si la différence d’âge n’excède pas un an, le « male » est
présumé avoir survécu, car plus fort ;
 Si les uns avaient moins de quinze ans et les autres plus de soixante ans, les
premiers sont présumés avoir survécu.

Ces présomptions étaient vraiment absurdes. Comment imaginer qu’un


bébé a survécu à un homme de soixante cinq ans qui connait nager ? Pour cette raison,
ces présomptions ne sont plus applicables en France depuis la loi du 3 décembre 2001
entrée en vigueur le 1er juillet 2002.

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50

Désormais en France, l’hypothèse du décès concurrent est réglée par


l’article 725-1 du Code civil. En effet, la preuve de l’ordre des décès peut être
rapportée par tous moyens. Si l’ordre des décès ne peut être déterminé, on ne prend
pas en compte l’autre personne dans la dévolution, en revanche ses héritiers peuvent
être appelés par représentation de cette personne prédécédée, selon l’ordre et le degré.

Le Sénégal à ce sujet semble avoir pris une position radicale et différente,


lorsqu’il dispose à l’article 398 que « Lorsque plusieurs personnes successibles les
unes des autres, périssent dans le même événement ou des événements concomitants,
sans que l’ordre des décès soit connu, elles sont présumées décédées au même instant,
sauf preuve contraire qui peut être administrée par tous moyens.

A défaut de cette preuve, la succession de chacune d’elles est dévolue aux


héritiers ou légataires qui auraient été appelés à la recueillir à défaut des personnes
qui ont trouvé la mort dans lesdits événements. »

Par contre, le Congo, ne prévoit aucune disposition analogue dans sa


législation32, alors que le Madagascar maintien encore la théorie des comourants à ses
articles 8 et 9 qui disposent respectivement : « Si plusieurs personnes respectivement
appelées à la succession l'une de l'autre, périssent dans un même événement sans que
l'on puisse reconnaître laquelle est décédée la première, la présomption de survie est
déterminée par les circonstances du fait, et à défaut, par la force de l'âge ou du sexe.»
et « Si ceux qui ont péri ensemble avaient moins de quinze ans, le plus âgé sera
présumé avoir survécu. S'ils avaient tous plus de soixante ans, le moins âgé sera
présumé avoir survécu. Si les uns avaient moins de quinze ans et les autres plus de
soixante ans, les premiers seront présumés avoir survécu. S'ils avaient quinze ans
accomplis et moins de soixante ans, le mâle est toujours présumé avoir survécu,
lorsqu'il y a égalité d'âge. A défaut de cette égalité, le plus jeune est présumé avoir
survécu au plus âgé. Si les uns avaient moins de quinze ans ou plus de soixante ans et
les autres entre quinze et soixante ans, ces derniers sont présumés avoir survécu. »

32
Il serait préférable qu’au cas où pareille circonstance survient au Congo, que la succession de
chaque comourant soit réglée comme si l’autre n’avait pas existé. Les biens de chacun étant
dévolus à ces autres héritiers légaux.

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51

§2. NE PAS ETRE INDIGNE

L’indignité successorale est une peine privée, une déchéance du droit de


succéder qui frappe un héritier à raison des torts graves qu’il a pu avoir envers le
défunt et même envers sa mémoire.

1. CAUSES D’INDIGNITE COMPAREE

Chaque législation définit ses causes d’indignité selon qu’elle veut


moraliser les relations des familles.

Les unes font la part de chose entre l’indignité de droit (celle que le juge
doit prononcer sans pouvoir d’appréciation) et celle facultative (à l’égard de laquelle le
juge a, le pouvoir d’appréciation). C’est actuellement le cas en Droit franco-
sénégalais ; même si toutes les causes ne sont pas forcément les mêmes.

En effet, en Droit sénégalais, l’indignité de droit est prévue par l’article 400
qui dispose : « Est indigne de succéder, et comme tel exclu de la succession, celui qui
a été condamné en tant qu’auteur, coauteur ou complice pour avoir volontairement
donné la mort ou tenté de donner la mort, ou porté des coups mortels au défunt. » et
celle facultative est prise en compte par l’article suivant qui dispose : « Peut être
déclaré indigne de succéder:

1° Celui qui s’est rendu coupable envers le défunt de sévices, délits ou injures graves ;

2° Celui qui a gravement porté atteinte à l’honneur, à la considération ou aux intérêts


patrimoniaux du défunt ou de sa famille. »

Par ailleurs, en Droit français, est indigne de droit toute :

 Personne condamnée à une peine criminelle pour avoir tenté ou donné la mort
au de cujus ou à son complice ;
 Personne condamnée à une peine criminelle pour avoir commis des violences
ayant entrainé la mort sans intention de la donner.

Et, est frappée de l’indignité facultative :

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52

 La personne condamnée à une peine correctionnelle pour avoir tenté de donner


ou donné la mort au défunt ;
 La personne condamnée à une peine correctionnelle pour avoir commis des
violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner ;
 La personne condamnée pour témoignage mensonger dans une procédure
criminelle contre le de cujus ;
 La personne qui s’est abstenue d’empêcher soit un crime ou un délit qui a
entrainé la mort du de cujus alors qu’il aurait pu le faire sans risque ;
 la personne condamnée pour dénonciation calomnieuse contre le défunt pour
des faits dénoncés quand une peine criminelle est encourue.
Comme on peut le remarquer, les cas d’indignité facultative sont plus
nombreux que ceux d’indignité obligatoire et sont considérés comme moins graves par
le législateur. Le législateur introduit, ainsi, par leur truchement, plus de souplesse
dans les règles de l’indignité en faisant appel au pouvoir modérateur du juge, car
l’ancien régime de l’indignité successoral était de plus en plus critiqué en raison de son
archaïsme de son arbitraire. Même si selon AVOME MEBALE Glawdys, estime qu’il
est nécessaire de repréciser les choses notamment au sujet de non assistance à
personne en danger en se posant ce casus au sujet de l’euthanasie. En l’espèce, il
donne l’exemple d’un médecin qui aurait administré une dose médicamenteuse
mortelle à son patient pour apaiser ses souffrances. Ayant demandé l’autorisation du
conjoint qui s’est abstenu de répondre, le médecin fait, malgré tout, l’injection fatale.
Le conjoint est-elle une criminelle en s’abstenant de répondre au médecin » La
question reste posée dit-il car, tout dépendra de la qualification pénale du silence du
conjoint. Est-ce de la non assistance à personne en danger ou de l’euthanasie passive?
Par contre au Congo et à ce propos, l’article 765 prévoit qu’est indigne de
succéder et comme tel exclu de l’hérédité, l’héritier légal ou le légataire :

a) qui a été condamné pour avoir causé intentionnellement la mort ou voulu attenter à
la vie du de cujus ;

b) qui a été condamné pour dénonciation calomnieuse ou faux témoignage, lorsque


cette dénonciation calomnieuse ou ce faux témoignage aurait pu entraîner à
rencontre du de cujus, une condamnation à une peine de cinq ans de servitude
pénale au moins ;

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53

c) qui, du vivant du de cujus, a volontairement rompu les relations parentales avec ce


dernier, cette situation devant être prouvée devant le tribunal de paix, le conseil de
famille entendu ;

d) qui, au cours des soins à devoir apporter au de cujus lors de sa dernière maladie, a
délibérément négligé de les donner, alors qu’il y était tenu conformément à la loi
ou à la coutume ;

e) qui, abusant de l’incapacité physique ou mentale du de cujus, a capté dans les trois
mois qui ont précédé son décès, tout ou partie de l’héritage ;

f) qui a intentionnellement détruit, fait disparaître ou altéré le dernier testament du de


cujus sans l’assentiment de celui-ci ou qui s’est prévalu, en connaissance de cause,
d’un faux testament ou d’un testament devenu sans valeur.

Et en Droit malgache, sont indignes de succéder aux termes de l’article 10 :

1° Ceux qui ont été définitivement condamnés pour :

o avoir donné ou tenté de donner la mort au défunt ;


o s'être rendus complices de ce meurtre ou tentative de meurtre ;
o avoir porté contre le défunt une accusation capitale jugée calomnieuse ;

2° Ceux qui, héritiers et légataires majeurs et sains d'esprit, instruits du meurtre du


défunt, ne l'auront pas dénoncé à la justice.

Le défaut de dénonciation ne peut être opposé aux ascendants et


descendants du meurtrier ni à ses frères et sœurs, ni à ses oncles et tantes, ni à ses
neveux et nièces, ni à ses alliés au même degré, ni à son époux ou à son épouse.

EFFETS DE L’INDIGNITE

Tous les Droits excluent l’indigne de la succession. Les divergences


naissent lorsqu’il faut fixer le sort des enfants de l’indigne. Le Madagascar à l’article
14 précise comme au Congo que les enfants de l'indigne venant à la succession de leur
chef, et sans le secours de la représentation, ne sont pas exclus par la faute de leur
auteur, même s’il précise à l’alinéa 2 que l’indigne ne peut cependant leur réclamer

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54

aucun droit sur les biens de cette succession. Là comme ici, la représentation de
l’indigne est interdite.

Par contre au Sénégal33, comme en France depuis la réforme de 2001, la


représentation de l’indigne est admise, sous réserve du fait que l’indigne ne peut le
moins du monde profiter des biens recueillis de la succession à laquelle il est exclu
comme indigne.

SECTION III : DIFFERENTS HERITIERS EN DROIT COMPARE

La situation des héritiers a une longue histoire en Droit Franco-belge. Nous


sommes partis de la différence entre héritiers légitimes (les enfants légitimes)
considérés comme continuateurs de la personne du défunt et ayant seuls la saisine
successorale et successeurs irréguliers (enfants naturels, conjoint survivant et Etat)
considérés comme uniquement successeurs aux biens, devant se faire envoyer en
possession.

Puis, après la réforme du 23 décembre 1958, le conjoint survivant et les


enfants naturels obtinrent la saisine, mais leur situation successorale restera fragile que
ne l’était celle des enfants légitimes. Ceci perdura jusqu’à l’arrêt Mazurek de la cour
européenne de droits de l’homme du 1er janvier 2000, qui a estimé que la situation de
l’enfant adultérin en France était contraire au principe de la non-discrimination34.

Après cette condamnation de la France, vint alors la loi du 3 décembre


2001, qui va battre en brèche la règle « bâtard ne succède pas » et établir l’égalité
totale entre les descendants quelles que soient les conditions de leur naissance.

§1. ORDRE D’APPEL A LA SUCCESSION

Les héritiers congolais sont appelés par catégorie, les deux premières étant
réservataires et pouvant concourir dans les grands héritages.

33
Cfr, la disposition sénégalaise analysée supra au sujet de la représentation.
34
YAV Katshung, J., Op.cit., p. 192.

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55

Par contre les héritiers français et belges sont appelés par ordre, chaque
ordre éliminant le suivant ; sans possibilité de concours, sous réserve de la
successibilité particulière du conjoint survivant. De même, à l’intérieur de chaque
ordre, l’élimination se poursuit selon le degré.

L’ordre désigne une catégorie de parents soit en ligne directe descendante


(ordre des descendants) ; soit en ligne directe ascendante (ordre des ascendants) ; soit
en ligne collatérale (ordres collatéraux, c.à.d. des successibles qui ont avec le de cujus
un ascendant commun). Et le degré désigne l’intervalle qui sépare deux générations
aussi bien en ligne directe qu’en ligne collatérale

Il existe une primauté de l’ordre sur le degré. Par exemple : le défunt laisse
son petit-fils et un arrière-petit-fils, tous deux issus du fils unique prédécédé : le petit
fils est descendant au deuxième degré et donc il a la primauté sur l’autre qui l’est au 3e
degré.

1.1. Les héritiers français et belges et leurs parts

Sous réserve du conjoint survivant qui est dans ce droit un héritier à part
entière, sur lequel on reviendra, les héritiers ayant un lien de parenté avec le de cujus
se répartissent en 4 ordres d’héritiers.

a) Le premier ordre: l’ordre des descendants : font partie du premier ordre, tous les
descendants : Enfant (légitime, naturel ou adoptif sans distinction) petit enfant, arrière-
petits-enfants, etc. ils ont droit à toute la succession sous réserve du droit du conjoint
survivant.

b) Le deuxième ordre: un ordre mixte composé des père et/ou mère (ascendants
privilégiés) ainsi que les frères et sœurs avec leur descendance (neveux/nièces) qui
sont qualifiés de collatéraux privilégiés.

A l’intérieur de ce 2e ordre appelé à défaut de descendants, la succession se


répartit selon des modalités relativement complexes : par exemple, si le de cujus laisse
son père, sa mère et des frères et sœurs, alors, chaque ascendant a droit au ¼ de la

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56

succession et le solde est dévolu aux frères et sœurs quel que soit leur nombre, ce à
condition qu’il n’y ait pas conjoint survivant.

Mais s’il y a un conjoint survivant, il va primer les collatéraux privilégiés,


en prenant leur part. Ceux-ci n’étant plus réservataires en sa présence depuis la
réforme de 2001.

c) Troisième ordre: l’ordre des ascendants autres que les père et mère. Cet ordre est
appelé à succéder à défaut de représentants des deux premiers ordres.

Dans ce 3e ordre, on applique le principe de la fente35 entre la ligne


paternelle et la ligne maternelle systématiquement, et la moitié de la succession est
dévolue à chacune des lignes.

Dans chaque ligne, les plus proches parents en degré éliminent les autres.
Donc dans le troisième ordre la computation des degrés se fait ligne par ligne. A
égalité de degré, il y a égalité de droits au sein de la ligne.

d) Quatrième ordre: celui des collatéraux ordinaires : Il se compose des oncles, des
tantes et des cousins du de cujus. Dans cet ordre, joue aussi le mécanisme de la fente.
La représentation ne joue pas.

1.1.1. Situation du conjoint survivant en Droit franco-belge.

Comme nous l’avons dit supra, la successibilité du conjoint survivant


posait problème. On a dans le temps parlé à juste titre de la situation unique et inique
qu’il connaissait. Pas étonnant que Avome Mebale Glawdys dans sa thèse de doctorat
portant sur « la vocation successorale du conjoint survivant dimensions comparatives »
dise que, le conjoint survivant apparaît comme l’un des grands vaincus de la révolution
car les révolutionnaires étaient plus préoccupées à promouvoir l’égalité entre héritier
qu’à faire évoluer le statut du conjoint survivant : il fallait pour qu’il hérite, qu’il

35
La fente successorale est la division d’une succession entre deux parts égales, l’une pour la ligne
paternelle, l’autre pour la ligne maternelle. Dans chaque ligne les héritiers les plus proches priment
les héritiers les moins proches ?
Le Droit congolais ne dit rien sur le principe de la fente. L’idéal serait dire expressément qu’elle
s’applique lorsqu’à la succession sont appelés les héritiers de la troisième catégorie.

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57

n’existe aucun héritier en ligne directe jusqu’à l’infini et en ligne collatérale jusqu’au
12e degré.
La loi d’entant était séduite par les avis des auteurs qui estimaient que le
régime matrimonial légal (la communauté) accordait déjà au survivant la moitié du
patrimoine conjugal, à tel point que l’admettre à la succession du prédécédé, était lui
donner de deux mains.

Ainsi, outre la loi belge du 14 mai 1981 et celles françaises du 23 décembre


1958 et du 3 janvier 1972 qui amélioraient un peu la situation du conjoint survivant,
c’est la loi du 3 décembre 2001 qui a considérablement accru en France les droits du
conjoint survivant dans plusieurs domaines.

Ainsi, à condition d’être conjoint survivant c’est-à-dire, ne pas être divorcé,


le conjoint hérite tantôt en propriété, tantôt en usufruit selon l’ordre des héritiers
présent à l’hérédité.

A. La vocation du conjoint survivant en présence de descendant du défunt


La loi a distingué deux cas selon que les descendants du défunt, sont des
descendants communs avec son conjoint ou non.

- Quand tous les enfants du défunt sont des enfants communs au couple composé du de
cujus et de son conjoint survivant, le conjoint survivant dispose d’une option légale
entre la totalité de la succession en usufruit et le ¼ en propriété (757 c.civ.)

Cette option s’est substituée au ¼ en usufruit dont bénéficiait le conjoint en


présence de descendants avant la loi de 2001.

Le conjoint décide au décès d’exercer ses droits selon ses besoins et en


tenant compte des prérogatives attachées à chacun de ses droits.

L’option est réputée faite en usufruit si le conjoint survivant garde le silence


pendant trois mois après qu’il ait été mis en demeure d’opter par les descendants ou
s’il décède sans lui-même avoir opté.

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58

- Quand tous les enfants ne sont pas communs au couple : dans cette hypothèse, le
législateur a pensé que l’usufruit légal universel au profit du conjoint survivant non
parent pourrait priver durablement les enfants de l’autre lit du prédécédé de leur
réserve. C’est pourquoi, il a été refusé une option héréditaire légale au profit du
conjoint survivant dans ces situations. En présence de beaux-enfants, il n’a de vocation
qu’au quart légal en propriété.
B. La vocation du conjoint survivant en présence des père et mère du défunt et en
l’absence des descendants

Dans une telle situation le père et la mère sont réduits au quart de la


succession chacun en pleine propriété (la moitié pour les deux). Le conjoint recueille
quant à lui, la moitié de la succession en pleine propriété.

Si l’un des père et mère est prédécédé, le conjoint survivant recueille, selon
757-1 alinéa 2, les 3/4 de la succession en pleine propriété. Il prime les frères et sœurs
du défunt (depuis la loi de 2001).

C. La vocation du conjoint en l’absence de descendant et des père et mère

En concours avec des frères et/ou sœurs et/ou ascendants autres que les père
et mère, le conjoint survivant recueille toute la succession en pleine propriété.

En résumé, en présence d’un conjoint survivant, depuis la loi de 2001, les


frères et sœurs sont donc évincés de la succession au même titre que les ascendants
ordinaires.

Toutefois, ces frères et sœurs pourront se prévaloir d’un droit de retour


légal, sur la moitié des biens que le défunt avait reçu de ses père et mère par
succession ou donation à la condition que les dits se retrouvent en nature à l’ouverture
de la succession.

En plus de ces droits reconnus aux conjoint survivant, la réforme de 2006 a


conféré au conjoint survivant deux droits distincts l’un sur le logement qu’il occupait
effectivement à titre de logement principal à l’époque du décès que ce logement soit
propre ou personnel au défunt, commun ou indivis, valable pour un an à compter du

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59

décès (Il s’agit du droit au logement temporaire, droit matrimonial) et l’autre (droit)
viager au logement (de nature successorale).

1.2. Les héritiers malgaches et leurs parts.

En Droit malgache, les héritiers sont appelés par classe avec système
d’élimination, la présence d'héritier dans une classe préférable excluant les héritiers
des classes qui lui sont inférieures sauf le cas de la représentation.

Il y existe 9 classes, appelées sans distinction de sexe ni de primogéniture.


A l’intérieur de chaque classe le partage est égal.

Ces 9 classes sont :

 Première classe : enfants : on entend par enfants ici, ceux qui sont nés du
défunt pourvu que leur filiation soit légalement établie. A eux, on assimile les
enfants adoptés en justice qui ont les mêmes droits successoraux, alors que les
enfants ayant fait l'objet d'une adoption simple36 succèdent à l'adoptant pour la
moitié de la part à laquelle ils auraient pu prétendre dans le cas où ils seraient
nés du défunt. Toutefois, en l'absence de tous autres héritiers de la première et
deuxième classe, ils recueillent la totalité de la succession.
 Deuxième classe : Petits-enfants ;
 Troisième classe : père et mère ;
 Quatrième classe : frères et sœurs ;
 Cinquième classe : enfants des frères et sœurs ;
 Sixième classe : oncles et tantes ;
 Septième classe : cousines germaines et cousins germains ;
 Huitième classe : conjoint survivant ;
 Neuvième classe : l'Etat.

36
L’enfant adopté en justice cesse d’appartenir à sa famille d’origine (cette adoption est autrement
appelée ailleurs plénière, alors que l’adopté simple conserve dans sa famille d’origine tous ses droits
et reste tenu de toutes ses obligations (art. 72). L’adoption simple crée à la charge de l’adoptant et au
profit de l’adopté une obligation d’aliment, d’entretien et d’assistance ; cependant cette obligation est
subsidiaire, en ce sens que l’adoptant n’est tenu de les fournir que si l’adopté ne peut l’obtenir de sa
famille d’origine (art. 73).
En outre, alors que l’adoption judiciaire est prononcée en justice, l’adoption simple fait l’objet d’une
déclaration aux actes de l’état civil.

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60

Quoi de plus normal pour se rendre compte que dans ce droit la situation du
conjoint survivant est très précaire, du moins sur le plan successoral.

1.3. Les héritiers sénégalais et leurs parts.

l’Article 515 du Code sénégalais de la famille venant sous le titre l’ordre


des héritiers dispose: « Les successions sont dévolues aux enfants et descendants du
défunt, à ses ascendants, à ses parents collatéraux et à son conjoint survivant selon la
ligne et le degré des héritiers dans l’ordre et suivant les règles ci-après fixées. »

A replacer le texte dans son contexte, il ressort que le Droit sénégalais


appelle les héritiers par ordre, chaque ordre éliminant les suivants.

- L’ordre des descendants : Les enfants et les autres descendants légitimes


succèdent à leurs père et mère et autres ascendants, encore qu’ils soient issus de
différents mariages. Il succède par tête et à part égale (art.520).
- L’ordre des ascendants et collatéraux privilégiés : A défaut de descendants
légitimes, la succession est dévolue pour moitié aux père et mère légitimes du
défunt et pour l’autre moitié à ses frères et sœurs légitimes ou, à défaut, aux
descendants légitimes de ces derniers. La part dévolue aux frères et sœurs se
partage entre eux par tête. Cependant s’il existe à la fois des frères et sœurs
germains et des frères et sœurs utérins ou consanguins, la part qui leur est
dévolue se divise par moitié entre la ligne paternelle et la ligne maternelle ; les
frères et sœurs germains prennent part dans les deux lignes et les frères et sœurs
utérins ou consanguins dans leur ligne seulement. (art.523)
- L’ordre des ascendants ordinaires : A défaut de frères et sœurs ou de
descendants légitimes de frères et sœurs, la succession est dévolue pour moitié
aux ascendants de la ligne maternelle, l’autre moitié étant dévolue à la ligne
paternelle. A défaut d’ascendants dans une ligne, la succession est dévolue pour
le tout aux ascendants de l’autre ligne
- L’ordre des collatéraux ordinaires : A défaut d’ascendants et de frères ou
sœurs ou descendants d’eux, la succession est dévolue pour moitié aux autres
collatéraux de la ligne paternelle et pour moitié aux autres collatéraux de la

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ligne maternelle. La moitié dévolue à chaque ligne est recueillie par le collatéral
le plus proche en degré dans la ligne considérée. Si dans une ligne il existe
plusieurs collatéraux de même degré, la portion dévolue à cette ligne se répartit
entre eux par tête ;
- Situation du conjoint survivant : la situation du conjoint survivant sénégalais
est particulière. D’abord parce que s’il s’agit de plusieurs veuves, les parts
fixées pour le conjoint survivant se partagent entre elles par tête (art.529). Mais
quelles sont ces parts ? En cas de concours avec des enfants légitimes, le
conjoint survivant ou éventuellement chacun des conjoints survivants a droit à
une part d’enfant légitime le moins prenant, sans qu’elle puisse être supérieure
au quart de la succession. Par contre, lorsqu’à défaut de descendants légitimes,
le défunt laisse un ou plusieurs parents légitimes des catégories visées ci-haut,
son conjoint survivant a droit à la moitié de la succession.

En Droit sénégalais comme en Droit congolais, l’enfant né hors mariage


doit être affilié pour succéder. Mais plus qu’au Congo, cet enfant ne peut succéder
comme tous les autres enfants si cela n’a pas été accepté par le conjoint du mariage
bafoué par l’adultère. Faute pour le de cujus d’avoir obtenu l’acquiescement de son
conjoint à la reconnaissance, l’enfant né hors mariage n’aura droit qu’à la moitié de la
part successorale d’un enfant légitime.

SECTION III : LES OPTIONS DES HERITIERS

Nul n’est héritier qui ne veut. Ce principe est consacré dans tous les Droits
successoraux, sous réserve de l’acceptation forcée en cas du recel successoral en Droit
franco-malgache.

§1. DELAI DE L’OPTION

L’héritier peut opter à compter de l’ouverture de la succession, mais il ne


doit céder ni à la précipitation, ni à l’indécision. Il importe ainsi qu’il ait un bref délai
qu’il emploiera à se renseigner sur les forces de l’héritage et à réfléchir.

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Ce bref délai est appelé en doctrine « délai pour faire inventaire et


délibérer ». Il est de trois mois au Congo et au Sénégal, tandis qu’il est de quatre mois,
avec possibilité de prorogation judiciaire en France et en Belgique.

Ce délai a une importance pratique, dans la mesure où, alors qu’il est en
cours, l’héritier ne peut être contraint à prendre parti. Il bénéficie d’une exception
dilatoire qui lui permet d’écarter toute poursuite sans dire s’il accepte ou renonce à la
succession.

Après écoulement de ce délai, l’héritier est considéré s’il n’a pas opté tant
en Droit sénégalo-congolais, qu’en droit franco-belge comme ayant tacitement accepté
la succession purement et simplement.

Toutefois, l’option quelle qu’elle soit, ne peut se faire qu’après décès du de


cujus, sous peine de pacte sur succession future.

§2. LES TERMES DE L’OPTION

Il y a des législations qui prévoient 2 partis (options) successoraux à l’instar


de la RDC et du Madagascar qui ne prévoient que l’acceptation et la renonciation.
Même si entre les deux législations, il y a une petite différence sur les formalités de
chaque parti. En effet, en Droit congolais, la renonciation ne peut qu’être expresse et
formaliste, tandis que le Droit malgache admet même une renonciation tacite aux
termes de l’article 60 qui dispose : « La renonciation résulte soit d'une déclaration
formelle recueillie en la forme authentique ou authentifiée, soit d’une abstention
volontaire non équivoque équivalent à une renonciation. »

Mais il y a aussi des législations qui prévoient 3 partis successoraux comme


le Droit sénégalo-français.

En effet, le Droit sénégalais prévoit : l’acceptation pure et simple,


l’acceptation sous bénéfice d’inventaire et la renonciation. Tandis que la France, outre
l’acceptation pure et simple et la renonciation, a remplacé l’acceptation sous bénéfice
d’inventaire depuis 2006 par l’acceptation à concurrence de l’actif net, remplacement
influencé par le Droit des procédures collectives : Règlement du passif successoral

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Dans chaque législation, l’acceptation ou l’acceptation pure et simple fait


que l’héritier soit tenu ultra vires successionis, alors que la renonciation le dépouille
rétroactivement de sa vocation héréditaire.

Par contre, l’acceptation sous bénéfice d’inventaire ou à concurrence de


l’actif net c’est en fait le droit accordé par la loi aux héritiers de séparer leur
patrimoine de celui du de cujus en sorte de n’être tenu des dettes successorales qu’à
concurrence des biens du défunt37. L’héritier ayant accepté sous bénéfice d’inventaire
ou à concurrence de l’actif net exclut toute confusion entre son patrimoine et celui du
défunt. Il n’est tenu qu’intra vires successionis. C’est- à– dire dans les limites de la
force de la succession recueillie. Il refuse de supporter le passif successoral avec ses
propres biens.

Dans cette hypothèse, il paie les créanciers du défunt au fur et à mesure


qu’ils se présentent. Le paiement est le fruit de la course, ce qui risque d’être
défavorable aux autres créanciers, si lui-même est aussi créancier, car dans ce cas il
aura toujours à gagner le premier cette course.

Outre ces précisions capitales, il faut signaler que le Droit franco-belgo-


sénégalais prévoit en plus une acceptation forcée contre les receleurs successoraux.

2. L’ACCEPTATION FORCEE

Un successible est traité malgré lui comme ayant accepté une succession,
lorsqu’il a diverti ou recelé les biens successoraux.

Ainsi, on appelle recel ou divertissement successoral, l’acte d’un héritier


qui cache certains effets de la succession avec intention de se les approprier
exclusivement en les soustrayant au partage.

A ce sujet, l’article 421 du Code de la famille sénégalais dispose : « Les


héritiers qui ont diverti ou recelé des effets d’une succession et notamment, qui ont
omis sciemment et de mauvaise foi de les comprendre dans l’inventaire sont et

37
DECLERCQ, M.et CLIPPELLE, Br., Cours de Droit civil élémentaire, De Boeck, Bruxelles, 1996,
p. 59.

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demeurent héritiers purs et simples, nonobstant toute renonciation ou acceptation sous


bénéfice d’inventaire, sans préjudice des sanctions (…) »

Ce recel successoral n’est pas prévu en Droit congolais, alors qu’il s’agit
d’un cas récurrent surtout commis par les conjoints survivants, s’ils sont en présence
des enfants d’autres lits du de cujus. D’où la nécessité de se demander que fera le juge
congolais saisi à cet effet. Pourra-t-il poursuivre le receleur successoral de vol ou
d’une autre infraction à déterminer ?

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CHAP.II : LES TESTAMENTS ET LIBERALITES COMPARES

Selon la doctrine, il n’y a que deux façons de disposer de ses biens à titre
gratuit. L’une est unilatérale (le testament) l’autre est contractuelle (donation).

SECTION I : LE TESTAMENT EN DROIT COMPARE

Le testament est un acte personnel par lequel le testateur dispose pour le


temps où il n’existera plus, de tout ou partie de ses biens et qu’il peut révoquer. Ainsi
défini, le testament est un acte personnel. La conséquence la plus attendue de cette
précision est la nullité absolue des testaments conjonctifs dans plusieurs Droits.

Mais contre toute attente, les testaments conjonctifs sont déclarés valables
par le Droit malgache, uniquement entre testateurs époux, aux termes de l’article 29
qui dispose : « Les testaments conjonctifs ne sont pas prohibés. Néanmoins, la clause
selon laquelle deux époux ou un homme et une femme unis selon les coutumes ont,
dans un testament conjonctif, déclaré que ledit testament ne pourrait être modifié de
leur vivant que d'un commun accord, cesse d'avoir effet en cas de divorce ou rupture
de l'union. »

§1. LES FORMES DU TESTAMENT

Chaque législation détermine ses formes de testaments. Par forme de


testament, il faut entendre, les différentes apparences que peuvent avoir le testament.

En effet, les Droits franco-belge et congolo-sénégalo-malgache prévoient


tous le testament olographe. Il s’agit du testament le plus répandu dans tous ces Etats.
S’il doit être écrit, daté et signé de la main du testateur partout, le Droit congolais
admet qu’il peut même être saisi ou dactylographié à condition que sur chacune des
pages, le testateur fasse un signe attestant qu’il s’agit bien de ses dernières volontés.

Par contre, à ce sujet, le Droit franco - malgache est plus restrictif et


n’admet comme valable que le testament entièrement écrit de la main du testateur,
alors que sur la même question, le Sénégal prend pour valable le testament olographe
par main guidée à condition que le testateur l’ait signé lui-même.

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Quant à son exécution, s’il peut être exécuté dès sa découverte au Congo et
au Madagascar, au Sénégal par contre, au décès du testateur, son testament olographe
est présenté au juge du lieu d’ouverture de la succession ; celui-ci dresse procès-verbal
de la présentation, de l’ouverture du testament, s’il est cacheté, et de son état. Il est
ensuite ordonné dépôt du testament au rang des minutes d’un notaire.

Par ailleurs en France, après sa rédaction, le testateur doit le déposer aux


minutes du notaire qui doit en assurer la conservation et l’inscrire au fichier central des
dispositions de dernières volontés.

Outre le testament olographe, le Droit franco-belgo-congolo-sénégalo-


malgache prévoit le testament authentique, même s’il n’est pas appelé de la même
façon. Le législateur sénégalo-malgache l’appelle le testament par acte public, alors
que le législateur franco-belge l’appelle testament authentique.

Il s’agit en réalité d’un testament rédigé soit devant notaire ou officier de


l’état civil et deux témoins s’ils sont requis (Droit congolais) ; soit dressé par un
notaire ou un officier public authentificateur assisté de deux témoins conformément
aux règles qui régissent les actes notariés ou authentifiés (Droit malgache) ; soit reçu
par un notaire, soit par un juge, sous la dictée directe du testateur. Lorsque celui-ci ne
sait ni lire ni écrire, la réception de l’acte est faite en la présence réelle de deux
témoins majeurs non légataires du testateur ni parents ou alliés du testateur jusqu’au
quatrième degré inclusivement. Il doit être donné lecture et interprétation au testateur,
dans tous les cas (Droit sénégalais) ; soit dicté à un notaire en présence de deux
témoins (Droit français) pas nécessairement français mais comprenant le français, soit
à deux notaires qui en dressent acte.

L’autre testament commun aux Droits français, malgache et sénégalais est


le testament mystique ou secret (terme préféré en Droit malgache parce que plus
proche de leurs traditions). Il s’agit du testament présenté clos et scellé à un officier
public ou au juge assisté de deux témoins par le testateur qui doit déclarer que le
contenu de l’enveloppe est son testament (Droit sénégalais). Il est présenté au notaire
devant deux témoins en Droit français. Par ailleurs, en Droit malgache, il s’agit d’un

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testament présenté par le testateur à un notaire ou à un officier public authentificateur


et à deux témoins, de préférence membres de sa famille.

Mais partout, le notaire, ou la personne compétente à recevoir cette


enveloppe dresse l’acte de suscription portant la date et l'indication du lieu où l'acte
est passé, la description du pli et, le cas échéant, de l'empreinte du sceau et enfin
mention de toutes les formalités ci-dessus; cet acte est signé tant par le testateur que
par le notaire et les témoins.

Il présente l’avantage de la sécurité de conservation par le notaire et celui


de garder secrets ses souhaits qui restent inconnus même du notaire qui le garde.

Contrairement à toutes ces législations, le législateur congolais admet


encore avec raison, l’existence du testament oral ou nuncupatif. Il s’agit de celui fait
verbalement par celui qui sent sa mort venir ou imminente. Il ne peut être fait qu’en
présence de deux témoins majeurs et a une validité de trois mois.

§2. LES LIBERALITES EN DROIT COMPARE

Une libéralité est un acte à titre gratuit par lesquels une personne dispose
d’un ou plusieurs de ses biens au profit d’autrui avec la volonté d’enrichir le
patrimoine du gratifié.

Apres analyse des dispositions consacrées au Droit des libéralités en


Afrique, il sied de souligner que les législateurs africains n’ont pas été très imaginatifs
en la matière, car, il se décèle une ressemblance étrange non seulement des prévisions
mais aussi de formulation avec le Droit franco-belge.

La nuance possible qui saute aux yeux est que les législations africaines
exigent rigoureusement certaines formalités dans les donations immobilières, alors que
le Droit franco-belge se montre très rigoureux en exigeant que toute donation sous
réserve de quelques exceptions, soit passée en forme authentique.

En plus, si le Droit congolais ne connait pas vraiment le cas du retour légal,


ou du retour conventionnel, le Droit malgache semble, sous l’influence du Droit
français adopter cette succession anomale en disposant notamment à l’article 114 que

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le donateur peut stipuler que les biens donnés lui feront retour en cas de précédés du
donataire seul ou de celui-ci et de ses descendants.

Dans ce cas cependant, les biens donnés ne feront retour que s'ils existent
encore en nature et resteront grevés des droits réels qui auraient été consentis par le
donataire. Le droit de retour ne pourra être stipulé qu'au profit du donateur seul.

Enfin, les Droits africains ne sont pas très développés en Droit fiscal des
successions et libéralités, pourtant il s’agit là d’un volet ramenant des capitaux
conséquents aux pays Européens.

CONCLUSION

Il a été difficile voire impossible en trente heures dont seulement quinze


sont consacrées à la théorie, de creuser cette matière pourtant capitale du Droit civil
comparé. Avec les quelques lignes qui précédent, l’étudiant attiré par la dimension
comparative des Droits peut s’engager résolument sur la voie comparative et
désormais mieux faire.

Les aspects non analysés faute de temps peuvent être approfondis au cours
des séances des travaux pratiques.

- Regards croisés des effets de l’indignité en Droits comparés congolais et


béninois ;
- Regards croisés du droit de retour légal en Droits français et malgache ;
- Successibilité des enfants adoptés en Droits comparés français et congolais.
Problèmes et perspectives pour le Congo ;
- Successibilité des enfants nés hors mariage en Droits comparés sénégalais et
congolais. Problèmes et perspectives.

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