RECENSIONS. 427
Je m'excuse d'avoir trop mélé de réflexions personnelles & ce compte rendu de
Vouvrage de von Rad; c’est un livre qui oblige & penser, et cela est un signe de sa
valeur. En dehors de orientation générale, sur laquelle j’ai insisté, il faudrait
relever beaucoup de choses. On reconnaft partout la mattrise de auteur qui
connaft parfaitement les textes et qui domine les discussions de détail. I] y a des
ages remarquables et une abondance de remarques neuves. C’est un livre essen-
tiel.
R. de Vaux, 0. P.
Structure et théologio de Lue I-II, par René Laurenrix (Etudes Bibliques).
Grand in-8° de 232 pp. Paris, Gabalda, 1957.
Le titre dit bien le propos de l’auteur, propos qu'il a tenu. Ni commentaire exégé-
tique s’enfermant dans une explication suivie du texte, ni élaboration systéma-
tique s'évadant de la lettre pour construire & sa guise, mais perception théologique
se dégageant de I’Ecriture loyalement écoutée. Les passages essentiels sont choisis,
situés, scrutés au service d’une enquéte théologique et selon ses détours, mais avec
une méthode philologique et un souci d’objectivité qui assurent aux résultats
obtenus le bénéfice d’un solide fondement scripturaire. M. 'abbé Laurentin était
déja connu et justement apprécié comme historien et théologien de la mariologie;
il se révéle ici exégdte compétent. Les réserves ou dissentiments que j’exprimerai
sur plusieurs points ne feront que qualifier une approbation large et admirative
de ensemble.
Dans une Introduction qui esquisse l'état des problémes, il admet, aprés beau-
coup d'autres, que Luc, dans ses deux premiers chapitres, a traduit un document
écrit en hébreu. Se contentant de renvoyer & un article de Biblica (1956, pp. 435-
456; 1957, pp. 1-23) of il a étudié les allusions possibles a I’étymologie des noms
propres, il ne cherche pas ici A établir cette thése mais s'appuie sur les travaux
antérieurs, de P. Winter entre autres. J'ai dit ailleurs (New Testament Studies,
1956-1957, pp. 169-194) que Luc me semblait plutét avoir écrit de lui-méme un
grec imité des Septante, et je continue & penser ainsi. Je remarquerai seulement
que la position de Laurentin reste ambigué. Les finesses qu’il pergoit avec raison
dans exploitation de I'A. T. par Luc, 1-11 sont-elles le fait de auteur inconnu ou
du traducteur Luc? 11 ne suffit pas de reconnattre & celui-ci une large liberté pour
rendre claire la collaboration supposée. L’exploitation midrashique de I"A. T., dans
son ensemble comme dans son détail (par ex. le év yaorpt p. 70), doit étre le fait
du méme auteur. Si c'est l'anonyme hébraisant, on voit mal ce qui reste au génie
de Luc : d’avoir repris ici yxorfp par xotMa? En fait Laurentin laisse voir a plu-
sieurs reprises qu’il pense surtout & Luc lui-méme (p. 70 1. 24 ss.; pp. 81, 97, ete.)
et je crois qu'il a raison; mais il me semble alors qu'on peut se dispenser d'un
prédécesseur hébreu, dont le réle est obscur et que la philologie n’impose pas.
Au reste cette prise de position n’est nullement essentielle a l'ensemble du tra-
vail, qui tient aussi bien si on P'abandonne. Ce travail commence par une investi-
gation littéraire qui procéde en trois étapes : le plan, l'idée directrice, le mode
utilisation de 1'A. T. Le plan d’abord (ch. 1), avec son ordonnance symétrique
des scénes, fait déja percevoir un certain « relief de la pensée théologique » (p. 24).
Laurentin le souligne apras bien d'autres, mais il a raison de relever que le parallé-
lisme de principe entre 'enfance de J.-B. et celle de Jésus recouvre une trés nette
prépondérance de fait en faveur de ce dernier, au point que « la différence du con-