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16le Syndrome Pneumorenale
16le Syndrome Pneumorenale
Introduction :
Physiopathologie
Diagnostic positive
1- Clinique
le SPR est de début brutal avec aggravation rapide, les patients arrivant en réanimation
sans diagnostic établi.
Le SPR est souvent précédé de symptômes peu spécifiques (altération de l’état général,
fièvre, amaigrissement, polyarthralgies) ou déjà évocateurs d’un diagnostic étiologique
(symptômes ORL, cutanés ou neurologiques périphérique).
Le tableau clinique associe des symptômes respiratoires au premier plan et une
symptomatologie néphrologique habituellement pauvre.
A- Hémorragie alvéolaire :
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L’hémorragie alvéolaire se définit par l’association d’hémoptysie et d’infiltrats
pulmonaires radiologiques
Le tableau clinique va du simple crachat hémoptoïque au SDRA
Les signes ne sont pas spécifiques : toux, dyspnée, douleurs thoracique, crachat
hémoptoïque, hémoptysie d’abondance variable, râles crépitants, signes d’anémie,…
l’association d’une dyspnée aiguë, d’infiltrats pulmonaires et d’une anémie récente est
particulièrement évocatrice du diagnostic
L’absence de symptomatologie respiratoire probante n’élimine pas le diagnostic, une
hémorragie alvéolaire occulte pouvant être présente++++
B- Glomérulonéphrite rapidement progressive
Insuffisance rénale aiguë d’aggravation rapide,
Une hématurie microscopique
Une protéinurie glomérulaire généralement peu abondante (<4g/24h)
La présentation néphrologique est souvent au second plan, peu spécifique, se
manifestant essentiellement par des œdèmes des membres inférieurs.
L’hypertension artérielle est inhabituelle et apparaît à un stade tardif, Elle est plutôt
évocatrice d’une néphropathie vasculaire qui s’intègre alors dans un des diagnostics
différentiels+++++
La bandelette urinaire est primordiale, mettant en évidence une hématurie
microscopique et une protéinurie abondante mais en principe infra-néphrotique.
2- Les examens paracliniques :
FNS et bilan martial :
o Une anémie ferriprive de constitution rapide est fréquemment observée et
témoigne de l’intensité du syndrome hémorragique
ECBU avec recherche de cylindres hématiques
Protéinurie des 24 heures ou sur échantillon avec créatininurie
Radiographie du thorax :
o Un syndrome alvéolaire avec opacité floconneuses, confluentes male
limitées, centrales respectant les périphéries et les apex
o Les infiltrats pulmonaires radiologiques sont non spécifiques, indiscernables
d’un œdème pulmonaire ou d’une pneumopathie infectieuse.
La TDM : opacité en verre dépoli.
La fibroscopie avec lavage broncho-alvéolaire :
o Confirme le diagnostic
o Présence d’un saignement diffus avec lavage homogène, rosé ou
franchement rouge,
o Elimine une cause localisée de saignement bronchique,
o Permet la recherche d’une infection et peut guider le diagnostic étiologique
(rare localisation endo-bronchique d’une polyangéite granulomateuse).
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o L’examen anatomo-pathologique n’est indispensable qu’en cas de suspicion
d’hémorragie occulte
o Le pourcentage de sidérophages (macrophages chargés de fer révélés par la
coloration de Perls) est alors supérieur à 20 % et le score de Golde
(quantifiant la charge en fer des macrophages) est habituellement supérieur
à 100.
o Les sidérophages n’apparaissent que 72 heures après le début de
l’hémorragie intra-alvéolaire.
SCORE DE GOLDE
Définition microscopique
- « sidérophages » révélés par la coloration de Perls
- n’apparaissent que 72 heures après le début de l’hémorragie intra-alvéolaire
Quantification de la charge en fer des macrophages
- Score de 0 à 4 par cellule selon l’intensité de la pigmentation bleue dans les
macrophages
0 : négatif
1 : faiblement positif
2 : positivité diffuse nette, qlq grains
3 : positivité intense, le noyau est visible
4 : positivité très intense couvrant l’image du noyau
- Moyenné sur 100 macrophages : 0 à 400
- HIA si > 20
- HIA modérée si 20 < score < 100
- HIA importante si > 100
Diagnostique de gravité :
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Atteinte rénale Étiologie Lésions Syndrome clinico-
histologiques biologique
Néphropathie PTT, Nécrose fibrinoïde HTA sévère, hémolyse
vasculaire aiguë crise rénale artériolo-capillaire, microangiopathique,
et aiguë endartérite protéinurie et
microangiopathie sclérodermiques, artériolaire avec hématurie absentes ou
thrombotique maladie des rétrécissement en faibles
emboles de bulbe d’oignon, ±
cholestérol, microthrombi
CAPS
Néphrite Leptospirose, Infiltrat Leucocyturie
interstitielle Hanta virus inflammatoire (cylindres), protéinurie
aiguë dengue et autres cortico-médullaire et hématurie absentes
arboviroses, et péri tubulaire, ou faibles
paludisme œdème interstitiel
Nécrose Pneumonie,
tubulaire aiguë choc septique, Nécrose des cellules Syndrome urinaire
SDRA, tubulaires pauvre
embolie
pulmonaire
grave
Diagnostic étiologique :
1- Enquête étiologique
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Devant toute suspicion de SPR, un examen clinique minutieux et un bilan biologique
(Tableau) permettent d’orienter le diagnostic étiologique.
A- Interrogatoire :
- Age (PAM adulte d’âge moyen, purpura rhumatoïde enfante et adulte jeune)
- Sexe (vascularite à ANCA pas de prédominance de sexe, purpura rhumatoïde
prédominance masculine)
- Origine géographique et race (purpura rhumatoïde plus fréquent chez la race
caucasienne)
- Antécédent personnel ou familiaux de maladies auto-immunes
B- Examen clinique :
- Surtouts rechercher les signes extrarénaux et extra pulmonaires :
o Atteinte ORL surtout Wegener
o Neuropathies périphérique surtout GEPA,
o Asthme : GEPA
o Atteinte digestive : vascularite à ANCA et purpura rhumatoïde
o Signes cutané : purpura
o Attente du SNC : LES, vascularite à ANCA
C- Examen Paraclinique :
Demander en fonction du contexte
Le bilan immunologique : FAN et ANCA, la TDM thoracique et la PBR sont les examens
clef (voir tableau)
un scanner thoracique :
- Des condensations alvéolaires ou du verre dépoli, uni- ou bilatéral à
prédominance hilaire et centrale
- Des éléments orientant vers une polyangéite granulomateuse
Dans les cas où le bilan immunologique n’a pas permis de trancher (10 à 30 % des
vascularites associées aux ANCA et des syndromes de Goodpasture), la ponction-biopsie
rénale a un intérêt double : diagnostique et pronostique.
En l’absence de contre-indication, elle doit être réalisée dès que possible, surtout si le
diagnostic n’a pas pu être obtenu par les bilans non invasifs ou si le syndrome semble
réfractaire aux traitements entrepris
L’examen anatomo-pathologique confirme le diagnostic de glomérulonéphrite
extracapillaire.
L’immunofluorescence permet habituellement d’obtenir le diagnostic étiologique même
lorsque le bilan immunologique est négatif
Un score clinico-biologique simple permettant d’en suspecter l’étiologie immune
Les éléments en sont :
o La durée des symptômes respiratoires (> 11 jours)
o Une asthénie ou une perte de poids (> 5 %)
o Des arthrites ou arthralgies
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o Une protéinurie supérieure à 1 g/L.
Ce score permettrait de débuter sans délai le traitement à visée immunitaire.
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- Manifestations digestives (douleurs abdominales, perforations et hémorragies
digestives).
- Les manifestations ORL sont rares et aspécifiques.
La maladie est associée à la présence de p-ANCA dirigés contre la myélopéroxydase,
retrouvés chez 75 à 80 % des patients.
Leur titre est d’ailleurs corrélé à l’activité de la maladie
La mortalité à cinq ans est élevée, allant jusqu’à 30 % en cas d’hémorragie intra-
alvéolaire.
Les rechutes concernent environ un tiers des patients en rémission complète.
Des observations de SPR induit par les médicaments (D-pénicillamine®,
Propylthiouracyl®, Hydralazine®, Sulfasalazine® Allopurinol®) ont été associées à la
présence d’ANCA anti-MPO à titres élevés
Le tableau clinico-biologique est dans ces cas indiscernable des polyangéites
microscopiques idiopathiques.
Polyangéite granulomateuse (maladie de Wegener)
La polyangéite granulomateuse est caractérisée par des manifestations ORL,
pulmonaires et rénales (glomérulonéphrite extracapillaire).
L’hémorragie intra-alvéolaire est plus rare que dans la polyangéite microscopique,
survenant chez environ 25 % des patients
La glomérulonéphrite extracapillaire survient chez 38 à 85 % des patients
La recherche d’ANCA dirigés contre la protéinase 3 (c-ANCA) a une spécificité de 95 % et
une sensibilité proche de 90 % dans les formes diffuses
L’évolution est chronique avec un risque de rechute à cinq ans variant entre 40 et 60 %
La mortalité sous traitement est de l’ordre de 10 à 15 % à cinq ans
Syndrome de Churg et Strauss
Le syndrome de Churg et Strauss est une cause exceptionnelle de SPR
La présentation est centrée sur la triade asthme sévère, infiltrats pulmonaires labiles et
hyperéosinophilie
La glomérulonéphrite extracapillaire et l’hémorragie intra-alvéolaire sont plus rares que
dans les autres vascularites associées aux ANCA (respectivement 8 à 50 % et 3 à 7 %).
À l’inverse de ce qui est observé dans l’hémorragie alvéolaire, les infiltrats pulmonaires
éosinophiliques prédominent en périphérie.
Les ANCA anti-MPO sont présents chez environ 35 à 40 % des patients et sont fortement
associées aux atteintes rénales et à l’hémorragie alvéolaire suggérant une fois de plus la
pathogénicité de ces anticorps
B- Syndrome de Goodpasture
Le syndrome de Goodpasture est une maladie aiguë de l’homme jeune et caucasien,
avec un pic de fréquence entre la deuxième et troisième décennie
Il s’agit d’une maladie auto-immune dont la survenue pourrait être favorisée par
l’exposition à des toxiques : tabac, hydrocarbures.
La maladie survient préférentiellement chez des individus porteurs du HLA DR2
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Le syndrome de Goodpasture se présente habituellement comme un SPR « nu ».
30 à 40 % des patients se présentent avec une atteinte rénale isolée.
Le diagnostic est confirmé par la présence des anticorps anti-MBG et par la ponction-
biopsie rénale mettant en évidence des dépôts linéaires d’IgG anti-MBG.
En l’absence de traitement, le pronostic vital et le pronostic rénal sont engagés à court
terme.
Près de 30 % des patients présentant des anticorps anti-MBG sont aussi positifs pour la
recherche d’ANCA, majoritairement antiMPO.
Inversement, 5 % des patients ayant un SPR avec ANCA sont aussi positifs pour les
anticorps anti-MBG.
La signification clinique et physiopathologique de cette double positivité est très
débattue.
C- Lupus systémique
L’association d’une glomérulonéphrite extracapillaire (stade III ou IV de la classification
OMS de la néphropathie lupique) et d’une hémorragie alvéolaire dans le lupus est une
condition exceptionnelle mais particulièrement sévère avec une mortalité proche de 50
%
Dans ce contexte de lupus, il faut savoir éliminer les diagnostics différentiels du SPR,
particulièrement un syndrome catastrophique des antis phospholipides, dont la prise en
charge impose entre autre une anticoagulation efficace
D- Cryoglobulinémie mixte
Les cryoglobulinémies mixtes sont préférentiellement associées au virus de l’hépatite C
(plus de 90 % des cas).
Plus rarement, elles sont liées à un syndrome de Gougerot-Sjögren ou un syndrome
lymphoprolifératif.
Des cas d’hémorragie alvéolaire sont exceptionnellement rapportés dans la littérature,
parfois associés à une glomérulonéphrite extracapillaire, permettant alors de retenir le
diagnostic de SPR
La biopsie rénale retrouve des dépôts granuleux d’immunoglobulines et de complément
associés à des thrombi intra-luminaux.
La présence d’une glomérulonéphrite membranoproliférative associée aux croissants de
nécrose extracapillaire est quasiment pathognomonique du diagnostic dans ce contexte.
E- Néphropathies à IgA et purpura rhumatoïde
Les formes les plus sévères de néphropathie à IgA ou de purpura rhumatoïde peuvent
s’accompagner d’une glomérulonéphrite extracapillaire avec dépôts granuleux d’IgA et
croissants de nécrose
L’hémorragie alvéolaire est exceptionnelle mais représente la première cause de
manifestation pulmonaire dans ce contexte
Le diagnostic est confirmé sur la biopsie rénale qui retrouve des dépôts granuleux d’IgA.
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Plusieurs observations rapportent la présence d’ANCA ou d’anticorps anti-membrane
basale de type IgA au cours de SPR ou de glomérulonéphrites extracapillaire
compliquant un purpura rhumatoïde.
Ces anticorps qui ne sont pas retrouvés par les méthodes Elisa traditionnelles, sont
rarement recherchés.
L’existence de syndromes de chevauchement qui pourraient expliquer les formes les
plus graves de néphropathie à IgA ou de purpura rhumatoïde
F- Infections bactériennes et endocardites subaiguës
Toute infection bactérienne chronique, en particulier une endocardite subaiguë, est
susceptible de se compliquer d’un SPR ou d’une glomérulonéphrite extracapillaire isolée
médiés par des complexes immuns
En cas d’endocardite d’Osler, la difficulté de prise en charge thérapeutique, entre
antibiotiques et immunosuppresseurs.
La présence d’ANCA spécifiques (principalement anti-PR3) au cours des endocardites
subaiguës est bien documentée mais leur caractère pathogène n’a jamais pu être
démontré
Traitement
1- Mesures symptomatiques
La prise en charge en réanimation est souvent nécessaire
Le recours à la ventilation mécanique était de 57 % et la dépendance à la dialyse de 86 %
à la phase initiale
Le traitement intra-trachéal par facteur VII recombinant a été proposé dans des cas
d’hémorragie alvéolaire
Ce traitement d’exception devant être réservé aux formes réfractaires, d’autant plus que
certaines vascularites augmentent le risque de maladie veineuse thromboembolique
2- Traitement spécifique
C’est une urgence vitale ou la nécessité de débuter une thérapeutique dès l’admission
Les traitements sont empiriques, du traitement des glomérulonéphrites extracapillaires
ou des traitements codifiés pour la pathologie responsable du SPR.
Corticothérapie systémique
La corticothérapie est systématique
Les recommandations sont de débuter une corticothérapie orale à la dose de 1 mg/kg
par jour.
La dose initiale doit être poursuivie pour un à deux mois puis diminuée progressivement.
Des bolus de méthylprednisolone (500 à 1000 mg/j) soient réalisés initialement pour
trois à cinq jours, lorsque le pronostic vital est engagé
Immunosuppresseurs : cyclophosphamide, mycophénolate mofétil
Le cyclophosphamide est le seul traitement à avoir prouvé son efficacité à la phase
initiale du syndrome de Goodpasture
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Le cyclophosphamide reste le traitement des références des SPR au cours des
vascularites associées aux ANCA
Le cyclophosphamide est utilisé dans les formes graves de purpura rhumatoïde ou de
néphropathie à IgA sans que sa supériorité ait pu être démontrée face aux corticoïdes
seuls.
Traitement de référence des glomérulonéphrites lupiques prolifératives (classe III et IV)
et doit être utilisé par extension dans le SPR lupique
Le mycophénolate mofétil a démontré son équivalence avec le cyclophosphamide dans
le traitement d’induction des glomérulonéphrites lupiques prolifératives, il n’existe à
l’heure actuelle aucune donnée permettant de le recommander en cas de SPR au cours
du lupus.
C’est le TRT de référence des cryoglobulinémie sévères.
Le cyclophosphamide est progressivement abandonné au profit du rituximab
Le cyclophosphamide est utilisé par voie intraveineuse de préférence à la voie orale, en
raison d’une meilleure efficacité et d’une toxicité moindre.
Le schéma recommandé est le suivant : 15 mg/kg toutes les deux semaines pour les trois
premières injections puis toutes les trois semaines pour trois à six bolus
supplémentaires.
Les doses initiales sont à adapter à l’âge et aux chiffres de créatininémie.
Après les bolus de cyclophosphamide, il n’y a généralement pas de traitement
immunosuppresseur d’entretien dans le syndrome de Goodpasture car les rechutes sont
exceptionnelles
Au contraire, au cours des vascularites associées aux ANCA, un traitement
immunosuppresseur doit être poursuivi : azathioprine ou méthotrexate
Au cours du lupus, le relais du cyclophosphamide est assuré par de l’azathioprine ou du
mycophénolate mofétil.
Échanges plasmatiques
Les échanges plasmatiques sont une thérapeutique essentielle du SPR et leur utilisation
est cohérente avec la physiopathologie présumée du SPR, médiée par des anticorps et
des complexes immuns.
La clef du traitement du syndrome de Goodpasture en association avec les
immunosuppresseurs et les corticoïdes
Dans les vascularites associées aux ANCA, leur utilisation est plus débattue, les échanges
étant en principe réservés aux patients se présentant avec une créatininémie supérieure
à 500 mol/L, chez lesquels elle améliore le pronostic rénal
La plasmaphérèse est aussi utilisée dans les formes graves de lupus et de
cryoglobulinémie et par mimétisme dans le purpura rhumatoïde sévère.
Rappelons par ailleurs que le cyclophosphamide ou le rituximab doivent être administrés
après et non avant les séances d’échange pour éviter leur aphérèse.
Place des biothérapies
Les biothérapies sont certainement une thérapeutique d’avenir des SPR
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Dans les vascularites associées aux ANCA, le rituximab a montré une efficacité
équivalente au cyclophosphamide per os à la fois chez les patients présentant une
glomérulonéphrite et ceux présentant une hémorragie alvéolaire, fréquentes dans les
cas de SPR : créatininémie supérieure à 354 mol/L ou hémorragie alvéolaire requérant la
ventilation mécanique
Le rituximab à remplacer le cyclophosphamide dans la prise en charge des
cryoglobulinémies mettant en jeu le pronostic vital.
utilisé avec succès dans certaines manifestations du lupus et dans l’hémorragie
alvéolaire lupique réfractaire
Évolution et pronostic
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Conclusion :
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