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Outre 0300-9513 1960 Num 47 168 1326
Outre 0300-9513 1960 Num 47 168 1326
mer
Atger Paul. Les comptoirs fortifiés de la Côte d'Ivoire (1843-1871). In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 47, n°168-
169, troisième et quatrième trimestres 1960. pp. 427-474;
doi : https://doi.org/10.3406/outre.1960.1326
https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1960_num_47_168_1326
DE LA COTE D'IVOIRE
(1843-1871)
îlesAprès
qui avaient
le retour
faitàd'elle
la France
au xvme
en siècle
1814 deunequelques-unes
des grandes des
coloniales, ses intérêts commerciaux en Afrique
se limitaient à Saint-Louis et à Gorée. Saint-Louis,
petite ville insulaire dans l'estuaire du Sénégal, était entrepôt
de la gomme. Gorée, îlot rocheux au sud du Cap Vert, était
celui de l'arachide, de l'ivoire, du poivre et des peaux que
les marchands allaient chercher jusqu'à la rivière de Sierra
Leone. C'était aussi le siège du gouverneur du Sénégal. Un peu
plus tard ce devait être le point d'attache de la station navale
des Côtes occidentales d'Afrique, chargée de poursuivre les
négriers. Rares étaient les navires de commerce français qui
s'aventuraient au-delà de Sierra Leone, rares aussi les
de la station dans le golfe de Guinée.
En 1838 le ministre de la Marine, poussé par Victor Calvé,
directeur de la Compagnie de Galam, par la Chambre de
de Bordeaux et par un officier de marine qui s'intéressait
vivement aux questions commerciales — Bouët-Willaumez 1 —
entreprit d'étendre le commerce français sur les rivages du
golfe. Le 31 octobre, l'amiral Montagnes de la Roque, chef
de la station, remettait au lieutenant de vaisseau Bouët,
commandant la canonnière-brick la Malouine, des instructions
pour une mission de six mois. Il devait explorer le littoral
depuis Galinas jusqu'au cap Lopez, rechercher les bases des
négriers, leur faire la chasse, étudier surtout les possibilités
1. Edouard Bouët, fils adoptif de l'amiral Willaumez, prit le nom de
Bouët-Willaumez lorsqu'il devint lui-même amiral.
— 428 —
Politique
ch.1. ii,Arch.
à paraître.
et Nat.,
commerce
Section
dansO.-M.,
le golfe
Sénégal
de Guinée
III, 5 deb, 1838
cité par
à 1871,
B. Schnapper,
lre partie,
La Nature.
Les difficultés les plus frappantes que rencontrèrent les
Français installés à Grand-Bassam et à Assinie leur furent
opposées par la nature. Elles subsistent aujourd'hui mais
l'expérience acquise et les progrès réalisés les rendent moins
redoutables qu'elles ne l'étaient à l'époque de la navigation
à voile et de la médecine empirique. Les fonctionnaires, les
commerçants et les soldats qui vécurent en Côte d'Ivoire peu
après 1843 eurent tout à apprendre des caprices de la barre et
des cours d'eau, des « mystères » de la forêt et des causes
du paludisme, de la dysenterie, ou de la fièvre jaune. Ils
beaucoup d'erreurs qu'ils payèrent chèrement.
Le rivage de la Côte d'Ivoire a deux aspects différents. De
l'embouchure du Cavally à Fresco, il est élevé, rocheux et
découpé ; il présente une succession de récifs et de criques au
fond desquelles on trouve parfois une petite plage ; au delà
de Fresco il devient bas et rectiligne. C'est un simple cordon
littoral maintenu en place par un réseau de plantes rampantes
poussant à l'ombre des cocotiers, qui sépare la mer des grandes
lagunes.
L'accès au rivage et la pénétration dans les rivières sont
partout difficiles. De grosses vagues déferlantes, connues sous
— 435 —
Les Populations.
Les Français n'avaient qu'une connaissance très imparfaite
des populations chez lesquelles ils s'installaient et avec lesquelles
ils devaient entretenir des relations politiques et commerciales.
Ce qui les frappa surtout ce fut l'abondance des villages côtiers,
la multiplicité des dialectes et la grande variété des tatouages.
Ils donnèrent deux explications de la densité du peuplement
sur le littoral : la mer avait attiré tous ceux qui cherchaient
à se procurer à bon compte les marchandises offertes par les
navigateurs européens et la forêt avait servi de refuge à de
nombreux peuples vaincus. Mais ils ne cherchaient pas à vérifier
l'exactitude de leurs hypothèses. Aujourd'hui encore, si l'on
excepte celle des Agnis 2 de la région d'Aboisso et de Krind-
jabo, l'histoire de ces peuples d'après leurs traditions orales,
reste à faire.
Pour la commodité de l'exposé et en notant bien que c'est
opérer une classification assez arbitraire et contestable, on
peut rassembler en trois groupes les peuples du rivage et de
son arrière-pays immédiat : les Krous installés entre le Cavally
et Fresco ; les Kouakouas tout autour de la lagune Ebrié
devant aucune brutalité pour recouvrer leur dû. Ce fut une des
premières constatations en 1843 du commandant de Fort-
Nemours, Pellegrin x. Alors commençait un long cycle de
représailles et de contre-représailles et de désordres de toutes
sortes. Leurs villages, entre autres Passé, Niangon, Amanou,
Abidjan sur la baie du Banco, Abra au confluent de la lagune
Potou, Vitrier sur une île en face de Grand-Bassam étaient de
modestes bourgades dont les chefs se donnaient de l'importance
en entretenant avec leurs voisins des palabres sans fin. Le monde
Ebrié était le monde de l'anarchie 2.
Les Boubourys vivaient à l'ouest de Dabou dans la vaste
palmeraie naturelle d'Adjoukrou qui s'étend jusqu'à la baie
de Cosrou. Ils tiraient leur nom de leur village principal perché
sur une éminence à un quart d'heure du bord de l'eau. Venus
on ne sait d'où, très différents de leurs voisins avec lesquels
ils refusaient tout métissage, ils servaient de courtiers entre
les Jack-Jacks et les peuples de l'intérieur : Abidjis, Baoulés
Golos et Agnis 3. Ils étaient cruels. A Toupa le fromager à
l'ombre duquel était construite la case de leur roi, témoignait
des sacrifices humains dont ils n'abandonnèrent que très
la pratique : à chaque branche pendait un crâne 4.
Ils avaient deux gros marchés, Toupa et Tiegba, le premier
bâti sur une éminence au fond d'une crique étroite et profonde,
le second curieusement perché sur un îlot à l'entrée de la baie
de Cosrou ; le centre commercial occupait la majeure partie
de l'île et faute d'espace, les deux mille habitants avaient
leurs cases sur pilotis.
A la diversité des Kouakouas on peut opposer la cohésion
relative du groupe Agnis-Achantis. Venus de l'Est au
xvine siècle, les Agnis-Achantis avaient occupé un vaste
limité à l'Est par la confédération Achanti de Koumassi,
au Nord par le huitième parallèle 5, à l'Ouest par le bassin
1. Esquisse Commerciale.
2. Esquisse Commerciale.
3. P. Roussier, op. cit., pp. 121-235.
4. A. O. F., 5 G 32 et Amon d'Aby, op. cit., pp. 169-171.
revue d'histoire d'oltre-mer 30
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1. Arch. Nat., Section O.-M., Afrique, VI, 15, 17, 21. On trouve dans
ce dossier l'ensemble des pièces relatives aux négociations pour l'échange
de la Gambie jusqu'en 1874. La pièce 15 a retrace l'histoire des
de 1864, date de la proposition de Faidherbe, à novembre 1871.
2. A. E., Mémoires..., vol. 4. pièces 135 à 137. — Arch. Nat., Section
O.-M., Gabon, I, 11 a.
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1. Esquisse commerciale.
2. Bouët-Willaumez, Commerce et traite des esclaves...
H. Scheffer, op. cit., t. II, Lettre de Bouët-Willaumez du 20 mai 1847.
i. P. Masson, op. cit.
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1. Esquisse commerciale.
2. Abidjan, VII, 31. Rapport Pellegrin.
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Paul Atceu.
1. Arch. Nat., Section O.-M., Gabon, 1, 8 b.
2. ïd., Gabon, XV, '..