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GOUVERNANCE DES BARRAGES ET DÉVELOPPEMENT DES ACTIVITÉS


ÉCONOMIQUES EN CÔTE D’IVOIRE

Conference Paper · February 2023

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2 authors, including:

Koudou Dogbo
Université Péléforo-Gbon-Coulibaly
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Hydro-agricultural dams in the north of Côte d'Ivoire: testing the spatial diffusion of innovations of innovations View project

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Sous la Direction de
BIAKA Zasseli Ignace & COULIBALY Lacina

ACTES DU COLLOQUE

«LA GOUVERNANCE À L’ÈRE DES CHANGEMENTS GLOBAUX :


SITUATION, RÉSILIENCE ET DÉFIS EN AFRIQUE »

TOME 2

PASRES ÉDITIONS ISBN : 979-10-93066


Abidjan, Décembre 2022
Sous la Direction de
BIAKA Zasseli Ignace & COULIBALY Lacina

ACTES DU COLLOQUE

«LA GOUVERNANCE À L’ÈRE DES CHANGEMENTS GLOBAUX : SITUATION,


RÉSILIENCE ET DÉFIS EN AFRIQUE »

Colloque organisé par


le Fonds pour la Science, le Technologie et l’Innovation (FONSTI) et
le Programme d’Appui Stratégique à la Recherche Scientifique (PASRES)
les 28, 29 et 30 juin 2022 à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro
Président
Prof. BIAKA Zasseli Ignace, Université Félix Houphouët-Boigny

Membres
Prof. AKINDES Francis, Université Alassane Ouattara
Prof. ANASSE Augustin, Université Alassane Ouattara
Prof. ATTA DIALLO Hortense, Université Nangui Abrogoua
Prof. BAH Henri, Université Alassane Ouattara
Prof. BAKAYOKO Adama, Université Nangui Abrogoua
Prof. BAMBA Assouman, Université Alassane Ouattara
Prof. COULIBALY Aoua Sougo, Université Félix Houphouët-Boigny
Prof. COULIBALY Lacina, Université Polytechnique de Man
Prof. CISSE Gueladio, Epidémiologie, Institut Tropical et de Santé Publique (Suisse)
Prof. DIOMANDE Dramane, Université Péléforo Gon Coulibaly
Prof. (DR) IBO GUEHI Jonas, Université Nangui Abrogoua
Prof. KAMAGATE Bamory, Université Polytechnique de Man
Prof. KAMANZI Kagoyiré, Université Félix Houphouët-Boigny
Prof. KODO Michel, Université Alassane Ouattara, Bouaké
Prof. KONE Inza, Université Félix Houphouët-Boigny,
Prof. KONE ISSIAKA, Université Jean Lorougnon Guédé
Prof. KOUASSI-M’BENGUE Alphonsine, Université Félix Houphouët-Boigny
Prof. MBENGUE, HEC Ababacar Université de Reims
Prof. LEZOU KOFFI Aimée Danielle, Université Félix Houphouët-Boigny
Prof. MBENGUE Ababacar, Université de Reims (France)
Prof. MBOW Babacar, Université Cheick Anta Diop
Prof. N’DOUBA Boroba François, Université Félix Houphouët-Boigny
Prof. (DR) NEBIE Roger, CNRST, Ouagadougou
Prof. OUATTARA Allassane, Université Nangui Abrogoua
Prof. TIEBRE Marie Solange, Université Félix Houphouët-Boigny
Prof. TANNER Marcel, Président de l’Académie Suisse des Sciences, Bâle (Suisse),
Prof. TRAORE Sékou, Université Gamal Abdel Nasser de Conakry
Dr (MC) ABOYA Narcisse, Université Félix Houphouët-Boigny
Dr (MC) AMALAMAN Martin, Sociologue, Université Péléforo Gon Coulibaly,
Dr (MC) DAYORO Zoguehi Arnaud Kevin, Université Félix Houphouët-Boigny
Dr (MC) KONIN Sévérin, Université Félix Houphouët-Boigny
Dr (MC) KOUAKOU Ossei, Université Félix Houphouët-Boigny
Dr (MC) KOUAME Konan Simon, Université Félix Houphouët-Boigny
Dr (MC) KRA Kouakou Appoh Enoc, Université Félix Houphouët-Boigny
Dr (MC) NANDIOLO-KONE Rose, Université Alassane Ouattara
Dr (MR) OUEDRAOGO Alain, Université Joseph Ki Zerbo,
Dr (MC) SANOGO Amed Karamoko, Université Alassane Ouattara
Dr (MC) TOH Alain, Sociologue, Université Félix Houphouët-Boigny
Dr (MC) YAPO Ludovic Mousso, Université Félix Houphouët-Boigny
Dr (MC) ZOUMA Bernard, Université Joseph Ki Zerbo
Dr Tapé Bérenger KAMA, Conseiller USA au Ministère de l'Intérieur et de la
Sécurité, Expert en Police de Proximité
M. HOUNGINKPO Mathurin C., Centre d'Études Stratégiques de l'Afrique, National Defense
University, Washington DC
M. SAINT-VIL Jean, Université McGill, Canada
Général de Corps d'Armée TOURE Alexandre Apalo, Commandant Supérieur de
la Gendarmerie Nationale de Côte d’Ivoire
Mme KRAUER-DIABY Mariame, International Rescue Committee, Suisse
Mme Dominique BANGOURA, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne
Mme SANGARE Namizata, Commission Nationale des Droits de l’Homme, Côte d’Ivoire
Comité d’organisation
Présidente
- OUATTARA Annette

Membres
- ABOYA Narcisse,
- AKE Germain,
- BAMBA Assouman,
- BONY Kouassi,
- DAN OULAI Alain,
- DAYORO Zoguehi Arnaud Kevin,
- DIOMANDE Métangbo,
- EHOUMA Koffi Ludovic,
- FOFANA Mohamed,
- KONIN Sévérin,
- KONTCHOI Herman,
- KOUADIO Olivier,
- KOUAKOU Lebe Prisca,
- KOYE Martin,
- KPON Roger,
- KRA Kouakou Appoh Enoc,
- MORO Manou Honorine,
- N’DRI Eugène,
- N'GUESSAN Kouamé Hendersonn,
- OUATTARA Kiyopoh Frédéric
- SIDIKI Bintou, TOURE Djabira,
- TUO Péga,
- YAO Kouamé,
- YAO Kouassi Aimé,
- YAPO Lucas Delmas,
- YAPO Ludovic,
- YEO Gniman,
- YAPI Yapi.
Présentation
Le concept de gouvernance est au centre des discours, des réflexions et des recherches. Il est
parfois perçu comme une méta-variable explicative des résultats de gestion d’une institution, d’une
organisation ou d’une association. La gouvernance fait référence à l’ensemble des processus de
gouvernement, aux institutions et aux processus et pratiques en matière de prise de décision et de
réglementation concernant les questions d’intérêt commun. La bonne gouvernance ajoute une dimension
normative ou une dimension d’évaluation au processus de gouvernance.
Du point de vue des droits de l’homme, elle fait avant tout référence au processus par lequel les
institutions publiques et d’utilité publique, bien que de droits privés, conduisent des affaires publiques,
gèrent des ressources publiques et garantissent la réalisation des droits de l’homme (OCHR, 2016).
Le recours à la notion de gouvernance a connu une extension au cours des dernières décennies,
alors que le mot était à peine utilisé il y a trente ans. Le contenu de la notion de gouvernance est souvent
imprégné de normativité, en ce sens que la gouvernance renverrait à un mode de gestion ou à des
pratiques qui s’inscriraient d’entrée de jeu à l’intérieur du registre de la positivité, par opposition au
gouvernement, en l’occurrence, qui, depuis des lustres relèverait plutôt du registre de la négativité. Or,
l’une des causes pour sortir du sous-développement des États africains serait la mal gouvernance des
structures de décision permettant la mobilisation des puissances publiques.
A l’instar de bien de pays dans le monde, les pays africains sont engagés dans un processus de
transformations complexes, profondes et largement interdépendantes.
Ainsi, la gouvernance rendrait désastreux le sous-développement déjà complexe par la
dépendance techno-économique et politique héritée du joug colonial. Le sous-développement se trouve
reflété dans les institutions, les traditions, les groupes sociopolitiques et les relations extérieures des
pays qui en sont l’objet. Ces transformations induisent de nombreux enjeux pour soutenir l’équilibre de
la société et garantir la stabilité et la tranquillité des peuples. Au nombre de ces enjeux, figurent ceux de
santé globale, de régulation et de contrôle de phénomènes de migrations internationales, de gestion des
changements climatiques, du contrôle des ressources naturelles, d’insertion professionnelle, de
formation, de contrôle des dynamiques urbaines, sécuritaires et territoriales. Tous ces enjeux conduisent
les gouvernants à se fixer des objectifs de développer une économie compétitive, un secteur bancaire
compétitif, un système éducatif accessible et performant, un régime fiscal qui génère des revenus
suffisants, des infrastructures modernes et durables, un système de santé et de protection inclusif, un
système de production agricole et agroalimentaire résilient et plus dynamique. On peut noter que la
sécurité alimentaire et nutritionnelle demeure encore et toujours une préoccupation mondiale. Au spectre
de la crise alimentaire, s’ajoute l’insécurité nutritionnelle pour la plupart des pays de l’Afrique
Occidentale. Les changements climatiques, la forte croissance démographique, la non-maîtrise des
techniques agricoles et les comportements à l’encontre de la protection de l’environnement, la
méconnaissance des lois et textes sur le foncier constituent des facteurs exacerbant. Tous ces facteurs
montrent que la sécurité alimentaire exige l'application d'une bonne gouvernance aux niveaux
international, régional et national (McKeon, 2013) afin d’assurer la durabilité des systèmes alimentaires.
La coordination, la cohérence et la complémentarité des actions des organisations qui œuvrent en faveur
d’une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable doivent permettre de trouver des solutions adaptées
et de mobiliser un appui significatif au bénéfice de la sécurité alimentaire, d’améliorer l’efficacité et
l’impact de l’action des acteurs publics comme privés.
La situation actuelle de la Promotion de la Santé (PS) en Afrique est l’un des paradoxes qu’on
connaît sur le continent. L’une des explications possibles à cette situation d’échec est certainement à
trouver dans le fait que les interventions sanitaires se sont surtout et jusque-là, centrées sur les Systèmes
de Santé (SS) et jamais sur les Déterminants de la Santé (DS) au moment où l’on sait que les systèmes
de santé ne peuvent prétendre, à eux seuls, contribuer véritablement à l’amélioration de l’état de santé
(Houéto, 2008).
L’enseignement supérieur continue d’être caractérisé dans de nombreux pays africains par une
crise de sureffectif, de personnel inadéquat, de normes en détérioration, d’infrastructures physiques
délabrées, d’équipements insuffisants et d’un soutien gouvernemental en baisse du point de vue
budgétaire et politique. Dans le même temps, on demande au secteur de l’enseignement supérieur de
produire des diplômés de qualité et une recherche de pointe en vue d’appuyer le développement national
et continental. Bien que le rôle essentiel que joue ce secteur dans la capacité du continent à réaliser les
objectifs d’initiatives telles que : le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique de l’Union
Africaine et les Objectifs du Millénaire pour le Développement de l’ONU soit de plus en plus reconnu,
les réformes politiques et institutionnelles traitent essentiellement de l’impact économique de
l’enseignement supérieur dans de nombreux pays et négligent l’aspect gouvernance. D’un autre côté, la
vision qui guide les objectifs en matière de développement aux niveaux national, continental et
international souligne le rôle central joué par une bonne gouvernance comme condition préalable à la
réalisation de ces objectifs (SAIIA, 2009).
Depuis 2015, une initiative vise à « soutenir le développement des capacités à préparer et mettre
en œuvre les plans d’émergence » du continent. Pour l’atteinte de cet objectif et pour se hisser au rang
des pays émergents, il faut comprendre les facteurs limitants, les expériences de résilience et les défis
actuels à relever pour répondre efficacement aux défis globaux qui se posent aux collectivités humaines.
Aussi face aux enjeux locaux et aux défis de la mondialisation, l’efficacité de la gouvernance doit-elle
être questionnée.

Les actes de ce colloque sont articulés autour de sept (7) axes :


Axe 1 : Gouvernance des peuples et des sociétés ;
Axe 2 : Gouvernance universitaire, employabilité et compétitivité économique ;
Axe 3 : Gouvernance de la Sécurité Alimentaire, nutritionnelle et environnementale ;
Axe 4 : Gouvernance des Systèmes de Santé ;
Axe 5 : Gouvernance sécuritaire ;
Axe 6 : Gouvernance des diversités linguistique, artistique et culturelle ;
Axe 7 : Gouvernance Foncière Rurale.
SOMMAIRE
AXE 3 : GOUVERNANCE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE, NUTRITIONNELLE
ET ENVIRONNEMENTALE ............................................................................................... 13
1- ABOYA Narcisse, SAMAN Christopheur Aristide - Gouvernance des espaces piscicoles à
Adjin (côte d’ivoire) entre synergie et opposition des acteurs en présence............................. 14
2- AJAHOUNG Sonkeng sébatien - La participation de la Banque Mondiale dans la
gouvernance minière au Cameroun depuis 1980 : quels jeux pour quels enjeux ? ................ 31
3- ANGOUA Angoua Joseph, DIBI-ANOH Pauline Agoh, Stratégies d’adaptation des
populations face aux inondations dans la région du Sud-Comoé (Côte d’Ivoire) .................. 47
4- ASSI TANO Maxime - Changement climatique et sécurité alimentaire des producteurs de
coton dans le département de Korhogo au nord de la Côte d’Ivoire ...................................... 64
5- BEUGRE Gnakon Flora Carenne, AMANI Yao Célestin, BOUAFOU Kouamé Guy Marcel
– Pratiques alimentaires des ménages des quartiers précaires Port-Bouët à Abidjan .......... 85
6- BOUDA Tiraogo Prince Florian, OUEDRAOGO Arnaud, SOME Yélézouomin Stéphane
Corentin - Variabilité climatique et gestion des semences agricoles dans la commune rurale de
Sourgou) ................................................................................................................................ 106
7- COULIBALY Pélardjou, AINYAKOU Taïba Germaine, VANGA Adja Ferdinand -
Tradition et stratégies de contournement des Interdits liés à la culture de l’oignon dans le
Département de Ferkessédougou (Côte d’Ivoire) ................................................................. 125
8- DJEDJE GJM1*, YAPI DAC1 ; KPAN Kpan KG2 ; KOUAME KV1 ; TIDOU AS Épouse
KONE1, Agriculture conventionnelle aux alentours du fleuve sassandra et contamination des
poissons : cas de la localite de guessabo (Côte d’Ivoire) ...................................................... 139
9- KOTCHI Koffi Joachim, N’GUESSAN Kouassi Guillaume - Gouvernance de la filière riz et
actions de la coderiz dans la promotion de la filière à Oumé, dans la Région du Goh ...... ..158
10- KOUADIO Konan Eric, DABIE Désiré Axel Nassa - Installation de l’unité agro-
industrielle SIAT et recomposition du paysage productif à Zagné dans la région du Cavally
................................................................................................................................................ 175
11- KRA Kouamé Chérubin - Stratégie de résilience des commerçantes de produits vivriers
face au risque d’insécurité alimentaire et de protection sociale presqu’inexistant .............. 195
12- NDEY Ngandzo Hippolyte Pépin - Urbanisation et mutations agricoles dans les villes
satellites de Brazzaville : le cas de Kinkala et Ignie .............................................................. 213
13- N’GUESSAN Konan Jean-Yves.1,2, KONAN-WAIDHET Arthur Brice1, KOUASSI
Barbara Sidoine Abonouha1, ADAHI Botou Moise2, ASSIDJO Nogbou Emmanuel3, Resilience
des riziculteurs au changement climatique dans le departement de yamoussoukro (centre de la
cote d’ivoire) ......................................................................................................................... 231
14- OUATTARA-COULIBALY Yagnama Rokia - Gouvernance environnementale locale :
cadre institutionnel et appropriation dans la région du Cavally- Côte d’Ivoire ................... 253
15- OUATTARA Djakaridja - Valorisation, diversification des produits locaux et sẻcuritẻ
alimentaire au burkina faso : cas du sésame (sesamum indicum) ........................................ 272
16- SEKA Jean-Baptiste - Libéralisation de la filière café-cacao et résilience de la société
coopérative agricole Elië Tikpa de Daloa (Côte d’Ivoire) ................................................... 287
17- SILUE Pébanagnanan David, KOUDOU Dogbo- Gouvernance des barrages et développement
des activités économiques en Côte d’Ivoire ........................................................................... 304
18- TOURE Fatimata Matenin, ADOU Thérèse Alida Gnangoran, AYENON Fernand Séka –
Résilience des femmes rupteures de l’ex-décharge d’Akouédo dans la commune de Cocody-
Abidjan ................................................................................................................................... 323
19- TRAORÉ Ramatou, AINYAKOU Taïba Germaine, TRAORE Kassoum - Logiques
sociales des stratégies de préservation, de conservation, de gestion du karité chef les senoufos
et les malinkés au nord de la Côte d’Ivoire (En ligne) ......................................................... 341
20- YAO Josélito Carlos, DIBI-ANOH Agoh Pauline, DEGUY Attoungbré Jean-Philippe -
Adaptation paysanne à la variabilité hydroclimatique et sedimentologique dans le bassin
versant de l’Agnéby ................................................................................................................ 369
21- YAO Yao Jules - Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et les crises nutritionnelles
au Niger (1984-2005) ............................................................................................................ 386
AXE 4 : GOUVERNANCE DES SYSTEMES DE SANTE .......................................... 403
1- BOP Martial Coly, Alioune SECK, cheikh tacko diop, ndèye fatou ngom, abdoulaye faye,
- equité dans la prise en charge gratuite de la césarienne au centre hospitalier régional de
kaolack, sénégal ................................................................................................................ 404
2- COULIBAY Mathieu Herman, La déconstruction de la biomédecine par les thérapeutes
traditionnels dans la prise en charge de la maladie hémorroïdaire à abidjan ..................... 417
3- DJOKOURI Gbioyou Sonia, KOUAME Atta – Conduites hygiéniques des usagers et les
risques d’infections nosocomiales au CHR de Daloa ............................................................ 430
4- KONE Tanyo Boniface, KONAN Jean-Micheln Kouakou Attien, BOHOUSSOU Séraphin
N’Guessan, KOFFI Emile BROU - Les effets des politiques de décentralisation dans l’accès
aux soins de santé moderne dans la sous-préfecture djebonoua (cote d’ivoire) ............... 444
5- PAKA Etienne – Gouvernance et offre de soins de santé à Bacongo (Brazzaville, Congo)
........................................................................................................................................................ 462
6- SORO Kontcha Marthe, TUO Péga - Les aires d’attraction des centres de santé publics
dans la ville de Korhogo (nord ivoirien) ................................................................................. 480
7- TARNAGDA Awa 2ème Jumelle, AINYAKOU Taïba Germaine - Politique sanitaire et
accès aux chenilles de karité comme alternative à la réduction de la malnutrition infantile
au Burkina Faso .......................................................................................................................... 497
AXE 5 : GOUVERNANCE SÉCURITAIRE.................................................................. 523
1- DIALLO Ousmane, Valérie ROUAMBA/OUEDRAOGO - Analyse des effets de la
réponse humanitaire à la crise sécuritaire sur les relations de genre chez les personnes
déplacées internes de la commune de Tougouri ............................................................... 524
2- KAMA Tapé Bérenger - Doctrine de police proximité et sécurité citoyenne : cas de la
lutte contre la guerre asymétrique ............................................................................................. 546
3- KONAN Koffi Elie - Structure familiale et violences faites aux enfants dans la région de
la nawa (soubré/côte d’ivoire) .................................................................................................... 561
4- KONE BRAHIMA, FOFANA Abel- Roméo, Kouamé John KOUASSI – L'opération
licorne et le conflit militaire en Côte d'Ivoire (2002-2015) .................................................... 580
5- KOUMAN Kobenan Maxime - Terrorisme ou guerre asymétrique : un défi de gouvernance
pour les États contemporains ....................................................................................................... 595
6- KOUASSI Komenan Victor - La reconnaissance, norme de gouvernance d’une société en
crise chez Axel Honneth ............................................................................................................... 608
7- LANGUI Kouadio Marc - Droits des détenus en Côte d’Ivoire : théories et réalités .... 619
8- MEYE Ndong Serges - La culture de sécurité, un enjeu de la production de la sécurité du
territoire .......................................................................................................................................... 652
9- MAWA Mireille-Clémence - La gouvernance sécuritaire et le droit à l’éducation au
Cameroun (2009-2021) ................................................................................................................ 663
10- N’CHO Brou Hyacinthe - Analyse sociologique du rôle de la gouvernance dans la
pérennisation de la paix en période post-conflit : cas de la sous-préfecture de Duékoué (Côte
d’Ivoire) .......................................................................................................................................... 680
11- SOMDA Domebeimwin Vivien - Le retour des coups d’État en Afrique : une crise de
croissance de la gouvernance démocratique ? ......................................................................... 699
12 TRAORE Didiata - Analyse situationnelle de la lutte intégrée antidrogue en Côte d'Ivoire
.......................................................................................................................................................... 715
13- YAO Kouassi Aimé, SYLLA Idrissa, Atchô Jessica Maryse GOUMO – Espaces
touristiques, risques et défis sécuritaire dans le District Autonome de Yamoussoukro ...... 731
AXE 6 : GOUVERNANCE DES DIVERSITÉS LINGUISTIQUE, ARTISTIQUE ET
CULTURELLE .................................................................................................................. 753

1- BONY Yao Charles - Promotion et valorisation des langues africaines pour une
intégration et une articulation dans la langue française : l’exemple des expressions
« AKWABA » et « YAKO » en Côte d’Ivoire .............................................................................. 754

2- BOUMY Koué Kevin - District des Montagnes : quelle politique de promotion équitable
des traditions dans une aire de diversité ethnoculturelle ? ..................................................... 767

3- CISSE Bassory , BA Ousmane Djimel , KEI Pohi Céthille Gouda - La diversité linguistique,
véritable problème de gestion de Gouvernance : cas de la côte d’Ivoire ............................. 777

4- DODO Jean-Claude - L’impact de l’usage socio-économique du nouchi dans


développement de la Côte d’Ivoire .............................................................................................. 787

5- DRI Lou Claudine- Politique d’alphabétisation en contexte multilingue ivoirien : éléments


pour une contextualisation des contenus .................................................................................... 800

6- KABORE Amado - La contribution de l’enseignement des langues nationales à l’éducation


aux savoirs et savoir-faire endogènes au Burkina Faso ........................................................... 810

7- KONAN Loukou Jean-Marie - Médiation culturelle et marketing territorial a SẺGOU :


entre développement de la culture et culture du développement ............................................. 825

8- KOUADIO Mafiani N'da - La société ivoirienne à l’épreuve de la diversité linguistique et


culturelle : quelles stratégies pour une cohabitation harmonieuse et inclusive des populations
? ....................................................................................................................................................... 840
9- KRA Kouakou Appoh Enoc - Projet pour une politique linguistique inclusive dans le
contexte multilingue ivoirien ........................................................................................................ 855

10- MOULARET Renaud-Guy Ahioua – Politique d’acquisition dans les bibliothèques


publiques du District autonome d’Abidjan : état et perspectives en contexte de biblio-diversité
.......................................................................................................................................................... 874

11- N’DRE Damanan Joachim, Kouamé Gilles YAO - Esquisse lexicale de notions de bonne
gouvernance en langues locales et leur impact sur les politiques de gestion des états........ 891
12- N’GUESSAN Kouakou Gervais Bienvenu - Linguistic governance and inclusive
development in africa: the value of metalinguistic polyphony in ellen johnson sirleaf’s
speeches ........................................................................................................................................... 905

13- N'GATTA Koukoua Etienne, GOORE Lou Sôho Prisca- Gouvernance des diversités
culturelles et linguistiques en Côte d’Ivoire : cas de la Semaine Nationale des Arts et de la
Culture (SNAC) ............................................................................................................................. 923

14- OUEDRAOGO Alain, KABORE Amado, OUEDRAOGO Issa - Aménagement


linguistique au Burkina Faso : recueil d’opinions pour un renforcement des capacités des
acteurs de la gouvernance linguistique....................................................................................... 940

AXE 7 : GOUVERNANCE FONCIÈRE RURALE ...................................................... 956

1- ALLEGBE Allégbé Joseph - Penser le droit foncier en contexte africain avec Karl Marx
.......................................................................................................................................................... 957

2- DIOMANDÉ Métangbo1,2, KPAN Oulai Jean Gautier1, KOFFI Roland Kouakou1, KOFFI
Antoine3, Biémi Jean4 .................................................................................................................... 977

3- FALLE Landry Yves, YORO Roland Guissy, GBAHOUI Jean Marie Nicaise -
Problématique dans les transactions foncières sur les terrains périurbains de Songon dans le
district d’Abidjan ........................................................................................................................... 994

4- KOFFI -DJAH Okon Marguerite, Komenan Simon Pierre KOFFI - Ethnicisation des crises
foncières dans la région du Guémon en Côte d’Ivoire : quelle stratégie de communication
pour un changement social et comportemental ....................................................................... 1008
5- KOFFI Kouamé Sylvain, OKA Kouakou Ferdinand, ASSUE Yao Jean-Aimé - Culture de
l’anacarde et déterminants de l’émergence des conflits fonciers dans la sous- préfecture de bodokro
(centre ouest, Côte d’Ivoire) .......................................................................................................... 1022
6- KONE Moussa, SANOGO Mamadou, GNUI Koutoua Samson - Quand les cédants
deviennent les demandeurs et les demandeurs deviennent les ″propriétaires″ des terres reçues
dans le Haut-Sassandra .............................................................................................................. 1036

7- KOUADIO Williams Abel, KONAN Kouakou Attien Jean-Michel, DIARRASSOUBA


Bazoumana - Cartographie des zones à risque d'inondation dans la ville de San-Pedro 1054

8- N’GATTA Kouassi Germain - Gouvernance forestière et dynamique des relations entre


les populations riveraines et le parc national d’azagny (Sud de la Côte d’Ivoire) ........... 1073
9- SANGARE Soumaïla, ANDON N’Guessan Simon, KOFFI Simplice Yao - Stratégie de
gouvernance foncière en forêt protégée domaniale périurbaine : cas de la forêt classée du
mont-Korhogo (nord, Côte d’Ivoire) ........................................................................................ 1088

10- VEI Kpan N1*, Gouvernance foncière à l’épreuve de la volonté humaine de puissance
spatiale à daleu à l’ouest de la côte d’ivoire : diagnostic et perspectives dans un contexte de
crise socio environnementale...................................................................................................... 1104

11- YAO Komenan Loukou Jacques, SERHAN Nasser - Migrations et dynamique foncière
dans le département de Soubré : problèmes et stratégies d’adaptation ................................. 1116
Revue trimestrielle en Sciences Sociales (RSS) -
Programme d’Appui Stratégique à la Recherche Scientifique (PASRES)
GOUVERNANCE DES BARRAGES ET DÉVELOPPEMENT DES
ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES EN CÔTE D’IVOIRE

DAMS GOVERNANCE AND ECONOMIC ACTIVITIES


DEVELOPMENT IN CÔTE D’IVOIRE
SILUÉ Pébanagnanan David

Enseignant-Chercheur, Département de Géographie, Université Peleforo GON COULIBALY


Groupe de Recherche Littorale, Mer, Santé, Sécurité Alimentaire et Transport (LIMERSSAT)
E-mail de correspondance : pebanagnanansilue@yahoo.fr

KOUDOU Dogbo

Enseignant-Chercheur, Département de Géographie, Université Peleforo GON COULIBALY


Groupe de Recherche Littorale, Mer, Santé, Sécurité Alimentaire et Transport (LIMERSSAT)

Résumé

Le processus de développement des activités économiques dans le milieu rural en Côte d’Ivoire s’est appuyé sur
l’utilisation de plusieurs facteurs de production. Dans le nord du pays, l’un des facteurs importants de la
dynamisation des activités agricoles est l’aménagement de barrages hydro-agricoles. Mis en place pour le
développement de la riziculture, ces ouvrages agricoles connaissent non seulement une utilisation diversifiée, mais
ils sont aussi l’objet de gestion communautaire. Quels sont les modes de gestion des retenues d’eau aménagées
dans les bas-fonds des espaces ruraux du département de Korhogo ? L’objectif de cette recherche est d’analyser
les systèmes de gestion de ces points d’eau et en mettant en exergue leurs impacts sur le processus de valorisation
des activités. L’approche méthodologique utilisée a couplé les recherches documentaires et l’enquête de terrain.
Les populations objet d’enquête sont les structures gestionnaires des ouvrages hydro-agricoles, les acteurs
coutumiers, les groupements coopératifs des périmètres rizicoles, les exploitants des parcelles de cultures et les
utilisateurs de l’eau des barrages hydro-agricoles.

Il résulte des analyses que la gouvernance des aménagements hydro-agricoles dans le nord, est tributaire du pouvoir
central d’État, des orientations politiques, des dispositions techniques de conception, des processus de financement
et des collectifs des exploitants. Il en découle des interférences décisionnelles qui ne constituent pas pour autant
un obstacle pour la pérennité de ces ouvrages et le déploiement des activités économiques dans ces espaces ruraux.

Mots clés : Korhogo, Gouvernance, crise de gestion, milieux humides, aménagements hydro-agricoles.

Abstract

The process of developing economic activities in rural areas in Côte d'Ivoire has been based on the use of several
production factors. In the north of the country, one of the important factors in the dynamization of agricultural
activities is the development of hydro-agricultural dams. These dams were set up for the development of rice
cultivation and are not only used in a variety of ways, but are also managed by the community. What are the
management methods of the water reservoirs built in the lowlands of the rural areas of Korhogo department? The
objective of this research is to analyze the management systems of these water points and to highlight their impacts
on the development process of activities. The methodological approach used was a combination of documentary
research and a field survey. The populations surveyed were the management structures of the hydro-agricultural
structures, customary actors, and cooperative groups of the rice-growing perimeters, farmers of the crop plots and
users of water from the hydro-agricultural dams.

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The analyses show that the governance of hydro-agricultural facilities in the north is dependent on central
government power, political orientations, technical design provisions, financing processes and the farmers'
collective. This results in decision-making interferences that do not constitute an obstacle to the sustainability of
these structures and the deployment of economic activities in these rural areas.

Keywords: Korhogo, governance, management crisis, wetlands, hydro-agricultural developments.

Introduction

À l’orée des indépendances, dans les années 1970, la politique ivoirienne de développement
s’est construite sur le fondement de l’agriculture (G. Rougerie et al, 1978, p. 529). Pour
impulser alors le développement agricole harmonieux sur toute l’étendue du territoire, plusieurs
facteurs de production ont été mis en œuvre. Dans le nord, l’une des dispositions importantes
pour la production agricole est la mobilisation de la ressource en eau. La réussite de ce
challenge, passe par la création de plusieurs lacs de retenues d’eau dans les bas-fonds drainés
du nord. Selon P. Cecchi et Y. A. Wongbé (2007, p. 19), « plusieurs dizaines de barrages furent
alors réalisés en Côte d’Ivoire dont une vingtaine dans le Nord, pour l’irrigation des bas-fonds
aménagés en casiers rizicoles situés à leur aval ». Dix-huit ouvrages de ce type ont été aménagés
dans le district des savanes dont 12 (soit 66%) dans la région du Poro où Korhogo est le Chef-
lieu. Initialement, ces équipements nouveaux dans les systèmes de production des paysages
ruraux, étaient destinés à la zone dense localisée tout autour de la principale ville du nord
(Korhogo). L’objectif premier de cette création de ces points d’eau était d’approvisionner la
forte population consommatrice de cette partie du pays en vivrier (P. D. Silué et al., 2019, p.63).
Prévus pour servir premièrement à la production du riz (C. Lévêque et C. Aubertin, 2007, p.
13), les plans d’eau et les périmètres aménagés en aval ont enregistré la présence de plusieurs
acteurs complémentaires qui valorisent ces points d’eau. Après la conception et la mise en eau
de ces ouvrages, l’État a confié leur gestion à des sociétés comme la SODERIZ, la
MOTORAGRI et la SATMACI. (P. D. Silué et al., 2019 p.68). La gestion de ces ouvrages
s’inscrit dans le cadre général de la gouvernance. « Celle-ci englobe les mécanismes, les
processus et les institutions par les biais desquels les citoyens expriment leurs intérêts, exercent
leurs droits juridiques, assument leurs obligations et auxquels ils recourent en vue de régler
leurs différends » (UICN, 2013a, p. 8).
Au fil du temps, les sociétés d’État responsabilisées pour la gestion des barrages ont connu des
dysfonctionnements conduisant à leur disparition et/ou transmutation. Ces transitions au sein
des structures étatiques conduisent au désengagement des pouvoirs publics de la gestion directe
des barrages (J.-L. Chaléard, 1996, p. 104). Ainsi, suite à ce désengagement, les différents
aménagements hydro-agricoles ont été confiés à de nouveaux gestionnaires constitués
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essentiellement de groupes associatifs d’exploitants. C’est à juste titre que M. D. Lee et J. T.
Visscher (1996 p. 92) évoquent la solution d’une gestion communautaire pour garantir une
bonne gestion des barrages. Le secteur privé, la société civile et les groupes associatifs ont eu
des legs dont ils doivent assurer la gestion en remplacement des sociétés d’État. En outre, des
ouvrages à vocation unique sont devenus des barrages multifonctionnalité avec la présence
d’exploitants hétéroclites. La multiplicité des enjeux autour de ces points d’eau invite vers à
une nouvelle forme de gestion pour maintenir ces ouvrages dans la logique d’un développement
durable. Les écrits antérieurs signalent l’absence de l’État et de ses sociétés de la gouvernance
des barrages dont il a été le créateur. Pourtant le mode opératoire de toutes les actions qui
s’exécutent sur ces ouvrages et leurs périmètres associés provient du pouvoir central d’État.
Comment se présente donc la nouvelle gestion des aménagements hydro-agricoles ? Quelle est
la gestion actuelle de ces points d’eau à l’aune des dispositions factuelles générales de la
gouvernance ?

L’objectif de cette recherche est d’analyser les systèmes actuels de gestions des barrages hydro-
agricoles dans le nord de la Côte d’Ivoire, en mettant en exergue leurs impacts sur les activités
tributaires de ces facteurs de production importants. L’hypothèse qui oriente les analyses stipule
que les barrages hydroagricoles de la région du Poro font l’objet d’une gestion collective
favorable à leur fonctionnement harmonieux. La gouvernance actuelle des barrages se présente
sous la forme d’une déconcentration administrative où l’État contrôle toutes les actions
entreprises sur ces espaces. Cette implication contrôlée de l’État est favorable à l’essor des
activités économiques tributaires des eaux captées.

I. Matériel et méthodes

1.1 Présentation de l’espace d’étude

La région du Poro est localisée dans le Nord de la Côte d’Ivoire avec pour chef-lieu la localité
de Korhogo. Les frontières de cette région sont au nord le Mali, au nord-ouest la région de la
Bagoué (chef-lieu : Boundiali), au sud-ouest la région du Béré (chef-lieu : Mankono) au nord-
est celle Tchologo (chef-lieu : Ferkessédougou), et au sud-est celle du Hambol (chef-lieu :
Katiola) (Figure 1).

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Figure 1 : Localisation de la zone d’étude : région du Poro

Cette région couvre la zone densement peuplée dans le Nord depuis très longtemps.
L’importance démographie, (fût-elle historique) dont regorge cet espace a eu pour corolaire la
présence d’un nombre important de barrages à vocation d’irrigation. La finalité de leur
existence répond aux aspirations d’auto-suffisance alimentaire prônées par les pouvoirs publics
d’alors. Parmi toutes les entités spatiales administratives régionales, c’est la région du Poro qui
est la plus marquée par la création des barrages hydro-agricoles. Il y a donc un intérêt si l’on
prospecte d’analyser ce phénomène de le faire dans cette région.

Les données climatiques de la zone d’étude sont caractéristiques d’un climat tropical humide.
Les quantités pluviométriques enregistrées dans la station de Korhogo atteignent 1246 mm
d’eau/an (SODEXAM / UPGC, 2019). La détermination des saisons s’inspire du principe de
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Gaussen (Pmm=2T°c). Ce principe est respecté dans l’échelle pour la construction du
diagramme thermique de la station de Korhogo-Université. À partir de ce principe, lorsqu’un
mois présente des quantités de précipitations inférieures au double de la température, il est
caractérisé de mois sec. Inversement, lorsque ses précipitations sont supérieures au double de
la température, le mois est considéré comme humide. Conformément à ce principe, la saison
sèche (6 mois) comprend les mois de janvier, février, mars, avril, novembre et décembre. En
revanche, la période humide s’étend d’un seul tenant sur 6 mois (mai, juin, juillet, août,
septembre et octobre) (Figure 2).

Source : SODEXAM/station UPGC

Figure 2 : Diagramme ombrothermique de la station de Korhogo en 2019

La durée de 6 mois de sècheresse présentant un handicap pour le développement des activités


agricoles, l’État de Côte d’Ivoire par le truchement de certains organes techniques a contribué
à la création de 12 barrages dans la région du Poro (figure 3). Singulièrement destinés à la
production du riz, ces ouvrages constituent ici notre objet d’étude.

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Figure 3 : Localisation des sites de barrages

1.2 Approche méthodologique

La démarche utilisée dans cette étude s’appuie sur la recherche documentaire, les travaux de
terrain et leurs traitements.

Dans la recherche documentaire, plusieurs lectures ont permis de construire les fondements
conceptuels de la thématique « gouvernance des barrages ». Cette première approche a permis
d’orienter la compréhension de la notion de gouvernance. En outre, elle a donné l’occasion de
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collecter des informations générales sur les aménagements hydro-agricoles. La recherche en
ligne a été l’outil privilégié de cette construction théorique ce qui a permis d’appréhender
l’évolution récente de cette problématique de la gouvernance.

Les travaux de terrain se sont basés sur les contacts avec les acteurs impliqués dans la gestion
des points d’eau. À cet effet, un guide d’entretien et un questionnaire ont été exploités pour la
collecte des données. Cette démarche valorise la perception des populations cibles enquêtées.
À ce niveau, quatre Ministères ont été visités : Ministère de l’agriculture et du développement
rural, Ministère des eaux et forêts, Ministère de l’hydraulique et le Ministère des ressources
animales et halieutiques. L’enquête réalisée à ce niveau permet de mettre en évidence
l’implication de ces institutions dans la gestion des barrages.

Des services décentralisés et déconcentrés ont été également visités. Il s’agit de la Préfecture
et/ou Sous-préfecture, du Conseil régional du Poro, des Communes. En outre, des services
techniques comme, l’ADERIZ, l’ONDR, et le PNR ont fait l’objet de nos enquêtes. Les chefs
de villages ou de terre d’accueil des barrages, les conseillers agricoles, les Coopératives des
exploitants des barrages, les exploitants de barrages ont été aussi impliqués dans nos interviews.
L’avantage de cette démarche est de connaitre les prérogatives de chaque type d’acteur et son
niveau d’implication dans la gouvernance des barrages dans la région du Poro.

Les lacs de barrages concernés par l’étude sont ceux de la région du Poro. Selon P. D. SILUE
(2020, p. 29) la région du Poro compte 12 barrages destinés à la production du riz.

Tableau 1 : Caractéristiques des barrages rizicoles dans la région du Poro

Capacité de Potentiel
Superficie
stockage en utilisable Rendements
N° Nom du barrage utilisée/potentielle État du Site
millions en millions (t/ha)
(en ha)
(m3) (m3)
1 Solomougou 14 11 3 500/800 En réhabilitation
2 Nafoun 60 55 4 100/350
3 Natiokobadara 3,6 5,5 4 50/250
4 Nindio 3,75 3,5 4 180/180
5 Nombolo 1,7 1,4 4 130/130
6 Torgodougou - - 3 20/50 Abandonné
7 Nangakaha 5,8 4,5 3 93/200
8 Lataha 4,0 4,0 3 200/200
09 Nouplé 4,5 4 4 247/250
10 Napiéléodougou 1,7 1,6 4 75/100
11 Tiné 1,6 1,5 3 80/170
12 Sologo 3,5 3,5 5 200/200 Réhabilitation
programmée
Source : SILUE P. David, 2012

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Les informations recherchées à partir de nos outils de collecte des données concernent les
domaines d’intervention des acteurs interrogés, les collaborations entre organes, les types de
gestion, les attributions de chaque organe, les textes de régulation des interrelations, les limites,
difficultés et perspectives dans la gestion des barrages. Tous les sites des barrages ont été mis
à contribution pour répondre à la problématique de cette recherche. En revanche, au niveau des
exploitants, la sélection s’est portée sur chaque type (riziculteurs, pêcheurs, maraichers,
pisciculteurs et éleveurs). En somme, pour les 12 sites de barrages, 60 exploitants en raison 5
par site ont participé à l’enquête. Les Présidents des coopératives ont été aussi interrogés
correspondant à un total de 12 enquêtés. Au niveau des structures administratives et techniques,
les entretiens ont eu lieu avec les chefs des services techniques et/ou les Directeurs techniques.
Les échanges se sont déroulés entre février et mai 2022. Dans l’ensemble ce sont des entretiens
documentaires qui ont été exécutés permettant ainsi de s’informer sur les connaissances des
interviewés, par exemple sur ce que les sujets savent à propos de faits ou d’événements qu’ils
vivent ou dont ils ont été les témoins. Ce type de collecte de données bien que pragmatique
pose cependant le problème classique de leur critique et singulièrement de la confiance à
accorder aux renseignements issus des propos des enquêtés (J-L. L. D. Bayle, p. 72). Le
croisement de nos données a permis de pallier cette insuffisance.

Les données collectées constituées principalement d’entretiens sont traitées manuellement pour
comprendre les contenus. Les résultats des informations issues des propos des interviewers ont
été exprimés sous la forme de graphiques établis à partir de logiciel de dessin Adobe Illustrator
CC 2017. Les cartes quant à elles ont été établies avec le logiciel ArcGIS 10.2.

II. Résultats

1. Une gouvernance centralisée à l’image du pouvoir exécutif ivoirien

En Côte d’Ivoire, la gouvernance des barrages hydro-agricole dans le nord est tributaire d’un
système de gouvernance central. À cet effet, toutes les décisions prises au sujet de ces
aménagements proviennent des orientations générales de l’État. La décision de création des
barrages, de leur réhabilitation voire de l’arrêt de leur création, émanent de la politique générale
de l’État (Figure 4).
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Source : Nos enquêtes, avril 2022

Figure 4 : Structuration centralisée dans la gouvernance des barrages rizicoles

Dans les années 70 ces décisions ressortaient des plans quinquennaux et depuis 2000 elles
proviennent du Plan National de Développement (PND).

Chaque fois qu’une politique de l’État est à mettre en œuvre, un organe ministériel est désigné
par le pouvoir central pour porter et administrer les différentes stratégies à déployer. Le
ministère désigné est doté de moyens techniques, structurels et législatifs qui lui accorde tout
l’accompagnement pour exécuter le projet. Le premier contrôle est donc à l’échelle de l’organe
d’État de Côte d’Ivoire.

2. Les barrages : une cible d’intérêts complémentaires

Les sites de barrages sont des espaces où se manifestent des intérêts divers et complémentaires.
Plusieurs composantes coconstruisent ces espaces en synergie. L’interaction entre les
orientations politiques, les contraintes de conception technique, les disponibilités financières et
des exploitations par les utilisateurs convergent vers les points d’eau dans le nord de la Côte
d’Ivoire (figure 5).

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Source : Nos enquête, avril 2022

Figure 5 : Facteur de la gouvernance des barrages rizicoles dans le nord de la Côte


d’Ivoire

Les orientations politiques

Les barrages destinés à la production rizicole dans le nord sont l’objet d’influence de plusieurs
ministères en Côte d’Ivoire. L’inventaire de ce niveau de gouvernance indique en permanence,
le ministère de l’agriculture et du développement rural, le ministère des eaux et forêts, celui de
l’hydraulique et enfin celui des ressources animales et halieutiques comme directement
impliqués dans la gestion des barrages.

Le ministère de l’agriculture et du développement rural le véritable attributaire-propriétaire de


ces ouvrages hydrauliques dans la mesure où c’est ce milieu qui est le site d’accueil des barrages
en question.

Le ministère des eaux et forêts se penche sur la question de la ressource « eau ». Il procède à
un contrôle de gestion de cette ressource. Mais dans ses actions la priorité est accordée aux
espaces de forêts que d’eau.
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Le ministère de l’hydraulique supervise les ressources en eaux superficielles pour garantir
l’approvisionnement des populations en eau potable. Les barrages sont des points d’eau qui
facilitent la recharge des nappes souterraines d’une part et les populations rurales exploitent ces
eaux pour leurs divers besoins au niveau des usages domestiques d’autre part.

Le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques s’intéresse aux barrages qui sont les
potentiels espaces productions des protéines animales. En effet, ils sont un tremplin pour le
développement de l’activité pastorale et halieutique. Ces points d’eau servent à l’abreuvement
du bétail et au développement de la pêche.

Ainsi, tous ces Ministères sont concernés par la gestion des barrages. Généralement, leurs
interventions se font à partir des actions de leurs directions techniques locales ou régionales.
Mais l’action de ces directions techniques et administratives est matérialisée par la Préfecture,
organe déconcentré représentant le Président de la République (lui-même chef de
Gouvernement et donc des ministères). C’est à ce titre que c’est à lui que revient la prérogative
de prendre des notes administratives et des décisions ou des arrêtés préfectoraux de régulation
des ouvrages de barrages.

La présence de concepteurs techniques

Les barrages hydroagricoles ont été mis en œuvre par des opérateurs techniques. Leurs
différentes expertises sont les maitres d’ouvrage de ces installations. Dans le nord, la Direction
Générale et Contrôle des Grands Travaux (DCGTX, actuel BNEDT) a contribué à la conception
technique des ouvrages de retenues d’eau. Dans cette démarche, son action est le plus souvent
confondue avec celle des structures techniques comme la SODERIZ, la MOTORAGRI, la
SATMACI, l’ANADER, et même le CNRA. Toutes ces instances ont des prérogatives liées à
leurs rôles non moins importants dans le fonctionnement harmonieux des points d’eau. La
technicité dont fait montre chacun de ces organes lui confère une place dans la gestion de ces
ouvrages hydroagricoles. Certaines ont quitté l’échiquier fonctionnel des barrages suite à leur
dissolution (MOTORAGRI, SODERIZ, SATMACI) faisant place à de nouveaux organes à
l’instar de l’ANADER et du CNRA. Ces deux derniers jouent en fait les rôles de conseillers
agricoles en vu d’une bonne application des innovations agricoles sur le terrain. Mais tout cela
se fait sans grand respect de certaines normes. Généralement, les découvertes ou innovations
capitalisées par le CNRA sont vulgarisées par l’ANADER. Mais à certains moments, l’on peut
avoir l’impression d’une « cacophonie » dans le champ d’action de ces deux organes
complémentaires. N’est-ce pas cela qui est apparu à une date récente 03 Mai 2022, où nous

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avons dans la page magasine du journal de 20H00 constaté que le CNRA s’est lui-même
transformé en vulgarisateur de la stratégie de la riziculture intensive dans la région de la Bagoué
? Les riziculteurs de la région du Poro dans leurs propos ont utilisé fréquemment l’expression
« le CNRA saute l’ANADER pour se retrouver sur le terrain ». Cette expression exprime
l’irrégularité du contact direct du CNRA avec les exploitants ou utilisateurs des innovations
agricoles.

La présence des bailleurs de fonds

Le financement de la réalisation des points d’eau est une œuvre collégiale. L’importance des
capitaux à mobiliser contraint à l’utilisation du processus des co-financements mettant en
synergie des bailleurs complémentaire à des proportions raisonnables selon les aspirations de
chacun. Ces bailleurs nationaux et internationaux s’associent pour s’entraider en vu supporter
le coût des ouvrages de barrages. Anciennement, le FED, la KFW, GTZ, GIZ, et plus
récemment l’UE, le FMI ; le FIDA, BID, à travers leurs différentes politiques de coopération
financière soutiennent la création et la réhabilitation des barrages dans la région du Poro. Le
cas le plus éloquent en pleine réhabilitation est le barrage du Solomougou ou barrage de
Nambékaha. Chaque bailleur en injectant des ressources dans le financement des barrages
impose ses conditions d’exécution des projets. De nos jours, pour un souci de préservation de
l’environnement, les bailleurs extérieurs imposent l’aménagement d’ouvrage de petite taille.

L’intérêt accordé à la gestion des moyens de production est préoccupant. C’est cela qui légitime
la présence de la société civile à travers l’action des ONG. Elles représentent des conseillers
agricoles disponibles pour aider à améliorer les résultats des producteurs. La gestion non
rationnelle de ces ouvrages, a poussé les bailleurs notamment ceux du Nord à voir s’impliquer
les ONG dans la gouvernance des ressources de production. L’Animation Rurale de Korhogo,
le BFCD, Lomana, Chigata-FSDD, REFAD et bien d’autres partagent l’encadrement des
exploitations des barrages dans le département de Korhogo.

La présence des exploitants

Le maillon final de la gouvernance sur les barrages est relatif aux exploitants et/ou utilisateurs
de l’eau stockée dans ces points d’eau. A ce niveau, deux principaux organes existent pour les
ouvrages destinés à la production rizicole. Deux types de regroupements permettent aux
exploitants de gérer les ouvrages communautaires mis à leurs dispositions.
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Au premier niveau figurent les coopératives de gestion des barrages ou comité de gestion des
barrages. Au second niveau se trouve une faîtière des différentes coopératives présentes sur
chaque barrage. L’organigramme de gestion des ouvrages de barrage présente une structure
identique aussi bien pour les coopératives que pour la fédération.

3 : Avantages et limites de la gouvernance au sein des barrages

Avantages d’une gestion à plusieurs niveaux

La centralisation de la gestion des ouvrages hydro-agricoles à l’avantage d’accorder la


supervision à l’organe de l’État. Il est responsable de tous les organes et donc possède un droit
de regard sur tout ce qui se vit autour de ces différents points d’eau. Cette disposition évite les
disparités dans la gestion de ces installations parce que tous dépendent d’une seule et même
politique centrale.

La diversité d’acteurs prenant les décisions sur les barrages est un moyen de contrôle des actions
antérieures. La complémentarité d’action sur le même ouvrage présente des avantages pour un
bon fonctionnement de l’ouvrage surtout lorsqu’il y a une concertation.

En somme, la présence de ces divers niveaux de gestion est favorable à la co-construction autour
d’un système complexe associant plusieurs acteurs hétéroclites. Ce qui représente un grand
avantage pour le déploiement des activités tributaires des barrages. C’est à juste titre que depuis
une cinquantaine d’années, on assiste à une permanence de ces barrages dans les espaces ruraux
du nord et à leur valorisation régulière.

Limites dans le processus de gouvernance des points d’eau

La présence d’acteurs variés prenant des décisions diverses à appliquer sur un espace identique,
est source d’interférence. En effet, dans l’exécution de ces dispositions plusieurs points de
croisement peuvent être constatés mettant ainsi en évidence une concertation insuffisante dans
la gestion des ouvrages hydrauliques.

En outre, il n’existe pas de contraintes dans l’appartenance des comités locaux de gestion des
barrages à leur fédération. Ainsi, certains comités locaux (Solomougou) ne se sentent pas
obligés de s’associer avec leurs pairs des autres points d’eau. On est donc porté à croire qu’il
n’y a pas de contraintes qui soumettent les associations des gestionnaires des barrages à leur
fédération.

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L’une des limites observées également est le cloisonnement des interventions sur les barrages.
L’insuffisante collaboration entre les gestionnaires des projets exacerbe les divergences de
point de vue dans le fonctionnement des barrages. Cette disposition ne rend pas efficace
l’exploitation des ouvrages de barrages.

Le processus de transmission des résultats des projets « clés en main » met en exergue l’absence
de technicité des « ayant-droits » ou destinataires en vue de la pérennisation des actions dans le
temps et dans l’espace. C’est dans cette logique qu’intervient l’idée fondamentale d’absence de
suivi-évaluation des projets sur les points d’eau. La complémentarité avec la mise en place d’un
organe de coordination des actions ne serait-elle pas idoine pour une meilleure gouvernance des
points d’eau considérés à juste titre comme un bien commun ? Nonobstant toutes ses limites et
contraintes de fonctionnement, la majorité des barrages hydroagricoles se pérennisent et
contribuent ainsi à satisfaire les besoins des exploitants de ces ouvrages.

III°-Discussion

Une gouvernance étatique centralisée

La gouvernance des barrages est une préoccupation importante parce que les aménagements
des ouvrages hydrauliques peuvent être classés au sein des biens communs comme le signalent
les analyses de E. Ostrom (2010). Initialement, la ressource hydrique qui est une ressource
naturelle est un bien commun, mais en plus, les aménagements réalisés pour retenir cette
ressource en vue de sa redistribution sont aussi l’objet d’intérêts de plusieurs exploitants.
Certains travaux similaires de chercheurs sur la « tragédie des biens communs » préconisent un
contrôle par l’État de l’essentiel des ressources naturelles afin d’éviter leur destruction (E.
Ostrom, 2010, p. 13). Le cas de notre analyse s’inscrit dans cette tendance qui accorde la priorité
étatique sur la gouvernance des ressources naturelles. C’est donc à juste titre qu’en ce qui
concerne l’État de Côte d’Ivoire, les barrages hydroagricoles aménagés pour la production du
riz dans le nord sont sous la gestion centralisée de l’Organe d’État. Dans cette position, la
supervision et le contrôle de la gestion des installations communautaires peuvent être bien
menés avec plus de cohérence.

Toujours dans ce même volume, (E. Ostrom, 2010, p. 80), certains théoriciens des droits de
propriété, en se basant sur le principe de la propriété collective, estiment que la gestion de ce
type de bien se traduit soit par la destruction du bien commun parce que personne ne peut être
exclue, soit par des coûts de négociation excessifs pour la définition des règles régissant
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l’attribution. En substance, pour les biens communs, il y a besoin d’avoir un gestionnaire attitré.
Il devient ainsi la boussole et le régulateur en se constituant ainsi en « gendarme ». C’est pour
cela qu’il y est proposé une alternative exprimée en termes de « jeu de l’entreprise publique
polycentrique » comme organe de gestion des biens communs en lieu et place d’une autorité
gouvernementale centrale à l’image de la Côte d’Ivoire.

Globalement, la convergence est que dans le processus de gouvernance des barrages


hydroagricoles, besoin est de mettre en place un organe non gouvernemental capable d’assurer
la gestion régulière efficiente des ouvrages communs. Cette idée ressort chez plusieurs autres
auteurs. En effet, en présentant les outils de gestion des milieux ruraux en Europe, E. Chia et
al. (2010 p. 4) évoque un organe : OCAGER (Opérations Concertées d’Aménagement et de
Gestion de l’Espace Rural) chargé de conduire la gestion de ces territoires. La composante
barrage de la Global Water Initiative (GWI) dans l’inventaire des outils de gestion du barrage
de Kampienga au Burkina Faso (2013, p.14), a signalé la présence d’un groupe consultatif sur
la gouvernance, intégrant ainsi tous les utilisateurs de l’eau de cet ouvrage. L’expérience du
Sénégal suggère que « l’État assure la gestion du domaine public naturel, les dépendances du
domaine public artificiel (barrages et ouvrages hydro-agricoles) présents dans le bassin de
l’Anambé, ont fait l’objet d’un transfert de gestion au profit de la Société de Développement
Agricole et Industriel (SODAGRI) (UICN, 2013b p. 28). Ces expériences non identiques à la
politique de gestion des barrages en Côte d’Ivoire mettent en exergue la nécessité d’impliquer
un organe de gestion pour une bonne gouvernance des installations dans les milieux ruraux. La
Commission du Droit de l’Environnement de l’UICN du Burkina (2011, p. 6) estime que la
gouvernance administrative, englobe le système d’action publique par lequel les politiques
publiques sont conçues, mises en œuvre et évaluées par l’appareil administratif. Elle prend en
compte l’ensemble des services publics (ressources humaines, matériels et financières mises en
œuvre par l’État en vue de la satisfaction des besoins des administrés pour l’exercice d’activités
d’intérêt général). Cette perception est favorable à la gestion centralisée par l’État à l’image de
la Côte d’Ivoire.

Les barrages : une cible d’intérêts complémentaires

La gouvernance perçue par C. Choquette (2018, p.138) doit s’inscrire dans la « gouvernance
normative ». Contrairement aux mécanismes habituels de consultation, de participation et de
collaboration qui permettent aux participants d’influencer une décision finale dont le contrôle
leur échappe, la « gouvernance normative » mise plutôt sur un partenariat social, impliquant la

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communauté locale, les décideurs publics et privés et le milieu académique, pour mettre en
place une solution globale et opérationnelle. Dans notre analyse des facteurs impliqués dans la
gestion des barrages, le milieu académique n’est pas pris en compte. Or ce facteur est de plus
en plus interpelé dans la gestion des espaces. Son apport est fondamental pour non seulement
simuler le fonctionnement mais mieux remédier aux insuffisances.

Les organes ont toujours besoin de légitimité règlementaire pour bien fonctionner. C’est pour
cela que A. Torre (2011, p.118) pense que dans la gestion des biens communs, la mise en
exergue des acteurs ne doit pas faire oublier que ces derniers se confrontent à des dispositifs
légaux et juridiques, qu’ils s’agissent des lois édictées au niveau national, (code civil, pénal,
rural et de l’environnement) et de leur déclinaison en règlements nationaux communautaires.
De façon concomitante pour une bonne gestion des ressources collectives, il faut des organes
et des textes normatifs pour réguler le système. En Côte d’Ivoire, plusieurs textes existent mais
peinent à être mis en exécution notamment pour le code de l’eau où semble-t-il aucun décret
d’application n’a encore été pris par l’autorité compétente. Dans la gestion des innovations en
matière de gouvernance les textes législatifs et règlementaires avec les cahiers de charges sont
indispensables pour faciliter la bonne gouvernance des barrages (UICN, 2013b, p.6). En effet,
la déclinaison des responsabilités est utile pour servir de boussole aux différents acteurs
présents autour des barrages.

Conséquences de la gouvernance au sein des barrages

En Europe, dans le cas de la Loire, la confrontation entre l’État, les acteurs de collectivités et
les acteurs associatifs, est né un outil d’action public global innovant : le plan Loire Grandeur
Nature (S. La Branche, 2007, p. 428). Cette disposition est perçue comme véritable avantage
dans le processus de la concertation en vue de la bonne gouvernance. La naissance de cet outil
est donc une alternative pour amélioration de la gestion de l’ouvrage selon l’approche
participative. En revanche, certaines dispositions sont des obstacles à la bonne gouvernance.
L’inexistence du cadre de concertation est défavorable à une bonne gouvernance des
aménagements hydroagricoles. Dans cette même logique se retrouve l’absence d’organisation
communautaire de base des usagers des ouvrages (UICN, 2011, p. 21). La diffusion des
informations est plus accessible entre les membres d’une même corporation. Enfin, la
gouvernance normative engendre des crises sociales dans le milieu rural. La gestion du foncier
autour des barrages accorde des propriétés aux femmes. L’accès de ce groupe longtemps
marginalisé dans l’accès aux ressources de production est consacré par cette nouvelle forme de
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gestion. En effet, selon F. Akindès (2007, p. 195), le fait pour les femmes d’accéder au foncier
à des fins de production agricole, associé à des gains d’argent, réduit leur dépendance
économique systématique vis-à-vis des hommes. Cette forme d’autonomie contribue à modifier
le rôle des femmes dans les sociétés traditionnelles du Nord.

Conclusion

La gouvernance des points d’eau priorise la bonne gestion des facteurs de production
indispensables pour le développement des activités tributaires de la ressource en eau dans le
Nord. Nonobstant une pluralité et une diversité des organes qui interagissent sur ces points
d’eau, la forte dépendance de ces ouvrages du pouvoir central étatique garantit leur persistance.
Les interférences dans la gestion de ces barrages n’ont occasionné ni leur disparition, ni l’arrêt
de leur valorisation par les activités économiques dans les espaces ruraux du nord. Ainsi depuis
une cinquantaine d’années, les barrages rizicoles se pérennisent tant bien que mal et profitent
aux populations riveraines. L’hypothèse selon laquelle la gestion collective des barrages
hydroagricoles dans le Nord est favorable à leur fonctionnement harmonieux est confirmée.
Toutefois, pour une amélioration de la rentabilité de ces installations, et juguler les
dysfonctionnements récurrents, la mise en place d’un organe de gestion dédié avec transfert de
compétence ne serait-elle pas idoine ?

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