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Editions Comerci, ‘Journal Of African Management Trends’

Directeur de Publication
Pr. Dr. Alain Ndedi

Secrétariat scientifique de rédaction :


Pr. Dr Emmanuel Innocents Edoun
Pr. Dr Paulin Mbecke
Pr. Dr. Francis Kemegue

Comité éditorial :
Dr. Nurudeen Oyekola, Global Confederation of Entrepreneurship Institutes
Dr. Bamidele Wale-Oshinowo, University of Lagos, Nigeria
Pr. Dr. Rose Ikelle, ESSEC, Université de Douala, Cameroun
Dr Jules Banaken, Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale
Dr Pierre-Joubert Nguetse Tegoum, Ministère de l’économie et de la Planification,
Cameroun
Pr. Dr. Alain Ndedi, International Council for Family Business /Charisma
University
Pr. Dr. Francis Kemegue, Boston Insights and Analytics, USA
Pr. Dr Emmanuel Innocents Edoun, Université de Johannesburg /Tshwane
University of Technology, RSA
Pr. Dr Paulin Mbecke, Université du Moyen Lualaba, DRC
Dr Polycarpe Feussi, Université de Johannesburg, RSA
Pr Dr Essombe Edimo Jean Roger, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun
Pr Dr Tchouassi Gérard, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun
Pr Dr Thierry Levy Tadjine, Université Paris 8, France
Pr Dr Mantsie Rufin W., Université Marien Ngouabi, Congo Brazzaville
Dr Kok Lawrence, University of Johannesburg, RSA
Pr Dr Makosso Bethuel, Université Marien Ngouabi, Congo Brazzaville

Volume 23, Série 3, Juin 2023,


Email : manuscrit.tma@gmail.com
ISSN : 9597 9871

1
TABLE DES MATIERES

P. 4
INTRODUCTION

P. 10-30
Économie Circulaire et entrepreneuriat dans la production du Café : Culture
paysanne d’exportation au Cameroun
Professeur Gérard TCHOUASSI
OWONA MBOUROU Alphonse Parfait

P. 31-51
Du changement climatique à la résilience des riziculteurs au Cameroun
Monsieur GODOM Moise
Professeur Gérard TCHOUASSI

P. 52-72
Agriculture et émergence économique du Cameroun : Est-ce le destin agricole
du libéralisme communautaire ?
Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire
Mr Abdoulaye BENGALY

P. 73-96
Public Finance and Economic Growth in Cameroon's Post Covid-19 Context:
Analysis and implications
Dr NANA Emmanuel MBAFONG
Dr NGUELE Pierre Anicet

P. 98-115
Politique de gestion des compétences et performance organisationnelle: Cas
d’une PME camerounaise
Dr Bonaventure ABADA
Dr FANGUE NDJIOZE Laure.
Madame Diane EBENE NKOA
Dr NWAMEN Fidèle

2
3
INTRODUCTION
Nous sommes à l’ère de la quatrième révolution industrielle et face à une effervescence de
la révolution numérique, et à l’arrivée de la génération Z dans le monde du travail, les
entreprises qu’elles soient africaines ou mondiales ne cessent de revoir et d’adapter leurs
modes de management pour attirer et répondre aux attentes de cette nouvelle ère de
conflit entre les pays de l’Otan d’un côté, et les pays qui restent du pacte de Varsovie mené
par la Russie de l’autre côté.
Plusieurs tendances de nos jours se bousculent et s’imposent aux managers des entreprises
de petites comme de grande taille. Le design thinking est l’une d’elle. Elle offre la possibilité
à l’entreprise de travailler de manière transversale en responsabilisant les équipes et en
valorisant leurs productions. Travailler ainsi permet à tous les niveaux de l’entreprise
d’impliquer tous les employés, de les inciter à prendre des décisions et à proposer des
concepts nouveaux et importants au sein de l’entreprise. De plus, la connectivité
permanente du Design Thinking permet de se placer à la place des consommateurs afin de
comprendre ses besoins et proposer de manière intelligente, des solutions meilleures et
innovantes. De manière pratique, avec le Design Thinking, l’entreprise repense son business
model en lançant un processus d’innovation (innovation produit, innovation de rupture,
innovation incrémentale…).
A l’ère de la COVID 19, une autre tendance managériale appelée management bienveillant
a fait surface et tente à remettre le bien-être des salariés dans l’environnement
professionnel. Car, le bonheur des collaborateurs au travail commence par
une atmosphère positive et humaine. Les responsables au plus haut niveau de l’entreprise
devraient être à l’écoute des équipes inférieures pour instaurer une réelle relation de
confiance et de respect. Ils doivent comprendre leurs collaborateurs et leur proposer des
objectifs cohérents et atteignables par le biais d’une bonne communication. De plus, il faut
quand cela est nécessaire laisser le droit à l’erreur et accorder des encouragements et
félicitations aux intrapreneurs. En instituant des solutions de management bienveillant, les
équipes sont plus épanouies et donc plus productives puisqu’elles ne sont ni stressées ni
brusquées par un manager offensif ; car l’employé est placé au cœur même de l’entreprise.
À l’origine, la méthode agile était utilisée par les développeurs et les ingénieurs pour
faciliter leur organisation en équipe. De nos jours, cette technique se déploie au niveau des
organisations et révolutionne le management. La méthode dite agile, est une approche
collaborative de la gestion de projet et se base sur des feedbacks réguliers. Elle est appelée
agile parce qu’elle permet de laisser place aux imprévus et aux changements mais
également de rendre autonome et de responsabiliser les employés à tous les niveaux
Au niveau international, dans les tendances du management qui ont pignon sur rue, nous
retrouvons notamment la méthode Kanban qui est une résultante de l’application de la
méthode agile. La méthode Kanban qui est une résultante de l’application de la méthode agile,
a largement fait ses preuves et montrée son apport de valeurs aux projets. Cette méthode
prône un système visuel principalement connu pour sa représentation en tableau de
gestion de l’avancement des tâches. Elle consiste à découper un projet en plusieurs tâches
et à chaque acteur d’en suivre son évolution. Elle peut être utilisée pour installer une
nouvelle organisation ou bien pour un projet spécifique au travail.
4
Cependant, il ne faut pas confondre faire de l’agile (appliquer les méthodes comme celle de
Kanban par exemple) et être agile (valeurs, état d’esprit…). En effet, faire de l’agile est
relativement simple, il suffit de choisir une méthode et de l’appliquer tout bêtement. Quant
au terme être agile, lui signifie que tous les acteurs sont engagés et comprennent l’intention
derrière chaque rôle. Être agile est essentiellement un changement de
comportement individuel et collectif encore mindset change. Un changement d’habitude et
de culture ne se fait qu’en ancrant de nouvelles méthodes et s’avère donc bien plus long
que de faire de l’agile.
En général, faire évoluer ses habitudes managériales n’est pas une démarche évidente.
Néanmoins, il est conseillé d’apporter de nouvelles pratiques visant à mettre un terme à la
routine professionnelle. Ces innovations managériales sont de véritables enjeux
stratégiques et apportent un regain d’énergie et du renouveau dans l’engagement et la
productivité des équipes. Le manager pourra proposer à ses collaborateurs de toutes les
échelles que ce soit aux nouvelles formes de management pour recréer du lien entre les
différentes couches de l’entreprise. Les explications relatives à la quête de la modernité
entrepreneuriale interne seront nécessaires. À travers cette démarche, les managers
montrent leur capacité d’empathie et de proximité avec leurs collaborateurs.
Les tendances du management en cette ère de la COVID 19 ne se limitent pas à des
postures mentionnées plus haut. Il existe également de nombreuses autres méthodes pour
apporter motivation et bien-être aux employés. Le télétravail, les horaires aménagés ou
encore un espace de travail chaleureux booste la performance des équipes. Les managers
feront attention à ne pas changer le management interne sans une analyse profonde de
l’entreprise ; mais il faudra envisager un changement progressif pour laisser le temps aux
employés de comprendre et de s’impliquer aux projets.
En cette année 2023, le volume 23, la série 3 aborde des sujets variés qui affectent les
organisations publiques comme privées africaines dans leur ensemble.

Nous commençons cette série avec une contribution scientifique du Professeur Gérard
TCHOUASSI et de Monsieur OWONA MBOUROU Alphonse Parfait sur
l’économie circulaire et entrepreneuriat dans la production du café, culture
paysanne d’exportation au Cameroun est une application moderne de comment
la gestion environnementale pourrait sauver l’humanité. Initiée vers 1880 pour
diversifier les échanges sur la côte camerounaise, la production caféière a été
bâtie sur le modèle économique linéaire ‘produire, consommer, jeter’ qui, décrié
depuis lors par les marxistes et keynésiens, est aujourd’hui essoufflé et jugé peu
bénéfique pour le Cameroun. En effet, en plus d’en avoir fait une économie
extravertie, ce modèle a rendu l’économie camerounaise dépendante des
matières premières et ressources non renouvelables dont l’exploitation est
corrélée à la pollution induite par l’augmentation des déchets. Au plan mondial,
la communauté internationale milite davantage en faveur de la transition vers
l’économie circulaire (EC) fondée sur le principe de ‘produire, consommer,
recycler’ à tous les stades du cycle de vie des biens et services. En fait, l’EC offre

5
des opportunités multiples d’entrepreneuriat à travers de nouveaux modes de
production, de circuits de distribution, de partenariats, et donc de chaînes de
valeurs qui prennent en compte les spécificités et besoins actuels du marché. Le
Cameroun étant engagé dans un processus d’atteinte d’un taux minimal annuel
de croissance de 8% pour le secteur rural à l’horizon 2035, l’article interroge le
potentiel de contribution de l’EC à la matérialisation de cette vision en termes
de promotion de l’entrepreneuriat rural. Le café étant l’une des filières
stratégiques pour l’économie du Cameroun, il a été procédé à l’exploration
comparative des domaines de l’EC et de la production caféière par exploitation
de certaines données secondaires et primaires sur toutes les zones productrices
de café au Cameroun.

Avec le second article intitulé ‘Du changement climatique à la résilience des


riziculteurs au Cameroun’ écrit par Monsieur GODOM Moise et Professeur
Gérard TCHOUASSI, il vise à déterminer les différentes techniques de
résilience au changement climatique utilisées par les riziculteurs du
Cameroun. Pour y parvenir, une enquête exploratoire est menée auprès de 120
riziculteurs du village de Gounougou situé dans le département de la Bénoué
dans la région du Nord Cameroun. A l’issue de cette enquête, les techniques
de résilience face au changement climatique utilisées par ces riziculteurs sont
majoritairement les suivantes : i) l’évacuation de l’eau dans les parcelles
irriguées à travers les canaux d’évacuations en culture pluviale pour résister
aux effets d’inondations ; ii) Ressemer le champ avec les variétés à cycles courts
face aux dégâts causés par les sècheresses dans les parcelles non irriguées ; iii)
l’arrosage des hors parcelles1 par les moto pompes en culture non irriguée ou
l’ouverture des vannes d’irrigation en culture irriguée en cas de départs
précoces de pluies ; iv) l’arrosage des champs par irrigation ou l’utilisation des
variétés résistantes à la chaleur dans le cas de hausse de température. Ainsi,
l’article recommande aux riziculteurs de cette partie du territoire camerounais
de transformer les hors parcelles en parcelles irrigués pour une meilleure
maîtrise de la riziculture en fonction des évolutions du climat.

Le troisième article sur les liens entre l’Agriculture et émergence économique


du Cameroun : Est-ce le destin agricole du libéralisme communautaire ? écrit
par Docteur ONGUENE ATEBA Julien Grégoire et Monsieur Abdoulaye
BENGALY a pour objectif de projeter l’agriculture de seconde génération du
Cameroun à l’horizon 2035 en passant par le DSCE et la SND30. A la fin de

1 Terme communément employé par les riziculteurs de Gounougou pour désigner les parcelles
non irriguées
6
l’article, les auteurs se posent la question de savoir si le destin agricole du
Cameroun cadre avec le modèle agricole du libéralisme communautaire
proscrit par le président camerounais Paul Biya en 1987. Pour mesurer l'impact
de l'agriculture sur la croissance économique et par conséquent sur
l’émergence économique au Cameroun à l’horizon 2035, un modèle de
régression linéaire générale plus précisément le modèle de (Kanwar et Yao,
2000) nous permettra de définir la relation qui existe entre agriculture et
croissance économique. L'idée générale est qu'à partir des données sur les
différentes activités au Cameroun couvrant une longue période, il soit mis en
exergue, grâce aux techniques statistiques et économétriques, la relation qui
existe entre les performances économiques obtenues dans le secteur agricole et
les performances de l'économie dans son ensemble au Cameroun pour une
émergence à l’horizon 2035. In fine, quelques résultats en analyse rétrospective
et prospective ne rassurent pas sur l’atteinte de l’émergence économique sur la
base du levier agricole modélisé à l’horizon 2035 aussi bien dans le DSCE que
dans la SND 30.

L’article conjointement écrit par Dr NANA Emmanuel MBAFONG et Dr


NGUELE Pierre Anicet s’arrête sur l’analyse et les implications sur la finance
publique et la croissance économique au Cameroun après le Covid-19.
L'objectif de cet article est d'analyser dans le contexte camerounais du post
Covid-19, l'influence des finances publiques (FP) sur la croissance économique
pour la période allant de 1990 à 2021. L'approche méthodologique consiste à
collecter des données primaires et secondaires à partir d'ouvrages, d'articles
scientifiques, des rapports et de textes officiels traitant du sujet. Afin d'analyser
ces données, la méthode économétrique a été réalisée à l'aide des séries
temporelles et du modèle dynamique. Ainsi, les résultats empiriques entre
finances publiques et croissance économique ont été vérifiés à l'aide des tests
stationnaires tels que ADF, PP et KPSS ; tandis que l'évolution du produit
intérieur brut (PIB) et du solde budgétaire de 1990 à 2021, ont été testés à l'aide
de l'AIC, du SC, du HQ et du FPE. En outre, une corrélation directe a été établie
entre le PF et le PIB en explorant les techniques conceptuelles, les approches
d'analyse théorique, pratique, empirique et managériale. Les résultats
montrent que la situation des finances publiques a tendance à être bonne
pendant les expansions des activités économiques, et mauvaise pendant la
récession, notamment en temps de crise comme celle de Covid-19. De même,
les recettes publiques et le PIB évoluent dans le même sens au Cameroun
depuis 1996, avec une corrélation positive ; une augmentation de 0,1 % du PIB
entraînant une collecte de recettes de 0,08 %. En conséquence, le PIB a une
influence positive sur les finances publiques, tandis que les finances publiques
7
sont fortement dépendantes de la croissance économique dans le contexte post
Covid-19. L’article formule les recommandations suivantes : (1) intégrer cette
corrélation positive entre la croissance économique et les finances publiques
dans les mentalités des parties prenantes au Cameroun, afin de développer un
secteur ECOFI performant et durable et (2) mettre en place une plate-forme
tripartite entre les acteurs des secteurs public, privé et les chercheurs dans les
domaines ECOFI intitulée ‘ECOFI Networking’, pour le partage
d'informations et le développement de instruments innovants.

L’objectif général de cet article écrit par Dr Bonaventure ABADA, Dr


FANGUE NDJIOZE Laure, Madame Diane EBENE NKOA et Dr NWAMEN
Fidèle est de démontrer que la politique de gestion des compétences du
personnel impacte la performance organisationnelle des PME. La conception
de la PME n’est plus seulement comme un champ d’étude, mais bien au-delà
comme un objet d’étude. Il s’agira donc de voir comment la gestion des
compétences du personnel à travers des outils RH, influence la performance
organisationnelle de celle-ci. Dans le cadre de cet article, les auteurs ont choisi
de mener une étude auprès de 30 propriétaires et dirigeants de PME, sur les
outils mobilisés pour la gestion des compétences de leurs salariés (1182), la
stratégie mise en œuvre et l’impact sur la performance de leurs organisations.
Il ressort à la suite de cette étude qu’une politique de gestion des compétences
du personnel adossé à une stratégie et sur des activités RH alignées, telles que
la formation continue et l’évaluation des compétences influencent
positivement et durablement la performance organisationnelle.

Au nom du comité éditorial, mes sincères remerciements à tous les contributeurs


et à leurs institutions respectives, et une bonne lecture à tous.
Nous vous remercions de bien vouloir envoyer vos contributions au plus tard le
28 Juillet 2023 et commentaires par courriel le plus tôt possible aux adresses
suivantes: ndediaa@gmail.com et manuscrit.tma@gmail.com (secrétariat)

Prof. Dr. Alain Ndedi

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9
Économie Circulaire et entrepreneuriat dans la production du Café : Culture
paysanne d’exportation au Cameroun
Professeur Gérard TCHOUASSI
Université de Yaoundé II-Soa, Yaoundé, Cameroun
Email : tchouassigerard@yahoo.fr
Mr OWONA MBOUROU Alphonse Parfait
Doctorant Économie Sociale et Solidaire, Cadre au Projet d’Appui à la
lutte Antifongique dans les filières Cacao et Café (PALAF2C)
Citer cet article : Tchouassi, G et Owona Mbourou, A, P. (2023), Économie Circulaire et
entrepreneuriat dans la production du Café : Culture paysanne d’exportation au Cameroun.
Journal of African Management Trends. Vol. 23, Série 3, Juin 2023. ¨Pp. 10-30.

RESUME
Initiée vers 1880 pour diversifier les échanges sur la côte camerounaise, la
production caféière a été bâtie sur le modèle économique linéaire ‘produire,
consommer, jeter’ qui, décrié depuis lors par les marxistes et keynésiens, est
aujourd’hui essoufflé et jugé peu bénéfique pour le Cameroun. En effet, en plus
d’en avoir fait une économie extravertie, ce modèle a rendu l’économie
camerounaise dépendante des matières premières et ressources non
renouvelables dont l’exploitation est corrélée à la pollution induite par
l’augmentation des déchets. Au plan mondial, la communauté internationale
milite davantage en faveur de la transition vers l’économie circulaire (EC)
fondée sur le principe de ‘produire, consommer, recycler’ à tous les stades du
cycle de vie des biens et services. En fait, l’EC offre des opportunités multiples
d’entrepreneuriat à travers de nouveaux modes de production, de circuits de
distribution, de partenariats, et donc de chaînes de valeurs qui prennent en
compte les spécificités et besoins actuels du marché. Le Cameroun étant
engagé dans un processus d’atteinte d’un taux minimal annuel de croissance
de 8% pour le secteur rural dès 2035, l’étude interroge le potentiel de
contribution de l’EC à la matérialisation de cette vision en termes de promotion
de l’entrepreneuriat rural. Le café étant l’une des filières stratégiques pour
l’économie du Cameroun, il a été procédé à l’exploration comparative des
domaines de l’EC et de la production caféière par exploitation de certaines
données secondaires et primaires sur toutes les zones productrices de café.
Mots-clés : Économie, circulaire, production caféière, chaînes de valeur,
entrepreneuriat rural, Cameroun.

ABSTRACT
Initiated around the 1880s in order to diversify trade on Cameroonian coast,
coffee production was build up on the linear economic model ‘produce,

10
consume, throw away’ nowadays out of breath and unbeneficial for Cameroon.
In fact, out of making it an extroverted economy, the linear model has made
the Cameroonian economy tightly dependent on raw materials and on non-
renewable resources of which main exploitation effect is pollution induced by
excessive waste accumulation. Abroad, the international community is
campaigning more in favour of the transition to the circular economy (CE) of
which principles are ‘produce, consume, recycle’ at every stages of the live cycle
of goods and services. In fact, CE offers multiple entrepreneurship
opportunities because of new production methods, new distribution channels,
new partnerships, thus new value chains that integrate the specificities and
current needs of the market. Cameroon targeting a minimum rate growth of
8% for the rural sector by 2035, the study assessed the potential contribution of
CE to the achievement of the 2035 vision in terms of rural entrepreneurship.
Coffee being one of Cameroon’s strategic sectors, the survey carried a
comparative exploration of domains of the CE and coffee production by the
exploitation of some secondary and primary data on all coffee production
regions.
Key words: Circular economy, coffee production, value chain, rural entreprenership,
Cameroon.

INTRODUCTION
Pays d’Afrique Centrale situé entre les parallèles 2° et 12° de latitude nord, le
Cameroun a engagé un processus d’émergence en 2035 (REPUBLIQUE DU
CAMEROUN, 2009a) ou d’acquisition du statut de pays en voie développement
à fort taux de croissance économique (Silem et Albertini, 2010). Par cette vision,
il est perceptible que la ligne de politique économique qui prévaudra de 2010
à 2035 au Cameroun sera à dominance capitaliste, système pourtant en perte
de popularité au plan mondial. En effet, fondé sur le modèle linéaire ‘produire,
consommer, jeter’ jugé destructeur de la nature et des hommes par Karl MARX,
le capitalisme a atteint son paroxysme d’émission des gaz à effets de serre et
donc de pollution atmosphérique (Roquet et Nicklaus, 2014). Par ce fait, la
communauté internationale milite davantage en faveur des modèles de
production et consommation responsables (ONU, 2015) en vue d’une
utilisation plus efficace et durable des ressources. En effet, l’enlisement du
modèle capitaliste a engendré de nouveaux modèles économiques jugés
porteurs d’innovations environnementales, d’opportunités économiques et de
création d’emplois (Benmessaoud, 2022) tels l’économie de communion,
l’économie sociale et solidaire, l’économie circulaire (EC) (ANOUK, 2017). Cette
dernière, fondée sur le modèle cyclique ‘produire-consommer-recycler’ à tout
stade du cycle de vie des biens et services (Geldron, 2014), offre moult
11
opportunités d’entrepreneuriat grâce aux nouveaux modes de production, de
circuits de distribution, de partenariats, et de propositions de valeur. Elle
permet de développer des logiques entrepreneuriales prenant en compte les
spécificité et besoins actuels du marché et la disponibilité des ressources ainsi
que la capacité d’assimilation de la pollution par l’environnement. À ce titre,
l’EC se positionne en modèle économique propice à l’essor socioéconomique
durable de l’Afrique en général et du Cameroun en particulier. En effet, la
matérialisation de la vision 2035 repose entre autres sur la modernisation du
tissu productif porté par 98,5% de très petites et petites entreprises, 1,3% de
moyennes entreprises et 0,2% de grandes entreprises. Au plan sectoriel, les
activités de 84,2% des entreprises nationales relèvent du tertiaire, contre 15,6%
pour le secondaire et 0,2% pour le secteur primaire (REPUBLIQUE DU CAMEROUN,
2020b). Du moment où ce dernier est dominé par le sous-secteur agricole qui
mobilise plus de 60% de la population active (BANQUE MONDIALE (BM), 1996 ;
BAD, 2016), il est peu compréhensible que les taux de pauvreté, d’insécurité
alimentaire, de chômage, etc. soient en hausse continue (REPUBLIQUE DU
CAMEROUN, 2020a) dans un pays à multiples potentialités de développement
autonome (Touzard et al, 1981 ; Assoumou, 1983 ; Ngoa Tabi, 2017 ; Touna
Mama, 2018). De ce contraste découle la nécessité de scruter le potentiel
d’employabilité du sous-secteur agricole du Cameroun. À ce titre, la présente
étude interroge les chaînes de valeur de la production caféière avec pour
hypothèse que l’EC est une clé pour l’impulsion du management de
l’entreprenariat rural au Cameroun en général et de la production caféière
durable en particulier.
Introduits au Cameroun vers 1800 par les anglais puis relayés par les
allemands (Chevalier, 1938 ; Champaud, 1969 ; Sanchez, 2002), les cafés arabica
et robusta ou Coffea arabica et Coffea robusta sont des outils de coopération avec
l’Occident, principal exutoire des cafés verts. En raison de la demande toujours
croissante, la production nationale des cafés verts est restée croissante depuis
les premières années de production avec une évolution en cloche sur la période
de 1961 à 2020 où elle affiche un taux moyen annuel de croissance de 3,44%
(FAOSTAT, 2022). Sur cette période, la production nationale des cafés verts a
évolué de 44 700 tonnes en 1961 à 36 207 tonnes en 2020, avec un pic de 137 900
tonnes en 1984. Parallèlement, les exportations des cafés verts ont évolué de
35 484 tonnes en 1961 à 19 210 tonnes en 2020 pour 10 791 tonnes en 2022 en
volume, et de 20 746 000 $US à 27 414 000 $US en 2020 en valeur (FAOSTAT,
2022 ; ONCC, 2022). Au plan économique, la contribution des exportations de
café au PIB national a reculé de 15% sur la double décennie 1960-1980 à près
de 1% depuis 2014 (REPUBLIQUE DU CAMEROUN, 2015). En dépit de cette baisse,
le café fait toujours office de filière stratégique pour l’économie nationale en
12
raison de son statut de source de devises du Cameroun. En milieu académique,
le café est qualifié d’outil de fragilisation des économies africaines (Assoumou,
1983) et donc moins bénéfique de par son caractère extraverti et embryonnaire
(Touna Mama, 2008). À ce titre il est peu justifiable que des ressources soient
continuellement mobilisées pour une activité dont à peine 6% des retombées
financières bénéficient aux producteurs (CICC, 2019). En fait, il est paradoxal
d’asseoir des ambitions de développement et de croissance économique fiable
sur un maillon économique dont les échanges sont bâtis sur un modèle de
consumérisme capitaliste (Kamdem, 2012). Eu égard à ces incongruités,
l’option d’exclusion de la production caféière du registre des activités
économiques a davantage pignon sur rue en Afrique où le café est présenté
comme culture coloniale car non consommé localement (Assoumou, 1983 ;
Lourme-Ruiz et al, 2016). À l’opposé, il est suggéré une révision des
fondements de l’agriculture familiale dont la vocation première est la
satisfaction des besoins existentiels de la famille en lieu et place de la
production des richesses. La conciliation des deux centres d’intérêts repose sur
l’optimisation du potentiel agricole, de la consommation des productions
agricoles locales, et donc la transformation de l’agriculture pour relever les
échanges de l’Afrique à l’échelle mondiale (Goiita Mamadou, 2014 ; BAD,
2016). Cette démarche implique une analyse combinée de la structure et des
chaînes de valeur des maillons et des filières agricoles.

1. REVUE DE LA LITTERATURE
Depuis son partage entre les puissances européennes en 1885, l’Afrique en
générale et le Cameroun en particulier a été soumis au suivisme des politiques
occidentales des suites de la rupture de son processus évolutif normal amorcée
depuis les années 1540 (Mveng, 1963; Touzard et al, 1981b). Malgré
l’indépendance, les politiques et programmes de formation académique et
professionnelle, de développement économique et social continuent d’épouser
la logique coloniale de concentration des ressources humaines dans les
administrations publiques au service du capitalisme occidental. En
conséquence, la quasi-totalité des branches d’activité économique nationale
demeure à dominance extravertie, l’exode rural, le chômage, le sous-emploi,
etc. s’accentuent à taux moyen annuel de 0,12% (REPUBLIQUE DU CAMEROUN,
2020a et 2020b). Sachant que le chômage est une connotation d’absence de
valorisation optimale du potentiel humain national, les aspirations de
développement exprimées ne demeureront que de simples slogans dénués de
toute certitude de matérialisation. Pour transformer ces vœux aux apparences
creuses en des réalités palpables, il faut explorer des pistes de mutation des
économies africaines extraverties en des économies à dominance intraverties.
13
En d’autres termes, il faut davantage développer des modèles de production
centrés sur la réduction de la totale dépendance des branches d’activités
économiques nationales vis-à-vis du marché extérieur. En ce sens, la structure
conceptuelle de l’EC en fait un support idoine pour le Cameroun.
La théorisation de l’économie circulaire aurait ses débuts vers 1972 (Geldron,
2014) avec pour ancrage la maxime de LAVOISIER ‘rien ne se perd, rien ne se crée,
tout se transforme’ reprenant le postulat du philosophe ANAXAGORE ‘rien ne naît
ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau’
(INSTITUT MONTAIGNE (IM), 2016). En plein regain depuis 2008 suite à la
promulgation de la ‘Loi de promotion de l’Économie Circulaire de la République
Populaire de Chine’, l’EC bénéficie de diverses orientations théoriques le plus
souvent établies à partir de celles de l’ONU et l’Agence De l’Environnement et
de Maîtrise de l’Énergie (ADEME). Pour cette dernière, l’EC est un ‘système
économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des
produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources
et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en permettant le bien-être des
individus’ (Geldron, 2014). Pour l’ONU, l’EC est un ‘système de production,
d’échanges et de partage permettant le progrès social, la préservation du capital naturel
et le développement durable tel que défini par la commission Brundland’
(www.recita.org)2. Un essai de synthèse fait de l’EC un ‘ensemble des
transformations qui permettent de poursuivre la création de valeur pour les différents
acteurs économiques …, en préservant le capital naturel et en utilisant de moins en
moins les ressources existant en quantité limitée’ (IM, idem). Sous cet angle, l’EC a
la propension d’être le prototype de l’économie verte prônée par le Programme
des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) depuis 2008 (Benmessaoud,
2022) pour son rôle pionnier dans l’éradication de l’accumulation des déchets
et de création d’entreprises. En valorisant les domaines et piliers dont la figure
ci-dessous fait une synoptique, 14 000 entreprises de valorisation des déchets
ont été créées en Algérie Benmessaoud, 2022). Des réalisations de même
envergure ont été observées en Allemagne, en Chine, au Japon, aux Pays-Bas,
etc. (Rouquet et Nicklaus, 2014).

2
RECITA : RESEAU D’ÉCONOMIE CIRCULAIRE ET D’INNOVATION DE NOUVELLE AQUITAINE, FRANCE

14
Figure 1 : Représentation de la structure fonctionnelle de l’économie
circulaire

Source : Geldron (2014)


Face à l’accentuation des menaces sociales et environnementales induites par
l’expansion du capitalisme, l’EC se positionne en solution idoine à leur
atténuation (IM, 2016). En effet, inspirée des aptitudes de résilience observée
dans les écosystèmes naturels par le recyclage des ressources non
renouvelables, l’EC englobe toute pratique de maintien et optimisation de la
valeur des biens et services. Sortie du cadre théorique, l’EC se singularise par
son approche de conciliation du développement économique à la gestion et
préservation durable de l’environnement fondée sur trois piliers et sept
principes majeurs. Ces derniers se déclinent en écoconception, écologie
industrielle, économie de fonctionnalité, réemploi, réparation, réutilisation et
recyclage. Les sept principes sont regroupés sous trois piliers majeurs dont la
préservation et le développement du capital naturel, l’optimisation de
l’exploitation des ressources, la création des conditions propices au
développement de systèmes vertueux (Mosse, 2019) ou le recyclage. De ce
dernier est fondée l’opinion populaire qui fait de l’EC une économie de déchets
qui, bien que restrictive, sera davantage explorée par l’étude. Aussi, un pan de
réflexion sur la production responsable en termes de pression écologique sera
abordé. En fait, l’agriculture est productrice d’un important volume de
biomasse valorisable à des fins multidimensionnelles. Dès lors, l’agriculture
élargie son potentiel de chaînes de valeur et d’opportunités entrepreneuriales
et donc de création d’emplois et des richesses.
Concept initié vers les années 1600 par l’agronome Olivier de Serres à travers
l’ouvrage ‘Théâtre d’agriculture et mesnages des champs’ (Schmitt, 2019),
l’entrepreneuriat référait au processus de création et développement des
entreprises et au métier de créateur d’entreprises ou d’entrepreneur. Ce
15
dernier, désignant toute ‘personne qui engage des capitaux et utilise une main
d’œuvre salariée en vue d’une production déterminée’ (CNRTL, 2012), a davantage
vocation de catalyseur et de pourvoyeur des solutions aux problèmes
socioéconomiques et environnementaux du monde. À ce titre,
l’entrepreneuriat est perçu comme une action raisonnée de redynamisation des
entreprises, des institutions et des individus, et de création d’emplois
(Benmessaoud, 2022).
Dans ses dimensions sociale et économique, l’entrepreneuriat revêt cinq
formes principales : la reprise d’entreprise, la franchise, l’essaimage,
l’intrapreneuriat, et l’ex-nihilo (Ndedi, 2015). La production caféière étant à
dominance familiale, la mutation du système linéaire centré sur la graine en
système circulaire applicable à tout le processus d’obtention de celle-ci sera
assimilée à l’entrepreneuriat ex-nihilo ou à l’intrapreneuriat. Mais, ce dernier
est applicable en cas de développement de nouvelles aptitudes et habitudes
entrepreneuriales chez les producteurs pour optimiser le potentiel agricole,
économique et environnemental de la production caféière. Par contre, en tant
que concrétisation d’idée nouvelle, de création d’emplois nouveaux et
d’adoption de nouvelles aptitudes managériales, l’entrepreneuriat ex-nihilo
est la forme entrepreneuriale la mieux adaptée au contexte de l’étude.
La filière café est construite sur trois principaux maillons dont la production,
la transformation et la commercialisation structurés suivant une chaîne de
valeur de biens pour les deux premiers et une chaîne de valeur de services pour
le dernier (Pérez et Oddone, sd). Le maillon commercialisation est centré sur
la distribution à l’échelle nationale et internationale aussi bien des cafés verts
que des produits et sous-produits semi-finis et finis et relève de l’économie
tertiaire. Par contre, le maillon transformation, entretenu par les
transformateurs artisanaux et industriels, est centré sur les produits et sous-
produits semi-finis ou finis à base de café et relève de l’économie secondaire.
Quant au maillon production, qui relève de l’économie primaire, il est centré
sur les cafés verts et se subdivise en deux principaux sous-maillons dont la
production semencière et la production marchande. Si le premier sous-maillon
est constitué d’opérateurs qualifiés, le second est constitué à plus de 90% de
petits et très petits producteurs souvent regroupés en sociétés coopératives
pour la commercialisation groupée de leurs produits. À ce titre, la production
caféière est structurée autour de quatre principales chaînes de valeur agricole
dont la production, la collecte, la vente en gros, et le marché (Pepper et Ndiaye,
2017). Dans le cadre du présent travail, seule la chaîne de valeur production
sera davantage explorée en tant que ‘Chaîne de matière’ du point de vue de
l’économie circulaire (IM, 2016) en termes de gestion des déchets.

16
2. METHODOLOGIE DE RECHERCHE
S’étendant sur 475 650 km² dont 466 050 km² de terre ferme (INS, 2015) pour
9 750 km² de terre agricole (FAOSTAT, 2022), le Cameroun a statut de pays à
revenus intermédiaires de la tranche inférieure avec une économie dite de
services en raison du fort poids du secteur tertiaire sur le PIB. Pour atteindre
la forte croissance économique envisagée et migrer au statut de pays à revenus
intermédiaires de la tranche supérieure dès 2035, il est ciblé un taux annuel de
croissance du secteur agricole. A cet effet, huit défis sont à relever parmi
lesquels le rajeunissement des agriculteurs et l’émergence des jeunes
entrepreneurs ruraux, la modernisation de l’appareil de production agricole et
la facilitation de l’accès des ménages ruraux à l’électricité domestique en
accroissant la capacité de production d’énergie. Pour ce dernier, le taux d’accès
à l’électricité domestique est estimé à 90% en zones urbaines contre 20% en
zones rurales, d’où l’exode rural accru et donc l’affaiblissement de l’appareil
de production agricole dominé par les exploitations familiales à vocation
d’autosatisfaction des besoins familiaux. Dans ce contexte, la réalisation des
objectifs de développement durable nécessite des actions pertinentes de
révision des habitudes culturales des producteurs ruraux et de valorisation de
la force de la jeunesse pour une optimisation du potentiel agroéconomique du
secteur agricole au sens large. Du moment où plus de 90% des productions des
cultures pérennes sont destinées au marché, les producteurs doivent se doter
des aptitudes managériales leur permettant de tirer meilleur profit de leurs
activités.
L’étude a été conduite sous le prisme du diagnostic comparatif des pratiques
coutumières des chaînes de valeur café semence et café marchand et les
principes de l’économie circulaire à travers une exploitation des données
secondaires et primaires (Tchouassi et Tagne, 2020). Pour les données
secondaires, il a été prioritairement question d’évaluer le potentiel économique
en termes d’usages des produits et sous-produits du café d’une part, et des
besoins des producteurs susceptibles d’être comblés par la production caféière
d’autre part. Ici, l’attention est centrée sur le niveau de pression écologique de
la production des cafés verts sur la période de 1961 à 2020 en rapport avec les
domaines de l’approvisionnement durable et de l’écoconception. Pour les
données primaires, l’attention est centrée sur la distribution administrative et
spatiale du couvert végétal caféier au Cameroun d’une part, et la gestion des
rebuts des récoltes de café en rapport avec le recyclage ou la gestion des
déchets d’autre part. Pour cela, des travaux de terrain étaient effectuées dans
des caféières en vue d’apprécier in situ l’état de gestion des déchets et les
besoins essentiels en ressources humaines pour l’optimisation du potentiel
économique du café. L’estimation de la superficie caféière cultivée était limitée
17
aux « dires d’acteurs » ou approche déclarative triangulée des producteurs sur
une période de trois années consécutives.

3. RESULTATS EMPIRIQUES ET DISCUSSIONS


3.1.PRODUCTION RESPONSABLE ET ECOCONCEPTION DU CAFE AU CAMEROUN
3.1.1. DISTRIBUTION ET ETENDUE DU COUVERT CAFEIER AU CAMEROUN
La production des cafés verts est assurée dans huit des dix régions
administratives du Cameroun avec une concentration dans les régions du
Littoral et de l’Ouest qui assurent près de 92% de la production nationale de
café robusta. Par contre, la production de café arabica est confinée dans les
régions du Nord-Ouest et de l’Ouest (ONCC, 2023). Des investigations menées,
il résulte que le caféier est présent dans 140 arrondissements, soit un taux de
couverture d’arrondissement de 39%. À l’échelle des villages, la présence du
caféier est signalée dans 2 537 villages sur les 17 345 villages que compte le
Cameroun (BUCREP, 2005), dont 919 villages pour le caféier arabica et 1 618
villages pour le caféier robusta, soit un taux de couverture de 15% à l’échelle
des villages. Pour cette distribution, la superficie caféière totale du Cameroun
est évaluée à 165 743 hectares, dont la figure ci-après fait l’économie de la
configuration par région.

Figure 2 : Répartition régionale du couvert végétal caféier arabica et robusta


du Cameroun

DISTRIBUTION DU COUVERT VÉGÉTAL CAFÉIER DU CAMEROUN, 2022


40756

45000
32 442

40000
28 335

35000
Superficie déclarée (Ha)

22 774

30000
25000
13 534

20000
9 266
8 772

15000
5 018

3 143

10000
1470
206

5000
0

Régions administratives
Superficie caféier arabica Superficie caféier robusta

Source : Auteur

18
Du graphique ci-dessus, il se dégage que les régions du Littoral, de l’Ouest et
de l’Est abritent 76% de la superficie caféière robusta du Cameroun, soit un
cumul de 83 551 hectares en valeur absolue. La région du Sud-Ouest abrite le
4ème couvert caféier robusta important du pays, devant les régions du Nord-
Ouest, de l’Adamaoua, du Centre et du Sud, respectivement. Le caféier arabica
est présent dans les seules régions du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Sud-Ouest,
avec une concentration dans la région du Nord-Ouest qui abrite 73% du
couvert national. Pour toutes ces superficies, le Cameroun a enregistré une
production totale de cafés verts évaluée à 11 557 tonnes sur la campagne
caféière 2021-2022 (ONCC, 2023) contre 36 207 tonnes en 2020 (FAOSTAT,
2022), ce qui génère un rendement moyen national de 0,218 T/Ha. Cependant,
par rapport à la superficie récoltée évaluée à 116 564 hectares en 2020
(FAOSTAT, 2022), le rendement moyen national des caféières en 2020 s’établi
à 0,311 T/Ha, soit près de 31% de la moyenne minimale de 01 T/Ha ciblée au
Cameroun dès 2030. Ce ratio présage d’une importante pression anthropique
sur le couvert végétal national.

3.1.2. PRESSION ECOLOGIQUE DE LA PRODUCTION CAFEIERE AU CAMEROUN


La pression écologique est un paramètre de la production agricole responsable
qui met en exergue le rapport entre la superficie emblavée et la production
agricole obtenue au cours d’une campagne ou une période de production
donnée. La figure ci-dessous donne un aperçu de l’évolution de la pression
écologique de la production caféière au Cameroun sur la période de 1961 à
2060.

Figure 3 : Évolution de la pression écologique de la production caféière au


Cameroun
E VOLUTION PRESSION ÉCOLOGIQUE PRODUCTION CAFÉIÈRE AU C AMEROUN, 1961-2060
7,000

6,000
SUPERFICIE/PRODUCTION (HA/T)

5,000

4,000

3,000

2,000

1,000

0,000
2012

2018

2024

2030

2036

2042

2048
1961
1964
1967
1970
1973
1976
1979
1982
1985
1988
1991
1994
1997
2000
2003
2006
2009

2015

2021

2027

2033

2039

2045

2051
2054
2057
2060

ANNÉES ADMINISTRATIVES
Valeurs Prévision Limite de confiance inférieure Limite de confiance supérieure
Source : FAOSTAT, 2022 ; Auteur

19
Le graphique ci-dessus illustre que la pression écologique due à la production
caféière a évolué de 2,2 Ha/T en 1961 à 3,2 Ha/T en 2020, soit une hausse de 1
Ha/T en soixante années consécutives. Ceci stipule qu’il fallait emblaver en
moyenne 2,2 hectares de terre agricole pour une tonne de cafés verts en 1961
contre 3,2 hectares en 2020. Ainsi, en soixante années consécutives, la pression
écologique a évolué à un taux moyen annuel 2,99% en valeur relative et de
0,018 Ha/T en valeur absolue. De cette performance, il se déduit que sur la
période de 2021 à 2060, la pression écologique de la production caféière
évoluera de 2,98 Ha/T à 3,25 Ha/T, respectivement, dans un intervalle de
confiance de 0,25 Ha/T à 2,94 Ha/T pour la limite inférieure, et de 3,68 Ha/T
à 6,14 Ha/T pour la limite supérieure. Sur la base du potentiel de 2,5 T/Ha en
milieu paysan, la pression écologique affichera son meilleur ratio à la
quinquennale 2048-2052 où il oscillera dans l’intervalle de 2,66 Ha/T à 2,90
Ha/T, respectivement. Cette évolution s’opérera dans l’intervalle de confiance
de 0,251 Ha/T à 0,78 Ha/T pour la limite inférieure et de 4,39 Ha/T à 5,02
Ha/T pour la limite supérieure. Du moment où le meilleur intervalle est celui
de 0,40 Ha/T à 0,50 Ha/T en milieu paysan, la figure ci-dessus amène à
conclure que la production caféière est sujet à inquiétudes écologiques ou
environnementales au Cameroun.

3.2.CHAINES DE VALEUR ET EMPLOYABILITE DU MAILLON PRODUCTION CAFEIERE


3.2.1. CHAINES DE VALEUR DU MAILLON PRODUCTION CAFEIERE
Des pratiques usuelles de production, la production caféière est centrée sur
deux chaînes de valeur dont celle du café semence et celle du café marchand à
circuit d’obtention quasi-identique subdivisé en trois phases majeures, dont la
phase ante récolte, la phase récolte et la phase post récolte. La phase ante
récolte englobe l’installation et la conduite de l’exploitation. Cette dernière se
résume en opérations de rabattage des mauvaises herbes et de taille de
formation des jeunes caféiers pendant leur phase de croissance, qui s’étend sur
deux à trois ans, de taille d’entretien, d’élimination des gourmands et de
récolte sanitaire dès l’entrée en production. Toutes ces opérations concourent
à la création des conditions idéales de croissance et de production optimales
des caféiers à travers le maintien de l’éclairage adéquat et la réduction de la
pression parasitaire. La récolte englobe les opérations de cueillette sélective et
groupage des cerises arrivées à maturité commerciale. La phase post récolte
englobe les opérations de dépulpage à la main, de fermentation, de lavage et
ressuyage des graines puis d’ensemencement des pépinières pour la
production du café semence. Pour le café marchand, la phase post récolte
englobe les opérations de lavage, décorticage, fermentation, séchage, triage, et
conditionnement. Pour toutes ces étapes, le maillon production génère des
20
parches de café d’une masse minimale de 187 kg et 438 kg pour une
productivité d’une tonne de café arabica et robusta, respectivement, ou 467 kg
et 876 kg pour 2,5 tonnes par hectare et par an (Owona Mbourou, sd). À l’ère
de la Vision 2035 où l’un des objectifs porte sur le renforcement et
l’optimisation de l’utilisation de la biomasse (REPUBLIQUE DU CAMEROUN, 2020),
les rebuts de récolte des caféières sont une alternative d’envergure pour la
résorption des problèmes énergétiques en zones rurales du Cameroun. En
effet, sachant qu’une tonne de matière sèche peut générer 0,450 m3 de biogaz
(Almoustapha et Millogo-Basolodimby, 2006 ; Almoustapha et al, 2008), la
seule masse de parches de café sus-évoquée peut donner au minimum 0,0838
m3 à 0,1971 m3 ou 83,82 litres à 197,1 litres de biogaz par an convertible en gaz
et électricité domestiques. Par ailleurs, il est possible de produire du carbone
écologique ou charbon vert à partir des mêmes rebuts de récolte (Théau et
Kinanga, 2021 ; PNUD, 2022) ainsi que des huiles essentielles. Au plan médical,
la consommation journalière de quatre tasses ou environ 300 mg de café
concourt à la prévention ou guérison de diverses pathologies cérébrales,
cardiaques, respiratoires, et dermiques. Au registre de celles-ci figurent entre
autres la goutte, l’Alzheimer, la Parkinson, le diabète de type 2, l’asthme,
l’hypertension, le cancer du foie et bien d’autres. Aussi, divers extraits de café
sont utilisés en confiserie et pâtisseries, dans la fabrication des sodas et
boissons énergisantes, les crèmes et liqueurs. Le marc de café, ou reste du café
moulu après obtention de la boisson de café, fait l’objet de plusieurs usages
allant du cosmétique à l’agriculture, en passant par les routes, et bien d’autres
utilisations. Il est sollicité en horticulture pour le bleuissement des fleurs, la
prévention contre les attaques de limaces, la production des carottes et des
radis, dans les jardins où il favorise la mobilisation des vers de terre utiles à la
fertilisation, la myciculture, et la fabrication du compost. En fait, des analyses
chimiques ont montré que le marc de café renferme 2,28%, 0,06% et 0,6%
d’azote, de phosphore et de potassium, respectivement, avec un rapport
Carbone/Azote de 24/1 pour un pH égal à 6,2.
Quant à la parche de café, ou ‘enveloppe scléreuse de la graine du caféier’, elle
renferme près de 45,3% de matière sèche, 2,74%, 0,105% et 2,75% d’azote, de
phosphate et de potassium, respectivement, augmenté de 1,12% de calcium,
0,30% de magnésium 70 ppm de manganèse et 1 270 ppm de fer. Les feuilles
de caféier servant de thé contiennent 10,29% d’humidité, 0,29% de théine,
18,45% de matières albuminoïdes, 8,92% de matières minérales, 30,15% de
matières extractives diverses, 0,42% de silice insoluble, 4,99% de cendre
insoluble et 3,83% de cendres solubles. Parmi les matières albuminoïdes, 5,10%
sont solubles et 13,35% insolubles ; 4,95% des matières minérales sont solubles
et 3,87% insolubles ; 19,81% des autres matières extractives sont solubles et
21
10,34% sont insolubles. Ces constituants offrent ainsi une opportunité d’usage
des rebuts de récoltes du café pour la fertilisation des sols, la réduction de
l’usage des produits inorganiques, et l’alimentation animale (D’Aulney, 1832 ;
Raoul et Darolles, 1897 ; Ding et al, 2014). Par ces faits, il se déduit que le
maillon production de la filière café est ouvert à moult secteurs d’activités au-
delà des seules cafés semences et café marchand.

3.2.2. EMPLOYABILITE DANS LE MAILLON PRODUCTION CAFEIERE


De tout ce qui précède, il résulte que le maillon production caféière englobe au
minimum huit chaînes de valeur dont celles semence, marchande, fertilisant
organique, biogaz, charbon vert, provende, liqueur, et huile essentielle. Si la
chaîne de valeur café marchand est la plus valorisée et ouverte à toutes les
catégories sociales et intellectuelles de la population, les autres chaînes
nécessitent un minimum de formation spécifique pour la mise en œuvre à
l’échelle artisanale, semi-artisanale ou industrielle. Et même, pour optimiser la
productivité des caféières et donc réduire la pression écologique due à la
production du café marchande, il faut développer des corps de métiers
agricoles centrés par exemple sur les pratiques de surveillance et des
interventions phytosanitaires. En effet, compte tenu de la précarité agricole et
la vision actuelle de modernisation de l’appareil de production (REPUBLIQUE
DU CAMEROUN, 2020b), la main d’œuvre requise pour la production d’une
tonne de café vert équivaut à deux ouvriers agricoles employés à temps plein.
Centré sur les besoins du producteur, un hectare de caféière emploiera à temps
partiel au moins six spécialistes des chaînes de valeur autres que celles des
graines de café et donc induire la création d’au moins six entreprises rurales.
Dès lors, il se déduit que la production caféière a un potentiel de création d’au
moins 133 entreprises employant au moins 24 salariés à plein temps à l’échelle
des arrondissements producteurs de café. Le tableau ci-après présente la
configuration d’employabilité du maillon production caféière au Cameroun.

22
Tableau 1 : Configuration régionale de l’employabilité de la production caféière au Cameroun

NOMBRE EMPLOIS FORMELS RATIO


REGIONS
ARRONDISSEMENTS ENTREPRISES SPECIALISES OUVRIERS TOTAL (%)
Adamaoua 02 02 16 32 48 1,50
Centre 19 19 152 304 456 14,29
Est 25 25 200 400 600 18,80
Littoral 09 09 72 144 216 6,77
Nord-Ouest 32 29 232 464 696 21,80
Ouest 36 32 256 512 768 24,06
Sud 03 03 24 48 72 2,26
Sud-Ouest 14 14 112 224 336 10,52
TOTAL 140 133 1 064 2 128 3 192 100,00
Source : Auteur

Du tableau ci-dessus, il se dégage que la valorisation des rebuts et effluves de


récolte de café est porteuse d’au moins 1 064 emplois spécialisés et 2 128
emplois ouvriers, soit un total 3 192 emplois pour 133 entreprises créées sur la
base du domaine recyclage de l’économie circulaire. En plus des spécialisations
requises pour les chaînes de valeur ci-dessus évoquées, chaque unité devra
s’attacher les services d’au moins un spécialiste en administration et gestion
d’entreprise et d’un spécialiste en gestion des ressources humaines. Pour la
conduite des activités quotidiennes, chaque spécialiste devrait être assisté de
deux ouvriers au moins. Ainsi, chaque entreprise créée est susceptible
d’employer au moins huit spécialistes et seize ouvriers, soit un total de vingt-
et-quatre emplois formalisables sur la base des conventions collectives
régissant l’employabilité dans les secteurs secondaire et tertiaire au Cameroun.
Quant aux chaînes de valeur café semence et café marchand, la mobilisation
des ressources humaines, matérielles et financières nécessaires à leur
fonctionnement s’opère au sein des mouvements coopératifs dont les
compétences requises de gestion ne sont pas toujours disponibles. Dès lors, il
résulte que l’orientation gouvernementale de spécialisation ou de
professionnalisation agricole (REPUBLIQUE DU CAMEROUN, 2020b) induira la
création d’au moins 273 sociétés coopératives agricoles dont 133 coopératives
semencières et 140 sociétés coopératives de production. La structure
prévisionnelle des besoins en ressources humaines desdites sociétés
coopératives de production caféière est présentée dans le tableau ci-après.

23
Tableau 2 : Employabilité dans les chaînes de valeur fève semence et fève
marchande de café
REGIONS SUPERFICIE NOMBRE DE COOPERATIVES EMPLOIS FORMELS
ADMINISTRATIVES CAFEIERE (HA) SEMENCIERE PRODUCTION SPECIALISES OUVRIERS
Adamaoua 5 018 02 02 20 10 036
Centre 3 143 19 19 190 6 286
Est 22 774 25 25 250 45 548
Littoral 32 442 09 09 90 64 884
Nord-Ouest 49 528 29 32 305 99 056
Ouest 41 929 32 36 340 83 858
Sud 206 03 03 30 412
Sud-Ouest 10 736 14 14 140 21 472
TOTAL 165 743 133 140 1 275 331 486
Source : Auteur
Du tableau ci-dessus, il ressort que la production des cafés marchands
nécessite au moins 331 486 ouvriers agricoles pour impulser la production
caféière responsable au Cameroun et porter la production nationale de cafés
verts à 414 358 tonnes au moins à l’horizon 2035. En effet, les enquêtes
d’identification des activités dans les caféières et leur durée d’exécution
réalisées révèlent que la production d’une tonne de cafés verts nécessite en
moyenne 411 H/J à 656 H/J par campagne caféière (Owona Mbourou, sd). Ceci
stipule qu’il faut en moyenne deux ouvriers permanents pour la conduite d’un
hectare de caféière suivant les itinéraires techniques recommandables. En plus
de la main d’œuvre ouvrière, chaque coopérative agricole requiert au moins
cinq spécialistes dont un agronome, deux techniciens, un administrateur et
gestionnaire des coopératives, et un gestionnaire des ressources humaines.
Ainsi, les deux chaînes de valeur café semence et café marchand peuvent
générer 332 761 emplois stables formalisables conformément à la convention
collective nationale d’employabilité du secteur agricole au Cameroun. En
somme, le maillon production caféière est un important vivier d’emplois
stables et décents au Cameroun.

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Le présent article a pour fondement la contribution à la réalisation de l’objectif
national d’atteinte du statut de pays émergent à l’horizon 2035 en général, et à
la réduction de la pauvreté en zones rurales du Cameroun en particulier. En
effet, il est estimé que 90% de pauvres résident en zones rurales où la pauvreté
est endémique et multidimensionnelle. Pour en venir à bout, il est préconisé la
généralisation et l’amélioration des services sociaux, l’accélération de la
croissance par le biais de l’intensification des activités sylvicoles,
agropastorales et piscicoles et un saut technologique industriel axé sur la
valorisation des matières premières locales. Si l’objectif en lui-même est
24
louable, la logique capitaliste de mise en œuvre qui la gouverne donne à
réfléchir tant sa fiabilité à date est sujet à controverse à l’échiquier mondial. Par
contre, l’économie circulaire s’offre en alternative idoine en tant que moteur
conciliateur des aspirations de croissance, de développement et de gestion
durable de l’environnement. Dès lors que le café a statut de source de devises
du pays, l’ancrage de son processus de production au modèle de l’EC est
susceptible de soutenir durablement la marche du Cameroun vers l’émergence
à l’horizon 2035.
En effet, l’article relève que la production caféière centrée sur la seule graine
constitue un handicap à la réalisation des objectifs de développement durable
en termes d’éradication de la pauvreté et de la famine ainsi que de production
et de consommation responsables dès 2030. Pour la production, la pression
écologique due à la production caféière a évolué de 2,2 Ha/T en 1961 à 3,2
Ha/T en 2020, soit un taux moyen annuel de croissance de 2,99% en valeur
relative et 0,018 Ha/T en valeur absolue, et donc très élevée. Pour atteindre le
seuil moyen de 0,33 Ha/T à 0,50 Ha/T pour une production caféière
responsable, il faut mobiliser en moyenne deux ouvriers agricoles par hectare,
ce qui génère un besoin de 331 486 ouvriers agricoles au plan national. Par
ailleurs, sous les auspices de l’EC, la production caféière englobe au moins huit
chaînes de valeur dont celles café semence, café marchand, fertilisants
organiques, biogaz, charbon vert, provende, liqueur et huile essentielle. Pour
chacune des chaînes de valeur, il faut au minimum un spécialiste et deux
ouvriers. La mobilisation de ces compétences au sein d’une entreprise nécessite
aussi au moins deux spécialistes additionnels dont un administrateur et
gestionnaire des entreprises et un gestionnaire des ressources humaines. Au
demeurant, la valorisation des rebuts et effluves de récolte générés par la
production caféière offre la possibilité de création d’au moins 133 entreprises
employant chacune 24 personnes dont 8 spécialistes et 16 ouvriers, ce qui
donne un effectif total de 3 192 emplois formels.
En somme, le développement de la production caféière sous l’angle de
l’économie circulaire fait émerger au moins huit chaînes de valeur et donc la
création d’au moins huit entreprises portées vers la satisfaction des besoins des
populations locales. Elle offre ainsi une opportunité de rupture du modèle
économique imposé aux États africains depuis les années 1800. À ce titre, les
recommandations de l’article nécessitent d’être approfondies et à transposer à
d’autres pays producteurs des cafés, ainsi qu’à d’autres secteurs d’activités
économiques relevant du secteur rural aussi bien au Cameroun qu’en Afrique.

25
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30
Du changement climatique à la résilience des riziculteurs au Cameroun

Monsieur GODOM Moise


Doctorant en sciences économiques, université de Yaoundé 2,
Email : m.godom@yahoo.com

Professeur Gérard TCHOUASSI


Université de Yaoundé II-Soa, Yaoundé, Cameroun
Email : tchouassigerard@yahoo.fr

Citer cet article : Godom, M et Tchouassi, G. (2023), Du changement climatique à la


résilience des riziculteurs au Cameroun. Journal of African Management Trends. Vol.
23, Série 3, Juin 2023. ¨Pp. 31-51

RESUME :
Cet article a pour objectif de déterminer les différentes techniques de résilience
au changement climatique utilisées par les riziculteurs du Cameroun. Pour y
parvenir, une enquête exploratoire est menée auprès de 120 riziculteurs du
village de Gounougou situé dans le département de la Bénoué dans la région
du Nord. A l’issue de cette enquête, les techniques de résilience face au
changement climatique utilisées par ces riziculteurs sont majoritairement les
suivantes : i) L’évacuation de l’eau dans les parcelles irriguées à travers les
canaux d’évacuations en culture pluviale pour résister aux effets
d’inondations ; ii) Ressemer le champ avec les variétés à cycles courts face aux
dégâts causés par les sècheresses dans les parcelles non irriguées ; iii) l’arrosage
des hors parcelles3 par les moto pompes en culture non irriguée ou l’ouverture
des vannes d’irrigation en culture irriguée en cas de départs précoces de pluies
; iv) l’arrosage des champs par irrigation ou l’utilisation des variétés
résistantes à la chaleur dans le cas de hausse de température. Ainsi, nous
recommandons aux riziculteurs de transformer les hors parcelles en parcelles
irrigués pour une meilleure maîtrise de la riziculture en fonction des
évolutions du climat.
Mots clés : Changement climatique, Résilience, Riziculteurs, Irrigation

ABSTRACT:
The objective of this article is to determine the different climate change
resilience techniques used by rice farmers in Cameroon. To achieve this, an
exploratory survey was conducted among 120 rice farmers in the village of
3 Terme communément employé par les riziculteurs de Gounougou pour désigner les parcelles
non irriguées
31
Gounougou, located in the Benue Department of the Northern Region. At the
end of this survey, the resilience techniques used by these rice farmers in the
face of climate change were mostly the following i) Evacuation of water in
irrigated plots through drainage channels in rain fed cultivation to resist the
effects of flooding; ii) Resowing the field with short-cycle varieties in the face
of damage caused by droughts in non-irrigated plots; iii) watering of off-plot
areas by motorcycle pumps in non-irrigated areas or opening of irrigation
valves in irrigated areas in the event of early rainfall; iv) watering of fields by
irrigation or use of heat-resistant varieties in the event of rising temperatures.
Thus, we recommend that rice farmers transform their off-field plots into
irrigated plots for better control of rice cultivation in response to climate
change.
Keywords : Climate change, Resilience, Rice farmer, Irrigation

INTRODUCTION
Les manifestations du changement climatique et leurs dégâts perpétrés sur le
secteur agricole sont partout ailleurs effectives (Dugué et al., 2012). Les
recherches se dirigeaient vers l’analyse des mauvaises productions céréalières
(ayant un fort pouvoir de garantie sur la sécurité alimentaire) suite à un certain
seuil de température et de pluviométrie (Mendelsohn et Dinar, 2003) et vers
l’intensification des techniques de résilience pour y faire face (Zoundji et al.,
2022). Ainsi, quand on parle des productions céréalières, le riz fait
fondamentalement partir de la liste des produits les plus impactés par le
changement climatique. Tabi et al, (2010) ont souligné que la réduction de la
quantité et modification des régimes de précipitations, leurs arrivées précoces
ou tardives et le raccourcissement saisonnier entraînent une pénurie d'eau en
dessous de certains seuils. Cette situation provoque l'assèchement des
marécages et par conséquent expose la culture du riz de plus en plus aux
vulnérabilités dans les régions semi-arides. Les effets de variations ou
d’évolutions de températures et de pluviométries sur les systèmes agricoles
principalement pluviaux restaient déplorables dans le temps et dans presque
toutes les régions d’Afrique (Dinar et al., 2008 ; Seo. et al., 2009). Ces effets sont
toujours d’actualité sur la riziculture en Afrique particulièrement au
Cameroun (Antu, et al., 2013 ; Godom, et Noumba, 2023). Dans le rapport de
la (BAD, 2012) indiquant les solutions pour le changement climatique en
Afrique, le directeur Dr Donald Kaberuka4 a déclaré que ‘La lutte contre la
pauvreté dans le monde et contre le changement climatique sont les deux
grandes batailles que nous devons livrer…. ‘. Toutefois, la lutte contre le

4
Président du Groupe de la Banque africaine de développement en 2012

32
changement climatique doit tout d’abord commencer par l’instauration des
possibilités d’adaptations et de résilience face aux répercussions qu’il ne cesse
de laisser sur plusieurs plans. Il s’agit de la vie sociale, croissance de migration,
conflits interpersonnels et troubles sociologiques (Berleman et Steinhardt, 2017
; Careleton et Hsiang, 2016 ; Harari et Ferrara, 2018), l’aggravation les inégalités
entre les sexes (Eastin, 2018), la santé et la stimulation des pertes en vies
humaines (Meirrieks, 2021) et la stimulation de la réduction de la productivité
agricole et de la croissance économique (Dell et al., 2014).
Pour transiter des effets du changement climatique sur l’agriculture vers
l’adaptation des agriculteurs, une étude a révélé que lorsque les agriculteurs
n'utilisent pas des techniques d'adaptation au changement climatique, une
augmentation de 2°C des températures normales entraînerait une diminution
de 11% des rendements des cultures d'hiver et une diminution de 5% des
pluviométries au cours de la même période entraîne une augmentation de 4%
des rendements des cultures (Gbetibouo and Hassan, 2005). Il faut du moins
autant revenir dans les études antérieures préciser que la persistance de la crise
climatique exige des efforts d’adaptation pour diminuer le risque et surmonter
sa contrainte (Houndénou, 1999). C’est ainsi que certains auteurs se sont
orientés vers les études d’adaptations et de résiliences des agriculteurs face au
changement climatique (Houssou-Goe, 2008 ; BAD, 2012 ; Dugué. et al., 2012 ;
CIRAD, 2015 ; Tchouassi et Kakmo, 2021 ; Tchouassi, 2022). D’autres
recherches vont plus loin dans la particularité s’intéresser sur les moyens
d’adaptations et de résiliences des riziculteurs aux chocs climatiques (Broudic
et al., 2019 ; Zoundji et al., 2022). L’on peut définir la résilience des riziculteurs
au changement climatique comme ‘un ensemble des techniques appliquées par
ces derniers pour résister aux menaces que reçoit la riziculture telles que des
inondations, hausses de températures, présence de sècheresse, arrivées
tardives et départs précoces des pluies’.
Au Cameroun, bien que les études sur les effets du changement climatique et
la riziculture s’intensifient (Antu et al., 2013 ; Godom et Noumba, 2023),
l’appréhension du changement climatique et de résilience des riziculteurs n’est
pas totalement connu surtout dans certaines zones reculées dans la région du
Nord comme le Lagdo. Nous avons donc trouvé opportun d’orienter notre
recherche vers cette localité afin d’obtenir des informations importantes en ce
qui concerne la résilience des riziculteurs face aux menaces qu’ils encourent en
tenant compte de leurs ignorances. Cependant, il nous sera utile de passer en
revue tour à tour quelques manifestations du changement climatique sur les
issues agricoles (1) ; les méthodes générales de résilience des agriculteurs (2) ;
les résiliences des riziculteurs Camerounais : Cas de la rizière de Gounougou
dans le Lagdo (3) et enfin de conclure notre étude.
33
1. LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SES EFFETS SUR LA
RIZICULTURE
Selon Dugué et al. (2012) et FAO, (2013), le changement climatique se traduit
généralement par quatre principales évolutions susceptibles de modifier les
conditions de production agricole notamment le retard ou l’arrivée précoce des
pluies (suscitant les décalages dans les calendriers agricoles ; les changements
des quantités d’eau reçues annuellement (de nombreuses régions connaissent
des périodes de sécheresse plus marquées) ; la fréquence accrue des
phénomènes météorologiques extrêmes et des évènements anormaux
(cyclones, gelés, températures anormalement élevées) également une très forte
variabilité temporelle et spatiale des pluies au niveau local. Ces évaluations
des éléments du climat n’épargnent aucun domaine du secteur agricole.
Le changement climatique est un phénomène connu dangereux pour les
cultures agricoles et le bétail en Afrique (Molua, 2011). C’est ainsi que
l’agriculture est particulièrement vulnérable aux températures plus élevées
susceptibles de réduire les rendements de certaines cultures tout en stimulant
la prolifération les mauvaises herbes (impactant les rendements), les criquets,
des rats constituant des éléments ravageurs des récoltes et par ricochets
baissant la production (Nelson et al., 2012 ; Lobell et Gourdji, 2012 ; Ahmad et
al., 2014). Pour parler du climat et la riziculture de manière particulière, il faut
dire qu’une étude menée sur la vulnérabilité de la production de riz aux effets
des précipitations et des variations de température dans les marais de Ndop
(au Nord-Ouest du Cameroun) a révélé que, la variation de l'intensité des
précipitations pendant la saison pluvieuse affecte la production de riz inondé
(Antu et al., 2013). Dans le même ordre de considération, l’étude de la
variabilité climatique et production du riz dans le bas-fond de Dokomey au
Benin a montré que les conséquences des perturbations climatiques sur
l’écosystème se traduisent par l’érosion des terres, l’inondation, le tarissement
précoce des mares provoquant les pertes de production et la baisse des
rendements du riz (Atidegla et al., 2017). Tout récemment, une étude a
mentionné que l'augmentation violente de pluviométrie réduit le rendement
du riz dans le Grand-Nord du Cameroun pendant la saison pluvieuse (Godom
et Noumba., 2023).
Pour faire face à ces évolutions anormales du climat et ses effets pervers sur la
riziculture, la question des résiliences des riziculteurs au changement
climatique se pose avec insistance. Avant d’aborder les méthodes des
résiliences des riziculteurs du Cameroun, il nous sera important de présenter
les méthodes générales de résiliences au changement climatique.

34
2. LES METHODES DE RESILIENCE DES RIZICULTEURS AUX
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Les effets néfastes que laisse le changement climatique sur l’agriculture en
générale et sur la riziculture en particulier ne permettent pas aux riziculteurs
de rester sans riposte pour s’adapter afin de se résilier aux évolutions non
conforme des éléments du climat. Plusieurs méthodes de résiliences sont donc
appliquées en générale par les riziculteurs en tenant compte des différentes
manifestations du changement climatique citées plus haut :
-La pratique des variétés précoces adaptées permettant la réduction de la
durée des saisons suite la récession pluviométrique. Les riziculteurs estiment
que cette pratique pourrait diminuer le risque de mauvaise récolte ;
- La modification des dates et des techniques de l’opération de semis suite
à un retard dans le démarrage des pluies (CIRAD, 2015), puisque les
techniques de gestion et le calendrier agricole sont essentiels à la productivité
des terres arables (Dobor et al., 2016) ;
- La diversification des activités génératrices de revenus pour constituer
l’épargne de précaution. Ces activités génératrices des revenus peuvent
être entre autre le commerce, l’élevage, la pêche, le développement de
nouvelles productions agricoles (maraîchage et la cueillette) le transport, la
transformation agroalimentaire qui sont préciser par Houssou-Goe, (2008). Cet
auteur montre que le nombre moyen d’activités génératrices de revenu par
ménage en dehors des activités agricoles est fonction de la situation de
vulnérabilité au changement climatique ;
- L’utilisation des variétés à cycle court dans le cas de retard des
pluies (exemple : BKN);
- L’utilisation des variétés à cycle long dans le cas de la prolongation des
pluies (exemple : Ita 300) ;
- L’utilisation des variétés de riz résistantes à la sécheresse et chaleur dans
le cas de la hausse excessives de température. En utilisant les données
d’enquêtes au Népal et en Ouganda une étude a montré que ces variétés
présentent deux atouts par rapport aux variétés traditionnelles à savoir : la
conservation du rendement pendant l’année ayant la sécheresse et la
conservation du rendement pendant l’année favorable (Kate, 2021).
Bien qu’il existe plusieurs méthodes de résiliences des agriculteurs aux chocs
climatiques, mais il faut souligner que ces méthodes ne sont pas accessibles à
tous les agriculteurs. Les méthodes de résiliences dépendent des perceptions
de chaque agriculteur, de la localité voire même de mode de production
agricole mise en œuvre. Ainsi, l’objet de notre étude, s’il faut le rappeler encore,
est de déterminer les techniques de résilience des riziculteurs au Cameroun.
Pour ce faire, nous avons jugé important de mener cette étude dans une localité
35
de l’arrondissement de Lagdo dans la région du Nord précisément dans la
rizière de Gounougou.

3. ANALYSE DES RESILIENCES: CAS DES RIZICULTEURS DE


GOUNOUGOU AU CAMEROUN
Avec une superficie de 3 000 km2, Lagdo est situé dans la région du Nord dont
son caractéristique climatique le qualifie de la zone soudano-sahélienne du
Cameroun (Abdoulay, 2013). Il est donc soumis à un climat tropical à deux
saisons : une saison humide (de mai à octobre) et une saison sèche (de
novembre à Avril). Ce climat permet de déterminer deux saisons de
productions rizicoles : de juillet à Novembre en culture pluviale et de décembre
à mars en culture irriguée. Ce régime hydraulique de type tropical est
caractérisé par une période de hautes-eaux (entre juillet et octobre avec un
maximum en août-septembre) et une période de basses-eaux (entre janvier et
mai avec étiage en avril). La zone irriguée de Lagdo est alimentée par un réseau
de canaux principaux, secondaires et tertiaires constituant des quartiers. Les
parcelles d’un quartier sont dominées par un canal tertiaire dont la longueur
varie en général entre 600 et 1 000 m, et couvre une largeur de 150 à 200 m
(Abdoulay, 2013). Cette zone irriguée de Lagdo comporte quatre grands
espaces rizicoles irrigués qui sont : Dingalé, Ouro-doukoudjé, Bessoum et
Gounougou. Pour de besoin de circoncision de l’étude, nous allons nous
appesantir sur la localité de Gounougou pour comprendre les résiliences de
ses riziculteurs. Mais avant cela, nous passerons en revu la présentation de
cette localité.

3.1. Présentation et justification du choix de la zone d’étude


3.1.1. Présentation et avantage pour la riziculture irriguée
Sans toutefois entrer dans l’histoire, nous retenons que Gounougou est un
village situé dans l’arrondissement de Lagdo de département de la Bénoué de
la région du Nord du Cameroun ayant environ plus de 2800 habitants en
référence avec le recensement de 20055. Il est localisé géographiquement par
les coordonnées suivantes : 9° 25′ 30″ nord et 13° 23′ 12″ et avec une altitude de
280m lui permettant d’effectuer une diversité de culture agricole. Bien que la
population de Gounougou a au quotidien plusieurs activités en dehors de
l’agriculture, il faut noter qu’il est doté d'une station aquacole ayant permis
l’instauration des périmètres irriguées d’où sont effectués la riziculture
irriguée hors mise les cultures pluviales dans les parcelles non irriguées. Pour

5
Répertoire actualisé des villages du Cameroun. Troisième recensement général de la population et de l'habitat
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36
mieux appréhender la zone rizicole irriguée de Gounougou, la figure 1 ci-
dessous est soumise à notre disposition.

Figure 1 : Schéma de la zone rizicole irriguée de Gounougou

Source : Auteurs, à partir des observations


Canaux d’irrigation
Zones montagneuses
Champs de riz
Vannes d’irrigation
Cette figure montre tout d’abord que le canal principal d’irrigation est alimenté
par le lac d’eau à travers la vanne de commande. Le canal principal alimente
plusieurs zones d’irrigation par les vannes principales telles que : la vanne
principale de SAIB6, la vanne principal d’autres zones d’irrigation (Bessoum,
Dingalé et Ouro-Doukoudjé) et la vanne principale de Gounougou . La zone
irriguée de Gounougou est commandée par une vanne principale alimentant
le tuyau de canalisation souterrain venant du canal principal d’irrigation. Le
tuyau de canalisation alimente les canaux secondaires à travers les vannes

6
SAIB est une société agro industrielle de la Bénoué crée dans les année 1980

37
secondaires qui alimentent à leur tour les canaux d’irrigation tertiaire par les
vannes tertiaires. Les canaux tertiaires permettent à chaque riziculteur de faire
passer l’eau à volonté dans son champ. Il existe aussi des canaux d’évacuations
d’eau du champ en cas de surplus ou d’inondations en culture pluviale.

3.1.2. Caractéristique hydro-climatique, justification du choix de


Gounougou et échantillonnage
Comme déjà souligner, Gounougou, au même titre que Lagdo en générale
bénéficie d’un climat tropical à deux saisons : une saison sèche et une saison
pluvieuse. Selon les données qualitatives obtenues d’enquête sur le terrain, les
riziculteurs déclarent que la saison pluvieuse s’étale de mai à octobre et celle
qualifiée de sèche part de novembre à Mars, le mois d’avril est considéré
comme mois de transition. Ce climat leur permet de déterminer deux saisons
de productions rizicoles : de juillet à Novembre (inclus la période de récolte)
en culture pluviale et de décembre à mars en culture irriguée.
Le choix de cette zone d’étude se justifie par la disponibilité des riziculteurs
pour l’enquête et la volonté déployée des chefs des ménages pour la
riziculture. La présence des cultures de riz à la fois pluviale et irriguée au cours
de chaque année a attiré notre attention pour pouvoir se rapprocher des
riziculteurs afin de savoir comment ils résistent aux effets des variations
anormales de températures et de pluviométries quel soit pendant la riziculture
pluviale ou irriguée. Compte tenu de ces avantages, nous avons mené
l’enquête sur 120 riziculteurs ayant accepté de s’entretenir avec nous. Nos
questionnaires d’entretien s’orientent beaucoup plus vers leurs résiliences face
au changement, mais nous nous sommes aussi attarder premièrement sur les
manifestations que ces riziculteurs observent de l’évolution du climat actuel à
Gounougou (Questionnaires d’enquêtes dans l’annexe). Cependant, nous
avons insisté autant sur les états de scolarisation et les activités agricoles
principales de ces agriculteurs enquêtés.

3.1.3. Taux de scolarisation et activités agricoles principales des répondants


L’enquête a été effectuée sur 120 riziculteurs de Gounougou dont 81 hommes
et 39 femmes. Le tableau 1 ci-dessous permet de faire ressortir les détails des
taux de scolarisation des répondants dans la globalité et par sexe.

38
Tableau 1 : taux de scolarisations des agriculteurs répondants
Nombre Pourcentage Non Pourcentage Scolarisés Pourcentage
scolarisés non scolarisé scolarisé

Hommes 81 67,5% 21 25,93% 60 74,07%

Femmes 39 32,5% 20 51,28% 19 48,72%


Total 120 100% 41 34,17% 79 65,83%
Source : Calculs des auteurs, à partir des données d’enquêtes

Il en ressort de ce tableau 1 que 67,5% des riziculteurs enquêtés sont des


hommes dont leur taux de scolarisations est de 74,07% et 32,5% sont des
femmes dont leur taux de scolarisation est de 48,72%. Le taux de scolarisation
globale est donc de 65,83% qui nous a permis de mieux dégager nos
compréhensions des enquêtes sur leurs résiliences au changement climatique
en passant par la détermination du taux d’activité agricole principale contenu
dans le tableau 2 ci-dessous.

Tableau 2 : Taux de riziculture comme activité principale des répondants


Culture principale Riz % Maïs %Arachides % Coton %
Genre %

Hommes 81 75 92,59 02 2,47 0 0 04 4,74


Femmes 39 36 92,31 01 2,56 02 5,13 0 0
Total 120 111 92,5 03 2,5 02 1,67 4 333
Source : Calculs des auteurs, à partir des données d’enquêtes

Ce tableau 2 montre que sur 120 riziculteurs enquêtés, 92,5% (92,59% des
hommes et 92,31% des femmes) exercent la riziculture comme leur activité
agricole principale, 2,5 (2,47% des hommes et 2,56 % des femmes) exercent la
culture de Maïs, 1,67% (0% des hommes et 5,13% des femmes) exercent
l’arachide et 3,33% (4,47%% des hommes et 0% des femmes) exercent le coton
culture comme activité agricole principale. La figure 2 ci-dessous permet de
représenter les pourcentages des cultures agricoles principales exercées par les
120 riziculteurs enquêtés.

39
Figure 2 : Pourcentage des cultures principales des agriculteurs enquêtés

3,33%
1,67%
2,50%

Riz
Mais
Arachide
Coton

92,5%

Source : Auteurs, par Excel 2016, à partir des données d’enquêtes

Cette figure montre globalement que 92,5% des riziculteurs enquêtes de


Gounougou considèrent le riz comme une culture principale, les 7,5% des
riziculteurs, bien qu’ils cultivent le riz, mais considèrent le maïs, l’arachide et
le coton comme leur culture principale avec respectivement 2,5%, 1,67% et
3,33%. Ce qui nous a d’ailleurs donné la motivation pour leur poser les
questions sur leurs résiliences face au changement climatique dans leur
pratique de riziculture.

3.2. Les riziculteurs de Gounougou face au changement climatique


Avant d’aborder la question de résiliences des riziculteurs de Gounougou,
nous avons jugé important de les interroger sur l’effectivité du changement
climatique et son impact sur la riziculture.

3.2.1. Effectivité du changement climatique ressenti par les riziculteurs de


Gounougou
Pour confirmer l’effectivité du changement climatique dans la zone d’étude,
les questions à réponses fermées avec des possibilités des suggestions sont
posées aux riziculteurs (Section II des questionnaires d’enquête dans l’annexe).
Ces questions sont plus focalisées sur les évolutions des éléments du climat
telle que la température et la pluviométrie (périodes de hausse de
températures, l’arrivée tardive des pluies, les départs précoces de pluies,

40
périodes d’inondations et des sècheresses) ainsi que leur manifestation sur la
riziculture. Le tableau 1 de l’annexe a permis de récapituler les réponses des
120 riziculteurs enquêtés sur l’effectivité d’inondations, de sècheresse, la
hausse de température, les retards et les départs précoces des pluies observées
pendant ces deux dernières années et les avis sur les manifestations observées
sur la riziculture. De ce tableau, il est ressorti pendant ces deux dernières
années que :
- 91,67% des répondants ont observé d’inondations et parmi eux, 100%
déclarent avoir observé la pourriture des plantes de riz comme
manifestation et 8,33 n’ont rien constaté ;
- 85% des répondants ont observé de sècheresses, 98% déclarent avoir
observé la fanure des plantes de riz et 2% déclarent avoir observé aucune
manifestation ;
- 95,83% confirment la hausse de températures, comme manifestations
dont 85,22% déclarent avoir observé les mauvaises fleuraisons et 14,78%
déclarent avoir observé les bonnes fleuraisons ;
- 99,17% confirment avoir observé les départs précoces des pluies dont
99,15% déclarent avoir observé des mauvais remplissages des graines (balles
vides) et 0,85%) ont observé la destruction des récoltes ;
- 98,33% déplorent les retards des pluies et comme manifestations, 98,30%
déclarent avoir observé le décalage de la date de semis et 1,70% déclarent avoir
observé le maintien de la date de semis.

Au regard des résultats obtenus nous retenons que le changement climatique


est effectif à Gounougou et se manifeste sur la riziculture à travers les
inondations, les sècheresses, les hausses de températures, les retards et les
départs précoces des pluies engendrant respectivement comme manifestation
: la pourriture des plantes de riz, la fanure des plantes de riz, les mauvaises
fleuraisons, le décalage de la date de semis et les mauvais remplissages des
graines (communément appelé par ces riziculteurs les balles vides). Pour ce
faire, l’on doit s’interroger sur les techniques appliquées par ces riziculteurs
pour contrecarrer ces effets.

3.2.2. Techniques de résiliences des riziculteurs de Gounougou face au


changement climatique
Face aux manifestations du changement climatique sur la riziculture confirmée
par les riziculteurs de Gounougou, Nous nous sommes intéressés de poser des
questions aux riziculteurs pour collecter les informations sur leurs divers
techniques de résistances utilisées en rapport avec chaque manifestation
(Section III des questionnaires d’enquête dans l’annexe). Le tableau 3 ci-
41
dessous restitue les résultats d’enquêtes en ce qui concerne les techniques de
résiliences des riziculteurs.

Tableau 3 : Récapitulatif des techniques de résiliences des riziculteurs face au


changement climatiques
Techniques de résiliences Répondants pourcentage
Manifestations adoptées par les riziculteurs ayant
confirmé
Inondations Evacuer l’eau du champ par les 120 100%
canaux d’évacuations (parcelles
irrigués)
Aucune action à faire 0 0%
Sècheresses avec Ressemer le champ avec les variétés 117 97,5%
fanure de riz (hors à cycles courts
parcelle) Laisser le champ sans ressemer 03 2,5%
Retards des pluies Préparer les pépinière pour le 114 95%
(culture pluviale repiquage
hors parcelle) Semer les variétés à cycle court 06 5%
Départs précoces Arroser les hors parcelles par les 120 100%
des pluies moto pompes ou ouvrir les vannes
d’irrigation en culture irriguée
Aucune action 0 0%
Hautes Arroser le champ par irrigation 108 90%
températures Aucune action à faire 12 10%
Culture irriguée
Haute Utiliser des variétés résistantes au 101 84,17%
températures chaleurs
Culture pluviale Faire le mixage des variétés 19 15,83%
Préférence de Culture irriguée 118 98,33%
cultures Culture pluviale 02 1,67%
Source : Auteurs, à partir des données d’enquêtes

Ce tableau montre que, pour faire face aux dégâts perpétrés par le changement
climatique sur la riziculture, les riziculteurs de Gounougou optent pour divers
techniques en fonction des manifestations :
42
- Pour résister aux effets des inondations, tous les 120 riziculteurs (100%)
optent pour évacuer l’eau du champ dans les parcelles irriguées à travers
les canaux d’évacuations en culture pluviale ;
- En ce qui concerne les effets de sècheresses avec fanures de riz, 97,5% des
enquêtés partagent l’idée de ressemer le champ avec les variétés à cycles
courts (par exemple le BKN) pour permettre de rattraper la production ;
- Pour les départs précoces de pluies, tous les répondants recommandent
comme techniques utilisées de résiliences, l’arrosage des hors parcelles
par les moto pompes ou l’ouverture des vannes d’irrigation en culture
irriguée pour remonter le stress reçus par les plants de riz suite à
l’absence de pluies ;
- Dans le cas de hausse de températures en culture irriguée, 90% des
riziculteurs se sont prononcés pour l’arrosage des champs par irrigation
et dans le cas de culture pluviale, 84,17% utilisent des variétés résistantes
aux chaleurs ;
- Enfin pour la préférence en vue de mieux se résilier efficacement au
changement climatique quel que soit ses manifestations, 98,33% des
riziculteurs préfèrent pratiquer la culture irriguée.

CONCLUSION
Le changement climatique est un phénomène qui entre dans les
préoccupations quotidiennes de tous et n’a jamais laissé de causer des dégâts
dans le secteur agricole en générale. Les agriculteurs de façon globale et les
riziculteurs en particulier sont donc appelés à se résilier aux effets du
changement climatique. C’est dans ce contexte que s’inscrit cet article pour
déterminer les différentes techniques de résiliences appliquées par les
riziculteurs du Cameroun précisément ceux du village Gounougou situé dans
l’arrondissement de Lagdo, département de la Bénoué région du Nord. Pour y
parvenir, nous avons effectué une enquête sur 120 riziculteurs dont 92,5% font
de la riziculture leur activité agricole principale et ont confirmé les effectivités
du changement climatique ainsi que leurs manifestations menaçant la
riziculture.
Au terme des résultats d’enquêtes, l’article retient que les riziculteurs ont
adopté principalement quatre techniques de résiliences en fonction des
manifestations du changement climatique : i) La technique d’évacuation de
l’eau du champ dans les parcelles irriguées à travers les canaux d’évacuations
en culture pluviale pour résister aux effets d’inondations ;ii) Ressemer le
champ avec les variétés à cycles courts (par exemple le BKN) pour permettre
de rattraper la production afin de résoudre le problème de sècheresses dans les
parcelles non irriguées ; iii) l’arrosage des hors parcelles par les moto
43
pompes ou l’ouverture des vannes d’irrigation en culture irriguée pour
répondre au problème de départs précoces de pluies afin de remonter les stress
reçus par les plants de riz suite à l’absence de pluies ; iv) l’arrosage des champs
par irrigation et l’utilisation des variétés résistantes à la chaleur dans le cas de
hausse de températures en culture irriguée et pluviale dans les parcelles non
irrigués. En fin, il était constaté que les riziculteurs ont de la peine à se résilier
efficacement face aux départs précoces des pluies dans les hors parcelles
(l’arrosage des hors parcelles par les moto pompes). Il est donc recommandé
aux riziculteurs de promouvoir une politique de transformation des parcelles
non irriguées en parcelles irriguées pour une meilleure maitrise de riziculture
en fonction des évolutions du climat.

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d’existence durables des producteurs de riz et stratégies d’adaptation au nord
Benin.

ANNEXES
Tableau 1 : Récapitulatif des réponses d’enquêtes sur les effectivités et les manifestations du
changement climatique sur la riziculture irriguée et non irriguée à Gounougou
Observé en 2 Non Observé en Manifestations sur la riziculture
dernières 2 dernières
années années
Inondations 110 (91,67%) 10 (8,33%) 110 (100%) déclarent avoir
observé la pourriture des plantes
de riz
Sècheresses 102 (85%) 18 (16%) 100 (98%) déclarent avoir
observé la fanure des plantes de
riz et 2 (2%) déclarent avoir
observé aucune manifestation
Hausse de 115 05 (4,17%) 98 (85,22%) déclarent avoir
températures (95,83%) observé les mauvaises fleuraisons

46
07 (14,78%) déclarent avoir
observé les bonnes fleuraisons
Prolongation 116 04 (3,33%) 115 (99,13%) déclarent avoir
des pluies (96,67%) observé la destruction des récoltes
01(0,87%) déclarent avoir observé
les facilitations des récoltes
Retard des 118 02 (1,67%) 116 (98,30%) déclarent avoir
pluies (98,33%) observé le décalage de la date de
semis 02 (1,70%) déclarent avoir
observé le maintien de la date de
semis
Départs 119 01 0,83%) 118 (99,15%) déclarent avoir
précoces des (99,17%) observé des Mauvais remplissage
pluies des graines (balles vides) et 01
(0,85%) ont observé la destruction
des récoltes
Sources : Auteurs à partir des données d’enquêtes

Questionnaires d’enquêtes
Section I : Identité et caractéristiques socio-économiques de l’enquêté
Questions Code de réponse
I .1)- Nom et Prénom du répondant ………………….
I.2)- Sexe 1=Masculin 2=Féminin
I.3)-Age
I.4) - Statut matrimonial
1=Célibataire, 2=Marié, 3=Divorcé
4=Veuf/Veuve, 5=Autre (à
préciser)
I.5)- Quel est votre état de
scolarisation ? 1=Scolarisé 2=Non
scolarisé

47
I.6) – Quelle est votre activité
Agricole principale ? 1=Riziculture,
2=coton culture, 3=Maïs culture,
4=Arachide
5=Autre (à préciser)
1.7) – Quelle est votre activité
agricole secondaire ? 1=Riziculture,
2=coton culture, 3=Maïs culture,
4=Arachide , 5=Autre (à préciser)

Section II : Connaissances sur le changement climatique et Manifestation


Questions Code de réponse
II.1) - Avez- vous connu pendant
les deux dernières années des périodes
d’excès pluviométriques et
d’inondations ?
1=Oui 2=Non
Si Oui, quels sont les impacts sur
la riziculture ?
1= destruction de culture
(pourriture des plantes de riz), 2= baisse
de production, 3= Autres manifestations
II.2)- Avez- vous connu pendant
les deux dernières années de sécheresse
en début de saison pluvieuse ? 1=Oui
2=Non
Si Oui, quels sont les impacts sur
la riziculture ?
a= fanure des plantes de riz, b=
aucune manifestation, c= Autres
manifestations

48
II.3)- Avez- vous observé pendant
les deux dernières années des périodes
de haute températures ? 1=Oui 2=Non
Si Oui, quels sont les impacts sur
la riziculture ?
a= perte des fleurs et faible
remplissage des grains, b= amélioration
de fleuraison, c= autres

II.4)- Avez- vous observé pendant


les deux dernières années des périodes
de retard des pluies ? 1=Oui 2=Non
Si Oui, quels sont les impacts la de
semis ?
a= décalage de date de semis,
b=maintien de date de semis, c= autres
précisions
II.5)- Avez- vous observé pendant
les deux dernières années des périodes
de prolongation des pluies ? 1=Oui
2=Non
Si Oui, quels sont les impacts les
récoltes ?
a= destruction des récoltes,
b=facilitation des récoltes, c= autres
précisions
Avez- vous observé pendant les
deux dernières années les départs
précoces des pluies ? 1=Oui 2=Non
Si Oui, quels sont les impacts les
récoltes ?

49
a= Mauvais remplissage des
graines (balles vides), b= destruction des
récoltes, c= autres précisions

Section III : Méthodes de résiliences face au changement climatique


Questions Code de réponse
III.1) - Quelles techniques adaptez-vous
face au retard des pluies ?
1=préparation des pépinières pour le
repiquage, 2= semis à sec, 3=semis des variétés
de riz à cycle court à l’arrivée tardive des pluies,
4= autres précisions
III.2) - Quelles techniques adaptez-vous
face au prolongation des pluies ?
1= attendre jusqu’à l’arrêt de la saison
pluvieuse, 2= récolter malgré la pluie, 3= autres
précisions
III.3) - Quelles techniques adaptez-vous
en cas de sécheresse quand il y’a eu fanure ?
1=ressemer le champ avec des variétés à
cycle court , 2= laisser le champ , 3=autres
précisions
III.4)- Quelles techniques adaptez-vous Le nom de la variété à préciser
face aux périodes de haute températures ……….
pendant la culture pluviale 1=variétés
résistantes aux chaleurs , 2= aucune action à
faire
III.5)- Quelles techniques adaptez-vous
face aux périodes de haute températures
pendant la culture d’irrigation 1= arroser le
champ par l’irrigation, 2= autres précisions

50
III.6)- Quelles techniques adaptez-vous
face aux périodes des inondations pendant la
culture pluviale 1=évacuer l’eau du champ à
travers les canaux d’évacuations , 2=rester sans
rien faire, 3= autres précisions
III.7) -Quel mode de culture aimerez-vous Justifications………………………
effectuer dans un conteste du changement
climatique ?
1=Culture irriguée, 2= culture pluviale, 3=
les deux

51
Agriculture et émergence économique du Cameroun : Est-ce le destin
agricole du libéralisme communautaire ?

Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire


Economiste / Logisticien des
transports / Expert en Douane et Transit
Enseignant vacataire à l’Université de Bertoua, Douala et dans les IPES
Enseignant agrée à la Sorbonne Institut de Paris
Tel : (237) 699 260 367 / (237) 676 531 537
E-mail: alandesstyles2016@gmail.com

Mr Abdoulaye BENGALY
Doctorant à l’Institut de Pédagogie Universitaire (IPU)
Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion (FSEG)
Centre Universitaire de Recherche Economique
et Sociale (CURES) de Bamako-Mali
E-mail: bembus130@yahoo.fr

Citer cet article : Onguene Ateba, J. G et Bengaly, A. (2023), Agriculture et émergence


économique du Cameroun : Est-ce le destin agricole du libéralisme
communautaire ? Journal of African Management Trends. Vol. 23, Série 3, Juin 2023. ¨Pp. 52-
72.

RESUME :
L’objectif de cet article est de projeter l’agriculture de seconde génération du
Cameroun en 2035 en passant par le DSCE et la SND30. A la fin, il faut voir si
le destin agricole du Cameroun cadre avec le modèle agricole du libéralisme
communautaire de 1987. Pour mesurer l'impact de l'agriculture sur la
croissance économique et par conséquent sur l’émergence économique au
Cameroun à l’horizon 2035 un modèle de régression linéaire générale plus
précisément le modèle de (Kanwar et Yao ; 2000) nous permettra de définir la
relation qui existe entre agriculture et croissance économique. L'idée générale
est qu'à partir des données sur les différentes activités au Cameroun couvrant
une longue période, il soit mis en exergue, grâce aux techniques statistiques et
économétriques la relation qui existe entre les performances économiques
obtenues dans le secteur agricole et les performances de l'économie dans son
ensemble au Cameroun pour une émergence à l’horizon 2035. Au finish,
quelques résultats en analyse rétrospective et prospective ne rassurent pas sur

52
l’atteinte de l’émergence économique sur la base du levier agricole modélisé
pour l’horizon 2035 aussi bien dans le DSCE que dans la SND 30.
Mots clés : Emergence, libéralisme, modèle, agriculture

ABSTRACT
The objective of this paper is to project the second generation agriculture of
Cameroon in 2035 through the DSCE and the SND30. In the end, it must be
seen whether Cameroon's agricultural destiny fits with the agricultural model
of community liberalism of 1987. To measure the impact of agriculture on
economic growth and therefore on economic emergence in Cameroon by 2035,
a general linear regression model more precisely the model of (Kanwar and
Yao; 2000) will allow us to define the relationship between agriculture and
economic growth. The general idea is that from the data on the different
activities in Cameroon covering a long period; it is highlighted, thanks to
statistical and econometric techniques, the relationship that exists between the
economic performance obtained in the agricultural sector and the performance
of the economy as a whole in Cameroon for an emergence by 2035. In the end,
some results in retrospective and prospective analysis do not reassure on the
achievement of economic emergence on the basis of the agricultural lever
modeled for the 2035 horizon in both the DSCE and the SND 30.
Keys words: Emergence, liberalism, model, agriculture.

INTRODUCTION
L’agriculture dans les processus de développement économique d’un pays
n’est pas remise en cause, mais n’est pas l’élément indispensable. En effet,
l’histoire des sociétés classiques et contemporaines démontrent des conditions
préalables. L’agriculture est essentielle à la réalisation des objectifs mondiaux
de réduction de la pauvreté. Elle demeure le secteur productif le plus
important dans la plupart des pays à faible revenu, souvent en termes de
partage du PIB et presque toujours en termes du nombre d’individus qu’elle
emploie. Dans les pays où elle assure une grosse part du niveau d’emploi
global, une augmentation généralisée des revenus agricoles est indispensable
pour stimuler la croissance de l’ensemble de l’économie, y compris des
secteurs non agricoles qui vendent leurs produits aux populations rurales.
L’agriculture étant le secteur le plus grand, elle joue un rôle important dans la
fourniture de ressources pour le développement de l’économie dans son
ensemble. Les pays qui ont réussi ont investi dans l’agriculture pour stimuler
la croissance tout en taxant une partie des surplus générés afin de financer le
développement industriel. Une reconnaissance accrue du rôle essentiel de
l’agriculture comme moteur de la croissance aux premières étapes de
53
l’émergence économique, conjuguée à de meilleures politiques, aux nouvelles
possibilités offertes par les marchés et à la volonté d’accroître l’investissement
peuvent accélérer la croissance agricole et la croissance économique globale en
Afrique subsaharienne.
Une croissance rapide est également essentielle pour lutter contre la pauvreté,
mais la croissance ne suffira pas à garantir l’émergence économique si des
politiques ne sont pas conçues pour assurer la participation des pauvres au
processus de croissance. Vu sur cet angle, l’agriculture peut-elle contribuer à
l’émergence économique du Cameroun à l’horizon 2035 ? Le destin agricole
dans le DSCE et la SND 30 s’inspire-t-il encore de la pensée du libéralisme
communautaire ? L’objectif général de cet article sera d’analyser sur le plan
théorique la revue l’impact de l’agriculture sur la croissance économique, en
d’autres termes, les différentes écoles de pensée et enfin nous mettrons le cap
sur l’évaluation empirique de l’impact de l’agriculture sur la croissance
économique du Cameroun appliquée au modèle d’émergence économique sur
la base du DSCE de première génération.

1. REVUE DE LA LITTÉRATURE : AGRICULTURE ET CROISSANCE


ECONOMIQUE
L’objectif de cette partie est de mettre en évidence l’impact de l’agriculture sur
l’émergence économique. Selon Mellor (2000), rares sont les pays où la
croissance de l’activité économique n’a pas été précédée ou accompagnée par
une croissance de l’économie agricole et rurale. La littérature économique s’est
récemment enrichie de contributions importantes en matière d’analyse des
processus de croissance et de l’agriculture. Plusieurs auteurs ont traité la
problématique de la contribution de l’agriculture dans la croissance
économique en prenant des cas d’un nombre de pays. Nous pouvons citer
Mellor (1966), Lawrence (1965) ; Kuznets (1964), Krueger, Schiff et Valdes
(1998), Mundlaky, Cavallo et Domenech (1989) avec le cas de l’argentine,
Katircioglu pour la chine…ces auteurs ont montré l’existence d’un lien de
causalité très significatif entre l’agriculture et la croissance économique et que
dans un premier stade de développement économique, qui doit passer par une
croissance économique, le recours à l’agriculture est impératif.

1.1 Progrès économique et Agriculture


Lewis (1955) a été l’un des premiers, parmi de nombreux économistes du
développement, à essayer d’expliquer ce paradoxe. Il voyait le développement
économique comme un processus de déplacement des facteurs de production
d’un secteur agricole caractérisé par une faible productivité et le recours à des
techniques traditionnelles vers un secteur industriel moderne marqué par une
54
productivité plus forte. La théorie de Lewis a été interprétée comme un
plaidoyer en faveur de l’industrialisation et a servi à justifier des politiques
gouvernementales qui favorisaient la protection des industries nationales et
qui, de façon explicite ou implicite, se traduisaient par la taxation du secteur
agricole (Kirkpatrick et Barrientos, 2004). Cette théorie et ses implications pour
l'action des pouvoirs publics ont été discréditées dans une large mesure par
des travaux ultérieurs, et les politiques économiques des pays en
développement désavantagent nettement moins l’agriculture depuis quelques
décennies (Anderson et Valenzuela, 2008).
Un document du DFID (2004) souligne que la relation entre les différents taux
de réduction de la pauvreté, au cours des 40 dernières années, et les différences
dans les performances de l’agriculture est plus étroite qu’auparavant,
notamment si l’on se réfère au rythme de croissance de la productivité agricole.
Les auteurs estiment que les liens entre l’agriculture et la réduction de la
pauvreté se forgent sous l’action de quatre « mécanismes de transmission » : 1)
les répercussions directes de l’amélioration des performances de l’agriculture
sur les revenus en zone rurale ; 2) les conséquences de la baisse du prix de
l’alimentation pour les pauvres des zones et rurales et urbaines ; 3) la
contribution de l’agriculture à la croissance et la création de débouchés
économiques en dehors du secteur ; 4) le rôle fondamental de l’agriculture dans
la stimulation et la poursuite de la transition économique, lorsque ce secteur
cesse d’occuper la première place dans un pays (et dans la subsistance des
pauvres) et cède le pas à des activités plus variées de transformation et de
services. Selon eux, la possibilité de réduire la pauvreté à l’avenir, en
s’appuyant sur ces mécanismes, sera fonction de la mesure dans laquelle la
productivité agricole pourra être accrue là où cela sera le plus nécessaire.
L'analyse de l'impact du secteur agricole sur la croissance et le développement
économique se fait suivant plusieurs points de vue dans la littérature
économique. Les premiers auteurs de la théorie du développement lui
assignaient un rôle "passif" dans l'économie. Lewis (1955), Hirschman (1958),
Ranis et Fei (1964) pour ne citer que ceux-là, le situent en amont des activités
des autres secteurs de l'économie qui impulsent réellement le développement.
L'agriculture doit fournir au reste de l'économie les ressources dont il a besoin
pour son fonctionnement.
L'agriculture subvient au besoin le plus important de l'homme : l'alimentation.
En effet, bien que tous les produits alimentaires ne soient pas agricoles, il existe
tout de même un lien très étroit entre produits alimentaires et produits
agricoles. La ration alimentaire d'un individu est un indicateur direct de son
bien-être, et elle peut expliquer de façon indirecte ses aptitudes et capacités au
travail. La théorie du capital humain développée entre autres par Schultz et
55
Becker présentent la composante santé de l'individu comme un élément
contribuant à augmenter sa productivité. Cet état de santé est largement
tributaire de nombreux éléments dont la qualité des aliments consommés par
l'individu.
Mellor (1970) note l'effet que peut avoir une situation de malnutrition sur la
productivité des travailleurs. La malnutrition qu'il faut distinguer de la faim
entraîne des déficiences, ce qui élève le taux de morbidité et diminue la
résistance aux parasites. Une offre de produits alimentaires en qualité et en
quantité en provenance du secteur agricole, couplé de politiques de
redistribution, augmente les chances d'avoir des travailleurs en bon état de
santé et donc plus productifs. Certes, l'offre de produits alimentaires peut
provenir des importations, sans que le secteur agricole n'y contribue
énormément. Mais dans les premières phases du développement, les
économies manquent d'assez de ressources financières ; le secteur agricole doit
ainsi produire abondamment pour permettre l'économie de devises qui
pourraient être affectées à d'autres investissements7.
Ils attirent l'attention sur le danger pour la santé économique, que représente
la dépendance à l'égard des importations alimentaires. L'alimentation tend de
plus en plus à devenir un bien stratégique, quasiment du même ordre que
l'armement. Ainsi, un pays dépendant des autres pour sa nourriture pourrait
subir des pressions de différents ordres par ces derniers. De plus, la croissance
démographique faisant fondre les excédents alimentaires mondiaux, les pays
fortement importateurs des produits alimentaires feraient par conséquent face
à des prix élevés pour satisfaire leur demande. Et plus récemment, avec le
développement des biocarburants, de vastes superficies cultivables sont
utilisées à cet effet, au détriment des produits agricoles destinés à la
consommation alimentaire. Dans le même ordre d'idées, l'explosion des classes
moyennes dans les économies chinoises et indiennes s'est faite avec une
augmentation de la demande alimentaire en terme qualitatif. Le besoin de
consommer de la viande et des produits dérivés est allé croissant. Pour des
pays d'Asie de l'est à l'exemple de la Thaïlande, grand producteur de riz, il
devenait plus rentable de cultiver pour nourrir le bétail. La hausse des prix du
riz dans les pays d'Afrique subsaharienne, importateurs nets de ce produit, et
plus généralement la crise alimentaire sont des conséquences de ce
changement de conjoncture mondiale.
Une augmentation de l'offre de produits alimentaires est aussi nécessaire pour
faire face à la croissance démographique. L'accroissement de la population est
sans aucun doute le mieux connu de tous les problèmes du développement
7De plus, GILLIS M. et autres soulignent l'importance que pourrait recouvrir la notion d'autosuffisance alimentaire pour une

économie.

56
économique. Il constitue l'argument le plus souvent avancé en faveur de
l'augmentation de la production agricole. En plus de l'accroissement de la
population en terme quantitatif, un accroissement des besoins de la population
est souvent observé au fur et à mesure que s'installe le développement
économique. Les besoins alimentaires vont croissants. La production se doit
d'évoluer à un rythme au moins égal. À défaut, des risques de survenance
d'une crise alimentaire se font plus grands. L'offre de produits alimentaires
émanant du secteur agricole a ainsi un rôle pour contribuer à assurer la sécurité
alimentaire.
Tout comme Kuznets ou encore Mellor, de nombreux économistes du
développement s'accordent sur l'effet positif que peut avoir le secteur agricole
sur la détention de devises étrangères. Si l'on considère les cinq étapes du
développement présentées par ROSTOW, à savoir : La société traditionnelle ;
la mise en place des conditions préalables au décollage ; le décollage ; la marche
vers la maturité ; l’ère de la consommation de masse. Lorsque les premières
étapes du développement sont franchies, il devient opportun de disposer des
biens de capital nécessaires à une industrialisation en rapide expansion. De
même, la demande en biens de consommation importés, de meilleure qualité
se fait plus importante.
Comme le souligne Mellor (1970), l'effet conjoint de ces types de besoins exerce
une pression sur la demande de devises étrangères. L'agriculture peut
contribuer de façon importante aux recettes nettes en devises étrangères. D'une
part en se substituant aux importations présentes et potentielles, et d'autre part
en produisant plus pour l'exportation. Mellor (1970) en offre un exposé plus
détaillé de cette contribution. D'après lui, la réduction des importations peut
prendre deux formes :
· Substitution des produits agricoles importés par des produits nationaux.
Cela nécessite tout de même que cette production agricole soit plus rentable
que les importations ;
· Réduction des importations non agricoles, ceci consécutivement à une
modification des structures de consommation au profit des produits
alimentaires nationaux.

Concernant les exportations agricoles, sauf dans le cas des pays riches en
ressources naturelles (pétrole, minerais, etc.), elles constituent l'essentiel des
exportations lors des premières phases de développement. Il est donc
bénéfique de se spécialiser dans la production de produits spécifiques destinés
à l'exportation. Les ressources doivent être affectées au produit qui assurera
aux investissements les rendements les plus élevés comparativement à d'autres
utilisations possibles des ressources. Cette spécialisation en un produit agricole
57
peut avoir des avantages tels que présentés par Mellor (1970). Notamment
l'évolution de la maîtrise technique qui accompagne généralement toute
spécialisation. Toutefois, une telle spécialisation peut avoir des conséquences
à long terme particulièrement la détérioration des termes de l'échange. Malgré
cet inconvénient, l'histoire présente des exemples de pays qui ont su bénéficier
des mouvements à la hausse de certains produits de base pour réaliser des
investissements dans l'industrie.

1.2 Agriculture et développement économique


La taxation du secteur agricole est par exemple un moyen de transférer le
surplus financier du secteur agricole vers l'industrie. L'exemple du Japon est
souvent présenté à cet effet. Pays à revenu faible et à population très dense au
19e siècle, le Japon a su axer son développement sur le secteur agricole. Le
gouvernement a joué un rôle actif dans l'investissement consacré à
l'infrastructure et aux industries. À la fin du 19e et au début du 20e siècle, c'est
le gouvernement qui a fourni le tiers ou la moitié environ des investissements
totaux dans le pays. Pendant ce temps, les recettes fiscales provenaient de 50 à
80 % du secteur agricole. La part de l'agriculture dans les revenus fiscaux de
l'état entre 1888-1892 était de 80% et elle était encore de 40% en 1918-1922. Ces
ressources ont été très importantes pour financer les investissements publics et
les services de base comme l'éducation et la recherche. La mise en place de cette
structure fiscale a été centrale. Elle a permis d'extraire une part du surplus de
l'agriculture pour financer l'industrialisation.
Une augmentation de la production agricole peut entraîner une baisse des prix.
Cette baisse des prix a pour effet une amélioration du salaire réel dans le
secteur non agricole de telle sorte que le salaire nominal peut y diminuer sans
pour autant affecter le niveau de vie. Les termes de l'échange s'en trouvent
modifiés au détriment de l'agriculture et en faveur des autres secteurs.
L'industrie percevra des profits plus élevés. Ces profits pourraient être utilisés
pour la formation du capital ou pour la consommation dans les secteurs public
ou privé. Dans les années 1920 en URSS, PREOBRAJENSKI était pour un
transfert forcé du surplus agricole par des termes de l'échange défavorables à
l'agriculture. Il est question d'effectuer un contrôle de prix pour arriver à une
augmentation rapide du prix relatif des produits industriels par rapport aux
produits agricoles. Un transfert de valeur de l'agriculture vers le secteur
industriel peut ainsi être observé.
Même si l'agriculture utilise parfois les produits issus des autres secteurs, elle
a une contribution nette à la formation du capital dans ces secteurs. La véritable
croissance et le développement économique dépendent plus de l'expansion du
secteur non agricole. Mais les obstacles à l'expansion de ce secteur proviennent
58
aussi de la faiblesse des bénéfices sur investissement due à l'étroitesse des
marchés. Un accroissement des revenus des agriculteurs offre ainsi des
débouchés supplémentaires au secteur industriel.
Le cadre de l'analyse se fait généralement à travers un modèle bi-sectoriel. Ils
mettent en évidence deux secteurs dans l'économie : un secteur traditionnel,
de subsistance ou encore agricole et un secteur moderne ou non agricole. Les
premiers éléments de ces analyses se retrouvaient déjà au 18e siècle. Ricardo
(1817) dans The principles of political economy and taxation, a présenté le plus
connu des premiers modèles. Il part de deux hypothèses : présence d'un
secteur agricole à rendements décroissants et existence d'une main d'œuvre
sous-employée dans ce secteur. Ricardo affirme que le secteur industriel peut
recruter dans le secteur agricole sans qu'il y ait une hausse de salaire dans le
secteur urbain ou le secteur rural.
La version moderne des modèles bi sectoriels a été initiée par l'économiste
Lewis (1955). Il considère ainsi deux secteurs dans l'économie. D'une part le
secteur moderne, développé, capitaliste dans lequel il existe un marché bien
structuré. Et d'autre part le secteur traditionnel qui comprend principalement
l'agriculture. Dans son modèle classique d'économie duale, Lewis établit, à
travers le marché du travail un lien entre la main d'œuvre sous-employée et
bon marché du secteur agricole et le niveau de salaire dans le secteur industriel.
Le secteur industriel ou encore secteur avancé utilise du capital qui peut être
accumulé tandis que le secteur agricole utilise un facteur de production qui ne
peut être accumulé, la Terre. Les travailleurs du secteur agricole ont une
productivité faible voire nulle ; plusieurs employés exercent une activité qui
aurait pu l'être par un seul. L'économie dispose ainsi d'un excédent de main
d'œuvre. L'expression ‘offre illimitée de main d'œuvre’ employée par Lewis se
justifie ainsi par cette abondance de main d'œuvre non qualifiée.
Pour Lewis (1955), le développement consiste dans la ‘réduction progressive
du secteur archaïque et le renforcement du secteur moderne’. Bien que le
surplus de main d'œuvre soit observé aussi bien dans le secteur traditionnel
que dans le secteur moderne, dans le secteur traditionnel, il est déguisé. En ce
sens qu'une partie de la main d'œuvre peut y être extraite sans que la
production agricole n'en pâtisse, les travailleurs restant n'auront qu'à
augmenter leur volume de travail. Le secteur moderne va embaucher dans le
secteur de subsistance grâce à un salaire un peu plus élevé mais qui reste tout
de même faible. Il continuera à embaucher tant que la productivité marginale
des travailleurs est supérieure au salaire. Un profit sera ainsi dégagé. Ce profit
sera réinvesti par les capitalistes, ce qui accroîtra la productivité marginale et
permettra d'entamer une nouvelle embauche. Ce cycle se poursuivra jusqu'à
l'égalisation du salaire et de la productivité marginale des travailleurs. Il en
59
résultera en fin de compte que tout le surplus de main d'œuvre du secteur de
subsistance sera absorbé par le secteur moderne. Cette baisse conséquente de
la main d'œuvre dans le secteur de subsistance y entraînera une hausse des
salaires. De même, dans le secteur moderne, les salaires vont s'élever.
Ce modèle de Lewis met l'accent sur la part croissante des profits dans le
revenu national, liée à la progression du secteur capitaliste. L'élévation du taux
d'investissement permet une croissance rapide. À la suite de Lewis (1955), Fei
et Ranis (1964) vont montrer qu'en transférant le surplus de main d'œuvre de
l'agriculture vers l'industrie, l'économie peut complètement se développer. Ils
vont modifier ou améliorer certaines hypothèses du modèle de Lewis.
L'absorption du surplus de main d'œuvre est due à la modification de la
répartition des facteurs de production et ils n'admettent pas que les travailleurs
du secteur agricole aient une productivité marginale quasi-nulle. Pour Fei et
Ranis, le transfert de main d'œuvre doit être précédé d'une augmentation de la
production agricole. Le taux auquel cette main d'œuvre est transférée dépend
du taux de croissance de la population, de la qualité des progrès techniques
dans le secteur agricole et la croissance du stock de capital dans le secteur
industriel.
Ces différentes approches du rôle de l'agriculture limitent cette dernière au
rôle d'un secteur uniquement au service des autres pour l'atteinte du
développement. Le secteur agricole doit fournir aux autres secteurs les
ressources nécessaires à leur développement. Ainsi, le secteur agricole n'est
pas en soi un moteur de croissance et de développement économique, mais il
permet de réaliser ce développement via les autres secteurs de l'économie.
Avec ces conceptions, la croissance et le développement renvoient à une
‘modernisation’ de l'économie, le secteur agricole s'y intègre donc
difficilement. Son rôle est d'amorcer le développement global de l'économie et
ensuite de s’éclipser. Mais de plus en plus, des arguments plus récents plaident
en faveur d'un développement du secteur agricole en tant que secteur d'activité
propre. L'agriculture pourrait ainsi contribuer directement à la croissance et au
développement.
Il est certes admis que dans une économie en pleine croissance, la part du
secteur agricole dans l'économie est vouée à la décroissance. La Banque
Mondiale dans son Rapport sur le Développement dans le Monde (RDM)
distingue trois catégories de pays : les pays à vocation agricole, les pays en
transition et les pays urbanisés. Dans ces groupes de pays, la contribution de
l'agriculture au PIB est, en moyenne, respectivement de plus de 40 %, 20 % et
8 %. Tandis que la part moyenne d'actifs occupés dans le secteur agricole est
respectivement de 34 à 64 %, 43 % et 22 %. La raison vient des caractéristiques
propres de l'agriculture qui est une activité dotée d'une productivité
60
relativement faible. La BM résume mieux cela lorsqu'elle énonce une des
hypothèses formulées par les économistes : la croissance de la productivité
agricole est intrinsèquement lente. Il pourrait ainsi paraître difficile de se baser
sur l'agriculture pour réaliser des objectifs de croissance et de développement
soutenus.
Mais dans un contexte de décollage économique, l'agriculture peut s'avérer un
secteur en tête de l'économie. Il existe des exemples où l'agriculture a crû plus
rapidement que l'industrie. Au Chili et au Brésil, l'agriculture s'est développée
plus rapidement que l'industrie pendant la décennie 1990. Le RDM fait état
d'une forte population rurale vivant en dessous du minimum acceptable.
L'activité majeure de ces ruraux demeure l'agriculture. Ainsi, ‘du simple fait
de sa taille, le secteur agricole est capital pour le développement, au moins à
moyen terme’.
La BM note également que dans les pays où la croissance non agricole s'est
accélérée, l'écart entre revenus urbains et revenus ruraux s'est accentué. En
effet, les mécanismes de redistribution du fruit de cette croissance ne sont pas
toujours favorables au monde rural. Le développement du secteur agricole
pour lui-même permettrait ainsi d'élever le niveau de vie des personnes vivant
en milieu rural. En plus, les politiques qui consisteraient à taxer le secteur
agricole ont eu un effet positif pour la croissance de nombreux pays
industrialisés d'aujourd'hui. Mais ces politiques peuvent être désastreuses si
elles sont mises en application immédiatement après la réalisation des
investissements. Le risque est élevé que la poule soit tuée avant d'avoir pondu
les œufs d'or. D'ailleurs, comme le montre une étude menée par Krueger, Schiff
et Valdes (1998) et d'autres, il existe une relation négative entre les politiques
de taxation et la croissance globale de l'économie. Une croissance
plurisectorielle s'impose ainsi pour assurer un développement harmonieux de
l'économie. Le secteur agricole doit ainsi être développé pour son plein
épanouissement.

2. Agriculture et croissance économique au Cameroun : Une analyse


empirique sur la base du DSCE
La théorie économique montre qu’il y’a un lien entre agriculture et croissance
économique. L’objectif de cette seconde section est d’évaluer l’ampleur de
l’agriculture et les variables y afférentes dans la croissance économique du
Cameroun et par conséquent sur l’émergence économique envisagée à
l’horizon 2035 à partir des données de la première phase de l’implémentation
du DSCE. Après avoir présenté l’ancrage théorique et pratique de ce choix
méthodologique (I), nous allons présenter les résultats et discussions
économétriques (II).
61
2.1 Cadre méthodologique
La mesure de l'impact de l'agriculture sur l'émergence économique se fera à
l'aide d'un modèle économétrique. Il s'agit d'estimer une relation entre les
performances économiques du secteur agricole et celles des autres secteurs, et
de l'économie en général. Afin de s'affranchir des aléas dus à l'application des
méthodes de régression linéaire classique sur des données évoluant dans le
temps, les développements récents sur l'économétrie des séries temporelles
seront utilisés.
Les données secondaires utilisées dans cette étude couvrent la période 1980-
2014 et proviennent de plusieurs bases. Nous avons notamment collecté les
statistiques de l’INS, de la BEAC, du MINFI et de la Banque Mondiale. Pour ce
faire, l’exploration de quelques bases a été nécessaire :
Le TOFE (Tableau des Opérations financières de l’Etat) fourni par le Ministère
des Finances en collaboration avec l’INS (Institut National de la Statistique);
La base de données de la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique Centrale);
La base de données de la BAD (Banque Africaine de Développement);
World Developpement Indicator (WDI) ;
UNCTAD (United Nations Conference on trade and development);
WGI (World Goverment Indicator) ;
BUCREP (Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population).

Le traitement des données s’est effectué grâce à l’utilisation des logiciels Excel
et Stata 2011. Le logiciel Excel a servi pour la préparation, le montage de la
base des données et la construction des graphiques. Le logiciel Stata 2011 a
permis d’estimer le modèle économétrique et de ressortir les résultats de
l’étude.
La technique d’estimation des MCO peut être effectuée suivant une équation
linéaire générale ou multiple. Ainsi, il sera question de présenter la méthode
des MCO et le modèle économétrique.
Dans la littérature économique, l'approche traditionnelle utilisée pour mesurer
l'impact du secteur agricole sur la croissance économique se faisait en
déterminant l'effet de la croissance du secteur agricole sur les autres secteurs
dits "modernes" et sur l'économie dans son ensemble. Le secteur agricole est
considéré comme exogène ; ses performances servent à expliquer une part de
l'évolution du reste de l'économie.
Mais cette méthodologie sera critiquée. Kanwar (2000) a suggéré que pour
évaluer la relation entre l'agriculture et le reste de l'économie, le secteur
agricole ne devrait pas être considéré comme exogène, le cas échéant, cela doit
être prouvé a priori. Il a également proposé l'utilisation des méthodes de co-
intégration afin d'éviter les problèmes de régression fallacieuse.
62
De plus, comme le souligne Yao (2000), des liens entre les secteurs peuvent
exister dans plusieurs sens. Si l'industrie bénéficie des ressources issues du
secteur agricole comme le montrent les différentes théories présentées à la
section 1, la productivité du secteur agricole s'améliore aussi par l'utilisation
des machines et engrais issus du secteur industriel. Ainsi, le développement
du secteur non agricole peut également causer celui du secteur agricole.
La mesure de l'impact de l'agriculture sur la croissance économique et par
conséquent sur l’émergence économique au Cameroun à l’horizon 2035 sera
faite à l'aide d'un modèle de régression linéaire générale qui nous permet de
définir la relation qui existe entre agriculture et croissance économique. Ce
modèle devrait permettre d'atteindre l'objectif fixé dans ce travail à savoir
déterminer l'impact de l'agriculture sur l’émergence économique du
Cameroun à l’horizon 2035. Il permettra également d'éprouver la véracité des
hypothèses formulées à l'introduction.
L'idée générale est qu'à partir des données sur les différentes activités au
Cameroun couvrant une longue période, il soit mis en exergue, grâce aux
techniques statistiques et économétriques la relation qui existe entre les
performances économiques obtenues dans le secteur agricole et les
performances de l'économie dans son ensemble au Cameroun8 pour une
émergence à l’horizon 2035.Le modèle économétrique que nous utilisons dans
cette étude permet d’examiner l’effet des instruments du DSCE sur
l’émergence économique du Cameroun. Il sera estimé par la technique des
moindres carrés ordinaires.
Pour tester l’hypothèse selon laquelle la production agricole contribue à la
croissance économique et par conséquent à l’émergence économique, nous
nous inspirons d’un modèle agriculture et croissance économique. Plus
précisément le modèle de (Kanwar, Yao ; 2000)

Ce modèle économétrique se présentera comme suit :

LNPIBRHBt = β0 + β1.LNVagrt + β2.LNVindust + β3.LNVservt + β4.LNinvt


+ β5.LNdepubt + β6.LNcaphut + β7.LNRDDt + β8.LNOUVt + εt

Toutes ces variables ont été linéarisées par le logarithme népérien (LN).

8
La grandeur utilisée pour mesurer les performances économiques est le PIB. Il représente l'ensemble des richesses créées au
sein d'une économie au cours d'une année. Il donne la meilleure mesure du niveau d'activité.

63
t= indique période d’observation qui va de 1980 à 2014 ;
β0, β1, β2, β3, β4, β5 ,β6β7 et β8 sont les paramètres à estimer du modèle ;
εt est le terme d’erreur.

Spécifier le modèle consiste à identifier la variable endogène et les variables


exogènes. Les théories de l’émergence économique trouvant leurs fondements
dans les théories de la croissance économique et du développement. Nous
allons capter l’émergence économique sur Produit intérieur brut réel par
habitant du Cameroun en monnaie locale constante au cours de l’année t qui
lui-même est la variable endogène à laquelle sont intégrées les variables
exogènes.
Notre modèle est composé de deux types de variables : la variable dépendante
qui est le Produit intérieur brut réel par habitant du Cameroun en monnaie
locale constante au cours de l’année t; et huit variables explicatives. Dans ce
modèle économétrique, la variable endogène (PIBRHBt) indique le Produit
intérieur brut réel par habitant du Cameroun en monnaie locale constante au
cours de l’année t. Le PIB réel par habitant représente la valeur du PIB réel
rapporté à la population totale. Cette variable renseigne sur la part moyenne
qui revient à chaque habitant du Cameroun dans la richesse totale créée au
cours d’une année. Elle est utilisée comme un indicateur du bien-être et permet
par conséquent de mesurer le niveau de vie de la population dans un pays. De
ce fait, cette variable indique l’aptitude d’un pays à être émergent ou non
émergent. La variable PIBRHBt est introduite dans le modèle sous forme du
logarithme népérien.

-Valeur ajoutée réelle du secteur agricole du Cameroun (Vagr)


La variable (Vagr) représente la valeur ajoutée réelle du secteur agricole du
Cameroun. Elle prend en compte la part de la richesse totale créée par le
secteur agricole au cours de l’année t Un signe positif est attendu du coefficient
(β1) associé à cette variable.

-Valeur ajoutée réelle du secteur industriel du Cameroun (Vindus)


La variable (Vindus) indique la valeur ajoutée réelle du secteur industriel du
Cameroun. Elle concerne la part de la richesse totale créée par le secteur
industriel au cours de l’année t.Un signe positif est attendu du coefficient (β2)
lié à cette variable.

-Valeur ajoutée réelle du secteur des services du Cameroun (Vserv)


La variable (Vserv) désigne la valeur ajoutée réelle du secteur des services du
Cameroun. Elle représente la part de la richesse créée par le secteur des
64
services au cours de l’année t. Le signe attendu du coefficient (β3) de cette
variable influencera positivement l’émergence économique.

-L’investissement du Cameroun (INV)


La variable (INV) représente l’investissement du Cameroun au cours de
l’année t. Elle sera mesurée par la valeur de la formation brute du capital fixe
du Cameroun. L’investissement témoigne du dynamisme du tissu économique
d’un pays. La progression de cet agrégat traduit la volonté politique d’investir
dans des infrastructures socio-économiques nécessaires au développement
économique. On présume que le coefficient (β4) de cette variable aura un effet
positif sur l’émergence économique.

-Les Dépenses publiques gouvernementales (depub)


La variable (depub) désigne les dépenses publiques du Cameroun au cours de
l’année t. Elle est introduite dans le modèle économétrique comme la part des
dépenses publiques sur le PIB. Les dépenses publiques prennent en compte les
investissements publics et correspondent aux dépenses destinées aux
infrastructures publiques et à l’accroissement du service public. Le coefficient
(β5) de cette variable aura un effet négatif sur l’émergence économique.

-Le capital humain du Cameroun (caphu)


La variable (caphu) désigne le capital humain mesuré par le taux brut de
scolarisation secondaire au cours de l’année t. Selon Lucas (1998), l’éducation
est assimilée à un capital faisant l’objet d’une accumulation. Cette variable
capital humain permet également de rendre compte de façon satisfaisante des
écarts de revenu par habitant. Nous avons introduit cette variable dans le
modèle sous forme logarithmique. Le coefficient (β6) de cette variable exerce
un effet positif sur l’émergence économique.

- Le Ratio de dépendance démographique (RDD)


La variable ratio de dépendance démographique (RDD) illustre le facteur
démographique ou de population du Cameroun. Il est obtenu en rapportant
les effectifs des dépendants (les moins de 15 ans et les plus de 65 ans) à la
population active (15 ans-64 ans). Ce ratio de dépendance démographique
mesure la charge économique supportée par les travailleurs. Il influence
favorablement l’émergence économique d’un pays. Le signe négatif attendu
par le coefficient (β7) de cette variable traduira une amélioration du produit
intérieur brut réel annuel par habitant et indiquera par conséquent la facilité
du pays à atteindre l’émergence économique. En fait, une hausse de la

65
population active (15 ans-64 ans) entraîne la baisse du ratio de dépendance
démographique (RDD).

-L’ouverture commerciale du Cameroun (OUV)


La variable (OUV) représente l’ouverture commerciale du Cameroun au cours
de l’année t. Elle peut améliorer la profitabilité des secteurs pour lesquels un
pays est déjà spécialisé. L’ouverture commerciale est mesurée par le taux
𝑒𝑥𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛+𝑖𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛
d’ouverture ( ).
𝑃𝐼𝐵

Les échanges internationaux sont nécessaires à la croissance. Ils peuvent être


favorisés par le renforcement des partenaires commerciaux existants et
potentiels, ainsi que d’une collaboration avec ces derniers en vue de tirer parti
des projets multilatéraux et des accords commerciaux en place, notamment les
accords préférentiels bilatéraux. L’ouverture commerciale est supposée
augmenter le nombre d’exportateurs et de variétés dans le cadre d’une
concurrence monopolistique, créant de ce fait une relation positive entre
ouverture et diversification, ce qui garantit l’émergence économique. Le signe
attendu du coefficient (β8) est positif.

2.1 Résultats et discussions économétriques


L’usage d’un modèle économétrique à côté d’une analyse en statistique
descriptive s’explique par le fait que certaines variables ne peuvent pas être
évaluées en statistique descriptive.
Tableau 1: résultats de l’estimation du modèle économétrique par la méthode de
MCO

Number of obs = 35
Source SS df MS F (8, 26) = 85.13
Prob > F = 0.0000
Model 0.748008394 8 0.93501049 R-Squared = 0.9632
Residual 0.028555198 26 0.001098277 Adj R-Squared = 0.9519
Total 0.776563592 34 0.022840106 Root MSE = 0.03314

66
Les Variables
Std.
LNPIBRHB Coefficient Error t-Statistic Prob.
LNVagr -0.2778742 * 0.0700109 -3.97 0.001
LNVindus 0.2428504** 0.1161525 2.09 0.046
LNVserv 0.348819 * 0.1133291 3.08 0.005
LNINV 0.2168757 * 0.0614157 3.53 0.002
LNdepub -0.0956058 0.0856533 -1.12 0.275
LNcaphu -0.0161637 0.0529302 -0.31 0.763
LNRDD -0.4161123 0.7679485 -0.54 0.593
LNOUV 0.1367401** 0.0565618 2.42 0.023
C 4.931648 2.806004 1.76 0.091
Source : l’auteur à partir des résultats de Stata 2011
* indique la significativité des paramètres du modèle à 1%.
** indique la significativité des paramètres du modèle à 5%.

Les résultats de l’estimation indiquent que le modèle linéaire général estimé


par la méthode des moindres carrés ordinaires est globalement significatif. En
effet, la p-value de Fisher (Prob > F = 0,0000) est significatif à 1%. En outre, la
valeur du coefficient de détermination R2 obtenue dans le modèle se chiffre à
0,9632 (tableau 12). Ceci signifie que la variation du Produit Intérieur Brut Réel
par Habitant (variable endogène) est expliquée à 96,32% par la variation des
variables exogènes.
Cette valeur du coefficient de détermination R2 (0,9632) traduit par conséquent
la bonne qualité d’ajustement du modèle estimé.
Notre étude révèle que le secteur agricole influence négativement et de
manière significative le PIB réel annuel par habitant du Cameroun. En effet,
une hausse de 10% de la valeur ajoutée agricole (Vagr) diminue de 2,77% le
produit intérieur brut réel annuel par habitant du Cameroun. Le coefficient de
la variable agricole (Vagr) est significatif à 1%. En particulier, la faible
transformation des produits agricoles baissera le revenu annuel par habitant
camerounais de 12992 FCFA.
A long terme, la faible structuration du secteur agricole camerounais exercera
un effet négatif sur le produit intérieur brut réel annuel par habitant. Pendant
la mise en œuvre du DSCE (2010-2014), la richesse créée dans l’agriculture a
augmenté de3,27% par an en moyenne (figure 26). La valeur ajoutée du secteur
agricole camerounais est passée de 2020,9 milliards de FCFA en 2010 à 2307,6
milliards de FCFA en 2014. Malgré cette hausse de la valeur ajoutée agricole,
le constat qui se dégage est que la richesse créée dans ce secteur d’activité
demeure encore faible par rapport à celle des pays émergents (Chine, Russie,

67
Inde, Brésil, Afrique du Sud, donner la valeur ajoutée agricole de ces pays en
graphique avec celui du Cameroun).

Figure 1: Evolution de la valeur ajoutée (en milliards de FCFA) du secteur


agricole camerounais de 2010 à 2014

2350 2307,6
2300
2250 2217,7
2200
2139,5
2150
2084,2
2100 Valeur ajoutée du secteur agricole
2050 2020,9 camerounais(en milliards de FCFA)
2000
1950
1900
1850
2010 2011 2012 2013 2014

Source : L’auteur à partir des données de WDI, 2014

Malgré une légère hausse de la valeur ajoutée agricole enregistrée au


Cameroun entre 2010 et 2014, on constate que l’apport du secteur agricole au
produit intérieur brut reste encore faible. En effet, le secteur agricole représente
seulement 23,15% du PIB camerounais. Ceci s’explique par l’existence des
produits agricoles bruts non transformés et de faible valeur ajoutée.
Tsafack (2006) affirme que le bois, le cacao, le café et le coton représentent le
tiers et la plupart du temps la moitié de la valeur des exportations totales du
Cameroun. En 2015, les recettes d’exportations issues de ces quatre produits
agricoles ont représenté 291,58 milliards de FCFA pour le bois ; 454,32 milliards
de FCFA pour le cacao ; 31,40 milliards de FCFA pour le café et 98,14 milliards
de FCFA pour le coton (Douane, 2015). L’effet négatif de la production agricole
sur le revenu annuel par habitant camerounais est dû à la faible structuration
du secteur agricole.
De 2010 à 2014, la productivité agricole camerounaise a connu une croissance
annuelle moyenne de 3,27%. En effet, la valeur ajoutée par travailleur agricole
est passé de 300917 FCFA en 2010 pour s’établir à 343608 FCFA en 2014 (Figure
27). Toutefois, la productivité moyenne agricole (320733 FCFA) reste
légèrement inférieure au produit intérieur brut réel annuel moyen (464041
FCFA) enregistré sur la période 2010-2014. Ce résultat suggère qu’à court et
moyen terme la productivité agricole a eu un effet défavorable sur le produit
intérieur brut réel annuel moyen par habitant. A long terme, la productivité
agricole camerounaise enregistrera une croissance négative.
68
Figure 2 : Productivité des agriculteurs (en FCFA) entre 2010 et 2014

360000 343608
330221
340000
318577
310343
320000 300917 Productivité agricole par
300000 travailleur ( en FCFA)

280000
260000
2010 2011 2012 2013 2014

Source : L’auteur à partir des données de EESI, INS, 2010 et WDI, 2014

Au Cameroun, le secteur agricole est confronté à l’enclavement des zones de


production et la faible structuration des organisations paysannes. En outre, la
production agricole est sensible à la fluctuation des prix pratiqués sur le
marché international et à la qualité des infrastructures de transport. La
méconnaissance des techniques de transformation et de conservation des
produits agricoles empêche le secteur agricole de développer de nouveaux
produits compétitifs.
Par ailleurs, l’agriculture reste parmi les parents pauvres du financement
bancaire au Cameroun. Il y’a également le mythe de l’agriculture comme
activité villageoise, des pauvres, il n’y a qu’à voir le nombre de jeunes qui ont
de la peine à se lancer, bien que dans les IPES, il y’a eu des avancés depuis la
mise en place du BTS dans les formations professionnelles en 2012 mais, il reste
que des FASA doivent exister dans toutes les Universités. En 2011, les
financements octroyés au secteur agricole camerounais ont représenté 7,6% du
crédit bancaire national, soit 160 milliards de FCFA. Par contre, en 2015 les
crédits accordés au secteur agricole ont culminé à 313,6 milliards de FCFA, soit
14,9% du crédit bancaire national (MINFI, 2015).
Cependant, le volume des crédits accordés aux producteurs agricoles
nationaux reste encore très faible. En 2015, ces crédits financiers accordés au
secteur agricole ont représenté seulement 1,9% du produit intérieur brut
camerounais. Un sondage d’opinions réalisé en 2016 par l’Institut National de
la Statistique auprès des chefs d’entreprises camerounais révèle que les sources
de financement à la création des entreprises proviennent de l’épargne
personnelle (82,1%), de la tontine (15,3%), des dons (4,2%), des prêts bancaires
(3,6%) et des prêts issus des établissements de microfinance (2,7%). Cette
difficulté qu’éprouvent les entrepreneurs agricoles à accéder au crédit bancaire

69
s’explique par l’absence des garanties qui leur sont exigés par les
établissements financiers camerounais.
Entre 2010 et 2014, l’indice d’exportation des produits en valeur (229) du
Cameroun s’est révélé faible par rapport à la Chine (887), à l’Inde (737), à la
Russie (498), au Brésil (439) et à l’Afrique du Sud (320). La faible valeur de
l’indice d’exportation des produits camerounais s’explique par le petit degré
d’industrialisation du pays (figure 28). En particulier, les produits exportés
(coton, cacao, café, caoutchouc, bois, aluminium) par le Cameroun sont
toujours bruts.

Figure 3 : Indice d’exportation des produits en valeur du Cameroun et du BRICS


sur la période 2010-2014
1000 887
737
800
600 439 498
400 320
229 indice d'exportation en valeur
200
0
Cameroun Chine Brésil Inde Afrique du Russie
Sud

Source : L’auteur à partir des données de WDI, 2015

En outre, le secteur primaire camerounais compte seulement 342 entreprises.


La majorité de ces entreprises mènent leur activité dans le sous-secteur
agricole. On dénombre142 entreprises dans le sous-secteur agricole (42%), 128
entreprises dans les activités d’élevage et de chasse (37%), 64 entreprises dans
la sylviculture et l’exploitation forestière (19%). On constate une faible
représentativité des entreprises dans le sous-secteur de la pêche et de la
pisciculture. Dans ce dernier sous-secteur du primaire, on dénombre
seulement 8 entreprises, soit 2% de l’ensemble des entreprises installées dans
le primaire.
Figure 4: Nombre d’entreprises installées dans le secteur primaire Camerounais
en 2016
8
Agriculture
64
142 Elevage et chasse

128
Sylviculture et exploitation
forestière

Source : L’auteur à partir des données de l’INS, et RGE-2, 2016

70
CONCLUSION
Cet article avait pour objectif de faire une revue de la littérature du lien qui
existe entre l’agriculture et émergence économique d’une part et d’autre part,
une analyse empirique de l’impact de l’agriculture sur l’émergence
économique appliquée au modèle d’émergence économique du Cameroun sur
la base du DSCE. Pour y parvenir, il nous a semblé important de faire une
littérature des auteurs qui ont abordés cette problématique notamment
agriculture et croissance économique : Une analyse théorique (Section1) et une
analyse rétrospective et prospective à savoir agriculture et croissance
économique au Cameroun : Une analyse sur la base du DSCE (Section 2). Il
ressort que certains auteurs notamment les classiques tels que Mellor (1966),
Lawrence (1965) Kuznets (1964) ont montré l’existence d’un lien de causalité
très significatif entre l’agriculture et la croissance économique et que dans un
premier stade de développement économique, qui doit passer par une
croissance économique, le recours à l’agriculture est impératif. Pour les thèses
modernes, certains travaux considèrent que les pays africains devraient se
spécialiser uniquement dans la production de ressources naturelles, car ils y
possèdent un avantage comparatif (Wood et Mayer, 2001; Parc, Lee, 2006 ;
Mayer et Fajarnes, 2008). Par contre d’autres auteurs ont soutenu que
l’industrialisation est nécessaire car il s’agit de l’élément central du processus
de rattrapage économique (Cornwall, 1977; Tregenna 2007 ; Szirmai et
Verspagen, 2011). Le test de notre hypothèse 2 sur l’impact de l’agriculture sur
l’émergence économique est alors envisagé sur la du modèle de (Kanwar, Yao ;
2000). Plusieurs conclusions peuvent être formulées à l’issue de cette
estimation du modèle. Le secteur agricole influence négativement et de
manière significative le PIB réel annuel par habitant du Cameroun. Il est donc
évident que ces quelques résultats en analyse rétrospective et prospective ne
rassurent pas sur l’atteinte de l’émergence économique sur la base du levier
agricole modélisé pour l’horizon 2035 aussi bien dans le DSCE que dans la
SND 30. Par conséquent ne cadre pas avec le corpus théorique du libéralisme
communautaire modélisé il y’a trente-quatre ans.
BAS
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71
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Edition. Page 7. Oxford University Press: New York. 199572

72
Public Finance and Economic Growth in Cameroon's Post Covid-19
Context: Analysis and implications

Dr Nana Emmanuel Mbafong and


Lecturer at University of Yaoundé II Soa (PSSFP) and the Catholic University
of Central Africa (UCAC),
Email: mbafonge@yahoo.fr

Dr Nguele Pierre Anicet


Lecturer at the National Advanced School of Administration and Magistracy
(ENAM) of Cameroon,
Email: pierreanicetnguele@yahoo.fr

Citer cet article: Nana Mbafong, E. et Nguele, P. A. (2023), Public Finance and
Economic Growth in Cameroon's Post Covid-19 Context: Analysis and
implications. Journal of African Management Trends. Vol. 23, Série 3, Juin 2023. ¨Pp. 73-96.

ABSTRACT
The objective of this article is to analyze in the Cameroonian post Covid-19
context, the influence of public finance (PF) on economic growth for the period
1990 to 2021. The methodological approach consists in collecting primary and
secondary data from books, scientific articles, and official texts and reports
dealing with the subject matter. In order to analyze these data, the econometric
and influential method was done using the Times Series and Dynamic Model.
As such, the results between public finance and economic growth were verified
using the following stationary tests such as ADF, PP and KPSS while the
evolution of Gross Domestic Product (GDP) and budgetary balance from 1990 to
2021 were tested using AIC, SC, HQ and FPE. Also, tangible evidences were
established in PF and GDP by exploring conceptual, the theoretical, the
practical, and the empirical and managerial approaches. The results show that
“Public finance situation tends to be good during expansions of economic
activities, and bad during recession notably in times of crises such that of
Covid- 19”; “Government revenue and GDP have been moving in the same
direction in Cameroon since 1996 and with a positive correlation, as a 0.1%
increase of GDP leads to a 0.08% revenue collection.”. As such, we concluded
that the GDP has a positive influence in public finance, meanwhile public
finance is highly dependent on the Economy in Cameroon Post Covid-19
context. The following recommendations were formulated:
(1) to integrate this positive correlation between economic growth and public
finance in the mindsets of Policy-Makers and stakeholders so as to have a
73
performant and sustainable ECO-FI sector and
(2) to put in place a tripartite platform networking between stakeholders
(public, private and researchers) titled “ECO-FI Networking”, for information
sharing and development of innovative instruments.
Key-Words: Public Finance, Economic Growth, Public Expenditure, Granger
Causality Test.

RÉSUMÉ
L'objectif de cet article est d'analyser dans le contexte camerounais post Covid-
19, l'influence des finances publiques (FP) sur la croissance économique pour
la période allant de 1990 à 2021. L'approche méthodologique consiste à
collecter des données primaires et secondaires à partir d'ouvrages, d'articles
scientifiques, des rapports et de textes officiels traitant du sujet. Afin d'analyser
ces données, la méthode économétrique a été réalisée à l'aide des séries
temporelles et du modèle dynamique. Ainsi, les résultats empiriques entre
finances publiques et croissance économique ont été vérifiés à l'aide des tests
stationnaires tels que ADF, PP et KPSS tandis que l'évolution du produit
intérieur brut (PIB) et du solde budgétaire de 1990 à 2021, ont été testés à l'aide
de l'AIC, du SC, du HQ et du FPE. En outre, une corrélation directe a été établie
entre le PF et le PIB en explorant les techniques conceptuelles, les approches
d'analyse théorique, pratique, empirique et managériale. Les résultats
montrent que la situation des finances publiques a tendance à être bonne
pendant les expansions des activités économiques, et mauvaise pendant la
récession, notamment en temps de crise comme celle de Covid-19. De même,
les recettes publiques et le PIB évoluent dans le même sens au Cameroun
depuis 1996, avec une corrélation positive ; une augmentation de 0,1 % du PIB
entraînant une collecte de recettes de 0,08 %. En conséquence, le PIB a une
influence positive sur les finances publiques, tandis que les finances publiques
sont fortement dépendantes de la croissance économique dans le contexte post
Covid-19. Nous formulons les recommandations suivantes : (1) intégrer cette
corrélation positive entre la croissance économique et les finances publiques
dans les mentalités des parties prenantes au Cameroun, afin de développer un
secteur ECOFI performant et durable et (2) mettre en place une plate-forme
tripartite entre les acteurs des secteurs public, privé et les chercheurs dans les
domaines ECOFI intitulée "ECOFI Networking", pour le partage
d'informations et le développement de instruments innovants.
Mots-clés : Finances publiques, Croissance économique, Dépenses publiques,
Tests de causalité de Granger.

74
INTRODUCTION
Considered like a relatively stable country in the Central Africa sub-region,
Cameroon has enjoyed modest growth since reaching the completion point
under the Heavily Indebted Poor Countries (HIPC) Initiative. Therefore, to
catch up after two decades of Structural Adjustment Programmes (SAPs), the
course of becoming an emerging country with the corollary of high economic
growth in Gross Domestic Product (GDP) was set (Ndedi et al., 2019). Thus,
the government adopted the theoretical model of big push in its infrastructure
development strategy. For the moment, the National Development Strategy
2030 (NDS 30) which represents the second phase of the 2035 vision over the
period 2020-2030, serves as a veritable dashboard for economic policy. Public
finance has been called upon to achieve this objective of economic growth.
After the implementation of the Growth and Employment Strategy Paper
(GESP) which has promoted the development of public infrastructure across
the territory, Cameroon has been facing, since 2020, a multitude of exogenous
shocks triggered by the Coronavirus (Covid-19) pandemic which considerably
affects its prospects for economic growth as well as the State ability to cope
with its commitments in terms of investments and repayment of its debts, both
internal and external (MINEPAT, 2009; 2020; 2022).Also, the economic
performance of Cameroon of the year 2022 was rated as follow: real GDP 3.6%,
inflation 603%, feed prices +12.9% ; trade balance 784 billion FCFA, improved
trade deficit +662 billion F CFA, increase money supply +11.7%; and foreign
direct investment 372 billion F CFA from hotels, banking and agriculture
sectors; public investment budget 89.6%, 89.6%, 89.2% from authorization,
liquidation and commitment and, government debt hors PIP 11.275 billion
(MINEPAT, Economic Report of Cameroon, 2022).
As shown by the experience of many countries, efficient public finance
determines economic success and contributes to maximizing the effect of using
available resources (Pretorius and Pretorius, 2016). Others instruments like
functional tax policy, institutional and regulatory bodies or mechanisms, along
with the structure of public revenues and expenditures have an influence on a
given country's economy and can drive growth and economic development
(Stiglitz, 2000; Raczkowski, 2014). Alongside other instruments of economic
policy such as money and credit, the institutional framework and direct control
mechanisms, public finance is based on the main functions attributed to the
State (redistribution, allocation and, stabilization) according to Musgrave
(1959). These traditional missions devolved to the State have been permanently
jeopardized by the health crisis of Covid-19, which has affected both incomes
and expenditures thereby making it difficult for the public authorities in
75
charge of economic policy to maintain a stable public finance capable of
guaranteeing the achievement of main growth objectives. This can be achieved
by developing an effective public spending and revenue system for the public
finance sector (Alegre, 2012; Postula, 2018). The post- Covid-19 era is
characterized by a succession of exogenous shocks like global inflation. Our
research question is thus as follows: Does public finance influence economic
growth in Cameroon? The basic hypothesis is that public finance has a positive
influence on economic growth in Cameroon. The objective of this article is to
analyze in the Cameroonian post Covid-10 context, the influence of public
finance on economic growth for the period 1990 to 2021. This work is divided
into three sections. A literature review is highlighted in section 1; Section 2
presents the research methodology and Section 3 situates the discussions of
results and its implications.

1. LITTERATURE REVIEW
Public finance refers to the income and expenditure of public authorities. It is
an essential tool for public authorities (State and Regional and Local
Authorities), to use as instruments of economic policy and, to build
competitiveness and get out of under development (Orsoni, 2005 ; Touna
Mama, 2008) ; Bouvier et al., 2022. (Wagner, 1911) was the first to propose the
relationship between economic growth and diversity of productive structure.
He argued that the requirements of public services to protect rights contribute
in reducing transactional costs, resolving commercial dispute and solving
collective action problem.
Downs (1957) worked on the link between the size of the State and the
development of democratic institutions in the West. His conclusion suggested
that the extension of voting rights to the entire population may be associated
with higher demands for public goods and services in grace of redistributive
component. The logic of this argument also suggests that the more widespread
the access to political rights and higher level of inequality in the distribution of
income, the higher the level of redistributive spending and thus the large size
of the State in comparison with small States.
Public finance is mainly based on Keynesian theory, which gives importance
to economic policy to guarantee effective demand and macroeconomic
equilibrium. According to Domar (1946), public expenditures (investments)
should not only be seen as a factor in the creation of production capacities, but
also as a lever for economic growth. In the simplest static model with fixed
prices, an exogenous reduction of public expenditure (or a contraction of
disposable income following a tax hike) will bring about traditional Keynesian
effects through the demand side by way of the well-known multiplier
76
mechanism. In the short run horizon envisaged by the model, Keynesian
effects prevail and restrictive fiscal policies have contractionary effects on
private consumption and economic activity. In a dynamic model, which does
not assume full market clearing, the longer temporal horizon broadens the
range of possible channel of transmission of fiscal policy to aggregate demand.
In this context, agents form expectations about future developments in public
finances and budget policies, and therefore of their future disposable income
and wealth. The intertemporal optimization implies complex, non-linear
relationship in the traditional consumption and investment model, which
depends among other things, on how economic agents form their expectations
(Briotti, 2005).
For the classics, the Ricardian equivalence implies the irrelevance of the
government's financing decisions with taxes and debt. Economic agents
perceive public debt as a future tax and make rational expectations (Barro,
1974). The key issue is that the economy is influenced by the quantity of
government expenditure and not by whether such expenditure is financed by
higher taxes or debt (Briotti, 2005).
The Covid-19 pandemic has highlighted the importance of the state within the
economy. Whether in developing, emerging or developed countries, State
arbitration is increasingly required on social expenditures, spending on health,
education, energy and transport (Holtz- Eakin, 1994); (Lindert, 2004);
(Calderon and Servén, 2004). Cameroonian authorities are mobilizing public
finances to ensure the supply of collective goods and services and guarantee
economic growth. In developing economies, low savings and difficulties in
collecting national and local taxes lead public authorities to resort to external
debt. This significantly aggravates the public finance deficit and, to a certain
extent economic growth.
Levine and Renelt (1992) found strong results in investment spending in
physical capital and a positive relationship between increased spending on
human capital and increase in economic growth. Their studies are based on
regression analyses that regress growth rate on a number of variables,
although they tend to focus on relationship between investment, trade policy,
some measure of human capital, and the level of development and rate growth.
Jappelli and Meana (1994) demonstrate that public expenditures (such as
education, health, vocational training security) on investment and
consumption have not same impacts on economic activities. Public investment
stimulates output and so increases government revenues and in turn allows
the government to spend more. Public spending enhances human capital
which has a positive impact on economic growth. The externality of public
good effect of public spending improves growth by increasing the productivity
77
of a private sector (Kelly,1997).
In African economies, not many communications have been found to show the
impacts of macroeconomic policies on economic growth. Ajab Amin (1998) had
analyzed the relationship between public and private investment, stressing the
crowding in or crowding out of private investment by public expenditures.
The results of his growth model show that the relevant factors have positive
effects on growth while those of the investment model show the crowding in
of infrastructure and social sector. He recommends the reallocation of more
resources to productive sectors and increasing and sustaining of spending on
those productive sectors or those components of public expenditures that
crowd the private sector.
Ngouhouo et al (2022) conclude that, if authorities will continue to accelerate
public expenditures, the country has little chance to become emerging in 2035.
However, some difficulties that affect real economic growth will have to be
overcome beforehand. Nana Mbafong (2022) identifies some of the major
problems such as real economy, financial, social and environmental, poor
governance, non-appropriation of reforms, poor managerial skills and
contemporary issues are plaguing the public finance sector in Cameroon and
proposes an efficient scenario based on neoclassic theories and the concept of
efficiency.
According to Assa (2016), in most countries in the world, key policies are
oriented towards a sustainable long-term economic growth, while at the same
time addressing redistributive issues and ensuring the sustainability of debt
path. He reviews the key issues concerning the impact of public spending and
taxation on long-run growth and inequality and takes stock of existing
theoretical and empirical studies. Overall, the evidence highlights that the size
of government matters for long-term growth as a too large government may
undermine growth through the cost of financing public spending. A
reallocation of public spending towards infrastructure and education would
raise income in the long run, whereas increasing social welfare spending can
reduce inequality as such spending increases redistribution and risk sharing.
Similarly, the available evidence also supports the hypothesis that some taxes
are more distortionary than others, with income taxes found to be more
harmful for growth than consumption and property taxes.
In other continents, the Development Bank of Latin America (2012) shows that
there are no good estimations of public spending composition spanning long
historic periods. However, increase in public expenditure coincided with a
strong expansion of social spending. In the European Union, we have
identified 1346 papers about public finance, economy growth and equity.
Public spending reforms contribute to enhance equality and promote inclusive
78
growth (Cournède et al., 2018). Many reforms in the structure of public
finances can have beneficial effects in one and the same dimension, while some
involve making trade-offs between increase in average income and impact on
distribution, Transfers of the tax burden, in the sense of a reduction in the tax
wedge on modest earned income and an increase in inheritance tax, have
generally the effect of improving production per capita and reducing
dispersion of disposable income. These reforms are as follows: reduction in
public expenditure, except when public administrations are very effective. A
certain number of reforms aimed at redeployment of expenditure and tax shifts
while maintaining government spending and revenue at constant level (thanks
to proportional adjustments in other items) can boost per capita production
without significantly affecting the distribution of disposable income, and
therefore benefit all households.
The increase in family benefits generally benefits household's poor, but does
not have major effects on average production. While a number of public
finance reforms can improve the average output at the cost of a wider
dispersion of income, the effects on production are usually predominant so
that incomes increase in absolute value in an almost generalized way. Postula
and Raczkowski (2020) have examined to what extent state's public spending
can have a real impact on changing performance indicators for goals related to
competitiveness and sustainable development. The results show that to
measure competitiveness there is a need to integrate a number of varied
economic, social and innovative factors to analyze the growth potential of a
particular country. Also, they identified that previous articles have proven
significant correlations among assessments of competitiveness, business
environment, and human development for the period 2006-2017. After using
the data of the global competitiveness index, doing business index, and human
development index, the researchers showed that the human development
index is an important factor for the development and sustainability of a
country (Simionescu, 2016; Kisielakova et al., 2019).
For Briotti, (2005), the quality of public finances (QPF) has become a new focus
for European policymakers. Their focus is largely a response to preparing the
European economies for the dual challenge of ageing populations and
increased exposure to global competition. Better QPF can help tackle both
challenges: either directly through fiscal consolidation, pension and
expenditure reforms or indirectly by creating conditions in support of long-
term growth as expenditure and revenue systems become more efficient and
less distortionary.

79
2. RESEARCH METHODOLOGY
The methodological research consists of epistemological approach, conceptual
model and empirical results.

2.1 Epistemological approach


Within the framework of this study, the methodological approach consists in
the collection and exploitation of primary data from some books, scientific
articles, and official texts dealing with the subject matter. With regard to
secondary data for economic analysis purposes, we exploited the report from
‘Economy perspectives of Cameroon’ (BAD, 2022) and the Medium Term
Economic and Budgetary Programming Reports for the period 2023-2025;
From the public finance axis, we used the ‘Conjoncture Mensuelle de la Dette
Publique’ (CAA, 2022) and a report on ‘Débat d'Orientation Budgétaire’
(MINFI, 2022). Also, the econometric and influential analysis was done using
the Times Series and Dynamic Model. As such, the test results between public
finance and economic growth were verified using the following stationary tests
namely Augmented Dickey Fuller (ADF), Phillips-Perron (PP) and
Kwiantkowski-Philips-Schmidt-Shin (KPSS). In the same light, the evolution
of GDP and budgetary balance from 1990 to 2021 were tested using the Akaike
(AIC), Schwarz (SC), Hannan-Quinn (HQ) and Final Prediction Error (FPE).
The 2013 software and STATA were used to treat and analyze data. These data
collected from this methodological approach permitted us to elaborate the
research model.

2.2 Conceptual Model


In order to show the influence of public finances on economic growth in
Cameroon, The Conceptual model consist in establishing the relationship
between GDP (Dependent Variables) and the Budget Balance
(Independent Variable). As such, economy analysis is divided into four
blocks called ‘sectors’ and a statistical statement is attached to each of
them, which summarizes the activities carried out. In each sector, there
are a certain number of variables that provide information on its situation
which is linked by relationship called « account relationships ». The four
sectors are presented on the table here below:

80
Table 1 : Link between sector and the accounting relationship

Sector Macro économie Producer Analytical Account

Real account
National accounts structure
National variables
Consumption (C), relationship
GDP=C+I+X-M
Instit Investment (I),

ute Exports(X), Imports (M),


Production (GDP), Prices
of Statistics
Foreign Balance of Ministry of Exports (X), SCC= X-M+Net
payments Finance Imports (M), Factor
tranferts, Income, Trade Income+Net
Balance (X- M), Current
Current
Account Balance (SCC),..
Public Financial Ministry of Revenues (R), Sg-Ig= R-D
Transferts
administratio Operations of Finance Expenditures (D), Budget

n State Balance
Monetary Monetary CentralAfrican Monetary Supply (M), Net MV=PT
(Sg-Ig)
situation States Bank Foreign Assets(NFA),
Claims to the Economy
(CE),
circulation
Speed of
of
money
Source : Adapted by (V),
authors

The method explained on table 1 establishes the relationship between


GDP and the budget balance and hence bringing out the relationship
between accounting relationship and the real sector which links up to
GDP.

3. EMPIRICAL RESULTS
Empirically, the approach used two phases: Firstly, to present the GDP
evolution over the period 1990 to 2021, which reflects the state of the
economy, and of certain public finances aggregates such as state revenue,
to see whether they are evolving in the same direction or not; and then, to
build an econometric model that establishes the relationship between
GDP and these indicators, particular revenue. To establish the
relationship between GDP and Revenue (REV), the approach consisted on
the one hand in carrying out a test to verify the correlation between the
two aggregates (Granger Causality Test), and other tests to verify whether
the structure of each of these aggregates have changed or remain the same
over the time. These other tests are called stationarity tests. It is to
determine the order of integration of the variables. The tree tests
81
performed are Augmented Dickey Fuller (ADF), Phillips-Perron (PP) and
Kwiatkowski-Phillips-Schmidt-Shin (KPSS).
The results are presented in Table 2 below :

Table 2 : Results ADF, PP and KPSS tests on first différence series


ADF VC (5%) PP VC (5%) KPSS VC
C C
C and With C and With With With
c c C c - -
and and
T out T out out out
T T
DGDP -9,6 - - -3,5 - - -5,6 -3,9 - -3,8 -3,1 - 0,12 0,14
DREV -5,2 - - -3,5 - - -7,1 - -3,8 -3,8 - -1,9 0,10 0 ;14

Source : Authors calculations based on Eviews Software

On the other hand, it consisted in starting with the principle that each
aggregate is likely to explain each other, and in determining the maximum
number of years to be taken into account for which it can be considered
that the evolution that one has experienced in the past affects the situation
of the other at the current date.
This number of years was determined by conducting four (04) tests and
was set at one (01). The four (04) tests performed are the Akaike (AIC),
Schwarz (SC), Hannan-Quinn (HQ) and the Final Prediction Error (FPE). The
results of these tests are presented in Table 3 below.

Table 3 : Model criteria sélection


FPE AIC SC HQ
P=0 5,29e-07 -3,101583 -2,905649 -3,042655
P=1 2,94e-07* -3,690551 -2,910884* -3,39591*
P=2 3,13e-07 -3,643181 -2,239780 -3,112834
P=3 2,79e-07 -3,733481 -1,706346 -2,967423
P=4 3,39e-07 -3,673357 -1,022489 -2,671590
P=5 5,18e-07 -3,374126 -0,099525 -2,136650
P=6 7,36e-07 -3,223475 0,674860 -1,750289
P=7 7,41e-07 -3,528073 0,993996 -1,819176
P=8 7,98e-07 -3,93579* 1,210008 -1,991188

Source : Authors calculations based on Eviews Software


NOTE : The asterisk indicates the order p to be used according to the

82
criterion used. The information criteria used are the Akaike (AIC),
Schwarz (SC), Hannan-Quinn (HQ) and the Final Prediction Error (FPE).
Please look up MrMvoa to intereprete the results of this table.
In this table, the first column of the table presents the number of years that
that tests were carried out, and the following four columns indicate the
values obtained for each test carried out. The asterisk on a figure in the
table translates the fact that it is that number of years that should be
considered for the test carried out, which in order words means that the
results of the test indicates that it is that number of years that should be
considered in the model that would be formulated afterwards.
The criteria for deciding on the number of years to be considered in the
model is that at least three of the four tests carried out are conclusive for a
given year. As shown in the table, the number of years to be considered in
the model to be formulated is 1, given that 3 of the 4 criteria for which the
tests had been carried out are conclusive for this number. In fact, the
criteria for FPE, SC and HQ indicate that the GDP and the past revenue
that may have an influence on current levels are the GDP and the revenue
of the preceding years. Three out of the four criteria were in favour of
figure 1 just like a good number of years to be considered. It is this figure
that was retained in the estimation of the model presented later in the
work.
This result then led to the writing of the following Vector Autoregressive
model of order 1 (VAR (1)

DYt = ^0 + AiDYt-i + £t (1)

In this équation, DYt is the transpose of the vector (REVt, GDPt) in first
difference,
^0 is the transpose of the vector (f/0, fi0) and A1 is the transpose of
the vector (a1, ^1).
a0,p0,a1 and p1 are the parameters to be determined and,
£tis the transpose of the vector (£1t, £2t).

These parameters were then estimated from national accounts data (GDP
data) and public finance statistics (notably revenues) over the period 1990-
2021. This estimate establishes the relationship between Government
revenue and GDP, which finally allowed an assessment of how, by how
much and after how many months’ revenue would change as a result and
an increase or decrease of 0.1% of GDP i.e 20 billion.

83
3 DISCUSSION OF RESULTS
The implications of these results can be discussed at many levels notably
conceptual, theoretical, practical and managerial as follows:

3.1 Conceptual analysis


GDP= C + I +X - M
Gross National Income (GNI) = GDP + Net Factor Income (NFI) =
C+I+X-M+ NFI Gross Domestic Income (GDI) =GNI+Net Transfers (NT)
= C+I+X-M+NFI+NT C+I = A = Absorption or domestic demand

And X-M+NFI+NT = SCC =Balance of Payments Current Account Balance


we have : GDI = A+SCC or DGI-A = SCC
GDI - C =S = Savings
Therefore (GDI - C) - I = SCC or S-I = SCC
S = Sg (Government Savings) + Sp (Private Sector Savings) and I = Ig
(Government Investment) + Ip (Private Sector Investment)
Thus: (Sg - Ig) + (Sp - Ip) = SCC -------------------------- (1)
Or Sg - Ig = Budgetary Balance = R (Revenue) - D (Expenditure)

Hence the relationship,


Fiscal balance = SCC + (Ip - Sp) = X - M + NFI + NT + (Ip - Sp) ........... (2)
As GDP = C + I + X - M, we have : X - M = GDP - C - I
By replacing X - M by GDP - C - I in equation (2) above, we finally have :
Budget balance = GDP - C - I - NFI + NT + (Ip - Sp)
Budget Balance = GDP + E (3)
where E= NFI + NT + (Ip - Sp) - C - I

From equation (3), it shows that the budget balance situation is closely
linked to that of GDP. This equation shows that the economic situation as
reflected in GDP has an influence on the situation of public finances, one
of the key indicators being the budget balance.

3.2 Theoretical analysis


Theoretically, the approach is to use Ricardian Equivalence Principle and
Business Cycles Theory (BCT) which state that public finances tend to
improve during economic up swings and deteriorate during down turns.
Also, there are four major changes in the evolution of Keynes's business
cycle theories: a) the saving- investment framework to understand
changes in economic fluctuations; b) the capabilities of the banking system
to moderate the business cycle; c) the effectiveness of monetary policy to
84
fine-tune the business cycle through the control of the short-term interest
rate or credit conditions; and d) the role of a comprehensive fiscal policy
and investment policy to attenuate fluctuations. Finally,
the present relevance of the policy mix Keynes promoted for ensuring
macroeconomic stability (Bordz, 2021).
This study is part of the extension of the different currents of thought in
the fields of economics, which deal with economic and econometric issues,
on the one hand, and legal sciences which focus on public finances, on the
other.
In the economic literature, there are several theories that show that the
economic situation of a country influences public finance. One such theory
is the Business Cycle Theory developed by (Kydland and Prescott, 1980).
According to this theory, the evolution of an economy is made up of
phases of expansion and recession which have an influence on the
situation of public finances. Indeed, countries tend to have fewer financial
difficulties during expansionary phases of economic activity, and many
more difficulties during recessionary phases. This theory has been
confirmed by a number of studies which has been cited in studies
conducted by (Audenis et al., 2001) on the French economy. Furthermore,
the Ricardian Equivalence Principle shows that the economic situation has
an influence on that of public finances. Indeed, the State may revive its
economy by debt procurement to increase levies such taxes, which shall
eventually lead to reduction in consumption and consequently reduction
in economic activities (Barro, 1974).

3.3 Practical analysis


Practical approach also shows how macroeconomic and budgetary
allocations are established, and budget revenue forecasts are established
based on growth forecasts during the National budgetary preparation
exercise. More precisely, the Prime Minister, Head of Government signed
a Decree dated 27 January, 2021 relating to the creation, organization and
functioning of an Inter-Ministerial Committee for macroeconomic and
budgetary framework (CPCMB), under the supervision of the Ministries
of Finance and Economy. The CPCMB has as principal mission to
coordinate and monitor activities relating to the elaboration, updating and
finalization of macroeconomic framework drafts as well as that of
Medium Term budgetary framework (CBMT) with the perspective of
adoption of the Finance Law of the next budgetary year. Members of this
committees are INS, BEAC, CTS, SNH, CAA and the secretariat is manned
by the Macroeconomic Framework Unit (UCM) and the Budgetary
85
Framework Unit (UCB).
This can also be shown through linkage between macroeconomic
framework and the budgetary framework set up. In Cameroon, this
linkage is bonded by Prime Minister's decree, which governs the
organization and functioning of this committee. This committee has a unit
charged with the implementation of operations linking the
macroeconomic framework and the budgetary framework set up.
Operationally, the macroeconomic framework unit makes forecasts of the
economy's growth rate and it is these forecasts that are then used by the
budgetary framework unit to make budgetary forecasts, particularly those
of revenue. From the positioning of these two units, it is clear that the
framework unit is based on the macroeconomic framework. This case
shows once gain the influence that the economic situation has on public
finances in Cameroon.

3.4 Empirical analysis


GDP and state revenue have been moving in the same direction since 1996,
as shown in Graph 1 below. This evolution leads to the assumption that
there is a relationship between GDP and state revenue based on the real
data of the Cameroonian economy.

Graph 1 : Evolution of GDP and state revenues over the period 1996-2021

Source : Authors based on data from Cameroon's SIPAE

There is a correlation between GDP and government Revenue (REV). The


results of the Granger Causality Test on GDP and Revenue, the first difference

86
presented on Table 4 below.

Table 4 : Results on the Granger non Causality Test on GDP and Revenue in
first difference

NullHypothesis : Number of F-Statistic Probabilit


observation y
GDP does not Granger cause 32 s 2,23694 0,01758
DREV does not Granger cause 32 1,32733 0,02734
GDPSource : Authors calculations based on Eviews Software

NOTE :The letter D means that DGP and Revenue are taken in the first difference
interprétation of table 4.

In this table, the first column presents the hypothesis formulated. The second
column gives the value of the statistics derived from the test. If the sign that
precedes these statistics and the correlation is positive when it exists.
Otherwise, the correlation is negative when it does not exist.
The third column gives the value of the probability associated to the test. If the
value is less than 5%, it signifies that the hypothesis made has been rejected, in
other words, it is the reverse of this hypothesis that is accepted. As shown in
the table, the value of the statistics is positive and the probability associated is
less than 5% for both the hypothesis according to which “the GDP does not
cause revenue” and that according to which “Revenue does not cause GDP”.
That signifies that the hypothesis made is each time rejected and thus meaning
that it is the reverse of this hypothesis that is verified, notably that, on the one
hand, revenue causes GDP and on the other, GDP causes revenue. This results
enables us thus to conclude that there is a positive correlation between the GDP
and revenue, both from the point of view of revenue and that of GDP. This
correlation is positive. Indeed, an increase in GDP leads to an increase in
government revenue as shown in the table below.

87
Table 5: Estimation of Vector Autoregressive Process 1 (VAR (1))
GDP DREV
GDP (-1) 0,210617 0,005188
(2,51605) (1,06689)
DREV (-1) 0,001753 0,347785
(1,98578) (2,23794)
C 0,001757 0,117929
(2,67082) (1,36148)
R-squared 0,093106 0,569872
Adj, R- 0,020555 0,535462
squaredresids 0,000533
Sumsq, 9,237114
S,E, equantion 0,003264 0,429818
F-sattistic 1,283313 16,56112
Log likelihood 239,4460 -28,97877
Akaike AIC -8 ,525308 1,235592
Schwarz SC -8,342823 1,418076
Meandependa 0,002036 0,456364
nt
S,Ddependant 0,003298 0,630627
Determinantresidual 2,11E-07
covariance
Log likelihood 110,5007
Akaike information -3,290935
criterion criterion
Schwarz -2,560996
Source : Authors calculations based on Eviews Software

NOTE : the estimated coefficients are given in brackets

In this table, the first column presents the GDP and the revenue of the
preceding year, the value of the constant (C) and the values n of the
various statistics which enable the interpretation of the results of the
model estimated. The second column gives the values of coefficients that
are attached to GDP and revenue of the previous year and the various
statistics that facilitate interpretations when the relation between the GDP
of the current year and the GDP and revenue of the preceding year is
established.
The third column gives the values of the coefficient associated to GDP and
the revenue of the previous year and to the different statistics that
facilitate interpretations when the relation between the revenue of the
current year and the GDP and revenue of the preceding year is
determined. According to this table, the coefficients obtained are positive

88
both in the relation linking the current GDP to the GDP and revenue and
revenue of the preceding year, be it in the relation linking the revenue and
GD or the revenue of the preceding year. These results confirm the
existence of a positive correlation between public finances and economic
growth in Cameroon.
The increase in GDP does not have an instantaneous influence on revenue,
which explains why the response function with government revenues
following an increase in GDP is not as strong that it should be. GDP,
shown in Figure 2 below, does not start from the beginning. The increase
begins to have a positive effect on revenue at the start of revenue
collection. This effect continues as collection continues and fades as
collection comes to the end and we move into a new fiscal year.

Figure 2 : Response function of government revenues following a 0.1%


increase in GDP

—•— Revenue response to a 0.1% increase in GDP


— — Uper limit of the confidence interval
— — Lower limit of the confidence interval
Source : Author's calculations based on Eviews Software

The macroeconomic situation over the period 2022-2024 will affect that of
public finances. Indeed, the evolution of macroeconomic indicators
presented in Table 5 below suggests a recovery of economic activity.

89
Table 5 : Evolution of macroeconomic indicators for Cameroon over the
period 2022-2024
Macroeconomic Evolution over the period 2022-2024
indicators
GDP Growth rate 4.6% on average
Inflation Below 3% threshold set by the CEMAC
Budget deficit convergence
Less than 3% criteria
of GDP
45% of GDP, and thus below the 70% threshold
Ration Debt on GDP
set by the CEMAC
Current account convergence
Less than 3% criteria
of GDP in 2024
deficit: Authors based on data on the outlook for the Cameroonian economy
Source
over the period 2022-2024

As shown in this table, the outlook of the Cameroonian economy is


expected to be relatively good over the period 2022-2024, with:
- A growth rate that will hit 4.6% ;
- Inflation controlled below the 3% threshold set by the Economic and
Financial Community for Central African States (CEMAC)
convergence criteria ;
- A budget deficit below 3% of GDP ;
- A ratio debt on GDP evaluated at 45% of GDP, and thus below the
70% threshold set by the CEMAC convergence criteria ;
- A current account deficit below 3% of GDP in 2024.

However, there are threats to the evolution of these macroeconomic


indicators with certainly have consequences not only for the evolution of
the economy in general, but also for that of public finances, as shown in
the Table 6 below:

90
Table 6 : Impact on public finances of risks to macroeconomic indicators

Threats to real economy Consequences for public


indicators Consequences for the economy finances
- Domestic price increases due to
imported inflation ;
- Decline in people's purchasing - low revenue mobilization
Continued increase in the power as incomes have not due to difficulties of
price of goods on the increased, companies to pay taxes
international market - Increase in production costs for - Increase in state
companies and reduced expenditures
profits ;
-Increase in the fuel prices and
-Low
subsidylocal availability of - Difficulties in paying taxes
Continued disruption
products and consequently and
and therefore low revenue
low productivity of
interruption of supply mobilization,
companies,
chains - Decline in customs revenue
- Increase in sea freight
due to measures
Difficulties in paying takenthe
to
The low level
- Increase in vulnerability of externalreduce thewhich
debt cost leads
of sea
to
diversification of the
economy to external shocks weak freight
external position and the
economy
low level of measures
Source : Authors, based on the lessons on contemporary economic problems
in public finances in Cameroon

As this table shows, the three main risks to the development of


macroeconomic indicators that will affect the economy in general and
public finances in particular are as follows:
- The continuous increase in the price of goods at the international level,
which results in (i) higher domestic prices due to imported inflation,
(ii) lower purchasing power of the population as incomes have not
increased, (iii) increased production costs for companies and
reduced profits, (iv) increased fuel price subsidies. At the level of
public finances, it leads to low revenue mobilization due to
difficulties in the payment of taxes by companies and an increase
in state expenditure due to the increase in the fuel price subsidy;
- Continued disorganization and interruption of supply chains, resulting in
increased maritime freight, low availability of raw materials
imported by industrial companies and lox productivity of
companies. At the level of public finances, it leads to a low
mobilization of revenue due to the difficulties of companies to pay
taxes and an increase in tax expenditure as a result of the measures
taken by the Government to reduce the cost of maritime freight by
80% ;
- The low level of diversification of the economy, which limits exports and
91
foreign exchange reserves, and increases the vulnerability of the
economy to external shocks and leads to difficulties in paying the
external debt.

3.4 Managerial analysis


The efficient use of public resources is a moral obligation that not only
legitimates tax collection, but, according to the reciprocity hypothesis, can
also be the center of a virtuous circle that promotes tax compliance. The
managerial analysis of the influence of public finances on economic
growth in a post-Covid-19 context has highlighted the shortcomings of
public management at three levels: structural, cyclical and organizational.
Structurally, public finances are based on the state budget. It is
developed, presented, adopted and executed in the form of programmes
that translate public policies. They are associated with specific objectives
accompanied by performance indicators. Despite this good will of the
spirit of the law, there are many conflicts between the agents of public
power. The controller from the Ministry of Finance and the various
authorizing officers. The intrusion of controllers in the sphere of
competence is not quite pleasant to the various authorizing officers. This
is all the more so since they are truly responsible for the execution of the
programme driven budget.
At the cyclical level, States are increasingly resorting to external debt. This
procedure does not require any control mechanism at the level of the
various parliamentary chambers, even though it constitutes a form of
aggravation of the public finance deficit. The amounts raised during Euro
bond operations are in floating foreign currency (US dollar). The reversals
in the economic situation forced the authorities in charge of monetary
policy to increase key rates, which had the effect of increasing the debt
burden of developing countries.
At the organizational level, the management of public finances raises
more ethical issues. This by highlighting the relationship between public
administrations and their civil servants in charge of collecting and using
public funds. In other words, the ownership of a good that belongs to
everyone and does not belong to anyone, is likely to be confiscated more
easily by those to whom its handling and use are devolved. The financial
ethics of the public administration and its agents in their management of
public funds have a significant impact on their probity, the effectiveness
of public action, the credibility of the State and economic growth. Despite
the frequency of checks and sanctions, cases of embezzlement are still
being reported. Information and communication technologies (ICTs) have
92
changed the way people interact with each other and with institutions and
will certainly impact resource allocation, and countries' economic
efficiency and productivity. The role of ICTs as a tool to fight poverty and
as a mechanism for financial inclusion has been recognized in the
literature (Nana Mbafong, 2022). Clearly, the way governments interact
with their citizens does not escape this revolution. In fact, efficiency in
public administration can be fostered by ICTs. The applications of ICT
tools in public administration are extensive.
Overall, a greater synergy of action between the ministerial departments
in charge of the economy and finance, as well as the private sector which
constitutes an essential link in the search for growth and development of
the country is highly recommended.

CONCLUSION
Ultimately, the objective of this work was to analyze the influence of
public finance on economic growth in a post Covid-19 context in
Cameroon. The methodological approach consisted in the collection of
primary data and secondary data from some books, scientific articles, and
official texts reports dealing with the subject matter. In order to analyze
these data, the econometric and influential method was applied using the
Times Series and Dynamic Model. As such, the test results between public
finance and economic growth were verified using the following stationary
tests such as ADF, PP and KPSS while the evolution of GDP and budgetary
balance from 1990 to 2021 were tested using AIC, SC, HQ and FPE. Also,
tangible evidences were established for PF and GDP by exploring the
conceptual, programming and theoretical techniques using the theory of
economic cycles and the Ricardian equivalence principle, the practical,
and the empirical analysis approaches.
The results of these analysis is shown as follow; “Budget balance situation
depends on the situation of the level of GDP”; “Public finance situation
tends to be good during expansions of economic activities, and bad during
recession and crisis such as Covid-19”; “Government revenue forecasts
are based on growth forecasts”; “Government revenue and GDP have
been moving in the same direction in Cameroon since 1996 and with a
positive correlation, as a 0.1% increase of GDP leads to a 0.08% revenue
collection. This positive effect of revenue collection is felt at the beginning
of the budgetary year and increases gradually at the midterm, and then
decreases toward the end of year” and “public finance situation will be
affected between the year 2022-2024 as macroeconomic indicators
evolves”
93
From the above mentioned results, we can conclude that the GDP has a
positive influence on public finance, meanwhile public finance is highly
dependent on Economy within Cameroon‘s Post Covid-19 context.
Pursuant to the aforementioned conclusions, we recommend the following:
1. Inculcate this correlation of these two variables (GDP and PF) in the
mindsets of Policy-Makers and stakeholders in Cameroon so as to
develop a sustainable and successful or efficient public finance;
2. Put in place a tripartite platform networking between actors of
public, private sectors and, researchers of public finance and
Economy in Cameroon titled “ECO-FI Networking”, for
information sharing and development of innovative instrument

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96
Politique de gestion des compétences et performance organisationnelle: Cas
d’une PME camerounaise

Dr Bonaventure Abada.
Enseignant-chercheur, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion.
Expert en Restructuration des organisations, Management
des organisations et des Ressources Humaines.
Université de Dschang, Cameroun. Chercheur associé au CEREG.
Tél : +237 676 738 283. Email : monmail.abada@gmail.com

Dr Fangue Ndjioze Laure.


Enseignant-chercheur, Université de Dschang, Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion, Cameroun.

Madame Diane Ebene Nkoa


Doctorante / Université Catholique d’Afrique Centrale / Faculté de
Sciences Sociales et de Gestion, Cameroun.

Dr Nwamen Fidèle
Enseignant-chercheur, Université de Dschang, Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion, Cameroun.

Citer cet article : Abada, B ; Fangue Ndjioze, L ; Ebene Nkoa et Nwamen, F. (2023),
Politique de gestion des compétences et performance organisationnelle: Cas
d’une PME camerounaise. Journal of African Management Trends. Vol. 23, Série 3, Juin
2023. ¨Pp. 97-115.

RESUME:
L’objectif général de cet article est de démontrer que la politique de gestion des
compétences du personnel impacte la performance organisationnelle des PME.
La conception de la PME n’est plus seulement comme un champ d’étude, mais
bien au-delà comme un objet d’étude. Il s’agira donc de voir comment la
gestion des compétences du personnel à travers des outils RH, influence la
performance organisationnelle de celle-ci. Les auteurs choisissent de mener
une étude auprès de 30 propriétaires et dirigeants de PME, sur les outils
mobilisés pour la gestion des compétences de leurs salariés (1182), la stratégie
mise en œuvre et l’impact sur la performance de leurs organisations. Il ressort
à la suite de cette étude qu’une politique de gestion des compétences du
personnel adossé à une stratégie et sur des activités RH alignées, telles que la

97
formation continue et l’évaluation des compétences influencent positivement
et durablement la performance organisationnelle.
Mots-clés: Politique de gestion, Compétence, Performance organisationnelle,
PME

ABSTRACT:
The general objective of this paper is to demonstrate that personnel
competence management policies have an impact on the organizational
performance of SME. The conception of the SME not only as a field of study,
but also as an object of study. It will therefore be a question of seeing how the
management of staff skills through HR tools influences its organizational
performance. We have chosen to conduct our study with 30 SME owner-
managers on the tools used to manage the skills of their employees (1182), the
strategy implemented and the impact on the performance of their
organizations. The results of our study show that a staff skills management
policy supported by a strategy and aligned HR activities, such as continuous
training and skills assessment, have a positive and lasting influence on
organizational performance.
Keywords: Management policy, Competence, Organizational performance,
SME

INTRODUCTION
Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Afrique subsaharienne en
général et au Cameroun en particulier, sont exposées à une mortalité précoce,
non pas en raison du phénomène normal de destruction-création dû à
l’innovation (Schumpeter, 1934), mais en raison des contraintes structurelles
qui pèsent sur ces économies. Or, plus que les grandes entreprises, les PME
sont les principales pourvoyeuses d’emplois et distributrices de revenus au
Cameroun (RGE, 2009 ; 2016). Mais qu’est ce qui peut expliquer la longévité si
peu élevé des PME ? Bien que Schumpeter (1934), a montré que le processus
de destruction création est un indicateur du dynamisme de l’activité
économique, dans le cas spécifique camerounais, la diffusion de l’innovation
que Schumpeter avait identifiée comme facteur explicatif de la transformation
du tissu industriel est lente (DSCE, 2009)9, si bien que les fermetures
d’entreprises sont vécues comme des pertes sèches.
Bien plus, Kamdem et Fouda Ongodo (2004) la gouvernance des organisations
au Cameroun tributaire de l’ethnicité est le principal facteur qui compromet la
9 Le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) souligne à cet effet que :
‘l’innovation est encore peu perceptible dans la culture camerounaise, l’insuffisance des moyens en
ressources humaines rend les activités liées à l’innovation inopérantes dans notre pays’.
98
survie et la longévité des entreprises au Cameroun. Pour autant, la concurrence
et l’environnement des affaires (St-Pierre, Foleu, Abdul-Nour et Nomo, 2015)
ne doivent pas être reléguée au second rang. L’environnement des affaires est
très évoqué par les chefs d’entreprises. Si le financement demeure un épineux
problème pour tout chef d’entreprise, l’environnement dans lequel l’entreprise
évolue doit être attractif pour le développement de ses activités. Cependant, la
question de la productivité des salariés susceptibles de prolonger la vie de la
PME, semble très peu abordée par les promoteurs-dirigeants. Pourtant,
Lesueur et Plane (1994) précisent que l’objectif de compétitivité dans le secteur
moderne en Afrique peut être accompli seulement à travers les ressources
humaines des PME. En effet, la gestion des compétences des ressources
humaines serait un avantage concurrentiel capable de faire vivre plus
longtemps l’organisation qui les emploie. (Ndedi et Goufan A Eroume, 2021)
Au Cameroun, les petites et moyennes entreprises sont soumises à une
pression concurrentielle permanente. Elles survivent en réalisant chaque année
des gains de productivité : soit en répondant à des demandes nouvelles, soit
en réduisant leurs coûts directs et leurs besoins en consommations
intermédiaires, soit les deux à la fois. La longévité des PME ne dépend plus
seulement de sa production en qualité et en quantité mais aussi de la gestion
efficace de ses savoirs et ses compétences (El Hammioui, 2019). Face à ce
contexte, dans quelles mesures la gestion des compétences des salariés peut-
elle booster la performance organisationnelle des PME? Cette étude a pour
objectifs d’analyser les politiques de gestion des compétences des salariés dans
les Petites et Moyennes Entreprises et leur impact sur la performance
organisationnelle. Partant de la recension des écrits sur la problématique, une
revue de la littérature est présentée, la méthodologie de recherche est décrite,
et les principaux résultats de l’étude empirique sont énoncés.

1. REVUE DE LA LITTERATURE
1.1 Cadres conceptuelles et théoriques de la gestion des compétences et de
la performance organisationnelle
Les PME représentent plus de 95% d’entreprises et génèrent plus de la moitié
des emplois et du PIB non agricole (Omengué et Ezé, 2007). Elles sont
considérées comme les véritables vecteurs de la création d’emplois et de
richesse économique (World Bank, 2014). Au Cameroun, les PME emploient
72,26% des effectifs permanents (RGE, 2016). Elles représentent plus de 90 %
du tissu économique du pays pour une contribution de 34 % au Produit
Intérieur Brut (PIB) demeurent un moteur de l’économie nationale, avec à leur
actif, 54 % de création d’emplois et 14 % de la valeur ajoutée globale (Mbog
Pibasso, 2020). Mais, les barrières au développement et à la survie des PME
99
sont de diverses natures, environnementales, financières et managériales
(Oirya, 2010). A ces facteurs s’ajoute une gestion des compétences peu
reluisante et qui pourrait limiter l’influence des barrières au développement et
à leur survie. Les PME camerounaises représentent environ 95 % de la
population des entreprises camerounaises et emploient plus de la moitié des
actifs (Boubakary et Moskolaï, 2017). Elles contribuent de manière significative
au PIB du pays. Mais, en dépit de leur importance, la plupart des PME sont
confrontées aux problèmes de faillite ; ce qui laisse à penser au problème de
management qui, bien que constituant une constance pour toute entreprise, est
encore plus prégnant pour la PME qui a souvent du mal à mieux canaliser les
compétences qui se trouvent en son sein.
Pour Goufan A Eroume (2021), la gestion des compétences des ressources
humaines répond au besoin qu’éprouvent les entreprises de grande taille et les
PME particulièrement au Cameroun à s’adapter aux évolutions
concurrentielles toujours plus fortes. Cette gestion prend appuie sur des
fondements théoriques et managériaux à l’échelle mondiale.

1.1.Généralités sur la gestion des compétences


Les définitions et acceptions du terme compétence sont fonction des auteurs,
des contextes d’application et des champs scientifiques privilégiés. Pour
Wallerand (2007), elle est toujours vue comme une capacité à mobiliser des
connaissances ou des qualités devant être mises en œuvre pour résoudre les
problèmes induits par la nécessité de produire et par la mission que se fixe
l’entreprise. Les compétences sont toujours liées à une tâche, une activité ou
un ensemble d’activités données. La compétence permet de résoudre des
problèmes professionnels de manière efficiente dans un contexte précis, en
mobilisant diverses capacités de manière intégrée (Enlart et Jacquemet, 2014) ;
c’est un savoir-faire opérationnel validable (Meignant, 2014).
La gestion des compétences peut être assimilée à la somme des politiques,
actions et outils permettant à une entreprise d’acquérir, de stimuler et de
réguler les connaissances et aptitudes dont elle a besoin chez ses salariés,
individuellement et collectivement compte tenu de sa mission, de ses objectifs,
de sa stratégie et de ses moyens techniques. Les premières pratiques de gestion
des compétences ont débuté dans les années 1980, dans des entreprises à la
recherche d’innovation en matière d’organisation du travail. C’est à cette
époque que le concept de compétence, en tant qu’objet de gestion est né
(Fejoux, 2013). La gestion des compétences, du moins dans ces principes
généraux apparait donc comme une réponse potentielle à de nombreux enjeux
essentiels pour l’avenir de l’entreprise autant que des individus concernés. En
pratique, la prise en compte de la compétence comme objet de gestion n’est pas
100
sous poser quelques problèmes, et sa mise en œuvre témoigne, là aussi, d’une
grande diversité, comme nous allons maintenant pouvoir le constater. Face à
cette complexité, l’entreprise met en place une stratégie afin de gérer au mieux
les compétences qu’elle détient dans le but d’élaborer une politique de gestion
adéquate à la vision de l’entreprise et pour un souci de résultat.
Bien qu’il existe plusieurs types de compétence en entreprise, les compétences
individuelles et collectives sont les plus à même d’apporter une plus-value
durable à la PME. La compétence individuelle a été progressivement explorée
principalement dans le champ de la gestion des ressources humaines et de la
sociologie du travail avec l’apparition de la ‘logique de compétence’. Elle inclut
à la fois la question de l’individu et les exigences de l’emploi. La compétence
de l’individu se développe à partir de sa qualification. Celle-ci résulte de sa
formation initiale conformée par ces diplômes et des savoirs faire
opérationnels acquis au cours de sa vie professionnelle. Chaque individu
développe une compétence propre dans le but de répondre aux mutations
(Potocki, 1997). La compétence renvoi à la capacité d’un travailleur à utiliser
conjointement des savoirs théoriques et pratiques acquis pour maitriser une
situation professionnelle et obtenir des résultats escomptés. Cependant la
compétence ne se compose pas seulement de savoirs et de savoir-faire, mais
aussi d’attitudes et de comportements. Autrement dit, du savoir être qui
permet d’utiliser efficacement ses connaissances, dans un contexte
professionnel précis.
La compétence collective quant à elle est développée avec les groupes de
projets mis en place pour répondre à des décisions stratégiques. La compétence
collective d’une organisation est autre chose et bien plus que la somme des
compétences individuelles. En effet, les compétences individuelles ne
s’additionnent pas, elle se ‘multiplient’ en synergie. L’intégration dynamique
de toutes ces compétences s’effectue grâce à une culture partagée et un savoir-
faire organisationnel collectif. La compétence collective se manifeste par la
performance globale de l’organisation pour les salaries (Jean Paul, 2002). La
compétence collective peut représenter la principale activité de l’entreprise,
qui vendra un savoir-faire collectif. Les participants mettront en œuvre leurs
propres compétences individuelles, mais en fonction des liens qui se tissent,
des relations antérieures qui lient les personnes, de leurs motivations et des
objectifs personnels, il se créera des compétences collectives propres au
groupe (Dejoux, 2013).
Trois logiques d’action sont généralement invoquées par les responsables des
Ressources Humaines pour expliquer leur démarche de gestion des
compétences.

101
Figure 1 : Les logiques d’action à la gestion des compétences
Logique
Recherche les compétences nécessaires pour répondre aux
d’amélioration
Logique d’incitation besoins
Motiver son personnel sur la valorisation des compétences
Logique d’innovation Développer l’organisation sur la base de ses compétences

Source : Piette (2004)

La logique d’amélioration, permet à un manageur de faire un état des lieux de


l'existant. La démarche consiste d'une part, de répertorier l'ensemble des
compétences requises par métiers de l'entreprise et d'autre part, les
compétences détenues par les salariés, afin d'aboutir à terme à la meilleure
adéquation entre les besoins de l'entreprise et ceux des salariés. La logique
d’incitation, aide à la mise en œuvre opérationnelle de la gestion des
compétences par les acteurs. Elle vise à développer les compétences métiers en
vue d'améliorer la performance des équipes. Elle s'inscrit dans le champ
managérial. La fonction ressources humaines s'efface devant les managers
opérationnels qui deviennent les vecteurs de la démarche et en sont les acteurs
clés. La logique d’innovation, permet le pilotage de l'entreprise dans un
environnement turbulent. Elle a pour objectif de développer le savoir-faire de
l'entreprise en incitant les salariés à dynamiser des comportements
professionnels favorisant la réussite collective. (Goufan A Eroume, 2021) Cette
logique permet de valoriser le capital humain en créant ainsi un avantage
concurrentiel unique qui favorise durablement la performance individuelle.
La gestion des compétences des salariés est intégrée à la stratégie globale de
l’entreprise et dans un environnement changeant et compétitif elle constitue
un des principaux leviers de la performance économique de l’entreprise.

1.2.Conceptualisation de la performance organisationnelle


Pour Bourguignon (1996), la performance peut revêtir trois sens:
 Le succès. De ce point de vue, chaque manager aura sa propre
représentation de la réussite. La performance sera ainsi distincte d’un
manager à un autre ou d'une entreprise à une autre. C’est une
construction sociale. Elle s’interprète selon les enjeux des différents

102
acteurs qui composent l'organisation ou qui y détiennent un intérêt
(Freeman, 1984).
 Le résultat d'une action. Dans cette acception, la performance est dénuée
de tout jugement de valeur. ‘La mesure des performances est (...)
entendue comme l'évaluation ex-post des résultats obtenus’ (Bouquin,
1986).
 Une action. Elle est un processus et non un résultat (Baird, 1986).
Ainsi, la performance désigne la réalisation des objectifs organisationnels.
(Ndedi et Goufan A Eroume, 2021) Elle est multidimensionnelle à l'image des
objectifs organisationnels, subjective et dépend des référents choisis. De même,
les deux approches ci-après apportent des explications sur les sources de la
performance organisationnelle :
 L'approche économique. Selon celle-ci, les facteurs relatifs à une bonne
gestion des ressources internes ont un apport très marginal à la
performance de l'entreprise, celle-ci étant surtout due à des facteurs
externes à l'organisation.
 L'approche organisationnelle. Dans cette approche, la performance
organisationnelle est fonction d'une parfaite association des leviers
individuels, collectifs et organisationnels. En conséquence, les écarts de
performance entre les entreprises d'un même secteur d'activité
proviennent d'une exploitation des ressources internes plutôt que d'une
adaptation de l'organisation au marché et à l'environnement. Cette
approche est confortée par la théorie des ressources internes (Resource-
Based theory) de (Barney, 1986, 1991, 1995).
Pour Bouquin (1997), la performance organisationnelle renvoie à la capacité
d’une entreprise à déterminer et à mettre en œuvre, de façon adéquate, les
stratégies, dans le cadre de ses objectifs poursuivis. De ce fait, elle comprend
trois dimensions à savoir : la productivité, l’efficience et la rentabilité. D’autres
auteurs, quant à eux identifient quatre dimensions pour définir la performance
organisationnelle: l’accomplissement de la mission de l’organisation ;
l’acquisition et le contrôle des ressources et compétences ; la délivrance de
services de qualité ; le développement et le maintien d’une culture et de valeurs
communes (Sicotte et al.1999 ; Giauque et al. 2008). En considérant l’approche
de ces différents auteurs, nous considérons la performance organisationnelle
comme la manière dont une entreprise est organisée pour atteindre un objectif
et la façon dont elle parvient à l’atteindre.

103
1.3.Lien théorique entre la gestion des compétences du personnel et la
performance organisationnelle
Depuis le développement d'une approche stratégique des ressources humaines
avec la RBV (resource based view of the firm), la contribution du capital humain à
la performance des entreprises est généralement admise. Face à
l'imprévisibilité des changements environnementaux notamment
l’intensification de la concurrence et les progrès technologiques incessants, la
fonction RH au même titre que les autres fonctions de l'entreprise doit
contribuer davantage à la performance de l'entreprise, pour la pérenniser (Le
Louarn et Wils, 2001). Cependant les moyens d'y parvenir sont fonction des
représentations managériales dans un contexte donné, de l’importance
accordée au lien entre l’efficacité des ressources humaines et la performance
organisationnelle, et de la politique de gestion des compétences mise en œuvre.
Le développement de la logique ‘gestion des compétences’ est étroitement
associé à un déplacement de la conception de la performance en général et plus
particulièrement de la performance au travail. Revenant sur l’origine de sa
réflexion sur les compétences, Zarifian (1997) souligne le déplacement des
formes de performances et de leur rapport au travail. Ainsi les PME de
l’ameublement enquêtées par l’auteur dès le milieu des années quatre-vingt ‘
[…] vivaient leur entrée dans une période de forte montée de la
complexification de leur production et dans une zone de turbulences et
d’incertitudes’. L’intelligence, la performance et la prise d’initiative deviennent
alors les qualités nécessaires chez les salariés. Son attitude et son engagement
qui doivent être orienté vers la compétence. Cette capacité à mobiliser les
salariés et à modifier leur engagement au travail doit être l’un des premiers
critères d’appréciations de la portée réelle de la gestion de la compétence sur
le plan de la performance productive.
L’objectif de la gestion des compétences consiste à introduire une relation
dialectique entre les compétences des salariés et l’organisation. Les
compétences ne font que s’adapter à l’organisation, leurs gestions tel une
ressource, est susceptible de transformer positivement les organisations et
d’introduire un surcroît de performance économique (Zarifian, 1997).
L’entreprise est de plus en plus considérée comme un ‘possesseur de
connaissances’ (Cohendet et Llerena, 1999) ou comme ‘dépositaire’ de
connaissance et de compétences, c’est-à-dire comme un lieu où des
connaissances se forment, sont mises en œuvre, conservées, diffusées et
développées (Azoulay et Weinstein, 2000). Ces connaissances internes sont
considérées, selon plusieurs courants théoriques, comme des éléments
centraux de la performance des firmes. C’est par exemple le cas des théories
fondées sur les ressources et les compétences issues du champ du management
104
stratégique. Schématiquement, ces ressources, combinées au sein de la firme,
possèdent un caractère fortement idiosyncrasique. Elles peuvent ainsi être
définies comme actifs spécifiques, tangibles ou intangibles, de la firme, Les
compétences les plus critiques reposent sur les capacités. Ces dernières sont
développées en interne par la firme et possèdent un caractère collectif et
organisationnel marqué (Durand et Quelin, 1999 :56).

2. METHODOLOGIE
Pour notre étude nous avons utilisé deux méthodes, la méthode qualitative et
quantitative. En ce qui concerne nos outils de collecte de données, nous avons
opté pour un questionnaire à questions fermées et un guide d’entretien à
travers un entretien semi-ouvert pour laisser le choix à l’enquêté de répondre
aux questions en le recadrant.

2.1.Echantillonnage
La loi N° 2015/010 du 16 juillet 2015 distingue trois types de PME au
Cameroun à savoir la Très Petite Entreprise (TPE), la Petite Entreprise (PE) et
la Moyenne Entreprise (ME). L’encadré suivant donne les caractéristiques
spécifiques définissant chaque catégorie de PME en termes du chiffre d’affaire
et d’effectif employé.

Tableau N° 1 : Classification des entreprises selon la loi N° 2015/010 du


16 juillet 2015
Les PME regroupent trois types d’entreprises :
 Très Petite Entreprise (TPE) est une entreprise ayant au plus 5 employés et dont le
chiffre d’affaires est de moins de 15 millions de FCFA ;
 Petite Entreprise (PE) est une entreprise dont l’effectif des employés est compris entre
6 et 20 et, ayant un chiffre d’affaires compris entre 15 et 250 millions de FCFA ;
 Moyenne Entreprise (ME) est une entreprise dont l’effectif des employés est compris
entre 21 et 100 et ayant un chiffre d’affaire supérieur à 250 millions et inférieur ou égal
à 3 milliards de FCFA.

Source : nos soins


Dans le souci d’analyser les politiques de gestion des compétences des salariés
dans les Petites et Moyennes Entreprises et leur impact sur la performance
organisationnelle, nous avons constitué un échantillon de 30 PME ayant un
effectif du personnel compris entre 20 et 100 employés. Ces PME implantées
dans les villes de Douala et Yaoundé, où sont concentrées près de 60 % des
entreprises du pays ont au total 1182 salariés. Les deux tiers des entreprises de
notre échantillon (66 %) proviennent du secteur industriel et 34 % du secteur
commercial. Au départ notre échantillon était constitué de 50 PME. Après avoir
105
éliminé les questionnaires non exploitables, l’échantillon s’est réduit à 30. Soit
un taux de réponse de plus de 60 %. La collecte de données a eu lieu au cours
de l’année 2020.

2.2.Méthode d’analyse des résultats


Concernant la méthode d’analyse des résultats nous avons choisi l’analyse de
contenu et test khi deux. L'analyse de contenu est une technique d'étude
détaillée des contenus de documents. Elle a pour rôle d'en dégager les
significations, associations, intentions... non directement perceptibles à la
simple lecture des documents. Elle a aidé à faire ressortir les grandes tendances
qui se dégageaient des résultats obtenus.
Le Test de Khi deux (χ2) quant à lui, porte sur le test d’indépendance à base
d’un tri- croisé.
Ce dernier s’articule en quelques étapes :
 Les Hypothèses :
o H0 : L’évaluation du personnel, la gestion prévisionnelle des
emplois et des compétences (GPEC), la formation
professionnelle améliorent la compétence individuelle et
collective des salariés;
o Hα : Une politique de gestion des compétences axée sur
l’évaluation du personnel, la GPEC et la formation
professionnelle impacte positivement et durablement la
performance organisationnelle.
 Sélectionner un échantillon aléatoire et enregistrer les effectifs
observés (n) pour chacune des cellules de la table de contingence ;
(ni .  n. j )
 Déterminer les effectifs attendus ou théoriques nij = ;
n
 Spécifier le seuil de signification (α) ;
(n  nij ) 2
 Calculer la statistique de test qui est donnée par la χ2 =  i j nij
;

 Règles de rejet d’une hypothèse : Approche par la valeur p : si p ≤ α


rejeter H0 ; approche par la valeur critique si χ2Calculé > χ2 [α , (n ‫־‬1) (m‫ ־‬1)] ;
alors, on peut rejeter H0 avec : α = seuil de signification ;
(n ‫־‬1) (m‫ ־‬1)= degré de liberté,
c = nombre de modalité de la variable 1 et
l = nombre de modalités de la variable 2.

106
3. Résultats et discussion
3.1.Présentation des résultats par l’analyse de contenu
La présentation des résultats se fera autour de deux grands axes : les outils de
développement des compétences utilisés et impact de la gestion des
compétences sur la performance des employés.

Figure 1 : Outils de développement des compétences utilisés dans les


PME
Outils utilisés pour le developpement des compétences

Plan de developpement individuel


GPEC
Formation professionnelle
Evaluation des compétence
Référentiel de compétences
0 5 10 15 20 25 30 35
Plan de
Référentiel de Evaluation des Formation
GPEC developpement
compétences compétence professionnelle
individuel
NON 30 3 30 30
OUI 27 30

Source : nos soins


Les résultats de l’enquête effectuée sur les outils de développement des
compétences utilisés au sein des PME démontrent que la formation
professionnelle et l’évaluation des compétences sont les seuls outils utilisés.
Les 3 réponses négatives à la rubrique ‘évaluation des compétences’
correspondent aux dirigeants qui n’évaluent pas leur personnel.
Figure 2 : Impact de la gestion des compétences sur la performance des
employés
Impact de la gestion des compétences sur la performances des
employés
20 80%
18 70%
16
60%
14
12 50%
10 40%
8 30%
6
20%
4
2 10%
0 0%
Absolument partiellement Pas du tout

Source : nos enquêtes

107
Les résultats des enquêtes effectués sur les outils de gestions des compétences
individuelles et leur impact sur la performance organisationnelle démontrent
que la gestion des compétences mise en place par l’organisation a un impact
certain sur la performance des employés. Selon le graphique sur 30 enquêtés,
27 réponses parmi lesquelles 11% des enquêtés ont affirmé être satisfait de la
politique de gestion des compétences en place car les employés arrivent à
atteindre les objectifs fixés par l’entreprise. 22% sont partiellement satisfait, et
30 % restants ne le sont pas.

3.2. Présentation des résultats par l’analyse par le test Khi deux
3.2.1. Informations des effectifs enregistrés (n)
Nous avons enregistré sur le terrain un effectif de 30 enquêtés sur les 50
attendu.
Tableau N°2: Table de contingence
Performance Compétence Compétence Total
organisationnelle individuelle collective
Formation 30 30 20 80
professionnelle
GPEC 25 21 18 64

Evaluation 28 25 25 78
des compétences
Total 83 76 63 222

Source: nos soins


(ni .  n. j )
3.2.2. Détermination des effectifs théoriques nij =
n

Tableau N°3 : Tableau des effectifs théoriques (nij)


Performance Compétence Compétence Total
organisationnelle individuelle collective

Formation 29,90990991 27,38738739 22,7027027 80


professionnelle
GPEC 23,92792793 21,90990991 18,16216216 64

Evaluation 29,16216216 26,7027027 22,13513514 78


des compétences
Total 83 76 63 222

Source: nos soins


Le seuil de signification est de 0,05

108
(n  nij ) 2
3.2.3. Calcul de la statistique de test X² = i j nij

Calcul de X² calculé : x²= (30-29,9)²/29,9 + (30-27,38)²/27,38 + (20-22,7)²/22,7 +


(25-23,92)²/23,92 + (20-21,9)²/21,9+ (18-18,16)²/18,16 + (30-29,16)²/29,16 + (25-
26,7)²/26,7 + (25-22,13)²/22,13
X² calculé = 1,29
 Calcul de X² lu : [Ω, (m-1) (n-1)]
X² = [0,05 ; (3-1) (3-1)] = (0,05 ; 4)
X² lu = 0,0039
Si X² calculé > X² lu alors H1 (L’évaluation du personnel, la gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences, la formation professionnelle
améliorent la compétence individuelle et collective des salariés) est rejetée,
ainsi nous retenons H2 (une politique de gestion des compétences axée sur les
outils spécifiques impacte positivement sur la performance organisationnelle).
Le khi deux nous a permis de retenir la seconde hypothèse à savoir: une
politique de gestion des compétences axée sur les outils spécifiques impacte
positivement sur la performance organisationnelle. Au vu de ce résultat, nous
pouvons dire que les enquêtés ont une vue d’ensemble sur les différents outils
de développement et de gestion des compétences de leurs salariés. Quant au
rejet de la première l’hypothèse, celle-ci est dû au fait que l’utilisation des outils
n’est pas encadrée dans une politique.

4. DISCUSSION DES RESULTATS


Cette recherche a porté sur la relation entre la politique de gestion des
compétences (individuelle et collective) et la performance organisationnelle de
l’entreprise. Les résultats de l’analyse du modèle de recherche montrent
l’existence d’un lien significatif entre ces deux dimensions. Ce résultat a déjà
été souligné par quelques études empiriques (Ballot, Fakhfakh et Taymaz,
2001; Le Boulaire et Retour, 2008; Achouak et al, 2017); Boubakary et Moskolaï,
2017; El Hammioui (2019).
En ce qui concerne cette recherche, les résultats ont abouti à un rejet de
l’hypothèse H1 du test Khi deux (L’évaluation du personnel, la gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences, la formation professionnelle
améliorent la compétence individuelle et collective des salariés) mais valider
l’hypothèse H2 (une politique de gestion des compétences axée sur les outils
spécifiques impacte positivement sur la performance organisationnelle).
Le rejet de l’hypothèse H1 est dû au fait que la gestion des compétences ne fait
pas encore l’objet d’une stratégie dans les PME. La formation professionnelle

109
et l’évaluation des compétences sont les outils de développement des
compétences utilisés par les dirigeants-propriétaire sans toutefois être adossé
à une stratégie. Ce résultat vient confirmer que la gestion par les compétences
est une stratégie générale créée par la direction d’une organisation pour
expliquer les compétences individuelles et collectives qui lui sont
indispensables actuellement ainsi que dans le futur (Pemartin, 1999).
En validant l’hypothèse H2, cette étude démontre qu’il y’a un lien significatif
entre la politique de gestion des compétences (individuelle et collective) et la
performance organisationnelle des PME. Cette relation repose sur la stratégie
mise en œuvre. A la suite des travaux de Penrose (1965), Wenerfelt (1984),
Prahalad et Hamel (1990), Barney (1991), Colbert (2004), Collis et Montgomery
(1995), Grant (1991), le lien entre stratégie et compétences a été étudié ;
l’approche « Resource Based View » y est consacrée. D’après celle-ci, le capital
des compétences individuelles et collectives détenues par une entreprise est un
avantage concurrentiel qui devrait faire l’objet d’une politique de gestion afin
d’être un levier de performance organisationnelle. Vu les spécificités des PME
camerounaises la politique de gestion des compétences requises
stratégiquement devrait suivre l’approche ‘top-down’.
Bien que les dirigeants-propriétaires des PME enquêtées n’aient pas de plan de
formation, ils utilisent néanmoins la formation professionnelle comme moyen
de développement des compétences. Les formations sont mises en œuvre à
travers le coaching des supérieurs hiérarchiques et parfois même entre
collègues. La formation devient un outil ouvert au modèle de gestion par la
compétence. La mise en action d’une logique de compétence
doit s’accompagner d’une politique de formation appropriée (Zarifian, 1998).
Dans ce contexte, la gestion des compétences a entrainé une nouvelle logique
de gestion au niveau des pratiques de GRH, qui se sont, ostensiblement,
métamorphosées grâce, notamment, à la pratique de la formation (Achouak et
al, 2017).
A l’analyse, la validation de la validation de l’hypothèse corrobore les résultats
des travaux de Le Boulaire et Retour, (2008) qui ont mis en évidence les
relations entre la gestion des compétences, la stratégie des entreprises et leurs
performances. L’objectif de leur étude est d’examiner l’impact des pratiques
de gestion des compétences individuelles dans une perspective d’alignement
stratégique au sein de plusieurs entreprises françaises sur la performance
organisationnelle. Il résulte de leur étude que ‘si la fonction RH dans la
majorité des cas est concentrée sur la gestion des compétences individuelles
dans une perspective d’alignement stratégique, plusieurs tentatives
démontrent le besoin d’investir des dimensions supplémentaires des
compétences (collective, stratégique, de réseaux) traduisant ainsi la volonté des
110
directions d’entreprises de mieux gérer leurs actifs intellectuels et
organisationnels’. Ça va aussi dans le même sens que la recherche de
Boubakary et Moskolaï (2017) qui notent que ‘les combinaisons de ressources,
les compétences collectives et la capacité d’innovation influencent
significativement et positivement la performance organisationnelle des PME’.
Ils ont réalisé une étude sur un échantillon composé de 109 PME qui exercent
dans le secteur du commerce, de l’industrie et de service au Cameroun. Cette
étude contribue à enrichir la connaissance théorique et empirique que l’on a
du rôle des compétences et capacités organisationnelles des PME sur leur
performance. Par les résultats obtenus, ces chercheurs confirment que : la
combinaison de ressources augmente la performance organisationnelle ; Les
compétences collectives influencent positivement la performance
organisationnelle, et enfin que la capacité d’innovation de l’entreprise
influence positivement sa performance organisationnelle, si l’entreprise
investie sur le développement des compétences de son personnel. Il s’agit alors
d’un investissement indispensable pour renforcer les compétences des salariés
(Gaha, 2010). Plus le pourcentage des salariés formés est élevé, plus le niveau
de compétences de ces salariés dans l’organisation augmentera (cité par
Achouak et al, 2017). Au vu de cela, la gestion des compétences des salariés via
la formation est devenue une activité stratégique qui créant de ce fait un
avantage concurrentiel essentiel à l’entreprise (Arcand, 2006). Celle-ci est
devenue en association avec l’évaluation du personnel un atout pour la
pérennité et la continuité de la performance organisationnelle de l’entreprise.
Par ailleurs, dans l’objectif d’examiner l’impact du capital humain au cours du
processus de formation sur la productivité des entreprises françaises et
suédoises (échantillon de 500 entreprises françaises et 1182 entreprises
suédoises) Ballot, Fakhfakh et Taymaz (2001) ont observé dans leurs travaux
une relation positive entre la formation et la performance organisationnelle. Ils
ont ainsi observé une relation positive entre la formation et la valeur ajoutée
pour une meilleure performance organisationnelle. Malgré l’absence de
politique formelle, les dirigeants des PME de notre échantillon ont pour
objectifs de rendre leur personnel compétent, de favoriser une bonne relation
entre collègue et d’optimiser la performance. L’enquête révèle que l’évaluation
se déroule pendant et après l’exercice d’une tâche par le collègue-apprenant au
sein des PME du secteur industriel. L’objectif de ce type d’évaluation laisse au
formateur d’apprécier la mise en œuvre des connaissances acquises par le
concerné lors de la formation. Son intérêt est de pouvoir jauger le savoir et le
savoir-faire après la formation. La politique d’évaluation est telle que
l’employé qui a suivi une formation sur le terrain est évaluée pendant et ou

111
après la formation. Tandis que ceux qui n’ont pas suivi de formation ont des
évaluations hebdomadaires, mensuelles et annuelles.
Au final, il en ressort de ces analyses que la gestion des compétences ne fait
pas encore l’objet d’une véritable stratégie dans les PME. Dans ce contexte, la
performance organisationnelle des entreprises repose sur la capacité des
dirigeants ou des managers à mobiliser des outils RH spécifiques et gérer
stratégiquement les compétences. Ce modèle a pour préalables la formulation
de la stratégie de groupe (corporate strategy) et de la stratégie concurrentielle.
Ces deux préalables étant posés, il est demandé à la fonction RH d’identifier
les compétences requises qui serviront de support à la stratégie. Dans ce cadre,
le manager des RH définit son propre plan stratégique lui permettant de
s’assurer que les compétences requises seront disponibles au bon moment lors
de la mise en œuvre des stratégies de groupe et concurrentielles. Le Balanced
Score Card (BSC) servira de méthode pour décliner les buts stratégiques en
objectifs concrets (Gilbert, 2007) afin de rechercher un « alignement vertical10 »
des outils RH mobilisés (Gratton et Truss, 2003). Le cœur de la théorie de la
ressource est de constater que les entreprises sont différentes et ne sont pas
dotées des mêmes actifs ni des mêmes ressources mais surtout de souligner
comment des capacités organisationnelles distinctes permettent à certaines de
construire des avantages concurrentiels significatifs et durables (Amit et
Schoemaker, 1993). Les différentes réflexions des chercheurs de ce modèle ont
permis à la stratégie fondée sur les compétences dans le prolongement de ce
courant d'évoluer vers la théorie des compétences (Ramel et Reene, 1994;
Sanchez, Reene et Thomas, 1996a, Reene et Sanchez, 1997).

CONCLUSION
L’objectif de cet article était de démontrer que la politique de gestion des
compétences du personnel impacte la performance organisationnelle des PME.
A travers la mobilisation d’une revue de littérature, nous avons pu constater
que celle-ci est un levier important de la performance organisationnelle.
Partant de la recension des écrits sur la problématique, une revue de la
littérature est présentée, la méthodologie de recherche est décrite, et les
principaux résultats de l’étude empirique sont énoncés.
Il ressort à la suite de notre étude qu’une politique de gestion des compétences
du personnel adossé à une stratégie et sur des activités RH alignées, telles que
la formation professionnelle et l’évaluation des compétences, etc. influencent

10 L’alignement vertical est souvent complété par la recherche d’un alignement horizontal qui
vise à la cohérence d’ensemble des divers instruments RH mobilisés par une entreprise. Certains
auteurs parlent de contingence externe et interne.

112
positivement et durablement la performance organisationnelle. La formation
continue et l’évaluation des compétences, élaborées stratégiquement sont ainsi
mobilisées par les managers pour atteindre la performance organisationnelle.
Dans un contexte dynamique perpétuel, la performance organisationnelle des
PME repose non seulement sur la capacité de leurs dirigeants à mobiliser des
outils RH spécifiques pour accompagner le développement et la gestion des
compétences du personnel mais aussi par l’alignement stratégique desdits
outils.

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