Vous êtes sur la page 1sur 11

les focus

techniques de l’ingénieur

Un autre regard
sur l’innovation Extrait

État des pratiques et des modèles organisationnels dans les grandes entreprises
Charles Cuisinier, Émilie Vallet, Gwenola Bertoluci, Danielle Attias, Bernard Yannou
janvier / 2012
so
M
M
AIRE

• préface
Faut-il opposer Innovation
incrémentale et Innovation de rupture ? P 4 / 5

• L’ENTREPRISE EST INNOVANTE OU N’EST PAS P 6 / 9


Une posture d’observateur sans a priori
Logica Business Consulting a
souhaité établir un état des lieux de la
performance de l’innovation dans les
grandes entreprises françaises, plutôt
à caractère industriel. Pour aborder ce
sujet avec l’œil de l’ingénierie, Logica
Business Consulting s’est tournée vers
l’École Centrale Paris. L’étude a duré
10 mois dont 3 mois de préparation
des interventions sur le terrain, 4 mois
de rencontres et d’interviews en vis-à-
vis, et 3 mois d’analyse et de synthèse.
Il existe différentes démarches
d’enquête. L’une, fondée sur des
questions fermées, pourrait être qualifiée de “positiviste” ; une autre,
fondée sur des questions exclusivement ouvertes, serait plutôt qualifiée
de “constructiviste”. En s’en tenant à ces démarches “classiques”, nous
courions le risque de produire soit un modèle trop directif – et donc
contestable car construit a priori – soit un cadre interprétatif trop large,
dont les conclusions, entièrement construites par l’enquêteur, pouvaient
également être contestées.
Aussi avons-nous choisi une posture originale. Nous l’avons construite à
partir de questions de base, portant sur des domaines de management
dont nous pensions qu’ils pouvaient être importants en matière
d’innovation. Nous les avons confrontées au réel dans notre enquête
de terrain, en acceptant de nous situer dans un rapport d’étonnement.
Il s’agissait de privilégier la compréhension des mécanismes ou des
situations d’innovation sans un modèle interprétatif construit a priori,
ainsi que de privilégier le point de vue des entreprises sur l’efficacité
perçue de leurs pratiques dans le contexte qui est le leur.
En effet, tout en progressant dans notre enquête, notre conviction s’est
renforcée que fournir des clefs de compréhension des situations était
préférable à toute autre forme de production scientifique. Cette approche
permettra aux entreprises de se situer elles-mêmes par rapport aux
autres ou à leur secteur d’activité, et de tirer des enseignements actuels
qui leur seront propres et spécifiques.

éMILIE vALLET, Logica Business Consulting.

Ce dossier vous est offert par les éditions Techniques de l’ingénieur.


Il s’agit d’un extrait de l’étude « Un autre regard sur l’innovation ».
Pour commander l’étude complète et ses conclusions, rendez-vous
en page 10 de ce document.
les focus
techniques de l’ingénieur

PRéface

Faut-il opposer Innovation


incrémentale et Innovation
de rupture ?

Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.techniques-ingenieur.fr


Un autre regard sur l’innovation

Le budget 2011 des États-Unis fait la part belle à des secteurs programmés (énergie, transports) largement
l’enseignement et à la recherche alors que l’ensemble des favorisés par une politique centralisée de l’innovation.
autres dépenses a généralement subi un gel. En pleine Désormais, le renforcement du potentiel de croissance
crise, le fait que ce budget croisse de plus de 30 % reflète de l’Europe nécessite de promouvoir l’innovation des
la conviction américaine selon laquelle l’enseignement et entreprises et l’enseignement supérieur pour sortir d’un
l’innovation sont les moteurs de sa croissance. développement jusqu’à présent trop basé sur les innovations
L’Europe en revanche ne fournit pas autant d’effort en incrémentales. On observe en effet qu’à mesure qu’une
matière d’enseignement supérieur alors que l’enjeu est économie s’approche de la frontière technologique mondiale,
identique. Il consiste à élever son niveau de capital humain une nouvelle priorité doit être donnée à l’enseignement
afin d’offrir la population qualifiée nécessaire pour la supérieur pour que les efforts déployés par les entreprises
Recherche et le Développement des entreprises. Le lien en matière d’innovation ne soient pas vains. Le retour à un
entre enseignement et progrès technique réside dans le rythme soutenu de croissance de la productivité en France
fait que le niveau d’enseignement affecte la croissance passera par la capacité de son économie à exploiter les
à long terme en impactant la vitesse d’adaptation aux opportunités technologiques offertes par les TIC, les bio et
changements technologiques. les nanotechnologies…
Ce retard européen se double d’un effort d’investissement Or cette capacité à produire des innovations de rupture
en Recherche et en Développement trop faible. Alors que repose sur des institutions qui ne sont pas les mêmes que
la zone Euro a du mal à atteindre les 2 % de PIB alloués à celles ayant soutenu le développement des innovations
la Recherche et Développement, les États-Unis ou même incrémentales en Europe. Concrètement, l’innovation
la Suède ont déjà dépassé ce seuil. L’objectif de Lisbonne, incrémentale est plutôt favorisée par des investissements de
fixé en 2000, qui consistait à atteindre 3 % de Recherche et long terme dans des entreprises de grande taille bénéficiant
Développement en 2010, a dû être repoussé à 2020 sans de crédits bancaires. Au contraire, l’innovation de rupture
que toutes les leçons de ce raté n’aient été tirées. doit requérir plus d’initiatives et davantage de prise de
À ce propos, rappelons que les deux tiers de l’objectif risque. Un pays qui veut produire des innovations de rupture
devaient être remplis par les entreprises privées – le restant doit par conséquent favoriser les institutions basées sur le
par les États – dans lesquelles le nombre de chercheurs est marché et sa flexibilité, et permettre l’entrée de nouvelles
deux fois plus faible qu’aux États-Unis. firmes (start-up, PME-PMI).
Avec une vision et du courage pour construire à long terme,
Il convient également d’opérer une distinction entre
ces recommandations sont réalisables en Europe.
innovation de rupture et innovation incrémentale, car elles
À ce titre, les tentatives récentes de rapprochement de
n’ont pas les mêmes effets sur le taux de croissance. La
laboratoires des universités et de centres de Recherche et
première renforce la croissance de long terme : c’est la
Développement des entreprises qui ont lieu en Europe (en
stratégie des États-Unis décrite plus haut. La seconde
France à travers les LABEX) semblent positives.
permet un rattrapage économique, c’est-à-dire une
croissance temporaire plus forte. C’est ce qu’a fait l’Europe,
qui a rattrapé son retard de productivité par rapport aux États- PASCAL DA COSTA
Unis sur la période 1945-1970, grâce à un effort important Économiste et enseignant chercheur
dans l’enseignement primaire et secondaire ainsi que dans École Centrale Paris

5
les focus
techniques de l’ingénieur

L’ENTREPRISE
EST INNOVANTE OU N’EST PAS
La quasi-totalité des entreprises que nous avons rencontrées se perçoivent comme “innovantes” ou “très
innovantes”. Elles ne sont pas toutes d’accord sur le sens du mot “Innovation”, mais elles partagent son
but : créer de la valeur et, pour cela, rencontrer un marché et répondre à un besoin des clients.
Toutefois, la capacité de l’entreprise à produire de l’innovation ne dépend pas seulement de son activité
de Recherche et Développement. Stratégie d’innovation, animation du processus d’innovation, espace de
liberté laissé ou non aux apporteurs d’idées innovantes sont autant d’aspects qui contribuent à la transfor-
mation de l’innovation en valeur pour l’entreprise et pour ses clients.
Dans ce contexte, nous avons cherché à savoir s’il existait des variants et des invariants dans les pratiques
d’innovation, qui caractériseraient certains types d’entreprises ou certains secteurs.

L’innovation au cœur de l’ADN de toute entreprise Auto-évaluation de la capacité d’innovations


(nombre d’entreprises)
La quasi-totalité des entreprises interrogées (93 %) se consi-
dèrent comme “innovantes” ou “très innovantes” aujourd’hui
et toutes pensent qu’elles le seront demain. Peu d’entre-
prises se présentent spontanément comme “peu à moyen-
nement innovantes”. Elles parviennent à l’expliquer, en ce qui
concerne le passé, soit par la nature de leur activité (entre-
prise de processus, qui ne produit pas la technologie utilisée
dans ses processus), soit par leur position sur la chaîne de
Aujourd’hui
valeur qui fait que l’innovation qu’elles contribuent à mettre
sur le marché est faite en majeure partie par d’autres, essen-
tiellement leurs fournisseurs.

Nous constatons un décalage entre cette première percep-


tion affichée et l’analyse plus fouillée de la capacité réelle
d’innovation qui peut s’expliquer, d’une part, par la fierté nor-
male d’appartenance de l’interlocuteur rencontré à son en- Demain
treprise – surtout quand elle occupe une position de leader
dans son secteur – et d’autre part, par le concept même “d’in- Moyennement innovante
novation”, qui recouvre des acceptions et des réalités très Innovante
différentes selon les secteurs et les entreprises rencontrées. Très innovante

Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.techniques-ingenieur.fr


Un autre regard sur l’innovation

l’innovation “incrémentale” ou la réponse à des besoins


La création de valeur : client par le développement de nouveaux produits, basés
sur des technologies et/ou des processus déjà maîtrisés,
point commun à toutes les déf initions
relève de l’ingénierie de développement, pour ne pas dire
de l’innovation de la “vie courante” des affaires !
Deuxièmement celles qui ne font pas cette distinction. Elles
Le terme “innovation” est fréquemment employé dans les englobent dans le terme “innovation” tout ce qui est nouveau,
entreprises et dans les médias, mais en établir un sens indépendamment du caractère plus ou moins disruptif de
partagé par tous demeure un exercice délicat. la nouveauté, et qui crée de la valeur lors de sa mise en
En effet, l’innovation est polysémique tant par la diversité œuvre en interne (nouveau processus de conception ou
des sciences et des métiers qui s’y intéressent que par la de fabrication comme, par exemple, la conception et le
variabilité des périmètres pris en compte dans les définitions maquettage numériques dans l’aéronautique) ou lors de sa
qui lui sont consacrées. mise sur le marché. À titre d’exemple, chez un industriel
Pour nos interlocuteurs, l’innovation est clairement en qui fait partie du peloton de tête de son secteur, très
relation avec l’origine étymologique du mot. En témoignent concurrentiel et atomisé, l’innovation est majoritairement
les mots “nouveau” et “nouveauté” cités dans de nombreux localisée dans les divisions produits et fortement centrée
entretiens. Dans la quasi-totalité des cas, la “nouveauté” sur le développement de produits répondant à des besoins
est associée aux concepts de “mise sur le marché” et de clients qui évoluent en permanence.
“création de valeur” pour l’entreprise et pour le client1. Pour les entreprises qui ne produisent pas directement de la
Une innovation ne se limite donc pas à une idée nouvelle, technologie, l’innovation concerne plutôt l’organisation, les
à de la production de connaissances, à la maîtrise d’une usages du produit, les services offerts, éventuellement la
technologie ou d’un processus, au dépôt de brevets, etc., mise en œuvre de nouveaux business models.
même si ces éléments y contribuent.
Les formes d’innovation sont évidemment “multiples” : « L’innovation de rupture diffère le plus
innovation dans le produit (performances accrues), de souvent de la simple rupture technologique dans
processus, sous forme de service, dans l’usage du produit
ou du service, d’organisation (nouveau canal de distribution, les produits et processus existants. »
nouvelle organisation industrielle pour la production), sous Prenons l’exemple du secteur de la grande distribution et
forme de business model. Cette diversité se retrouve dans de la consommation courante. Au cours des 20 dernières
l’échantillon de l’enquête. années, les entreprises ont beaucoup investi dans leurs
Cependant, une distinction assez nette s’établit entre marques de distributeurs, dans lesquelles, toutefois,
les entreprises qui “produisent de la technologie” produit l’innovation produit est portée principalement par les
et/ou processus, typiquement les secteurs aérospatial, fournisseurs. Elles se trouvent aujourd’hui confrontées à
automobile, pharma–chimie, et NTIC (à des degrés des évolutions sociétales, telles que le vieillissement de la
divers pour ce dernier), et celles qui, soit n’utilisent pas population qui change les habitudes de consommation, à
la technologie de façon intensive, tels que les secteurs la pression environnementale, qui incite à la limitation des
de la grande distribution – consommation courante et déplacements tant des produits que du client, aux nouveaux
construction soit réunissent des entreprises de processus canaux de vente arrivés à maturité tels qu’Internet, etc.
utilisant principalement des technologies produites par Ces évolutions les amènent à développer de nouvelles
d’autres, comme dans le secteur Energy & Utilities. Ce gammes de produits et services, de nouveaux schémas
dernier cas n’exclut cependant pas de la Recherche et du de distribution (vente à distance, montée en puissance des
Développement sur les processus d’utilisation de produits réseaux spécialisés et de proximité, changement de format
innovants créés par d’autres. des magasins…) et une meilleure connaissance des clients
Les entreprises qui “produisent de la technologie” sont et de l’usage qu’ils ont des produits offerts. Dans le secteur
segmentées en deux groupes. Premièrement celles Energy & Utilities, les grands producteurs d’électricité sont
dans lesquelles nos interlocuteurs parlent d’innovation confrontés à la montée en puissance du concept de “smart
uniquement quand il y a rupture. grid”. Celui-ci doit tenir compte de la multiplication des
Cette innovation est le plus souvent réalisée par les
1 - Un seul interlocuteur a récusé la notion de rencontre entre l’innovation
départements de Recherche et Technologie situés en
et le marché, au motif que dans son secteur le temps de gestation
amont de la Recherche et du Développement, avec un écart d’une innovation de rupture est particulièrement long et que cette lon-
de performance technique du produit ou du processus très gueur implique que l’on ne puisse garantir que l’innovation engagée
significatif par rapport à l’existant. Dans ces entreprises, rencontrera in fine un marché.

7
les focus
techniques de l’ingénieur

producteurs intermittents d’énergie renouvelable et de la au périmètre que nous avons retenu pour cet ouvrage,
part croissante de ce type de production, qui ne sera plus nous choisissons la définition donnée par l’OCDE dans sa
marginale dans les prochaines décennies. Cela leur impose troisième édition du Manuel d’Oslo (2005), qui synthétise
de repenser leurs systèmes de gestion de l’équilibre “offre- ses différentes dimensions :
demande” et de pilotage des réseaux. “Une innovation est la mise en œuvre d’un produit (bien
Ils doivent aussi revoir leurs modèles de relations ou service) ou d’un processus nouveau ou sensiblement
commerciales avec des tiers, qui peuvent être à la fois des amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation
clients et des fournisseurs dans un écosystème où des ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les
solutions de stockage et de vente à la pointe voient le jour. pratiques de l’entreprise, l’organisation du lieu de travail ou
L’innovation nécessaire ici ne concerne pas directement les relations extérieures”3.
les technologies et les processus de production d’énergie, Nous ajoutons simplement la notion de “création de valeur”
plutôt affaire des grands équipementiers. Elle concerne (dont la valeur économique) associée à la mise en œuvre
le business model tout entier et les outils de gestion de l’innovation. C’est le critère d’identification de l’innovation
de ce dernier, qui sont bouleversés par les évolutions “réussie” le plus invoqué par nos interlocuteurs.
technologiques et environnementales. Cette définition sous-entend que l’innovation introduite
Ces quelques exemples, issus d’entreprises ayant participé par une entreprise est un changement majeur dans les
à l’enquête, montrent que le concept d’innovation est caractéristiques d’un produit, d’un service, d’un processus
pluriel mais ils montrent également, plus spécialement ou d’une organisation qui peut être, ou non, perçu par
dans les entreprises “productrices de technologie”, une le client direct ou l’utilisateur final. Ainsi, l’usage d’un
réelle difficulté à penser la rupture autrement qu’en termes nouveau processus de fabrication peut conduire à doter un
de rupture technique dans les produits ou les processus produit de caractéristiques inédites sur le marché. Il peut
que l’on maîtrise aujourd’hui. Or l’innovation de rupture également permettre la mise sur le marché d’un produit
implique le plus souvent de rompre avec ce que l’on connaît rigoureusement identique à ce qui existait déjà, mais avec
et surtout, avec ce qui a généré l’essentiel des revenus une qualité plus robuste, à un coût de revient moindre,
passés. Les grandes entreprises y sont le plus souvent mal sans que soit perceptible pour ses clients un changement
préparées. C’est ainsi que Microsoft a refusé en 2009 un de matériau/matière, de fonctionnalité ou de service. De
modèle prometteur de tablette proposé par ses chercheurs plus, cette approche implique que les changements de
au motif qu’il n’était pas construit sur une plate-forme pratiques organisationnelles au sein des entreprises,
Windows. On connaît la suite et le succès foudroyant de ou entre l’entreprise et ses partenaires dans le concept
l’iPad d’Apple qui a inventé un nouveau segment de marché. d’entreprise étendue, relèvent également de l’innovation.
Le paradoxe de cette situation vient du fait que l’innovation Ces changements peuvent alors avoir pour objectifs aussi
de rupture – liée le plus souvent à une révolution dans les bien d’accroître l’offre de produits et de services innovants
usages – est souvent bien moins coûteuse que l’innovation que d’améliorer l’efficience des entreprises.
incrémentale2 : à titre d’exemple, le budget de Recherche et
Développement d’Apple est d’environ 1,5 milliard de dollars « L’innovation est multidimensionelle et
(soit ≈ 3 % de son CA) quand Microsoft consacre quelque 9 concerne également des changements
milliards de dollars (soit ≈ 15 % de son CA) à défendre son d’organisation internes à l’entreprise et dans
bastion Windows. son écosystème. »
La comparaison entre les efforts de Recherche et
Développement d’Apple et de Nokia dans le domaine Ces deux derniers points éloignent donc cette définition
des téléphones mobiles est tout aussi instructive : de celle formulée par Schumpeter, économiste encore
Nokia consacre ≈12,5 % de son CA à la Recherche et fréquemment cité en France en référence à l’innovation.
Développement contre ≈3 % chez Apple pour la ligne Dans sa vision, l’innovation se définit, d’une part, comme
de produit iPhone, et ce pour des volumes de vente très la mise sur le marché réussie d’un nouveau produit, d’autre
proches. La pluralité de perceptions de l’innovation dans part, par l’obligation de créer de nouvelles structures/
les entreprises rencontrées induit donc des différences organisations (concept d’économie dynamique) pour
d’approche en termes de management de l’innovation que permettre véritablement l’innovation de rupture. Selon
nous avons tenté d’identifier et de caractériser. cette perspective, les entreprises autrefois innovantes, en
se technocratisant, ne disposent plus de cette capacité de
“NOTRE” DEFINITION DE L’INNOVATION remise en cause des paradigmes, des connaissances et
Compte tenu des différentes réalités recouvertes par le des moyens de production existants. Elles perdent alors leur
concept d’innovation et afin de fixer un cadre plus clair capacité à être force de proposition de produits innovants.

Plus de contenu, d’actualités et d’informations sur www.techniques-ingenieur.fr


Un autre regard sur l’innovation

Schumpeter est un homme du début du XXe siècle. Notre Cet ouvrage a pour objet de faire le point sur ces pratiques au
société, nos entreprises et nos valeurs ont bien évolué depuis sein des secteurs industriels interviewés. Il vise notamment
cette époque. Ces évolutions de nos systèmes économiques, à s’interroger sur les pratiques, organisations, outils, gestion
la fluidification de l’information, la dématérialisation d’une des compétences et cultures qui permettent à de grandes
partie de nos produits et services, l’outsourcing matériel entreprises de garder leur capacité d’innovation quand leur
et intellectuel sont autant d’aspects qui remettent en positionnement stratégique le requiert.
cause cette approche. Autre aspect essentiel: ce ne sont C’est la nature de la valeur créée par l’innovation qui impose,
pas seulement les ressources humaines, matérielles et ou non, un travail amont de Recherche et de Développement.
économiques qui ont évolué, mais également leur mode de Cette activité peut être totalement internalisée, partagée
gestion. La théorie de Schumpeter s’entend dans le cadre avec des partenaires ou des sous-traitants ou encore
d’une évolution “fordienne” de la gestion des entreprises, totalement externalisée. En conséquence, nous
avec tout ce que cela implique de segmentation des tâches différencions ici innovation et Recherche et Développement
de production matérielles et intellectuelles. L’enjeu des en nous interrogeant notamment sur la façon dont ces
entreprises au cours des 30 dernières années a justement deux activités se confondent ou non dans les entreprises
été d’évoluer vers de nouvelles pratiques de gestion de la interrogées. De fait, le périmètre considéré pour l’innovation
création de valeur. va de la définition de la stratégie dont se dote l’entreprise
sur ce sujet jusqu’à sa capacité à mesurer son efficacité
dans ce domaine.
L’innovation est alors tant un processus que le résultat de
ce processus. En tant que processus, elle peut prendre des
formes totalement standardisées et codifiées.
Elle peut également prévoir des espaces de liberté et
de créativité aux acteurs qui animent ces processus,
l’organisation cherchant ainsi à éviter les dommages d’une
trop forte technocratisation.
Les effets positifs de cette liberté peuvent également être
réintégrés par le jeu des joint-ventures, des partenariats
ou encore des acquisitions de sociétés plus jeunes, plus
flexibles.
« Quels sont les variants et les invariants
des pratiques d’innovation selon les secteurs
industriels et les types d’entreprises ? »
Le parti-pris initial de notre travail n’est pas de considérer
qu’une seule forme de gestion de l’innovation devrait être
appliquée, que les règles et bonnes pratiques doivent être
partout les mêmes. La question est presque inverse. Elle
consiste à rechercher si des spécificités, des récurrences
de pratiques et d’outils paraissent transcender les
différences de natures de valeurs créées dans les secteurs
industriels avec les mêmes occurrences de succès pour ces
entreprises.

2 - Qui doit évidemment exister une fois la rupture opérée et copiée pro-
gressivement par les compétiteurs, et ce jusqu’à la prochaine rupture.

3 - “An innovation is the implementation of a new or significantly impro-


ved product (good or service), or process, a new marketing method,
or a new organisational method in business practices, workplace
organisation or external relations.”

9
GAGNEZ DU TEMPS ET SÉCURISEZ VOS PROJETS
EN UTILISANT UNE SOURCE ACTUALISÉE ET FIABLE

Techniques de l’Ingénieur propose la plus importante


collection documentaire technique et scientifique
en français !
Grâce à vos droits d’accès, retrouvez l’ensemble
des articles et fiches pratiques de votre offre,
leurs compléments et mises à jour,
et bénéficiez des services inclus.

   
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES

 + de 350 000 utilisateurs


 + de 10 000 articles de référence
 + de 80 offres
 15 domaines d’expertise
Automatique - Robotique Innovation
Biomédical - Pharma Matériaux
Construction et travaux publics Mécanique
Électronique - Photonique Mesures - Analyses
Énergies Procédés chimie - Bio - Agro
Environnement - Sécurité Sciences fondamentales
Génie industriel Technologies de l’information
Ingénierie des transports

Pour des offres toujours plus adaptées à votre métier,


découvrez les offres dédiées à votre secteur d’activité

Depuis plus de 70 ans, Techniques de l’Ingénieur est la source


d’informations de référence des bureaux d’études,
de la R&D et de l’innovation.

www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com
LES AVANTAGES ET SERVICES
compris dans les offres Techniques de l’Ingénieur

  
ACCÈS

Accès illimité Téléchargement des articles Consultation sur tous


aux articles en HTML au format PDF les supports numériques
Enrichis et mis à jour pendant Pour un usage en toute liberté Des contenus optimisés
toute la durée de la souscription pour ordinateurs, tablettes et mobiles

 
SERVICES ET OUTILS PRATIQUES

Questions aux experts* Articles Découverte Dictionnaire technique multilingue


Les meilleurs experts techniques La possibilité de consulter des articles 45 000 termes en français, anglais,
et scientifiques vous répondent en dehors de votre offre espagnol et allemand

 
Archives Impression à la demande Alertes actualisations
Technologies anciennes et versions Commandez les éditions papier Recevez par email toutes les nouveautés
antérieures des articles de vos ressources documentaires de vos ressources documentaires

*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.

ILS NOUS FONT CONFIANCE

www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com

Vous aimerez peut-être aussi