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Ripc 112 0241
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défis
Miekatrien Sterck, Bram Scheers, Geert Bouckaert
Dans Revue internationale de politique comparée 2004/2 (Vol. 11), pages 241 à 269
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 1370-0731
ISBN 2-8041-4465-8
DOI 10.3917/ripc.112.0241
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Au cours des dernières décennies, les systèmes budgétaires publics ont été moder-
nisés. La nécessité d’une efficience, une efficacité et une reddition de comptes ac-
crues a donné lieu à un changement d’orientation qui s’est traduit par le passage
d’un budget par objet de dépense et une budgétisation de caisse modifiée à une
démarche axée sur les impacts, les prestations et les coûts. Malgré cette tendance
générale, la budgétisation axée sur les résultats a été appliquée d’une manière et
dans une mesure différente selon les pays. On dénombre, tout d’abord, des pays qui
ont totalement appliqué ou sont en traîn d’appliquer la budgétisation d’exercice et
la budgétisation axée sur les impacts (l’Australie, le Royaume-Uni et la Suède) ou
la budgétisation axée sur les prestations (la Nouvelle-Zélande). Viennent ensuite
des pays qui ont adopté la budgétisation axée sur les impacts mais qui s’accrochent
à un système de budgétisation de caisse modifiée (les Pays-Bas). Enfin, on compte
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1. BLONDAL J., “La procédure budgétaire au Canada”, OEDC Journal on Budgeting, n° 2, 2001 ;
BOSTON J. and PALLOT J., “Linking Strategy and Performance : Developments in the New Zealand
Public Sector”, Journal of Policy Analysis and Management, n° 3, 1997 ; CHAN M., NIZETTE M., LA
RANCE L., BROUGHTON C. and RUSSELL D., “Australia”, OECD Journal on Budgeting, n° 4, 2002 ;
SCHICK A., “Budgeting for Results : Recent Developments in Five Industrialized Countries”, Public
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Administration Review, n° 1, 1990 ; TALBOT C., DAUNTON L. and MORGAN C., Measuring perfor-
mance of government departments – international developments, Monmouthshire, Public Futures, 2001.
2. HOOD C., “A Public Management for al Seasons”, Public Administration, n° 1, 1969.
3. OECD, In search of Results : Performance Management Practices, Paris, OECD, 1997 ; OECD,
Budgeting for the Future, OECD, 1997 ; POLLITT C. and BOUCKAERT G., Public Management Reform.
A Comparative Analysis, Oxford, Oxford University Press, 2000, pp. 67 ; OECD PUBLIC MANAGE-
MENT COMMITTEE, Overview of Results Focused Management and Budgeting in OECD Member
Countries, Paris, OECD, 2002.
Réformes budgétaires dans le secteur public : tendances et défis 243
Cadre conceptuel
Pour analyser les tendances récentes de l’élaboration des budgets publics,
nous utilisons un modèle de contingence à deux niveaux. En premier lieu, il
existe une contingence environnementale comme l’explique Lüder : pour-
quoi la gestion publique est-elle en pleine mutation et quelles variables con-
textuelles et comportementales expliquent la transition ?4 En second lieu, la
réforme renferme une contingence interne : une réforme budgétaire est con-
sidérée comme un système hétérogène avec des fonctions multiples, des
utilisateurs multiples et des formats multiples5 . Les sections suivantes pré-
sentent plus en détail les multiples fonctions et les multiples formats des
systèmes budgétaires.
Fonctions multiples
La plupart des spécialistes de la budgétisation convient que les systèmes
budgétaires doivent être considérés comme multifonctionnels6 . Sur la base
d’une étude sur l’évolution des réformes budgétaires aux États-Unis, Schick
a défini trois fonctions concurrentes du budget : la planification, la gestion
et le contrôle. “Il ne faut toutefois pas perdre de vue que chaque système
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4. LÜDER K., “The Contingency Model Reconsidered : Experiences from Italy, Japan and Spain”, in
BUSSCHOR E. and SCHEDLER K., Perspectives on Performance Measurement and Public Sector
Accounting, Berne, Haupt, 1994.
5. VAN REETH W., The Bearable Lightness of Budgeting. An Explorative Research on the Uneven
Implementation of Performance Oriented Budget Reform, Leuven, Catholic University Leuven,
Department of Political Sciences, 2002 ; MARTIN L., “Budgeting for Outcomes”, in KHAN A.,
HILDRETH B. W., Budget Theory in the Public Sector, London, Quorum Books, 2002.
6. CAIDEN N., “Shaping Things to Come. Super-budgeters as Heroes (and heroines) in the Late-
twentieth Century”, in RUBIN I., New Directions in Budget Theory, Albany, State University of New
York Press, 1988 ; SCHICK A., “The Road to PPB : The Stages of Budget Reform”, in Public Adminis-
tration Review, n° 4, 1966 ; RUBIN I., The Politics of Public Budgeting : Getting and Spending, Borrowing
and Balancing, Chatham, Chatham House, 1997 ; WILDAVSKY A., “A Budget for all Seasons. Why
the Traditional Budget Lasts”, in Public Administration Review, n° 6, 1978 ; MARTIN L., “Budgeting
for Outcomes”, in KHAN A., HILDRETH B. W., Budget Theory in the Public Sector, London, Quorum
Books, 2002.
7. SCHICK A., op. cit., 1966.
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Formats multiples
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Budget-programme
11. RUBIN I., “Budgeting : theory, concepts, methods and issues”, in RABIN J., Handbook of public
budgeting, New York, Marcel Dekker, 1992 ; WILDAVSKY A., op. cit., 1978 ; MARTIN L., op. cit.,
2002.
12. MARTIN L., op. cit., 2002.
13. OSBORNE D. and GAEBLER T., Reinventing Government : How the Entrepreneurial Spirit is
Transforming the Public Sector, Massachusetts, Addison-Wesley, 1992.
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fini à l’aide d’un critère organisationnel ou d’un critère lié aux prestations
ou aux résultats. Ensuite, nous aborderons la structure et les informations de
plusieurs documents budgétaires et le lien entre les différents types de docu-
ments.
Méthode d’imputation
Une deuxième variable importante décrivant l’évolution des systèmes bud-
gétaires est la méthode d’imputation du système budgétaire. La budgétisa-
tion de caisse et la budgétisation d’exercice représentent deux points extrêmes
sur l’éventail des bases budgétaires possibles. Traditionnellement, les gou-
vernements adoptaient des budgets de caisse. Aujourd’hui, la plupart d’en-
tre eux utilisent une forme hybride, à savoir une budgétisation de caisse
modifiée. Cependant, dans la tendance actuelle, les budgets publics donnent
des informations sur les coûts des activités et, par conséquent, deviennent
des budgets d’exercice14 . Une enquête réalisée par l’OCDE en 2002 a ré-
vélé que la comptabilité et la budgétisation d’exercice sont le premier point
à l’ordre du jour en matière de gestion publique et de budgétisation dans les
pays membres de l’OCDE, ainsi que parmi la communauté internationale
des experts budgétaires15 .
À l’instar de l’utilisation des informations sur les prestations et les im-
pacts dans les budgets publics, le passage à la budgétisation d’exercice varie
également selon les pays. Une première différence importante est le degré
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14. Les pays sont classés comme ayant un système d’exercice indépendamment de la prise en charge de
certains types d’actif et de passif (biens patrimoniaux, systèmes militaires, etc.). Dans le même ordre
d’idées, les impôts et autres produits non échangeables ne peuvent pas être totalement basés sur la mé-
thode d’imputation d’exercice.
15. OECD PUBLIC MANAGEMENT COMMITTEE, op. cit., 2002.
Réformes budgétaires dans le secteur public : tendances et défis 247
L’Australie
Depuis le début des années 80, le gouvernement du Commonwealth austra-
lien a pris des initiatives visant à orienter le système budgétaire et de gestion
vers les résultats, comme par exemple l’introduction du budget-programme
en 1983. Depuis la moitié des années 90, la stratégie de réforme intégrée et
globale suscite de plus en plus d’intérêt. En 1999, un cadre de prestations et
d’impacts basé sur la méthode d’imputation par exercice a été mis en œuvre.
Le nouveau cadre est axé sur la responsabilisation des gestionnaires, d’une
part, et associé à un processus de budgétisation et de planification à long
terme orienté vers les résultats, d’autre part.
En Australie, les autorisations sont explicitement accordées pour les im-
pacts dans les Appropriation Bills (Loi de Finances)16 . Ainsi, les Portfolio
Budget Statements (PBS)17 précisent le prix, la qualité et le montant des
prestations que les agences fourniront, et les critères qu’ils utiliseront pour
démontrer la contribution des prestations des agences et des postes adminis-
trés aux résultats18 . Les montants autorisés sont maintenant basés sur le coût
total de production des prestations et des résultats plutôt que sur les sorties
de fonds prévues pour l’année19 . Le tableau suivant présente la structure des
documents budgétaires australiens.
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16. Etant donné que le gouvernement australien possède un budget d’exercice axée sur les impacts, le
gouvernement de l’Australie occidentale a explicitement choisi de présenter un budget d’exercice axée
sur les prestations.
17. Exposée Budgétaire de Portefeuille.
18. CHAN M., NIZETTE M., LA RANCE L., BROUGTHON C. and RUSSELL D., “Australia”, OECD
Journal on Budgeting, n° 4, 2002.
19. DEPARTMENT OF THE PARLIAMENTARY LIBRARY, The Commonwealth Budget : Process
and Presentation, Canberra, Department of the Parliamentary Library, 2002.
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Tableau 1 : Structure du Décret budgétaire du Commonwealth australien et des Portfolio Budget Statements
248
Portefeuille
p.ex. Services familiaux et communautaires X
4
Agence
p.ex. Ministère des Services Familiaux et Communautaires X
Impacts
p.ex. Familles plus fortes : “Les familles, les jeunes et les étudiants
ont accès à une aide financière et aux services d’aide familiale” X X X
Groupes de prestations
p.ex. Aide familiale X
Prestations ministérielles
p.ex. Conseils d’orientation stratégique X
Indicateurs de performance
p.ex. Les bureaux des ministères et des ministres satisfaits de la qualité
des conseils d’orientation stratégique et le ministère répond aux critères
des conseils d’orientation stratégique X
Prestations administrées (non ministériels)
p.ex. Services pour les familles avec enfants X
Indicateurs de performance
p.ex. % % de familles avec des enfants de moins de 5 ans qui participent
aux cours de jeu. X
1. Il s’agit de la plus petite unité d’approbation par le Parlement. Les transferts entre ces unités sont uniquement autorisés après l’autorisation parlementaire.
2. PARLIAMENT OF THE COMMONWEALTH OF AUSTRALIA HOUSE OF REPRESENTATIVES, Appropriation Bill (No. 1) 2002-2003, Canberra, Parliament of the Com-
monwealth of Australia, 2002.
3. MINISTER FOR FAMILY AND COMMUNITY SERVICES and MINISTER FOR CHILDREN AND YOUTH AFFAIRS, Portfolio Budget Statements 2002-2003 Family and
Miekatrien STERCK, Bram SCHEERS et Geert BOUCKAERT
20. SCHICK A., “The Road to PPB : The Stages of Budget Reform”, Public Administration Review,
n° 4, 1966 ; MASCARENHAS R. C., “Searching for Efficiency in the Public Sector : Interim Evalua-
tion of Performance Budgeting in New Zealand”, Public Budgeting and Finance, n° 3, 1996 ; BOSTON
J. and PALLOT J., “Linking Strategy and Performance : Developments in the New Zealand Public Sector”,
Journal of Policy Analysis and Management, n° 3, 1997 ; STATE SERVICES COMMISSION, A Better
Focus on Outcomes Through Strategic Result Area Networks, Wellington, State Services Commission,
1998 ; SCHICK A., Reflections on the New Zealand model. Based on a Lecture at the New Zealand
Treasury in August 2001, Wellington, Treasury, 2001.
21. KIBBLEWHITE A. and USSHER C., “Outcome-focused Management in New Zealand”, OECD
Journal on Budgeting, n° 4, 2002.
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1. Estimations des autorisations pour le gouvernement de Nouvelle-Zélande pour l’exercice clôturé au 30 juin 2001, Wellington, 2000.
La Suède
La Suède avait une longue tradition de “petits” Ministères chargés de prépa-
rer les orientations politiques et de “grandes” Agences exécutives autono-
mes chargées d’appliquer lesdites politiques. Toutefois, les Ministères ont
éprouvé le besoin de renforcer leur capacité, d’orienter et de contrôler les
Agences au niveau de l’exécution des objectifs gouvernementaux. C’est dans
cette optique qu’un Système de Gestion des Performances a été élaboré en
1988. Durant la première moitié des années 90, la nécessité d’une orienta-
tion tournée vers les résultats a été masquée par la nécessité d’un contrôle
financier accru en raison de la crise économique, et un nouveau processus
budgétaire “top-down” a été mis en œuvre. À la fin de cette même décennie,
l’attention s’est à nouveau reportée sur une gestion et une budgétisation
tournées sur les résultats avec le projet VESTA destiné à instaurer une bud-
gétisation d’exercice axée sur les impacts.
La Loi de Finances suédoise est décomposée en 27 domaines de dépen-
ses (correspondant aux compétences des comités parlementaires). Actuelle-
ment, le gouvernement applique la réforme VESTA afin d’introduire une
structure d’activité dans cette Loi de Finances. Cette structure d’activité est
utilisée pour allouer les ressources conformément aux priorités politiques
et, dès lors, pour lier les processus de planification et de budgétisation. Elle
s’articule sur trois niveaux : le domaine des politiques, le domaine des acti-
vités ou les programmes et le domaine des sous-activités qui sont entière-
ment inclus dans une seule agence. L’objectif, les impacts escomptés, le
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Le Royaume-Uni
Le gouvernement britannique a lancé en 1998 le Comprehensive Spending
Review (CSR – Examen complet des dépenses) et les Public Service Agree-
Tableau 3 : Structure de la loi de finances et des lettres d’instructions aux agences en Suède
252
STRUCTURE DE FINANCE
Domaine des dépenses
p.ex. “Activité professionnelle” X
Approbations
p.ex. “Agence suédoise de protection de l’environnement de travail” X X X
STRUCTURE D’ACTIVITÉ
Domaine des politiques
p.ex. “Politique de l’activité professionnelle”
Objectif
p.ex. “Une excellente vie professionnelle avec des conditions de
travail qui fonctionnent bien”
Indicateurs de performance X X
Domaine des activités
p.ex. “Protection de l’environnement de travail”
Objectif
p.ex. “Créer un environnement de travail excellent” X X
Domaine des sous-activités
p.ex. “Règles et normes”
Objectif
p.ex. “Règles et normes qui sous-tendent les développements d’un
environnement de travail sain, fiable et développé. Les règles
deviendront claires et plus facilement accessibles” X
Miekatrien STERCK, Bram SCHEERS et Geert BOUCKAERT
1. PERSSON G. and RINGHOLM B., Regeringens proposition 200/03 : 1, Budgetpropositionen för 2003, Stockholm, 2002.
2. NARINGSDEPARTEMENTET, Regleringsbrev för bugdetåret 2003 avseende Arbetsmiljöverket, Stockholm, Näringsdepartementet, 2002.
ments (PSA – Accords des Services Publics) dans le but de créer un proces-
sus budgétaire pluriannuel et orienté vers les politiques. Le Ministère des
Finances négocie avec les autres ministères les buts, objectifs et cibles clés
découlant d’un PSA. L’adoption des PSA a essentiellement été motivée par
la nécessité d’une responsabilité accrue des départements, notamment vis-
à-vis du Ministre des Finances et du Parlement. La réforme pourrait notam-
ment renforcer la position de ces acteurs centraux dans le processus
d’élaboration des politiques, et augmenter le contrôle du Ministère des Fi-
nances sur les ministères23 .
En 1995, le gouvernement britannique a fait le premier pas vers l’intro-
duction d’un système de budgétisation d’exercice. Le “Système Comptable
et Budgétaire axé sur les Ressources” (Resource Accounting and Budgeting)
a été appliqué au budget de 2000. Cette réforme provient principalement de
la nécessité d’une gestion plus efficace et de la nécessité d’accroître la res-
ponsabilité des ministères vis-à-vis du Parlement.
Les Estimates annuelles sont le moyen d’obtenir du Parlement l’autori-
sation légale d’utiliser les ressources et de dépenser les liquidités dont le
gouvernement à besoin pour financer les programmes de dépenses conve-
nus par les ministères pour l’exercice. Pour chaque ministère, les Estimates
autorisent les impacts et les ressources à l’aide des Requests for Resources
(demandes de ressources). Les Estimates sont basées sur le système budgé-
taire d’exercice, mais contiennent aussi des informations sur les besoins de
trésorerie. Le Tableau 4 présente la structure des différents documents bud-
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Les Pays-Bas
Aux Pays-Bas, une initiative de réforme budgétaire a été mise sur pied en
1999 en vue d’accroître la reddition des comptes par le gouvernement vis-à-
vis du Parlement et de l’opinion publique en créant une structure plus trans-
parente et axée sur les impacts escomptés, et en centrant davantage le débat
budgétaire sur le large éventail de priorités politiques du gouvernement. La
réforme, dénommée “De la budgétisation axée sur les impacts à la commu-
nication des impacts obtenus”, a pour ambition d’améliorer le lien entre le
budget et les rapports et comptes annuels.
Le nouveau format budgétaire orienté vers les performances a été adopté
en 2001. Dans ce format budgétaire, les autorisations sont accordées par
ligne budgétaire (beleidsartikelen) et comprennent les résultats que le gou-
vernement néerlandais souhaite atteindre. Les objectifs politiques, les ins-
23. RICHARDS D. and SMITH M.J., Governance and Public Policy in the UK, Oxford, Oxford Uni-
versity Press, 2002.
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Ministère
p.ex. Ministère du Développement International X
Demande de ressources
p.ex. “Eradication de la pauvreté dans les pays pauvres” X X
But
p.ex. “Éradication de la pauvreté dans les pays pauvres en particulier par
l’application d’ici 2015 des Objectifs de développement du millénaire” X
Objectifs
p.ex. “Réduire la pauvreté en Afrique subsaharienne” X
1. HOUSE OF COMMONS, Appropriation Act 2003, London, Her Majesty’s Stationary Office, 2003.
2. Accords des Services Publics
3. HER MAJESTY’S TREASURY, 2002 Spending Review : Public Service Agreements 2003-2006, London, Her Majesty’s Stationary Office, 2002.
Miekatrien STERCK, Bram SCHEERS et Geert BOUCKAERT
truments pour les atteindre, les prestations à fournir et les moyens estimés
sont décrits dans l’exposé explicatif. Le Tableau 5 présente la structure des
documents budgétaires.
En 2000, le Ministère des Finances a également lancé une initiative vi-
sant à adopter le système budgétaire d’exercice. En 2003, le Ministre des
Finances a toutefois estimé que les coûts d’adoption du système budgétaire
d’exercice pour les ministères seraient plus élevés que les bénéfices, et a
décidé de ne pas procéder à l’application de la budgétisation d’exercice24 .
Les budgets des Agences restent néanmoins basés sur le système d’exercice
et, comme de plus en plus d’unités ministérielles deviennent des agences, le
budget global sera en définitive essentiellement un budget d’exercice. Une
autre raison de ne pas appliquer la budgétisation d’exercice est l’incertitude
quant au fait de savoir si ce système, avec les fluctuations de trésorerie inhé-
rentes, peut donner au gouvernement une image claire du déficit budgétaire,
ce qui est très important puisque l’écart entre les normes de l’UME et le
déficit actuel diminue25 .
Le Canada
Au début des années 90, les réformes budgétaires canadiennes, comme l’Exa-
men des programmes (1994) et le Système de gestion des dépenses (1994),
se sont principalement concentrées sur le contrôle financier et la réduction
des dépenses publiques. Lorsque les finances publiques ont été assainies,
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24. ZALM G., Eigentijds begroten, Den Haag, Ministerie van Financiën, 2003.
25. BESTEBREUR T., New Public Budgeting in the Netherlands. Local and National Efforts : a Critical
Appraisal, Paper Presented at the Annual EGPA Conference, Oeiras, Portugal, 2003.
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Ministère
p.ex. Ministère des Services Sociaux et de l’Emploi X X
Lignes politiques
p.ex. “Amélioration des possibilités de combiner le travail et la garde
des enfants” X X
Objectifs stratégiques
p.ex. “Amélioration des possibilités de combiner le travail et la garde
des enfants” X
Objectifs opérationnels
p.ex. “Conserver l’offre actuelle de crèches de haute qualité,
182.653 places” X
Indicateurs de performance
p.ex. “Nombre total de places pour les enfants dans les crèches” X
1. TWEEDE KAMER DER STATEN-GENERAAL, Vaststelling van de begrotingsstaten van het Ministerie van Sociale zaken en Werkgelegenheid voor het jaar 2004 : Voorstel van
Wet, Den Haag, Sdu Uitgevers, 2003.
2. TWEEDE KAMER DER STATEN-GENERAAL, op. cit, 2003.
Miekatrien STERCK, Bram SCHEERS et Geert BOUCKAERT
Les États-Unis
En 1993, le Government Performance and Results Act (GPRA) (Loi sur les
performances et les résultats du gouvernement) a été approuvé, obligeant
les ministères et les agences à élaborer des plans stratégiques, des plans de
performance et des rapports de performance liés au document budgétaire.
Le GPRA a un quadruple objectif : faire en sorte que le processus budgé-
taire du Congrès soit davantage tourné vers les résultats, rendre la gestion
interne des départements plus efficiente et efficace, augmenter la responsa-
bilité des gestionnaires vis-à-vis du Congrès et accroître la confiance du
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26. BLONDAL J., “La Procédure budgétaire au Canada”, OECD Journal on Budgeting, n° 2, 2001.
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Portefeuille
p.ex. Agriculture et Agro-alimentation X
Ministère/Agence
p.ex. Ministère de l’Agriculture et de l’Agro-alimentation
p.ex. Agence Canadienne d’Inspection des Aliments X
Autorisations
– Autorisations pour dépenses de programmes X X
– Autorisations pour dépenses de fonctionnement X X
– Autorisations pour dépenses de capital X X
– Autorisations pour subventions et contributions X X
– Autorisations non budgétaires X X
Postes législatifs
p.ex. “Paiements liés à la Loi sur la protection du revenu agricole” X
Priorités du gouvernement :
p.ex. “Le gouvernement du Canada contribuera à augmenter la
rentabilité du secteur et à faire en sorte que les consommateurs du monde
entier reconnaissent que les produits agroalimentaires canadiens sont
insurpassés.” X
1. TREASURY BOARD OF CANADA, Main Estimates 2003-2004 Part II, http://www.tbs-sct.gc.ca, 2003.
2. TREASURY BOARD OF CANADA, Main Estimates 2003-2004 Part III ; Reports on Plans and Priorities, http://www.tbs-sct.gc.ca, 2003.
Miekatrien STERCK, Bram SCHEERS et Geert BOUCKAERT
Résultats stratégiques
p.ex. “Sécurité du système alimentaire” X
Programmes
p.ex. “Amélioration des systèmes de sécurité alimentaire et de
reconnaissance de la qualité”
p.ex. “Amélioration de la prestation de services” X
Mesures de la performance
p.ex. “Taux de conformité pour les établissements et les produits
alimentaires agréés au niveau fédéral (produits intérieurs, importations
et exportations)” X
Réformes budgétaires dans le secteur public : tendances et défis
259
plutôt ambiguë. Les informations sur les performances produites par le GPRA
semblent utilisées dans le processus de prise de décision sans se référer ex-
plicitement à ce dernier27 . Pour conclure, on peut dire que les informations
sur les performances sont de plus en plus prises en compte pour la formula-
tion du Budget du Président, alors qu’il n’existe aucune indication quant à
leur utilisation dans le processus budgétaire du Congrès.
Le Congrès américain n’adopte pas un budget stricto sensu mais bien 13
projets de loi destinés à accorder l’autorisation budgétaire pour les dépenses
discrétionnaires, les lois fiscales pour déterminer les revenus et les lois d’ajus-
tement pour modifier les engagements existants. Outre ces projets de loi, il
existe également de nombreux autres types de documents budgétaires comme,
par exemple, le budget du Président et les justifications des estimations bud-
gétaires par les ministères et agences. Le GPRA de 1993 a introduit quel-
ques nouveaux documents destinés à influencer le processus budgétaire. Le
GPRA a projeté de changer indirectement le contenu traditionnel du format
budgétaire, c’est-à-dire des autorisations de dépenses regroupées en pro-
grammes, en ajoutant au budget des informations sur les activités, presta-
tions et impacts escomptés des agences28 . Le Tableau 7 présente la structure
des divers documents budgétaires.
Les récentes réformes budgétaires ne contenaient pas de dispositions vi-
sant à modifier la méthode d’imputation. Bien que le budget ait recours à
une méthode d’imputation de caisse modifiée, le Chief Financial Officers
Act de 1990 oblige les ministères et agences fédéraux à présenter les états
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27. Entretien avec Chris Mihm, General Accounting Office, octobre 2002.
28. VAN REETH W., The Bearable Lightness of Budgeting. An Explorative Research on the Uneven
Implementation of Performance Oriented Budget Reform, Leuven, Catholic University Leuven,
Department of Political Sciences, 2002.
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Tableau 7 : Structure du budget présidentiel américain, des comptes d’autorisation et des plans de performance
Ministère
p.ex. Ministère des Transports X
Administrations exploitantes
p.ex. Garde côtière américaine
p.ex. Administration des autoroutes fédérales X
Programme d’activité
p.ex. Chemin de fer: recherche et développement X X
1. EXECUTIVE OFFICE OF THE PRESIDENT, OFFICE OF MANAGEMENT AND BUDGET, Fiscal Year 2003 Budget of the United States Government, Washington D.C., United
States Government Printing Office, 2002
2. 108TH CONGRESS OF THE UNITED STATES OF AMERICA, Consolidated Appropriations Resolution 2003, Washington D.C., United States Government Printing Office, 2003
3. UNITED STATES DEPARTMENT OF TRANSPORTATION, Performance Plan Fiscal Year 2003. Performance Report Fiscal Year 2001, Washington D.C., Unites States
Department of Transportation, 2002
261
262
Performance Structure X
Ministère
p.ex. Ministère des Transports X
Vision
p.ex. “Un Ministère des Transports visionnaire et vigilant
montrant la voie de l’excellence et de l’innovation en matière
de transports au XXIe siècle” X
Mission
p.ex. “Servir les États-Unis en soutenant un système de
transport sûr qui favorise nos intérêts nationaux vitaux et
améliore la qualité de la vie des Américains” X
Objectifs stratégiques
p.ex. Sécurité : “Promouvoir la santé et la sécurité publique
en œuvrant pour l’élimination des décès et des blessures dus
aux transports” X
Objectifs de performance
p.ex. “Sécurité sur les autoroutes : réduire le taux d’accidents
mortels sur les autoroutes de 1,7 par million de miles/véhicule
en 1996 à 1,0 en 2008” X
Mesures de la performance
p.ex. “Taux d’accidents mortels par 100 millions de
miles/véhicule de voyage” X
Miekatrien STERCK, Bram SCHEERS et Geert BOUCKAERT
30. DEPARTMENT OF FINANCE AND ADMINISTRATION, The Outcomes and Outputs Framework.
Guidance Document, Canberra, Department of Finance and Administration, 2000 ; STATE SERVICES
COMMISSION, A Better Focus on Outcomes through Strategic Result Area Networks, Wellington, State
Services Commission, 1998 ; NATIONAL AUDIT OFFICE, Measuring the Performance of Government
Departments, London, National Audit Office, 2001.
31. MOLANDER P., NILSSON J.-E. and SCHICK A., Does Anyone Govern ? The Relationship between
the Government Office and the Agencies in Sweden, Stockholm, SNS, 2002.
Réformes budgétaires dans le secteur public : tendances et défis 265
ports annuels sont insuffisantes pour offrir au Parlement une vue claire de la
contribution des agences aux impacts32 attendus des politiques publiques.
budgétaires sont trop abstraits et trop vagues, et les informations sur les
performances ne sont pas assez spécifiques et ne sont pas planifiées dans le
temps. Souvent, la relation causale entre les prestations et les impacts est
absente et les données historiques ne sont pas suffisantes. Dans les pays
utilisant un système de budgétisation de caisse modifiée, les informations
sur les coûts des prestations manquent. Les flux d’informations des diffé-
rentes entités organisationnelles ne sont pas alignés, et donc les informa-
tions ne peuvent pas être consolidées.
La validité et la fiabilité des informations sur les performances dans le
budget doivent être garanties et, par conséquent, un audit des informations
sur les performances est nécessaire. La plupart des institutions supérieures
de contrôle ont pour mandat de vérifier les informations portant sur la per-
formance des administrations dans le cadre d’audits de performance. Pour-
tant, en Australie, aux États-Unis et aux Pays-Bas, il n’y a pas d’audit
systématique des informations sur les performances contenues dans les do-
cuments budgétaires35 . En Nouvelle-Zélande et en Suède, le service public
d’audit vérifie systématiquement les informations sur les performances dans
les rapports annuels. L’Auditeur Général du Canada est chargé de la vérifi-
cation des informations sur les performances dans les documents budgétai-
res présentés au Parlement36 . Le National Audit Office (Bureau National
d’Audit) du Royaume-Uni a entamé, en 2003, un audit basé sur le risque des
systèmes de mesure de la performance qui sous-tendent les Public Service
Agreements37 . Ce type d’audit est plutôt axé sur les systèmes de mesure de
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General Accounting Office, 2000 ; GENERAL ACCOUNTING OFFICE, Managing for Results : Federal
Managers’ View on Key Management Issues Varies Widely Across Agencies, Washington D.C., General
Accounting Office, 2001.
35. BOUCKAERT G., HOET D. and ULENS W., Prestatiemeetsystemen in De Overheid : Een Interna-
tionale Vergelijking, Brugge, Die Keure, 2000.
36. TALBOT C., DAUNTON L. and MORGAN C., Measuring Performance of Government Departments
– International Developments, Monmouthshire, Public Futures, 2001.
37. NATIONAL AUDIT OFFICE, Helping the Nation Spend Wisely. Annual Report 2002, London,
National Audit Office, 2002 ; NATIONAL AUDIT OFFICE, Helping the Nation Spend Wisely. Annual
Report 2003, London, National Audit Office, 2003.
Réformes budgétaires dans le secteur public : tendances et défis 267
paré les systèmes budgétaires orientés vers les résultats en examinant les
tendances dans les fonctions et les formats budgétaires. Le tableau suivant
résume les résultats des nos observations :
Nous avons, tout d’abord, abordé les fonctions des systèmes budgétai-
res. Les réformes budgétaires axées sur les résultats associent la fonction
traditionnelle d’autorisation et de contrôle financier du budget à une fonc-
tion de planification et de gestion. Récemment, la responsabilisation sur les
résultats a été ajoutée à la nécessité d’une efficience et une efficacité ac-
crues. D’une part, les récentes réformes ont été motivées par la nécessité
d’une reddition de comptes plus importante à l’intérieur de l’Exécutif, entre
les ministères et les agences (Suède, Nouvelle-Zélande, Australie) et entre
les ministères et les services centraux du budget (Royaume-Uni et États-
Unis (PART)). D’autre part, on a également constaté le besoin d’augmenter
la reddition de comptes externe au Parlement vis-à-vis des résultats (Austra-
lie, Canada, Pays-Bas et les États-Unis).
Ensuite, nous avons examiné les évolutions des formats budgétaires. Nous
avons ainsi étudié à la fois l’utilisation des informations sur les impacts et
les prestations (inputs / activités / prestations / impacts, autorisés / non auto-
risés) et la méthode d’imputation (de caisse / d’exercice). Les formats bud-
gétaires les plus avancés intègrent les impacts et adoptent le système
d’exercice. C’est le cas de l’Australie, et du Royaume-Uni où les autorisa-
tions sont accordées pour les impacts. La Nouvelle-Zélande a aussi appliqué
un budget d’exercice, mais a délibérément choisi d’accorder des autorisa-
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Tableau 8 : Classification des systèmes budgétaires suivant leur fonction et leur format
Groupe I
L Australie, la Nouvelle-Z lande, Gestion interne Autorisations pour les impacts (l Australie, le
le Royaume-Uni, la Su de Reddition de comptes interne Royaume Uni, la Su de) ou les prestations
(la Nouvelle Z lande)
Budg tisation d exercice 1
Groupe II
Les Pays-Bas Reddition de comptes externe Autorisations pour les impacts
Budg tisation de caisse modifi e
Groupe III
Le Canada, les tats-Unis Reddition de comptes externe Informations sur les impacts et les prestations
dans les notes explicatives
Budg tisation de caisse modifi e
ou d exercice modifi