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Les agents de sécurité peuvent être autorisés à intervenir sur la voie publique.
Cette dérogation à la règle est soumise à autorisation, du préfet par exemple.
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Équipes de sécurité :
l’accès à la voie publique
n’est pas impossible
L’accès d’équipes de sécurité à la voie publique est
une discussion récurrente entre les responsables sécurité
et leurs prestataires. Bien que très encadré, il n’est pas
impossible. Sous certaines conditions cependant.

58 - Juillet / Août 2014 Protection Sécurité Magazine


L
’exemple classique de demande est À RETENIR
celui de la réalisation d’une ronde à l’ex-
L’expérience montre que la demande d’accès à la voie
térieur d’un bâtiment, sur le trottoir. publique doit être précise quant à son objectif réel ainsi
L’objectif de cette ronde peut être de que ses modalités d’exécution. Concrètement, plans et
vérifier la bonne fermeture d’ouvrants, consignes prévues sont indispensables ainsi que la liste
de prévenir le taggage des murs ou des personnels concernés avec leur numéro de cartes
encore de s’assurer de l’absence de per- professionnelles (que les agents soient internes ou
sonnes jugées indésirables. Certaines demandes peuvent être externes). Dans le cas où le client utilise un prestataire
plus complexes à analyser comme par exemple l’escorte en externe, c’est ce dernier qui doit faire la demande en
véhicule d’intervention de camions transportant des marchan- y joignant la demande écrite du client. En général,
les demandes sont assez simples à réaliser. Il existe
dises sensibles ou des patrouilles pour vérifier la bonne sécuri-
des cas particuliers. Si un transporteur souhaite faire
sation ou faire des levées de doute d’installations elles-mêmes
accompagner un camion chargé de biens de grande
sur la voie publique (poste électrique, trappes d’accès, réparti- valeur par des véhicules d’intervention, cette autorisation
teur, etc.) Certains prestataires peuvent se trouver désarmés est, a priori, nécessaire. La difficulté est qu’elle devra
face à de telles demandes surtout s’ils craignent de perdre leur être sollicitée potentiellement auprès de plusieurs
contrat de service de ce fait. préfectures. Et, bien que cela soit compliqué, cela ne
doit pas pour autant inciter un client ou un prestataire
nn Un domaine exclusif... à ne pas faire la démarche. Dans les cas très compliqués,
Pour autant, la voie publique reste aujourd’hui en matière de les équipes du Préfet Jean-Louis Blanchou à la Délégation
sécurité le domaine exclusif des forces de l’ordre. Ainsi, l’ar- Interministérielle à la Sécurité Privée ou celles du Préfet
Jean-Yves Latournerie au CNAPS se sont toujours avérées
ticle L. 613-1. du Code de Sécurité Intérieure (CSI) interdit
de bon conseil.
clairement tout accès à la voie publique à des agents de sé-
curité privée « Les agents exerçant une activité mentionnée
au 1° de l’article L. 611-1 ne peuvent exercer leurs fonctions
qu’à l’intérieur des bâtiments ou dans la limite des lieux dont
ils ont la garde ». Par agents il faut bien évidemment entendre nn Possibilité d’armement
agents de prestataires ou de services internes. Les agents de Dans tous les cas, dès que la présence sur la voie publique
sécurité privée peuvent cependant bénéficier d’une déroga- est nécessaire il faut demander une autorisation. Cela a au
tion. En effet, « À titre exceptionnel, ils peuvent être autori- moins le mérite de clarifier la situation et de valider la néces-
sés, par le représentant de l’État dans le département ou, à sité ou non de cette autorisation. L’article 6 du décret n° 86-
Paris, par le préfet de police, à exercer sur la voie publique 1099 du 10 octobre 1986 détaille clairement les modalités de
des missions, même itinérantes, de surveillance contre les la demande. Elle doit être faite auprès du préfet : « La sur-
vols, dégradations et effractions visant les biens dont ils ont veillance des biens par un ou plusieurs gardiens postés ou
la garde ». Pour autant, comme le rappelle le professeur La- circulant sur la voie publique est soumise à autorisation préa-
tour, « donneurs d’ordre et prestataires de service rivalisent lable du préfet. Dans le département de Paris, cette autorisa-
d’imagination pour contourner l’interdiction de principe et tion est délivrée par le préfet de police » et « la demande en
solliciter (ou pas …) l’application de l’exception ». est faite, sur requête écrite de son client, par l’entreprise
chargée de cette surveillance ». La possibilité d’armement est
nn … mais les dérogations sont possibles prévue par le décret (mais celle-ci ne sera en réalité considé-
La jurisprudence sur le sujet est relativement limitée (Cour rée que pour des sociétés de transports de fonds et dans des
Administrative d’Appel de Nantes, 4ème Chambre, 1er juillet circonstances particulières). Il faut compter suivant les pré-
2011, n° 10NT01103), mais celle-ci peut être amenée à évo- fectures un délai d’environ quatre à huit semaines. L’autorisa-
luer avec la montée en puissance du Conseil National des tion, préalable évidemment, se matérialisant par un arrêté
Activités de Sécurité Privée (CNAPS). Elle clarifie cependant préfectoral qui doit nécessairement être publié pour être op-
les conditions précises d’attribution de cette dérogation. Et, posable.
contrairement à certaines idées reçues, ces autorisations En tout état de cause, contourner cette obligation d’autorisa-
sont relativement simples à obtenir, à condition qu’elles tion d’accès à la voie publique est porteur de risques très
soient justifiées. sérieux, tant pour le donneur d’ordre que pour le prestataire.
Il est primordial tout d’abord de s’assurer que le besoin est Comme le précise l’article L. 617-11. du CSI « Est puni de
réel. Faire faire un tour d’un bâtiment par commodité et avec deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende le
l’espoir que cela dissuadera d’éventuels rôdeurs doit être ap- fait d’exercer ou de faire exercer des fonctions de surveillance
précié en fonction de la réalité des risques et de l’efficacité sur la voie publique sans l’autorisation prévue au second ali-
réelle de la dissuasion. Trop de clients imaginent que la pré- néa de l’article L. 613-1. ». A tout le moins un responsable
sence d’un agent conducteur de chien permettra à celui-ci de sécurité peut perdre son poste rapidement si son entreprise
lâcher son animal démuselé sur des voleurs ou même qu’un se retrouve prise en défaut du fait d’un manque de vigilance
rondier, seul, s’interposera face à des intrus. En revanche, de- réglementaire.
mander une ronde extérieure pour vérifier la sécurité d’un site
par la voie publique parce que c’est le seul endroit d’où une
partie de celui-ci est visible serait justifié. Il en est de même Nicolas Le Saux, CPP, Regional Vice-President
de l’intervention sur l’alarme d’une trappe sur voie publique d’Asis International, dirigeant de sociétés
donnant accès à des câbles de téléphonie. de sécurité et de conseil.

Protection Sécurité Magazine Juillet / Août 2014 - 59

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