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Le Commissaire Aux Apports
Le Commissaire Aux Apports
Introduction
Le rôle du commissariat aux apports est d'une importance primordiale lors de la création ou
de l'augmentation du capital social d'une société. La mission du commissaire aux apports
consiste à évaluer de manière équitable les apports en nature effectués par les associés,
garantissant ainsi une valorisation transparente au sein de la société.
Le présent chapitre se concentre sur les aspects juridiques essentiels liés à cette mission de
commissariat aux apports. Nous analysons les réglementations et les obligations légales qui
encadrent cette mission afin d'assurer sa conformité totale.
Dans une première partie, nous examinons en détail le cadre légal et réglementaire régissant le
commissariat aux apports. Nous nous penchons sur les dispositions législatives nationales et
internationales qui définissent le rôle et les responsabilités du commissaire aux apports, en
mettant particulièrement l'accent sur le Code des sociétés commerciales et les normes
professionnelles en vigueur.
Par ailleurs, nous abordons de manière approfondie les responsabilités juridiques associées à
la mission de commissariat aux apports. Nous analysons les conséquences en cas de faute ou
de non-respect des obligations de la part du commissaire aux apports, tant sur le plan civil que
pénal. Nous étudions également les mécanismes de responsabilité professionnelle et les
recours disponibles en cas de litige, mettant en lumière les enjeux et les conséquences pour
toutes les parties prenantes concernées.
Dans une seconde partie, nous nous concentrons sur la procédure de constitution d'une
société, étape cruciale dans sa vie juridique et économique. Notre étude met en évidence
l'importance du commissariat aux apports dans ce processus, soulignant les garanties de
transparence, d'équité et de sécurité juridique qu'il offre.
A. La notion d’apport
Le code des obligations et des contrats stipule à l’article 1255 que « L’apport peut consister
en numéraire, en objet mobiliers ou immobiliers , en droit incorporels. Il peut aussi consister
dans l’industrie d’un associé ou même de tous. »
Dans le cadre du droit des sociétés, l'apport se réfère à la contribution réalisée par les associés
ou actionnaires lors de la création ou de l'augmentation du capital social d'une société. Cette
contribution peut prendre différentes formes : un apport en numéraire (une somme d'argent),
un apport en nature (des biens matériels ou des droits incorporels) ou un apport en industrie
(un savoir-faire, une compétence ou un travail).
L'apport revêt une importance cruciale pour la société, car il lui permet d'acquérir les
ressources nécessaires à son fonctionnement, son développement et la concrétisation de ses
projets. Les apports réalisés par les associés ou actionnaires donnent lieu à l'attribution de
parts sociales ou d'actions, représentant ainsi leur participation dans le capital social de la
société.
Du point de vue juridique, l'apport joue un rôle crucial car il impacte la structure du capital
social de la société, la répartition des droits et des pouvoirs entre les associés ou actionnaires,
ainsi que les obligations et responsabilités qui leur incombent. L'évaluation et la valorisation
des apports, ainsi que les formalités légales qui les accompagnent, sont régies par des règles
spécifiques définies dans le droit des sociétés de chaque pays.
A.2) Types d'apports
Il convient de noter que des règles spécifiques régissent l'apport en numéraire. Par
exemple, il peut être exigé que le montant versé représente au moins un quart du
montant total des actions souscrites par l'apporteur. De plus, la libération intégrale de
cet apport doit généralement être effectuée dans un délai déterminé à partir de la
constitution définitive de la société. SA
Selon l’article 165 du code des sociétés commerciale « L'apporteur en numéraire doit
verser au moins le quart du montant des actions souscrites par lui. La libération
intégrale des actions de numéraire doit intervenir dans un délai maximum de 5 ans à
compter du jour de la constitution définitive de la société. » En d'autres termes,
l'apporteur doit s'acquitter d'au moins 25% du montant des actions dès la création de la
société, et il a ensuite jusqu'à cinq ans pour libérer la totalité du montant des actions.
Cela permet de donner à l'apporteur un délai raisonnable pour réunir les ressources
financières nécessaires à la libération complète de son apport en numéraire.
Ces règles visent à garantir la solidité financière de la société et à s'assurer que les
engagements des apporteurs en numéraire sont respectés. Elles contribuent également
à instaurer un cadre de confiance et de transparence entre les associés ou actionnaires
et la société.
A.2-2). Apports en nature
L'apport en nature consiste à apporter à une société des biens matériels ou des droits
incorporels, plutôt que de l'argent liquide. Il s'agit concrètement de transférer des actifs tels
que des immeubles, des véhicules, des équipements, des stocks, des brevets, des marques, des
droits d'auteur, des créances, et d'autres éléments de valeur à la société.
Lors de la constitution d’une société l’apport en nature doit être entièrement libéré.
Apports en propriété
L'apport en propriété se réfère à la contribution d'un associé ou d'un actionnaire à une société
en transférant la propriété d'un bien ou d'un droit à la société. Cela implique que l'associé ou
l'actionnaire abandonne définitivement sa propriété sur le bien ou le droit en question, ce qui
confère à la société un nouvel actif.
L'apport en propriété peut prendre différentes formes, telles que le transfert de biens
immobiliers, de véhicules, de brevets, de marques, de créances ou d'autres types de biens et de
droits. Cette forme d'apport contribue à renforcer l'actif de la société et peut avoir un impact
significatif sur sa valeur et son développement.
Il est crucial de respecter les procédures légales et les formalités spécifiques requises par la
législation en vigueur lors de l'apport en propriété. Cela peut comprendre la rédaction d'un
acte d'apport, l'évaluation du bien ou du droit apporté, l'enregistrement auprès des autorités
compétentes et d'autres démarches nécessaires pour garantir la validité et la conformité
juridique de l'opération.
Apports en jouissance
Dans le cadre de l'apport en jouissance, le propriétaire du bien conserve sa propriété et ne
subit aucun changement. Il accorde à la société le droit d'utiliser le bien et de récolter les
revenus générés par celui-ci pendant une période déterminée.
Cette forme d'apport peut être utilisée lorsque le propriétaire met à disposition de sa société
un immeuble en échange de droits sociaux. Ainsi, il permet à la société d'utiliser l'immeuble et
de bénéficier des revenus associés, tels que les loyers, tout en conservant sa propriété sur le
bien.
Il est important de définir clairement les conditions de cet apport en jouissance, notamment la
durée pendant laquelle la société pourra utiliser le bien et collecter les revenus, ainsi que les
droits et obligations de chaque partie. Ces modalités peuvent être précisées dans les statuts de
la société ou dans un accord spécifique.
Avantages particuliers
Les "avantages particuliers" désignent les droits octroyés aux fondateurs et dirigeants d'une
société pour reconnaître les services qu'ils ont rendus lors de sa fondation. Ces avantages
revêtent généralement une dimension financière et se matérialisent souvent par l'attribution
d'actions offrant un dividende supérieur à celui versé aux actionnaires ordinaires. Les
avantages particuliers font l'objet d'une procédure spéciale de vérification
L’article 67 du CSC alinéa premier modifié par l’article premier de la loi n°2005-65 du 27
juillet 2005 stipule que « l’associé commanditaire ne peut faire un apport en industrie »
L'associé commanditaire ne peut faire un apport en industrie dans une société en commandite
simple ou une société en commandite par actions. En effet, dans ces types de sociétés,
l'associé commanditaire se distingue par son statut de commanditaire, ce qui signifie qu'il ne
participe pas activement à la gestion de la société et se limite à investir des fonds en tant
qu'investisseur.
Article 97 (Dernier alinéa modifié par l’article 16 de la loi n°2007-69 du 27 décembre 2007).
- « L’apport en société peut être en industrie. L’évaluation de sa valeur et la fixation de la
part qu’il génère dans les bénéfices, se font de commun accord entre les associés dans le
cadre de l’acte constitutif. Cet apport n’entre pas dans la composition du capital de la
société. » Dans une société à responsabilité limitée (SARL) , il est possible de réaliser un
apport en industrie au sein de la société. L'évaluation de sa valeur et la détermination de la
part des bénéfices qui lui revient sont convenues entre les associés lors de l'élaboration de
l'acte constitutif. Toutefois, il est important de noter que cet apport en industrie n'est pas
intégré au capital social de la société.
Lors de la constitution d’une société les futurs associés mettent en commun leurs apports, ceci
représente un gage pour les associés ou actionnaires et il en résulte la constitution du capital
social. L’apport est donc une condition à la création d’une société, c’est ce sens que l’article 2
du COC stipule que « La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
conviennent d’affecter en commun leurs apports, en vue de partager le bénéfice ou de profiter
de l’économie qui pourraient résulter de l’activité de la société ».
Aussi, lorsqu’il s’agit d’apports en nature la loi exige qu’une valeur soit attribuée à ces
apports, cela peut se faire par le biais d’un commissaire aux apports. Ceci dans le but d’éviter
tout type d’abus pouvant nuire aux tiers, aux apporteurs notamment les apporteurs en
numéraires ainsi qu’à la société elle-même.
L’article 100 du CSC prévoit que lors de la création d'une société, il est impératif d'évaluer
tous les apports en nature dans l'acte fondateur. Cette évaluation est effectuée par un
commissaire aux apports, désigné à l'unanimité des associés, ou à défaut par le président du
tribunal de première instance compétent sur demande du futur associé le plus diligent. Le
rapport du commissaire aux apports doit être inclus dans l'acte constitutif de la société.
L’article 151 du CSC relatif aux SUARL renvoie à l’article 100 relatif aux SARL
Cependant, les associés peuvent décider à la majorité des voix de ne pas faire appel à un
commissaire aux apports si la valeur de chaque apport en nature n'excède pas trois mille
dinars.
Si aucun commissaire aux apports n'est désigné, les associés deviennent conjointement
responsables envers les tiers de la valeur attribuée aux apports en nature lors de la création de
la société. Une action en responsabilité peut être engagée dans un délai de trois ans à compter
de la date de constitution de la société.
L’article 104 du CSC prévoit que si les articles 93 à 100 du même code sont enfreints, cela
entraîne la nullité de la société. Cependant, cette nullité ne peut pas être opposée aux tiers par
les associés de la société. Par conséquent, les tiers qui ont traité avec la société de bonne foi
peuvent maintenir leurs droits malgré la nullité de la société.
Lorsqu'une société est déclarée nulle en raison de la violation des articles susmentionnés, elle
est considérée comme une société en nom collectif de fait. Cela signifie que la société est
traitée comme une société de fait, où les associés ont une responsabilité illimitée et solidaire.
Ils sont tenus de répondre aux engagements et obligations de la société de la même manière
que dans une société en nom collectif.
Il est essentiel de noter que l'action en nullité de la société doit être engagée dans un délai de
trois ans à compter de la date de constitution de la société. Au-delà de ce délai, l'action en
nullité est prescrite et la société est considérée comme valide, même si les articles 93 à 100 du
CSC ont été violés.
Les articles 173, 181 et 391 du CSC établissent l'obligation impérative de faire appel à un ou
plusieurs commissaires aux apports pour évaluer, sous leur responsabilité les apports en
nature. Cette obligation s'applique aux sociétés anonymes (SA) qui font appel public à
l'épargne, aux SA qui ne font pas appel public à l'épargne, ainsi qu'aux sociétés en
commandite par actions.
L'article 181 du Code des Sociétés Commerciales (CSC) énonce que les statuts de la société
doivent comporter une évaluation des apports en nature, réalisée au moyen d'un rapport établi
par un ou plusieurs commissaires aux apports, qui assument la responsabilité de cette
évaluation. Ce rapport doit être annexé aux statuts de la société.
Par ailleurs, l'article 181 précise que les statuts doivent être signés par les actionnaires, soit en
personne, soit par un mandataire muni d'un pouvoir spécial. Toutefois, aucune disposition
n'est prévue pour déterminer le mode de désignation du commissaire aux apports.
Dans cette situation, une analogie peut être établie avec le régime applicable aux sociétés
anonymes faisant appel public à l'épargne, puisque l'article 180 du CSC, modifié par la loi
2005-65 du 27 juillet 2005, n'exclut pas l'application de l'article 173 du CSC aux sociétés
anonymes qui ne font pas appel public à l'épargne.
Lorsqu'une société anonyme (SA) fait appel public à l'épargne et qu'un apport en nature est
effectué lors de sa constitution, l'article 173 du Code des Sociétés Commerciales (CSC) exige
que les fondateurs fassent une demande au président du tribunal de première instance pour la
désignation, par ordonnance, d'un commissaire aux apports.
Selon l’article 391 les sociétés en commandite par actions sont régies par les dispositions
générales relatives aux sociétés en commandite simple et aux sociétés anonymes, à l'exception
des articles 176 à 209 du CSC, qui ne leur sont pas applicables.
d’après l’article 135 du CSC, Si une augmentation de capital d'une société a été réalisée en
tout ou en partie par des apports en nature, l'évaluation de ces apports est effectuée selon les
dispositions de l'article 100 du Code des Sociétés Commerciales (CSC).
En cas de différence entre la valeur retenue pour l'apport en nature et celle proposée par le
commissaire aux apports, les associés présents lors de l'augmentation de capital et les
personnes ayant souscrit à cette augmentation sont solidairement responsables envers les tiers
de l'évaluation de l'apport en nature pour une période de trois ans.
Les dispositions prévues aux articles 148 et 151 relatifs aux SUARL aboutissent au même
commentaire précité.
L’article 417 de CSC stipule qu’un expert qualifié et désigné par le président du tribunal de
première instance, à la suite d'une requête, joue un rôle crucial dans le processus de fusion
d'entreprises. Son rôle est de réaliser une évaluation impartiale et rigoureuse des modalités de
la fusion, en se basant sur tous les documents nécessaires fournis par la société concernée,
ainsi que sur les investigations menées de manière approfondie.
L'expert a pour mission d'évaluer les apports en nature réalisés dans le cadre de la fusion,
ainsi que les avantages spécifiques liés à cette opération. Il doit vérifier que la parité
d'échange proposée entre les sociétés fusionnantes est équitable et que la valeur attribuée aux
actifs transférés est réelle et justifiée. L'expert doit également préciser les méthodes qu'il a
utilisées pour déterminer les parités d'échange, en s'assurant de leur pertinence et de leur
adéquation.
Par ailleurs, l'expert est chargé de relever et de documenter les difficultés particulières qu'il a
rencontrées lors de l'évaluation, ainsi que les solutions adoptées pour les résoudre.
Dans le cadre de ces missions, l'expert est assimilé au rôle de commissaire aux apports, en
vertu duquel il assume la responsabilité de l'évaluation des apports en nature et de la
vérification des modalités de la fusion, conformément aux dispositions légales en vigueur.
Son expertise et son impartialité contribuent à assurer la transparence et la fiabilité du
processus de fusion.
Selon l’article 424 de CSC lorsqu’une société absorbante possède toutes les actions ou parts
sociales de la société absorbée, cela signifie qu'elle détient déjà le contrôle total de cette
dernière. Dans cette situation, certaines formalités requises lors d'une fusion à l’article 413 du
même code, telles que la présentation des rapports de gestion, du commissaire aux comptes et
du commissaire aux apports, peuvent être dispensées.
Cela s'explique par le fait que la société absorbante ait déjà une connaissance complète de la
situation financière, des performances et des apports de la société absorbée, étant donné
qu'elle en est déjà propriétaire. Par conséquent, la présentation de ces rapports n'est pas
nécessaire puisqu'il n'y a pas de tiers impliqués dont les intérêts doivent être protégés.
Toutefois, si la société absorbée détient une participation dans la société absorbante, elle est
considérée comme ayant un intérêt direct dans la décision de fusion. Dans ce cas, pour
préserver l'objectivité et éviter les conflits d'intérêts potentiels, la société absorbée est exclue
du droit de vote lors de l'assemblée générale extraordinaire qui décide de la fusion. Cette
mesure vise à garantir que la décision soit prise de manière équitable et dans l'intérêt de toutes
les parties concernées.
Si l’on se réfère à l’article 430 de CSC, Lorsqu'une société est scindée et transfère une partie
de ses actifs et passifs à une ou plusieurs sociétés bénéficiaires, une évaluation précise de ces
éléments est réalisée par un expert spécialisé inscrit sur la liste des experts judiciaires.
L'expert opère sous sa propre responsabilité et utilise la même méthodologie que dans le cadre
d'une fusion.
Son rôle consiste à estimer la valeur des actifs et des passifs transférés de la société scindée
aux sociétés bénéficiaires, garantissant ainsi l'équité de la transaction pour toutes les parties
impliquées. Une fois l'évaluation effectuée, l'assemblée générale extraordinaire de la société
bénéficiaire de la scission examine les évaluations fournies par l'expert.
Il est primordial que l'expert effectue une évaluation précise et impartiale des éléments
apportés, garantissant ainsi la transparence et la confiance dans le processus de scission. Cette
évaluation permet aux actionnaires et aux parties prenantes d'obtenir une vision claire de la
valeur des actifs et des passifs concernés, ce qui facilite la prise de décisions éclairées lors de
l'approbation ou de la désapprobation des apports évalués.
II) Le statut de commissaire aux apports
Le commissaire aux apports a pour rôle essentiel d'évaluer les biens ou droits apportés en
nature par les associés lors de la constitution ou de l'augmentation de capital d'une société. Sa
mission principale est d'effectuer une évaluation objective et professionnelle de la valeur de
ces apports.
Le commissaire aux apports doit exercer ses fonctions de manière indépendante et impartiale.
Il doit prendre en compte différents facteurs tels que la nature des biens apportés, leur valeur
marchande, les éventuelles contraintes juridiques ou économiques, ainsi que toute autre
information pertinente pour parvenir à une évaluation juste.
Pour mener à bien sa mission, le commissaire aux apports peut procéder à des expertises,
consulter des spécialistes, collecter des données financières, et effectuer des analyses
approfondies. Il doit ensuite rédiger un rapport détaillé qui expose ses conclusions sur la
valeur des apports en nature.
Le rapport du commissaire aux apports revêt une grande importance car il constitue une
référence officielle pour la société et ses associés. Il doit être annexé aux statuts de la société
et être mis à la disposition des tiers qui traitent avec celle-ci.
En ce qui concerne les SA, seuls les experts judiciaires peuvent être nommés commissaires
aux apports. Cette disposition vise à accorder une plus grande indépendance au commissaire
aux apports et à garantir la protection des tiers.
Il est ainsi important de souligner que le choix du commissaire aux apports dépend du mode
de désignation adopté, et dans tous les cas, l'objectif principal est d'assurer la compétence et
l'indépendance du commissaire aux apports afin de garantir l'évaluation juste et transparente
des apports en nature.
En Tunisie, la législation ne spécifie pas les compétences requises dans un domaine spécifique
pour qu'un expert judiciaire puisse être désigné en tant que commissaire aux apports.
Cependant, il est généralement attendu que cet expert possède une expertise technique et
professionnelle pertinente dans le domaine de l'évaluation des apports en nature.
Pour exercer la mission de commissariat aux apports, l'expert judiciaire doit démontrer une
connaissance approfondie et une expérience pratique dans l'évaluation des actifs et des
passifs, ainsi que dans l'analyse financière. Il doit être en mesure de réaliser une évaluation
précise et impartiale des apports en nature, en utilisant les méthodes appropriées et conformes
aux normes professionnelles en vigueur.
Bien que la législation ne précise pas explicitement les qualifications requises, il est
recommandé que l'expert judiciaire possède les compétences techniques, financières et
juridiques nécessaires pour mener à bien sa mission de commissariat aux apports.
Il convient également de souligner que le choix de l'expert judiciaire en tant que commissaire
aux apports relève de la responsabilité du président du tribunal de première instance
compétent, qui prend en compte les qualifications, l'expérience et la réputation de l'expert
dans le domaine d'évaluation spécifique.
1. Les personnes qui ont réalisé l'apport en nature soumis à évaluation ne peuvent pas
être désignées commissaires aux apports. Cette mesure vise à éviter tout conflit
d'intérêts potentiel.
3. Les personnes qui perçoivent une rémunération ou un salaire pour des fonctions autres
que celles de commissaire ne peuvent pas exercer cette mission. Cela concerne les
apporteurs, les fondateurs d'une autre société souscrivant 10% du capital de la société
lors de sa création, ainsi que les gérants ou la société elle-même ou toute entreprise
détenant 10% du capital de la société ou détenant le 10ème du capital lors d'une
augmentation de capital. Cette exclusion vise à éviter tout lien de dépendance
financière pouvant influencer l'objectivité du commissaire aux apports.
4. Les personnes qui ont été interdites d'exercer la fonction d'administrateur ou qui ont
été déchues de ce droit sont également exclues du rôle de commissaire aux apports.
Cette mesure vise à préserver l'intégrité et la confiance dans le processus de
nomination.
5. Enfin, les conjoints des personnes mentionnées aux points précédents sont également
exclus de la possibilité d'être désignés commissaires aux apports.
Si une incompatibilité survient pendant le mandat du commissaire aux apports, celui-ci est
tenu de cesser immédiatement ses fonctions et d'informer les fondateurs, les administrateurs
ou les membres du directoire, selon le cas, dans un délai de quinze jours maximums après la
survenance de cette incompatibilité.
Il est important de souligner que les résolutions prises par l'assemblée générale constitutive en
violation de ces restrictions sont nulles de plein droit. De plus, une action en nullité peut être
intentée dans un délai de trois ans à compter de la date de la résolution.
Ces exclusions sont prévues par les dispositions légales, notamment l'article premier de la loi
n° 2005-65 du 27 juillet 2005, et visent à garantir l'indépendance, la transparence et l'équité
dans le processus de désignation des commissaires aux apports.
Il est pertinent de relever l'incohérence apparente entre la limitation des incompatibilités liées
aux liens familiaux dans le cas du commissaire aux apports et du commissaire aux comptes.
Alors que le commissaire aux comptes est soumis à une incompatibilité jusqu'au quatrième
degré, le commissaire aux apports voit cette incompatibilité limitée au deuxième degré. Cette
différence de traitement soulève des interrogations quant à la nécessité d'une harmonisation
entre ces deux fonctions, qui exigent toutes deux un degré élevé d'indépendance
professionnelle.
Il aurait été préférable que le législateur harmonise ces dispositions afin d'assurer une
cohérence et une égalité de traitement entre les commissaires aux apports et les commissaires
aux comptes. En alignant le degré de parenté incompatibilité pour les commissaires aux
apports sur celui des commissaires aux comptes, cela aurait garanti un niveau équitable
d'indépendance professionnelle vis-à-vis des personnes concernées par les évaluations et les
vérifications.
Il est donc nécessaire que le législateur prenne en compte cette incohérence et envisage une
révision des dispositions existantes afin de garantir une harmonisation adéquate et une équité
de traitement entre ces deux fonctions au sein de la législation en vigueur.
La responsabilité du commissaire aux apports est d'une importance capitale dans le cadre de
sa mission. Il peut être tenu responsable, tant sur le plan civil que pénal, en cas de faute ou de
manquement dans l'exercice de ses fonctions.
La responsabilité civile du commissaire aux apports peut être invoquée lorsqu'il commet des
erreurs, des inexactitudes ou des négligences dans l'évaluation des apports en nature, ce qui
entraîne un préjudice financier pour la société ou ses associés.
Lorsque le commissaire aux apports évalue les apports en nature, il doit être diligent,
compétent et utiliser des méthodes appropriées pour effectuer une évaluation précise et fiable.
S'il ne remplit pas ces obligations et que des erreurs ou des négligences sont constatées, la
responsabilité civile peut être engagée.
Il est important de souligner que la responsabilité civile du commissaire aux apports est basée
sur la faute prouvée, c'est-à-dire la démonstration d'une négligence, d'une erreur ou d'une
inexactitude dans l'évaluation des apports en nature. Il ne suffit pas qu'une évaluation soit
simplement défavorable ou que des pertes surviennent, il faut prouver que le commissaire aux
apports a commis une faute professionnelle. En faisant preuve de compétence, de rigueur et
d'impartialité, il contribue à réduire les risques de fautes ou de négligences et à protéger les
intérêts des parties prenantes impliquées dans la procédure de constitution de la société.
Le commissaire aux apports peut également être tenu responsable sur le plan pénal s'il
commet des actes répréhensibles dans l'exercice de sa mission. Sa responsabilité pénale peut
être engagée conformément aux dispositions légales.
En cas de condamnation pénale, le commissaire aux apports peut être sanctionné par des
amendes ou même des peines d'emprisonnement, selon la gravité de l'infraction commise.
Il est donc crucial que le commissaire aux apports exerce ses fonctions avec intégrité,
professionnalisme et en respectant les obligations légales et réglementaires. En agissant de
manière diligente, en respectant les normes professionnelles et en assurant la transparence et
l'exactitude de ses évaluations, il contribue à minimiser les risques de responsabilité pénale et
à préserver l'intégrité du processus de constitution de la société.
L'article 146 du CSC relatif aux SARL prévoit des sanctions pénales, telles qu'une peine
d'emprisonnement d'un an à cinq ans et une amende de 500 à 5 000 dinars, pour les individus
qui, de manière délibérée et de mauvaise foi, surestiment la valeur réelle des apports en
nature. Bien que le commissaire aux apports ne soit pas explicitement mentionné dans cet
article, il peut être assimilé à l'une des personnes visées par cette disposition.
En effet, le rôle du commissaire aux apports est d'évaluer de manière objective et impartiale la
valeur des apports en nature. Par conséquent, si un commissaire aux apports agit sciemment et
de mauvaise foi en surestimant la valeur réelle des apports, il peut être tenu responsable et être
soumis aux sanctions prévues par l'article 146 du CSC.
Il est donc essentiel pour le commissaire aux apports d'exercer sa mission avec intégrité, en
respectant les règles et les normes professionnelles en vigueur. En agissant de manière
rigoureuse et en se conformant aux principes de transparence et d'objectivité, le commissaire
aux apports contribue à maintenir la confiance des parties prenantes et à assurer l'intégrité du
processus de constitution ou d'augmentation du capital social d'une société.
L'article 158 du CSC vise à décourager les associés uniques de procéder à une surévaluation
délibérée et malveillante des apports en nature. Cette disposition met l'accent sur la
responsabilité de l'associé unique en tant que personne morale dans le processus d'évaluation.
Si l'associé unique agit sciemment et de mauvaise foi en effectuant une surévaluation des
apports en nature, il peut être tenu pénalement responsable et se voir infliger les sanctions
prévues par l'article 158 du CSC.
Il est important de noter que l'objectif de cette disposition est de préserver l'intégrité des
évaluations des apports en nature au sein des SUARL et de protéger les intérêts des tiers. Elle
vise à dissuader les comportements frauduleux ou abusifs dans le cadre de la constitution ou
de l'augmentation du capital social.
En résumé, bien que la responsabilité pénale directe du CAA ne soit pas explicitement prévue
dans les SUARL, l'article 158 du CSC établit une sanction pénale applicable à l'associé
unique en cas de surévaluation intentionnelle et de mauvaise foi des apports en nature.
Cependant, il peut être pertinent de revoir la législation afin de clarifier et d'établir une
responsabilité pénale spécifique pour le CAA dans le cadre des SUARL, afin de renforcer la
transparence et la confiance dans le système juridique.
Il est vrai que l'absence de prévision d'une responsabilité pénale spécifique pour le
Commissaire aux Apports (CAA) dans le cas des Sociétés Unipersonnelles à Responsabilité
Limitée (SUARL) peut soulever des interrogations. En l'absence de dispositions légales
précises concernant la responsabilité pénale du CAA, cela peut créer une certaine lacune dans
la réglementation.
En effet, si l'objectif est de garantir l'intégrité des évaluations des apports en nature, il pourrait
être pertinent d'inclure une disposition spécifique prévoyant la responsabilité pénale du CAA
en cas de faute ou de mauvaise foi dans l'évaluation des apports. Cela permettrait de dissuader
les comportements répréhensibles et d'assurer une plus grande protection des intérêts des
parties concernées, y compris des associés uniques.
De plus, en reliant la responsabilité pénale à l'associé unique plutôt qu'au CAA lui-même, cela
peut créer une certaine confusion et complexité en termes de détermination de la
responsabilité et de l'application des sanctions appropriées. Il serait préférable d'avoir des
dispositions claires et précises définissant la responsabilité du CAA dans le cadre des
SUARL, afin d'éviter toute ambiguïté et de faciliter l'application de la loi.
Enfin, il est important de noter que la prévention des infractions et la dissuasion des
comportements répréhensibles sont des éléments essentiels pour assurer la transparence et la
confiance dans le système juridique. L'ajout d'une responsabilité pénale spécifique pour le
CAA dans les SUARL contribuerait à renforcer la gouvernance d'entreprise et à garantir une
évaluation juste et précise des apports en nature.
L'article 184 du Code des sociétés commerciales (CSC) relatif aux SA prévoit une peine de 1
000 à 10 000 dinars pour toute personne qui accepte ou conserve sciemment les fonctions de
commissaire aux apports, en violation des dispositions de l'article 174 du CSC concernant les
incompatibilités.
D'autre part, l'article 186 du CSC établit une peine d'emprisonnement d'un an à cinq ans et une
amende de 1 000 à 10 000 dinars pour ceux qui, par le biais de manœuvres frauduleuses,
attribuent à un apport en nature une évaluation supérieure à sa valeur réelle.
Ces dispositions légales visent à réprimer les comportements répréhensibles liés aux fonctions
de commissaire aux apports. L'article 184 vise à dissuader toute personne de continuer à
exercer en tant que commissaire aux apports malgré des incompatibilités prévues par la loi.
L'article 186, quant à lui, cherche à prévenir les pratiques frauduleuses visant à délibérément
surestimer la valeur des apports en nature.
Il est important de noter que ces sanctions ont pour objectif de préserver l'intégrité du
processus d'évaluation des apports en nature et de décourager les comportements frauduleux.
Elles soulignent l'importance de respecter les règles et les principes de transparence dans le
cadre des opérations de constitution ou d'augmentation de capital.
Il est vrai que l'article 186 du Code des sociétés commerciales (CSC) prévoit différentes
sanctions en fonction du type de société concernée. Dans le cas d'une société anonyme (SA)
faisant appel public à l'épargne (APE), l'article prévoit une peine d'emprisonnement d'un an à
cinq ans et une amende de 1 000 à 10 000 dinars pour ceux qui, par le biais de manœuvres
frauduleuses, attribuent à un apport en nature une évaluation supérieure à sa valeur réelle.
Cependant, dans le cas d'une SA qui ne fait pas appel public à l'épargne, l'article limite cette
peine à l'amende seulement, sans prévoir de peine d'emprisonnement. Cette distinction peut
sembler surprenante et peut soulever des questions quant à la justification de cette différence
de traitement.
Rq : noter le nom de l’auteur lorsqu’on développe son idée et l’année Il convient de noter que
la distinction entre les SA faisant APE et celles ne faisant pas APE peut être due à des
considérations spécifiques liées à la protection des investisseurs et à la réglementation des
marchés financiers. Les sociétés faisant appel public à l'épargne sont généralement soumises à
des obligations plus strictes en matière de transparence, de divulgation d'informations et de
gouvernance, afin de protéger les intérêts des actionnaires et du public.
En prévoyant une peine d'emprisonnement dans le cas des SA faisant APE, le législateur
cherche peut-être à renforcer la dissuasion contre les pratiques frauduleuses susceptibles
d'affecter la confiance des investisseurs et l'intégrité des marchés financiers. Dans le cas des
SA qui ne font pas appel public à l'épargne, la responsabilité pénale semble être limitée à
l'amende, sans peine d'emprisonnement.
Cependant, il est important de noter que la législation peut évoluer et être sujette à des
révisions. Les dispositions relatives aux sanctions pour les manœuvres frauduleuses dans
l'évaluation des apports en nature pourraient être réexaminées à l'avenir pour harmoniser les
peines applicables, indépendamment du type de société concernée.
B.3) la responsabilité disciplinaire
La responsabilité disciplinaire du commissaire aux apports est liée à son appartenance à une
corporation professionnelle, telle qu'un ordre professionnel ou une association représentant la
profession des commissaires aux apports. Dans le cadre de cette appartenance, le commissaire
aux apports est soumis à un ensemble de règles, de normes et de codes de déontologie propres
à sa profession.
Lorsque le commissaire aux apports commet des fautes, des manquements ou des infractions
aux règles professionnelles, sa responsabilité disciplinaire peut être engagée. Cela signifie
qu'il peut faire l'objet de mesures disciplinaires de la part de l'ordre professionnel ou de
l'association dont il est membre.
Ces mesures disciplinaires peuvent varier en fonction de la gravité de l'infraction commise par
le commissaire aux apports. Elles peuvent inclure des avertissements, des suspensions
temporaires ou définitives de l'exercice de la profession, des amendes ou même la radiation de
l'ordre professionnel.
Il est important de souligner que la responsabilité disciplinaire du commissaire aux apports est
indépendante de sa responsabilité civile ou pénale. Elle concerne spécifiquement son respect
des règles professionnelles et de la déontologie de sa profession. Les mesures disciplinaires
visent à assurer la qualité des services fournis par les commissaires aux apports, à protéger les
intérêts du public et à maintenir l'intégrité de la profession.
Il convient de noter que l'appartenance à une corporation professionnelle n'est pas obligatoire
pour exercer en tant que commissaire aux apports dans certains pays. Dans ces cas, la
responsabilité disciplinaire peut ne pas être applicable, mais le commissaire aux apports reste
néanmoins soumis aux lois et aux réglementations en vigueur dans l'exercice de ses fonctions.
4. Droit à une responsabilité limitée : Dans certains cas, le CAA peut bénéficier d'une
responsabilité limitée en ce qui concerne les évaluations des apports en nature, ce qui
signifie que sa responsabilité est engagée uniquement en cas de faute grave ou de non-
respect des normes professionnelles.
Il est important de noter que ces droits sont généralement accompagnés de devoirs et
d'obligations correspondants, qui visent à garantir la qualité et l'intégrité du travail du CAA.
Les droits et obligations spécifiques du CAA peuvent être précisés dans les lois, les
réglementations et les codes de déontologie professionnelle applicables dans chaque pays ou
juridiction.
C.2) Obligations du CAA
Le Commissaire aux Apports (CAA) a des devoirs et responsabilités qui lui incombent
lorsqu'il exerce sa fonction. Ces obligations varient selon les lois et réglementations en
vigueur. Voici une reformulation des principales obligations du CAA :
1. Devoir de diligence : Le CAA doit exercer ses fonctions avec soin, compétence et
diligence professionnelle, en respectant les normes et les pratiques professionnelles
applicables.
4. Devoir de transparence : Le CAA doit fournir des informations claires et précises sur
les évaluations des apports en nature et les méthodologies utilisées, afin d'assurer la
transparence du processus et de faciliter la compréhension des parties prenantes.
Il est important de noter que ces obligations doivent être exercées dans l'intérêt des parties
prenantes et en conformité avec les lois et réglementations en vigueur. Les obligations
spécifiques du CAA peuvent être précisées dans les lois, les réglementations et les codes de
déontologie propres à chaque pays ou juridiction.
C.3) Normes professionnelles et internationales
C.3-1) Normes professionnelles
Le Code de Déontologie des Experts-Comptables en Tunisie établit les principes et les règles
éthiques à respecter dans l'exercice de la profession d'expert-comptable, y compris lorsqu'ils
remplissent la mission de CAA. Son objectif est d'assurer l'intégrité, la compétence,
l'indépendance, la confidentialité et la transparence des professionnels de l'expertise
comptable.
Il est important de souligner que le code de déontologie est régulièrement mis à jour par
l'Ordre des Experts-Comptables de Tunisie pour refléter les évolutions de la profession et se
conformer aux normes internationales de déontologie.
Ainsi, les CAA en Tunisie ont l'obligation de se familiariser avec le Code de Déontologie des
Experts-Comptables et de veiller à respecter ses dispositions dans l'exercice de leurs
fonctions. Cela contribue à préserver la crédibilité et la confiance dans la profession, tout en
assurant la protection des intérêts des parties prenantes.
Les normes internationales relatives à la mission du Commissaire aux Apports (CAA) sont
établies par des organismes tels que l'International Valuation Standards Council (IVSC) et
l'International Auditing and Assurance Standards Board (IAASB). Ces normes sont
essentielles pour guider le travail du CAA et assurer une pratique professionnelle cohérente.
Voici quelques normes internationales pertinentes dans le contexte du CAA :
Il est important de noter que l'application des normes internationales peut varier d'un pays à
l'autre, en fonction des réglementations nationales et des pratiques locales. Les organismes
professionnels nationaux peuvent également établir des normes spécifiques pour compléter ou
adapter les normes internationales en fonction des besoins et des particularités nationales.
Afin de consulter les normes internationales pertinentes pour la mission du CAA, il est
recommandé de se référer directement aux sources officielles telles que les publications de
l'IVSC, de l'IAASB et d'autres organismes reconnus dans le domaine de l'évaluation et de
l'audit. Cela permettra d'obtenir les informations les plus récentes et fiables sur les normes
applicables à la fonction du CAA.