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1 - Sport et médecine

SPORT ET MÉDECINE
A. Introduction ....21
B. L’équipe de médecine du sport ....23
C. Principes et règles d’éthique en matière de
soins médico-sportifs ....25
MANUEL
DE MÉDECINE
DU SPORT

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1 - Sport et médecine

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CIO - Manuel de Médecine du Sport 2000
1 - Sport et médecine
SPORT ET MÉDECINE

A. Introduction
Dans l’ensemble du monde moderne, les gens de tous âges sont de plus en plus nombreux à pratiquer une
grande diversité d’activités physiques et sportives à tous niveaux. Nombreux sont ceux qui s’entraînent
régulièrement en vue de compétitions dans les écoles, les clubs et à tous les échelons, jusqu’aux Jeux Olympiques.
Quel que soit leur âge, leur activité sportive ou le sérieux qu’ils mettent à s’entraîner, à un moment ou à un
autre, tous connaissent blessures ou maladies et requièrent les conseils d’un médecin afin d’améliorer leur
capacité d’entraînement ou de compétiteur.

Une décennie s’est écoulée depuis que le CIO a publié la première édition de ce Manuel de médecine du sport.
Si les blessures et les maladies qui peuvent affecter les athlètes n’ont pas changé, il est toutefois essentiel de
faire une mise à jour des moyens employés pour établir un diagnostic (l’IRM, par exemple) et des traitements.
Il faut également discuter des avancées dans le domaine des médicaments et des suppléments vitaminiques, des
principes de rééducation, ainsi que des modifications aux règlements antidopage.

Au cours de leurs études universitaires, médecins et chirurgiens ne bénéficient pas d’une formation spécifique
pour prodiguer des conseils spécialisés sur les nombreux problèmes médicaux induits par la pratique du sport.
Ils complètent leurs connaissances dans ce domaine au contact des athlètes et des entraîneurs, en apprenant
quels sont leurs besoins et leurs problèmes, en suivant des cours de médecine du sport et de sciences du sport, en
lisant des journaux et des publications spécialisés, et en s’entretenant avec d’autres spécialistes de la santé tels
que médecins, kinésithérapeutes, thérapeutes sportifs, nutritionnistes, masseurs et spécialistes des sciences du
sport. À l’heure actuelle, on dispose d’une importante masse de connaissances relatives aux soins et problèmes
médicaux spécifiques que rencontrent les gens qui pratiquent une activité physique. L’objet du présent manuel
est de présenter une vue d’ensemble sur ces connaissances adaptée aux professionnels de la santé qui souhaitent
en savoir plus sur le travail auprès d’athlètes.

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Quelles qualités, compétences ou connaissances spécifiques un(e) spécialiste de médecine du sport doit-il
posséder? Il/elle doit fournir des soins médicaux aux athlètes et à ceux qui pratiquent des activités physiques de
loisir. Ces soins comprennent:
 l’examen médical préalable à la pratique sportive,
 le diagnostic et le traitement d’une blessure,
 la surveillance de la santé et les décisions qui en découlent,
 le contrôle visant à déceler et à prévenir le surentraînement,
 la détermination du régime alimentaire, la mesure de la puissance, de la souplesse, de l’anthropométrie,
des facteurs aérobies et anaérobies,
 la détermination de la stabilité des articulations et de l’alignement de l’extrémité des membres inférieurs.
Chaque sport exige un type d’entraînement particulier: les activités sportives ont chacune des stress physiques
qui leur sont spécifiques, des impératifs d’entraînement, ainsi que des besoins et des problèmes de santé propres.
Le spécialiste de médecine du sport doit connaître ces différences, et l’un des moyens d’y parvenir est d’assister
à des séances d’entraînement et à des compétitions.

En tant que patients, les athlètes ressentent en général une forte contrainte de se rétablir ou de se rééduquer
immédiatement afin de reprendre au plus vite l’entraînement ou la compétition. Le médecin doit y être sensible
et connaître des méthodes efficaces de rééducation et des activités de substitution pour l’entraînement.

De fait, le médecin du sport doit posséder des connaissances qui ne sont pas normalement exigées d’un médecin.
Elles comprennent la biomécanique, la physiologie de l’exercice musculaire, la psychologie du sport, la nutrition
des athlètes, les risques inhérents à l’entraînement et à la compétition en fonction de l’environnement, les
équipements sportifs et leur sécurité.

La bonne santé de tous les athlètes est à l’évidence un mythe. Les athlètes sont susceptibles de souffrir de toutes
les maladies et affections normales, et ils se heurtent à de nombreux problèmes médicaux qui résultent de leur
entraînement. Le médecin du sport doit savoir reconnaître les blessures mineures qui peuvent avoir des
conséquences majeures sur l’entraînement ou les performances d’un athlète.

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B. L’équipe de médecine du sport

1. L’équipe de médecine du sport


La complexité de l’entraînement en vue des compétitions olympiques exige le soutien d’un groupe de conseillers,
composé de spécialistes de médecine du sport et des sciences du sport, qui puisse aider les athlètes dans leur
recherche de la performance maximale. Tout au long de cette période de préparation, cette équipe peut comprendre,
entre autres, les personnes suivantes:
 médecin/chirurgien/spécialiste (ex: cardiologue, neurologue, dermatologue),
 kinésithérapeute,
 physiologiste,
 psychologue,
 thérapeute/entraîneur sportif,
 masseur,
 conseiller en musculation,
 physiothérapeute,
 spécialiste des étirements, du yoga,
 nutritionniste/diététicien,
 podologue,
 opticien,
 biochimiste,
 dentiste.

C’est le trio ‘athlète-entraîneur-médecin’ qui doit coordonner les conclusions du groupe de conseillers. Il sera
également parfois utile de consulter les parents de l’athlète.

2. Communication
Il est nécessaire qu’une relation fondée sur la confiance et la sécurité s’établisse entre les personnes suivantes:

athlète (parents)

entraîneur médecin

D’emblée, athlète et entraîneur doivent être parfaitement d’accord sur le principe que, dans le domaine médical,
l’avis du médecin fait autorité en dernier ressort. C’est là un point particulièrement important lorsque la poursuite
de la compétition ou de l’entraînement peut compromettre la santé future de l’athlète.

C’est en dernier lieu à l’entraîneur de coordonner et d’interpréter pour l’athlète les informations qu’il reçoit sur
sa santé, ses performances, sa rééducation, son entraînement musculaire, sa psychologie, etc. Une bonne
communication entre conseillers et entraîneur est aussi importante que celle entre entraîneur et athlète.

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3. Coordination
Médecin et entraîneur
Le médecin doit bien connaître les sports dont il/elle s’occupe. Avoir soi-même pratiqué ces disciplines sportives
constitue un avantage évident. Assister à des moments importants pour les équipes (séances de définition des
objectifs, entraînements et compétitions) aide à comprendre non seulement les défis que doit relever l’athlète,
mais aussi l’environnement dans lequel il évolue.

La communication sera optimale lorsque les facteurs médicaux et techniques seront clairement compris à la fois
par le médecin et l’entraîneur. Cela implique la mise en place de rapports de respect et de compréhension
mutuels. Le médecin devrait rester en rapport avec l’entraîneur durant les stages d’entraînement et participer à
leur planification afin d’éviter le surentraînement et d’intégrer adéquatement les périodes de récupération et les
sessions d’entraînement en parcours (cross-training), telles que la course à pied en piscine.

Médecin et personnel paramédical


Le bien-être ultime de l’athlète et de l’équipe dépend, dans une large mesure, de la communication directe entre
les médecins et l’équipe paramédicale (kinésithérapeute, entraîneur de l’athlète et masseur). Les recommandations
spécifiques doivent être soigneusement transmises afin que le traitement à suivre soit clair pour tous les membres
de l’équipe médicale. Athlètes et entraîneurs sont extrêmement sensibles aux divergences apparentes d’opinion
ou d’approche parmi les membres de cette équipe. Toute divergence perçue par l’athlète peut affaiblir son
environnement thérapeutique optimal.

Médecin et spécialiste des sciences du sport


Lors de la période d’entraînement, l’entraîneur tirera le meilleur parti des contrôles fonctionnels et de la
surveillance médicale de l’athlète si ce plan est élaboré conjointement avec le médecin et le spécialiste des
sciences du sport. Le médecin devra également choisir une série de tests spécifiques permettant de suivre la
guérison d’une blessure (ex: des mesures de force musculaire, tels que des tests de puissance concentrique et
excentrique dans le cas d’un sauteur souffrant de tendinite rotulienne). En collaboration avec le spécialiste des
sciences du sport, le médecin devra aussi établir des tests qui pourraient indiquer un cas de surentraînement (ex:
perte de poids, rythme cardiaque élevé au repos et lors de la récupération, taux élevé de CPK au repos et lors de
la récupération). Le médecin fera parvenir tous ces résultats à l’entraîneur afin qu’il modifie l’entraînement de
l’athlète en conséquence, mais il faut que le médecin et l’entraîneur connaissent très bien les exigences techniques
du sport concerné pour donner une interprétation adéquate de ces données. Une communication efficace entre le
spécialiste des sciences du sport et le médecin améliorera leur compétence à aider l’athlète.

Médecin et médecins spécialistes


Dans de nombreuses parties du monde, il est fréquent que l’accès à des soins médicaux et chirurgicaux spécialisés
souffre de retards pouvant se mesurer en mois. Les objectifs fixés par l’entraîneur et l’athlète seront atteints plus
efficacement si le médecin peut prendre fait et acte pour l’athlète et obtenir rapidement une consultation médicale
spécialisée. Cela exigera du médecin qu’il organise une équipe de spécialistes médicaux et chirurgicaux qui
identifieront en priorité la nécessité d’accès rapide à des moyens de diagnostic et à des traitements chirurgicaux.
De plus, lorsque les équipes participeront à un stage d’entraînement à l’étranger, le médecin devra mettre sur
pied un réseau de consultants médicaux et paramédicaux qui pourront aider celles-ci sur place.

Médecin et direction de l’équipe


Il doit exister un consensus clair entre le médecin, l’athlète (et ses parents) et la direction de l’équipe sur les
informations qui resteront confidentielles. La situation est optimale lorsque la relation athlète/médecin est
privilégiée. Le médecin ne communiquera des informations médicales à l’entraîneur, aux directeurs de l’équipe
ou aux médias que s’il en a la permission expresse de l’athlète. Cette politique exige des rapports clairs entre
toutes les parties afin qu’il n’y ait aucune confusion.

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Les préparatifs du voyage, le logement, les repas et l’horaire des épreuves exigent une grande coordination
entre médecin, entraîneur et directeurs. Ces derniers peuvent également s’occuper de toutes les demandes spéciales
que le médecin et l’entraîneur formuleront pour ce séjour à l’étranger: lits plus longs pour les athlètes très
grands, salle réservée aux soins médicaux et paramédicaux, quantité adéquate de boissons et de glace pour
l’entraînement et les épreuves, véhicule pour les déplacements de l’équipe médicale, etc.

Médecin et médecin traitant


Bien souvent, le médecin de l’équipe s’occupe d’athlètes dont le suivi est assuré par un autre médecin pendant
la plus grande partie de l’année. Il est donc nécessaire que la communication fonctionne entre le médecin traitant
et le médecin de l’équipe sur tous les aspects relatifs au bien-être de l’athlète. Il est essentiel que le médecin de
l’équipe ait accès à tous les documents mis à jour au sujet des sportifs sous sa responsabilité. Il est souvent aussi
plus facile, avant des compétitions importantes, de faire effectuer les vaccinations exigées pour un séjour à
l’étranger par le médecin traitant plutôt que par le médecin de l’équipe.

C. Principes et règles d’éthique en matière de soins médico-sportifs


La commission médicale du Comité International Olympique recommande aux médecins qui soignent des athlètes
d’adopter les règles d’éthique suivantes qui ont été établies à partir de celles rédigées par l’Association Médicale
Mondiale (World Medical Journal, 28:83, 1981). Elles reprennent certains des principes contenus dans la
Déclaration d’éthique (1997) de la Fédération Internationale de Médecine Sportive (FIMS) et tiennent compte
des circonstances particulières dans lesquelles soins et conseils médicaux sont donnés à ceux qui pratiquent des
activités sportives.

1. Tous les médecins qui soignent des athlètes ont l’obligation morale de comprendre les exigences
physiques et psychiques qu’imposent à ces derniers l’entraînement et la pratique de leur(s) sport(s).

2. Un médecin qui s’occupe d’un athlète professionnel dont le sport est la principale source de revenus se
doit de tenir compte des contraintes médicales de cette occupation.

3. Un des droits fondamentaux de tous les patients, athlètes y compris, est de pouvoir demander l’opinion
d’un autre médecin. On ne peut, en aucune circonstance, refuser ce droit à un athlète. Nous
recommandons toutefois que celui/celle-ci exerce cette prérogative en tenant son médecin au courant
et sur les conseils de ce dernier.

4. Afin de fournir les meilleurs soins aux athlètes, les médecins doivent s’assurer qu’ils sont au courant
des progrès qui ont lieu dans le traitement des athlètes.

5. Un des principes essentiels à respecter en tous temps est le suivant: tous les progrès dans le domaine de
la médecine du sport et de ses disciplines connexes doivent être annoncés ou publiés et ne jamais être
réservés à l’intention d’un groupe d’athlètes en particulier.

6. Lorsque le sportif en question est un enfant ou un adolescent, le médecin du sport doit s’assurer que
l’entraînement et la compétition sont adaptés à son stade de croissance et de développement. Un exercice
d’entraînement et une pratique sportive qui risquent de compromettre son développement physique et
psychique normal ne sauraient être autorisés.

7. En médecine du sport, comme dans toutes les autres branches de la médecine, l’athlète a droit au secret
concernant les conseils ou le traitement médical dispensés par le médecin ou le thérapeute.

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8. Lorsque le médecin du sport fait office de médecin d’équipe, il s’occupe non seulement des athlètes,
mais aussi des directeurs et des entraîneurs de l’équipe. Il est indispensable que chaque athlète en soit
informé et autorise la divulgation d’informations médicales, par ailleurs confidentielles, uniquement à
des personnes responsables bien précises, et dans le seul but de déterminer son aptitude ou son inaptitude
à pratiquer un sport donné.

9. Sur les sites sportifs, c’est au médecin de l’équipe ou de la rencontre qu’il appartient de déterminer si
un athlète blessé peut continuer ou reprendre l’épreuve ou le match. Cette décision ne devrait pas être
déléguée à d’autres professionnels ou membres du personnel. En l’absence du médecin, ces personnes
doivent s’en tenir strictement aux directives qui ont été établies par lui. En tout état de cause, la priorité
est accordée à la santé et à la sécurité de l’athlète. L’issue de la compétition ne doit jamais influencer
ces décisions.

10. Les médecins du sport doivent publiquement prendre position contre les méthodes ci-après et ne pas
en faire usage:
 l’emploi de tout produit ou de toute méthode interdites par l’AMA, le CIO ou la Fédération
Internationale du sport concernée;
 l’emploi de toute méthode contraire au code de déontologie de la profession;
 l’emploi de toute méthode qui pourrait nuire à la santé d’un(e) athlète, particulièrement le
dopage qui est à la fois contre le code d’éthique et les règles de la profession. Aucun médecin
prônant ou employant des techniques de dopage ne pourra obtenir une accréditation de
médecin du sport ou d’équipe;
 l’emploi de toute méthode utilisée en vue de masquer la douleur ou d’autres symptômes de
défense dans le but exprès de permettre à l’athlète de pratiquer son sport, alors qu’en l’absence
de telles méthodes, l’activité sportive aurait été déconseillée, voire impossible;
 l’entraînement et la pratique sportive dans des conditions qui sont incompatibles avec le
maintien de la bonne condition physique, de la santé ou de la sécurité de l’individu.

11. Le médecin doit informer l’athlète, les personnes qui en sont responsables et les autres parties intéressées
des conséquences des méthodes auxquelles il s’oppose, les mettre en garde contre leur utilisation,
s’assurer du soutien d’autres médecins et d’autres organisations poursuivant des objectifs semblables,
protéger l’athlète contre toute pression qui pourrait l’inciter à utiliser ces méthodes et aider à vérifier
que de telles méthodes ne sont pas utilisées.

12. Les médecins qui préconisent ou utilisent l’une de ces méthodes non conformes à la morale enfreignent
le code d’éthique du sport, et on devra leur refuser l’accréditation de médecin d’équipe.

13. Pour être en mesure de remplir ces obligations morales, le médecin du sport doit insister sur son
autonomie professionnelle en ce qui concerne l’ensemble des décisions médicales relatives à la santé,
à la sécurité et aux intérêts légitimes de l’athlète, aucune décision ne devant comporter un parti pris en
faveur d’un tiers quel qu’il soit.

14. Lorsque les médecins du sport accompagnent des équipes nationales participant à des compétitions
internationales dans d’autres pays, on doit leur accorder le pouvoir d’exercer les droits et privilèges
qui leur sont indispensables pour assumer leurs responsabilités professionnelles vis-à-vis des membres
de leur équipe pendant qu’ils se trouvent à l’étranger.

15. Il est vivement conseillé qu’un médecin du sport puisse participer à l’élaboration des règlements sportifs.

16. Toutes les études dans le domaine de la médecine du sport devraient respecter des directives d’éthique
communément acceptées. Ces recherches ne doivent jamais être effectuées d’une manière qui pourrait
nuire à la santé des athlètes ou à leurs performances.

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