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La Construction, L'attitude Et L'emplacement Du Colosse de Rhodes
La Construction, L'attitude Et L'emplacement Du Colosse de Rhodes
hellénique
Gabriel Albert. La construction, l'attitude et l'emplacement du colosse de Rhodes. In: Bulletin de correspondance hellénique.
Volume 56, 1932. pp. 331-359;
doi : 10.3406/bch.1932.2843
http://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1932_num_56_1_2843
! ET
:
fournissent les textes sur la construction, l'attitude et
l'emplacement de. la statue (4), j'ajouterai quelques données· nouvelles
recueillies suivie site de
rin en font le point de départ de leurs études. Elle est d'ailleurs communément
admise dans. le public (Cf.' Choiseul-GoufFier, Voyage pittoresque de la Grèce, I,
108).",
(1) F. Préchac, Le Colosse de Rhodes, ds. Rev. archéol., 1919," IX,r.p. 64-76;
.
■
construction^ dm Colosse: (2).' Elle me semble; aui contraire; le
devis d'une suite d'opérations parfaitement? logiques qui, étant;
données :>les dimensions de la statue, répondent à une solution;
rationnelle et prudente; L'œuvre fut construite par étages;
successifs,, comme- un< monument; .et dans chaque étage, le
premier soin de Charès fut démettre emplacet l'armature f de fer
interne.Elle 'était constituée- de barres· de: fer horizontales
({Λοχλοί) aux extrémités desquelles venaient s'assembler les
σχεδία'., , tiges de fer. façonnées à la forge et^ épousant ; approxima-
tivementda forme de la statue.
Les σχεδίαι, d'autre part, devaient1 être. rendues solidaires de*
l'enveloppe de bronze fondue : sur place; On ne ; sau rait; bien ;
'
vectibus ferreis; qui uncis alius super alium - transmissi erant per medium Colos-
sum :σ·χεδίαν vel,' ut supra dixerat, σχεδίας de laminis sive contis minoribus
ferreis qui vectibus illis affixi,' ab Mis exeuntes pertingebantadHnteriora Colossi -
.
désigne ici; les pièces horizontales de :1a charpente. Quant au mot σχεδία, il est;
employé tantôt au? singulier, tantôt au pluriel ::mais il n'est pas douteux que.
l'ensemble des σχεδίαι n'ait constitué la σχεδία.
(1) «. . . . κατάγειον τήν των έχομένων έΐϊίπε'βων έποιεϊτο χωνείαν. »-■
(2). Η.1 Brunn, Gèschichte der griechischen Kunsller, V, p. 417 sq.
(Braunschweig, 1823). *
335'
LA CONSTRUCTION- ET L'EMPLACEMENT DU. COLOSSE DE RHODES
(300 ? talents) par: rapport ' au i bronze (500 1 talents) : laisse penser,
:
qiie. lefbâti«du Colosse, à -lui seul;, était, un. ouvrage des plus t
robustes, composé de pièces de fer pesantes. C'est ce que relate?
Philon;:: « Τούτον ·;ό τεχνίτης ;έ'σωΟεν,< μεν σχεοίαις, σιδηραΐς, καΙ-
τετρ_απέ3οις διησφαλίσατο λίθοις, ων οι-, οιάπηγες : μοχλοί Κυκλώπειον ?
εμ;οαίνουσι ραιστηροκοπίαν »< et'il1. ajoute* Γ «?Tôï κεκρυμμένον^ του ■>
πόνου :τοΰ ^λεπομένου μείζον εστίν.·.» (2). De son côté," Pline,
décrivante lé colosse gisant à terre, confirme quela statue était
remplie de blocs de pierre :« ... vasti specushiant defractis mem-
b'ris;. spectantur, intus^magnae molisisaxa, quorum· pondère·
stabiliverat eum constituens. » (3);,
Liiders, qui examine, sans entrer dansle détail, les diverses·;
opérations: décrites ; par, Philon, considère: comme;
vraisemblables lesi deux premières,, savoir :: 1? la, construction sur
place, par tranches successives ; 2°'le remplissage du vide
intérieur au. moyen de fer et de pierres;JVlais il lui semble étrange:
que pour faciliter; le travailde, fonte, on < ait entouré la statue
d'un remblai de terre et il:ajoute : «. derselbe Zweck liess.
sich durch andere, einfachere Geruste undnachtrâgliche
Composition der.bereits gegossenen Stûcke an Ortiund Stelle errei-
chien· (4'.)· » =
(1) On pourrait imaginer que sur les σχεδίαι étaient fixées des tiges normales,
â la couche de bronze et assez longues pour dépasser la paroi externe. Dans ce;
cas. elles 'auraient été rivées au 'fur et; à mesure qu'on -enlevait la terre et ι
l'échafaudage (Cf." inf.!, fig. 2).* En outre,, il est vraisemblable qu'au moyen de"
tenons laissés en attente ou; de feuillures ménagées â cet effet, on ·, assurait la»
liaison entre les plaques .contigucs dont-chacune était obtenue -. par une fonte-
spéciale.
(2) Philon, éd. cit., p. 141.
(3) Pline, --Nat: Hist;, XXX1V.41.
(l) Liiders, op. cit., p. 13..
336, ALBERT GABRIEL
Ces;réserves seraient; parfaitement judicieuses si- comme- le
croit Liïders, le; remblaie de* terre avait: formé autour de* la
statue.un cône gigantesque: dansce cas,, en effet, en
admettant que ;I'angle des : génératrices à, la-base ait été de 45°
environ, angle quiicorrespond à l'angle naturel des terres, . le
diamètre de base du cône eût dépassé 100 mètres (l).,D'autre part;
cette; agglomérations de terre meuble aurait été; sans grande,
utilité (2).:: pour qu'elle^put remplir un; rôle; efiicace, il fallait
qu'elle ; constituât une : sorte d'en veloppe com pacte et résistante ■
autour de;la' statue. On doit· donc supposer qu'à mesure que
s'élevait ;. la construction γ on. dressait un .? échafaudage
:
périphérique composé de pièces de bois verticales réunies par des ;-
traverses sur lesquelles étaient clouées £ des planches. Lorsqu'on
avait mis en place les moules destinés à la fonte d'une
tranche, on remplissait; de terre battue et comprimée l'espace
vide compris enlre les moules et les planches de l'échafaudage :
ce dispositif avait -pour objet essentiel de maintenir, les moules
à leur place de façom parfaite et,· dans la; suite, des'opposer à>
tout>mouvement; à toute dislocation. des partiesachevées.. En
outre, la terre,· une*fois arasée; offrait aux ouvriers une
plateforme stable sur laquelle ils pouvaient opérer, en toute;
sécurité.
La construction d'un tel'échafaudage n'était point une
entreprise qui excédât; les capacités des architectes de cette époque..
On sait que pcndantde siège de la ville par Démétrios, ilsriva-
lisèrent d'ingéniosité* dans l'attaque et dansia défense de la -
place et qu'ils donnèrent des preuves nombreuses de leur auda-
cieusehabileté (3). Vitruve aaaconté, notamment,, de quelle
!
gigantesque charpente ï suggérai àï Chares* le principe de? lai
méthode qu'il adopta pour. construire la statue (2).
Le:schéma ci-contre, (Fig.. 1) représente l'ensemble
dès-travaux, statue et échafaudage, après;leur achèvement et la fig. 2
donneles détails de construction d'une tranche comprise entre:
les deux plans i parallèles (3) '. ,. On y pourra ■ suivre t. la s marche
;
11) Diodore, XX,' 91 ; .Vitruve, X, 16, 5-21. — Cf.: A; Choisy,- Vitruve, III,( p. 247--
250.'.
(2) On a affirmé, sans fournir de références, que le métal recueilli sur Thélé-
pole avait été -utilisé dans l la fonte du*Colosse (K.:. O^.Muller, Handbuch <, der .»
:
Archâologie,. 3e éd. I,. 159). Sous cette forme, . la : proposition est inacceptable ·:
puisque la ι machine était ' armée et ; recouverte de fer.. Mais, selon Pline,· les t
sommes nécessaires à la construction du Colosse furent tirées des machines de,,
guerre abandonnés pari Démétrios. (Pline, Nat: Hisl.\ op. et loc. cit. — Cf.
Suidas, s. ". ν; κολοσσαεΰς ;= Anthol. Pal.', VI, Π1). Il est donc fort possible que:la:-
plus fameuse d'entre elles; ait: été ι transformée, par Chares en un échafaudage..
Les travaux, dit Pline," durèrent douze ans, ce quiest admissible. Quant à lav
dépense,. elle/ aurait été, d'après le même auteur 'de. M.' CCC talents (II- faut*
corriger CCC, chiffre accepté' par' Guérin {Op. cit., p.. 112) en M. CCC — Cf.
Luders, op; cit., p. 29,' n. 33). Je ne crois pas qu'on puisse. tirer; d'informations w
utiles de. la comparaison entre eux* des chiffres; donnés? parPhiloni (loc. cit.),.
Pline {loc. cit.) et Polybe (V, 89).
(3) Cette. tranche correspond à la partie AA'BBV de la fig. 1;
LA. CONSTRUCTION/ KT ^EMPLACEMENT UU. COLOSSE DE;. RHODES 339
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Sur, la couche d'argile, on enlève une épaisseur égale à celle;
que doit avoir la couche de bronze, puis les moules sont remis:
en place et ; les rigoles, g, sont prêtes pour la fonte. ,
L'espace vide entre les moules/ et l'échafaudage Λ est remplie
de terre battue; 7".
IV. — Le métal est* fondu et'on procède à la construction de \
la tranche suivante; en» commençant par la: miser en k place.1 dus
libage m (1).
La dernière tranche une fois achevée, on; enlevait la terre,
.
puis.l'écbafaudage, et à mesure que l'on descendait de; laUête;
versla base,, on- donnait à; la^statue, par les raccordsiouî les;
retouches jugés nécessaires, son aspect définitif.';
Onsait quele Colosse; achevé, au plus tard; en 281-280* fut l
détruit lors du: fameux tremblement de terre de; 225-224^ av..
J.-C. (2p Ptolémée, qui aidales Rhodiens à reconstruire la cité;
dévastée, leur offrit;. pour la restauration de l'œuvre de Chares,
«trois mille talents, centi charpentiers, trois cent; cinquante
manœuvres et ; quatorze; talents pour le salaire annuelle; ces
ouvriers ». Mais les Rhodiens; alléguant l'interdiction
prononcée; par un oracle, auraient; tenu,. paraît-il[ à s'y conformer;
scrupuleusement (3). C'est ce qui pourrait' expliquer que, pen-
avec le texte de Philon.. Sur les ; détails — procédés de· moulage, précautions -
contre les tassements et les déformations — l'absence de données précises laisse
le choix libre entre de nombreuses hypothèses.
(2) Polybe,.V, 88-90; Pline, Nat. Hist., XXXIV, 41. — Les- dates que j'indique:
sont celles qu'adopte Collignon (Hist: de la sculpture grecque, rll, p. 489).' Cf. sur.:
ce sujet : Brunn, Aleschichle ι der Griechischen Kûnstler, -.1, ,' p. 416; C.Bursian,,
Chares von Lindos und sein WerA,dans Neue Jahrbûcher fur Philologie und Paeda-
gogik, Bd. 87," p. 92 ; Lûders, op.cit;, p. 5-6. .
(3) « Ουκ άνέστησαν δ'άυτόν χατά τιλόγιον » (Strabon, XVI," 652j.' — Cf. la ; scholie:
du Philèbe citée inf. p. 347, n. 2.
LA' CONSTRUCTION ET L*EM PLACEMENT DtK COLOSSE - DE : RHODES 341'*
-
dant neuf siècles, nul n'ait osé porter, la main sur les débris de
la statue. Cependant le fait n'a pas laissé de paraître
invraisemblable et ons'estdemandé si; le Colosse n'avait pas été l'objet
de quelque reslauration; Faute de preuves décisives la question::
reste posée (1), mais ce qui est certain, c'est: qu'en 653,' les
Arabes," au cours de leur expéditiomdans l'Egée; s'emparèrent! du»
bronze du Colosse, le transportèrent en Syrie et le vendirent à,
un jùifd'Emèse.- Ces événements bien connus, relatés par les
chroniqueurs byzantins,, ontété souventcités (2). Maisûl^ ne
semble pas qu'on ait utilisé jusqu'à ce jour le passage de Michel
le Syrien quhfournit, suivie même sujet, quelques:
renseignements :
« En 965 (3), les Arabes allèrent àRhodes qu'ils dévastèrent;
« Le Colosse d'airain. était admirable et passait! pour une :des?
« grandes merveilles dui monde : ils se: disposèrent à le, briser
« et à en prendre l'airain. Hélait en airain de Corinthe. Il avait
« l'aspect d'un homme debout. Quand ils mirent le feu dessous,
« onxreconnutqu'iU était fixé; àVdes pierres* au* milieux de.< la
« terre, par de grands tenons de fer. Des hommes nombreux se'
« suspendirent àdùi avecdes cordes et tout-à-coup, il: se ren-
« versa et;tomba!à: terre. Sa hauteur, dit-on;, était de cent sept*
«pieds; on y< trouva trois mille charges d'airain, et cet airain
« fut acheté par un juif: d'Emèse (4;. »·
De la phrase : il avait l'aspect d'un homme debout, ,ne: faut-il?
point conclure qu'au vne siècle,. le Colosse, reconstruit après sa
chute; était debout en entier? Il serait nécessaire, pour
l'affirmer, d'attribuer au texte syriaque une précision qui, bien
souvent, lui fait défaut. On sait qu'en 225,-. la statue se rompit aux
genoux (o) et ilest'possible que jusqu'à l'arrivée des Arabes,
(1) C'est tout au moins la conclusion de Luders qui a examiné tous les textes ?
sans -y pouvoir trouver une preuve catégorique de \ cette restauration (Lûders,
op. cit., p. 15-20).
(2) Cf. notamment : Constant. Porphyr., De administ. imper., 20 ; Theophanes,
Chronogr. éd. Classen, p. 527.
.
,
342; albert: uabriel,
·
il est difficile; de. déterminer, en l'absence d'informations;
précises, quelle était la véritable attitude du Colosse. .
A.ussiïM. Préchac a-t-il puidévelopper l'hypothèse nouvelle
,
Quelles eussent été; en effet, les dimensions de? chevaux
conduits par un cocher de 32 mètres de hauteur? (3) Non seulement!
;
d'hypothèses/
(1) Un passage de Sextus Empiricus relate que Charès ayant établi un premier *
devis pour une statue de dimensions déterminées, les Rhodiens lui demandèrent
combien coûterait une statue deux; fois plus grande. Il répondit queila1 dépense .
serait également double alors qu'il aurait dû exiger une somme huit fois plus forte.
Les Rhodiens acceptèrent ', et . Charès, dans l'impossibilité , de tenir parole, se
.
donna la. mort 2 (Sextus Empiricus, Adversus Mathemat., VII," 107;.. éd. Bekker,,
p. 212).
Ce récit, d'une authenticité suspecte iLuders, op. cit., p. 30, n.. 35) ne faisait-
sans doute que rappeler, d'une façon imagée et dramatique, le souvenir. d'un de
ces « dépassements de crédit » qui sont de tradition dans l'exercice de la.
profession d'architecte. Mais il est peu probable que Charès ait; été capable de
raisonner sur un cube comme sur une surface. L'erreur, vraiment, est trop grossière.
M; Préchac appuie sur cette fragile légende son hypothèse de l'IIélios-Aurige :
« ... Comment « l'architecte * pouvait-il ne pas. tenir compte suffisamment de la
largeur, s'il s'agi-sait d'un personnage debout et à pied? » (Le Colosse de Rhodes,
p. 68). On se demande pour quelles raisons l'erreur de Charès devient explicable;
s'il s'agit d'un personnage conduisant un char. .
(2) Ampelius, Liber memorialis, C, VIII, 19 sq«. — Cf. Préchac,., Le·. Colosse . de
Rhodes, p...70;n. 3Γ
(3) M.. Préchac admet que lee chevaux attelés au char du Colosse' de Néron;
« pouvaient être petits » (Le Colosse de Néron, p. 32); Mais si l'on voulait éviter.;
une disproportion qui évoque l'image des géants de carnaval, de tels chevaux,
même de petite espèce, eussent été des masses énormes..
LA CONSTRUCTION ET ^EMPLACEMENT i DU ' COLOSSE DE « RHODES 3 45 >
,
32 mètres de hauteur: D'ailleurs,, ses dimensions aussi bien que^
le mode de construction restreignaient la* liberté de l'artiste s
quidut: subordonner l'attitude du Colosse à* la nécessité d'en<
assurer,: l'équilibre. Je .ne dis r point qu'il ; donna ; à^ Hélios
l'aspect, d'un κούρος: archaïque, , jambes* raidiesietï bras: collés au
corps, mais ill était tenu; à; ne lui. prêter que; certains gestes;
sobres..
Les jambes, notamment; ne pouvaient s'écarter que :
légèrement de la verticale. Autrement; les blocs entassés à l'intérieur
eussent été placés en? porte àfaux et loin ? de ■<. concourir, à la?
■
(1) C'est ainsi que les restitue M. Préchac, qu'il s'agisse · du Colosse de Néron
(Le Colosse de Néron,:.p. 20) ou de celui de Rhodes (Le Colosse de Rhodes p. "Î5).
(2) Cf. l'interprétation, par Benndorf, des mots φέγγος ελευθερίας d'ap. Suidas s.,
ν. χολοταβεύς (Mittheil. des deulsch. archâol. Insl. in Ath'.ns, 1876,' p. 4G s.)..
34fi; ALBERT: GABRIEL.
.
avantages,, mais leur emploi risque fort d'altérer, lasilhouette d'une^
figure; D'après la-relation: grecque communiquéeà du^Choul·
par le Commandeur de la.Torrette, « la statue se montroit droite,
et. . . tenoit de main droite une espée et:de l'autre une longue r.
pique » (1).. h'espée (2), comme; le remarque - Mi. Pi échac, est;
étrange: et on- lui* substituerait volontiers- le flambeau
traditionnel!. Mais il est fort possible que le sculpteur ait placé dans?
la» main ί gauche d'IIélios- une- lance, . longue tige de: bronze
légèrement? inclinée sur laverticale. Prolongée jusqu'à laf base
et solidement fixée 'dans le marbre elle pouvait- former unj
véritable- étai; capable de contribuer,, de manière· efficace, à =
l'équilibre de lastatue.
Il est probable qu'à ces attributs d'IIélios,. le* flambeaux et, la
lance, Charès avait ajouté l'auréole de rayons, signe distinctiff
du dieu-qui^ accompagne notamment' l'effigie frappée sur les"
monnaies1; rhodiennes. Le texte de Philon? ne s'oppose · point, ,
semble-t-il, aune telle restitution : « Ή γαο.εΐκών του Βεοΰ ρ,όνοις ;
εγ'.γνώτκετο .τοις ες εκείνου..»
Sur le caractère- plastique de la> statue,-. nous; en? sommes:
réduits à des suppositions puisque, desïtravauxde'Charès, rien?
ne nous est parvenu. Mais il est permis d'admettre que les œu-
(1) Du Choul, Discours sur la religion des anciens Romains, Lyon," 1567 p. 211 sq..
Le manuscrit grec dont parle le Commandeur de la Torrette n'est-il pas celui-là·
même qui était entre les mains de Fontanus lorsqu'il écrivit le récit du dernier ■;
siège de Rhodes: « De hoo Colnsso prodit liber Graecus quem penes . me habeo,-
seuueriuslibri quaedam uetusta-pars incerto: auctore. » (Fontanus,. De bello ?
;
■
vres géantes de l'élève, de Lysippe gardaientiencore un reflet de
la sculpture classique et que le Colosse dressait devant le port
de Rhodes,, sans; emphase déclamatoire,, une? silhouette: aux
lignes simples, aux masses bien équilibrées, d'un caractère à: lax
fois puissant et paisible.
(1) Platon, éd. Bekker, Londres, 1826; t.. Y, p. 434 (Philèbe,. Il, 3, 140, § 15).
(2) Protarchos, ayant prononcé les paroles : Μή κινεΐν ευ κείμενον, le scholiaste
remarque : Μετήκται δέ έκ του εν Ρόδω Κολοσσού, δςπεσών πολλάς οικίας κατέσεισε
et il ajoute : « Βασιλε'ως ξε βουλομε'νου αυτόν < αναστήναι φοβούμενοι ; οί Ρόδιοι, μή
.
πάλιν καταπε'σ-Q, τό προκείμενον έττεφθε'γξαντο.» [Op. et loc. cit.). Selon Bekker '.-
;
.
l'extrémité occidentale, de la, grand'rue (Rue des Chevaliers)
-.
et, dans les textes du moyen âge, elle figure souvent:sousda
dénomination \ d'Ecclesia>Sancti Joannis > Colossensis: (4). Mais
on: doit remarquer. que le même adjectif colossensis s'appliquait
arsenaux fut ruinée; il est bien certain que les maisons ne furent pas épargnées.
Les :. mêmes faits se renouvelèrent lors du , tremblement î de terre de 1481 (Cf.
:
'
Caoursin, De terrae motu labe)..
(1) F. Préchac (Le Colosse de Rhodes, p. 74,' n. 1) s'appuie sur le passage
suivant : « έστησαν ανδριάντας έν τω τών;Ροδΐων>- δοίγματι. » (Polybe, V, 88). Or,,iL·
s'agit là de statues élevées aux frais: de Hiéron et de Gélon. Quant au». passage;
d'Aelius Aristide,, invocjné par M* Préchac en faveur de cette même hypothèse,
il ne fournit sur ce point aucune précision;: « ...ε'.σΐ δέ και εικόνες λοιποί τίνες εν
Τΐίναξι, και των χαλκών έργων όσον οεϊγαα και το αέγα άγαλμα και το ήμετέρον τουτί .;
χωρίον... » (Aelius Aristide, ed. Dindorf, Leipzig, 1829, XL1II, 'Ροδιακός, 553 (367),,
ρ; 818.",.
(2) Rottiers, Monuments de Rhodes, p. 81. — Cf. Guérin, Ile de Rhodes, p. 122;;
Van Gelder, Geschichle der alten Rhodier, Haag, 1900, p. 387; Préchac, Le Colosse
de Rhodes, p. 74.
(3) Une autre église Saint-Jean, appelée Saint-Jean de la Fontaine, était située -
hors les murs, au faubourg de Saint-Georges '(A; Gabriel, La Cité de Rhodes, II,
p. 211).
(4) «...ad Phanum Joannis Colossensis. » (Fontanus, De bello Rhodio, libi%i très,
éd. cit., H,rF, iiij). — Cette dénomination n'a aucunrapport avec celle de Saint-
Jehan du Coulac (Coula c = Collachium = Couvent = Château). . Cf. A. Gabriel,
op. cit., p. 169, n. 1;
LA. CONSTRUCTION: ET L'EMPLACEMENT DU COLOSSE: DE 'RHODES -349 3
,
naissance si la statue avait été construite dans la ville ou même
au. fondid'un* bassin ?.
En voyant les navires franchir la passe, aux pieds du Colosse,,
les Rhodiens du ■? m V siècle ; constataient que les mâts les ! plus -
élevés auraient pu ι passer entre ses jambes. La statue détruite,
la comparaison subsiste; mais,, avec le temps,. le conditionnel*
devient: un imparfait de l'indicatif.'. N'est-ce point, ainsi que,
très sou vent,, se forment des -légendes de 'cette sorte,, rarement1;
imaginées de toutes pièces.
En tout cas, à kifin du xive siècle, les historiens dès
Hospitaliers situent? le Colosse à l'extrémité du môle Saint-Nicolas.
A cette époque, la chapelle homonyme, qui a subsisté jusqu'en"
1464 1 (1), a fait place à une forteresse, la Tour;Saint-Nicolas,
qui,,selonCaoursin, s'élève « ubipriscis temporibus collosus;
«■(sic) ille ingens rhodi (unum- de septemimirabilibus mundi)
« ι positus erat; qui post très et ï quinquaginta annos (quo ; fusus
;
>
«erat) terre motu* corruit* »(2). Om observera que? Caoursini
nei fait nulle; allusion^ à une > statue écartant les jambes, . non*
plus d'ailleurs que: Fontanus; 40*ans plus tardt : « ...turriss
« Nicolea;.. super molem, dextro cornu anteportum admirabilii
« antiquitatis arte et sumptu in mare proiectam; in qua stetissei
« ferunt colossum ilium solis inter septemi orbisimiraculak
« primum... » (3).
Il est inutile de reprendre par le menu toutes les hypothèses -
émises-depuis lexvi'/ siècle jusqu'ànosr jours. :, la' plupart
d'entre elles, même les plus ingénieuses, cherchent à concilier;
avec des données certaines : les traditions ; les * plus suspectes eU
du reste, à de:rares exceptions près, leurs- auteurs n'ont que.
des notions insuffisantes sur là topographie de Rhodes.
(1) L'église Saint-Nicolas est encore signalée en 1444 lors de l'attaque de Rhodes ?
par les > Égyptiens.. D'après les épisodes dut siège, sa situation à l'extrémité du:
môle n'est pas douteuse. (Jean de Waurin, Chronique, éd. Hardy, p. 36; Ioannes*
Germanus, VitaPhilippiIII,ét\. Ludewig, p. 77). Cf. A. Gabriel, La Cité de Rhodes, .
I,' p. 79 sq. et ibid., Pièces justificatives, II. .
(2) G.Caoursin, Obsidionis Rhodie urbis descriptio, Ulm, 1496, f» a, iiij, verso. .
(3) Fontanus, De bello Rhodio libri très, Rome, 1524, F, iij.
LA CONSTRUCTION ET l'em PLACEMENT DU COLOSSE DE RHODES 351
boulevards ont été bâtis, a fundamentis, &u xve siècle et rien n'appa-
(1) A. Gabriel, La Cité de Rhodes; l^p. 81; fig. 42. Pour le détail de la porte A,.
voir ibid., p. 83, fig. 45.',
(2) Etant donné les causes d'erreur dans le calcul du rayon — usure? du mar-
LA CONSTRUCTION ET L EMPLACEMENT. DU COLOSSE ;. DE ί RHODES 35?
,
Certes,, il pourrait avoir/ appartenu 'à>un«monument de la-ville,
et avoir été transportera' l'extrémité duj môle * lors de la consi-
truction du; fort Saint-Nicolas. .Mais par une coïncidence qui,,
si elle était fortuite,* serait vraiment singulière, le diamètre de
la ; tour; centrale ? du fort; est; très voisin: de 171 mètres, N'est-ill
pas plus vraisemblable d'admettre que -la; tour, fut: construite?
sur les; fondations d'uni édifice antique, de: 17/ mètres de^dia-
mètre et* qu'une: pierre:; d'assise de; cet édifice, fut î remployée ;
comme seuiHdans la tour du moyen âge. ,
Quel était le rôle de cette construction antique ?.Tour,fc phare,,
base? gigantesque?" D'après ■ les déductions- précédentes, . cette,
dernière hypothèse me- paraît : le plus plausible et je crois ques
le marbre précédemment décrit est un vestige; le seul
actuellement : visible,, dela> base désignée ν par Philon, βάσνς εκ λευκής ·
jxap [Αοφίτιοος. πέτρας...
Quelle était sa forme exacte ? Aucun indice ne permet de la
préciser. Peut-être se composait-elle de plusieurs étages
superposés et de: diamètre décroissant,, suivant ι le type: de. certains
grandsphares antiques (1) : c'est cequiva étéHndiqué. sur les;
iig. .lîet 5, mais ce n'est là qu'une restitution -.vraisemblable. Il î
se r pourrait également que la chemise polygonale ; qui l enserre ?
aujourd'hui la tour centrale correspondît? elle-même aux
^fondations de:l'étage inférieur et on: peut se demander. si," dans ce
cas, cet étage ne comprenait. point une ordonnance continue de
colonnes disposées suivant le cercle de base autour d'un noyaus
massif, véritable; piédestal de la statue. Le texte d'Ampelius et:
la relation du Commandeur de - la> Torrette semblent confirmer:
:
bre, . légère :· irrégularité d'un -. segment " — j'adopte ici un chiffre rond: Ce qui v
importe, au reste, c'est l'ordre de grandeur de l'édifice.
(1) Cagnat et Chapot, Man. cTarchéoL·- romaine, Paris, 1917, I,' 54, fig. 25 ;
Thiersch, Pharos, pass.
(2) M. Préchac · (Le t Colosse de Rhodes, p.. 70, n. 3) donne le texte du ms. du-
Liber Memorialis d'Ampelius relatif au Colosse (G." VIII;'. § 19 sq.) et propose de-
corriger super columna en super coluriw (coluria = demi-colonnes). Dans un*
article suivant (Ampeliana,pi 266) l'auteur abandonne cette interprétation et
suppose qu'il faut donner à coluria ; le sens «de tronçons \ de ■ fûts, c'est-à-dire de ■·.
.
358 ί ALBERT GABRIEL, '
(1) « ...κολοσσού μέν ούν εκείνου μνημεΐον ουδέν τι έλέλειπτο, ού μέντ' αν οϋο' ε?
ποτέ γέγονεν όστις ποτ' άρ' ΐ,ν εκείνος, εϊκασίαν έδίδου τινά · οΰτε γαρ χαλκού μόριον
ουδέν, ου μτ\ν ούδ' ει τίνες εΐεν έκ λίθων έκείνω κρηπΐδες, έλέλειπτο λείψανον πάντων
ουδέν. » Niceph. Gregoras, Hist, byz., éd. Bekker, Bonn, 1855, XXII, fi.