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Report n°2-1
Concrete in marine environment
1
Projet MEDACHS
Marine Environment Damage to Atlantic Coast Historical and transport works or Structures:
methods of diagnosis, repair and of maintenance.
L’Espace Atlantique, comme toute côte, abrite •Évaluation de l'état de structure en place (pont
des infrastructures portuaires, de communication en acier ou en béton armé, monument en
(ponts), ou touristiques. Ces infrastructures sont pierre, structure de bois de construction,
nécessaires à la vie économique de la région. quais, quais sur pieux) : mesure à l' aide des
Elles peuvent être immergées, en zone de outils de CND, modélisation de la structure.
marnage, en zone exposée à la houle, ou en zone •Définition d' une politique optimale de
exposée uniquement aux embruns. Des maintenance pour de telles structures.
pathologies communes (comme la corrosion, les
attaques biologiques (bactéries, moisissures), la
Partenaires du projet:
lixiviation...) à ces quatre cas coexistent avec
certaines propres à chaque situation, les plus Labein: C/Parque Tecnologico de Bizkaia –
graves étant celles en zones immergées ou de Edificio 700 – 48160 – (Bizkaia) – Derio – Spain
marnage, les moins graves celles en zones
ARC’ANTIQUE – 26 rue de la haute forêt –
terrestres mais exposées aux embruns. Ces
F44300 NANTES – France
pathologies peuvent induire une dégradation
structurale, fonctionnelle ou esthétique de CDGA Université de Bordeaux 1, Domaine
l'ouvrage, le taux de détérioration étant fonction Universitaire F33405 Talence Cedex – France
de l’emplacement. Une telle dégradation peut
Conseil Général de Gironde (CG33): Esplanade
avoir comme conséquence une perte de valeur ou
Charles de Gaulle F33000 Bordeaux – France
de qualité de service de l' ouvrage à un niveau
élémentaire ou global. CTBA – Allée de Boutaut – BP 227 – F33028
Les gestionnaires de tels ouvrages sont donc Bordeaux cedex – France
confrontés à des questions du type : quand lancer
GeM: 1 rue de la Noe - F44300 Nantes – France
les opérations d’entretien/réhabilitation ? ou
jusqu’à quel degré ou niveau réhabiliter ?. La LCPC Nantes: route de Bouaye, BP4129,
conséquence principale étant le coût de la F44341 Bouguenais Cedex – France
réparation. Pour répondre correctement à ces
LEPTAB: Université de La Rochelle
questionnements, les gestionnaires d’ouvrage
Av. Michel Crépeau F17042 La Rochelle cedex
doivent disposer d’outils les aidant établir un
– France
diagnostic, à prévoir l’évolution du dommage
avec le temps, afin d’optimiser leurs dépenses Port Autonome Nantes St Nazaire – Service
d’entretien ou de réhabilitation. Un tel outil doit études et Travaux d'
Infrastructures – 18 quai
également pouvoir évaluer des périodes Ernest Renaud, BP18609 – F44186 NANTES
optimales d' intervention permettant d' optimiser Cedex 4 – France
la vie entière d’un ouvrage ou d’un réseau de
Trinity College Dublin: Department of Civil,
structures.
Structural & Environmental Engineering
D’autre part les compagnies/opérateurs chargés
Museum Building - Trinity College Dublin
d'effectuer le travail de réhabilitation ont
Dublin 2 – Ireland
également besoin d' informations fiables sur la
qualité des produits utilisés en réhabilitation, sur EP - Estradas de Portugal, E.P.E.
leur durabilité et sur leur adaptation au problème Praça da Portagem – 2809-013 Almada –
qu’ils ont à résoudre. Portugal
LNEC – Département Matériaux – Avenida do
Travail de recherches : Brasil, 101, 1700-066 Lisboa – France
•Étude du vieillissement en air salin du bois, de
l’acier, de la pierre (selon leur carrière), et du
béton armé. Site Web: http://www.medachs.u-
• Étude des outils disponibles des mesures pour bordeaux1.fr
évaluer l' état de dégradation des matériaux
tant en laboratoire qu’in situ.
2
Durabilité des ouvrages en béton armé
Introduction .................................................................................................................... 4
Les pathologies des structures en environnement marin................................................ 5
3
Introduction
La durabilité est définie par la norme NF X 50-501 (durée de vie et durabilité des
biens) comme « l' aptitude d’une entité à accomplir une fonction dans des conditions données
d’utilisation et de maintenance, jusqu’à ce qu’un état-limite soit atteint ».
Pour les matériaux et les ouvrages, on parlera plutôt de durabilité pour le matériau
(qualifiant les aptitudes du béton à maintenir ses fonctions, par exemple de résistance aux
agressions mécaniques et chimiques) et de durée de vie pour les ouvrages, la durée de vie d' un
ouvrage étant le temps durant lequel l’ouvrage remplit en toute sécurité les fonctions pour
lesquelles il a été construit, compte tenu des conditions de service et des exigences
économiques. On emploie aussi le terme de durée de service.
La durée de vie est devenue à la fois une exigence et un souci : il convient de l’assurer
par une conception et une mise en œuvre adéquates, de la quantifier (d’où le recours à
l’évaluation non destructive), de la restaurer ou de la prolonger. Les maîtres d’ouvrages ont
donc le souci de connaître l’état du patrimoine existant afin de s’assurer de sa stabilité dans le
temps. Faut-il laisser l’ouvrage en l’état, le réparer ou le détruire ? Dans le cas de réparation
se pose la question de la pérennité de cette réparation.
4
Durabilité des ouvrages en béton armé
approches utilisées pour établir ces prévisions reposent sur des modèles simples de prévision,
déterministes, ou sur des modèles faisant appel à des notions de fiabilité, incluant le plus
souvent un modèle de coût de cycle de vie. On peut alors prédire l’évolution dans le temps
des indicateurs de durabilité et les comparer à des valeurs seuils. Tous ces modèles ont besoin
de données de référence, qualifiant :
(a) la géométrie et l’état de l’ouvrage au moment de l’inspection et
(b) les propriétés qui en conditionneront l’évolution.
Ces données ont obtenues soit à l’aide d’essais semi - destructifs soit grâce aux
techniques non destructives (END) [BRE 05].
L’ettringite secondaire :
La formation d’ettringite est fréquemment associée à la description des attaques
sulfatiques. Elle se forme à partir de C3A non hydraté quand le béton a déjà durci. elle peut
générer de l’expansion. Le caractère expansif ou non de l’ettringite, lié à sa façon de
cristalliser, dépend de la composition de la solution, et en particulier de sa teneur en chaux
CaO donc du pH.
Le gypse :
Le gypse peut résulter de la dissolution de l’ettringite, dans des solutions relativement
pauvres en hydroxyde de calcium quand le pH devient inférieur à 11,5-12. Les dommages
causés peuvent être de deux types : l’écaillage et le gonflement du béton. Pour évaluer les
5
conséquences de la seule formation de gypse, il était nécessaire d’empêcher la formation
d’ettringite, en utilisant des liants sans C3A. On remarque que l’absence de C3A ou
d’ettringite par exemple, n’exclue pas l’occurrence d’une attaque sulfatique celle-ci étant du à
la formation de gypse.
La thaumasite :
La thaumasite se forme généralement quand l’attaque sulfatique a lieu à des
températures assez basses (entre 0 et 5°C). Elle est le produit de réactions entre les C-S-H, et
les ions sulfates SO42- et carbonates CO32-. Elle peut aussi se former à partir d’ettringite et être
associée à la formation de gypse.
La dégradation du béton liée à la formation de thaumasite provient donc de la
dégradation des C-S-H. De tels phénomènes ont été identifiés sur des monuments historiques,
sous des climats froids, restaurés avec des matériaux à rapport eau sur ciment élevé, et sur de
nombreux autres ouvrages soumis aux sulfates. La probabilité de voir se produire ce type de
dégradation augmente si des granulats ou des fillers calcaires sont utilisés sous des climats
froids, car ces matériaux sont essentiellement constitués de carbonate de calcium, et les ions
carbonates interviennent dans les réactions de formation de la thaumasite. Son mécanisme de
formation n’est donc pas encore bien connu, de même que l’influence de la température sur
les attaques sulfatiques.
6
Durabilité des ouvrages en béton armé
Action de la carbonatation
La carbonatation entraîne des modifications notables dans la structure du matériau. Le
dioxyde de carbone CO2 qui pénètre dans le béton se dissout dans l’eau qu’il contient et réagit
avec l’hydroxyde de calcium Ca(OH)2, sous forme de portlandite, ou les silicates de calcium
hydratés, pour former du carbonate de calcium CaCO3. Ce phénomène est appelé
carbonatation et il entraîne une diminution du pH de la solution interstitielle. Lorsque le front
de carbonatation atteint les armatures celles-ci sont dépassivés. La couche de passivation
n’étant stable qu’en milieu basique, la corrosion des armatures peut débuter. Insistons sur le
fait que la carbonatation n’altère pas forcément les propriétés mécaniques et de transfert du
béton– il semble même qu’elle les améliore dans certains cas. En fait elle met en danger
uniquement les armatures si elles sont atteintes par le front de carbonatation.
La vitesse du front de carbonatation dépend de la perméabilité au gaz du béton car le
C02 pénètre par la porosité du béton mais également de la teneur en humidité du béton. Une
humidité relative de 50% est favorable aux réactions [BAR 94]
Etapes de la corrosion
La figure 1 met en évidence les différentes étapes de la corrosion des armatures avec
les deux phases :
- la phase d’incubation : phase où les agents agressifs pénètrent jusqu’aux armatures
- la phase de propagation de la corrosion
7
période d ’incubation période de propagation
Temps d’exposition
Nous avons choisi d’étudier uniquement le cas de la corrosion car celle-ci est le
mécanisme le plus fréquent de détérioration des ouvrages de la côte Atlantique. Les causes de
la corrosion correspondent à deux modes de transport différents : le CO2 pénètre sous forme
gazeuse alors que la pénétration des ions chlorure nécessite un vecteur liquide à savoir l’eau.
L’évolution des désordres dus à la carbonatation peut donc être séparée de celle des désordres
dus à la pénétration des ions chlorure même si la résultante est identique. Une bonne
connaissance des phénomènes de transport au sein du milieu poreux est de toute façon
nécessaire pour quantifier la phase d’incubation.
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Durabilité des ouvrages en béton armé
V.E.R
Phase solide
Réseau poreux:
phase liquide ou gazeuse
Dans le développement qui suit nous prenons donc en compte l’existence de l’élément
de volume représentatif (V.E.R) et donc des grandeurs macroscopiques liées. Le V.E.R
contient trois phases (figure 3) qui contiennent elles mêmes différents constituants. Pour
simplifier nous nous plaçons dans le cas où la phase liquide contient uniquement des ions
chlorure, la phase liquide pouvant transporter d’autres ions tels que les sulfates. La phase
gazeuse elle contient du C02 (constituant air sec) qui pourra entraîner des réactions de
carbonatation.
V.E.R.
Afin de mieux comprendre les phénomènes qui entrent en jeu nous allons
prendre un exemple concret avec un ouvrage situé en milieu marin (figure 4). On peut
distinguer trois parties différentes dans cet ouvrage:
9
- une partie exposée aux embruns et aux variations climatiques;
- une partie immergée cycliquement grâce aux marrées;
- une partie immergée en permanence.
adsorption
+
capillarité
zone des embruns
cycles imbibition
zone des marrées
séchage
matériau
saturé
Kl
ul = − ( ∇Pl − ρl g ) (1)
µl
Kl, perméabilité effective du milieu au liquide (m²)
µl , viscosité dynamique du liquide (kg/(m.s))
Pl, pression de la phase liquide (Pa)
ρl, masse volumique de la phase liquide (kg/m3)
n l = ρl 0 u l
10
Durabilité des ouvrages en béton armé
avec ρl 0 = ρl .S.ε .
ε la porosité du matériau (-)
S taux de saturation du matériau (-)
(3)
avec ϕ humidité relative du réseau poreux (-)
w teneur en humidité du béton (-)
σ tension superficielle (N/m)
c’cl concentration en chlorure de la solution interstitielle (kg de chlore/m3 de
solution)
∂ϕ ∂ϕ
Les termes et ' sont déterminés à partir des isothermes d’adsorption établis
∂w ∂c cl
sur des échantillons pollués ou non en chlorure [BON 99].
K 'l ρ l .R v .T ∂ϕ ρ .R .T ∂ϕ 2 ∂σ
nl = − ∇w + ( l v + . )∇c'
cl
νl ϕ ∂w ϕ ∂c cl l r ∂c'cl
(4)
11
K 'l ρ l .R v .T 2 ∂σ ∂c'cl ∂ϕ
d'
où nl = − 2 + ∇w
νl ϕ r ∂c'
cl ∂ϕ ∂w
(5)
n l = − ρ0 D w l ∇w
(6)
La phase liquide étant constitué d’ions chlorure, nous allons maintenant considéré leur
transport au sein du béton.
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Durabilité des ouvrages en béton armé
l'
équilibre est atteint. La fonction ccf∞=f(c’cl) se nomme l’isotherme d’interaction et a l’allure
présentée à la figure 5.
ccf∞
kg/kg
c’cl (kg/m3)
Plusieurs auteurs ont déterminé expérimentalement ces isothermes pour des matériaux
à base de ciment puis ont essayé de modéliser ces isothermes [BIG 94][TAN 96]. Ils ont
d’abord envisagé le cas d’une isotherme linéaire qui ne représente pas vraiment la réalité
surtout pour les faibles concentrations. Puis ils ont utilisé deux types d’isothermes:
k.c'cl
l’isotherme de Langmuir: c cf∞ = cst
(1 + k.c'cl )
y
l’isotherme de Freundlich: c cf∞ = a.c' cl 0≤ y ≤1
avec a, y, cst et k représentant des paramètres relatifs à la nature des matériaux.
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transport : la diffusion mais aussi la convection due au gradient de pression de la phase
liquide.
La diffusion
Dans la partie totalement immergée, l’ouvrage est donc saturé en eau en
permanence. Les ions chlorure vont se propager à travers le matériau seulement grâce au
gradient de concentration en ions chlorure. C’est de la diffusion pure, ce déplacement
unidirectionnel, en régime stationnaire et sans tenir compte des interactions avec la matrice
solide, se traduit par la loi de Fick:
∂c'
j = − D cl cl
∂x
(7)
avec Dcl exprimé en m 3l .m /(s.m 2matériau )
Cependant les processus diffusionnels peuvent être compliqués par la présence des
interactions physico-chimiques entre le matériau et l’espèce chimique diffusante.
Si l’on considère ces interactions la seconde loi de Fick devient:
∂ρcl0 ∂ 2 c'cl − ρ ∂c cf
= D cl 2 0
∂t ∂x ∂t
(8)
14
Durabilité des ouvrages en béton armé
liquide est continue. Or dans le cas du séchage le mouvement de l’eau se fait d’abord sous
forme liquide puis à une certaine teneur en eau la phase liquide n’est plus continue et alors le
transfert se fait sous forme vapeur. On peut constater une limite en teneur en humidité pour
laquelle il n’y a plus de continuité de la phase liquide. Le mouvement des ions chlorures par
convection et diffusion n’est alors plus possible. Cette limite en humidité relative est autour
de 75-80% dans le cas de l’eau pure [BUE 95].
Peu de travaux se sont attachés à modéliser le transport couplé des ions
chlorures et de l’eau dans les milieux poreux non saturés. Aussi une partie de notre travail va
être de mettre en place les équations régissant ce transfert couplé et de définir
expérimentalement certains coefficients nécessaires à la modélisation.
La vapeur d’eau étant considérée comme un gaz parfait on peut écrire la loi des gaz
parfaits:
Pv = ρ v . R v T
et ainsi
1
jv = − τ.( ε − θ l ). D v . ∇Pv
Rv .T
(9)
Nous admettons là encore la validité de la loi de Darcy mais dans le cas de la
phase gazeuse nous négligeons les effets de la pesanteur. Nous pouvons maintenant exprimer
les densités de flux de masse de vapeur et d’air à travers le milieu poreux:
15
n v = ρ v0 .u g + jv
m m
avec ρ v0 = v . s = w v . ρ0 ;
ms V
Kg
ug = − ∇Pg
µg
Avec wv teneur massique en vapeur d’eau (-)
Kg perméabilité effective du matériau au gaz (m²)
jv , flux diffusif de vapeur exprimé par l’équation (9).
16
Durabilité des ouvrages en béton armé
Si l'
on somme les deux premières équations de ce système et si l'
on considère les
relations suivantes:
σl = −σ v
Dw=Dwl+Dwv
w=wl+wv
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Laboratoire à partir de prélèvement sur ∂ϕ
= f( w, c’cl, T)
site ∂w
essentiel pour l’écriture des
conditions aux limites et la recherche de
Dwv
Expériences de séchage, suivi des Connaissance de Dw = f(w,c’cl,T )
mouvements d’eau
laboratoire
Imbibitions et séchages, suivi des Vérification de Dwv,Dwl,σcl
mouvements de chlore
Laboratoire à partir de prélèvement sur
site
Tableau 1: Détermination des coefficients nécessaires à la modélisation
Notre contribution a MEDACHS portera également sur l’analyse des données fournies
par le Port Autonome de Nantes Saint-Nazaire à la suite d’une auscultation de dalles et
poutres en béton armé attaquées ou non par la corrosion. La suite de ce rapport
bibliographique porte donc sur la démarche adoptée au cours d’une auscultation d’ouvrage.
Cas de la carbonatation
On considère dans le cas de la carbonatation que la corrosion s’amorce dés que le front
de carbonatation atteint les armatures. La profondeur de carbonatation est donc un indicateur
de durabilité qui peut être déterminé grâce à un essai semi – destructif. On fait un prélèvement
18
Durabilité des ouvrages en béton armé
Après avoir choisi les indicateurs de durabilité des seuils doivent être fixés. Dans le
cas de la construction du Pont Vasco de Gama une valeur seuil de perméabilité au gaz de
l’ordre de 10-17 m² a été choisie pour définir la formulation du béton [MON 98]. Cette valeur
seuil dépend fortement de l’état hydrique et donc de l’exposition de l’ouvrage. Des valeurs
limites sont proposées dans le guide AFGC pour l’élaboration d’une démarche
performantielle sur la base d’indicateurs de durabilité (Tableau 2) [BAR 03]. Dans le cas
d’ouvrages existants cet indicateur permet surtout de limiter voire d’éliminer les carottages
lors d’une auscultation.
Des variantes à cette loi sont également utilisées [TAC 98 et GRI 99]. Elles
nécessitent la détermination de deux paramètres donc deux mesures de profondeur doivent
être effectuées à des temps différents.
Une loi plus complexe a été proposée dans le cadre du projet européen DuraCrete
[IZQ 00]
n
2k e k c c s t0
x(t) = t
R Carb t
Des études théoriques plus poussées ont permis d’établir une loi qui prend en compte
l’influence de l’avancement des réactions d’hydratation sur la porosité du béton [MIR 00].
Elle est surtout utilisée pour les ouvrages neufs rapidement décoffrés dans le but de
déterminer la composition du béton en tenant compte du critère de durabilité.
19
Pénétration des agents agressifs : cas des ions chlorure
La détermination de l’évolution des profils en chlorures est primordiale pour les
ouvrages existants afin de déterminer la fin de la phase d’incubation. Comme cela a été décrit
au chapitre 2 les lois utilisées dépendent des “ zones ” de l’ouvrage.
Si le béton est constamment saturé d’eau les chlorures pénètrent dans le béton par
diffusion. Celle-ci est régie par la seconde loi de Fick qui a pour solution une équation de la
forme [AMI 99, NIL 00, GUL 00]:
x (14)
c ( x , t ) = c + ( c − c ) erfc (
0 s 0)
2 D app t
c(x,t) concentration en ions chlore à la profondeur x et au temps t.
c0 concentration initiale en ions chlorure, souvent nulle (pourcentage
massique chlore/liant)
cs concentration à la surface en ions chlorure (pourcentage massique chlore/liant)
Dapp coefficient de diffusion apparent des ions chlorure (m²/s)
avec la fonction erfc(x) = 1 – erf(x), définie par
2 x
erfc ( x ) = 1 − exp( − t 2 ) dt
π 0
20
Durabilité des ouvrages en béton armé
Dans la zone non saturée de l’ouvrage, les ions chlorure pénètrent dans le matériau par
diffusion et par convection. On peut décrire ces mécanismes par des modèles plus complets
comme celui décrit dans le chapitre 2 où différents paramètres sont à déterminer à partir
d’essais souvent semi - destructifs [SHI 00, HOR 98, BON 00] : le coefficient de diffusion, la
diffusivité hydrique, la loi régissant les interactions chlorure matrice, le transport de
l’oxygène, la distribution des pores. Peu d’études ont été effectuées dans ce domaine et une
approche intéressante de MEDACHS peut être le développement et la validation en
laboratoire et in situ de ce type de modèle.
Actuellement le coefficient de transfert utilisé pour le transport des chlorures reste le
coefficient de migration aux ions chlorure même s’il ne correspond pas toujours aux
phénomènes physiques mis en jeu dans la réalité.
Dans le cas d’ouvrages neufs, le coefficient de diffusion est un indicateur de durabilité
et la valeur seuil choisie pour déterminer la composition du béton dépend de l’exposition de
l’ouvrage et de la durée de vie exigée (voir tableau 2) [BAR 03]. Dans ce tableau trois autres
critères de durabilité interviennent : la porosité à l’eau du béton, Peau, la perméabilité au gaz,
Kgaz, et la perméabilité aux liquides, kliq. Dans le guide AFGC sur les indicateurs de durabilité
un tableau plus complet en terme de catégorie d’ouvrage et de type d’environnement est
donné. Pour la construction du pont Vasco de Gama une valeur du coefficient de diffusion
apparent de 10-12 m²/s a été choisie [MON 98].
21
s spéciaux •Kgaz<5·10- •Kgaz<5·10-
18 2 - 18 2
m •kliq<0,1·10 m
•kliq<0,1·10- 18
m2 •kliq<0,1·10-
18 2 18 2
m m
Tableau 2 : Indicateurs de durabilité sélectionnés et valeurs limites proposées en
fonction du type d'
environnement et de la durée de vie exigée [BAR 03].
Une technique non destructive de caractérisation utilisant la RMN est développée mais
ne donne pas encore de résultats exploitables sur site [CAN 02]. Laurens a montré que
l’amplitude des signaux radar et les valeurs de résistivité électrique semblent dépendre du
degré de contamination par les chlorures [LAU 01]. En fait ces mesures dépendent beaucoup
plus de la teneur en eau dont les variations peuvent masquer celles de la teneur en chlorure.
Dans le cas des chlorures, la dépassivation des aciers dépend du rapport [Cl-]/[OH-] et
donc la concentration en hydroxyles est un paramètre de plus à considérer. On se contente
dans ce rapport de donner des concentrations critiques au voisinage des armatures [TAC 98,
MON 98] : de 1 % (par rapport à la masse de béton) si l’ouvrage est saturé en permanence et
d’environ 0,4% dans le cas contraire.
Afin d’utiliser ces valeurs seuils de concentration au voisinage des armatures, il reste à
estimer l’épaisseur du béton d’enrobage. Plusieurs méthodes non destructives permettent cette
détermination : les méthodes magnétiques, les essais soniques [BRE 05]. D’autres sont
développées dans ce but : méthode radar par exemple. La comparaison des profondeurs
d’enrobage avec les profondeurs de pénétration des agents agressifs permet de préciser si la
corrosion est en phase d’amorçage ou non. Si la corrosion n’est pas amorcée, on calcule le
temps d’initiation de la corrosion ti en utilisant les lois de propagation données
précédemment.
22
Durabilité des ouvrages en béton armé
La démarche présentée est utilisée pour prévoir le début éventuel de la corrosion dans
le cas d’ouvrages encore sains. Elle s’inscrit donc dans une démarche durabilité.
Dans le cas où la corrosion a été détectée une approche différente est envisagée qui
sera détaillée dans le paragraphe suivant.
Approche déterministe
Les chercheurs ont établi des relations (certaines seront fournies et commentées ci-
après) qui permettent, dans l’absolu, de prédire les évolutions. D’un point de vue
opérationnel, ces modèles peuvent être employés, comme nous le montrerons, pour répondre
à des questions en terme de stratégie de gestion, mais il ne faut pas leur faire une confiance
trop aveugle, le caractère général des formules n’étant aucunement établi. En particulier, la
mise en œuvre pratique de ces lois d’évolution ne peut passer que par un calage des
paramètres.
23
Des valeurs moyennes pour la vitesse de dissolution des armatures peuvent également
être utilisées [GRI 99] :
- de l’ordre de 5 µm/an dans un béton carbonaté
- supérieure à 10 µm/an dans un béton contaminé par les chlorures.
Li [LI 03] a par exemple exprimé l’ouverture des fissures à partir de la géométrie
(diamètre et enrobage des armatures), du volume des produits de corrosion et des
caractéristiques mécanique du béton. On peut aussi proposer des expressions empiriques telle
que :
w (t) = 0.05 + k [Px(t)-Px0] (21)
w profondeur de fissure en mm
Px profondeur de dissolution de l’acier (µm)
Px0 profondeur de dissolution de l’acier correspondant à l’initiation de la
fissuration (µm)
24
Durabilité des ouvrages en béton armé
Perte d’adhérence
Un autre dommage à prendre en compte pour évaluer la durée de vie d’un ouvrage
attaqué par la corrosion est la perte d’adhérence. On peut également l’exprimer en fonction de
Px et donc du temps. Des expressions empiriques peuvent être établies, qui nécessitent
d’autres paramètres, déterminés soit à l’aide d’essais non destructifs soit à l’aide de tableaux
empiriques [ROD 00]. Cette perte d’adhérence sera comparée à une valeur seuil.
Approche probabiliste
La démarche durabilité présentée au paragraphe 3.3.1 est valide dans le cas où la
pénétration des agents agressifs et la corrosion sont considérées comme étant uniformes. Les
mesures des différents critères de durabilité sont en effet effectuées sur des zones bien
localisées et on considère que les résultats obtenus en terme de durabilité peuvent être
appliqués à toute la partie de l’ouvrage auscultée. Les paramètres sont également considérés
constants dans le temps ce qui n’est pas le cas. L’utilisation des modèles déterministes donne
une estimation par défaut de la durée de vie des ouvrages. Pour effectuer une analyse plus
proche du comportement réel de l’ouvrage, il convient d’utiliser des modèles probabilistes.
Une telle approche a été récemment développée dans le cadre d’un projet européen
Brite/Euram DuraCrete, dirigé par un réseau européen de professionnels et chercheurs
travaillant sur la durabilité des ouvrages. Au cours de ce projet un outil « DuraCrete »
permettant la prévision de la durée de vie des ouvrages a été développé [SIE 00].
25
résistance de la structure aux agressions R avec la fonction décrivant les actions négatives
fragilisant l’ouvrage S, ces deux fonctions dépendant du temps d’exposition t. La condition
suivante doit donc être respectée:
R(t) – S(t) > 0
On peut donc comparer la probabilité que cette condition ne soit pas remplie avec une
valeur critique pf (figure 6). La durée de vie moyenne est celle pour laquelle les valeurs
moyennes de S(t) et de R(t) sont égales, mais la durée de vie doit être appréciée de façon
probabiliste, du fait du caractère dispersé de ces deux fonctions. Si on appelle p(t) la
probabilité de défaillance,
p(t) = p ( R - S < 0 )t
l’enjeu de la conception, en terme de durabilité est que, pour la durée de vie de visée,
cette probabilité demeure suffisamment faible :
p(t) < pf
pf probabilité acceptable d’atteinte de l’état limite (« target probability of
failure »).
26
Durabilité des ouvrages en béton armé
Indice Probabilité
de fiabilité β d’endommagement P(t) (%)
1.5 6.68
1.8 3.593
2.0 2.27
3.0 0.135
3.6 0.0159
3.8 0.00724
Tableau 4 : Probabilité d’endommagement en fonction de l’indice de fiabilité
β est ensuite comparé à une valeur critique β0 correspondant à l’état limite choisi pour
le critère de durabilité. Différentes causes d’endommagement peuvent être abordées. Pour
illustrer cette méthode nous allons étudier un exemple qui concerne un ouvrage neuf dont
certaines parties sont en contact direct avec les ions chlorure: le tunnel de Scheldt.
27
Modèle de propagation choisi
La partie de l’ouvrage étudiée est quasiment toujours saturée en humidité, la corrosion
est donc uniquement due à la propagation des ions chlorure. Le modèle de propagation utilisé
a été donné au paragraphe 3.1.2, équation 17:
t
x(t ) = 2k kt DRCM , 0 ke kct ( 0 ) n
t
−1 c cr
k = erf (1 − )
cs
Dans ce cas R correspond à la profondeur d’enrobage et S, à l’avancement en fonction
du temps du front critique d’ions chlorure. La condition à remplir est la suivante :
x(t) < d
d profondeur d‘enrobage (cm)
x(t) profondeur de pénétration du front d’ions chlorure correspondant à la
concentration critique (cm)
Pa Unité
Valeur Ec Distrib
ramètre moyenne µ art type σ ution type
d cm 5 0. Beta
5
DR 10 –12 4.75 0. normal
CM,0 m²/s 71 e
ccr %ma 0.7 0. normal
ssique Cl- 1 e
/liant
n - 0.6 0. normal
07 e
kt - 0.85 0. normal
2 e
ke - 1 0. normal
1 e
kc - 1 0. normal
1 e
cs %ma 4 0. normal
-
ssique Cl 5 e
/liant
t0 année 0.0767 - déterm
iniste
Tableau 6 : Distribution des variables influençant la durée d’initiation de corrosion.
28
Durabilité des ouvrages en béton armé
Temps (année)
Une mesure permanente de l’épaisseur d’enrobage est effectuée sur chantier afin de
vérifier les répartitions données. La valeur moyenne est de 5,098 cm et l’écart type de 0,43.
Le coefficient de migration des ions chlorure ne peut être vérifié in situ. Des recherches ont
29
montré qu’il existait une bonne corrélation entre ce coefficient et la résistivité du béton
déterminée grâce à la méthode Wenner [BRE 05]. La résistivité du béton a donc été mesurée
sur des blocs de béton immergés sur le site de construction du tunnel.
En prenant en compte ces corrections sur les variables, l’indice de fiabilité obtenu pour
une durée de vie de 100 ans est de 2,2. Cette valeur est plus importante que celle calculée lors
de la définition initiale des performances du tunnel et donc plus importante que l’indice de
fiabilité minimum β0 correspondant à l’état limite compris entre 1,5 et 1,8.
Une approche identique a été conduite sur des ouvrages portuaires [FER 03] et a
révélé l’insuffisance des prescriptions de durabilité de l’EN 206-1 en environnement marin
[EN 00]: mesures et modélisations expliquent pourquoi des structures de moins de 10 ans sont
déjà corrodées.
Martin-Perez [MAR 03] a conduit une approche similaire sur un pont (Dickson
Bridge, Montréal) promis à démolition après 40 ans de service. De nombreuses mesures ont
permis d’identifier les distributions statistiques de l’enrobage, de la teneur en chlorures
proche de la surface et du coefficient de diffusion. Ces valeurs ont ensuite été utilisées pour
simuler la propagation de la corrosion, le développement de la fissuration qu’elle induit et la
perte de résistance qui en découle pour le tablier. Ces travaux confirment le recours
indispensable à une approche probabiliste, seule capable de prédire l’état moyen et sa
dispersion.
La plupart des applications actuelles concernent la corrosion, mais cette démarche peut
être appliquée à d’autres processus d’endommagement comme par exemple la fatigue [MIN
00].
Conclusion
Dans le cadre du projet MEDACHS notre contribution portera sur l’amélioration des
lois de transport dans les zones de marnage et aérienne de l’ouvrage. Les paramètres de
transfert seront clairement définis en fonction de ces zones et l’influence des conditions
environnementales et celle du taux d’endommagement du matériau sera si possible quantifiée.
La campagne de mesures s’effectuera en laboratoire et sur site avec l’assistance
technique et la mise à disposition d’ouvrages de la part du Port Autonome de Nantes Saint-
Nazaire.
Cette étude se fera en collaboration étroite avec les autres laboratoires béton du projet
et également avec l’équipe fiabilité afin de lui fournir les données nécessaires à l’étude
probabiliste de la durée de vie de l’ouvrage étudié.
Une étude sur les techniques de réparation à l’aide de matériaux composites est
envisagée en collaboration avec des chercheurs ne participant pas au projet MEDACHS.
L’utilisation des matériaux composites s’avère être une technique très prometteuse
pour la réparation et le renforcement des structures de génie civil. Les matériaux composites
présentent des propriétés spécifiques élevées et peuvent être mis en oeuvre directement sur les
structures par moulage au contact, procédé appelé aussi polymérisation in-situ ou
stratification directe.
30
Durabilité des ouvrages en béton armé
Cependant, l’utilisation massive de ces matériaux composites est conditionnée par leur
durabilité : il faut s’assurer que les matériaux composites ne perdent pas ou peu leurs
caractéristiques initiales sous l’effet de gel-dégel et de mouillage-séchage. Nous proposons
d’étudier sur le long terme ou en essais accélérés les performances et la durée de vie réelle de
ce réparations.
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