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MEDACHS - Interreg IIIB Atlantic Space - Project N°197

La durée de vie des ouvrages


en béton armé situés sur la
façade atlantique

Report n°2-1
Concrete in marine environment

Stéphanie BONNET et Abdelhafid KHELIDJ


GeM - IUT de Saint Nazaire - rue Michel Ange
44600 Saint Nazaire
Stephanie.bonnet@univ-nantes.fr

1
Projet MEDACHS
Marine Environment Damage to Atlantic Coast Historical and transport works or Structures:
methods of diagnosis, repair and of maintenance.
L’Espace Atlantique, comme toute côte, abrite •Évaluation de l'état de structure en place (pont
des infrastructures portuaires, de communication en acier ou en béton armé, monument en
(ponts), ou touristiques. Ces infrastructures sont pierre, structure de bois de construction,
nécessaires à la vie économique de la région. quais, quais sur pieux) : mesure à l' aide des
Elles peuvent être immergées, en zone de outils de CND, modélisation de la structure.
marnage, en zone exposée à la houle, ou en zone •Définition d' une politique optimale de
exposée uniquement aux embruns. Des maintenance pour de telles structures.
pathologies communes (comme la corrosion, les
attaques biologiques (bactéries, moisissures), la
Partenaires du projet:
lixiviation...) à ces quatre cas coexistent avec
certaines propres à chaque situation, les plus Labein: C/Parque Tecnologico de Bizkaia –
graves étant celles en zones immergées ou de Edificio 700 – 48160 – (Bizkaia) – Derio – Spain
marnage, les moins graves celles en zones
ARC’ANTIQUE – 26 rue de la haute forêt –
terrestres mais exposées aux embruns. Ces
F44300 NANTES – France
pathologies peuvent induire une dégradation
structurale, fonctionnelle ou esthétique de CDGA Université de Bordeaux 1, Domaine
l'ouvrage, le taux de détérioration étant fonction Universitaire F33405 Talence Cedex – France
de l’emplacement. Une telle dégradation peut
Conseil Général de Gironde (CG33): Esplanade
avoir comme conséquence une perte de valeur ou
Charles de Gaulle F33000 Bordeaux – France
de qualité de service de l' ouvrage à un niveau
élémentaire ou global. CTBA – Allée de Boutaut – BP 227 – F33028
Les gestionnaires de tels ouvrages sont donc Bordeaux cedex – France
confrontés à des questions du type : quand lancer
GeM: 1 rue de la Noe - F44300 Nantes – France
les opérations d’entretien/réhabilitation ? ou
jusqu’à quel degré ou niveau réhabiliter ?. La LCPC Nantes: route de Bouaye, BP4129,
conséquence principale étant le coût de la F44341 Bouguenais Cedex – France
réparation. Pour répondre correctement à ces
LEPTAB: Université de La Rochelle
questionnements, les gestionnaires d’ouvrage
Av. Michel Crépeau F17042 La Rochelle cedex
doivent disposer d’outils les aidant établir un
– France
diagnostic, à prévoir l’évolution du dommage
avec le temps, afin d’optimiser leurs dépenses Port Autonome Nantes St Nazaire – Service
d’entretien ou de réhabilitation. Un tel outil doit études et Travaux d'
Infrastructures – 18 quai
également pouvoir évaluer des périodes Ernest Renaud, BP18609 – F44186 NANTES
optimales d' intervention permettant d' optimiser Cedex 4 – France
la vie entière d’un ouvrage ou d’un réseau de
Trinity College Dublin: Department of Civil,
structures.
Structural & Environmental Engineering
D’autre part les compagnies/opérateurs chargés
Museum Building - Trinity College Dublin
d'effectuer le travail de réhabilitation ont
Dublin 2 – Ireland
également besoin d' informations fiables sur la
qualité des produits utilisés en réhabilitation, sur EP - Estradas de Portugal, E.P.E.
leur durabilité et sur leur adaptation au problème Praça da Portagem – 2809-013 Almada –
qu’ils ont à résoudre. Portugal
LNEC – Département Matériaux – Avenida do
Travail de recherches : Brasil, 101, 1700-066 Lisboa – France
•Étude du vieillissement en air salin du bois, de
l’acier, de la pierre (selon leur carrière), et du
béton armé. Site Web: http://www.medachs.u-
• Étude des outils disponibles des mesures pour bordeaux1.fr
évaluer l' état de dégradation des matériaux
tant en laboratoire qu’in situ.
2
Durabilité des ouvrages en béton armé

Introduction .................................................................................................................... 4
Les pathologies des structures en environnement marin................................................ 5

Gonflement du à la présence de sulfates [ROZ 05] 5

La corrosion des armatures 6


Action de la carbonatation 7
Action des ions chlorure 7
Etapes de la corrosion 7
Les lois de transport au sein du béton ............................................................................ 8

Le transport de la phase liquide [BON 00] 10


Le transport de la phase liquide dans son ensemble 10
Le transport des chlorures de la phase liquide 12
La fixation des chlorures sur la matrice cimentaire 12
Le transport des chlorures 13

Le transport de la phase gazeuse. 15

Ecriture des équations de conservation de masse. 16

Bilan des coefficients à déterminer 17


Démarche adoptée au cours d’une auscultation ........................................................... 18

Détermination du front de propagation 18


Cas de la carbonatation 18
Pénétration des agents agressifs : cas des ions chlorure 20

Quand débute la corrosion ? 22

Développement de la corrosion et conséquences 23


Approche déterministe 23
Diminution de la section utile 23
Fissuration du béton d’enrobage 24
Perte d’adhérence 25
Approche probabiliste 25
Les bases de DuraCrete 25
Exemple: le tunnel de Scheldt [GEH 99]. 27
Conclusion.................................................................................................................... 30
Références .................................................................................................................... 31

3
Introduction
La durabilité est définie par la norme NF X 50-501 (durée de vie et durabilité des
biens) comme « l' aptitude d’une entité à accomplir une fonction dans des conditions données
d’utilisation et de maintenance, jusqu’à ce qu’un état-limite soit atteint ».

Pour les matériaux et les ouvrages, on parlera plutôt de durabilité pour le matériau
(qualifiant les aptitudes du béton à maintenir ses fonctions, par exemple de résistance aux
agressions mécaniques et chimiques) et de durée de vie pour les ouvrages, la durée de vie d' un
ouvrage étant le temps durant lequel l’ouvrage remplit en toute sécurité les fonctions pour
lesquelles il a été construit, compte tenu des conditions de service et des exigences
économiques. On emploie aussi le terme de durée de service.

La prédiction (ou l'


évaluation) de la durée de vie, que ce soit en phase de conception
des ouvrages neufs ou en phase de maintenance des ouvrages existants, répond à des enjeux
économiques et réglementaires forts, tant pour l’exploitation que pour la programmation des
actions de maintenance ou de renouvellement.

La durée de vie est devenue à la fois une exigence et un souci : il convient de l’assurer
par une conception et une mise en œuvre adéquates, de la quantifier (d’où le recours à
l’évaluation non destructive), de la restaurer ou de la prolonger. Les maîtres d’ouvrages ont
donc le souci de connaître l’état du patrimoine existant afin de s’assurer de sa stabilité dans le
temps. Faut-il laisser l’ouvrage en l’état, le réparer ou le détruire ? Dans le cas de réparation
se pose la question de la pérennité de cette réparation.

La recherche de méthodes, efficaces et rentables, pour le diagnostic, l' auscultation et


l'évaluation de la durée de vie d' un ouvrage constitue donc un enjeu important Le programme
MEDACHS y répondra en éditant des guides méthodologiques à l’usage des maîtres
d’ouvrages de la façade Atlantique. La participation de notre équipe se limitera à
l’auscultation et la prédiction de durée de vie des ouvrages en béton armé attaqués par la
corrosion dont la stratégie de maintenance est décidée par le port autonome de Nantes Saint-
Nazaire.
La durée de vie d' un ouvrage de génie civil résulte de l’interaction de nombreux
facteurs, parmi lesquels :
- la durabilité des matériaux (ou qualité des matériaux),
- la durabilité de leur assemblage (association de plusieurs matériaux),
- le cumul des dégradations et d' actes pathologiques,
- l'
évolution de l' environnement d' exploitation,
- l'
évolution du contexte socio-économique et réglementaire (qui peut conduire à
vouloir prolonger la période d’exploitation d’un ouvrage ancien),
- la revue des fonctions assignées à l'ouvrage…

Notre action dans MEDACHS se focalisera sur l’étude de la durabilité du matériau


béton en présence d’ions chlorure et la mesure d’indicateurs de durabilité avec prise en
compte ou non de l’état fissuré du matériau [BAR 03]. En effet le béton des ouvrages en
service présente tous au minimum une fissuration de service.

Dans le cadre de MEDACHS nous développerons également les modèles prédictifs de


propagation d’agents agressifs. Des modèles analytiques commencent à être utilisés pour
évaluer l’évolution prévisible de l’état de l’ouvrage, via des indicateurs de durabilité. Les

4
Durabilité des ouvrages en béton armé

approches utilisées pour établir ces prévisions reposent sur des modèles simples de prévision,
déterministes, ou sur des modèles faisant appel à des notions de fiabilité, incluant le plus
souvent un modèle de coût de cycle de vie. On peut alors prédire l’évolution dans le temps
des indicateurs de durabilité et les comparer à des valeurs seuils. Tous ces modèles ont besoin
de données de référence, qualifiant :
(a) la géométrie et l’état de l’ouvrage au moment de l’inspection et
(b) les propriétés qui en conditionneront l’évolution.
Ces données ont obtenues soit à l’aide d’essais semi - destructifs soit grâce aux
techniques non destructives (END) [BRE 05].

Nous préciserons dans un premier temps les différentes pathologies résultant de la


présence d’eau de mer. Ce bilan mettra en évidence la cause de ces pathologies qui est
généralement la pénétration d’un agent agressif au sein du béton poreux. Dans un second
temps on détaillera donc les mécanismes de transport au sein du béton exposé à l’eau de mer.
Puis dans une dernière partie certains modèles prédictifs existants, déterministes ou fiabilistes
et faisant appel aux techniques d’auscultation, seront présentés.

Les pathologies des structures en environnement marin


Ce premier chapitre présentera deux pathologies dues à la présence d’eau de mer : le
gonflement due à la présence de sulfates et la corrosion des armatures, ces phénomènes
pouvant être couplés. Les pathologies liées à des problèmes de mise en œuvre du matériau ne
sont pas considérés dans le programme MEDACHS.

Gonflement du à la présence de sulfates [ROZ 05]


L’eau de mer est chargée en ions sulfates. Ces ions ne sont pas passifs vis à vis de la
matrice cimentaire.
Les modes d’action des sulfates dans le béton sont complexes, nombreux, et pas tous
encore identifiés. Cependant la formation de certains composés chimiques a permis
d’expliquer le gonflement résultant de la pénétration des ions sulfates. Les sulfates, véhiculés
par l’eau, en pénétrant dans le béton véhiculés par l’eau vont réagir chimiquement avec la
matrice cimentaire pour former de nouveaux hydrates qui sont expansifs, ce gonflement
entraînant des tensions au sein du béton, tensions engendrant de la fissuration.
Trois types de composés peuvent se former en fonction entre autre de la concentration
en sulfate de l’eau, du pH environnant, et de la température: l’ettringitte le gypse et la
thaumasite.

L’ettringite secondaire :
La formation d’ettringite est fréquemment associée à la description des attaques
sulfatiques. Elle se forme à partir de C3A non hydraté quand le béton a déjà durci. elle peut
générer de l’expansion. Le caractère expansif ou non de l’ettringite, lié à sa façon de
cristalliser, dépend de la composition de la solution, et en particulier de sa teneur en chaux
CaO donc du pH.

Le gypse :
Le gypse peut résulter de la dissolution de l’ettringite, dans des solutions relativement
pauvres en hydroxyde de calcium quand le pH devient inférieur à 11,5-12. Les dommages
causés peuvent être de deux types : l’écaillage et le gonflement du béton. Pour évaluer les

5
conséquences de la seule formation de gypse, il était nécessaire d’empêcher la formation
d’ettringite, en utilisant des liants sans C3A. On remarque que l’absence de C3A ou
d’ettringite par exemple, n’exclue pas l’occurrence d’une attaque sulfatique celle-ci étant du à
la formation de gypse.

La thaumasite :
La thaumasite se forme généralement quand l’attaque sulfatique a lieu à des
températures assez basses (entre 0 et 5°C). Elle est le produit de réactions entre les C-S-H, et
les ions sulfates SO42- et carbonates CO32-. Elle peut aussi se former à partir d’ettringite et être
associée à la formation de gypse.
La dégradation du béton liée à la formation de thaumasite provient donc de la
dégradation des C-S-H. De tels phénomènes ont été identifiés sur des monuments historiques,
sous des climats froids, restaurés avec des matériaux à rapport eau sur ciment élevé, et sur de
nombreux autres ouvrages soumis aux sulfates. La probabilité de voir se produire ce type de
dégradation augmente si des granulats ou des fillers calcaires sont utilisés sous des climats
froids, car ces matériaux sont essentiellement constitués de carbonate de calcium, et les ions
carbonates interviennent dans les réactions de formation de la thaumasite. Son mécanisme de
formation n’est donc pas encore bien connu, de même que l’influence de la température sur
les attaques sulfatiques.

Le shéma de dégradation donné dans la littérature comprend les étapes suivantes :


- diffusion des ions sulfate SO42- et dissolution de Ca(OH)2,
- formation d’ettringite,
- formation de gypse et diminution de la concentration en Ca(OH)2,
- décalcification des C-S-H,
- formation de thaumasite.
Les produits expansifs formés dans la pâte de ciment durcie entraînent à chaque stade
un gonflement du béton puis un éclatement de celui-ci.
La dégradation du béton par attaques sulfatiques ne sera pas étudiée dans le cadre du projet
MEDACHS car les ouvrages étudiés de la côte Atlantique ne semblent pas présenter ce type
de pathologie. Ceci pourra être vérifié au cours des auscultations.

La corrosion des armatures


En conditions « normales » la solution interstitielle du béton est fortement alcaline
avec un pH voisin de 13. A une telle alcalinité, dans le cas de structure en béton armé, l’acier
est normalement protégé de la corrosion par une fine pellicule d’oxyde. On dit que l’acier est
passivé. Si les conditions de stabilité de la couche protectrice sont modifiées, l’état de
passivation cesse et la corrosion des armatures s’amorce.
Les produits de la corrosion étant expansifs ils provoqueront dans un premier temps la
fissuration du béton de peau puis son éclatement. Deux autres effets nuisibles pour la sécurité
de l’ouvrage se produisent : la perte de section utile combinée à la perte d’adhérence.

Deux agents extérieurs contribuent à la dépassivation des aciers : le dioxyde de


carbone et les ions chlorure.

6
Durabilité des ouvrages en béton armé

Action de la carbonatation
La carbonatation entraîne des modifications notables dans la structure du matériau. Le
dioxyde de carbone CO2 qui pénètre dans le béton se dissout dans l’eau qu’il contient et réagit
avec l’hydroxyde de calcium Ca(OH)2, sous forme de portlandite, ou les silicates de calcium
hydratés, pour former du carbonate de calcium CaCO3. Ce phénomène est appelé
carbonatation et il entraîne une diminution du pH de la solution interstitielle. Lorsque le front
de carbonatation atteint les armatures celles-ci sont dépassivés. La couche de passivation
n’étant stable qu’en milieu basique, la corrosion des armatures peut débuter. Insistons sur le
fait que la carbonatation n’altère pas forcément les propriétés mécaniques et de transfert du
béton– il semble même qu’elle les améliore dans certains cas. En fait elle met en danger
uniquement les armatures si elles sont atteintes par le front de carbonatation.
La vitesse du front de carbonatation dépend de la perméabilité au gaz du béton car le
C02 pénètre par la porosité du béton mais également de la teneur en humidité du béton. Une
humidité relative de 50% est favorable aux réactions [BAR 94]

Action des ions chlorure


Les ions chlorures vont se propager dans le réseau poreux du béton d’enrobage
véhiculés par l’eau. S’ils atteignent les armatures en quantité suffisante, appelée concentration
critique, les aciers vont alors être dépassivés et la corrosion va débuter en présence de
dioxygène puis se propager.
Une concentration critique est donc nécessaire pour que débute la
dépassivation des aciers. Ce taux limite est fonction du ratio entre les ions chlorures et les
ions hydroxydes présents dans la solution interstitielle [KAY 95] et du traitement de surface
des armatures [BUE 95].

Etapes de la corrosion
La figure 1 met en évidence les différentes étapes de la corrosion des armatures avec
les deux phases :
- la phase d’incubation : phase où les agents agressifs pénètrent jusqu’aux armatures
- la phase de propagation de la corrosion

7
période d ’incubation période de propagation

Temps d’exposition

Période d ’initiation peut être évaluée Détériorations mesurées par END ou


par modélisations numériques mesures semi-destructives

Dépassivation des aciers période d ’incubation


Formation de fissures
Etats Limites
Ecaillage du béton période de
Destruction de la structure due à propagation
réduction de section utile et/ou une perte
d ’adhérence

Figure 1 : Etapes de la corrosion des armatures

Nous avons choisi d’étudier uniquement le cas de la corrosion car celle-ci est le
mécanisme le plus fréquent de détérioration des ouvrages de la côte Atlantique. Les causes de
la corrosion correspondent à deux modes de transport différents : le CO2 pénètre sous forme
gazeuse alors que la pénétration des ions chlorure nécessite un vecteur liquide à savoir l’eau.
L’évolution des désordres dus à la carbonatation peut donc être séparée de celle des désordres
dus à la pénétration des ions chlorure même si la résultante est identique. Une bonne
connaissance des phénomènes de transport au sein du milieu poreux est de toute façon
nécessaire pour quantifier la phase d’incubation.

Les lois de transport au sein du béton


Les phénomènes de transport seront étudiés à une échelle macroscopique. Pour passer
de l’échelle microscopique à l’échelle macroscopique il est nécessaire de prendre la moyenne
spatiale des diverses grandeurs microscopiques sur un volume à définir pour obtenir la
grandeur macroscopique correspondante. Ce volume est le volume élémentaire représentatif
appelé V.E.R (figure 2). Ceci suppose que la façon dont les phases se répartissent à l’intérieur
du V.E.R n’a pas d’influence sur ses propriétés macroscopiques.

8
Durabilité des ouvrages en béton armé

V.E.R

Phase solide

Réseau poreux:
phase liquide ou gazeuse

Figure 2: Représentation schématique du volume élémentaire représentatif.

Dans le développement qui suit nous prenons donc en compte l’existence de l’élément
de volume représentatif (V.E.R) et donc des grandeurs macroscopiques liées. Le V.E.R
contient trois phases (figure 3) qui contiennent elles mêmes différents constituants. Pour
simplifier nous nous plaçons dans le cas où la phase liquide contient uniquement des ions
chlorure, la phase liquide pouvant transporter d’autres ions tels que les sulfates. La phase
gazeuse elle contient du C02 (constituant air sec) qui pourra entraîner des réactions de
carbonatation.

V.E.R.

Phase solide Phase liquide Phase gazeuse

ions chlorures ions chlorures eau air sec vapeur d’eau


fixés libres

Figure 3: Schématisation du V.E.R. et de ses différentes phases.

Afin de mieux comprendre les phénomènes qui entrent en jeu nous allons
prendre un exemple concret avec un ouvrage situé en milieu marin (figure 4). On peut
distinguer trois parties différentes dans cet ouvrage:

9
- une partie exposée aux embruns et aux variations climatiques;
- une partie immergée cycliquement grâce aux marrées;
- une partie immergée en permanence.

adsorption
+
capillarité
zone des embruns

cycles imbibition
zone des marrées
séchage

matériau
saturé

Figure 4: Sollicitation d’un ouvrage en milieu marin.

A ces différents types de conditions environnementales correspondent différents


processus de transfert. En fonction de la zone de l’ouvrage considérée on note le transfert de
gaz et/ou le transfert de liquide, ces deux phases pouvant comporter des agents agressifs.
Nous allons considérer le transfert des différentes phases et ainsi mettre en évidence
des propriétés de transport significatives pour la durabilité.

Le transport de la phase liquide [BON 00]

Le transport de la phase liquide dans son ensemble


La phase liquide est donc composée d’eau et d’ions chlorures en solution. Dans
cette partie on considérera seulement le transport de la phase liquide dans son ensemble.
Le point de départ est basé sur la loi de Darcy appliquée à la phase liquide (équ. 1) qui
donne la vitesse de la phase liquide dans le milieu poreux ul :

Kl
ul = − ( ∇Pl − ρl g ) (1)
µl
Kl, perméabilité effective du milieu au liquide (m²)
µl , viscosité dynamique du liquide (kg/(m.s))
Pl, pression de la phase liquide (Pa)
ρl, masse volumique de la phase liquide (kg/m3)

La densité de flux de masse macroscopique de la phase liquide nl à travers le milieu


poreux s’exprime grâce à la relation suivante (equ. 2):

n l = ρl 0 u l

10
Durabilité des ouvrages en béton armé

avec ρl 0 = ρl .S.ε .
ε la porosité du matériau (-)
S taux de saturation du matériau (-)

On peut alors écrire:


K'
n l = − l ( ∇Pl − ρl g )
νl
(2)
µ
avec νl, viscosité cinématique ( νl = l ) (m²/s)
ρl
K' '
l , perméabilité apparente du milieu à la phase liquide (K l = K l . ε. S ) (m²)

En faisant intervenir l’équation de Laplace ainsi que l’influence de la présence des


ions chlorure sur les isothermes d’adsorption d’humidité on arrive à une forme assez
complexe du flux de liquide au sein du béton.
K 'l ρ l .R v .T ∂ϕ 2 ∂σ ρ .R .T ∂ϕ 2 ∂σ
nl = − ∇Pg + ∇w − ∇T + ( l v + . cl − ρ l .g
)∇c'
νl ϕ ∂w r ∂T ϕ ∂c cl r ∂c'cl
l

(3)
avec ϕ humidité relative du réseau poreux (-)
w teneur en humidité du béton (-)
σ tension superficielle (N/m)
c’cl concentration en chlorure de la solution interstitielle (kg de chlore/m3 de
solution)
∂ϕ ∂ϕ
Les termes et ' sont déterminés à partir des isothermes d’adsorption établis
∂w ∂c cl
sur des échantillons pollués ou non en chlorure [BON 99].

Nielsen [NIE 91] a établi l’influence de la concentration en ions chlorures sur la


tension superficielle :
c' c'
σ = k1 + k 2 . cl . + k 3 .( cl ) 2
ρl ρl

On considère en général que les variations de température de l’océan pour un


ouvrage donné ne sont pas significatives et n’influencent pas le transport des différentes
phases. De plus dans le cas où l’on néglige les phénomènes de pesanteur et les effets de
gradient de pression de la phase gazeuse ce qui est justifiable en imbibition (marée montante)
la densité de flux de masse liquide devient:

K 'l ρ l .R v .T ∂ϕ ρ .R .T ∂ϕ 2 ∂σ
nl = − ∇w + ( l v + . )∇c'
cl
νl ϕ ∂w ϕ ∂c cl l r ∂c'cl
(4)

On peut toujours exprimer mathématiquement le gradient en ions chlorures en


∂c'
cl = ∂c '
cl ∂ϕ ∂w
fonction du gradient de teneur en solution:
∂x ∂ϕ ∂w ∂x

11
K 'l ρ l .R v .T 2 ∂σ ∂c'cl ∂ϕ
d'
où nl = − 2 + ∇w
νl ϕ r ∂c'
cl ∂ϕ ∂w
(5)

Nous introduisons maintenant la diffusivité hydrique, propriété de transfert


macroscopique, que nous pouvons déterminer expérimentalement par gammadensimétrie. Le
flux liquide peut alors s'
écrire sous cette forme:

n l = − ρ0 D w l ∇w
(6)

La phase liquide étant constitué d’ions chlorure, nous allons maintenant considéré leur
transport au sein du béton.

Le transport des chlorures de la phase liquide


Les ions chlorures pénètrent et se propagent avec l’eau libre dans le milieu poreux. On
peut distinguer deux types de matériaux poreux du génie civil:
- ceux inertes chimiquement et physiquement vis à vis des ions
chlorures; c’est le cas de la terre cuite.
- ceux à base de liants hydrauliques qui interagissent avec les ions chlorure.
Dans le cadre du projet MEDACHS nous nous intéressons uniquement aux phénomènes de
corrosion dans le béton armé donc au cas des matériaux réagissant avec les chlorures.

La fixation des chlorures sur la matrice cimentaire


En effet dans les matériaux hydrauliques les ions chlorure peuvent se combiner
avec les composés hydratés du ciment. On peut alors distinguer deux types d’ions chlorure:
les ions chlorure libres qui se rencontrent dans la solution aqueuse
interstitielle; nous représenterons leur concentration massique en kg de chlore par kg de
matériau, par ccl, et leur concentration en kg de chlore par m3 de solution, par c’cl.
les ions chlorure liés physiquement ou chimiquement. Nous noterons leur
concentration massique par ccf (kg de chlore par kg de matériau sec).
On peut alors écrire: c ctot = c cf + c cl cette quantité représentant la totalité des ions
présents dans le béton.

Les ions chlorure liés chimiquement résultent principalement de la formation


des chloroaluminates à partir de l’aluminate tricalcite C3A. Cependant d’autres réactions sont
possibles : en particulier les chlorures sont susceptibles de réagir avec les silicates de calcium
hydratés (CSH). Cette réaction est mal connue et très peu de données sont disponibles pour
l’instant. Baroghel Bouny a montré que même avec des matériaux contenant très peu de C3A
et C4AF, la proportion de chlorures fixés était assez importante [BAR 95]. Il reste à faire des
études plus poussées sur la capacité d’adsorption des chlorures par les CSH.
Les chlorures sont également susceptibles de s’adsorber physiquement ou
chimiquement sur la paroi des pores du matériau.

A partir de la concentration de la solution interstitielle en ions chlorure il est


donc intéressant de quantifier le nombre d’ions chlorure fixés ccf à la matrice lorsque

12
Durabilité des ouvrages en béton armé

l'
équilibre est atteint. La fonction ccf∞=f(c’cl) se nomme l’isotherme d’interaction et a l’allure
présentée à la figure 5.

ccf∞
kg/kg

c’cl (kg/m3)

Figure 5: Allure des isothermes d’interaction

Plusieurs auteurs ont déterminé expérimentalement ces isothermes pour des matériaux
à base de ciment puis ont essayé de modéliser ces isothermes [BIG 94][TAN 96]. Ils ont
d’abord envisagé le cas d’une isotherme linéaire qui ne représente pas vraiment la réalité
surtout pour les faibles concentrations. Puis ils ont utilisé deux types d’isothermes:
k.c'cl
l’isotherme de Langmuir: c cf∞ = cst
(1 + k.c'cl )
y
l’isotherme de Freundlich: c cf∞ = a.c' cl 0≤ y ≤1
avec a, y, cst et k représentant des paramètres relatifs à la nature des matériaux.

On peut conclure que:


l’isotherme de Freundlich apparaît comme la mieux adaptée aux faibles
concentrations (0 à 20 kg de chlore/m3);
l’isotherme de Langmuir doit être retenue pour décrire les phénomènes
d’interactions aux plus fortes concentrations (>20 kg de chlore/m3).

Le transport des chlorures

Aux différents types de conditions d’environnement illustrés figure 4 correspondent


différents processus de transfert :
- pour la zone d’ouvrage toujours immergé le transport des chlorures se fera uniquement
par diffusion
- pour la zone soumise aux marrées le transport des chlorures se fera par diffusion au
sein de la phase liquide mais ils seront surtout véhiculés par la phase liquide en
particulier en marrée montante.
- Dans la zone aérienne les chlorures peuvent pénétrer par des phénomènes d’adsorption
capillaire.
Un bilan sur différents ouvrages a bien montré que la zone la plus « fragile » d’un
ouvrage vis à vis de la corrosion est la zone de marnage, zone où coexistent deux modes de

13
transport : la diffusion mais aussi la convection due au gradient de pression de la phase
liquide.

La diffusion
Dans la partie totalement immergée, l’ouvrage est donc saturé en eau en
permanence. Les ions chlorure vont se propager à travers le matériau seulement grâce au
gradient de concentration en ions chlorure. C’est de la diffusion pure, ce déplacement
unidirectionnel, en régime stationnaire et sans tenir compte des interactions avec la matrice
solide, se traduit par la loi de Fick:
∂c'
j = − D cl cl
∂x
(7)
avec Dcl exprimé en m 3l .m /(s.m 2matériau )

En régime instationnaire en combinant avec la loi de conservation de la masse et en


considérant que le coefficient de diffusion est indépendant de la concentration en ions
chlorures, on obtient la seconde loi de Fick:
∂ρcl0 ∂ 2 c'cl
= D cl 2
∂t ∂x

Cependant les processus diffusionnels peuvent être compliqués par la présence des
interactions physico-chimiques entre le matériau et l’espèce chimique diffusante.
Si l’on considère ces interactions la seconde loi de Fick devient:
∂ρcl0 ∂ 2 c'cl − ρ ∂c cf
= D cl 2 0
∂t ∂x ∂t
(8)

Pour résoudre cette équation il reste à déterminer expérimentalement le coefficient de


diffusion et la cinétique de fixation des ions chlorures.

La pénétration des chlorure par imbibition

Pour la partie de l’ouvrage qui est exposée aux marées, le phénomène de


transfert des ions chlorure est plus complexe. Dans le cas de la marée montante le matériau
partiellement sec subit une imbibition. Le mouvement des ions chlorure se décompose en
deux phénomènes physiques:
le mouvement dû au gradient de concentration en ions chlorure (diffusion
liée à la loi de Fick);
le mouvement dû au mouvement du liquide interstitiel (animé d’une vitesse
ul) dans le milieu poreux.
Le mouvement des ions chlorure se décrit alors en combinant les équations 6 et 7.
Plusieurs auteurs dont Nielsen [NIE 91] néglige la diffusion dans le transport des ions
chlorures lors d’une imbibition. Cette hypothèse au vue des vitesses de propagation semble
satisfaisante.

Dans le cas du séchage (marée descendante) le problème est beaucoup plus


complexe. En effet le sel se propage par diffusion ou par convection seulement si la phase

14
Durabilité des ouvrages en béton armé

liquide est continue. Or dans le cas du séchage le mouvement de l’eau se fait d’abord sous
forme liquide puis à une certaine teneur en eau la phase liquide n’est plus continue et alors le
transfert se fait sous forme vapeur. On peut constater une limite en teneur en humidité pour
laquelle il n’y a plus de continuité de la phase liquide. Le mouvement des ions chlorures par
convection et diffusion n’est alors plus possible. Cette limite en humidité relative est autour
de 75-80% dans le cas de l’eau pure [BUE 95].
Peu de travaux se sont attachés à modéliser le transport couplé des ions
chlorures et de l’eau dans les milieux poreux non saturés. Aussi une partie de notre travail va
être de mettre en place les équations régissant ce transfert couplé et de définir
expérimentalement certains coefficients nécessaires à la modélisation.

La zone des embruns


Dans cette zone le matériau adsorbe l’humidité par condensation capillaire et
par capillarité. Le sel présent dans le matériau vient de la zone exposée aux marées. Il s’est
propagé par diffusion.
Ce sel présent dans le réseau poreux va modifier les équilibres liquide vapeur existants
au sein du matériau [BON 99]
Cette zone fera également l’objet d’une étude poussée dans le cadre de MEDACHS
car les phénomènes physico-chimiques ne sont toujours pas bien définis dans ce cas.

Le transport de la phase gazeuse.


Les équations décrites dans cette partie ne concernent que les zones de
marnage et aérienne car la phase gazeuse est considérée comme inexistante dans la zone
complètement immergée.
Il faut tout d’abord transposer les lois de transfert définies à l’échelle microscopique à
une échelle macroscopique. De Vries en particulier opère ce passage en tenant compte de la
section réelle de passage (eau condensée) et du cheminement tortueux de la phase gazeuse à
travers les pores. Ce dernier élément sera pris en compte à l’aide d’un facteur de tortuosité τ
inférieur à 1. Ainsi la loi de Fick devient à l’échelle macroscopique:
jv = − τ.( ε − θl ). D v . ∇ρ v
Avec θl teneur volumique en liquide
Dv diffusivité à la vapeur (m²/s)

La vapeur d’eau étant considérée comme un gaz parfait on peut écrire la loi des gaz
parfaits:
Pv = ρ v . R v T
et ainsi
1
jv = − τ.( ε − θ l ). D v . ∇Pv
Rv .T
(9)
Nous admettons là encore la validité de la loi de Darcy mais dans le cas de la
phase gazeuse nous négligeons les effets de la pesanteur. Nous pouvons maintenant exprimer
les densités de flux de masse de vapeur et d’air à travers le milieu poreux:

Expression du flux de vapeur d’eau:


Ce flux est du à la diffusion de vapeur au sein de la phase gazeuse et également
au transport d’ensemble de la phase gazeuse. La densité de flux de masse de vapeur à travers
le milieu poreux s’écrit:

15
n v = ρ v0 .u g + jv
m m
avec ρ v0 = v . s = w v . ρ0 ;
ms V
Kg
ug = − ∇Pg
µg
Avec wv teneur massique en vapeur d’eau (-)
Kg perméabilité effective du matériau au gaz (m²)
jv , flux diffusif de vapeur exprimé par l’équation (9).

d’où une nouvelle expression de la densité de flux massique:


Kg 1
nv = − .w v . ρ0 . ∇Pg − τ.( ε − θ l ).D v . ∇Pv
µg R v .T
(10)

Expression du flux d’air:


Puisque nous avons ja + jv = 0 nous pouvons écrire l’expression suivante pour
le flux d’air massique:
Kg 1
na = − .w a . ρ0 . ∇Pg + τ.( ε − θ l ).D v . ∇Pv
µg R v .T
(11)

Ecriture des équations de conservation de masse.


On va réécrire l’équation de conservation de masse pour chaque constituant en
reprenant les expressions du flux de masse et en négligeant les phénomènes de pesanteur les
gradients de température et les gradients de pression de la phase gazeuse.

Ecriture de l’équation de conservation de la phase liquide :


∂ρ0 w l
+ ∇n l = σ l
∂t
ce qui donne en combinant avec l’équation (6)
∂ wl
ρ0 − ρ 0 ∇ ( D w l ∇w ) = σ l
∂t
σ l terme source correspondant aux changement de phase liquide vapeur
Equation de conservation de masse des ions chlorures:
∂ρ 0ccl
+ ∇n cl = σ cl
∂t
ce qui donne en combinant avec les équations (6) et (7)
∂c c
ρ0 cl − ρ0∇( cl .D w l ∇w) − ∇ (D cl ∇c' cl ) = σ cl
∂t wl
σ cl terme source correspondant à la fixation des chlorure sur la matrice cimentaire

Ecriture de l’équation de conservation de la phase vapeur:


∂ρ0 w v
+ ∇n v = σ v
∂t

16
Durabilité des ouvrages en béton armé

ce qui donne en combinant avec l’équation (10) et en faisant intervenir la diffusivité à


la vapeur.
∂ wv
ρ0 − ρ0∇( Dw v . ∇w) = σ v
∂t
avec σ l = − σ v terme source correspondant aux changement de phase liquide vapeur

Il reste maintenant à résoudre le système d’équations suivant:


∂ wl
ρ0 − ρ0∇( D w l ∇w) = σ l
∂t
∂ wv
ρ0 − ρ0∇( Dw v . ∇w ) = σ v
∂t
∂c c
ρ0 cl − ρ0∇( cl .D w l ∇w) − ∇ (D cl ∇c'
cl ) = σ cl
∂t wl
σl = −σ v

Si l'
on somme les deux premières équations de ce système et si l'
on considère les
relations suivantes:
σl = −σ v
Dw=Dwl+Dwv
w=wl+wv

on obtient alors un système à deux équations:


∂w
ρ0 − ρ0∇( D w ∇w) = 0
∂t
∂c c
ρ0 cl − ρ0∇( cl .D wl ∇w) − ∇(D cl ∇c' cl ) = σ cl
∂t wl
(12)

Bilan des coefficients à déterminer


Nous allons faire le bilan des expériences à réaliser pour déterminer les
coefficients nécessaires à la modélisation. Certaines propriétés de transport peuvent être
déterminées sur site par essais non ou semi-destructifs d’autres seront obligatoirement
effectués en laboratoire en utilisant des matériaux si possible identiques à ceux de l’ouvrage.

Cellules de migration du chlore Détermination de Dcl


Prélèvement sur site Influence de c’cl
Perméamètre CEMBUREAU Détermination de Kg
Prélèvement sur site
Cinétiques et isothermes d’interaction Détermination de:
Prélèvement sur site σcl = σcl (c’cl,w,t )
Expériences d’imbibition ; Détermination de Dw
suivi des mouvements d’eau par Dwl = Dw pour la marrée montante
gammamétrie
laboratoire ou sur site
Isothermes d’adsorption désorption ∂ϕ
Connaissance de
∂w

17
Laboratoire à partir de prélèvement sur ∂ϕ
= f( w, c’cl, T)
site ∂w
essentiel pour l’écriture des
conditions aux limites et la recherche de
Dwv
Expériences de séchage, suivi des Connaissance de Dw = f(w,c’cl,T )
mouvements d’eau
laboratoire
Imbibitions et séchages, suivi des Vérification de Dwv,Dwl,σcl
mouvements de chlore
Laboratoire à partir de prélèvement sur
site
Tableau 1: Détermination des coefficients nécessaires à la modélisation

Notre contribution à MEDACHS sera donc de déterminer un maximum de ces


coefficients sur un ouvrage existant et de quantifier l’influence de chaque paramètre sur ces
coefficients afin de pourvoir transposer les lois de transport établies à d’autres ouvrages de la
côte Atlantique.

Les valeurs des coefficients de diffusion ainsi que la modélisation de la pénétration


des ions chlorures dans de nombreux matériaux à base de ciment, sont maintenant
relativement bien connus dans le cas de milieux saturés en permanence et dans le cas d’un
matériau non fissuré [BAR 03]. Les zones étudiées seront donc les zones de marnage et
aérienne et le taux d’endommagement pourra être pris en compte. En effet dans le cas d’un
ouvrage en service le matériau présente toujours un certain taux d’endommagement. Une de
nos contribution est d’évaluer l’influence de l’endommagement sur les propriétés de transport
dans le béton.

Notre contribution a MEDACHS portera également sur l’analyse des données fournies
par le Port Autonome de Nantes Saint-Nazaire à la suite d’une auscultation de dalles et
poutres en béton armé attaquées ou non par la corrosion. La suite de ce rapport
bibliographique porte donc sur la démarche adoptée au cours d’une auscultation d’ouvrage.

Démarche adoptée au cours d’une auscultation


La démarche adoptée au cours de l’auscultation d’un ouvrage attaqué par la corrosion
se décompose en trois étapes:
- détermination du front de propagation de l’agent agressif (CO2 ou chlorure)
- amorçage de la corrosion si un seuil a été atteint
- détection et évolution de la corrosion
Pour chaque étape un indicateur de durabilité sera identifié.

Détermination du front de propagation

Cas de la carbonatation
On considère dans le cas de la carbonatation que la corrosion s’amorce dés que le front
de carbonatation atteint les armatures. La profondeur de carbonatation est donc un indicateur
de durabilité qui peut être déterminé grâce à un essai semi – destructif. On fait un prélèvement

18
Durabilité des ouvrages en béton armé

de béton d’enrobage sur la structure puis on pulvérise un indicateur coloré, la


phénolphtaléine. On peut utiliser un autre indicateur de durabilité. En effet le CO2 pénétrant
sous forme gazeuse, la perméabilité au gaz du béton d’enrobage peut également être utilisée
comme indicateur de durabilité. Celui-ci présente l’avantage d’être déterminé de façon
strictement non destructive [REI 97].

Après avoir choisi les indicateurs de durabilité des seuils doivent être fixés. Dans le
cas de la construction du Pont Vasco de Gama une valeur seuil de perméabilité au gaz de
l’ordre de 10-17 m² a été choisie pour définir la formulation du béton [MON 98]. Cette valeur
seuil dépend fortement de l’état hydrique et donc de l’exposition de l’ouvrage. Des valeurs
limites sont proposées dans le guide AFGC pour l’élaboration d’une démarche
performantielle sur la base d’indicateurs de durabilité (Tableau 2) [BAR 03]. Dans le cas
d’ouvrages existants cet indicateur permet surtout de limiter voire d’éliminer les carottages
lors d’une auscultation.

Les mesures de profondeur de pénétration permettent de prédire l’évolution de la


profondeur de carbonatation (x) dans le temps (t) grâce à des lois empiriques de la
forme [TAC 98]:
x( t ) = k t (13)
x (t) Profondeur de carbonatation en m
k coefficient en m / (année)0.5
t temps d’exposition, en années
k est un coefficient qui dépend de la perméabilité, de la pression partielle de CO2 dans
l’air et de la composition du béton. Il est déterminé grâce à une mesure de profondeur de
carbonatation pour un temps donné (semi-destructive).

Des variantes à cette loi sont également utilisées [TAC 98 et GRI 99]. Elles
nécessitent la détermination de deux paramètres donc deux mesures de profondeur doivent
être effectuées à des temps différents.

Une loi plus complexe a été proposée dans le cadre du projet européen DuraCrete
[IZQ 00]

n
2k e k c c s t0
x(t) = t
R Carb t

x(t) profondeur de pénétration du front de carbonatation


Rcarb résistance à la carbonatation
n facteur qui tient compte de l’âge du matériau (-)
ke coefficient qui considère l’influence de l’environnement sur Rcarb (-)
kc coefficient qui considère l’influence de la cure sur Rcarb (-)
cS concentration en CO2 à la surface
t0 temps de référence (année), correspondant souvent à t0 = 28 jours.
n facteur qui tient compte de l’âge du matériau (-)

Des études théoriques plus poussées ont permis d’établir une loi qui prend en compte
l’influence de l’avancement des réactions d’hydratation sur la porosité du béton [MIR 00].
Elle est surtout utilisée pour les ouvrages neufs rapidement décoffrés dans le but de
déterminer la composition du béton en tenant compte du critère de durabilité.

19
Pénétration des agents agressifs : cas des ions chlorure
La détermination de l’évolution des profils en chlorures est primordiale pour les
ouvrages existants afin de déterminer la fin de la phase d’incubation. Comme cela a été décrit
au chapitre 2 les lois utilisées dépendent des “ zones ” de l’ouvrage.

Si le béton est constamment saturé d’eau les chlorures pénètrent dans le béton par
diffusion. Celle-ci est régie par la seconde loi de Fick qui a pour solution une équation de la
forme [AMI 99, NIL 00, GUL 00]:
x (14)
c ( x , t ) = c + ( c − c ) erfc (
0 s 0)
2 D app t
c(x,t) concentration en ions chlore à la profondeur x et au temps t.
c0 concentration initiale en ions chlorure, souvent nulle (pourcentage
massique chlore/liant)
cs concentration à la surface en ions chlorure (pourcentage massique chlore/liant)
Dapp coefficient de diffusion apparent des ions chlorure (m²/s)
avec la fonction erfc(x) = 1 – erf(x), définie par
2 x
erfc ( x ) = 1 − exp( − t 2 ) dt
π 0

Cette solution est obtenue en supposant que le coefficient de diffusion Dapp et la


concentration en surface cs sont des paramètres constants dans le temps, ce qui va dans le sens
de la sécurité en terme de prévision de durée de vie [NIL 00, PAU 01].

On peut exprimer la profondeur du front critique en chlorures, c' est-à-dire


conventionnellement l’abscisse à laquelle la concentration en chlorures atteint la valeur
critique :
c (xcr , t) = ccr (15)
et prédire très simplement la durée de vie en faisant tous les calculs à la main [PAU
01] :
xcr = k t (16)
xcr : distance de la surface où la concentration en ions chlorure correspond à la
valeur critique ccr
k : coefficient en m / (année)0.5
t : temps d’exposition, en années

D’autres lois, prenant en compte l’évolution de D et de cs en fonction du temps et de la


composition du béton ont été développées [NIL 00]. Dans un souci de simplicité, leur étude
ne sera pas abordée dans ce premier rapport. Notons cependant la loi suivante émanant du
projet européen Brite/euram DuraCrete, qui exprime l’évolution du front critique en ions
chlorure et qui sera utilisée dans le paragraphe 3.3.2 pour l’étude d’un exemple [GEH 99]:
t
x(t ) = 2k kt DRCM , 0 ke kct ( 0 ) n
t
kt DRCM , 0 = Dapp
c cr (17)
k = erf −1 (1 − )
cs
x(t) profondeur de pénétration du front d’ions chlorure correspondant à la
concentration critique (mm)

20
Durabilité des ouvrages en béton armé

Dapp coefficient de diffusion apparent mesuré au temps t0 (m²/s)


DRCM,0 coefficient de migration mesuré au temps t (m² /s)
ccr teneur en chlore critique (pourcentage massique chlore/liant)
n facteur qui tient compte de l’âge du matériau (-)
kt constante qui permet le passage du coefficient de diffusion au
coefficient de migration (-)
ke et kc coefficients qui considèrent l’influence de l’environnement et de la cure
sur D0 cS teneur en chlore à la surface (pourcentage massique chlore/liant)
t0 temps de référence (année), dans ce cas t0 = 28 jours.

On préfère utiliser le coefficient de migration des ions chlorure au coefficient de


diffusion car le temps d’expérimentation pour sa détermination est beaucoup plus court.

Dans la zone non saturée de l’ouvrage, les ions chlorure pénètrent dans le matériau par
diffusion et par convection. On peut décrire ces mécanismes par des modèles plus complets
comme celui décrit dans le chapitre 2 où différents paramètres sont à déterminer à partir
d’essais souvent semi - destructifs [SHI 00, HOR 98, BON 00] : le coefficient de diffusion, la
diffusivité hydrique, la loi régissant les interactions chlorure matrice, le transport de
l’oxygène, la distribution des pores. Peu d’études ont été effectuées dans ce domaine et une
approche intéressante de MEDACHS peut être le développement et la validation en
laboratoire et in situ de ce type de modèle.
Actuellement le coefficient de transfert utilisé pour le transport des chlorures reste le
coefficient de migration aux ions chlorure même s’il ne correspond pas toujours aux
phénomènes physiques mis en jeu dans la réalité.
Dans le cas d’ouvrages neufs, le coefficient de diffusion est un indicateur de durabilité
et la valeur seuil choisie pour déterminer la composition du béton dépend de l’exposition de
l’ouvrage et de la durée de vie exigée (voir tableau 2) [BAR 03]. Dans ce tableau trois autres
critères de durabilité interviennent : la porosité à l’eau du béton, Peau, la perméabilité au gaz,
Kgaz, et la perméabilité aux liquides, kliq. Dans le guide AFGC sur les indicateurs de durabilité
un tableau plus complet en terme de catégorie d’ouvrage et de type d’environnement est
donné. Pour la construction du pont Vasco de Gama une valeur du coefficient de diffusion
apparent de 10-12 m²/s a été choisie [MON 98].

Type d' environnement


Durée de 5 6 7
vie exigée exposition immersion zones de
Catégori aux embruns ou en eau salée marnage
e d'ouvrage aux sels

100 ans •Peau<14% •Peau<14% •Peau<14%


Ouvrage •Dapp<5·10- •Dapp<10·10 •Dapp<5·10-
12
s d'
art m2.s-1 -12
m2.s-1 12
m2.s-1
120 ans •Peau<12% •Peau<12% •Peau<12%
Grands •Dapp<10- •Dapp<5·10- •Dapp<10-
12 2 -1 12 2 -1 12 2 -1
ouvrages m .s m .s m .s
•Kgaz<50·10 •kliq<0,1·10-
-18 2 18 2
m m
300 ans •Peau<9% •Peau<9% •Peau<9%
et plus •Dapp<10- •Dapp<10- •Dapp<10-
12 2 -1 12
Ouvrage m .s m2.s-1 12 2 -1
m .s

21
s spéciaux •Kgaz<5·10- •Kgaz<5·10-
18 2 - 18 2
m •kliq<0,1·10 m
•kliq<0,1·10- 18
m2 •kliq<0,1·10-
18 2 18 2
m m
Tableau 2 : Indicateurs de durabilité sélectionnés et valeurs limites proposées en
fonction du type d'
environnement et de la durée de vie exigée [BAR 03].

Dans le cas d’ouvrages existants, le coefficient de diffusion est déterminé à partir


d’essais semi – destructifs : carottage d’un disque qui est placé dans une cellule de diffusion.
L’introduire dans l’équation de diffusion permet de calculer le temps nécessaire pour avoir
une concentration en ions chlorure au droit des armatures égale à la valeur critique ccr.

Une technique non destructive de caractérisation utilisant la RMN est développée mais
ne donne pas encore de résultats exploitables sur site [CAN 02]. Laurens a montré que
l’amplitude des signaux radar et les valeurs de résistivité électrique semblent dépendre du
degré de contamination par les chlorures [LAU 01]. En fait ces mesures dépendent beaucoup
plus de la teneur en eau dont les variations peuvent masquer celles de la teneur en chlorure.

Quand débute la corrosion ?


Dans le cas de la carbonatation on considère que la corrosion peut commencer des que
le front de carbonatation a atteint les armatures, c’est une étape seuil. On compare la
profondeur de carbonatation avec la position supposée des armatures d.

Dans le cas des chlorures, la dépassivation des aciers dépend du rapport [Cl-]/[OH-] et
donc la concentration en hydroxyles est un paramètre de plus à considérer. On se contente
dans ce rapport de donner des concentrations critiques au voisinage des armatures [TAC 98,
MON 98] : de 1 % (par rapport à la masse de béton) si l’ouvrage est saturé en permanence et
d’environ 0,4% dans le cas contraire.

Afin d’utiliser ces valeurs seuils de concentration au voisinage des armatures, il reste à
estimer l’épaisseur du béton d’enrobage. Plusieurs méthodes non destructives permettent cette
détermination : les méthodes magnétiques, les essais soniques [BRE 05]. D’autres sont
développées dans ce but : méthode radar par exemple. La comparaison des profondeurs
d’enrobage avec les profondeurs de pénétration des agents agressifs permet de préciser si la
corrosion est en phase d’amorçage ou non. Si la corrosion n’est pas amorcée, on calcule le
temps d’initiation de la corrosion ti en utilisant les lois de propagation données
précédemment.

La forme de l’équation 16 justifie une relation entre le temps d’initiation, ti, de la


corrosion et l’épaisseur du béton d’enrobage, d, de la forme
ti (année) = a d² / D
où D est le coefficient de diffusion effectif des ions chlorure.
Des constatations expérimentales ont par exemple permis de proposer la relation
empirique [GUL 00] :
ti (année) = 0,316 d² / D (18)

22
Durabilité des ouvrages en béton armé

La démarche présentée est utilisée pour prévoir le début éventuel de la corrosion dans
le cas d’ouvrages encore sains. Elle s’inscrit donc dans une démarche durabilité.
Dans le cas où la corrosion a été détectée une approche différente est envisagée qui
sera détaillée dans le paragraphe suivant.

Développement de la corrosion et conséquences


La détection de la corrosion s’effectue par méthode non destructive à condition d’avoir
accès à une armature. C’est la mesure de potentiel d’électrode. Le lecteur trouvera des
informations plus précises dans le guide AFGC sur les méthodes non destructives [BRE 05].
D’autres techniques sont en cours de développement, reposant par exemple sur l’emploi du
radar pour détecter les conditions favorables au développement de la corrosion, comme la
rétention préférentielle d’humidité dans certaines parties de l’ouvrage.

Une fois la corrosion détectée, la démarche durabilité passe par la prédiction de


l’évolution de la corrosion, celle-ci entraînant : la diminution de la section utile, la fissuration
du béton d’enrobage, la perte d’adhérence. Il convient donc de quantifier chacun de ces trois
effets.

Approche déterministe
Les chercheurs ont établi des relations (certaines seront fournies et commentées ci-
après) qui permettent, dans l’absolu, de prédire les évolutions. D’un point de vue
opérationnel, ces modèles peuvent être employés, comme nous le montrerons, pour répondre
à des questions en terme de stratégie de gestion, mais il ne faut pas leur faire une confiance
trop aveugle, le caractère général des formules n’étant aucunement établi. En particulier, la
mise en œuvre pratique de ces lois d’évolution ne peut passer que par un calage des
paramètres.

Diminution de la section utile


La donnée utile pour prédire l’évolution de la corrosion est la vitesse de corrosion.
Cette vitesse est obtenue par mesure non destructive de la résistance de polarisation [BRE
05]. On obtient alors le courant de corrosion Icorr auquel on relie la profondeur de dissolution
de l’acier en considérant une loi de proportionnalité. A titre d’exemple, on a proposé [ROD
00] :

Px = 11.5 Icorr (t-ti) (19)

Px profondeur de dissolution de l’acier en µm


Icorr courant de corrosion µA/cm²
t temps en années
ti temps nécessaire à l’initiation de la corrosion

Le courant de corrosion dépend des conditions environnementales et de la composition


du béton. Les valeurs expérimentales trouvées peuvent être comparées à titre indicatif avec les
valeurs (Tableau 3) provenant du Projet BRITE – EURAM BE4062 « The service life of
reinforced concrete structures » [ROD 00].

23
Des valeurs moyennes pour la vitesse de dissolution des armatures peuvent également
être utilisées [GRI 99] :
- de l’ordre de 5 µm/an dans un béton carbonaté
- supérieure à 10 µm/an dans un béton contaminé par les chlorures.

Classe d’exposition Icorr


(µA/cm²)
Aucun risque de corrosion, 0
milieu très sec
Carbonatation
Sec ou saturé en permanence 0
Saturé, rarement sec 0.4
Humidité modérée 0.2
Saturation cyclique 0.5
Présence de chlorure
Humidité modérée 0.4
Saturé, rarement sec 3
Saturation cyclique 3
Immergé 3
Zone de marnage, zone des 7
embruns
Tableau 3 : Valeurs du courant moyen de corrosion donnés par BRITE 4062.

Connaissant le courant de corrosion ou la vitesse de dissolution, la diminution de


section utile peut être calculée en fonction du temps. Elle pourra ensuite être comparée à une
valeur seuil, déterminée par un critère de vérification de la stabilité de la structure.
φ = φ0 - αPx (20)
φ diamètre de l’armature en µ m
φ0 diamètre initial de l’armature en µ m
α dépend du type de corrosion : il est égal à 2 pour une corrosion homogène et
est compris entre 5 et 10 pour une corrosion par piqûre.
Px profondeur de dissolution de l’acier en µ m

Fissuration du béton d’enrobage


La diminution de la section utile en fonction du temps donne une information
importante sur la durée de vie de l’ouvrage. Mais on doit également tenir compte de la
fissuration engendrée par les produits de la corrosion. Ceux-ci, étant expansifs, créent des
tensions importantes au sein du béton d’enrobage et provoquent des fissures.

Li [LI 03] a par exemple exprimé l’ouverture des fissures à partir de la géométrie
(diamètre et enrobage des armatures), du volume des produits de corrosion et des
caractéristiques mécanique du béton. On peut aussi proposer des expressions empiriques telle
que :
w (t) = 0.05 + k [Px(t)-Px0] (21)
w profondeur de fissure en mm
Px profondeur de dissolution de l’acier (µm)
Px0 profondeur de dissolution de l’acier correspondant à l’initiation de la
fissuration (µm)

24
Durabilité des ouvrages en béton armé

k facteur dépendant de la position des aciers, déterminée par méthodes


magnétiques et essais soniques, et voisin de 0.01

On peut considérer que le béton commence à se fissurer lorsque la dissolution des


aciers atteint une valeur seuil Px0 comprise entre 0.05 et 1 mm [GRI 99] et comparer la valeur
obtenue pour w(t) à une valeur seuil (par exemple 0.3 mm, correspondant à des états limites
d’ouverture de fissure), pour déduire la durée de vie.

Perte d’adhérence
Un autre dommage à prendre en compte pour évaluer la durée de vie d’un ouvrage
attaqué par la corrosion est la perte d’adhérence. On peut également l’exprimer en fonction de
Px et donc du temps. Des expressions empiriques peuvent être établies, qui nécessitent
d’autres paramètres, déterminés soit à l’aide d’essais non destructifs soit à l’aide de tableaux
empiriques [ROD 00]. Cette perte d’adhérence sera comparée à une valeur seuil.

L’intégration des comportements à l’échelle du composant d’ouvrage et la prédiction


de la résistance résiduelle de l’ouvrage est encore incomplète car peu de moyens permettent
d’identifier les caractéristiques mécaniques de l’interface et les modèles existants sont
souvent limités à une validation macroscopique comparant les résistances prédites et
observées d’un composant corrodé [CAS 97].

Approche probabiliste
La démarche durabilité présentée au paragraphe 3.3.1 est valide dans le cas où la
pénétration des agents agressifs et la corrosion sont considérées comme étant uniformes. Les
mesures des différents critères de durabilité sont en effet effectuées sur des zones bien
localisées et on considère que les résultats obtenus en terme de durabilité peuvent être
appliqués à toute la partie de l’ouvrage auscultée. Les paramètres sont également considérés
constants dans le temps ce qui n’est pas le cas. L’utilisation des modèles déterministes donne
une estimation par défaut de la durée de vie des ouvrages. Pour effectuer une analyse plus
proche du comportement réel de l’ouvrage, il convient d’utiliser des modèles probabilistes.
Une telle approche a été récemment développée dans le cadre d’un projet européen
Brite/Euram DuraCrete, dirigé par un réseau européen de professionnels et chercheurs
travaillant sur la durabilité des ouvrages. Au cours de ce projet un outil « DuraCrete »
permettant la prévision de la durée de vie des ouvrages a été développé [SIE 00].

Les bases de DuraCrete


La démarche concerne des ouvrages neufs ou existants. Dans les deux cas
l’application de la méthode suppose une bonne définition :
- des conditions environnementales : caractérisation des agressions pouvant
être subies par le béton,
- des performances requises par l’ouvrage : définition d’états critiques,
- des propriétés des matériaux utilisés, avec en particulier l’étude de celles
contribuant à la résistance du béton aux agressions,
- des modèles de dégradation à utiliser (modèles de propagation).

Ce modèle probabiliste permet de calculer pour un temps t la probabilité p(t) que


l’ouvrage ne remplisse plus ses fonctions. On doit comparer pour cela la fonction décrivant la

25
résistance de la structure aux agressions R avec la fonction décrivant les actions négatives
fragilisant l’ouvrage S, ces deux fonctions dépendant du temps d’exposition t. La condition
suivante doit donc être respectée:
R(t) – S(t) > 0

On peut donc comparer la probabilité que cette condition ne soit pas remplie avec une
valeur critique pf (figure 6). La durée de vie moyenne est celle pour laquelle les valeurs
moyennes de S(t) et de R(t) sont égales, mais la durée de vie doit être appréciée de façon
probabiliste, du fait du caractère dispersé de ces deux fonctions. Si on appelle p(t) la
probabilité de défaillance,
p(t) = p ( R - S < 0 )t

l’enjeu de la conception, en terme de durabilité est que, pour la durée de vie de visée,
cette probabilité demeure suffisamment faible :
p(t) < pf
pf probabilité acceptable d’atteinte de l’état limite (« target probability of
failure »).

Figure 6 : Probabilité d’endommagement

La procédure d’évaluation de la durée de vie est possible en introduisant la fonction Z


= R – S, variable stochastique de confiance. En faisant l’hypothèse que les variables
stochastiques R et S suivent une loi normale, la variable de confiance suit alors une
distribution normale (figure 7). La valeur moyenne et l’écart type de cette variable peuvent
être calculés à partir des équations suivantes. On pourra, pour une distribution normale φ de la
durée de vie, calculer l’indice de fiabilité β à partir de cette variable de confiance Z :
p(t)= φ(-β) = φ(-µ Z/σZ) (22)
0.5
µZ = µR - µS et σZ = (σR² + σS²)
µ valeur moyenne
σ écart type

26
Durabilité des ouvrages en béton armé

Figure 7 : Répartition de R et S pour calculer l’indice de fiabilité

L’indice de fiabilité est calculé à l’aide d’outils informatiques et de méthodes de


résolution telle que la méthode de Monte-Carlo. Le tableau suivant donne la correspondance
entre quelques valeurs de β et la probabilité d’atteinte de l’état limite (endommagement
critique).

Indice Probabilité
de fiabilité β d’endommagement P(t) (%)
1.5 6.68
1.8 3.593
2.0 2.27
3.0 0.135
3.6 0.0159
3.8 0.00724
Tableau 4 : Probabilité d’endommagement en fonction de l’indice de fiabilité

β est ensuite comparé à une valeur critique β0 correspondant à l’état limite choisi pour
le critère de durabilité. Différentes causes d’endommagement peuvent être abordées. Pour
illustrer cette méthode nous allons étudier un exemple qui concerne un ouvrage neuf dont
certaines parties sont en contact direct avec les ions chlorure: le tunnel de Scheldt.

Exemple: le tunnel de Scheldt [GEH 99].


Le tunnel de Scheldt est localisé dans un sol contaminé en ions chlorure. Les
différentes parties du tunnel sont soumises à l’attaque des ions chlorure ce qui peut engendrer
à terme la corrosion des armatures.

Définition des performances et niveau de fiabilité requis


Pour chaque phase de développement de la corrosion (initiation, propagation et
effondrement de l’ouvrage), des états critiques sont définis. Certaines détériorations ont
uniquement des conséquences économiques et sont associées à des états limites de service.
Celles qui entraînent la destruction de l’ouvrage sont associées à des états limites ultimes.
D’autres étapes intermédiaires peuvent être définies par le maître d’ouvrage afin de réduire le
coût des réparations. Le tableau suivant donne les indices de fiabilité critiques pour les
différents états :

Etat limite Etape Indices β0


ELS Amorçage de 1.5 – 1.8
la corrosion (normes)
ELS Fissuration, 2.0 – 3.0
écaillage (proposition)
ELU Destruction 3.6 – 3.8
(normes)
Tableau 5 : Indices de fiabilité critiques en fonction des états limites

L’exemple traite uniquement du premier état limite : calcul de la probabilité


d’amorçage de la corrosion. La durée de vie à garantir demandée par le maître d’ouvrage est,
pour cet état limite de service, de 100 ans avec un indice de fiabilité minimal de 1.5-1.8.

27
Modèle de propagation choisi
La partie de l’ouvrage étudiée est quasiment toujours saturée en humidité, la corrosion
est donc uniquement due à la propagation des ions chlorure. Le modèle de propagation utilisé
a été donné au paragraphe 3.1.2, équation 17:
t
x(t ) = 2k kt DRCM , 0 ke kct ( 0 ) n
t
−1 c cr
k = erf (1 − )
cs
Dans ce cas R correspond à la profondeur d’enrobage et S, à l’avancement en fonction
du temps du front critique d’ions chlorure. La condition à remplir est la suivante :
x(t) < d
d profondeur d‘enrobage (cm)
x(t) profondeur de pénétration du front d’ions chlorure correspondant à la
concentration critique (cm)

Hypothèses sur les variables du modèle


Les essais non destructifs permettent de réaliser des mesures plus nombreuses sur les
ouvrages. Effectuées en nombre suffisant, ces mesures permettent d’identifier les fonctions
de répartition de certaines des variables intervenant dans la loi de dégradation utilisée. A
chaque variable on peut donc associer une valeur moyenne et un écart type. Ceci est faisable
dans le cas d’ouvrages existants. Pour les ouvrages neufs la distribution statistique des
variables peut être soit une hypothèse du modèle de prédiction soit être déterminée à partir
d’essais en laboratoire.
Dans l’exemple du tunnel de Scheldt, nous allons détailler la détermination des trois
variables suivantes : la profondeur d’enrobage d, le coefficient de migration des chlorures
DRCM,0 et la teneur en chlorure critique, ccr (tableau 6).

Pa Unité
Valeur Ec Distrib
ramètre moyenne µ art type σ ution type
d cm 5 0. Beta
5
DR 10 –12 4.75 0. normal
CM,0 m²/s 71 e
ccr %ma 0.7 0. normal
ssique Cl- 1 e
/liant
n - 0.6 0. normal
07 e
kt - 0.85 0. normal
2 e
ke - 1 0. normal
1 e
kc - 1 0. normal
1 e
cs %ma 4 0. normal
-
ssique Cl 5 e
/liant
t0 année 0.0767 - déterm
iniste
Tableau 6 : Distribution des variables influençant la durée d’initiation de corrosion.

28
Durabilité des ouvrages en béton armé

L’épaisseur d’enrobage, d, déterminée au cours de l’étude du tunnel est de 5 cm. Elle


tient compte de l’environnement agressif dans lequel se situe l’ouvrage. L’écart type de 0,5
cm tient compte des erreurs commises au moment de la mise en place du béton sur chantier.
Le coefficient de migration des chlorures, DRCM,0, est déterminé à partir d’un essai
rapide de migration (RCM method : rapid chloride migration). Différentes gâchées de béton
ont été testées à l’âge de référence t0. L’augmentation de ce coefficient en fonction de l’âge du
béton est pris en compte grâce au facteur n. Des répartitions types pour n ont été trouvées
dans la littérature.
La concentration critique en chlorure, ccr, dépend des conditions environnementales
(taux d’humidification du béton) et de la qualité du béton. Des expériences ont été réalisées
sur différentes compositions afin de déterminer cette concentration. Au vue de l’épaisseur
d’enrobage, de la qualité du béton et des conditions environnementales (béton complètement
immergé) une valeur moyenne de 0,7 et un écart type de 0,1 ont été choisis.
Ces valeurs et répartitions seront vérifiées sur site une fois le chantier terminé et
également à différentes échéances.

Prévision des performances et contrôle sur site :


En utilisant la répartition aléatoire des variables, on peut calculer si l’épaisseur
d’enrobage choisie initialement (d = 5 cm) suffit pour satisfaire l’état limite de service pour
une durée de 100 ans.

L’évolution de β en fonction du temps est donnée figure 3. Avec le temps l’indice de


fiabilité β diminue ce qui correspond à une augmentation de la probabilité d’amorçage de la
corrosion. Rappelons que l’indice de fiabilité minimum β0 correspondant à l’état limite choisi
est compris entre 1,5 et 1,8. L’indice de fiabilité obtenu pour une durée de 100 ans est de 2.
L’épaisseur d’enrobage choisie est donc satisfaisante, à condition de retrouver sur chantier les
répartitions aléatoires données dans le tableau 6.

Temps (année)

Figure 8 : Evolution du coefficient β en fonction du temps

Une mesure permanente de l’épaisseur d’enrobage est effectuée sur chantier afin de
vérifier les répartitions données. La valeur moyenne est de 5,098 cm et l’écart type de 0,43.
Le coefficient de migration des ions chlorure ne peut être vérifié in situ. Des recherches ont

29
montré qu’il existait une bonne corrélation entre ce coefficient et la résistivité du béton
déterminée grâce à la méthode Wenner [BRE 05]. La résistivité du béton a donc été mesurée
sur des blocs de béton immergés sur le site de construction du tunnel.

En prenant en compte ces corrections sur les variables, l’indice de fiabilité obtenu pour
une durée de vie de 100 ans est de 2,2. Cette valeur est plus importante que celle calculée lors
de la définition initiale des performances du tunnel et donc plus importante que l’indice de
fiabilité minimum β0 correspondant à l’état limite compris entre 1,5 et 1,8.

Une approche identique a été conduite sur des ouvrages portuaires [FER 03] et a
révélé l’insuffisance des prescriptions de durabilité de l’EN 206-1 en environnement marin
[EN 00]: mesures et modélisations expliquent pourquoi des structures de moins de 10 ans sont
déjà corrodées.

Martin-Perez [MAR 03] a conduit une approche similaire sur un pont (Dickson
Bridge, Montréal) promis à démolition après 40 ans de service. De nombreuses mesures ont
permis d’identifier les distributions statistiques de l’enrobage, de la teneur en chlorures
proche de la surface et du coefficient de diffusion. Ces valeurs ont ensuite été utilisées pour
simuler la propagation de la corrosion, le développement de la fissuration qu’elle induit et la
perte de résistance qui en découle pour le tablier. Ces travaux confirment le recours
indispensable à une approche probabiliste, seule capable de prédire l’état moyen et sa
dispersion.

La plupart des applications actuelles concernent la corrosion, mais cette démarche peut
être appliquée à d’autres processus d’endommagement comme par exemple la fatigue [MIN
00].

Conclusion
Dans le cadre du projet MEDACHS notre contribution portera sur l’amélioration des
lois de transport dans les zones de marnage et aérienne de l’ouvrage. Les paramètres de
transfert seront clairement définis en fonction de ces zones et l’influence des conditions
environnementales et celle du taux d’endommagement du matériau sera si possible quantifiée.
La campagne de mesures s’effectuera en laboratoire et sur site avec l’assistance
technique et la mise à disposition d’ouvrages de la part du Port Autonome de Nantes Saint-
Nazaire.

Cette étude se fera en collaboration étroite avec les autres laboratoires béton du projet
et également avec l’équipe fiabilité afin de lui fournir les données nécessaires à l’étude
probabiliste de la durée de vie de l’ouvrage étudié.

Une étude sur les techniques de réparation à l’aide de matériaux composites est
envisagée en collaboration avec des chercheurs ne participant pas au projet MEDACHS.
L’utilisation des matériaux composites s’avère être une technique très prometteuse
pour la réparation et le renforcement des structures de génie civil. Les matériaux composites
présentent des propriétés spécifiques élevées et peuvent être mis en oeuvre directement sur les
structures par moulage au contact, procédé appelé aussi polymérisation in-situ ou
stratification directe.

30
Durabilité des ouvrages en béton armé

Cependant, l’utilisation massive de ces matériaux composites est conditionnée par leur
durabilité : il faut s’assurer que les matériaux composites ne perdent pas ou peu leurs
caractéristiques initiales sous l’effet de gel-dégel et de mouillage-séchage. Nous proposons
d’étudier sur le long terme ou en essais accélérés les performances et la durée de vie réelle de
ce réparations.

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