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Introduction
Le ciment est une matière inorganique finement broyée qui, une fois mélangée avec de l’eau,
forme une pâte qui fait prise et durcit progressivement au cours du temps tout en conservant sa
résistance et sa stabilité, même à l’air libre et notamment sous l’eau.
Le matériau formé est ensuite insoluble dans l’eau
C’est pour ça qu’on dit que : Le ciment est un liant hydraulique càd qu’il forme par réaction
avec l’eau des composés hydratés stables très peu solubles dans l’eau.
Le ciment conforme, appelé CEM, quand il est correctement dosé et mélangé avec de l’eau et
du granulat, doit permettre la production de mortier ou de béton.
I. Matières premières
Pour toute synthèse industrielle, on a besoin de MP. Comme on ne trouve pas dans la nature,
une MP qui présente une composition chimique adaptée à la fabrication du ciment, il faut
mélanger plusieurs MP. Le ciment est fabriqué à partir du mélange, du broyage et de la cuisson
de différentes matières premières. Celles-ci peuvent être d’origine Naturelle ou Industrielle
Les matières premières utilisées dans l’industrie du ciment se classent, selon leur utilisation :
Matières premières principales
Matières premières de correction
Matières premières d’ajout
Désignation TENEURS
Minerai de fer 60 % Fe2O3
Cendres de pyrite 25 % Fe2O3
Bauxite 50 % Al2O3
quartzite 80 % SiO2
Marbre 90 % CaO
Le minerai de fer et les cendres de pyrite permettront d’enrichir le cru en Fe2O3, la bauxite
permettra d’enrichir le cru principalement en Al2O3, le quartzite (sable) permettra d’enrichir le
cru en SiO2 et le marbre en chaux.
Les matières premières sont extraites des carrières généralement à ciel ouvert par abattage en
grande masse au moyen d’explosifs ou à la pelle mécanique ou encore par ripage (raclage) au
bulldozer.
Les blocs obtenus sont transportés vers l’atelier de concassage et réduits en éléments d'une
dimension maximale de 15 cm. Ces concasseurs sont situés parfois sur les lieux même de
l'extraction.
Le concassage est une opération de réduction de la taille des blocs de roches extraits.
Puis ils sont transférés par convoyeur à bande vers un hall de pré-homogénéisation.
III.2. Pré-homogénéisation
Les MP extraites dans la carrière ont une hétérogénéité càd une composition chimique
différentes et se trouvent dans des proportions différentes. Il faut donc les mélanger.
Les MP concassées sont transportées dans le hangar de pré-homogénéisation et déposées par
un charriot élévateur, en couches horizontales ou inclinées, d’épaisseur variable, en formant des
tas.
La pré-homogénéisation a pour rôle le mélange des matières premières de telle sorte à avoir un
tout-venant de composition chimique régulière. Puis un doseur assure l’alimentation correcte
du broyeur en quantité et composition.
Des échantillons des matières premières sont analysés en continu au niveau du laboratoire de
l’usine pour permettre d’effectuer les corrections de composition nécessaires (ajouts : Fe2O3,
Al2O3, SiO2).
La qualité du tas est conditionnée par le type de MP mais aussi par le mode de construction de
celui-ci. Il y a 2 méthodes principales pour la construction des tas :
Méthode CHEVRON : La MP est empilée le long de la longueur du tas.
A la fin, le tas a la forme d’un “toit”.
Méthode WINDROW ; Elle consiste en la construction de lits de mélange.
Les couches de MP sont disposées en rangées, les unes après les autres et par série de rangées
superposées. On réduit ainsi la possibilité d’occurrence de ségrégations.
III.3. Broyage
A la sortie du hall de pré-homogénéisation, le mélange est très finement broyé dans des broyeurs
sécheurs, qui éliminent l'humidité résiduelle et permettent d'obtenir une poudre qui présente la
finesse requise.
Dans le broyeur, les MP sont réduites à la finesse voulue et éventuellement séchées.
Le broyage fin de ce mélange consiste à préparer un mélange cru homogène (farine) afin
d’augmenter la surface de contact entre les grains et donc faciliter leurs réactions chimiques au
cours de la cuisson.
La farine est une nouvelle fois homogénéisée et stockée dans des silos.
III.4. Cuisson
La farine passe par une ligne de cuisson composée d’une tour de préchauffage et d’un four
rotatif.
Tour de préchauffage ou préchauffeur
La tour est constituée d’une série de cyclones, disposés verticalement sur plusieurs étages. Elle
vient avant le four rotatif afin de récupérer une partie de la chaleur des gaz de combustion et la
transférer vers la farine, la préparant ainsi aux réactions postérieures avant son arrivée au four.
D’étage en étage, la farine arrive jusqu’à l’étage inférieur.
La farine est introduite dans une tour à cyclones pour subir un préchauffage à plus de 850 °C
assurant ainsi sa préparation de point de vue chimique et thermique.
Cyclone Tour de préchauffage
La farine est mise en suspension dans les gaz chauds du four qui remontent en sens inverse. La
farine passe ainsi de 60°c à plus de 850°c. Plus le nombre de cyclones est élevé, plus le taux
global de transferts de chaleur Gaz - Farine est élevé.
La tour de préchauffage est un échangeur de chaleur dans lequel le cru progresse d’en haut
jusqu’à l’entrée du four et se réchauffe au contact des gaz chauds sortant du four.
Dans la tour, les gaz chauds sortant du four préparent la matière thermiquement et
chimiquement.
La farine subit les transformations suivantes :
- Evaporation de l’eau libre existante dans le cru (la farine).
- Déshydratation de l’eau combinée.
- Dislocation des structures et décomposition des argiles en oxydes.
L’argile se scinde en ses constituants : silice, alumine et oxyde de fer qui se combinent à la
chaux pour former des silicates et aluminates de chaux.
- Décarbonatation (90%) suivant la réaction : CaCO3 (s) CaO(s) + CO2(g)
C’est la transformation du calcaire CaCO3 en chaux vive CaO et en CO2 qui se dégage avec les
gaz de combustion.
Four rotatif
Le four qui fait suite à la tour de préchauffage est constitué d’un tube de plusieurs mètres de
diamètre, dont l’axe est légèrement incliné par rapport à l’horizontale permettant l’écoulement
de la farine et tournant sur lui-même (plus de 5 t/min).
60 à 90 m de longueur
4 à 5 m de diamètre
Inclinaison de 4%
L’alimentation en farine est située à l’extrémité opposée du brûleur. La farine avance à
l’intérieur du four en glissant et en roulant le long des parois internes recouvertes de briques
réfractaires.
Sous l'effet de la rotation et de l'inclinaison, la farine est véhiculée vers la zone de cuisson où
elle est transformée, sous fusion partielle à une température de 1450 °C en clinker de ciment.
Dans le four s’achève la formation du clinker. Sa qualité ne peut plus être améliorée.
Le procédé est une transformation d’une charge solide par traitement thermique
La procédure de refroidissement par trempe après cuisson joue un rôle très important sur la
forme et la réactivité des constituants du clinker :
les aluminates, phase liquide dans le four, vont être « figés » (solidifiés par le froid) en
entourant les silicates, phase cristalline du clinker.
elle évite la décomposition de silicate tricalciques (Ca3SiO5) en silicate bicalcique (Ca2SiO4).
elle évite le changement de la forme cristalline de silicate bicalcique qui provoque la
modification des propriétés hydraulique du ciment.
Ca2SiO4 cristallise sous sa forme , seule capable de réagir avec l’eau, au lieu de la phase , qui
est inerte.
Voie humide
Dans la voie humide, le calcaire et l’argile sont mélangés en présence d’eau de façon à
constituer une pâte assez liquide (28 à 42% d’eau). On brasse énergiquement cette pâte dans de
grands bassins de 8 à 10 m de diamètre, dans lesquels tourne un manège de herses. Ce mélange
est appelé le cru.
Des analyses chimiques permettent de contrôler la composition de cette pâte, et d’apporter les
corrections nécessaires avant sa cuisson.
La pâte est injectée directement dans le four.
carrière – concasseur – délayeur – four
Voie semi-humide
Dans la voie semi-humide, le mélange est en partie débarrassé de son eau avant cuisson.
carrière – concasseur – délayeur – grille sécheuse – four
Avantages et inconvénients du Procedé par Voie Sèche par rapport au Procedé par Voie
Humide:
Son avantage déterminant est l’économie de combustible (pas d’eau à évaporer). le Four par
Voie humide consomme environ 1250 kcal/kg de clinker contre 750 kcal/Kg par voie sèche;
Le four par voie sèche est plus court 80 m (~150 m voie humide, diamètre 5 m, tôle d’acier
tapissée de briques réfractaires à l’intérieur, mais les installations de broyage et celles du four
en lui-même sont plus complexes;
L’homogénéisation est plus difficile et les installations requièrent des équipements de
dépoussiérage beaucoup plus complexes.
Le silicate tricalcique C3S, le constituant majeur du clinker, se présente sous forme de cristaux
polygonaux de 20 à 50 µm de diamètre. Le silicate bicalcique C2S apparaît généralement sous
forme de cristaux arrondis.
Les C3A et de C4AF apparaissent plus ou moins enchevêtrés. Le clinker est un conglomérat de
C3S et de C2S liés entre eux par une phase interstitielle composée de C3A et de C4AF. Il n'est
donc pas possible de séparer les C3S et C2S du clinker.
Ces phases contiennent toujours des impuretés dans leur réseau avec un faible pourcentage :
- La chaux (CaO) libre ou non combiné :
La chaux libre conduit à une augmentation du volume lors de son hydratation, ce qui peut
influencer sur les ouvrages en béton par la suite. C’est pour ça que la chaux libre est un
paramètre essentiel pour juger la qualité et le degré de cuisson du clinker. Des clinkers bien
cuits résultants d'un cru bien dosé et de bonne granulométrie présentent des teneurs inférieures
à 2 %.
- La magnésie libre (MgO) : Une teneur en magnésie trop élevée entraîne des gonflements importants
plusieurs années après la mise en place du béton
- Les alcalins (K2O, Na2O) : la présence des alcalins dans le ciment est due aux matières
premières, plus spécialement l’argile, leurs présences en grande quantité peuvent engendrer un
gonflement important, ce phénomène est appelé Alcali-réaction.
- Certains métaux qui proviennent des matières premières, du revêtement réfractaire du four,
des corps broyants ou des combustibles.
- La présence de chlore (chlorures) et de soufre (sulfates, sulfure) dans les matières premières
est problématique. En effet, en chauffant, le chlore et le soufre se volatilisent et réagissent avec
les composés alcalins pour former des chlorures et sulfures alcalins.
V.3. Séquence des réactions ayant lieu pendant la cuisson
Au fur et à mesure que la matière crue progresse dans le four, sa température augmente
progressivement. Pour chaque plage de température certaines réactions se produisent.
Première étape (900 -1000 °C) :
Suite de la décomposition des carbonates (décarbonatation) suivant :
CaCO3 CaO + CO2
Formation des produits intermédiaires d’aluminates C2AF et C12A7
Début de formation de la bélite C2S
Deuxième étape (1000 - 1300°C) :
Conversion des produits intermédiaires d’aluminates en C4AF et C3A
Intensification de la formation et cristallisation du C2S (bélite) provenant de la réaction
de SiO2 avec le CaO restant
Troisième étape (1450 °C) :
Formation totale de la phase liquide par la fusion totale des constituants de la phase
interstitielle (C4AF et C3A)
Formation de l’alite C3S
Quatrème étape (1450 – 1200 °C) :
Le clinker commence à se refroidir.
Cinquième étape (1450 – 100 °C) : refroidissement
Refroidissement brusque du clinker
Stabilité morphologique des cristaux C2S et C3S
La trempe a pour but de figer les espèces minerales qui seraient instables (le C3S se
décomposerait en C2S + CaO).
Les aluminates, phase liquide dans le four (phase interstitielle), vont être « figés » en entourant
les phases cristallines du clinker.
Le C2S cristallise sous sa forme , seule capable de réagir avec l’eau, au lieu de la phase , qui
est inerte.
V.4. Modules de Khul
La qualité finale du clinker est évaluée par les trois modules de Khul, c'est-à-dire des valeurs
calculées à partir de la composition du cru. On définit :
Module de saturation en chaux / lime saturation factor :
LSF = CaO/(2,8 SiO2 + 1,1 Al2O3 + 0,7 Fe2O3)
0,94 < MC < 0,98
Si FSC > 1 : Il y’a trop de chaux et l’excès se trouve sous forme de «chaux libre» et conduit au
gonflement du ciment. Le maximum de chaux libre acceptable est de 1,5 à 2%.
Si FSC < 1 : il n’y a pas assez de chaux pour se combiner avec la silice, l’alumine et l’oxyde
de Fer, qui vont rester libre dans le clinker et par conséquent diminuer sa résistance.
La chaux libre est un paramètre essentiel pour juger la qualité et le degré de cuisson du
clinker
V.6. Gypse
Le clinker "pur" très fin est caractérisé par de courts délais de prise (3 à 5 min), ce qui le rend
pratiquement inutilisable.
Ce fait est surtout dû à la présence de C3A qui s’hydrate rapidement. Ses hydrates
(hydroaluminates) deviennent rapidement compacts et cristallisent.
L’aluminate tricalcique C3A présente une réactivité importante dans l’eau ou dans une solution
saturée par rapport à la portlandite. La précipitation des hydroaluminates de calcium qui en
résulte induit une rapide perte d’ouvrabilité de la pâte de ciment.
Il faut pallier ce problème : pour ralentir la prise du ciment, il faut lier les hydroaluminates de
calcium par Ajout du gypse
3CaO.Al2O3 + 3(CaSO4,2H2O) + 26H2O 3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O
gypse hydrosulfo-aluminate de calcium
V.7. Caractéristiques physiques du ciment
surface spécifique
La surface spécifique (finesse Blaine) représente la surface totale de tous les grains contenus dans un
gramme de ciment. Elle s’exprime en cm2/g.
Pour la déterminer, la méthode consiste à aspirer l'air à travers une couche de ciment.
Plus la surface spécifique de la poudre est importante et plus le temps mis par l’air pour traverser la
poudre est long.
Consistance de la pâte
La consistance de la pâte du ciment caractérise sa fluidité
Elle est évaluée en mesurant l’enfoncement dans la pâte d’une tige cylindrique sous l’effet d’une charge
constante
L’enfoncement est d’autant plus important que la consistance est plus fluide
La détermination de la quantité d’eau optimale à utiliser afin de produire une pâte de ciment de consistance
normale se fait par l’appareil de Vicat.
Le temps de prise des ciments est déterminé par l’observation de la pénétration d’une aiguille de l’appareil
de VICAT de diamètre 1,13 mm dans une pâte de ciment de consistance normalisée et ceci jusqu’à 5 mm
du fond.
V.8. Caractéristiques physiques du ciment
Préparation des moules prismatiques
Mortier normal (1350 g de sable normalisé, 450 g de ciment,225 g d’eau)
Le mortier prêt est introduit dans des moules prismatiques 4x4x16cm. La mise en place est réalisée par
vibration.
Eprouvettes prismatiques
Les essais de résistances mécaniques sont effectués sur ces éprouvettes à différents âges dans les limites
suivantes :
24 h ± 15 min ;
48 h ± 30 min ;
72 h ± 45 min ;
7 jours ± 2 h ;
28 jours ± 8 h.
Résistance à la flexion
La rupture de chaque éprouvette en flexion.
1,5 𝑃 𝐿
𝑅𝑡 =
𝑎3
Rt : Résistance à la flexion en Mpa
P : Charge de rupture en MN
L : Distance entre appuis inférieurs en m
-2
a : Coté de l'éprouvette en m (a = 4 10 m)
Résistance à la compression
La demi-prisme de l’éprouvette obtenue après rupture en flexion sera rompue en compression.
𝑃
𝑅𝐶 =
𝑆
Rc : Résistance à la compression en Mpa
P : Charge de rupture en MN
2
S : Surface de l'éprouvette en m
(S = 16 10-4m2)
Trois classes sont définies en fonction de la résistance normale à 28 jours.
Résistance moyenne
32MPa 42MPa 50 MPa
minimale à 28j
L’hydratation d’un ciment portland peut se résumer, dans une approche simplifiée’ à l’hydratation des
quatre phases majoritaires du clinker : C3S, C2S, C3A et C4AF, suivant un processus exothermique de
dissolution-précipitation pour former un matériau cohésif.
Elle peut se décrire comme la résultante de :
l’hydratation des silicates, qui ne met en jeu que C3S, C2S et l’eau (H),
et l’hydratation des aluminates qui met en jeu C3A, C4AF, l’eau (H) et le gypse (CSH2)
Ces 2 hydratations se déroulent simultanément mais pas indépendamment l’une de l’autre.
VI.2. Réactions d’hydratation des silicates
Au contact de l'eau, les silicates C3S et C2S se dissolvent sous forme d'ions qui interagissent entre eux et
forment des silicates de calcium hydratés (gel CSH) et de la portlandite Ca(OH)2 (CH).
La portlandite occupe de 20 à 25% du volume des solides de la pâte de ciment complètement hydratée.
La portlandite a une morphologie hexagonale prismatique (la morphologie est très variable en fonction
des paramètres de composition du béton).
Elle est produite à la suite de l'hydratation du C3S et C2S.
Dans la pâte du ciment hydraté, elle devient instable lorsque le pH devient inférieur à environ 12,5.
Elle participe peu au développement de la résistance du béton.
A l’épuisement de la source de sulfate de calcium, le C3A réagit avec l’ettringite formée pour former du
monosulfoaluminates de calcium ou (Afm) :
– –
C6AS3H32 + 2C3A + 4H 3C4ASH12 ≡ AFm
L’hydratation des aluminates, du C3A , obéit à la séquence de réactions suivantes, dans l’ordre 1, 2, 3 :
– –
(1) C3A + 3 CSH2 + 26 H C6AS3H32 ≡ Aft
– –
(2) C6AS3H32 + 2C3A + 4H 3C4ASH12 ≡ Afm
(3) C3A + CH + 12 H C4AH13