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Matthieu Horgnies
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p2645
cor415
Spectrométrie
Réactivité de masse
des surfaces - Principe
de béton
et appareillage
Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Guy BOUCHOUX
Professeur à l’université Paris XI (Orsay), École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Copyright
Copyright ©
© 2014
2014 | Techniques
Techniques de
de l’Ingénieur | tous droits réservés
l'Ingénieur
Réactivité des surfaces de béton
a réactivité des surfaces de béton est un sujet complexe que l’on peut
L définir par les interactions à l’interface entre la microstructure d’un maté-
riau à base de liant hydraulique et le monde extérieur, celui-ci pouvant être
constitué de différents gaz (CO2 , NO2), d’eau liquide (plus ou moins chargée
en sels), d’agents ou de résidus de décoffrage et d’autres agents agresseurs
(micro-organismes…).
Ainsi, cet article vise à décrire la variabilité des réactions possibles entre la
surface du béton et son environnement immédiat, que ce soit durant son
hydratation et son durcissement ou lors de sa carbonatation et de son vieillis-
sement. Divers exemples seront ainsi décrits dans cet article afin d’expliciter le
type de réaction ayant lieu en surface. Nous avons choisi de séparer ces inte-
ractions en trois types :
– celles résultant des réactions avec l’eau liquide ou avec des ions présents
en solution : phénomènes d’hydratation au jeune âge, de formation d’efflores-
cence après décoffrage, de lixiviation et de décalcification suite à des
expositions récurrentes à l’eau, attaque sulfatique et pénétration des ions
chlorures ;
– celles résultant des interactions avec les éléments du coffrage, comme les
moules et les agents de décoffrage : influences des huiles de décoffrage,
contamination et fonctionnalisation avec certains moules, croissance de port-
landite favorisée par certains tensioactifs ;
– celles résultant des interactions avec l’environnement : carbonatation en
présence de CO2 , dépollution de certains gaz irritants ou toxiques, croissance
de micro-organismes, comme les algues ou les champignons.
Enfin, le dernier chapitre décrira les fonctionnalités apportées par les divers
types de revêtements de protection potentiellement applicables sur le béton.
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__________________________________________________________________________________________________ RÉACTIVITÉ DES SURFACES DE BÉTON
Figure 1 – Hydratation d’un grain de C3S après quelques heures, la portlandite (plaquettes minces de forme hexagonale) et les C-S-H (fibrilles
buissonnantes très fines) sont visibles au MEB, notamment à fort grossissement (image de droite)
La portlandite (Ca(OH)2) représente, quant à elle, 15 à 20 % du Les mécanismes de formation peuvent être séparés en trois
volume solide d’un béton traditionnel. La portlandite est cristalline phases (figure 2b) :
et précipite essentiellement sous forme de plaquettes hexagonales,
de quelques µm à quelques dizaines de µm de longueur. – Phase 1 : dissolution des ions. La pâte de ciment hydratée
contient des phases minérales ayant une faible mais significative
capacité à se dissoudre dans l’eau. Celle-ci peut ainsi pénétrer
dans le réseau poreux du béton qui va alors se dissoudre partiel-
2.2 Efflorescences à base de carbonate lement.
de calcium
– Phase 2 : migration des ions vers la surface. Lorsque la surface
extérieure est exposée à un air sec, la solution capillaire contenant
Les efflorescences sont des dépôts minéraux de couleur des ions en solution migre vers la surface avant de s’évaporer,
blanchâtre (carbonate de calcium) qui apparaissent à la surface laissant alors les ions s’accumuler graduellement.
d’éléments en béton (cf. image MEB, figure 2a). Les défauts – Phase 3 : précipitation du carbonate de calcium. À l’extrême
occasionnés sont d’ordre esthétique, sans atteinte particulière surface de la peau de béton, le dioxyde de carbone de
de la macrostructure, et sont liés à la présence de chaux libre l’atmosphère se dissout dans la solution capillaire. Le CO2 va
dans la solution interstitielle, aux mouvements d’eau vers la réagir avec les ions calcium et des cristaux de CaCO3 vont alors
surface et aux conditions de séchage [8] [9] [10]. précipiter.
Air Air
Séchage ⇒
CO2 (gaz) précipitation
Ca2+ + CO32–
Film
CO32–,
d’eau → CaCO3 (s)
Ca2+ , OH–
Na+ , K+
Ca2+ , OH–
Béton Béton
a b
Figure 2 – (a) Image MEB de cristaux de carbonate de calcium en surface d’un béton et (b) schéma de formation des efflorescences
Efflorescences
de CaCO3
Revêtement
perméable à l’eau
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Zone du béton
décalcifiée
100 µm 100 µm
a b
Figure 3 – (a) Images MEB et (b) cartographie en microanalyse X du calcium d’une section polie d’une surface de béton recouverte d’un revête-
ment relativement perméable à l’eau : la précipitation des cristaux de carbonate de calcium est visible en surface du revêtement alors que la
couche externe du béton est clairement décalcifiée
Pour expliciter ces mécanismes, nous pouvons prendre 2.3 Lixiviation et décalcification
l’exemple où un revêtement, relativement perméable à l’eau,
exacerbe les mécanismes responsables des efflorescences après
des surfaces de béton par l’eau
plusieurs mois d’exposition en extérieur (multiples cycles
d’humidification par la pluie/séchage au soleil). La lixiviation des surfaces de béton intervient lors de leur expo-
sition à l’eau de pluie mais aussi lors d’immersions répétées dans
La figure 3 présente ainsi une image MEB en électrons l’eau (bord de mer, bassin de décantation, etc.). Cette lixiviation de
secondaires et une cartographie EDS du calcium ; les observations la peau du béton a pour effet de décalcifier les hydrates (par disso-
montrent clairement les efflorescences à base de carbonate de lution des ions calcium) et d’augmenter la porosité de la zone pré-
calcium qui ont cristallisé en surface du revêtement alors que la sente sous la surface, tout en favorisant la précipitation de
couche externe du béton, située sous la couche de peinture, est cristaux de carbonate de calcium à l’extrême surface (ce dernier
significativement décalcifiée. phénomène s’apparentant aux efflorescences, cf. figure 3).
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__________________________________________________________________________________________________ RÉACTIVITÉ DES SURFACES DE BÉTON
a b
Figure 4 – Images MEB (électrons secondaires) montrant l’augmentation de la porosité sous l’extrême surface d’un béton soumis
aux intempéries pendant six mois
2.4.2 Pénétration des ions chlorures et corrosion – dans le cas de coffrages non poreux et imperméables qui favo-
des armatures risent le bullage et l’ouverture de pores en surface du béton ;
– dans le cas de coffrages rugueux qui peuvent occasionner une
Les ions chlorures sont, bien sûr, naturellement présents en trop forte adhésion avec le béton par ancrage mécanique.
front de mer, sur les côtes, mais le sont aussi dans les zones géo-
graphiques fortement verglacées ou enneigées du fait de l’usage Les huiles de démoulage présentent des modes d’action
des sels de déverglaçage. La diffusion de ces espèces oxydantes distincts selon leur composition [13] [14]. Alors que l’huile miné-
au sein de la porosité ouverte du béton peut accélérer la corrosion rale agit comme une barrière hydrophobe entre le coffrage et le
des armatures en acier (en l’absence de carbonatation ou de béton frais, les agents à base d’huile végétale réagissent chimi-
chlorures, une armature en acier est normalement passivée par le quement avec l’hydroxyde de calcium contenu dans le béton frais
pH élevé – 13 ou 14 – du béton). La précipitation d’oxydes ou pour donner des stéarates de calcium selon une réaction de sapo-
d’hydroxydes de fer (rouille) de volume plus important peut faire nification, ce qui réduit les frottements à l’interface avec le béton
fissurer le béton et induire un fort écaillage de la surface [C 2 245] frais. De plus, il a été démontré [13] que les agents de démoulage
[COR 407]. à base d’huile végétale, de par leur action chimique (réaction de
saponification avec l’hydroxyde de calcium) plutôt que mécanique
Concernant la durabilité des structures en béton et les méca- (cas de l’huile minérale), donnaient de meilleurs résultats en
nismes détaillés des attaques concernant le cœur de ce matériau termes d’homogénéité de teinte, de bullage et de texture.
(attaque sulfatique, corrosion des armatures, etc.), nous renvoyons
le lecteur vers nos bases documentaires où plusieurs articles
décrivent déjà ces phénomènes (voir la rubrique « Pour en savoir
plus »).
3.2 Contamination ou fonctionnalisation
des surfaces : cas particulier
des moules en silicone
3. Interactions avec les Le tableau 2 présente les concentrations atomiques des princi-
paux éléments détectés par XPS en extrême surface d’éléments en
coffrages et les agents béton (formulation BUHP) préalablement coffrés dans des moules
en polychlorure de vinyle (PVC), en bakélite et en polydiméthyl-
de démoulage siloxane (PDMS). Les détections des éléments comme le calcium,
le silicium et l’oxygène ont été essentiellement attribuées à la
présence des phases hydratées principales, c’est-à-dire la
portlandite et les C-S-H [15]. Une partie du silicium a aussi été
3.1 Influences des huiles de démoulage attribuée à la présence de fumée de silice.
Par rapport à la composition atomique estimée pour la pâte de
ciment hydratée (avec présence de filler calcaire, fumées de silice
Le rôle des agents de décoffrage, bien souvent composés et adjuvants), les résultats XPS montrent néanmoins que les
d’huile à base minérale ou végétale, est de maintenir un film résidus de coffrage peuvent modifier la composition d’extrême
d’eau à l’interface coffrage/béton frais et de pérenniser l’effet surface.
lubrifiant de cette couche afin de limiter les forces de cisail-
lement trop importantes (la couche d’eau à l’interface Comme montré par le tableau 2, de fortes modifications
coffrage/béton frais peut être détruite par des granulats qui surviennent après l’utilisation de moule en PDMS (sans agents de
s’approchent de la surface ou peut être fragilisée par une démoulage) : le transfert des résidus de PDMS pendant le temps
texture importante du coffrage). Dans la plupart des cas, les de coffrage peut expliquer les fortes teneurs en silicium et en
carbone « d’origine organique » [15]. Un effet d’écrantage dû aux
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Tableau 2 – Comparaison entre les concentrations élémentaires estimées pour la peau de béton
et celles détectées par XPS en extrême surface du béton (selon le coffrage utilisé)
Carbone C1s
Éléments Calcium Ca2p Silicium Si2p Oxygène O1s Chlore Cl2p
Carbonates Organique
« CO3 » « C-org »
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Figure 6 – Photo d’une surface de béton devenue hydrophobe après transfert de résidus siliconés provenant d’un coffrage en PDMS
a b
Figure 7 – Images MEB de cristaux de portlandite recouvrant une surface de béton, préalablement moulée avec des agents de décoffrage à base
aqueuse comprenant des tensioactifs non ioniques
Concentration de la composante « carbonate »
800
15
Reprise en eau / surface (g/m2)
600
du pic C1s (%)
10
400
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5
200
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4.2 Réactivité avec les oxydes d’azote d’adsorption s’effectuent avec les hydrates les plus riches en cal-
cium (ou d’oxydes de calcium), c’est-à-dire la portlandite et le
(NOx) C-S-H 1,7 alors qu’il a été prouvé que les composés anhydres ne
réagissaient pratiquement pas avec les NOx.
La pollution atmosphérique par les oxydes d’azote affecte la
santé des habitants des zones urbaines, fortement impactée par le Cette adsorption du NO2 est beaucoup plus faible après carbo-
trafic automobile toujours grandissant [21]. Bien que des solutions natation des pâtes de ciments et des surfaces de béton, le pH de la
technologiques à base de béton contenant des pigments de type solution interstitielle diminuant du fait de la carbonatation des
dioxyde de titane ou oxyde de zinc existent (§ 5) pour réduire cette hydrates (d’un pH 13 vers un pH 9 environ). Néanmoins, il a été
pollution [22] [23], nous nous concentrerons dans cette partie sur démontré qu’il était possible d’améliorer et de prolonger cette
la capacité intrinsèque des bétons à adsorber le dioxyde d’azote. adsorption de NO2 en introduisant une petite quantité de charbon
En effet, dans certaines conditions (concentrations de polluants actif dans le mélange de béton (figures 10 et 11b ) [24] [26]. On
de quelques centaines de ppbv, temps de séjour du gaz, rapport suppose que le NO2 est adsorbé de façon irréversible par une réac-
entre surface d’échantillon de béton et volume de réacteur), les tion de neutralisation avec une solution alcaline aqueuse recou-
surfaces de béton (par exemple des formules de béton de type vrant la surface des hydrates et le charbon actif.
autoplaçant) peuvent adsorber sur de longues périodes une
fraction importante du NO2 présent dans une atmosphère
constituée d’azote ou d’air synthétique (figure 10) [24]. 4.3 Ancrage des micro-organismes
Le dioxyde d’azote peut se dissoudre aisément en milieu biologiques
basique et se transformer en composés ioniques (nitrites et
nitrates), eux aussi fortement solubles. Cette réaction est favorisée
lorsque des pâtes de ciment hydratées, composées majoritai- Après une certaine période de vieillissement, les façades et les
rement d’hydrates fortement alcalins de type C-S-H et Ca(OH)2 parements en béton ont tendance à se recouvrir petit à petit de
sont soumises à un flux de NO2 . Ce gaz se dissout donc au sein de taches liées à la prolifération de micro-organismes (algues,
l’eau interstitielle, voire en surface des hydrates qui sont toujours champignons et moisissures) [27] [28]. L’apparition de ces défauts
recouverts de quelques monocouches moléculaires d’eau liée [25]. esthétiques est exacerbée sous un couvert végétal ou pour des
façades exposées au nord (figure 12).
Après avoir soumis des poudres d’hydrates purs (C-S-H,
Ca(OH)2) à un flux conséquent de NO2 , les analyses par chromato- Les mécanismes d’implantation et de colonisation sont
graphie ont permis de mettre en évidence les ions nitrites et nitra- complexes et mettent en jeu le pH, la rugosité et la porosité
tes dans les jus de lixiviation [26]. L’ordre de grandeur des ouverte de la peau du béton [29]. La figure 13 présente par
quantités de nitrites/nitrates lixiviées est en effet similaire à celui exemple des images MEB (enregistrées en mode environnemen-
des quantités de gaz NOx adsorbés dans le réacteur pour les tal) prises sur des surfaces de bétons recouvertes par une algue
hydrates purs réduits en poudre (tableau 4). Les meilleurs taux filamentaire de type Klebsormidium flaccidum.
300
250
Concentration en NO2 dans le réacteur (ppbv)
200
150
100
50
0
0 5 10 15 20
Temps d’exposition en continu (h)
Réacteur vide Roche calcaire
Béton autoplaçant de référence Béton autoplaçant contenant du charbon actif
Figure 10 – Évolution de la concentration du dioxyde d’azote (NO2) dans un réacteur soumis à un flux continu de 250 ppbv de NO2
Tableau 4 – Quantités d’ions nitrites/nitrates mesurées dans l’eau de lixiviation des poudres ayant
préalablement été soumises à un flux d’oxydes d’azotes dans un réacteur
(comparaison avec les quantités de gaz adsorbées)
Ions contenus dans l’eau
Quantité de gaz adsorbée Temps d’exposition au gaz
de lixiviation
Échantillons réduits en poudre (× 10–8 mol/g)
et introduits dans le réacteur (× 10–8 mol/g) dans le réacteur
(min)
NO2 NO Nitrites Nitrates
Tricalcium
15,7 6,5 0 3,9 960
silicate C3S
Phases minérales
Dicalcium
du clinker anhydre 6,9 2,0 1,2 2,5 1 006
silicate C2S
C-S-H
Phases minérales pures 43,1 24,4 13,6 7,4 1 082
(Ca/Si = 0,9)
se trouvant dans
une pâte de ciment C-S-H
92,4 57,3 – – 1 002
hydratée (Ca/Si = 1,5)
C-S-H
179,1 196,8 92,4 6,0 2 608
(Ca/Si = 1,7)
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a b
Figure 11 – (a) Photographie d’un échantillon de béton au sein d’un réacteur, (b) image MEB d’une section polie d’une surface de béton
contenant du charbon actif (particules noires)
L’étape préalable à la colonisation par des micro-organismes tation. Les résultats montrent clairement que la colonisation
biologiques est la diminution du pH de la peau de béton. Un fort débute beaucoup plus vite si la surface de béton est préalablement
pH inhibe la croissance des micro-organismes au jeune âge du carbonatée. Via l’exposition d’échantillons sur un banc de
béton jusqu’au moment où la carbonatation (figure 13b ) et la lixi- ruissellement, il a été démontré que la texture de surface du béton
viation de la surface ramènent le pH à des valeurs plus tolérables influençait directement la probabilité d’ancrage des spores.
pour les micro-organismes (pH de 8 à 9 après quelques semaines La rugosité moyenne (Ra) des matériaux de construction (cal-
d’exposition aux intempéries). caire, tuile, béton) peut donc servir de paramètre comparatif pour
La figure 14a présente la variation de l’aire colonisée par une déterminer si la colonisation par les micro-organismes sera
algue filamenteuse sur des surfaces de béton avant/après carbona- pérenne.
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Figure 12 – Exemples de prolifération à base d‘algues et de champignons recouvrant des murs en béton
a b
Figure 13 – Images MEB (en mode environnemental) d’une algue filamenteuse Klebsormidium flaccidum recouvrant une surface de béton :
l’image de droite (b) montre l’enracinement de l’algue dans une zone carbonatée
Enfin, la teneur résiduelle en eau du béton, paramètre fortement classés en fonction de leur capacité à conserver l’eau. Comme le
lié à la porosité ouverte de la surface, est le dernier facteur impor- montre la figure 14b, les surfaces fermées et peu poreuses, carac-
tant à prendre en compte. En effet, l’accès à un réservoir d’humi- téristiques des bétons BUHP, présentent une très faible réserve
dité amplifie la colonisation par des micro-organismes. Les potentielle en eau, 10 fois inférieure à celle d’un béton standard, et
matériaux utilisés pour réaliser des façades peuvent donc être 100 fois inférieure à celle d’une pierre calcaire.
60
BUHP carbonaté
5.2.1 Base polyacrylique aqueuse
50 Les revêtements à base acrylique sont composés de résine acryli-
que diluée dans de l’eau. Le séchage permet la formation d’un film
protecteur étanche aux liquides à base aqueuse et relativement
40
épais (> 100 µm). Leurs intérêts principaux sont leur relative inno-
cuité, leur facilité d’emploi (absence de rejets nocifs dans l’atmos-
30 phère) et leurs bonnes propriétés d’adhérence sur le béton.
Le plus souvent, ces produits résistent mal aux solvants et
s’imbibent relativement facilement des produits à base d’huile.
20
Leur durabilité (face aux conditions climatiques ou vis-à-vis de la
friction mécanique) est plus faible que celle des revêtements à
10 base polyurée.
100 ces à base de polyurée ainsi obtenues ont alors une excellente
dureté grâce à leur réticulation tridimensionnelle et aux monomères
90 de faible longueur de chaîne et présentent une bonne résistance chi-
mique leur permettant d’être nettoyées par des solvants.
80
Déposé seul et au pistolet, l’épaisseur d’un vernis monocouche à
70 base polyurée se situe dans un intervalle de 10 à 200 µm. Pour des sur-
faces peu poreuses et lisses, l’utilisation d’un primaire d’adhérence (à
60 base polyacrylique par exemple) est souvent rendue nécessaire.
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Figure 15 – Images MEB (électrons secondaires) montrant une fracture d’un mortier contenant des particules de dioxyde de titane (anatase)
photocatalytique
Une autre propriété de l’effet photocatalytique est la formation de catalytiques. Ce sont eux en effet qui procurent le plus d’avan-
groupements hydroxyles à l’interface entre le matériau photocataly- tages pour un minimum de défauts. La protection contre les taches
tique et l’air. Ces groupements induisent des propriétés superhydro- aqueuses est très souvent obtenue quel que soit le revêtement
philes (angles de contact inférieurs à 10o lors du mouillage) et utilisé mais certaines propriétés, comme la résistance à la rayure
favorisent l’étalement du film d’eau lors d’un nettoyage ou d’une ou l’anti-efflorescence, sont très difficilement obtenues.
pluie [16]. Le ruissellement amélioré du film d’eau aide à enlever les
poussières déposées en surface ou emmène les résidus organiques
de taches préalablement décomposées. Notons que cet effet d’auto-
nettoyage est aussi effectif sur les taches biologiques, comme les Tableau 5 – Avantages des revêtements
algues ou les champignons [36]. Cet effet superhydrophile nécessite protecteurs applicables sur béton
un revêtement très lisse et exempt de défauts pour fonctionner de
façon optimale. Type
Propriétés principales
de revêtement
Enfin, certains revêtements photocatalytiques permettent de
réduire la pollution aux NOx, notamment en oxydant le monoxyde
d’azote (gaz NO) en dioxyde d’azote (gaz NO2), puis en nitrates (ions Étanche à l’eau liquide
Base
Se nettoie relativement bien pour enlever
NO−3 ).Cette dégradation du NO et sa minéralisation en nitrates ont polyacrylique
les poussières
été démontrées dans de nombreuses études effectuées dans des
réacteurs. Les recherches menées actuellement tendent à améliorer Étanche à l’eau liquide
les charges photocatalytiques afin de les rendre actives sous rayon- Base
Résiste bien aux produits acides, huileux,
nement visible (et non plus seulement UV) [37]. polyurée
à base solvant
bicouche
Résistance notable aux rayures
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P
O
U
Réactivité des surfaces de béton R
E
Matthieu HORGNIES
par
Docteur
N
Chargé de recherche au Centre de recherche de Lafarge, Saint Quentin-Fallavier
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