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Jacques Resplendino
Ingénieur en Chef des
Travaux Public de l’État
Direction Interdépartementale des
Routes Méditerranée
MEEDDM
Marseille, France
thierry.sedran@lcpc.fr
Résumé
Après un rappel de la définition des Bétons Fibrés à Ultra hautes Performances (BFUP), cet article
détaille les éléments de base de leur composition. Il présente les principaux produits disponibles sur
le marché et trace un bref historique du développement de ces bétons.
L’article détaille ensuite les principales caractéristiques des BFUP en mettant en évidence ce qui les
distingue des bétons traditionnels : traitements thermiques, effets différés, résistance en
compression et en traction, performances en terme de durabilité et de qualité des parements.
L’article analyse ensuite les évolutions dans les techniques de conception et de mise en oeuvre que
le développement des BFUP appelle et se termine par une présentation de l’intérêt de ces matériaux
vis-à-vis des problématiques du développement durable.
Mots clefs : Béton Fibré Ultra Performant, BFUP, formulation, caractéristiques mécaniques,
durabilité, conception, mise en œuvre.
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UHPFRC 2009 – November 17 & 18 – Marseille, France
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Designing and Building with UHPFRC : State of the Art and Development
Fort de son expérience et de son potentiel sur ces matériaux [13] [20], la France a été le premier
pays à publier des recommandations en 2002 [1] [2] [3] permettant de formaliser les méthodes de
caractérisation des performances de ces matériaux et de donner des règles de calculs de structures
en BFUP sans aucune armature de renfort autre que les fibres ce qui constitue l’innovation majeure
de ce type de matériau.
Dans les années 2000, plusieurs pays se sont lancés dans la recherche sur les BFUP. Les Japonais
très actifs ont publié des recommandations en 2004. Ils ont réalisé plusieurs ouvrages remarquables
[14] (passerelles piétons, ponts routiers et ferroviaires) et ont actuellement d’importantes
applications structurelles (composants de bâtiments de grande hauteur, ouvrages aéroportuaires en
site maritime).
En Australie, une activité significative se développe axée sur la réalisation d’ouvrages d’art [7] et
l’utilisation du matériau dans des boucliers de protection contre les explosions.
Les Allemands ont démarré depuis 2005 un ambitieux programme de recherche (10 M€) sur 6 ans
qui mobilise un nombre important d’universités sous le pilotage de l’université de Kassel. Ils ont
par contre peu d’expérience de conception et d’utilisation réelle du matériau par manque
d’entreprises et de maîtres d’ouvrages impliqués dans le développement de ces technologies.
Avec un traitement thermique ce coefficient de fluage diminue de façon très importante (compris
entre 0,2 et 0,5).
Ces caractéristiques ont plusieurs conséquences sur les performances et modalités d’utilisation des
BFUP :
- Toute pièce bridée doit être coffrée avec des conceptions de coffrage qui permettent au
mieux la libre rétraction de la pièce lors de la prise afin d’éviter des contraintes internes
importantes liées à l’effet du retrait endogène gêné,
- Les BFUP sont parfaitement adaptés à la préfabrication : une fois que le béton a fait sa prise
les effets différés ultérieurs (retrait, fluage) sont très réduits par rapport à un béton
traditionnel. On dispose ainsi d’éléments de structure qui ne « bougent plus ». Cela est
d’autant plus vrai lorsque les éléments sont soumis à un traitement thermique de type BFUP,
- A noter que dans le cas de précontrainte par prétension, le traitement thermique n’a que peu
d’influence vis-à-vis d’une limitation des pertes de précontrainte : en effet le traitement
thermique n’intervenant que plusieurs heures après la fin de prise, il est réalisé après le
relâchement des câbles et la mise en précontrainte, de telle sorte que l’ensemble du retrait
endogène intervient dans les pertes de précontrainte,
- Par contre dans le cas de pièces précontraintes par post-tension, l’application d’un traitement
thermique type BFUP avant la mise en précontrainte, tend à réduire de façon très sensible
les pertes de précontrainte sous l’effet conjugué de l’absence de retrait de dessiccation et de
la diminution très importante des déformations de fluage.
Toutes ces remarques restent valables dans le cas d’une utilisation d’éléments en BFUP connectés à
une charpente métallique [12] [22] [23] ou à un autre matériau [18] : les déformations différées
réduites du BFUP (retrait, fluage) limitent les efforts internes liés à la connexion métal/béton.
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Designing and Building with UHPFRC : State of the Art and Development
Par contre, l’enjeu fondamental des BFUP est d’arriver à maîtriser et garantir la résistance post-
fissuration dans une structure quelconque sachant que cette résistance dépend de l’orientation des
fibres, laquelle orientation dépend des conditions de mise en œuvre :
− Tout écoulement éventuel lors de la mise en œuvre tend à orienter les fibres dans le sens de
l’écoulement,
− Les fibres proches des parois sont naturellement orientées parallèlement aux coffrages. Ce
phénomène n’intervient que sur une profondeur inférieure ou égale à la longueur des fibres. Il a
ainsi d’autant plus d’influence sur la résistance en traction effective des pièces que l’on dispose
d’épaisseurs de structure proches de la dimension des fibres.
− Une orientation privilégiée des fibres dans le sens de la gravité peut parfois se produire, liée au
comportement naturel des fibres dans la phase liquide visqueuse que constitue le béton avant la
prise.
Pour maîtriser au mieux l’orientation des fibres lors de la mise en oeuvre, le principe général est de
couler les pièces en mettant le BFUP directement « à sa position finale », afin d’éviter au mieux les
écoulements. Si on n’arrive pas à supprimer les écoulements on phase les opérations de bétonnage
pour compenser et/ou orienter les écoulements dans le sens des efforts principaux. En tout état de
cause, pour valider le processus de mise en œuvre, on réalise systématiquement une épreuve de
convenance consistant à réaliser en amont de la structure réelle un élément témoin de taille
représentative de la structure réelle, réalisé avec le même matériau et suivant les mêmes procédés
que ceux envisagés pour l’exécution de la structure réelle. On vient découper dans cet élément des
prismes permettant de réaliser des essais afin de déterminer la loi de comportement en traction
réelle dans la direction du prisme, et de la comparer à la loi théorique initiale issue des éprouvettes
de laboratoire.
L’analyse statistique des résistances en traction obtenues dans l’élément témoin permet de corriger
la loi de comportement théorique initiale (notion de coefficient correctif K).
L’ensemble de ces essais est réalisé sur des éprouvettes testées généralement en flexion.
Pour les structures d’épaisseur importante pour lesquelles l’effet des parois est limité, la taille des
éprouvettes pour réaliser les essais de traction par flexion doit être relativement importante par
rapport à la dimension des fibres. En effet, il ne faut pas que les éprouvettes soient de taille trop
réduite, sinon l’effet de paroi tend à peigner les fibres dans le sens de l’éprouvette (elles se mettent
parallèlement aux bords) et on surestime la résistance réelle du matériau en laboratoire. A contrario,
si la taille des éprouvettes prélevées dans la structure est trop petite, on obtient une dispersion sur
les prélèvements de l’élément témoin très importante qui tend à sous estimer très fortement la
résistance réelle dans la structure, voire à rendre impossible l’analyse statistique de ces
prélèvements.
Par contre pour les éléments minces dans lesquels l’effet de paroi est fondamental (épaisseur de
l’élément inférieure à trois fois la longueur des fibres, tendant à privilégier une orientation 2D des
fibres), on teste directement des éléments de même épaisseur que la structure réelle tant au niveau
des essais de laboratoire préalables qu’au niveau des épreuves de convenance lors de la réalisation
de l’élément témoin.
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UHPFRC 2009 – November 17 & 18 – Marseille, France
700
600
C80/95
500
C100/115
400
Dv/log(dr)
BFUP
300
200
100
0
1 10 100 1000
Diamètre des pores (nm)
Figure 1 : Distribution de la taille des pores pour différents bétons, source CERIB
Cette caractéristique leur confère des performances en terme de durabilité tout à fait exceptionnelles
avec des porosités à l’eau, perméabilités à l’air, coefficients de diffusion des ions chlore très réduits
par rapport aux bétons ordinaires et aux BHP.
Ces performances les rendent pertinents pour toutes les applications de structures soumises à des
ambiances extérieures agressives [25].
Par ailleurs leur résistance à l’abrasion (test CNR) et leur résistance aux effets dynamiques [26] [27]
les rendent particulièrement pertinents pour des applications de protection d’ouvrage hydraulique
ou de protection de structures soumises à des effets de chocs ou d’explosions. A noter que lors des
chocs, la présence de fibres de taille réduite limite considérablement les projections d’éclats qui
peuvent parfois poser des problèmes de sécurité aux personnes.
du matériau. Des techniques de bâches glissantes permettent d’obtenir des résultats similaires, tout
en apportant des solutions intéressantes pour la cure.
Concernant la limitation des fibres apparaissant en surface des parements coffrés, un travail doit
être fait sur la formulation et la nature des parois de coffrage afin d’éviter toute fibre apparente en
surface, ce qui supprime les risques de points de rouille ultérieurs. Les joints entre panneaux de
coffrage doivent être parfaitement étanches. Si un nombre important de fibres apparaît des
traitements de surface peuvent être mis en œuvre pour éviter la corrosion ultérieure des fibres.
A noter que dans les applications architecturales réalisées avec un premix blanc, la technologie
CRC prévoit la mise en œuvre de fibres en inox. Cette technologie n’est pas courante et n’a jamais
été testée pour un BFUP structurel sans armatures passives (la technologie Danoise CRC allie un
BFUP très fortement fibré à un ferraillage passif traditionnel).
De même, pour certaines applications en préfabrication on peut réaliser des panneaux sandwich
constitués de BFUP à fibres métalliques bordés en surface par une couche de BFUP à fibres
organiques.
Concernant l’aspect esthétique et architectural, le principal intérêt des BFUP est bien–sûr de
pouvoir réaliser des formes quelconques sachant que l’on n’est plus soumis aux contraintes de
façonnage des cages d’armatures.
Le BFUP en tant que matériau fibré quasi inerte devrait se développer dans la conception de
structures composites et/ou pour des solutions de connexion entre éléments de charpente et de
structures traditionnelles armées.
Un frein important au développement du matériau est probablement lié aux méthodes de calculs qui
sortent des usages traditionnels des bureaux d’études. Les calculs de résistance des bétons fibrés
sont peu connues. Il en est de même pour les méthodes d’essais de résistance en traction par flexion
qui sont peu connues des laboratoires et requièrent des outils numériques d’exploitation peu
courants (méthode inverse).
8. Conclusion et perspectives
La conception et la réalisation de structures en BFUP nécessitent de sortir des réflexes attachés aux
structures traditionnelles en béton armé ou en béton précontraint.
Les BFUP ne sont pas des matériaux économiquement révolutionnaires dans le sens ou leur coût de
production et de mise en œuvre reste élevé et nécessitent une recherche d’optimisation pour garantir
un réel gain financier.
Mais les niches existent et les applications performantes tendent à se développer de plus en plus
d’autant que la durabilité, l’esthétique des structures, la rapidité d’exécution, l’évolutivité possible
des aménagements, le gain de matière première sont des préoccupations qui iront croissant et
auxquelles les BFUP permettent d’apporter de réelles réponses novatrices.
Les recherches et projets importants en cours vont par ailleurs conforter leur développement à
moyen terme et contribuer à en faire percevoir un peu plus tout le potentiel structurel et
architectural.
9. References
[1] ‘Bétons Fibrés à Ultra-Hautes Performances’, Recommandations provisoires, Association
Francaise de Genie Civil, January, 2002.
[2] Z Hajar, D Lecointre, J Petitjean, J Resplendino, A Simon « UHPC – First recommendations
and examples of application » fib Symposium: Concrete Structures: the Challenge of
Creativity, Avignon (2004)
[3] J Resplendino « First recommendations for Ultra-High-Performance Concretes and examples
of application », International Symposium on UHPC, Kassel 2004
[4] Resplendino J., Roy J.M., Petitjean J., Blondeau P., Hajar Z., Simon A., Thibaux T.,
"Ouvrages innovants de Bourg-lès-Valence", Revue Travaux, No.783, pp. 42-47
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Designing and Building with UHPFRC : State of the Art and Development
[5] Thibaux T., Tanner J.A., "Construction des premiers ponts français en béton fibré à ultra
hautes performances/construction of the first french road bridges in ultra high performance
concrete", in La technique française du Béton, AFGC, The first fib congress 2002, Osaka
2002.
[6] Hajar Z., Simon A., Lecointre D., Petitjean J., "Construction of the first road bridges made of
UHPC", 3rd International Symposium on HPC, Orlando 2003.
[7] Cavill, B. et Chirgwin, G «The worlds first Ductal road bridge Shepherds gully creek bridge,
NSW»; 21ème conférence biennale de l’institut du béton d’Australie, Brisbane, 2003.
[8] Behloul, M.; Lee, KC. «Ductal® Seonyu footbridge”. Structural Concrete 4 (4), 2003, 195-
201.
[9] Genes P, Alexandre F, Novarin M, Simon A., "Restructuration d’un immeuble parisien",
Revue Travaux Novembre 2004
[10] Z Hajar, D Lecointre, A Simon, J Petitjean « Design and Construction of the world first Ultra-
High Performance Concrete road bridges », International Symposium on UHPC, Kassel 2004
[11] Z Hajar, P Winiecki, A Simon, T Thibaux « Realization of an Ultra High Performance Fibre
Reinforced Concrete thin shell structure covering the toll-gate station of MILLAU Viaduct. »
fib Symposium: Concrete Structures: the Challenge of Creativity, Avignon (2004)
[12] Toutlemonde F., Resplendino J., Sorelli L., Bouteille S., Brisard S “ Innovative design of
Ultra-high Performance Fiber-reinforced concrete ribbed slab : experimental validation and
preliminary detailed analyses” 7th International Symposium on Utilization of High Strength /
High Performance Concrete, Washington D.C. (USA), june 20-22, 2005.
[13] J.Resplendino, S. Bouteille « Les derniers développements dans l’utilisation des Bétons Fibrés
Ultra Performants en France », congrès AFGC GC2005, Paris (2005).
[14] Okuma, H et al : «The first highway bridge applying ultra high strength fibre reinforced
concrete in Japan»; 7th conférence internationale sur les ponts de courte et moyenne portée,
Montréal, Canada, 2006.
[15] J. Hanoteau, M. Behloul, O. Bayard, J. Resplendino , S. Bouteille, L. Boutonnet , S. Vildaer,
B. Radiguet , S. Bernhard, N. Padovan « Ductal : a new material, the bridge of St Pierre La Cour »,
in the French technologie of concrete, AFGC, The second fib congress, Naples (2006).
[16] Jacques Resplendino, Sébastien Bouteille, Olivier Delauzun, Emmanuel Maleco, Céline
Dumont, Pierre Cantrelle, Gérard Chanliaud, Christian Clergue, Yann Lingard, Alain Capra,
Lionel Linger, Jacques Martin, Marc Guilloud « Construction of an overpass on the A51
Motorway, made of a prestressed box beam built with UHPFRC », in the French technologie of
concrete, AFGC, The second fib congress, Naples (2006).
[17] J.Resplendino, S Bouteille, O Delauzun, E Maleco, C Dumont, P Cantrelle, G Chanliaud, C
Clergue, Y Lingard, A Capra, L Linger, J Martin, M Guilloud «Construction d’un Passage
supérieur sur l’autoroute A51, en caisson précontraint Réalisé en Béton Fibré ultra performant
(BFUP)», congrès AFGC GC2007, Paris (2007).
[18] J.Resplendino, S. Bouteille «Etude de solutions de tabliers de ponts réalisés en Béton Fibré
Ultra Performant (BFUP) et en Matériau Composite (Fibre de verre)», congrès AFGC
GC2007, Paris (2007).
[19] El Gourari Y, Fabry N, Hajar Z, Novarin M, Simon A, Thibaux T, Chanut S, Sale R, de
Matteis D, Marchand P, Petel A "La poutre ITE, une alternative aux poutrelles enrobées – Le
triplement du pont Pinel à Rouen", Revue Travaux n°849 Février 2008
[20] J Resplendino « Ultra-High Performance Concretes – recent realizations and research programs
on UHPFRC bridges in France », International Symposium on UHPC, Kassel (2008)
[21] de Matteis D, Novarin M, Marchand P, Fabry N, Petel A, Chanut S « A fifth French bridge
including UHPFRC components, the widening of the Pinel Bridge, in Rouen (France)», International
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UHPFRC 2009 – November 17 & 18 – Marseille, France
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