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UNIVERSITE DE LIEGE

FACULTE DES SCIENCES APPLIQUEES

Biolixiviation de la carrolite – Applications aux minerais sulfurés


polymétalliques de l’Arc Cuprifère du Katanga en République
Démocratique du Congo (RDC)
(Cas des minerais de la mine de Kamoya/Kambove)

Thèse de doctorat

présentée par Guy NKULU WA NGOIE

en vue de l’obtention du grade de Docteur en Sciences de l’Ingénieur

Novembre 2012
UNIVERSITE DE LIEGE
FACULTE DES SCIENCES APPLIQUEES

Biolixiviation de la carrolite – Applications aux minerais sulfurés


polymétalliques de l’Arc Cuprifère du Katanga en République
Démocratique du Congo (RDC)
(Cas des minerais de la mine de Kamoya/Kambove)

Thèse de doctorat

présentée par Guy NKULU WA NGOIE

en vue de l’obtention du grade de Docteur en Sciences de l’Ingénieur

Promoteurs: Professeurs

Stoyan GAYDARDZHIEV

Edouard MWEMA MUTAMBA

Novembre 2012
REMERCIEMENTS

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je souhaite adresser mes remerciements à toutes les
personnes qui m’ont accompagné dans ce travail de thèse et qui m’ont permis d’arriver jusqu’au
terme.

Je remercie sincèrement mes promoteurs de thèse : Professeur Stoyan GAYDARDZHIEV de


l’Université de Liège et Professeur MWEMA MUTAMBA Edouard de l’Université de
Lubumbashi qui ont été, malgré leurs multiples responsabilités, à chaque instant, non seulement
des guides sur le plan scientifique mais aussi des exemples et des modèles sur le plan humain.
Qu’ils trouvent en ces mots mes sentiments de profonde gratitude et de toute mon admiration et
reconnaissance.

Je voudrais remercier de tout cœur tous les professeurs qui m’ont encadré et aidé dans la
réalisation de ce travail et qui ont accepté de faire partie du jury pour l’examen de cette thèse. :
Professeur Eric PIRARD, Professeur Jean FRANAY, Professeur Philippe COMPERE,
Professeur Christian MUSTIN.

Je suis reconnaissant à David BASTIN et à Mireille DAWANT pour les conseils et la réalisation
des analyses au la laboratoire de Génie minéral de l’Ulg mais aussi pour leur sympathie.

Je tiens à remercier tous les collègues et amis qui m’ont témoigné leur compréhension et leur
soutien dans la réalisation de ce travail. Soyez rassurés de ma reconnaissance et de ma gratitude.

Je suis reconnaissant au Gouvernement belge pour l’aide financière à travers la Direction


Générale de la Coopération au Développement (DGCD) et la gestion de la bourse par la
Coopération Technique Belge (CTB), aux autorités de l’Université de Liège, de l’Université de
Lubumbashi, de la Gécamines et celles de LIMOS à Nancy en France pour tous les services dont
j’ai été bénéficiaire.

Enfin, à Mamie et à nos enfants Guysaa, Gretta, Gracia et Gloire, avec amour, je dédie cette
thèse.

i
RESUME

Le présent travail porte sur la biolixiviation de la carrolite comme minéral pur et l’application de
celle-ci comme technique alternative de traitement des minerais sulfurés polymétalliques de
l’Arc Cuprifère du Katanga (cas de la mine de Kamoya/Kambove) en République Démocratique
du Congo (RDC).

Une première étude, sur la biolixiviation de la carrolite en présence des bactéries mésophiles, a
permis de mettre en évidence l’influence du pH initial (pH=1,5 ; 2,0 et 2,5), de la granulométrie
(-53µm, -75+53µm, -106+75µm), de la densité de pulpe (dp=2,5 et 10) sur le pH, le potentiel
d’oxydoréduction de la solution et sur le rendement de dissolution des métaux cuivre, cobalt et
nickel.

Les résultats obtenus à ce stade ont montré que le pH initial, la granulométrie et la densité de la
pulpe influencent largement le processus de biolixiviation de la carrolite. L’évolution, au cours
du temps, du pH, du potentiel d’oxydoréduction de la solution et du rendement de dissolution des
métaux en fonction de ces trois paramètres est caractéristique de la croissance bactérienne. Une
bonne activité bactérienne et des rendements de dissolution élevés des métaux sont obtenus à pH
initial de 2,0, granulométrie de -53µm et densité de pulpe de 2%.

Une deuxième étude a permis de mettre en évidence le mécanisme de dissolution des métaux
cuivre, cobalt et nickel au cours de la biolixiviation. L’évolution de la population bactérienne ,
les observations au Microscope Optique (MO), au Microscope Electronique à Balayage (MEB),
au Microscope Confocale à Balayage Laser (CLSM) des grains de carrolite en cours de
biolixiviation et les analyses par spectroscopies de diffraction des rayons X (XRD) et Infrarouge
à Transformée de Fourrier (FTIR) des résidus de biolixiviation nous ont permis de mettre en
évidence le rôle et l’importance des bactéries fixées sur la surface des grains de carrolite d’une
part et, des ions ferriques d’autre part, dans le processus de biolixiviation de la carrolite. Une
forte adhésion des bactéries à la surface des grains de carrolite a été observée en début de
biolixiviation jouant ainsi un rôle important dans le processus par le fait qu’elle serait à l’origine
de la libération des ions ferreux en solution par un mécanisme de contact direct bactérie-minéral
d’une part et à l’origine de l’oxydation des ions ferreux, du soufre élémentaire et ou des
composés soufrés d’autre part, lesquels composés s’accumuleraient à la surface des grains de
carrolite.

ii
Le nombre de bactéries libres en solution augmente ensuite favorisant ainsi l’oxydation des ions
ferreux en ions ferriques, lesquels ions oxydent le minéral par le mécanisme indirect. Le nombre
de bactéries libres en solution et celui de bactéries fixées deviennent constants au cours du temps
ce qui suggèrerait un mécanisme coopératif de biolixiviation de la carrolite.

Enfin, une étude statistique de la biolixiviation d’un concentré de Kamoya par la méthodologie
de Taguchi et l’analyse de variance (ANOVA) a permis d’investiguer l’influence de différents
paramètres physicochimiques ( pH initial, température, agitation, densité de pulpe et temps de
biolixiviation) sur l’efficience de ce processus. Les résultats obtenus à partir de cette approche
statistique ont montré la possibilité de l’application de biolixiviation comme technique
alternative au traitement des minerais sulfurés polymétalliques de l’Arc Cuprifère du Katanga en
République Démocratique du Congo mais des investigations ultérieures faisant usage de
bactéries thermophiles devront être envisagées pour améliorer les résultats obtenus.

iii
ABSTRACT

The present work focuses on the bioleaching of carrolite as pure mineral and application of
bioleaching as an alternative technique for processing the polymetallic sulphide ores in Katanga
copperbelt (case of Kamoya deposit ores) in Democratic Republic of Congo (DRC).

A preliminary study on the bioleaching of carrolite in the presence of mesophilic bacteria has
highlighted the effect of the initial pH (pH = 1.5, 2.0 and 2.5), particle size (-53µm, -75+53 µm, -
106+75µm), the pulp density (dp= 2.5 and 10) on the pH, the solution redox and on the
dissolution performance of copper, nickel and cobalt.

The results obtained at this stage showed that the initial pH, particle size and pulp density greatly
influences the process of bioleaching of carrolite. The evolution of pH, solution redox and the
efficiency of metals dissolution with time considering these factors indicate the importance of
bacterial growth. Good bacterial activity thereby yields high metal dissolution which is being
obtained at initial pH 2.0, particle size of -53µm and 2% pulp density.

A second study upon the bioleaching of carrolite has allowed highlighting the metal dissolution
mechanism during the bioleaching process. The evolution of the bacterial population,
observations of Optical Microscope (MO), Scanning Electron Microscope (SEM), Confocal
Laser Scanning Microscope (CLSM) of carrolite grains during bioleaching and spectroscopical
analysis in X-ray diffraction (XRD) and Fourier Transform Infrared (FTIR) of bioleaching
residues allowed us to demonstrate the role and importance of bacteria attached on the surface of
carrolite grains from one hand, and ferric ions on the other hand, during the carrolite bioleaching.
Strong adhesion of bacteria to the surface of the carrolite grains was observed during early
bioleach stages and playing an important role in the process. This phenomenon would cause the
release of ferrous ions in solution by a direct contact mechanism on the one hand and causing
oxidation of ferrous ions, elemental sulfur or sulfur compounds on the other hand, compounds
which would accumulate at the surface of carrolite grains.

iv
The number of free bacteria in solution increases thus promoting the oxidation of ferrous to
ferric ions, which oxidize the mineral through indirect mechanism. The number of free bacteria
in solution and that of attached bacteria became constant over time, suggesting a cooperative
mechanism of carrolite bioleaching.

Finally, a statistical study of bioleaching of polymetallic concentrate from Kamoya deposit by


Taguchi methodology and analysis of variance (ANOVA) was used to investigate the effect of
different physicochemical parameters (initial pH, temperature, agitation, pulp density and
duration of bioleaching) on the process efficiency. The results obtained from this statistical
approach showed the possibility of bioleaching application as an alternative technique for
treatment of the polymetallic sulphide ores of the Katanga copperbelt in Democratic Republic of
Congo (DRC) but further investigation using thermophilic bacteria should be considered to
improve metal dissolution.

v
TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ........................................................................................................................ i
RESUME......................................................................................................................................... ii
ABSTRACT ................................................................................................................................... iv
TABLE DES MATIERES ............................................................................................................. vi
LISTE DES FIGURES ................................................................................................................... xi
LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................xvii
INTRODUCTION GENERALE..................................................................................................... 1
CHAPITRE I : ARC CUPRIFERE DU KATANGA ET LE MINERAL CARROLITE ............... 5
I.1 L’Arc Cuprifère du Katanga : considérations géologiques .................................................... 5
I.1.1. Le soubassement Katangais ........................................................................................... 7
I.1.1.1 Le Katanguien .......................................................................................................... 7

I.1.1.2. Le Kibarien ou système du Kibara........................................................................ 12

I.1.1.3. L’Ubendien ou complexe de base ......................................................................... 12

I.1.2. Les formations du type Kalahari .................................................................................. 13


I.2 Evolution de la métallurgique du cuivre dans l’Arc Cuprifère du Katanga : considérations
générales (Robert, 1956) ................................................................................................... 14
I.3 Le minéral : carrolite ........................................................................................................... 17
I.3.1 Composition .................................................................................................................. 17
I.3.2 Structure ....................................................................................................................... 18
I.3.3 Propriétés physiques ..................................................................................................... 19
CHAPITRE II : BIOLIXIVIATION DES SULFURES METALLIQUES : REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE .................................................................................................................. 21
II.1 Introduction ....................................................................................................................... 21
II.2 Microorganismes impliqués dans la biolixiviation des sulfures métalliques ..................... 22
II.2.1 Bactéries ...................................................................................................................... 22
II.2.1.1 Bactéries mésophiles ............................................................................................ 23

II.2.1.2 Bactéries thermophiles modérées ......................................................................... 26

II.2.1.3 Bactéries thermophiles extrêmes .......................................................................... 26

II.3 Mécanismes de biolixiviation des sulfures métalliques ..................................................... 29


II.4 Adhésion des bactéries aux sulfures métalliques .............................................................. 37

vi
II.4.1 Importance et rôle des EPS (substances polymériques extracellulaires) dans la
biolixiviation des sulfures métalliques .................................................................................. 38
II.4.2 Considérations générales sur l’adhésion des bactéries à un support ........................... 39
II.5 Paramètres influençant la biolixiviation des sulfures métalliques ...................................... 43
II.5.1 Type de microorganismes ............................................................................................ 44
II.5.2 Eléments nutritifs ......................................................................................................... 45
II.5.3 Oxygène dissous .......................................................................................................... 46
II.5.4 Température et pH ....................................................................................................... 46
II.5.5 Granulométrie et densité pulpe .................................................................................... 48
II.6 Applications des procédés de biolixiviation à l'échelle industrielle ................................... 49
II.6.1 Biolixiviation en Dump (Dump bioleaching) ............................................................. 50
II.6.2 Biolixiviation en tas (Heap bioleaching) ..................................................................... 50
II.6.3 Biolixiviation en cuve .................................................................................................. 52
II.7 Métaux extraits par biolixiviation....................................................................................... 54
II.7.1 Cuivre .......................................................................................................................... 54
II.7.2 Nickel........................................................................................................................... 55
II.7.3 Cobalt........................................................................................................................... 57
II.7.4 Or ................................................................................................................................. 58
II.7.5 Autres métaux .............................................................................................................. 59
II.8 Conclusions ........................................................................................................................ 59
CHAPITRE III. MATERIEL ET METHODES ........................................................................... 61
III.1 Introduction ....................................................................................................................... 61
III.2 Matériel ............................................................................................................................. 61
III.2.1 Souche bactérienne ..................................................................................................... 61
III.2.1.1 Origine et condition de culture ............................................................................ 61

III.2.1.2 Numération .......................................................................................................... 62

III.2.2 le minéral : carrolite ................................................................................................... 63


III.2.3 Dispositifs de culture et d’expérience ........................................................................ 65
III.3 Méthodes ........................................................................................................................... 66
III.3.1 Suivi d’un réacteur de biolixiviation .......................................................................... 66
III.3.1.1 Analyses en solution............................................................................................ 66

III.3.1.2 Caractérisation des produits de réaction formés à la surface des grains de


carrolite au cours des réactions de biolixiviation .............................................................. 67

vii
III.3.2 Observation et estimation de l’adhésion bactérienne sur les grains de la carrolite .... 72
III.3.2.1 Observation au Microscopie Confocale à Balayage Laser (CLSM) ................... 73

III.3.2.2 Méthode d’estimation des bactéries adhérées aux grains de carrolite au cours de
la biolixiviation ................................................................................................................. 76

CHAPITRE IV : BIOLIXIVIATION DE LA CARROLITE- INFLUENCE DE DIFFERENTS


PARAMETRES ............................................................................................................................ 78
IV.1. Introduction ...................................................................................................................... 78
IV.2 Procédure expérimentale .................................................................................................. 80
IV.3. Effet du pH initial sur la biolixiviation de la carrolite ..................................................... 81
IV.3.1 Introduction ................................................................................................................ 81
IV.3.2 Evolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la solution en fonction du pH
initial 82
IV.3.3 Effet du pH initial sur l’extraction des métaux Cu, Co et Ni ..................................... 83
IV.3.4 Conclusion ................................................................................................................. 86
IV.4. Effet de la granulométrie sur la biolixiviation de la carrolite .......................................... 87
IV.4.1 Introduction ................................................................................................................ 87
IV.4.2 Evolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la solution en fonction de la
granulométrie ........................................................................................................................ 88
IV.4.3 Effet de la granulométrie sur l’extraction des métaux Cu, Co et Ni .......................... 89
IV.4.4 Conclusion ................................................................................................................. 91
IV.5. Effet de la densité pulpe sur la biolixiviation de la carrolite............................................ 91
IV.5.1 Introduction ................................................................................................................ 91
IV.5.2 Evolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la solution en fonction de la
densité de la pulpe ................................................................................................................. 92
IV.5.3 Effet de la densité de la pulpe sur le rendement d’extraction des métaux Cu, Co et Ni
93
IV.5.4 Conclusion ................................................................................................................. 95
IV.6 Conclusions sur les facteurs influençant la biolixiviation de la carrolite.......................... 96
CHAPITRE V : MECANISMES DE BIOLIXIVIATION DE LA CARROLITE ....................... 98
V.1 Introduction ........................................................................................................................ 98
V.2 Lixiviation chimique en milieu acide non oxydant et en milieu acide oxydant (en présence
de sulfate ferrique) ........................................................................................................... 100
V.2.1 Introduction ............................................................................................................... 100
V.2.2 Procédure expérimentale ........................................................................................... 101
V.2.2.1 Lixiviation acide sulfurique................................................................................ 101

viii
V.2.2.2 Lixiviation chimique oxydante ........................................................................... 101

V.2.3 Résultats et discussions ............................................................................................. 102


V.2.3.1 Lixiviation abiotique en milieu acide non oxydant ........................................... 102

V.2.3.2 Lixiviation abiotique en milieu acide oxydant (en présence de sulfate ferrique)
......................................................................................................................................... 108

V.3 Effet des ions ferriques sur la biolixiviation de la carrolite.............................................. 111


V.3.1 Introduction ............................................................................................................... 111
V.3.2 Procédure expérimentale ........................................................................................... 112
V.3.3 Résultats et discussions ............................................................................................. 112
V.3.3.1 Influence de la concentration initiale de sulfate ferrique sur le pH et le potentiel
d’oxydoréduction de la solution ...................................................................................... 112

V.3.3.2 Influence de la concentration initiale de sulfate ferrique sur le rendement


d’extraction des métaux au cours de la biolixiviation ..................................................... 114

V.3.4 Conclusion ................................................................................................................. 115


V.4 Estimation et rôle de l’adhésion bactérienne au cours de la biolixiviation de la carrolite116
V.4.1 Introduction ............................................................................................................... 116
V.4.2 Estimation des bactéries fixées sur les grains de carrolitte, par désorption
physicochimique.................................................................................................................. 117
V.4.2.1 Procédure expérimentale .................................................................................... 117

V.4.2.2 Résultats et discussions ...................................................................................... 118

V.4.3 Rôle de l’adhésion bactérienne dans le processus de biolixiviation de la carrolite . 120


V.4.3.1 Procédure expérimentale .................................................................................... 120

V.4.3.2 Résultats et discussions ...................................................................................... 120

V.4.3.3 Observations microscopiques de l’adhésion bactérienne sur des grains de


carrolite............................................................................................................................ 122

V.5 Contribution du contact bactérie-minéral et mise en évidence du rôle des ions ferriques au
cours de la biolixiviation de la carrolite .......................................................................... 127
V.5.1 Introduction ............................................................................................................... 127
V.5.2 Procédure expérimentale ........................................................................................... 128
V.5.3 Résultats et discussions ............................................................................................. 130
V.5.3.1 Incidence du contact minéral-bactérie sur la cinétique de dissolution des métaux
au cours de la biolixiviation de la carrolite ..................................................................... 130

V.5.3.2 Rôle des ions ferriques au cours de la biolixiviation de la carrolite................... 136


ix
V.6 Observations microscopiques des grains de carrolitte en cours de biolixiviation et
caractérisation des phases superficielles et des résidus de réaction ............................... 138
V.6.1 Introduction ............................................................................................................... 138
V.6.2 Résultats .................................................................................................................... 139
V.6.2.1 Observations microscopiques des grains de carrolite en cours de biolixiviation
......................................................................................................................................... 139

V.6.2.2 Caractérisation des phases superficielles et des résidus de biolixiviation......... 145

V.6.3 Discussions ................................................................................................................ 156


V.7 Conclusion sur les mécanismes de biolixiviation de la carrolite...................................... 161
CHAPITRE VI. BIOLIXIVIATION D’UN CONCENTRE SULFURE POLYMETALLIQUE
DE LA MINE DE KAMOYA-ETUDE STATISTIQUE PAR LA METHODOLOGIE DE
TAGUCHI ET L’ANALYSE DE VARIANCE (ANOVA) ....................................................... 164
VI.1 Introduction ..................................................................................................................... 164
VI.2 Matériel et méthodes ....................................................................................................... 165
VI.2.1 Matériel .................................................................................................................... 165
VI.2.1.1 Concentré sulfuré polymétallique de la mine de Kamoya ................................ 165

VI.2.1.2 Bactéries utilisées et milieux de culture ............................................................ 168

VI.2.1.3 Dispositif et procédure expérimentaux ............................................................. 168

VI.2.2 Méthodes .................................................................................................................. 169


VI.2.2.1 Les plans d’expérience : considérations générales ........................................... 170

VI.2.2.2 Les plans d’expérience : table orthogonale d’expérimentation ........................ 177

VI.3 Résultats et discussions ................................................................................................... 178


VI.3.1 Méthodologie de Taguchi ........................................................................................ 179
VI.3.2 Analyse de la variance (ANOVA) ........................................................................... 188
VI.4 Conclusions ..................................................................................................................... 195
CONCLUSIONS GENERALES ET SUGGESTIONS .............................................................. 196
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................................... 201

x
LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Arc cuprifère du Katanga (Arc Lufilien) ........................................................................ 5

Figure 2 : Cristal de carrolite de la mine de Kamoya, Kambove, RDC (source : Wagner & Cook,
1999).............................................................................................................................................. 17

Figure 3 : Diagramme de composition des minéraux du groupe de linneaite cr =carrolite, sg =


siegenite, fl = fletcherite, vio = violarite, ln=linnaeite, gr= greigite, pd = polydymite (source :
Rispens, G., 2002) ......................................................................................................................... 18

Figure 4 : Modèle de la structure d’un cristal de carrolite (Source: Rispens, G., 2002) ............... 18

Figure 5 :Susceptibilité et résistivité électrique de la carrolite en fonction de la température


(source Furukawa, 1967). .............................................................................................................. 19

Figure 6 : Modèles de chaînes de transport d’électron au cours de l’oxydation de la pyrite


(source : Rowerder et al., 2003 ; Blake et al., 2001) ..................................................................... 24

Figure 7 : Image par Microscopie Electronique à Transmission (MET) de bactérie L.


ferrooxidans cultivée sur du fer ferreux (source. Rojas-Chapana J.A et Tributsch H., 2004) ...... 25

Figure 8 : Courbe de croissance bactérienne en milieu non renouvelé. ........................................ 27

Figure 9 : Mécanisme de contact et de non contact (Crundwell, 2003) ........................................ 31

Figure 10 : Mécanismes de solubilisation des sulfures de métaux acido-solubles par attaque


chimique et microbiologique (Schippers et Sand, 1999) .............................................................. 32

Figure 11 : Mécanisme de dissolution des sulfures de métaux acido-insolubles par attaque


chimique et Microbiologique (Schippers et Sand, 1999) .............................................................. 34

Figure 12 : (a)Mécanisme de lixiviation chimique de la sphalérite avec formation d’une couche


de soufre autour des grains de sphalérite. (b)Mécanisme de biolixiviation de la sphalérite : la
couche de soufre est éliminée par l’action des bactéries (source : Crundwell, 2003)................... 35

Figure 13 : Mécanisme de biolixiviation de la pyrite (source Crundwell, 2003).......................... 35

Figure 14 : Mécanismes de biolixiviation de la pyrite avec A.ferrooxidans et L.ferrooxidans


(Source Rawlings, D.E. et al., 1999) ............................................................................................. 37

Figure 15 : Attaque biogéochimique de sulfure métallique (source : Valdès et al., 2008) ........... 38

Figure 16 : Modèle de mécanisme de contact de la pyrite par A.ferrooxidans (source : Rohwerder


et al., 2003) .................................................................................................................................... 39

Figure 17 : Modèle de développement d’un biofilm bactérien (source : Ghigo, 2003). ............... 40

Figure 18 : Photographie montrant les installations de bioheap de Radio Hill en Australie


(source : Pradhan et al., 2008) ....................................................................................................... 56

xi
Figure 19 : Photographie montrant les installations de bioheap de Talvivaara en Finlande
(source : Riekkola 2007) ............................................................................................................... 56

Figure 20 : Photographie montrant les installations de l’usine de Kasese en Ouganda


(source Morin D.et al, 2006) ......................................................................................................... 57

Figure 21: Photographie du broyeur de laboratoire de Génie minéral et recyclage de l’Université


de Liège ......................................................................................................................................... 64

Figure 22 : Photographie de la carrolite au microscope optique sur sections polies à différents


grossissements (a)10x et (b) 20x .................................................................................................. 64

Figure 23 : XRD de l’échantillon de carrolite : minéraux majeurs : carrolitte, chalcopyrite,


bornite, pyrite, dolomite et quartz ............................................................................................... 64

Figure 24 : Photographie montrant un réacteur à double compartiment avec membrane


microporeuse ................................................................................................................................. 65

Figure 25 : Photographie montrant (a) un Erlenmeyer et (b) un Flacon sérum ............................ 65

Figure 26 : Photographie montrant les différents réacteurs sur la table d’agitation ..................... 66

Figure 27 : Schéma de principe de fonctionnement d’un diffractomètre de Rayons X (source :


Hardy et Turcker, 1988) ................................................................................................................ 68

Figure 28 : Photographie d’un diffractomètre de Rayons X ........................................................ 69

Figure 29 : Principe de fonctionnement d’un spectromètre Infra-Rouge à Transformée de


Fourrier (Source : Pisapia, 2006) .................................................................................................. 69

Figure 30 : Schéma de fonctionnement d’un Microscope Electronique à Balayage


(Source : Pisapia, 2006) ................................................................................................................ 70

Figure 31 : Photographie du Microscope Electronique à Balayage environnemental ESEM-FEC


(FEI) XL-30................................................................................................................................... 72

Figure 32 : Principe de la Microscopie Confocale à Balayage Laser (Source : Pisapia, 2006) .... 73

Figure 33 : Photographie du dispositif du Microscope Confocal à Balayage Laser (Source :


Pisapia, 2006) ................................................................................................................................ 75

Figure 34 : Technique de désorption de bactéries fixées aux grains de carrolitte par le Tween 80
....................................................................................................................................................... 77

Figure 35 : Evolution du pH (a) et du Eh (b) de la solution en fonction du temps et du pH initial


au cours de la biolixiviation de la carrolite (granulométrie -53µm et densité pulpe 2%) ............. 82

Figure 36 Evolution du rendement d’extraction du Cu (a), Co (b) et Ni (c) en fonction du temps


et du pH initial au cours de la biolixiviation de la carrolite (granulométrie -53µm et densité pulpe
2%) ................................................................................................................................................ 84

xii
Figure 37 : Evolution du pH (a) et du Eh (b) de la solution en fonction du temps et de la
granulométrie au cours de la biolixiviation de la carrolite (pH initial 2,0 et densité pulpe 2%) .. 88

Figure 38 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu (a), Co (b) et Ni (c) en fonction
du temps et de la granulométrie au cours de la biolixiviation de la carrolite (pH initial 2,0 ;
densité pulpe 2%) .......................................................................................................................... 90

Figure 39 : Evolution du pH (a) et du Eh (b) de la solution en fonction du temps et de la densité


pulpe au cours de la biolixiviation de la carrolite (pH initial 2,0 ; granulométrie -53µm) ........... 92

Figure 40 : Evolution du rendement d’extraction du Cu (a), Co (b) et Ni (c) en fonction du temps


et de la densité pulpe au cours de la biolixiviation de la carrolite (pH initial 2,0 ; granulométrie -
53µm) ............................................................................................................................................ 94

Figure 41 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu, Co et Ni en fonction du temps


et en milieu acide sulfurique 10N (a) et 1N (b) au cours de la lixiviation de la carrolite
(granulométrie -53µm, température 70°C, densité pulpe 2%) .................................................... 102

Figure 42 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu, Co et Ni en fonction du temps


au cours ....................................................................................................................................... 103

de la lixiviation de la carrolite (pH initial 1,5 ; granulométrie -53µm ; densité pulpe


2% ;Température 30°C) .............................................................................................................. 103

Figure 43 : Evolution du rendement de récupération du cuivre en fonction du temps au cours . 104

de la biolixiviation de la carrolite à 30°C et (a) pH 2,0 , (b) pH 1,5 et (c) 10 N et 1N H2SO4


(70°C) .......................................................................................................................................... 104

Figure 44 : Evolution du rendement de récupération du cobalt en fonction du temps au cours . 105

Figure 45 : Evolution du rendement de récupération du nickel en fonction du temps au cours . 106

Figure 46 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu (a), Co (b) et Ni (c) en fonction
du temps et .................................................................................................................................. 108

Figure 47 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu, Co et Ni en fonction du temps


..................................................................................................................................................... 109

Figure 48 : Schéma de mécanisme de biolixiviation de polysulfure d’après Schippers and Sand,


1999 ............................................................................................................................................. 110

Figure 49 : Evolution du pH (a) et du Eh (b) de la solution en fonction du temps et de la


concentration en sulfate ferrique au cours de la biolixiviation de la carrolite (granulométrie -
53µm, pH initial 2,0, densité pulpe 2% et à 30°C) ..................................................................... 112

Figure 50 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu (a), Co (b) et Ni (c) en fonction
du temps et de la concentration en sulfate ferrique au cours de la biolixiviation de la carrolite
(granulométrie -53µm, densité pulpe 2%, pH initial 2,0 et à 30°C) ........................................... 114

xiii
Figure 51 : Evolution du nombre de bactéries (a) libres en suspension en solution (b) fixées aux
grains au cours de la biolixiviation de la carrolite (granulométrie -53µm, densité pulpe 2%, pH
initial 2,0 et à 30°C) .................................................................................................................... 118

Figure 52 : Evolution du pH (a) et du Eh (b) de la solution en fonction du temps au cours de la


biolixiviation effectuée après lavage simple de grains de la carrolite......................................... 120

Figure 53 : Images MO montrant des bactéries fixées (points rouges) sur les grains de carrolite à
différents temps de biolixiviation (A) 5 jours (B) 10 jours (C) 15 jours et (D) 20 jours
(granulométrie -53µm, densité pulpe 2%, pH initial 2,0 et à 30°C) ........................................... 123

Figure 54 : Images CLSM montrant des bactéries fixées (points rouge) sur les grains de carrolite
à différents temps de biolixiviation (A) 10 jours (B) 15 jours (C) 15 jours essais effectué avec la
résine (granulométrie -53µm, densité pulpe 2%, pH initial 2,0 et à 30°C) ................................. 125

Figure 55 : Images MEB montrant des bactéries fixées sur les grains de carrolite à différents
temps de biolixiviation (A) 10 jours (B) 15 jours (C) 20 jours et (D) 30 jours (granulométrie -
53µm, densité pulpe 2%, pH initial 2,0 et à 30°C) ..................................................................... 126

Figure 56 : Conditions expérimentales mises en œuvre pour l’étude des contributions du contact
Bactérie-Minéral, au processus de biolixiviation de la carrolite ................................................ 129

Figure 57 : Photographie montrant un réacteur avec des sacs contenant de la résine en contact
avec le milieu 9K......................................................................................................................... 130

Figure 58 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu (a), Co (b), Ni (c) en fonction du
temps au cours de la biolixiviation de la carrolite dans le cas de contact, non contact et semi-
contact ......................................................................................................................................... 131

Figure 59 : Evolution du nombre de bactéries en suspension en fonction du temps au cours de la


biolixiviation de la carrolite dans le cas de contact et de non contact bactérie-minéral ............. 133

Figure 60 : Evolution de rendement d’extraction des métaux Cu, Co et Ni en fonction du temps


au cours de la biolixiviation de la carrolite (essais effectués avec la résine) .............................. 136

Figure 61 : Evolution de la concentration du fer total en fonction du temps au cours de la


biolixiviation de la carrolite (essais effectués avec la résine) ..................................................... 137

Figure 62 : Images MEB montrant le développement de l’attaque des grains de carrolite en cours
de biolixiviation. A et B : carrolite de départ, C : Jours 5 (apparition de fissures), D : J10
(développement des fissures), E : J15 (apparition des orientations cristallines), F : J20
(développement de l’attaque suivant des orientations cristallines sur toute la surface).............. 139

Figure 62 bis : Images MEB montrant le développement de l’attaque des grains de carrolite en
cours de biolixiviation. A J10à15 (apparition des petits trous, B : J15à20 (développement des
trous de corrosion en profondeur et suivant des orientations cristallines, voir flèches), C : J20à30
(développement des fissures en profondeur suivant des orientations cristallines, voir le bord
indiqué par la flèche), D : J20à30 (combinaison d’une corrosion intragranulaire importante et de
l’attaque contrôlée par les orientations cristalline) ..................................................................... 140

xiv
Figure 63 : Images MEB montrant l’évolution des bactéries sur les grains de carrolite en cours de
biolixiviation. A : J10à15 (bactéries fixées sur des zones altérées du minéral avec présence d’un
type de bactéries avec des trous à leur extrémité, voir flèches), B : J15à20 (développement des
zones altérées du minéral avec présence de bactéries fixées), C : J20 (présence des bactéries dont
une longue dans le trou et d’autres plus nombreuse dans les fissures beaucoup plus développées,
voir flèches), D : J20à30 (forte présence de bactéries dans des fissures plus développées suivant
des orientations cristallines) ........................................................................................................ 141

Figure 64 bis : Images MEB montrant l’évolution des bactéries sur les grains de carrolite en
cours de biolixiviation. A : J10à15 (présence des bactéries dont une longue à la surface du
minéral et une courbée dans le trou de corrosion, voir flèche), B : J10à15 (présence de bactérie
de forme courbe dans fissure se développant suivant la forme de la bactérie, voir), C : J 20à 30
(très forte présence de bactéries sur un morceau de minéral très dégradé), D : J5à10 ( présence de
bactéries en division cellulaire sur le minéral), E : J5à10 (développement de l’attaque sur des
zones de moindre énergie), F : J10à20 (développement plus poussé de l’attaque au niveau des
arêtes, voir flèches). .................................................................................................................... 142

Figure 65 : Images MEB montrant l’évolution des bactéries sur des grains de carrolite en cours
de biolixiviation. A : J10à15 (évolution de l’attaque du minéral sur d’autres zones en plus des
arêtes, principalement sur des zones préalablement colonisées par des bactéries, voir flèches), B :
J15 (évolution de la dégradation des grains de carrolite par arrachement des petits morceaux), C :
J15à20 (évolution de la des grains minérales par arrachement des petits morceaux. Ici, le
morceau de minéral est visible, voir flèche), D : J10 (grain minéral couvert de précipité), E :
J10à15 (grain minéral couvert de précipité et montrant une forte présence de bactéries), F :
J10à15 (grains couvert de globules d’oxydes de fer et probablement des EPS sur lesquelles les
bactéries s’accrochent, biofilm) .................................................................................................. 143

Figure 65 bis : Images MEB montrant l’évolution des bactéries sur des grains de carrolite en
cours de biolixiviation. A : J10à15 (grain minéral sur lequel est posé un gros agrégat composé de
précipité et de particules minérales, avec présence de bactéries), B : J10 (grain minéral couvert
de précipité avec présence de bactéries fortement fixées), C : J20 (grain minéral couvert
probablement des EPS secrétées par les bactéries), D : J20 (grain minéral dégradé des EPS avec
forte présence de bactéries), E : J5à10 (grains de minéral non dégradés), F : J30 (grains de
minéral fortement dégradés)........................................................................................................ 144

Figure 67 : Images MEB et spectres EDX de phases précipités sur les grains du minéral au cours
de la biolixiviation ....................................................................................................................... 145

de la carrolite. A : J10 (zones minérale dégradée et riche en soufre), B : J5à10 (phase précipitée
constituée d’oxyde de fer) ........................................................................................................... 145

Figure 68 bis : Images MEB et spectres EDX de phases précipités sur les grains du minéral au
cours de la biolixiviation de la carrolite. A : J15à20 (fragment de minéral renferment des
précipités et des bactéries), B : J20 (morceau de minéral fortement dégradé et riche en soufre)
..................................................................................................................................................... 146

xv
Figure 69 bis(2) : Images MEB et spectres EDX de phases précipités sur les grains du minéral au
cours de la biolixiviation de la carrolite. A : J20à30 (zone minérale fortement dégradée et riche
en soufre), B : J10à15 (zone minéral non dégradée constituée essentiellement de la carrolite) . 147

Figure 70 bis(3) : Images MEB et spectres EDX de phases précipités sur les grains du minéral au
cours de la biolixiviation de la carrolite. A : J5 (morceau de minéral riche en cuivre
probablement la chalcopyrite), B : J5 (morceau d’argile probablement présent dans l’échantillon
de carrolite de départ) .................................................................................................................. 148

Figure 71 : XRD de résidu de biolixiviation de la crrolitte ......................................................... 149

Figure 72 : Spectres FTIR des résidus de biolixiviation de la carrolite ...................................... 153

Figure 73 : Schéma illustrant le cycle de vie du fer .................................................................... 162

Figure 74 : Photographie montrant une vue de la mine de Kamoya, Kambove, RDC ............... 165

Figure 75 : Carte géologique de l’Arc Cuprifère du Katanga montrant la situation géographique


de la mine de Kamoya (cfr la ligne pointillée en move autour de la cité de Kambove) ............. 166

Figure 76 : XRD du concentré de Kamoya ................................................................................. 167

Figure 77 : Photographie prise au microscope polarisant en lumière réfléchie du concentré de


Kamoya (granulométrie : +53-75µm) ......................................................................................... 167

Figure 78 : Schéma et photographie montrant le dispositif expérimental utilisé pour les essais de
biolixiviation du concentré de Kamoya ...................................................................................... 169

Figure 79 : Effet de facteurs contrôlables avec leurs niveaux sur la performance statique (S/B)
pour l’extraction des métaux (a) Cu, (b) Co et (c) Ni ............................................................... 181

Figure 80 : Effet de chaque facteur sur la performance statistique (S/B) pour l’extraction des
métaux(a)Cu(b)Coet(c)Ni ........................................................................................................... 183

Figure 81 : Interaction entre facteurs contrôlables en fonction de la performance statistique sur


l’extraction des métaux (a) Cu (b) Co et (c) Ni.......................................................................... 186

Figure 82 : Contribution de chaque paramètre contrôlable sur le rendement de biolixiviation des


métaux Cu, Co et Ni .................................................................................................................... 190

Figure 83 : Evolution du potentiel d’oxydoréducteur (Eh) de la solution en fonction du temps au


cours de la biolixiviation du concentré de Kamoya ( pH 1,6 ; 37,5°C ; densité pulpe 7,5% et 300
rpm) ............................................................................................................................................. 191

xvi
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Litostratigraphie du supergroupe du Katanguien au Katanga (modifiée de François,


1973 ; 1987; 1995 ; Kampunzu et Cailteux, 1999 ; Cailteux, 2003 et Batumike et al., 2007) ....... 8

Tableau 2 : Liste des compagnies industrielles dans le monde utilisant la biolixiviation en tas
(source : Brierley, 2008)................................................................................................................ 51

Tableau 3 : Liste des compagnies industrielles dans le monde utilisant la biolixiviation en........ 53

cuve (source: Brierley, 2008) ....................................................................................................... 53

Tableau 4 : Composition du milieu de culture 9K ........................................................................ 62

Tableau 5 : Composition chimique de l’échantillon de carrolite .................................................. 64

Tableau 6 : Répertoire non exhaustif de quelques travaux sur la biolixiviation des minéraux
sulfurés de 2000 à 2012 ................................................................................................................. 78

Tableau 7 : Conditions opératoires des essais de biolixiviation.................................................... 81

Tableau 8 : Composition chimique du concentré de Kamoya .................................................... 168

Tableau 9 : Paramètres et leurs niveaux ...................................................................................... 177

Tableau 10 : Plan d’expérience et rendements d’extraction des métauxCu, Co et Ni ................ 178

Tableau 11 : Moyenne marginale par niveau de facteurs pour la biolixiviation du Cuivre ........ 179

Tableau 12 : Moyenne marginale par niveau de facteurs pour la biolixiviation du Cobalt ........ 179

Tableau 13 : Moyenne marginale par niveau de facteurs pour la biolixiviation du Nickel ........ 180

Tableau 14 : Analyse de la variance du rendement de biolixiviation du Cuivre ........................ 188

Tableau 15 : Analyse de la variance du rendement de biolixiviation du Cobalt ......................... 188

Tableau 16 : Analyse de la variance du rendement de biolixiviation du Nickel ......................... 188

Tableau 17 : Liste non exhaustive des compagnies utilisant la technologie d’extraction par
solvant pour la purification et/ou l’extraction du cobalt des solutions industrielles (source : Roux
et al., 2007) .................................................................................................................................. 194

xvii
INTRODUCTION GENERALE

Actuellement, les grands enjeux techniques et technologiques se situent dans le traitement des
matières difficiles, dont les espèces minéralisées sont soit inaccessibles, soit inadaptées pour
le traitement par les techniques classiques ou encore extrêmement difficiles à récupérer pour
lesquels il faut envisager des technologies de pointe pour les mettre en solution, les
concentrer, les purifier, les séparer et les récupérer. Pour faire face à ce défit,
l’hydrométallurgiste doit faire appel au bon procédé en combinant les techniques nécessaires
et en faisant appel aux technologies adaptées (Benzakour I., 2005).

C’est ainsi que, compte tenu des nouveaux enjeux, un intérêt particulier a été mis, par la
communauté scientifique, sur les techniques et procédés offrant une flexibilité dans leurs
applications et leurs utilisations : la mise en solution avec ses différentes possibilités, acide,
alcaline, à pression atmosphérique ou sous pression en autoclave, la purification par voie
chimique, électrochimique ou par extraction par solvant. Dès lors, il est indispensable de
trouver des alternatives fiables et économiques pour les minéralisations réfractaires et
difficiles à traiter. Nous assistons actuellement à un très fort investissement en termes de
Recherche et Développement (R&D) dans les nouvelles techniques et technologies du futur
(Benzakour I., 2005).

L’extraction des métaux à partir de leurs minerais et ou concentrés se fait par la voie
physicochimique , pyrométallurgique ou par la voie hydrométallurgique selon la forme sous
laquelle se trouvent les métaux à valoriser. La voie hydrométallurgique exige la mise en
solution des minéraux porteurs des métaux à valoriser avant leur récupération par cémentation
ou par extraction par solvant et électrowining (SX-EW). Cette mise en solution, appelée aussi
lixiviation, constitue donc une étape importante et déterminante dans le processus d’extraction
des métaux par voie hydrométallurgique si bien que la conduite des opérations de lixiviation,
dans toute usine hydrométallurgique, conditionne, au final les rendements de récupération
globaux de toute les opérations jusqu’à l’obtention du métal.

La lixiviation des minerais oxydés est facile tandis que celle des minerais sulfurés est difficile
en milieu acide sulfurique et exige des conditions oxydantes, lesquelles conditions sont
obtenues en utilisant un oxydant qui peut être de l’oxygène, de l’acide nitrique ou tout autre
oxydant tel que le KMnO4 etc.
1
Malgré les conditions oxydantes, ces réactions exigent des températures et des pressions
élevées pour améliorer leur cinétique, avec comme conséquence des investissements élevés
dans des équipements très onéreux. La solution alternative de traitement par voie
pyrométallurgique des minerais sulfurés ou combinant la pyrométallurgie (grillage à mort ou
sulfatant) à l’hydrométallurgie se bute à un problème sérieux de pollution de l’environnement
dont l’assainissement a un coût non négligeable.

Dans ce contexte, les scientifiques se sont penchés sur l’utilisation des microorganismes
naturellement présents dans certaines minéralisations pour l’industrie extractive en
développant la biohydrométallurgie comme une alternative aux techniques classiques
évoquées à consommation d’énergie et coût d’investissement très élevés (traitement sous
pression en autoclave, le grillage …).

En effet, depuis une cinquantaine d’années, l’utilisation des procédés de biolixiviation a


augmenté de façon importante à l’échelle internationale (Chartier et al., 2001). La part de la
biolixiviation dans la production mondiale du cuivre est estimée à 20-25% (Brierley, 2008). A
Escondida Mine au Chili, BHP Billiton a initié en 2006 un dump bioleach dont la production
annuelle projetée est de 180 000 à 200 000 tonnes de cuivre. Kasese Cobalt Company en
Ouganda a, depuis 1999, commencé un traitement des rejets pyriteux par le procédé de
biolixiviation avec une production annuelle de 1000 tonnes de cobalt (Brierley, 2008).

La biolixiviation a l’avantage d’être moins coûteuse et moins polluante. L’unique désavantage


étant, dans certaines conditions de température, un faible rendement en métaux valorisables.
Cependant, la découverte des bactéries thermophiles, qui ont la faculté de catalyser
l’oxydation des minéraux réfractaires comme la chalcopyrite, a renouvelé l’intérêt de ce
procédé (Morin D.et al., 2006).

En République Démocratique du Congo, un pays renfermant des réserves importantes des


métaux de base dans le monde (environ 200 Mt Cu et 8 Mt de Co ensemble avec la Zambie),
l’industrie minérale se trouve, depuis un certain temps, confronté à la rareté des matières
premières se prêtant facilement au traitement métallurgique.

2
Cette situation a été accentuée avec l’avènement du nouveau code minier qui a introduit des
contraintes environnementales contraignant ainsi la plupart d’opérateurs miniers à recourir
aux minerais oxydés et ceux-ci, pour la plupart, deviennent de plus en plus pauvres. De ce
fait, les gisements contenant les minerais sulfurés sont abandonnés ou tout simplement
inexploités. C’est le cas de la mine de Kamoya qui renferme des minerais sulfurés
polymétalliques contenant du cuivre, du cobalt et du nickel sous forme de carrolitte comme
minéral.

Cette mine a été anciennement exploitée par la Gécamines et les minerais extraits étaient
traités par concentration suivi d’un grillage sulfatant au four fluo-solid. Les calcinés issus de
ce grillage étaient traités aux usines hydrométallurgiques de Shituru en vue de l’extraction du
cuivre et du cobalt, le nickel étant considéré comme impureté dans le circuit d’extraction du
cobalt. Mais, suite aux difficultés financières que traversait la Gécamines et compte tenu de la
capacité limitée de dénickelage des usines de Shituru qui se faisait par cémentation sulfurante
sur du cobalt métallique, l’exploitation de cette mine a été abandonnée depuis 1998.

Le présent travail s’inscrit donc dans le cadre de l’application de la biolixiviation aux


minerais de l’Arc Cuprifère du Katanga en vue de la valorisation de certains gisements des
minerais et rejets miniers contenant les métaux valorisables sous forme de minéraux sulfurés
dont le traitement par les techniques communément utilisées sont lourdes en termes de
consommation d’énergie et d’investissement et sont moins respectueuse de l’environnement.
Car si l’innovation technologique joue un rôle clé dans la mise en place d’une production plus
propre et d’une croissance industrielle durable, il est aussi vrai que l’industrie est durable
lorsqu’elle produit des biens et services de façon à répondre aux besoins et aspirations du
présent sans compromettre la capacité des générations futures de subvenir à leurs besoins
(Benzakour I., 2005).

Ce travail poursuit un double objectif :

- fondamental : étudier la biolixiviation de la carrolite en tant que minéral pur et porteur


des métaux valorisables dans la plupart des minéralisations des gisements de l’Arc
Cuprifère du Katanga en général et, dans celle de la mine de Kamoya en particulier.

3
Le but poursuivi ici étant, la mise à niveau des connaissances sur la biolixiviation de la
carrolite compte tenu de l’insuffisance de recherches dans la littérature, à ce jour, en
rapport avec ce sujet.

- pratique : étudier la biolixiviation d’un concentré sulfuré polymétallique de minerais


de la mine de Kamoya dans le but d’investiguer l’influence des paramètres
physicochimiques par une approche statistique utilisant le plan d’expérience de
Taguchi et l’analyse de variance (ANOVA) et de ce fait, démontrer et promouvoir
l’application de la biolixiviation aux minerais sulfurés des gisements de l’Arc
Cuprifère du Katanga en République Démocratique du Congo (RDC).

Hormis, les considérations géologiques de l’Arc Cuprifère du Katanga, les généralités sur le
minéral carrolite et une brève historique sur l’évolution de la métallurgie appliquée pour le
traitement des minerais dans l’Arc Cuprifère du Katanga qui constituent le premier chapitre
de ce travail, nous présentons au deuxième chapitre une revue bibliographique sur la
biolixiviation des sulfures métalliques. Le troisième chapitre présente le matériel et les
méthodes utilisés au cours des essais effectuées dans le cadre des études sur les facteurs
influençant la biolixiviation de la carrolite et sur le mécanisme de dissolution des métaux
cuivre, cobalt, nickel et que nous présentons respectivement au quatrième et cinquième
chapitre. Enfin, une étude statistique de la biolixiviation d’un concentré sulfuré
polymétallique de minerais de la mine de Kamoya est présentée au sixième chapitre et une
conclusion générale clôturera le présent travail.

4
CHAPITRE I : ARC CUPRIFERE DU KATANGA ET LE MINERAL CARROLITE

I.1 L’Arc Cuprifère du Katanga : considérations géologiques

L’Arc Cuprifère du Katanga est assez bien connu au point de vue de la cartographie
géologique de surface, plus particulièrement dans les régions Ouest (Kolwezi) et centrale
(Likasi) (fFgure1). Il est composé d’un chapelet de plus de 200 sites cupro-cobaltifères
distribués sur une distance d’environ 300 km entre Kolwezi et Lubumbashi
(François 1973, 1987, 1995).

Figure 1 : Arc cuprifère du Katanga (Arc Lufilien)

Les mines de cuivre et cobalt exploitées dans la province du Katanga en République


Démocratique du Congo ont conféré à ce pays une position géostratégique de premier plan en
Afrique Centrale. Sur le plan économique, avant 1991 la production était de 500 000 tonnes
de cuivre métal et d'une dizaine de milliers de tonnes de cobalt métal. Ces deux métaux, à eux
seuls, ont fourni les 70 % des ressources du pays en devises. Ces ressources minières ont
constitué, en outre, une bonne garantie de remboursement des prêts contractés par le Congo
auprès des organismes de la communauté internationale.

5
Aujourd'hui cette production a considérablement chutée et elle n'est plus que de moins de
50 000 tonnes de cuivre métal et de quelques milliers de tonnes de cobalt pour la Gécamines.
Cette baisse de production devient un frein au développement du pays. Aujourd'hui plus que
jamais, la maîtrise des techniques minières et ou d’extraction des métaux contenus devient un
impératif pour la République Démocratique du Congo. On comprend alors la place du
géologue, du mineur et du métallurgiste dans ce pays (Okitaudji, 2001).

L’arc cuprifère katangais est localisé dans une dépression orientée sud-est et nord-ouest.
Celui-ci est bordé au sud et sud-est par les massifs anciens de Kabombo, Solwezi, Kakonta,
Luina et Mokambo ; au nord et nord-ouest par les massifs Kibariens, les plateaux du
Kundelungu et de Biano. On distingue dans la région trois formations stratigraphiques :
l’antékibarien, le Kibarien et le Katangien. Cette dernière formation comprend le Kundelungu
au sommet, où se trouve l’étage minéralisé de Kakontwe, et la série des mines à la base. La
série des mines est à son tour subdivisée en Roan inférieur, non minéralisé ; Roan moyen
dont font partie la plupart des gisements de cuivre et cobalt du Katanga avec une teneur en
cuivre dans la roche allant parfois au delà de 10%, et en Roan supérieur, peu minéralisé
(Wendorff, 2005a).

Les premières données géologiques relatives au Katanga remontent à l’époque de l’expédition


Bia-Francqui (1891-1893), au cours de laquelle le géologue Jules Cornet a pu faire un nombre
considérable d’observations qui lui permirent d’élaborer une série de publications du plus
haut intérêt (Robert, 1956).

Les travaux de Jules Cornet relatifs à la géologie du Katanga furent complétés par plusieurs
auteurs, notamment Gysin (1934 a, b, c, et d); Cahen (1954); Cahen et Mortelmans (1940);
Robert (1950 et 1956); François (1973), Lepersonne (1974); Ngoyi et Dejonghe (1995);
Kampunzu et Cailteux (1999); Kampunzu et al. (2000); Wendorff (2003; 2005b; 2005a) ;
Master et al. (2005) ; Cailteux et al. (2007) et Batumike et al. (2007).

La géologie du Katanga se compose d’un soubassement Protérozoïque et d’une couverture


tabulaire Phanérozoïque. Le terme « soubassement » est utilisé dans la littérature géologique
du Katanga pour désigner le Protérozoïque dans son ensemble. Le terme « socle » est réservé
pour les Méso- et Paléoprotérozoïques (Ngoyi et Dejonghe, 1995). Robert (1950) désignait la
couverture tabulaire par « Système Lualaba-Lubilashi ».
6
Actuellement, on la dénomme « Karroo » comme son équivalent d’Afrique Australe (Ngoyi et
Dejonghe, 1995). Le Karroo est constitué des formations allant du Miocène au Carbonifère
supérieur. Au Katanga, il se limite à des formations continentales (Kasongo, 2009).

I.1.1. Le soubassement Katangais

Le soubassement Katangais peut être subdivisé en trois ensembles respectivement d’âge Néo,
Méso- et Paléoprotérozoïque, à savoir le Katanguien, le Kibarien et l‟Ubedien. Cette
subdivision est essentiellement basée sur les évènements orogéniques majeurs qui l’affectent
(Ngoyi et Dejonghe, 1995).

I.1.1.1 Le Katanguien

On appelle Katanguien toutes les formations plissées entre 950 Ma et 600 Ma et non affectées
par les plissements antérieurs à 950 Ma. Elles ont donc été plissées vers 950 Ma par
l’orogenèse Lomamienne, vers 850 Ma par l’orogenèse Lusakienne et vers 600 Ma par
l’orogenèse Lufilienne. La dernière orogenèse est la plus importante car elle a imprimé aux
roches du Protérozoïque supérieur de la province cuprifère, la configuration en arc que nous
observons actuellement (Ngoyi et Dejonghe, 1995; Kampunzu et Cailteux, 1999; Kampunzu
et al., 2000, Batumike et al., 2007; Cailteux et al. 2007).

On peut observer dans le Katanguien, l’existence de deux tillites continues qui se seraient
déposées synchroniquement dans le tout le bassin et dont la présence permettrait de diviser le
Katanguien en trois groupes que sont de bas en haut : le groupe de Roan, le groupe de Nguba
et le groupe de Kundelungu (Tableau 1). En outre, le katanguien serait constitué de sédiments
concordants qui affleureraient au Sud-Est de la chaîne Kibarienne et comprendrait l’arc plissé
du Katanga méridional et de la Zambie (Kasongo, 2009 ; Batumike et al., 2007)

(a) Le groupe de Roan (R)

Il s’agit d’un ensemble de dolomies plus ou moins siliceuses et de pélites ou arénites à ciment
dolomitiques, déposé probablement dans un milieu lagunaire. Son épaisseur totale pourrait
dépasser 1500 m.

7
Tableau 1 : Litostratigraphie du supergroupe du Katanguien au Katanga (modifiée de François, 1973 ; 1987;
1995 ; Kampunzu et Cailteux, 1999 ; Cailteux, 2003 et Batumike et al., 2007)

Super groupe Groupe Sous groupe Formation Ancienne Lithologie


nomenclature
(François, 1987)

+/- 500Ma Kundelungu Biano Ku 3 Ks 3 Arkose, conglomérat, grès argileux


Ku
(ancien
Kundelungu Ngule- Ku 2 Sampwe-Ku 2.3 Ks2.2 Pélites dolomitiques, argilo-microgréseux
Supérieur) Kiubo-Ku 2.2 Ks2.1 Grès dolomitique, microgrès et pélites
Mongwe-Ku 2.1 Ks1.3 Pélites dolomitiques, microgrès et grès
Gombela Ku 1 Lubudi-Ku 1.4 Ks1.2.4 Alternances calcaires et lits sablo-carbonatés
(anciennement
Likasi)
Kanianga-Ku1.3 Ks1.2.2 et 1.2.3 Shales et microgrès carbonatés
Ks1.2.1
Lusele-Ku1.2 Ks1.1 Calcaire Rose
Kyandamu-Ku1.1 Petit Conglomérat tillite/diamictite

+/- 620 Nguba Bunkeya Monwenzi- Ki2 Grès dolomitiques, microgrès et pélites
Ng Ng2 Ng2.2
(ancien
Kundelungu
Inférieur)
Muombe Katete-Ng2.1 Ki1.3 Grès dolomitiques alternant avec Shales
Ng1 Kipushi-Ng1.4 Ki1.2.2 Dolomies et Shales dolomitiques

Kakontwe-Ng1.3 Carbonates
Kaponda-Ng1.2 Ki1.2.1 Shales carbonatés et microgrès ;
« Dolomie tigrée » à la base
Mwale-Ng1.1 Ki1.1 Grand conglomérat tillite/diamictite

+/- 750 Roan Mwasha Kanzadi-R4.3 Mwansha Sandstone or alterning silstones and
R (ancien Supérieur R4.2 Shales
Mwansha
Supérieur)
R4
Kafubu-R4.2 Shales carbonates
Kamoya-R4.1 Shales dolomitiques, microgrès et grès
Avec inclusion des lits conglomératiques
et des cherts dans des positions variables
Katanguien Dipeta Kasunki-R3.4 Mwansha Dolomie avec des lits volcanistiques
R3 Inférieur R4.1
Mofya-R3.3 Dolomie, dolomie arénique, microgrès
Dolomitiques
R3.2 Microgrès argilo-dolomitiques avec
Intercalations de grès feldspathiques ou de
dolomies
R.G.S.-R3.1 Roches Gréso-Schisteuses (Microgrès
Argilo-dolomitiques
Mines Kambove 2.3 Dolomies argilo-talqueuses laminaires et
R2 stromatolitiques
Shales Shales dolomitiques avec 3 horizons
Dolomitiques- Carbonés
R2.2
Kamoto-R2.1 Dolomies stromatolitiques (RSC),
dolomies silicifiées et arénitiques
(RSF/D.strat.) et Microgrès argilo-
dolomitique grise (RAT grise)
R.A.T Microgrès argilo-dolomitiques rouge et des
R1 grès (Roches Argilo-Talqueuses)
La base de la RAT
n’est pas bien
connue
<900Ma Conglomérat de base

8
Il est mal connu car des brèches microgréseuses interrompent la succession des sédiments le
long de quelques horizons bien déterminé, parallèlement à la stratification (François, 2006).
Ceux-ci permettent de diviser l’ensemble en quatre unités :

- Le sous-groupe de Roches Argileuses et Talqueuses (R1) :

Ce sont des roches argilo-talqueuses appelées communément RAT. Cet ensemble est une
formation tendre, toujours tectonisée et parcourue par de nombreuses failles qui y
interrompent la continuité des couches. Sa base est inconnue.

- Le sous-groupe des Mines (R2) :

C’est le mieux connu du Katanga. Il recèle les principaux gisements cuprifères. Il est connu
sous le nom du « série des mines ».

- Le sous-groupe de Dipeta (R3) :

Il est mieux représenté au nord du polygone de Tenke-Fungurume et comprend quatre


formations (Cailteux et al., 2007) : un microgrès ou shale gréseux massif, roche siliceuse
gréseuse (R.G.S.) (R3.1), un microgrès argilo-dolomitique avec les intercalations des grès
feldspathiques ou des dolomies blanches (R3.2), la formation de Mofya constituée d’une
alternance de dolomies, de dolomies gréseuses et de microgrès dolomitiques (R3.3) et la
formation de Kansuki (R3.4) qui comprend des dolomies avec des lits d’intercalation
volcanoclastiques.

- Le sous-groupe de Mwashya (R4) :

Il est souvent rencontré à son état alteré, présentant des teintes gris vert ou lilas a brun
rougeâtre, on y reconnait trois formations (Cailteux et al., 2007) : la formation de Kamoya
(R4.1) constituée de shales dolomitiques, microgrès, grés avec les nodules des cherts et des
roches pyroclastiques; la formation de Kafubu (R4.2) constituée de shales carbonates, et la
formation de Kanzadi qui comprend une alternance des microgrès et shales (R4.3).

9
(b) Le groupe de Nguba

Le Nguba (anciennement Kundelungu inferieur) est constitué à la base d’une épaisse mixtite,
appelée le « Grand Conglomérat » surmontée par des sédiments détritiques à ciment plus ou
moins dolomitique, le tout s’étant déposé dans un milieu marin. Deux cycles sédimentaires
permettent de le diviser en deux sous-groupes (François, 2006 ; Cailteux et al., 2007) :

- Le sous-groupe de Muombe (Ng1):

A prédominance terrigène et dolomitique, ce sous-groupe débute à sa base par la formation de


Mwale (Ng1.1), le Grand Conglomérat. C’est une tillite (diamictite) qui marque le contact
entre le groupe de Roan et celui de Nguba. La formation de Kaponda (Ng1.2) apparait en
deuxième position et est constituée des dolomies, calcaires et shales gréseux, rarement
micacés. Puis apparait la formation de Kakontwe (Ng1.3) qui comprend des shales gréseux,
parfois argileux et peu carbonatés et des microgrès arkosiques. Enfin, la formation de Kipushi
(Ng1.4) composée des dolomies et des shales argileux ou gréseux, assez dolomitiques
(Kasongo, 2009).

- Le sous-groupe de Bunkeya (Ng2):

Ce sous-groupe comprend la formation Katete (Ng2.1, ancien Ki1.3) qui est constituée de
grés dolomitiques alternant avec des shales et la formation Monwenzi (Ng2.2, ancien Ki2),
constituée de grés dolomitiques, microgrès et pélites (Fancois, 2006; Batumike et al., 2007).
A prédominance terrigène et feldspathique, c’est une composition de grés, microgrès, shales
gréseux, argileux plus ou moins carbonatés. Il est composé de deux formations: la formation
de Katete (Ng2.1) constituée de grés dolomitiques ou de microgrès dans le faciès du nord de
l’arc cuprifère et des shales et de bancs dolomitiques appelés aussi ‘séries récurrentes’ dans la
partie sud de l’arc; et la formation de Monwezi (Ng2.2) formée de grès dolomitiques et de
microgrès (Kasongo, 2009).

(c) Le groupe de Kundelungu

Il débute vers le bas par une mixtite épaisse d’environ 40 m, nommée le « Petit
Conglomérat ».

10
Elle est surmontée par des sédiments presque exclusivement détritiques à ciment plus ou
moins dolomitique. Le tout s’est déposé dans un milieu marin. Deux cycles sédimentaires
permettent de le diviser en trois sous-groupes de haut en bas (Francois, 2006; Batumike et al.,
2007) : le sous groupe Gombela ou Ku1 (ancien Ks1), le sous groupe Ngule ou Ku2 (ancien
Ks2) et le sous groupe Biano ou Ku3 (ancien Ks3).

- Le sous groupe Gombela (Ku1):

Cet ensemble est constitué par la succession des formations suivantes de haut en bas
(Francois, 2006; Batumike et al., 2007):

• la formation Lubudi, Ku1.4, ancien Ks 1.2.4, formée d’une alternance de calcaire avec
des lits sablo-carbonatés;

• la formation Kanianga, Ku1.3, ancien Ks1.2.2 et 1.2.3, constituée des shales et


microgrès carbonatés;

• la formation Lusele, Ku1.2, ancien Ks1.2.1: c’est de la dolomie massive ou finement


et régulièrement litée, de teinte rose ou gris clair. Elle est communément nommée
« Calcaire rose »;

• la formation Kyandamu, Ku1.1, ancien Ks1.1: il s’agit d’une mixtite massive : ‘petit
conglomérat’, dont le ciment est constitué de grains détritiques entourés par une pâte
séricito-dolomitique très fine.

- Le sous groupe Ngule (Ku2):

Cet ensemble est constitué de bas en haut par la succession des formations Mongwe ou Ku2.1
(ancien Ks1.3), Kiubo ou Ku2.2 (ancien Ks2.1) et Sampwe Ku2.3 (ancien Ks2.2). La
formation Mongwe est constituée des pélites dolomitiques, des siltstones et de grès. Celle de
Kiubo comprend le grès dolomitique, le microgrès et des pélites tandis que la formation
Sampwe est constituée de pélites dolomitiques et argilo-microgréseux (Francois, 2006;
Batumike et al., 2007).

11
- Le sous groupe Biano (Ku3) :

Ce sous groupe est formé d’arkoses, conglomérats et des grés argileux.

I.1.1.2. Le Kibarien ou système du Kibara

Le système de Kibara est défini comme étant l’important paquet sédimentaire affecté par les
mouvements de la période orogénique Kibarienne. Il se superpose aux couches du Complexe
de base plissées par les mouvements de périodes orogéniques plus anciennes et est sous-jacent
aux formations mentionnées ci-dessus qui sont affectées par les mouvements de la période
orogénique Kundelunguienne (Robert, 1956). Tous les sédiments qui affleurent dans les
monts Bia et Hackanson ainsi qu’au plateau des Kibara appartiennent au Kibarien
(Lepersonne, 1974; Ngoyi et Dejonghe, 1995). Ces sédiments ont une orientation Nord-Nord-
Est Sud-Sud-Ouest. Ils sont recoupés par des granites syntectoniques dont les âges avoisinent
1300 Ma et des granites post-tectoniques datés à 1030 Ma. Les sédiments Kibariens sont aussi
intrudés par des granites accompagnés de nombreuses pegmatites et veines de quartz. La
séparation des couches du système de Kibara et celles des systèmes sous-jacents est
généralement bien marquée, non seulement par une discordance, mais aussi par l’existence
d’une période de dénudation (Lepersonne, 1974).

I.1.1.3. L’Ubendien ou complexe de base

Le complexe de base, constitué par les roches du bouclier ancien et affecté par les
mouvements de plusieurs périodes orogéniques très anciennes, peut être défini comme
comprenant toutes les formations géologiques situées en-dessous du système des Kibaras et
dont l’âge est antérieur aux couches de ce système. Il a pu être divisé en deux systèmes
superposés: un système inférieur formé par des roches cristallines, à faciès archéen, et un
système supérieur formé de couches moins métamorphisées que les sous-jacentes et même
parfois peu ou très peu métamorphisées. Ce dernier système supérieur peut être rapporté à
l’Algonkien ancien (Robert, 1956; Lepersonne, 1974). Le Nord-Est du Katanga est la région
type des formations appartenant au cycle Ubendien. La chaîne Ubendienne présente une allure
générale Nord-Ouest Sud-Est.

12
On lui associe les formations suivantes: les ignimbrites du Marungu et les plutonites du Nord-
Est du Katanga. Au Sud-Est du Katanga, de part et d’autre de la frontière apparait une
multitude de petites crêtes rocheuses qui sont tantôt isolées, tantôt groupées en massifs (Ngoyi
et Dejonghe, 1995).

I.1.2. Les formations du type Kalahari

Durant la longue période continentale qui a suivi le dépôt des dernières couches du système
du Karroo, la surface continentale africaine, soumise à la pénéplanation, subit des actions
érosives, des altérations superficielles et vit se déposer des formations lacustres, fluviales,
colluviales et éoliennes dont l’épaisseur, qui peut atteindre exceptionnellement plus de 200 m,
varie d’un endroit à l’autre. Ces dépôts qui ont une large extension dans tout l’intérieur du
continent et qui ont dû se déposer dans des milieux très divers, ont été étudiés non seulement
au Kalahari et au Botswana, mais aussi en Zambie, en Angola ainsi que dans le bassin du
Congo. Le manteau assez discontinu constitué par ces formations est formé, d’une façon
générale, par des sables supérieurs, parfois épais de plus de 100 m et dont l’origine est
souvent éolienne. En dessous apparaît un étage des roches silicifiées; ce sont des dépôts
calcaires et calcaro-gréseux, des sables et des grès souvent ferrugineux, des grès polymorphes,
ayant subi une silicification plus ou moins intense. Il est généralement admis que l’étage
silicifié du Kalahari pourrait être daté de l’Eocène et l’Oligocène. Quant à l’étage sableux
supérieur, qui est une formation de climat sec à tendance désertique, il doit dater de la fin du
Tertiaire, mais il devrait être antérieur à la période humide qui a coïncidé avec l’installation
au centre Africain de la bande climatique équatoriale (Robert, 1956).

13
I.2 Evolution de la métallurgique du cuivre dans l’Arc Cuprifère du Katanga :
considérations générales (Robert, 1956)

Depuis sa création en 1906, l’Union Minière du Haut Katanga (devenue, depuis 1966, la
Gécamines) a éprouvé beaucoup de difficulté quant à la métallurgie à appliquer aux minerais
que renfermait l’Arc Cuprifère du Katanga. En fait, Il ne s’agissait pas de découvrir un
procédé de laboratoire ni un traitement qui puisse convenir à du minerai choisi, mais un ou
des traitements qui puissent s’appliquer à la grande masse des minerais reconnus, avec les
moyens dont on pouvait disposer dans la région et capables de produire économiquement du
cuivre qui devait être exporté sur les marchés mondiaux.

Notons qu’en ces temps là, on ne connaissait que les minerais oxydés, carbonatés , silicatés et
alumineux tandis que la deuxième minéralisation, celle du type Kipushi avec les minerais
sulfurés qu’elle donnait en profondeur, était inconnue. Il ne pouvait évidemment pas être
question de se livrer à une métallurgie élémentaire en traitant uniquement du minéral pur, tel
que la malachite. L’exploitation industrielle, à développer, devait traiter la grande masse des
minerais oxydés, ce qui nécessitait des fondants appropriés à la scorification des gangues.

Tout de suite, on se rendait bien compte que le minerai du Katanga était d’une nature
particulière et que son traitement ne serait pas aussi aisé qu’il semblait devoir l’être à
première vue. Relevons par ailleurs que le caractère le plus frappant de la métallurgie du
cuivre pratiquée au Katanga par l’Union Minière depuis 1911 est certes l’évolution constante
qu’elle a dû subir depuis les débuts pour surmonter les difficultés qui se sont présentées au fur
et à mesure du développement des exploitations.

Il y a lieu de faire remarquer aussi que très peu d’exploitations minières dans le monde qui se
soient trouvées devant autant de difficultés que celles devant lesquelles s’est trouvée l’Union
Minière et qui puissent se targuer de les avoir surmontées rapidement, comme cette
compagnie l’a fait encore en plein Centre de l’Afrique. C’est que la plupart des entreprises
minières se trouvent soit devant une seule mine soit encore devant un nombre très limité de
mines dont les caractéristiques peuvent être suffisamment bien définies dès l’origine de
l’exploitation, le minerai que l’on a à traiter ayant une composition moyenne qui a pu être
déterminée au préalable avec une approximation satisfaisante.

14
Mais en ce qui concerne l’Union Minière, la situation était tout à fait différente, par le fait que
l’activité s’étendait sur un vaste domaine constitué par de nombreux gisements qui sont loin
de présenter une grande uniformité, tant au point de vue de leur allure que de la composition
de leurs minerais.

D’ailleurs, la géologie de ces gîtes est très compliquée ; elle l’est bien plus qu’il apparaissait
au moment où fut décidée leur mise en exploitation. En effet, en guise de rappel, on se trouve
au Katanga en présence de deux sortes de gîtes. Les uns, stratiformes, se trouvent localisés
dans la série des mines, tandis que les autres, comme Kipushi, ont une allure filonienne et se
trouvent dans le calcaire du Kundelungu inférieur. Cette dernière minéralisation, caractérisée
par l’association Cu-Zn-Cd-Pb-Ag, n’est apparue avec ses sulfures qu’en 1929, au-dessous du
niveau hydrostatique, qui se trouvait à 80 m de profondeur. Quoique assez secondaire au
Katanga, cette minéralisation est celle qui est la plus courante parmi les gîtes cuprifères
africains, tout au moins dans la province métallogénique centre-africaine.

La minéralisation de la série des mines, avec son association minérale générale Cu-Co, etc.
est, par contre, propre au bassin katangais et à la partie nord de la Zambie (ex- rhodésien). Au
Katanga, elle se trouve dans des paquets arrachés à des couches préalablement minéralisées,
ces paquets ayant été mis en place par des phénomènes d’allure diapirique. Cette
minéralisation a été soumise à l’altération et à des enrichissements et elle a, en de nombreux
endroits du bassin katangais, été soumise à des charriages du deuxième genre. Cette
minéralisation cuprifère, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs en Afrique, est en réalité très
complexe ; elle a fourni les minerais oxydés, carbonatés, silicatés et alumineux, déjà reconnus
au cours des premières prospections, mais la gamme de ses minerais se développe de plus en
plus, au Katanga, au fur et à mesure que se poursuivent les prospections, pour passer
d’ailleurs en profondeur aux minerais sulfurés de cuivre et de cobalt.

En ce qui concerne le mode de traitement appliqué, nous pouvons considérer que deux
procédés différents ont été à la base de la métallurgie cuprifère au Katanga, chacun d’eux
s’appliquant à un type de minerai déterminé. Le premier procédé était employé pour traiter
des minerais oxydés dont la teneur est relativement élevée, ainsi qu’à des minerais
préalablement concentrés. C’est la fusion à l’aide de combustibles. Pendant longtemps, elle
s’est faite uniquement dans des fours à cuves, à Waterjackets, ensuite, à partir de 1923, dans
des fours à réverbère.
15
La fusion au four à cuve a aussi été appliquée aux minerais sulfurés, depuis qu’ils furent
découverts à la mine de Kipushi. Le second procédé étant en usage que depuis 1929, traitait
les minerais oxydés par la méthode hydrométallurgique. Ce procédé a depuis lors pris un
développement de plus en plus grand et il convient surtout, lui aussi aux minerais oxydés
riches.

De ce qui précède, nous pouvons donc dire que l’étude de l’évolution de la métallurgie du
cuivre a été principalement dictée par la composition des minerais à traiter que nous pouvons
classer de la manière chronologique suivante :

- Les minerais de la série des mine (Cu-Co-Au-etc.) : les minerais de la zone


d’oxydation (carbonatés, siliceux, alumineux, etc.), les minerais de la zone plus
profondes (sulfurés).
- Les minerais de la mine de Kipushi (Cu-Pb-Zn-etc.).
- Les minerais dans la zone de l’Ouest avec nappe charriée.
- Les minerais de la nappe : minerais oxydés de la zone superficielle, minerais sulfurés
de la zone plus profonde.
- Les minerais des racines de la nappe qui doivent encore être trouvés.

Ainsi, nous pouvons dire, et cela en guise de conclusion, que si déjà à l’époque de l’Union
Minière, des efforts ont été consentis et ont aboutit, il y a donc lieu d’affirmer que l’évolution
de la composition des minerais qu’il faudra traiter dans l’Arc Cuprifère du Katanga, et pour
lesquels il faudra trouver des métallurgies bien adéquates, n’est pas près d’être terminée.

16
I.3 Le minéral : carrolite

Figure 2 : Cristal de carrolite de la mine de Kamoya, Kambove, RDC (source : Wagner & Cook, 1999)

I.3.1 Composition

Espèce minérale composée de sulfure de cobalt, nickel et de cuivre de formule chimique


Cu(Co,Ni)2S4 avec des traces de fer, la carrolite tire son nom du comté de Carrol en Maryland
aux Etats-Unis où elle a été décrite pour la première fois par W.L.Faber en 1952. Cependant,
la plupart des échantillons disponibles proviennent du Katanga en République démocratique
du Congo(RDC) (Figure 2).

La carrolite est considérée jusqu’à nos jours comme le minéral le plus célèbre de la série
linnaeïte, les collectionneurs partout dans le monde cherchent le trésor des magnifiques
cristaux octaédriques.

Elle forme avec la polydymite, la siegénite, la violarite et la linnaeïte, une série où les
différents éléments (Co, Ni, Fe, Cu) se remplacent isomorphiquement dans de large
proportion. Son groupe d'appartenance est celui de la linnaeïte. Dans ce groupe, un certain
nombre de solutions solides existent entre les différents minéraux. Comme on peut le voir sur
la Figure 3, la carrolite forme des solutions solides avec la linnaeïte (Co3S4).

17
Le statut de cette espèce a été approuvé par l' I.M.A (International Mineralogy Association)
en 1980 comme un minéral de cobalt.

Figure 3 : Diagramme de composition des minéraux du groupe de linneaite cr =carrolite, sg = siegenite, fl =


fletcherite, vio = violarite, ln=linnaeite, gr= greigite, pd = polydymite (source : Rispens, G., 2002)

I.3.2 Structure

Figure 4 : Modèle de la structure d’un cristal de carrolite (Source: Rispens, G., 2002)

18
La carrolite a une structure de thiospinelle normale avec la moitié des sites octaédrique
occupés par des atomes de cobalt et un huitième de sites tétraédriques occupé par les atomes
de cuivre (Figure 4).

La formule générale de thiospinelle est A[B2]S4, les parenthèses indiquant la position


octaédrique. D’autres minéraux de la série ont, cependant, la formule générale B[AB] S4 et
sont appelé de spinelles inverses, la fraction d’atomes B se trouvant sur les sites tétraédriques
et caractérisés par le facteur d’occupation noté λ, lequel λ est égal à 0 pour la structure
spinelle normale et 0,5 pour la structure spinelle inverse.

I.3.3 Propriétés physiques

Au cours des années 1950 et 1960 beaucoup de travaux se rapportant à l’étude des propriété
physiques des minéraux de la série des linnaeïte ont été effectués. Ainsi, selon Goodenough,
1969, la carrolite est métallique et pauli-paramagnétique mais n’est pas surperconducteur. Il
se retrouverait entre la classe des minéraux superconducteurs et celle des minéraux ayant un
magnétisme spontané. Les travaux de Furukawa (1967) ont montré que la carrolite était
métallique et antiferromagnétique. De même, ils ont montré aussi que lorsque le cobalt est
remplacé par le cuivre en certaine proportion, la carrolitte devient superconducteur (Figure 5).

Figure 5 :Susceptibilité et résistivité électrique de la carrolite en fonction de la température


(source Furukawa, 1967).

19
La carrolite est de couleur grise, rouge cuivre ou gris acier selon le degré d’altération
superficielle et devient légèrement rose et ensuite franchement rougeâtre et violet. Elle a une
densité de 4,5 à 4,8 g/cm3 et une dureté de 4,5 à 5,5.

Son système cristallographique est cubique isométrique et elle appartient à la classe de


symétrie à holoédrie cubique dont les réseaux de bravais sont à faces centrées . Ces cristaux se
présentent sous forme octaédriques ou cuboctaedriques et ces macles sont parfois
polysynthétique sur (111), les agrégats sous forme compact, grenue et massive. Par ailleurs,
son clivage varie de l’imparfait à l’indistinct et sa fracture de l’irrégulière à subconchoidale.

La carrolite est un minéral isotropique et non- pléochroique ayant un pouvoir réflecteur de


41,9%. Il appartient à la classe chimique des sulfures, groupe des linnaeite et au sous-classe
des sulfures, séléniures ou tellures selon qu’on y trouve respectivement une partie de soufre,
sélénium ou tellure. De sa formule chimique Cu (Co,Ni)2S4 , on y retient qu’en fonction des
concentrations, il y a trois éléments essentiels : le cuivre, le cobalt et le soufre.(Riley, 1980).
Sa masse moléculaire est de 309,55 g/ mole.

C'est un minéral des veines hydrothermales. Cette espèce apparaît en début de la


métasomatose des gisements de cuivre constitués principalement de sulfures. Parmi les
gisements remarquables, nous pouvons citer :

- Etats-Unis : Mine de Patapsco, Finksburg, Comté de Caroll , Maryland ;


- France : Les Clausis, Saint-Véran, Hautes-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Mine
de la Finosa (Fontana Rossa), Ghisoni, Corte, Haute-Corse, Corse.
- République Démocratique du Congo : la mine de Kamoya Sud II, Kambove ;
Musonoï et Kamoto, Kolwezi, Katanga.

20
CHAPITRE II : BIOLIXIVIATION DES SULFURES METALLIQUES : REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE

II.1 Introduction

La biolixiviation en tant que processus de mise en solution des métaux à partir des sulfures
métalliques a été observée et utilisée longtemps avant qu’il ne soit établi clairement que les
microorganismes étaient impliqués dans ce processus. En effet, lorsqu’on a observé des
concentrations élevées d’ions ferriques dans les eaux de la rivière Rio Tinto à Séville en
Espagne, on l’a attribué à un phénomène magique et à une pollution des eaux de la rivière. Et
lorsque ces eaux étaient mises en contact avec des roches contenant des métaux comme le
cuivre, on a observé qu’elles en contenaient en fortes concentrations traduisant ainsi une mise
en solution (Jayesh, 2007).

L’isolement des espèces bactérienne acidophiles du type Acidithiobacillus ferrooxidans et


Acidithiobacillus thiooxidans par Colmer et Hinkel en 1947 à partir des drainages miniers a
permis d’établir une relation de cause à effet entre l’observation du caractère acide des
effluents miniers et la présence de bactéries très acidogènes. Ainsi, une nouvelle technologie
utilisant la capacité de certains microorganismes à catalyser l’oxydation des sulfures
métalliques naîtra et sera répandu sous le nom de biolixiviation ou biomining ou encore
biohydrométallurgie.

Depuis lors, de nombreuses possibilités sont aujourd'hui envisagées face aux traitements des
minéraux à faible teneur en métaux et face aux problèmes engendrés par le drainage minier
acide (DMA) ainsi que le drainage rocheux acide (DRA) par l'utilisation de la biolixiviation.
En effet, l'utilisation des bactéries permet la récupération de métaux dans des minerais à
faible teneur ou des résidus miniers qui ne pourraient pas être traités efficacement par la
pyrométallurgie dont l'utilisation tend à diminuer à cause de l'augmentation des coûts liés à
l'énergie et aux contrôles de pollution de plus en plus contraignants.

En somme, la biolixiviation est une technique sans impact sur l'environnement, nécessitant
moins d'énergie et un faible coût d'opération comparativement aux techniques physiques
conventionnelle (Picher, 2002).

21
II.2 Microorganismes impliqués dans la biolixiviation des sulfures métalliques

Les microorganismes sont représentés par diverses formes de vies dont les bactéries, les
champignons, les archéobactéries, et les protistes (des plantes microscopiques appelées algues
vertes et des animaux tel que le plancton, le planaire et l'amibe). Mais de toutes ces formes de
vie, les bactéries sont les plus importantes, c’est ainsi qu’on assimile les microorganismes aux
bactéries (Dupont, 2010).

II.2.1 Bactéries

La bactérie est un organisme vivant unicellulaire procaryote. La plupart des bactéries


possèdent une paroi cellulaire glucidique, le peptidoglycane. Les bactéries les plus grosses
mesurent plus de 2 µm et on considérait que les plus petites mesuraient 0,2 µm, mais il y a
peu on a découvert des ultramicrobactéries (Courcol, 2009).

Les bactéries sont ubiquistes et sont présentes dans tous les types de biotopes rencontrés sur
terre. Elles peuvent être isolées du sol, des eaux douces, marines ou saumâtres, de l’air, des
profondeurs océaniques, des déchets radioactifs, de la croûte terrestre, sur la peau et dans
l’intestin des animaux. Il y a environ 40 millions de cellules bactériennes dans un gramme de
sol et 1 million de cellules bactériennes dans un millilitre d’eau douce.

Parmi les différents types de bactéries, ce sont les bactéries dites chimiolithotrophes qui vont
être utilisées dans la biolixiviation des sulfures métalliques. Ces bactéries utilisent, en absence
de la lumière, l’oxydation de certaines substances minérales comme sources d’énergie pour
leur synthèse et leur croissance. Suivant le type de substrat métabolisé, le mode d’utilisation
du carbone et l’habitat, il existe une diversité parmi les bactéries chimiolithotrophes et parmi
celles-ci, les types Acidithiobacillus ont été reconnus comme responsables de la biolixiviation
des sulfures métalliques. Le type Acidithiobacillus a comme caractéristique principale de
croître dans certaines conditions d’acidité (parfois extrême), d’où le qualificatif
« acidophiles ».

Les bactéries chimiolithotrophes acidophiles peuvent être isolées dans des sources sulfureuse
géothermiques acides, dans des anciens terrils miniers, dans des eaux acides de mines.

22
Elles peuvent être réparties, en fonction de leur température optimale de croissance, en trois
groupes : les bactéries mésophiles, les bactéries thermophiles modérées et les bactéries
thermophiles extrêmes. Ci-après, nous donnons un résumé descriptif de celles qui ont un
potentiel important d’application dans la biolixiviation des sulfures métalliques, par leur
capacité à catalyser l’oxydation du soufre et du fer.

II.2.1.1 Bactéries mésophiles

Dans cette catégorie de bactéries chimiolithotrophes acidophiles, se trouvent principalement


le type Acidithiobacillus et le type Leptospirillum dont la température optimale de croissance
se situe en-dessous de 45°C. Dans le type Acidithiobacillus, on peut retrouver des sous-
groupes, principalement Acidithiobacillus ferrooxidans et Acidithiobacillus thiooxidans
(Karavaiko et al., 1995). Ces bactéries tirent leur énergie de l’oxydation des plusieurs
composés de soufre : soufre élémentaire, thiosulfate, sulfure, polythionates et sulfite mais
aussi de l’oxydation du fer.

a) Acidithiobacillus ferrooxidans

Cette espèce constitue sans doute la plus abondante et la principale en biolixiviation des
sulfures métalliques. Ce sont des tiges gram-négatives, soit polairement ou non flagellées
(Bosecker, 1997). Elles sont autotrophes puisqu’elles n’utilisent que le CO2 comme source de
carbone et chimiolithotrophes puisqu’elles tirent l’énergie nécessaire à leur croissance par
l’oxydation des composés minéraux de fer et de soufre. Quand elles oxydent les composés
soufrés, sulfure d'hydrogène, thiosulfate, polythionates ou le soufre élémentaire, elles
produisent des ions H+ et abaissent, ainsi, le pH du milieu, souvent en dessous de pH 2 et dans
certains cas, le pH atteint des valeurs inférieures à 1.

Il existe, dans cette espèce de bactéries mésophiles, différentes souches caractérisées par des
différences de physiologie, de morphologie ou de croissance en fonction de la cinétique
d’oxydation du fer. Au cours de l’oxydation du fer, il se trouve que l’accepteur initial
d’électron est une petite protéine contenant un atome de cuivre et appelée rusticyanine tandis
que l’accepteur final est l’oxygène. Dans cette chaîne de transport, il se trouve aussi impliqués
un cytochrome C périplasmique et un cytochrome a1 membranaire.

23
En effet, deux modèles de chaîne de transport d’électron ont été proposés, d’une part, par
Rowerder et al. (2003) et, d’autre part, par Blake et al. (2001). Dans le premier modèle,
(Figure 6a), le transport d’électron se fait via les substances acides glucuroniques (G-)
contenues dans les EPS (Substances Polymériques Extracellulaires) et illustrant ainsi le
mécanisme indirect tandis que dans le deuxième modèle, le transport d’électron se fait
directement à travers une protéine appelée l’aporusticyanine (Figure 6b) qui faciliterait le
transfert d’électron de la pyrite vers la cellule bactérienne.

a) b)

Figure 6 : Modèles de chaînes de transport d’électron au cours de l’oxydation de la pyrite


(source : Rowerder et al., 2003 ; Blake et al., 2001)

Notons qu’il a été démontré aussi que l’oxydation du soufre et/ou des composés soufrés
fournit plus d’énergie aux bactéries comparée à celle fournie par l’oxydation du fer
(Yu et al., 2001).

Soufre S0 + H20 + 3/2 02 →SO42- + 2 H+ ∆GO = - 786 kJ / mol (II.1)

Fer Fe2+ + H+ + 1/4 O2 →Fe3+ +1/2 H20 ∆GO = -33 à - 45 kJ/mol (II.2)

Certaines caractéristiques spécifiques à cette espèce bactérienne à savoir son adaptabilité aux
différentes conditions de milieu et aux hautes concentrations de métaux en solution couplée à
sa capacité à oxyder la plupart des sulfures d’intérêt métallurgique font de cette bactérie la
plus importante et la plus utilisée dans les applications de biolixiviation à l’échelle
industrielle.

24
b) Acidithiobacillus thiooxidans

Cette espèce bactérienne fait partie comme Acidithiobacillus ferrooxidans de la catégorie de


bactéries mésophiles. Sa morphologie et sa taille ressemble beaucoup à celles de
Acidithiobacillus ferrooxidans mais la différence réside dans le fait que cette espèce
bactérienne ne catalyse pas l’oxydation du fer mais plutôt celle du soufre élémentaire et ou de
ces composés (Picher, 2002).

c) Leptospirillum ferrooxidans (Figure 7)

Cette espèce bactérienne, spiralé et acidophile, utilisant le carbone du CO2 atmosphérique, ne


catalyse pas l’oxydation du soufre. Sa grande mobilité et son polymorphisme la différencie
des autres espèces bactérienne mésophiles. Elle puise son énergie de l'oxydation du fer
ferreux et de divers sulfures métalliques et a besoin de l'oxygène comme accepteur final
d’électrons. L'espèce Leptospirillum ferrooxidans est la plus souvent isolée des filtrats acides
et elle fut isolée pour la première fois en Arménie, par des chercheurs Markosyan. Elle est
résistante à des valeurs de pH acide avec une valeur optimale située autour de 3,0
(Picher, 2002).

Figure 7 : Image par Microscopie Electronique à Transmission (MET) de bactérie L. ferrooxidans cultivée sur du
fer ferreux (source. Rojas-Chapana J.A et Tributsch H., 2004)

25
Cependant, dans les applications industrielles de biolixiviation, il a été démontré que les
meilleurs rendements d’oxydation des sulfures métalliques sont obtenus avec des cultures
mixtes constituées d’espèces Acidithiobacillus et Leptospirillum provenant des sites naturels
par rapport à des souches individuelles correspondant à des espèces pures.

II.2.1.2 Bactéries thermophiles modérées

Isolées dans des zones géothermiques acides, cette catégorie de bactérie semble être de plus
en plus la plus prometteuse dans les applications industrielles actuelles de biolixiviation des
minerais sulfurés surtout ceux comprenant principalement la chalcopyrite comme minéral
sulfuré renfermant les métaux valorisables. Elles tirent leur énergie de l’oxydation du fer, des
espèces réduites du soufre et des sulfures métalliques pour leur croissance et leur température
optimale de croissance se situe entre 45 et 50°C.

Parmi les espèces les plus rencontrées dans cette catégorie de bactérie, on peut citer
Acidithiobacillus caldus, Sulfobacillus (tolérant jusqu’à 63°C), sulfobacillus
thermosulfidooxidans, Sulfobacillus acidophilus et Acidimicrobium (Norris, 1997).

II.2.1.3 Bactéries thermophiles extrêmes

Cette catégorie de bactérie acidophile est caractérisée par une température optimale de
croissance autour de 70°C. Les bactéries les plus rencontrées de cette catégorie sont des
sulfolobus qui se présentent sous forme de petites bactéries sphériques de 0,7 à 1,0µm de
diamètre. Elles tolèrent en outre des pH très acides (jusqu’à des valeurs de pH=0,8), ce qui les
différencie des autres catégories de bactéries acidophiles mésophiles et thermophiles
modérées. Par contre, elles tirent aussi l’énergie nécessaire à leur croissance de l’oxydation du
fer et celle des composés réduits du soufre et de sulfures métalliques. On retrouve dans cette
catégorie des espèces telles que Sulfolobus acidocadarius, Sulfolobus brierleyi et Sulfolobus
solfataricus (Norris, 1997). La capacité de cette espèce de bactérie acidophile à travailler dans
des conditions de température élevées est à la base des avancées actuelles dans la recherche et
le développement de la mise en œuvre des procédés de biolixiviation dans le sens de
l’amélioration des rendements d’extraction des métaux (Rawlings, 1997 ; 2005, Rawlings et
al., 2003).

26
II.2.2 Croissance bactérienne en milieu non renouvelé

La croissance d'une bactérie évolue en quatre phases (courbes de croissance) et s'étudie en


milieu liquide. Les caractéristiques des différentes phases de croissance peuvent être
graphiquement représentées par la courbe log N=f(t) (Figure 8), avec N le nombre de cellules
et t le temps .

Figure 8 : Courbe de croissance bactérienne en milieu non renouvelé.

- Phase de latence : le taux de croissance nul ( ), lors de l’inoculation d’un milieu


frais les bactéries ne se multiplient pas. La durée de cette phase est variable et dépend
de plusieurs facteurs comme par exemple l’âge de l’inoculum, la température ou la
composition du nouveau milieu plus ou moins éloigné de l’ancien. Cette phase est en
fait le temps nécessaire à la bactérie pour synthétiser les enzymes adaptées au nouveau
substrat.

- Phase exponentielle : le taux de croissance atteint un maximum ( ), cette


phase perdure tant que la vitesse de croissance est constante. Le temps de
dédoublement des bactéries est le plus court. La masse cellulaire est représentée par
des cellules viables (mortalité nulle). Cette phase possède des caractéristiques
intéressantes pour l’étude d’une espèce microbienne. En effet, la population est
homogène et chaque espèce possède presque les mêmes propriétés chimiques et
physiologiques.

27
- Phase stationnaire : le taux de croissance redevient nul ( ), les bactéries qui se
multiplient compensent celles qui meurent. Les éléments nutritifs sont limités à ce
moment et les déchets métaboliques s’accumulent en concentration importante.

- Phase de mortalité ou déclin : le taux de croissance est négatif ( ), toutes les


ressources nutritives sont épuisées. Il y a accumulation de métabolites toxiques. Il se
produit une diminution d’organismes viables et une lyse cellulaire sous l’action des
enzymes protéolytiques endogènes. Cependant, il persiste une croissance par libération
de substances libérées lors de la lyse.

La phase exponentielle présente des caractéristiques particulières nécessaires à l’étude d’une


espèce microbienne. En effet, étant donné que les microorganismes se divisent à un intervalle
de temps régulier, la population va se dédoubler après un intervalle de temps appelé temps de
génération . Cette population, au temps , est déterminée par l’équation (II.3) (Pisher,
2002) :
(II.3)
où : représente le nombre de cellule au temps
: représente le nombre initial de cellules ;

: représente le nombre de génération à l’intérieur de l’intervalle de l’intervalle de


temps
La valeur de est obtenue en calculant le logarithme de deux termes de l’équation (II.3) :

+ (II.4)

Il est possible de déterminer la vitesse de croissance moyenne en phase exponentielle


représentant le nombre de générations par unité de temps.

(II.5)

28
Si la population double c’est-à-dire = , alors, il est possible de calculer le temps de

génération à partir de l’équation (II.5) :

(II.6)

(II.7)

Ainsi donc, l’étude de la croissance microbienne nécessite l’observation périodique de la


croissance. Néanmoins, elle peut être réalisée à partir d’informations telles la quantité de
substrat consommée ou la quantité de produits formés.

II.3 Mécanismes de biolixiviation des sulfures métalliques

Deux mécanismes sont généralement décrits dans le processus de biolixiviation des sulfures
métalliques à savoir le mécanisme direct et le mécanisme indirect (Figure 9).

(a) Mécanisme direct

Les bactéries en contact avec le minéral sulfuré oxydent la phase sulfurée en sulfate par des
moyens biologiques directs sans exiger la présence d’ions ferriques ou ferreux (Shrihari et al.,
1995 ; Crundwell, 2003).

MS + ½ O2 + H2SO4 → MSO4 + H2O + S0 (II.8)

En général les sulfures sont insolubles dans les milieux lixiviants acides, tandis que leurs
sulfates sont presque tous solubles. La réaction se passe donc à l’interface entre le solide et la
phase aqueuse où sont inoculées les bactéries. La réaction se passe par contact de la bactérie
avec le minéral sulfuré solide de sorte que la cinétique dépend de la surface spécifique du
minéral et des produits qui se forment en surface, qui tendent souvent à gêner ce contact.

Le soufre qui se forme a tendance à passiver les particules solides et arrêter la dissolution des
sulfures. Il est éliminé en surface par oxydation catalysée par les bactéries selon la réaction
suivante :

29
S0 + 3/2 O2 + H2O → H2SO4 (II.9)

Cas de quelques minéraux sulfurés d’intérêt métallurgique (Dreisinger, D., 2006):

Pyrite : 4FeS2 + 15O2 + 2H2O → 2Fe2(SO4)3 + 2H2SO4 (II.10)


Chalcopyrite : 4CuFeS2 + 17O2 + 2H2SO4 → 4CuSO4 + 2Fe2(SO4)3 + 2H2O (II.11)
Chalcocite : 2Cu2S + 5O2 + 2H2SO4 → 4CuSO4 + 2H2O (II.12)
Covellite : CuS + 2O2 → CuSO4 (II.13)
Sphalérite : ZnS + 2O2 → ZnSO4 (II.14)

(b) Mécanisme indirect

Les bactéries oxydent les ions ferreux en ions ferriques et les ions ferriques oxydent ensuite le
minéral sulfuré. La réaction principale de dissolution des sulfures métalliques est une réaction
chimique entre le fer ferrique et les sulfures (Schippers et al., 1996):

MS + Fe2(SO4)3 → MSO4 + 2FeSO4 + S0 (II.15)

La bactérie régénère constamment le fer ferrique en solution par la réaction catalytique et le


soufre formé est, comme dans le premier mécanisme, oxydé par la bactérie en acide
sulfurique suivant la réaction (II.9).

Cas de quelques minéraux sulfurés d’intérêt métallurgique (Dreisinger, D., 2006) :

Pyrite : FeS2 + Fe2(SO4)3 → 3FeSO4 + 2S° (II.16)


Chalcopyrite : CuFeS2 + 2Fe2(SO4)3 → CuSO4 + 5FeSO4 + 2S° (II.17)
Chalcocite : Cu2S + 2Fe2(SO4)3 → 2CuSO4 + 4FeSO4 + S° (II.18)
Covellite : CuS + Fe2(SO4)3 → CuSO4 + 2FeSO4 + S° (II.19)
Sphalérite : ZnS + Fe2(SO4)3 → ZnSO4 + 2FeSO4 + S° (II.20)

30
Figure 9 : Mécanisme de contact et de non contact (Crundwell, 2003)

Notons que ces deux mécanismes sont sujets de beaucoup de controverses parmi les
chercheurs (Crundwell, 2003). Selon l’approche adopté dans la compréhension du mécanisme
de biolixiviation d’un sulfure métallique et tenant compte des conditions opératoires, les deux
mécanismes sont définis et interprétés différemment jusqu’à nuancer les termes direct et
indirect. C’est ainsi que le concept mécanisme direct a fait l’objet de beaucoup de discussions
et à l’heure actuelle, la plupart de chercheurs s’accorderaient à l’utilisation du concept de
mécanisme de contact indirect que celui de mécanisme direct.

L’approche de compréhension et de définition du mécanisme de biolixiviation des sulfures


par la notion de solubilité des sulfures métalliques en présence des ions H+ par Schippers et
al., 1999 a permis de définir deux mécanismes de biolixiviation à savoir le mécanisme dit de
thiosulfate et le mécanisme dit de polysulfure.

En effet, une propriété très importante qui gouverne le mécanisme de biolixiviation des
sulfures métalliques est la structure électronique de ces sulfures (Tributsh et Bennet, 1981 ;
Sand et al., 1998 ; 2001 ; Edelbro et al., 2003 ; Schippers, 2004). Ainsi, suivant le type de
sulfure métallique, surtout en ce qui concerne la nature de la liaison entre le S et l’atome
métallique, les sulfures de métaux seront attaqués par oxydation ou par protonation. Par
exemple, les bandes de valence du FeS2, MoS2 et WS2 étant uniquement issues des liaisons
chimiques entre les atomes métalliques, celles-ci ne contribuent pas à la liaison chimique
entre le métal et le soufre dans le cristal. La liaison M-S étant uniquement ionique (Welz et
Rosenburg, 1987, cité par Gounou, 2008), par conséquent, ces sulfures sont uniquement
altérables par oxydation, par exemple, par les ions Fe3+.

31
A l’inverse, les sulfures métalliques, tels que ZnS, PbS, MnS2 ou CuFeS2, ayant des bandes
de valence auxquelles les orbitales des métaux et du soufre contribuent sont acido-solubles
(Crundwell, 1988; Schippers et Sand, 1999).

On distinguera alors :

(a) La Lixiviation des sulfures de métaux acido-solubles

La lixiviation des sulfures de métaux acido-solubles est un processus chimique dans lequel les
ions ferriques et les protons interviennent. Le rôle des microorganismes est de produire les
composés chimiques et de créer les espaces dans lesquels les réactions de lixiviation peuvent
se produire (Rawlings, 2005).

Cette lixiviation dont le mécanisme de solubilisation est encore appelée mécanisme


polysulfure est réalisée par l’intermédiaire de l’attaque combinée des ions ferriques et des
protons avec le soufre élémentaire comme principal composé intermédiaire (Figure10)
(Schippers et Sand, 1999).

Figure 10 : Mécanismes de solubilisation des sulfures de métaux acido-solubles par attaque


chimique et microbiologique (Schippers et Sand, 1999)

32
En milieu acide et en présence de l’oxygène, les bactéries Acidithiobacillus ferrooxidans et
Leptospirilum ferrooxidans oxydent les ions ferreux en ions ferriques (Schippers et Sand,
1999) selon la réaction ci-après :

2 Fe2+ + 2H+ + ½ O2 → 2Fe3+ + H2O (II.21)

A leur tour, les ions ferriques produits réagissent avec le sulfure métallique selon la réaction
ci-après :
MS + Fe3+ + 2H+ → M2+ + H2S.+ + Fe2+ (II.22)

Puis par l’intermédiaire de H2S, le soufre élémentaire est formé, lequel est ensuite oxydé par
les bactéries de type Acidithiobacillus thiooxidans ou Acidithiobacillus caldus selon la
réaction ci-après :

0,125 S8 + 1,5 O2 + H2O → SO42- + 2H+ (II.23)

La lixiviation du sulfure métallique se fait alors par l’acide sulfurique ainsi produit, le rôle des
microorganismes se limitant ainsi à la régénération de cet acide et à la conservation du fer à
l’état ferrique pour une lixiviation oxydante du sulfure.

b) La lixiviation des sulfures de métaux acido-insolubles

La lixiviation de ces sulfures se fait uniquement par voie biologique et selon un mécanisme
dit de thiosulfate représenté à la Figure 11 ci-après (Schippers et Sand, 1999). Dans ce
mécanisme, la solubilisation est réalisée par oxydation des sulfures de métaux par le fer
ferrique produit comme précédemment par les micro-organismes. La réaction conduit à la
formation de thiosulfate comme produit intermédiaire principal et à la formation d’acide
sulfurique comme produit final. Ce type de mécanisme comparé à celui décrit précédemment
diffère du fait que les ions H+ produit au cours de la réaction ne participent pas à la lixiviation
du sulfure métallique comme c’est le cas pour la lixiviation des sulfures acido-solubles.

33
Figure 11 : Mécanisme de dissolution des sulfures de métaux acido-insolubles par attaque chimique et
Microbiologique (Schippers et Sand, 1999)

Les travaux de Crundwell (2003), consacrés à un passage en revue des mécanismes de


biolixiviation proposés par différents chercheurs ont aboutit à une conclusion selon laquelle
l’approche la plus réaliste dans la compréhension et la définition des mécanismes des sulfures
métalliques est celle qui tient compte de la cinétique des réactions mises en jeu compte tenu
du fait que les conditions dans lesquelles ces différentes expérimentations ont été menées sont
totalement différentes les unes par rapport aux autres.

Donc un parallélisme ou une analogie de mécanismes de biolixiviation de sulfures métalliques


ne pourrait être envisageable que quand ces conditions opératoires (température, pH,…) sont
scrupuleusement respectées et que le sulfure métallique considéré soit typiquement le même
surtout du point de vue minéralogique (structure cristalline, minéraux en présence,….).

C’est ainsi que selon cette approche, deux cas peuvent alors être dégagés à savoir :

a) Si le taux de dissolution des métaux est fonction de la couche de diffusion formée


autour des grains du minéral sulfuré (cas de la sphalérite), l’élimination de cette
couche de soufre par l’action des bactéries est le facteur déterminant
(Figures 12 a et b).

34
b) Si le taux de dissolution des métaux est fonction du pH à la surface du minéral sulfuré
(cas de la pyrite), l’augmentation de ce pH induite par l’action des bactéries attachée
au minéral sulfuré implique l’augmentation du taux de dissolution des métaux. Le pH
à la surface du grain du minéral sulfuré est alors le facteur le plus déterminant
(Figure 13).

Figure 12 : (a)Mécanisme de lixiviation chimique de la sphalérite avec formation d’une couche de soufre autour
des grains de sphalérite.
(b)Mécanisme de biolixiviation de la sphalérite : la couche de soufre est éliminée par l’action des bactéries
(source : Crundwell, 2003)

Figure 13 : Mécanisme de biolixiviation de la pyrite (source Crundwell, 2003)

35
Sand et al. (1995), quant à eux, considèrent l’approche de mécanisme de contact bactérie-
minéral selon laquelle la biolixiviation est amorcée par l’attachement de bactéries à la surface
du minéral. Ils tirent comme conclusion que l’attaque du minéral se fait de façon indirecte par
les ions ferriques à travers l’espace contenant des substances exopolymériques (EPS)
secrétées par les bactéries et par la production des ions ferreux et des ions thiosulfates qui
sont, à leur tour, oxydés sous forme de sulfates selon les réactions ci-après :

FeS2 + 6Fe3+ + 3H2O → 7Fe2+ + S2O32- + 6H+ (II.24)

S2O32- + 8Fe3+ + 5H2O → 8Fe2+ + 2SO42- + 10H+ (II.25)

Les ions ferreux sont alors rapidement oxydés en ions ferriques par des bactéries et recyclés à
travers la couche des EPS. Cette succession de réaction est connue comme étant le mécanisme
indirect via les ions thiosulfates.

Les conclusions des travaux de Rawlings D.E. et al. (1999) ont résumé les mécanismes
proposés de biolixiviation des sulfures métalliques en trois types ci-après (Figure 14):

a) Biolixiviation par mécanisme de contact (ou mécanisme direct) : les bactéries sont
attachées à la surface du minéral favorisant les conditions environnementales (pH, Eh)
et facilitant ainsi l’attaque électrochimique du minéral par les ions ferriques.

b) Biolixiviation par mécanisme de non-contact (ou mécanisme indirect) : les bactéries ne


sont pas attachées à la surface du minéral et leur action est strictement limitée à la
régénération des ions ferriques.

c) Biolixiviation par le mécanisme dit coopératif : il y a une coopération entre les


bactéries attachées à la surface du minéral et les bactéries libres en suspension dans la
phase liquide. Les bactéries attachées libèrent alors les ions ferreux par un processus
de mécanisme de contact, lesquels ions sont utilisés comme sources d’énergie par les
bactéries en solution (Rojas-Chapana et al., 1998).

36
Figure 14 : Mécanismes de biolixiviation de la pyrite avec A.ferrooxidans et L.ferrooxidans
(Source Rawlings, D.E. et al., 1999)

II.4 Adhésion des bactéries aux sulfures métalliques

Selon le mécanisme indirect de biolixiviation des sulfures métalliques décrit ci-haut, l’attaque
due à l’action biologique est induite par l’interaction entre la surface du sulfure métallique et
les produits métaboliques secrétés par les bactéries. Donc, cette attaque n’est pas directement
due à l’action des enzymes secrétés par les bactéries mais elle est plutôt due aux ions
ferriques, lesquels ions sont recyclés à travers la couche constituée de ces substances appelées
EPS (Extracellular Polymeric Substances). D’autre part, selon le mécanisme direct, les
bactéries adhéreraient d’abord à la surface du sulfure métallique et ensuite l’oxydation a lieu
par transfert d’électron des composés réduits de soufre (généralement le S2- ) vers l’oxygène
dissout par les bactéries adhérées. Ainsi, l’adhésion des bactéries à la surface du sulfure
métallique est une étape préliminaire au processus de lixiviation directe du sulfure métallique.

Différentes études expérimentales ont confirmé l’habilité des microorganismes impliqués


dans la biolixiviation des sulfures métalliques à adhérer aux surfaces minérales (Konishi et al.
1990; Dziurla et al. 1992; Ohmura et al. 1993) et ont démontré par ailleurs que, dans la
plupart des cas la dissolution du sulfure métallique était favorisée par l’augmentation de
l’adhésion bactérienne à la surface minérale, en occurrence dans le cas de la pyrite (Shrihari et
al. 1995; Dziurla, 1995 ;Dziurla et al. 1998; Savic et al. 1998, 1999).

37
II.4.1 Importance et rôle des EPS (substances polymériques extracellulaires) dans la
biolixiviation des sulfures métalliques

Les EPS sont très fréquemment évoquées dans la littérature comme intermédiaire de contact
entre les microorganismes et les surfaces des sulfures métalliques. Le recouvrement de la
surface par les EPS générerait un microenvironnement favorable à l’activation de l’oxydation
du fer ferreux (Figure 15). Par ailleurs, ils permettraient de concentrer les ions de fer ferriques
par complexation avec des acides uroniques ou avec d’autres résidus, au niveau de la surface
minérale.

Figure 15 : Attaque biogéochimique de sulfure métallique (source : Valdès et al., 2008)

Rohwerder et al. (2003) ont suggéré que l’interaction entre les bactéries A. ferrooxidans et la
pyrite serait contrôlée par l’affinité des cellules bactériennes pour le Fe3+ ou le Fe2+ présents
sur la surface du minéral. Cette affinité pourrait être due à une ou plusieurs protéines
membranaires intervenant dans le mécanisme d’adhésion (Figure 16, A et B).

La Figure 16A montre une vue d’ensemble d’une cellule bactérienne incrustée dans les EPS et
attachée à la surface de la pyrite via les interactions électrostatiques (CM Membrane
Cytoplasmique, PS Espace Périplasmique, OM Membrane Extérieure).

38
Figure 16 : Modèle de mécanisme de contact de la pyrite par A.ferrooxidans (source : Rohwerder et al., 2003)

La Figure 16B montre, quant à elle, les détails de la chaîne de transport de l’électron de la
pyrite à l’oxygène moléculaire comme le montrent les flèches. L’extraction de l’électron à la
surface de la pyrite est causée par les ions ferriques complexés par des résidus acides
glucoroniques (G-) contenus dans les EPS.

II.4.2 Considérations générales sur l’adhésion des bactéries à un support

D’une manière purement fondamentale et théorique, l'interaction d'une bactérie avec un


support peut conduire à la colonisation du support ou à la formation d'un biofilm. Ce
phénomène se fait selon un mécanisme séquentiel qui peut se subdiviser en trois grandes
étapes constituant le cycle de vie d’un biofilm, à savoir l’adhérence (réversible puis
irréversible), la maturation (formation de microcolonies, croissance et production
d’exopolymères) et détachement ((Houari, 2009), comme montré à la Figure 17 ci-après.

39
Figure 17 : Modèle de développement d’un biofilm bactérien (source : Ghigo, 2003).

a) Adhérence à un support

Les caractéristiques physico-chimiques du support, qui peut être un minéral comme dans
notre cas, et du milieu liquide servant de vecteur, qui est la solution de biolixiviation dans
notre cas, ont une influence non négligeable sur l’attachement des bactéries. Ces deux
constituant du système minéral-solution-bactérie forme un environnement idéal pour
l’attachement et la croissance des microorganismes.

Boyd et al. (2002) ont montré qu’un support possédant une forte rugosité de surface induisait
localement une diminution des forces de cisaillement et engendrait donc un meilleur
attachement qu’un support lisse. Tandis que lorsqu’il s’agit d’un milieu aqueux, Sheng et al.
(2008) et Donlan (2002) ont montré que des modifications de pH, de concentration en
nutriment, de force ionique, de température et de vitesse du milieu aqueux ont une influence
sur l’adhérence bactérienne. Puisque le système minéral-solution-bactérie évolue et n’est
donc pas statique, les théories sur l’adhésion sont parfois sujettes à controverse étant donné
que les caractéristiques physico-chimiques du minéral et de la solution avec laquelle il est en
contact varient au cours du temps.

40
La surface du support solide est soumise d’abord à un conditionnement ou formation d’un
film primaire suite au passage des molécules inorganiques ou organiques comme les
protéines, les carbohydrates ou les lipides de la phase liquide à la phase solide (Donlan,
2002). Garrett et al. (2008) ont montré que l’établissement de ce film primaire va faciliter
l’adsorption des microorganismes sur la surface solide car les charges, les potentiels et les
tensions de surface sont souvent modifiés favorablement améliorant ainsi l’ancrage et
l’accessibilité aux nutriments.

L’attachement initial de la bactérie au support solide est facilité par les forces
hydrodynamiques, le chimiotactisme et les interactions hydrophobes, les bactéries étant
transportées de la phase liquide vers le support solide conditionné par deux types de
mécanismes. Le premier est un transport passif et aléatoire sous l’effet des forces physiques
hydrodynamiques comme les forces de flux. Le second est plus actif et plus spécifique car un
certains nombre de bactéries sont capables de détecter la présence de nutriment via des
récepteurs de surface et de se mouvoir grâce à des appendices bactériens comme les flagelles.
La bactérie planctonique peut ainsi modifier sa trajectoire en fonction de son environnement
chimique et sera attirée par les nutriments (Lux et Shi, 2004).

Les théories DLVO (Derjauin-Landau-Verwey-Overbeek) et DLVO étendues servant à


décrire la stabilité des systèmes colloïdaux sont utilisées pour expliquer l’adhérence réversible
des bactéries tout en prenant en compte entre autre la distance entre la bactérie et le support
(Chen, 2000), laquelle distance détermine l’intensité des forces d’attraction et de répulsion
mises en jeu. Ces forces peuvent être des forces de flux, des forces de répulsion stériques, des
forces d’attraction et de répulsion électrostatiques et des attractions hydrophobes.

A ce stade d’adhésion initiale, la bactérie est faiblement accrochée à la surface et elle va se


décrocher si les forces répulsives sont supérieures aux forces attractives. Garrett et al.
(2008) et Donlan (2002) ont montré que les forces mises en jeu à cette étape sont des
interactions hydrophobes, électrostatiques . Les interactions hydrophobes semblent avoir une
importance particulière car elles pourraient permettre de surmonter les répulsions
électrostatiques entre les cellules et la surface conditionnée.

41
Les bactéries qui sont accrochées de façon irréversible restent, quant à elles, immobilisées et
adhèrent de façon irréversible au support. Van der Mei et al. (2008) ont montré que cette
transition entre les deux états se fait grâce à des interactions spécifiques entre des facteurs
d’adhérence bactériens et des molécules adsorbées sur le support et/ou à la synthèse
d’exopolymères par les bactéries adhérentes.

b) Maturation du biofilm

Au cours de cette étape, la taille de la structure augmente progressivement car les bactéries
fixées vont augmenter leur nombre en se multipliant et en recrutant de nouvelles bactéries
provenant de la phase liquide (bactéries planctoniques). Ce phénomène de croissance entraîne
ainsi la colonisation de la surface et les bactéries vont former des agrégats bactériens qui
portent le nom de microcolonies. En plus de cette croissance, elles vont secréter un
microenvironnement, une matrice extracellulaire qui va leur assurer une protection contre le
stress, une zone nutritionnelle privilégiée et une communauté où la communication amène
l’évolution et la survie.

Le biofilm est alors formé car les deux paramètres indispensables à la constitution d’un
biofilm sont présents : la multiplication microbienne sur une surface et la production d’une
matrice d’exopolymères, l’augmentation de la taille de la structure via la multiplication
cellulaire et la synthèse importante de matrice correspondant à l’étape de maturation du
biofilm. Les exopolysaccharides ou hydrates de carbone représentant une forte proportion des
exopolymères jouent un rôle important dans le processus de maturation.

c) Détachement

Les bactéries regroupées sous la forme de biofilm peuvent au cours du temps s’en détacher de
manière passive ou active. Le détachement peut, en effet, résulter d’un décrochage physique
lorsque les forces de flux sont supérieures à la résistance et à la cohésion du biofilm ou des
bactéries elles mêmes sous l’action de divers signaux internes ou environnementaux. Il faut
noter que le détachement porte différents noms selon la taille des fractions qui retournent dans
la phase liquide.

42
Le terme « sloughing » désigne le détachement de grosses particules de tailles équivalente à
l’épaisseur du biofilm n’affectant que des parties particulières du biofilm ou encore l’érosion
et l’abrasion se produisant sur l’ensemble de la surface du biofilm et induisant le détachement
de plus petits morceaux. L’érosion est due à l’application des forces de cisaillement du liquide
en mouvement et l’abrasion est la résultante de collisions entre particules contenues dans le
liquide et la surface du biofilm (Houari, 2009).

L’autre façon d’augmenter l’expansion géographique du biofilm est le détachement actif de


microorganismes. Ce processus est plus complexe car les cellules bactériennes sessiles
doivent retourner à un phénotype planctonique et se détacher des composés de la matrice pour
retourner à la phase liquide. Contrairement au détachement passif, ce détachement actif ne
résulte pas uniquement de l’action des forces hydrodynamiques mais est induit par un stress
nutritionnel, par une densité de population trop importante ou par une exposition à des
antimicrobiens. La dispersion active des bactéries du biofilm met en jeu la production
d’enzymes microbiennes pour dégrader les polysaccharides qui lient le biofilm. La matrice
localement dégradée permet la libération des bactéries. Simultanément, des opérons codant
pour des protéines de flagelles sont surexprimés. Ces actions conjointes libèrent donc les
microorganismes de leurs attaches, restaurent leur mobilité pour retourner dans la phase
liquide et pour recommencer un cycle de colonisation sur un autre site (Houari, 2009).

II.5 Paramètres influençant la biolixiviation des sulfures métalliques

La biolixiviation des sulfures métalliques est un processus qui met en jeu trois acteurs à savoir
le sulfure métallique (ou le minéral), la bactérie et la solution (ou le milieu aqueux). Les
différentes caractéristiques liées à ces trois acteurs vont conditionner le processus global de
biolixiviation.

Ces caractéristiques ou paramètres peuvent être regroupés en quatre catégories : les


paramètres physicochimiques, les paramètres microbiologiques, les propriétés du minéral et
les caractéristiques technologiques liées à l’équipement ou au réacteur de biolixiviation. Ci-
après nous donnons et commentons quelques paramètres en se référant à quelques travaux
effectués et repris dans la littérature.

43
II.5.1 Type de microorganismes

La biolixiviation, défini comme étant un processus d’attaque et de dissolution des sulfures


métalliques catalysée par l’action des microorganismes et dont l’activité dépend de plusieurs
paramètres comme le pH, la température et la concentration en éléments métalliques,
dépendra du type de microorganismes impliqués. Donc, le type de micro-organismes et leurs
relations détermineront le rendement de dissolution des sulfures métalliques.

Dans les procédés hydrométallurgiques, les types de microorganismes qui sont largement
utilisées sont des bactéries mésophiles et des bactéries thermophiles dont la caractéristique
principale est la croissance dans des conditions de pH très acides et des gammes de
température de 30-40°C et 45-80°c respectivement pour les mésophiles et les thermophiles.

Notons aussi qu’il a été démontré que l’utilisation d’un consortium constitué de plusieurs
souches bactériennes est plus avantageuse que l’utilisation d’une souche pure constituée d’un
seul type de bactéries.

Ainsi, par exemple, en ce qui concerne la dissolution de la pyrite, il a été observé que le
consortium Leptospirillum sp, Acidithiobacillus caldus et Ferroplasma sp conduit à une plus
grande dissolution que lorsque Leptospirillum sp seule ou en présence de A. caldus
(Okibe et Johnson, 2004).

De même, la présence simultanée de A. caldus et Sulfobacillus thermosulfidooxidans dissout


99,9 % du Fe de l’arsenopyrite, alors que seulement 36% du Fe est dissous en présence de S.
thermosulfidooxidans (Dopson et Lindström, 1999). Cependant, en présence de A. caldus, la
quantité de S0 n’augmente pas de façon significative. Selon ces derniers auteurs, l’addition de
A. caldus modifierait l’efficacité de lixiviation de l’arsénopyrite selon trois mécanismes :

- l’oxydation du soufre augmente le taux de lixiviation de l’arsénopyrite en éliminant la


couche de soufre à la surface du minéral, rendant accessible le Fe à l’attaque
biologique, par un contact entre minéral et bactéries,

44
- production de métabolites organiques tels que des cétoacides qui stimulent la
croissance microbienne autotrophe et mixotrophe,

- production d’agents de surface actifs dans la solubilisation du S0. En effet, il a été


également observé qu’ A. caldus produisait de tels agents de surface favorisant ainsi la
dissolution du S0 (Dopson et Lindström, 1999).

Batty et al. (2006) ont comparé le taux de dissolution du cuivre au cours de la biolixiviation
de la chalcopyrite avec deux types de microorganismes à savoir les mésophiles et les
thermophiles et ils ont conclu que le meilleur taux de dissolution du cuivre est obtenu avec les
thermophiles qu’avec les mésophiles.

II.5.2 Eléments nutritifs

Les bactéries, comme tous les autres êtres vivants ont besoin de se nourrir pour leur
croissance et selon la quantité de nutriments disponibles et la qualité de ceux-ci, le taux de
croissance des bactéries variera et donc la capacité à catalyser les réactions d’oxydation des
sulfures métalliques variera aussi. Deux composants nécessaires à la croissance des
microorganismes sont l’ammonium comme source d’azote et le phosphate comme source de
phosphore, en plus de deux autres éléments à savoir le potassium et le magnésium qui
proviennent souvent du sulfure métallique biolixivié.

Les microorganismes impliqués dans la biolixiviation des sulfures métalliques sont


généralement autotrophes et chimiolithotrophes (Bosecker, 1997; Picher, 2002). Les
composés inorganiques réduits tel que le fer ou le soufre sont oxydés pour la production
d’énergie. Le CO2 atmosphériques sert de source de carbone. Une grande quantité de matière
organique dans le milieu de culture sera néfaste à la croissance de ces organismes
(Nagpal, 1996).

Il a été aussi démontré que lors d’une opération industrielle de biolixiviation, que ce soit en
cuves agitées ou en tas, la population bactérienne évolue en nombre et en qualité au cours du
temps et même en différents points du réacteur et l’efficacité du processus de biolixiviation en
dépend (Dew et al., 1997).

45
Il est dès lors recommandé de suivre l’évolution de la population bactérienne afin de
rentabiliser l’extraction des métaux au cours d’un processus de biolixiviation à l’échelle
industrielle et cela par le contrôle des éléments nutritifs en présence (Wakeman et al., 2008)

Généralement, pour une opération industrielle, les éléments nutritifs proviennent du minerai à
traiter mais pour rendre plus efficace la lixiviation, il est essentiel d'ajouter par exemple des
sels d'ammonium et de phosphate (Bosecker, 1997; VanAswegen et Marais, 1999). L’ajout de
ces réactifs entraîne une augmentation des coûts d’opération liés à la mise au point des
procédés de biolixiviation (Picher, 2002).

II.5.3 Oxygène dissous

Le transfert d’oxygène dans l’ensemble de la masse réactive est un paramètre très important
dans le processus de biolixiviation, l’oxygène étant nécessaire au cours des réactions
chimiques et biologiques des sulfures métalliques. La molécule d’oxygène étant l'accepteur
final des électrons enlevés aux molécules de substrat oxydé, la présence ou même l'addition
d'oxygène est essentiel à la croissance des bactéries et au bon fonctionnement des réactions
métaboliques de biolixiviation.

Ce paramètre est aussi fonction de la technique de biolixiviation utilisée, soit en cuves agitées
ou soit en tas, dans la mesure où une bonne agitation couplée à une meilleure aération est
nécessaire dans le cas d’une biolixiviation en cuves agitées et dans le cas de la biolixiviation
en tas, une meilleure aération de l’ensemble du tas s’avère indispensable. Ce paramètre est
aussi à la base des coûts opératoires très importants observés dans le cas de la biolixiviation
en cuves agitées (car nécessitant une demande en énergie très élevée). Ce paramètre explique
aussi pourquoi la biolixiviation en cuves agitées reste encore appliquée à l’échelle de
laboratoire et/ou pilote (Van Staden, 2008).

II.5.4 Température et pH

La température et le pH du milieu influencent significativement la composition de la


communauté bactérienne. Les microorganismes impliqués dans la biolixiviation des sulfures
métalliques sont regroupés en trois classes :

46
les mésophiles, les thermophiles modérés et les thermophiles extrêmes dont la température
optimale de croissance est comprise entre 35-40°C, 45-55°C et 60-85°C respectivement.
Mais ces domaines de température ne sont pas strictement limités. Par exemple, en ce qui
concerne les bactéries thermophiles modérés de type sulfobacillus thermosulfidoxidans dont
le domaine de température optimale de croissance est de 45-50°C peut croître aussi à 35°C
(Norris, 1997 ; Foucher et al.,2001).

En pratique, lors d’une opération industrielle de biolixiviation, il peut coexister plusieurs


types de microorganismes en présence (Brierley, 1997) de sorte qu’il devient nécessaire de
contrôler la température au cours de la biolixiviation.

Par ailleurs, le pH influence largement la composition des microorganismes du fait que


chaque type de microorganisme est caractérisé par un pH optimal de croissance. En effet, une
étude menée par Edwards et al. (1999) sur l’évolution des communautés microbiennes dans
des eaux de drainage extrêmement acides d’une mine a montré qu’au mois de janvier 95 %
des bactéries n’étaient pas des archéobactéries alors qu’en juillet-août 50 % de la population
microbienne était composé d’archéobactéries. Ainsi sous l’influence du pH et de la
température A. ferrooxidans est la plus abondante lorsque le pH est de 2,5 et la température
de 20°C alors que l’inverse est observé à pH 0,5. L. ferrooxidans est la plus abondante lorsque
le pH est compris entre 0 et 3 et la température comprise entre 20 et 50°C.

Des travaux de Patel et al. (2012) menés dans le but d’optimiser l’extraction du Cu et du Zn
au cours de la lixiviation d’un concentré polymétallique avec des ions ferriques biorégénérés,
ont montré que le pH constitue un des paramètres opératoires les plus importants. Ainsi,
lorsque le pH variait entre 1,2 et 2,0, les deux métaux étaient extraits avec des taux différents
et les solubilisations les plus élevées des deux métaux ont été obtenues à pH=1,8.

En outre, chaque espèce bactérienne est caractérisée par une température optimale de
croissance. Pour les bactéries mésophiles, par exemple, cette température se situe entre 25 et
45°C. Des températures trop élevées dénaturent les enzymes et entraînent indirectement la
déstabilisation de la membrane cellulaire et l'augmentation de la sensibilité envers l'effet
toxique du fer ferrique (Picher, 2002).

47
Costa et al. (2003) ont étudié l’effet de la température sur la biolixiviation d’un rejet de
flottation d’origine portugaise avec T.ferrooxidans en présence ou non des ions ferriques. Ils
ont montré que les taux d’extraction du Cu et du Zn étaient fonction de la température et cela
en rapport avec les ions ferriques.

Wang et al.. (2008) ont étudié l’effet de la température sur le taux d’oxydation des ions
ferreux et sur l’évolution de la population bactérienne au cours de la biolixiviation de la
chalcopyrite et de la bornite avec Acidithiobacillus ferrooxidans. Ils ont montré que la
température optimale de croissance des bactéries correspondant à un taux élevé d’oxydation
des ions ferreux était de 30°C.

II.5.5 Granulométrie et densité pulpe

La surface totale disponible à l’attachement des bactéries influence énormément le taux


d’extraction des métaux par biolixiviation à partir de leurs minerais. Une diminution de la
grosseur des particules minérale entraîne une augmentation de la surface spécifique disponible
sans en augmenter la masse (Bosecker, 1997; Picher, 2002). En général, il a été admis que le
pourcentage en poids des solides limite toléré par les bactéries est de 20% pour les mésophiles
et 12,5% pour les thermophiles.

En outre, il a été aussi démontré qu’au cours de la biolixiviation en cuves agitées, lorsque la
densité de pulpe augmente, la croissance bactérienne devient gênée du fait de la limitation de
transfert d’oxygène ou de CO2 , de stress métabolique et de la mise en solution des grandes
quantités des métaux toxiques vis-à-vis des microorganismes lixiviants (Bailey et Hansford,
1993). Cette croissance bactérienne étant un paramètre important en ce qui concerne l’action
catalytique des bactéries impose donc la cinétique d’oxydation des sulfures métalliques.

Harrison et al. (2003) ont étudié l’effet de la densité de pulpe sur l’évolution de la population
bactérienne lors d’un processus de biolixiviation avec saccharomyces cerevisiae et ont noté
que l’augmentation de la densité pulpe avait un effet néfaste sur la croissance bactérienne.

48
Les résultats obtenus au cours d’une expérimentation menée par Liu et al. (2006) en vue
d’étudier la faisabilité de traitement par biolixiviation d’un rejet minier de la province de
Hunan en Chine et contenant des métaux valorisables Cu, Zn et Pb, ont démontré que la
densité de pulpe était un paramètre ayant une grande influence sur l’extraction des métaux. En
effet, pour des densités de pulpes variant de 1 à 10%, les bonnes extractions des métaux Cu,
Zn et Pb étaient obtenues avec la densité de pulpe de 1%. Ils conclurent alors que la densité
pulpe jouait un rôle important dans la formation de sulfate, la production de l’acide et
l’inhibition de l’activité bactérienne au cours de la biolixiviation. Des rendements de 98.08%
Zn, 96.44% Cu, et 43.52% Pb étaient obtenus avec la densité de pulpe de 1% après 13 jours
de biolixiviation.

Valencia et al. (2003) ont étudié également l’effet de la granulométrie sur le taux de
solubilisation du fer au cours de la biooxidation d’un concentré de pyrite aurifère avec
sulfolobus metallicus à différentes densités de pulpe. Ils ont conclu que le taux de
solubilisation du fer variait avec la granulométrie et la densité de pulpe. Le taux de
solubilisation du fer le plus élevé était obtenu avec la granulométrie de – 38µm et 2,5% (w/v)
de densité de pulpe.

II.6 Applications des procédés de biolixiviation à l'échelle industrielle

La biolixiviation utilise deux principales voies ou techniques d’extraction des métaux


contenus dans leurs minéraux (Morin D. et al, 2006):

- L’une de ces voies, dite statique, consiste à faire percoler des solutions acides à
travers le minerai, que ce soit in situ, disposé dans des vallons aux parois
imperméables après une réduction de la taille des grains (procédé appliqué aux déchets
miniers en particulier) ou en tas sur des aires étanches réutilisables ou non pour ce qui
concerne les minerais à faible teneur.

- L’autre voie d’application de la biolixiviation, dite dynamique, commence par un


broyage fin du minerai, la concentration des sulfures porteurs du métal d’intérêt et
ensuite le traitement par biolixiviation proprement dit, dans une série de cuves, du
concentré sulfuré mis en pulpe dans une solution aqueuse. Chacune des cuves est
agitée par un système mécanique et oxygénée par injection d’air.

49
II.6.1 Biolixiviation en Dump (Dump bioleaching)

L’application de cette technique de biolixiviation remonte déjà d’il y a une cinquantaine


d’année et s’avère être une des plus importantes pour l’industrie minière du cuivre. Elle
consiste à fracturer des roches minérales relativement pauvres (moins de 0.5% Cu), les placer
en dump puis les arroser avec des solutions acides dans les conditions favorisant la croissance
des microorganismes. Une liqueur riche en cuivre est recueillie à la base du dump et est
envoyée vers l’usine d’extraction par solvant et électrolyse (SX-EW) pour la production des
cathodes. Un exemple de cette technique de biolixiviation a été initié en 2006 par BHPBilliton
au Chili à Escondida Mine pour une production projetée de 180 0000 à 200 000 tonnes de
cathodes de cuivre (Brierley, 2008).

II.6.2 Biolixiviation en tas (Heap bioleaching)

Ce procédé est sans doute le plus utilisé et a un impact considérable pour le traitement de
minerais des métaux de base comparativement à la biolixiviation en cuve (Neale J.W. et al.,
2011). Cette technique tire son origine au Chili lorsqu’on a adapté la technique de traitement
par lixiviation en tas des minerais oxydés à faible teneur au traitement des minerais sulfurés
secondaires de cuivre. Cette technique a été, dès lors, beaucoup développée au Chili et en
Australie et récemment elle a été appliquée au traitement des minerais sulfurés
polymétalliques contenant le nickel, le cuivre, le zinc et le cobalt à Talvivaara en Finland
(Riekkola, 2007, Wakeman et al., 2008).

Les connaissances des réactions se déroulant au cours du processus de biolixiviation ont fait
que cette technique a été appliquée avec succès au traitement des minerais sulfurés primaires
contenant des minéraux comme la chalcopyrite. Mintek (RSA) et BHP Billiton (Chili) sont
parmi les premiers à appliquer industriellement cette technique sur des minerais sulfurés
primaires (Van Staden et al., 2008).

Le tableau 2 ci-après présente une liste non-exhaustive des compagnies industrielles utilisant
cette technique.

50
Tableau 2 : Liste des compagnies industrielles dans le monde utilisant la biolixiviation en tas (source : Brierley,
2008)

Industrial heap bioleach plant and location/owner Cathode copper Operational status
production/(t·a−1)

Lo Aguirre, Chile/Sociedad Minera Pudahuel Ltda 15 000 1980−19 (mine closure


due to ore deposit
depletion)
Mount Gordon (formerly Gunpowder), Australia/Western Metals Ltd. 33 000 1991−Present
Mt. Leyshon, Australia/(formerly Normandy Poseidon) 750 1992−1995 (stockpile
depleted)
Cerro Colorado, Chile/BHPBilliton 115 000 1993−Present
Girilambone, Australia/Straits Resources Ltd & Nord Pacific Ltd. 14 000 1993−2003 (ore depleted)

Ivan-Zar, Chile/Compañía Minera Milpro 10 000-12 000 1994−Present


Punta del Cobre, Chile/Sociedad Punta del Cobre, S.A. 7 000-8 000 1994−Present
Quebrada Blanca, Chile/Teck Cominco Ltd. 75 000 1994−Present
Andacollo Cobre, Chile/Aur Resources, del Pacifico & ENAMI 21 000 1996−Present
Dos Amigos, Chile/CEMIN 10 000 1996−Present
8 000 1996-Present
Skouriotissa Copper Mine (Phoenix pit), Cyprus/
Hellenic Copper Mines
150 000 1998-Present
Zaldivar, Chile/Barrick Gold Corp.
60 000 1998-Present
Lomas Bayas, Chile/XSTRATA plc
54 200 1997-Present
Cerro Verde, Peru/FreeportMcMoran & Buenaventura
27 000 1991-Present(sulfide
Lince II, Chile/
bioleaching since ~1996)

Monywa, Myanmar/Ivanhoe Mines Ltd,


40 000 1998-Present
Myanmar No.1 Mining Enterprise
16 000 1998-Present
Nifty Copper, Australia/Straits Resources Ltd.
25 000(projected) 2000-2001 Failed
Equatorial Tonopah, Nevada/Equatorial Tonopah, Inc.
380 000 2001-Present
Morenci, Arizona/FreeportMcMoran
Projected at 27 000 2006-Present
Lisbon Valley, Utah/Constellation Copper Corporation
10 000 2006-Present
Jinchuan Copper, China/Zijin Mining Group Ltd.
200 000 Commissioned 2007
Spence, Chile/BHPBilliton
17 000 2006-Present
Whim Creek and Mons Cupri, Australia/Straits Resources

51
II.6.3 Biolixiviation en cuve

Le procédé de biolixiviation en cuve a été longtemps appliqué au traitement de minerais


sulfurés contenant l’or, celui-ci se trouvant encapsulé dans une matrice réfractaire. C’est le
cas de la technologie BIOX soumise à une étude pilote par la compagnie Gencor et utilisant
l’oxydation biologique de sulfure afin d’altérer le minerai contenant l’or (Billiton, 2001).
Cependant, cette technologie n’a pas été beaucoup appliquée au traitement des minerais
contenant les métaux de base compte tenu des coûts opératoires surtout en ce qui concerne les
frais liés à l’agitation de la pulpe dans les cuves de biolixiviation. Ce n’est que récemment que
la technique de biolixiviation en cuves a été appliquée au traitement d’un rejet pyriteux
contenant du cobalt à Kasese en Ouganda par BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et
Minières). Cette technique est aussi préférée par rapport à la technologie classique de
pyrométallurgie dans le cas de traitement des concentrés sulfurés polymétalliques ou des
concentrés contenant des éléments comme l’arsenic. C’est le cas d’une usine pilote à
Monterrey au Mexique qui traite un concentré sulfuré polymétallique contenant le cuivre, le
zinc et le plomb (Brierley, 2008 ; Neale et al., 2011).

Le tableau 3 ci-après présente une liste non exhaustive des compagnies utilisant la technique
de biolixiviation en cuve.

52
Tableau 3 : Liste des compagnies industrielles dans le monde utilisant la biolixiviation en
cuve (source: Brierley, 2008)

Industrial stirred-tank biooxidation/bioleach plant, location and owner Design capacity/t Operating years

Fairview, Barberton, South Africa/Barberton Mines Ltd. 55 1986-Present

Sao Bento, Brazil/Eldorado Gold Corp. 380 1991−Present


Harbour Lights, Western Australia 40 1991−1994
Wiluna, Western Australia/Agincourt Resources Ltd. 158 1993−Present
Ashanti, Obuasi, Ghana/AngloGold Ashanti Limited 960 1994-Present

Youanmi, Western Australia/Goldcrest Resources 120 1994−1998


Kasese, Uganda/Kases Cobalt Company 250 1999−Present
Tamboraque, San Mateo, Peru/Iamgold Corp. and Minera Lizandro Proano SA 60 1998−2003
(Restarted in 2006)
Beaconsfield, Tasmania, Australia/Beaconsfield Gold NL ∼70 2000−Present

Laizhou, Shandong Province, China/Sino Gold Ltd. ∼100 2001−Present

Suzdal, Kazakhsan/Celtic Resources Holdings Ltd. 196 2005-Present

Fosterville, Victoria, Australia/Perseverance Corporation, Ltd. 211 2005-Present

Bogoso, Ghana/Golden Star Resources 750 2006-Present

Jinfeng, China/Sino Gold Ltd and Guizhou Lannigou Gold Mine Ltd. 790 2006-Present

Kokpatas, Uzbekistan/Navoi Mining and Metallurgy 161 069 2008-Present

53
II.7 Métaux extraits par biolixiviation

II.7.1 Cuivre

Les gisements de cuivre résultent d’activités géothermales qui ont généré principalement des
sulfures dont le minéral majoritaire est la chalcopyrite (CuFeS2), porteur de cuivre dit
primaire (Morin et al, 2006).

La chalcopyrite est beaucoup plus réfractaire à la dégradation chimique d’une manière


générale et à la biolixiviation en particulier. Pendant très longtemps, on a observé que, dans
des conditions oxydantes et à température modérée (30 à 40 °C), il se produit une passivation
de la surface du sulfure, et récemment il a été clairement identifié que c’est une couche de
jarosite, hydroxy-sulfate de fer ferrique, qui inhibait la poursuite de son attaque
(Parker et al., 2003).

La jarosite étant d'autant plus présente que la concentration en fer ferrique est élevée, c’est à
un potentiel électrochimique modéré que l’on parvient à oxyder la totalité de la chalcopyrite.
Des micro-organismes thermophiles (60 à 80 °C) ont la faculté d’exploiter l’oxydation de la
chalcopyrite dans ces conditions (Vilcáez et al. 2008) et la découverte de cette capacité a
renouvelé l’intérêt de la biolixiviation.

C’est au Chili que l’on a vu la mise en place d’opérations de taille considérable pour
augmenter la production de cuivre de ce pays qui en est l’exportateur principal. Par exemple,
à Escondida, dans le désert d’Atacama, majoritairement sous contrôle de la compagnie BHP
Billiton, l’installation de biolixiviation en tas de minerai pauvre fait 5 kilomètres de long, 2 de
large et, à son achèvement, plus de 100 mètres de haut. Il est extrait près d’un million de
tonnes de minerai chaque jour des deux mines à ciel ouvert exploitées, et le tas final
représentera une masse de plus d’un milliard de tonnes de minerai. La production nominale de
cette unité est de 180 000 tonnes de cuivre électrolytique par an. Les principaux opérateurs de
la biolixiviation en tas au Chili sont Codelco, BHP Billiton et Barrick Gold (Morin et al,
2006).

54
La biolixiviation des minerais de cuivre est pratiquée actuellement dans beaucoup de pays
comme le Chili, le Mexique, le Peru, la Russie, l’Australie, le Canada et les USA. La part de
la biolixiviation dans la production mondiale de cuivre représente 25% ( Brierley, 2008).

II.7.2 Nickel

La forte demande en nickel de ces dernières années, due à l’accroissement très significatif de
la production d’acier de la Chine, a conduit à une recrudescence d’intérêt pour l’exploration
de nouvelles ressources et à la recherche de nouvelles technologies pouvant permettre une
production supplémentaire et ainsi faire face à cette demande. Et de plus en plus, les
gisements disponibles renferment des minerais pauvres et ou complexes se prêtant
difficilement aux procédés conventionnels d’extraction du nickel.

La majorité des réserves de minerais de nickel est sous forme de sulfures, suivant les
estimations d’Eramet (2006). La pentlandite (Fe Ni)9S8, généralement associée à la pyrrhotite
(Fe 1-x S), est le minéral sulfuré qui a la plus grande valeur économique.

Une particularité des minerais de pyrrhotite est leur grande réactivité à l’oxygène de l’air et
leur forte demande en acide lors de l’oxydation. En présence d’eau et d’air, ils produisent
naturellement du fer ferreux et du soufre élémentaire qui sont autant de combustibles pour une
activité microbienne dont le développement permet de libérer le nickel et bien d’autres
métaux associés comme le cuivre, le cobalt, le zinc et les platinoïdes ( Rawlings, 2002).

Devasia et al. (2004) ont noté que ces nouvelles technologies en occurrence
biohydrométallurgiques sont potentiellement intéressantes car étant simples et de faibles coûts
d’investissement contrairement aux procédés conventionnels.

Hunter (2002) a décrit un procédé de bioheap de nickel, Radio Hill située en région de Pilbara
à l’Ouest de l’Australie, traitant un minerai cupro-nickelifère du gisement de Mt Sholl,. Le
minerai titrant 0,92% Cu ; 0,67% Ni ; 11,1% Fe ; 4,05% S et 2,3% Al est traité avec une
souche de bactérie sulfo-ferrooxydante (Figure 18).

55
Figure 18 : Photographie montrant les installations de bioheap de Radio Hill en Australie
(source : Pradhan et al., 2008)

Une autre application industrielle de bioheap traitant des minerais sulfurés de nickel à
Talvivaara (Riekkola, 2007) (Figure19) est l’une des plus importantes en Europe. Il traite un
minerai titrant 0,27% Ni ; 0,56% Zn et 0.14% Cu et renferme les minéraux principaux
suivants : pyrrhotite, pyrite, sphalérite, pentlandite, violarite, chalcopyrite et graphite. La
pentlandite contient 80% de nickel total et le reste est porté par la pyrite (8%) et la pyrrhotite
(12%). Les minéraux de la gangue sont majoritairement constitués de quartz, mica, anorthite
et de microcline. Les minerais traités contiennent aussi du cobalt, du cuivre et du zinc aux
teneurs respectives suivantes : 0,02 ; 0,014 et 0,54%.

Figure 19 : Photographie montrant les installations de bioheap de Talvivaara en Finlande


(source : Riekkola 2007)

56
La réaction d’oxydation de la pyrrhotite contenue dans ce minerai étant très exothermique, la
température à l’intérieur du tas peut s’élever considérablement jusqu’à près de 80 °C, et
même dans les conditions climatiques rigoureuses de l’hiver finlandais, l’efficacité du
traitement se maintient. Le nickel et le zinc sont les métaux les plus facilement extraits à 85 et
80 % respectivement en cinq années de traitement, et le cuivre et le cobalt les plus réfractaires
avec un taux d’extraction de 50 % pour la même période. L’installation de Talvivaara devrait
avoir les plus faibles coûts opératoires de production de nickel à partir de ressources primaires
pour une production annuelle de 30 000 tonnes de métal (Morin D.et al, 2006).

II.7.3 Cobalt

Le cobalt est extrait à partir d’un certain nombre de minéraux dont les plus importants sont :
smaltite, (CoNi)As3; linnaeite, Co3S4 (dont la carrollite); cobaltite, CoAsS; et glaucodot,
(CoFe)AsS. Le cobalt est souvent obtenu comme sous-produit de la métallurgie des autres
métaux, principalement, le cuivre. Le BRGM a développé, à Kasese en Ouganda, un procédé
de biolixiviation en cuves agitées pour la récupération du cobalt à partir d’un concentré de
pyrite cobaltifère, un sous-produit d’une installation minière qui a produit un concentré de
cuivre pendant une vingtaine d’années avant son arrêt d’exploitation en 1986 ( Figure 20).

Figure 20 : Photographie montrant les installations de l’usine de Kasese en Ouganda


(source Morin D.et al, 2006)

57
Le cobalt, contenu à une teneur de 1,37 % dans le concentré sulfuré constitué de 80 % de
pyrite, est dissous au cours de la biolixiviation de la pyrite sous forme de Co++ avec le même
rendement que celui de la dégradation du sulfure. Le nickel et le cuivre, aussi présents dans le
concentré à des teneurs respectives de 0,12 et 0,14 %, sont mis en solution à un moindre
degré. La solution aqueuse issue du biotraitement est débarrassée du fer dissous par
neutralisation ménagée à l’aide de calcaire en deux étapes. La première jusqu’à un pH
d’environ 2,8 permet d’éliminer plus de 95 % du fer et de recycler le filtrat en biolixiviation
pour y concentrer le cobalt qui n’est pas affecté par la neutralisation. La seconde
neutralisation à un pH supérieur à 3,5 élimine le reste du fer avant extraction du zinc par
solvant organique (D2EHPA, Diéthyl Hexyl Phosphoric Acid) puis celle du cuivre par
neutralisation à pH 7. Le cobalt est récupéré par extraction par solvant (acide phosphinique)
et, après élution, le métal pur à plus de 99,9 % est obtenu par électrolyse. Pour finir, le nickel
est extrait par neutralisation à pH élevé. La production annuelle de cobalt est de l’ordre de 800
tonnes par an. Il s’agit de la seule installation industrielle en cuve agitée produisant un métal
autre que de l’or. Elle fonctionne depuis une dizaine d’années. ( Morin et al, 2006)

II.7.4 Or

L’or se retrouve très souvent piégé dans la pyrite à tel point qu’il est impossible, même après
un broyage très poussé, de libérer une fraction significative du métal précieux des minerais
qui ont cette caractéristique. Les techniques minéralurgiques conventionnelles basées sur les
différences de densité et de taille des minéraux ou de solubilité dans des solutions aqueuses
complexantes (cyanure) restent alors impuissantes. Très fréquemment ce type de matrice
sulfurée contient aussi de l’arsenic, le plus souvent sous forme d’arsénopyrite (FeAsS).

A ce propos, il est remarquable d’observer que la pyrite se montre plus réfractaire à la


dégradation par biolixiviation que l’arsénopyrite. La différence de susceptibilité à la
dégradation est encore plus prononcée lorsque pyrite et arsénopyrite se trouvent en contact,
comme le résultat d’un effet de pile (ou galvanique) où la pyrite joue le rôle d’une cathode,
tandis que l’arsénopyrite joue celui d’une anode. L’oxydation par biolixiviation des sulfures
conduit à la libération de l’or qui reste inaltéré mais devient physiquement accessible aux
traitements habituels.

58
L’Afrique du Sud a vu naître le concept de biolixiviation en cuve agitée sur des minerais d’or
réfractaire (Fairview), et celle-ci est maintenant en usage au Ghana (Ashanti), en Australie, en
Ouzbékistan, au Kazakhstan et en Chine (Morin et al, 2006 ; Neale et al., 2011).

II.7.5 Autres métaux

Les sulfures de zinc sont des minéraux facilement dégradables qui ont fait l’objet de beaucoup
d’études à des échelles allant jusqu’à la démonstration. Un facteur limitant la mise en
application industrielle de la biolixiviation des sulfures de zinc est souvent la présence
d’argent qu’il n’est pas facile de récupérer économiquement. Cela est aussi vrai pour le
plomb. Pour les minerais d’uranium, le rôle de l’activité microbiologique est de permettre la
régénération du fer ferrique pour oxyder l’uranium d’une forme insoluble (UO2) à une forme
soluble (UO22+) (Brierley, 2008). La biolixiviation est aussi appliquée pour l’extraction du
manganèse (Zafiratos ,2003), du germanium (Xianwan et al., 2003).

II.8 Conclusions

La biolixiviation est un procédé de mise en solution des métaux à partir de leurs minerais et
qui utilise la capacité de certaines bactéries à oxyder les minéraux sulfurés. Parmi les
différents types de bactéries, ce sont les bactéries dites chimiolithotrophes qui vont être
utilisées dans la biolixiviation des sulfures métalliques.

Ces bactéries utilisent, en absence de la lumière, l’oxydation de certaines substances


minérales comme sources d’énergie pour leur synthèse et leur croissance. Suivant le type de
substrat métabolisé, le mode d’utilisation du carbone et l’habitat, il existe une diversité parmi
les bactéries chimiolithotrophes et parmi celles-ci, les types Acidithiobacillus ont été reconnus
comme responsables de la biolixiviation des sulfures métalliques. Elles peuvent être réparties,
en fonction de leur température optimale de croissance, en trois groupes : les bactéries
mésophiles, les bactéries thermophiles modérées et les bactéries thermophiles extrêmes..

Fondamentalement, la biolixiviation des sulfures métalliques met en jeu deux mécanismes :


direct et indirect. Selon le mécanisme indirect, l’attaque est induite par l’interaction entre la
surface du sulfure métallique et les produits métaboliques secrétés par les bactéries.

59
C’est donc une attaque qui n’est pas directement due à l’action des enzymes secrétés par les
bactéries mais elle est plutôt due aux ions ferriques, lesquels ions sont recyclés à travers la
couche constituée de ces substances appelées EPS (Extracellular Polymeric Substances).

D’autre part, selon le mécanisme direct, les bactéries adhéreraient d’abord à la surface du
sulfure métallique et ensuite l’oxydation a lieu par transfert d’électron des composés réduits
de soufre (généralement le S2- ) vers l’oxygène dissout par les bactéries adhérées. Ainsi,
l’adhésion des bactéries à la surface du sulfure métallique est une étape préliminaire au
processus de lixiviation directe du sulfure métallique.

La biolixiviation des sulfures métalliques est un processus qui met en jeu trois acteurs à savoir
le sulfure métallique (ou le minéral), la bactérie et la solution (ou le milieu aqueux). Les
différentes caractéristiques liées à ces trois acteurs vont conditionner le processus global de
biolixiviation. Ce sont des facteurs physicochimiques (liés à l’équipement et aux modes
opératoires), des facteurs microbiologiques (liés aux microorganismes) et des facteurs
minéralogiques (liés au sulfure métallique).

La biolixiviation est une technique sans impact sur l'environnement, nécessitant moins
d'énergie et un faible coût d'opération comparativement aux techniques physiques
conventionnelles. Elle utilise deux principales voies ou techniques d’extraction des métaux à
savoir la voie statique (heap et dump bioleach) et la voie dynamique (tank bioleach). Le
cuivre est l’un des métaux qui a été le plus extrait par la biolixiviation mais de nos jours,
beaucoup d’autres métaux sont également extraits, à savoir le cobalt, le nickel, le zinc, le
manganèse, le germanium, l’uranium,…

La littérature, en terme de biolixiviation, révèle que les études fondamentales ont porté sur des
minéraux comme la pyrite, la chalcopyrite, la bornite, la galène, la sphalérite, la covellite, la
pentlandite,…mais la carrolite, quant à elle, n’a fait l’objet que de très peu d’études. C’est
ainsi qu’une partie de nos recherches s’inscrit dans le cadre de la biolixiviation de la carrolite
comme minéral pur. Nous allons investiguer les facteurs qui influencent le processus de
dissolution des métaux Cu, Co et Ni et les mécanismes qui gouvernent l’oxydation de la
carrolite en présence des bactéries mésophiles. Cette étude requiert un certains nombre de
matériels et de méthodes que nous présentons et décrivons brièvement dans le chapitre III.

60
CHAPITRE III. MATERIEL ET METHODES

III.1 Introduction

La biolixiviation des sulfures métalliques est un processus faisant intervenir trois acteurs : le
minéral, la bactérie et la solution. Dans ce contexte, il semble donc indispensable de pouvoir
corréler la variation des paramètres en solution (pH et potentiel oxydoréducteur de la solution,
l’évolution de la population bactérienne, les teneurs des métaux dissouts) et l'évolution de
l'état de surface du minéral pour appréhender les mécanismes de biolixiviation du sulfure
métallique par l’action bactérienne et en particulier, dans le cas qui nous concerne dans ce
travail, la biolixiviation du minéral carrolite par les bactéries mésophiles. Ci-après, nous
donnons une brève description des matériels et des méthodes utilisés au cours de nos
expérimentations.

III.2 Matériel

III.2.1 Souche bactérienne

III.2.1.1 Origine et condition de culture

Une population bactérienne mésophile d’origine bulgare constituée d’un mélange


principalement d’Acidithiobacillus ferrooxidans, Leptospirillum ferrooxidans,
Acidithiobacillus thiooxydans a été utilisée pour cette étude. Un repiquage mensuel sur un
milieu liquide au sulfate ferreux (milieu 9K avec fer) est nécessaire pour conserver la souche
et une bonne reproductibilité des expériences. Les éléments nutritionnels indispensables à la
croissance de la souche bactérienne sont de deux types:

- des substances élémentaires permettant l'élaboration des constituants cellulaires


(carbone, azote et phosphore),

- des substrats énergétiques (sources d'électrons) permettant à la cellule de disposer de


l'énergie nécessaire à la synthèse.

61
Excepté le carbone, qui est métabolisé par ces bactéries lithotrophes à partir du gaz
carbonique dissout en phase aqueuse en quantité importante, les autres substances
élémentaires sont fournies sous forme de sels minéraux contenus dans le milieu 9K dont la
composition est donnée dans le Tableau 4 ci-après. La source énergétique ajoutée à ce milieu
nutritionnel de base est constituée de sulfate ferreux. Le pH est ajusté à 1,8 à l'aide d'acide
sulfurique normal afin d 'obtenir une bonne croissance bactérienne tout en évitant la
précipitation précoce de sulfates ferriques ou d'hydroxydes ferriques. Les cultures
bactériennes sont incubées à 30°C sous une agitation de 120 rpm. L’inoculum de la souche
bactérienne est prélevé, pour les expériences, lorsque le potentiel oxydoréducteur atteint des
valeurs de 620 à 635 mV.

Tableau 4 : Composition du milieu de culture 9K

(NH4)2SO4 KH2PO4 MgSO4.7H2O KCl Ca(NO3)2 FeSO4.7H2O pH

g/l 3 0,5 0,5 0,1 0,01 44,2 1,8

III.2.1.2 Numération

La littérature nous renseigne plusieurs méthodes pour évaluer le nombre de microorganismes


présents en solution et qui ont été utilisées dans beaucoup d’études ( Dziurla et al., 1992 ;
Dziurla, 1995 ; Dziurla et al., 1998).

La plus précise en milieu liquide est la méthode du Nombre le Plus Probable (NPP). Cette
méthode permet de déterminer le nombre de cellules viables avec une précision de +/- 15 % et
une limite inférieure de détection de 100 bactéries par ml. Elle consiste à ensemencer des
microplaques à l'aide de dilutions de la suspension bactérienne mère et d'observer un éventuel
développement bactérien après une période d'incubation de 15 à 30 jours à 30°C en
atmosphère humide. Le nombre de bactéries présentes dans la suspension est déduit, après
comptage pour chaque dilution, du nombre de cupules positives et négatives. L'inconvénient
majeur de cette méthode longue est qu'elle ne permet pas de suivre la population bactérienne
au jour le jour ni d'étudier des processus rapides comme l'adhésion des bactéries à la surface
d’un minéral.

62
La méthode immunologique ELIFA (Enzyme Linked ImmunoFiItration Assay) mise au point
par Monroy (1993) a une limite inférieure de détection de 5.104 bactéries par ml et une
précision de +/- 15 % avec un temps de lecture réduit à une journée. Malgré cet avantage par
rapport à la technique du NPP, cette méthode reste lourde à mettre en œuvre. (Dziurla, 1995 ;
Dziurla et al., 1998)

La méthode la plus simple est le comptage direct en cellule de Thoma, au microscope optique
(grossissement: x 400). Le volume élémentaire de la cellule utilisée est de 2,5.10-4 mm3
(0,1 mm x 0,0025 mm2), ce qui impose une limite de détection de 4.106 bactéries par ml,
correspondant à une bactérie par champ élémentaire. Bien que la précision de cette méthode
soit moins bonne que celle des NPP, elle est néanmoins suffisante pour suivre correctement la
croissance des bactéries au cours d'un cycle de biolixiviation (Dziurla, 1995).

III.2.2 le minéral : carrolite

L’échantillon de carrolite utilisé lors des expériences de biolixiviation provient de la mine de


Kamoya en République Démocratique du Congo. Il a été obtenu par hand picking dans des
poches de minéralisation très riches de la mine. L’échantillon a été broyé et tamisé selon les
fractions granulométriques suivantes : - 53µm, -75+53µm et -106+75µm à l’aide d’un
broyeur de laboratoire de Génie minéral et recyclage de l’Université de Liège (Figure 21).
L’analyse chimique de l’échantillon de carrolite est donnée dans le Tableau 5 ci-après tandis
que l’analyse minéralogique effectuée à partir des observations microscopiques sur sections
polies à l’aide d’un microscope optique en lumière polarisant complétée par l’analyse par
spectrométrie de diffraction X sont données respectivement sur les photographies représentées
aux Figures 22a et 22b ci-après. Ces analyses révèlent que l’échantillon de carrolitte utilisé
pour nos essais est majoritairement constitué du minéral carrolite avec un peu de chalcopyrite,
pyrite et de covellite. Il a les teneurs en Cu, Co et Ni relativement comparable à un échantillon
de carrolite pure sauf pour le soufre où nous avons remarquer un écart. Les minéraux de la
gangue sont essentiellement le quartz et la dolomite.

63
Figure 21: Photographie du broyeur de laboratoire de Génie minéral et recyclage de l’Université de Liège

Py C C
Cp C
C
C Cp
Cp
C Cv

Cp
a b C

Figure 22 : Photographie de la carrolite au microscope optique sur sections polies à différents grossissements
(a)10x et (b) 20x

C : Carrolite
C
Cp : Chalcopyrite
C C C
Py : Pyrite C
D : Dolomite
Qz : Quartz

C C Cp
C
Py
Qz Py
D

Figure 23 : XRD de l’échantillon de carrolite : minéraux majeurs : carrolitte, chalcopyrite, bornite, pyrite,
dolomite et quartz

Tableau 5 : Composition chimique de l’échantillon de carrolite

Eléments Teneur (%) Eléments Teneur (%)

Cu 19,8 Fe 2,18

Co 36,0 S 21,5

Ni 1,3

64
III.2.3 Dispositifs de culture et d’expérience

En dehors des expériences mettant en évidence le contact, le semi-contact ou le non-contact


bactéries-minéral au cours desquelles nous avons utilisé des réacteurs à double compartiments
de 400 ml chacun avec membrane microporeuse (Figure 24), toutes les autres expériences de
culture simple et de biolixiviation de la carrolitte ont été effectués dans des Erlenmeyers et
des flacons sérums de 250 ml (Figures 25a et 25b). Tous ces réacteurs ont été incubés sur une
table d’agitation à mouvement circulaire à 120 rpm (Figure 26) dans une chambre
thermostatisée à 30°C.

Figure 24 : Photographie montrant un réacteur à double compartiment avec membrane microporeuse

a b

Figure 25 : Photographie montrant (a) un Erlenmeyer et (b) un Flacon sérum

65
Figure 26 : Photographie montrant les différents réacteurs sur la table d’agitation

III.3 Méthodes

III.3.1 Suivi d’un réacteur de biolixiviation

III.3.1.1 Analyses en solution

Le témoin majeur du bon déroulement de la biolixiviation est le développement de la


population bactérienne. Son évolution est déterminée par la mesure de la concentration des
cellules en suspension. Un comptage direct est effectué au microscope optique en cellule de
Thoma. La solution prélevée est filtrée sur un préfiltre en fibres de verre (de porosité 10 µm)
afin de la débarrasser des précipités de sulfates ferriques qui pourraient gêner la mesure. Elle
est ensuite diluée de façon à obtenir environ 2 à 8 bactéries par champ élémentaire.

L'évolution de la concentration des métaux en solution permet de suivre la cinétique de


dissolution du sulfure. Les dosages sont effectués sur des prélèvements de 1 ml, filtrés puis
dilués dans de l'acide chlorhydrique 1N avant d'être analysés par ICP-AES (Inductively
Coupled Plasmas-AES) au Laboratoire des Interactions Microorganismes - Minéraux -
Matière Organique dans les Sols (LIMOS) ou par spectroscopie d’absorption atomique au
laboratoire de Génie minéral et recyclage à l’Université de Liège.

66
L'acidification du milieu engendrée par l'activité bactérienne est suivie par des mesures
régulières du pH en solution. L'équilibre entre les ions ferriques et ferreux est estimée par des
mesures du potentiel redox de la solution lixiviante.

III.3.1.2 Caractérisation des produits de réaction formés à la surface des grains de carrolite au
cours des réactions de biolixiviation

Beaucoup de travaux réalisés sur la biolixiviation des sulfures métalliques comme la pyrite,
la chalcopyrite, et d’autres ont démontré l'importance de la réactivité de l'interface minéral-
bactérie dans le contrôle des cinétiques d'oxydation bactérienne. La complexité et
l'hétérogénéité de cet interface et de son évolution au cours du cycle de biolixiviation
nécessite l'utilisation conjointe de différentes techniques d'analyse de surface et des phases
précipitées comme la spectroscopie de diffraction des Rayons X (XRD), la spectroscopie
Infra-Rouge à Transformée de Fourrier (FTIR) et la Microscopie Electronique à Balayage
(MEB). Ci-après, nous donnons une brève description de ces techniques d’analyse que nous
avons utilisé dans le cadre de notre travail.

a) Spectroscopie par diffraction des rayons X

Principe de fonctionnement
Cette méthode est basée sur la diffraction des rayons X par le réseau cristallin selon la loi de
Bragg. L’état cristallin est une répartition tridimensionnelle dans l’espace d’un motif
atomique. Cet arrangement forme des plans parallèles et équidistants appelés plans
réticulaires (h, k, l) séparés l’un de l’autre par une distance d qui est fonction de la nature du
minéral concerné (Figure 27).

L’échantillon à analyser est bombardé par des rayons X issus d’une anode métallique,
lesquels rayons sont premièrement collimatés par une fente de divergence afin de produire un
faisceau sub-parallèle. Ce dernier est dirigé sur l’échantillon selon un angle Ө et est diffracté
lorsque les conditions de la loi de Bragg exprimées par l’équation (III.1) sont remplies (Hardy
et Turcker, 1988).

n. λ= 2.d. sin ϴ (III.1)

67
Figure 27 : Schéma de principe de fonctionnement d’un diffractomètre de Rayons X (source : Hardy et Turcker, 1988)

Lorsqu’un faisceau de rayon X de longueur d’onde λ connue est projeté sur un matériel
cristallin selon un angle Ө, le phénomène de diffraction apparaît quand la distance inter-
réticulaire d est égale à un multiple entier һ de la longueur d’onde. Cette loi impose aussi que
l’angle entre le faisceau incident et le réseau cristallin soit égal à celui entre le réseau et le
faisceau diffracté. Il faut donc, pour une rotation de Ө° de la platine porte-échantillon, amener
le système d’analyse à un angle double de 2Ө°. C’est le goniomètre qui assure ce rôle.

En faisant varier l’angle Ө, les conditions de la loi de Bragg sont satisfaites pour différentes
valeurs de d dans les matériaux polycristallins. Après leur passage dans les différents réseaux
de fentes, les rayons X diffractés sont reçus sur un détecteur. Le signal amplifié est reçu par le
détecteur puis transmis à un ordinateur qui présente les résultats sous forme d’un graphe
appelé diffractogramme et représentant l’intensité des pics diffractés en fonction des positions
angulaires c’est-à-dire de l’angle de déviation 2Ө du faisceau. Ce diffractogramme est
caractéristique de l’échantillon analysé et l’intensité des pics (et/ou la surface selon les
hauteurs) est fonction de la quantité de chaque phase minérale présente dans cet échantillon
(Holtzapffel, 1985).

Dans ce travail, nous avons utilisé le diffactomètre de marque Brucker D8-Advance à


anticathode en cuivre (KαCu λ= 1,5406 Å de la Faculté des Sciences de l’Université de Liège
(Figure 28).

68
Figure 28 : Photographie d’un diffractomètre de Rayons X

b) Spectroscopie Infra-Rouge à Transformée de Fourrier FTIR

Principe de fonctionnement

Les analyses IR ont été réalisées sous purge sur un spectromètre Infrarouge Nicolet NEXUS
de la faculté des sciences de l’Université de Liège. L’appareil est composé d’une source de
rayonnement IR (globar), d’un système interférométrique (Michaelson) et d’un détecteur
DTGS ( Figure 29).

L’interféromètre, par un jeu de miroirs et de séparatrices, divise la radiation incidente et crée


une différence de marche (déphasage) entre les deux faisceaux. Ceux-ci traversent alors
l’échantillon avant d’atteindre le détecteur. L’interférogramme obtenu est traité par
transformée de Fourrier inverse qui fourni le spectre Infra-Rouge de l’échantillon.

Figure 29 : Principe de fonctionnement d’un spectromètre Infra-Rouge à Transformée de Fourrier


(Source : Pisapia, 2006)

69
Préparation des échantillons

Les échantillons minéraux analysés ont été prélevés des réacteurs de biolixiviation, filtrés et
séchés. Avant analyse, l’échantillon a été mélangé de façon homogène à du bromure de
potassium KBr (produit transparent en Infra-Rouge) avant d’être pastillé. Environ 2 mg de
poudre d’échantillon a été mélangé à 148 mg de KBr (Spectral, Riedel-de-Haën) et a été
broyé finement dans un mortier en agathe. La pastille a été réalisée sous presse et a été
analysée directement pour éviter toute réhydratation.

c) Microscopie Electronique à Balayage MEB

Conçue dès 1929, la Microscopie Electronique à Balayage permet, à travers un balayage par
un faisceau électronique d’imager la surface d’un échantillon. Ce dernier est placé sous vide
(<10-8 Torrs) et est bombardé par des électrons émis par un filament de Tungstène chauffé à
la température thermoionique et accélérés par un champ électrique créé entre le whelnet et
l’anode (Figure 30). Les électrons secondaires issus de l’échantillon sont transformés en
photons par un scintillateur relié par fibre optique, à un photomultiplicateur. L’image est
restituée par un écran.

Figure 30 : Schéma de fonctionnement d’un Microscope Electronique à Balayage


(Source : Pisapia, 2006)

70
Des microanalyses peuvent également être obtenues en collectant les rayons X émis par
l’échantillon sous l’impact du faisceau électronique. On obtient ainsi une cartographie de la
répartition des éléments.

Dans notre cas, les observations microscopiques MEB ont été faites en mode « électrons
secondaires » (SE) et en mode « électrons rétrodiffusés » (BSE) au Centre Commun de
Microscopie Electronique de l’Université de Liège à l’aide d’un microscope à balayage
environnemental ESEM-FEC (FEI) XL-30 (Figure 31). Deux évaporateurs, un à plasma
BALZERS SCD-030 et l’autre BALZERS MED 010 ont été utilisés pour métalliser les
échantillons respectivement au platine (20nm d’épaisseur) et au carbone.

Les échantillons de pulpe contenant les grains de carrolite en cours de biolixiviation et


prélevés à différents temps (5,10, 15, 20 et 30 jours) ont été préparé de deux manières selon
que les observations se feront en mode SE ou BSE. Tous les échantillons sont d’abord fixés
avec 100µl de glutaraldéhyde dans 1 ml de milieu 9K pendant deux heures à 20°C puis rincer
3 fois pendant 5 minutes avec de l’eau distillée à pH 8,0 -9,0. Les échantillons à observer en
SE ont été, après lyophilisation et congélation, étalés sur des supports métalliques en
aluminium puis métallisés au platine. D’autres échantillons incubés dans 1% d’acétate
d’uranyle puis rincés 3 fois pendant 10 minutes dans l’eau distillée puis déshydratés et une
partie d’échantillons lyophilisés et congelés à observer en BSE sont stabilisés dans la résine
de type Epofix. Ils sont ensuite débités en lames minces sur des lames de verre et polis à
l’aide des papiers de polissage « silicon carbide » dans une unité Rotopol-2 de la polisseuse
de type Struers avec des vitesses de rotation de 150 ou 300 rpm. Les lames minces ont ensuite
été métallisés au carbone.

Le microscope électronique est équipé d’un détecteur (SiLi) EDAX muni de fenêtres « Super-
Ultra-Thin windows » (SUTW) pour la détection des éléments légers. Des microanalyses
élémentaires aux rayons X ont été faites sur tous les types d’échantillons. Ces analyses sont
qualitatives (sous forme de spectres) et quantitatives (dosages en At % sans standard et avec
matrice de correction ZAF).

71
Figure 31 : Photographie du Microscope Electronique à Balayage environnemental
ESEM-FEC (FEI) XL-30

III.3.2 Observation et estimation de l’adhésion bactérienne sur les grains de la carrolite

Les études menées par Dziurla (1995), Meline (1995) et Pisapia (2006) sur des grains de
pyrite ont montré l’importance de l’adhésion bactérienne au cours de la biooxydation de la
pyrite en présence des bactéries A.ferrooxidans.

Dans notre étude, afin de visualiser et d’évaluer l’adhésion des bactéries sur des grains de
carrolitte au cours de la biolixiviation, nous avons eu recours à des techniques d’observation
microscopique des grains de carrolite et à la méthode d’évaluation des bactéries adhérentes
utilisée dans les travaux de Dziurla (1995). En plus de la Microscopie Optique et de la
Microscopie Electronique à Balayage décrite ci-haut, nous avons aussi utilisé la Microscopie
Confocale à Balayage Laser et dont une brève description est donnée ci-après (Pisapia, 2006).

72
III.3.2.1 Observation au Microscopie Confocale à Balayage Laser (CLSM)

Principe et acquisition d’images

La Microscopie Confocale à Balayage Laser (CLSM pour Confocal Laser Scanning


Microscopy en anglais) est une microscopie photonique particulière qui permet d’affiner et
d’amplifier le signal émis par l’échantillon imagé en se focalisant sur l’observation du plan
focal. Les microscopies optiques ou à fluorescence classiques présentent une perte de
résolution, en particulier dans la direction de l’axe optique (Z), en raison de la collection de
photons émis par les plans sous-jacents au plan focal qui génère un flou dans l’image (bruit de
fond important). Le principal avantage de la Microscopie Confocal à Balayage Laser est
d’éliminer les photons provenant de plans défocalisés et ainsi d’augmenter le rapport signal-
bruit. Contrairement aux microscopies conventionnelles, l’échantillon est excité par une
source laser ponctuelle monochromatique (Figure 32).

Figure 32 : Principe de la Microscopie Confocale à Balayage Laser (Source : Pisapia, 2006)

La préparation est balayée en (X,Y) par un faisceau ponctuel pour permettre une
reconstruction point par point de l’image. Les photons réémis ou réfléchis par l’échantillon
sont focalisés par un diaphragme variable (pinhole ou trou d’aiguille) qui permet de ne
sélectionner que ceux provenant réellement du plan focal observé.

73
Ces photons sont ensuite filtrés en fonction de leur longueur d’onde, collectés et amplifiés
dans un photo-multiplicateur (PM) qui va générer un signal électrique dont l’intensité est
proportionnelle au nombre de photons reçus. Ce signal est ensuite numérisé en niveau de gris
et une image du plan focal balayé est reconstruite pixel par pixel. Une tomographie de
l’échantillon peut être obtenue en réalisant des coupes (X,Y) 2D séries en Z, avec un pas
prédéfini (fonction de la finesse de la structure étudiée et de la résolution de l’objet utilisé)
entre chaque observation de plans focaux.

Cette technique permet l’observation d’objets minéraux et organique (cellule microbienne),


réfléchissant, auto-fluorescents ou marqués par des fluorochromes spécifiques. Ceux-ci sont,
en général, des molécules à noyau aromatique qui peuvent émettre de façon transitoire des
photons lorsqu’elles sont excitées par une source lumineuse ad hoc. Ainsi, chaque
fluorochrome possède une longueur d’onde d’excitation et d’émission caractéristiques. En
biologie et biochimie, ils sont employés pour marquer sélectivement des composants
cellulaires (acides nucléiques, lipides, sucres…) ou pour quantifier les ions présents (H+, Ca2+,
Mg2+…).

Les microscopes confocaux à balayage laser sont en général équipés de différentes sources
laser (longueurs d’onde d’excitation), de photo-multiplicateurs optimisés et d’un système
permettant de sélectionner les longueurs d’onde d’émission (filtres, prismes…). Il est ainsi
possible de récupérer simultanément, tout en les séparant, des signaux de fluorescences
correspondant à différentes longueurs d’onde d’excitation et d’émission.

D’autre part, lorsque l’échantillon est opaque, la lumière incidente du laser réfléchie sur la
surface peut être collectée. Une image confocale en réflexion de l’échantillon (grains
minéraux) peut alors être obtenue et associée aux signaux de fluorescence.

Dans cette étude, les signaux ont été obtenus à partir d’un microscope inversé Nikon TE
2000U Eclipse équipé d’une tête confocal Radiance 2100 AGR-3Q Biorad. Le microscope est
équipé d’objectifs à sec (x4, x10, x20) et à immersion (x40, et x60). Le système permet
d’adapter différents types de platine à échantillon motorisées dont une platine microplaque
qui permet l’observation directe des minéraux et/ou des bactéries présents dans les puits de
microplaques Lumox (Figure 33).

74
Figure 33 : Photographie du dispositif du Microscope Confocal à Balayage Laser (Source : Pisapia, 2006)

La tête de balayage est reliée, par une fibre optique, à 4 lasers fournissant 7 longueurs d’onde
différentes d’excitation, réparties entre le proche UV et le rouge :

- une diode bleue à 405nm (BLD).


- un laser Argon à 457, 476, 488 et 514nm.
- un laser He-Ne à 543nm.
- une diode rouge à 637nm.

En détection, le système rainbow permet, par combinaison de filtres interférentiels Long Pass
(LP) et Short Pass (SP), de définir des fenêtres spectrales par pas de 10nm. Les signaux de
fluorescence peuvent ainsi être récupérés entre 420 et 620nm. Ces filtres pseudo Band Pass
ont une transmission supérieure à 80%, pour une largeur de bande passante de 10nm. Des
images en réflexion des grains minéraux ainsi que les fluorescences induites par l’ajout de
divers fluorochromes (marqueurs bactériens, sonde pH…) ont été obtenues en utilisant
principalement les longueurs d’onde 488 et 514nm du laser Ar.

75
Une méthode spécifique de coloration, utilisant un colorant vital (Sulforhodamine B, SRB) a
été utilisé lors de nos expérimentations et l’ajout de ce colorant n’influe pas sur la viabilité
des bactéries utilisées. En outre, quelque soit la concentration de SRB en solution, il a été
démontré que la croissance bactérienne n’est pas réellement perturbée, que sa fluorescence ne
dépend pas du pH et que les très basses concentrations de SRB ne sont pas non plus
favorables au marquage des cellules en raison de la forte réversibilité de leur pénétration dans
les cellules vivante. Ainsi, la concentration expérimentale choisie pour les expérimentations
était de 0,7µmol.l-1 (Pisapia, 2006).

III.3.2.2 Méthode d’estimation des bactéries adhérées aux grains de carrolite au cours de la
biolixiviation

Dans notre travail, la méthode d’estimation des bactéries fixées utilisée a été développée par
Monroy et al. (1993) et utilisée par Dziurla (1995) . Elle permet de distinguer deux classes de
bactéries fixées, en fonction de leur force de liaison au minéral: celles qui sont faiblement
adhérées et celles qui sont fortement adhérées aux grains du minéral. Cette méthode consiste
en une suite de lavage, de désorption physicochimique à l’aide d’un agent tensioactif et d’un
comptage direct en cellule de Thoma à l’aide d’un microscope optique des bactéries ainsi
désorbées (Figure 34).

76
Pulpe 2% en poids

Réacteur

Phase solide récupérée par filtration sur fritté

10 à 20 g de carrolitte
(masse déterminée précisément après traitement)

ESTIMATION DES BACTERIES FIXEES

Lavage par le milieu 9K Bactéries adhérant


faiblement au minéral

Traitement Tween 0,1 ou 10%

1 ml de Tween-Contact 10 min
Vortex après ajout et après 5 min de Dénombrement direct
2 fois des bactéries en cellule
Contact
+ de THOMA
Lavage par 1 ml de milieu 9K

Bactéries adhérant
fortement au minéral
Traitement supplémentaire

1 ml de Tween
10%

Figure 34 : Technique de désorption de bactéries fixées aux grains de carrolitte par le Tween 80

77
CHAPITRE IV : BIOLIXIVIATION DE LA CARROLITE- INFLUENCE DE
DIFFERENTS PARAMETRES

IV.1. Introduction

Le Tableau 6, ci-après, donne de façon non exhaustive les travaux récemment effectués sur la
biolixiviation des minéraux sulfurés tels que la pyrite, l’arsénopyrite, la sphalérite, la
pyrrhotite, la galène, la chalcopyrite, la pentlandite, la bornite, etc.

Tableau 6 : Répertoire non exhaustif de quelques travaux sur la biolixiviation des minéraux sulfurés de 2000 à
2012

Minéral Référence Minéral Référence


Pyrite Edouard K.J. et al., 2000 ; Chalcopyrite Third K.A.et al., 2000 ;
Fowler T.A.et al., 2001 ; Romano P. et al., 2001 ;
Zhang L. et al., 2008 ; Parker A. et al., 2003 ;
Rodriguez Y. et al., 2003; Wang M. et al., 2004 ;
Petersen J. et al., 2006; Qiu M-q. et al., 2005 ;
Devasia P. et al., 2010; Petersen J. et al., 2006
Jiang L. et al., 2011 ; Klauber C. et al., 2007
Wang J. et al., 2008 ;
Sato H.. et al., 2010
Zeng W. et al., 2010 ;
Nazari G. et al., 2012
Edouard K.J. et al., 2000
Arsénopyrite Chalcocite Renman R. et al., 2006
Lee J. et al., 2011

da Silva G.et al., 200a ;


Sphalérite Souza A.D. et al., 2007 Bornite Wang J. et al., 2008
Xia L-X et al., 2008 ; Bevilaqua D. et al., 2010
. Baba A. A. et al., 2011 ;
Patel B.C. et al., 2012 ;
Covellite Lee J. et al., 2011

Zhang L. et al., 2008


Pyrrhotite Zhang G. et al., 2005 ; Pentlandite Zhang G et al., 2005 ;
Cameron R.A. et al., Zhang G. et al., 2008;
2011 ; Santos L.R.G. et al., 2006
Gericke M. et al., 2011

da Silva G. et al., 2004b ;


Galène Jiang L. et al., 2008 ;
Baba A. A. et al., 2011 ;

78
De l’ensemble de ces travaux de littérature (Tableau 6), la carrolite, un des minéraux porteurs
des métaux de base (Cu, Co, Ni) de l’Arc Cuprifère du Katanga le plus rencontré, semble être
très peu étudié de sorte que son comportement en biolixiviation demeure précaire.

De cette constatation, il nous paraît donc indispensable d’initier une étude de biolixiviation de
la carrolite en tant que minéral pur. C’est ainsi que le présent chapitre sera consacré à
l’influence de certains paramètres opératoires sur la biolixiviation de la carrolite.

La biolixiviation des sulfures métalliques est un processus qui dépend étroitement des facteurs
physicochimiques et microbiologiques. L’influence de ces facteurs sur la croissance
bactérienne et sur le taux de dissolution des métaux de différents minéraux sulfurés a fait
l’objet de beaucoup de recherches (cfr Tableau 6).

Par ailleurs, Les travaux de Sampson et al. (2000) ont révélé qu’après 350 heures de
biolixiviation, des taux de dissolution du fer de 24, 40 et 38% avec T.ferroxidans (DSM 583)
et de 42, 40 et 61% avec T.ferroxidans (ATCC 23270) respectivement pour un concentré de
pyrite (pyrite+ quartz), un concentré de chalcopyrite ( chalcopyrite + pyrite + pyrrhotite) et un
concentré d’arsénopyrite (arsénopyrite + quartz) ont été obtenus.

Deng et al. (2000) ont montré, quant à eux, que lorsque la densité de pulpe augmente au-delà
de 10%, le taux d’oxydation de l’arsenic et du fer diminuaient et l’optimum était autour de la
valeur de densité pulpe de 10%.

Cameron et al. (2011) ont montré, au cours des travaux sur la biolixiviation de six types de
minerais sulfurés de nickel venant de différentes régions du Canada et de minéralogie
différente , que le taux de dissolution de nickel était bon aux pH 2 et 3 pour tous les minerais
mais il était mauvais à pH 5 sauf pour un seul type de minerai. Par contre, le taux de
dissolution du cobalt, a montré une même allure pour tous les six minerais c’est-à-dire il était
bon aux pH 2 et 3, mauvais à pH 5 et cela pour tous ces différents types de minerais de nickel.
Le nickel et le cobalt se retrouveraient alors dans des minéraux différents soit la pentlandite
soit la pyrrhotite dans les minerais sulfurés de nickel.

79
Les travaux d’optimisation des paramètres physicochimiques effectués lors de la
biolixiviation de la sphalérite par Acidithiobacillus ferroxidans par Haghshenas et al. (2012)
ont montré que les différents paramètres physicochimique constituant les conditions
opératoires étaient en interaction entre eux et une bonne combinaison de ces facteurs étaient
requise pour une bonne efficience de l’opération ou du procédé de biolixiviation. Ainsi, par
exemple, une augmentation de la densité pulpe entre 4 et 6% (poids/volume) avait une
influence sur la valeur du pH optimum qui est atteint à des valeurs faibles.

De ce fait, il est nécessaire, pour l’efficience du processus de biolixiviation, d’investiguer


l’influence de ces facteurs physicochimiques et microbiologiques. La nature du sulfure
métallique et les conditions opératoires de biolixiviation affectent la croissance bactérienne
qui est, elle-même, en rapport avec la dissolution des métaux.

Ce chapitre abordera donc, l’effet des facteurs physicochimiques et microbiologiques sur la


biolixiviation de la carrolite en présence des bactéries mésophiles. Parmi ces nombreux
facteurs, nous avons choisi, pour nos essais : le pH initial, la granulométrie et la densité de
pulpe; les valeurs des autres facteurs comme la température, la quantité d’inoculum,
l’agitation ont été fixées et maintenus constantes.

IV.2 Procédure expérimentale

Les essais de biolixiviation ont été effectués en ajoutant un poids déterminé de carrolitte dans
un Erlenmeyer de 250 ml contenant 90 ml du milieu de culture 9K. La pulpe ainsi obtenue a
été inoculée avec 10 ml d’une culture bactérienne en phase exponentielle puis agitée en
plaçant l’Erlenmeyer sur un agitateur orbital. La température a été maintenue égale à 33°C
dans une chambre thermostatisée. La vitesse de rotation a été maintenue à 120 rpm. Les
pertes d’eau par évaporation ont été compensées par ajout d’eau distillée.

Après chaque prélèvement de 2 ml de solution pour analyse, une quantité équivalente d’eau
distillée a été réintroduite dans le milieu réactionnel. Des contrôles stériles ont été effectués
sans ajout de bactéries en ajoutant 5 à 10 ml d’une solution de thymol dans du méthanol
(2 % v/v) dans l’intervalle de 10 jours pour éviter un quelconque développement de bactéries.

80
Lorsque l’effet d’un paramètre était étudié au cours d’un essai, les autres paramètres étaient
maintenus constants et chaque essai était effectué en double pour une bonne reproductibilité.
Les conditions opératoires de tous les essais effectués dans cette section sont résumées dans le
Tableau 7 ci-après.

Tableau 7 : Conditions opératoires des essais de biolixiviation


Paramètre variable Conditions opératoires Paramètres fixes

pH =1,5 Agitation Granulométrie Densité pulpe

pH initial pH =2,5 120rpm -53µm 2%

+75-104µm Agitation pH initial Densité pulpe

Granulométrie +53-75µm 120rpm 2,0 2%

1% Agitation Granulométrie pH initial

Densité pulpe 5% 120rpm -53µm 2,0

IV.3. Effet du pH initial sur la biolixiviation de la carrolite

IV.3.1 Introduction

L’influence du pH initial sur la biolixiviation des minéraux sulfurés à intérêt métallurgique a


fait l’objet de nombreux de travaux de recherche (Jonglertjunya, 2003 ; Ojumu et al., 2008 ;
Ojumu et Petersen, 2011 ; Haghshenas et al., 2012)

Nous étudions l’effet de ce facteur dans le cas de la carrolite pure principalement sur
l’évolution du pH, du potentiel d’oxydoréduction de la solution et le taux de dissolution des
métaux cuivre, cobalt et nickel.

La culture bactérienne utilisée au cours de nos essais était une culture mixte de bactéries
mésophiles en occurrence Acidithiobacillus ferrooxidans qui est connue et classée comme
étant une bactérie acidophile et dont la croissance et la capacité à oxyder les métaux seraient
optimales dans l’intervalle de pH=1 et pH=3 (Jonglertjunya, 2003).

81
IV.3.2 Evolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la solution en fonction du pH
initial

Les Figures 35a et 35b ci-après donnent l’évolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction


de la solution en fonction du pH initial au cours du temps. Il ressort de ces figures que, quel
que soit le pH initial, le pH de la solution augmente au cours des deux premiers jours, puis
reste constant jusqu’ à 5 ou 7 jours et diminue ensuite au cours du temps.

a b

Figure 35 : Evolution du pH (a) et du Eh (b) de la solution en fonction du temps et du pH initial au cours de la


biolixiviation de la carrolite (granulométrie -53µm et densité pulpe 2%)

Cette augmentation serait due essentiellement à la dissolution de quelques minéraux de


gangue présents dans l’échantillon de carrolitte, principalement la dolomite, qui est
consommatrice d’acide tandis que la diminution du pH serait probablement due à l’action
bactérienne, notamment l’oxydation du soufre , l’oxydation de la pyrite présente dans
l’échantillon ou encore la précipitation d’hydroxydes ferriques et ou de jarosite qui produirait
de l’acide selon les réactions suivantes :

S + 3/2O2 + H2O → H2SO4 (IV.1)


FeS2 + 7/2O2 + H2O → FeSO4 + H2SO4 (IV.2)
Fe2(SO4)3 + 2H2O → 2Fe(0H)SO4 + H2SO4 (IV.3)
3/2Fe2(SO4)3 + 6H2O → H[Fe(SO4)2 2Fe(OH)3] + 5/2H2SO4 (IV.4)
Fe2(SO4)3 + 6H2O → 2Fe(0H)3 + 3H2SO4 (IV.5)

82
X2SO4 + 3Fe2(SO4)3 + 12H2O → 2XFe3(SO4)2(OH)6 + 6H2SO4 (IV.6)
Avec X = cation K+, Na+ ou NH4+

L’essai stérile effectué sans bactéries à pH initial de 1,5 montre par contre une évolution
presque constante du pH après une légère augmentation durant les deux premiers jours
comme pour les essais avec des bactéries.

Notons aussi que le plus grand gradient de pH est obtenu avec le pH initial de 2,0 soit 0.29
comparé à 0,18 et 0,25 respectivement pour le pH initial de 1,5 et 2,5.

Quant aux courbes donnant l’évolution du potentiel d’oxydoréduction de la solution en


fonction du pH initial au cours du temps, elles présentent trois différentes parties quel que soit
le pH initial . Après une légère diminution du potentiel d’oxydoréducteur au cours des deux
ou trois premiers jours due probablement à l’oxydation chimique du minéral par les ions
ferriques présents dans l’inoculum de départ, il s’en suit une évolution constante du potentiel
qui correspondrait à une phase de latence des bactéries jusque entre 5 et 7 jours.

Au-delà de cette période, on observe une augmentation du potentiel qui traduirait une
croissance exponentielle des bactéries. Le potentiel d’oxydoréduction atteint alors des valeurs
au-delà de 620 à 630 mV. Une évolution constante puis une légère diminution du potentiel
sont ensuite observées après cette période ; les deux évolutions du potentiel seraient
assimilables à la phase stationnaire et à celle de mortalité des bactéries.

Par contre, lorsqu’on observe l’évolution du potentiel d’oxydoréduction de la solution dans le


cas de l’essai effectué dans les conditions stérile (essai sans bactérie) et à pH=1,5, on constate
plutôt que le potentiel varie très peu autour de 400mV au cours du temps. Cette situation
traduirait l’absence des bactéries et donc de leur action sur le processus de biolixiviation.

IV.3.3 Effet du pH initial sur l’extraction des métaux Cu, Co et Ni

L’évolution de l’extraction des métaux Cu, Co et Ni au cours du temps en fonction du pH


initial est représentée aux Figures 36a, 36b et 36c ci-après donnant respectivement l’évolution
du rendement d’extraction du Cu, Co et Ni.

83
a b

c
Figure 36 Evolution du rendement d’extraction du Cu (a), Co (b) et Ni (c) en fonction du temps et du pH initial
au cours de la biolixiviation de la carrolite (granulométrie -53µm et densité pulpe 2%)

L’observation de ces courbes nous révèle une allure presque similaire de l’évolution du
rendement d’extraction au cours du temps et cela quel que soit le pH initial considéré. Il en
ressort que les deux premiers jours sont caractérisés par une légère montée correspondant à
une extraction des métaux qui serait due à une oxydation chimique par les ions ferriques
présents dans l’inoculum de départ, suivie d’une période pendant laquelle le rendement
d’extraction reste constant. Cette période correspondrait à la phase de latence des bactéries et
sa durée semble être typique pour chaque pH initial. En effet, elle est d’environ de 3 jours
pour le pH=2,0 et un peu plus soit environ 7 jours et plus pour le pH=2,5 et pH=1,5
respectivement.
Après cette période, une augmentation du rendement d’extraction des métaux est observée.
Elle serait probablement attribuée à une action bactérienne consécutive à une forte croissance
bactérienne et pourrait, en fonction du pH, aller jusqu’au 20ième jour.
84
Enfin, une dernière période correspondrait à un palier et interviendrait après le 25ième jour
attribuable probablement à la phase stationnaire de la croissance bactérienne. Au cours de
cette période, le rendement d’extraction des métaux reste constant et traduirait éventuellement
l’absence d’activité bactérienne.

Les rendements d’extraction des métaux les plus élevés sont obtenus à pH=2,0 donnant des
valeurs de 51,4 ; 48,2, et 44,0 % respectivement pour le Cu, Co et Ni tandis que l’essai stérile
(avec le thymol) à pH 1,5 affiche, quant à lui, des valeurs très faibles de rendements
d’extraction des trois métaux ne dépassant pas 5%. Ceci montre la part des bactéries dans le
processus d’extraction des métaux.

D’autres travaux effectués et repris dans la littérature ont montré aussi l’influence du pH
initial sur l’évolution du pH, du potentiel d’oxydoréduction de la solution et du taux de
dissolution des métaux au cours de la biolixiviation de certains minéraux sulfurés. Les
résultats de ces travaux montrent, comme nos résultats, les effets du pH initial sur l’activité
bactérienne et partant sur l’extraction des métaux contenus au cours du temps.

Les travaux de Jonglertjunya (2003) ont permis de montrer que le pH initial avait un effet
considérable sur la croissance des bactéries, sur l’évolution du pH et du potentiel
d’oxydoréduction de la solution et sur la dissolution des métaux lors de la biolixiviation de la
chalcopyrite avec Acidithiobacillus ferrooxidans pour un pH initial variant entre 1,5 et 2,8. Ils
ont montré que les meilleurs résultats en ce qui concerne les variables ci-dessus étaient
obtenus à pH=2,8.

Les études de Ojumu et Petersen (2011) portant sur l’effet du pH sur la cinétique d’oxydation
des ions ferreux par Leptospirillum ferriphilum en culture continue, ont montré que le taux
d’oxydation des ions ferreux en ions ferriques augmente, dans un premier temps, avec
l’augmentation du pH jusqu’à pH= 1,3 puis diminue ensuite. Cette diminution est
essentiellement due à la précipitation des ions ferriques qui devient considérable à partir de
pH=2. A ce pH, ils ont constaté une diminution de 12% de fer ferrique sous forme de
précipité.

85
Au cours des études d’optimisation des paramètres physicochimiques de la biolixiviation de la
sphalérite par Acidithiobacillus Ferroxidans, D.F. Haghshenas et al. (2012) ont montré que
l’effet du pH sur le taux de dissolution du Zn était fonction de la densité de pulpe. Ainsi, pour
des densités pulpes faibles, l’augmentation du pH (entre pH 1,4 et pH 2,0) impliquait une
augmentation de la dissolution du Zn et lorsque la densité pulpe augmentait, l’optimum de pH
tendait vers des valeurs faibles.

IV.3.4 Conclusion

Les résultats obtenus au cours de ces essais effectués dans le but de mettre en évidence l’effet
du pH initial sur le pH et le potentiel d’oxydoréduction de la solution d’une part et de
l’extraction des métaux Cu, Co et Ni, d’autre part, au cours du temps, appellent les
commentaires suivants :

- L’allure des courbes donnant l’évolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la


solution et de celle du rendement d’extraction des métaux présente respectivement
des similitudes et cela quel que soit le pH initial.

- Le pH de la solution augmente légèrement au cours des deux premiers jours et


diminue ensuite pour atteindre une valeur minimale qui est fonction du pH initial. La
valeur de pH la plus faible a été obtenue avec un pH initial égal à 2 soit 1,71 donnant
ainsi une différence de pH de 0,29. Cette situation traduirait une bonne activité
bactérienne à pH=2 par rapport aux autres valeurs de pH initial.

- L’évolution du potentiel d’oxydoréduction de la solution présente une allure en trois


étapes qui intervient après une légère diminution au cours des deux premiers jours.
Ces trois étapes correspondraient aux phases de la croissance bactérienne à savoir la
phase de latence, la phase de croissance exponentielle et la phase stationnaire. La
durée de ces étapes semble être fonction du pH initial. La durée de la période de
latence marquerait plus cette différence entre les valeurs de pH initiale. Elle semble
être ainsi de 5, 7 et 10 jours respectivement pour les valeurs de pH initial égale à 2,0 ;
2,5 et 1,5.

86
- L’évolution du rendement d’extraction des métaux au cours du temps présente aussi
une allure en trois étapes intervenant après une légère augmentation durant les deux
premiers jours et cela pour tous les métaux et quel que soit le pH initial. Ces étapes
correspondraient aussi à l’évolution de la croissance bactérienne c’est-à-dire une phase
de latence, une phase de croissance exponentielle et une phase stationnaire.

- Le pH initial de 2,0 donne des meilleurs rendements d’extraction des métaux soit
51,4 ; 48,2 et 44% respectivement pour le Cu, Co et Ni.

IV.4. Effet de la granulométrie sur la biolixiviation de la carrolite

IV.4.1 Introduction

La granulométrie est un paramètre important qui influence la cinétique des réactions


hétérogènes par l’augmentation ou la diminution de la surface exposée à la réaction (interface
solide-liquide).

En biolixiviation, les particules de dimension fine favorisent une forte adhésion des bactéries
ce qui conduit à des taux élevés de dissolution des métaux. Toutefois, cette granulométrie ne
peut pas être réduite jusqu’à un certain seuil car la collision de très fines particules, condition
pour un contact, est très faible.

Olubambi et al. (2008) ont montré que la dissolution des métaux Zn, Cu et Pb , lors de la
biolixiviation d’un sulfure complexe de ces métaux avec un consortium mixte de bactéries
mésophile, augmente avec la diminution de la granulométrie mais elle diminue lorsque la
granulométrie devient inférieure à 53µm de sorte que la granulométrie optimale a été de
75µm pour une gamme d’essais à des granulométries variant entre -53 et +106µm.

L’objectif poursuivi au cours de ces essais est de montrer l’effet de la granulométrie sur le pH
et le potentiel d’oxydoréduction de la solution, d’une part, et, le rendement d’extraction des
métaux Cu, Co et Ni, d’autre part, au cours de la biolixiviation de la carrolite.

87
IV.4.2 Evolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la solution en fonction de la
granulométrie

L’évolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la solution au cours du temps pour les


différentes granulométries considérées est donnée aux Figures 37a et 37b ci-après.

a b

Figure 37 : Evolution du pH (a) et du Eh (b) de la solution en fonction du temps et de la granulométrie au cours


de la biolixiviation de la carrolite (pH initial 2,0 et densité pulpe 2%)

L’observation de ces courbes montre une allure similaire pour chaque pH et quelle que soit la
granulométrie considérée. En effet, en ce qui concerne l’évolution du pH de la solution, nous
pouvons observer que pour la granulométrie de -53µm, le pH augmente au cours des deux
premiers jours et diminue ensuite à partir du 5ième jour pour atteindre la valeur de 2,0 après 7
jours. La valeur minimale atteinte est de 1,7 après 30 jours de biolixiviation.

Pour la granulométrie de +53-75µm, le pH augmente aussi au cours des deux premiers jours
et diminue ensuite graduellement au-delà de 5 jours pour atteindre la valeur de 2,0 après 12
jours. Le pH minimum atteint à cette granulométrie est de 1,82 après 30 jours de
biolixiviation. Pour la granulométrie de +75-104µm, le pH diminue encore plus lentement
après une montée observée au cours des deux premiers jours et atteint la valeur de 2,0
seulement après plus de 18 jours de biolixiviation. La valeur minimale de pH atteinte à cette
granulométrie est de 1,98 après 30 jours de biolixiviation.

88
En ce qui concerne le potentiel d’oxydoréduction, nous pouvons observer que pour la
granulométrie de -53µm, le potentiel baisse légèrement au cours des deux premiers jours
jusqu’à 490mV et augmente rapidement après le 5ième jour pour atteindre plus de 600mV dès
le 7ième jour. Le potentiel augmente ensuite pour atteindre des valeurs autour de 640mV après
30 jours de biolixiviation. L’évolution est similaire pour les deux autres granulométries
considérées mais seulement nous pouvons observer que pour la granulométrie de +53-75µm,
l’augmentation du potentiel n’intervient que vers le 8ième jour pour atteindre 590mV au 12ième
jour et un potentiel maximum de 620mV après 30 jours de biolixiviation. Par contre pour la
granulométrie de +75-104µm, l’augmentation de potentiel est observé autour du 10ième jour et
atteint une valeur de 590mV seulement vers le 18ième jour. Un potentiel maximum de 608 est
atteint après 30 jours de biolixiviation. Notons aussi que pour toutes ces granulométries, il
apparaît un palier dans l’évolution du potentiel d’oxydoréduction de la solution au-delà du
20ième jour en moyenne.

Ces différentes fluctuations observées pour le pH et pour le potentiel d’oxydoréduction de la


solution à différentes granulométries seraient dues à la croissance bactérienne dont la durée
des phases de latence, de croissance exponentielle et stationnaire diffère d’une granulométrie
à l’autre pour la simple raison que la surface spécifique des grains joue un grand rôle, les
grains fins offrant une grande surface spécifique. Par exemple, nous pouvons remarquer que
la phase de latence est de 5 jours, 7 à 8 jours et 10 jours respectivement pour la granulométrie
de -53µm, +53-75µm et +75-104µm.

A pH 2,0 et sans bactéries, le pH et le potentiel d’oxydoréduction fluctuent peu et restent


presque constants autour de 2,2 pour le pH et 370mV pour le potentiel.

IV.4.3 Effet de la granulométrie sur l’extraction des métaux Cu, Co et Ni

L’évolution du rendement de solubilisation des métaux Cu, Co et Ni en fonction de la


granulométrie et du temps est représentée aux Figures 38a, 38b et 38c ci-après. L’examen de
ces courbes révèle trois parties.

89
a b

c
Figure 38 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu (a), Co (b) et Ni (c) en fonction du temps et de la
granulométrie au cours de la biolixiviation de la carrolite (pH initial 2,0 ; densité pulpe 2%)

Dans un premier temps, après une légère augmentation au cours des deux premiers jours de
biolixiviation, les rendements d’extraction des métaux restent constants puis augmentent
considérablement pour atteindre, ensuite, un palier. Ces parties correspondraient aux
différentes phases de croissance bactérienne à savoir la phase de latence, la phase de
croissance exponentielle et la phase stationnaire. Les différences, en fonction de différentes
granulométries, s’observent cependant dans la durée de chaque phase, une différence plus
remarquable apparaissant au cours de la durée de la phase de latence observée pour chaque
granulométrie. En effet, elle est de jours, 7 à 8 jours et 10 à 12 jours respectivement pour les
granulométries de -53µm, +53-75µm et +75-104µm. Les rendements d’extraction des métaux
les plus élevés sont obtenus avec la granulométrie de -53µm soit 51,4 ; 48,2 et 44% pour le
cuivre, le cobalt et le nickel respectivement.
90
A granulométrie constante et en conditions stériles (avec le thymol), les rendements de
solubilisation de chacun des métaux considérés sont faibles, autour d’une valeur constante
de 5%.

Valencia et al. (2003) ont tiré les mêmes conclusions lors de la biooxydation d’un concentré
aurifère de pyrite avec Acidithiobacillus ferrooxidans. Ils ont obtenu des taux de dissolution
du fer élevés avec une granulométrie de -38µm comparé à ceux obtenus avec les
granulométries de -75+38µm, -106+75µm et -150+106µm.

IV.4.4 Conclusion

Des essais réalisés et des résultats qui en découlent, nous pouvons donc dire que la
granulométrie a un effet considérable sur le pH, le potentiel d’oxydoréduction de la solution et
sur le rendement d’extraction des métaux au cours de la biolixiviation de la carrolite.
L’activité bactérienne, facteur déterminant dans le processus de biolixiviation diffère d’une
granulométrie à l’autre.. La phase de latence est plus courte avec la granulométrie de -53µm
comparée aux autres granulométries (+53-75µm et +75-104µm) et les rendements
d’extraction les plus élevés sont obtenus avec la granulométrie de - 53µm pour tous les
métaux.

IV.5. Effet de la densité pulpe sur la biolixiviation de la carrolite

IV.5.1 Introduction

La densité de la pulpe est un facteur qui influence largement le processus de biolixiviation des
minéraux sulfurés. Cette influence est observée aussi bien sur le pH et le potentiel
d’oxydoréduction de la solution que sur la dissolution des métaux.

En effet, Olubambi et al., 2008 ont montré que les taux de dissolution des métaux Cu, Zn et
Pd diminuaient avec l’accroissement de la densité de pulpe au cours de la biolixiviation d’un
sulfure métallique avec un consortium mixte de mésophile lorsqu’elle variait de 5à 20%
(w/v). L’optimum de densité de pulpe donnant des meilleurs résultats a été obtenu avec une
densité pulpe de 5% (w/v).

91
Dans la présente section, l’effet de la densité pulpe sur le pH et le potentiel d’oxydoréduction
de la solution et le taux d’extraction des métaux au cours de la biolixiviation de la carrolite est
étudié et les résultats et les discussions sont donnés.

IV.5.2 Evolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la solution en fonction de la


densité de la pulpe

Les courbes donnant l’évolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la solution en


fonction de la densité de la pulpe au cours de la biolixiviation de la carrolite sont présentées
aux Figures 39a et 39b ci-après.

a b

Figure 39 : Evolution du pH (a) et du Eh (b) de la solution en fonction du temps et de la densité pulpe au cours de
la biolixiviation de la carrolite (pH initial 2,0 ; granulométrie -53µm)

L’examen de ces courbes montre que le pH de la solution augmente au cours des deux
premiers jours quelle que soit la densité de la pulpe considérée et diminue rapidement après 5
jours pour atteindre une valeur minimale de 1,71 à une densité de la pulpe de 2% après 30
jours. Par contre, pour des densité de pulpe de 5% et 10%, cette diminution du pH de la
solution s’observe graduellement plus tard, entre 7 et 8 jours, pour atteindre un minimum de
1,85 et 2,03 respectivement pour 5% et 10% de densité de pulpe.

92
Par contre, à 2% de densité de pulpe, le potentiel diminue légèrement les deux premiers jours
et augmente ensuite brusquement après 5 jours pour atteindre des valeurs supérieurs à 630
mV avant d’évoluer sous forme d’un palier après 20 jours de biolixiviation.. Mais pour les
densités pulpe de 5% et 10%, le saut brusque de potentiel d’oxydoréduction n’intervient
qu’après environ 8 jours et 12 jours respectivement. Dans ce cas, les valeurs maximales de
potentiel d’oxydoréduction atteintes avant le palier varie autour de 630mV et 575mV
respectivement pour des densités de pulpe de 5% et 10%.

Que ce soit pour le pH ou pour le potentiel d’oxydoréduction, l’évolution observée serait due
à l’activité bactérienne qui est favorisée avec la diminution de la densité pulpe, et cela de
façon plus significative, au cours de la phase de latence dont la durée se retrouve écourtée
quand la densité pulpe diminue. De cette activité bactérienne dépend la cinétique de
production d’acide (et donc la diminution du pH) et de production d’ions ferriques
(augmentation du potentiel d’oxydoréduction) en solution au cours de la biolixiviation.

En conditions stériles (avec le thymol) et à une densité de pulpe de 2%, le pH et le potentiel


d’oxydoréduction de la solution restent plus ou moins constants fluctuant autour de 2,2 pour
le pH et 360 mV pour le potentiel d’oxydoréduction contrairement aux résultats obtenus
précédemment en présence des bactéries.

IV.5.3 Effet de la densité de la pulpe sur le rendement d’extraction des métaux Cu, Co et Ni

Les courbes donnant l’évolution du rendement d’extraction des métaux en fonction de la


densité pulpe au cours de la biolixiviation de la carrolitte sont représentées aux Figures 40a,
40b et 40c ci-après.

93
a b

Figure 40 : Evolution du rendement d’extraction du Cu (a), Co (b) et Ni (c) en fonction du temps et de la densité
pulpe au cours de la biolixiviation de la carrolite (pH initial 2,0 ; granulométrie -53µm)

Lorsque nous examinons ces courbes, nous constatons que le rendement d’extraction des
métaux Cu, Co et Ni augmente quand la densité pulpe diminue. Pour le cuivre, par exemple,
le rendement d’extraction diminue lorsque la densité de la pulpe passe de 2 à 10% et les
rendements de récupération, dans ce cas, sont respectivement de 51,4 ; 44,2 et 14,6%,
respectivement à 2, 5 et 10% de densité de pulpe. De même pour le cobalt et le nickel, les
rendements d’extraction diminuent lorsque la densité de la pulpe varie de 2 à 10%. Les
rendements obtenus pour le cobalt sont respectivement de 48,2 ; 43,6 et 17% tandis que ceux
de nickel sont de 44 ; 33,1 et 14,5% respectivement. Par contre, pour l’essai effectué dans les
conditions stériles c’est-à-dire sans bactéries, les rendements d’extraction des métaux restent
très faibles et presque constant autour des valeurs inférieures à 5% et cela pour tous les
métaux.

94
Les résultats ainsi obtenus s’expliquent par le fait que lorsque la densité de la pulpe augmente,
l’activité bactérienne se retrouve inhibée par manque d’oxygène et par le stress mécanique
que subissent les bactéries ou même probablement par la mise en solution de certains
éléments toxiques vis-à-vis des bactéries.

Ces observations rejoignent celles Harrison et al. (2003) qui ont étudié l’effet de la densité de
pulpe sur l’évolution de la population bactérienne au cours de la biolixiviation avec
saccharomyces cerevisiae. Ils ont noté que l’augmentation de la densité de la pulpe avait un
effet néfaste sur la croissance bactérienne lorsque la densité pulpe variait de 0,5 à 5%. Une
forte perturbation de la croissance bactérienne a été observée avec la densité pulpe de 5%
tandis qu’elle a été optimale avec une densité de 0,5%.

De même, Acevedo et al. (2002) ont aussi noté au cours de leurs études que les fortes
densités de pulpes inhibaient la croissance des bactéries et augmentaient le taux de réduction
de fer ferrique en fer ferreux que l’inverse.

IV.5.4 Conclusion

Des résultats ainsi obtenus, nous pouvons retenir que la densité de la pulpe a un effet
considérable sur la biolixiviation de la carrolite par le fait que l’activité bactérienne serait
favorisée par la diminution de la densité de pulpe. Ainsi, des rendements d’extraction des
métaux Cu, Co et Ni élevés sont obtenus à 2% de densité comparés à ceux obtenus à 5 et
10%. Ces résultats sont en accord avec plusieurs études menées par d’autres chercheurs sur
d’autres minéraux (Acevedo et al., 2002; Olson et al., 2003 ; Harrison et al., 2003; Olubambi
et al., 2008).

95
IV.6 Conclusions sur les facteurs influençant la biolixiviation de la carrolite

Au cours de ce chapitre, nous avons mené une série d’essais qui a porté sur les paramètres
influençant la biolixiviation de la carrolite en présence de bactéries mésophiles. Nous avons
investigué l’influence du pH initial (pH 1,5 ; 2,0 et 2,5), de la granulométrie (-53µm, +53-
75µm et +75-104µm) et de la densité pulpe (2%, 5% et 10%) sur le pH, le potentiel
d’oxydoréduction Eh de la solution et sur le rendement d’extraction des métaux en fonction
du temps. Les résultats obtenus ont montré ce qui suit :

- Le pH initial influe largement sur le pH, le potentiel d’oxydoréduction de la


solution et sur le rendement d’extraction des métaux. En effet, le pH de la solution
augmente légèrement au cours des deux premiers jours et diminue ensuite pour
atteindre une valeur minimale qui est fonction du pH initial. La valeur de pH la
plus faible a été obtenue avec un pH initial égal à 2 soit 1,71 donnant ainsi un
gradient de pH de 0,29. Cette situation traduirait une bonne activité bactérienne à
pH=2 par rapport aux autres valeurs de pH initial.

- Le potentiel d’oxydoréduction de la solution diminue légèrement au cours des


deux premiers jours pour ensuite évoluer suivant trois étapes traduisant les phases
de la croissance bactérienne à savoir la phase de latence, la phase de croissance
exponentielle et la phase stationnaire. La durée de ces étapes semble être fonction
du pH initial. La durée de la période de latence marquerait plus cette différence
entre les valeurs de pH initial. Elle semble être ainsi de 5, 7 et 10 jours
respectivement pour les valeurs de pH initial égale à 2,0 ; 2,5 et 1,5.

- L’évolution du rendement d’extraction des métaux au cours du temps présente,


elle aussi, une allure en trois étapes intervenant après une légère augmentation
durant les deux premiers jours et cela pour tous les métaux et quel que soit le pH
initial. Ces étapes correspondraient à l’évolution de la croissance bactérienne c’est-
à-dire une phase de latence, une phase de croissance exponentielle et une phase
stationnaire. Le pH initial de 2,0 donne des meilleurs rendements d’extraction des
métaux soit 51,4 ; 48,2 et 44% respectivement pour le Cu, Co et Ni.

96
- La granulométrie a un effet considérable sur le pH, le potentiel d’oxydoréduction
de la solution et sur le rendement d’extraction des métaux au cours de la
biolixiviation de la carrolite du fait que les fines particules présentent une grande
surface spécifique favorisant ainsi l’activité bactérienne . Celle-ci étant un facteur
déterminant dans le processus de biolixiviation, semble être différente d’une
granulométrie à l’autre. La phase de latence, par exemple, est plus courte avec la
granulométrie de -53µm comparée aux autres granulométries (+53-75µm et +75-
104µm). Ainsi les rendements d’extraction les plus élevés sont obtenus avec la
granulométrie de - 53µm pour tous les métaux.

- La densité pulpe influe aussi largement sur la biolixiviation de la carrolite qui se


traduirait principalement sur l’activité bactérienne. Elle serait favorisée par la
diminution de la densité pulpe. Ainsi, nous avons observé des rendements
d’extraction des métaux Cu, Co et Ni élevés à 2% de densité pulpe comparés à
ceux obtenus à 5 et 10%. Ces résultats semblent être en accord avec plusieurs
études reprises dans la littérature sur d’autres minéraux comme la pyrite, la
chalcopyrite etc.

97
CHAPITRE V : MECANISMES DE BIOLIXIVIATION DE LA CARROLITE

V.1 Introduction

La biolixiviation des sulfures métalliques est un processus qui se fait, fondamentalement,


suivant deux mécanismes : un mécanisme direct et un mécanisme indirect. Le premier est
décrit comme étant une oxydation directe du sulfure métallique par la bactérie via des moyens
biologiques (EPS,..) et le deuxième est décrit comme étant une oxydation du sulfure
métallique via les ions ferriques provenant de l’oxydation biologique du fer ferreux par
l’action des bactéries.

Ces deux mécanismes de biolixiviation des sulfures métalliques ont été sujets de beaucoup
d’études et jusque-là, il semble aussi qu’aucun compromis n’a encore été trouvé surtout en ce
qui concerne la mise en évidence de la contribution de chaque mécanisme dans le processus
global de biolixiviation des minéraux sulfurés.

Rawlings (2002) et Sand et al. (2001, 2006) ont renommé les deux types de mécanismes de
biolixiviation en mécanisme de contact et de non contact en lieu et place respectivement de
mécanisme direct et mécanisme indirect. Le mécanisme de non contact serait induit par les
bactéries planctoniques (c’est-à-dire les bactéries libres dans la phase liquide) qui catalysent
l’oxydation des ions ferreux en ions ferriques en solution et ces derniers viennent en contact
avec la surface minérale où ils seront réduits en ions ferreux. Dans ce sens, ce mécanisme
d’oxydation de sulfure métallique est dit indirect. A l’inverse, le mécanisme de contact a lieu
lorsque la bactérie s’attache ou adhère à la surface minérale. Cela implique que les
phénomènes électrochimiques induisent la dissolution des sulfures métalliques dans la zone
entre la bactérie et la surface minérale. Dans les deux cas, c’est-à-dire qu’il s’agisse du
mécanisme de contact ou de non-contact, la bactérie contribue à la dissolution des sulfures
métalliques par régénération de l’agent oxydant (l’ion ferrique) et par conséquent, par
l’oxydation des produits soufrés provenant de la réaction de l’oxydation du sulfure métallique
(Rohwerder et al., 2003).

98
Comme nous l’avions déjà indiqué auparavant, les mécanismes de biolixiviation des minéraux
comme la pyrite, la chalcopyrite, la sphalérite, la pentlandite, la pyrrhotite, la covellite, la
bornite et la galène, pour ne citer que cela, sont plus ou moins connus et discutés dans la
littérature, il est cependant vrai que le mécanisme de biolixiviation de la carrolite, qui est un
minéral sulfuré porteur des métaux cuivre, cobalt et nickel dans plusieurs minéralisations et
en particulier celles des gisements de l’Arc Cuprifère du Katanga en RDC, n’a fait que peu ou
pas même l’objet de recherches.

Tout en reconnaissant que la question de mécanisme de biolixiviation des minéraux sulfurés a


été sujet de beaucoup de débats et discussions depuis 35 années déjà, F.K. Crundwell, 2003 a
passé en revue les différentes propositions de mécanismes suggérées dans la littérature en
donnant et en discutant chaque fois, les arguments avancés par les différents auteurs . Il s’agit
entre autre des travaux de Silverman and Lundgren (1959); Silverman and Ehrlich (1964);
Crundwell (1988); Pogliani et al. (1990); Pistaccio et al. (1994); Konishi et al. (1994); Fowler
et Crundwell (1998); Boon et al. (1999) ; Breed et Hansford (1999); Schippers et Sand
(1999); Holmes et Crundwell (2000); Tributsch et Rojas-Chapana (200 ; Startsev (2000) ;
Boon (2001) ; Fowler et al. (2001); Tributsch (2001).

Dans ce contexte, l’étude de mécanisme de biolixiviation de la pentlandite par deux types de


bactéries, mésophiles et thermophiles, menée par Zhang et al. (2005), a montré une
prédominance du mécanisme direct dans le cas de bactéries mésophiles et celle du mécanisme
indirect dans le cas de bactéries thermophiles.

Aussi, Jiang et al. (2008) ont pu mettre en évidence un mécanisme direct lors de la
biolixiviation de la galène avec A. ferrooxidans sur base des résultats obtenus en comparaison
avec une lixiviation chimique de la galène en présence des ions ferriques.

Le but de ce chapitre est donc, de tenter d’élucider le mécanisme de biolixiviation de la


carrolite en présence des bactéries mésophiles. Sur base de divers travaux repris dans la
littérature, nous avons appréhendé cette question en simulant les différents approches par des
essais de biolixiviation de la carrolite.

99
V.2 Lixiviation chimique en milieu acide non oxydant et en milieu acide oxydant (en
présence de sulfate ferrique)

V.2.1 Introduction

Comme mentionné dans la partie relative à la revue bibliographique, la lixiviation des sulfures
de métaux est un processus chimique dans lequel les ions ferriques et les protons
interviennent. Le rôle des micro-organismes est alors défini comme étant celui de produire les
composés chimiques intermédiaires et de créer les espaces dans lesquels les réactions de
lixiviation peuvent se produire.

La lixiviation des sulfures de métaux acido-solubles, encore appelée mécanisme polysulfure,


est réalisée par l’intermédiaire de l’attaque combinée des ions ferriques et des protons avec le
soufre élémentaire comme principal composé intermédiaire.

Les sulfures de métaux acido-insolubles sont attaqués uniquement par voie biologique selon
un mécanisme communément appelé mécanisme thiosulfate. Dans ce mécanisme, la
solubilisation est réalisée par oxydation des sulfures de métaux par le fer ferrique produit par
les microorganismes. L’attaque conduit à la formation de thiosulfate comme produit
intermédiaire principal et à la formation d’acide sulfurique comme produit final.

A cause de leur solubilité, la réaction caractérisant la dissolution des sulfures métalliques


acido-solubles peut s’écrire selon l’équation ci-après :

MS + 2H+ → M2+ + H2S (V.1)

Ainsi, Hansford et Vargas, 2001 ont proposé pour la dissolution de la chalcopyrite, les
réactions suivantes :

CuFeS2 + 2H2SO4 → CuSO4 + FeSO4 + 2H2S (aq ) (V.2)

2H2S+ 2 Fe2(SO4 )3 → 4FeSO4 + 2H2SO4 + 2S0 (V.3)

100
La réaction globale peut s’écrire alors de la manière suivante qui peut être assimilée à une
réaction caractérisant la dissolution de la chalcopyrite en présence des ions ferriques :

CuFeS2 + 2 Fe2 (SO4 )3 → CuSO4 + 5FeSO4 + 2S0 (V.4)

Plusieurs études se rapportant à la lixiviation des sulfures métalliques en milieu acide et/ou en
présence des ions ferriques sont mentionnés dans la littérature (Third et al., 2000 ; Sato et al.,
2000 ; Hiroyoshi et al., 2001 ; Sand et al., 2001 ; Harmer et al., 2006 ; Klauber, 2008 ; Koleini
et al., 2011) et indiquent que les taux de dissolution des métaux obtenus peuvent varier de 2 à
3% jusque 90% selon les conditions opératoires.

Le but de cette section est de mettre en évidence le rôle que jouent les ions H+ et les ions
ferriques dans le processus de biolixiviation de la carrolite et ainsi, contribuer à la
compréhension des mécanismes de dissolution des métaux Cu, Co et Ni en présence des
bactéries mésophiles.

V.2.2 Procédure expérimentale

V.2.2.1 Lixiviation acide sulfurique

Les tests de lixiviation chimique acide ont été effectués en Erlenmeyer avec une agitation
mécanique assurée par une table agitée et plongée dans un bain marie pour le maintien de la
température constante. La vitesse d’agitation et la température sont réglables et indiquées sur
un écran disposé sur le flanc droit du bac servant de bain marie. Après avoir chauffé le bain
marie jusque 70°C, 2g de carrolite sont ajoutés dans 100 ml de solution de H2SO4 1N ou 10N
dans un Erlenmeyer de 250 ml et placés sur la table agitée à 120 rpm. Le contrôle de
l’avancement de la réaction était effectué par prélèvement régulier de 2 ml de solution. Le
volume réactionnel est maintenu constant par ajouts d’eau distillée.

V.2.2.2 Lixiviation chimique oxydante

La procédure expérimentale a été la même que pour les tests de lixiviation acide sulfurique
non oxydante mais ces tests ont été menés en présence de différentes concentrations en sulfate
ferrique et à pH initial égal à 2,0.

101
Les concentrations en sulfate ferrique ont été de 1, 2 et 10 g/l correspondant à 0,23 ; 0,46 et
2,28 g/l d’ions ferriques. Pour des raisons de comparaison avec les tests de biolixiviation, ces
tests ont été effectués à une température maintenue constante à 30°C dans une chambre
thermostatisée et agitée à l’aide d’une table d’agitation orbital. Une autre série de tests à 10 g/l
de sulfate ferrique ont été menés à 70°C dans un bain marie et à différents pH initial (pH
initial=2,0 et 1,5) pour comparer les résultats avec ceux des tests de lixiviation chimique
acide. L’agitation a été maintenue à 120 rpm.

V.2.3 Résultats et discussions

V.2.3.1 Lixiviation abiotique en milieu acide non oxydant

Les Figures 41a et 41b ci-après représentent l’évolution du rendement d’extraction des
métaux au cours du temps dans une solution d’acide sulfurique de concentration 10N et 1N
respectivement.

(a)10N H2SO4 ; 70°C (b)1N H2SO4 ; 70°C

a b

Figure 41 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu, Co et Ni en fonction du temps et en milieu acide
sulfurique 10N (a) et 1N (b) au cours de la lixiviation de la carrolite (granulométrie -53µm, température 70°C,
densité pulpe 2%)

102
L’examen de ces figures montre que les rendements d’extraction des métaux obtenus après 10
jours de lixiviation dans une solution à 10N H2SO4 sont en moyenne de 8% pour le Cu et le
Co et 4% pour le Ni . Les rendements obtenus pendant le même temps mais dans une solution
à 1N H2SO4 sont en moyenne de 7,5% pour le Cu et le Co et 3% pour le Ni. Nous pouvons
donc en conclure que quelle que soit la concentration en acide sulfurique (10N ou 1N), les
rendements d’extraction des métaux restent faibles et similaires. Ils sont indépendants de la
concentration initiale en acide sulfurique et cela à 70°C.

La Figure 42 ci-après représente l’évolution des rendements d’extraction des métaux Cu, Co
et Ni obtenus au cours d’un essai effectué dans les conditions stériles (avec thymol) à pH=1,5
à 30°C. Il en ressort que les rendements d’extraction maximum sont en moyenne de 4% pour
les métaux Cu et Co et de 2% pour le Ni.

Figure 42 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu, Co et Ni en fonction du temps au cours
de la lixiviation de la carrolite (pH initial 1,5 ; granulométrie -53µm ; densité pulpe 2% ;Température 30°C)

Lorsque nous comparaisons ces résultats avec ceux obtenus lors des essais précédents
effectués à 70°C avec des solutions à 10N et 1N H2SO4, nous pouvons conclure aisément que
les rendements d’extraction des métaux dans le cas de l’essai effectué à 30°C et à pH 1,5 sont
légèrement plus faibles.

103
Les Figures 43a, 43b et 43c ; 44a, 44b et 44c ; 45a, 45b et 45c ci-après présentent l’évolution
des rendements d’extraction des métaux Cu, Co et Ni obtenus au cours des essais effectués
d’une part à pH 2,0 et 1,5 avec et sans bactéries à 30°C et d’autre part avec une solution à
10N H2SO4 à 70°C.

(a) pH initial 2,0 (b) pH initial 1,5

a b

(c) Lixiviation acide sulfurique à 70°C

Figure 43 : Evolution du rendement de récupération du cuivre en fonction du temps au cours


de la biolixiviation de la carrolite à 30°C et (a) pH 2,0 , (b) pH 1,5 et (c) 10 N et 1N H2SO4 (70°C)

104
(a) pH initial 2,0 (b) pH initial 1,5

a b

(c) Lixiviation acide sulfurique à 70°C

Figure 44 : Evolution du rendement de récupération du cobalt en fonction du temps au cours


de la biolixiviation de la carrolite à 30°C et (a) pH 2,0 , (b) pH 1,5 et (c) 10 N et 1N H2SO4 (70°C)

105
(a) pH initial 2,0 (b) pH initial 1,5

a b

(c) Lixiviation acide sulfurique à 70°C

Figure 45 : Evolution du rendement de récupération du nickel en fonction du temps au cours


de la biolixiviation de la carrolite à 30°C et (a) pH 2,0 , (b) pH 1,5 et (c) 10 N et 1N H2SO4 (70°C)

106
Il en ressort que pour tous les métaux :

- Les rendements d’extraction, au cours de l’essai effectué avec une solution à 10N
H2SO4 à 70°C, augmentent rapidement dès le premier jour et atteignent un palier
autour du 6ième jour. Ce palier signifierait que la réaction de dissolution de la carrolite
se retrouverait bloquée probablement par des produits formés au cours de la réaction.
Ces produits formeraient alors une couche de passivation inhibant la poursuite de la
réaction de mise en solution.

- Les rendements d’extraction, au cours des essais effectués dans les conditions stériles
à pH=2,0 et pH=1,5 à 30°C, restent faibles et presque constant au cours du temps avec
tendance vers une légère augmentation pour l’essai à pH=1,5.

- Les rendements d’extraction, au cours des essais effectués avec des bactéries à pH=2
et pH=1,5 restent faibles et constant au cours des premiers jours puis augmentent
rapidement pour atteindre ensuite un palier. Ces différentes étapes observées dans
l’évolution des rendements d’extraction des métaux correspondraient aux différentes
phases de croissance des bactéries comme nous l’avions déjà mentionnée au chapitre
précédent. En outre, les rendements d’extraction les plus élevés sont obtenus à
pH=2,0.

- Même si les rendements d’extraction des métaux au cours des essais effectués à 70°C
avec une solution à 10N H2SO4 augmentent rapidement au cours des premiers jours
comparés à ceux des essais effectués avec les bactéries à pH=2,0 et pH=1,5, il en
ressort aussi que les rendements d’extraction des métaux les plus élevés sont obtenus
dans ce dernier cas, montrant ainsi l’action des bactéries au cours du processus de la
mise en solution des métaux. Cette action bactérienne semble être optimale à pH=2,0
comme nous l’avons déjà souligné dans le chapitre précédent.

107
V.2.3.2 Lixiviation abiotique en milieu acide oxydant (en présence de sulfate ferrique)

L’évolution des rendements d’extraction des métaux au cours du temps en fonction de la


concentration en sulfate ferrique est donnée sur les Figures 46a, 46b et 46c ci-après
respectivement pour le cuivre, le cobalt et le nickel.

a b

Figure 46 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu (a), Co (b) et Ni (c) en fonction du temps et
de la concentration en sulfate ferrique au cours de la lixiviation de la carrolite
(granulométrie -53µm, densité pulpe 2% pH 2,0 et à 30°C)

108
L’examen de ces figures montre que pour tous les métaux, le rendement d’extraction
augmente avec la concentration en sulfate ferrique, les plus élevés étant obtenus à 10g/l
Fe2(SO4)3 soit 7,1%, 6,8% et 4,1% respectivement pour le Cu, Co et Ni. Ces rendements
restent toutefois faibles.

Les Figures 47a et 47b ci-après donnent l’évolution des rendements d’extraction des métaux
au cours du temps lorsqu’on travaille avec une concentration de 10g/l de sulfate ferrique à
70°C respectivement à pH=2,0 et à pH=1,5.

10g/l Fe2(SO4)3
10g/l Fe2(SO4)3 10g/l
pH 1,5Fe2(SO4)3
et 70°C
pH 2,0 et 70°C pH 1,5 et 70°C

a b

Figure 47 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu, Co et Ni en fonction du temps


à 10 g/l de sulfate ferrique et à pH (a) 2,0 et (b) 1,5 au cours de la lixiviation de la
carrolite (granulométrie -53µm, densité pulpe 2% et à 70°C)

Lorsque nous examinons ces figures, nous pouvons constater que les rendements d’extraction
des métaux se retrouvent améliorés, comparés à ceux obtenus dans les conditions précédentes
(c’est-à-dire à pH 2,0, 10g/l Fe2(SO4)3 et à 30°C) et cela particulièrement à pH=1,5. Les
rendements d’extraction maximum obtenus à pH 1,5 et 10g/l Fe2(SO4)3 à 70°C après 10 jours
de lixiviation sont en moyenne de 15% pour les métaux Cu, Co et 9% pour le Ni.

De ce qui précède, il ressort donc que pour une même concentration de sulfate ferrique,
l’extraction des métaux semble être améliorée lorsqu’on travaille dans des conditions plus
acides comme par exemple à pH=1,5 qu’à pH=2,0.

109
Cette situation indique que l’augmentation des rendements d’extraction des métaux serait
favorisée non seulement par les ions ferriques mais aussi par les ions H+ en solution.

En en se référant au mécanisme de biolixiviation proposé par Schippers and Sand, 1999, on


peut dire que la carrolite fait partie des sulfures métalliques dits « acido-solubles » et dont la
dissolution peut être représentée schématiquement par la Figure 48 et résumée par les
équations ci-après.

Figure 48 : Schéma de mécanisme de biolixiviation de polysulfure d’après Schippers and Sand, 1999

MS + 2H+ → M2+ + H2S (V.5)

H2S + Fe3+ → H2S*+ + Fe2+ (V.6)

Du fait que les ions Fe3+ sont plus puissants que les protons H+ pour rompre la liaison entre le
métal et le soufre (M-S) (Tributsch et al, 1981), la formation du radical H2S*+ peut se faire
sans passer par la formation de H2S comme produit intermédiaire de sorte que les deux
réactions précédentes peuvent être simplifiées en une seule réaction ci-après :

MS + Fe3+ + 2H+ → M2+ + H2S*+ + Fe2+ (V.7)

La formation de polysulfure débutera alors par la dissociation de H2S*+ en + HS* et H3O+


selon la réaction ci-après :

H2S*+ + H2O → H3O+ + HS* (V.8)

110
Deux radicaux HS* peuvent réagir entre eux pour donner un disulfure selon la réaction ci-
après :
2HS*→ H2S2 (V.9)

Le disulfure peut réagir aussi à son tour avec les ions Fe3+ ou avec un autre HS* selon les
réactions ci-après :

H2S2 + Fe3+→ H2S2*+ + Fe2+ (V.10)

H2S2 + HS*→ HS2*+ + H2S (V.11)

Il va s’en suivre alors une réaction de polymérisation entre les radicaux HS2* (analogue à celle
entre les radicaux HS*) pour la formation des polysulfures. En solution acide, ces polysulfures
se décomposent en donnant le soufre élémentaire, principalement sous forme de S8 suivant la
réaction ci-après :

H2S9 → H2S + S8 (V.12)

V.3 Effet des ions ferriques sur la biolixiviation de la carrolite

V.3.1 Introduction

De tous les modèles proposés dans la littérature (Schippers and Sand, 1999 ; Sand et al.,
2001 ; Harmer S.L. et al., 2006 ; Klauber C., 2008 ; Koleini et al., 2011; , il ressort que les
ions ferriques jouent un grand rôle dans le processus de mise en solution des métaux à partir
de leurs sulfures métalliques, surtout en ce qui concerne plus particulièrement le mécanisme
indirect.

Le but de cette section est d’étudier l’effet des ions ferriques sur la biolixiviation de la
carrolite et, contribuer ainsi à la compréhension des mécanismes de la dissolution des métaux
Cu, Co, Ni en présence des bactéries mésophiles.

111
V.3.2 Procédure expérimentale

Ces tests ont été effectués en Erlenmeyers de 250 ml agités à l’aide d’une table d’agitation
orbitale maintenu à 30°C dans une chambre thermostatisée. Ainsi, 2 g de carrolite ont été
ajoutés à 100 ml de solution à 10% (v/v) d’inoculum pour obtenir une pulpe à 2% (w/v). Des
quantités de 1, 2 et 10 g/l de sulfate ferrique correspondant à 0,23, 0,46 et 2,28 g/l de Fe3+ ont
été ajouté selon les essais. Le pH initial était égal à 2,0 et l’agitation a été maintenue à 120
rpm. Le contrôle de l’avancement de la réaction était effectué par prélèvement régulier de 2
ml de solution. Le volume réactionnel a été maintenu constant au cours du temps de
biolixiviation par ajouts d’eau distillée.

V.3.3 Résultats et discussions

V.3.3.1 Influence de la concentration initiale de sulfate ferrique sur le pH et le potentiel


d’oxydoréduction de la solution

L’évolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la solution au cours du temps en


fonction de la concentration en sulfate ferrique est donnée aux figures 49a et 49b ci-après
respectivement pour le pH et le potentiel d’oxydoréduction à différentes concentrations en
sulfate ferrique.

a b

Figure 49 : Evolution du pH (a) et du Eh (b) de la solution en fonction du temps et de la concentration en sulfate


ferrique au cours de la biolixiviation de la carrolite (granulométrie -53µm, pH initial 2,0, densité pulpe 2% et à 30°C)

112
L’examen de la Figure 49a montre que quelle que soit la concentration en sulfate ferrique et
partant la concentration en ions Fe3+, le pH de la solution diminue au cours du temps et
atteint, pour une concentration de 10g/l Fe2(SO4)3, une valeur minimale de 1,75. On observe,
en effet, une augmentation du pH au cours des deux premiers jours, due principalement à la
mise en solution des minéraux de la gangue présents dans l’échantillon de carrolitte, suivi
d’une diminution allant jusqu’au 5ième jour et cela quelle que soit la concentration en sulfate
ferrique. Après cette période, le pH de la solution continue à diminuer mais cette fois en
fonction de la concentration en sulfate ferrique, le plus grand gradient de pH étant obtenu à 10
g/l de sulfate ferrique soit 0,25. En se référant aux courbes donnant l’évolution du potentiel
d’oxydoréduction de la solution au cours du temps en fonction de la concentration en sulfate
ferrique (Figure 49b), on en déduit que la diminution de pH observée entre le 3ième jour et le
5ième jour de biolixiviation ne semble pas être liée à l’activité bactérienne.

En effet, l’examen de ces courbes montre qu’au cours des 2 et 3 premiers jours, le potentiel
d’oxydoréduction de la solution diminue fortement quelque soit la concentration en sulfate
ferrique, diminution qui serait probablement due à la consommation d’ions Fe3+ contenus
dans l’inoculum de départ. Cette diminution pourrait signifier aussi que l’activité bactérienne
est quasi-nulle. Les bactéries s’adapteraient au nouveau substrat et cette période pourrait
correspondre à la phase de latence. L’activité bactérienne devient probablement remarquable
seulement à partir du 5ième jour ce qui se manifesterait par un saut de potentiel
d’oxydoréduction de la solution, surtout dans le cas de la concentration de 10g/l de sulfate
ferrique. Elle atteindrait alors, dans ce cas, des valeurs allant jusque 635mV. Cette
constatation semble renforcer l’argument selon lequel il y aurait production d’ions H+ étant
donné le mécanisme de polysulfure qui suppose que le soufre élémentaire est le produit final
de la réaction et en plus la formation des précipités ferriques s’accompagnerait de la
production d’ions H+. Les ions H+ se formeraient alors selon les réactions ci-après :

2S0 + 3O2 + 2H2O → 4H+ + 2SO42- (V.13)

3Fe2+ + 3H2O → 3Fe (OH)+ + 3H+ (V.14)

3Fe3+ + X+ + 2HSO- + 6H2O ⎯⎯→X Fe3(SO4)2 (OH)6 + 8H + (V.15)

où X+ = K+ , Na+ , NH+ , H+ (V.16)


113
V.3.3.2 Influence de la concentration initiale de sulfate ferrique sur le rendement d’extraction
des métaux au cours de la biolixiviation

L’évolution du rendement d’extraction des métaux au cours du temps de biolixiviation en


fonction de la concentration en sulfate ferrique est donnée aux Figures 50a, 50b et 50c ci-
après pour le cuivre, le cobalt et le nickel respectivement.

a b

Figure 50 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu (a), Co (b) et Ni (c) en fonction du temps et de la
concentration en sulfate ferrique au cours de la biolixiviation de la carrolite
(granulométrie -53µm, densité pulpe 2%, pH initial 2,0 et à 30°C)

114
L’examen de ces figures montre que l’évolution du rendement d’extraction des métaux au
cours du temps en fonction de la concentration en sulfate ferrique présente une allure
similaire. Dans le cas du cuivre par exemple (Figure 50a), le rendement d’extraction monte
légèrement au début de la biolixiviation puis augmente rapidement pour atteindre presque un
palier enfin de biolixiviation. Cette évolution est typique de celle qu’on a déjà observée
précédemment.

Toutefois, c’est à 10 g/l de sulfate ferrique qu’on observe des rendements d’extraction
maximum pour tous les trois métaux. Ces rendements maximum obtenus à 10g/l sont de
l’ordre de 47, 46 et 33% Cu ; 28, 27 et 14% Co et 27,25 et 13% Ni respectivement pour les
concentrations de 10, 2 et 1 g/l de sulfate ferrique. En outre, ces différences, du reste
significatives, seraient dues à l’influence des ions Fe3+ couplée à celle des bactéries comme
l’on peut s’en apercevoir quand on observe les courbes donnant l’évolution du rendement
d’extraction des métaux dans le cas des essais effectués dans les conditions stériles (c’est-à-
dire sans les bactéries) à 10 g/l représentées sur les Figures 50a, 50b et 50c ci-haut.

Il en ressort, en effet, que les rendements d’extraction des métaux Cu, Co et Ni restent
relativement faibles au cours du temps de biolixiviation et cela quelle que soit la
concentration de sulfate ferrique.

V.3.4 Conclusion

Nous avons procédé à des essais de lixiviation de la carrolite en milieu acide non oxydant et
acide oxydant (en présence du sulfate ferrique) sans bactéries d’une part et avec bactéries
d’autre part. Les résultats obtenus lors de ces essais peuvent être résumés en 4 points ci-
après :

- Du fait que la carrolite est soluble dans l’acide, elle fait partie de la catégorie des
sulfures métalliques acido-soluble dont la lixiviation en présence des bactéries procède
par un mécanisme indirect dit de polysulfure (Schippers and Sand, 1999).

- La lixiviation de la carrolitte en présence des bactéries donne des rendements de


dissolution des métaux nettement meilleurs par rapport à celle effectuée sans bactéries.

115
- La lixiviation abiotique acide de la carrolite en présence des ions ferriques est
favorisée par des pH acide et des températures élevées.

- L’addition d’ions ferriques a une influence positive aussi bien sur la lixiviation avec
bactéries que sur celle effectuée en conditions stériles (avec le thymol).

V.4 Estimation et rôle de l’adhésion bactérienne au cours de la biolixiviation de la


carrolite

V.4.1 Introduction

Au cours du processus de biolixiviation des sulfures métalliques, les microorganismes


lixiviants se trouvent à chaque instant répartis en solution (appelées bactéries planctoniques)
et à la surface du minéral (appelées bactéries fixées ou adhérées) formant ce qu’on appelle un
biofilm dont le cycle de vie a été décrit dans la revue bibliographique du présent travail.

L’importance et le rôle des bactéries fixées à la surface d’un minérale dans le processus global
de biolixiviation des sulfures métalliques a été démontré par plusieurs chercheurs (Beach and
Sunner, 2004 ; Kinzler et al., 2003 ; Dziurla, 1995, 1998). Le but de cette section est d’étudier
cette adhésion bactérienne afin de mettre en évidence son rôle dans le processus global de
biolixiviation de la carrolitte et contribuer ainsi à la compréhension des mécanismes régissant
ce processus.

Une première expérience a consisté à l’estimation de l’adhésion bactérienne par un


dénombrement des bactéries fixées au cours de la biolixiviation. Une deuxième expérience a
été menée afin de montrer le rôle de cette adhésion bactérienne dans le processus de
biolixiviation de la carrolite.

116
V.4.2 Estimation des bactéries fixées sur les grains de carrolitte, par désorption
physicochimique

V.4.2.1 Procédure expérimentale

La méthode d’estimation des bactéries fixées que nous avons utilisé dans ce travail est une
méthode développée par Monroy et al. (1993) et utilisée par Dziurla (1995, 1998) et d’autres
chercheurs (Meline, 1995). Elle permet, en effet, de distinguer deux classes de bactéries
fixées, en fonction de leur force de liaison au minéral:

- les bactéries faiblement fixées et récupérées à l'aide d'un simple lavage du minéral. En
pratique, ces bactéries ou "bactéries de lavage" sont récoltées de la façon suivante: une
pointe de spatule (10 à 20 mg environ) de minéral (la carrolite) est introduite dans un
tube eppendorf (taré). Le minéral est lavé par des fractions de 1 ml de milieu 9K. Ce
lavage est poursuivi de façon à avoir dans la dernière fraction de lavage une
concentration bactérienne environ égale à 106 bactéries/ml (4 bactéries au
maximum/16 carrés unitaires en cellule de Thoma).

- les bactéries adhérant plus fortement au minéral, et désorbées à l'aide d'un tensio-actif:
le Tween 80. Les molécules composant le Tween 80 sont d'une part, un ester
polyoxyéthylénique (tensioactif non ionique) et d'autre part, un tensio-actif anionique,
l'acide oléique partiellement estérifié par le sorbitol (Dziurla, 1995). Le minéral lavé
avec le milieu 9K, subit deux traitements successifs de 10 min avec 1 ml de Tween 80
à 0,1 % ou 10 %. Deux mélanges au vortex sont réalisés: l'un après ajout du Tween,
l'autre au cours du contact du minéral avec le tensio-actif. Le minéral ainsi traité est
finalement lavé avec 1 ml de milieu 9K.

Pour vérifier l'efficacité de ces traitements, le minéral a été soumis à un traitement


supplémentaire par 1 ml de Tween à 10 %. Les bactéries désorbées au cours du lavage et par
le tween 80 sont dénombrées en cellule de Thoma. La Figure 34 (page 76) donnant les
méthodes et matériels utilisés dans le présent travail résume ce protocole. Pour étudier
l'évolution de la population bactérienne entière, la croissance des bactéries non adhérentes a
également été suivie.

117
Les expériences de biolixiviation et d'estimation de l'adhésion bactérienne ont été réalisées en
réacteurs constitués par un flacon sérum de 250 ml, contenant respectivement 100 ml de pulpe
de densité de 2 % constituée de grains de carrolite à -53µm et renfermant 10% (v/v)
d’inoculum (correspondant à 1.107 bactéries ml-1). Six réacteurs ont été ainsi placés sur une
table agitée à 120 rpm, dans une chambre thermostatisée à 30°C pendant respectivement 5,
10, 15, 20 et 30 jours.

Des observations en Microscopie Optique (MO), en Microscopie Electronique à Balayage


(MEB) et en Microscopie Confocale à Balayage Laser CLSM des grains de carrolite ont été
réalisées sur des grains de carrolite à différents temps de biolixiviation comme indiqué ci-
dessus afin de mettre en évidence l’adhésion des bactéries.

V.4.2.2 Résultats et discussions

Les Figures 51a et 51b ci-après donnent l’évolution du nombre de bactéries libres en
suspension dans la phase liquide et celles qui sont fixées sur des grains de carrolite (bactéries
faiblement et fortement fixées).

a b

Figure 51 : Evolution du nombre de bactéries (a) libres en suspension en solution (b) fixées aux grains au cours de la
biolixiviation de la carrolite (granulométrie -53µm, densité pulpe 2%, pH initial 2,0 et à 30°C)

118
L’examen des résultats obtenus montre que la population bactérienne (bactéries attachées ou
fixées et bactéries libres en suspension) évoluerait en trois phases qui correspondraient aux
phases de croissance d’une population bactérienne.

- Première phase

La concentration de bactéries en suspension reste presque constante (± 107 bactéries/ml) au


cours des 5 premiers jours, période qui correspondrait à la phase de latence. Par contre, le
nombre de bactéries fixées (faiblement et fortement), quant à lui, augmente légèrement et ce,
après qu’un grand nombre de bactéries en suspension aient adhérées aux grains de carrolite.

- Deuxième phase

Au cours de cette phase allant du 5ième jour, jour de la fin de la première phase, on peut
observer que la croissance des bactéries en suspension s’accélère fortement. Cette situation
pourrait signifier que les sites d’adsorption des bactéries disponibles sur la surface du minéral
seraient totalement occupés, en plus du fait qu’il y aurait plus d’ions ferreux en solution par
suite de la réduction des ions ferriques à la surface du minéral à travers les EPS favorisant
ainsi la croissance exponentielle des bactéries libres en suspension dans la phase liquide.
Cette deuxième phase va jusqu’au 20ième jour où les bactéries en suspension atteignent un
nombre maximum qui avoisinerait 4,0.1010 bactéries/ml. Les bactéries fixées sur les grains de
carrolitte atteignent aussi un nombre maximum de ± 5,5 108 bactéries/mg autour du 15ième
jour.
- Troisième phase

A partir du 20ième jour, le nombre de bactéries fixées (faiblement et fortement) diminue alors
que celui des bactéries en suspension reste presque constant avec tendance à une diminution.
Cette tendance à la diminution serait due à un manque de nutriments causé par la formation
des produits de réaction en l’occurrence des précipités de type jarosite comme le montrent les
analyses XRD et FTIR des résidus de biolixiviation (Figures 66 et 67) et dont la formule
générale peut s’écrire XFe3(SO4)2(OH)6 avec X qui peut être constitué par Na+ (natrojarosite),
K+ (potassium jarosite), NH4+ (ammoniojarosite) ou H+ (hydronium jarosite). Cette
diminution du nombre de bactéries libres pourrait être due aussi à la diminution de la
concentration en ions Fe2+ en solution.
119
A ce stade, nous pouvons faire remarquer que le dénombrement de bactéries faiblement et
fortement fixées n’a pas été aussi net et facile du fait que la majorité de cette catégorie de
bactéries seraient enrobées autour des produits de réaction (globalement des précipités) et qui
pourraient se solubiliser par la suite rendant ainsi les bactéries libres dans la phase liquide.
Cette phase correspondrait donc bien à la phase stationnaire de la croissance bactérienne.

V.4.3 Rôle de l’adhésion bactérienne dans le processus de biolixiviation de la carrolite

V.4.3.1 Procédure expérimentale

Parallèlement aux six essais précédents, un septième essai a été effectué de la même manière
mais après l’étape de lavage simple, les grains de carrolitte lavés sont remis dans un réacteur
contenant 100 ml de milieu 9K et le tout est placé sur une table d’agitation dans une chambre
thermostatisée à 30°C. Les mesures des paramètres chimiques de biolixiviation en
l’occurrence le pH et le potentiel d’oxydoréduction (EH) ont été faites au cours du temps.

V.4.3.2 Résultats et discussions

L’évolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de la solution est donnée aux figures 52a


et 52b ci-après.

a b

Figure 52 : Evolution du pH (a) et du Eh (b) de la solution en fonction du temps au cours de la biolixiviation


effectuée après lavage simple de grains de la carrolite.

120
L’examen de ces figures renseigne une évolution du pH et du potentiel d’oxydoréduction de
la solution en trois étapes:

1ére étape

Globalement le pH et le potentiel d’oxydoréduction de la solution fluctuent autour d’une


valeur de 2,0, pour le pH, et de 500mV, pour le potentiel, au cours de cette étape qui dure
jusqu’environ 7 jours. Les bactéries qui sont fixées sur les grains de carrolitte et formant ainsi
un biofilm comme décrit dans la partie de la revue bibliographique (page 21). Ce biofilm
constituerait alors un microenvironnement dans lequel les bactéries auraient comme rôle
principal, l’activation de l’oxydation du fer ferreux à proximité de la surface minérale
(Toniazzo et al., 1999). Les bactéries secréteraient des substances exopolymériques (EPS) qui
permettraient de concentrer les ions ferriques par complexation avec des acides uroniques ou
avec d’autres résidus, au niveau de la surface minérale. A ce stade, la dissolution des métaux
reste quasi-nulle (Rodriguez et al., 2003).

2iéme étape

Le nombre de bactéries fixées et formant le biofilm pourraient se multiplier à la surface du


minéral en se servant directement de celui-ci comme source d’énergie. En effet, Yelloji Rao et
al.,1992, en dosant les protéines bactériennes en solution et à la surface de galène inoculée par
T. ferrooxidans , ont observé une adhésion suivie d'une multiplication bactérienne à la surface
du minéral, sans multiplication en solution. De même, Dziurla, (1995, 1998) est arrivé à cette
conclusion en ce qui concerne la biolixiviation de la pyrite par T .ferrooxidans. Au cours du
temps et suite au stress ou au manque de nutriment, les bactéries se détacheraient alors de la
surface pour rejoindre la phase liquide, conformément au cycle de vie du biofilm. Ainsi le
nombre de bactéries en suspension s’accroîtrait et, dès le 15ième jour cette croissance serait
exponentielle. Au cours de cette étape, on observe alors une légère augmentation du potentiel
d’oxydoréduction et une légère diminution du pH de la solution suite à une croissance
progressive de bactéries en suspension qui favoriserait la réaction d’oxydation d’ions ferreux
en ions ferriques. Bien entendu, on observe aussi une légère dissolution des métaux par
oxydation chimique du minéral par les ions ferriques.

121
3ième étape

A partir du 15ième jour, la croissance des bactéries en suspension s’accélère considérablement.


On observe alors une diminution du pH et une augmentation du potentiel d’oxydoréduction de
la solution. La dissolution des métaux devient aussi remarquable. A ce stade, le déroulement
de la biolixiviation devient « normal » c’est-à-dire à chaque instant il existe des bactéries en
suspension dans la phase liquide et des bactéries fixées sur la surface des grains de carrolite.
Le cycle de vie complet du biofilm est ainsi respecté c’est-à-dire les trois étapes suivantes :
attachement, maturation et détachement.

En comparant avec le modèle de mécanisme de contact décrit lors de l’oxydation de la pyrite


par Rohwerder et al, 2003, nous pouvons dire que le rôle des bactéries adhérant sur la surface
des grains de carrolite serait de catalyser l’oxydation des ions ferreux et cette oxydation serait
favorisée par la présence des EPS secrétées à la surface des grains et créant ainsi un
microenvironnement adéquat. La bactérie serait donc en contact indirect avec le minéral à
travers ce microenvironnement. Ce contact serait donc nécessaire et sa contribution au
processus global de biolixiviation de la carrolitte devrait être mise en évidence.

Cette situation est aussi décrite par Rodriguez Y. et al., 2003 en montrant le rôle primordial
des bactéries attachées au minéral, aussi bien dans le cas de la pyrite, de la chalcopyrite et de
la sphalérite. Ils ont par ailleurs montré que pour ces trois métaux, l’attachement des bactéries
au minéral se fait selon un modèle décrivant deux étapes d’adhésion : une adhésion réversible
et une adhésion irréversible.

V.4.3.3 Observations microscopiques de l’adhésion bactérienne sur des grains de carrolite

Nous avons procédé à des observations microscopiques en vue de mettre en évidence


l’adhésion des bactéries aux grains de carrolite lors de nos expérimentations. Ces observations
ont été faites Microscopie Optique par réflexion (MO), Microscopie Confocale à Balayage
Laser (CLSM) et Microscopie Electronique à Balayage (MEB), illustrées sur les Figures
53A, B, C et D ; 54A et 54 B ; et 55 ci-après.

122
A B

20µm 20µm

C D

20µm 20µm

Figure 53 : Images MO montrant des bactéries fixées (points rouges) sur les grains de carrolite à différents temps
de biolixiviation (A) 5 jours (B) 10 jours (C) 15 jours et (D) 20 jours (granulométrie -53µm, densité pulpe 2%,
pH initial 2,0 et à 30°C)

123
A

124
B

Figure 54 : Images CLSM montrant des bactéries fixées (points rouge) sur les grains de carrolite à différents
temps de biolixiviation (A) 10 jours (B) 15 jours (C) 15 jours essais effectué avec la résine (granulométrie -
53µm, densité pulpe 2%, pH initial 2,0 et à 30°C)

125
A B

C D

Figure 55 : Images MEB montrant des bactéries fixées sur les grains de carrolite à différents temps de
biolixiviation (A) 10 jours (B) 15 jours (C) 20 jours et (D) 30 jours (granulométrie -53µm, densité pulpe 2%, pH
initial 2,0 et à 30°C)

126
V.5 Contribution du contact bactérie-minéral et mise en évidence du rôle des ions
ferriques au cours de la biolixiviation de la carrolite

V.5.1 Introduction

Sur base des expérimentations et observations microscopiques précédentes, le rôle des


bactéries fixées aux grains de la carrolite dans le processus global de biolixiviation a été
démontré. Par contre, la contribution des réactions d'oxydation directes (contact bactérie-
minéral) à l'ensemble du processus reste mal connue et s’avère important pour une meilleure
compréhension des mécanismes de biolixiviation de la carrolite. Se référant à la littérature, la
contribution du contact bactérie-minéral semble dépendre de la nature du sulfure métallique
(Konishi et al., 1992 ; Pistaccio et al., 1994 ; Porro S. et al., 1997).

L'interaction directe bactérie-minéral joue un rôle majeur dans les processus de biolixiviation.
Mais, dans la plupart des études, les particules minérales ne sont pas séparées des bactéries
(Monroy et al., 1993, Porro S. et al., 1997) de sorte qu’il est difficile de mettre en évidence la
contribution de chacun des mécanismes (direct et indirect), les réactions d'oxydation directe
et indirecte se produisant simultanément ( Dziurla, 1995).

Le rôle du contact a été étudié directement en séparant les bactéries du minéral au cours des
travaux de Pogliani et al., 1990, cités par Dziurla, 1995, par l’utilisation de sacs à dialyse et
ont montré la nécessité du contact bactérie-minéral au cours des réactions d'oxydation directe
de CuS par T. ferrooxidans, mais aussi la prépondérance des réactions d'oxydation indirecte
dans le cas où un apport de Fe2+ était réalisé.

D’autre part, les travaux de Larsson et al., 1993, cités par Dziurla, 1995 ont montré aussi qu’
une oxydation efficace de la pyrite par les archaebactéries thermophiles de l'espèce Acidiallus
brierleyi n'a été obtenue que lors du contact physique bactérie-minéral au moyen d’un
réacteur à compartiments séparés.

127
Une expérience effectuée par Toniazzio, 1998 a permis de mettre en évidence le rôle
fondamental du fer initialement présent dans le milieu réactionnel sur les cinétiques
dissolution des métaux au cours de l’oxydation de la pyrite. Les résultats obtenus ont montré
que lorsque l’apparition de l’oxydant chimique (ions ferriques) est limitée au cours du
processus, la croissance bactérienne est totalement perturbée.

Le but de cette partie de notre travail est donc de tenter de déterminer la contribution du
contact bactérie-minéral d’une part et, de mettre en évidence le rôle des ions ferriques d’autre
part, dans le processus global de biolixiviation de la carrolite et ainsi, contribuer à la
compréhension des mécanismes de la dissolution des métaux cuivre, cobalt et nickel.

V.5.2 Procédure expérimentale

Un réacteur à deux compartiments séparés par une membrane microporeuse (Figure 24, page
65) a été utilisé: la membrane permet de séparer physiquement les bactéries du minéral, sans
empêcher les échanges ioniques et l'action des produits solubles. Ainsi, l'action directe des
bactéries fixées peut être déterminée dans une expérience de contact total entre les cellules et
le minéral. Les réactions d'oxydation indirectes par le fer ferrique peuvent être étudiées en
empêchant le contact.

Nous avons réalisé ainsi deux expériences selon le schéma représenté à la Figure 56 ci-après:

- la première, pour distinguer l'influence du contact total bactérie-minéral pour une


densité de pulpe de 1 et 2 %, de celle de l'absence de contact avec une densité de pulpe
de 2 %,

- la seconde pour distinguer l'effet du semi-contact, désignant des conditions où la


moitié du minéral est en contact avec les microorganismes, de l'effet du contact total et
de l'absence de contact pour une densité de pulpe de 2 %.

128
a. Contact Total
Bactéri
Pulpe 1%
2g de carrolite

Réacteurs à
compartiment non
séparés

b. Contact Total
Bactérie
Pulpe 2%
4g de carrolite

Membrane semi-perméable
0,22µm en Durapore

c. Absence de
Contact Pulpe Bactérie
2% 4g de carrolite

Réacteurs à
compartiments
Compartiment stérile
séparés

Bactérie
d. Semi-Contact
Pulpe 2% 4g de carrolite
dont
2g dans chaque
compartiment

Volume total de pulpe= 200ml dans l’ensemble du réacteur

Figure 56 : Conditions expérimentales mises en œuvre pour l’étude des contributions du contact Bactérie-Minéral, au
processus de biolixiviation de la carrolite

129
Une autre série d’expérience a été effectuée dans le but de mettre en évidence le rôle
fondamental des ions ferriques sur l’extraction des métaux au cours de la biolixiviation de la
carrolite. Pour ce faire, deux réacteurs contenant chacun une pulpe à 2% de carrolite et dans
lesquels on a introduit un sac de PTFE hydrophile (Durapore), thermoscellé et de porosité
0,22µm (Figure 57), contenant l0g de résine sulfonique potassique est placé sur la table
d’agitation à 120rpm dans la chambre thermostatisée à 30°C. La grande affinité de la résine
pour les métaux de transition permet d'échanger en permanence les cations K+ de la résine par
les cations présents dans le milieu, et principalement les ions ferreux et ferriques (Toniazzio,
1998). La quantité de fer en solution est ainsi maintenue à une valeur négligeable tout au long
de la biolixiviation.

Figure 57 : Photographie montrant un réacteur avec des sacs contenant de la résine en contact avec le milieu 9K

Dans un premier réacteur (noté DR0), la résine est ajoutée en début de la biolixiviation et dans
un deuxième, elle est ajoutée après 7 jours de biolixiviation (noté DR7). Les réacteurs sont
inoculés avec 10% (v/v) d’un inoculum bactérien en phase exponentielle de croissance.

V.5.3 Résultats et discussions

V.5.3.1 Incidence du contact minéral-bactérie sur la cinétique de dissolution des métaux au


cours de la biolixiviation de la carrolite

L’évolution des rendements d’extraction des métaux au cours du temps dans le cas de contact,
de semi-contact et de non contact minéral-bactérie est présentée aux Figures 58a, 58b et 58c
ci-après.

130
a b

Figure 58 : Evolution du rendement d’extraction des métaux Cu (a), Co (b), Ni (c) en fonction du temps au cours de
la biolixiviation de la carrolite dans le cas de contact, non contact et semi-contact

131
a) Rendements d’extraction des métaux dans le cas de contact et de non-contact bactérie-
minéral

L’allure des courbes donnant l’évolution des rendements d’extraction des métaux dans le cas
de contact et de non-contact minéral-bactérie est similaire pour tous les métaux et met
globalement en évidence trois parties essentielles : la première entre 0 et 13 jours, la
deuxième entre 13 et 20 jours et enfin la troisième entre 20 et 30 jours.

1ère étape : entre 0 et 13 jours

Au cours de cette étape, on distingue deux phases, celle de latence et de croissance


exponentielle dans le cas de contact minéral et bactérie et celle d’amorce ou de démarrage et
de phase optimale de l’oxydation chimique dans le cas de non contact.

En effet, nous pouvons observer aisément que le rendement des métaux augmente rapidement
dans le cas de contact comparé à celle du cas de non contact minéral-bactérie. Cette situation
serait probablement due au fait du contact minéral-bactérie. Ce contact serait à la base d’une
attaque directe par des bactéries attachées à la surface du minéral par l’action des ions
ferriques, lesquels ions seraient produits par oxydation des ions ferreux à travers un espace
constitué des EPS secrétés par les bactéries. A ce même stade, on peut aussi observer une
multiplication des bactéries attachées à la surface du minéral qui se serviraient directement du
minéral comme source d’énergie (cfr Figure 59).

Ces observations rejoignent celles de Dziurla, 1995 qui a observé une dissolution élevée du
fer dans le cas de contact par rapport au cas de non contact minéral-bactérie lors de
l’oxydation de la pyrite en présence de Thiobacillus ferrooxidans. Ce fait a été attribué au
contact minéral-bactérie mettant en évidence l’action catalytique des bactéries adhérentes.

La phase de latence, dans le cas de contact minéral-bactérie, serait comprise entre 0 et 3 jours
pendant laquelle les 2 premiers jours correspondrait à une oxydation chimique due à la
présence des ions ferriques contenus dans l’inoculum et la phase de croissance serait comprise
entre 3 et 13 jours correspondant à une production élevée d’ions ferriques.

132
Cette production serait catalysée par les bactéries en suspension dans la phase liquide et dont
le nombre est, à cette étape, considérablement accru comme le montre la Figure 59 ci-après.

Figure 59 : Evolution du nombre de bactéries en suspension en fonction du temps au cours de la biolixiviation de


la carrolite dans le cas de contact et de non contact bactérie-minéral

L’oxydation chimique, dans le cas de non-contact devient considérable dès le 5ième jour
correspondant ainsi à la phase de production optimale des ions ferriques par oxydation des
ions ferreux et migrants du compartiment où le minéral est en solution dans le milieu 9K vers
le compartiment où les bactéries sont présentes, seules catalysant ainsi cette oxydation
chimique.

2ième étapes : entre 13 et 20 jours

Au cours de cette étape, nous pouvons observer une légère augmentation des rendements
d’extraction des métaux dans le cas de contact minéral-bactérie qui correspondrait à une phase
au cours de laquelle la vitesse d’oxydation des ions ferreux par les bactéries diminue tandis
que le nombre de bactéries en suspension est presque constante. Cette légère augmentation de
l’extraction des métaux traduirait probablement une chute de l’activité bactérienne.

133
Par contre, dans le cas de non-contact, l’extraction des métaux reste significative et
dépendante de l’oxydation des ions ferreux en ions ferriques catalysée par les bactéries. Le
nombre de bactéries en suspension restant presque constant dans le compartiment où les
bactéries sont présentes (Figure 59), cette augmentation des rendements d’extraction des
métaux prouve que l’oxydation chimique se poursuit aussi longtemps qu’il y aura d’ions
ferriques dans le compartiment où le minéral est présent seul sans bactéries.

3ième étape : entre 20 et 30 jours

Cette étape correspond à la phase stationnaire dans le cas de contact bactérie-minéral pendant
laquelle l’extraction des métaux est quasi-nulle et cela malgré le nombre considérable de
bactéries en suspension (Figure 59). Cette situation serait due d’une part à la phase de
« dormance » des bactéries et d’autre part à la formation excessive de précipités sur les grains
de carrolite comme on peut l’observer sur les images MEB représentées aux Figures 63 (page
140). Ces précipités de type jarosite constitueraient une barrière à la diffusion de ions vers la
surface du minéral, limitant ainsi l’attaque chimique.

Mais, dans le cas de non-contact bactérie-minéral, cette étape correspondrait à la situation


précédente où l’oxydation chimique se poursuit en fonction de l’apparition des ions ferriques
dans le compartiment où le minéral est présent. Ce fait pourrait démontrer à suffisance que
durant cette période, l’oxydation de la carrolitte est essentiellement chimique et dépendante de
la disponibilité des ions ferriques en contact direct avec les grains de carrolite.

b) Rendements d’extraction des métaux dans le cas de "semi-contact", de contact total et


absence de contact bactérie-minéral

L’observation des courbes donnant le rendement d’extraction des métaux au cours du temps
dans le cas de contact, de semi-contact et de non-contact représentées aux Figures 58a, 58b et
58c ci-haut fait ressortir des différences remarquables et similaires pour tous les métaux.
Globalement, nous pouvons observer que les rendements d’extraction des métaux augmentent
rapidement dans le cas de contact par rapport aux cas de semi-contact et de non-contact.
Cependant, lorsqu’on compare ensuite les rendements d’extraction des métaux dans les cas de
semi-contact et de non-contact, ceux du cas de semi-contact augmentent aussi plus
rapidement.
134
Les extractions des métaux comparées entre elles dans le cas de contact, de semi-contact et de
non-contact bactérie-minéral peuvent être résumées comme ci-après dans l’ordre décroissant:

Contact >> semi-contact >> non-contact (bactérie- minéral)

Les différences observées dans l’extraction des métaux en cas de contact, semi-contact et non-
contact bactérie-minéral seraient dues essentiellement au contact entre le minéral et la bactérie
et mettrait ainsi en évidence la contribution de ce contact et partant le rôle des bactéries
adhérées dans le processus global de la biolixiviation de la carrolite.

Ces observations rejoignent aussi celles de Konishi et al., 1992 qui ont mis en évidence des
contributions équivalentes des mécanismes direct et indirect lors de l'oxydation d'un concentré
soluble de ZnS, tandis que, dans le cas de la molybdénite, un sulfure peu soluble, Pistaccio et
al., 1994 ont montré qu'une oxydation importante n'est obtenue qu'en augmentant l'adhésion
de T. ferrooxidans au minéral, en rendant la surface hydrophile par l'addition de Tween 80.
De même, Porro S. et al., 1997 ont montré que le contact bactérie-minéral avait une grande
influence lors de la biolixiviation de la covellite avec T. ferrooxidans.

Par ailleurs, en comparant l’extraction des métaux dans le cas de contact total et de semi-
contact minéral-bactérie, nous pouvons relever que l’extraction est plus rapide dans le cas de
contact que de semi-contact minéral-bactérie, mettant ainsi en évidence l’influence non
seulement du contact minéral-bactérie mais aussi de la quantité du minéral (ou simplement de
la densité pulpe) en contact avec les bactéries. Toutefois ces constations restent valables au
cours de la période allant de 0 à 13 jours, étape comprenant les phases de latence et de
croissance exponentielle des bactéries et donc de l’activité bactérienne à laquelle est liée
l’extraction des métaux.

La situation est, par contre, différente au cours de la période allant du 13 à 20 jours puis de 20
à 30 jours correspondant respectivement à la phase d’extraction lente et nulle des métaux dans
le cas de contact total bactérie-minéral et à la phase d’extraction constante dans le cas de
semi-contact et de non contact.

135
Dziurla (1995) qui a fait la même observation lors de la biolixiviation de la pyrite avec
Thiobacillus ferrooxidans, a trouvé des vitesses de dissolution du fer double dans le cas de
contact comparée à celle obtenue dans le cas de semi-contact bactérie- minéral et cela au
cours de la phase d’amorce et de la phase optimale de l’oxydation de la pyrite. Pour Dziurla,
ces observations suggéreraient, compte tenu du fait que la concentration bactérienne initiale
était la même dans les deux cas, de contact total ou de semi-contact bactérie- minéral, que la
quantité de bactéries disponibles pour la totalité de la surface est deux fois plus importante
dans les conditions de semi-contact que celles de contact total.

Mais comme la vitesse de solubilisation du minéral était deux fois plus faible dans des
conditions de semi-contact et proportionnelle à la quantité de pyrite, on pourrait alors
considérer que le nombre de « sites actifs » en contact avec les bactéries seraient aussi deux
fois plus faible. Les « sites actifs » ou « sites biologiques » seraient considérés comme les
sites qui vont être engagés dans le processus d’oxydation à la suite du contact bactérie-
minéral.

V.5.3.2 Rôle des ions ferriques au cours de la biolixiviation de la carrolite

L’évolution du rendement d’extraction des métaux au cours du temps dans le réacteur DR0
pour les essais effectués avec la résine est représentée à la Figure 60 ci-après.

Figure 60 : Evolution de rendement d’extraction des métaux Cu, Co et Ni en fonction du temps au cours de la
biolixiviation de la carrolite (essais effectués avec la résine) 136
L’examen de cette courbe montre que la dissolution des métaux reste pratiquement nulle au
cours du temps. Cette constatation montre l’importance du fer (fer ferreux et fer ferrique)
dans le milieu réactionnel. Le fait que la résine est censée échanger instantanément ses ions
K+ avec les ions ferreux et ferriques qui se formeraient tout au long de la biolixiviation, la
concentration en fer total reste quasiment nulle tout au long de la biolixiviation comme le
montre la Figure 61 ci-après.

Figure 61 : Evolution de la concentration du fer total en fonction du temps au cours de la biolixiviation de la


carrolite (essais effectués avec la résine)

Le suivi de la population bactérienne dans ce réacteur a révélé que la croissance bactérienne


était très perturbée. Nous observions quelques bactéries encore viables et attachées à la
surface des grains de carrolite au cours des premiers jours de biolixiviation. Mais au cours du
temps, il était difficile d’observer la présence des bactéries si bien que cette période de temps
serait assimilable à la phase stationnaire ou de mortalité des bactéries et aucune oxydation de
fer n’était possible.

L’absence de fer ferrique en solution affecterait donc, au premier plan, le processus de


biolixiviation de la carrolite. De ce fait, nous pouvons dire que le processus de biolixiviation
de la carrolite nécessiterait une oxydation préalable de la surface des grains par le fer ferrique.

137
Ce fait a été relevé au cours de l’essai noté DR7 (Figure 61) où la résine a été mise en contact
avec la solution après 7 jours de biolixiviation. En effet, on a observé au cours des 7 premiers
jours une dissolution des métaux due probablement à une oxydation chimique par les ions
ferriques contenus dans l’inoculum et une oxydation indirecte induite par les ions ferriques
produits par oxydation bactérienne des ions ferreux. L’évolution de la population bactérienne
au cours de cette période a été similaire à celle observée lors de l’essai effectué dans les
conditions standard sans résine.

Nos observations rejoignent celles de Toniazzo, 1998 qui a mis en évidence le rôle
fondamental des ions ferriques au cours de la biooxydation de la pyrite avec T. ferrooxidans .

V.6 Observations microscopiques des grains de carrolitte en cours de biolixiviation et


caractérisation des phases superficielles et des résidus de réaction

V.6.1 Introduction

La biolixiviation des sulfures métalliques est un processus au cours duquel les acteurs
principaux que sont la bactérie, le minéral et la solution forment un système très complexe. Il
est, dès lors, important de conserver une approche naturaliste des phénomènes et une certaine
proximité avec l'objet étudié afin de décrire et d'appréhender au mieux le comportement de
tels systèmes. Cela suppose donc une observation à des échelles multiples et le couplage d'un
grand nombre de techniques et de méthodologies (Toniazzo, 1998).

Dans ce contexte, sur base des observations au Microscope Electronique à Balayage (MEB),
des analyses EDX effectuées sur les grains de carrolite en cours de biolixiviation et des
analyses XRD et FTIR effectuées sur les résidus, nous présentons dans cette section une
interprétation des résultats obtenus en rapport avec le mécanisme de biolixiviation de la
carrolite.

138
V.6.2 Résultats

V.6.2.1 Observations microscopiques des grains de carrolite en cours de biolixiviation

A B

C D

E F

Figure 62 : Images MEB montrant le développement de l’attaque des grains de carrolite en cours de
biolixiviation. A et B : carrolite de départ, C : Jours 5 (apparition de fissures), D : J10
(développement des fissures), E : J15 (apparition des orientations cristallines), F : J20
(développement de l’attaque suivant des orientations cristallines sur toute la surface)

139
A B

C D

Figure 62 bis : Images MEB montrant le développement de l’attaque des grains de carrolite en cours de
biolixiviation. A J10à15 (apparition des petits trous, B : J15à20 (développement des trous de corrosion en
profondeur et suivant des orientations cristallines, voir flèches), C : J20à30 (développement des fissures en
profondeur suivant des orientations cristallines, voir le bord indiqué par la flèche), D : J20à30 (combinaison
d’une corrosion intragranulaire importante et de l’attaque contrôlée par les orientations cristalline)

140
A B
A B

C D
C D

Figure 63 : Images MEB montrant l’évolution des bactéries sur les grains de carrolite en cours
de biolixiviation. A : J10à15 (bactéries fixées sur des zones altérées du minéral avec présence
d’un type de bactéries avec des trous à leur extrémité, voir flèches), B : J15à20 (développement
des zones altérées du minéral avec présence de bactéries fixées), C : J20 (présence des bactéries
dont une longue dans le trou et d’autres plus nombreuse dans les fissures beaucoup plus
développées, voir flèches), D : J20à30 (forte présence de bactéries dans des fissures plus
développées suivant des orientations cristallines)

141
A B

C D

E F

Figure 64 bis : Images MEB montrant l’évolution des bactéries sur les grains de carrolite en cours de
biolixiviation. A : J10à15 (présence des bactéries dont une longue à la surface du minéral et une courbée dans le
trou de corrosion, voir flèche), B : J10à15 (présence de bactérie de forme courbe dans fissure se développant
suivant la forme de la bactérie, voir), C : J 20à 30 (très forte présence de bactéries sur un morceau de minéral très
dégradé), D : J5à10 ( présence de bactéries en division cellulaire sur le minéral), E : J5à10 (développement de
l’attaque sur des zones de moindre énergie), F : J10à20 (développement plus poussé de l’attaque au niveau des
arêtes, voir flèches).

142
A B

C D

E F

F
Figure 65 : Images MEB montrant l’évolution des bactéries sur des grains de carrolite en cours de
biolixiviation. A : J10à15 (évolution de l’attaque du minéral sur d’autres zones en plus des arêtes,
principalement sur des zones préalablement colonisées par des bactéries, voir flèches), B : J15 (évolution
de la dégradation des grains de carrolite par arrachement des petits morceaux), C : J15à20 (évolution de la
des grains minérales par arrachement des petits morceaux. Ici, le morceau de minéral est visible, voir
flèche), D : J10 (grain minéral couvert de précipité), E : J10à15 (grain minéral couvert de précipité et
montrant une forte présence de bactéries), F : J10à15 (grains couvert de globules d’oxydes de fer et
probablement des EPS sur lesquelles les bactéries s’accrochent, biofilm)

143
A B

D
C

E F

CE DF
Figure 65 bis : Images MEB montrant l’évolution des bactéries sur des grains de carrolite en cours de
biolixiviation. A : J10à15 (grain minéral sur lequel est posé un gros agrégat composé de précipité et de particules
minérales, avec présence de bactéries), B : J10 (grain minéral couvert de précipité avec présence de bactéries
fortement fixées), C : J20 (grain minéral couvert probablement des EPS secrétées par les bactéries), D : J20
(grain minéral dégradé des EPS avec forte présence de bactéries), E : J5à10 (grains de minéral non dégradés),
F : J30 (grains de minéral fortement dégradés)

144
V.6.2.2 Caractérisation des phases superficielles et des résidus de biolixiviation
a) Analyses EDS

Figure 66 : Images MEB et spectres EDX de phases précipités sur les grains du minéral au cours de la biolixiviation
de la carrolite. A : J10 (zones minérale dégradée et riche en soufre), B : J5à10 (phase précipitée constituée d’oxyde de fer)

145
A

Figure 67 bis : Images MEB et spectres EDX de phases précipités sur les grains du minéral au cours de la
biolixiviation de la carrolite. A : J15à20 (fragment de minéral renferment des précipités et des bactéries), B : J20
(morceau de minéral fortement dégradé et riche en soufre)

146
A

Figure 68 bis(2) : Images MEB et spectres EDX de phases précipités sur les grains du minéral au cours de la
biolixiviation de la carrolite. A : J20à30 (zone minérale fortement dégradée et riche en soufre), B : J10à15 (zone
minéral non dégradée constituée essentiellement de la carrolite)

147
A

Figure 69 bis(3) : Images MEB et spectres EDX de phases précipités sur les grains du minéral au cours de la
biolixiviation de la carrolite. A : J5 (morceau de minéral riche en cuivre probablement la chalcopyrite), B : J5
(morceau d’argile probablement présent dans l’échantillon de carrolite de départ)

148
b) Analyses XRD des résidus de biolixiviation

C
C C C
C

C
C
Do
Si
Do Py
Cpy Si Py
Si

C
C C
C
C
C
C
Si
Cpy
Mi Py
J M Cpy Py
Cpy Si

Figure 70 : XRD de résidu de biolixiviation de la crrolitte

A. carrolite de départ : Cpy : chalcopyrite Py : pyrite C : carrolite Si : sidérite Do :


dolomite
B. 24 heures de biolixiviation : C : carrolite M : magnésite Py : pyrite Cpy :
chalcopyrite J : jarosite
149
C C
C
C C

C Cpy
C

J Py Py

C C
C

C
C

Mi Cpy J Cv Py

C. 5 jours de biolixiviation : C : carrolite J : jarosite Cpy : chalcopyrite Py : pyrite


D. 10 jours de biolixiviation : C : carrolite Cpy : chalcopyrite J : jarosite Py : pyrite
Cv : covellite Mi Mica

150
C C C
C C

C
J J
Py

C C

C C

J J C Si

C
F
Q

E. 15 jours de biolixiviation : C : carrolite Py : pyrite J : jarosite


F. 20 jours de biolixiviation : C : carrolite J : jarosite Si : sidérite Q : quartz

151
C
C C C C
C
C

J J

Ma

G Py

G. 30 jours de biolixiviation : C : carrolitte J : jarosite Py : pyrite Ma : marcasite

152
c) Analyses FTIR des résidus de biolixiviation

2
1
1 5j 1

2
1
1 24h
3
2
1 CD

Figure 71 : Spectres FTIR des résidus de biolixiviation de la carrolite

A. CD carrolite de départ : 1. H2O adsorbée 2. Dolomite 3. Quartz.


24 heures de biolixiviation : 1. Jarosite 2. Sidérite 3. Mica + Jarosite.
5 jours de biolixiviation : 1. Jarosite 2. Sidérite.

153
2
1
1

15j
1
1
10j 2

CD

B. CD carrolite de départ
10 jours de biolixiviation : 1. Sidérite 2. Quartz ou Silice amorphe.
15 jours de biolixiviation : 1. Jarosite 2. Sidérite.

154
2

30j

1
20j

1
CD 2

C. CD carrolite de départ
20 jours de biolixiviation : 1. Sidérite 2. Muscovite ou Argile.
30 jours de biolixiviation : 1. Sidérite 2. Muscovite ou Argile.

155
V.6.3 Discussions

Les résultats obtenus par observation en MEB des grains de carrolite en cours de
biolixiviation témoignent à suffisance le rôle des bactéries dans le processus de biolixiviation
de la carrolite. En effet, lorsqu’on observe sur certains grains de carrolite (Figures 65D,E,F et
65 bis A,B,C,D) la présence d’agrégats probablement constitués des particules minérales et
des substances organiques, il y a lieu de conclure que le phénomène qui est à la base de la
formation de ces précipités n’est pas de nature purement chimique mais plutôt serait induite
par une action des bactéries.

Les résultats des observations MEB nous fournit aussi beaucoup d’informations concernant le
cycle de vie des bactéries sur les grains de carrolite. En effet, ces observations nous révèlent
que l’évolution de la population bactérienne se ferait en deux étapes : une première étape qui
consiste à l’attachement des bactéries, maturation et formation de biofilm sur la surface des
grains de carrolite ; une deuxième étape d’attaque biochimique des grains de carrolite. Dans
l’étape d’attachement, les bactéries adhèrent et colonisent la surface des grains en laissant
probablement leurs empreintes (Figure 65A) et ici, nous avons observé deux formes de
bactéries, une forme allongée et une forme courbée (soit en C soit en S) (Figures 63C, D et 64
bis A,B). Pendant et après l’attachement, les bactéries secrèteraient des substances (EPS)
formant ainsi une sorte d’enveloppe ou de capsule (Figures 65 bis C et D). Ces empreintes qui
ont la forme de bactéries sont parfois localisées en un point de la surface ou généralisées
suivant des microfissures (Figures 65 A et 64 bis F). Les différents points de la surface où les
bactéries s’attachent constitueraient des « sites favorables » sélectionnés en fonction de leur
énergie superficielle.

Les zones de corrosion observées sur la surface des grains de la carrolite ne se limitent pas
seulement en des points individuels mais elles atteignent aussi toute la masse du grain
(Figure 62A et D). Le développement de ces figures de corrosion se ferait alors suivant les
directions cristallographiques couplées avec un développement sous forme de trou de
corrosion. Ces zones de corrosion se développeraient aussi suivant les microfissures en
largeur et en profondeur en fonction de l’empreinte de la bactérie (Figures 62E, F et 62 bis B).

156
Nous avons observé aussi, lors de la première étape d’attachement des bactéries à la surface
des grains de carrolite, que les bactéries adhéreraient différemment sur différents sites de la
surface des grains en fonction de leur forme. En effet, les bactéries de forme allongée
s’attacheraient préférentiellement dans les microfissures tandis que celle de forme courbée
quant à elles s’attacheraient préférentiellement en des points localisés de la surface du minéral
(Figures 63C, D et 64 bis A,B,C et D) . Mais lorsque les fissures étaient élargies, nous avons
observé aussi une présence accrue des bactéries courbées à l’intérieur de ces cavités comme
pour dire que les bactéries de forme allongée feraient l’élargissement et le développement des
fissures suivant la longueur et les bactéries de forme courbée le feraient beaucoup plus suivant
la largeur.

Edwards et Rutenberg (2001) ; Ndlovu et Monhemius (2005) ont fait observé lors de leurs
travaux que les bactéries A. ferrooxidans s’attacheraient préférentiellement aux bords des
fissures de corrosion à cause d’une énergie d’adhésion différente.

Les fragments composés de particules minérales et des composés organiques pourraient être
considérés comme une source d’énergie intermédiaire, démontrant ainsi l’importance des EPS
dans le processus de biolixiviation de la carrolite. Ces observations peuvent être comparées
au modèle proposé par Schippers et al, 1996 lorsqu’ils décrivent que les EPS contenant des
ions ferriques jouaient un rôle important lors de la l’oxydation de la pyrite en présence de
Acidithiobacillus ferrooxidans. Un mécanisme similaire a été aussi décrit par Jones et Amy,
2000 lors de la corrosion du fer par des bactéries hétérotrophes où les EPS associées aux
oxydes de fer joueraient un rôle important.

Sur base de ces observations, il est donc possible que le processus de corrosion à l’interface
bactérie-minéral soit conditionnée par la sécrétion des EPS (biofilm) par les bactéries et au fur
et à mesure que ces EPS s’enrichiraient en particules minérales et deviendraient plus
corrosives à la surface du minéral. Rojas-Chapana et Tributsch, 2004 ont fait la même
observation lors de l’oxydation de la pyrite à faible pH avec L. ferrooxidans. Ils ont mis
clairement en évidence le rôle des EPS dans le processus d’oxydation en relevant que ces EPS
renfermaient des nanoparticules de pyrite et seraient riches en ions ferriques. Ces substances
induiraient des corrosions à la surface de la pyrite et par conséquent conduiraient à
l’arrachement des particules minérales sous forme de nanofragments.

157
Les spectres EDS (Energy Dispersive X-ray Spectroscopy) réalisés sur les phases précipitées
que nous avons observé sur les grains de carrolite montrent en général qu'ils sont constitués
de S, Fe, Cu, Co, P, 0, K et de C. Ces éléments se retrouvent dans ces précipités plus ou
moins en proportions différentes. Ces précipités peuvent être un amalgame d'oxydes de fer, de
phosphates, de soufre élémentaire et/ou sulfates d'autant plus que le milieu est riche en
sulfates et contient des éléments comme le P, Na, N et le K provenant du milieu de culture
9K. Le soufre, le cuivre et le cobalt peuvent, comme le fer, provenir de la solubilisation de la
carrolitte. La présence de C, considéré comme élément constitutif de la matière organique, est
probablement due à la présence des bactéries dans ces précipités.

Ces observations montrent qu'une grande partie des bactéries seraient emprisonnées par ces
précipités, et qu'elles ont été adsorbées par ces précipités. L'emprisonnement de bactéries à
l'intérieur des précipités a déjà été mis en évidence à la surface minérale au cours de
l'oxydation d'arsénopyrite par Monroy (1993), puis par Mustin et al. (1993) et Dziurla (1995)
au cours de l’oxydation de la pyrite et par Rodriguez et al. (2003) au cours de la biolixiviation
de la chalcopyrite et de la sphalérite. L'ensemble de ces travaux suggère donc qu'au cours de
la lixiviation, une proportion importante des bactéries peut aussi être fixée sur la surface du
minéral, sous l'influence des précipités qui s'y développent. Ces bactéries seraient présentes
sur la surface du minéral sans avoir forcément une activité oxydante.

Nous avons par ailleurs observé que ces phases précipitées avaient des apparences différentes
en termes de consistance sur différents grains de carrolite et à différents temps de
biolixiviation. Elles deviennent de plus en plus importantes et consistantes au cours du temps
suggérant ainsi l’évolution dans le temps de l’état de surface des grains de carrolite selon qu’il
s’agissait de la phase initiale, optimale ou stationnaire de l’oxydation. Aussi, ces phases
précipitées semblaient recouvrir plus ou moins les grains de carrolite selon probablement
aussi la face du grain suggérant le caractère hétérogène des grains entre eux et des faces d’un
même grain. Ces hétérogénéités pourraient entre autre être dues au broyage de l’échantillon
avant les essais de biolixiviation. Ces observations rejoignent celles de Mustin, 1992 qui a
observé une hétérogénéité de l'attaque en fonction de la face cristalline des grains lors de
l’oxydation de la pyrite par Thiobacillus ferrooxidans. Ses observations ont effectivement
montré que certains grains monocristallins présentent à la fois des faces fortement corrodées
et d'autres peu ou pas attaquées, alors qu'à priori ces faces pouvaient être chimiquement
comparables.
158
Par ailleurs, nous avons également observé la présence de trou à l'extrémité de certaines
particules (Figure 63A), qui apparaissent comme des tubes. Ces particules présentent un
aspect grumeleux sur leur paroi suggérant ainsi qu'elles pourraient être de nature minérale. La
présence du trou central et la morphologie proche de celle d'une bactérie suggèreraient la
formation d'une gaine minérale autour d'une cellule bactérienne. Au niveau des tubes, la gaine
est bien délimitée et présente une épaisseur régulière. Elles pourraient aussi avoir la
morphologie (taille, forme) des bactéries et seraient agrégées et également enrobées dans une
phase superficielle précipitées sur des grains de carrolite. La gaine observée à l’extrémité de
ces particules devrait probablement empêcher l'accès des nutriments aux bactéries. Cette
variation de morphologie serait probablement fonction de l’état physiologique des cellules :
les cellules en phase stationnaire apparaissent plus petites que les cellules en phase
exponentielle de croissance.

Dziurla (1995) a aussi observé, dans le cas de cellules âgées, des altérations de la surface
cellulaire, des déformations des cellules. Dans notre cas, nous avons aussi observé des
cellules probablement fortement fixées sur la surface de grains de carrolite mais qui
apparaissent très aplaties. Ces bactéries pourraient correspondre à des cellules en mauvais état
physiologique, partiellement vidées de leur contenu, ou mortes, et entourées d'une gaine, ou
bien encore seraient assimilées à des « fantômes » de bactéries dont il ne resterait plus que la
gaine minérale. Cela suggère qu'une partie de ces particules serait des fossiles bactériens
(Dziurla, 1995). Ces structures pourraient être, au moins en partie, à l'origine des dépôts à la
surface des particules de carrolite. Parallèlement à cela, le fait que l'oxydation soit optimale
suggèrerait la présence de bactéries actives en suspension ou à la surface du minéral. Il serait
donc logique d’avancer que le nombre élevé des cellules observé à la surface des grains de
carrolite au-delà de 20 jours de biolixiviation serait peut-être atteint d’une part par co-
précipitation et éventuellement par adsorption des cellules non-adhérentes au cours de la
biolixiviation et, d’autre part, par multiplication cellulaire sur la surface comme d’ailleurs
observé sur certains grains (Figure 64 bis D).

159
Nous avons relevé lors de la caractérisation des résidus de biolixiviation par XRD et FTIR la
présence de la jarosite. Ces précipités de jarosite seraient à l’origine du ralentissement du
processus de biolixiviation de la carrolite dans ce sens qu’ils se formeraient de plus en plus au
cours du temps probablement par agrégation de bactéries autour de particules minérales
corrodées. Ils "séquestreraient" des bactéries, en les empêchant d'être actives à la surface des
grains de carrolite ou en solution.

Nos observations rejoignent celles de Monroy (1993) qui, au cours de ses études concernant
l'oxydation de l'arsénopyrite, a mis en évidence au MEB, la formation de phases superficielles
au cours de la phase optimale d'oxydation, et le développement de phases précipitées sur la
surface du minéral au cours de la phase de déclin et de la phase stationnaire d'oxydation. Ses
observations ont aussi montré qu'une grande partie des bactéries était enrobée par ces
précipités sur la surface du minéral. Des expériences complémentaires en SIRTF en réflexion
diffuse et en transmission ont permis à Monroy d'identifier ces phases, comme des arséniates
ferriques. L'ensemble de cette étude lui a permis de suggérer que la formation de ces
précipités était à l'origine du ralentissement de l'oxydation minérale.

De même, au cours de ses expérimentations axées sur l’oxydation de la pyrite avec


Acidithiobacillus ferrooxidans, Toniazzo (1998) a mis en évidence l’importance et le rôle des
phases superficielles dans le processus global de biolixiviation. Ainsi, il a montré que ces
phases ne seraient pas seulement des témoins passifs de la lixiviation du minéral mais leur
rôle serait déterminant car elles constitueraient des facteurs favorables ou limitant pour les
mécanismes d'oxydation chimique et biologique. Elles apporteraient, en solution, des
substrats indispensables à la croissance bactérienne (S0 et Fe2+) ainsi que l'agent oxydant
principal de l'oxydation chimique du minéral (Fe3+). Au niveau de la surface minérale elles
constitueraient les seuls substrats utilisables (soufre élémentaire et sulfates ferreux) par les
microorganismes qui s'avèrent totalement incapables de bénéficier des électrons de la pyrite
pure FeS2.

160
V.7 Conclusion sur les mécanismes de biolixiviation de la carrolite

Nous avons procédé à des expérimentations relatives aux différentes approches afin
d’élucider le mécanisme de biolixiviation de la carrolite. Dans ce chapitre, nous avons
présenté et discuté les résultats obtenus au cours de ces expérimentations et nous pouvons les
résumer en quelques points ci-après :

- La carrolite est un sulfure métallique acido-soluble c’est-à-dire elle est soluble en


milieu acide (pH=1,5) compte tenu de sa structure minéralogique. Toutefois, les
rendements d’extraction des métaux Cu, Co et Ni restent faibles comparés à ceux
obtenus en présence des bactéries.

- La lixiviation acide de la carrolite en présence des ions ferriques est favorisée par les
protons H+ et par des températures relativement élevées.

- Les ions ferriques ont une influence positive sur les rendements d’extraction des
métaux Cu, Co et Ni, à des concentrations de 10 g/l en sulfate ferrique aussi bien en
présence des bactéries qu’en conditions stériles.

- Lors de la biolixiviation de la carrolite, nous avons observé une évolution de la


population bactérienne en trois phases :

• une première phase au cours de laquelle on observe une forte adhésion des bactéries à
la surface des grains de carrolite. Cette adhésion jouerait un rôle important dans le
processus global de biolixiviation de la carrolite en ce sens qu’elle serait à l’origine de
la libération des ions ferreux en solution par un mécanisme de contact bactérie-
minéral d’une part et, à l’origine de l’oxydation des ions ferreux, du soufre
élémentaire et ou des composés soufrés d’autre part, lesquels composés
s’accumuleraient à la surface des grains de carrolite.

• une seconde phase au cours de laquelle le nombre de bactéries libres en solution


augmente considérablement avec le temps.

161
Cette situation serait due probablement à la saturation de la surface des grains de
carrolite par une occupation de la majorité de sites par les bactéries et par les fortes
concentrations en ions ferreux en solution, servant de substrat pour la croissance de
bactéries. Ces derniers seraient alors oxydés par l’action catalytique des bactéries pour
qu’ils attaquent à leur tour le minéral et causer ainsi sa dissolution. Cette boucle de
demi-réactions d’oxydation et de réduction du fer constitue ainsi le cycle de vie du fer
et peut-être schématisé comme montré à la Figure 73 ci-après.

MS

Fe3+ Fe2+

Bactéries

Figure 72 : Schéma illustrant le cycle de vie du fer

• enfin, une troisième phase au cours de laquelle le nombre de bactéries libres en


solution et celui de bactéries fixées deviennent constants au cours du temps suggérant
ainsi un mécanisme coopératif de biolixiviation de la carrolite : les bactéries fixées
attaque la phase minérale (la carrolite), générant ainsi les ions ferreux qui sont à leur
tour oxydées par les bactéries libres en suspension dans la phase liquide (solution) en
ions ferriques qui attaquent alors le minéral par mécanisme indirect. Le résultat final
suggère l’existence d’une relation entre l’adhésion et le taux de dissolution du
minéral. Des taux de dissolution élevés seraient ainsi obtenus avec une forte adhésion
de bactéries à la surface des grains de carrolite au cours de la phase initiale du
processus de biolixiviation.

162
- Les observations faites en Microscopie Optique, en Microscopie Confocale à Balayage
Laser et en Microscopie Electronique à Balayage nous ont permis de mettre en
évidence l’adhésion des bactéries sur des grains de carrolitte en cours de biolixiviation
et les analyse par EDS, XRD et FTIR nous ont permis de caractériser les résidus de
biolixiviation et les phases superficielles précipitées sur les grains de carrolite.

- Enfin, les observations en MEB, nous ont permis de mettre en évidence une relation
étroite entre l’activité des bactéries et la structure cristalline de la carrolite suggérant
ainsi le rôle important que jouent les bactéries dans le processus global de
biolixiviation de la carrolite.

163
CHAPITRE VI. BIOLIXIVIATION D’UN CONCENTRE SULFURE
POLYMETALLIQUE DE LA MINE DE KAMOYA-ETUDE STATISTIQUE PAR LA
METHODOLOGIE DE TAGUCHI ET L’ANALYSE DE VARIANCE (ANOVA)

VI.1 Introduction

Dans la première partie de ce travail qui a consisté en une approche fondamentale, nous avons
montré le comportement en biolixiviation de la carrolite en tant que minéral pur. Cette
approche a par ailleurs permis de mettre en évidence les mécanismes régissant la
biolixiviation de la carrolite prise seule dans un système bactérie- minéral-solution.

Cependant, la carrolite fait partie des constituants principaux des minerais de la mine de
Kamoya avec, en présence, la chalcopyrite, la covellite et la pyrite. Le système devient alors
assez complexe quant il s’agit d’étudier la biolixiviation du minerai comprenant les trois
minéraux ensemble comme c’est le cas du minerai de la mine de Kamoya en R.D.Congo.

Même s’il est vrai que la biolixiviation de ces minéraux constituant le minerai de Kamoya
avec la carrolite a été largement abordée et étudiée, en tant que minéraux purs ou combinés, il
reste aussi vrai que la biolixiviation de l’ensemble de ces minéraux chalcopyrite, carrolite et
pyrite mérite bien d’être étudiée.

Dans ce contexte, il sera question, dans ce chapitre, d’étudier la biolixiviation de ce minerai


comprenant l’ensemble de ces minéraux. Une approche statistique à l’aide de la méthode de
Taguchi et de l’Analyse de variance (ANOVA) est utilisée dans le but d’investiguer
l’influence des différents paramètres physicochimiques sur l’efficience du processus de
biolixiviation de ce minerai et à partir des résultats obtenus, montrer la possibilité de
l’application de biolixiviation comme technique alternative au traitement des minerais
sulfurés polymétalliques de l’Arc Cuprifère du Katanga en République Démocratique du
Congo.

De toute évidence, la question des mécanismes régissant la dissolution des métaux dans un tel
système comprenant tous les trois métaux reste d’une grande importance et il en sera question
lors des suggestions et perspectives.

164
Dans les sections qui suivent, nous présentons la description du matériel et les méthodes
utilisés , les résultats expérimentaux obtenus sont discutés et une conclusion clôturera le
chapitre.

VI.2 Matériel et méthodes

VI.2.1 Matériel

VI.2.1.1 Concentré sulfuré polymétallique de la mine de Kamoya

a) Origine du concentré étudié

Le concentré utilisé dans ce travail a été fourni par le Département d’Etude Métallurgique
(EMT en sigle) de la Gécamines. Il a été obtenu par flottation d’un minerai de la mine de
Kamoya (Figure 74). Cette mine fait partie de l’Arc Cuprifère du Katanga en République
Démocratique du Congo et est localisée à Kambove, une ville située à plus ou moins 20 Km
de Likasi, dans la province du Katanga (Figure 75).

Figure 73 : Photographie montrant une vue de la mine de Kamoya, Kambove, RDC

165
Cu-Co
Bunkeya Zn-Pb-(Cu)
T enke Cu-Co-(U-Ni)
Kolwezi
Fungurume

kambove
kalongwe
Shinkolobwe
Kengere
Luisha
Luswishi Zambie

Kabompo Lombe KipushiLubumbashi


Dome
Kansanshi
Solwezi
M usoshi Kinsenda

0 50 Km Zambie
I I
Kitwe Ndola
Kalahari & Récent
Nguba & Kundelungu
Roan
Lonshi
Anté Katanguien

Figure 74 : Carte géologique de l’Arc Cuprifère du Katanga montrant la situation géographique de


la mine de Kamoya (cfr la ligne pointillée en move autour de la cité de Kambove)

b) Caractéristiques minéralogique et chimique du concentré de Kamoya

La caractérisation minéralogique par diffraction des Rayons X (Figure 76) et par observations
microscopiques sur sections polies (Figure 77) indique que le concentré étudié est constitué
essentiellement de la carrolite, la chalcopyrite, la covellite et la pyrite comme minéraux
principaux porteurs des métaux et de la dolomite, du quartz et de muscovite comme minéraux
principaux de la gangue.

166
Figure 75 : XRD du concentré de Kamoya

Figure 76 : Photographie prise au microscope polarisant en lumière réfléchie du


concentré de Kamoya (granulométrie : +53-75µm)

167
La composition chimique est donnée au tableau 8 ci-après et renseigne qu’il s’agit d’un
concentré sulfuré polymétallique constitué du cuivre, du cobalt et du nickel comme métaux de
base et valorisables. L’analyse granulométrique du concentré a révélé qu’il est constitué des
grains dont le d80=75µm.

Tableau 8 : Composition chimique du concentré de Kamoya

Cu (%) Co (%) Ni (%) Fe (%) Mg (%) S (%)

22.0 1.95 0.09 20.4 3.0 25.5

VI.2.1.2 Bactéries utilisées et milieux de culture

Les souches bactériennes utilisées dans cette partie du travail sont de même type que celles
utilisées dans la première partie de ce travail. Elles sont mésophiles d’origine bulgare et sont
constituées essentiellement d’un mélange principalement d’Acidithiobacillus ferrooxidans,
Leptospirillum ferrooxidans, Acidithiobacillus thiooxydans. Ces souches ont été adaptées au
nouveau substrat qui est le concentré de Kamoya par repiquages successifs en considérant
différentes quantités de solides (densités pulpes). Les cultures de bactéries étaient maintenues
dans un Erlenmeyer de 250 ml pendant trois à quatre jours dans un milieu de culture (9K)
formé de : 43,3 g/l FeSO4.7H2O, 3 g/l (NH4)2SO4, 0,5 g/l MgSO4.7H2O, 0,5 g/l K2HPO4,
0,1 g/l KCl, 0,01 g/l Ca(NO3)2 à pH 2, une vitesse de rotation de 120 rpm et une température
constante de 30°C. Les bactéries étaient utilisées lorsque le potentiel oxydoréducteur
atteignait des valeurs de 620 à 635 mV.

VI.2.1.3 Dispositif et procédure expérimentaux

Les tests de biolixiviation ont été menés dans des cuves en verre à double parois, de capacité
de 1 litre, agitées mécaniquement et thermostatisées comme le montre la figure 78 ci-après.
Ces tests étaient effectués avec un volume de 450 ml de 9K et 50 ml d’inoculum. Avant
l’ajout de l’inoculum, le pH était maintenu constant à la consigne de pH initial de
biolixiviation par ajout de H2SO4 10N.

168
Les pertes d’eau par évaporation étaient compensées par ajout d’eau distillée. Périodiquement,
2 ml de solution étaient prélevés et soumis à l’analyse chimique pour déterminer la
concentration du Cu, Co, Ni et Fe par spectroscopie d’absorption atomique. Le pH et le
potentiel d’oxydoréduction étaient mesurés constamment.

AGITATOR

Eh pH MONITORING

PUMP

THERMOSTAT
ACID

Figure 77 : Schéma et photographie montrant le dispositif expérimental utilisé pour les essais de biolixiviation du
concentré de Kamoya

VI.2.2 Méthodes

Pour investiguer l’influence des différents paramètres physicochimiques sur l’efficience du


processus de biolixiviation du concentré étudié, nous avons opté pour une approche statistique
utilisant la méthodologie de Taguchi couplée à l’analyse de variance (ANOVA). Cette
approche, selon la littérature, donne beaucoup d’avantage du fait de la robustesse de la
méthodologie de Taguchi parce qu’elle prend en compte les effets des paramètres
incontrôlables regroupés dans ce qu’on appelle « bruit ». Nous décrivons brièvement,
ci-après, cette méthodologie de Taguchi de même que le concept de l’analyse de variance
(ANOVA).

169
VI.2.2.1 Les plans d’expérience : considérations générales

La notion de plan d’expérience est ancienne mais l’utilisation systématique de protocoles


d’expériences définis à l’avance dans l’industrie est une chose récente. L’idée de planifier de
manière rationnelle les expériences est à l’origine du concept plans d’expériences.

Les plans d’expériences, sont en fait une suite d’essais organisée à l’avance de manière à
déterminer l’influence de multiples paramètres sur une ou plusieurs réponses et apportent une
solution permettant de réduire considérablement le nombre d’expériences à réaliser par
rapport aux méthodes traditionnellement employées.

Plusieurs plans d’expériences sont présentés (Goupy, 1990 et Goupy, 2006) mais la plupart
d’entre eux se sont montrés impuissants face à la contrainte de la qualité du produit obtenu.
Génichi Taguchi, ingénieur et statisticien Japonais, a repris ces plans d’expériences en y
introduisant deux nouveaux outils : le plan d’expérience orthogonal et la métrique
fonctionnelle Signal/Bruit S/B (Phadke, 1998 et Gursi et al., 2008). Le nouveau paradigme
mis de l'avant par Taguchi met l'emphase sur la qualité dans les activités de design, phase où
les gains en qualité sont les plus significatifs (Bernard, 2000). La philosophie de Taguchi est
donc de mettre l’emphase sur la robustesse d’un procédé afin d’améliorer la qualité d’un
produit. Cette philosophie porte le qualificatif de conception robuste ou méthode de Taguchi.

Que ce soit en recherche, en conception ou en production, tout procédé doit être conduit sous
les jalons des plans d’expériences robustes, en vue d’améliorer la qualité d’un produit, et des
méthodes robustes permettant d’interpréter des résultats. L’analyse de la variance, qui est une
de ces méthodes, est un outil de qualité qui a été initialement développée par Ronald Aylmer
Fisher dans le but d’interpréter les résultats de ses expériences dans le domaine agricole.
Dans un plan équilibré, comme celui d’un plan orthogonal, l’analyse de la variance s’est
montrée très robuste aux écarts d’homoscédasticité (Borcard, 2008). L’approche de la
robustesse d’une solution se trouve donc à la croisée de la méthode de Taguchi et celle de
l’analyse de la variance.

170
Ces deux méthodes, nées des plans d’expériences, sont généralement exploitées, d’une part,
pour optimiser les paramètres opératoires d’un procédé en choisissant les meilleures
combinaisons de niveaux de paramètres opératoires contrôlés (Hachicha et al., 2008 et Yuan
et al., 2008) ; d’autre part, pour interpréter les résultats obtenus à travers les outils statistiques
en ressortissant les paramètres significatifs et leurs contributions relatives sur la performance
du système étudié (Safarzadeh et al., 2008 et Gursi et al., 2008).

Historiquement, la notion des plans d’expériences est ancienne, dès le dix-septième siècle on
en parlait déjà. Mais, la véritable notion des plans d’expériences est due aux travaux réalisés
en Angleterre par Ronald Aylmer Fisher (1890 – 1962) et ses collègues dans le cadre de la
Station de Recherches de Rothamsted (Rothamsted Experimental Station, Harpenden,
Hertfordshire), une station agricole.

Certains auteurs considèrent que l’année 1920, suite aux travaux de R.A. Fisher à
Rothamsted, constitue le point de départ de l’expérimentation moderne. Cependant,
l’utilisation des méthodes des plans d’expériences nécessitait des connaissances de statistique,
des mathématiques relativement moins développées, ce qui retarda son développement vers
d’autres disciplines. Vers les années 1975, Génichi Taguchi reprendra ces notions en mettant
l’emphase sur la qualité, ce qui redéfinissait de manière tridimensionnelle cette notion des
plans d’expériences : Qualité-Coût-Temps. Taguchi publia des tables facilement utilisables et
mettra au point de nouvelles procédures. Vers les années 1980, avec le développement de
l'informatique et la puissance de calcul qui l'accompagne, les méthodes de Taguchi ont
conquis les industries Américaines et, connaissent à ce jour un essor considérable.

a) Méthodologie de Taguchi

La méthodologie de Taguchi constitue une véritable révolution dans le développement de la


méthode des plans d’expériences. Son application dans plusieurs domaines d’ingénierie en est
une illustration (Safarzadeh et al. 2008, Hvalec et al., 2004 et Gopalsamy, 2009) y compris le
domaine de la biolixiviation (Ilyas et al., 2010). Le système intégré de l'ingénierie de la
qualité de Taguchi repose sur l'idée de robustesse comme moyen de neutraliser les effets des
facteurs incontrôlables, appelés facteurs de bruit (Phadke, 2010).

171
Dans son approche, Taguchi a introduit deux outils majeurs du plan robuste à savoir la
métrique fonctionnelle Signal-Bruit(S/B ou S/N, Signal/Noise, en anglais) et la propriété
d’orthogonalité d’une matrice afin d’optimiser conjointement le résultat moyen et la
dispersion du résultat autour de la moyenne (Gursi et al., 2008 et Georgilakis, 2008). L’idée
de la robustesse introduite par Taguchi s’inscrit donc dans l’augmentation de la prévention
d’un résultat, ce qui améliore la qualité, plutôt que l’augmentation du contrôle. Cette notion
de qualité a été développée et étendue dans plusieurs domaines (Mohd et al. 2009) au point
que le domaine de la métallurgie extractive n’a pas été épargné (Safarzadeh et al. 2008).

Cependant, tous les chercheurs s’accordent pour dire que l’amélioration de la qualité d’un
produit est conditionnée par la mise en place d’un procédé qui soit moins sensible aux
facteurs susceptibles d’affecter ce procédé (Yang et al.,1998; Mahapata et
al.,2004 ; Sahin,2005; Demirci et al., 2010; llyas et al., 2010).

En ingénierie de qualité, on repartit les facteurs d’un procédé ou un processus en deux


catégories : les facteurs contrôlables, c'est-à-dire facteurs sur lesquels on peut facilement agir
pour contrôler un procédé bien précis, et les facteurs non contrôlables, c'est-à-dire facteurs
pour lesquels les variations possibles ne sont pas contrôlables dans un procédé mais pouvant
être la cause d’une instabilité dans les caractéristiques de performance d’un système. Ces
derniers facteurs sont considérés, dans l’approche de Taguchi, comme facteurs de bruit
(Phadke, 1998).

Cette catégorisation des facteurs, contrôlables et non contrôlables, apporte une nette
démarcation par rapport à la méthode classique ; en effet, dans la méthode classique ou
traditionnelle, on suppose que les facteurs contrôlés à chaque expérience sont parfaitement
maitrisés et que leurs valeurs restent constantes pendant toute la durée de l’expérience. Cette
considération demeure évidement théorique car les variations de ces facteurs sont possibles,
surtout les facteurs environnementaux. La méthode de Taguchi ne vise donc pas a éliminer les
sources susceptibles de perturber le procédé, ce qui est le cas dans la méthode classique,
plutôt Taguchi propose d’éliminer les causes de variations en utilisant le ratio signal-bruit
pour retrouver les conditions expérimentales pour lesquelles ces causes ont un effet minimum
(Safarzadeh et al., 2008). On cherche donc dans la méthode de Taguchi à minimiser
l’influence des facteurs de bruit.

172
Selon le critère de performance de la réponse, le ratio signal/bruit prend les formes suivantes
(Gopalsamy, 2009 ; Safarzadeh, 2009 ; Demirci et al., 2011 ;Mohd et al., 2009).

- Critère doit être minimisé : la valeur cible (m) est égale à zéro (Smaller is better) : la
caractéristique de performance Y a une distribution non négative et la fonction de perte
augmente avec (y). Soient y1j, y2j,…, yNj les résultats expérimentaux obtenus au point j,
Taguchi recommande d’utiliser la fonction représentée par la relation (VI.1) ci-après.

(VI.1)

- Critère doit être maximisé : la valeur cible (m) est égale à l’infini (Large is better) : on
vise la maximisation de la caractéristique de performance. Maximiser Y revient à
minimiser 1/Y et, Taguchi recommande d’utiliser la formule (VI.2) suivante

(VI.2)

- Critère est ciblé : la valeur cible (m) est égale à une valeur nominale m0 (Nominal
is better) : la fonction de perte augmente quand Y s’éloigne de la valeur nominale
m0, Taguchi recommande d’utiliser la fonction représentée par la relation (VI.3) :

(VI.3)

avec

(VI.4)

(VI.5)

Cette métrique fonctionnelle ou ce rapport signal-bruit (S/Bj) est construite de façon à ce que,
plus grande est sa valeur, meilleure est la qualité. La combinaison de niveaux de facteurs
contrôlés, ou facteurs d’entrée, qui donne le plus grand ratio est la solution robuste.

173
Dans la méthode de Taguchi, l’expérience (ou l’essai) correspondant aux conditions optimales
trouvées peut ou ne pas être faite durant la phase d’expérimentation mais la valeur de la
performance de l’expérience peut être prédite par l’utilisation de la fonction de prédiction
représentée par la relation (VI.6) ci-après (Safarzadeh, 2009 et Hvalec, 2004) :

(VI.6)

où n est le nombre total d’essais, T la somme de toutes les réponses des essais et Ai, Bj,… la
moyenne des réponses du niveau i,j,…

b) Analyse de la variance

Lors d’une expérimentation où plusieurs facteurs, à plusieurs niveaux ou modalités,


interviennent, il est nécessaire de tester la signification de différences entre des moyennes
calculées pour différentes catégories.

L’analyse de la variance (ANOVA), développée par R.A. Fisher, teste l’hypothèse nulle (H0)
c'est-à-dire l’hypothèse selon laquelle toutes les moyennes sont égales (hypothèse
d’homoscédasticité c'est-à-dire égalité de variances).

Au cœur de cette méthode est la décomposition de la variabilité totale selon les différentes
sources présentes dans les données. La variabilité totale est partitionnée en deux sources : la
variabilité intra due à l’erreur expérimentale et la variabilité inter due aux écarts de moyennes
entre les différentes modalités d’un facteur (Bernard, 2005). L'analyse de la variance suppose
l'égalité des variances et la normalité des populations d'origine. Elle est réalisée sous les
conditions suivantes :

- Homogénéité des variances (chaque population présente la même variance)


- Normalité : les scores de rétention dans chaque groupe sont normalement
distribués autour de la moyenne
- Indépendance des observations.

174
L’analyse de la variance passe par le calcul de différentes variabilités (Hvelec et al., 2004 et
Mohd et al., 2009). On fait alors recours aux sommes des carrés (SC ou SS pour Sum of
Squares en anglais) et aux degrés de liberté (degree of freedom, df) pour calculer les carrés
moyens (CM ou mean square MS) .

- Calcul de somme des carrés (sum of square)

2 2
L
1  N  1 N 
Sz = ∑  ∑ Y j  −  ∑ Yj 
 
i Ni  j  N  j 
 (VI.7)

où : S z est la somme de carrés du facteur z, est le nombre total d’essais effectués ; le


nombre de traitement au niveau i, la réponse correspondante.

L
Se = S t − ∑ Sz
k (VI.8)

avec Se la somme des carrés du terme de l’erreur expérimental, la somme des carrés total,
somme des carrés des écarts à la moyenne générale de toutes les observations
indépendamment du traitement (composante de la variance totale).
Elle se calcule comme suit :

2
N
1 N 
S t = ∑ Y −  ∑ Yj 
2
j
j N j  (VI.9)

- Calcul des degrés de liberté (degree of freedom)

f z = n − 1 ; fe = N − p & f t = N −1
(VI.10)

avec N le nombre total d’essais et p le nombre total des groupes, n le nombre de niveau du
facteur z.

175
- Calcul de carrés moyens (variance)

Sz Se
Vz = & Ve =
fz fe (VI.11)
avec la somme des carrées du résidu et le degré de liberté du résidu, la somme des
carrées de facteurs et le degré de liberté de facteurs.

Une fois que la variabilité totale est décomposée (inter + intra), on compare ces 2
composantes. Cette comparaison consiste à calculer la statistique F.

Vz
Fz =
Ve (VI.12)
où et sont respectivement les carrées moyens de facteur et du résidu.

Si H0 est vraie, il n’y a pas d’effet traitement. Dans ce cas le numérateur et le dénominateur
du rapport F mesurent la même variance. F aura une valeur proche de 1.

Si H0 est fausse, le rapport F sera supérieur à 1. Plus il est grand, plus l’effet du traitement est
important.

On montre que sous H0, ces carrés moyens sont des estimations de la variance d’un facteur z.
Le rapport F compare ces 2 estimations ; s’il n’y a pas d’effet du traitement; ces deux
estimations seront égales ; dans le cas contraire F sera supérieur à 1 ; le test statistique
précisera alors en fonction du niveau de signification jusqu’où un dépassement de 1 est
acceptable.

On montre également que, sous H0, la statistique F se distribue suivant une loi de Fisher-
Snedecor Fn-1, N-p. Ce F est appelé F critique et il se lit dans les tables dites tables de Fisher-
Snedecor. Si F calculé est supérieur à F critique alors H0 est vrai sinon, c’est l’hypothèse H1
qui est vérifiée, c'est-à-dire au moins une des moyennes est différentes des autres.

176
Pz, exprimé en pourcentage (%), est également un indice important dans l’analyse de la
variance. Il s’agit du pourcentage de variation de la variable (dont on regarde la moyenne)
expliqué par le facteur (qui définit les différents groupes). Il se calcule par la formule :

Sz − (Ve × f z )
Pz = ×100
St (VI.13)

VI.2.2.2 Les plans d’expérience : table orthogonale d’expérimentation

Le nombre de paramètres qui influencent un processus de biolixiviation est très grand : le pH,
la densité de la pulpe, la concentration en fer ferreux ou fer ferriques, la température, le
temps, l’agitation, la granulométrie, la concentration en oxygène dissous, la quantité de
l’inoculum,… Dans le cadre de notre travail cinq paramètres ont été retenus à savoir la
température, le pH, le temps, l’agitation et la densité pulpe. Le choix de ces paramètres et de
leurs niveaux a été fait sur base de la littérature et des essais préliminaires (Ilyas et al., 2010,
Olubambi et al. 2008, Petersen et al., 2006; Santos et al., 2006 ; Sampson et al., 2001 ;
Romano et al., 2001). Le Tableau 9 résume l’ensemble de ces paramètres et leurs niveaux.
Une série de 25 essais ont été effectués suivant un plan d’expérience L25 (55) comme indiqué
dans le Tableau 10 ci-après, dans le but de déterminer les niveaux de paramètres opératoires
contrôlés qui optimisent les rendements de biolixiviation des métaux cuivre, cobalt et nickel
et d’analyser l’influence et les interactions relatives de ces paramètres sur la biolixiviation de
chaque métal.

Tableau 9 : Paramètres et leurs niveaux


Paramètres Niveaux

1 2 3 4 5

Température - A (°C) 30 32,5 35 37,5 40

pH initial – B 1,4 1,6 1,8 2 2,2

Temps - C (jour) 7,5 10 12,5 15 20

Agitation - D (rpm) 200 250 300 350 400

Densité pulpe - E (%) 2 5 10 15 20

177
VI.3 Résultats et discussions

Les résultats des essais sont repris dans le Tableau 10 tandis que les résultats de l’analyse
statistique par la méthode de Taguchi et ANOVA faite à l’aide du logiciel Statistica sont
repris dans les Tableaux 11, 12 et 13 ci-après.

Tableau 10 : Plan d’expérience et rendements d’extraction des métauxCu, Co et Ni

Nombre Paramètres et leurs niveaux Rdt d’extraction (%)


d'essais A B C D E Cu Co Ni
1 1 1 1 1 1 57,70 46,50 51,50
2 1 2 2 2 2 49,70 44,80 43,45
3 1 3 3 3 3 47,25 39,22 40,92
4 1 4 4 4 4 46,09 38,90 39,32
5 1 5 5 5 5 42,63 39,00 39,42
6 2 1 2 3 4 47,58 39,10 40,42
7 2 2 3 4 5 56,28 38,90 39,89
8 2 3 4 5 1 52,20 47,20 45,80
9 2 4 5 1 2 46,78 42,10 44,25
10 2 5 1 2 3 42,60 38,80 39,51
11 3 1 3 5 2 48,25 39,26 40,95
12 3 2 4 1 3 53,20 39,66 41,05
13 3 3 5 2 4 48,80 39,25 39,76
14 3 4 1 3 5 42,22 39,25 39,76
15 3 5 2 4 1 51,70 39,54 41,87
16 4 1 4 2 5 62,89 39,45 50,40
17 4 2 5 3 1 69,10 52,50 74,60
18 4 3 1 4 2 56,00 40,06 45,53
19 4 4 2 5 3 53,00 40,78 46,73
20 4 5 3 1 4 43,82 39,17 40,08
21 5 1 5 4 3 53,30 39,55 41,13
22 5 2 1 5 4 52,96 39,17 39,51
23 5 3 2 1 5 42,29 38,88 39,46
24 5 4 3 2 1 52,90 65,80 60,60
25 5 5 4 3 2 54,40 43,75 45,79

178
VI.3.1 Méthodologie de Taguchi

Tableau 11 : Moyenne marginale par niveau de facteurs pour la biolixiviation du Cuivre

Paramètres
Niveaux
A B C D E
1 33,70102 34,58963 33,95296 33,70023 35,02108
2 33,77967 34,94419 33,75114 34,14489 34,13480
3 33,74735 33,81967 33,89352 34,20969 33,92290
4 35,00879 33,62767 34,56548 34,40947 33,58028
5
34,14387 33,39955 34,21760 33,91643 33,72163
Ratio S/B attendu
sous Conditions A4=37,5°C B2=1,6 C4=20 jrs D4=350rpm E1=7,5%
Optimales
Influence des
1,30777 1,54464 0,81434 0,70924 1,44080
paramètres
Interaction entre
paramètres, 12,29+0,21y 72,15-0,37y 20,24+0,13y 26,90+0,07y 66,56-0,32y
Ajustement linaire

Tableau 12 : Moyenne marginale par niveau de facteurs pour la biolixiviation du Cobalt

Paramètres
Niveaux
A B C D E
1 32,37301 32,18710 32,18316 32,29107 33,90727
2 32,27673 32,61077 32,16266 32,99289 32,45280
3 31,90808 32,21490 32,75435 32,56264 31,95314
4 32,48927 32,94698 32,39708 31,90717 31,84749
5
32,95612 32,04346 32,50597 32,24943 31,84251
Ratio S/B attendu
sous Conditions A5=40°C B4=2,0 C3=15 jrs D2=250rpm E1=5%
Optimales
Influence des
1,04804 0,90352 0,59169 1,08572 2,06476
paramètres
Interaction entre
paramètres, 18,20+0,14y 31,9+0,005y 23,34+0,09y 44,44-0,12y 81,17-0,47y
Ajustement linaire

179
Tableau 13 : Moyenne marginale par niveau de facteurs pour la biolixiviation du Nickel

Paramètres
Niveaux
A B C D E
1 32,60825 32,98899 32,65186 32,68047 34,59915
2 32,44378 33,28645 32,52897 33,27618 32,86090
3 32,18545 32,50681 32,84182 33,40595 32,42284
4 34,02396 33,16817 32,92797 32,35935 32,00116
5
33,00106 32,31210 33,31189 32,54055 32,37846
Ratio S/B attendu
sous Conditions A4=37,5°C B2=1,6 C5=25 jrs D3=300rpm E1=7,5%
Optimales
Influence des
1,83851 0,97435 0,78292 0,12977 2,59799
paramètres
Interaction entre
paramètres, 8,48+0,24y 48,01-0,15y 15,15+0,17y 45,18-0,12y 87,45-0,53y
Ajustement linaire

Les Figures 79a, 79b et 79c ci-après donnent les niveaux des paramètres qui optimisent
l’extraction des métaux cuivre, cobalt et nickel observés au cours de la biolixiviation
effectuée conformément au plan d’expériences repris au tableau 10. Selon l’approche de
Taguchi, la valeur la plus élevée de la métrique fonctionnelle Signal-Bruit (S/B) représente la
meilleure performance de la réponse (rendement d’extraction) du système étudié (Yuan et al.,
2008). Il ressort de la Figure 79a que l’optimum pour le cuivre correspond aux niveaux
A4B2C4D4E1 (les lettres représentent les paramètres et les indices représentent les niveaux
(Tableau 9). Les valeurs de 37,5°C ; 1,6 ; 20 jours ; 350 rpm et 7,5% correspondant
respectivement à la température (A), au pH (B), au temps (C), à l’agitation (D) et à la densité
pulpe (E) sont donc les niveaux de paramètres attendus sous les conditions optimales de
biolixiviation du cuivre.

180
35,2

35,0

34,8

Ratio S/B par niveau de facteur, dB


34,6

34,4

34,2

34,0

33,8

33,6

33,4

33,2
1 3 5 2 4 1 3 5 2 4 1 3 5
a T empérature pH T emps Agitation Densité

34,0

33,8

33,6
dB

33,4
Ratio S/B par niveau de facteur,

33,2

33,0

32,8

32,6

32,4

32,2

32,0

31,8

31,6
1 3 5 2 4 1 3 5 2 4 1 3 5
b
. Température pH Temps Agitation Densité

35,0

34,5
Ratio S/B par niveau de facteur, dB

34,0

33,5

33,0

32,5

32,0

31,5
1 3 5 2 4 1 3 5 2 4 1 3 5
c Température pH T emps Agitation Densité

Figure 78 : Effet de facteurs contrôlables avec leurs niveaux sur la performance statique (S/B) pour l’extraction
des métaux (a) Cu, (b) Co et (c) Ni

181
Le modèle prédictif appliqué dans ces conditions optimales de biolixiviation du cuivre a
donné un rendement de 71,3% de Cuivre. Les essais de confirmation de ces résultats ont
donné 72,6% de Cuivre, ce qui confirme l’affirmation théorique selon laquelle les résultats
obtenus par la méthode statistique de Taguchi sont robustes et, donc insensibles aux facteurs
perturbateurs (Hvalec et al., 2004). Dans ces conditions robustes, le maximum d’extraction
du cuivre est atteint (Yang et al., 1998).

Les conditions optimales de biolixiviation du cobalt sont données à la Figure 79b. On constate
que la paramétrisation robuste qui donne un optimum d’extraction du cobalt est A5B4C3D2E1
correspondant aux valeurs suivantes : 40°C ; 2,0 ; 15 jours, 250 rpm et 7,5% respectivement
pour la température, le pH, le temps, l’agitation et la densité pulpe. Dans ces conditions, le
modèle prédictif a donné un rendement de 63,9% Cobalt et les essais de confirmation ont
donné un rendement d’extraction moyen de 63,4%.

Deux différences majeures sont constatées dans les processus de mise en solution du cuivre et
du cobalt. En effet, les valeurs de 1,6 pour le pH et 350 rpm pour l’agitation ont été obtenues
pour le cuivre tandis que celles de 2 pour le pH et 250 rpm pour l’agitation sont obtenues pour
le cobalt. Ceci amène à envisager l’hypothèse selon laquelle les phénomènes qui gouvernent
les processus de biolixiviation de ces deux métaux seraient différents.

A l’appui de cette hypothèse, le modèle prédictif, appliqué dans les conditions optimales de
biolixiviation du cuivre, donne pour le cobalt 48,8% alors que 63,4% ont été obtenus dans les
conditions optimales du cobalt, soit une différence de l’ordre de 15%. Inversement, 53,4%
Cu au lieu de 72,6 % de rendement de cuivre sont obtenus dans les conditions optimales de
biolixiviation du cobalt, soit une différence de l’ordre de 20%.

La Figure 79c donne les conditions optimales de biolixiviation du nickel, on retrouve des
similitudes dans la paramétrisation du nickel (A4B2C5D3E1) et celle du cuivre (A4B2C4D4E1).
Les valeurs obtenues pour le nickel sont 37,5°C ; 1,6 ; 25 jours ; 300 rpm et 7,5%
respectivement pour la température, le pH, le temps, l’agitation et la densité pulpe.

182
La série des Figures 80a, 80b et 80c ci-après introduisent la notion de taille de l’effet d’un
facteur ou d’un paramètre, c’est une notion purement statistique qui est utilisée dans plusieurs
domaines d’ingénierie (Hvelec et al., 2004). Elle compare les tailles ou les étendues des
paramètres pour en ressortir la dominance ou l’influence des paramètres sur un procédé
donné.
35,0

34,8

34,6

34,4
Ratio S/B par facteur, dB

34,2

34,0

33,8

33,6

33,4

33,2

33,0
T empérature pH Temps Agitation Densité
a Paramètres

34,5

34,0

33,5

33,0
Ratio S/B par facteur, dB

32,5

32,0

31,5

31,0

30,5

30,0

29,5
Température pH Temps Agitation Densité

b Paramètres

34,5

34,0

33,5

33,0
Ratio S/B par facteur, dB

32,5

32,0

31,5

31,0

30,5

30,0

29,5
Température pH Temps Agitation Densité

c Paramètres

Figure 79 : Effet de chaque facteur sur la performance statistique (S/B) pour l’extraction des métaux
(a) Cu (b) Co et (c) Ni

183
L’examen de ces figures permet de mieux interpréter les différences observées, pour les trois
métaux, lors de la détermination des niveaux optima qui maximisent leurs rendements
d’extraction. En effet, dans cette analyse statistique, le paramètre ayant l’effet le plus
important sur la performance du système étudié est visualisé sur ces figures par la longueur de
la barre à moustaches. Cette métrique représente la différence (∆) entre la plus grande et la
plus petite valeur de la métrique fonctionnelle signal-bruit (Gusri et al., 2008). L’analyse
selon la méthode de Taguchi considère la plus grande différence comme paramètre le plus
influent ou le plus dominant (Demirci et al., 2011).

La Figure 79a ci-haut montre, par exemple, par ordre d’importance que le pH (∆=1,545), la
densité pulpe (1,441) et la température (1,308) sont les paramètres les plus influents sur
l’extraction du cuivre. La Figure 75b quant à elle, montre, par ordre d’importance, que la
densité pulpe (∆=2,07), l’agitation (∆=1,09) et la température (∆=1,05) sont les paramètres les
plus influents sur l’extraction du cobalt. De même, la Figure 75c montre, par ordre
d’importance, que la densité pulpe (∆=2,60) et la température (∆=1,84) sont les paramètres les
plus influents sur l’extraction du nickel.

Les Figures 80a et 80b ci-haut relatives au cuivre et au cobalt donnent une précision
complémentaire sur la différence de paramétrisation obtenue aux Figures 79a et 79b. En effet,
par degré d’influence, le pH, la densité pulpe et la température influencent, à contribution plus
ou moins égale, le rendement d’extraction du cuivre (cette hypothèse sera vérifiée lors de
l’analyse de la variance) tandis que la Figure 80b ci-haut montre que seule la densité pulpe
influence l’extraction du cobalt et ce, avec une contribution importante sur les autres
paramètres contrôlés. En analyse statistique, l’effet d’un paramètre représente sa capacité à
faire varier de façon significative la réponse du système étudié. Autrement dit, le paramètre
qui contrôle le procédé est le paramètre le plus influent. Il en résulte que la dissolution du
cuivre est dépendante du pH et de la température tandis que la dissolution du cobalt est
dépendante de la densité pulpe. La Figure 80c montre que l’extraction du nickel est
influencée par la densité pulpe et donc, sa dissolution est dépendante de la densité pulpe.

184
La méthode de plans d’expériences propose un moyen de visualiser les interdépendances
appelées interactions pouvant exister entre paramètres contrôlés ou entre réponses du système
étudié. Il s’agit donc d’une approche permettant de comprendre, au-delà des phénomènes qui
gouvernent le processus de biolixiviation des métaux, informations obtenues à l’étape de
l’analyse des tailles des effets des paramètres à l’échelle microscopique, les interactions entre
ces phénomènes.

La prise en compte des interactions est l’apanage de l’analyse de la variance (ANOVA).


Cependant, le plan d’expériences (L25) choisi pour cette étude ne permettra pas d’envisager
les interactions. Néanmoins, à défaut d’obtenir des précisions en pourcentage sur la
contribution des interactions sur la performance du processus de biolixiviation, résultats qui
seraient obtenus par l’analyse de la variance, nous analysons les interactions par la méthode
des plans d’expériences en utilisant la notion de parallélisme entre droites d’ajustement
linéaire des diverses valeurs de la métrique fonctionnelle signal-bruit (S/B) pour chaque
paramètre contrôlé (Bernard, 2005).

La notion d’interaction entre paramètre ou réponse est soumise aux mêmes observations que
précédemment s’agissant de l’influence d’un paramètre. En effet, l’interaction entre paramètre
sera négligeable si et seulement si son influence sur la performance du système est moins
prépondérante. Des chercheurs comme Mohd et al. (2009) disent que l’interaction nulle
n’existe pas. Ils définissent, dans ce cas, deux types d’interactions, forte et faible, selon qu’il
s’agisse de la présence ou de l’absence de l’interaction.

185
Les Figures 81a, 81b et 81c ci-après montrent les interactions entre paramètres contrôlés sur
le processus de biolixiviation des métaux cuivre, cobalt et nickel.

35,2
35,0
34,8
34,6
34,4
34,2
34,0
33,8
33,6

Ratio S/B par facteur, dB


33,4
33,2
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5

: Température : pH : Temps
35,2
35,0
34,8
34,6
34,4
34,2
34,0
33,8
33,6
33,4
33,2
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5

: Agitation : Dens ité pulpe

a Paramètres

33,2
33,0
32,8
32,6
32,4
32,2
32,0
Ratio S/B par facteur, dB

31,8
31,6
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5

: Température : pH : Temps
33,2
33,0
32,8
32,6
32,4
32,2
32,0
31,8
31,6
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5

: Agitation : Dens ité pulpe

b Paramètres

34,6

34,2

33,8

33,4

33,0

32,6
Ratio S/B par facteur, dB

32,2

31,8
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5

: Température : pH : Temps

34,6

34,2

33,8

33,4

33,0

32,6

32,2

31,8
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5

: Agitation : Dens ité pulpe


c Paramètes

Figure 80 : Interaction entre facteurs contrôlables en fonction de la performance statistique sur l’extraction des
métaux (a) Cu (b) Co et (c) Ni

186
En analyse statistique, l’interaction entre paramètres contrôlés est visualisée par les droites
d’ajustement. Ces droites doivent être parallèles entre elles pour justifier l’absence
d’interaction (Bernard, 2005) et, dans ce cas d’espèce, l’absence d’interaction sous-entend
une dépendance linéaire entre paramètres contrôlés. En d’autres termes, le passage d’un
niveau à l’autre d’un paramètre donné imprime une certaine variation de la métrique
fonctionnelle signal-bruit, s’il n’y a pas d’interaction entre deux ou plusieurs paramètres et la
même variation de la métrique fonctionnelle sera enregistrée lors du passage d’un niveau à un
autre d’un autre paramètre.

L’observation des droites d’ajustement linéaire données aux Figures 81a, 81b et 81c montre
que tous les paramètres contrôlés sont en interaction entre eux et ce, pour l’extraction de trois
métaux. Cependant, la Figure 81a, par exemple, montre que la température, le temps et
l’agitation sont en interaction qu’on peut considérer interaction faible. Le pH et la densité
pulpe sont également entre eux en interaction faible tandis que la température, le temps et
l’agitation sont en forte interaction avec le pH et la densité pulpe pour le processus de
biolixiviation du cuivre. De même, la Figure 81b montre que tous les paramètres sont en forte
interaction mutuelle alors que l’interaction entre l’agitation et la densité pulpe peut être
considérée comme faible pour le processus d’extraction du cobalt. La Figure 81c relative à la
visualisation des interactions entre paramètres contrôlés sur le processus de biolixiviation du
nickel, montre quant à elle, que tous les paramètres sont en forte interaction mutuelle alors
que l’interaction entre l’agitation et la densité pulpe peut être considérée comme faible.

La prise en compte des interactions dans les méthodes des plans d’expériences, plus
spécifiquement dans un plan d’expériences orthogonal, n’est pas suffisante pour justifier le
comportement du processus de biolixiviation de ces trois métaux. En effet, la limitation ou
l’insuffisance de cette méthode est qu’elle ne permet pas d’affirmer ou non si cette interaction
est de nature à affecter les rendements d’extraction obtenus. Seule la méthode de l’analyse de
la variance pourra donner ces informations.

187
VI.3.2 Analyse de la variance (ANOVA)

Les Tableaux 14, 15 et 16 ci-après donnent l’analyse de variance pour la biolixiviation des
métaux Cu, Co et Ni.

Tableau 14 : Analyse de la variance du rendement de biolixiviation du Cuivre

Facteurs Somme de ddl Carré F p-valeur Somme Contribution


Carrées Moyen pure (%)
A 246,5856 4 61,64640 3,1601 0,0544 168,556767 16,39
B 313,3441 4 78,33603 4,0157 0,0271 235,315267 22,88
C Rejeté 0,00
D Rejeté 0,00
E 234,6216 4 58,65540 3,0069 0,0621 156,592767 15,22
Résidu 234,0865 12 19,50721 45,51
Total 1028,6378 24 100
F(4,12)α=0,05=3,26

Tableau 15 : Analyse de la variance du rendement de biolixiviation du Cobalt

Facteurs Somme ddl Carré F p-valeur Somme Contribution


de Moyen pure (%)
Carrées
A 97,1285 4 24,2821 1,7818 0,2256 42,615785 4,91
B 94,0199 4 23,5050 1,7247 0,2371 39,507195 4,56
C Rejeté 0,00
D 109,4239 4 27,3560 2,0073 0,1864 54,911195 6,33
E 457,5483 4 114,3871 8,3934 0,0058 403,035595 46,48
Résidu 109,0254 8 13,6282 37,72
Total 867,1460 24 100
F(4,8)α=0,05=3,84

Tableau 16 : Analyse de la variance du rendement de biolixiviation du Nickel

Facteurs Somme de ddl Carré F p-valeur Somme Contribution


Carrées Moyen pure (%)
A 363,3158 4 90,8289 5,4738 0,0647 296,94224 19,22
B 139,6635 4 34,9159 2,1042 0,2445 73,28994 4,74
C 86,7864 4 21,6966 1,3075 0,4006 20,4128 1,32
D 168,7984 4 42,1996 2,5432 0,1940 102,42484 6,63
E 720,4257 4 180,1064 10,8541 0,0201 654,05214 42,32
Résidu 66,3736 4 16,5934 25,77
Total 1545,3633 24 100
F(4,4) α=0,05=6,39

188
L’analyse de la variance pour la biolixiviation du cuivre confirme les résultats obtenus
précédemment. En effet, en analyse de la variance, si le facteur F (du test de Fisher) calculé
est supérieur au F lu dans les tables, alors le paramètre considéré est significatif (Mohd et al.,
2009) sinon il ne l’est pas (Safarzadeh et al., 2007). Dans le domaine d’ingénierie, on
recommande d’utiliser un risque α=0,05 c'est-à-dire si l’effet est significatif, il y aura 95% de
probabilité qu’il ne soit pas dû au hasard (Hvalec et al., 2004).

Les valeurs obtenues dans le Tableau 14 relatives à l’analyse de la variance pour la


biolixiviation du cuivre montrent que le facteur F(4,02) calculé et confirmé par le logiciel utilisé
dans ce travail (Statistica), est, pour le pH, supérieur au F(3,26) critique lu dans les tables. De ce
fait, le pH est le paramètre le plus significatif.

La probabilité critique (p-valeur) indiquant la probabilité de dépassement du facteur F est,


pour le pH (p = 0,0271), plus faible. Dans l’analyse statistique, la plus petite valeur de p
représente le paramètre le plus significatif. En conséquence, le pH est le paramètre
significatif. Par ordre d’importance, on constate donc que le pH contribue à 22,88% suivi de
la température avec 16,39% puis de la densité pulpe avec 15,22% sur la performance du
procédé de biolixiviation du cuivre.

Les résultats de l’analyse de la variance pour la biolixiviation du cobalt sont donnés dans le
Tableau 15. On constate que la densité de la pulpe, dont le facteur F expérimental (8,39) est
largement supérieur à celui des tables (3,84), est le paramètre le plus significatif. La valeur de
la probabilité critique de la densité pulpe associée à F est de 0,0058, ceci correspond à la plus
petite valeur et donc, au paramètre le plus significatif. Les contributions des paramètres sont
de 46,48 et 6,33% respectivement pour la densité de la pulpe et de l’agitation

Les résultats de l’analyse de la variance pour la biolixiviation du nickel sont repris dans le
Tableau 16. On constate que la densité de la pulpe, dont le facteur F expérimental (10,85) est
largement supérieur à celui des tables (6,39), est le paramètre le plus significatif. La valeur de
la probabilité critique de la densité pulpe associée à F est de 0,02, ceci correspond à la plus
petite valeur et donc, au paramètre le plus significatif. Les contributions des paramètres sont
de 42,32 et 19,22% respectivement pour la densité pulpe et la température.

189
Les contributions de chaque paramètre sont visualisées sur la Figure 82 ci-après. On constate
que pour le cuivre, le pH est le paramètre le plus influent avec 22,9 % de contribution sur le
rendement de biolixiviation. De même, la densité pulpe est le paramètre le plus influent pour
la biolixiviation du cobalt et du nickel avec une contribution de 46,5% et 42,3%
respectivement pour le Co et le Ni.

Figure 81 : Contribution de chaque paramètre contrôlable sur le rendement de biolixiviation des métaux Cu, Co
et Ni

L’ensemble des résultats obtenus par les deux méthodes statistiques, méthode de Taguchi et
analyse de la variance, nous permettent d’interpréter les résultats expérimentaux d’un point de
vue statistique. En effet, ces résultats ont montré que la biolixiviation des métaux contenus
dans le concentré de Kamoya est influencée par les différents paramètres considérés et les
niveaux des paramètres donnant une meilleure solubilisation de ces métaux est différente en
fonction du métal considéré. Aussi, la contribution de chaque paramètre sur le rendement de
biolixiviation des métaux diffère selon le cas. Toutefois, lorsqu’on considère les paramètres
les plus influents dans le processus de biolixiviation de chaque métal, il y a lieu de faire un
parallélisme entre les résultats obtenus par l’approche statistique et le mécanisme régissant le
processus de biolixiviation de ces métaux.

190
Ainsi, lorsqu’on examine les conditions de biolixiviation obtenues pour le cuivre et le nickel
c’est-à-dire température 37,5°C, pH 1,6, temps 25 et 15 jours, agitation 350 rpm et densité de
la pulpe 7,5%, on peut se rendre compte que ces résultats seraient en accord avec plusieurs
recherches effectuées principalement sur la chalcopyrite, pour le cuivre, dans les conditions
opératoires proches de notre plan d’expérience (Third et al., 2000 ; Konishi et al., 1990).

Cependant, le nickel atteint son maximum de dissolution au bout de 15 jours alors qu’il en
faut 25 pour le cuivre. L’analyse des interactions a montré, par ailleurs, que les processus de
biolixiviation de ces métaux ne sont pas en interaction. La dissolution de chaque métal serait,
donc, indépendante de l’autre.

L’évolution du potentiel d’oxydoréduction en fonction du temps au cours de l’essai de


confirmation effectué dans les conditions d’optimisation du cuivre et représentée à la
Figure 83 ci-après montre une bonne croissance des bactéries et témoigne de l’implication des
bactéries dans le processus de dissolution des métaux Cu, Co et Ni au cours de la
biolixiviation du concentré de Kamoya.

Figure 82 : Evolution du potentiel d’oxydoréducteur (Eh) de la solution en fonction du temps au cours de la


biolixiviation du concentré de Kamoya ( pH 1,6 ; 37,5°C ; densité pulpe 7,5% et 300 rpm)

191
En vue d’obtenir des concentrations acceptables pour un traitement hydrométallurgique
ultérieur et pour autant que le choix soit porté sur le cuivre comme métal à valoriser au
premier plan, nous recommandons les conditions de biolixiviation suivantes : T°=37,5°C,
pH=1,6, temps=25 jours, agitation=300 rpm et densité de la pulpe =7,5% en solides. Dans ces
conditions les rendements de biolixiviation attendus pour les métaux seraient de 72% Cu,
58% Co et 61% Ni, environ.

Ces rendements d’extraction des métaux obtenus avec les bactéries mésophiles restent
cependant faibles. De ce fait, nous proposons que les solides venant de la lixiviation soient
relixiviés dans une deuxième étape avec des bactéries thermophiles modérés qui ont la
capacité de catalyser la biolixiviation des minéraux réfractaires comme la chalcopyrite
(Batty J.D. et al., 2006 ; Pradhan et al., 2008).

De cette manière, les solutions issues des deux étapes de lixiviation se rejoindraient dans un
circuit principal duquel le cuivre peut être extrait par extraction par solvant et électrolyse
(SX-EW). Une saignée faite sur ce circuit principal permettrait d’extraire le cobalt par
extraction par solvant et électrolyse. Le nickel, quant à lui, peut être extrait des solutions
venant de l’électrolyse cobalt par précipitation sous forme d’hydroxyde.

Ce traitement serait ainsi conforme à la pratique actuelle qui met un accent sur la qualité des
métaux extrait. En effet, dans la plupart des usines hydrométallurgiques du Katanga, en
l’occurrence celles de la Gécamines, le cuivre est extrait dans un circuit principal, après
lixiviation du minerai ou du concentré, sous forme de cathode par électrolyse. Le cobalt est,
quant à lui, récupéré dans un circuit secondaire alimenté par une saignée faite sur le circuit
principal, après purification par précipitation sélective (PPS) à l’aide de la chaux et ou du
sulfhydrate de sodium, sous forme de cathodes par électrolyse. Ainsi, les métaux comme le
nickel, le zinc, le manganèse et le magnésium sont éliminés sous forme d’impuretés.

192
Dans le souci de garantir une grande pureté des cathodes de cuivre et de cobalt (high
grade 99,99%) d’une part et une récupération sélective des métaux qui accompagnent le
cuivre sans passer par des opérations de précipitation sélective et l’élimination des autres
métaux comme impuretés, en l’occurrence le nickel et le zinc, la tendance actuelle de la
plupart des usines hydrométallurgiques opérant dans l’Arc Cuprifère du Katanga en
particulier et dans les pays du sud de l’Afrique en général, est de procéder par des opérations
d’extraction par solvant du cuivre, du cobalt et des autres métaux (cfr Tableau 17 ci-après).

En outre, Roux et al. 2007 ont mené récemment une étude comparative entre la purification
des solutions obtenues après lixiviation des minerais par les opérations de précipitations
sélectives à la chaux et par les opérations d’extractions par solvant aux usines
hydrométallurgiques de Luilu, à Kolwezi et pour le compte de Kamoto Copper Compagny,
une Joint venture conclue entre Gécamines et Katanga Mining Limited (KML) avec Kinross
Forest Limited (KFL). Ils ont aboutit, à l’issue de cette étude, à la conclusion selon laquelle
l’extraction par solvant est une technologie susceptible de produire un cobalt électrolytique de
qualité supérieure et avec des bons rendements de récupération comparé à la purification par
précipitations sélectives. Les capitaux et les coûts opératoires associés aux opérations
d’extraction par solvant sont inférieurs à ceux associés aux opérations de purification par
précipitations sélectives.

193
Tableau 17 : Liste non exhaustive des compagnies utilisant la technologie d’extraction par solvant pour la
purification et/ou l’extraction du cobalt des solutions industrielles (source : Roux et al., 2007)

Company Zinc Sx Cobalt SX Nickel SX Précipitation


(Impurity Removal)
Iron is precipitated in a
Selective extraction two-stage
Kasese Cobalt Zinc and manganese of cobalt from neutralization circuit.
Company Ltd removed with 2 vol.% nickel and Copper, cobalt and
(KCCL), Uganda D2EHPA. magnesium with nickel are precipitated
CYANEX 272. with caustic soda as
hydroxides.
Exploring the
option of cobalt SX Iron removal with
Chambishi Metals Zinc removed with 2.5 to improve overall precipitation. Cobalt
Plc, Zambia vol.% D2EHPA. plant performance purification with
by using 30 vol.% precipitation.
CYANEX 272

Knightsbridge Zinc, manganese and Cobalt SX with 15 Iron, copper and cobalt
Cobalt in South calcium removed with 20 vol.% CYANEX carbonate precipitation
Africa treats oxide vol.% D2EHPA. 272. with CaCO3.
ore originating in
the DRC
Zinc is removed with SX Cobalt SX with Iron, aluminium and
Kolwezi Tailings, using CYANEX 272. CYANEX 272. manganese impurities
DRC
Cobalt SX with
Kakanda Zinc and manganese is CYANEX 272. Iron precipitation
Tailings, removed by using Pilot plant and
DRC D2EHPA. study only.
Nickel Iron precipitation with
Tati Nickel, Cobalt SX with 5 purification limestone, might
Botswana vol.% CYANEX with 20 vol.% produce CoCO3 as final
(currently in 272. Versatic Acid product with EW later.
construction) followed by EW.

Nickel
Nkomati, South Cobalt SX with 7 purification Iron precipitation
Africa (Pilot plant vol.% CYANEX with 30 vol.%
only) 272. Versatic Acid
followed by EW
Lead removal with
Ba(OH)2 before cobalt
Anglo Platinum removal using the
Rustenburg Base Cobalt SX with 15 Outokumpu nickelic
Metals Refinery, vol.% D2EHPA. hydroxide process.
South Africa Residue iron
precipitation with
NaOH, and copper
removal using BaS
Hartley Platinum, Cobalt SX with 3 CoCO3 precipitation as
Zimbabwe vol.% CYANEX final product.
272.
Scorpion Zinc, Zinc removal with 40 Iron, aluminium and
Namibia vol.% D2EHPA. silica removal with
precipitation.

194
VI.4 Conclusions

Les résultats obtenus par la méthode de Taguchi et l’analyse de la variance nous ont permis de
déterminer pour chaque métal les niveaux de paramètres qui optimisent le rendement de
biolixiviation et de mettre en évidence leur influence et leur contribution aux processus global
de biolixiviation.

L’analyse de l’ensemble des résultats montre que la densité de la pulpe serait un paramètre
important qui influe sur le processus de biolixiviation de tous les trois métaux cuivre, cobalt et
nickel au sens de l’analyse selon Taguchi et significatif au sens de l’analyse de la variance.
Pour le cuivre et le nickel, le pH ou l’acidité du milieu réactionnel et la température sont les
paramètres déterminant au cours du processus de biolixiviation. Par conséquent, la dissolution
du cuivre et du nickel serait donc contrôlée par la réaction chimique. Par contre, la densité de
pulpe et l’agitation étant des paramètres influents dans le processus de biolixiviation du
cobalt, la dissolution du cobalt serait donc contrôlée par la diffusion des réactifs et réactants
dans le milieu réactionnel.

En vue d’obtenir des concentrations acceptables pour un traitement hydrométallurgique


ultérieur et pour autant que le choix soit porté sur le cuivre comme métal à valoriser au
premier plan, nous recommandons les conditions de biolixiviation suivantes : T°=37,5°C,
pH=1,6, temps=25 jours, agitation=300 rpm et densité de la pulpe =7,5% en solides. Dans ces
conditions les rendements de biolixiviation attendus pour les métaux seraient de 72% Cu,
58% Co et 61% Ni, environ. Ces rendements d’extraction des métaux obtenus avec les
bactéries mésophiles restent cependant faibles. De ce fait, nous proposons que les solides
venant de la lixiviation soient relixiviés dans une deuxième étape avec des bactéries
thermophiles modérés qui ont la capacité de catalyser la biolixiviation des minéraux
réfractaires comme la chalcopyrite. De cette manière, les solutions issues des deux étapes de
lixiviation se rejoindraient dans un circuit principal duquel le cuivre peut être extrait par
extraction par solvant et électrolyse (SX-EW). Une saignée faite sur ce circuit principal
permettrait d’extraire le cobalt par extraction par solvant et électrolyse. Le nickel, quant à lui,
peut être extrait des solutions venant de l’électrolyse cobalt par précipitation sous forme
d’hydroxyde.

195
CONCLUSIONS GENERALES ET SUGGESTIONS

Le présent travail a porté sur la biolixiviation de la carrolite et de l’application de la


biolixiviation comme technique alternative au traitement des minerais sulfurés
polymétalliques de l’Arc Cuprifère du Katanga (cas des minerais de la mine de
Kamoya/Kambove) en République Démocratique du Congo (RDC), sujet que nous avons
abordé sous deux approches : une approche fondamentale et une approche pratique.

Dans la première approche, nous avons traité de la biolixiviation de la carrolite en tant que
minéral pur et porteur des métaux valorisables dans la plupart des minéralisations des
gisements de l’Arc Cuprifère du Katanga, en général et, dans celle de la mine de Kamoya, en
particulier. Le but poursuivi, ici, étant la mise à niveau des connaissances sur la biolixiviation
de la carrolite compte tenu de l’insuffisance de recherches dans la littérature, à ce jour, en
rapport avec ce sujet. La deuxième approche a été axée sur la biolixiviation en cuve d’un
concentré de minerais de la mine de Kamoya, le but étant d’investiguer l’influence des
paramètres physicochimiques par une approche statistique utilisant le plan d’expérience de
Taguchi et l’analyse de variance et partant de démontrer et de promouvoir l’application de la
biolixiviation aux minerais sulfurés des gisements de l’Arc Cuprifère du Katanga.

Une première étude sur la biolixiviation de la carrolite a porté sur les paramètres opératoires
qui influencent le processus en présence des bactéries mésophiles. Pour ce faire, Nous avons
investigué l’influence du pH initial (pH 1,5 ; 2,0 et 2,5), de la granulométrie (-53µm, +53-
75µm et +75-104µm) et de la densité pulpe (2%, 5% et 10%) sur le pH, le potentiel
d’oxydoréduction Eh de la solution et sur le rendement d’extraction des métaux en fonction
du temps.

Les résultats obtenus au cours de cette série d’essais ont montré que le pH de la solution
augmente légèrement au cours des deux premiers jours et diminue ensuite pour atteindre une
valeur minimale qui est fonction du pH initial. La valeur de pH la plus faible a été obtenue
avec un pH initial égal à 2 soit 1,71 donnant ainsi un gradient de pH de 0,29. Le potentiel
d’oxydoréduction de la solution, quant à lui, diminue légèrement au cours des deux premiers
jours pour ensuite évoluer suivant trois étapes traduisant ainsi les phases de la croissance
bactérienne.

196
Le rendement d’extraction des métaux a évolué, au cours du temps, suivant une allure en
trois étapes intervenant après une légère augmentation durant les deux premiers jours et cela
pour tous les métaux et quel que soit le pH initial. Ces étapes correspondraient à l’évolution
de la croissance bactérienne c’est-à-dire une phase de latence, une phase de croissance
exponentielle et une phase stationnaire. Le pH initial de 2,0 donne des meilleurs rendements
d’extraction des métaux soit 51,4 ; 48,2 et 44% respectivement pour le Cu, Co et Ni.

La granulométrie influence l’évolution du pH, du potentiel d’oxydoréduction de la solution et


celle du rendement d’extraction des métaux au cours du temps, les fines particules présentant
une grande surface spécifique et favorisant l’activité bactérienne . Celle-ci étant un facteur
déterminant dans le processus de biolixiviation, semble être différente d’une granulométrie à
l’autre. Les rendements d’extraction les plus élevés ont été obtenus avec la granulométrie de
- 53µm pour tous les métaux.

Enfin, les variations de la densité de pulpe ont une influence sur l’activité bactérienne au
cours de la biolixiviation de la carrolite. Cette activité des bactéries serait favorisée par une
diminution de la densité de pulpe. Nous avons ainsi observé des rendements d’extraction des
métaux Cu, Co et Ni élevés à 2% de densité pulpe comparés à ceux obtenus à 5 et 10%. Ces
résultats semblent être en accord avec plusieurs études reprises dans la littérature sur d’autres
minéraux comme la pyrite, la chalcopyrite etc.

Une deuxième étude sur la biolixiviation de la carrolite a concerné le mécanisme de


dissolution des métaux Cu, Co et Ni. Pour ce faire, nous avons procédé à une série d’essais de
lixiviation chimique acide non oxydante et oxydante de la carrolite en présence des ions
ferriques et de biolixiviation de la carrolite avec et sans ajouts d’ions ferriques. Nous avons
aussi procédé à une autre série d’essais dans le but d’estimer et de montrer le rôle de
l’adhésion bactérienne aux grains de carrolite d’une part et, de montrer l’importance du
contact bactérie-minéral et des ions ferriques, d’autre part, dans le processus global de
biolixiviation.

En outre, pour comprendre et élucider le mécanisme de biolixiviation de la carrolite, nous


avons procéder à l’étude de l’interface bactérie-minéral par des observations microscopiques
des grains de carrolite en cours de biolixiviation et par la caractérisation des résidus de
biolixiviation.
197
Les résultats obtenus au cours de cette deuxième étude ont permis de montrer que la carrolite
est un sulfure métallique acido-soluble et que la mise en solution des métaux Cu, Co et Ni en
milieu acide et en présence des ions ferriques est favorisée par les protons (H+) et des
températures élevées. Les ions ferriques ont une influence positive sur les rendements
d’extraction des métaux Cu, Co et Ni à des concentrations de 10 g/l en sulfate ferrique aussi
bien en présence des bactéries qu’en conditions stériles.

En ce qui concerne la biolixiviation de la carrolite, les résultats ont montré une évolution de la
population bactérienne en trois phase dont une première au cours de laquelle on observe une
forte adhésion des bactéries à la surface des grains qui joue un rôle important dans le
processus global car elle serait à l’origine de la libération des ions ferreux en solution selon un
mécanisme de contact bactérie-minéral. Cette adhésion serait aussi à l’origine de l’oxydation
des ions ferreux, du soufre élémentaire et ou des composés soufrés lesquels composés
s’accumulent à la surface des grains de carrolite. Une seconde phase au cours de laquelle le
nombre de bactéries libres en solution augmente considérablement avec le temps due
probablement à la saturation des sites favorables à la surface des grains de carrolite et par les
fortes concentrations en ions ferreux en solution servant de substrat pour la croissance de
bactéries. Ces ions ferreux seraient alors oxydés par l’action catalytique des bactéries pour
qu’ils attaquent à leur tour le minéral et causer ainsi la dissolution des métaux. Enfin, une
troisième phase au cours de laquelle le nombre de bactéries libres en solution et celui de
bactéries fixées deviennent constants au cours du temps suggérant ainsi un mécanisme
coopératif de biolixiviation de la carrolite : les bactéries fixées attaquent la phase minérale et
génèrent les ions ferreux qui sont à leur tour oxydés par les bactéries libres en suspension
dans la phase liquide. Les ions ferriques, quant à eux, attaquent le minéral selon un
mécanisme indirect. Le résultat final suggère alors l’existence d’une relation entre l’adhésion
des bactéries aux grains de carrolite et le taux de dissolution du minéral.

Les observations faites en Microscopie Optique (MO), en Microscopie Confocale à Balayage


Laser (CLSM) et en Microscopie Electronique à Balayage (MEB) ont permis de mettre en
évidence l’adhésion des bactéries sur des grains de carrolite en cours de biolixiviation tandis
que les analyse par EDS, XRD et FTIR ont permis de caractériser les résidus de biolixiviation
et les phases superficielles précipitées sur les grains de carrolite.

198
En outre les observations en MEB ont permis de mettre en évidence une relation étroite entre
l’activité des bactéries et la structure cristalline de la carrolite suggérant ainsi le rôle important
que jouent les bactéries dans le processus global de biolixiviation.

Enfin, une étude statistique a porté sur la biolixiviation du concentré de Kamoya en cuve
agitée en utilisant la méthode de Taguchi et l’analyse de la variance. Les résultats obtenus ont
permis de déterminer pour chaque métal les niveaux de paramètres qui optimisent le
rendement de biolixiviation et de mettre en évidence leur influence et leur contribution aux
processus global de biolixiviation.

Dans l’ensemble, ces résultats montrent que la densité de la pulpe est un paramètre important
qui influence le processus de dissolution de tous les trois métaux cuivre, cobalt et nickel. Pour
le cuivre et le nickel, le pH ou l’acidité du milieu réactionnel et la température sont les
paramètres déterminant au cours du processus de biolixiviation.

De ce fait, la dissolution du cuivre et du nickel serait contrôlée par la réaction chimique. Par
contre, la densité de pulpe et l’agitation sont des paramètres qui influencent le processus de
dissolution du cobalt. Ainsi, la dissolution du cobalt serait contrôlée par la diffusion des
réactifs et réactants dans le milieu réactionnel.

En vue d’obtenir des concentrations acceptables pour un traitement hydrométallurgie ultérieur


et d’autant que le choix soit porté sur le cuivre comme métal à valoriser au premier plan,
nous recommandons les conditions de biolixiviation suivantes : T°=37,5°C, pH=1,6,
temps=25 jours, agitation=300 rpm et densité de la pulpe =7,5% en solides. Dans ces
conditions les rendements de biolixiviation attendus pour les métaux seraient de ‘environ 72%
Cu, 58% Co et 61% Ni. Ces rendements restent cependant faibles, nous suggérons alors une
deuxième étape de biolixiviation avec les bactéries thermophiles modérées. Les métaux cuivre
cobalt et nickel peuvent alors être extraits sélectivement dans un circuit classique d’extraction
par solvant et électrolyse (SX-EW).

199
Au vu de ce qui précède et tenant compte de la littérature, nous proposons que la suite de ce
travail peut être axée sur les points suivants :

1. La poursuite de la compréhension des mécanismes de biolixiviation de la carrolitte


par :

• des essais permettant de caractériser les phases superficielles précipitées à la surface


des grains à l’aide des techniques plus adéquates comme par exemple la spectroscopie
Raman.

• des essais permettant le suivi de la population bactérienne dans le but d’identifier et de


caractériser qualitativement et quantitativement les espèces bactériennes présentes au
cours de la biolixiviation de la carrolitte par des techniques de caractérisation
microbiologiques (PCR,…).

2. La poursuite des essais de biolixiviation du concentré de Kamoya dans le but de


l’amélioration des rendements d’extraction des métaux par l’utilisation des bactéries
thermophiles modérées dont la température optimale de croissance varie entre 45 et
50°C.

3. Et enfin procéder aux essais d’extraction par solvant du cuivre et du cobalt sur les PLS
issues de la biolixiviation du concentré de Kamoya en vue de définir un flow-sheet
détaillé et un bilan matière pour le traitement de ce concentré jusqu’à l’obtention
sélective des métaux cuivre, cobalt et nickel.

200
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