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ALG(O)-,

-ALG-IE, -ODYN-IE
Grec algos « douleur », X- algia « douleur de X » ; odynè « douleur ».

Le mot latin est dolor « douleur », d’où douleur, douloureux, endolori. Un des mots du quatuor rubor,
dolor, calor, tumor. Mais on trouve aussi quelques composés faits sur nocere « nuire à, faire du mal ».

Vocabulaire usuel : nostalgie, qui signifie littéralement « douleur du retour », mot qui apparaît au XVIIe
siècle pour désigner le « mal du pays », celui qu’on éprouve quand on est loin de son pays natal.
Névralgique, qui est à l’origine un terme du vocabulaire médical signifiant « relatif à une douleur des
nerfs », et qui s’emploie au sens de « qui concerne un point sensible ».

Le synonyme -odynie n’a rien donné dans le vocabulaire autre que médical.

Il n’y a pas de différence de sens entre les deux. Les formes en -alg-ie sont beaucoup plus fréquentes,
et ont tendance à remplacer les formes en -odyn-ie.

1. ALG-
1.1. X-ALG-IE « douleur de X »
Cyst- vessie

Entér- intestin

Hépat- foie

Ot- oreille

Osté- os

Arthr- articulation

Tén- - - tendon

Crur- alg- ie- cuisse (nerf crural, du latin crus, cruris « cuisse »)

Cox- hanche (lat. coxa)

Céphal- tête

Névr- nerf périphérique

Cardi- cœur

Pré- -cordi- région précordiale

Épi- -gastr- épigastre

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nerf sciatique (de la hanche, déformation du grec iskhion
Sciat- « hanche »,

cf. ischio-jambier)

Lombo- -sciat- douleur lombaire sur le trajet du nerf sciatique

La médecine moderne a tiré de ces composés un terme simple alg-ie « douleur » (alg-ie vasculaire de la
face). D’où un nouveau composé hyper-alg-ie « sensation de douleur forte ».

Les adjectifs correspondants sont en -alg-ique : phase céphal-alg-ique « relative à une douleur de
l’extrémité céphalique », alg-ique « relatif à une douleur ».

1.2. AN-ALG-, ANT-ALG-


Ant-alg-ique : « qui agit contre la douleur ». Il existe des médicaments ant-alg-iques de palier 1, 2 et 3.
Une attitude ant-alg-ique est spontanée quand le patient adopte la position la moins douloureuse.
Contrairement aux an-algé-s-iques, ces médicaments ne suppriment pas la douleur mais la diminuent.

Sur le modèle de X-alg-ie / X-alg-ique, on a ensuite créé le nom féminin ant-alg-ie, qui désigne
l’ensemble des techniques permettant de lutter contre la douleur.

An-algé-s-ique : terme formé d’après an-esthé-s-ique. Désigne les médicaments ou les techniques qui
visent à supprimer la douleur.

An-algé-s-ie : suppression de la perception de la douleur. C’est l’un des buts de l’anesthésie, qui
supprime toute sensation. On parle d’auto-[an-algé-s-ie] quand le patient peut s’administrer lui-même
l’an-algé-s-ique, en général dans les cas de douleurs chroniques.

Par opposition à an-algé-s-ie, on a créé hyper-algé-s-ie « hypersensibilité à la douleur ».

1.3. ALG(O)-
Algo-[dys-troph-ie] : ce n’est pas une dystrophie de la douleur [cf. fiche TROPH(O)-], mais une dystrophie
(mauvaise nutrition d’un organe) provoquant des troubles trophiques et vasomoteurs, accompagnée
de douleur.

Algo-[méno-rrhée] : menstruations accompagnées de douleur. Synonyme dys-méno-rrhée.

Algo-[par-eun-ie] : litt. « douleur à coucher à côté », désigne le fait de ressentir une douleur lors des
rapports sexuels (du grec eunè « couche, lit »). Le synonyme dys-[par-eun-ie] est plus fréquent.

Algo-log-ie : discipline qui se consacre à l’étude de la douleur. Mais en botanique, l’algo-log-ie est l’étude
des algues. Et l’algo-thérap-ie est le fait de soigner par les algues, et non de soigner par la douleur.

Algo-phob-ie : crainte maladive de la douleur.


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Culture générale :

Le mot algorithme n’a rien à voir avec le mal de crâne que la chose peut causer ! Il s’agit de la forme
latinisée du nom d’un mathématicien perse, Al-Khawarizmi (qui signifie en arabe « Le Chorasmien », car
il était originaire de la région de Chorasmie en Ouzbékistan actuel). De même, le mot algèbre est un
terme qui vient de l’arabe al-jabr « réunion, connexion », et plus précisément d’un des traités de Al-
Khawarizmi qui comportait le mot al-jabr, latinisé au Moyen-Âge en algebra. On reconnaît dans ces deux
termes l’article al de l’arabe, comme dans alchimie et dans alambic « vase » utilisé par les alchimistes
qui recueille l'élixir (l'essence en arabe).

2. ODYN-
2.1. X-ODYN-IE « douleur de X »
Le seul terme relativement usuel est coccyg-odyn-ie « douleur du coccyx ». Le mot coccyx vient du grec
kokkyx, qui signifie « coucou », parce que cet os a la forme d’un bec de coucou.

Citons pour mémoire une série de termes désuets, qui ont tous été remplacés par des formes en X-alg-
ie.

Arthr- articulation

Cyst- vessie

Entér- intestin
-odyn- -ie
Gloss- langue

Ot- oreille

Osté- os

Le terme all-odyn-ie est fait sur un modèle différent et désigne une douleur anormale, provoquée par
un stimulus qui normalement ne devrait pas la provoquer [cf. fiche ALL(O)-].

2.2. ODYN(O)-
odyno-phag-ie : déglutition douloureuse.

3. NOCI-
Sur la base latine de nocere « nuire à, faire du mal », qu’on trouve dans in-noc-ent, litt. « celui qui ne
fait pas de mal », on forme quelques composés qui désignent la douleur, même si le sens propre de
cette racine n’est pas celui de « douleur ».

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Noc-if : qui nuit à.

Noc-iv-ité : fait d’être nuisible.

In-nocu-ité : fait de n’être pas noc-if.

Noci-cep-tion : perception de la nocivité, en fait perception de la douleur. Désigne l’ensemble des


mécanismes qui sont impliqués dans la perception et la transmission de la douleur et dans la réaction à
la douleur. Sur le même modèle est formé proprio-cep-tion, ou sensibilité profonde, qui est la
perception consciente ou non de la position des parties de son propre corps (ce qui fait que, même dans
le noir, vous pouvez vous gratter la tête).

Noci-cep-tif : relatif à la noci-cep-tion.

Noci-cep-teur : récepteur sensitif à la douleur.

Noce-bo : forgé sur placebo, litt. « je plairai ». L’effet placebo est un mécanisme psychologique par
lequel le patient, croyant prendre un médicament actif alors qu’il prend une substance inerte, se
persuade qu’il guérit et provoque en effet une amélioration de son état de santé – ce qui plaît à son
médecin. Par extension, un placebo est un médicament qui ne contient pas de principe actif et qui est
administré à un groupe témoin dans le cadre d’études pharmacologiques. L’effet inverse est l’effet
nocebo, litt. « je nuirai », par lequel le patient, croyant prendre un médicament actif alors qu’il prend
une substance inerte, se persuade que la substance en question est nocive, ce qui conduit à une
détérioration de son état de santé – en particulier le patient anticipe en quelque sorte les effets
indésirables décrits sur la notice et les reproduit sans cause autre que psychogène.

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