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Waltz Pierre. Sur les sentences de Ménandre. In: Revue des Études Grecques, tome 24, fascicule 106,1911. pp. 5-62;
doi : https://doi.org/10.3406/reg.1911.6611
https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1911_num_24_106_6611
(1) Cela n'est exact que si l'on considère uniquement la première lettre de
chaque sentence ; les vers qui commencent par la même lettre se succèdent
sans aucun ordre. Presque toutes les sentences sont monostichiques, les auteurs
de recueils n'ayant admis de distiques que lorsque les deux vers commençaient
par la même lettre (Monostiches, v. 46 sq., 304 sq., 638 sq.}.
(2) Tirades : fr. 531 Kock (18 vers), 128 (16 v.), 518 (16 v.) ; — monologues :
fr. 223 (19 v.), 402 (16 v.) ; — dialogues : fr. 325 (16 v.), 530 (23 v., très mutilé),
etc. Ce dernier fragment, le seul qui dépasse 20 vers, provient en grande partie
(v. 1-17) d'un manuscrit du ive siècle; quant aux citations, la plus longue est
celle de Stobée (106, 8) qui constitue le fr. 223.
6 PIERRE WALTZ
(14 oct. 1908), p. 737-768. Parmi les nombreuses études publiées sur ces
fragments en 1907 et 1908, je signalerai seulement : M. Croiset, Nouveaux fragments
de Ménandre (commentaire et traduction), Journal des Savants, octobre et
décembre 1907, p. 313-535 et 633-657; — H. Weil, Remarques sur les nouveaux
fragments de Ménandre, ibid., février 1908, p. 80-84; — M. Croiset, Ménandre :
L'Arbitrage (texte annoté et traduction), Rev. Et. Gr., t. XXI (1908), p. 233-325,
et tirage à part. Pour le reste de la bibliographie, je renvoie au travail de
M. Croiset, Revue, p. 237-238, tir. à part, p. 5-6. Un grand nombre de notes
critiques ont en outre été publiées par diverses revues, au cours de ces deux
années. Enfin A. Kôrte a publié deux nouveaux fragments delà Περικειρομένη
(Ber. der K. Sachs. Ges. der Wiss., Leipzig, 1908, p. 145 sq.), qui ont été étudiés
ensuite par C. Robert {Hermes, 1909, p. 260-263); ils n'apportent aucun élément
nouveau à l'étude que j'ai entreprise, non plus que les derniers fragments
(24 vers) signalés par Grenfell et Hunt (Ox. pap., n° 855, vol. VI, p. 150),
étudiés après eux par Fr. Leo (Hermes, 1909, p. 143 sq.), et attribués par A. Kôrte
(id., ibid., p. 303-313) à la Périnthienne. J'ai connu trop tard pour pouvoir en
faire usage l'édition complète des Menandrea publiée par A. Kôrte dans la
collection Teubner (1910).
PIERRE WALTZ
(1) Une vingtaine de fragments ont pu être identifiés ainsi; les suivants
contiennent des sentences :
Fr. 928 Kock = Laboureur, \ . 79-81;
294 = Parasite, v. 42-44 ;
731 = id. ν. 49-50 ;
173 = Arbitrage, v. 15-18 van Leeuwen (45-48 Croiset);
174 = id. v. 486-488 v. L. (537-539 Cr.) ;
762 » = id. . 498 (549) ;
adesp. 488 = id. v. 116 (146).
Deux autres contiennent des allusions à des proverbes courants : fr. 733 =
Arb., v. 35-36 (65-66); — 920 = id., v. 223 (253).
(2) Fr. 173 et 174. Cf. Rev. Et. Ane, 1908, 1, p. 21-23.
(3) Cf. Orion, Antholog., 6, 4. Le mot χάντων (début du v. 19) ne figure pas
dans la citation dOrion.
(4) Πδς Ικανός [Arb., v. 4 (34)].
SUR LES SENTENCES DE MÉNANDRE 9
(1) Arb., v. 100 (130) sq., 126 (156) sq. (traduction M. Croiset).
(2) Cf. fr. 281-282, 481 (contre l'insolence des riches), 533 (contre l'orgueil
nobiliaire), 542 (contre l'injustice), 472 (éloge de. la vertu), etc.
(3) Euripide, Mél. phil., f'r. 489 Nauck (l'origine des enfants qu'on prétend nés
d'une vache ne peut être vérifiée), 488 (la nature ne produit pas de monstres).
(4) Fr, 496 : Δικαίοσύνας το χρύσεον πρόσωπον... (la suite manque).
10 PIERRE WALTZ
(1) Fr. 496, 497, 501. Ces sentences servaient sans doute de répliques à des
maximes misogynes, telles que celles des fr. 499-500 (cf. infra, p. 13).
(2) Fr. 508-509.
'(3) Fr. 514 (dont la raison d'être est peut-être donnée par le fr. 515, qui contient
l'éloge d'un esclave). Ces deux pièces d'Euripide contiennent en outre diverses
sentences sur le rôle et l'éducation des jeunes gens (fr. 502, 511-513), sur le
mariage (fr. 503-505), sur l'inégalité des conditions (fr. 506). Les discussions
abstraites devaient y être nombreuses.
(4) Phén., v. 452 sq., 496 sq. Cf. encore les controverses entre Oreste et
Tyndare (Or., v. 491-679), entre Hélène et Ménélas (Troy., v. 860-965J. Voira ce sujet
P. Masqueray, Euripide et ses idées, p. 79-90.
(5) Plaute, Captifs, v. 665 sq., 690.
(6) « ...Πειθούς ιερόν... λόγος. » (Euripide, fr. 170).
(7) Théognis, v. 173-178, 267-270, 351 sq., 383-392, 949 sqq., etc.
SUR LES SENTENCES DE MÉNANDRE 11
(1) Lysias, XXIV, 16-17 : « Ου γάρ τους πεινομένους κα'. λίαν άπόρως διακειμένους
ύβρίζειν εικός, κτλ. »
(2) Menandre.fr. 928 (= Lab., ν. 79-81), 93.
(3) Fr. 95, ν. 1-2. Sur la place occupée dans la pièce par ces fragments, cf.
Dziatzko, Rhein. Mus., LIV (1899), p. 407-525, — LV (1900), p. 104-1U.
(4) Fr. 4 et 6.
12 PIERRE WALTZ
ces sentences sont explicables par les mêmes raisons que dans
le Laboureur ; mais une comparaison plus précise peut se faire
avec Térence, qui a traduit presque littéralement le second
passage, et conservé le premier sous une forme moins
générale (1) ; s'il peut y avoir quelque différence de détail dans
l'emploi des mêmes maximes chez les deux poètes, il est
incontestable quelles constituent, dans l'un et l'autre cas, une
argumentation en faveur de pauvres gens (2).
Certaines de ces sentences, qui nous surprendraient, isolées,
par la gravité de leur ton, peuvent être des répliques très vives,
quand elles servent de réponse à une objection formulée brus-
quemerît. Dans le Parasite, un pédagogue met son τρόπος en
garde contre les menées de flatteurs qui n'ont, en réalité, d'autre
but que de nous faire du tort : « Mais s'ils ne peuvent y arriver?
— Tout le monde est capable de mal faire (3). » L'expression
deviendrait plus frappante encore si la sentence répliquait à
une autre sentence invoquée par l'interlocuteur; le fait devait
être assez fréquent chez Ménandre; sans quoi on ne
s'expliquerait pas que les pensées contradictoires se rencontrent chez
lui en si grand nombre (4). Les scènes entièrement conservées
fils ! et 656 (plus on a d'enfants, plus on est malheureux; — cf. fr. 649). Après avoir
déploré les inconvénients de la pauvreté, il l'appelle « le plus léger des maux »
(fr. 282; — cf. fr. 83, 128, 160, 281, 301-302, 537, 588, etc.).
(1) Par exemple dans la controverse déjà citée de Mélanippe sur les femmes :
les opinions les plus opposées sont soutenues par le personnage misogyne et son
interlocutrice. — Dans les Monostiches, on trouve les mêmes contradictions (v. 99
et 100 : Une honnête femme est le gouvernail de la maison; — Une femme est,
par sa nature, incapable de gouverner; etc.). Mais on ne peut faire état de textes
dont l'authenticité est aussi douteuse.
(2) Plokion, fr. 402-403 (contre les mariages riches) et 404-406 (thèse opposée);
— l'Enfant supposé, fr. 481 (éloge de la sagesse) et 482-483 (son impuissance contre
le hasard); etc.
(3) Fr. 693 : « Garde tes bienfaits pour les absents; car on n'aime pas à être
obligé en face. » Cf. fr. 301, 571, 677, etc. Ailleurs, c'est le bien fondé de la
sentence qui est démontré par les réflexions qui suivent : cf. fr. 555
(démonstration de cette proposition émise au début de la tirade : « 11 est pénible de vivre
longtemps »), etc.
(4) Fr. 68, v. 3 (le travail nous donne une aisance assurée), 472, v. 1-2 (éloge
de la probité) et 8-9 (la parole est dangereuse, quand elle n'est pas sincère),
540, v. 2-3 (chacun porte en soi-même sa propre perte), 541, v. 7-8 (sur
l'Occasion), etc.
(5) Fr. 402 (un vieillard se plaint de la jalousie de sa femme, vieille, laide,
riche et acariâtre), etc.
(6) Fr. 249 (portrait d'un sage), 481 (sur les inconvénients de la richesse), 518
(contre les mœurs des cuisiniers), 530 (sur un malade imaginaire), etc.
(7) Fr. 235 (sur l'amour), 509 (contre lea amours séniles), 531 (sur lïmposaibi-
lité du bonheur parfait), etc.
14 PIERRE WALTZ
,
fragment du Bourru (Δύσκολος), où les remontrances
respectueuses d'unjeune homme à son père avare ont manifestement
la même portée exhortative que les aphorismes plus brefs cités
jusqu'ici : « Tu me rebats les oreilles de ton argent, qui est une
chose bien instable; situ es certain que tu l'auras toujours, garde-
le, n'en donne à personne, restes-en le maître ; mais si tes biens
appartiennent à la Fortune, et non à toi, pourquoi, mon père,
refuser d'en faire profiter les autres? Elle peut, dans son
inconstance, teles reprendre pour en faire don à un autre moins digne.
Voilà pourquoi je t'engage, mon père, à en user généreusement,
tant que que tu les possèdes, à secourir ton prochain, à enrichir
de ton argent le plus de gens que tu pourras. C'est ce bien-là qui
est impérissable : si un jour tu es en butte aux coups du sort, tu
récolteras ce que tu auras semé. Une amitié qu1 on proclame est
bien préférable à un trésor quon enfouit pour le cacher (d). »
Les nouveaux fragments nous renseignent peu sur la place
qu'occupaient ces tirades morales dans le cours d'une scène : à
part le monologue de Gharisios — sur lequel nous aurons à
revenir (2) — les récentes découvertes ne nous fournissent à
cet égard qu'un seul document important, la diatribe contre
les flatteurs qui figure dans le Parasite ; l'intention didactique
est ici incontestable, puisqu'on est en présence de conseils
donnés par un pédagogue à son jeune maître pour le tenir en
garde contre ces malfaiteurs, capables, par leurs paroles
spécieuses, de conduire à leur perte aussi bien une démocratie
qu'un souverain absolu (3). En revanche, la comédie latine —
chez Plaute du moins — abonde en longs développements
généraux (4) ; mais ici, le peu que nous savons de Ménandre
(1) Fr. 223 : « Si un des dieux venait me dire : Écoute, Craton, quand tu seras
mort, tu renaîtras. Ce que tu voudras être alors, tu le seras;... à toi de choisir
ce que tu veux. — Tout au monde, m'écrierais-je aussitôt, tout plutôt que d'être
homme!... Si un homme est bon, bien né, cela ne lui sert à rien dans le siècle
où nous vivons : c'est le parasite qui tient le haut du pavé ; puis vient le
délateur, et en troisième lieu le méchant. »
(2) Ménandre, fr. 487 (éloge de la sincérité). 378 (contre les menteurs), et
surtout 1091 (contesté par Kock) :
Α'.σχρόν γ' δταν τις επί γλώσση φυείς
γλώσ^·/) ματαίους ΐξακοντίζΐβ λόγους.
(3) Ménandre, fr. 325 sq. (du Μισογύνης), 402-403 (de Πλόκιον*!. Certaines
répliques, dans la scène du Malade Imaginaire à laquelle je fais allusion (111,3),
ressembleraient aussi peu que possible, si on les isolait, à des fragments de
dialogue comique: par exemple la phrase suivante : « Les ressorts de notre
machine sont des mystères, jusques ici, où les hommes ne voient goutte ; et la
nature nous a mis au-devant des yeux des voiles trop épais pour y connaître
quelque chose. » Mais elles conviennent au ton plus relevé qu'une conversation
sérieuse affecte spontanément.
SUR LES SENTENCES DE MÉNANDRE 17
(1) Pap. de Gkoran, fragm. de Comédies, \\, v. 128-134, trad. Jouguet (op. cit.,
p. 144).
(2) C'est sur ee rapprochement qu'est fondée mon hypothèse, qui identifie la
pièce publiée par P. Jouguet avec le Δις Ιξα-πατών. En tout cas, ce passage
de Plaute contribue à montrer commentée thème pouvait être amené dans une
comédie.
(3) Plautc, Bacchis, v. 538-542 et 545-547.
(4) V. 550 : Sicut est hic quem amicum ratus sunii
20 piEitRE waltz
(1) Paysan, fr. 487 (en coupant la phrase avant Iv παντί καίρψ, et non, comme
fait Kock, après ces mots).
(2) Fr. 677 (de provenance incertaine).
(3) Héritière, fr. 164.
(4) Fr. 564-565 :« Malheureux! comment ai-je pu compter sur la reconnaissance
d'une femme? Si seulement elle ne me rend pas le mal pour le bien, ce sera déjà
très beau! La femme n'a pns le caractère reconnaissant. »
22 PIERRE WALTZ
(1) Plokion, fr. 405-406. Stobée (96,20) ne séparait pas les deux passages, comme
le font — inutilement, à mon avis — la plupart des critiques.
(2) Ibid., fr. 404, v. 9 : « Ύτ.ερ γαρ ένας αλγών απαντάς νουθετώ. » Ce fragment a
été conservé par Aulu-Gelle (If, 23, 15), qui en montre ainsi la place dans
l'action : Filia hominis pauperis in pervigîlio vitiata est : ea res clam patrem fuit, et
habebatur pro virgine. Ex eo vitio gravida mensibus e.vactis parturit. Servus bonae
frugi cum pro foribus domus staret et propinquare partum erili fdiae atque
omnino vitium esse oblatum ignorarel, gemiliim et ploratum audit puellae in puer-
perio enitenlis : timet, irascitur, suspicatur, miseretur, dolet
(3)Fr. 166 et 418, 509, 370. Cf. fr. 394 (un mort ne jouit plus de sa fortune), 419 (un
esclave doit être obéissant), 484 (la direction du ménage appartient àFhomme, non
à la femme), etc.
SUR LES SENTENCES DE MÉNANDRE 23
(1) La forme exacte du passage de Ménandre (fr. 46) ne nous a pas été
conservée; il ne nous est connu que par un commentaire de Donat, qui, après avoir
cité Térence, ν. 795 sq. : Paullum interesse censes, ex animo omnia ut fert
nalura, facias, an de indus tria?, ajoute : Haec sententia a Terentio έρωτηματικώς
prolata est, quam Menander έπιδεικτικώς posuit. — Parmi les fragments de
VHomme qui se punit lui-même se trouvent trois pensées abstraites (fr. 143-145) :
« Le caractère d'un homme se manifeste par ses paroles. — Tous les pères sont
fous. — 11 faut rester chez soi et vivre libre, ou renoncer à être heureux. » L'idée
exprimée par le premier de ces aphorismes se retrouve chez Térence, mais privée
de sa forme générale, v. 384 : Nam mihi quale ingenium haberes fuit indicio ora-
tio; pour le dernier, on soupçonne qu'il s'agit d'un personnage (Chrêmes?)
cherchant à détourner de ses projets un homme (Clinias?) qui veut s'expatrier. —
Cf. encore Ménandre, fr. S66, et Hécyre, v. 789 ; — fr. 187, et Eunuque, v. 77 sq.
— Quant au Carthaginois de Plaute, on n'y retrouve pas trace des trois pensées
générales qui figuraient dans le modèle, fr. 261 (on ne sait jamais sûrement de
qui on est né), 262 (une folie invétérée ne peut se guérir en un jour) et 265 (la
justice doit primer la loi); tout au plus en aperçoit-on le rapport possible avec
la reconnaissance d'Hannon et de ses filles, les extravagances amoureuses d'Ago-
rastoclès et sa discussion avec le leno Lycus.
(2) Ménandre, fr. 14.
SUR LES SENTENCES DE MÉNANDRE 25
la même pensée est exprimée (fr. 325, v.'i) ne nous renseignerait guère, en
raison de l'emploi tout particulier qui est fait ici de la sentence (objection prêtée
par un personnage à un interlocuteur dont il réfute la théorie).
il) Térence, Andr., v. 902 : Pro peccato magno paulum si/ppliei satis estpalri.
— Ménandre avait dit (fr. 662) :
Ό σκληρότατος προς u'.ôv ëv τω νουθετεΓν
τοις μεν λόγο·.; πικρός εστί, τοις δ' ίργοις πατήρ.
Cf. encore, par exemple, les nombreux fragments de Ménandre sur les charges
de la vie conjugale (fr. 382, 649, 651, 418, 532, etc.), avec la tirade du Soldat
Fanfaron (notamment les v. 683-684, exprimant une pensée générale, qui est reprise
ensuite, v. 685-698, sous forme descriptive), où Périplécomène explique pourquoi
il est resté célibataire. — Le fr. 644 célèbre les avantages que l'on trouve à avoir
un bon serviteur : la même pensée générale se rencontre dans l'éloge adressé par
Déméa à Géta pour sa conduite dévouée (Térence, Ad., v. 897-898). — Cf. encore
Ménandre, fr. 663 (sur la méchanceté des courtisanes) avec Sold. Fanf., v. 883-
886, et Perse, v. 242; — fr. 509 (sur les amours séniles) avec Marchand, v. 1105-
1114; etc.
(2) Le sentence est alors annoncée par nam (chez Ménandre, yap). Exemples :
. . .Juste ab juslis Justus sum orator datus :
Nam injusta ab jiistis impetrari non decet (Amph., v. 34 sq.).
. . .Neu permanet palam haec nostra faUacia :
Nam doit non doli sunt, nisi astu colas,
Sed malum maximum, si id palam provenit (Capt., v. 220 sq.).
. . . Opus est into loco
Unde inimicus nequis nos tri spolia capiat consili :
Nam bene consullum inconsulhim'st, si id inimicïs usui'st
(Sold, fanf., v. 598 sq.).
Cf. Marm., v. 245 sq. ; — Casina, v. 191 sq. ; — March., v. 18 sq., 744 sq.; —
Sold, fanf., v. 563, 638, 672 sq. ; — Perse, v. 345 3q. ; — Cordage, v. 398 sq.; —
//. aux trois écus, v. 459 sq., 1032 ; — Bourru, v. 16-17, etc.
(3) Le développement particulier qui suit la sentence est, comme chez Ménan-
SUR LES SENTENCES DE MÉNANDRE 27
même arriver que la sentence joue à la fois les deux rôles, c'est-
à-dire qu'elle serve en môme temps de conclusion et de thème
à développer. « Ο Jupiter, s'écrie un personnage du Psendolus,
comme tout ce que je fais réussit à souhait et à merveille, mes
projets ne doivent m'inspirer aucune hésitation, aucune crainte ;
car c'est de la sottise, de confier à un cœur timide une besogne
sérieuse... En ce qui me concerne, je commence par tout
organiser moi-même... (!) ». Cet usage de la sentence morale
comme transition ou plutôt comme trait d'union entre deux
développements particuliers est familier à la poésie grecque :
c'est ainsi, notamment, que l'employait Pindare (2).
dre, annoncé par un' nom personnel, qui en précise Ja portée. Exemples :
.
(2) Kock, Die Sammlungen Menandrischer Spruchverse, Bhein. Mus., XLI (1886),
p. 83-117, a relevé, à côté des vers de Ménandre, un assez grand nombre
d'emprunts faits à d'autres poètes comiques, aux tragiques et même à des prosateurs.
11 en conclut — et c'est la méthode la plus sûre — qu'on ne peut considérer comme
authentiques que celles de ces sentences qui se retrouvent, par ailleurs, attribuées
à Ménandre; soit en tout 47 vers (sur 850) : MonosL, v. 3, 13, 26, 34, 50, 120,
135, 136, 168, 190, 319, 326, 339, 340, 352, 360, 378, 410, 411, 419, 420, 423, 425, 434,
490, 505, 560, 562, 585, 623 (= 694), 640, 643, 658, 660, 669, 681, 684, 688, 689, 691,
699, 707, 718, 738, 750, 757, 758.
SUR LES SENTENCES DE MÉNANDRE 29
(1) C'est ce qui arrive toutes les fois que le fragment ne comprend qu'un vers,
qui se retrouve dans ΙββΓνώμα; Μονόστιχοι. Cf. Monost., v. 26 (= Joueuse de flûte,
fr. 72 — Π. qui se punit lui-même, fr. 143), 120 (= Pécheurs, fr. 19), 190 (= An-
drienne, fr. 50), 419 (= Plokion, fr. 4M), 425 (= Double Fourberie, fr. 125), 585
(== Amis de leurs frères, fr. 507), 660 {Sauvage, fr. 490), 689 (= Arb., fr. 179), 691
{= Vendus, fr. 421), 738 (= Thaïs, fr. 218), 750 (= Pêcheurs, fr. 18), 758 (= Citha-
riste, fr. 288). La question est encore plus obscure quand on ne sait de quelle
pièce provient la citation {Monost., v. 13, 50, 135, 136, 168, 352, 378, 410, 420, 434,
505, 560, 562, 623 [=694J,643, 669, 681, 684, 699, 707 = Fr. 771, 768, 772, 774, 760,
767, 805, 797, 779, 762, 1109, 801, 761, 804, 813, 807, 791, 799, 1112, 812).
(2) Έλεεΐν δ' εκείνος έ'μαθεν ευτυχών μόνος...
Ό χρηστός, ο>ς έ'οικε, και χρηστούς ποεϊ. ..
ΜΓ εστίν αρετή τον άτοπον φεύγειν αεί. (Fr. 203).
Tô της τύχης τοι μεταβολας πολλάς έχει
Τυφλό" ν γε και δύστηνον έστιν ή τύχη. (Fr. 417).
{Monost., ν. 339 = fr. 203, ν. 3; — 489 = fr. 417, ν. 1 ; — 718 = fr. 417, ν. 2 ; etc.).
La première citation est due à Orion {Anthol., VII, 6), l'autre à Stobée (Eclog.
phys., I, 7(8), 2). Les compilateurs ont rapproché des sentences provenant les
unes du Cocher, les autres des Fiancés, mais sans les replacer dans les tirades
d'où elles provenaient. Ce développement par accumulation d'aphorismes
juxtaposés paraît bien étranger à la « manière » de Ménandre.
(3) Fr. 556 (de provenance incertaine). Le premier vers :
"Ενεγκ1 άτυχίαν και βλαβήν ευσχημόνως,
se retrouve dans les Monostiches, v. 151, sous une forme très légèrement modifiée
(Έ. λύιιην κτλ.).
30 E WaLVA
(1) Fr. 595. Les deux premiers vers se retrouvent dans les deux principaux
recueils de sentences :
Άεΐ δ' Ό σωθΐίς εστίν άχάριστον φύσει (Monost., ν. 34).
"Α\ί ήλέηται και τέθνηκεν ή χάρις (Suppl. Aid., v. 8 = Monost. ,ν. 045).
(2) Fr. 559, dont le ν. 1 (Λύπης ιατρός εστίν άνθρώποις λόγος) = Monost., ν. 326.
Cf. encore Monost., ν. 3 = fr. 410, ν. 1;— 340 =.fr. 114, ν. 1; — 360 = fr. 690, ν. 1;
— 411 = fr. 394, ν. 1 ; — 757 = fr. 404, ν. 1. Le développement qui suit est
parfois annoncé par γάρ (fr. 114, v. 2).
(3) Fr. 591. Le v. 3 (Αύπτ,ν γαρ οίδε θεραπεύειν λόγος) se retrouve dans les Monos-
t.iches, v. 319, légèrement contaminé par le v. 326 (...οΐδεν Ιίσθαι φίλος). Cf. Monosl.,
v. 490 =. fr. 13, v. 4; — 640 = fr. 281, v. 8. Ce dernier vers (τΑρ' ε3τί συγγενές τι
λύπη και βίος) sert de conclusion à une longue tirade sur l'inéluctabilité de la
douleur.
(4) Ουθείς έπλούτησεν ταχέως δίκαιος ών.
{Parasite, ν. 42 = fr. 294, ν. 1 = Monost., v. 688)..
Stobue nous avait conservé ce vers et les deux suivants. Pour en saisir la portée
exacte, il suffit de relire le précédent :
...δτι ο' άοι/ός εστί δήλος εστί. —-Πώς; —
Les v. 45 sq. contiennent le récit des faits qui ont donné lieu il cette réflexion ;
cf. notamment les v. 49-53, qui reprennent la même idée sous forme d'interroga-·
tion personnelle adressée par Phidias au parasite :
"Ανθρωπε, πέρυσιν πτωχός τ^σθα και νεκρός,
νυν Ι δε πλουτεϊς ■ λέγε, τίν' ιίργάζου τέχνην ;
StJK LES SENTENCES JJE MÉNANDHË 3'i
et l'aphorisme connu d'Épicharuie (cité par Stobée, 10, 13) : ά δέ χειρ τήν χείρα
νίζει. Ainsi s'expliquent un grand nombre de chevilles, destinées à donner à des
proverbes courants la forme d'un trimètre complet : v. 244, 245 et 307 (αν-ερ
νουν εχης), 109 (ττώΐϊοτε), 33 (πάντα), 177 (πανταχώς), etc.
(1) Cette hypothèse est due à Kock (p. 114-115). Je n'en trouve pas de
témoignage bien certain, mais un exemple de mutilation due à des
préoccupations « alphabétiques » est présenté par un des rares distiques du recueil
(v. 304-305) :
Κακόν φυτόν ΐΐέφυκεν έν βίω γυνή,
και κτώμεθ' αυτας ώς άναγκαΐον
Cf. fr. 651 : To γαμεΐν, εάν τις την άλήθειαν
κακόν μεν έστιν, άλλ' άναγκαΐον κακόν,
et Monost., ν. 102 : Γάμος γαρ άνθρο^ττοισιν ευκταΐον κακόν.
(2) Monost.) ν. 150 :
Έν νυκτί βουλή τοις ίο φοΐσι γίγνεται ,
CL Arb., ν, 35 (65) sq. (= fr. 733) :
Έν νυκτί βουλήν — δ-κερ όίτιασι γίγνεται —
διδοΰς εμαυτώ δ^λογιζόμην.
HËO, XXIV, 1911, η» 106.
34 PIERRE WALTZ
(1) Outre les Anthologies comme celle de Stobée, nous possédons les recueils
36 F-IÈKHË WALt2
(1) Fr. 353 : Έτερου λυχνοΰχος, ετέρου λήκυθος; — 441 : Κακή μεν ό'ψις, εν
δε δείλαναι φρένες ; — adesp., 747 : "Α μ' έπος, ά'μ' έ'ργον. Ce dernier fragment
est cité par Zénobios (T, 77) sans nom d'auteur, et classé par Kock dans les
αδέσποτα; un rapprochement avec Térence (Andr., v. 382 : Dictum ac facturn)
Ta fait rapporter à V Andrienne par Meineke et Miller. — La forme elliptique se
retrouve encore dans d'autres proverbes : « Κοινά τα των φίλων » (fr. 9), — Κοινός
Έρμης » [Arb., ν. 100 [130J), etc.
(2) Les Monostiches contiennent aussi des proverbes reconnaissables à leur
forme d'allégorie (ex., ν. 123 : Δρυός πεσουσης, -πας άνήρ ξυλεύεται); parfois
encore la forme primitive, prosaïque, en est facile à reconstituer (ex., ν. 88 :
Γελως άκαιρος εν βροτοΐς δεινόν κακόν, transcription versifiée de l'adage
antithétique : Γέλως άκαιρος, δεινόν κακόν). Mais ces vers sont d'authenticité plus
que douteuse.
(3) Fr. 21-22 (tirés des Pécheurs) :
■
« Πειστικόν λόγος »,
■προς τοΰτ' αν εΥποι τις μάλιστα των σοφών.
Cf. infra, p. 47>
38 PIERRE WALTZ
(1) L'allusion à un proverbe est annoncée quelquefois par une des formules
suivantes : φατ£ν, fr. 514 et Arb., v. 223 (253); — δ λέγουσιν, fr. 66; — τό λεγό-
μενον ou τα λεγόμενα, fr. 241, 301, 402, 514, etc. Il s'agit, à coup sûr, de locutions
courantes.
(2) C'est le cas pour un de ceux que j'ai déjà signalés (fr. .9) : Κοινά τα των
φίλων. Cf. Térence, Adelphes, ν. 807-808 : Nam vêtus verbum hoc quidem est,
communia esse amicorurn inter se omnia.
(3) Ménandre, fr. 50. Cf. Térence, Andr., v. 805-806 :
Quid vos?... Satisne recte? — Nos*! Sic
Ut quimus, aiunt, quando ut volumus non licet.
(4) Térence, ibid., v. 427-428 :
Verum illud verbum 'st, vulgo quod dici solet,
Omnes sibi esse melius malle quûm alteri.
Cf. Euripide, Médée, v. 85-86. L'hypothèse d'une imitation à deux degrés, pa.r
l'intermédiaire de Ménandre, est due à Meineke (Quaest. Menandr., p. 42 sq.)
(5) Brutal, v. 885 : Verum vêtus est verbum quod memoratur : ubi amici,
ibidem opes. Cf. Ménandre, fr. 128 (v. 15-16), 543 (v. 3), etc., — et Monosl., v. 526 :
Φίλους Ι'χων νόμιζε θησαυρούς εχειν.
SUR LES SENTENCES DE MÉNANDRE 39
(1) Aux exemples déjà cités, ajoutons — au hasard — les suivants : Plaute,
Charançon, v. 35 : « Nemo ire quemquam publica prohibet via » (plaisanterie
sur l'accès facile de la demeure d'un leno); — Marchand, v. 771 sq. : Niinc
verum ego illud verbum esse experior vêtus, Aliquid mali esse propter vicinum
malum; — Revenant, v. 791 sq. : Simul flare sorbereque haud facile est : ego hic
esse et illic simitu hait potui; — Térence, Andr., v. 62 : Ne quidnimis, dit Sosie,
approuvant les principes de modération exposés par Simon ; — ΓΗ. qui se punit
lui-même, v. 795 sq. : Vere illud, Chrême, dicunt : Summum jus saepe summa
est malitia (conseil destiné à empêcher un père de renier les dettes de sa fille);
Phormion, v. 203 : Fortes fortuna adjuvat (conseil de Géta à Antiphon pour
l'encourager dans une entreprise audacieuse).
(2) C'est ainsi que l'allusion à un dicton, à un apologue familier, à une légende
populaire se réduit souvent à une métaphore qui survient au milieu d'une
phrase : tous les spectateurs savaient ce qu'il fallait entendre par des ailes de
loup, la mort du rat, l'âne chez les singes et l'âne à la lyre, les talents de
Tantale et la Néréide sur un dauphin (fr. 192, 219, 402, 527, 301 Kock, XIIL Kretsch-
mar). C'étaient là, comme dit Bergk (loc cit.), des « expressions passées dans la
chair et dans le sang du peuple ».
(3) Sold, fanf., v. 456 : « Muliebri fecit fide. » Cf. v. 307 (Quid pejus muliere
alque audacius?), 887, etc. Une réplique d'Amphitryon (v. 836 : Millier es, audacler
juras) fait allusion à un dicton analogue. Cf. Ménandre, fr. 565, v. 4 :
Ουκ Ιν γυναικί φύεται, πιστή χάρις,
— 801 (= Monost., v. 560) :
Ώς ?στ' άπιστον ή γυναικεία φύσις,
— 652, 687, 704, etc. Un passage de l'Arbitrage (v. 346 [376] sq.) montre que
cette opinion était courante : « Quel sot et vain calcul je fais, dit Onésimos,
pauvre homme que je suis! je compte sur la reconnaissance d'une femme! » Cf.
encore Babrios, I, 15, v. 10 : « Πώς γαρ, δς γυναινα πιστεύω; » et Festus, de Verb.
Sign., p. 165 : « Nee mulieri nee gremio credi oportere proverbium est ».
40 PIERRE WALTZ
(1) Kock, art. cit., p. 88. Cinq sentences seulement sont empruntées à Eschyle,
et sept à Sophocle. Parmi les autres fragments, les αμφισβητημένα attribués tantôt
à Ménandre, tantôt à Eschyle ou à Sophocle sont rares (Ménandre, fr. 1125 =
Eschyle, fr. 151;— fr. 1126 = Sophocle, fr. 842).
(2) Ménandre, fr. 561, 762, 778, 852, 1084, 1087, 1091, 1092, 1096, 1107, 1109, 1123,
1124. Cf. Kretschmar, p. 115.
(3) Exemples : fr. 11 et 70 (cf. svpraf p. .34, n. 4), 225 (imité d'Euripide, fr. 63),
42 PIERRE WALTZ
(1) Cf. fr. 189 et 559 (déjà cités) : « ot πάλαι σοφώτατοι ». — Les fragments 408,
466 (v. 3) et peut-être 349 semblent inspirés par la théorie hésiodique sur
l'excellence de la vie agricole. Ménandre paraît avoir bien connu Fauteur des
Travaux, dont nous retrouverons une parodie dans la Samienne (v. 256 sq.).
(2) Fr. 407 et 290 Kock ; XII Kretschmar. L'assertion relative à la légitimité et à
l'honnêteté est une des plus familières à Euripide; cf. Ilipp., v. 1100 sq.; Andr.,
v. 636 sq.; Éleclre, v. 367 sq.; fr. 9, 52, 53, 141, 168, 336, 527, 542, etc.
(3) Fr. 466 (v. 1 sq.), 410, 411, 452. Citons, à titre d'exemple, ce dernier
f l'affinent
Τρισαίθλιόν γε καί ταλαίπωρον φύσει
πολλών τε μεστόν εστί το ζην φροντίδων.
(4) Fr. 379
Άλλα των χρηστών ε/ει τιν' έπιμέλειαν καΐ θεός.
Comparer, au contraire, fr. 155, 201 sq., 335, 386, etc. Cf. p. 45, n. 1.
(5) Fr. 370. Cf. M. Croiset, Hist. LUI. gr., t. Ill, p. 620.
(6) Cf. des idées identiques, fr. 699, 760; les fr. 698 et 857, qui traitent d'une
question analogue, se ressentent au contraire d'une influence scolastique;
ef. infra*
SUR LES SENTENCES DE MÉNANDRE 4-8
(1) Fr. 201-202 (railleries amères aboutissant à une profession de foi fataliste,'
fr. 205), 335 et 38G ("Εστί κρίσις άδικος, ώς εοικε, κΐν θίοις). J'ai déjà cité les
fragments (11, 70, 762) où, à l'imitation d'Euripide plutôt que d'Anaxagore, Ménandre
reconnaît la puissance divine de l'Intelligence (Νους).
(2) Cartkag., v. 1251 sq. :
... Si id fieri possit,
Ne indigna ind ignis del darent, id ego evenire vellem.
(3) Fr. 225 (et 852), 550-551 (cf. fr. XIV Kretschmar), 319 Cette opinion relative
aux sacrifices était déjà celle d'Hésiode; cf. le v. 336 des Travaux, que Socrate
aimait à citer :
Καδ où να μ ιν δ1 ερδϊΐν ίέρ' άθανχ'τοισι θεοϊσιν.
— Autre exemple : c'est une théorie assez originale que celle qui déclare
l'infidélité du mari aussi condamnable que celle de la femme (Arb., v. 435 [484] sq.);
Charisios, qui a péché volontairement, se déclare même plus coupable que Pam-
philè, qui a été la victime d'une violence. Mais cette théorie existait déjà en
germe chez Euripide; cf. Andr., v. 672 sq. :
Kxi μήν ίσον γ' άνήρ τε και γυνή ffOêVît,
αδικούμενη προς ανδρός, κτλ.
Elle était contraire à l'opinion traditionnelle; cf. Eschyle, Choéph., v. 918-919 i
Clyt. — Άλλ' s'i'-p' ομοίως και πατρός τοΰ σοΰ μάτχς.
Or. — Μή 'λεγχε τον πονοΟντ' Ισω καθήμενη.
46 PIERRE WALTZ
(1) Fr. 1094, 263, 845, 857. Cf. également le fr. 534, où le poète déclare les
animaux plus heureux et plus sages que les hommes, parce que, -vivant selon la
nature, ils n'éprouvent que des maux inévitables.
(2) Fr. 460, v. 4-5 (objection au σκέψομαι des sceptiques), — 291, v. 1, — 155,
— 205 (cf. infra).
.
■
(3) Cf. Sam., v. 112 et 141 : « κάτεχε άνασχοΰ »; ce sont des expressions
stoïciennes .
(4) Cf. Arb., v. 429 (478) sq. :
'Εγώ τις άναμάρτητος, εις δόξαν βλέποιν
και το καλόν ο τι -ποτ' Ιστί καΙ ταισχρόν σκοπών,
ακέραιος, ανέπίπληκτος αυτός τω βίω,
έ'δειξ' άνθρωίϊος (ον,
dit Charisios, qui se reconnaît coupable et se reproche sa rigueur excessive envers
Pamphilé. Les mots άναμα'ρΐητος et ακέραιος appartiennent au vocabulaire stoïcien;
quant à άνετίίπληκτος, il paraît amené par une réminiscence d'Euripide (Or., v. 920 ;
ακέραιος άνεπίπλήκτον ήσκηκώς βίον), où les mêmes termes se trouvent déjà réunis;
cf. Bodin et Mazon, note du v. 415 (= 431 van Leeuwen).
(6) On connaît ses relations personnelles avec Epicure. Le nom et l'autorité de
SU K LES SENTENCES DE MÉNANDkË 49
(1) Fr. 460. La même particule γάρ se retrouve au début du fr. 153, déjà cité.
(2) Arb., v. 486-501 (537-552).
(3) Ibid., v. 485 (536).
SUU LES SENTENCES DE MÉNANDtlE Si
vue sur le reste du dialogue, soit par la portée que lui donnent
les conjonctures où elle survient ou le caractère du personnage
qui la prononce, soit enfin parce qu'elle recèle une allusion
satirique ou parodie une œuvre de genre plus sérieux; le
contraste qui fait naître le rire résulte ici de la disparate que
forme la gravité de la sentence avec un contexte plus familier,
avec les circonstances plaisantes où elle est émise, avec
l'intention railleuse qu'elle dissimule.
Dans une étude générale du comique chez Ménandre, il y
aurait lieu d'insister longuement sur un mode de
développement pour lequel le poète avait une prédilection marquée : un
raisonnement en forme, où les procédés dialectiques en usage
dans les controverses d'école sont appliqués à quelque
démonstration burlesque et aboutissent d'ordinaire à une conclusion
paradoxale. Telles sont précisément ces tirades où Déméas
prouve par A -f- Β à Nikératos que le séducteur de sa fille est
un dieu ; où Onésimos convainc Smicrinès qu'il est victime
non de la défaveur des dieux, mais de son propre caractère;
telle est aussi celle où Craton, dans la Prophétesse, démontre la
supériorité morale des animaux sur les hommes (1). En ce qui
concerne spécialement les sentences, quelques exemples
suffiront à montrer quelle place elles tiennent dans les scènes de
ce genre, et quel élément comique elles peuvent contribuer à
y introduire. Dans ce passage où Craton exhale sa mauvaise
humeur et son découragement, sa misanthropie s'exprime dans
des réflexions singulièrement sombres : « Si un homme est
bon, bien né, noble, cela ne lui sert à rien dans le siècle où
nous vivons ; c'est le parasite qui tient le haut du pavé ; puis
vient le délateur, et en troisième lieu le méchant. » C'est
surtout ce ton, d'un sérieux emprunté, qui rend amusante la
conséquence inattendue que Craton tire brusquement de sa longue
diatribe : « II vaudrait bien mieux être un âne (2) ! »
(1) Sam., v. 244 sq.; Arb., v. 486 (537) sq.; fr. 223.
(2) Fr. 223, v. 14-17, 18. La même idée est développée fr. 534 (cité p. 48., n. 1) :
54 PIERRE WALTZ
« Tous les animaux sont plus heureux et plus sages que les hommes : regardez,
par exemple, cet âne... etc. »
(l)Fr. 65, v. 1,6-9.
(2) Fr. 803, 804, 488. De même dans les Monostiches, v. 96 : « Mieux vaut enterrer
une femme que l'épouser » ; 248 : « La femme est plus féroce que tous les fauves » ;
362 : « Ne vous mariez pas, et vous serez immortel. » Cf. encore fr. 532, 565, 799,
801-802; Monost., v. 87, 195, 233, 304, 327, etc. Quelques-unes de ces boutades
revêtent cependant une forme un peu plus spirituelle, par exemple celle où un
personnage juge mérité le supplice de Prométhée, coupable d'avoir créé les
femmes (fr. 535). Cf. également fr. 154 : « Périsse le premier qui s'est marié, et après
lui le second, et puis le troisième, et puis le quatrième, et aussi celui qui est
venu ensuite ! ».
SUR LES SENTENCES DE MÉNANDRE 55
(4) Adelphes v. 804 : ... Communia esse amicorum inter se omnia. Cf. Ménandre,
fr. 9 : Κοινά [γαρ] τχ των φιλών.
(δ) Plaute, Asin.. v. 833 :
Decet verecundum esse adulescenlem .
PIERRE WALTZ
il) Sauf les v. 125-127 (cités p. 18, n. 3), dont le texte est d'ailleurs mal établi.
SUH LES SENTENCES DE MÉNANDKE 61