Vous êtes sur la page 1sur 4

Review

Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 59e Année, No. 3 (Juillet-Septembre 1954), pp. 335-
337
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40899850
Accessed: 29-01-2016 15:05 UTC

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/
info/about/policies/terms.jsp

JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content
in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship.
For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.

Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Métaphysique
et de Morale.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 137.149.200.5 on Fri, 29 Jan 2016 15:05:19 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
NOTES CRITIQUES

Parmenidesusque ad finem primae rentes,allant du xive au début du xvie


hypothesis, nee non Procli Commenta-siècle, ont permis de publier aujour-
riumin Parmenidem, pars ultima,Plato d'hui la traductionlatinede la findu VIIe
Latinus (vol. III). Un vol. de xlii-139 livre qui, dans le texte grec de Proclus,
pages. Edd. R. Klibansky et G. La- s'arrête brusquementau milieu d'une
bowsky,Institutum Warburgianum, Lon- phrase. Les médiévistes regretteront
donii, 1953. - Le Warburg Institute que la présenteéditionne donnepas le
vientde publier,sousles auspicesde l'Aca- texte entierdes sept livresdu Commen-
démieBritannique, un nouveauvolumedu taire sur le Parménide,tel qu'il pouvait
Corpusplatonicum medii aevi, troisième être lu par Dietrich de Friburg, par
dans la série Plato latinus.On ne sau- MaîtreEckhart,par Bertholdde Moos-
raitexagérerl'importance de cettepubli- burg et, plus tard, par Nicolas de Cuse.
cationqui nous faitconnaîtreune partie Mais il faut se rendreà l'argumentde
du Commentaire de Proclussur le Par- M. Klibansky: il ne seraitpas opportun
ménide que les manuscritsgrecs,dont d'entreprendre la publicationdu texte
on dispose actuellement,ne nous ont latin intégral,avant qu'une éditioncri-
pas transmise.Guillaumede Mœrbeke, tique de l'originalgrec ne vienne rem-
ami et collaborateurde saint Thomas placer celles de Victor Cousin et de
d'Aquin,avait à sa dispositionun codex G. Stallbaum,faitesuniquementd'après
byzantinavec le texte completdu Com- les quatre manuscritsde la Bibl. Nat.
mentairesur le Parménide,lorsque,vers de Paris. Dans sa préface,M. Klibansky
la finde sa vie (1286),il entreprit sa tra- signale trente autres manuscritsgrecs,
duction. Le Dominicain flamand du contenantle Commentairede Proclus
xine siècleétait plus fortunéque Victor sur le Parménide,dans les bibliothèques
Cousin,qui fitparaître,en 1821,la pre- de l'Europe occidentale.
mièreéditionde ce Commentaire, en la Selon touteévidence,Proclusn'a com-
dédiantà « ses maîtreset amis», Schel- mentéque la moitiédu dialogue plato-
ling et Hegel, « restaurateursde l'Un nicien,jusqu'à la finde la première hypo-
parménidienet platonicien». En effet- thèse,en laissanttomberles huit autres.
la partie finaledu livre VII qui corres- S'il se réfèreà la deuxième,c'est surtout
pond, chez Proclus,à la conclusionde pour exalter davantage l'Un supérieur
la premièrehypothèsede Parménide à l'être; aussi, afin de montrerque la
dans le texte de Platon (141e 9-142a 7), transitionvers la seconde hypothèsene
fait défaut dans les deux éditions de signifienullementque Platon eût aban-
Cousin.A présent,cettelacune peut être donné la conclusionde la première,en
comblée, grâce à la découverte dont rejetantcommeabsurde1' « Un qui n'est
M. RaymondKlibanskya faitpart,il y pas » pour s'attacher exclusivementà
a vingt-cinq ans,à l'Académiedes Sciences I' « Un qui est », commele voulaientles
de Heidelberg(Ein Proklos-Fundund aristotéliciens. Ainsi les sept livres du
seine Bedeutung,dans SitzungsberichteCommentaire sur le Parménideforment-
d. Heid. Akad. d. Wiss., Philos.-hist ils une sortede traitéthéologiquesur la
Klasse, 1928-1929,5 Abhandl.). A ce premièrehypostase plotinienne,où le
momentle texte intégralde la traduc- disciple de Syrianus cite, après Jam-
tion latine du Commentaire était décou- blique, les Oracles des Chaldéenset les
vert par M. Klibanskydans trois ma- Hymnes orphiquespour prêter au dis-
nuscrits(Oxford,Digby 236 ; Cues 186 ; cours du vieux Parménidesur l'Un in-
Leipzig,Bibl. sen. Rep. I, fol. 26) ; il a connaissable et indicible le caractère
pu y ajouter,par la suite,deux autres religieux d'une révélationde mystère.
(Milan,Ambr.A 167 sup. ; Vatican,lat, La tensionapophatiqueatteintson apo-
3074). Ces cinq copies d'époques diffé- gée vers la findu Commentaire, notam-

3S5

This content downloaded from 137.149.200.5 on Fri, 29 Jan 2016 15:05:19 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Reçue ele Métaphysiqueet de Morale

mentdans la partie finaledu livreVII, beke (qui, malgré sa longue collabora-


que la découvertede M. Klibanskynous tion avec saintThomas,sembleavoirété
a fait connaître.« En niant finalement un « proclien»), après avoir traduitles
toutes les négations,Parménideaccom- Éléments de théologie(1268), le Com-
plit la contemplationde l'Un dans le mentairesurle Timéeet d'autresœuvres
silence» (p. 76). de Proclus,entreprit, sur le déclinde ses
La fin,nouvellement publiée,du Com- jours, la traduction du Commentaire
mentairede Proclus(p. 26-76),est inté- sur le Parménide,les espritsétaientpré-
ressantenonseulement par toutce qu'elle parés en Occidentpour recevoirle dia-
peut nous apprendresur la nature de logue encoreinconnu de Platon comme
Fapophase néo-platoniciennequi sera le sommetde sa pensée,commesa « théo-
bientôt christianiséepar Denys. Cette logie ». Le manuscritd'Oxford(Digby
portiondu textelatin contientaussi un 236) porte,sursonpremierfeuillet,cette
témoignagesur « l'opiniondes anciens note,faitepar une main du xive siècle:
au sujet de l'Un », car elle noustransmet Mystica theoriaPlatonis in Parménide
un fragment,jusqu'à présentinconnu, (voir R. Klibansky,Plato's Parmenides
de Speusippe,citépar Proclussans doute in theMiddle Ages and theRenaissance,
d'après le néo-pythagoricien Nicomaque dans Mediaevaland RenaissanceStudies,
(voir R. Klibansky,Speusippus on Py- London,1943, I, 2, p. 281-335).Nicolas
thagoreanPhilosophy,dans Proceedings de Cuse, qui a couvertde notes margi-
oftheBritishAcademy, 1947-1948): l'Un nales son exemplairede YExpositioProdi
est supérieurà l'être; après lui vient in Parmenidem[ces notes sont repro-
I' « interminabledualité », source de duites dans l'appendice de la présente
toutce qui est (p. 40). Un passagedu pre- édition,p. 103-106],voyait,dans Platon
mierlivre du Commentaire, relatifà la le fondateurde la théologienégative.
controversesur les syllogismeshypo- C'est surla demandedu cardinalde Cuse
thétiques,entre aristotélicienset stoï- que la versionlatine intégraledu Par-
ciens,est publié à part, après la findu ménide a été faite, en 1450-1451,par
livre VII (p. 80). La traductionlatine Georgesde Trébizonde,treizeans avant
suppléeici à l'insuffisance du textegrec, que Marsile Ficin n'eût réalisé sa tra-
très mutiléet incompréhensible dans les ductionde toutes les œuvresde Platon,
manuscritsqui ont servi à l'édition de traductionqui a été impriméeà Flo-
Victor Cousin. rence en 1484. Il est remarquableque
Si nous n'avons pas encore,dans la ce soit à Florence,où les cerclesdes hu-
présenteédition,le texte complet de manistesétaientle plus éprisde Platon,
YExpositio Prodi in Parmenidem,les que l'on chercha,pour la premièrefois
éditeursnous ont donné cependantla en Occident,à. priverle Parménidede
traductionlatine du dialogue de Pla- son prestige métaphysique.Pic de la
ton jusqu'à la finde la premièrehypo- Mirandole,voulant réconcilierPlaton et
thèse,soit le Parménidetel qu'on pou- Aristote,soutenait,avec Boèce et la sco-
vait le lire dans les lemmesdu Commen- lastique, la convertibilité de l'Un avec
tairede Proclusversla findu xine siècle. l'Être et condamnait sévèrementles
Avant Mœrbeke,le monde latin du commentateurs plotiniens,qui auraient
MoyenAge n'a connude Platon que la fausséla penséede de Platon en affirmant
moitié du Timée dans la traductionde la prééminence l'Un. Le jugementdu
Chalcidiuset dans celle de Cicerón,en- jeune prince-philosophe sur la place du
core moins complète. Entre 1156 et Parménide,dans l'œuvre philosophique
1165,le Ménonet le Phédonont été tra- de Platon coïncide avec l'opinion de
duits par Aristippe,dans la Sicile nor- quelques critiquesmodernes: Certeliber
mande. L'idée que l'école de Chartres ínterdogmáticos non estcensendusquippe
se faisait du Parménide,puisée dans qui totusnihil aliud est quam dialéctica
quelques remarques de Chalcidius, de quaedamexercitatio (De enteet uno, éd.
Macrobe et d'Aulu-Gelle,était déter- A. J. Festugière,dans Archivesd'his-
minéeparla traditionnéo-platonicienne : toiredoctr.et litt,du Moyen Age, VII,
on opposait la naturalisdisputano du p. 209).
Timée, la physique qui portait sur le Pendant deux siècles, la traduction
vraisemblable,à Yepoptica disputatio de Guillaumede Mœrbekerendaitacces-
du Parménide,soit à la métaphysique sible aux penseursde l'Occidentun Par-
de Platon, quae ex sinceríssimorerum ménidede Platonplacé dans une perspec-
scientiaefontemanat(Chalcid.,éd. Wro- tive néo-platonicienne. C'est à ce titre
bel, 303). Lors ue Guillaumede Mœr- que le volume III de Piato Jatinusest

336

This content downloaded from 137.149.200.5 on Fri, 29 Jan 2016 15:05:19 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Notes critiques

précieuxpour les historiensde la phi- bete, c'est presque toujourssubstantia-


losophiedu MoyenAge. Il metà la portée parfoisessentia- p. 64, 65, ou ens-
des chercheursune source particulière- p. 34, 30). Ceci n'amoindritnullement
ment importantepour Yétude des pla- les méritesde la traductionanglaiseque
tonisantsallemandsdu xive siècle. Maître nous avons signalésplus haut,ni la fidé-
Eckharta-t-illu le Commentaire de Pro- lité consciencieuseavec laquelle MmeE.
clus sur le Parménide? Cette question Anscombea su accomplirsa tâche dif-
ne pourraitêtre traitéedans les limites ficile.Les Indices, à la fin du volume
d'un compterendu.Notons simplement, (p. 109-139),facilitentbeaucoupl'usage
pour le moment,que les expressionsty- de ce livrequi faithonneurà tous ceux
piques de la traductionde Guillaumede qui contribuèrentà sa publication.
Mœrbeke- adiectio(= ETripoX^), au- Le plaisiret la mortdans la philoso-
tounum,coelementalis, conditivus,conge- phie d'Épicure,par Jean Fallût. Un
neitas,intelligentialis, mansivus,praeia- vol. in-8° de 90 pages. Paris, Éditions
cens, praeianualis,specionalis,submul- Julliard,1951.- Ce petitvolume,com-
tiplex, superinstantia,tensio, theoria, posé de deux parties(les troisCritèresdu
transumptio, unialis, etc.,- ne se ren- Plaisir : Sensation, Affection,Antici-
contrentpas dans les œuvreslatines de pation,et les problèmesde la Mort),tou-
MaîtreEckhartque nous possédonsau- chera le lecteurpar un caractèred'au-
jourd'hui.Nous croyonsnéanmoinsque thenticitéet de simplicité.M. Fallot
M. Klibanskya raison quand il insiste s'est placé devant la pensée d'Épicure
sur le rôle que pouvaientjouer, dans la avec une grande sincéritéet montre
formationde la doctrinedu mystique d'une façon que Nietzsche!eût peut-être
thuringien, les dernièrespages de YEx- approuvé,la profondeur de la penséeépi-
positioProdi in Parmenidem(p. 74-76 curienne.
et notes,p. 99). Il fautremarquercepen- La pensée religieused'Avicenne(ïbn
dant qu'il n'est pas toujours facile de Sînâ), par L. Gardet. Un vol. in-8° de
décelerles apportsde la pensée des autre 253 pages. Paris, Vrin,1951. - Remar-
dans l'œuvre d'Eckhart,car cet esprit quable ouvrage qui nous présenteun
étonnantavait une puissance singulière Avicennemusulman.Certes,on ne peut
de transformer les sourcesqu'il utilisait, dire que la philosophied'Avicenneest
plutôtque de subirleur influence. une philosophie-musulmane, au sens où
La préfacede M. Klibansky,rédigée celle de saint Thomas est une philoso-
en latin,est richede renseignements sur phie-chrétienne: M. Gardeten convient;
Fauteur,le traducteuret les manuscrits mais il est impossibled'étudierla pensée
grecset latinsdu Commentaire. Les notes des fatasifa sans référenceà l'Islam ; ou
(Apparatusfontium et locorumsimilium, plutôt à l'ambiance « sectaire» où cha-
p. 85-100) représentent un vrai trésor cune de ces philosophiess'est formée.Si
d'éruditionqui aide grandementà com- l'on regrettela brièvetédes notations
prendre le textelatin,dontles « fenêtres », de M. Gardetà ce sujet, cependantelles
les mutilationset les quelques contre- constituentune prise de consciencedu
sens dûs à l'incompréhension de l'origi- problème(p. 27, 85, 113,n. 1; 202, 204).
nal grec ont été heureusement amendés Se défendantd'avoir voulu présenter
par les restitutionsconjecturales de l'ensemblede la philosophied'Avicenne,
M. Klibansky. La traductionanglaise M. Gardetse borneà l'étude de quelques
qui accompagnele texte latin du Com- thèmesoù la spéculationphilosophique
mentaireest aussi, dans une grandeme- rencontrele dogme. Méthode qui s'im-
sure,une interprétation savante et sou- pose,car l'ensembledes écritsd'Avicenne
vant ingénieuse du contenuassez obscur, est loin d'être connu,et la questionde
par endroits,de l'œuvrede Proclus. On l'évolutionde la penséed'Avicennereste
pourraitcritiquercertains termes an- posée. L'hypothèsede M. Gardet(p. 23-
glaischoisisparla traductrice pourrendre 32), différente de celle de Mn* Goichon
d'une manièreuniformele vocabulaire (Intr. à sa trad, du Livre des Directions
de Proclus.Le souci de l'uniformité dans et Remarques),serait à compareravec
la traductionpeut êtreparfoisau détri- celle de M. Pinès (Arch. d'Hist. Doct.
ment du sens, surtoutquand il s'agit et Litt, du M. A., 1952).
d'un termenuancé et trop riche pour, L'exposé de la cosmologied'Avicenne
qu'on puisse le traduiretoujours de la montrel'importancede la distinctionde
mêmefaçon.Nouspensonssurtoutau mot l'essenceet de l'existence,et nuancel'ex-
ouc'a, rendu partout dans la traduc- posé qu'en a donné Mlle Goichon.
tion anglaisepar « existence» (chez Mœr Le chapitreIV étudiela questiondu

337

This content downloaded from 137.149.200.5 on Fri, 29 Jan 2016 15:05:19 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Vous aimerez peut-être aussi