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SPICILEGIUM SACRUM LOVANIENSE
ÉTUDES ET DOCUMENTS
( A Ç\ FASCICULE 30

GRÉGOIRE PALAMAS

Défense
des saints hésychastes
Introduction
texte critique, traduction et notes

PAR

JEAN MEYENDORFF
Docteur es lettres
professeur a la foroham university. new york
et au st. vladimir s orthodox theological seminary. crestwood. n.y.

SECONDE ÉDITION
REVUE ET CORRIGÉE

LEUVEN LOUVAIN
SPICILEGIUM SACRUM LOVANIENSE
Ravenstraat 112

1973

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GRÉGOIRE PALAMAS
DÉFENSE
DES SAINTS HÉSYCHASTES
/-
r> j D
tïlelSZS-ZÏt

INTRODUCTION

La théologie byzantine reste certainement l'une des parties


les moins explorées de la Tradition chrétienne. Il s'en faut de
beaucoup cependant qu'elle soit la moins intéressante, ni la
moins importante. Héritière directe de la tradition des Pères
grecs, elle a contribué à nous conserver leurs œuvres. Est-elle
restée fidèle à leur doctrine ?
Pour répondre à cette question, dont personne ne pourrait
sous-estimer l'importance pour l'œuvre de l'Unité chrétienne,
une longue recherche est encore nécessaire, objective et patiente,
souvent ingrate, utile seulement dans la mesure où elle nous
fait pénétrer dans l'expérience religieuse authentique des auteurs
spirituels.
A cet égard, le cas de Grégoire Palamas, archevêque de Thessa-
lonique, canonisé en Orient immédiatement après sa mort,
proclamé « colonne de l'Orthodoxie », vénéré comme thaumaturge,
resté aujourd'hui encore le saint local de Salonique, est particu
lièrement important, puisque la théologie occidentale se sent
obligée de faire au sujet de ses formulations dogmatiques des
réserves, dont la sévérité varie suivant les auteurs, mais qui
touchent à un point essentiel de la foi chrétienne.
Le présent ouvrage vise un but précis : rendre pour la première
fois accessible l'œuvre du grand théologien byzantin, que ses
contemporains et les rares savants modernes qui ont étudié
les inédits de Palamas, considèrent comme son œuvre maî
tresse. Il s'agit aussi de sa première grande œuvre théologique,
rédigée pour défendre ses frères, les moines hésychastes,
contre les critiques d'un humaniste probablement sincère, mais
peu disposé à sortir dans ses jugements d'un univers purement
intellectualiste.
Seuls les derniers traités contiennent les formules connues
de Palamas sur l'essence et les énergies de Dieu ; l'œuvre, prise
VIII GRÉGOIRE PALAMAS

dans son ensemble, nous livre la logique interne suivie par l'auteur
et nous explique le contenu exact que ces formules prétendent
exprimer. L'étude préalable des premiers traités est donc aussi
indispensable pour comprendre la formulation définitive du
« palamisme » que celle, par exemple, du De incarnatione Verbi
de s. Athanase pour admettre l'importance que le grand évêque
d'Alexandrie attribua plus tard à l'ôfioovoios. La formule théo
logique ne vaut en effet que par la vérité éternelle qu'elle exprime
et importe peu pour ceux qui admettent de toute façon cette
vérité.
Dans notre Introduction à l'étude de Grégoire Palamas (Paris,
1959), nous esquissons une synthèse historique et doctrinale sur
les controverses théologiques byzantines du XIVe siècle. Nous
nous contentons donc ici de préparer un instrument de travail et
de le munir de quelques accessoires : une introduction historique
et analytique, des paragraphes dans le texte, des sous-titres
dans la traduction, des notes brèves et des « indices ».

I. Le cadre historique

« Le sage Grégoire rédigea alors en tout neuf traités, divisés


en trois Triades », écrit le patriarche Philothée dans son Éloge
de Palamas l. Ce titre de Triades, que les auteurs modernes
ont adopté eux aussi, est commode pour désigner les longs exposés
qui forment incontestablement un tout.
Chaque Triade constitue, pourtant, une œuvre indépendante,
composée dans des circonstances précises. Les deux premières
seules sont intitulées Aôyoi xnrèp rœv Upû>s r)<rvxa£°VTWV> * Traités
pour la défense des saints hésychastes » ; la troisième qui réfute
le Karà MaoaaXiavtov de Barlaam porte un titre différent.
Cependant, comme le remarque encore le même Philothée *,
leur but commun est de « défendre la sainte hésychie ». Le titre
donné par nous à notre édition, dans la mesure où il ren
seigne dès le premier abord le lecteur sur le contenu de l'ouvrage,

1 PG, CLI, 588 D.


* Eloi yc nty ov kot' avro Kal cm toîs avToîy ofiotuts Sià ndvrwv irâvrts eVSeSo-
fityoï..., ôAAà r^v pcv Upàv ^au^i'av ofioù irpoîaravrat irarrcj {Ibid.).
INTRODUCTION IX

nous apparaît donc justifié. Nous l'avons préféré à l'en-tête


négatif donné à l'ensemble des traités par le copiste du ma
nuscrit Vaticanus 1711, rpr/yoplov tov p.aKapux)TdTOv àpxiemoKÔTrov
QeaaaXoviKTjs rà npos tov BapXaàjj. avyypâp.p.a.Ta.

*
* *

La vie mouvementée de Grégoire Palamas 1 se divise assez


nettement en quatre périodes :
1) Depuis sa naissance, vers 1296, jusqu'au début de la contro
verse avec Barlaam, en 1337. Ce fut la période des études à Con-
stantinople, aux frais de l'empereur Andronic II, puis, à l'âge
d'environ 20 ans, le départ pour l'Athos, une quinzaine d'années
de vie monacale, tantôt à la Sainte Montagne, tantôt dans un
ermitage des environs de Berrhée. A cette époque se rapportent
quelques premiers essais littéraires, de contenu purement spi
rituel 2 : la vie de s. Pierre l'Athonite 3, un long traité sur la
Présentation de la Vierge * et quelques homélies.
2) Sa controverse avec Barlaam de 1337 à 1341. Divers
documents relatifs à cette période ont été récemment publiés
et commentés, mais les Triades constituent incontestablement
la pièce principale du dossier.
3) Barlaam ayant été condamné au synode de 1341, Palamas
trouve en face de lui d'autres adversaires, soutenus par le pa
triarche de Constantinople Jean Calécas, dont Palamas avait
condamné l'attitude envers Cantacuzène, éloigné de la cour après

1 Pour une biographie complète de Palamas, nous renvoyons à notre Intro


duction à l'étude de Grégoire Palamas (Paris, Éditions du Seuil, 1959). Depuis la
parution de ce livre, le palamisme a suscité un intérêt croissant et une abondante
littérature ; Daniel Stiernon en a récemment publié une revue très complète
{Bulletin sur le Palamisme, dans Revue des études byzantines, XXX, 1972, pp. 231-
341). Mentionnons aussi les ouvrages importants de Martin Jugie, Palamas,
Grégoire et Palamite (Controverse), dans le Dictionnaire de théol. cathol., t. XI,
col. 1735-1818, et de D. Stanilooe, Viatsa ii invatsatura Sfantului Grigorie
Palama (Séria teologica, 10), Sibiu, 1938. Ce dernier ouvrage, en langue roumaine,
malheureusement peu accessible, utilise largement des sources inédites et fournit
des précisions chronologiques importantes.
«Cfr Philothée, Encomion (PG, CLI, 581 BC).
»PG. CL, 989-1040.
4 Édit. Sophoclès Oikonomos, Athènes, 1861, p. 131-180.
X GREGOIRE PALAMAS

la mort d'Andronic III (été 1341). Jusqu'au triomphe de Canta-


cuzène en 1347, Palamas se trouve en exil ou en prison, ce qui
ne l'empêche pas de réfuter abondamment ses adversaires,
surtout Grégoire Akindynos, dans un grand nombre d'ouvrages
polémiques, presque tous inédits.
4) Dès le retour de Cantacuzène et son installation sur le
trône impérial, la théologie palamite triomphe définitivement
dans l'Église byzantine. Palamas est créé archevêque de Thes-
salonique. Les conciles de 1347 et 1351 approuvent solennelle
ment sa doctrine. Ses dernières années sont consacrées à l'activité
pastorale et à la prédication, interrompues seulement par un an
de captivité chez les Turcs d'Asie Mineure et par quelques
épisodes orageux dans les relations entre Cantacuzène et Jean V
Paléologue, qu'il tenta de réconcilier. Quelques écrits polémiques,
dirigés contre son dernier adversaire, Nicéphore Grégoras,
datent aussi de cette époque.
Grégoire Palamas est mort le 14 novembre 1359. En 1368,
son disciple et ami, le patriarche Philothée, consacra solennelle
ment le second dimanche du carême, celui qui suit immédiate
ment la Fête de l'Orthodoxie, à la célébration liturgique de
sa mémoire et composa lui-même l'office de ce jour.

Premier adversaire de Palamas, Barlaam le Calabrais était


un Grec originaire d'Italie méridionale. Après des études pro
fanes dans sa patrie, il se rendit à Constantinople « par amour
envers la véritable piété » 1, et aussi pour s'initier aux écrits
originaux des philosophes grecs. Orthodoxe convaincu, il prend
part à la polémique antilatine, tout en commentant le Pseudo-
Denys dans un enseignement donné tantôt à Constantinople,
tantôt à Thessalonique, et bénéficiant de la bienveillance con
stante de la cour d'Andronic III. Il publie aussi à cette époque
plusieurs ouvrages d'astronomie et de logique. En 1339, l'empe
reur lui confie une mission en Occident pour négocier l'union des
Églises et, par là, provoquer une croisade occidentale contre les
Turcs. De retour à Byzance, Barlaam est condamné par le

1 Palamas, Première lettre à Akindynos, § 4, édit. J. Meyendorff, dans


0toXoyia, t. XXVI, 1955, p. 79 ; TIZ, I, 206.
INTRODUCTION XI

concile de 1341 à cause de ses attaques contre les hésychastes.


Il retourne alors en Italie et meurt comme évêque de Gérace
en 1348, après avoir enseigné le grec à Pétrarque l.

Les Triades constituent à la fois le développement d'une


controverse purement doctrinale entre Barlaam et Palamas
sur la connaissance de Dieu et une apologie de la spiritualité
des moines attaquée par Barlaam 2.
La controverse doctrinale a commencé sur l'initiative du
docteur hésychaste. Lors de l'arrivée à Constantinople, en 1334 8,
de deux dominicains, légats du pape et négociateurs de l'union,
Barlaam rédigea plusieurs traités antilatins. Son argument
principal contre la doctrine latine de la procession du Saint-
Esprit peut se résumer ainsi : Dieu étant inaccessible à la raison
humaine, il est vain de vouloir démontrer quoi que ce soit en
théologie ; les Latins, et en particulier s. Thomas, ont donc
tort de croire que leurs raisonnements contre les Grecs sont
apodictiques ; l'union ne peut se faire à moins que les deux partis
ne se reconnaissent incapables d'atteindre la vérité *.
A la même occasion, Palamas écrivit, dans sa retraite de l'Athos,
deux Aôyot ànoBeucriKol, dirigés eux aussi contre les Latins, mais
dans un esprit différent, comme leur titre l'indique 5. Lorsqu'il re
çut les traités de Barlaam, il fit une critique sévère de l'agnosti
cisme du Calabrais dans une lettre adressée à Grégoire Akindynos,
en priant son correspondant d'entrer en relation avec Barlaam •.

1 Voir M. Jugie, Barlaam de Seminaria, dans le Dict. d'kist. et de gtogr. ceci.,


t. VI, col. 817-834 ; v. aussi G. Schirô, Barlaam Calabro. EpisloU greche i pri-
mordi episodici e dottrinari délie lotte esicaste (Istituto Siciliano di Studi bizantini
e neogreci. Testi, I}, Palermo, 1954.
* Cfr J. Mkyendorff, Les débuts de la controverse hésychaste, dans Byzantion,
t. XXIII, 1953, p. 102-120 ; G. Schirô, op. cit.
* Stanilooe, op. cit., p. 27.
4 Voir J. Meyendorff. Un mauvais théologien de l'unité au XIV' siècle:
Barlaam le Calabrais, dans L'Église et les Églises, II, Chevetogne, 1954, p. 47-64 ;
H.-G. Beck, Humanismus und Palamismus, dans Actes du XII' Congrès Inter
national des études byzantines, I, Belgrade, 1963, pp. 63-82 ; G. Schirô, Gregorio
Palama e la scienza profana, dans Le Millénaire du Mont-Athos, 963-1963, II,
Venise-Chevetogne, 1965, pp. 81-96 ; 'O BapXaàfi tal ij 4>i\oootj>ia ih r^v
BtaaaXoviK-qv ÇEraip*la MaxtioviKÔiv Emvhâ», 32), Thessalonique, 1959, 19 p.
•Publiés à Constantinople en 1627 (cfr É. Legrand, Bibliographie hellénique
du XVII' siècle, t. I, p. 238 ; aussi éd. B. Bobrinskoy, dans IIS, I, 23-153)-
* Édit. J. Meyendorff, dans 9to\oyla, t. XXVI, 1955, p. 77-90 ; cfr intro
duction, ibid., t. XXV, 1954, p. 602-613 (n£, I, 186-219).
XII GREGOIRE PALAMAS

C'est ainsi que s'engagea entre les deux théologiens une contro
verse dont le déroulement ne fera qu'accentuer leur désaccord
sur la conception des relations entre Dieu et l'homme : au « Dieu
inconnu » de Barlaam, Grégoire Palamas oppose un Dieu se
révélant en Christ et agissant par l'Esprit en vue d'amener
l'homme à sa connaissance. Comme il le fera dans les Triades,
il attaque le renouveau de l'hellénisme profane et dénonce
en Barlàam un disciple d'Aristote et de Platon, dont la sagesse,
suivant s. Paul, « a été rendue folle » par la venue du Christ 1.
La controverse apparaît ainsi, dès ses origines, comme un
aboutissement de la longue lutte d'influence que se livrèrent
à Byzance partisans et adversaires de la culture hellénique
profane, ces derniers se recrutant principalement dans les milieux
monastiques. L'opposition des moines empêcha ainsi le chris
tianisme byzantin d'aboutir à une nouvelle synthèse entre
la Révélation et la philosophie grecque, comparable aux
conséquences de la « découverte » d'Aristote en Occident. Au
XIVe siècle cependant, les adversaires de l'humanisme, Palamas
et ses disciples, n'opposent pas à la « sagesse profane » un simple
obscurantisme négatif, mais une théologie vivante qui se veut
fidèle aux Pères et qui insufflera une puissance nouvelle à la
spiritualité byzantine. Palamas lui-même apparaît dans ses
œuvres non pas comme un mystique personnel, exprimant son
expérience propre, mais comme un théologien qui cherche à
exprimer en formules claires la doctrine de l'Église. C'est en ce
sens que ses premiers échanges de lettres avec Akindynos et
Barlaam, de caractère purement doctrinal, constituent une

1 Outre la lettre mentionnée ci-dessus, Palamas en a rédigé trois autres (une


à Akindynos et deux à Barlaam) qui sont de véritables traités théologiques.
Le texte de ces lettres a été publié par J. Meyendorff, dans 7727, I, 220-312.
G. Schirô a publié les lettres deàBarlaam, dont deux sont des réponses à Palamas :
une première fois (édition inachevée, ne comprenant pas la seconde lettre à
Palamas) dans VArchivio Slorico per la Calabria e la Lucania (1931, p. 325-357
(Introd.) : 1932, pp. 71-89, 426-437 ; 1935. P- °4"77 i !93°. PP- 80-99, 3°2-325 ;
1938, p. 52-71) et une seconde fois dans le cadre d'un ouvrage plus important,
comportant une étude de l'ensemble du dossier relatif au début de la controverse
(voir G. Schirô, Barlaam Calabro. Epislole greche i primordi episodici e dottri-
nari délie lotte esicaste [Istituto Siciliano di Studi bizantini e neogreci. Testi. I),
Palermo, 1954, p. 229-330). Nous citons les textes d'après cette seconde
édition.
INTRODUCTION XIII

introduction à son œuvre tout entière et, tout particulièrement,


aux Triades. Philothée a donc raison de considérer ces échanges
comme des « combats d'avant-garde », annonçant les grandes
luttes ultérieures de Grégoire l.
La composition des Triades eut pour prétexte immédiat les
critiques orales et écrites de Barlaam contre les pratiques et la
spiritualité des moines hésychastes. Pour dater ces faits nous
possédons deux points de repère : le printemps de 1337, date de
la première lettre de Palamas à Akindynos, critiquant la gnoséo-
logie de Barlaam * et le printemps de 1339, où Palamas rédigea
sa Deuxième Triade, pendant le séjour du Calabrais en Occident 3.
On ne peut dater qu'approximativement les événements qui se
produisirent entre 1337 et 1339.
A la discussion sur la connaissance de Dieu, que Palamas et

1 Piyvovrai irpoaywvcs olovcl rwv fifXXovrœv ravra rû> Pprjyopitp xai rtov virip
t^î eiatpflas licyiarmv is vartpov aBXwv «ai ttJs cvordaton, Encomion de Palamas
(PG, CLI, 584 D).
* G. Schirô propose le printemps de 1335 comme date probable de la lettre
{Barlaam Calabro. Epistole greche..., p. 36-48). Nous avons nous-même suggéré
que la correspondance entre Palamas et Barlaam doit se placer entre 1335 et 1337
(Les débuts de la controverse hésycha^m. p. 104 ; L'origine de la controverse palamite,
p. 603). Or Grégoire Palamas, dans son Théophanès (PG, CL, 913 AC), relate des dis
cussions qui eurent lieu au concile de 1341 et au cours desquelles les protagonistes
cherchèrent à déterminer la responsabilité première de la polémique : comme
Barlaam prétendait avoir été la première victime, Palamas produisit des écrits
que le Calabrais avait rédigés le premier (ceux contre lesquels était dirigée la
Première Triade) et des Thessaloniciens témoignèrent que Barlaam avait attaqué
les moines avant de connaître Palamas et avant d'avoir échangé des lettres avec
le docteur hésychaste : ces attaques eurent lieu « il y a quatre ans », c'est-à-dire
en 1337 {&*00<doviKcîs âi>8/>*ç iraprjaav ol cuvfiodreç «fcTaÇo/icir;? rijs dp\ïjs 50cv
ivt^dvT] npo iviavrwv Ttaodptav, 5r€ firjSi #5<t rtios a^cSôi' nov yrjs r)p.(îç co/icr,
fiijhè bià ypafXfiaTwv irvyxav*v <Jt»fuXrjKCJS tJm"'. totc irpo rooovrov xpôvou irp6$
riva rô>v iv oitAotijti /lovatâovrtov viraKofjV avrov vnOKpivdfi€vov, «V toutou ràs
Aa/?à? €vp(o8ai tùiv KaTTjyopTjpârwv) . La première lettre de Palamas n'est donc
pas antérieure à 1337 ; elle peut difficilement être postérieure. Le fait qu'elle se
rapporte aux traités antilatins de Barlaam n'est pas une raison suffisante pour
la rapprocher de 1 334, date de l'arrivée des légats avec lesquels Barlaam entra en
polémique : il est, en effet, impensable que tous les traités antilatins du Calabrais
(il y en a vingt-trois ; cfr PG, CLI, 1249-1254) aient été rédigés à cette seule occa
sion. Les six traités, qui forment un ensemble à part et qui sont l'occasion de la
lettre de Palamas (cfrl.es débuts de la controverse..., p. 103), peuvent très bien
avoir été composés vers 1336 et reçus par Palamas en 1337 (PremieVe lettre à
Akindynos, § 1, dans Bto\oyia, t. XXVI, 1955, p. 77 ; aussi TÏZ, I, 203).
* Philothée, Encomion (PG, CLI, 589 B).
XIV GRÉGOIRE PALAMAS

Barlaam poursuivent dans leur correspondance, vient s'ajouter


un thème nouveau, mais intimement lié au fond de la contro
verse : celui de l'expérience spirituelle des moines. Poussé par
son universelle curiosité ou par un vrai désir de vie monastique,
le Calabrais s'était mis à l'école d'un moine de Thessalonique l.
Ses allusions ironiques aux visions des hésychastes nous montrent
la leçon qu'il en a tirée * et Palamas, dès sa première lettre adres
sée directement au philosophe calabrais, lui rappelle, en passant,
son ingratitude à l'égard de ses anciens maîtres 3, sans cependant
lui montrer trop de ressentiment. Il n'en est plus de même quelques
mois plus tard : en lui adressant sa deuxième lettre, Palamas sait
déjà que le Calabrais ne se contente pas de réfuter ses lettres,
mais qu'il est allé à Constantinople se plaindre au patriarche
Jean Calécas contre les hésychastes, en les traitant d'« ompha-
lopsyques » — « les gens qui-ont-1'âme-au-nombril » — à cause
de leur méthode de prière *.
Nous voyons ainsi que les enquêtes de Barlaam auprès des
hésychastes sont exactement contemporaines à sa controverse
avec Palamas sur la connaissance de Dieu : les lettres IV-VIII
publiées par Schirô se rapportent donc à cette même période
(1337-1338). Dans cette correspondance, on peut déceler les

1 Ce premier contact peut être localisé d'après le témoignage de Palamas dans le


Théophanis, cité dans la note précédente ; il convient d'y ajouter celui de Philo-
thée dans la Vie du patriarche Isidore (irpoopàXXci rotyapovv toîs (v QtaaaXovtK^
IJLovairrals npûrrois, éd. A. Papadopoulos-Kerameus, Zapiski de la Faculté
historico-philol. de Saint-Pétersbourg, t. LXXVI, 1905, p. 84). Le patriarche Nil
signale lui aussi que la controverse commença à Thessalonique (Encomion de
Palamas, PG, CLI, 665 C). Il ne semble pas que Barlaam se soit jamais rendu à
l'Athos : seul Philothée de Sélymbrie, un auteur de la seconde moitié du XIV*
siècle, l'affirme dans son Dialogue {To dyiov ôpos KaraAa/xtfapci-.. ' €vtv\oiv roivw
irai ofuXrfaas toîs tVeîac fjauxaoriKœs tov filov fi€Tfpxofi^vots Bdots àvSpdaiv,
tfUfnfiari tc icai <iç T/Ktarâ ri KaropBovai xPVaT°v> Palm. 366, fol. 404). Cette
information n'est recoupée par aucune source contemporaine.
* Cfr Schirô, op. cit., p. 38-39.
' *Op.oi6v ti iroitîs, woittp âv et ri? fiéya tfrpovtîv cVi aotplq Myjl ràv es ai&aoKa-
Xov (pâptvov (fioiT-ijoai. koX ov^vov tovtoi xp6vov -napaKaSioai SiSdoKOVTl, ri) S' oiVct'a
ovofiaBttq. fnjoiv ax€'" irapo«taTo<7j(«H' tcûv itSayiiâTow Ixtiviov (éd. J. Meyen-
dorpf, TJE, I, 230). Ce passage fait allusion à l'exorde de la première réponse
de Barlaam (éd. Schirô, p. 229).
4 TliKpôs aùroîs «Vi awôSov Kartor-q Kar-qyôpos, ô^^oAoï/ru'xous ivofià^wv avrov'f,
(éd. J. Meyendorff, 112, I, 288).
INTRODUCTION XV

premières étapes du conflit sur deux plans distincts, mais inti


mement liés : celui de la doctrine et celui de la spiritualité.
A Thessalonique, Barlaam a fait connaissance pour la première
fois avec la v^ifits — la « sobriété » — des moines auprès de
l'hésychaste Ignace et de quelques autres : Luc, Dishypatos et
Calothetos x.
Dès ce premier contact, le Calabrais s'est brouillé avec ses
maîtres : il avait critiqué leurs idées sur « l'intelligence enfermée
dans une partie du corps » *, il leur avait déclaré que seules les
facultés raisonnables et cognitives sont aptes à devenir semblables
à Dieu 8. « Si cette sobriété (vfjifii.s) que vous louez vide l'âme de
toute raison et la remplit de présomption, abandonne-la et
recherche une autre sobriété qui puisse te faire parvenir à la fin
qui convient aux hésychastes » *. Mais comme Dishypatos, qui
lui servait d'intermédiaire, critiquait le ton qu'il employait dans
sa lettre à Ignace et refusa même, semble-t-il, de la transmettre
à son destinataire 5, Barlaam en écrivit une autre où il se plaint
d'être injustement attaqué et critiqué — il avait déjà reçu les
lettres de Palamas —, fait l'éloge d'Ignace et déclare que les
critiques dont il avait chargé les moines ne lui étaient pas person
nellement destinées : « Je ne suis pas venu à vous pour bafouer
et dénigrer ta sainte personne ; je ne vous en voulais pas, et sur
tout pas à toi, comme cela est apparu à certains. Convaincu,
au contraire, de votre sublime vertu, je caressais le plus grand
espoir de trouver auprès de vous ce qui est vrai et juste en toutes
choses. Et en ce qui te concerne, mes espoirs se trouvèrent justi
fiés : tu as bien voulu répondre avec justesse à toutes mes ques
tions ; toutes tes réponses m'apparurent conformes à la plus
exacte vérité et je t'en remercie beaucoup ; de même, je n'ai que
de la reconnaissance envers Calothetos, Dishypatos et le bon Luc,

1 Ces deux derniers sont probablement à identifier avec David Dishypatos et


Joseph Calothetos, auteurs d'ouvrages pour la défense du palamisme. C£r Schir6,
op. cit., p. 9-1 1.
1 "Ev Ttia /tepei toû aatfiaros f6v vovv cytceicXciOfievov, tij toû ooj/iaToç à^poavvjj
rt Kai naxvnjTi av\mi$\ip\iivov, Epist. IV (ibid., p. 315).
' Tô>v yàp cv ^il^v toCto fiovov ôfiotovadax tû> &(<o -ni^vKC, ircpi o ro ypovtîv rt
«ai ciSo'flu ylverat (ibid., p. 316).
« Ibid., p. 318.
' Cfr Epist. VI, à Dishypatos, lignes 34-36, 54-56 (ibid., p. 326-327).
XVI GRÉGOIRE PALAMAS

avec lesquels j'eus de nombreuses relations et dont j'ai appris


beaucoup de bonnes choses. Mais, m'étant lié avec certains que
l'on appelle comme vous — oh ! je n'aurais pas dû le faire ! —
j'ai été initié par eux à des monstruosités et à des doctrines
absurdes, qu'un homme ne peut dignement énoncer s'il a de l'es
prit ou seulement un peu de raison, des produits d'une croyance
erronée et d'une imagination téméraire. Ils m'ont livré leurs
enseignements sur des séparations merveilleuses et des réunions
de l'esprit et de l'âme, sur les commerces qu'ont les démons avec
cette dernière, sur les différences qui existent entre les lumières
rousses et blanches, sur des entrées et des sorties intelligibles qui
se produisent par les narines avec la respiration, sur des bou
cliers qui se réunissent autour du nombril, et enfin, sur l'union
de Notre-Seigneur avec l'âme qui se produit à l'intérieur du
nombril d'une façon sensible en pleine certitude du cœur...
Lorsque j'entendis ces choses, je rencontrai un jeune garçon
{cvé-rvxov peipairiaKa) rtvi) qui risquait de tomber dans ces élucu-
brations comme si elles étaient vraies. Je lui recommandai
d'éviter avec soin d'accepter tout cela dans son âme et de ne pas
considérer comme sains d'esprit les gens qui enseignent ces
choses : il s'agit, en effet, de doctrines absurdes en elles-mêmes
et semblables à l'hérésie des Euchites. Mais comme je ne voulus
pas dévoiler leurs noms, j'employai l'appellation commune et
je me vis accusé .de diriger mes discours contre tous les hésy-
chastes l. »
Dans ce texte, Barlaam cherche tout d'abord à éviter toute
attaque personnelle contre Ignace, tout en justifiant sa propre
attitude négative à l'égard des moines : il se lance donc dans
une charge, probablement exagérée, contre certains hésychastes
anonymes. Comme dans sa première lettre à Ignace il s'en était
pris personnellement à lui, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il se
soit vu accusé d'inconséquence par Calothetos 2 ; il se disculpe donc
en disant qu'il l'a fait pour leur éviter toute contrariété 3. Au
cours de la carrière de Barlaam à Byzance, nous le voyons souvent
changer d'attitude et même modifier le texte de ses écrits : c'est

1 Epist. V (ibid., p. 323-324).


!Cfr Epist. VII, 1, 14-15 (ibid., p. 328).
1 Ibid., 1. 9-1 1.
INTRODUCTION XVII

ainsi qu'il prépara une seconde rédaction de ses traités anti


latins, à la suite des critiques de Palamas x ; nous verrons qu'il
modifiera également ses écrits antihésychastes.
Sur ces entrefaites, Barlaam effectue le voyage à Constantinople
que nous avons déjà mentionné, probablement au début de 1338 :
il y continue son enquête sur les hésychastes et les dénonce
finalement au patriarche Jean Calécas et à son synode *. Selon
Philothée, qui contredit ici le texte du Thécyphanès de Palamas 3,
ce n'est qu'à Constantinople que le philosophe calabrais s'attaqua
pour la première fois aux moines *. Cantacuzène donne de son
côté deux récits de ces incidents qu'il paraît localiser à Constan
tinople : selon lui, le jugement de Barlaam serait fondé sur sa
rencontre avec un seul hésychaste ignorant « qui différait peu
des animaux » 6 et qui n'avait abandonné le siècle que depuis six
mois 6. Cantacuzène avait évidemment besoin de cette version
simplifiée du conflit de Barlaam avec les moines : le Calabrais
avait longtemps été son protégé et lui devait sa fortune, alors
que lui-même avait pris le parti des moines ; il lui fallait donc
présenter leur conflit comme un malentendu. Ce fut d'ailleurs
en partie l'attitude de Palamas lui-même, puisqu'il admettait
que les moines qui initièrent Barlaam n'étaient pas exempts
de toute faiblesse humaine 7 et que le philosophe n'avait pas pris
la peine d'approfondir son expérience de la spiritualité hésy
chaste.
En réalité, Barlaam avait fréquenté de nombreux moines,
et non des moindres, puisqu'il était en relations suivies avec un
David Dishypatos et un Joseph Calothetos. Il connaissait le traité
IJfpl <f>v\ai<fjs KapSlas de Nicéphore l'hésychaste et avait dirigé

1 Cfr J. Meyendorff, Les débuts de la controverse..., p. 105, n. 4.


* Cfr supra, p. xiv, n. 4, le témoignage de Palamas.
» Cfr supra, p. xm, n. 2 ; voir aussi Nil, Encomion (PG, CLI, 665 C).
* Encomion (PG, CLI. 585 A).
* *Qs Si) fiadrjTiâiv rua npooqXde twv -qovxaÇôvTwv, Xoyov T€ ant(TT(pr]pi*vw nav~
TfXàis Kat oXlyov oiatpépovrt àX6yu>v [Hist., éd. Bonn, I, p. 544).
EvyyiveTaL Tiw fiovaxw itpo irâvv fipaxéos, fArjvâiv *f St^AoSt), tûiv KoapuKwv tçut
KaToarârri ^povrlhtov koX rijs fiaTalov Tvpfirjç àmjXXayfitvuj ' ya^Krfj yàp Jjv avvoi-
KÛ>v ko! iratSt'oi;, Préface aux écrits de Christodoulos (pseudonyme de Canta-
cuzene), PG, CLIV, 696.
' Tr. I, 3, .)<) ; II, 1, 1 ; II, :!, 7, 1 ) ; cfr Tomos de 1341 (PG, CLI, 0S0 A).
XVIII GRÉGOIRE PALAMAS

contre lui la plupart de ses attaques 1. Palamas confirme implici


tement que son information n'était pas si défectueuse, en plaçant
toute sa polémique antibarlaamite sur le terrain des principes :
leur divergence était de nature doctrinale ; l'attitude agressive
que Barlaam adopta à l'égard de la méthode hésychaste de prière,
l'importance qu'il lui accorda, dénotaient chez lui une conception
différente des relations entre l'homme et Dieu. Ce n'était point là
un simple malentendu.
Le patriarche débouta Barlaam de son action 2 et, sur les
conseils du futur grand adversaire du palamisme, Grégoire
Akindynos, menaça de sévir contre lui s'il ne laissait pas les
moines tranquilles 3. Le Calabrais quitta la capitale et continua
ses attaques à Thessalonique.
C'est alors que la controverse devint publique. Barlaam, il
est vrai, voulait éviter le scandale et ne montrait pas les écrits
qu'il avait rédigés en dehors du cercle étroit de ses amis *. Les
moines tinrent conseil à Thessalonique et décidèrent de demander
à Grégoire Palamas, qui les avait mis au courant de son échange
de lettres avec Barlaam sur la connaissance de Dieu à propos de
la polémique antilatine 5, de devenir leur porte-parole en face
du philosophe calabrais : l'initiative de cette réaction revint à
Isidore, futur patriarche de Constantinople 6.
Ce n'est qu'à contre-cœur que Palamas répond à leur appel,
car il ne veut pas se brouiller définitivement avec Barlaam 7.
Il vient à Thessalonique, rencontre le philosophe calabrais et
cherche à lui faire abandonner ses attaques contre les moines 8,

^fr Tr. II, 2, 2-3, 25.


* Philothée, Encomion (PG, CLI, 585 B).
* Dans un rapport adressé ultérieurement à Calécas, Akindynos écrit lui-
même : tot«, npo navros âXXov, koi àvrcncaov *Ktivw koX irpôs ttjv arjv êeiorrjTa
fiera XvTrrjs àvrjvryKa jrepi tovtcov. Il provoqua ainsi la colère du patriarche
contre Barlaam : dir€iX-qadarjs aurai kclkwç àiraXXd^etv ttjs fieydXrjs ayitoavvrjs aou,
« Tovroiv ii.fi ànotrrai-q (édit. Th. Uspenskij, Sinodik v nedjelju pravoslavija,
Odessa, 1893, p. 86).
4 Cfr Tr. II, 1, 2 ; II, 3, 77.
* Grégoire parle de sa correspondance avec les Thessaloniciens dans sa pre
mière lettre à Barlaam (éd. J. Meyendorff, FIE, I, 219).
* Philothée, Encomion (PG, CLI, 586 A) ; Vie d'Isidore, p. 85.
Tr. II, 1, 1, 40.
* Philothée, Encomion (PG, CLI. 586 D-587 C).
INTRODUCTION XIX

mais sans succès. Barlaam montre lui-même à Palamas quelques-


unes de ses notes sur la spiritualité hésychaste 1, mais, comme on
pouvait s'y attendre, son interlocuteur n'y voit pas une raison
suffisante pour les traiter d'hérétiques « omphalopsyques ».
C'est alors que Palamas se résout à publier un traité contre
Barlaam, sans le nommer et sans avoir eu encore à sa disposition
le texte intégral des écrits du Calabrais contre les moines : il
rédige donc la Première Triade % qui date ainsi vraisemblable
ment du printemps de 1338 3.
Le livre de Palamas ouvrit la voie à la controverse publique
que Barlaam voulait éviter. Le Calabrais essaya d'arranger les
choses en retirant publiquement l'accusation d'«omphalo-
psychie » qu'il avait portée contre les moines *. Toutefois, par un
de ces retours d'humeur qui lui sont caractéristiques, encouragé
peut-être par certains amis de la cour, il modifie le texte de ses
traités, en modérant certains termes, en supprimant l'accusation
d'« omphalopsychie » 6, mais en répondant aux accusations que
Palamas avait portées contre lui dans ses lettres et ss Première
Triade 6. Sous cette nouvelle forme, il les livre au public et part,
au printemps de 1339, comme ambassadeur extraordinaire
de l'empereur auprès du pape.

1 Tr. Il, 3, 13.


* Philothée, Encomion (PG, CLI, 58g A) ; voir aussi le récit des événements
par David Dishypatos dans son 'Ioropîa ônws à-px*lv owea-nj 17 alpcots, existant
en deux variantes et rédigée vers 1346 (edit. prima par Porphyre Uspenskij,
Vostok Christianski]', Athon, III, Saint-Pétersbourg, 1898, Opravdanija, n. 49,
p. 821-828 ; edit. crilica par E. Candal, Origèn ideologico del palamismo en un docu
mente de David Disipato, dans Miscellanea Comillas, t. I, 1943, p. 487-525, repro
duite dans Orientalia Christ. Per., t. XV, 1949, p. 85-124) ; cfr Tr. II, 1, 2.
* Cfr Stanilooe, op. cit., p. 29.
4 Tr. II, 1, 3 (cfr Philothée, Encomion, PG, CLI, 587 D-588). Dans sa troi
sième lettre à Akindynos, Palamas fait état de plusieurs entrevues publiques
avec Barlaam (édition J. Meyendorff, Ï1E, I, 310-311), dont une devant un
p-iyas Sioiiojt^î ; à première vue, il s'agit d'entrevues postérieures, contem
poraines de la lettre elle-même (1340-1341) ; mais il n'est pas exclu que Palamas
rappelle des faits de 1338 : la promesse solennelle de modifier le texte des écrits
contre les moines correspond, en effet, à ce que Palamas rapporte dans la Deu
xième Triade de l'attitude de Barlaam à cette date.
'Cfr Tr. II, 1, 3.
•Barlaam réfute la Première Triade (cfr Tr. II, 1, 12-13, M '• Il 2, 27) et cite
aussi la première lettre que Palamas avait écrite à Akindynos (cfr Tr. II, 3, 78).
XX GREGOIRE PALAMAS

Durant son absence 1, Palamas, dans sa Deuxième Triade,


réfute en détail les traités du Calabrais.
Il se rend ensuite au Mont-Athos et fit confirmer par toutes
les autorités de la Sainte Montagne, y compris les higoumènes
géorgien, serbe et syrien, qui signèrent dans leur propre langue,
un Tôfios àyiopeiTiKÔs qu'il rédigea lui-même 2. Ce docu
ment se rapproche dans son contenu, même dans ses formules,
des Triades, surtout de la troisième qui lui est à peu près contem
poraine. Il ne nomme pas Barlaam, mais énonce, sous une forme
déclarative, la doctrine des Triades et approuve solennellement
« notre frère Grégoire, le très vénérable hiéromoine, qui a écrit
pour défendre les hésychastes » 3. Le document est contresigné
par l'évêque de Hiérissos et de la Sainte Montagne, qui déclare
que ni lui, ni les autorités monastiques ne recevront à leur com
munion celui qui ne serait pas d'accord avec le Tomos *.
A son retour de l'Athos, Palamas eut une nouvelle entrevue
avec Barlaam revenu de son ambassade : à nouveau le Calabrais
semble avoir eu une attitude fuyante, en paraissant accepter de
cesser toute attaque contre les moines 6. En fait, il lance contre
eux un nouvel écrit, intitulé Karà MaooaÀiavûv 6 : ce titre était
déjà tout un programme. Le Calabrais reprenait contre les
moines l'accusation d'hérésie, contrairement à la promesse don
née au patriarche et à Palamas 7. Il ne justifia plus cependant

1 Philothée. Encomion (PG, CLI, 589 BC).


* Troisième Lettre à Akindynos, éd. Meyendorff, IIZ, I, 310 ; cfr Tr. III, 3, 4,
où Palamas cite le Tomos comme son œuvre propre : <» t« tcjD àyioptmtcùi «cari
TÛtv ^povowratv Ta roiaûra rôpto *àv tô> nepi npootu^qs oevrépw Xôyw (— Tr. II, 2)
rpavôis ànrotltafitv. Le Tomos est publié par Pseutogas dans T1E, II, 567-578.
* Ibid., 1236 A.
* Ibid.. 1236 D.
' 'HvIku Ktù npàs avrév, avriv 4\tjoas, tlnov fujocv irtpov dvai tÔ fliaiAp.tvov
ij^ôs ofohpws àvriKiytiv y Sri alptriKovs A^yo tous fiovaxovs, xàv toOto piv à^fj
«rai Ta ciri Tovrtp avyypâfxfiara. . ., arijacrai Ta rrjs avriAoyias... O S* fnyvtot «rai
inioxtTo npdÇtiv, Troisième lettre à Akindynos (p. 581).
* Tr. III. 1, 1 ; Tome synodal de 1341 (PG, CLI, 682 C. etc).
' Il s'agit bien d'une reprise d'une accusation ancienne, puisque dans sa lettre V
à Ignace il suggérait que les visions des moines étaient « semblables à l'hérésie
des Euchites » (-na.pop.ma Tjj rûv EixiTwv alpioti, édit. Schirô, p. 324). Les ter
mes « Euchites », « Messaliens », « Bogomiles » désignaient à l'époque la même hé
résie dualiste répandue dans les Balkans et l'Empire byzantin. C'est cette nou
velle accusation de Barlaam qui poussa Palamas, dans sa troisième lettre à
INTRODUCTION XXI

cette accusation par la méthode de prière des moines, mais par des
considérations théologiques : les hésychastes prétendent voir
Dieu lui-même, ce sont donc des Messaliens ; or ils affirment qu'ils
ne voient pas l'essence même de Dieu. Que voient-ils donc ? Une
Divinité inférieure. Ce sont donc des « dithéistes » *.
Barlaam voulut ainsi appliquer aux hésychastes l'argumen
tation qui fit condamner, vers 1087, sous Alexis Comnène, un
prêtre de l'Église des Blachernes à Constantinople, Théodore,
originaire de Trébizonde, qu'Anne Comnène * appelle simplement
le « Blachemite » (BXaxepvirrjs) et qui fut convaincu de bogomi-
lisme. Un nouveau surnom pour remplacer ofi^aXàifwxot fut
adopté par Barlaam : les moines sont des pXaxepvÏTai 8 !
Cette argumentation de Barlaam fit entrer Palamas dans le
domaine de la pure doctrine : il se vit dans l'obligation de formu
ler une théologie qui puisse sauvegarder la transcendance divine,
tout en tenant compte de l'absolue réalité de l'expérience spiri
tuelle accessible aux chrétiens.
Il rédigea la Troisième Triade, réfutation du Karà Maaaa-
Aiavtôi', qui date ainsi du début de 1341.
Barlaam, de son côté, retourna à Constantinople, présenta
son livre au patriarche et réclama un concile pour condam
ner les moines. Il obtint gain de cause sur ce point : Jean Calécas
convoqua Palamas et plusieurs de ses disciples. Des réunions
préliminaires eurent lieu dans la capitale, au cours desquelles
le patriarche et les évêques étudièrent les traités de Barlaam et
les Triades de Palamas et furent convaincus par le docteur hésy-
chaste : Calécas fit même, devant témoins, l'éloge de Palamas *.
Akindynos. à rappeler les anciennes promesses du Calabrais données en présence
de personnalités officielles.
lCfr Tr. III, 1, 24 ; III, 2, 20.
•Anne Comnène, Alexiade, X, i (édit. Leib dans Collection Budé, t. II,
p. 189) ; cfr V. Grumel, Regestes du Patriarcat byzantin, t. II, 45, n° 946. Pala
mas donne des renseignements inédits sur le personnage (Tr. III, 1, 7 ; cfr III, 2,
3 ; ni. 3, 4).
•Cfr Tr. III, 1, 1, etc.
* Après 1341, les moines rappelèrent, en effet, au patriarche son attitude
passée : *H ucydXij dytajavirrj aov, rà rov BapXaà^. trvyypdfifiaTa irpooavayvovoa,
erra *at rà npoç tKtZvov dvrippTjTiKà rov TlaXauâ avyypdp.p.ara, avv ovk oAi'yotç rmv
fXXoytfujjv, rjfiwv 7€ napôvrwv, (tttJvcogs fliv Kai TfOavpaKas purà râtv avvavaKpoui-
fitvwv andvrutv rà rov ïlaXafid, rrâoav àatpdXtiav èntfiapTvpjoas avrols [Lettre de
Palamas à Philothée, 20, éd. N. A. Matsoukas, TIE, II. 537). Philothéc confirme
XXII GRÉGOIRE PALAMAS

Le concile se réunit en juin à Sainte-Sophie, sous la présidence


d'Andronic III, dans une atmosphère défavorable à Barlaam,
auquel on reconnut pourtant le rôle d'accusateur 1. Comme on
pouvait s'y attendre, il fut à nouveau débouté de son action
contre les moines dont on proclama l'orthodoxie. Sur les conseils
de son ancien protecteur, le Grand Domestique Jean Cantacuzène,
le philosophe calabrais fit amende honorable devant le concile 2.
Dès la clôture de l'assemblée, il quitta Byzance, préférant
exercer ses talents d'humaniste dans l'Italie de la Renaissance.
Le 15 juin, Andronic III mourut subitement. Le pouvoir
effectif fut exercé, pendant quelques mois, par Jean Cantacuzène.
Sur son initiative, un second concile se réunit en août, condamna
Akindynos qui critiquait les formules antipalamites de Palamas
et publia un Tome synodal 3 qui reprend très exactement les
expressions et les citations des Triades pour en confirmer l'ortho
doxie. Le Tome est présenté comme un résultat des deux conciles,
celui de juin et celui d'août : leur composition devait d'ailleurs
être à peu près la même, à l'exception de la personne de l'empe
reur. Le patriarche Jean Calécas n'accepta, cependant, qu'à
contre-cœur l'initiative de Cantacuzène. En plus de son opposi
tion politique au Grand Domestique, il craignait lui aussi les for
mules théologiques de Palamas, même lorsqu'elles avaient un
fondement patristique. Le patriarche et son entourage ap
paraissent ainsi comme des représentants de la théologie
officielle et figée qui, depuis le IXe siècle, était souvent con
sidérée à Byzance comme seule expression valable de l'ortho
doxie, dans la mesure où elle demeurait strictement fidèle aux
formules littérales des sept conciles oecuméniques. Sur les ins
tances du patriarche, on ajouta donc au texte du Tomos un para
graphe qui se référait aux canons réservant aux évêques le
droit de formuler les dogmes de l'Église *.

ces laits en termes enthousiastes {Encomion, PG, CLI, 596 AC.) ainsi que Grégoire
Akindynos {Rapport au Patriarche, éd. Th. Uspenskij, Sinodih, p. 86).
'Cantacuzène, éd. Bonn, t. I, p. 550-551.
* Ibid., p. 553-554 ; cfr aussi la Préface à ses traités publiés sous le pseudonyme
de XpiorôiovXos, PG, CIV, 698 D ; et aussi Jean Calécas, Iltpl toô TÔpov
(PG, CL, 900 D).
•PG, CLI, 679-692.
« PG, CLI, 681 B-682 B.
INTRODUCTION XXIII

Les décisions conciliaires de 1341, résultat direct de la polé


mique théologique dont les Triades constituent le document
essentiel, approuvent donc la théologie palamite. Seules les
circonstances politiques, comme nous le montrerons ailleurs,
poussèrent le patriarche Jean à se tourner vers Akindynos,
dès l'éloignement de Cantacuzène, en automne 1341. Il s'appuiera
alors sur le paragraphe relatif aux privilèges des évêques pour
condamner le docteur hésychaste.
Ces événements qui se sont déroulés à l'Athos, à Thessa-
lonique et à Constantinople de 1337 à 1341, et qui constituent
le cadre historique des Triades, nous montrent assez bien l'at
mosphère dans laquelle débuta ce que l'on appelle générale
ment la controverse « hésychaste » ou « palamite » et qu'il faudrait
plutôt désigner comme « barlaamite ». Ce sont, en effet, les écrits
de Barlaam qui la provoquèrent : ses traités antilatins et surtout
ses pamphlets contre les moines. Même un adversaire aussi achar
né de Palamas que Grégoire Akindynos voit l'origine des troubles
dans les initiatives intempestives du philosophe calabrais 1.
Peut-être un conflit était-il inévitable entre les humanistes
byzantins et les hésychastes, — les deux mouvements étaient
en plein développement au XIVe siècle et suivaient des voies trop
différentes, — mais ce conflit aurait pu prendre une tournure
plus modérée si Barlaam ne s'en était pas pris aux moines comme
il l'a fait. Ainsi, quelque jugement que l'on porte sur les formules
de la théologie palamite, il est important de les considérer en
fonction des idées de Barlaam le Calabrais. Palamas n'était pas
un mystique personnel, du type de Syméon le Nouveau Théolo
gien, et il ne se destinait pas non plus, à être le fondateur d'une
nouvelle métaphysique ou l'auteur d'une « Somme » théologique.
Comme l'écrit un auteur très averti, seules « les circonstances en

1 II écrit en effet au patriarche que le calme n'a été rompu que lorsque <j>66v<i)
oia/3ôAou «aï vp07T€T(Cq. yvtuftijs kivtj9cvtos tov Baphaipi ixtivov xarà tûv iv
■novxta Kadrfutvwv ini fiîw (coflapâj (édit. Th. UsPENSKij, Sinodik, Odessa, 1893,
p. 86). Il est tout aussi ferme dans une lettre qu'il adressa en 1341 à Barlaam
lui-même : NopLiÇut roivvv 17x01 $iAoSo£ia Kal ^uAoretvi'a at SiwB-qKÔra toÎç Upoîs
àvbpâoiv fiTTjpcdÇeiv rj ayvota koll àfiadia twv aptTTJs àyadâiv (Atnbros. gr. 290, fol.
67). La correspondance inédite d'Akindynos avec Barlaam et Palamas durant les
années 1340 et 1341 nous livre des renseignements intéressants sur les protago
nistes de la controverse. Nous l'étudions plus en détail dans notre travail d'en
semble sur Palamas.
XXIV GREGOIRE PALAMAS

firent le théologien et le docteur abondant d'un système méta


physique » 1 : ce système, selon lui, était celui des Pères grecs.
S'il ne s'était cru obligé de le défendre contre Barlaam, il aurait
simplement laissé « une œuvre d'auteur édifiant et de prédica
teur » 2. Dans sa polémique, son but unique était de refléter la
conscience de l'Église, de formuler la vérité qui lui est, dès le
début, révélée ; il l'a fait en bon théologien, en se servant d'un
abondant matériel patristique, auquel il emprunte toutes ses
formules 3. Mais son esprit vivant et créateur ne se contente
pas de répéter servilement ces dernières : un diagnostic péné
trant des dangers précis que faisait courir à l'orthodoxie le nomi-
nalisme de Barlaam le fait aboutir non pas à un système nouveau,
mais à une synthèse originale de la tradition patristique.

II. Les écrits de Barlaam

Dès le mois de juin 1341, un rescrit du patriarche Jean Calécas


enjoignit la confiscation et la destruction des écrits de Barlaam
dirigés contre les moines *. Leur texte original est donc perdu.
Seules quelques lettres du Calabrais furent conservées dans des
bibliothèques privées : le meilleur manuscrit, qui sert de base à
l'édition Schirô, provient de la bibliothèque du cardinal Bessa-
rion. Ses traités antilatins, par contre, malgré les attaques dont
ils furent l'objet de la part de Palamas, eurent un grand succès
et on les trouve dans de très nombreux manuscrits.
Nous avons vu plus haut que les premiers écriit. de Barlaam
contre les hésychastes connurent deux éditions. Le contenu de
la première ne peut nous être révélé que par la Première Triade ;

1 J. Gouillari), Petite Philocalie de la prière du cœur, Paris, 1953, p. 268.


• Ibid.
1 Nous avons eu l'occasion de montrer ailleurs que certaines formules trop
osées lui ont été attribuées à tort. Cfr Une lettre inédite de G. Palamas à Akindy-
nos, SeoAoyi'a, t. XXIV, 1953, p. .561-566.
* Miklosich et Miii.r.iiU, Acta, t. l.p. 201-202 (— PG, CI. II, I2.(i AC). Comme
le signale Palamas, ce document fut diffusé avant lapul Ikationdu Toinos synodal
d'août 1341 {rà npà toû rôp.ov -na-rpinp^tKà yptip^iara Karrâ Trâaae tKKX-qalny àno-
OT(XÀ6p€va. . ., util rà avyytypappiva toutois', ov âv tvptdiîtv, nvpl Trapa&ihoodat Sivai-
ovvra. Réfutation du patriarche d'Antioche. éd. Pskutogas. [1£, II. 640), immédia
tement :«,près le concile de juin (6 raïs- âirai^a^û yrjs Upaïs (HicXfjalaiv /itrù rrjv
ovvo&ov ciriarciAaç tùdvs tKtlvrjv. tiéfututi'-ii ilu dossier de Calécas, éd. Pskuich; \s
11E, II. 657-65H)
INTRODUCTION XXV

or Palamas ne connaît alors que des extraits de l'œuvre du


Calabrais et ne l'attaque pas encore nommément. On peut cepen
dant affirmer que les idées et les critiques que Barlaam exprime
alors — vers 1337 — coïncident avec celles que nous trouvons
dans ses lettres à Ignace, l'hésychaste : les mêmes expressions
se retrouvent dans les traités et dans les lettres. Nous pouvons
nous en persuader en comparant le texte original de Barlaam,
dans ses lettres, avec ses idées telles qu'elles sont rapportées
dans les Questions qui précèdent les trois traités de Palamas et
qui citent plus ou moins textuellement les écrits du Calabrais.
Barlaam Barlaam
(texte des Lettres) (d'après Palamas)
hooças yàp rjpw Tore ovk tv Aéyovoi yàp fffiâs kokws noitîv,
Tiw fiepei tov atôfiaros tov vovv (voov toû owfiaros o-ntvoovras tov
tX(a' iyKtKXa.op.evov..., àXXà... rffiértpov ifinepiKXtUiv vovv. "E£w
Karà tov tvoc)(6fi€vov rpôrtov, rov yàp rov otùfiarôs <j>aoi fiaXXov
fiti- acofjuiToei.Sovs navras ki\o>- Xpjfvat. Travrl Tp6n<p tovtov i£u>6tîv
pi.ofi.ivov (Epist. IV, éd. Schirô, (Quest. II, p. 71)'.
P- 3I5)-

Qtos àvOputTTOis ovyylveTcu, Srav 'Eireiorf Tii/tov rJKOVoa Xeyôvrtov


rùv Te ttolOwv âfia Kai Ttàv tjievowv otîv fitraoïwKeiv ttjv t£a> ootj>Lav
oo£â>v àirqXXayfiivov jj (Epist. IV, Kai tovs fiovdÇovras, ws avtv rav-
P- 318). TTfs ovk ivov àyvolas Kai \j)f.vowv
à-jTaXXayrjvat. ooÇaofiâTwv... (Quest.
I, p. 5).
JmÇeJfïiç Tivès Tcparwous Kai Aiaavpovai o<j>6opa rivas twv
aSdis ov£ev£eis voû npàs lpvX*lv rffi(T€pcov, kot' ainûiv ypâ<f>ovres
TTapfolooVTO... Kai voepai tiwç cûç... 8ià ttjs àvaTTVorjs eîaoj ■ntfi-
tUroooî Te Kai êfoSoi 8tà tû>v pivwv TTCIV TOV OIKCÎOV VOVV, (paOKOVTCS flTf
âfia tô» nvevfiaTi yivôfj.tvai (Epist. Kt)(u>pi.ofiévov elvat rfjs <l>v)(fjs rov
V, p. 323)- vovv. ■ . <Paol 8è Kai tt)V dtlav Xa/Jl,/
hlà Ttàv flVKTTfpUJV dooiKÎÇfiv
Xtytiv (Quest. II, p. 71-73).

Jui/ioi'civ Te irpôs avTïfV [ttjv tf/v^v] rp6.<f>ovoi Tolvvv... avTovs ■npoo-


owovaiu>oeis Kai <J>wtu>v 8ia<f>opal avé^iv fiôvr) rfj tvxfj, S( rjs ani-
irvppôiv Te Kai Xcvkwv [7TaptolSovro] Xavvtodai fiiv Ta Troinrjpa nvtvfiaTa
(Epist. V, ibid.). ovvovaiuifxîva ôvra toîç àvapiunois ■ ■ -,
flXéireiv oè (fiwra tovtovs alaBr/Ta,
OTffielov o' r/ytlodai Ttôv fitv Oawv,
TTfV €TTI.KfXptl)OfLlvTjV X(VKOTT)Ta,
TÛ>v oi Ttovr\pûiv, to olov TTvpûùes
Kai ÇavOôv (Quest. III, p. 103-105).
XXVI GRÉGOIRE PALAMAS

On peut facilement citer d'autres exemples dans le texte même


des Triades ; nous les signalerons dans les notes.
Philothée nous dit que les deux premières Triades sont diri
gées contre le même écrit du Calabrais 1. Cependant, après avoir
lu le premier antirrhétique de Palamas, le Calabrais modifia
le texte de son écrit : il y supprima l'accusation d'« omphalo-
psychie» 2 et ajouta des réfutations formelles de certains passages
de la Première Triade et des lettres de Palamas 3.
Plusieurs contemporains mentionnent ce premier ouvrage de
Barlaam contre les hésychastes. Palamas lui-même nous dit qu'il
était intitulé : Ilepl reXeiônfros àv6pctyirlvrjs Kal ao<f>las Krlaews *,
Ailleurs, le docteur hésychaste désigne les écrits du Calabrais
comme des Aôyoï. nepl irpooevxfjs 6 ou des Aôyoi irepl yvûxjeœs *.
Le patriarche Jean Calécas, pour sa part, parle d'un livre IJepl
jxtiTÔs et d'un autre Ilepl rijs eixfjs 7. Des textes inédits nous
confirment que Palamas et le patriarche Jean citent bien le
titre ou les titres du livre. Akindynos, dans une lettre à Barlaam,
parle d'un enseignement (écrit) sur la prière et la perfection
humaine (irepl irpoaevxfjs Kal TeXeiôrrjToç àvdpcuirCvrjç SiSâoTcei?) 8.
Joseph Calothetos, un disciple de Palamas, écrit de son côté
que Barlaam « rédige un livre contre la divine lumière et sur la
prière et la perfection » (Kadlaas Karà ax°^V^ o^vrârrei ko! Spyavoî
j9i8Aîov Karà rov delov Kal àxpdvrov <j>wt6ç..., àWà 8e ko.1 nepl
Trpocrevx>îs Kal TeAcior^Toç) *. Comme, d'autre part, Barlaam
entendait précisément prouver que la « lumière » (<f>ws) était une
« connaissance » (yvwois), on peut supposer avec vraisemblance
que le traité « sur la lumière » est identique à celui qui parlait
« de la connaissance ».
L'ouvrage de Barlaam pourrait donc être également une Triade,
ce qui expliquerait l'identité du plan des deux premières Triades

1 Kar* aïiTLuv tKttvuiv, TÛtv tov BapXadp 4>r]fii, irpwrœv \6yaiv, Encotnion (PG,
CLI. 589 B).
» Cfr Tr. II, 1, 4.
»Cfr Tr. II, 1, 12-14 ; H. 2, 27 ; II, 3, 78.
« Tr. II, 1, 38. 39.
» Tr. II, 2, 16.
• Tr. II, 3, 78.
' Explication du Tome, PG, CL, 900 D.
• Scorial. 4>-III-n (autographe), fol. 230 v.
• Appel à Calécas, Angel. gr. 66, fol. 131 v.
INTRODUCTION XXVII

de Palamas : toutes deux suivraient simplement le plan de l'ou


vrage de Barlaam contre lequel elles étaient dirigées. Palamas
distingue, en effet, nettement un premier traité du Calabrais
consacré aux « études » des deux autres qui traitaient de la
prière et de la lumière 1.
On trouve de nombreuses citations littérales de Barlaam dans la
Deuxième Triade et plusieurs de ces passages correspondent
bien au texte des lettres. Il est parfois difficile de délimiter exacte
ment ces citations dans le texte de Palamas : là où leurs contours
apparaissent comme à peu près certains, nous les avons placées
entre guillemets dans le texte grec et en italique la traduction.
Voici les §§ contenant des citations dont l'exactitude est probable :
i) Sur la sagesse profane (un traité IJepl TeXeiôrrjTos àvdpœmvrjs
Kal ao<f>ias K-rycreatç ?)
II, 1, §§ 4, 5, il, 13, 17, 19 et 21, 23, 25, 26, 27, 33, 34, 37 (très
longue citation), 39.
II, 3, §§ 71, 73, 75 (la même que dans II, 1, 34), 78.
2) Sur la méthode de prière (un traité flepl npooev^s ?)
II, 1, § 30.
II, 2, §§ 4, 8, 9, 11, 12, 13 et 14, 16, 17, 18, 23.
3) Sur la lumière qui, pour Barlaam, est une « lumière de la
connaissance » (un traité IJepl yvwoews ou Ilepi tov <f>wroç ttJç
yvwoecos ?)
II, 3, §§ i, 6, 7, 12, 14, 19, 47, 49, 50, 54, 58, 60, 61, 64 (longue
citation) v 76.
Le traité Karà MaaaaXiavœv, rédigé en 1340, après le retour
d'Italie, est, lui aussi, abondamment cité dans la Troisième
Triade. Son contenu est nettement plus dogmatique : Barlaam
cherche à y prouver le messalianisme des moines sur le plan
strictement théologique. Dans une préface, il annonce que la
conception de l'ouvrage date de son séjour en Italie a ; il menace
de provoquer un concile contre les moines 3, ce qu'il fit l'année
suivante en 1341 ; il se présente enfin comme un défenseur
de l'Église et de l'orthodoxie *.

1 Tr. II. 1, 3.
* Tr. III, 1, 4.
•Tr. III, 1.5.
« Tr. III, 1,2.
XXVIII GRÉGOIRE PALAMAS

Voici les §§ où Palamas cite ce traité :


III, 1, §§ io, 24, 25.
III, 2, §§ 4, 13, ai.
III, 3, §§ 2, 5, 6, 8, 11, 14.

Le Karà MaooaXiavœv est également cité dans la troisième


lettre de Palamas à Akindynos * et dans le Tome synodal de
1341 2. Cette dernière citation est une référence synthétique à
un ensemble d'expressions de Barlaam et non à un passage précis.

III. Nicéphore l'hésychaste et son traité


De la garde du cœur

Pour le grand public, le mot « hésychaste » reste presque exclusi


vement associé, aujourd'hui encore, à des pratiques psycho
physiques de prière que l'on considère généralement comme
d'origine non-chrétienne 3. Une lecture attentive des Triades
de Palamas permettra, nous l'espérons, à un plus grand nombre
de personnes intéressées à l'histoire spirituelle de l'Orient chré
tien de replacer ce problème dans son véritable contexte et
de nuancer leurs jugements souvent trop catégoriques.
La question des moyens psycho-physiques de prière n'occupe
qu'une place assez restreinte dans la polémique entre Barlaam

1 Édition J. Meyendorff, IÏZ, I, 300-301, passage où il interprète pour la


première fois le palamisme comme une doctrine dithéiste admettant deux divi
nités, une vTTtpKcinévri et une i^tiuivi]. Dès ce moment, Palamas récuse cette
interprétation et cette expression.
» PG, CLI, 682 D-683 A ; 688 D-689 B ; citations reprises dans la lettre de Ca-
lécas aux moines de l'Athos (Mikxosich et MUller, Acta, I, p. 239-240).
* Le mot ijCTi>xaoT1?s ou 4<n,X"Ca"' est appliqué en Orient, au moins depuis le
Ve siècle, aux moines vivant isolément ou en petits groupes, par opposition
aux grandes communautés monastiques. On désignait aussi comme « hésy-
chastes » les moines qui menaient une vie isolée et contemplative au sein des
communautés (cfr J. Bois, Les hésychastes avant le XIV siècle, dans Échos
d'Orient, t. V, 1901, p. 1-11 ; G. Ostrogorskij, Les hisychastes athonites et leurs
adversaires (en russe), dans les Zapiski de l'Institut russe de Belgrade, t. V, 1931,
p. 350-35,* ; Cyprien Kern, L' anthropologie de s. Grégoire Palamas (en russe),
Paris, 1950, p. 59 ; I. Hausherr, L'hésychastne. Élude de spiritualité, dans
Orient. Christ. Per., t. XXII, 1956, p. 9-11, etc.).
INTRODUCTION XXIX

et Palamas. Comme nous l'avons vu plus haut, le philosophe


calabrais la mentionne dans une de ses lettres à Ignace et lui a
probablement consacré l'un des trois écrits qu'il dirigea contre
les hésychastes. Quant à Palamas, il en parle dans le second traité,
très court, de la Première Triade, le seul qui ait été publié dans la
Philocalie grecque et reproduit dans Migne, et aussi dans le
second traité de la Deuxième Triade, également assez court.
Palamas nous apprend que Barlaam dirigea son attaque
contre « les écrits sur la prière de Nicéphore, saint et confesseur ».
Nicéphore était d'origine italienne, mais « reconnut l'hérésie de
ces gens » (les Italiens) ; « il rejeta leur héritage et préféra notre
Empire à son propre pays, parce que la parole de vérité s'y dis
pense correctement ». Une fois en Orient, il se retira à l'Athos
et y passa de longues années. Adversaire de l'union, il fut con
damné au bannissement par Michel Paléologue l.
Nicéphore est l'auteur d'un petit traité Sur la garde du cœur,
publié dans la Philocalie et reproduit dans Migne sous le titre
fltpl vqi/jeœs ko! <f>v\ai<i}ç KapStas 2. Les manuscrits lui donnent
des titres variables, mais le plus courant est : Aôyos dxfxXelas
fxecTTOS irepl <f>v\a.Kr}s KapSlas NiKr}(f>6pov fiOvâÇovros 3. C'est bien

1 Palamas, qui nous donne ces renseignements (II, 2, 2 ; passage publié par
N. Colan dans une revue roumaine et reproduit par M. Jugie, Note sur le moine
hésychaste Nicéphore, dans Échos d'Orient, t. XXXV, 1930, p. 409-412), reste
notre unique source d'informations sur la biographie de Nicéphore. C'est lui
encore qui signale dans sa première lettre à Barlaam (voir l'édition de J. Mkykn-
dorff, dans HL, I, 234) que Nicéphore est l'auteur d'un traité sur la Pro
cession du Saint-Esprit. Un manuscrit tardif (Mosq. Syn. 250, s. XVII, ff. 262-
263) contient en effet des 'WoflcTiicol ovXXoytanot de Nicéphore sur la Proces
sion. D'autre part, on trouve dans le Lavra 1626 (s. XV) une sorte de testament
théologique, de contenu assez banal, adressé par Nicéphore à ses disciples :
on y apprend seulement que Nicéphore était hiéromoine et qu'il avait fondé
un ermitage (^povriar^tov) à l'Athos (ff. 149-153).
• PG, CXLVII, 945-966.
'Paris, gr. 1140 (s. XIII-X1V), ff. 219-221»; cfr Paris, gr. 1091 (s. XIV),
ff. 240v-246 et Paris, gr. 1145 (s. XIV), ff. 83-88. Dans le Bodl. Baroc. 69 (anno
1378), le traité est divisé en deux parties sous des titres différents : la première
est intitulée Tlcpi rxpoaox^s ■qroi <f>vXa.KTJs xapSlas (Inc. : Tyv npocox^v oi fitv...),
la seconde Mtdo&os irtpl tijî Bfias ivcpyeîas (Inc. : Tovro toivw tô fityiorov. ..).
Une édition critique du traité serait à souhaiter : les manuscrits comportent
des variantes dans le choix des extraits patristiques et dans le texte (cfr I.
HaUSHERR, La méthode d'oraison hésychaste, dans Orient. Christ., t. IX, 2, 1927.
p. 130).
XXX GRÉGOIRE PALAMAS

cet écrit qui fut principalement attaqué par Barlaam ; Palamas


en donne, en effet, une description qui correspond exactement
au contenu, tel qu'il se trouve dans la Patrologie : Nicéphore,
écrit Grégoire, « composa un recueil de conseils patristiques
qui prépare aux combats, règle les moyens de conduire la lutte,
donne un avant-goût des récompenses et esquisse une image
des couronnes de victoire. Ensuite, comme il voyait que les
néophytes ne pouvaient, même en partie, surmonter l'instabilité
de leur esprit, il leur propose aussi un moyen d'en réprimer
partiellement les vagabondages et l'imagination » l. L'écrit de
Nicéphore est, en effet, divisé en deux parties :
i) col. 945 à 962 B, un florilège de textes patristiques ;
2) col. 962 B à 964 B, la description d'un moyen pratique
pour parvenir à l'« attention » (irpoooxfi) , lorsque l'on ne possède
pas de bon maître spirituel *.

Nous pouvons être à peu près certains que Barlaam et Palamas


ont également connu la MédoSos rfjs Upâs irpoaevx>jç kcù irpoa-
oxfjç que plusieurs manuscrits attribuent à Syméon le Nouveau
Théologien, mais qui date seulement du XIIIe siècle 3. Bien que

1 Tr. II, 2, 2 ; cfr I, 2, 12.


* Je cite la traduction de J. Gouillard : « Il importe donc de se rechercher un
maître infaillible : ses leçons nous apprendront nos écarts, à droite ou à gauche,
et aussi nos excès en matière d'attention... Si tu n'as pas de maître, cherches-en
un à tout prix. Si tu n'en trouves pas, invoque Dieu dans la contrition de l'es
prit et dans les larmes, supplie-le dans le dépouillement et fais ce que je te dis.
Mais d'abord que ta vie soit paisible, nette de tout souci, en paix avec tous.
Alors entre dans ta chambre, enferme-toi et t'étant assis dans un coin, fais comme
je vais te dire. Tu sais que notre souffle, l'air de notre inspiration, nous ne
l'expirons qu'à cause du coeur. Car c'est le cœur qui est le principe de la vie et
de la chaleur du corps... Recueille ton esprit, introduis-le — je dis ton esprit —
dans les narines ; c'est le chemin qu'emprunte le souffle pour aller au coeur.
Pousse-le, force-le de descendre dans ton coeur en même temps que l'air inspiré.
Quand il y sera, tu verras la joie qui va suivre... Car «le Royaume de Dieu est
au dedans de nous » (Luc, XVII, 21) ... Sache ensuite que, tandis que ton esprit se
trouve là, tu ne dois ni te taire, ni demeurer oisif. Mais n'aie d'autre occupation, ni
méditation que le cri de « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, ayez pitié de
moi ! » (Petite Philocalie, p. 203-205).
•Cfr I. Hausherr, La méthode..., ibid., p. 111-118. Le texte de la Mîdo&os
est très proche de celui de Nicéphore et le P. Hausherr admet que Nicéphore
puisse être l'auteur des deux opuscules (ibid., p. 129-134).
INTRODUCTION XXXI

le nom deSyméon ne soit mentionné qu'une fois dans lesTriades1,


Palamas reprend parfois les termes mêmes de la MédoSos, qui ne
se trouvent pas chez Nicéphore 2. Est-ce parce que la MédoSos
n'était pas encore, au XIVe sièle, unanimement attribuée à
Syméon, que son nom n'est pas prononcé dans la querelle ?
Cela est possible. En tout cas, pour les deux protagonistes,
Nicéphore est le maître par excellence de la méthode psycho
physique de prière, et tous deux se réfèrent principalement au
IJepl <j>v\a.Kfjs KapSlas.
Barlaam le considère comme l'inventeur de la méthode respi
ratoire ; selon Palamas, il n'est que l'interprète d'une ancienne
tradition 3 et il est fort possible que le docteur hésychaste ait
raison sur ce point : ce que l'on n'a formulé qu'au XIIIe siècle
semble bien avoir existé dès le temps de s. Jean Climaque. Il
est incontestable par ailleurs que l'on puisse trouver des paral
lèles aussi bien dans la mystique musulmane * qu'aux Indes 6.
Une intéressante étude de religion comparée serait certainement
à faire et des influences mutuelles à déceler 6.
Une telle comparaison perdrait cependant toute valeur si
l'on oubliait le fondement christocentrique que ces pratiques
avaient acquis dans le milieu monastique chrétien et le lien
qu'elles présentaient, dans l'esprit des meilleurs, avec l'Incarna

1 Tr. I, 2. 12.
1 Voir par exemple dans Tr. I, 2, 8 : oîov (pelafiarl twi tovtov [tov otp6aXp.ov]
rrpoocpeîSetv rû> oikcigj ar-qdei rj rôt op.<pa\œ (cfr La méthode..., édit. Hausherr, p.
164 : c?ra èpctoaç rÇ) arr\d(i aov ntoywva, kivcùv toV aiaSi)rov 0<p9aXp,6v avv ôAo*
rtp voî tv tiéor] KotXtq , rjyovv ev tô» S^itpaXûj) .
* Tr. II, 2, 25. Ignace et Calliste Xanthopoulos reconnaissent aussi en Nicé
phore le maître de la méthode (cfr PG, CXLVII, 677 D ; trad. Gouillard
Petite Philocalie, p. 288-289).
* Cfr les textes cités par J. Gouillard en appendice à sa Petite Philocalie,
P- 317-336.
6 Voir E. von Ivanka, Byzantinische Yogis ? dans Zeitschr. der deutschen
Morgenl. Gesells., t. Cil (N. F., XXVII), 1952, p. 234-259.
•L'intérêt que les moines byzantins de l'époque pouvaient avoir pour l'Inde
se manifeste notamment dans le fait que, dans des recueils d'écrits spirituels
contenant des œuvres de Marc l'Ermite, d'Hésychius, de Diadoque, on rencontre
aussi le TJtpl rwv ttjs 'Ivhias tôvwv Kal tûiv Bpaxp.âva)v, dont la première partie
est de Pallade : les n Brahmanes » y sont présentés comme des fervents de la
prière ininterrompue (ôSiôAciittoç npoaevxrj) (cfr par exemple les Paris, gr.
1597 (s. XIII), ff. 314-315, et Paris, gr. 1037 (s. XIV), ff. 126-146).
XXXII GREGOIRE PALAMAS

tion et la vie sacramentelle de l'Église 1. Une influence non-


chrétienne, si elle pouvait être prouvée, ne priverait aucunement
ces pratiques de leur valeur chrétienne propre : ce ne serait ni le
premier, ni le dernier exemple d'un emprunt au paganisme dans
le domaine de la liturgie, de la spiritualité ou des idées ; adapté
à un usage chrétien, il peut être licite et justifié.
D'ailleurs nous avons vu plus haut que ni Palamas, ni ses
disciples n'ont nié que des abus aient pu se produire parmi les
plus ignorants des moines hésychastes. Grégoire prend cependant
la défense de Nicéphore, non sans réserves d'ailleurs. Les deux
traités consacrés à la prière (I, 2 et II, 2) s'appliquent tous deux
à montrer que la participation du corps humain à l'oraison de
l'esprit est nécessaire, l'être humain étant un organisme unique
et indivisible qui reçoit tout entier la grâce de l'Esprit et les
prémices de la résurrection. Si toute la tradition spirituelle issue
d'Évagre prône le « retour en soi », ce retour se produit, selon les
hésychastes du XIVe siècle, avec la participation du corps.
Toutefois, Palamas admet que le philosophe calabrais ait pu
trouver des prises sur Nicéphore, parce que « ce dernier a composé
son écrit simplement et sans recherche » *. Il admet aussi que Nicé
phore ait pu mal exprimer sa pensée 3 : cette « mauvaise expres
sion » se rapporte avant tout aux conceptions physiologiques sur
la place et le rôle du cœur qui, chez Nicéphore, et encore plus
chez le Pseudo-Syméon, apparaissent comme les fondements
de la méthode respiratoire. Or, dans le domaine de la physiolo
gie, « l'Esprit ne nous a pas accordé de révélation claire » et « cha
cun peut dire son opinion » * : ce qui est essentiel, c'est que le
cœur est un organe de l'esprit et l'esprit s'en sert pour faire accep
ter la grâce à notre être tout entier 6.
Telle ou telle attitude du corps peut être utile aux débutants
pour éviter la distraction •. Ce n'est jamais « un moyen de faire

1 Cfr J. Meyendorff, Le thème du retour en soi dans la doctrine palamite du


XI V' siècle, dans la Revue de l'hist. des rel., t. CXLV, 1954, p. 188-206.
» Tr. II, 2, 3.
• Tr. II, 2. 26.
• Tr. II. 2. 30.
» Tr. II, 2, 29.
• Tr. 1,2, y, II, 2, 2, 25 ; II, 3, 14 ; cfr lettre II à Barlaam, Coisl. 100, fol.
ioov.
INTRODUCTION XXXIII

rentrer la grâce par les narines » 1. Barlaam lui-même a aban


donné ces accusations et elles ont été rarement reprises par les ad
versaires byzantins du palamisme. Akindynos, notamment, refusa
formellement de s'engager sur ce point 2. L'essence du conflit
n'était pas là, mais dans la conception des relations entre Dieu
et l'homme au sein de l'Église : selon les moines, le corps humain
ne reste pas étranger à ces relations. Il peut y participer par la
respiration, comme par la veille ou le jeûne 3 : les abus eux-
mêmes n'enlèvent pas toute sa force à ce principe *.
La controverse se déroula donc par la suite sur ce plan doctri
nal et le mérite de l'y avoir placée, en distinguant l'essentiel du
secondaire, appartient à Palamas 6. Dans la mesure où il devint
le porte-parole incontesté des moines byzantins, c'est d'après
ses écrits qu'il convient de porter un jugement définitif sur leur
spiritualité et non d'après les auteurs semi-anonymes du XIIIe
siècle, dont la piété authentique avait encore besoin d'une inté
gration théologique et ecclésiale.

1 Tr. I, 2, 7 ; I, 3, qu.
1 II écrit à Barlaam : « Dans leur état actuel, je ne peux rien affirmer au sujet de
ces doctrines que tu dénonces comme des erreurs : celle qui concerne la respira
tion, celle de l'union de l'intelligence avec l'âme dans la région du cœur, celle qui
affirme que le cœur du fidèle est un temple de Dieu » (Ta y« /ijjv mpl rrvoijç «toi
toû îrtpl ttjv Kaphtav (vovodat. vw ttjv \pvxi)v, ko* vtîov çlvai Seov ttjv tov moTov
Kap&tav, a irXdvnv àiroKaXeîs, ia\vpil,(o8ai p.iv ovk ë^ot ircpl rovriov ciy «X*1» Am-
bros. gr. 290, fol. 70v).
» Tr. II, 2, 15.
* « Les méthodes physiques », écrit un auteur très compétent, « c'est-à-dire
la position particulière du corps en prière, l'inclinaison de la tête, la fixation du
regard sur un point précis et la coordination du rythme de la prière avec la respi
ration ne sont pas l'essentiel dans la mystique hésychaste. Quelques maîtres les
recommandent, mais uniquement comme un moyen secondaire. L'essence de la
prière n'est point là... Ces méthodes corporelles sont du même ordre que l'élé
vation des mains, le signe de la croix et les inclinations du corps, les prosterna
tions... L'âme ou l'une de ses facultés (la volonté, l'intelligence, le sentiment)
ne sont pas seules à participer à l'ascèse, mais le composé psychophysique de
l'homme tout entier • (Cyprien Kern, L'anthropologie..., p. 57).
* Le docteur hésychaste a donc déjà contribué, bien avant l'évêque russe
Théophane le Reclus, à établir cette « clarté des idées » que réclamait récem
ment un grand spécialiste en spiritualité orientale, le P. I. Hausherr (Variations
récentes dans les jugements sur la méthode d'oraison des hésychastes, dans Orient.
Christ. Per., t. XIX, 1953, pp. 426, 428).
XXXIV GRÉGOIRE PALAMAS

IV. Les sources de Pal amas

La polémique avec Barlaam avait amené Palamas à se con


stituer, dans sa retraite du Mont-Athos, — un ermitage dépendant
de Lavra, — une bibliothèque patristique. Dans plusieurs recueils
de ses œuvres, figure un florilège systématique, antibarlaamite
et antiakindynite, dont il pourrait bien être lui-même le collec
teur x. Plusieurs des neuf traités que nous publions sont ou
étaient accompagnés de textes patristiques destinés à soutenir
les vues de l'auteur. C'est le cas du premier traité de la Première
Triade, où les textes ont été ajoutés par l'auteur lui-même (cfr I,
1, 23) et son correspondant l'en remercie (I, 2, qu.). Seul un
extrait attribué à Grégoire de Nysse ne semble pas venir de
Palamas et nous le reproduisons entre crochets. La conclusion
du troisième traité annonce aussi un appendice de textes (I, 3,
52) : les manuscrits ne nous les ont pas conservés. Le long traité
Sur la lumière (II, 3) est suivi d'un passage attribué à Chrysos-
tome et que reproduisent tous les manuscrits. Enfin le Vaticanus
gr. 171 1 et le Sinaiticus gr. 1671 donnent, en appendice au second
traité de la Troisième Triade, une suite de courts extraits de
Chrysostome, de Basile, de Grégoire de Nysse et de Cyrille
d'Alexandrie, condamnant ceux qui s'intéressent plus aux for
mules théologiques qu'à leur contenu. Ces extraits n'ont pas de
rapport direct avec le texte et n'existent pas dans les autres
manuscrits : il s'agit d'une addition de copiste zélé.
Dans le texte même des Triades, nous avons dénombré plu
sieurs centaines de citations patristiques. Dans beaucoup de cas,
ce sont des citations littérales, dans un grand nombre d'autres,
des références générales. Plus de soixante fois, un bref « <£ijo-t »
indique seul qu'il s'agit d'une citation. Dans ces conditions, la
recherche des références n'est pas une tâche facile. Nous en avons
pourtant retrouvé un nombre suffisant pour pouvoir replacer le

1 Inc. : Avo 4>ap.tv rà; ivtpytias. .. Des. : ... ivtpyt t'aç iyytvofiivri. Le flo
rilège est divisé en 16 chapitres. On le trouve dans le Paris, gr. 970, ff. 278-350y,
359-361* et dans le Paris, gr. 1238, ff. 1-41 (copie du XVIe s., reliée avec un
recueil palamite du XVe). Le même florilège sans nom d'auteur se retrouve dans
le Vatic. gr. 705 (s. XIV), ff. i-i33v et dans le Monac. gr. 285 (s. XV), ff. 1-177.
INTRODUCTION XXXV

lecteur dans l'univers intellectuel et spirituel de Palamas. C'est


là le seul but auquel une telle recherche pouvait prétendre, car
une simple statistique sur le nombre de citations de tel ou tel
auteur ancien n'est aucunement suffisante pour apprécier l'in
fluence que cet auteur a effectivement exercée sur le docteur
hésychaste.
Cette dernière remarque s'applique tout particulièrement
au Pseudo-Denys qui est, certainement, l'auteur le plus souvent
cité dans les Triades. Pour les Byzantins de cette époque, sans
distinction de tendance, l'auteur des Noms Divins était le Père
par excellence, « le grand Denys », disciple immédiat de s. Paul.
Barlaam lui-même en a été, à Constantinople, l'interprète attitré et
avait fondé l'essentiel de son agnosticisme théologique sur des ci
tations de l'Aréopagite. C'est ainsi que plusieurs citations expli
cites de Denys se retrouvent dans les textes de Barlaam reproduits
par Palamas *. Palamas devait donc, pour réfuter le Calabrais,
présenter une interprétation de Denys plus conforme au réalisme
christocentrique qu'il défendait dans ses Triades : le grand nombre
de citations de Denys s'explique en partie par le fait que toute
la controverse était, en somme, une querelle d'exégètes des Noms
divins, de la Hiérarchie céleste ou de la Théologie mystique. Et
dans cette querelle, Palamas est souvent amené à appliquer un
correctif christologique à l'Aréopagite, ou même à prendre le
contre-pied de ses conceptions, notamment en ce qui concerne
la doctrine des « hiérarchies » 2.
Il n'en reste pas moins que le vocabulaire de Denys, sa doctrine
de la « ténèbre lumineuse », telle qu'il l'a héritée de Grégoire de
Nysse, certains postulats de sa theologia, se retrouvent presque à
chaque page des Triades. La formulation définitive du palamisme
est pourtant fondée plutôt sur Maxime le Confesseur que sur
Denys : les références à Maxime sont extrêmement nombreuses
dans la Troisième Triade, la plus explicitement théologique.
Maxime se retrouve également chez Palamas en tant qu'auteur
spirituel exprimant la tradition évagrienne, à côté de s. Jean
Climaque et d'Évagre lui-même caché sous le pseudonyme de Nil.

1 Voir, par exemple, Tr. II, 3, 50, 54, 60, 73 ; III, 1, 25.
* Cfr J. Meyendorff, Notes sur l'influence dionysienne en Orient, dans Siudia
Patristica, Berlin, 1957, *■ H> P- 547"552-
XXXVI GRÉGOIRE PALAMAS

Isaac de Ninive est, lui aussi, fréquemment cité dans la tra


duction grecque du IXe siècle *.
Parmi les auteurs spirituels favoris de Palamas, une place
toute particulière est occupée par Macaire. Il ne saurait évidem
ment être question ici de prendre définitivement parti dans l'im
portant problème du messalianisme présumé de Macaire qui est
devenu une quasi-certitude pour de nombreux savants depuis
les travaux de Villecourt, il y a près de 35 ans. La récente contro
verse Jaeger-Dôrries a montré que la question ne saurait être
considérée comme tranchée. Elle a d'autant plus d'importance
pour l'étude de la théologie byzantine du XIVe siècle que l'accusa
tion de messalianisme est formellement portée contre les moines
par Barlaam : cette accusation n'a cependant pas de rapport
direct avec les Homélies spirituelles de Macaire. Si Palamas et le
philosophe calabrais ont des difficultés à propos de Denys,
Macaire ne semble présenter aucun problème d'interprétation,
sauf en ce qui concerne sa conception du cœur comme place du
vovç, qui contredit celle de Grégoire de Nysse, mise en avant par
Barlaam 2. Quant au messalianisme, il apparaît aux deux protago
nistes comme clairement défini par les condamnations dont il a été
l'objet 3 et, évidemment, le « Grand Macaire » est hors de cause :
ces décisions des autorités ecclésiastiques constituent le seul cri
tère de Barlaam pour déceler le messalianisme chez les moines.
Il identifie en effet ces derniers avec un hérétique notoire, Théodore
le Blachernite, condamné au XIe siècle. Et c'est le même critère qui
sert à Palamas pour les laver de cette accusation : ils ne croient
pas à la « consubstantialité » (awovola) du démon avec l'âme *, ils
ne croient pas que le dépouillement des passions produit à lui seul
l'union avec Dieu 6, ils ne prétendent pas voir l'essence divine 6.

'Cette traduction, dont l'influence fut grande dans le monde byzantin,


n'est accessible que dans une édition du XVI II» siècle de Nicéphore Théotokis
(Leipzig, 1770), reproduite par Spetsieri (Athènes, 1895). La disposition de
l'œuvre en Adyoi, telle qu'on la trouve dans cette édition, ne correspond pas
du tout aux manuscrits : nous n'indiquons le numéro de ces « traités » que pour
la commodité des références.
* Cfr Tr. II, 2. 27-30 ; voir aussi Tr. I, 3, 41 ; III, 3, 4.
1 Voir V. Grumel, Regestes du Patriarcat byzantin, nn. 850, 946, 989.
« Tr. II, 3, 13.
• Tr. I, 3, 17.
■2>. 111,2,3-
INTRODUCTION XXXVII

Dans les Triades, Macaire se trouve surtout cité dans les pas
sages où Palamas traite du corps humain comme d'un élément
actif dans la vie spirituelle (I, 2, 3 ; I, 3, 41 ; II, 2, 25, 27 ; III, 1,
16, etc.) et aussi pour confirmer la théologie de la lumière. D'une
façon générale, la pensée de Macaire se présente dans les Triades
comme un correctif à l'intellectualisme spiritualiste de la mys
tique évagrienne. Et comme c'est encore un intellectualiste que
Palamas combat en Barlaam, les écrits de Macaire jouent un rôle
essentiel dans la formulation du palamisme.
Il est intéressant de noter que presque tous les textes cités
de « Macaire » appartiennent en fait à la paraphrase des Homélies
spirituelles faite par Syméon Métaphraste, le grand compilateur
byzantin du XIe siècle. « Syméon le divin Métaphraste, écrit
Palamas, a composé, à partir du premier livre du grand Macaire,
des traités divisés en chapitres» (III, 1, 10) ». «Syméon, l'inter
prète divin et fidèle... dit, comme si Macaire parlait lui-même... »
(III, 2, 2 ; cfr III, 2, 1), etc. Il s'agit en fait des sept petits traités
publiés dans Migne sous le nom de Macaire 2, mais que de nom
breux manuscrits présentent sous le titre suivant : Tov èv
aytots irarpos r]puùv Ma.Ka.pLov tov fieydXov /ce^aAaia pv\ p.€Ta<f>pao--
Oévra -napà tov ao<j>WTÔ.TOv XoyodeTov Kvpov 2Jvp.€Ù>v tov p,eTa<f>paa-
tova. Ces « 150 chapitres » sont publiés sous cette forme dans la
Philocalie grecque 4. Cette dernière édition est, en ce qui concerne
certains « chapitres », plus complète que celle de Migne. Certaines
citations de Palamas également attribuées à Syméon-Macaire ne
correspondent pourtant pas au texte de ce dernier8.
Les grands Cappadociens et s. Jean Chrysostome constituent
aussi l'une des sources majeures de Palamas. Des textes tirés du
livre V Contre Eunome, connu sous le nom de s. Basile et généra

1 Palamas avait donc connu deux livres de Macaire, dont Syméon aurait
paraphrasé le premier ; il existe, en effet, une tradition manuscrite qui sépare
les Homélies spirituelles en deux livres (voir J. Darrouzès, Noies sur les homélies
du Pseudo-Macaire. dans le Muséon, t. LXVII, 1954, p. 297 ss). Voir la suite de
cette note à la p. 383 bis.
»PG, XXXIV, 841-968.
' Cfr, par exemple, le Paris, gr. 874 (s. XIV), fï. i85-220v.
4 Édit. Venise, p. 699-751.
* Voir par exemple Tr. 1, 2, 3 ; I, 3, 3, 7 ; III, 2, 2.
XXXVIII GRÉGOIRE PALAMAS

lement attribué à Didyme l'Aveugle, reviennent souvent sous


sa plume à propos de la doctrine des énergies. Plusieurs autres
textes sur la lumière et la déification, que Palamas attribue à
s. Basile, ne se retrouvent pas dans les œuvres authentiques de
ce dernier. La Vie de Moïse et l'Éloge d'Etienne paraissent être les
textes préférés de Palamas chez Grégoire de Nysse. Il est curieux
de constater l'absence presque totale dans les Triades de textes
des Pères alexandrins, Athanase et Cyrille : ce ne sera plus le
cas dans les écrits ultérieurs de Palamas.
Plusieurs textes liturgiques, tirés notamment des hymnes de
l'octave byzantine de la Transfiguration (6-13 août), complètent
le dossier patristique de Grégoire 1.
A côté de ces sources classiques, Palamas se réfère deux fois
aux maîtres de l'hésychasme byzantin du XIVe siècle. Cette
liste d'autorités revient dans les deux traités Sur la prière (I, 2
et II, 2), ce qui montre bien qu'il s'agit de maîtres spirituels, et
non d'autorités spécifiquement théologiques. Dans sa première
liste d'autorités a, Palamas distingue les Saints « anciens » (oî
iraXaioi rœv àyiœv) et les Saints « contemporains » (è<f>* ij/xcùi') .
Dans la première catégorie, il place Syméon le Nouveau Théolo
gien et Nicéphore l'hésychaste. C'est là l'une des deux références
formelles, dans toute l'œuvre de Grégoire Palamas, au grand mys
tique du XIe siècle et elle ne concerne, semble-t-il, que deux écrits
dont aucun n'est de la plume de Syméon : la MédoSos t^s Upâs
irpooevxijs Kal irpocroxfjç 3 et la Bios de Nicétas Stéthatos *. Ceci
n'exclut pas, évidemment, que Palamas ait pu connaître les
œuvres mystiques de Syméon, largement répandues dans les
milieux monastiques, mais jamais il ne fait état de son autorité,
peut-être parce que Syméon n'était pas suffisamment connu du
grand public byzantin auquel s'adressaient les écrits polémiques
de Grégoire B.

1 Tr. I, 3, 29, 38 ; II, 1, 42 ; III. 1, 12, 15, 20, 23 ; III, 3, 9.


*I, 2, 12.
* Édit. Hausherr, La méthode d'oraison hésychasle, dans Orient. Christ..
t. IX, 2, 1927. Le texte de Palamas parle simplement des ovyypdfipaTa de
Syméon : le parallélisme avec Nicéphore et le contexte du traité suggère toute
fois qu'il s'agit de la MiBohos : cfr supra, p. XXX-XXXI.
' Édit. Hausherr, Orient. Christ., t. XII, 1928.
* Un humaniste antipalamite, Isaac Argyros, parle de Syméon, comme d'un
INTRODUCTION XXXIX

Parmi les maîtres « contemporains » de l'hésychasme, Palamas


cite Théolepte de Philadelphie, le patriarche Athanase de Constan-
tinople, Nil « originaire d'Italie », Séliotès, Élie, Gabriel et un
autre Athanase. Cette liste est à mettre en parallèle avec celle
de Tr. II, 2, 3, où reviennent Théolepte, Séliotès, « maître des
moines », et Élie. Les deux premiers noms de cette liste désignent
des prélats de tout premier plan, probablement les plus illustres
de l'Église byzantine de la fin du XIIIe et du début du XIV»
siècle.
Théolepte x était originaire de Nicée ; marié et père de famille,
il se retira à l'Athos a au moment de la politique unioniste de
Michel VIII Paléologue. C'est là probablement qu'il rencontra
Nicéphore l'hésychaste et se fit son disciple 3. Adversaire de
l'union, il subit, devant Michel VIII, un châtiment corporel
public. Dès la répudiation de l'Union de Lyon, après la mort de
Michel (1284), il fut nommé au siège de Philadelphie. Il partagea
alors son temps entre l'administration de son diocèse, les affaires
générales de l'Église byzantine, déchirée par le schisme arsénite,
et la direction spirituelle d'un couvent de femmes et d'un monas

moine obscur (Evpcwv rivos uovaxov KaTa rfjv fiaotXevovaav -rrjvSe rûtv -nôXctov
Kav rf) tov âyiov Mâ^tavros ircpi ttjv EvXoKcpKov uovfj ■noXiTcvrTafj.tvco ; cité,
d'après le Vatïc. 1096, fol. 137*, par G. Mercati, Notizie di Procoro e Demetrio
Cidone, dans Siudi e Testi, t. 56, 1931, p. 237, n. 1). Par contre, David Dishypatos,
dans ses ïambes contre Akindynos (faussement attribués parfois à Palamas),
mentionne Syméon parmi les grands martyrs de l'orthodoxie : 'lauev naBovra.
Zu/ie wvvtv tov véov..., uâWov Se tov uéyiuTOv (V Beorrriq, tov axovra kXtjgiv eV
Beriyôpov Xoyov (Paris, gr. 1238, fol. 50v).
1 Voir J . Gouillard, Théolepte de Philadelphie, dans le Dicl. de théol. catholique,
t. XIV, col. 339-341 ; V. Laurent, Une princesse byzantine au cloître, Irène-
Eulogie Choumnos Paléologine, dans Échos d'Orient, t. XXIX, 1930, p. 29-30 ; S.
Salaville, Formes de prière d'après un Byzantin du XIV siècle, dans Échos
d'Orient, t. XXXIX, 1940, p. 1-25 ; S. Salaville a également publié et commenté
quelques œuvres de Théolepte dans Études byzantines, t. V, 1947, p. 101-136,
dans les Mélanges J . de Ghellinck, t. II (Muséum Lessianum, sect. hist., 14, 1951),
p. 877-887. (L'auteur donne dans ce dernier travail une liste des œuvres de Théo
lepte d'après l'Ottob. gr. 405). Un opuscule de Théolepte est entré dans la Philoca-
lie et fut reproduit dans PG, CXLVIII, 381-400. La biographie de Théolepte
nous est conservée dans l'éloge funèbre de l'évêque de Philadelphie par Nicé
phore Choumnos (édit. Boissonade, Anecdota graeca, t. V, Paris, 1835, p. 183-
239)- Voir la suite de cette note à la p. 383 bis.
1 Son séjour à l'Athos est attesté par Philothée, Encomion (PG, CLI, 561 A).
* Cfr Tr. II, 2, 3 ; Choumnos (ibid., p. 201-203) ne parle que d'un maître spiri
tuel sans donner son nom.
XL GRÉGOIRE PALAMAS

tère d'hommes à Constantinople. C'est lui qui fut à l'origine de


la vocation monastique de Palamas 1. Les œuvres de Théolepte,
pour la plupart inédites, sont extrêmement intéressantes : il y
développe à la fois une ecclésiologie sacramentelle et une spiri
tualité basée sur la « prière pure », tout en ne dédaignant pas d'im
poser à ses moines une discipline cénobitique traditionnelle.
Jusqu'à sa mort, entre 1320 et 1327, il prend une part active
à la vie ecclésiastique de son temps.
Athanase, deux fois patriarche de Constantinople (1289-1293,
1303-1309), fut un réformateur austère des mœurs sociales de
Byzance 2. Après avoir passé de nombreuses années dans plusieurs
monastères de l'Orient, à l'Athos, à Jérusalem, au Mont Latros,
en Asie Mineure, et avoir été lui aussi un adversaire de l'Union
de Lyon, il monte sur le trône patriarcal et déploie une activité
fébrile dans tous les domaines : rétablissement de la discipline
ecclésiastique et morale, défense du prolétariat de la capitale
contre les exactions des riches, réforme du clergé. Obligé de
démissionner, il termine une longue vie dans un monastère
fondé par lui : c'est là que Palamas a pu avoir avec lui les con
tacts personnels qu'il mentionne dans sa Première Triade (I, 2, 12).
En se référant à l'autorité de Théolepte et d'Athanase, Palamas
définit la tradition spirituelle dont il se réclame : il ne s'agit pas,
comme on le voit, d'un clan plus ou moins ésotérique et concentré
sur les pratiques corporelles de la « prière de Jésus », mais d'un

1 « Il l'initia, écrit Philothée, à la sainte attention et à la prière intellectuelle »


Encomion, PG, CLI, 561 A).
• Cfr R. Guilland, La correspondance inédite d'Athanase..., dans Mélanges
Charles Diehl, Paris, 1930, p. 121-140 ; M. Banescu, Le patriarche Athanase I
et Andronic II, dans Académie roumaine. Bulletin de la section historique, XXIII,
1942, p. 1-28. Une édition critique de la correspondance d'Athanase avec l'empe
reur Andronic II, par A.-M. Talbot, vient de paraître dans la collection Dumbar-
ton Oaks Texts, Washington, 1973. La Vie d'Athanase, par Philothée de Con
stantinople, fut partiellement publiée une première fois par Delehaye dans les
Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École française de Rome, t. XVII, 1897,
p. 39-75 ; une édition complète d'après un meilleur manuscrit est due à A. Papa-
dopoulos-Kerameus dans les Zapiski de la Faculté historico-philol. de Saint-
Pétersbourg, t. LXXVI, 1905, p. 1-51. Le Miyat Zwa(apiorfc (édit. Doukakis,
Athènes, 1895, p. 455-464) en donne une paraphrase abrégée en grec moderne.
Une autre Vie d'Athanase, due à la plume de Joseph Calothetos, est éditée par
l'archim. Athanase dans BpaKixâ, t. XIII, 1940, p. 59-107 et rééditée dans
1' 'AyioptiTiiil) BiftXtoBîicr), t. XV, 1950, p. 109-141.
INTRODUCTION XLI

mouvement qui réunit dans ses rangs les personnalités les plus
vivantes de la chrétienté byzantine. Que Palamas nous présente
Théolepte et Athanase comme des maîtres de ces pratiques corpo
relles sans qu'eux-mêmes les aient mentionnées dans leurs
œuvres, prouve à la fois la large diffusion de ces pratiques et
la valeur secondaire que les maîtres spirituels leur accordaient.
Les autres personnages mentionnés nous sont beaucoup moins
connus. Aucun ne semble avoir laissé d'œuvres écrites. Il s'agit,
en tout cas, de maîtres spirituels contemporains : è<j>' r)fiûv, dit
Palamas en les opposant aux « anciens », Syméon (XIe s.) et
Nicéphore (XIIIe s.) *. On retrouve, en effet, leurs noms dans les
sources contemporaines. Nil (NeîXos 6 'TraAoy), Élie et Athanase
(6 AïtT€vrpr]vds 'AOavdotoç) sont mentionnés ensemble comme
moines éminents du Mont-Saint-Auxence (tov AvÇevrlov fiowov),
sur la rive orientale du Bosphore, face à Constantinople, au mo
ment où Athanase, futur patriarche, y vient également après son
voyage en Orient 2. Le Mont-Saint-Auxence était un centre
monastique célèbre dès le Ve siècle 8 et de nombreux monastères
y florissaient encore au XIIIe. Michel VIII Paléologue y restaura
l'ancien couvent de Saint-Michel et lui accorda un Typicon qui
prévoyait l'existence de KeXXux d'hésychastes *. Le savant huma
niste Maxime Planude y fut l'higoumène du monastère des Cinq-
Saints 6. Des traditions spirituelles très diverses étaient donc
représentées au Mont-Saint-Auxence. Les personnages auxquels
se réfère Palamas appartiennent quant à eux à une lignée de

•Ce ne sont donc certainement pas s. Nil de Sicile et d'autres saints d'Italie
du Sud, comme on a pu le dire (Krumbacher, Geschichte der Byzant. Lilteratur,
p. 198).
» Vie d'Athanase, édit. Papadopoulos-Kerameus, § 7, p. 9 (= édit. De-
LEHAYE, § 6, p. 51).
* Sur le Mont-Saint-Auxence, voir l'étude de S. Pargoire, Mont-Saint-
Auxence. Étude historique et topographique, dans la Revue de l'Orient chrétien,
1903, t. VIII, pp. 15-31, 240-279, 426-458, 550-579 ; cfr R. Janin, Constantinople
byzantine, Paris, 1950, p. 447.
4 M. GÉDÉON, TvmKÔv 1-17J tirl toû fiovvov rov Ai(fvriov offiaofiîas fiovrjs
AfixavX toû àpx<iyy&ov, Constantinople, 1895, p. 43.
* J. Pargoire, op. cit., p. 569-574 ; M. Treu, Maximi monachi Planudis
epistulae, Vratislaviae, 1890, p. 214-215 ; V. Laurent, Planude, Maxime,
dans le Dict. de thêol. cathol., t. XII, col. 2247-2252.
XLII GRÉGOIRE PALAMAS

moines « zélotes » : Athanase Lepentrinos était, en effet, l'un des


chefs du parti « arsénite » qui avait rompu avec l'Église officielle
à la suite de la déposition irrégulière par Michel VIII du patri
arche Arsène et qui refusait de reconnaître tous ses successeurs.
En cette qualité, il assista aux conférences d'Adramyttion
(1284) l et s'opposa au patriarche Grégoire de Chypre, dont il
avait été l'ami et le correspondant 2.
«Nil l'Italien», dont il s'agit ici, est peut-être l'ami de Théolepte
de Philadelphie auquel Choumnos se réfère comme à un person
nage illustre et connu 3. Quant à Séliotès et à Gabriel, ils nous
restent inconnus ; le fait que Palamas les mentionne dans la
même série de noms permet de supposer qu'ils étaient aussi
d'AvÇfvrlov jSowo? *, où Nicodème, le maître spirituel du docteur
hésychaste à l'Athos, fit lui aussi ses débuts monastiques 6.
Remarquons enfin qu'une note autographe de Jean Cantacuzène,
en marge d'un manuscrit qui contient ses œuvres théologiques,
mentionne également des maîtres spirituels : après avoir rappelé
le nom du patriarche Athanase et celui d'Hilarion, évêque de
Didymotique, il se réfère à un Gabriel, « archimandrite » du
monastère du Pantocrator, à Didymotique 6.
Il est probable qu'un dépouillement plus poussé de la littéra
ture byzantine de la fin du XIIIe siècle nous apporterait
d'autres informations sur les maîtres de Palamas.

1 Pachymère, De Andronico Palaeologo, I, 21, éd. Bonn, II, 59.


1 La correspondance de Grégoire de Chypre a été publiée par Mgr S. Eustra-
tiadès, Alexandrie, 1910 (Extrait de V'EKnX-qcnaoTiKos 0âpos) ; voir les Lettres
147 et 148, p. 139-141.
* NtîXov (kcîvov Toy ficyav, nâvrœv c5v 17/xcîf loptv inl rois roiovrots 07rovha.op.aoi
(les vertus monastiques) Xapurpàv SôÇav foxtxÔTwv rà irpwra <f>tpovra [Éloge de
Théolepte, édit. Boissonade, p. 217-218). Il faut probablement l'identifier éga
lement avec un moine Nil, originaire de Sicile, auquel se réfère Pachymère
(De Michaele Palaeologo, III, 21, éd. Bonn, p. 218-219).
4 Un moine Gabriel est mentionné dans la Correspondance de Maxime Pla-
nude, Epist. 72 ; M. Treu, op. cit., pp. 90, 250.
* Philothée, Encomion (PG, CLI, 566 A).
* Paris, gr. 1247, fol. 93T (cfr Paris, gr. 1241, fol. 3iv-32) : è h rfjht rfj
niXtl AiSvp.OTf(xov rijs rcv nayroxpâropos Etarijpos Xpiarov p.ovfjs àpxiiiavSplrnt
rapptjX.
INTRODUCTION XLIII

V. Le plan et le style des Triades

Le plan des Triades ne peut être établi que dans ses grandes
lignes. Certains thèmes essentiels de la pensée de Palamas
reviennent, en effet, dans tous les traités : son éloquence souvent
improvisée, et parfois emportée, se permet de revenir à plusieurs
reprises sur le même sujet en l'envisageant à des points de vue
différents.
Les deux premières Triades suivent un développement paral
lèle qui, comme nous l'avons remarqué plus haut, coïncide peut-
être avec le plan de l'ouvrage de Barlaam.

Voici le plan des traités, avec des titres simplifiés :


Première Triade Deuxième Triade
i) L'étude des sciences profanes i) Quelle est la connaissance qui
est-elle utile ? procure le salut ?
2) Les hésychastes doivent-ils 2) De la prière,
faire entrer leur esprit à l'intérieur
de leur corps ?
3) De la lumière et de l'illumi- 3) De la lumière sacrée,
nation, de la perfection en Christ.

Le premier traité dans chaque Triade se rapporte ainsi à la


sagesse profane, le second, à la participation que le corps peut
prendre à la prière, le troisième, à l'objet de la vie hésychaste :
la vision de la lumière du Christ. La Deuxième Triade est nette
ment plus développée que la Première ; le troisième traité De la
lumière est, de loin, le plus long des neuf.
Quant à la Troisième Triade, le titre que porte le premier traité,
Ilepl dewoeœs, De la déification, semble devoir s'appliquer aux
trois. Le premier traité — le plus long — traite à proprement
parler de la déification, de l'état déifié qui en Christ est devenu
accessible à l'homme. Le second parle de l'aspect doctrinal de la
déification et de la distinction entre l'essence et les énergies,
destinée à éviter le messalianisme que Barlaam reprochait aux
moines. Le troisième, enfin, démontre que Barlaam est en oppo
sition avec les Pères, qu'il est donc hérétique.
XLIV GRÉGOIRE PALAMAS

Les sous-titres dont nous faisons précéder chaque paragraphe


des Triades sont reproduits dans la table des matières ; ils
serviront d'analyse plus détaillée à une œuvre qui, de par son
style et son développement, est tout à l'opposé de la méthode
rigoureuse qu'un auteur occidental utiliserait pour traiter le
même sujet.
Palamas ne recherche pas non plus l'atticisme factice dont se
vantaient les humanistes byzantins de cette époque et on ne le
regrettera pas. « Depuis longtemps, écrit-il, j 'ai abandonné la
recherche et l'ambition littéraires ; il m'est indifférent de compo
ser mes traités sans art, que mon livre ne soit ni un rosier, ni une
lyre, ni une trompette »... Son traité est étranger à toute « grâce
attique », bien qu'il ait lui-même « des dispositions naturelles
pour parler agréablement » *. La profession d'antihumanisme et
la pointe d'amour-propre que révèlent ces paroles dépeignent
assez bien Palamas écrivain.
Ayant abandonné la fréquentation des auteurs de l'Antiquité
dès son entrée au monastère 2, Palamas ne commença à écrire
que vers l'âge de 40 ans 3 et ses premiers lecteurs furent les moines
athonites. Mais il acquit alors une incontestable maîtrise litté
raire qui l'amena à devenir le porte-parole des moines. La force
de ses écrits provient de leur style naturel, parfois familier ou
brutal. Des proverbes et des dictons populaires viennent tout
naturellement sous sa plume * et aussi des expressions scriptu-
raires et liturgiques. Les longueurs et les répétitions semblent
surtout provenir chez lui de ses habitudes de prédicateur. .

VI. Le texte

Le texte de la présente editio princeps est reproduit, sans


changements notables, dans l'édition de Thessalonique men
tionnée. Le second traité de la Première Triade fut inclus dans la
Philocalie de Nicodème l'Hagiorite. Cette édition est reproduite

lTr. III, 1. 2.
* Cfr J. Meyendorff, Les débuts de la controverse..., dans Byzantion, t. XXIII,
»953. P- 99-100.
» Philothée, Encomion (PG, CLI, 580 BD ; cfr 571 C ; 574 BC).
« I, 1. 1 ; I, 2, qu. ; I, 3, 13 ; II, 1,9 ; II, 3, 4, 65 ; III, 1, 32 ; III, 3, 3.
INTRODUCTION XLV

dans la Patrologie de Migne I. Une dizaine de manuscrits nous


ont conservé le texte intégral et nous fournissent quelques rensei
gnements fragmentaires sur les centres de diffusion des écrits
palamites aux XIVe et XVe siècles.
Le Vaticanus gr. 171 1 est le plus ancien d'entre eux. Son écri
ture est celle de Manuel Tzykandylès, le copiste attitré de Canta-
cuzène a. Plusieurs manuscrits de sa main, avec indication de date
et de lieu, sont parvenus jusqu'à nous. Manuel travailla à Mistra
entre 1358 et 1370 et y recopia, pour le compte de l'empereur
déchu et devenu moine, des œuvres d'auteurs antiques, des écrits
patristiques, la traduction grecque de la Somme de s. Thomas par
Démétrius Cydonès et les œuvres théologiques de Cantacuzène
lui-même ; nous possédons aussi de lui un manuscrit copié à
Constantinople en 1374 3. Il est donc possible que le Vaticanus
gr. 1711 provienne lui aussi de Mistra, de même que le Coisl. 97,
qui est un recueil des homélies de Palamas, de la main du même
Tzykandylès ; en tout cas, ces deux manuscrits sont du troisième
quart du XIVe siècle. Tout en rédigeant lui-même des traités
de théologie palamite, Cantacuzène veillait à la diffusion des
ouvrages du docteur hésychasta.
Le Vaticanus gr. 171 1 se présente comme un recueil d'ouvrages
de Palamas antérieurs à 1341, à l'exclusion des Aôyoi â-n-oheuc-
rueot et des lettres ; il diffère en cela des collections palamites
systématiques et divisées en « livres » qui deviendront courantes
au XVe siècle. A côté des Triades, nous y trouvons en effet le
Aôyos wepl Tr\s Karà oâpKa rov Kvpîov rjfiœv 'Irjaov Xpiarov ol-
Kovofûas (ff. 247-267" = PG, CLI, 189-220) et le long traité

1 <PthoKa\ta rû>v Upûiv vqimicwv, Venise, 1782, p. 955-961 (= PG, CL, 1101-
1118). Signalons ici la traduction roumaine, par le P. Stanilooe, de Tr. I, 2-3
(d'après le Coisl. 100), publiée dans VAnuarul Academici tcologice Andrciane ,
Sibiu, 1932-1933 (citée dans Stanilooe, op. cit., p. 29).
* Cfr Paris, gr. 135 et 1241 (H. Omont, Fac-similé des manuscrits grecs datés
de la Bibliothèque Nationale, t. I, pp. 87-88, 93).
5 Sur Manuel Tzykandylès, voir Sp. Lampros, AaKihcu)i6vwi /?i/3Aioyp<i^oi,
dans Néos 'EWtjv011.vrn1.mv, t. IV, 1907, p. 167-176 ; M. Vogel-V. Gardthausen,
Die griechischen Schreiber des Mittelalters und der Renaissance, Leipzig, 1909, p.
281-282 ; D. A. Zakinthinos, Le Dcspotat grec de Morée, t. II, Athènes,
1953, pp. 316-317, 321 ; G. Mbrcati, Notizie di Procoro e Dcmetrio Cidone...,
pp. 6, 11, 160, 274, 503 ; R. J. Loenertz, Chronologie de Nicolas Cabasilas,
dans Orient. Christ. Per., t. XXI, 1955, p. 209-212.
XLVI GREGOIRE PALAMAS

sur la Présentation (ff. 268-305 = éd. Soph. Oikonomos, p.


131-180). Ces deux écrits sont généralement inclus dans les col
lections d'homélies de Palamas, bien que Philothée ait signalé
que le traité sur la Présentation datait de l'époque où Palamas
était à l'ermitage de S. Sabbas, près de Lavra K Le copiste du
Vaticanus a intitulé son recueil rprjyoplov tov fiaKapLundrov
apxiemoKÔTTOv QeooaAovlKrjs rà irpos tov BapAaâfi (wyypdftfiaTa.
Une autre main a ajouté : tov h> àyîois irarpos rjfiœv ko! véov
OeoXôyov (fol. 1) 2. Le manuscrit est donc antérieur à 1368, date
de la canonisation de Palamas : Tzykandylès ne lui donne pas
le titre de « saint ».
Le Vaticanus présente d'autres signes d'ancienneté dans le
texte même : il omet l'extrait attribué à Grégoire de Nysse à la
fin de Tr. I, 1 ; dans le Coislinianus, cet extrait se trouve ajouté
à la fin des autres témoignages patristiques, alors que le Laudia-
nus l'inclut déjà dans la série, après les autres citations de Gré
goire de Nysse. De même le nom BapXadp., ajouté en marge dans
le Vaticanus (titres de la Troisième Triade), se retrouve dans le
texte des manuscrits du XVe siècle.
Le manuscrit de Tzykandylès est un volume en papier, de
petit format (225 X 140 mm.), comportant 305 feuillets et quatre
feuilles de garde, deux au début et deux à la fin. La reliure porte
les armes d'Urbain VIII. Plusieurs feuillets ont été arrachés
avant que la foliation actuelle ait été établie :
— un feuillet entre les ff. 32 et 33 ; manque la fin de Tr. I, 2,
12, page 99, ligne 23 (après /a/J/H^A) jusqu'à la fin du traité.
— un feuillet entre les ff. 75 et 76 ; manque la fin de Tr. I, 3,
52, page 223, ligne 29 (après àxpi/îcDs') à 31 ; le feuillet manquant
était presque blanc.
— deux feuillets entre les ff. 91 et 92 ; manque le texte compris
entre Kal y^v avros... {Tr. II, 1, 22, page 271, ligne 10) et... fièv
oSv èv tû> irporépœ /zoi (Tr. II, 1 , 23, page 273, ligne 20), c'est-à-dire
presque deux paragraphes.
— un feuillet entre les ff. 246 et 247 ; manque la fin de Tr. III,

1 PG, CLI, 581 C.


* Le titre de «os BcoXoyos n'était pas réservé à Syméon, le mystique du XIe
siècle. Signalons qu'il fut également attribué à Grégoire le Sinaïte (cfr Vatic.
gr. 1746, ff. 212, 217...).
INTRODUCTION XLVII

3, 16, page 725, ligne 24 (après <I>ç «tVeîv ex<V>?ffe) jusqu'à la


page 727, fin.
Parfois quelques restes des feuillets arrachés sont visibles.

Ces lacunes du Vaticanus sont comblées par l'excellent manus


crit Sinaiticus gr. 1671, du XVe siècle, dont le copiste,
chose rare à l'époque, a accompli un certain travail critique
sur le texte des Triades. Dans l'ensemble, il suit le Vaticanus,
mais il en corrige les erreurs et, parfois, présente deux lectures
possibles, celle de V et celle de C, au choix du lecteur (voir,
par exemple, la variante oo</>las : iraiSetas dans Tr. I, 1, 22).
Le scribe avait donc à sa disposition au moins deux prototypes,
dont l'un appartenait à la famille de V (mais ne paraît pas être
le Vaticanus 171 1 lui-même) et l'autre à la famille de C.
Le Sinaiticus gr. 1671 est, comme V, un volume en papier,
d'assez petit format (211 X 145 mm.) de 343 feuillets. La pagi
nation est de la main du copiste de la première partie du recueil
(ff. 1-134) ; elle est identique à celle qui recopia le Coisl. 100.
Comme ce dernier manuscrit provient, comme nous le verrons
plus bas, du monastère athonite de Lavra, on peut supposer
avec vraisemblance que S a la même origine.
La première partie du recueil présente, elle aussi, des œuvres
de Palamas : les deux Traités apodictiques, le Contre Beccos et
la Réponse sur s. Cyrille. La seconde partie comporte les Triades
(ff. 136-327*) qui, comme dans le Vaticanus, sont suivies par le
Traité sur l'Économie (ff. 328-343) et présentées par le titre
rpTjyoplov rov fiaKapiuiTârov àpxietnoKÔTrov GeaaaXovûcrjç rà npoç
tov BapXaàp. avyypâiipxiTa (fol. 136).

Le troisième manuscrit important des Triades est le Coislinia-


nus 100, également du XVe siècle.
Ce volume, très soigneusement écrit, faisait partie dès le XVe
siècle d'une collection de genre officiel comprenant les œuvres
complètes de Palamas, plusieurs écrits de ses disciples (Philothée,
G. Scholarios) et les tomes synodaux palamites. Il se pourrait
même que ce soit la collection palamite de Lavra : la seule copie
complète des œuvres de Grégoire Palamas, qui soit aujourd'hui
conservée dans le monastère où il vécut et travailla, date en effet
du XVIIIe siècle {Lavra 1945). La collection entière fait aujour
XLVIII GREGOIRE PALAMAS

d'hui partie du fonds Coislin à Paris (Coisl. 98, 99, 100 et 101).
Tous les volumes portent une indication d'origine : t&v Karrjxov-
fUvwv rrjs Upâs Aavpas rov àylov 'Adavaolov. Le Coisl. 100 est
désigné comme fiifiXlov y'. Le dernier volume, le Coisl. 101, est le
seul à être daté : il fut terminé en 1445 par Sylvestre Syropoulos,
ecclésiarque de Sainte-Sophie de Constantinople 1. Le manuscrit
fut-il apporté de la capitale ? Nous l'ignorons. En tout cas
les quatre volumes n'ont pas été copiés en même temps et n'ont
pas toujours fait partie de la collection. Le Coisl. 100 comporte
en effet (ff. i-9v), à une place tout à fait inattendue, la lettre de
Palamas à Damien (Inc. : 'Hvéx^ rtoWax&dev...) précédée d'une
remarque explicative : la lettre fut oubliée par le copiste du
« volume premier » des œuvres de Palamas (fol. 1 : Aôyos ovros ix
rœv npàs 'AkIvSuvov avri.pprjri.Kwv cari, rov npârrov fiifiXlov SeVoroç "
iirel Se ovk iypd<f>r) tls rov avrov rônov iv rots /îijSÀi'oiç eKelvoiç,
■npooerédr) ivravda). Or, le Coisl. 98, qui fait partie de la collec
tion actuelle, comporte la lettre à Damien (ff. i96v-204). Par
contre, le Paris, gr. 1238, autre manuscrit du XVe siècle, omet
la lettre à sa place habituelle. C'est donc le Paris, gr. 1238 ou un
homologue, et non le Coisl. 98, qui faisait originairement partie
de la collection.
Le Coisl. 100 (anc. 261) qui seul nous intéresse aujourd'hui
est un volume de grand format (298' x 221 mm.) en papier,
comportant 1 + 342 feuillets de 31 lignes. La reliure porte le
chiffre de Charles X. Montfaucon, dans sa Bibliotheca Coisliniana,
a minutieusement reproduit les titres des ouvrages qui s'y trou
vent a et Mgr Devreesse en a donné une description détaillée à
laquelle nous nous sommes déjà référés. Nous avons reproduit,
en marge, la foliation de ce manuscrit connu et facilement acces
sible.
Dernier manuscrit important, le Bodleianus Laudianus 87
(anc. 637), également du XVe siècle, est un recueil du même type
que la série des Coisliniani, mais moins complet et ne compor
tant qu'un seul volume de grand format en papier d'une écriture
fine, mais soignée, disposée en deux colonnes, sur 452 feuillets.
1 Robert Devreesse, Le fonds Coislin, Paris, 1945, p. 86-90. Syropoulos est
l'auteur d'une Histoire du Concile de Florence et recopia plusieurs manuscrits
de contenu patristique ou antilatin (M. Vogel-V. Gardthausen, op. cit.,
P- 398-399)-
» PG, CL, 833-838.
INTRODUCTION XLIX

Il contient, en plus des Triades et des lettres, la plupart des


écrits de Palamas rédigés entre 1341 et 1347 *• ^ appartient
à la même famille que le Vaticanus (voir notamment l'omission
qui leur est commune dans Tr. III, 2, 4, page 649, lignes 16-19),
sans en être une copie directe.
A côté de ces quatre manuscrits principaux, qui permettent de
reconstituer un texte certainement correct, les autres n'ont qu'une
importance réduite.
Le Parisinus gr. 2381 est une copie incomplète, du XVe siècle.
Il s'agit d'un recueil de 109 feuillets en papier, comprenant
surtout des traités d'astronomie et, parmi ces derniers, ceux de
Barlaam (ff. 13-35). Comme pour s'excuser de présenter les écrits
de l'hérétique condamné, le copiste les a fait suivre par les
KetdXaia de Palamas (ff. 35v-4i) 2 et par Tr. I, 2 et 3 (ff. 4iv-4Ôv).
L'écriture du recueil est très fine, difficilement lisible, et elle
devient encore plus fine lorsque le scribe recopie Palamas.
Il existe également trois copies des Triades datant du XVIe
siècle :
YAtheniensis Bibl. Nat. 2092, ff. 86-212.
le Mosq. Synod. 249, ff. 6iT-i46.
le Metoch. S. Crucis 421, ff. 30-40 (Tr. I, 1-2 seulement).
Il nous a paru inutile de surcharger l'apparat critique avec les
fautes des copistes postérieurs et nous nous sommes limité à faire
photographier le texte de Tr. I, 2 dans \'Atheniensis. Ce traité est
donc accompagné dans notre édition d'un apparat plus important
que les autres, d'autant plus que nous y indiquons également les
variantes de l'édition de la Philocalie, reproduite dans Migne (nous
donnons dans la marge les références aux colonnes de la Patrolo-
gie), et aussi celles du Parisinus gr. 2381. On aura ainsi devant
les yeux quelques exemples d'erreurs des manuscrits tardifs.
Le texte des Triades se trouve enfin dans le Lavra 1945, ff. 36-
145, que le grand logothète Nicolas Maurocordatos a fait recopier
en 1708. C'est d'après ce manuscrit que Porphyre Uspenskij
a publié quelques brefs passages des Triades parmi les documents
qui servent d'appendice à l'édition posthume de son Histoire de

'Voir le catalogue de Coxe, t. I, p. 571-575-


•Édités (d'après la Philocalie) dans PG, CL, 1121-1226.
L GRÉGOIRE PALAMAS

l'Athos : il s'agit de textes tirés de Tr. II, 1, de Tr. III, 1 et de Tr.


III, 2. Nous indiquons également les variantes de cette édition x.
L'établissement du texte des Triades doit beaucoup au con
cours de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, dont
les collaborateurs, surtout Monsieur l'abbé Marcel Richard,
m'ont donné la possibilité de me procurer les microfilms de
plusieurs manuscrits se trouvant à l'étranger.
Je tiens à exprimer ici ma reconnaissance à tous ceux qui
m'ont aidé par leurs conseils ou leurs critiques, notamment
MM. Rodolphe Guilland, Maurice de Gandillac, Paul Lemerle,
professeurs à la Sorbonne, Alphonse Dain, Doyen de la Faculté
des Lettres à l'Institut Catholique de Paris et Directeur d'études
à l'École des Hautes Études, qui ne m'ont pas ménagé leurs
remarques sur la présentation du texte grec et la traduction, le R.
P. Cyprien Kern, professeur à l'Institut de Théologie orthodoxe de
Paris, dont les leçons et l'exemple ont éveillé en moi l'intérêt
pour les études palamites et; tout particulièrement, M. Jean
Humbert, professeur à la Sorbonne, qui a bien voulu revoir inté
gralement les épreuves et vérifier l'ensemble de ma traduction.
C'est également avec le sentiment d'une gratitude particulière
que je mentionne ici le nom de M. André Grabar, professeur
au Collège de France et membre de l'Institut, dont l'appui cons
tant m'a permis de mener à bien ce travail.
Les travaux ingrats de dactylographie et de correction m'ont
été grandement facilités par le concours de mon ami Jean-Marie
Arnould et, surtout, de ma femme ; je leur en exprime ici ma
reconnaissance affectueuse.
Je tiens enfin à remercier la Direction du Spicilegium Sacrum
Lovaniense : en acceptant de publier l'œuvre du grand théologien
byzantin, elle a contribué à l'œuvre de l'Unité chrétienne, cette
Unité qui, nous en sommes persuadés, ne pourra se réaliser sans
un long effort commun pour rendre plus objective la connais
sance mutuelle entre l'Orient et l'Occident. Le soin minutieux et
la compétence exceptionnelle avec lesquels le R. P. Charles
Martin a pris sur lui de corriger l'ensemble des épreuves con
tribuent dans une large mesure à la qualité de la publication.
Je lui en exprime toute ma reconnaissance.
1 Istorija Afona, III, Afon monaUskij, deuxième section, Opravdanija, édit.
posthume par P. A. Syrku, Saint-Pétersbourg, 1892, p. 688-691.
Préface pour la seconde édition

L'année 1959, date de la première édition des Triades de


Palamas, et aussi celle de notre Introduction à l'étude de Grégoire
Palamas (Paris, Éditions du Seuil), marqua le 600e anniversaire
de la mort du grand théologien byzantin. Les années suivantes
virent une remarquable recrudescence d'intérêt pour l'histoire
de l'hésychasme et le contenu des controverses du XIVe siècle.

En 1962, sous la direction générale du professeur Panaghiotes


Khrestou et avec la collaboration d'une équipe de savants grecs
et étrangers, le premier volume d'une collection complète des
écrits de Palamas fut publié à Thessalonique. Nous avons nous-
même participé à cette publication avec l'édition des lettres de
Palamas à Akindynos et à Barlaam. Le texte des Triades était
lui aussi inclus dans ce même volume. L'éditeur s'est servi des
mêmes manuscrits, a préservé la division en paragraphes que
nous avions adoptée dans notre editio princeps et a reproduit
nos références scripturaires et patristiques. Il n'y a donc pas de
différence substantielle entre le texte de l'édition Khrestou et le
nôtre.

Deux autres volumes des œuvres de Palamas (iprjyop/ou rov


77aAa/ià ZvyypdfiftaTa) ont paru depuis lors à Thessalonique.
Nous nous référons à cette collection dans les notes en utilisant
le sigle 112.

Plusieurs additions bibliographiques, quelques références


patristiques nouvelles et la correction de quelques passages de
la traduction, suggérée par nos critiques, nous ont paru suffi
santes pour mettre à jour cette seconde édition de notre texte des
Triades.
Jean Meyendorff
Crestwood, New York
le 15 janvier 1973.
TEXTES
SlGLES USITÉS DANS L'APPARAT CRITIQUE

C — Coislinianus ioo.
V = Vaticanus gr. 1711.
S = Sinaiticus gr. 1671.
L = Bodleianus Laudianus 87.
P = Parisinus gr. 2381.
A = Atheniensis 2092.
Mi = Patrologie grecque de Migne (t. CL, 1101-1118).
Usp = Fragments de Porphyre Uspenskij.
PREMIÈRE QUESTION

On accuse les moi- J'ai entendu dire par certains que les
nés d'ignorance. moines devaient eux aussi rechercher la
pon re sagesse profane, car, sans elle, ils ne
peuvent être délivrés de l'ignorance 1 et des fausses croyances ;
que même en parvenant à l'impassibilité la plus grande, on ne
peut acquérir la perfection et la sainteté, à moins de recueillir de
partout le savoir, celui surtout de l'éducation hellénique ; car elle
aussi est un don de Dieu a, au même titre que les dons accor
dés par révélation aux prophètes et aux apôtres. Grâce à elle,
l'âme acquiert la connaissance des êtres qui enrichit la
faculté cognoscive — puissance supérieure de l'âme —, chasse
de l'âme toutes les autres choses mauvaises (car les passions
naissent de l'ignorance et par elle se fortifient) et amène
l'homme à la connaissance de Dieu ; il n'est pas possible,
en effet, de connaître Dieu autrement que par l'intermé
diaire de ses créatures. En les entendant parler ainsi, je ne fus
aucunement convaincu, car ma petite expérience de la vie mo
nastique me montrait juste le contraire ; je ne pus pourtant me
défendre, car ils parlent fièrement : Non seulement nous nous oc
cupons des mystères de la nature, nous mesurons l'évolution céleste,
nous étudions les mouvements opposés des étoiles, leurs conjonctions,
leurs phases et leurs levers, nous recherchons les conséquences qui en
découlent et nous sommes fiers de cela, mais encore, puisque les rai
sons de ces phénomènes se trouvent dans l'Intelligence divine, pre
mière et créatrice, tandis que les images de ces raisons existent dans

1 Pour Évagre et la tradition spirituelle, dont s. Maxime fut l'un des repré
sentants, Yâyvoia opposée à la yvwais est un état de vide spirituel et intellectuel
que seule la çrâce peut combler (voir infra, Tr. I, 3, 3). Pour les humanistes
byzantins, adversaires des moines, yvûois désigne uniquement un savoir intel
lectuel.
» Barlaam, Epist. III 'ad Palamam (édit. Schirô, p. 290-291) : Sotfci'crqs
aiÎToîç (les philosophes profanes) napà 0tov oo<j>las. Cfr les textes de Barlaam
cités plus bas par Palamas, Tr. II, 1, 11, 25, 37.
[rPHropioY
TOY MAKAPIQTATOY 'APXIEniZKOITOY 6EZZAA0NIKHZ
TA T1P02 TON BAPAAAM ZYrrPAMMATA]

'EPQTHEIE nPQTH Coisl. 100


||f. 103»

'EneiS-q tlvoiv rJKOvcra Xeyàvratv 8eîv p.eTa8t,œKetv tt)v 5


eÇco o~o<f>iav Kal tovs p.ovd£ovras, ojs dvev ravrrjç ovk èvov
ayvoiaç Kai ipev8â>v dTraXXayijvai 8o£aop.dTœv, kov els
anâdeiav axfuKTjrai tiç aKpav, ov8è reXeœTrjTos re Kal àyioTT)-
tos iTTiXafiéadat., et p.rj navraxôdev to el8évai ovXXé^ei, p,dXco—
ra 8è -rijs kcl6' "EWrjvas TraiSei'a?, &eov yàp Kal clvtt) 8œpov, 10
TÛ>v Trpo<f>rJTais Kal àTToarôXotç Si' diroKaXvipeoJS 8e8op,éva>v
âfioluts, Kal yvâjois 81' avTi)ç tôjv ovtojv rrj tfivxfj TrpoayiveTai
Kal to yvatoTiKÔv , KpeÎTTOv ov ànacrwv tùjv rrjç *fiv)(i}s 8vvd-
ficwv, Koop.eî, irâodv Te ÔXXtjv KaKiav iÇoplÇci ttjs 'pvx'fjs,
Kai yap ttôv Trddoç i£ dyvoîas <j>veTaL Te Kal Kparvverai, 15
âAAà Kal els ttjv tov @eov yvcboiv Tro8fjyeî tov dvBpuynov '
dXXws yàp ovk évi yvâjvai tov 0eov et p,-r) Sià twv avTOV
KTiap.aTO>v ' iiT€i8rj tout' TJKOvoa Xeyôvrojv, rJKiOTa pèv èireia-
6rjv, ttjs piKpâs iv T7) p.ovaxiKfj TToXiTeia poi neipas nâv
Toùvavrlov Trpo8ei£dor)s, dTToXoy-qaaodai Se rrpoç avrovç ovk 20
èSwTjdrjv, ènel Kal Xôyov viprjXÔTepôv riva (f>aolv ojs « oi>x
» àTrXœs r-^ç tc <pvaews TroXvTTpayp.ovovp.ev rà p.voTrjpia Kal
» tov ovpavov KaTap.eTpovp.ev kvkXov Kal ràç dvTt.TeTayp.evas
» twv âorptov Kivrjoeis èpevvœp.eda, ovvôSovs Te Kal àTToenà-
» aeis Kal imToXàs ràç tovtojv, Kal rà e/c tovtojv ovp.f$at- 25
» vovTa 0r)pojp.eda Kal péya <f>povovp,ev eVî tovtois, dXX' eTrei
» tovtojv p.èv ol Xôyoi iv toj deloj Kai TrpojTOj Kai 5r)p,iovpyiKÔ>

CVSL
X TlT. : sic V ; ait. man. add. tov iv âyiots irorpôs 17/iûi' «ai viov ffroXoyov V |
27 S-qptovpytKœ : &7}f.uovpyi7> L.
6 GRÉGOIRE PALAMAS

notre âme, nous nous hâtons de connaître ces raisons et de nous


débarrasser des signes de l'ignorance par les méthodes de la dis
tinction, du raisonnement et de l'analyse 1 ; nous voulons ainsi,
en restant vivants ou morts, être à la ressemblance du Créateur.
Je me suis senti incapable de répondre à ces choses ; j'ai donc
gardé alors le silence devant eux ; mais aujourd'hui, je te de
mande, Père, de m'enseigner ce que je dois dire pour défendre la
vérité, pour que je sois prêt, suivant l'Apôtre, à répondre de
notre espérance *.

1 Cfr Barlaam, Epist. I, ad Palamam (ibid., p. 262) ; Epist. III, ad eodem


(ibid., p 287-288).
• I Pierre, III, 15.
TRIADE I, QUESTION 7

» vcp, twv 8* èv iicelvui Xoyœv al eiKoves iveiat rfj tcad' r/p,âs


* foxV' tovtcov oôv èv èmyvœoei (nrev8op,€v yevécrdai Kal Siai-
» pcTLKaîs Kal crvXXoyicmKaîs Kal àvaXvTiKaîç p,e068ois tûv
» Trjs àyvolas êatrrovs tvttidv à7raXXd£ai. Kal ovrat KaB*
» âfioîwoiv, ^œvrés re Kal fiera dâvarov, elvai tov noujcravroç», 5
èircl oZv TTpos ravra ov\ iKavos elvat àvreiireîv èvôyaaa,
auo7rqaas v-poç èKelvovs totc, -napà aov vvv à^iw, -nârep,
O&ayQrjvai tovs virèp ttjs àXrjdelaç Xôyovs, ù>s « êroip,os
» yevolfirjv » Karà tov àrrôoToXov « SiSoi'tu Xôyov vepl ttjs
èv rjp.lv iXir&os »• 10

CVSL
DU TRÈS BIENHEUREUX ARCHEVÊQUE DE THESSALONIQUE
GRÉGOIRE
PREMIER TRAITÉ DE LA PREMIÈRE SÉRIE
POUR LA DÉFENSE DES SAINTS HÉSYCHASTES
DÉFINITION DES NORMES ET DES LIMITES DANS LESQUELLES
IL EST UTILE DE S'ADONNER AUX ÉTUDES

PREMIÈRE RÉPONSE

La sagesse des phi- 1 . — Frère ! Suivant le mot de l'Apôtre,


losophes n'est que # est bon d'affermir son cœur par la
grâce1, mais par la parole comment
pourrait-on exprimer le Bien qui est au-dessus de la parole ?
Il te faut donc, même en ces circonstances, rendre grâces à
Dieu, car il t'a conféré cette grâce qui ne vient même pas à
l'esprit de ceux qui pensent tout savoir dans la profusion de leur
sagesse. Même si tu ne peux leur répondre, tout en sachant
qu'ils ne connaissent pas la vérité, tu as tort d'en éprouver du
chagrin. Ta conviction à toi se fonde sur l'expérience : tu resteras
donc absolument et pour toujours ferme et immuable, ayant
constamment pour te soutenir le fondement de la vérité. Quant
à ceux qui s'appuient sur les démonstrations logiques, ils change
ront certainement d'avis, même si aujourd'hui tu n'es pour rien
à ce changement. Car « toute parole conteste une autre parole » 2 ;
elle est évidemment elle-même un objet de contestation et il est
impossible de découvrir la parole qui l'emporte finalement,
étant assurée de ne pas être renversée elle-même. Et les Hel
lènes l'ont bien montré, ainsi que les sages qui suivent leur
enseignement, en se réfutant perpétuellement l'un l'autre et
se laissant mutuellement réfuter par l'apparence d'une supé
riorité de démonstration verbale.

1 Hébr., XIII, 9.
* Proverbe (?) fréquemment employé par Palamas (cfr Tr. I, 2, quest.
Tr, I, 3, 13).
TOY MAKAPIQTATOY 'APXIEniZKOnOY 9EZZAA0NIKHZ
rPHropiOY
AOTOZ •YIIEP TQN 'IEPQZ 'HZYXAZONTQN,
TQN IIPOTEPQN 'O IIPQTOZ-
KATA 77 KAI MEXP1 TINOZ AYZITEAHZ 'H I1EPI AOTOYZ 5
TPIBH

'AnOKPIZIZ IIPQTH

1. yA8eX<f>i, « kclXov xa/HTi fiefiavovodat. tï]v KapSlav»,


àvoaroXiKws eiTreîv, Xoyu) 8e irâts àv èvSelÇaiTO tiç tÔ vnèp
\6yov àyadôv ; Xprj toIvvv koI Karà || toûto oe ^apiras' 1° I f• io4 r
ôfjioXoycîv 0€tt> X<*PLV TrapacrxovTi touwttjv fj toîj rà rrâvra
olofiévois clSévai TrepiovoLq. oo<f>laç ov8' inl vovv épurai.
Kàv fir/ tovtois àvriXéyetv €XJ)S, kcUtoi tt}s àXrjdeîas p-rj
KaraoToxo-^op-évovs €i8a>s, 8vo~x€paiv€iv ov Set. Ev p.kv yàp
epyip 1T€7T€l<jp,évOS, Tt6.VTT\ T€ Koï irdvTWS €IS TO 8irjV€K€S- èarq- 15
piyp.évoç çoji kolI aTreplrpeirros, p.6vip.ov êxo>v irapà creavrw
tt)v rfjç àXrjdeîas Ï8pvaiv. 01 8è XoyiKaîs aTroSelÇeaiv ève-
pei86p.cvot TrepiTpaTTrjaovrai. irdvrios, kov p.r) vvv tmô aov '
kcll yàp €X6yw iraXaUi iras Xôyoç », 87]Xa8rj Kal àvmraXaC-
erat, Kal tov viKtovra Xôyov Sià réXovs evpeîv àp,rfxavovi 20
d)S elvai ttjç oÎKclas 17TT17? àve'AmSa' koI tout' eSei^cw
'EXXrjvwv 7raî8es Kal ol ko.t ckcivovs <jo<J>oI, KpeLrrovi tw
8okcîv 8el^€t Xôyov 8i7]veKÔ>s àXXrjXovs àvarpéirovres Kal vit'
àXXrjXœv àvaTp€7rop,evoi.

CVSL

1-2 tov avrov V | tov iv àyîoLS irarpos *iilwv Vpi\yoplov âp^iemaKOTrov Seaaa-
XovIktjs S H 3 Xoyos om. S | 7 airôrcptois irputry) in marg. S.
10 GRÉGOIRE PALAMAS

Elle n'est pas la 2- — D°nc> tu auras, à mon avis, suf-


sagesse de Dieu. fisamment et convenablement répondu à
ceux qui, toute leur vie, s'intéressent aux
philosophies profanes, à ceux qui recherchent la connaissance
dans l'éducation du dehors et qui en font un tel éloge, si tu leur
dis simplement : « Mes excellents amis, vous ne vous procurerez
pas ainsi plus de connaissance que d'ignorance ». Ceux qui recher
chent la gloire humaine et font tout pour l'acquérir obtiennent
plutôt du déshonneur que de la gloire, puisqu'on ne peut plaire
à tout le monde ; ainsi ceux qui recherchent la connaissance
auprès des sages du dehors recueillent, comme ces sages le disent
eux-mêmes 1, plus d'ignorance que de connaissance, car les opi
nions diffèrent et se combattent, et chacune a plus d'adversaires
que de partisans. Et ne serait-ce pas une grande faute de croire
que l'un de ces sages puisse découvrir les « raisons » qui se trou
vent dans l'Intelligence créatrice ? Qui a connu l'intelligence du
Seigneur ? demande en effet l'Apôtre *. Et à défaut de ces « rai
sons », la sagesse profane ne permettra de retrouver aucune de
leurs images dans l'âme. La connaissance qui prétend rechercher
d'après cette sagesse ce qui est à l'image de Dieu, est donc une
fausse connaissance. En l'acquérant, l'âme ne devient donc aucu
nement semblable à la Vérité-en-soi ; cette connaissance ne peut la
conduire à la vérité et la jactance de ceux qui se flattent de la
posséder, est donc futile. Qu'ils écoutent Paul, qui appelle char
nelle la sagesse du dehors * et qui parle de la connaissance qui
enfle * comme d'une intelligence de la chair 5. Comment la sagesse
de la chair donnerait-elle l'image (divine) à l'âme ? Considérez, dit-
il, que parmi nous qui avons été appelés, Un'y a ni beaucoup de sages
selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles *.

1 D'après Barlaam, le mérite principal des philosophes grecs avait été d'af
firmer l'inconnaissabilité de Dieu, et, par conséquent, de définir les limites de
la connaissance humaine. Voir Epist. III, ad Palamam (édit. Schirô, pp. 298, 299) .
• Rom., XI, 34.
« // Cor., I, 12.
« / Cor., VIII, 1.
• Col., II, 18.
• / Cor.. I, 26.
TRIADE I, 1, 3 II

2. ITpos ovv tovs eKelvois Trpooéxovras Stà jStou Kal


Orjpiofiévovç yvcôaiv e/c rfjs %$<*> naiSelas Kal ravrqv èirl
tocovtov €yKiop.iât,ovras raxh etncov, airoxpwvrojs re /cai
vpcTTÔvrws, êfioi ye Sokcîv, cpeîs <ôs « où p.â\Xov yvœaiv fj
» àyvwcrlav ck tovtcov vpXv avrots rrcpuro teîaOe, c5 fJéXrur- 5
» toi ». Kadânep yàp ol rfjs trap avdpwncov icfiiéfievoi 86£tjs
Kal irôvd* \rnkp avrfjs irpârTOvres à8oÇias p.âXXov rj SôÇrjç
€7riTvy)(a.vovcnv , eTreincp âAAotç aAAa àpéoKei, tov avrov
rpôirov Kal ol rrapà rwv e£a> ao<f>wv rqv yvœaiv dr/pwp.fvot,
p,5XXov âyvwalav, Kar' avrovs eKelvovs, 77 yvwaiv KapiroUvrai ' 10
8ta<f>épovo~(. yàp àXXrjXaiv al So^at Kal 8ia<f>4povrai npos àXXfj-
Aay Kal ol àvTtKetp.€voi TrAeiou? tô>v op,oXoyovvrœv €Kdo~rrj.
To 8è Tncrrevetv €vpr]K€vat riva tovto)v 8wr]dfjvai tovs èv rôt
h-qp.Lovpyi.KU) vâ> Xôyovs, p.rj Kal Xlav 7rXr)p.p,€\ès fj ', « Tls
» yàp eyvœ vovv Kvplov,'» <p-qalv 6 'AirôaroXos ' €t 8è pjq »5
tovtovs, ovhe ràç cv rf\ iftvxfi tovtojv etKÔvas ck rfjs éfco
GO(f>las awiSeîv iart. x¥*v8oyv<ooLa roiwv iarlv rj €K ravrqs
rfjs ao<f>las to Kar' ciKova Oelav Qr\puip\€\rq yvâiais. Ovkow
ovk eoTai 8i' avrqv rfj avToaXrjdela ip,<f>€prjs r) ravrqv i\ovoa
ipvxH, àAA' ov8è rroh-qyoÎTo âv irpos rqv àXrjOeiav ck Tavrqs, 2°
Kal r) Kavxrjots Xoittov /xaraia tûv ctt' avrrj rovrov ye êvcKa
aep.vvvop.évayv. ''AKovirœaav TlavXov « aapKiKr/v ao<f>lav »
koXovvtos ttjv dvpadev, ôs Kal « vovv oapKos » Xéyei rqv
<f <f>voiovoav yvtôaiv ». H toivvv rfjs aapKos o~o<f>ta, ttws
rfj ifivxjj to Kar' ei/côVa TrapiÇtTai ; « BXéireré » (prjai « rrjv 25
» KXrjcnv rjp.wv ' ov iroXXol oo<f>ol Karà aâpKa, ov noXXol
» Svvarol, ov voXXol ciîyeveîç»' tiç ovv r) rfjs aapKos || [ f io4 »
evyéveia. re Kal 8vvap.is rfjv fpv\i]v ovk €v8vvap,u)crei€v âv ov8'
itjevyevlcreicv, ovrws ov8' r) rfjs crapKos o-o<f>la ao(f>rjv àirepyâ-
aerat rqv 8iâvoiav. Kal ovrœs àp\V oo<f>las yvtôvai oo<j>lav, 3°
âloTC SicActrôai Kal npoeXéodai rfjs xati€P7ro^s Ka* Yr)^vVs
Kal àvovqTOV rqv peyaXaxpçXrj Kal ovpaviav Kal m>€vp.aTi.-

CVSL
12 GRÉGOIRE PALAMAS

La noblesse et la puissance de la chair ne peuvent rendre l'âme


puissante ou noble ; la sagesse de la chair ne donnera donc, elle
non plus, aucune sagesse à notre intellect. Et, en effet, le début
de la sagesse, c'est d'être suffisamment sage pour distinguer et
pour préférer à une sagesse basse, terrestre et vaine, celle qui
est vraiment utile, céleste et spirituelle, celle qui provient de
Dieu et conduit vers lui et qui rend conformes à Dieu ceux qui
l'acquièrent.

Puissance malé- 3. — Cependant, comme ces gens le


fique du péché. reconnaissent eux aussi, nous possédons à
l'intérieur de nous-mêmes les images des
« raisons » qui sont dans l'Intelligence créatrice ; mais qu'est-ce
qui, dès le début, rend ces images méconnaissables ? N'est-ce pas
le péché et aussi l'ignorance ou le mépris des commandements ?
Pourquoi avons-nous besoin d'un enseignement pour voir ces
images bien qu'elles soient inscrites en nous-mêmes ? N'est-ce pas
parce que la partie passionnée de l'âme, s'étant soulevée pour
faire le mal, les a corrompues ? N'est-ce pas parce qu'elle a boule
versé la capacité visuelle de l'âme et l'a éloignée de la beauté pri
mitive ? C'est donc à cela que l'on doit veiller avant tout, si l'on
veut garder intacte l'image (divine) et la connaissance de la
vérité : s'écarter du péché, connaître la loi des commandements en
les accomplissant, persister dans toutes les vertus et revenir à
Dieu par la prière et la véritable contemplation. Car sans la
pureté, même si tu étudies toute la philosophie naturelle depuis
Adam jusqu'à la fin, tu n'en seras pas moins fou et non sage. Pour
tant, même en étant privé de cette philosophie naturelle, à condi
tion de purifier et de dépouiller ton âme des mœurs et des doctri
nes mauvaises, tu acquerras la sagesse de Dieu qui a vaincu le
monde et tu entreras joyeux dans l'éternité avec Dieu, le seul
sage 1. Ces doctrines que j'ai mentionnées ne concernent pas la
grandeur et le mouvement du ciel et des corps célestes, ni les
conséquences qui en résultent, ni la terre et ce qui l'entoure, ni
les métaux et les pierres brillantes qui se conservent dans ses
entrailles, ni les phénomènes se produisant dans l'air à la suite

» Rom., XVI, 27.


TRIADE I, 1, 2-3 13

KTfv kclI irapà 0eov kclI npos Seàv èpxop.€vr)v Kal Oeâ) tovç
icrqaafiévovç ovp.p.6p<f>ovs àTroSeiKvvarav.

3. Ov p,r)v àXX' €77€i, Kadârrep KaKeîvoi Xéyovoi, rœv


iv tô» 8r)p.i.ovpyiKâ> vu Xoyœv al eiKoves iv tj/lûv elcri, tl to
ravras ttjv àpx*lv à^peitôo-av ràs ei/covaç/ Ov^ 17 â/za/ma 5
Kal 17 tov 7rpaKT€ov eïre âyvoia, cire Trepi<f>p6vr]ois ', Atari
fii) à8i8a.KTa>s ivopcop.ev Tairras, iv rjp.lv avroîs ovcras iv-
T€TVTTOjp,€VaS ,' Oi)( OTl TO TTaOrjTlKOV p,€pOS TTjS ^X^
KaKtos inavaorâv, aura? re Siiorpeifie Kal to SiopariKOV
avrrjs crvv€X^€ Kal fiaKpàv iirolrjoe rrjs àp^ervirov koXXovtjs ; 10
OvKOVV TOVTOV TTaVTOÇ flâXXoV €7Tip,€\r)T€OV Kal TTJÇ àfXOp-
rlas à<f>€KT€ov Kal tov vêpov tcôv ivroXcov 8ià npdÇcœs àvayvcoa-
riov Kal àperfjs nâor/ç àvQeKréov Kal 81' ev^s Kal décu
plas àXrjdovs itraviriov npoç Qeôv, tov jSouÀo/ievov to re
KaT eiKova oœv Kal ttjv àXrjdoyvooalav o~%eîv. KadapôrqTos >5
yàp aveu, ko.v p-âdr/ç ttjv àiro 'ASàp, p.ixPl owrcXelas <f>v-
aïKrjv <f>iXoao<f>lav , p.u>pos ovSèv JJttov otl p/q Kal p.âXXov
earj 77 oo<f>6s ' iKclvr/ç Se aveu, Kadapdelç koI tcôv Trovqpoov
r/dcov Kal hoyp,aTOJV a7raWd(jas ttjv \\svyr\v, ttjv viKÔiaav
tov Koop.ov tov 0eov ao<f>lav KTijarj Kai « tô> /xova» ao(f>â> 20
» &eâ> » ovvSiaiojvloeis àyaXX6p,evos. Aoyp.6.Toyv Se Aeya»,
où tcDv 7T€pl p.cyédovs Kal Kivrjoecos ovpavov Kal tcov KaT1
ovpavov oojp.a.Tcov Kal 60a Sià raûra ylverat, ov8è yrjç Kal
tcùv Trepi yfjv Kai tcôv ivTedrjaavpio'p.évcûv TavTjj p.€TdXXojv
Kal Xidcov Siavywv, ovbè twv ck ttjç SnrXrjs àvadvp.ià'crecos 25

CVSL
I Kai posl 8eov om. S || 21 koX post ovv&taiioviofis add. C || 24 XapTrpwv posl
TaiÎTjj add. VS.
14 GRÉGOIRE PALAMAS

d'un souffle double. Car c'est là une hérésie hellénique que de


concentrer tout son zèle et son intérêt sur ceux qui recherchent
la science de telles choses. Ce sont tous ces Stoïciens, en effet, qui
définissent la science comme le but de la contemplation.

Éducation profane 4- — Et voici qu'aujourd'hui, comme


et vie chrétienne, tu nous le rapportes, certains hommes
méprisent le but proposé aux chrétiens
sous prétexte qu'il est trop modeste : les biens indicibles
qui nous ont été promis pour le siècle à venir ! N'ayant pour
connaissance que la science expérimentale, ils l'introduisent
dans l'Église de ceux qui pratiquent la sagesse du Christ. Ceux
qui ne possèdent pas de connaissances scientifiques, déclarent-
ils, sont des ignorants et des êtres imparfaits : tous doivent
s'adonner totalement aux études helléniques, négliger les doc
trines évangéliques (ces dernières, en effet, ne dépouillent aucu
nement de l'ignorance de leurs sciences) et s'éloigner, en s'en
moquant, de Celui qui dit : Devenez parfaits 1, Si l'on est en
Christ on est parfait 2, et Nous prêchons parmi les parfaits 3,
parce qu'il ignore absolument ces sciences. Quant à moi, je
n'avais pas en vue le dépouillement qui débarrasse de cette
ignorance profane, lorsque j 'ai parlé de pureté salutaire ; je
sais, en effet, qu'il y a une ignorance irréprochable et une con
naissance blâmable. Ce n'est donc pas en te dépouillant de cette
ignorance-là, mais en te dépouillant de l'ignorance concernant
Dieu et les dogmes divins, ignorance que nos théologiens ont
interdite, c'est en rendant tout ton genre de vie meilleur, confor
mément aux règles prescrites par ces théologiens, que tu seras
rempli de la sagesse de Dieu et deviendras réellement image et
ressemblance de Dieu ; tu auras atteint la perfection par le seul
accomplissement des commandements évangéliques. Denys,
l'interprète de la Hiérarchie ecclésiastique, l'a lui aussi clairement
déclaré conformément à la doctrine de cette Hiérarchie ; il dit :
L'assimilation et l'union à Dieu, comme nous l'enseignent les

1 I Cor., XIV, 20 ; cfr Matth., V, 48.


• Cfr Philipp., III, 14.15 ; Col., I, 28.
• J Cor.. II, 6.
TRIADE I, 1, 3-4 15

Karà tov àépa crvp.f}aiv6vTwv. IJpos yàp ttjv èiriœrrffn)v twv


toiovtwv fiXéirovTas irâaav àirevdvveiv ottovStJv tc #cai £77x77-
otv alpcols icmv êXX-rjviKTJ. 01 yàp StwïkoI navres réXos
ttjs dewplas ttjv €-nioTr)pvr]v ôplÇovrat.

4. Nvv 8rj riveç, ws ov <f>rjs, tov toÎs xpumavoîs npoKeifiévov 5


tcXovs, twv èirrjyyeXp.€Vwv rjpûv eVi tov uéXXovros alwvos
àpprjTwv àyadwv, ois iXaxlorov TTepi<f>povrfo-avT€S Kai ttjv eVi-
arqp,r]v els yvwaiv p.eTaXa^6vT€S, tJ\ twv Karà XpiOTOV <piXo-
oo<f>ovvrwv irreiadyovaiv 'EKKÀrjola. Tovs yàp ovk elSoTaç ràs
p.a6j)p,a.TU<às iirtcrrqp.as dvdyvovs diro^alvovrai || Kai àreAeî?, 10 \ f- 105?
ivTivdev 8 àvayicrj navras, t<3v p.ev iXXrjviKwv àirpi£ àvr-
éxeodai fxad-qp.dTwv, rœv 8* e vayycXikwv KaToXiywptîv 81-
8ayp,aTOjv — Trap' avTwv yàp oÙScVotc yivoiT àv Ttjs Ttov
KaT avrovs èinoTTip,â>v àyvolas à7TaXXayTJ — Kai tov Xé-
yovros « ylveade réXeioi » Kai « ci ris èv Xpiorw tcXcios » Kai 15
« 17/xeîs 8è XaXovfiev iv toîs TcÀeioi? » KaTap.wKwp.4vovs
àvaxojpeîv, ws direlpov "navràiraoïv cttiott^i^ç roiavrqs.
Où ravrrjs oSv iyœ ttjs àyvolas àTraXXayrjv vrroTi.6efi.evos,
KadapoTTjTa crwnjpiov c#caAeaa ravrrjv ' oî8a yap Kai àvéy-
kXt)tov àyvoiav Kai yvwaiv èyKtKXrfftéirqv ' ovkovv Tavrrjs, 2°
àAAà rfjs nepl ©eov Kai twv delwv 8oyp.d.Twv àyvoias a7raAAa-
yels, ôarrjv oi Kad* rjp.âs àTr-qyôpevoav OeoXàyoi, Kai irâv
tfdos Karà rà? aÙTcôv /JeAri titra? tnroô-qKas, yevrjor] Oeov
oo<f>las àvàirXeios, cIkwv ovtws ko.1 ôp.olwp.a ©eov, 8ià
p.6vr)s ttjs twv eiayyeXiKwv ivToXwv Trjp-qaews TtreXeo- 25
fiévos ' S Kai 6 rijs 'E k kXtjo laor iktjs lepap%las
\mo$r\Tï)s Aiovvoios Kar avrtjv àire^varo oatpws ' « 17
» yàp Trpos tov ©eov à<f>op.olwols Te ko.1 evwois, a>ç rà
» delà » (prjai « 8i8a<7K« Adyia, raïs twv oefiaopu,wTâTwv
» ivToXwv àyavrjaeai Kai Upovpyiais p.6vws rcAeÎTai ». 30
El 8' ovk àXrjôrjs ô Xôyos ovTos, àXX' €K ttjs eÇw nai-
Selas to KaT cîxôva tov âvBpwnov evpeîv Kai I8eîv Iotiv,

CVSL
l6 GRÉGOIRE PALAMAS

divines écritures, s'accomplissent uniquement par l'amour et


la sainte mise en pratique des très vénérables commandements 1.
Si ses paroles sont erronées, si l'homme peut retrouver et voir son
image (divine) par l'éducation profane, puisqu'elle transforme
pour le mieux les caractères et écarte de l'âme les ténèbres de
l'ignorance, les sages des Grecs seraient plus conformes à Dieu
et verraient mieux Dieu que les Pères d'avant la Loi et que les
prophètes du temps de la Loi, dont la plupart ont été appelés à
cette dignité lorsqu'ils menaient une vie rustique ! Et Jean, le
plus haut sommet des prophètes 2, n'a-t-il pas passé toute sa vie
dans le désert, dès sa plus tendre enfance ? N'est-ce pas vers lui
que regardent, de toutes leurs forces, comme vers le premier
modèle, tous ceux qui abandonnent le monde ? Cela est absolu
ment évident. Et dans le désert, où étaient donc les écoles de
la futile philosophie que ces gens appellent salutaire ? Où étaient
les livres volumineux et ceux qui se consument durant leur vie
entière à les lire et à persuader les autres d'en faire autant ?
Trouve-t-on dans ces livres les règles de la vie solitaire et virgi
nale des saints ermites et un énoncé écrit de la lutte qu'ils ont
menée, pouvant inciter le lecteur à les imiter ?

La sagesse rendue 5- — Je laisse de côté celui <ïui fut


folle. le plus sublime parmi les enfants des
femmes 3. Monté à une si grande hauteur,
il ne s'est en rien soucié de cette éducation dont ils disent
qu'elle mène à Dieu, car il n'avait même pas lu les livres
sacrés ; je le laisse donc de côté. Mais comment Celui qui est
avant les siècles *, qui est apparu après lui, qui est venu dans
le monde pour témoigner de la vérité 6, pour renouveler l'image
et la faire remonter de nouveau à l'Archétype, pourquoi ne nous
a-t-il pas procuré ce retour par les méthodes profanes ? Pourquoi
n'a-t-il pas dit : « Si tu veux être parfait, acquiers l'éducation du
dehors, hâte-toi d'assimiler les sciences, procure-toi la science des

lDe eccles. hier., II (PG, III, 392 A).


* S. Jean-Baptiste.
» Matth., XI, 11 ; Luc, VII, 28.
« Cfr Jean, VIII, 58, etc.
« Jean, XVIII. 37.
TRIADE I, 1, 4-5 17

ws tovs xaPaKTVPas *7™ T° «pelrrov p,eTappv0p,i£,ovo-qs


Kal to okotos ttjs dyvolas èÇaipovo-qs rrjç if'VXJJS, ol ko.9'
"EXXrjvas crcxpoï deoeiSéorepoi âv efev Kal BeoTTTiKOJTepoi
r&v Ttpo vép.ov Trarépaiv Kal twv ev tô> vôpup Trpo<f>rjTevodv-
tcdv, (Lv ol nXeiovs i£ àypoïKiKov fiiov TTpos Tavrqv rfjv 5
àÇlav €K\rjdrjaav . 'Iœdwrjs 8e, rj twv 7Tpo<f>T]Twv varan)
Kopwvis, ovk ef âiraXwv ovvxwv eV èp-qp.las SieTe'Aei tov
jSt'ov àvvwv ; Ov Toivvv irpos ai)Tov ws rrpos dpxÎTvnov
àifiopwcnv €Kaaros ôircos e^ei SvvdpLews tuïv dnoTaTTop.€vwv
rû> KÔap.w ', Tlavri vov SijXov. IJov to'wvv eV €prjp.la oioaa- 10
KaXeîa ttjs p-aralas, ws S' avrol Xéyovai, owT7)plov <f>iXo-
ao<f>îas ,' IJov 7to\v7ttvxoi fjlftXoi Kal ol ravrais Btà filov
irpooTeTTjKOTes Kal tovs âXXovs 7tci,8ovt€s ', IJov 8e twv
filfiXwv tovtwv VTrodrJKai, filwv TOtovrwv èpr)p.iKWV re #cai
irapdeviKwv Kal àywv àvdypa-nTOS, irpos p.lp.r)oiv èiralpwv 15
tous èvTvyxdvovras ',

5. Kal Iva tovtov à<pû> tov « eV ycwrjToîs yvvaiKwv


» vtprjXÔTepov » w 7rp6s roaovrov viftos àva^e^rjKOTi rrjs,
<î)S avroi <f>aotv, ôSrjyovorjs irpos 0c6v iraiBelas ovSèv ep,éXr)0€,
Kal yàp ovb" Upaîs ovtos tVTtTVX7)** fil/iXois, "va toLvw 20
tovtov d<f>wp,ev, « o npo twv aiwvcov wv » Kai || p.€T avrov || f- 10511
<f>avels Kal 8ià tovto « èXOwv et? tov Koop.ov Iva p.apTvptfo"r)
» T77 àXrjQtla » Kal àvaKatvlor) to /car' eiKova Kal irpos to àpx*-
tvttov iTravaydyr] , ttws ov irapioxe ravr-qv ttjv 81a tô>v
e£w p.e068wv âvo8ov ,' IJws 8' ovk cittcv « et OéXeis Te'Aeioç 23
» elvat, Trjs é£a> 7rai8elaç eViAa^Soû, OTrevoov Trpos ttjv
» rtôf p.a0-r]p.dTU>v àvdXrjipiv, TTepnrotTjoai oeavTcp ttjv e7ri-
» OTrjp.rjv Ttôv ovtojv », aXXà « rà virapxovTa ttcÔXtjoov,
» SiaSoç tttwxoÎç, tov OTavpov dpov, aKoXovdeîv èp.ol npo-

CVSL
4 rôt ont. L II 20-21 toivvv tovtov : tovtov toIvuv L.
l8 GRÉGOIRE PALAMAS

êtres »? Et pourquoi a-t-il dit au contraire : Vends ce que tu pos


sèdes, donne-le aux pauvres 1, prends la croix, efforce-toi de me
suivre 2 ? Que n'a-t-il enseigné les rapports, les configurations,
les quantités, les phases et les conjonctions trompeuses des
planètes 3, que n'a-t-il résolu les difficultés des problèmes phy
siques, afin d'extirper de notre âme les ténèbres de l'ignorance ?
Pourquoi les disciples qu'il appelait étaient-ils des pêcheurs,
des illettrés, des rustres, et non des sages ? N'est-ce pas pour
confondre les sages du dehors comme le dit Paul * ? Pourrait-il
confondre ceux qui, d'après ces gens, nous conduisent à Lui ?
Pourquoi a-t-il rendu folle leur sagesse 5 ? Pourquoi, par la folie
de la prédication, a-t-il jugé bon de sauver les croyants 8 ? N'est-ce
pas parce que le monde n'a pas connu Dieu par la sagesse 7 ? Et
qu'est-ce qu'ils apprennent, ces gens dont tu parles ? Alors que le
Verbe de Dieu est venu dans la chair, Lui qui a été fait pour nous
Sagesse venant de Dieu 8, alors qu'a surgi la lumière qui éclaire tout
homme allant dans le monde ', alors que, suivant le chef des apôtres,
le jour est apparu et l'étoile du matin s'est levée dans nos cœurs 10
de croyants, ces gens ont besoin d'une mèche spéciale qui
les amène à la connaissance de Dieu à partir des philosophes
du dehors et ils conseillent aux autres hommes de se laisser
vieillir en vain, assis près d'une lampe fumante 11, en cessant de
se purifier dans la quiétude, par la domination des pensées,
et en abandonnant la prière ininterrompue qui nous élève vers
Dieu!

• Matth., XIX, ai.


• Cfr Matth., XVI, 24 ; Marc, VIII, 34 ; Luc, IX, 23.
• Barlaam avait publié plusieurs travaux d'astronomie. Cette science occupait
une place importante dans ce qu'on appelait • la Sagesse hellénique >.
« / Cor., I, 27.
• / Cor., I, 20.
• / Cor., I, 21.
» Ibid.
• / Cor., I, 30.
• Jean, I, 9.
*• II Pierre, I, 19.
u S. Jean Climaque recommande, au contraire, de ne pas se laisser vieillir
dans les études, Scala, XXVI (PG, LXXXVIII, 1017 A).
TRIADE I, 1, 5 19

» 6vfirjdr)Ti » ; I7â>s 8' ovk èhlhaÇev àvaXoylas kclI o~xf]p.a-


riop.ovs Kal TToaÔTrjTas Kal ràs iroXvrrXaveîs r<hv TTXavrjTOJv
àiroordaeis Te Kal <rvv68ovç Kal tcov <f>vaiKœv 7TpopXrjp.dTU)v
ràs àiropias SiéXvaev, <Ls àv àiro rqs r)p,€Tepas foxVS TO TVS
àyvoîaç okotos iÇéXTjrai ; Ti 8è ko.1 /xad^ràç àXieîç, dypap.p.d- 5
tous, àypoiKovs , àXXà fit) oo<f>ovs avveKÔXei Kal ravQ' « "va
» KaraicrxvvT) tovs ë£u> ao<f>ovs », ojs o IlavXés <f>rjat ; IJôjs
oSv Karaia)(vv€i tovs irpos avrov, œs outoi Xiyovaiv,
ôSrjyovvras ', Atari 8è ko! «ttjv ao<j>iav airrûv ip.(opave» ', Tlvos
oè x(*PLV /ca' * ^l(* TVS H-wP^as T°û KT)pvyp,aTos evSÔKrjae 10
» CTcScrai tovs Tnarevovras »/ Ovk cVctS^ « Sià rfjs ao<f>La$
» o KÔafioç ovk éyvw tov &c6v»; TL 8c Kal ptadôvres
ovs <f>Z)S, Aôyov &eov crœp.aTiKÔ>s ivSrjp.-qcravTos, « Sç
» èyevqdr) 17/zîv ao(f>îa àno &eov », Kal tov <J>idt6s àva-
oxÔvtos, « S <£am'£ei -navra dvOpwTrov èpxôfievov cîç tov 15
» kÔojxov », « 17/xepaç T€ Siavydcrrjç Kal <pœa<f>6pov àva-
» relXavros iv raîs KapStaiç rjp,û>v » rwv viarcùv, Karà tov
rôsv àTToarôXojv Kopv<f>aîov, avroi re hiovrat. OpvaXXISos
€irio~K€vaoTrjs , rrjs ano rœv l£a» <f>iXooo<f><iiV yvœaeœs
rrpos deoyvaicriav 68rjyovo~qs Kal tovs âXXovs trapaivovaiv, 20
d<j>ep,évovs rov Kaô' rjavxîav 8ià rfjs rwv Xoyicrp,œv è-mara-
aias KaOalpew iavrovs *ai 81 aSioAtiVrou TTpoacvxfjs rtpoa-
av£x*iv T<? @eû>, Karayrjpâv p,drr)v, Xvxva) TV<f>a>p.éva>
7TapaKa9rjp.4vovs ,'

CVSL

17 riiiûiv ont. S
20 GRÉGOIRE PALAMAS

Du bon et du mau- 6. — Ne leur est-il jamais venu à


vais usage des étu- i'eSprit que c'est en désirant l'arbre de la
des profanes. , ».
connaissance et en y goûtant que nous
fûmes chassés du lieu de délices ? Car nous ne voulûmes pas le
cultiver et le garder suivant le commandement x et nous cédâmes
au mauvais conseiller qui y était entré en fraude et nous avait
séduit par la beauté de la connaissance du bien et du mal. Voici
que maintenant, à ceux qui ne veulent pas travailler et garder
leur cœur suivant l'enseignement des Pères, il promet l'exacte
connaissance des sphères célestes, mouvantes et symétriques, et
de leurs propriétés ; c'est là aussi une connaissance du bien et du
mal, car elle ne possède pas le bien dans sa nature même, mais
dans l'intention de ceux qui en usent, se modifiant avec cette
dernière dans un sens ou dans l'autre. A plus forte raison, je dirais
également que la pratique et les grâces de différentes langues,
la puissance de la rhétorique, le savoir historique, la découverte
des mystères de la nature, les méthodes variées de la logique,
les différents points de vue de la science du calcul, les mesures à
formes variées des configurations immatérielles, toutes ces choses
sont à la fois bonnes et mauvaises, non seulement parce qu'elles
apparaissent après la pensée de ceux qui en usent et prennent
facilement la forme que leur donne le point de vue de ceux qui
les possèdent, mais parce que leur étude n'est une bonne chose
que dans la mesure où elle développe dans l'œil de l'âme une vue
perçante. Mais il est mauvais pour celui qui s'adonne à cette étude
de s'y arrêter jusqu'à la vieillesse. La bonne solution est de s'y
entraîner un peu, puis de transporter son effort sur ce qui est un
bien supérieur et beaucoup plus sûr, car le mépris des lettres
apporte aussi une large compensation de la part de Dieu 2. C'est
pourquoi le second Théologien dit à propos d'Athanase le Grand,
que le profit qu'il a tiré des études profanes consista à définir
ce qu'il jugea bon de mépriser 3. Et lui-même en a joui, suivant

1 Gen.. II, 15.


* L'attitude de Palamas envers les études profanes coïncide exactement
avec les décisions officielles de l'Église byzantine et avec la condamnation lancée
en 1082 (à l'occasion du procès d'Italos) contre ceux qui pratiquent les sciences hellé
niques, non pas dans le seul but de s'éduquer, mais en se conformant à leurs opinions
futiles (Triodion, édit. d'Athènes, 1930, p. 148).
* Le « second Théologien » (après s. Jean l'Évangéliste) est s. Grégoire de
Nazianze. CirHom. XXI, 6 (PG, XXXV, 1088 P>ï
TRIADE I, 1, 6 21

Ap OVO CKCIVO TTOT €TTqAV€V C7TI VOW aVTOlS, OtÇ


€<f>éo€l T€ Kal p.€TaXljlp€l TOV <f>VTOV T7]S yVWO~€WS €KTT€TTTc!>-
Kapev èxelvov tov delov x<i>ptov rfjs Tpv<prjs ; « ' Epyd^ccrdai
yàp avro Kal tpvXaTTew » Karà tt)v ivToXrjv ovk idcXfjaavres ,
€t£a.[/.€V TÔ> TTOVTJpâ» OVpfïovXu) TTjV ClCToSoV KXélpaVTl Kal 5
t<3 /caAAci déXÇavri ttjs yvœaews tov kclXov Kai Trovr/poO.
Td\a hrj Kal vvv oStos toÎs p.r) ftovXop.évois ipydÇeadat Kal
<f>vXa.TT€t.v tt)v éavrâjv xapSlav, Karà ttjv tû>v Trarépiov
v^>7]yt]<Jiv, ovpaviœv a<f>aipœv re Kal twv Kar' aiiràs àKpi^rj
yvÔMJW iirayyéXXcTai, TtoXvKwr\TOiV te Kal dvrip \\ poTrwv, 10 | f. io6r
yvwaiv oZoav koXov Kal TTOvr/pov, tô> /lit) iv rfj iavTrjs <f>voci
K€Krf}odai to koXÔv, àXX' èv Tjj twv xpwp-évajv 7Tpoaip€<J€t,
ovp,p.€TafiaXXovoav Tavrrj rrpos e/càrepov. TIpo 8è tovtwv
p.iKpov Kal 8ià ravr ïaws, èpureiplas Te Kal \dpiTas iroXv-
yXwaauiv SiaXeKTWv, 8vvap.w pr/Topelas, el8rjmv loropias, 15
pvarrjpiojv (pvoews evpeatv, TroXveiSeîç fiedéSovç XoyiKrjs
7rpayp,aT€Las , rroXvpfpeîs CKeipeis XoyiariKrjs €Tnarrjprjs ,
ayrjp.aTiapû>v dvXwv iroXvo~xrfp.ovas dvapeTp-qaeis, dnavra
koXÔ. T€ Kal irovqpà <ftairjv âv eywye, pr) povov rrpos to 80-
kovv toîs xpuiphiois p.€Taywop.eva Kat o-vppcrapop<f>ov- 20
peva pa8uvs tw okottô» twv typvrwv, ôAA' otl Kal koXov
pÀv r) rrpos raÛTa crxpXrj, yvpvdÇovaa rrpos éÇvamiav tov
ttjs faxÂS 6<f>6aXp6v, rrapapéveiv 8' âxP1 yrfpws Tavrrj
rrpoaaviypvTa rrovrjpov ' rrpos ayadov 8' âv €117 peTplœs
iyyvp.vacrdp.evov npos Ta [laKpûi KpeiTTm Kal poviptvTepa 25
peTaaKevdoaaOai tov àywva, 7roXXr)v avrcp Kal ttjs tGxv
Xôywv TTepuf>povrja€0}s <f>epovo7]s tt)v ck 0eov dpot^r]v. Al6
<fyqaw 6 QeoXôyos 6 Bevrepos irepl 'Adavaaîov tov ndvv
tout ck t&v €^a> K€p8r]aai Xôywv to ovviSeîv « <Lv inep-
» iBeîv i8oKtp.aaev » ' airrôs tc tovtojv, <vs aîiTos avdcs 30
Xéyei, tovt dirfjXavae pévov to irapi8eîv Kal eo^iccvai wv
Xpiorov 7rpo€Ttp,rja€V.

CVSL
22 GREGOIRE PALAMAS

ses propres paroles, dans la seule mesure où il les méprisa et où


il posséda ce à quoi il préféra le Christ l.

Conditions de la 7- — Mais le Malin- <lui cherche tou-


vraie éducation, jours à nous détourner malignement de ce
qui est supérieur, fait naître des charmes
dans nos âmes et les enlace presque indéfectiblement avec
des liens chers aux hommes pleins de vanité ; il nous sug
gère l'étendue variée et profonde, la multitude de ces con
naissances, comme il suggère à d'autres la richesse ou la fausse
gloire et les plaisirs charnels, afin que nous nous occupions
toute notre vie à rechercher ces choses et n'ayons pas assez
de force pour entreprendre avec fermeté l'éducation qui pu
rifie l'âme, dont le principe est la crainte de Dieu 2 qui fait
naître la prière continue à Dieu dans la componction et l'accom
plissement des décrets évangéliques. La réconciliation avec Dieu
une fois rétablie par la prière et l'accomplissement des comman
dements, la crainte se change en amour et la douleur de la prière,
transformée en joie, fait apparaître la fleur de l'illumination ;
et comme un parfum de cette dernière, la connaissance des mystè
res de Dieu est conférée à celui qui peut la supporter ; voilà
l'éducation et la connaissance véritables, dont un homme adonné
à l'amour de la vaine philosophie, tout enveloppé et enroulé
de ses figures et de ses théories, ne voit même pas le début, c'est-
à-dire la crainte de Dieu. Comment ferait-elle pour entrer dans
l'âme ? Et comment, même si elle y entre, pourrait-elle demeurer
dans une âme enveloppée, charmée et comme enserrée dans des
raisonnements divers et variés, à moins que cette âme ne dise
adieu à toutes ces choses et se donne tout entière à l'école de Dieu,
afin d'appartenir tout entière à son amour suivant le commande
ment 3 ? Voici pourquoi c'est bien la crainte de Dieu qui est le
principe de la sagesse et de la contemplation divines ; la crainte
ne peut cohabiter dans l'âme avec aucun autre sentiment ;
elle la débarrasse de tout et la polit par la prière, pour en faire

» Ad Ncmesium (PG, XXXVII, 1554).


• Cfr Prov., I. 7.
» CirDeut.. VI, 5 ; Matth.. XXII, 37 ; Marc, XII, 30 ; Luc, X, 27.
TRIADE I, 1, 7 23

7. 'AXX' ô Trompas, TTOvrjpûis îmoarrâv 17/xâs twv KpeiT-


tovojv aei yXi)(6fj.evos , ïvyyas «ti/ctci raîs rjnerépaus ifrvxals
Kal 8eap.oîç àyair<op.€votç toîs àvovrjTois axeSov àSiaXvrats
owScî, tÔ ttoXv tc Kal p,a.Kp6v virorldeTat p.i]Koç Kal nXrjdos
tovtojv twv yvœaeœv, wairep irépois ttXovtov 77 hôÇav 5
âSoÇov Kal aapKiKas y&ovds, â>s dv, rfj rovrœv ÇrjTrjaei
8ià fîlov TTavros àiracr)(oXrioavT€s éavrovs, ànplÇ iniXa-
fiiaBai rrjs KaOaipovorjs tt\v t/jv^rjv Trathetas ovk è^iaxvaœ-
p.ev, fjs « àpx'fj p-èv 6 <f>6fîos tov 0€ov », irap* 0$ Sérjms èv
KaravvÇei o-vvex^s irpoç tov 0c6v yewârai Kal 77 twv evayye- io
XiKÔîv deoTnop.àTU)v <f>vXaKT], 8ià rorjrœv 8è KaTaXXayrjs
yeyovvlaç -npôs &e6v, 6 <f>6/3os elç àydwqv /xera/fctAAet Kal
TO TTJÇ €V)(fjS êb'vvrjpoV els T€pTTVOV p,€T€V£)(dkv TOV <f)(OTt.O-
p.ov t6 dvdoç àvaTc'AAct ' tovtov 8' olov oaprj Sia8i8op.évrj
rrpos tov <f>épovra r\ tû>v tov @eov yvœcrts pvarrjpiœv ' avn] 15
TrcuSeia Kal yvœoiç àX-qdrjS, rfs ov8è ttjv àpyr\v, tov tov Geov
<f>6^ov SrjXaStf, SwaTai xioprjaal tis iv€crxr)p.€VOS Tjj rfjs
p,araiaç aydwr) <f>iXoo-o<f>las Kal raïs orpo(f>aZs avrijs Kal
dewplats èv€iXovp.€v6s tc Kal avaTpe<f>6p.evos . I7û>S yàp âv
elç tftvyrjv II ÔXùjs tloéXdot. ,' Tlœs 8' elaeXOœv Trapap.cîvai 20 | f. 10611
SwTjdeîr] TrpoKaT€tXqp,p.évrjv Kal ivrj8vvop,évT]v Kal olov ore-
voxtopovp.€vrjv iravroSavoîs Kal noXvTpôiroLç 8taXoyiap.oîç,
et p.7] irâoi ^atpciv elnoGaa ttjç Karà @eov 0A77 yivovro o~x°-
Xrjs, 'va Kal tîjs àydirqs oXt) tovtov yîvr\Tai icarà ttjv iv-
toXtjv; Aià tovto yàp ttjs deias ao<f>ias Kal dewplas àpxrf 25
icrrt. tovtov 6 ^ojSoç, èwel p.ed' irépwv irapap-iveiv ovk exov,
■nâvroiv aTTaXXâ^as ttjv ifivxfy Kal tjj Trpooevxjj KaTaXedvas,
imTTJSeiov oîov ttvÇIov ttoul vpàs Karaypa^rjv tu>v ^apia-
p.dT<ov tov I7v€vp.aTos.

CVSL

13 fUTtvtyxOiv L J 19 iviXovutvôi CVL || 24 yc'n/roi : yivoiro S | 28 ttvÇIov : irqilov


c.
24 GRÉGOIRE PALAMAS

comme une tablette prête à recevoir l'inscription des charismes


de l'Esprit l.

Le repentir de 8- ~ C>est ainsi <lue le grand Basile,


saint Basile. ayant rappelé les paroles du pharaon à
Israël — Vous perdez votre temps, vous êtes
des oisifs, vous dites : prions le Seigneur notre Dieu 2 —, com
mente : Voici le bon loisir, utile à celui qui y passe son temps ;
tandis que le mauvais loisir est celui des Athéniens, qui ne
passent leur temps qu'à dire et écouter des nouvelles 3, le loisir
que certains imitent aujourd'hui en y passant leur vie et qui
plaît aux esprits mauvais *. Et pour que l'on ne dise pas que
Basile le Grand a parlé ainsi en désignant seulement les
bavardages de la rhétorique, nous rappellerons ce qu'il dit par
ailleurs, en expliquant le précepte de Salomon qui conseille de
connaître la sagesse et l'instruction et de comprendre les paroles
de la raison 8. Déjà, dit-il, certains hommes qui consacrent leur temps
à la géométrie, découverte par les Égyptiens, ou à l'astrologie,
vénérée par les Chaldéens, ou qui en général s'occupent des figures,
des ombres et de météorologie ont dédaigné l'étude des paroles di
vines ; beaucoup d'entre eux, par leur zèle envers ces choses, ont
vieilli dans la recherche de ce qui est vain; il faut donc avoir du
discernement dans les études que l'on fait pour rechercher les études
utiles et rejeter celles qui sont insensées et nuisibles *. Vois-tu ?
Il appelle vaines, nuisibles, insensées les études profanes, la
connaissance même des sciences et celle qui en provient, la con
naissance dont certains, comme tu le dis, déclarent qu'elle est
le but de la contemplation et qu'ils considèrent comme salutaire !
Mais Basile, en écrivant à Eustathe de Sébaste, se lamente aussi
sur sa propre vie, car il en a lui-même passé une grande partie
en attachant son esprit à l'étude de ces sciences. Moi, dit-il,

1 Image fréquente chez Macaire, Évagre et s. Maxime (voir infra Tr. I, 3, 41).
Tous les paragraphes précédents sur l'image de Dieu dans l'homme et la purifi
cation sont très proches de la pensée de s. Grégoire de Nysse.
• Exode, V, 17.
» Actes, XVII, 21.
*Hom. in Ps. XLV (PG, XXIX, 429 A).
• Prov., I, 2.
• Hom. XII in Prov., I, 6 (PG. XXXI, 397 BC).
TRIADE I, 1, 8 25

8. Tavr' dpa Kal 6 p.éyas BaolXeioç , rrpodels to tov 0a-


paw rrpos tov 'IoparjX Sri « axpXdt,eTe, o^oÀacrrai èore,
» Xéyere ' Kvpî<p tu> &e<p r)p.â)v Trpooev£œp.eQa », èrn<f>épei '
« Avttj pèv oSv r) àyadi) o^oX-r) Kal àxpè'Xip.os tw o^oXa-
» Çovti ' TTOvrjpà oè a)(oXrj 17 tôiv 'Ad-qvai<tiv, ol els ovSèv 5
» dXXo evKalpovv t) Xéyeiv ri Kal aKoveiv KaivoTepov, rjv
» /caî vvv Tives p.ip.ovvrai rfj tov filov a^oXfj, (ftiX-qv ovoav
» TTOVTJpOÎS TTV€Vp.aOLV ». ' £is o.v Se p/q TlÇ ellTT) irpoç rày
prjTopiKaç pôvas XoyoXeaxios aTTOTei.v6p.cvov Taira Xéyeiv tov
péyav, €K€Îvo rrpooO'qoop.ev o <f>r)o~tv aiïdis avrôs, SievKpi- 10
vdiv to EoXop.ô)VT€i.ov €K€Îvo rrapdyyeXpa ' « .TWOvai oo<f>Lav
» koX rraiSeîav Kal vorjaai Xôyovç <f>povrjcr€a>s » ' « *H8r) ydp
» rivés » cprjoi « yea)p.erplq. o^oXaÇovreç rjv èÇevpov Alyvrr-
» tioi r) àoTpoXoyia ttj rrapà tû>v XaXhalwv TeTip.rjp.evT)
» r) SXws rrepi o\r]p.aTa *cai OKiàs Kal p.eTewpoXoyiav é\ov- 15
» Tes, ttjs £k tô>v OeioiV Xoyicjv rraiSevoeats vrrepeîSov '
» €7rc(.Srj oiïv rroXXol Tjj rrepl Tavra orrovSfj KaTeyrjpaoav
» èv ttj tôjv p.aTai<nv èpevvT), Stà tovto àvayxaia r) rrjç
» rraioelaç èrrlyvœaiç, rrpôs re T17V alpeoiv rrjs oxf>eXip.ov
» rraioeias Kal rrpos drroTayrjv ttjs àvorjTOV Kal flXafiepâs ». 20
'Opâs irœs p.aTaiav, fiXafiepàv, dvorjTov, ttjv e£a> 77cu-
Sei'av Kalsai>TT]v tt)v twv p.aÔr/p.à'Tatv Kal ttjv e£ avTœv
rrpoaayopevei yvwoiv, rjv rive?, a»ç où <f>rjs, tÎXos dewpias
Kal oatTTjpiov àTro<j>aLVOVTai ', 'Ekcîvos Se Kai tt)v oiKeiav
àrroXo<f>vpeTai t,oir]v, rrpos tov 27cj3aCTTeta? EvordOiov ypd- 25
<f>u>v, oarfv tt} rrepl Ta p.aBr\p.aTa TavTa p-eXérr) tov vovv
rrpoaéx<>iV Sïqvvaev ' « 'Ey<b » ydp <f>rjoi «rroXvv xpôvov rrpoo-
» avaXwoas ttj p.aTai6TT)Ti Kal rrâoav cr^eSôv tt)v èp.avrov
» veôrr/Ta ivafiavloas ttj pLaTaioirovia, r\v eiypv rrpooSia-
» TpLfiuiV tjj àvaXrjifici Tœv p.a6rjpdTajv ttjs rrapà tov Qeov 3°

CVSL
21 àvôvrjrov S | 26 ravra : Tavry C.
26 GRÉGOIRE PALAMAS

j'ai consacré un long espace de temps à la vanité et j'ai perdu pres


que toute ma jeunesse à la peine inutile que je me suis donnée
à assimiler les sciences d'une sagesse rendue folle par Dieu l ;
lorsqu'un jour, m'étant relevé comme d'un profond sommeil, je
réalisai l'inutilité de la sagesse des princes abolis du siècle *, je
pleurai longtemps sur ma pitoyable vie et je priai pour qu'une
directive me soit donnée 3. As-tu entendu les qualificatifs de l'édu
cation et de la connaissance que certains aujourd'hui cherchent
vainement à exalter ? Elles sont appelées « vanité », « peine
inutile », « sagesse rendue folle », « sagesse abolie », « sagesse de
ce siècle et des princes de ce siècle », « sagesse qui fait perdre la
vie et les mœurs conformes à Dieu ». Voilà pourquoi l'amant
de la vraie sagesse s'est grandement repenti de s'y être adonné,
sans trouver aucune directive pour accéder à la vraie sagesse.

Sagesse hellénique 9- — Mais aujourd'hui, d'après tes pro-


et grâce divine. près paroles, il y a des gens qui arrivent
à je ne sais quel degré d'impudence !
Us disent que l'application, durant toute la vie, à l'édu
cation hellénique ne constitue pas un obstacle à la perfec
tion. Ils n'écoutent pas les paroles du Seigneur qui disent le
contraire : Hypocrites ! Vous savez discerner les signes du
ciel! Comment ne discernez-vous pas le temps du Royaume*.
Car le temps du Royaume éternel est venu ; le Dieu qui
le donne est présent parmi nous ; s'ils recherchent vraiment le re
nouvellement de l'intelligence, pourquoi ne viennent-ils pas à lui
par la prière pour recevoir l'antique dignité d'homme libre, au
lieu de recourir à ceux qui n'ont même pas pu se libérer eux-mê
mes ? Pourtant le Frère de Dieu proclame clairement : Si quel
qu'un manque de sagesse, qu'il s'adresse à Dieu qui la donne à tous,
et elle lui sera donnée 5. Est-il possible que la connaissance prove
nant de la sagesse profane chasse de l'âme toutes les choses mau
vaises, puisqu'elles proviennent de l'ignorance, alors que la con-

1 Rom., I, 22.
» I Cor., II, 6.
%Epist., 223 (PG, XXXII, 824 AB).
• Matth., XVI, 3.
• Jacques, I, 5.
TRIADE I, 1, 8-9 27

» fiaipavdeîcrrjç oo<f>las, èVeiS^ rrore, worrep i£ xmvov fiadéos


» Stavaoraç, KareîSov to âxprjoTOV rfjs oo<f>ias twv ap^ôv-
» to»»» tov altôvos tcSv Karapyovfiévœv, TroXXà rf)v iXceivfjv
» p,ov £<vr)v ànotcXavcras, eù)(6fir)v Sodrjvaî poi riva X€LPa~
» yojylav ». "Hkov<j<xs riva rfjs naiSelas || /cat ttjs yvwoeios, 5 I '• 107*
77V vvv iÇalpeiv p.6.rr)v (rrrevhovol rives, rà TTpoopfjp.aTa ',
Ma.Tai6rr)s , p-araioirovia /caTovo/ia^erai, ao<f>la p.ùjpav0€Îaa,
oo<j>ia Ka.Tapyovp.evri , ao<f>ia tov aiôtvos tovtov kcu tô>v
àpxôvrojv avrov, oo<f>la rfjs Karà &eov Çœijs ko.1 ttoXi-
rclas à<f>avLOTtKrj. A10 /cat o rfjs àXrjdivrjs oo<f>ias ipaorrjs IO
TToXirv /nera/xeAov eox^v ivSiaTplipas avrfj /caî p,r)8€p.iav
\€ipaytoylav rrpos rfjv àXrjOivrjv ao<f>Lav evpôpevos.

9. Nvv 8' eloiv àTrrjpvOpiaopévojs ovk 0Î8' ottcjs oî


Xéyovoiv, ojs avros Xéyeis, p.r/8èv èpTrôSiov elvcu irpos re-
XciÔTTjTa fiîov ro 8ià fiîov tt)v êXXrjviKrjv 7raiSeiav CKp-eXerâv,
p.rjb'e TÔiV tov Kvpiov Xôyœv àxovovres âvriKpvs irpos avTovs l5
Xeyop.€va)V ' « ' YnoKpiTal, rà p.èv or/pela tov ovpavov oï8are
» 8iaKplveiv, tov 8è Kaipov ttjs fiaoïXeîas rrâjs où SiaKpîvere ,' ».
Tov yàp Kaipov ttjs anoviov flaoïXeias eViaravroç /cat tov
8i86vtos avT-qv &eov iTriSeS-qprjKÔTOS, ttô>s clye àXrjOœs
€<f>îevrai ttjs tov vov 6.vaKaivîoeu>s , 011 Si' ei>)(fjs aura) 20
rrpoaépxovTai to ttjs èXevdepias ap%aîov a£iu>p.a Xrjipopcvoi,
a\XXà rrpos roùj p,rj8è êavTovs iXevôepwoai Svvrjdévras Tpi-
Xpvai, Kai ravra tov àScXtfyoOéov Tpavws irepiayyéXXovTOS '
« Eï tis XenrcTai o-o(f>îas, alreiTU) rrapà tov 8i86vtoç 0eov
» ko.1 XrjtfieTai »/ ITôJs 8è Kaï r) irapà ttjs ê£oj oo<f>ias yvwois *5
KaKiav ■nâaav ù>s cf àyvoias TiKTopévrjv èÇoplÇet ttjs ipvxrjs,
p.rj8' avrfjs rfjs àiro ttjs evayyeXiKijs 8i8aoKaXlas yvœocois
pâvTjs TTOirjoai tovto 8vvap.€vrjs ', « Où yàp ol à/cpoaTaî
» tov vôp,ov oœôrjoovral » <f>r)aiv 6 TlavXos, « àAA' ol noir/rai
» airrov », tov 8è yvôvra to 6éXr)p.a tov @eov ko.1 p,r) iroirj- 3°

CVSL
I woncp '. wç L | 17 8taKpiv€iv : SoKiftâÇav L.
28 GRÉGOIRE PALAMAS

naissance même de l'enseignement évangélique ne peut le faire à


elle seule ? Car ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui seront
sauvés, dit Paul, mais ceux qui l'accomplissent 1 ; et celui qui
connaît la volonté de Dieu et ne l'accomplit pas, sera fortement
châtié 2, dit le Seigneur, plus que celui qui ne la connaît pas. Ne
vois-tu pas que la seule connaissance ne sert à rien ? Et pourquoi
parler seulement de la connaissance de ce que l'on doit faire ou de
la connaissance du monde visible ou de celle de l'invisible ? Non :
la connaissance même du Dieu qui a créé tout cela ne pourra servir
à rien si elle est seule. Quel profit tirerons-nous des dogmes, si nous
ne menons pas une vie agréable à Dieu, la vie que le Seigneur est
venu implanter sur la terre 3 ? C'est Jean, le Théologien à la bouche
d'or, qui parle ainsi. Bien plus : non seulement il n'y a aucun profit
à cette connaissance, mais encore elle nous cause le plus grand
tort dont ces gens, qui t'ont tenu ces discours que tu m'as rap
portés, sont eux aussi victimes. Que dit en effet celui qui n'est pas
venu avec la supériorité dans la parole, afin de ne pas détruire le
mystère de la croix *, celui qui ne parle pas avec les paroles convain
quantes de la sagesse humaine 6, celui qui ne connaissait rien, sinon
le Seigneur Jésus et celui-ci crucifié 6, qu'écrit-il aux Corinthiens ?
La connaissance enfle d'orgueil 7. Vois-tu ? Le sommet du mal,
le crime le plus propre au diable, l'orgueil, naît de la connaissance.
Est-il possible alors que toute passion provienne de l'ignorance ?
La connaissance purifie-t-elle l'âme ? Il dit : La connaissance
enfle d'orgueil et l'amour édifie. Vois-tu ? Il existe une connais
sance sans amour qui ne purifie pas du tout l'âme, mais la tue8,
sans l'amour qui est la tête, la racine et le corps même de toute
vertu. Pourquoi la connaissance qui n'édifie rien de bon (car
édifier est le propre de l'amour), pourquoi cette connaissance
nous permettrait-elle d'être à l'image de Celui qui est bon ?
Et pourtant cet aspect de la connaissance, dont l'Apôtre dit qu'il
enfle d'orgueil, appartient au domaine de la foi et non à celui

1 Rom., II, 13-


• Luc, XII, 47-48.
• Cfr s. Jean Chrysost. , In loh. hom.. IV, 4 (PC, LIX, 50)
* Cfr /Cor.,, I, 17 et II, 1.
» Cfr / Cor. ,11,4.
• Cfr / Cor. , II, 2.
' / Cor., VIII, i.
* Jeu de mots avec les verbes KaBaîpu) et KaBaipéai.
TRIADE I, 1, 9 29

cravra, « Saprjoeodaî » <f>T}aiv 6 Kvpios « ttoÀÀci », Kal tov


fi-fj etSôVo? TrXéov. 'Opâs <î>s ov8éva ôvlvrjotv 7) yvcôais
fiémj ; Kal Tt Xéyoj Tt)v irepl rà irpaKria r\ ttjv tov
âparov Koapuov 7} tt\v tov àopdrov ; 0v8* avrrj r) yvcôots
tov KTioavroç aura &eov owqatrat. Tiva àvtvrjvai p.6vq. 5
« TL yàp 5<f>eXos 8oyp.aTa>v, deofiiXovs àirôvros filov,
» ov ^Xde <f>VT€vaat iirl yfjs 6 Kvptos ,' », ô xpvoovs
deoXôyos 'Icodwrjs <f>tjai. MaXXov 8è ov p.6vov ovk eort
Tavn]s 5<f>eXos, àXXà Kal p.€ylo~rq fiXdfir) fjv Kal ovtol
■neirôvQaai, irap' œv rJKovaas ovs àvrfyytiXds p.01 X6- 1°
yovs. Tt ydp, «ô p,r] Kad' virepox^v iXQwv Xôyov,
» Lva pvq Kevœdij to p.vo~rijpiov tov aravpov », « o p.rj iv
» Treidoîs XaXœv avdpa>7nv7]s o~o<f>las Xôyots », « o p.r)8èv
» cï8à>s €t p.r) Kvpiov 'Itjoovv, Kal tovtov èoravpa)p,évov »,
Tt ovv ovtos ypd<f>ei irpos tovs Kopivdiovç ', « 'H yvœois '5
» <f>voioî ». El8es tov KoXo<f)œva Trjs /ccuct'aç, to îStatTaTOV
tov 8taft6Xov Kpîfxa, tov rvfiov e/c rrjç yvwcrccjs TiKTÔp.evov ,'
II<às oSv nâv 7rd8os e£ àyvolas <f>veTai ', || I7ô>s 8' r) yvcùais i *• io7v
KaBacpei ttjv tfivxrfv ,' <('H yvcùois ovv <f>voioî » <f>r]oi.v, « r)
» 8e àyarrr) olKo8op.el ». EÎ8es ôVt e'ort x<opls àydTrqs yvœots, 2°
p.r)8ap,â>s Kadaipovoa, àXXà Kaôaipovara rf/v ipvxrfv, dydirqs,
rfjs Kal Kopv<f>r}s Kal pîÇrjs Kal /xecroTriTO? irdarfs àpcrrjs ,'
IlôJs ovv r) p/rj8kv àyadov oî/coSo/xoûcra yvcôais (ttjs yàp
àydtrqs tovto), ttcôç ovv f) yvœois avrq to Kar' eî/cdva irap-
efeTat tov àyaOov ,' KatToi to el8os tovto ttjç yvœaeojs, to 25
KaTa tov tov 'AttootoXov Xôyov « <f>vaiovv », ov rfjs <f>voeœs,
àXXà rfjs Trîareœs ecmv ' et 8è avrq «<f>vo~ioî)>, Trôato p.âXXov
€Kelvr), nepl tfs r/p-îv 6 Xôyoç ' <f>voiKTj ydp Iotw avrt) Kal
tov «TraXaiov àvdpojTTOv». Tfj yàp <f>voiKjj Tavrr) -q eÇai Trai-
8eia ftorjdeî, Trvevp.aTiKrj S' ovttotc yivoiT dv, et /lit) p.erà 3°
rfjs TTiOTea»? Kal tjj tov 0eov avyyevoiTO àyd7rj), p.âXXov
8è et p,r] irpos rf)s àyaTrrjç Kal rrjs e'^ avrfjs iyyivop,évr]s

CVSL

2 ri om. S.
30 GRÉGOIRE PALAMAS

de la nature ! Si cette connaissance-là enfle d'orgueil, combien plus


celle dont nous parlons ; car elle est naturelle et relève du vieil
homme l. L'éducation profane sert en effet cette connaissance
naturelle et ne peut jamais devenir spirituelle, à moins de se
joindre à la foi et à l'amour de Dieu, ou plutôt, elle ne peut le
devenir à moins d'être régénérée non seulement par l'amour,
mais aussi par la grâce qui provient de l'amour ; en devenant
différente de ce qu'elle était, nouvelle et déiforme, pure, pacifique,
indulgente, persuasive, pleine de paroles qui édifient ceux qui
les écoutent et de bons fruits ; c'est ainsi qu'elle est appelée sagesse
d'en haut 2 et sagesse de Dieu 3 ; étant en quelque sorte spirituelle,
puisque soumise à la sagesse de l'Esprit, elle connaît et reçoit
les dons de l'Esprit. Quant à l'autre sagesse, c'est une sagesse
d'en bas, une sagesse psychique, démoniaque, comme le dit l'apôtre
qui fut le Frère de Dieu *. Elle ne reçoit donc pas les dons de
l'Esprit, car il est écrit : L'homme psychique ne reçoit pas les dons
de l'Esprit*, mais les considère comme une folie, une erreur et
une opinion fausse. Elle cherche à supprimer complètement la
plupart d'entre eux et mène une lutte ouverte pour en retourner
le sens et introduire, autant qu'elle le peut, une fausse doctrine
à leur sujet ; elle s'approche même habilement de certains
d'entre eux pour en user à son propre bénéfice, comme les sorciers
le font avec les comestibles doux à la saveur •.

Le Connais-toi toi- 10. — Ainsi, la connaissance qui pro-


même des philo- vient de l'éducation profane n'est pas
sop es' seulement différente, elle est contraire
à la connaissance véritable et spirituelle ; il semble pourtant
que certains se soient égarés eux-mêmes et cherchent à éga
rer ceux qui veulent les écouter : ils en parlent comme s'il
s'agissait d'une seule et même connaissance et déclarent qu'elle
constitue le but de la contemplation. Et voici un fait qui te

1 Éphés., IV, 22 ; Col., III, g.


* Jacques, III, 17.
* / Cor., I, 21, 24 ; II, 7, etc.
* Jacques, III, 15.
* / Cor., II, 14.
* Pour le thème des « deux connaissances • (iirrii ywûojy), voir s. Maxime,
Cent, gnost., I, 22 (PG, XC, 1092 B).
TRIADE I, 1, 9-IO 31

Xapiros àvayewrjdel-q Kal âXXr) irapà ttjv irporépav yévoiTO,


Kaahj re Kal OeoeihrjS,<iàyvri, elprjviicq, èvienc/js, evTreid"qs,
fiecrrq Te Xôycov tovs aKovovras oî/coSo/zoïVrcov Kal Kapirœv
àyadœv », tJtis 8rj Kal « dvœdev ao<f>ta » Kal « Qeov oo(f>îa »
KaTovofj.d^€Tai, Kal û>s 7/vevfiaTiKij ncos, are rfj tov Tlvev- 5
fiaros VTroT€Tayfj.€VT) oo<f>La, rà tov IJvevfxaTos ^a/utr/nara
Kai yivoooKei Kai à-n-oSé^erai. 'H Se p.r) Toiavrq, « Karcodev,
ïijjvxiKri, haip-ovicôh-qs», Kaddirep 6 tlov àjrooTÔXojv àSeX<f>6-
6eos Xéyei, 8iô Kal Ta tov IJvevp.aTos ov irpoolerai Karà to
yeypapp.évov ' « Wv^ikos 8è avBpamos ov Sèmerai rà tov 10
» TIvevfiaTos », àAAà puopiav aÙTa «rai 7rXdvr]v Kal ifievo'o-
SoÇlav XoylÇerai, Kal rà nXeloj p.èv tovtoov TeXécoç àvarpé-
■neiv ireipârai Kal <f>avepov àycova TroieÎTat Siaorpé<f>etv Te
Kal p.era8i8doKeiv 077-0017 8vvap.is, eo-ri 8' a Kal Travovpyœs
npoolerai, ovyxpoopévr] tovtois, old irep oi <f>app.aKol rois 15
yXvKcot rœv èhcohip,tov.

10. OvTuts ovk dXXrj povov rj irapà ttjs ê£a> naiSelas


yvcoais, àXXà Kal evavTitos vpoç ttjv àXrjdrj Kal 7rvet»/x.aTi-
ktjv Sta/cewai yvouoiv, et Kal rives avroî re 7rap' avrrjs ws
eoïKe TTaprjyp.evoi Kai tovs aùrâii' aKpocopévovs Trapdyeiv 20
èyxeipovvres , œs irepl piâs Kal ttjs at/Trjs oiaXéyovTai,
TeXos ttjs decupias diTO<f)aiv6pevoi ravTrjv. "Iva 8è Kai ti
tov Seivov fiddovs rrjs tcov e£a> <f>iXoa6(f>cov Trovrjpias àva-
KaXviffCo 001 ' KeKXo(f)e p,èv 6 7rovrjp6s Kal ol ixap aiiTOV
rrovqpws oo<f>io6évT€s eKeîvoi irapdyyeXpd ti rœv -qpeTépœv 25
XvoiTeXéoraTov Kai Kaddirep ti Trovrjpov rrpofïdXXovTai 8e-

CVSL
25 TTotnjpâts om. L.
32 GRÉGOIRE PALAMAS

découvrira quelque chose sur la terrible profondeur du mal


où sont tombés les philosophes profanes : le Malin et ces
philosophes, qui tiennent de lui leur habileté dans le mal, ont
volé un de nos préceptes les plus utiles et s'en servent comme
d'un dangereux appât, grâce à l'identité des termes employés :
Sois attentif à toi-même l et Connais-toi toi-même *. Mais si tu
recherches quel est, selon eux, le but de ce précepte, tu trou
veras un gouffre d'impiété ; ils enseignent la métempsychose ;
on ne peut se connaître soi-même, pensent-ils, et être fidèle
au précepte, sans connaître le corps auquel on était autrefois
attaché, le lieu où l'on habitait, ce que l'on y faisait et ce que l'on
entendait ; et on apprend ces choses en obéissant à l'esprit
malin qui nous le murmure secrètement et perfidement ! Voici
donc où ils conduisent ceux qui ne peuvent pas bien apercevoir
la ruse, avec leur Connais-toi toi-même, et ils pensent parler
conformément à nos Pères ! C'est pourquoi, Paul et Barnabe,
n'ignorant pas les pensées du Malin et de ses initiés, n'approu
vèrent absolument pas la femme qui disait à leur sujet : Ces
hommes sont les serviteurs du Dieu Très-haut 3. Que pourrait-on
dire de plus pieux que ces paroles ? Mais ils connaissaient celui
qui prend l'apparence d'un ange de lumière *; ils savaient que ses
serviteurs contrefont les serviteurs de la justice 5 ; aussi repoussè
rent-ils cette parole vraie, comme ne convenant pas à une bouche
mensongère.

Serpents soumis **• — Ainsi, en entendant les Hellènes


à la dissection. prononcer des paroles de piété, nous ne
pensons pas qu'ils vénèrent Dieu et nous
ne les comptons pas au nombre de nos maîtres, car nous savons
qu'ils ont dérobé ces paroles aux nôtres. C'est pourquoi l'un d'en
tre eux a dit à propos de Platon : Qu'est-ce que Platon, sinon

1 Deut., XV, 9 ; formule adoptée par tous les spirituels chrétiens, de préférence
au i yvû>9i aiavTÔv ». Cfr déjà s. Basile, Hum. in Attende tibi ipsi (PG, XXXI,
197-217) et tous les auteurs ascétiques de la tradition évagrienne.
* Sur l'opposition qui existe selon Palamas entre l'« attention » des spirituels
chrétiens et la < connaissance de soi » des philosophes, voir J. Meyendorff, Le
thème du retour en soi dans la doctrine palamite, dans Revue d'Hist. des rel., t.
CXLV, 1954, P- l8â M-
» Actes, XVI, 17.
« II Cor., XI, 14.
• // Cor., XI, 15.
TRIADE I, 1, IO-II 33

Xeap rfj twv prjfid.TO)v TavTÔrqri, t<j « EavTto irpôoexe » ko!


4 JVcD#i aavrôv »" || dXX' dv ÇrjTijoys ri to réXos eKeivois | f. io8r
tovtov tov TrapayyéXp.aTOÇ , KaKO&oÇias eipyoeis \dpwfiZiv'
p.€Tep.i[iv)(u><J€is yàp 8oyp.aTt£,ovT€s, tôt' otovrai riva a^eîv
éavTov yvœvai tcal tov 7rapayyeXp.aTOS ÎkovGjs i<f>tK€odai, 5
t)vLk dv tLvl TrpoovvrjiTTO oœp,ari yvoir) icai irov ttotc Jjv
oikùjv Kai ri npdTrojv ko.1 tL t}kov€ ' fiavddvei 8è ravra, ttci-
drjviov iavTov trapacr)(ùiv T(J> to. Toiavd' VTroipidvplGavTt
SoXiws irovrjpq) 7TV€vp.a.Ti. IJpos tovto Tolvw cvdyovres oià
tov « rvwdi oavrov » toîj ov% Ikclvcùs exovoiv «raicii' tov io
hôXov, avvcoSà toîs r)p.€T€poLS narpaoi Xéyeiv vop.i£,ovrai.
AU» IlavXos «al Bapvdfias rà tov irovripov voij/xara firj
àyvoovvres koI twv vit' CKeivov p.ep.vrjp.évœv, ttjv Xéyovoav
nepl avrûv a»y « o$toi oi dvOpumoi SovXoi tov 0eov tov
» vifjioTov tlolv » tJkioto. irapeoéÇavro, kclItoi ti tovtov 15
tov p-qp.aTos evocfieoTepov ttiroi tiç âv ,' 'AXX' rjSeioav
ciceîvoi « tov els dyyeXov <f>a>TOS p.€Ta.oxr)p.a.TiÇ6fievov » Kai
TOVS SlCLKÔvOVÇ aÙTOV « 8lKCH.O0VV7)S BiaKOVOVS » VTTOKpiVO-
piévovs, ojs ovv ovk €p.TTp€TTovaav rœ tftevSrjyôpw <TTO/i.aTl
vapatTOVVTai tijv àXijdivrjv <f>wvrjv. 20

11. TavT upa Kai rj/xeîs Ocoaefiovs pr^p-aTa Trop' 'EXXtf-


vtov aKovovTcç, ovt' olôpada deoaefieîs eKeivovs, ovt' èv
SiSaoKÔXojv Ta.TT0p.ev avrovs poipa., Kai yàp ïap.ev ck tû>v
■qp.eT€pojv fièv v<f>eXop.4vovs aind. A10 Kai ti? eKeivœv
nepl IJXdTcvvos e<[>7] ' « Ti yâp èori IJXdrojv rj Mojorjç dr- 25
» TiKi.t,u)v ; » Iofia p.èv ovv e? ti xprjOTov avroîs, CKeîdev
€K vapaKOVO'p.dTOJV p.€T€iXrjfLp.évov , àXXà Kai ovvrJKap.ev
i7TiOKeifidp.evoi p.rj 7rpos ttjv ôfioiav Siavoiav i^€iXrjpp,4vov .
Kdv ti? tû>v Traripatv rà aÙT<x toîs é^co <f)6eyyT)Tai, dXX'

CVSL
j ti anie rjxovf : ti; coda.
34 GRÉGOIRE PALAMAS

Moïse parlant la langue attique ? 1 Nous savons donc que, s'il y a chez
eux quelque chose de bienfaisant, c'est de nous qu'ils le tiennent,
sans le bien comprendre ; mais nous comprenons aussi, après exa
men, qu'ils lui donnent un sens différent. Et si l'un des Pères dit
la même chose que ceux du dehors, la concordance n'est que ver
bale, la pensée étant bien différente. Les uns, en effet, ont, selon
Paul, l'intelligence du Christ a, et les autres expriment au mieux un
raisonnement humain. Comme le ciel est distant de la terre, ainsi
ma pensée est distante de vos pensées 3, dit le Seigneur. D'ailleurs,
même si ces gens avaient parfois une pensée commune avec Moïse,
Salomon et leurs imitateurs, en quoi cela leur serait-il utile ?
Quel homme sain d'esprit et appartenant à l'Église pourrait-il
en tirer la conclusion que leur enseignement vient de Dieu,
à moins de dire aussi que les hérétiques apparus après le Christ
reçoivent leurs doctrines de Dieu, puisqu'ils n'ont pas ébranlé
toute la vérité, après l'avoir reçue de l'Église ? Tout don parfait
vient d'en haut, du Père des lumières, a déclaré le disciple de la
Lumière 4. Mais si les dons vivants que reçoit l'hérétique ne sont
pas mutilés, comment lui-même, étant hérétique, les offrirait-il
aux autres sans les mutiler ? Un être vivant, bien que mutilé,
n'en est pas moins vivant. Mais un dieu qui ne crée pas à partir
du néant, qui n'a pas existé avant nos âmes ni avant ce qu'ils
appellent la matière sans forme, ou plutôt avant la matière qui
possède en elle-même son équilibre et sa forme, sans être encore
en ordre 5, comment serait-il Dieu ? Et pour ajouter la parole
du prophète : Qu'ils disparaissent, ces dieux qui n'ont créé, du
néant, ni le ciel, ni la terre 6, et avec eux, ceux qui disent qu'ils
sont des dieux. Quant à ces gens qui leur donnent le titre de
« théologiens » ou de « maîtres », qui pensent pouvoir leur emprun-

1 Numénius d'Apamée, fr. XIII, dans F. Thédinga, De Numcnio philosopha


platonico, Bonn, 1875 ; cfr Philon, Vita Moysis, II (édit. Cohn, t. IV, Berlin,
1902, p. 201-202).
* / Cor., II, 16.
3 Is., LV, 9.
4 Jacques, I, 17.
* La théorie de l'éternité des âmes et de la matière est constamment stigmati
sée par les auteurs byzantins lorsqu'ils attaquent les philosophes de l'antiquité.
Ce fut là l'un des chefs d'accusation outre Italos au XI" siècle. Les expressions
employées ici par I'alamas semblent viser particulièrement la conception stoï
cienne de lu. matière.
* JÉR., X, II.
TRIADE I, 1, II 35

irrl tû>v prjp,dru)v p.6vov ' eVî 8è tû>v vorj[i.dTa)V, noXv


ro fieraÇv ' « Novv i> yàp ourot, Kara IJavXov, « é^ouCTt
» Xpiarov », e/ceîvot Se', eî p.rj Tt Kol ^cîpov, e£ àv6p<o7rivr}s
Survolas <f>6éyyovTai. « Kadôoov Se ané^ei o ovpavoç arro
» ttJç y^?, /carà tooovtov àiré)(€i rj Stavota /xou àno tôjv 5
» Siai'ou^i' vp.â>v » Aéyet Kvpioç. Ov /ur/v àAA' et /cal ttJs
SiavoCas 6cttiv ou /cotvojveîev e/ceîvot Moivoeî re /cat ZoAo-
UOJVTl /caî TOI? /COt' aÙTOUS, Tt TOVTOLS €K TOUTOU TO O^cAo?
t) tiç aùroùç rrapà tov Oeov SeStSap^at TaÛT enroi vovv
e^a>v ûyiâ /cat pefl' r)p.œv T€Tayp.évos, eî /xi] /caî Toùy fiera 10
Xptarov KaKoSôÇovs 6eo8t.8dKTOvs (f>airj ris, enei rrapà Trjs
' EKKXyjaiaç àK-qKoôres p.r) irâcrav TrapeodXevoav ttjv àXrj-
deiav ; « IJâv 8u)prjp.a tcAciov dvœdev eîvat irapà tov /7a-
» tooç tcSv <f>a>TU)v » o toû <f>a>Tos àne<f>r]vaTO p.a8r/TT)s '
KoXofià S' et p,r) e/ceîvos £â>a Scôpa v-pocrUrat., ttws aV avros *5
Trapâo")(oi ', Il Kalroi Çœov KoXofiov ovhèv JJttov £eûôV eort. [ f. io8«
Oeôç Se, o? où/c e'/c pL-fj ovtcjv 8-qp.iovpyeî, p.rj8è tû>v 17/xe-
répœv TTpoviTTJpxe ipvx<ôv, p,rj8è rrjs kclt' ckcivovs àvetSeou
vXtjç, p.âXXov 8e /caî rrjç oïxodev TaXavrevopiévrjç eî8o7re-
TToir)p:év7)s, aKoop-ov 8' opuos, irais Slv eïr) ®eoç ,' Kal "va 2°
Karà tÔ 7rpo<f>rjTiKov p.u<pov npoodelç et7ra> ' « ©eoî oî tov
» ovpavov /cat ttjv y^v » e'/c /Lt7y ovtwv « où/c èiroir^oav, airo-
» XéaOioaav » /cat Trpôs toutoiç ot toutouç ^eoAoy^oavTeç.
/7eoî Se tcDv toutou? ^eoAdyou? #cat toîç irap rjp\îv deoXô-
yotç ôp.o^)(î)vovs rj /cat StSao/caAouç AeyovTcov, oîoueVojv 25
7rap' e/cetVojv Ta? #eoAoyi/cà? TrapeiXrj(f)€vai <f>œvds, Tt ^017
Ae'yetv/ *// Seto^at «toû (fxoroç tov <f>œrll,ovTOS irdvTa
» dvdpwTTOV €px6p.evov et? tov Koop.ov » a77-aAAa£ai /cat
aÛToùs toû Setvoû tovtov ttjç dyvoias ct/cotouç /cat <f>wrioai,
ovvtSeîv, cûç /cat 7rapà t<x)v 6<f>€wv éoTt Tt yjpr\aip.ov -qp-îv; 3°
'AAA' aveAoûoi /cat SteAoûcrt /cat ouo/ceuaoa/xeVots- /caî \prjoa-
pévois oxrv Aoya) /caT<x tcôv è/cetVcuv 8rjyp.dTcuv ' etç toûto

CVSL
I ioT)fiâTcu' : 8iOfOT)/iÔTaiv VS 11 4 ô om. VS | 7 xotiuvoîci' VS || 15 £tûa o»
L.
36 GRÉGOIRE PALAMAS

ter leurs termes théologiques, faut-il même les mentionner ?


Faut-il nous écarter de la lumière qui éclaire tout homme venant
dans le monde 1 et attendre que ces terribles ténèbres de l'igno
rance nous donnent l'illumination, sous prétexte que, même dans
les serpents, il y a chose utile pour nous ? Mais la chair des ser
pents nous est utile si on les tue, si on les dissèque, si on les
prépare et si on s'en sert avec discernement comme d'un remède
contre leurs propres morsures * ; ceux qui les tuent en tirent ainsi
parti contre ces serpents eux-mêmes, comme s'ils tuaient, à
l'aide de sa propre épée, un nouveau Goliath, un Goliath qui se
dresse, qui s'oppose à nous, qui injurie l'armée du Dieu vivant *,
éduquée dans les choses divines par des pêcheurs et des illettrés.
Lumière 12. — Ainsi nous n'empêchons per-
et ténèbres. sonne de s'initier à l'éducation profane
s'il le désire, à moins qu'il n'ait adopté
la vie monastique. Mais nous ne conseillons à personne de s'y
adonner jusqu'au bout et nous interdisons absolument d'en
attendre une quelconque exactitude dans la connaissance
des choses divines ; car il n'est possible d'en tirer aucun
enseignement sûr au sujet de Dieu. Car Dieu l'a rendue folle;
non qu'il l'ait créée ainsi — comment, en effet, la lumière
produirait-elle des ténèbres ? —, mais il l'a convaincue d'errer
dans sa folie, sans la comparer à sa propre sagesse, — atten
tion ! — car si l'on affirme cela, on dira que la Loi donnée
par Moïse est, elle aussi, abrogée et rendue folle après l'appa
rition de la Loi de la grâce. Mais si la Loi n'est pas abrogée, car
elle vient de Dieu, la sagesse des Hellènes a certainement été
rendue folle dans la mesure où elle ne vient pas de Dieu. Or tout
ce qui ne vient pas de Dieu n'existe pas ; la sagesse des Hellènes
est donc une fausse sagesse. L'intelligence qui l'a découverte,
en tant qu'intelligence, provient de Dieu, mais la sagesse elle-
même, dans la mesure où elle s'est écartée de la fin qui était la
sienne, la connaissance de Dieu, ne doit pas être considérée
comme une sagesse, mais plutôt comme un avorton de sagesse,
une sagesse contraire à la raison, c'est-à-dire une sagesse ren-

1 Jean, I, 9.
* Reprise de l'image et des termes mêmes employés dans la seconde lettre à
Barlaam {Coisl. 100, fol. 98). Cfr infra, § 20 ; Tr. II, 1, 15-16.
• I Rois (I Sam), XVII, 36.
TRIADE I, 1, 11-12 37
/
roiwv ^yqatfxa raKelvojv r)pîv, <î>s Kar eKelvojv xpfjadat
Kadaipovvras, olovel rfj iavrov pop<f>aia FoXiàO aXXov,
€7ravi<TT<ifji€Vov kclI àvOtcrrâpevov Kai « àveiSlÇovra irapd-
ra£iv 0€ov Çôjvtos » ef àXiéojv Kai aypa.fifia.Twv rà Ocîa
ire7ratSevfi€vr)v.

12. Tavr âpa Kai tt)v çÇùj iraiSetav penivai rovs ^ovXop.4-
vovç rS>v pr) rov povrjpr] filov iTraveXopévojv ovk âv àireip-
Çaipev. Aià réXovs oè ravrrj rrpoacayr]Kivai rrapaivovpev
rJKiora rœv à-nâvrojv ovSéva ' TrpoohoK&v Se ri r<ôv delojv
àxptfiws rrap avrrjs eïcrecrBai ko.1 reXéws àrrayopevopev ' 10
ov yàp ëoriv i£ avrrjs 8iSax&rjval ti ircpl 0eov àa<f>aÀés.
t'Epojpave yàpavrr)v 6 &eés», ovk avros rotavrr/v noifjoas —
vais yàp âv OKoriaai ro <f>â>s ,'— , ôAAà poipàv ovaav àrreXéyÇas,
ov rrpos TTjv avrov rrapapXrjôeîoav, ârraye, el ydp ris tout'
cittoi, Kai rov 8ià Mwaiats SeSopévov vépov KarapyrjOfjvaî 15
T€ Kat pojpavBrjvai <f>rjo€i, rov vopov <f>avepœ6evros rrjs
X<ipiTos. El Se pr) rovrov, Kai yàp ck 0cov, Karà rovro ndv-
tws r) tôjv 'EXXrpxDV ip.wpa.vdri- o~o<f>ia, KaOôri ovk ck 0cov '
vâv S' 5 pr) Ocôdcv ovk 6v Sià rovro 17 oo<f>ia rû>v 'EXXtjvojv
ipcv8a>wpos. '0 pcv yàp ravrr/v cvprjK ws vovs, fi vovs, 2°
ck Ocov ' ravrrjv 8c rov rrpocrrJKOVTOs rcXovs rrjs Ocoyvwotas
CKircaovaav , cktttojoiv oo<f>las Kai o~o<f>iav rfXoyr/pcvrjv , rav-
rov 8' clncîv pcpœpapcvqv, 8iKai6rcpov âv ris r) ao<f>iav
irpoocliroi. A16 ko.1 6 'ArrôoroXos oi>x a>ç o-vyKpivopévrjv cÎttc
pœpalvcoQai, à\À' ws rà ][ rov aiwvos rovrov t,rjrovoav Kai 25 1 *• to9*
rov TTpoaiojvixiv Qcov pr) yvovcrav, pr/Sè yvcôvai ^ovXopévrjv '
elrràiv yàp « ttov ctu^tjti^tijç rov aiwvos rovrov ; », evdvs
€Trrjyayev Sri. « ipwpavev 6 &eos rr)v aocf>îav rov Koapov

CVSL
38 GRÉGOIRE PALAMAS

due folle. C'est pourquoi l'Apôtre dit qu'elle a été rendue folle,
non pas dans sa composition même, mais parce qu'elle recherche
les choses de ce siècle, ne connaît pas le Dieu Éternel et ne veut
pas le connaître. C'est après avoir demandé Où est le chercheur
de ce siècle? qu'il ajouta immédiatement : Dieu a rendu folle
la sagesse de ce monde l, c'est-à-dire qu'il a montré, en apparais
sant lui-même, qu'elle s'était écartée de la véritable connaissance,
qu'elle n'était pas réellement sagesse, malgré ce nom qu'on lui
attribuait. Si elle avait été sagesse, comment serait-elle devenue
folie et cela par un acte de Dieu et de sa Sagesse apparue sur
terre ? Car, d'après le grand Denys, le bien supérieur ne s'oppose
pas au bien inférieur 2. Quant à moi, je dirais aussi que les choses
intelligibles ne s'affaiblissent pas les unes les autres et j'ajouterais
que toute belle chose voit sa propre beauté accrue par l'appari
tion de la Beauté supérieure. Comment n'en serait-il pas ainsi,
lorsque la Puissance même, Source du Beau, est apparue ? On ne
dira pas que les «lumières secondes», j'entends les natures qui
sont au-dessus de ce monde 3, ont été rendues inutiles par la
première Lumière, qui les éclaire ; on ne dira pas non plus que
notre raison et notre intelligence, très inférieures à ces lumières,
mais qui sont tout de même lumière, soient devenues ténèbres à
l'apparition de la lumière divine, alors qu'elle est apparue pour
éclairer tout homme venant dans le monde *. Mais celui qui s'op
pose à cette Lumière, qu'il soit ange ou qu'il soit homme, devient
ténèbres, parce qu'il s'en sépare de son plein gré et se trouve
abandonné par elle.

Loi de Moïse et 13. — C'est ainsi que cette sagesse, en


sagesse hellénique, s'opposant à la sagesse de Dieu, est deve
nue folie. Si elle avait été capable de discer
ner et d'annoncer la sagesse de Dieu dans les créatures, si elle avait
fait apparaître ce qui était caché, si elle avait été un organe de
vérité faisant disparaître l'ignorance, si elle avait été par partici
pation ce que l'Objet de son message est en tant que Cause, com-

1 I Cor., I, 20.
•De div. nom., IV, 19 (PG, III, 717 A).
* Sur les anges comme « lumières secondes » voir notamment s. Grégoire de
Nazianze, Hom., XL, 5 (PG, XXXVI, 364 B), Hom., XLIV, 3 (ibid., 609 B), etc.
4 Jean, I, 9.
TRIADE I, 1, 12-13 39
» tovtov », Tovréartv i<f>avépu>o€ <j>avels rfjs àX-qBivrjs yvu>-
aecos eK-n-eTTTioKvîav Kal firj ovaav oo<f>îav, àXXà koXov-
fiévTjv fi.6vov. El 8' Tjv ao<f>ia, vws av iyévcTO peupla Kal
Tavd* vtto Qeov Kal t^ç clvtov cro<f>las £ttI yfjs <f>av€pco6elcrrjs /
Karà yàp tov p.iyav Aiovvowv « KaXtp koXov ovk èvav- 5
» TLOvrai, tô> tJttovl to KpeÎTTOV », eya> S av <f>airjv d>ç ov8è
àp.fïXvv€Tal tto9' vtt' àXX-qXcov rd ye voiyrà, Trpoodelrjv 8* av
ôVt kcÙ ttjs iavTov KaXXovrjs ckclotov tirlhooiv Xap.j3dv€i rjj
tov KpelrTOVos €7n<f>avetq.. Ti S' âv cÏttol tis, avrijs tt}ç koX-
Xottolov 8vvdp.ews €7n<f>avelarjs ', Ov8è yàp rà Seureoa <f>û>Ta, 10
ràs VTT€pKoap,lovs Xéyoi <f>voeis, vtto tov TtpwTov <f>a>Tos
àxpetovodai <f>air) ti? i7nXdp,7rovros aiiToîs ' oùSè to ttoXv
tovt<ov dnoSéov, <f>û>s 8' op,ws 5v, to ko.6' r)uâs Xéyoj Xoyi-
kov koL voepôv, okotos yéyov€, tov deiov (fxoTos €Tri<f>av€V-
tos, Kal raûr' « cî? to <f>o}Ttaai. Trdvra àvOpamov ip^ôp-evov 15
» tic tov Koap.ov ». '0 8' àvriraTTo/ievoç tovto), €Ït âyyeXos,
cÏt' dvdpcoTTos, d>s éavrov 4k wv areprjaas tov <J>cot6s,
iyKaTaXçufrôels okotos àvair€<f>r)vev.

13. Ovrco Tolvw Kal r) oocf)îa eKelvr), àvrcTa^ap-évr/ rg


oo<pla tov Qeov, puapla yéyovev. El 8' r)v 8iopaTiKr) Kal 20
iÇayyeXTiicr) ttjs tov &eov iv toîs KTiapaoi ao<f>las, <f>avé-
pœais oiïaa tov à<f>avovs, ôpyavov àXrjdelas, à<f>avt,oriKov
àyvolas, €Keîvo Karà fiédeÇiv, o kot alrlav to àyyeXX6p.evov ,
irœs av iuwpdvdt), koi ravO' vtto tov tt)v oo<f>iav rav-rr/v
cyKaTajSaAovToç ttj KTtaet,' IJœs 8' ovk av «ç avTTjv rr)v 25
ip<f>ai,vop.évT)v t<3 iravrl tov Seov ao<f>iav to fiXdfios àvc-

CVSL
6 ms om. C | 25 /yicaTo^aAAoïTos V.
40 GRÉGOIRE PALAMAS

ment aurait-elle été rendue folle par Celui-là même qui a donné
cette sagesse à la création ? Comment ce coup qu'elle a reçu ne
serait-il pas en fait porté à la Sagesse même de Dieu, apparue à la
face de l'univers ? Comment alors Celui qui a établi la paix dans
le monde entier et pour chaque créature en particulier, ne se com
battrait-il pas manifestement lui-même, puisque d'une part il
serait source de sagesse (sa sagesse ayant été incluse dans l'ordre
cosmique) et d'autre part, par sa venue, il frapperait cette sagesse
de folie, ainsi que ceux qui l'ont reçue ? Mais il fallait que cette sa
gesse fût là, non pour être rendue folle, mais pour être accomplie,
de même que l'ancienne Loi, au sujet de laquelle Paul s'écrie :
Nous abolissons donc la Loi? Jamais! Au contraire, nous confir
mons la Loi l. Le Seigneur nous incite aussi à la scruter, car elle
possède en elle-même la vie éternelle 2 ; et il dit encore : Si vous
aviez eu foi en Moïse, vous auriez foi en Moi 3. Vois-tu l'extraordi
naire concordance de la Loi et de la grâce ? Pour cette raison,
lorsque la vraie lumière est apparue, la Loi est devenue encore
meilleure, puisque sa beauté cachée s'est manifestée ; mais ce
n'est point le cas de la sagesse des Grecs ; cette dernière, sous
un extérieur de paroles élégantes, agréables et insinuantes,
recelait la folie : son infamie une fois découverte, elle devint encore
pire et a reçu justement son nom de folie ; et il ne s'agit pas ici de
folie par transcendance, comme ce serait le cas si elle était au-
dessus de la raison (telle est l'appellation mystérieuse de la sagesse
de Dieu *), mais de folie due à une absence de connaissance de
la vérité, puisqu'elle a abandonné la fin qui convient à une sagesse
simplement humaine ; non seulement elle l'a abandonnée, mais
elle s'est égarée dans une direction absolument contraire et
persiste dans le mensonge, en le prenant pour la vérité ; elle cher
che à calomnier la vérité, comme si la v i i ' était mensonge, et
dresse la création contre le Créateur6; a.ij . ird'hui encore, son
action consiste à dresser les Écritures de l'Esprit contre l'Esprit,
contre les œuvres spirituelles et les hommes spirituels.

1 Rom., III, si.


• Jean, V, 39.
• Jean, V, 46.
« CU I Cor. ,11, 14.
• Cfr Rom., I, 25.
TRIADE I, 1, 13 41

<f>ip€To tovto ', liais o' âv oi)\ èavrtp jLidî^otTO aatftws ô


rrjs elprprqs rrjs re SXtjs Kal ttjs Ka.0' CKaorov vTrocrrdrqs,
81a fièv ttjs cyKaTafSXrjôelarqs rœ k6o/j,u> oofiîas SiSoùç
oo<f>lav, oià 8è rrjs èavrov TTapovalas tovs tc elX^ôras
Kal rr)v 8eSop.évr)v ravrqv p.u>palvajv ao<f>lav ; "E8ei 8è ko! 5
Tavrrjv, ovk els to [xœpâvai, àXX* els to irXripCJaai irapa-
yevéoÔai, Ka.6a.Trep Kal tov TrdXai vôp,ov, irepl 06 ITavXos
fîoq.' « N6p.ov ovv Karapyovp.ev ', Mt) yévono, àAAà vôpuov
» îar<ùp.ev », ov koI o Kvptos « èpevvâv » nporpéireTai, <!>s
èvredrjaavpiap.évTjV ê^ovra rqv Çwqv rqv aia>vu>v ' Kat, TrdXiv 10
« et è-moreveTé » <f>T)ai. « Mœafj, èirioreveTe âv èfiot ».
BXéneis vnepfidXXovaav || âp.oXoyiav tov vôfxov ko.1 rrjs I *• *°9"
xdpiros ; Atà tovto, tov àXrjdivov <f>a>Tos èTTi<f>avévTOS,
/SeÀTitov èavrov yéyovev o vofios, rpavwOévTos avrâ» tov
àirodeTov koXXovs, àXX' ovx t) #ca#' "EXXrjvas ao<j>ia' p.ojplav 15
S' v7TOKade£,op.évr)v e^ovoa Kou,ifteio. tivI Kal eveireia koX
■tridavôrryTi Xôyœv, tov ato~xovs àvaKaXv<f>0évTos alaxîœv
èyéveTo Kal ttjs p,<oplas otKalws iirœwp.os, ov ttjs KaO*
vrrepoyrp), ù)S vrrep êwoiav outra, tovto yàp èTraivvp,la ttjs
tov Oeov ao<f>ias à-nôppriTos , àAAà ttjs kot êXXeiipiv àXT)6eîas 2°
èxop,évr}s yvojoetos, d>s ko.1 tov vpoarjKovTOS à-noXei^deZoa
ttj Kar âvQpamov oo(f>ia tcXovs, ovk àiroXe^deîoa Se p.àvov,
àAAà Kat els irâv tovvovtIov àiro^ovKoXrjdeîaa Kal tov p.èv
iftevSovs (as àXrjdeîas àvrexop-évr), rrjs S' àÀTjdelas a»? ipev-
8ovs Karaiftevoeadai iretpwp.évri, koI eVavicrrâ<ra rr)v ktLctlv 25
Karà toû KTiaavros, "fjoirep Kal vvv êpyov èrtaviaTavai /carà
tc tov Hvevp.aros Kal tôjv 7Tvevp,aTtKÔ>v epycov Kal àvBpcov
Tas tov ITvevp.aTos ypatftàs.

CVSL

7 6 post 0$ add. L | 15 IXr/vas C.


42 GRÉGOIRE PALAMAS

Rappel de Rom. I. 14. — La folle philosophie des sages


du dehors ne comprend donc pas et ne
révèle pas la sagesse de Dieu. Comment en serait-il autrement,
puisque par elle le monde n'a pas connu Dieu 1 ? Mais si Paul dit
ailleurs que, connaissant Dieu, ils ne l'ont pas glorifié comme
Dieu *, ne se combat-il pas lui-même, lui, le disciple de la Paix et
l'héritier de la Paix surnaturelle qui se trouve en nous-mêmes,
accordée par le Christ seul ? Mais il dit seulement que, s'ils sont
parvenus à concevoir Dieu, ils l'ont fait d'une façon qui ne sied
pas à Dieu : ils ne l'ont pas glorifié comme le Créateur de toutes
choses, comme le Tout-Puissant, comme celui dont le regard
s'étend sur tout, comme l'unique Être sans commencement et
incréé. C'est pourquoi, abandonnés par Dieu depuis l'époque où
ils ont vécu, les sages, comme Paul l'a encore montré, furent li
vrés à leur sens réprouvé 3, en adorant la créature au lieu du Créa
teur 4 et en se roulant dans la fange des honteuses et basses pas
sions. Bien plus : ils ont fixé des lois et composé des écrits — ô
passion, ô artifice ! — qui sont en accord avec les démons et font
l'apologie des passions. Vois-tu que la philosophie des philo
sophes du monde possède la folie dès le début et dans sa nature
même ? Elle ne l'a point acquise de l'extérieur. Celui qui autrefois
l'a rejetée du ciel, parce qu'elle avait manqué à la vérité, celui-là
même l'a justement rendue folle aujourd'hui en venant sur terre,
car elle s'oppose à la simplicité de la prédication évangélique.
C'est pourquoi l'homme qui lui accorde encore l'attention de son
intelligence, en espérant être conduit par elle à la connaissance
de Dieu ou recevoir la purification de l'âme, éprouve les mêmes
maux qu'elle et, tout en étant sage, devient fou. La preuve
évidente qu'il se trouve bien dans cette situation, la preuve
unique et première, c'est qu'il n'accepte pas par la foi les tra
ditions que nous avons reçues des saints Pères dans la sim
plicité, en sachant qu'elles sont meilleures et plus sages que
celles qui proviennent de la recherche et du raisonnement hu
main, qu'elles se manifestent par les œuvres, au lieu d'être dé-

1 / Cor., I, 21.
* Rom., I, 21.
» Rom., I, 28.
« Rom., I, 25.
TRIADE I, 1, 14 43

14. Ovkovv SiopariKT] kclL èÇayyeXTiKT] èari rfjs tov


Oeov ao<f>îas 17 tcDv ê£a> oo<f>œv fief.uopajj.evTj <f>iXooo<f>îa.
liais yâp, « Si' r)s ovk eyvœ 6 Koofioç tov 0e6v »/ El 6"
aXXaxov <f>r)aiv 6 IlavXos Sri « yvôvres tov Oeov, ov% <vs
» Oeov èb~6£aoav », ov% eavrâ» /Lia^erai 6 ttjs etprjvrjs fiadrj- 5
ttjs, TÏjs o' iv rjfjûv avToîs Trapà Xpiarov fiôvov SiSofiévrjs
virepKoofiiov elprjvrjs K\r)pov6p.os ,' 'AXX* t)X9ov fiév, <frqoivt
els ewoiav Oeov, àXX* oi>xl -nj»' irpiTrovaav Oeâ> ' oùSè yàp
navTovpyôv, ov iravTohvvaaov , ov TravreirtoKoirov, ov fiôvov
âvapxôv Te kcÙ aKTiOTov è86£aoav aùrov. Aïoirep àno tojv 10
/car airrovs eKeivœv ypôvuiv èyKaTaXeuf>6évTes vrro tov
Oeov, <î>s Kal tout' eSeiÇev o IlavXos, « els àhÔKifiov » ol
oo<f>ol « 7rape869rjoav vovv», « XaTpevovres tt} ktIgci Trapà tov
» KTloavra » kcÙ t<2 fSopfSôpœ tû>v aloxpwv Kal Trovrjpwv
eyKaXivSovfievoi iradôjv ' ov fiôvov hé, àAÀà /cai vôfiovs ëdevro 15
Kai Xôyovs ovveypdtpavTO — <f>ev tov irâdovs, <f>ev rijs à-nâi-rfs
— o'/LioAoyovy toîç Salfiooi Kal ovvrjyôpovs toîs -nâdeoiv.
'Opâs ô)S àp\T)0ev e%ei Kal avrodev ttjv fiojpiav t) <f>iXo-
ao<f>ia tÔ)v KoofiiKcov <j>iXoo6<f>a)v, àXX ovx vrro ovyKpiaeojç
êXafiev avTTjv ; '0 toLvvv anohoKifiâaas ai)TT)v è£ ovpavov 20
totc, t»js aXifOelas SiaTreoovo'av, Kal vvv iX6à)v els ttjv yr\v,
ws Tr\ tov evayyeXiKov K-qpvyfiaTOs àvriTaTTOfiévrjv âTrXoTTfTi
StKalœs èfJ.(ôpave ' Siôirep eï tiç aiïOis Tavrrf -npooé^ei tov
vovv, d>s Trap avTrjs vpos deatyvaioiav ohrjyeîoOai. fiéXXwv
t] tf>v)(r}s oxV<T€,,v KaQapoiv, tovt aino Trâo"xei Kal fiœpai- 25
vtTai oo<f>os o>v. ! Kal tov Tradeîv tovto heîyfia oa<j>és, Il i- "»
êv fièv Kal TrpwTov, to /it) irpooUaOai Trlaret, ràs Trapahôoeis
as Trapa twv ayiojv TTaTepwv ev àTTXÔTTfTi, TrapeiXri^afiev,
elhores KpenTovs ovaas Kai ao<f>ojTepas t) /cot' àvdparrrtvrjv
traoïv Kal emVoiav Kal hC epywv <f>avepovp.évas, dXX' ovxl 3°
8tà Xôyojv àTToSeiKvvfiévas ' Kal tovt' loaoi Kal avfifiaprvpr]-
aovoi iravres, ol fj/rj npooéfievoi fiovov, àXXà Kal Treipa Kap-

CVSL
24 vap' : irpos L.
44 GRÉGOIRE PALAMAS

montrées par des paroles. Et cela, tous ceux qui n'ont pas seule
ment reçu ces traditions, mais qui, par l'expérience, en ont
recueilli les fruits et qui savent réellement en eux-mêmes que la
folie de Dieu est plus sage que les hommes 1, tous ceux-là le savent
et peuvent en porter témoignage.

Les philosophes 15- — Mais ce n>est là <lue la première


sont des possédés, preuve évidente que les sages sont bien
des fous. Voici la seconde, plus impor
tante : la puissance de cette raison rendue folle et inexistante
entre en guerre contre ceux qui acceptent ces traditions dans
la simplicité de cœur ; elle méprise les écrits de l'Esprit, à
l'exemple des hommes qui les ont négligés et qui ont dressé
la création contre le Créateur ; elle s'attaque aux activités
mystiques de l'Esprit qui agissent mieux que la raison dans
ceux qui vivent selon l'Esprit : elle s'y attaque en s'attaquant
à ces derniers. La troisième preuve, encore plus évidente, est la
suivante : ces sages sans sagesse affirment qu'ils sont rendus
sages par Dieu, comme les prophètes, bien que Platon, en faisant
l'éloge des hommes célèbres comme eux, pose clairement comme
principe, dans la majeure partie de son panégyrique, de montrer
qu'ils sont frappés de délire : Et celui qui en viendrait, dit-il,
à composer des œuvres poétiques sans l'inspiration des démons,
serait imparfait lui-même et son œuvre, et l'œuvre de l'homme qui se
possède est éclipsée par celle des fous 2. Le même Platon, avant de
commencer à discourir sur la nature du monde par la bouche de
Timée, fait le vœu de ne rien dire qui ne soit cher aux dieux 3.
Mais la philosophie chère aux démons, comment peut-elle être
celle de Dieu et provenir de Dieu ? Quant à Socrate, un démon
l'accompagnait et l'initiait : c'est vraisemblablement ce démon
qui a dit de lui qu'il était le meilleur dans la sagesse * ! Et Homère
exhorte une déesse à chanter par son intermédiaire la colère homi
cide d'Achille, permettant au démon de le prendre pour instru
ment et faisant remonter à la déesse la cause de sa propre sagesse

1 I Cor., I, 25.
* Phèdre, 245 a ; éd. L. Robin, dans la Coll. Budé, p. 33.
■ Tint. 27 cd ; éd. A. Rivaud, dans la Coll. Budé, p. 140.
* Réminiscence de l'oracle que, d'après Porphyre (Vita Plotini, 22, éd. E.
Bréhier, dans la Coll. Budé [Plotin, Ennéade, tome I], p. 25), Apollon rendit au
sujet de Socrate.
TRIADE I, 1, I4-I5 45

vataap.evoi ttjv e/c tovtojv oj<f>éXeiav kul nap' èavrûrv épyco


yvôvres ôVi to « p.ojpov tov 0eov ao<f>ojTepov rœv àvÔpwrrojv
» èorlv ».

15. '^4AA' cv p.èv 8t) tovto /cal irpœTov Ikclvov T€Kp.Tjpiov


tcôv p.ep.ojpap.év(ov oo<f>ô)v. Aevrepov 8è /cal p.elt,ov, /carà 5
twv èv à<j>e\6TrjTi KapSlas 7Tapa8exop.évœv €Keivaç eTtiarpa-
rcueiv tov iicp.wpap.evov ko.1 Ka.TTjXoyTjp.evov Xôyov ttjv
8ijvap.iv ko.1 /carà tovs napadeœpTjoavTas c/ceiVouç /cal tG>
KTIOTJJ TTJV KTIOIV eTTavaOTTJOaVTaS 7Tapa9eOjpeîV Ta TOV
IJv€vp.aTos Xôyia ko.1 to.îç uuori/caîç tov IJvevp.aTos ivep- 10
yetais, KpeÎTTOv tj Xoyoç èv toîs /carà Tlvevpa Çcôctiv èvep-
yovp.évacs, Si' aùrcôv cttitIB'eaflai. Tp'nov 8è koX oa<j>éoTe-
pov, e/c ©eov Ka.6a.TTep ko! tovs Trpo^yrjTas creoo<f>îa6ai Xéyeiv
TOVS ào6(j>OVS €K€lVOVS O0(f>0VS , KaiTOl Oa<f>OJS 6 IJXâ.TOJV,
tovs /car avTOVs o>.a<f)épovTas erraivôiv, iv iyKOjpiov p.e- 15
yiOTTj jiolpa TÎdeTai. 8eî£ai uepTjvoTas avTovs. « Kat os
» av » (jyqaiv « âvev 8aip.6va>v iimn/oLas irrl ttoitjtikovs X6-
» yovs axfnKTjTai, aTeAijs- aiîros re /cal rj ttoLtjois, ko.1 vtto
» ttjs TÛiv p.aivop.évojv tj tov oa><f>povovvTos rj<f>aviodTj ».
Aat avros oe 01a 1 1p.at.0v peAÀcov -nepi Koopov <pv- 20
oeais <f>iXooo<j)€Îv , eî^erai p.Tj8èv (.hrelv o ti pr) toîs
Beoîs <f>iXov. 'H 8è toÎç haip.001 (f>lXrj <f>i.Xooo<f>la , irœs àv
eirj &eov Te /cal e/c &eov ', Tû> 8e EuiKpâTei ovvfjv 8aip6viov,
a> 8tjttov /cal p.epvrjTai, ra^a 8è /cal ttjv ao<f>iav dptOTOS
vtt' aVToG p.ep.apTvprjTai. ©eàv S' "Op.rjpos a8eiv Si' avrov ^5
ttjv 'AxiXXécos àv8po<f>6vov pijviv TrpoTpé-neTai, Trapé'xu>v
iavTov œs ôpydvu) xpTJoQai tû> Sai'uovi /cal ttjs ovtov
ao<f>ias kol eveneias ttjv atTiai» £77' oiittjv àvafiépujv. ' Hol68<o
8' ovk àiréxpTjaev ifi èvos èvepyeloQai 8aipovos, a.Te ttjs

CVSL

6 cV om. L |I 22 <f>t\oaoifria : ao<j>ta C.


46 GRÉGOIRE PALAMAS

et de son éloquence l. A Hésiode, il ne suffit pas de subir l'action


d'un seul démon, puisqu'il est l'auteur de la Théogonie ; c'est
pourquoi il en attire à lui, très exactement, neuf en même temps,
tantôt de Piérie, tantôt d'Hélicon. Et, en effet, il s'est empli de
toute sorte de sagesse, qu'ils lui ont donnée, lorsqu'il menait à paître
des porcs à travers la montagne, en mangeant du laurier d'Hélicon 2.
Un autre dieu fit jouir de sa propre force un autre de ces sages.
Un autre se présente comme son propre témoin et dit : J'ai
tout appris par une muse qui prophétise. Un autre fait le vœu
que le chœur des Muses danse tout entier dans son âme, afin
qu'aussitôt la fille à sept étoiles de Piéros lui donne son enseigne
ment sur les sept zones, les sept planètes et leurs caractéristiques,
qu'Uranie, la fille de Zeus, lui enseigne le reste de l'astrologie et
que les autres dieux, que ces gens considèrent comme les gardiens
des choses d'ici-bas, lui apprennent les choses de la terre.

Les philosophes 16. — Veux-tu donc nous obliger à


se sont écartés de ^jre que ceux qUj parient ainsi ouverte-
8 Ii™ nP OS°P * men* à. leur propre sujet possèdent la
Sagesse de Dieu ? Non certes, aussi
longtemps que nous aurons souci de nous-mêmes et de la
véritable Sagesse, qui n'entre pas dans une âme pleine d'arti
fice et amie des démons ; et si elle y était entrée aupara
vant, elle s'envole lorsque l'âme se tourne vers le mal. Car
le Saint-Esprit éducateur s'éloigne des pensées dépourvues d'in
telligence 3, comme le dit Salomon qui possédait la sagesse
de Dieu et rédigea un livre à son sujet. Y a-t-il quelque chose
de plus sot que ces gens qui se vantent d'être initiés aux
mystères des démons et qui leur attribuent l'origine de leur propre
sagesse ? Car ce que nous disons maintenant, nous ne le disons pas
de la philosophie en général, mais de la philosophie de ces gens-là.
Si, en effet, selon Paul, on ne peut à la fois boire la coupe du
Seigneur et la coupe des démons *, comment pourrait-on posséder

» Cfr Iliade, I, v. i.
* Parodie assez éloignée du texte du prélude de la Théogonie, cfr éd. P. Mazon
dans la coll. Budé. p. 32-33.
• Sag., I. 5-
« ICor., X, ai.
TRIADE I, 1, I5-l6 47

Oeoyovtas ôvn Troi-qTrj, hiôirep iwéa /cara tclvto irpos


iavrov eVioirâYcu, vvv fièv €K Tltepias, vvv 8' i£ 'EXikw-
voç, SiKaiôrara, Kal yàp xrn ainôiv aura) SodeioTjs, « vas
» /Soct/covti kolt' ovpos, od<f>vr)s <f>ayœv eÀi/ccoviViSoç, oo<f>lr)s
» èp.iréir\ri<rro TravToirjs ». *^4AAaj 8' âXXos 6eœv a irjs ev€- 5
» KapTTT]<J€v ÔAktJs». "Erepos 8' iavrov p.àprvs ylverai, « TrâW
» e'Scrryv» Xéyœv «p,ovaa 6e6(f>paoi». "AXXos 8' cm Trçs cat/TOÛ
foxV5' navra <f>ev ^opeûaai tov p.ovaœv cVeû^eTCU )(opov,
J>S H vwô /ièv iiTTaTrôprjs Ta^a tîjs Iltepov, ràs C7rrà p.ddoi \ i- 110»
£ civas #caî tous €7rrà àorépas tovs irXdvrjTas Kal Sara /car 10
aÙTouç, ùVô 8' Ovpavlas rrjs Atos ttjv oXXtjv irâaav aarpo-
Xoyiav, îmo 8è tôjv VTroXolircov Kal icar' avrovs €<f>6po)v
tcôv Karoi Ta cm yrçs.

16. Ti S17 çtajs, oo<j>iav ipovp.ev *xeiv ®€°û tous TOiaûra


irepï a<f>œv aùrcôv Àcyovras àoiSi^Aojç/ 0v%, éu>s av 17/xâiv 15
aùrôjv aipev *ca£ tjjç ovtojs oo<f>Las depaTrcvrai, tjti? els
KaKorcxyov xai 8ai/zooi <j>i\r)v ovk eùrep^cTat ^svyr\v ' kov
elaeXdovaa <f>6do~r), p.€Taf$aXovo"qs £ttI to ^eîpov àfanTarai.
« IJvevp.a » yàp « dyiov Traioelas à7Tavaamrjo-€Tai àrro Xoyiap.â>v
» aoweTcuv », /caTa SoXop.wvra tov Oeov o~o<f>ias evfioipirjKÔTa 20
Kai Trepl avrrjs avyypaiftd/jievov. Ti 8è àovv€T(î>Tepov tc3v
p,eya <j>povouvTcov ÀttI tû> haip.001. TeXeîadac Kai TTpoafiap-
Tvpovvrwv ckcIvois ttjv xoprjylav "7-77? a<f>€T€pas oo<f>ias ',
Ov yàp TTepl (f>iXoao<f>las r/fieis a7rÀcôs Xéyofiev àVra Xéyop.ev
vvv, àXXà 7re/>i T77Ç tôjv toiovtcov (f>iXooo<f>las . El yàp Kal Karà 25
IJavXov ov ovvarai tis « iroTr\piov Kvpiov ttIvciv Kal ttott\-
» piov oaiftovliov », ttcùç âv hvvr)9eiq tiç &eov ao(f>iav ex«w
Kal vvo oat,p.6va>v ifiirvelodai ,' Ovk Zotl tovto, ovk eoriv.
El yàp Kal IJavXos carir ov (frrjoiv tôç « eV ttj oo<f>la tov
» Geov ovk eyvoj 6 Koap,os tov Qeôv », ov tt)v eV toÎç àoô- 30

CVSL

5 8' : 8« V I 24 ôtto : ôto C |] 25 tûj»' cm. CVL.


48 GRÉGOIRE PALAMAS

la sagesse de Dieu, tout en étant inspiré par des démons ? Cela


n'est pas possible, absolument pas. Et si, en effet, Paul dit quelque
part que le monde n'a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu l,
ce n'est pas la sagesse de ces sages sans sagesse qu'il a nommée
sagesse de Dieu — attention ! — mais celle que le Créateur a in
sufflée dans les créatures ; celui qui a reconnu en elle une messa
gère de Dieu a reconnu le Dieu qu'elle annonce ; celui-là possède la
véritable connaissance des êtres et, par là même, la sagesse de
Dieu ; il devient expert dans la sagesse de Dieu. 77 fallait, dit
le grand Denys, que les vrais philosophes remontent par la connais
sance des êtres vers la cause des êtres 2.

La sagesse natu- 17- — Donc. si le v™ philosophe re-


relle et le Christ, monte à la Cause, celui qui n'y remonte
pas n'est pas un vrai philosophe et
ne possède pas de sagesse, mais une sorte de simulacre men
songer de la vraie sagesse ; ce n'est point là une sagesse,
mais la négation de toute sagesse. Comment pourrait-on nom
mer sagesse de Dieu la négation de la sagesse ? D'ailleurs, l'in
telligence démoniaque est une bonne chose en tant qu'intel
ligence 8 : mais elle est une mauvaise chose dans la mesure
où elle abuse d'elle-même. Tout en connaissant mieux que
nous les mesures du monde, les évolutions, les conjonctions
et les définitions des corps mobiles, c'est une intelligence
inintelligente et pleine de ténèbres, puisqu'elle n'use pas de sa
connaissance d'une façon qui plaise à Dieu. De même, la sagesse
hellénique pense pouvoir se fonder sur la sagesse de Dieu qui se
trouve dans les créatures et par laquelle Dieu transforme la corrup
tion d'un être en naissance d'un autre être, pour montrer que Dieu
n'est pas le Seigneur de toutes choses, ni le Créateur de l'uni
vers ! Elle ne voit pas que tout possède toujours une cause !
Elle repousse ainsi la vénération du vrai Dieu, oppose irréligieuse-
ment les choses divines à elles-mêmes, suivant le même Denys le
Grand 4, et devient ainsi folle et insensée. Comment serait-elle

» / Cor., I. 21.
• Efist. VII (PG, III, 1080 B).
* Psbudo-Denys, De div. nomin., IV, 23 (ibid., 725 B).
« Epist. VII {ibid., 1080 A).
TRIADE I, 1, 16-17 49

<f>oiç €K€lvoiç èyyeyevrfpévrjv ao<f>oîs « Qeov oo<f>lav » e»ca-


Xeaev, â/iraye, tt/v S' èyKaTafiefiXiqpév7)v vtto tov ktlotov
toîs KTccrfj.aaiv, rjv 6 yvovs dyyeXov oiïcrav Qeov, Qeov iiréyvoj
tov Si' avrrjs àyyeXX6p.evov Kal yvœaiv e%ei tcôv ovtcov
àXrjdij Kal Qeov oo<f>lav rpéirov êrepov, Qeov ao<f>îas ètriyva)-
/itov yevôpevos. « 'Exprjv ydp » (farjoriv 6 p.eyas Aiovvolos
« Sià ttjs yvioaeojs tcôv ovtcov irpos tov aïriov tcôv ovtcov
» àvdyeoQat. tovs ye àXTjdeîs <f>iXoo6<f>ovs »•

17. El yovv 6 àXTjôrjs <f>iX6ao<f>os àvayeTCU irpos tov oXtvov,


6 pA) àvayôp.evos, ovk aXrjdrjs, ovb" e\a)v ao<f>lav, àAA' oîov 10
ao<j>ias à\r)6ivr\s àiraT7)X6v eïSwXov Kal OTeprjatv o~o<f>las,
àXX* ov ao<f>lav. Tt)v yovv ttjs aocplas arépT\aiv, ttwç âv eïrj
« Qeov oo<j>lav » TTpoaenreîv ; "AXXojs re Kal 6 8aip.6vt.os
vovs, $ vovs, koXov, fi 8' caurcp KaKws xPVTai> 7roV7lpà'v '
Kalroi fidrpa KÔap.ov, 8ieÇ68ovs Te Kal crvv68ovs Kal oto- 15
ptapovs tcôv Kivovp.€va>v KpeÎTTov oî8ev t) KaO' "qpâs, p.r)
6eo<f>iXœs 8è tt} yvwoei xpwp,evos, vovs iariv avons Kal
io-KOTiapévos. Tov ïoov âpa Tpôirov Kal r) Kad* "EXXrjvas
oo<f>la 8ià ttjs èv toîs KTio/iacu Qeov ao<f>las, Kad' rjv rqv
êrépov (pdopàv yéveaiv èiroiiqaev érépov, 7Teip(op.évrj 8eî£at 20
tov Qeov ov tcôv ôAcov Kvpiov, ov8è KTum\v tov Traînas,
tcô p.r) ovvopâv p.T)8èv €K prj8ap,fj p.Tj8apâ>s || yt.v6p.evov Kal [ f. mr
ovroj tÔ tov ovtcûs Qeov àircoaapévq oéf$as Kal toîs « Oeiois
» ov)( ocnœs », ko.t avTov tov péyav At.ovvat.ov, « errl Ta
» deîa xprr)oap.évr) » Kai Trapà tovto pœpà Kal âoo^os ye- 25
yovvîa, Trias âv elr) Qeov oo<f>ta ; A10 Kal 6 TlavXos SittÔv
r)p,îv èvravBoî SeiKvvs to ttjs ao<f>ias eïhos, « èv ao<j>ia »
<fyrjal « Qeov, 8ià ttjs ao<f>las ovk êyvui 6 Koapos tov Qeôv ».
'Opâs Ôti tt)v pèv ao<f>îav eÎTre tov Qeov, tt)v 8è iJjtÀr)v ao<f>iav

CVSL

23 ôvrws ' ô*to? L.


50 GRÉGOIRE PALAMAS

la sagesse de Dieu ? C'est pourquoi Paul nous montre ici que la


sagesse a deux aspects ; il dit : Dans la sagesse de Dieu, le monde
n'a pas connu Dieu par la sagesse 1. Ne vois-tu pas qu'il a parlé
d'une part de la sagesse de Dieu et d'autre part de la sagesse
tout court, cause de l'ignorance de Dieu ? Cette dernière est celle
que les Hellènes ont découverte, différente de celle de Dieu et
mise en évidence par le double emploi du mot « sagesse ». Que
dit encore plus loin ce sage de Dieu ? Nous, nous prêchons la
sagesse de Dieu 2. Les Hellènes sont-ils donc en accord avec lui,
ou bien Paul est-il d'accord avec eux ? Aucunement. C'est pour
quoi lui-même exclut la possibilité d'un tel accord et dit : Nous
prêchons une sagesse parmi les parfaits, sagesse qui n'est pas de ce
siècle, ni des princes de ce siècle qui sont anéantis 3, une sagesse
qu'aucun des princes de ce siècle n'a connue *. Cette dernière
sagesse se trouve en nous dans le Christ Jésus qui a été fait pour
nous sagesse par Dieu 6. Quant à l'autre sagesse, elle n'était pas
dans ces gens-là, mais dans les créatures qu'ils étudiaient ; ils
en ont recherché toute leur vie les principes et en arrivèrent à une
certaine conception de Dieu, car la nature et la création leur en
donnaient de grandes occasions, et les démons, d'une façon
bien démoniaque, ne l'ont pas empêché : comment, en effet,
les aurait-on pris pour des dieux, si la pensée de Dieu n'était
jamais venue dans la raison humaine ?

Folle des 18. — Ces gens en sont donc arrivés à


philosophes. une certaine conception de Dieu en exa
minant la nature des choses sensibles,
mais non pas à la conception qui était digne de Dieu et
qui convenait à sa nature bienheureuse. Car leur cœur insensé
fut obscurci 8 par les malins démons qui leur communiquaient
leur enseignement par d'affreuses machinations. Comment, en
effet, ces derniers auraient-ils été pris pour des dieux, comment
auraient-ils été crus dans leur enseignement polythéiste, si

1 / Cor., I, ai.
« / Cor., II, 7.
» / Cor., II. 6.
« / Cor., II, 8.
• / Cor., I, 30.
• Rom., I, 21.
TRIADE I, 1, I7-18 51

Kal alriav rov prf yvœvat. tov Oeov; Aôrr/ Se èariv 77 roîs
"EXXr)at,v è^evpy]p.évrj , napà rr)v tov Oeov crêpa, tô> 8i7TÀa-
oiao~p.(p tov ttjs «oo^t'aç» 6v6p.aros <f>aveptodeîaa. Ti yap kcu
npoïœv <f>rjoiv ovtoç 6 6e6ao<j>os ,' « 'Hp.eîs 8è XaXovp.ev
» Oeov ao<f>lav »" dp* ovv r) eKelvoi Karà toûtov 77 oSros kolt 5
aùroù? / Ovp.evovv ' Stô *al aùrôç tovt aTrayopevojv, « aotplav »
^Tjcri « 0coû ÀaAoC/uev *" toîç tcAcioiç, ao<piav Se où toC
» alœvos toutou, oùSè tôjv àpxoiraji> toû alœvos tovtov
» TtDv Ka.Tapyovp.evwv » /caî « tJv oùSeis rœv àpyôvrœv tov
» atcû^oç tovtov êyvœKev ». Avttj S' 17 ao<f>ia iv rjp.lv eariv 10
«V Xptorœ 'I-qaov, « 5? èyevfjdr/ r)pîv ao<f>ia àrro Oeov ».
tLKCivrj 0 ev €K€tvois ovk i\v, aAA cv rots vrr eKeivœv epevvœ-
pévois KriopaoiV, œv rovs Xôyovs èÇrjrrjKÔres Sià filou,
r)X9ov p.év ttws els évvoiav Oeov, ttjs p.èv <f>vaeœs Kal ttjs
Krioeœs àcpoppàs xopT)yovo~qs où p.iKpds, rœv 8e 8aip6vœv 15
8aip.oviœs ovk àireipyôvTœV irœs yàp àv deol èvop.iaBr)aav,
p.r)8ap.ô>ç Oeov èwolas tt)v àvdpœTrivqv eloeXOovor/s Siavoiav ;

18. Ovkovv r)X6ov p.ev els êvvoiav eKeîvoi Oeov rr)v


rœv ataOrjrcùv <f>voiv èÇrjTaKores , àAA' ovyl rr)v à£lav Kal
rfj paKapia <f>voei TrpoorjKovaav ' « èaKoriodr) yàp r) àavve- 20
» toç aÙTÔiv KapSia » îmo tôjv KaKop.riy6.vais p,vovvrœv
TTOvrjpœv 8atp.6vœV ttù~>s yàp àv ovroi deol ivop.ladi]oav,
nœs 8 av e7TiaT€v6rjaav iroXvdeîav SiSaaxovTeç, à£las Oeov
cwoias €7Ti<pat.vop,évrjS rfj 8i,avola ; Aià tovto ol ttjç àvorj-
tou #ccu p.atpâs ao<f>tas iKelvrjs Kal à?rai8eÙTou 7rai8eia? 25
eTT€tXrip.p.évot. Kal &eov Kal <f>vaeœs Karetpevoavro , rr\v p.èv
ctç SeaTTOTeiav àvayayôvres, tov Se ttjs 8eo7roTe«xç, to ye

CVSL

II iytwriB-q SL [| 18 itaîvoi &eov : Beov Îkiîvoi L.


52 GRÉGOIRE PALAMAS

une pensée digne de Dieu était apparue dans la raison des


philosophes ? Ainsi, enveloppés de cette sagesse pleine de
sottise et de folie, de cette éducation stupide, ils ont calomnié
à la fois Dieu et la nature : à la nature, ils ont donné la
souveraineté et ils ont privé Dieu de cette souveraineté, au
moins en ce qui les concerne eux-mêmes ; ils ont accrédité
l'opinion que le Nom divin appartenait aux démons et ils étaient
tellement loin de trouver la connaissance des êtres — l'objet de
leur désir et de leur zèle — qu'ils ont affirmé que les êtres ina
nimés avaient une âme et participaient à une âme supérieure à
la nôtre \ que les êtres sans raison avaient une raison puisqu'ils
pouvaient recevoir une âme humaine, que les démons nous étaient
supérieurs et, ô impiété, qu'ils étaient nos créateurs ; ils ont classé
parmi les choses coéternelles à Dieu, incréées et sans principe,
non seulement la matière et ce qu'ils appellent l'âme du monde
tout entier, ainsi que celles des choses intelligibles qui ne sont pas
revêtues de l'épaisseur du corps, mais nos âmes elles-mêmes.
Dirons-nous donc que les tenants d'une telle philosophie possè
dent la sagesse de Dieu ? Qu'ils possèdent en général une sagesse
humaine ? Aucun d'entre nous ne serait assez fou pour dire
cela. Car selon la parole du Seigneur : Un bon arbre ne produit pas
de mauvais fruits 2. En ce qui me concerne, je ne crois même pas,
lorsque j'y pense, que cette sagesse puisse être appelée «humaine»,
puisqu'elle est assez inconséquente pour affirmer que les mêmes
êtres sont à la fois animés et inanimés, doués et dépourvus de
raison, pour déclarer que des êtres qui par nature ne possèdent
pas de sensibilité, ni en général d'organe nécessaire à cette faculté,
peuvent contenir nos âmes 3 ! Et si Paul parle parfois de cette
sagesse comme de la sagesse humaine — il dit en effet : Ma
prédication ne repose pas sur les paroles persuasives de la sagesse
humaine * ; et encore : Nous ne parlons pas en paroles qu'enseigne
la sagesse humaine 5 —, il croit juste d'appeler ceux qui l'ont acqui

1 Allusion à la doctrine de l'Ame du monde développée par Platon dans le


Tintée.
« Matth.. VII, 18.
• Cfr la critique de la doctrine de la métempsychose chez s. Grégoire db
Nysse, De opif. hominis, 28 (PG, XLIV, 232 A).
« / Cor.. II, 4.
« / Cor.. II, 13.
TRIADE I, 1, 18 53

eîç avrovs t]kov, KaTCveyKovres , 8aip.o(rî tc to deîov èiri<fyq-


[iloavres ovop.a Kal tt]v tG>v Svtcov yvwoiv evpeîv, S irpovp-
yov Kal 8ià cnrovSrjs ■fjv avroîs, tooovtov Ser/cravrcs, œç
ëp.ifjv\a fièv elneïv rà âtftvxa-, npos 8e kcli KpeiTTOvos T] tt}s
ko.0' r)p.âs p.eT€t\rj)(évai 'pvx'fjs, XoyiKa 8è rà dXoya, rfjs 5
yàp àvdpœirivrjs ScktikÙ ipvxrjs, KpeiTTOVS 8' r) ko.6' r)p.âs
tovs 8atp,ovas Kal KrLaras, w tt)s àaejSeias, r)p.â>v, ovvaî8ia
8è T(ù Geâ> Kal || a-KTiari re Kal âvapxa, ov ttjv vXrjv p,6vov | f m»
Kai ttjv tov k6<T[iov navrés, wç avroi Xéyovoi, ijjvxqv Kai
rà twv voepwv p,r) èvrjp.p.éva iraxos aœp.aros, àAAà Kal ro
auras ràs r]p.€T€pas ipvxàs. Tiovv', Geov ao<f>iav êx€iV tous
ravra Tavrr) <f>iXooo<f>rjoavTas ipovp.cv ; *H oo<f>lav ôAcoç
avdpajnîvrjv yovv ,' Mr] Troff1 ovroi p.aveirj ris twv Ka6 r/p.âs.
« Aév8pov yàp àyadov Kapnovs irovqpovs ov 77<neî »,
Karà tov tov Kvpiov Xôyov. 'Eyœ yàp in' ifiavrov 15
Aoyi£o/A€VOÇ, ov8* àvdpœ-nlvrjv 8iKaiav etvai Trpooeiprja-
dai vop.lt,(x) ttjv oo<f>iav eKelvrjv, ènl tooovtov oSoav
èavTTJ àvaKÔXovdov a>ç rà avrà Xéyeiv éjxtpvxâ re
Kal àijwxa, XoyiKa tc Kal âXoya Kal rà p.r)8è npos a'oOrj-
aw ônœaovv ne^VKÔra, p.rj8' ôpyavov 5Xa>s èox^KÔTa roiav- -'<>
rr/s 8vvà.p,eu>s, x<t}Pr}Tll<ù- Xéyeiv tô>v ■qp.erépœv i/wx<^>v. El 8è
6 flavXos « àvdpœirîvrjv oo<f>iav » eariv oS Xéyei Tavrrjv
— « To yàp K-qpvyp-à fiov » <f>rjGiv « ovk ev neidoîs avdpco-
» nivqs oo<f>las Xôyots », Kal ndXiv ' « AaXovp.ev ovk èv SiSa/c-
» toÎs àv8pw7rlvr)s oo<f>las Xôyots » — , àAAà Kal « ao<f>ovs -">
» *carà aâpKa », « oo<f>oi>s p.u>pavOévTas », « ov^T]TrjTàs tov
» aiwvos tovtov » tovs KeKT-q/jiévovs Tavrrjv aÇioî KaXeîv
Kal tt)v oo<f>iav avrâjv ■napa-nXrjalojv TÔiv 7rpooprjp.âTaiv,
ao<f>iav yàp Kal Tavrrjv « pi€p.<i)pap.évrjv », « oo<f>îav Karap-
» yovp.ivqv » Kal « Kevr/v àrrdLTrjv », cro<f>iav tov œlwvos 3°
» tovtov » *cai « tcôv apxovTcov tov ulûjvos tovtov twv
» Ka.Tapyovp.ivoiv ».

CVSL
54 GRÉGOIRE PALAMAS

se sages selon la chair 1, sages rendus fous 2, disputeurs de ce siècle 8 ;


et leur sagesse est qualifiée par lui en termes semblables : elle
aussi est la sagesse rendue folle * la sagesse abolie 6 et la vaine
tromperie 6, la sagesse de ce siècle, et elle appartient aux princes
abolis de ce siècle 7.

Mais rien de ce 19. — Et moi, j'entends aussi le père


qui est n'est qm ^ . Malheur au corps, lorsqu'il ne
mauvais en soi. , , -, , ,, . , ■
consomme pas la nourriture de l extérieur,
et malheur à l'âme, lorsqu'elle ne reçoit pas la grâce d'en haut !
Justement. Le corps périra lorsqu'il se transformera en être
inanimé et l'âme, une fois détournée de ce qui lui est pro
pre, se laissera entraîner par la vie démoniaque et les pensées
des démons. Mais si l'on dit que la philosophie, en tant
qu'elle est naturelle, est un don de Dieu 8, on dit vrai et
on ne nous contredit pas, mais on ne lève pas ainsi l'accu
sation qui pèse sur ceux qui s'en sont mal servi et qui l'ont
abaissée à une fin antinaturelle ; sache même qu'on rend leur
condamnation plus lourde, puisqu'ils ont usé de ce qui leur a
été donné par Dieu d'une façon qui ne plaît pas à Dieu. D'ailleurs,
l'intelligence démoniaque, créée par Dieu, possède par nature sa
faculté de raisonner ; nous ne dirons pas cependant que son
action provient de Dieu, bien que sa possibilité d'agir provienne
de lui : on peut donc justement dire que sa raison est plutôt
une déraison '. L'intelligence des philosophes du dehors est
aussi un don divin dans la mesure où elle possède naturellement
une sagesse douée de raison ; mais elle en a été détournée par les
ruses du Malin qui l'a transformée en sagesse folle, mauvaise et
insensée, puisqu'elle défend de telles doctrines. Mais on peut
nous dire encore que les démons eux-mêmes possèdent un désir

1 / Cor.. I, 26.
* Rom., I, 22.
* 1 Cor., I, 20.
« / Cor., I, 20.
» Cfr / Cor., I, 28.
* Col., II. 8.
' / Cor., II, 6.
* Cfr supra, question, p. 4.
* Cfr Pseudo-Denys, De div. nomin., VII. 2 (PG, III, 868 C).
TRIADE I, 1, 19 55

19. 'Eyà> 8è kclI tov Xéyovros ànovat narpôs' « Oval


» awfiaTi, orav firj rrjv eÇojOev npoaevéyKrjTai Tpo<$rf\v,
» Kal oval i^XV' ôrav p,rj ttjv aviodev èinhé^-qrat, x°-Plv *•
EIkotojs- To fièv yàp els rà âi/w^a fX€ra)((opr\aav olxrfoercu,
■q 8k tov KadrjKovros TTaparpaTrcîaa raïs 8atp.oviKaîs ko! 5
t,ojaîs Kal <f>povrjp.aoL owaTraxdrioeTan.. El 8é ti? tû> <f>vaiK7jv
etvai ttjv <f>iXooo<f>iav e/c 0eov 8e86o0ai. Aeyei rav-rr/v, aXrj9r\
p.èv Xéyei kcli •qp.îv ovk àvriXéyei Kal Toi>s KaKœç Tavrr)
Xpr\oap.4vovs ko! -npos to irapà <f>voiv tcXos KaTaoïrd-
oavTaç ovk itjaipçÎTai rfjs alrlas ' terra» 8è Kal r>)v KarahiK^v 10
tovtùjv iirl p.âXXov avÇwv, on toîs e/c ©eov 6eo<f>iXû>s ovk
ixprfoavTO. "AXXùjs T€ Kal 6 8aip.6vi.os vovç e*c 0eov TTeiroirf-
p.évoç <f>vo~iKÛ)S é^et to <f>poveîv, àXXà ttjv avrov èvépyeiav
ovk èpoûfiev €K @eov, et Kal to 8vvaodai ivepyeîv ê^et e/c
Oeov ' Siô Kal 7rapa<f)poovvr) p.âXXov rj <f>povrjois avrq 8iKala>s r5
àv 7rpoopr)8elrj. Ovtoj toLvvv koL o tûv e£a> <t>i\oo6<j>œv vovç
86ua deîov, €p.<f>vrov €xwv Trlv ép-<f>pova oo<f>iav, naparpairels
8è raîç vrrofioXaîs tov irovrjpov etç pojpàv Kal Ttovr\pàv Kal
dvow, ws Trpoïo~Tap.€vr)v toiovtojv 8oyp.aTa>v, \\ p.eT€TToîrjoe ||f. ii2r
ao<f>iav. El Se tiç avdis <j>airj pvrfiè ttjv tujv 8at,p.6vojv €<f>eai.v 20
Kal yvùjcnv efvat iravTaTxaoi KaKov, è<f>UvTai yàp tov efvai
Kal Çrjv Kal voeîv, irpœTov p.èv eKeîvo Si/catats' irap' rfp.â>v
avdis àvraKovaerai p.rj 8t.Kat.0JS Svo'xepalvet.v « 8at.p.ovt.iù8rf »
p.€Ta tov à8e\<f>o0€ov , ws epi8os yép.ovoav Kal irâv a^eSôv
cfiavÀov 8àyp.a TrepUxovoav , ttjv eV toîs "EXXtjoi o~o<f>lav r)p.â>v 25
aTroKaXovvTùJV, are 8r) Kal tov oIkclov tcXovs €Ktttojtov,
Trjs deoyvojoLas 8-qXa8rj ' p,e9e^ei yàp koI ovtoj tov àyadov
KaT* eaxaTOV Kal àp,v8pov ànrfxVl10" 'Eneira Kal rovro

CVSL
56 GRÉGOIRE PALAMAS

et une connaissance qui ne sont pas absolument mauvais, puis


qu'ils désirent exister, vivre et penser. Voici la juste réponse qu'on
entendra d'abord de nous : il n'est pas juste de se fâcher contre
nous si nous disons, avec le Frère de Dieu, que la sagesse des Hel
lènes est démoniaque 1, dans la mesure où elle engendre la
querelle et comporte presque toutes les viles doctrines, dans la
mesure où elle s'est écartée de sa propre fin, c'est-à-dire de la
connaissance de Dieu ; car nous reconnaissons que même ainsi
elle participera au bien par un écho reculé et indistinct. Ensuite,
nous croyons devoir rappeler qu'aucune chose mauvaise n'est
mauvaise en tant qu'elle est, mais en tant qu'elle s'est écartée
de l'action qui lui est propre et qui lui convient, ainsi que de la
fin assignée à cette action.

La vraie connais- 20. — Donc quels doivent être l'œuvre


sance des créa- ej. |e t>ut de ceux qui recherchent la sagesse
_„.
Dieu.
de Dieu dans les créatures ? N'est-ce
pas l'acquisition de la venté et la glo
rification du Créateur ? Cela est pour tous évident. Mais la
connaissance des philosophes du dehors s'est écartée de
l'un et de l'autre. Y a-t-il en elle quelque chose qui nous
soit utile ? Certainement. Car, même dans les matières obte
nues en décortiquant les chairs de serpent, il y a beaucoup
d'efficacité thérapeutique 2 ; les médecins pensent qu'il n'y a
pas d'antidote meilleur ni plus utile que celui que l'on en
tire ; et lorsque l'on confectionne des poisons avec des desseins
trompeurs, on prend les aliments les plus doux qui puissent cacher
la pernicieuse préparation. Il y a donc quelque chose d'utile chez
les philosophes profanes, de même que dans un mélange de miel
et de ciguë ; mais il est fort à craindre que ceux qui veulent sé
parer le miel du mélange ne prennent, par mégarde, un résidu
meurtrier. Et si tu examinais le problème, tu verrais que toutes
ou la plupart des terribles hérésies prennent là leur origine ;
il en est ainsi de ces « iconognostes » qui prétendent que l'homme
reçoit l'image de Dieu par la connaissance et que cette connais

1 Jacques, III, 15.


* Même image dans la deuxième lettre à Barlaam (Coisl. 100, fol. 98) dans le
présent traité, §§ n, 21 et dans Tr. II, 1, 15-16.
TRIADE I, 1, 19-20 57

Siavoetodai tovtov àÇiovfiev à>s ovSèv kclkÔv, fj «fort, kolkÔv


ioriv, àAA' ■?} rfjs KaraXXrfXov ré Kal irpoo-qKovo~r)s èvep-
yelas Kal tov rfjs ivepyelas réXovs àiroir€TTT(OKe .

20. Ti Toivvv cpyov re Kal réXos tô>v I^tovvtojv ttjv


iv rots Kria\iaai &eov oo<f>iav ,' Oi>\ 17 rfjs àX^dcias èpvnopia 5
«ai rf irpos tov KTioavra SoÇoXoyia ', IJavri ttov SrjXov. 'AXX'
àp.<f>OT€pa)v 8unréiTTù)K€v 17 twv e£œ <piXooé<f>wv yvâxris.
'AXX' evecrrt Kal ti XPV<TIH'0V Vf1"' *v Tavrrj '• ndvv ye. Kal
yàp èv toîs rœv 6<peiœv oapKœv àireiÀrjfifiévois ttoXv to
hpaoriKov Kal OepairevriKov Kal larp&v vaîSes àvTihÔTUDV 10
àpianpr Kal xpr)oip,œTdTT)v rqv ck tovtojv avveaK€vaop.€vr)v
rf/rpnai ' Kav toîç irpoç aTrdrqv ovveoKevaap.évois tGjv S-qX-q-
■njpiwv t&v èScoSlpLcov Ta TJSiora iTapaXap.^dv€Tai, ovyKa-
Xiitpai 8vvdp.cva tt)v 7repUpyov KaTaoKcxrqv. "Eori Toiwv
■Xprf]aip.ov siv rovrots Kal ttoXv y' ïoœs <î>s p-éXi Kwvcitp irapa- 15
p.i)(9év " àXXà Kal voXv to Séos p*r) SiaKpivovoiv cKeîdev Xddrj
ti o~wairoXn]<pÔ€v Xeapavov 6avaTTj<f>6pov. Kav efcTao-fl?,
tSotç âv irdoas rj ràs irXeiaras tû>v Sewœv alpéoeœv èvrevOev
Xafiovoas ràs àpx&S) Kai tovs eiKovoyvœaTas tovtovs,
ol <j>acriv €K rfjs yvwoeojs to KaT cùcoVa tov avOpwrrov Xap.- 20
ftdveiv Kal Si avTrjs Karà Oeov p.op<povodai rqv ipvxtfv.
Karà yàp to npos tov Kdïv eïprjfiévov ' « Ovk âv ôpdws Ttpoo-
» eveyKots, ôpdws Se /x^ SiéXrjs ». To Se SwAcîv ôpdtos eViei-

CVSL
58 GRÉGOIRE PALAMAS

sance rend son âme conforme à Dieu. Car, selon ce qui a été dit à
Caïn, si tu offrais correctement sans diviser correctement... 1 Mais
bien diviser est le propre d'assez peu d'hommes : ceux-là seuls
« divisent bien » qui ont les sens de l'âme entraînés à distinguer
le bien et le mal. Quel besoin avons-nous donc de courir en vain
ces dangers et cela lorsqu'il est possible de contempler la sagesse
de Dieu dans les créatures non seulement sans danger, mais
encore avec utilité ? Une vie que l'espérance en Dieu libère de
tout souci pousse naturellement l'âme à la compréhension
des créatures de Dieu : elle est alors frappée d'admiration,
elle s'applique, approfondit sa compréhension, persiste dans
la glorification du Créateur et, par ce miracle, se trouve amenée
à ce qui est supérieur. Selon saint Isaac, elle rencontre des tré
sors que l'on ne peut exprimer en paroles 2 et, se servant de la
prière comme d'une serrure, elle pénètre par elle dans ces mystères
que l'œil n'a pas vus, que l'oreille n'a pas entendus et qui ne sont
point montés au cœur de l'homme 3, manifestés par le seul Esprit
à ceux qui en sont dignes, comme le dit Paul.

Précautions à pren- 21. — Vois-tu la voie la plus courte,


dre. très profitable et sans danger, qui mène
à ces trésors surnaturels et célestes eux-
mêmes ? Dans la sagesse profane, au contraire, il te faut
d'abord tuer le serpent, après avoir vaincu l'orgueil qui te
vient de cette sagesse. Quelle difficulté ! Il est dit en effet :
L'arrogance de la philosophie n'a rien de commun avec l'humilité.
Après l'avoir vaincu, il te faut séparer et rejeter la tête et
la queue 4, car ce sont des choses extrêmement et absolument
mauvaises : l'opinion manifestement erronée au sujet des choses
intelligibles, divines et originelles et les récits fabuleux con
cernant les créatures. Quant à ce qui est dans le milieu, c'est-
à-dire les traités concernant la nature, il te faut le séparer des
concepts nuisibles à l'aide des facultés d'examen et d'observation

1 Gen., IV, 7 (texte des Septante). Citation allusive ; la proposition complète


est la suivante : « Si tu offrais correctement, sans diviser correctement, ne péche
rais-tu pas ? ».
1 S. Isaac de Ninive, Hom. 72 (édit. Theotoki, p. 463 ; édit. Spetsieri,
P- 3«4)-
• / Cor., II, 9.
4 Cfr le paragraphe précédent.
TRIADE I, 1, 20-21 59

kws oXiyojv, KaKeivcvv fiôvcov ôaoi rà alcrdrjTrjpia rfjs foxfjs


exovat yeyvfj.vaaiJ.eva npos oïdKpiaw KaXov re Kal KaKov.
Tis rolvw XP€l'a TTO-po.Kiv8vv€veiv fia.T7]v, Kal tovt ivov
oi>x ot(os aKivovvats, àXXà Kal XvaiTeXws rqv cv toîs Krlaixa-
cri 0eov oo<f>lav Kanoeîv ,' "A<f>povris yàp ySt'oç Sià ttjv els 5
Qeov èAmSa <J>voikû>s Kiveî ttjv ifivxrjv irpos KaTavô-qauv rœv
KTiapiâTwv tov 0eov ' €KirX^TT€Tat re ravrr] irpoaavé)(ovQa
Kal ip.fSaôvvovoa, || Kal irapap.cvei oo£d£ovaa tov ktÎottjv, |f. 112»
Kal oià tov 6avfj.aTos toutou xeipaywyeÎTat. npoç Ta /xei£oj '
Kœrà yàp tov âyiov 'IaaaK « Qrjaavpoîs èvrvyxâvei, 8ià yXcoT- 10
« rqs <f>paoôrjvai. firj 8vvap,4vois », Kal ofa tivi KXetOpa) xP7](Ta~
p.évr] rrj evxfj, 01' avrrjs elaSverat npos Ta p.vorrjpt.a CKeîva
« S. 6<f>6aXp.6s ovk oîoe, Kal oiïs ovk rJKovae, Kal eVi Kap-
» olav àvdpdjTTOV ovk àvéfSrj », 8ià txôvov tov IIv€vp.aTOs,
Kadâ <f>t]OLV 6 IJavXos, <f>avepovix€va toîs àÇlois. '5

21. 'Opâs €7TiTOfj,a)ToiT7jv Kal iroXva><peXfj Kal â*aVSuvov


686v irpos avrovs (f>épovoav tovs vnepfiveîs Kal ovpaviovs
dyoavpovs ; 'EttI 8è rfjs Ovpadev oo<f>las, 8eî p.kv TrpâjTov
tov 5<j>LV airoKTeîvai, KaOeXôvra cre to irap" avrfjs TTpooyevô-
pevôv 001 <f>vcrqp.a ' 770017? 8è tovto Sua^epeia? " « TaTreivœ- 20
» oei » ydp <f>aaiv « €K<f>vXov to rfjs <f>t\ooo<f>las <j>pvayp.a ».
KaôeXovTù. 8' 5p.a>s, eweiTa SieÀeîv Kal 8t,appîtfjai Ke^aX'qv
ré Kal ovpav, â>s â.Kpa Kal a/cpaTa #ca/ca, ttjv irepl t&v voepœv
Kal deiojv Kai apxôJv 8T)Xa8rj oa<f>œç 7re7rXavr]p.évT)v 86£av
Kal Tqv iv toîs /cTiouaoi fivdoXoylav. To 8è ueTa^u, toÙç 25
Trepl <j>vo€u>s Tovréari Xoyovs, <vs oi <f>app,aKOTrotol irvpl Kal
v8ari tÙ? tcôv o<f>eùJV oapKas 6.TTOKa9aLpovo~i,v êifjovres, ovtoj
ak tû> rfjs fox?)5 ffcTaoTt*câi Kal 9eu>prjTiKœ tû>v jSÀajScpcDv
8uiKpîvai voT)p.a.TO>v. Ov fi-^v àXX' el Kal TavO' airavra Troi/q-
(T€IS Kal KoXâ)S XPy°~71 TV KaX<*>S OUtKptÔtVTl, ooov 8k Kal 3°

CVSL
60 GRÉGOIRE PALAMAS

que possède ton âme, comme les fabriquants de drogue purifient


les chairs de serpent avec du feu et de l'eau. Néanmoins, même si
tu fais tout f.ela et si tu fais bon emploi de ce qui a été bien
séparé, que de peine il te faut pour cela et combien de jugement !
Cependant, si tu fais bon emploi de cette partie bien décorti
quée de la sagesse profane, il n'y aurait rien à y redire, car, par
nature, elle doit devenir un instrument du bien. Même ainsi
pourtant elle ne pourrait légitimement être appelée don de Dieu
et bien spirituel, car elle appartient à l'ordre de nature et n'est
pas envoyée d'en haut. C'est pourquoi Paul, sage entre tous dans
les choses divines, l'appelle charnelle * : Considérez, dit-il, que
parmi nous qui avons été appelés, il n'y a pas beaucoup de
sages selon la chair 2. Qui pourtant serait à même de faire un
meilleur usage de cette sagesse, sinon ces hommes que Paul
appelle sages du dehors 3 ? Et pourtant, ayant en vue cette sa
gesse, il les appelle sages selon la chair. A juste titre !

Le Christ : notre 22. — En effet, comme dans le mariage


seule philosophie, légal, le plaisir qui a en vue la procréation
ne peut absolument pas être appelé don
divin de Dieu, car il est charnel et constitue un don de na
ture et non de grâce, bien que la nature ait été créée par
Dieu, ainsi la connaissance qui provient de l'éducation pro
fane, même si on en fait bon emploi, est un don de nature
et non de grâce, que Dieu accorde à tous sans exception
par nature et que l'on peut développer par l'exercice. Ce
dernier point — le fait qu'il n'échoit à personne sans effort
et sans exercice — est une preuve évidente qu'il s'agit d'un
don naturel et non spirituel. C'est notre théosophie à nous qui
est à proprement parler un don de Dieu, et non un don naturel ;
si de simples pêcheurs la reçoivent d'en haut, elle en fait, sui
vant Grégoire le Théologien *, des fils du tonnerre qui font reten
tir de leur parole les confins de l'univers ; si ce sont des publi-

1 // Cor., I, 12.
» / Cor., I, 26.
• Cfr / Tint., III, 7.
* Cfr Hom., XLI, 14 (PG, XXXVI, 448 C). Des passages de ce développement
sont cités dans Tr. II, 1, 12.
TRIADE I, 1, 21-22 6l

tout' êpyov ko! ôo-r/s Seîrai hiaKpiaeojs ' 5p,ioç el Kal kclAws
XP7]°~r) T4* koA&S aTT€L\rjfjLfj.€vco fioplco ttjs éÇwdev ao<f>îas,
kolkov p,ev ovk av eïrj tovto, kcli yàp ôpyavov 7ré(j>vKe yiveadai
vpos ti KaXàv. '.4AA' ovB' ovrœs av KXrjBelrf Qeov Kvpiojs
owpov Kal TJvevp.aTiKÔv, are <j>vaiKov koX p.r) âvojOev Kara- 5
irep.<f>dév. A10 Kal 6 oo<f>6s eïnep ti? t<i Oeîa IJavXoç « aapKi-
» kov » avro KaXeî, « /SAcVctc » Xéycov « rr)v KXrjoiv r)p.côv, à>s
» ov voXXol ao<f>ol Karà aâpKa ». Kalrot ris âv ^prjaaiTO
kÔXXiov rfj oo<f>La Tavrr) tôjv vtto IJavXov KeKXrjp,évœv
« eÇuidev » ao<f>â>v ', '.<4AA' ôp.ois « Karà craoïca» toutous, t6 10
ye els raxm\v t)kov, 6vop.à.t,ei oo<f>ovs ' eiKOTœs.

22. 'Qs yàp r) èrrl 7raioo7roua Karà tovs vop.lp.ovs tû>v


ydp.ojv r)Sovr) Oeîov Qeov hœpov rjKi.aT av KXrjôelr), aapKi-
kov ydp, Kal <j>voeu>s , àAA' ov xàoiToç tÔ hœpov, koItoi
ttjv <j>voiv o Qeos èirotyoev, ovtoj Kal r) irapà rrjs é£u> nai- 15
Scia? yvôjois, el Kal KaXœs ris Tavrj) \pipTO, <f>voeu>s èoriv,
àAA' ov xdpiTOS t6 86p.a, 8ià rrjs <f>voeojs rrapà Qeov Kowfj
77-âcri 8e8op.évov Kal pLeXérr) TTpos èirlhoaiv àyôp.evov ' || o Kal \ i. 113'
tovto T€Kp.rjp(.ov evapyes a»? fyvaiKov, àAA* ov 7rvevp.aTiKov
àpa Sôipov, to pvr) oirovSrjs ko! /zeAeVjjç àvev p.-qh'evl twv 20
àmàvTwv TrapaylveaQai ' Qeov yàp Kvplœs Sœpov, àAA' ov
$voik6v, r) Ka6' r)p,âs Qeooo<f>ia, rj kov àXtevaiv avojdev
èmiTTf}, Ppovrfjs vlovs, Karà tov deoXôyov Tpr\yôpiov,
à7T€pyà£eTcu, irepir^-^ovvTas tû> Xoycu rrjs olKovp.évr)S Ta
Trépara, kov reXojvais, iJjvx<â>v èp.rr6povs Srjpiovpyeî, kov 25
8ic6/ctcuç 6epp.oîs tov IfîXov, p.eTaTÎ6rjai Kal Troieî IlavXovs
àvrl UavXcuv, <x7rô yrjç « p.éxpiç ovpavov Tpvrov » (f>Qa.vovTas
Kal <n aKovovTas âpprjTa » ' Si' avTrjs tolvvv êvi Kal r)p.âs

CVSL
2 coûtas • TraiSft'aç VS. (S add. supra oo<j>ias).
62 GRÉGOIRE PALAMAS

cains, elle en fait des marchands d'âmes ; quant aux persécuteurs


au zèle ardent qui la reçoivent, ils se transforment : Saul devient
Paul1 et abandonne la terre pour atteindre le troisième ciel
et entendre des choses indicibles 2. Par elle, nous pouvons
nous aussi devenir conformes à l'image de Dieu et le rester après
la mort. Quant à la sagesse naturelle, on dit qu'Adam en possédait
en surcroît, plus que tous ses descendants, bien qu'il ait été
le premier de tous à ne pas sauvegarder la conformité à l'image.
D'un autre côté, la philosophie profane existait, au service
de cette théosophie, avant la venue de Celui qui devait rap
peler l'âme à sa beauté ancienne : pourquoi donc n'avons-
nous pas été renouvelés par elle avant le Christ ? Pourquoi avons-
nous eu besoin — ceux qui la possédaient aussi bien que tous
les autres — non pas d'un professeur de philosophie, d'un art
qui disparaît avec ce siècle et dont on dit pour cela qu'il est de
ce siècle 3, mais de Celui qui enlève le péché du monde * et qui
donne une sagesse véritable et éternelle, bien que non seulement
elle apparaisse comme une folie 6 aux sages éphémères et
corrompus, mais qu'elle rende vraiment fous, par son absence,
ceux qui n'y attachent pas leur esprit ? Vois-tu clairement que
ce n'est pas l'étude de la science profane qui apporte le salut,
qui purifie la faculté de connaissance de l'âme et qui la rend sem
blable à l'archétype divin ? J'apporterai donc une conclusion
convenable à ce que j'ai dit à son sujet. Si un homme se tourne
vers les prescriptions de la Loi pour y rechercher la purification,
le Christ ne lui sera en rien utile (bien qu'autrefois ces prescrip
tions aient été manifestement promulguées par Dieu), pas plus
que l'acquisition des connaissances profanes ; à plus forte raison,
si un homme se tourne vers la philosophie rejetée de ceux du
dehors pour en obtenir la purification de son âme, le Christ ne
lui sera en rien utile. C'est Paul, la bouche du Christ, qui parle
ici et nous apporte son témoignage.

1 Cfr Actes, XIII, 9.


• 77 Cor., XII. 2-4.
» / Cor., II, 6.
* Is., LUI, 7 ; Jean, I, 29.
» I Cor., I, 18.
TRIADE I, 1, 22 63

KdT eiKÔva &eov yevéodat tc Kal p,erà dâvarov eîvcu. Trjs


hè <f>VGiKTJs cro<f>las Kal tô> 'Ahàp. eïnep tivi tô>v fier* avrov
nepieîvai Xéyerai, kclitoi to kclt' eiKÔva irpajTW irâvratv
p.rj <pvXd£avrt. Kal r) TavTf} h' avOis fio-qBovoa. tô>v 룜
<piXooo<pia, vpo tov KareXdeîv tov St cciutoû rrpos to àp^aîov 5
kÔXXos ttjv ifivxrjv liravaKaXeoâp.evov, evpr/Tai. IJâis ovv
ov rrpo Xpurrov 8i' avrrjs àv€Kat.vlaOr)p.€v , àXX* ihefjOr]p,€v
iiceîvol tc Kal Trdvres ov tov hihdcrKovros <piXooo<ptav, Ti\vrp>
t<2 altùvi tout a» ovyKa.TaXvop.évr)v, 8iô Kal « tov alœvoç
» toutou » Xeyerai, àXX' aùroû « tov rijv àp.apriav alpovros IO
» toû K6op.ov » Kal Trapéxovros oo<f>iav àXr/Ofj t€ Kal Stauovl-
£ouaai>, €i Kai «pœpîa» toîs rrpooKaipois Kai àiroXXvp.€Vois
iorl o~o<poîs, ov hoKovoa p,6vov, àXXà Kal p.u>paivovoa ttj
éavrrjs ànovala. tovs p.rj Tavrrj irpooéxovras tov vovv; 'Opâs
oa<pâ>s dis ov% 17 ttj? é£a> 7rai8etaç p-âdr/crts iortv r) oujÇovo~a 15
Kat to rfjs iftvxfjs yvœoriKov Kadaipovoa Kai rrpos to 6eîov
àpxiTvnov à<pop.oiovoa ', Toiyapovv toîs rrepl avrrjs Xôyoïs
■npoarJKOV èiroiou) TeXos. El tiç rrpos tciç vop.iKas irapaTty-
prjaeis d>S Ka6apBrjo6p.evos ck tovtcov èrnorp€<p€Tai, Xpioros
avrov ovhèv ttxpeXfjoei, jccu'toi rrapà tov Qeov ttotc vcvop.0- 20
dérr/vrai oa<pâ>s €K€Îvat, àXX' où^l Kal r) rœv éÇto p.a6r)p,â.Tu>v
àvâXrjtfits ' ut hr) Kal rroXXâ) p.âXXov, ci tiç rrpos tt)v àrro-
hchoKtp.aop.4vrp> rwv êÇw <f>iXooo<f>iav ù»s e£ avrrjs Trjv
*f>v\r)v Kadap6rjcr6p.evos avdis èmorpéfet, Xpioros avrov
ovhkv w<peXr)oei. To tov Xpiorov oTÔp.a TIavXôs ioriv 6 25
Xeyojv ckcî Kal r)p.îv ivTavdoî ovp.p,aprvpœv.

CVSL
64 GRÉGOIRE PALAMAS

Témoignages pa- 23. — Voilà ce que tu dois dire, frère,


tristiques. à ceux qui exaltent plus qu'il ne se doit
la sagesse profane. Par ailleurs montre-
leur, en te référant aux chapitres que nous transcrivons ci-
dessous, combien futile et méprisable elle apparaissait à nos
saints Pères et surtout à ceux qui en ont fait l'expérience.

De l'évêque de Nysse, tiré de sa Contemplation sur la forma


tion du corps:
Voici la loi des brebis spirituelles : n'avoir jamais besoin de la
voix qui retentit en dehors de l'Église et, comme le dit le Seigneur l,
ne pas écouter une voix étrangère 2.

Du même, A Eupalrios :
Ton zèle à l'égard des Lettres profanes nous prouve que tu n'as
aucune sollicitude pour les sciences divines 3.

Du grand Basile, tiré de son Commentaire sur le psaume sep


tième :
Nous avons trouvé deux significations au mot « vérité » : l'une
désigne la compréhension des voies qui mènent à la vie bienheureuse,
l'autre est la saine connaissance de quelque phénomène du monde.
La première vérité contribue à notre salut: elle est présente dans
le cœur du parfait qui la transmet, sans l'altérer, à son prochain;
quant à la terre et à la mer, aux étoiles, à leur mouvement et leur
vitesse, si nous ne connaissons pas la vérité qui les concerne, cela
ne nous empêchera aucunement d'accéder à la béatitude promise *.

Du grand Denys, extrait du livre premier de la Hiérarchie


ecclésiastique :
L'assimilation et l'union à Dieu, selon l'enseignement des divines

» Jean, X. 5.
• De opif., 30 (PG, XLIV, 240 D) {rijs 'ExK^aias est une addition de Palamas
au texte de Grégoire de Nysse).
*Episl. XI (sans titre dans Migne) (PG, XLVI, 1041 C).
♦ Comment, in Ps. XIV (et non VII) (PG, XXIX, 256 BC).
TRIADE I, 1, 23 65

23. Tavra irpoç tovs ttjv é£a> oo(f>lav irXéov rj Seov e£ai-
povras, à8eX<)>é, eliré. Kal npos tovtois SeîÇov avroîs, Smz
rœv VTroyeypap,pévwv Ke<f>aXaiojv, rrws /xarala Kal 7repuf>pov7)-
Tco toîs àylois rjfiwv 7ja.Tp6.01v èvop.lodrf koI pdAiara toîs
èv rreipa || yeyovôoiv avrfjs. 5 I *• "3»

Tov Nvaarjç, Ik rfjç Seojpias ttjs tov a ojp.aToç


Karacr K€vr}s '
« OStos tûv ■nvcvp.aTiKœv 7rpoj3âra»v o v6p.os ' p.rjb'èv rfjs
» ëÇœdev rfjs 'EKKXrjolaç <f>wvrjç èmb'éeodat Kal, KaOâ <\>r\aw
» o Kvpioç, àXXorpiaç <f>0}vijç pr) aKovew ». 10

Tov a v tov, IIpoç EvTra.Tpi.ov'


H 'H irepl tovç ë£a>9év aov t&v Xôywv orrovo'r) tov pi)8e-
» pîav ae TÛtv deiwv padrjpârwv emp.eXei.av ëxeiv àfoS*1^1?
» 77/xîv èyéveTo ».

7o0 fieyaAou BaaiXelov, e/c tov 'Ef$86p.ov ipaXp.ov' 15


<nAvo Ta o~qpat.v6p.eva rfjç àXrjdeiaç evpopev ' ëv p.év,
» T17V KaTdXijif/iv tGw èirl tov jL(iK<ipiov jïLov <f>ep6vru)V, 6TC-
» pov Se, tôjv irepi oiovbrJTroTe twv èv tô> Koop.a> eîSrjatv
» vyirj. 'H p.èv ov"v owepyoç ttjs ooyrqpiaç âXrjdeia rfj
» Kaphia eveoTi tov reXelov, 8s Kal rrapaSiSojoi ravrrjv 20
» tû irXrjolov à86\u>s " irepl 8è yfjs Kal OaXdoo-qs, àorépwv
» Te Kal rfjs tovtojv Kivrjoewç rj rdxovs, èàv p.r) ï8œp.ev tt)v
» èv toîs toiovtois àXrjdetav, ov8èv r)p.îv èp.iro8loei irpos to
» èirtTVxeîv rfjs èv èirayyeXlais p.aKapi6rrjTOS ».

Tov p.eydXov A lovvalov, ck tov npojTov rfjs 'EkkXtj- 25


oiaoTiKrjs lepapxlas'
« 'H irpos Seov à<f>op,olatols Te Kal ëvcoois, ù>s Ta deîa

CVSL
12 irepl : irpôr L || 14 Tov Nvooris... axoXfjs (vid. p. 69) post iyituro add. L |
22 î&piuv : «8<ô/*fi'L|| 27 riv post irpis add. L.
66 GRÉGOIRE PALAMAS

Écritures, s'accomplissent uniquement par l'amour et la sainte mise


en pratique des très vénérables commandements 1.

De Chrysostome, extrait du Commentaire sur le saint évangile


selon Matthieu:
Ce qu'autrefois les sages du dehors n'ont même pas pu imaginer
en rêve, les pêcheurs et les illettrés nous l'annoncent en pleine certitude.
Ayant abandonné la terre, ils parlent de tout ce qui se trouve dans
les deux, ils nous apportent une nouvelle vie et une nouvelle existence,
une liberté, une servitude et un monde nouveaux, et simplement toutes
choses différentes, non pas à la façon de Platon, de Zenon ou de tous
ceux qui ont composé des lois ; la personnalité même de ces derniers
nous a montré qu'un esprit malin et un sauvage démon qui combat
notre nature a instruit leurs âmes. Quant aux pêcheurs, ils nous
enseignent sur Dieu de telles connaissances qu'aucun philosophe
n'a jamais réussi à se les mettre dans l'esprit ; aussi les connaissances
de ces philosophes ont passé et disparu à bien juste titre, car ce sont
les doctrines des démons; elles ont donc disparu dans le mépris,
plus dépourvues de valeur que des toiles d'araignée, ou plutôt comme
des objets de dérision, impudents, pleins de ténèbres et de futilité.
Mais nos doctrines à nous ne sont pas de cette sorte i.

De saint Grégoire le Théologien :


La sagesse première, c'est une vie digne de louanges et purifiée
par Dieu ; c'est une vie en train d'être purifiée par le Très Pur et
le Très Lumineux, par Celui qui ne nous demande qu'un sacrifice,
la purification. La sagesse première, c'est de mépriser la sagesse
qui consiste en paroles, en finesses verbales et antithèses trompeuses
et superflues. Voici la sagesse que moi je loue et que je recherche:
celle avec laquelle des pêcheurs ont enfermé l'univers entier par les
mailles de l'évangile, par leur parole parfaite et concise, après avoir
vaincu la « sagesse abolie » 3.

De saint Cyrille, extrait de son Commentaire sur le Psaume neu


vième :
Ceux qui ont pratiqué cette sagesse mondaine, démoniaque et

1 De eccles. hier., II (et non pas I) (PG, III, 392 A).


«Cfr Hom. I in Malth., 4-5 (PG, LVII, 18-19).
' Hom., XVI, 2 (PG, XXXV, 936 BC).
TRIADE I, 1, 23 67

» SiSaoxet Xôyia, tcû? Ttùv oefiao-p.UDTdTU)v èvroXœv dya-


» tttjctccti »ccù Upovpyîais fiôvœç tcAcÎtcu ».

7oû Xp v<to<jt6[jlov, €k ttjs 'Ep p. tj vêlas tov Karà


Mardaîov dyiovevayyeXiov'
« *A ftrjSè Svap ol eÇiodev ao<f>ol <j>avTaadr\vai. ■qhvvrjdrf- 5
» oav ttotc, ravra ot âÀieîç kcli aypap,p.aToi fiera 7roXXrjs
» ttjç 7r\r)po<f>oplas -qp.lv dnayyéXXovoL Kal ttjv yrjv d<f>évTes
» -navra nepl tô>v èv ovpavols èiaXéyovrai, irepav r\p.lv
» ï,uyr]v Kal fllov elodyovres, iXevôeplav re Kal SovXelav Kal
» Koapxtv ërcpov, Kal ânXœs -navra è%r\XXayp.éva, ov KaOd-nep 10
» IJXdrwv Kal Z-qvojv Kal ei tiç êrepos vop.ovs awé6r)Ke ' Kal
» yàp avTÔOev dnavres èhelKwvro oùroi ori TJvevp.a novqpov
» *caî 8atp.ojv tiç dypios noXepwv ■qp.wv rfj <f>voei raîç avTwv
» €irqxVae 0uXa^- Kal irepl Geov Se raûra <f>iXooo<f>elv
» neldovaw ol àXiels, â p.r]8els p.rj8eTTOTe eKclvatv pi)8è 15
» cîç voûv Xafïelv îa^ucre, Siô rà /tèv tô>v <f>iXoo6^>o)v eKelviuv
» ot^cTai /cal à77-oÀû>Ae, Kat /xaAa cIkotcos ' o~alp.oves yàp
» aura hvqyôpevoav ' rjfiavladr) rolvw Kal KaTaTre<f>p6vrjTai,
» ws àpaxylajv evreXéorepa, p.âXXov 8è a»? KaTayéXaara || | f. 114*
» Kal àaeXyrf Kal noXvv e\ovra tov £6<f>ov Kal ro dxPVaTOV 20
» àAA' ovyi Ta ij/xcre/oa roiaûra ».

Tov àylov rprjyoplov tov QeoXôyoV


« Eo<f>la npôiTT] filos inaiveTos Kal @eâ> KCKaOapp.évoç
» fj Ka6ai.p6p.evos tô> KadapœrdTip Kal Xap-nporaTip Kal
» p.6vrjv anaiTOVVTi -nap rjpôjv dvoiav, t^j/ Kddapotv. 2Jo<f>la 25
» Trpœrrj ao<f>las îmepopâv ttjs iv X6yw Keip,évr]s Kal orpo-
» (frais Xé^eojv Kal Tais ki/38tJXois Kal nepurrals dvTidéoeoi.
» TavTrjv ènaivâ) ttjv o~o<j>lav èyà> Kal Tavnjv ào7rd£op.at,
» p.e9' tfs âXiels els ttjv olKovp.évr\v ôX-qv toIs tov evayye-
» Xiov 8eap.ols èoayr\vevoav t<x> o-wreTeXeop.évoj Kal avv- 30
» T€Tp/qp.évœ Xôyio ttjv KaTapyovp,évqv oo<f>iav viK-qaavres ».

CVSL
4 âyiov orn. L.
68 GRÉGOIRE PALAMAS

animale, s'en vantent et plongent dans le feu ceux qui sont pauvres
d'intelligence ; ils en font des fils de la géhenne ; ils parlent en faveur
du mensonge; avec leur langue bien pendue, ils embellissent leur
ruse et réussissent ainsi à tromper beaucoup de gens qui se font
prendre par les conseils de ces charlatans, comme s'ils tombaient
dans des filets, car tous leurs conseils sont des pièges et des nœuds
coulants pour ceux qui n'ont pas d'éducation 1.

[De l'évêque de Nysse, extrait de son Commentaire sur l'Ecclé-


siaste :
Vois la démonstration syllogistique de l'Ecclésiaste ! Il dit que
beaucoup de connaissance accompagne beaucoup de sagesse et
qu'un surcroît de douleurs fait suite au surcroît de connaissance *.
Ainsi l'assimilation des sciences nombreuses et superflues de ceux
du dehors, la sagesse et la connaissance humaines les plus hautes,
acquises par des veilles et des douleurs, non seulement n'apportent
rien de nécessaire, ni d'utile, ni rien qui procure la vie éternelle
à ceux qui ont consacré beaucoup de zèle à ces choses, mais procurent
au contraire des douleurs encore plus grandes. Il nous faut dire
adieu à tout cela, veiller dans le chant, les prières et les supplications
adressés à notre propre Créateur, notre Dieu et notre Maître, s'y
attacher fermement, y consacrer notre temps, élever, grâce à de tels
exercices, notre cœur et notre intelligence vers la hauteur incompré
hensible de la majesté divine, fixer notre regard sur la beauté du soleil
de gloire, nous laisser illuminer, nous autres hommes, de l'intérieur
et de l'extérieur, par les participations et les communions qui en
proviennent, nous abandonner à l'indicible gloire dans la mesure
où elle peut être contemplée et imaginée, et nous remplir de joie
inexprimable et divine, afin que nos occupations inutiles ne nous
fassent pas condamner à bref délai avec la vaine école 3.]

» Comm. in Ps. (PC, LXIX, 780 A).


» Eccl., I, 18.
* Ce passage, qui ne faisait probablement pas partie du texte original de
Palamas, n'est pas de Grégoire de Nysse, mais de Grégoire d'Agrigente, In
Ecclesiastem, I, 18 (PG, XCVIII, 796 CD).
TRIADE I, 1, 23 69

Tov àylov KvpiXXov, €K ttjs 'Eppr/velas tov ivd-


tov ifiaXp.ov'
« 01 ttjv iyKÔop.iov ravrrjv kclI 8aipovuô8r) Kal i/iv^ikt^v
» aoipiav i^rjcrKTjKÔreç àXaÇovevovrai 8tà tovto koI tovs
» iv TTTOi\e'a <f>p€vâiv ifiirvplÇovoi, Tovriarw vlovs yeiwrjs 5
» àno<palvovot, ovvrjyopovvTes tô> tpev8ei ko! raîs aÙTcDv
» evyXwrrîais ttjv è.-n6.rr\v KaTaKaXXvvovres Kal dno(f>€-
» povres Sià tovtov npos to nXavâodai noXXovs ' o$toi
» ovXXapfidvovTai, Kaddnep €is nayl8a neoôvres, tls rà t&v
% nXdvcov 8iaf3ovXia ' 6 yàp àv ckcÎvoi ovp.fiovXevociav, 10
» tovto toîs àpadeoTepots ndyq Kal jSpo^oç yiverai ».
[Tov Nvoorjs, ex rrjs elç tov *E k KXrjoiaoTrjv
'EÇ-qy-qoe u> s'
"Opa rqv avXXoyiariKrjv àn68ei£iv tov ''EKKX-qaiaoTov, nâ>s
<fyqai " « Tâ> nXrfdei. ttjs oo<f>ias » aKoXovdeî « to nXrjOos rqs I5
» yvwoeœs »' kcli tjj npooS^Kj] rqs yvœoeœs "q npooQ-qK-q
tG>v aXyqpÀTwv napopapreî Kœra to aKÔXovOov, ware npos
t& pvq8èv àvayKaîov Kal XvoiTeXes ko.1 npô£evov t,wqs aia>-
viov ck ttjs àvaXqtfsews Ttôv Ovpadev noXXwv Kal nepiTTWv
paOrjpaTwv Kal rqs iv dypvnviais ko.1 Konois npooyivopévqs 20
àvdpwnivqs oo<pias Kal yvwoeœs aKpoTdrqs aKoXovdeîv toîs
nepl tol Totaûra Ài'av ionovSaKooiv , êpnaXtv Kal rj in'naais
avp.$alvei tû>v àXyqpdTwv. Aéov tovtois nâot xalpciv elnôvTas
8iaypvnveîv iv vp.vw8iais Kal npooev%aîs Kal 8e-qoeoi, raî?
npos tov ï8tov novqrqv Kal Qeov Kal 8eon6rqv, Kal tovtois iy- 25
Kaprepeîv , tovtois o^oXd^eiv, 8ià tôjv toiovtwv àvviftovv rqv
Kap8lav Kat. tov vovv npos to aKaTdXqnTOV vifios tîjs deias p.e-
yaXwovvrjs Kal tw /caAAei tov ■qXtov ttjs 86£r)s npocraTevi^eiv
Kal rats iKeîOev pedéÇeoi Kal. p.eTovoîais KaTaXap.Trpvvf.odai
Kal tov ivros II Kal to^ iKTos rjp&v âvdpatirov Kal ttjs àpp^TOV 30 | f. 114»
86£t)S KaTarpv<pâv iv Taîs /carà rô 8vvar6v npos av-rrjv dewpi-
ais Kal tpavraolais Kal nX-qpovodau rfjs ôvrœs dveKXaXrjTOv Kal
Oeias àyaXXidaews, Iva p.rj toîs davp.<f>6pot,s o^oXâÇovres els
KaTdyvwoiv êX6ù)p.€V piKpov voTepov ttjs dvovyTov o)(oXrjs. ~]

CVSL
12-34 ToO Nvooijs." oxoMjs om. VSL.
PG, CL, DEUXIÈME QUESTION
col. IIOI

La spiritualité des Tu as bien fait, Père, d'apporter aussi


hésychastes est ces citations de saints relatives à ma
qu e. s -e e qUestion. Lorsque je t'entendais résoudre
condamnable ?
mes incertitudes, j'admirais l'évidence
de la vérité. Mais une pensée s'insinuait dans mon esprit : puisque
toute parole conteste une autre parole, comme tu l'as dit toi-même 1,
n'y aurait-il pas possibilité de contester aussi tes propres paroles ?
Mais puisque je sais que seul le témoignage des œuvres est incon
testable et que j'ai entendu les saints dire la même chose que toi,
je ne crains plus rien de tel. Car celui qui n'est pas convaincu par
les saints, comment serait-il lui-même digne de foi ? Comment
ne repousserait-il pas le Dieu des saints ? Car c'est Lui qui a dit
aux apôtres et eux l'ont dit aux saints qui les ont suivis : Celui
qui vous repousse me repousse 3, c'est-à-dire qu'il repousse la
vérité elle-même. Comment donc celui qui repousse la vérité
pourrait-il rencontrer l'approbation de ceux qui recherchent
la vérité ? Je te prie donc, Père, d'écouter mon exposé sur chacun
des autres arguments que j'ai entendu proposer par ces hommes
qui passent leur vie à s'occuper d'éducation hellénique, je te
prie aussi de me dire ce que tu juges bon à ce propos et d'y ajouter
les opinions des saints sur ce sujet. Ils disent 3 en effet que nous
avons tort de vouloir reclure notre esprit à l'intérieur de notre
corps, car, disent-ils, il nous faut au contraire le rejeter à tout prix
en dehors du corps *. Ils malmènent fortement certains des nôtres

•Voir Tr. I, 1, i.
* Luc, X, 16.
* La suite du traité est partiellement traduite en français dans J. Gouillakd,
Petite Philocalie de la prière du cœur, Paris, 1953, p. 273-284.
* Dans sa lettre à Ignace l'hésychaste, Barlaam écrit en effet que les hésychastes
tenaient leur esprit reclus dans une partie du corps : îv run utptt toû owpaTot
iyK(K\(ia^ivo-, rg toû aclifiaroç â^poavvrj rt kox irax"rnTi aviiirfi^vpiuvov (Episl.
IV, édit. Schirô, p. 315).
'EPQTHZIZ AEYTEPA [PG. CL.
col. IlOl]

KaXâis €7ToÎ7jaas, vârcp, Kal tovs twv àyiwv nepl tov


Çt)t7)0€vtos p.01 Xôyovs irpodéfievos- Eov yàp aKovwv Xvov-
t6ç p,oi rà &i7]iropr)fi€va, e6a.vp.aCov p.èv tt\s àXrjOeias ro
ip.<f>av€ç, ixeîvo Se pov VTreiorjei ttjv Sidvoiav ws eVewre/î 5
tXôyw TraXaUi iras Àôyoç», wskoI avTOS eïprjKas, p.Tj xal
toÎç vtto aov Xeyopévois atidis eï-q ris àvriXoyia. 'End oè
ttjv 8ià tcùi' cpywv p.aprvpiav p.6vj)v eyvwv oiïoav àvap.<f>î-
Xcktov Kal tovs àyiovs rà aura eroi Xiyovras àic^Koa,
ovBèv toiovtov cri ScSoifca. '0 yàp tovtois p.rj weiflôuevo?, 1°
TTWS S.V aVTOS àflOmOTOÇ etr) ,' IJwS 8' ovk àv àderolr] TOV
TÔ>v àyiwv Qeôv ; Avrov ydp cctti Xôyos npos tovs àiroorô-
Xovs ko! Bt aùrcôv npos tovs p.€T avTovs àyiovs ctprçuéVo?
WS « Ô à0€Tâ»V Vp.âs €U€ àÔCT€Î », TaVTOV 8* €LTT€ÎV, aVTTjV
rqv àXijdeiav. TJws ovv âv àirohexOtlr) -napà tûv t,f]TovvTwv 15
ttjv àXrfôeiav 6 àvriKclpLevos tjj àXrjdeia; A10 irapaKaXw
ae, iraTcp, à/coûoxu p.ov kox tG>v âXXwv eKaorov SieÇiovros,
wv irapà twv 8ià jSiou ttjv €XXt]vlkt)v iraiheiav p.€TiovTwv
àvb'pwv àtcrjKoa eKelvwv Kal elireîv uéV p.01 Kai tl twv ho-
kovvtwv napà oeavTov irpoç Tavra, rrpooOeîvai 8c Kal ràs 20
tcDi' àylwv irepl tovtwv 8o£aç. Aéyovari yàp rjpâs KaKws
iroteîv (vSov tov aœp.aTos onev^ovras tov ■fjp.éTepov ip.7rc-
piKXeUiv vovv. "E£w yàp tov owpaTos (f>aoi p.âXXov yprjvai.
navrl Tpôirw tovtov i£w6eîv. Alo Kal hiaovpovoi o<p68pa
Tivàs tôiv rjp.€TépùJv, /car aiÎToDv ypd<j>ovres ws toîç àp^a- 25

CVSLAPMi.

I 8euTf'pa : irpàs aùrôi' Mi || 3 {tjttjWitos : {ijTij/xaTos Mi || 5 tij»» 8iâvcnav : tj


Stavoia Mi [il aùroç à(iômoros '■ àfiôirtaroc oÙtoc P II I 5 àv om. Mi U 19 àvSpwv
om. A | Kai tc : kclÎtoi A.
72 GRÉGOIRE PALAMAS

et dirigent contre eux leurs écrits, sous prétexte que les nôtres
exhortent les débutants à diriger leurs regards sur eux-mêmes
et à introduire, au moyen de l'inspiration, leur esprit en eux-
mêmes ; ils disent que l'esprit n'est pas séparé de l'âme 1, com
ment dès lors pourrait-on introduire en soi ce qui n'est pas séparé,
mais inclus dans l'âme ? Ils ajoutent que tels des nôtres parlent
d'introduire en eux-mêmes la grâce divine par les narines 2.
Mais je sais quant à moi qu'ils sont en train de nous calomnier,
car je n'ai rien entendu de tel dans notre milieu. J'en conclus
qu'ils ont une conduite tout aussi perfide dans d'autres domaines.
Car celui qui forge de fausses accusations peut aussi déformer
la réalité. Mais toi, Père, enseigne-moi : pourquoi mettons-nous
tout notre zèle à introduire notre esprit à l'intérieur de nous-
mêmes et pourquoi ne pensons-nous pas qu'il est mal de le reclure
dans notre corps ?

1 Barlaam écrit à Ignace que l'esprit « est toujours séparé de tout aspect
corporel, parce qu'uni à lui-même et à Dieu > : toû piv au/iarotiSoDs navrés «xo»-
pujfUvov, iamû> Se k<ù t<J> 8t<p tyiapivov (ibid.).
• Barlaam parlait, en effet, t d'entrées et de sorties intellectuelles, se produi
sant par les narines en même temps que la respiration > : votpai nw tloohoi rt
Ka'i ifotot 8tà t<û» ptvûv âfia rip irvtvfiim ytvofKvai, Epist. V (édit. Schirô,
P- 323)-
TRIADE I, 2, QUESTION 73

piois ■napa.wovvTas i<p" iavrovs fiXérreiv kcll 8ià rrjs àvairvorjs


eïaai iréfnreiv tov oIkcîov vovv, <f>daKOVT€ç pr) K€x<opiap,évov
eîvat rrjs *pvxVs T°v v°vv- Tov ovv p.i) Ke^ioptafiévov, àXX'
èvovra, ttwç o.v aUfliç eîaœ ■nipvnoi rt?/ &aol 8è kolI rqv ["04]
deiav X^PLV ^t(* Ta^v p-VKTqpwv elaoïiâÇeiv Xéyetv. 'AXX' 5
elows iyoj ovKo<f>avTtKÔ)s tovto Xéyovras avTovs, nap' oùSe-
vos yàp tout' rJKOvaa rœv ^fieréptov, ck tovtov ko.1 toîs
aXXois VTrevÔTjaa KaKovpycoç èiriTideardai ' twv yàp aùrôiv
«m, Ta Te p.rj ovra kclt' àv9pâ)TT(vv II irXdTTeiv kcÙ rà ovra \i. 115»
KaKovpycîv. 27ù Se 8l8a£6v p.e, Trârtp, tt£>s e«7a> rrép-ireiv 10
orrovhfj Trâorf irpoa.Lpovp.e9a «ai p/rj kclkov ol6p.e0a T(p
crutflan tov vovv èp^TTepitcXeUiv.

CVSLAPMi
DU MÊME
DEUXIÈME TRAITÉ DE LA PREMIÈRE SÉRIE POUR LA DÉFENSE
DES SAINTS HÉSYCHASTES
QUE CEUX QUI ONT CHOISI DE CONCENTRER LEUR ATTENTION SUR
EUX-MÊMES DANS LA QUIÉTUDE N'ONT PAS TORT DE CHERCHER
A GARDER LEUR ESPRIT A L'INTÉRIEUR DE LEUR CORPS

DEUXIÈME RÉPONSE

Le corps n'est pas *■ — Frère, n'entends-tu pas l'Apôtre


mauvais en sol. dire : Nos corps sont le temple du Saint-
Esprit qui est en nous 1 ; et encore :
Nous sommes la maison de Dieu 2 ? Et Dieu dit : J'habiterai
et je marcherai en eux et je serai leur Dieu s. Si l'on a de
l'intelligence, pourquoi s'indigner que notre intelligence habite
dans ce qui devient naturellement l'habitation de Dieu ? Et
comment Dieu a-t-il pu dès l'origine faire habiter l'intelligence
dans le corps ? A-t-il eu tort lui aussi ? C'est aux hérétiques,
frère, qu'il sied de parler ainsi, aux hérétiques qui disent que
le corps est une chose maligne, qu'il est une confection du Ma
lin *. Quant à nous, nous pensons que le mauvais esprit est
dans les pensées corporelles, mais qu'il n'y a pas de mauvais
esprit dans le corps, puisque le corps n'est pas une chose mau
vaise 5. C'est pourquoi, avec David, tous ceux qui s'atta
chent à Dieu toute leur vie crient vers Dieu : Mon âme a eu soif
de toi, combien de fois ma chair (t'a appelé) • et : Mon cœur et ma

1 / Cor., VI, 19.


» Cfr Hibr., III, 6.
» // Cor., VI, 16.
4 Doctrine manichéenne, passée dans le Messalianisme byzantin. Ce reproche
lancé à Barlaam est d'autant plus piquant que le Calabrais avait déjà assimilé les
hésychastes aux Messaliens ou Euchites {Epist. V, édit. Schirô, p. 324).
* Affirmation dogmatique constante que l'on trouve chez tous les maîtres
spirituels chrétiens, même les plus platonisants. Voir, par exemple, Ps.-Denys,
De div. nomin., IV, 27 (PC. III, 728 CD).
• Ps. LXII (LXIII), 1.
TOY AYTOY
AOTOE "YTIEP TQN 'IEPQE •HEYXAZONTQN
TQN I7P0TEPQN '0 AEYTEPOE
"OTI TOIE TIPOHPHMENOIE 'EN 'HEYXIA I7P0EEXEIN
'EAYTOIE OYK 'AEYNTEAEE 'ENAON TOY EQMATOE 5
UEIPAEBAl KATEXEIN TON OIKEION NOYN

•AnOKPIEIE AEYTEPA

1. 'ASeXfé, ovk aKoveiç tov 'AttootoXov Xiyovros Ôti « rà


» aœfiara yfiœv vaos tov èv rjp.lv àyiov IJvcvfiaTos icrri »,
Kal ndXiv ôri « oÎkos tov Qcov rjp.€ts iop.ev », <î>s Kal 6 Ocos 10
Xiyei Sri « évoiKTjCTco iv avroîs Kal ip.TTzpvnaTT\o~u} Kal ioo-
» /rai avTwv Oeàs » / "0 toLwv oltcrp^ipiov iré<f>VK€ ylveodai
0cov, irtôs àv àvaÇioTTaOrjoal ti? vovv e\<^v ivoïKioai tov
oikciov vovv aÙToi / IJws Se Kal 6 Oeos rfjv àpxrjv ivatKiae
tû> acôfiari tov vovv,' *Apa Kal avTos KaKœç eTroirjoe ,' 15
Toits tolovtovs Xàyovs, a8eX(f>i, roîs acpeTiKoîs âp/iôan
Xéyeiv, oî irovrjpov Kal tov Trovr\pov vXdcrp.a to oâ>p.a Xéyov-
aw. 'Hp,€Îs 8è iv toîs atD/xartKoîç <j>povrjp.aoiv eîvai tov
vovv ol6[ie6a KaKov, iv t<ù oœp.aTi 8è ov)(l /ca/cdv, CTrel
p.7)8è to acô/na TTOvr/pâv. A16 p.erà tov AavlS tôjv 8ià fiiov t<3 20
0€Ô> Trpooav€\6vTO)v eKaoros jSoâ irpos tov Geov ' « 'ESlifrqoé
» ctc 17 $v)çf\ p.ov, TToaaTrXws 001 17 crdp£ p.ov» Kal «'H Kapola
» p.ov Kai r) odp£ p.ov ■qyaXXidoavTo iirl 0e6v t,œvTa » Kal
p.€Ta tov Hoatov « 'H KoiXia pov Tjxrfoet, ojs Kiddpa Kal Ta
» ivres p-ov waei rétros xa^K0^v> ° iveKalvtoas » Kal « idià 25
» tov <f>6fiov oov, Kvpie, iv yaoTpl iXdf}op.ev IJvevp.a ctu>tt]-
» piov oov », <L 6appovvT€S oiî neoovpeOa, àXXà 7r€orovvrai

CVSLAPMi

1-3 T°C avTot?. .. h€VT(pos om. Mi || aùroû : àyiov IpTjyopiou S | 3 ànônpiats Sfv-
ripa post BtVTfpos add. S || 7 airotcptois htvrtpa om. S || 10 ^/icîs : rjfiwv Mi [J II
iv om. A [ 13 àva(iu>7ra6TJaai A || 22 noiaanXws C.
76 GRÉGOIRE PALAMAS

chair se sont réjouis à cause du Dieu vivant l. Et avec Isaïe : Mon


ventre résonnera comme une cithare et mes entrailles comme une
muraille d'airain que tu as refaite à neuf * et : Par la crainte que
nous avions de toi, Seigneur, nous avons conçu dans nos entrailles
l'Esprit de ton salut 8. Nous avons confiance en cet Esprit et nous
ne tomberons pas ; ce sont ceux qui parlent le langage d'ici-bas qui
tomberont, ceux qui disent faussement que les paroles et la vie
célestes sont comme celles de la terre. Car si l'Apôtre appelle aussi
le corps « mort » (Il dit en effet : Qui me délivrera de cette mort, du
corps? *), c'est parce que la pensée matérielle et corporelle a réelle
ment la forme du corps ; il la compare donc à la pensée spirituelle
et divine et l'appelle justement « corps » ; non pas simplement
« corps », mais « mort du corps ». Et il montre plus clairement
un peu plus haut qu'il n'accuse pas la chair, mais le désir pécheur
survenu plus tard à cause de la chute : Je suis vendu au péché ',
dit-il ; mais celui qui est vendu n'est pas esclave par nature ;
et encore : Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi, c'est-à-dire
dans ma chair e. Il ne dit pas, vois-tu, que c'est la chair qui est
le mal, mais ce qui habite en elle. Ce qui est mauvais ce n'est pas
le fait que l'esprit habite dans notre corps, mais que ce soit cette
loi qui est dans nos membres et qui lutte contre la loi de l'esprit 1.

L'être humain tout 2. — Voilà pourquoi nous nous insur-


entier peut rece- geons contre cette loi du péché 8, nous l'ex-
voir \sl tf rftop
* , * puisons du corps et nous y introduisons
l'autorité de l'esprit. Par cette autorité, nous fixons sa loi à
chaque puissance de l'âme et à chaque membre du corps ce qui
lui convient : aux sens, nous fixons l'objet et la limite de leur
exercice ; cette œuvre de la loi s'appelle « tempérance » ; à la partie
passionnée de l'âme, nous procurons la meilleure manière d'être
qui porte nom « amour » ; et nous améliorons aussi la partie

1 Ps. LXXXIII (LXXXIV), 2.


» Cfr Is., XVI, ii.
» Is.. XXVI, 18.
« Rom.. VII, 24.
• Rom., VII, 14.
• Rom., VII, 18.
' Rom., VII, 23.
• Rom., VIII, 2.
TRIADE I, 2, 1-2 77

ol àno rrjs yfjs <f>a)vovvres Kal œç yqîvœv rœv irrovpavlcjv


prjfid.T(ov Kal ttoXitcicôv KaTatpev&6p.evoi. El yàp Kal 6
'AttootoXos « Bâva/rov » to atopa Xéyet, « ris ydp p.é » <f>T]cn
« pvarcTat €K tov owfiaros tov davdrov tovtov,'», àXX' â>s
tov rrpoovXov Kal aatp.aTi.Kov <f>povr]p.aTos, ooj/xaToeiSoûç ov- 5
tos aTexyœs ' 8iô 7rpos to Trvevp.aTi.KOV Kai Beîov TrapafïaXXutv
tovto, « aâ)/xa » SikclIios eKaXeae, icat ovx ànÀûs « aâ>p.a »,
aXXà « ddvaTov ou>p,aTOs », kal tovto puKpov àvcoTepa)
TpavoTepov 8t]Xô>v ws ovxl ttjv odpKa cuTiàVai, àAAà -rqv
iTreiaeXôovaav àp,aprrr)TiKT\v 6pp.r)v €K 7rapafidaews ' « Tleirpa- 10
» p.évos » <f>rjaiv « €t/ii vtto ttjv âp-aprlav » ' o TreTrpapévos
8è où <f>voei BovXoç. Kal TrdXiv ' « OîSa ôVi où/c otVeî ei>
» è/zot, Tovrioriv èv tj} crapKi p.ov, àyaQôv ». 'Opâs ôVt où
tt^v odpKa, àAAà to èvoiKovv avTrj ^tjcti *ca/coV, tovtov toL-
vw «tov ôVra èv toîs || p.éXeaw r)p.ûtv Kal tû> vôpco tov 15 j f. 115»
» voèç àvTicrrpaT€v6p.evov v6p.ov » èvoiKeîv t<5 acofiaTi KaKov,
OAA OD^t TOV VOUV.

2. Aià rovd' ■qp.eîs, àvriTrapaTaTTOfievoi toûtoi « tû> rôfito


» ttj? àfiaprlas », è£oiKlE,op.ev aùrôv toû aœp.aTos Kal
èvoiKlt,opev ttjv €7noK07rr)v tov vov Kal vop.odeTovp.ev 81' 20
aùr/J? eKao-Tr) Te 8vvdp,ei rrjs- *pvxVs KaL T0^s T°v a<î>p.a- Ciio5]
toç p.éXeaiv eicaora» tÔ TrpoarJKOv ' Taîç /xèv aladrjaeaiv ,
&v Te Kal è<f>' Ôctov èorlv àvriÀi77rT€ov, rô epyov 8e tov vôp.ov
tovto TrpoaayopeveTai « iyKpâ.Teia » " t<2 8è 7radr]TiKÛ>
pépei rfjs fox?!5' T17v àpiOTTji' ip.TTOiovp.ev ë£tv, « àyaTrrç » 25
8' êo~x,ev aùrr; r^v eTTCDVvpiav ' aXXà Kal to XoyiaTiKov 8ià
toutou /3eXTiovp.ev àTTOTrepTr6p.evot, irâv S tl npouicrraTai
rfj Siavota Trpos tt)v els Qeov àvdvevaiv, KaXovp.ev 8è tovtI

CVSLAPMi
3 /if om. P | 18 tovB' : tovto Mi |] 25 àyàirq : àyà-rrqv VS | 27-28 irpooioraTai tj
Siavoiç. : t^ Stavotç irpoaloraraA P.
78 GRÉGOIRE PALAMAS

raisonnable en rejetant tout ce qui empêche l'intellect de s'élever


vers Dieu : cette partie de la loi, nous la nommons « sobriété ».
Celui qui a purifié son corps par la tempérance, celui qui, par
l'amour divin, a fait de ses volontés et de ses désirs une occasion de
vertu, celui qui présente à Dieu un esprit purifié par la prière,
acquiert et voit en lui-même la grâce promise à ceux qui ont le
cœur purifié. Il pourrait alors dire avec Paul : Dieu, qui a dit à la
lumière de briller du sein des ténèbres, a fait briller la lumière dans
nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu
dans la personne de Jésus-Christ l ; mais, dit-il, nous portons ce
trésor dans des vases d'argile 2. Par conséquent, nous qui, comme
dans des vases d'argile, c'est-à-dire dans nos corps, portons la lu
mière du Père dans la personne de Jésus-Christ pour connaître la
gloire du Saint-Esprit, manquerons-nous à la noblesse de l'esprit,
si nous gardons notre propre esprit à l'intérieur du corps ? Quel
homme doué d'une intelligence humaine dénuée de grâce divine
— je ne dirai pas quel spirituel — peut en arriver à parler ainsi ?

Le cœur, siège de 3. — Notre âme est une réalité unique,


l'intelligence. mais possédant des puissances multiples.
Elle se sert du corps qui vit naturelle
ment en conformité avec elle, comme d'un instrument. Mais la
puissance de l'âme que nous appelons « intelligence », de quels
instruments se sert-elle lorsqu'elle est en activité ? Personne n'a
jamais supposé que l'intellect siégeât dans les ongles, dans
les paupières, dans les narines ou les lèvres. Tout le monde
s'accorde pour le placer au dedans de nous. Mais certains
ont hésité à définir, au sein de nos entrailles, l'organe dont
il se sert au premier chef. Les uns, en effet, placent l'intellect
dans le cerveau, comme dans une sorte d'acropole 3 ; d'autres
considèrent que son véhicule est le centre même du cœur et ce
qui, dans le cœur, est libéré du souffle animal *. Et, nous-mêmes,

1 II Cor., IV, 6.
• // Cor., IV, 7.
» Cfr s. Grégoire de Nysse, De opif., XII (PG, XLIV, 156 CD ss). Cfr infra,
Tr. II, 2, 27.
4 Voir quelques lignes plus bas, la référence au Pseudo-Macaire.
TRIADE I, 2, 2-3 79

tÔ fiépiov tov vôp.ov tovtov « vrjif/iv ». 'EyKpaTcla 8e TIS


ro awpa Kadàpas èavrov, 8vp.6v Te Kal eTndvpLav a<f>opp,7)v
àpercûv 8** àydrrqç delas 7roir]odp.evos Kal vovv àireiXiKpivrf-
pevov Si evxfjs irapaoTrjoas tw 0eû>, Krârai Kal ôpâ ev
èavrâj -rr)v CTTT]YyeXp,€vr)v \dpiv toîs KCKadappévois ttjv 5
Kaphlav. Kal tôt' âv 8vvrj0elr] Kal tovto fiera IJavXov Xéyeiv
Sri « 6 6eos 6 elirwv eV gkotovs <f>û>s Xdp.tpai, os êXap-ifiev
» ev raïs KapSiais r)p.œv, irpos <j>oiTiap,6v rrjs yvwoews ttjs
» 86£t]S tov &eov, ev irpooânrœ 'Irjaov Xpiarov » ' « e^pp-ev
» 8e » <f>r/oi « tov dr/oavpov tovtov ev oorpaKivois OKeveoi ». 10
To yovv ■na.TpiK.ov <j>â>s, ev Trpoaama) 'Ir/aoC Xpiarov, eis to
yvtôvai T-fjv 86£av tov àylov IJvevp.aTos e^ovTeç r)p.eîs iôs
èv oorpaKtvois aKeveai, toi? aâ>p.aaiv, et tov vovv rjfiwv
avrwv èvSov toû ou>p.aTos Kadé£op.ev, avariais rfjs pteyaXo-
<f>vîaç TrpàÇopev tov vov ; Kal ris âv tout' cittoi, p.r) oti 15
7rvevp.aTi.K6s, àXXà Kal vovv yeyvp.vwp.evov Bêlas xâpiros,
àvBpdmov 8' 5p,ojs, êx<ov ;

3. 'Evel 8è Kal ev èori iroXvovvap.ov npâyp.a 7) Kad*


r)pâs *ltvxn> XPVTa1, ^ <*>s ôpydvw tû> t,r)v Kar avrr)v
7re<f>vKOTc acop-ari, Tiatv ws opydvois xpa>p.év7j ivepyeî r) 20
8vvap,ts avrfjs avr-rj, rjv KaXovp.ev «vovv»; 'AXXà yàp ovSels
tto6' vrrevàrjaev, ovr' ènl toîs owÇiv, ovr ev toîs f$Xe<f>dpots ,
ov8ep.evovv ev toîs p.VKTijpaiv 77 toîs xc^€(7tv èva>Ktop.év7}v
etvai T7jv Stavoiav ' èvros 8' r)p,îv èveîvat rrâoiv av-rr)
avv8oKeî ' 8vt)ve)(jdT]oav 8e Tives, ti'vi rrpœTw û>s ôpydvœ 25
XpfJTai TÔ>v ivTos. 01 p,èv ydp, ù>s ctt' â/c/j07roAei tivi,
tw èyKe<f>dXa> Tavrqv ivi8pvovaiv, ol 8è tt}s Kap8ias
tÔ p.eoalraTov Kal to kot avro tov i/jvxikov Trvevp.aros
a7re1XiKp1.vrjp.evov ox7)p.a 8i86aoiv avrij. 'Hp.eîs 8è Kal
avroi, et Kal p.rjTe êvSov <Ls èv àyyeitp, Kal yàp àod>- 3°

CVSLAPMi

6 xat tovto otn. Mi Ij 11-13 To yovv narpueév. . . âo-rpautyoïs OKtvtoi om. Mi |


13 T)y.wv om. A | 18 ô> ton : ivtort L ! 21 Kal post vovv add. Mi | 22 iv : M
P | 25 nporru} '. Tpénqj Mi | 26 rwv : t$ Mi Q 28 #raTf avro '. KaB' avr6 A.
80 GRÉGOIRE PALAMAS

nous savons par expérience exacte que notre raison n'est ni


au dedans de nous, comme dans un vase, car elle est incorporelle,
ni à l'extérieur, car elle nous est attachée, mais qu'elle est dans
le cœur, comme dans son organe. Nous ne le tenons pas d'un
homme, mais du Créateur même de l'homme qui, en montrant
que ce n'est pas ce qui entre, mais ce qui sort par la bouche qui
souille l'homme 1, dit : Car c'est du cœur que viennent les mauvaises
pensées 2. Et le grand Macaire ne parle pas autrement : Le cœur,
dit-il, dirige tout l'organisme et, lorsque la grâce reçoit le cœur en
partage, elle règne sur toutes les pensées et sur tous les membres;
car là est l'intelligence et toutes les pensées de l'âme 3. Notre cœur
est donc le siège de la raison et le premier organe corporel raison
nable. Par conséquent, lorsque nous cherchons à surveiller et à
redresser notre raison par une sobriété rigoureuse, avec quoi la
surveillerions-nous, si nous ne rassemblons pas notre intelligence
éparpillée au dehors par les sensations et si nous ne la ramenons
pas vers le dedans, vers ce cœur même qui est le siège des pensées?
C'est pourquoi Macaire, si justement appelé « bienheureux »,
poursuit immédiatement après : C'est donc là qu'il faut regarder
si la grâce y a gravé les lois de l'Esprit *. Où là ? Dans l'organe
directeur, le trône de la grâce où se trouvent l'intelligence et
toutes les pensées de l'âme, c'est-à-dire dans le cœur. Vois-tu
jusqu'à quel point il est nécessaire, pour ceux qui ont décidé
de s'attacher à eux-mêmes dans le repos, de ramener et de
reclure leur esprit dans le corps, et surtout dans ce corps qui est
au plus profond du corps et que nous appelons « cœur » ?

Le retour en sol. 4. — Si, d'après le psalmiste, toute la


gloire de la fille du roi provient du dedans 5,
pourquoi la chercherions-nous au dehors ? Et si, d'après l'Apôtre,

« Matth., XV, ii.


* Matth., XV, 19.
» Hom. XV, 20 (PG, XXXIV, 589 B).
* Cfr ibid. Dans le texte publié de l'homélie, une phrase rappelant celle-ci pré
cède, mais ne suit pas, le texte cité plus haut (cfr infra. Tr. 1, 3, 3 ; Tr. II, 2, 25).
* Ps. XLIV (XLV), 14 (texte des LXX). L'application de ce texte à la vie spiri
tuelle remonte probablement à Origène, cfr Selecta in Ps. (PG, XII, 1432 C) ;
TRIADE I, 2, 3-4 8l

fiarov, firjre c£a>, \\ Kal yàp avvr)p,p.évov, àXX* èv rrj KapSta |f. n6r
d)S èv ôpydvw to XoyiortKov r\p.G>v eZveu eTTt.OTdp.ed' aKpiplwç,
ov irap' àvdpwTrov tovto StBaxOévres, dXXà irap' avrov tov
TrXdoavros tov âvdpcwrov, SetKvvs ottojs « où t<x elaepxôp.eva,
» aXXà Ta èÇepxôp.eva Sia tov orôp-aTOS kolvoî tov dvdpoi- 5
» irov », « €K yàp rfjs KapSlas èÇépxovTal » <f>r)ot.v « ol Xo-
» yi.op.ol ». Tavr âpa ko! o p.éyas MaKaptos « r) KapSla »
<f>7]olv « r)yep.ovevet ôXov tov opydvov Kal, ènàv Karda^r)
» ràç vop.às rfjs KapSlas r) X^Pls' fiaoïXevei 5Xœv twv Xo-
» yiap.û>v Kal tu>v p.eXâ>v ' èxei ydp èoriv 6 vovs Kal navres IO
» ol Xoytop.ol rfjs ipvxfjs ». Ovkovv r) Kaphla r)p,û>v èori to
tov XoytoTiKov Tap.eîov Kai -rrpwTov oapKiKov ôpyavov Xo-
yiariKov. To toIwv XoyioriKov r)p.œv èv àicoi/îeî vrjtfiet crnev-
Bovres èmoKenTeodai Kal Biopdovv, tIvi y' âv èntOKeif/al-
p,eBa, el p.i) tov €KKexvp.évov Sià twv aladrjoewv vovv r)p.â>v 15
e£œ8ev avvayayôvres npos Ta èvros €7ravaydyotp.ev Kal
TTpOS aVTTjV TaVTTjV TT/V KOpBloV, TO T&V XoyUTp.Ô)V TO/Ll€ÎOV ,' [ll°8]
Aià tovto Kal o <f>epœvvp,œs MaKaptos è<f>e£rjs toîs àvorrépta
p.iKpov elpr)p,évois irap' avrov <f>r]oiv ' « 'EkcÎ toLvw Bel oko-
» ireîv, €i èvéypaifiev rj X<^PIS T0VS tov IJvevp.aTOS vôp.ovs ». 20
*Ek€Î ttov ; 'Ev tô> r)yep.ovtK(p opydvu), èv tû> rfjs xdpvros
dpôvœ, ônov 6 vovs Kal ol Xoyi.op.ol navres rfjs fox*)5' *v
ttj Kaphla Br}XaBrj. 'Opq.s ncôs àvayKaiôraTov toîs TTporjpr/-
p.évois èv iJoT^îa npooéxeiv èavroîs ènavàyeiv Kal èyarepi-
kXcUiv T<jf owp.aTi tov vovv, Kal p.dXtara t<3 èv tô> aoip.aTi 25
€v8ot<ztoj oojp.aTi, S KapSlav 6vop,dt,op.€v ',

4. El Se Kal, /caTa tov ipaXfiw&ôv, « nâaa r/ Sd^a rfjs


» dvyaTpos tov ftaaiXécDÇ ëouidev », ttcôs yp.eîs avrfjv ê£to
itov ^Tjrqaop.ev ', El 8è Kal, Karà tov ' AttÔotoXov, « 6 Oeds
» ê&utKev avrov to TIvevp.a Kpdt,ov èv Taîs KapSlats ■qp.tôv ' 3°

CVSLAPMi

I /xijre : firjr' Mi | 4 Beutvvs '. faolv «V EvayycMois Mi Ij 5 Sià tov crifiaros om.
A | 12 XoytaTiKov : Aoyio/xoC Mi | 14 y' âv : âXXift Mi J 28-29 *£<» "°" : iio>8(v
V | 29 {ijTTJato/itv Mi II &i om. Mi.
82 GRÉGOIRE PALAMAS

Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit qui crie: Abba, Père! l,
comment nous aussi ne prierions-nous pas avec l'Esprit dans
nos cœurs ? Et si, d'après le Seigneur des prophètes et des apôtres,
le Royaume des deux est au dedans de nous 2, comment ne s'exclu
rait-il pas du Royaume des deux celui qui applique son zèle à
faire sortir son esprit du dedans de lui-même ? Le cœur droit,
dit Salomon, cherche le sens 3, ce sens qu'il appelle ailleurs
intellectuel et divin * et que tous les Pères cherchent à
atteindre en disant : L'esprit intelligent est sûr d'acquérir un sens
intellectuel; ne cessons pas de rechercher ce sens, en nous et en
dehors de nous B. Vois-tu que si l'on désire s'opposer au péché,
acquérir la vertu, trouver la récompense du combat pour la vertu,
ou plutôt le sens intelligent, gage 6 de cette récompense, il faut
faire revenir l'esprit au dedans du corps et de soi-même ? Par
contre, faire sortir l'esprit non pas hors de la pensée corporelle,
mais hors du corps lui-même, dans le but de l'y faire contempler
des visions intelligibles, c'est là la plus grande des erreurs hellé
niques, la racine et la source de toutes les hérésies, une invention
des démons, une doctrine qui engendre la sottise et provient d'une
folle témérité. C'est pourquoi, ceux qui parlent par inspiration
démoniaque se retrouvent hors d'eux-mêmes, ne comprenant
même pas ce qu'ils disent. Quant à nous, nous renvoyons l'esprit
non seulement au dedans du corps et du cœur, mais au dedans de
lui-même.

Mouvement circu- 5- — Qu'us parlent donc ceux qui


laire de l'esprit.
disent que l'esprit n'est pas séparé de
l'âme, mais lui est intérieur, et qui de
mandent comment on peut le renvoyer encore au dedans ! Ils

elle se retrouve chez s. Basile, Hom. in Ps. XLIV (PG, XXIX, 412 AB) et cher
Diadoque de Photicé, cap. 79 (édit. E. des Places. Paris, 1955, p. 137).
1 Gai.. IV, 6.
• Luc, XVII, ai.
• Prov., XXVII, 21 (trad. d'Origène et de s. Grégoire de Nysse).
« Prov., II, 5.
• S. Jean Cumaque, Scala. XXVI (PG, LXXXVIII, 1020 A).
• Cfr II Cor., I, 22 ; V, 5 ; Éph., I, 14.
TRIADE I, 2, 4-5 83

» àp/Sâ 6 Uai-qp », ttô>s yficîs ovk èv aurai? ovvev£6p.e9a


t<3 IJvevfj,aTi ; El 8è Kal icarà tov 7rpo<f>rjTÔtv Kal ànooTÔXajv
Kvptov « r) fiamXeta tojv ovpavœv èvros rjp.û>v icrri. », vâts
ovk e£<o Kal rfjs twv ovpavwv fiaoïXelaç yévoiT dv 6 t&v
èvros êavrov tov vovv èÇdyeiv 8ià o-7rov8r}ç 77-010 vfievos ,' 5
« KapSla ôpBrj » <f>r)otv 6 EoXop,cuv « ^rjTeî aïoOrjaiv », tiv
o aÙTOj « voepàv » Kal « fleiav » àAAa^oû irpoaetprjKe, irpos
r\v ol Trarépes 7ravTaç TTpOTpe7r6p.evoi « vous » tfxioi « voc-
» yoôj 7ra.vrœs Kal voepàv atad-qoiv 7repiPé^XrjTat, t)v cv tj/aîi/
» /cat ovk èv r)p.ïv oiïoav €k^t]tovvt€S p-i) 7ravoa»p.eda)>. 10
'Opâç ôVi #caV 77/)oj rr)v dp,apniav àvTiKaTao~H}val ris Ttpo-
dvp.T)ôfj, kS.v TTjv apcTrjv upoaKT-qaaaQat., kS.v tov /caT
dpe-rqv dÔAov \\ to fipafieîov, p,âXXov 8è tov àppafiôiva tov | f. 116
Kar apeTTjv ftpafielou, ttjv aïadrjoiv ttjv voepav evpeîv,
èvros tov T€ aâ>/j.aTos Kal èavTov tov vovv èiravayayeîv 15
àvdyicr) ; To 8' e£a> tov vovv ov tov auip.aTi.Kov <f>povT)p,aTos,
aXX' avTov tov oœfiaTos iroteîv, ojs èKcî voepoîs ôedp.aoiv
ivTVXOl, TTJÇ èXXT]VI.K7JS €OTl irXaVTJÇ aVTO TO KpdTtOTOV
Kal Trdcrrjs KaKoSoÇlaç pit,a Kal irrfyrj, 8aip.6va>v e.vpr/po.
Kal iral8evp.a yevvrjTiKov dvoias Kal yéwr)p.a -rfjs àirovolaç. 20
Û16 Kal ol XaXovvreç eVc rfjs tû>v 8aip.6vajv ènnivolas è£eo~rq-
k6t€s iavTwv eloi, p.T)8' avro tovto awiévres o ti Xéyovoiv.
'Hp.eîç 8é, /lit) p.ôvov eïoa> tov aiôp-aros Kal ttjs KopSlas,
àXXà Kal tov avràv avrov vdXiv eïoio irep.Trop.cv tov vovv.

5. Ka-rqyopeiTOJoav ovkovv 01 XéyovTes p.r) Ke)(ùjpiap.evov , 25


cLAÀ' ivovra tt} *pv)(fj, irœs àv aiî^is euxai irép/noi ti? tov
vovv. 'Ayvoovoi ydp, wç êoiKev, on dXXo p.èv ovola vov,
dXXo 8è èvépyeia, p.âXXov 8è el8ÔTes toîs àiraTeûoiv èavrovs
ovvéTaÇav eKovres, 8ià rfjs 6p.œvvp.tas oo<pt.Ç6p.evoi. « Mt)
» KaTa8exôp.evoi yàp to rfjç 7rvevp.aTt.Krjs 8i8aoKaXias 3°
» àirXovv, ol ck rfjs 8iaXeKTiKTJç irpos ras àvriXoyîas t)kovt)-

CVSLAPMi

2 «toi post ik om. Mi II 7 votpàv k. 9. ôAA. : àXX. votpàv k. 0. A | 18 coti wArin/f :


nXâyt/s c'en A | 24 ndXtv om. Mi { 26 ir^ttroi : nc^imi A 'j 27 vov : voôs Mi.
84 GRÉGOIRE PALAMAS

ignorent, semble-t-il, que l'essence de l'esprit est une chose et


son activité en est une autre. Ou plutôt, ils le savent bien
et se rangent de plein gré parmi les fourbes en jouant sur
une équivoque. Car ils n'acceptent pas la simplicité de la doctrine
spirituelle, ces gens que la dialectique a aiguisés pour la con
tradiction ; suivant le grand Basile, ils renversent la force de
la vérité par les antithèses de la fausse connaissance 1, à l'aide
des arguments persuasifs de la sophistique 2. Car tels doivent être
ceux qui, sans être des spirituels, se jugent dignes de juger des
choses spirituelles 3 et de les enseigner ! Ne leur a-t-il pas
échappé, en effet, que l'esprit n'est pas comme l'œil qui voit
les autres objets visibles, mais ne se voit pas lui-même ? L'esprit
agit, d'une part, conformément à sa fonction d'observation exté
rieure (c'est ce que Denys le Grand appelle le mouvement en
ligne droite de l'esprit *) et, d'autre part, il revient sur lui-même
et agit en lui-même lorsqu'il se voit lui-même : c'est ce que le
même Père appelle son mouvement circulaire B. C'est là l'acti
vité la plus excellente et la plus propre de l'esprit, par laquelle
il lui arrive de se surpasser lui-même pour s'unir à Dieu. Car
l'esprit, est-il dit, qui ne se répand pas au dehors (vois-tu qu'il sort
au dehors ? Et s'il sort, il doit rentrer ; c'est pourquoi il pour
suit) rentre en lui-même et par lui-même s'élève vers Dieu 6, comme
par un chemin infaillible. Denys, cet infaillible contemplateur
des choses intelligibles, dit lui aussi que ce mouvement de l'esprit
ne saurait succomber à aucune erreur 7.

Le Christ a revêtu ®- — ^e Pere de l'erreur désire toujours


la matière. que l'homme abandonne ce mouvement
de l'esprit et que les erreurs l'amènent
à son dessein à lui. A ce jour, autant que nous le sachions, il
n'a pas trouvé de collaborateur qui se donne la peine d'ame
ner les gens à ce dessein par de bonnes paroles. Mais aujourd'hui.

1 / Tint., VI, 20.


' llom. XII in Prov.. 7 (PG, XXXI, 401 A).
1 Cfr I Cor., II, 14-15.
• De div. nomin., IV, 9 (PG. III, 705 B).
• Ihui., col. 705 A.
• S. MASH.X, Hpist. II, à s. Grégoire de Naz., 2 (PG, XXXII, 228 A).
' De div. nomin., loc. cit.
TRIADE I, 2, 5-6 85

» fj-évot » Karà rov p.eyav BaalXeiov « TrtpiTpi-novai rf/v


» lo\i>v rfjç àXrjdclas €K twv àvridiaeojv rfjs tft€v8ùJVvp.ov
» yva>oeœs ttj TndavoXoyia rû>v ao$iap.àro>v ». Toiovrovs
yàp 8eî eîvai tovs p.rj Ttvevp.aTi.Kovs ko! to. uvevfiaTiKà Kpi-
vetv Kal StSdoKeiv à^ioûvraç iavrovs. Ov yàp 8r) tovto 5
XiXrjôev avrovs, ôVi oi>x ojs "Q otfits raAAa p.èv èpq. rœv
èparœv, èavrrjv Se ovx ôpâ, ovtoj Kal o vovs, àXX* ivepyeî
p,èv Kal TaÀÀa wv àv Se'oiTO irepiOKOTTÔJv, 5 <frqai « /car [1109]
» evdeîav » Karr\oa> tov vov Atovvaios ô p,éyas, els iavrov
8' irrâveiat Kal ivepyeî KaO' iavrov, ôrav iavrov o vovs IO
ôpâ. Tovto 8' aSBis « kvkXiktjv » cfvai kIvtjoiv 6 avros avrov
<f>T]oa>. Avtt) 8' rj tov vov iariv ivipyeia, KpeiTTOjv Kal tStat-
ra-ny, 81* rjs Kal vrrep iavrov yivôp.evos cod* ôre rw Qeœ
ovyylveTai. « Novs yâp » <f>r)oi. « p.rj aKehawvp.evos eVl
» rà é^w », — ôpâç Sri. eÇeun,' 'EÇuhv oiv, iiravôo'ov Seîrai ' 15
8w> <fyqat,v — « indveioi irpos iavrov, hC iavrov 8è irpos
» rov Qeov » a»ç 8t' àrrXavovs « àvafiaivei » 1-77? 080C Trçv
ToiavnjV yàp Kivrjaiv rov vov Kal o rGxv voepwv àTrXavrjs
C7ro7rTij? CKeîvos Aiovvoios àSvvarov elvai <f>r)ot, TrXâvri rtvl
■nepnreaeîv. ^°

6. TavrrjS oiïv àirdyeiv o rrjs 7rXdvr)s Tra-rr/p iTn.6vp.6Jv


àel rov âvdpwirov Kal rrpos rfjv xcjP°^aav o.vtov ràç TrXdvas
àyeiv, oùScVco Kal Tqp.epov, 00a ye qp,eîs ïop,ev, eSpe ovvep-
yov hià xpT}o~ToXoyias àywviÇôfjicvov || i<f>eXKVoao-6ai, irpos I *■ "î'
Tavmrjv. Nvv 8' cî)? eoiKev eiïpe tovs ovXXap.fiavop.évovs, 25
eïirep, œs auras etnes, elolv oî Kal Xôyovs ovvridéaoïv
ivdyovras irpos ravra Kal toi)? rroXXovs ireideiv iyxcipovoiv
à>s KaXXiov itjio Karéxciv rov o<ûp.aTOS npoocv^ôp-evov tov

CVSLAPMi

8 irtpioKowtîv Mi U 14 ô ficyas flooi'Atioj post faot add. Mi || 26 tTirtî : (Tiras Mi


«firo- P.
86 GRÉGOIRE PALAMAS

il a, semble-t-il, trouvé des complices, s'il est vrai, comme tu


le dis toi-même, qu'il y a des gens qui ont même composé des
traités dans ce but et qui cherchent à persuader les hommes,
même ceux qui ont embrassé la vie supérieure de l'hésychie,
qu'il vaut mieux durant la prière tenir l'esprit hors du corps l.
Ils ne respectent même pas les paroles définitives et claires
de Jean qui nous a construit par ses traités l'Échelle menant
au ciel : L'hésychaste est celui qui cherche à circonscrire l'incor
porel dans son corps 2. Et nos pères spirituels nous ont trans
mis le même enseignement. Ils l'ont fait à bon droit. Car si
l'hésychaste ne le circonscrit pas au dedans de son corps,
comment fera-t-il entrer à l'intérieur de lui-même Celui qui
a revêtu le corps et qui pénètre, en tant qu'aspect naturel,
toute matière organisée ? Le côté extérieur et le morcellement
de cette matière sont incompatibles avec l'essence de l'esprit,
mais seulement jusqu'au moment où la matière commence
à vivre, ayant acquis un aspect de vie conforme à l'union (avec
le Christ).

Méthode spirituelle 7- — Tu le vois- frère : Jean a montré


pour débutants. qu'il suffit d'examiner le problème d'une
façon humaine, pas même spirituelle, pour
voir qu'il est absolument nécessaire de renvoyer ou de maintenir
l'esprit au dedans du corps quand on décide de s'appar
tenir vraiment à soi-même et de devenir un moine méritant son
nom, selon l'homme intérieur. D'autre part, il n'est pas déplacé
d'enseigner, surtout aux débutants, de se regarder soi-même
et de renvoyer son esprit au dedans de soi-même par le moyen
de l'inspiration 3. Un homme sensé n'interdirait, en effet, à
personne de ramener en lui-même, par certains procédés, son
esprit qui ne se contemple pas encore lui-même.- Ceux qui
viennent d'entreprendre cette lutte voient continuellement leur
esprit s'enfuir, à peine rassemblé ; il leur faut donc le ramener
à eux tout aussi continuellement ; dans leur inexpérience, ils ne

1 Cfr la lettre à Ignace (voir supra, quest., notes).


» Cfr Scala, XXVII (PG, LXXXVIII, col. 1097 B).
* Il s'agit ici de la Méthode spirituelle du Pseudo-Syméon et de N<céphore (cfr
infra, § 12).
TRIADE I, 2, 6-7 87

vovv Kal avrovs tovs tov virepavafiefïriKÔTa Kal -qavxi-ov


àcnraÇop.évovs fiiov, /xijS' ixelvo alSeoBévres ôirep 'Iiodwrjs,
6 rr)v irpoç ovpavov <f>ipovaav k XLp.aKa 8ià Xôyatv reicrq-
vdp.€vos 17/iîv, âpioriKœs Kal àiro<j>avriKÛ)S iÇeÎTrcv œs « tjov-
» Xaarqs ècTTiv 6 to ào~â>p,aTov iv a<ôp.ari TrepiopiÇeiv 5
» amevotov », a> ovva>8à Kal ol 7rvevp.aTiKol irarcpes r)p.û>v
è8loa£av i)p.âs. EIkotojs ' et yàp p.rj h>8ov tov aoip.aTos irept-
oplaeie, irws âv iv iavrœ irotrlaeie tov to oœp.a hrt)p.p.ivov
Kal â>s eî8os <f>voiKOV oià vdorjs ^œpovvra rrjs p.€p.op<f>u)-
p.€vr)ç vXtjs, tfs to eÇw Kal 8iœpt,op.ivov ovk âv cmSc^aiTO 10
ovaiav voO, p.ixpi>s âv €K€lvt) Çwt), Çwijs eî8os KaT<iXXr)Xo
rfj crvva<f>eîa oirœaa ,'

7. -BAéVeiç, à8eX<f>i, nias où irvevp.aTiKÔ>s p.6vov, àXXà


Kal àvdpanrlvatç iÇçTciÇovmv, elaœ tov owp.aTos Tripvniw
rj KaTexeiv tov vovv àvairi<f>rfV€v àvayKaioTaTov tovs irporjpr]- 15
p.ivovs iavTwv wç aXrjOœs yeviodai Kai Karà tov eau» âvdpat-
nov <f>ep(ovvp.cos povaxovs. To 8' elç iavrovs p.dXiora tovs
elaayopiévovç ^Xineiv eloTjyeîodat Kal Sià rrjs àvairvorjs
etacu Tripvnf.iv tov oIkcîov vovv ovk àiro rpôirov. Tov yâp
p/rpra» diOjprjTiKov iavrov pvqxavaîs t(xtl -rrpos eavrov em- 20
awdyew vovv ovk àiroTpéffteii ris eiï <f>pov<ôv. 'EttcI oSv
toÎs âpri Ttpos tov àyôjva tovtov aTroh'voap.ivoLS Kal ow-
ayàp.evos owc^ws àTroirqhâ, Se î Se Kal owe^ws avrovs aiïdts
tovtov iiravdytw ' Xavûdvet. 8* àyvp.vâoTovs ovras SvodcojpTj-
ToraTos Kal evKivrjTOTaTOS anavrœv aiv ' 81a tovto ttj irvKvâ 25
8tax€op,évr] Kal i-navayop.ivr\ cIottvotj irpooéxeiv elolv 0*

CVSLAPMi
8 iroti]<7(te om. Mi | 14 ircpireiv : àvairtinrfiv A ) 20-21 riy post imovvâyuv add.
VMi.
88 GRÉGOIRE PALAMAS

se rendent pas compte que rien au monde n'est plus difficile à


contempler et plus mobile que l'esprit. C'est pourquoi certains
leur recommandent de contrôler le va-et-vient du souffle et de
le retenir un peu l, afin de retenir aussi l'esprit en veillant sur la
respiration, jusqu'à ce qu'avec l'aide de Dieu ils aient progressé,
jusqu'à ce qu'ils aient interdit leur esprit à tout ce qui l'entoure
et l'aient purifié, et qu'ils puissent le ramener véritablement à un
recueillement unifié2. Et on peut constater que c'est là un effet
spontané de l'attention de l'esprit, car le va-et-vient du souffle
devient paisible lors de toute réflexion intense, surtout chez ceux
qui se trouvent, de corps et d'esprit, dans le repos. Ceux-ci,
en effet, pratiquent le sabbat spirituel. Autant que cela est pos
sible, ils cessent toute activité personnelle. Ils dépouillent les
puissances cognitives de l'âme de tous leurs actes changeants,
mobiles et diversifiés, de toutes les perceptions sensibles et, en
général, de tout acte corporel qui dépend de nous ; quant aux
actes qui ne dépendent pas entièrement de nous, comme l'inspi
ration, ils s'en dépouillent autant que cela est possible.

Le but de cette 8. — Tout cela vient sans peine et


méthode. sans qu'ils y réfléchissent chez ceux qui
ont progressé dans l'hésychie, car l'en
trée parfaite de l'âme à l'intérieur d'elle-même le provoque
nécessairement et spontanément. Mais, chez les débutants,
aucun de ces phénomènes ne se produit sans fatigue. Comme
la patience est un fruit de l'amour {car l'amour supporte tout 3,
et l'on nous a enseigné de pratiquer la patience de toutes nos
forces pour parvenir à l'amour), ainsi en est-il ici. Mais pour
quoi s'attarder à ces choses ? Tous ceux qui ont de l'expérience
ne peuvent que rire lorsqu'on les contredit par inexpérience,
car leur maître n'est pas la parole, mais la peine, et l'expé
rience qui provient de la peine qu'ils prennent ; c'est cette
dernière qui porte les fruits utiles et récuse les propos stériles

1 Ps.-Sym*on, Méthode... (édit. Hausherr, dans Orient. Christ., IX, 2,


1927, p. 164; cfr trad. J. Gouillard, Petite Philocalie, p. 216) ; mais non pas
Nicephore (cfr infra, Tr. II, 2, 25).
1 Cfr Ps.-Denys, De div. nomin., IV, 9 (PG, III, 705 A).
« I Cor., XIII, 7.
TRIADE I, 2, 7-8 89

irapaivovai #ccù €-it€\€lv ti uikooV, u>s KaKetvov avveTrlaxpiev


r-qpovvres èv avrfj, fiéxpi-S âv aiiv Oeâ> èvl ro Kpeîrrov Trpoïôv-
res, ànpôïTov npos rà Trepl avrov Kal àfiiyr} rov oIkcîov
vovv 7roi7]oavres , Svv7]6â>oiv aKpifiâJs eis «èvoetSfj oweÀi^iv»
crvvayayeîv. Tovro 8' 1801 ti? àv ko! avrop.dru>s iir6p.€vov 5
rfj TTpoaoxfj rov vov. 'Hpép.a yàp eïoetol re Kal é£eioi tovtI [nu]
tÔ Trvevp.a Kairl 7rdo~rjs èvayœvlov aKeipeats, p.dXi.o'ra Se
èirl r&v 7)ov)(.at>6vrujv o(vp.art Kal Siavolq.. IIvevp.aTiKiôs
yàp ovrot, oa^arltpvres Kal àno rrdvroiv rwv oIkcIoiv
cpyœv Kara7ravovres, <ôs è<fn.Kr6v, ttôv p.èv tÔ p.era^ari.KOV 10
Kal ! SieÇoSiKov Kal 7reTroi.KiXp.evov nepl Tas yvœoeis rdv | f. 117»
ipvxiKwv Svvdueujv rrepiaipovoiv êpyov Kal Ta? alodrjTiKàs
Trâoas àvTiXrjifiets Kal rrâoav ànXiôs otùuaros èvépyeiav,
TJTIS €<f> T)P-W, 7) à OVK e<f> 7jp.IV T€A€OJS, OiOTTep KOI TO ava-
7TV€ÎV, €<f>' OOOV è<f>' 7jp,ÎV. 15

8. Tarira Se Trdvra toi? TrpoKotpaai Kaô' ^on^i'av àVôVa»?


«ai a7Tepip.eplp.vais errerai ' rfj yàp reXéa. rrpos éavrfjv eloôSu»
rfjs fax7)5 o.vr6p,ara ravrl Trâvra eTriylveoQai àvdyKTj. Toîs
8* àpxop.évois cv ovSèv rû>v elprjuévwv ÏSois âv dp,oyrfrl
7rcpiyiv6p.evov. 'Qs oSv rfj àyd7T7) errerai tÔ vrrop.éveiv, « 7) 20
» yàp àyà.TT7] Trâvra aréyei », i)p.eîs Se 8i8ao~K6p.eda Karop-
dovv jSia rr)v îmop,ov7)v, œs 8t aùr^j rrpos rr\v ayaTTr/v <f>6d-
owp.ev, ovrai KaTrl rovrwv e^ei. Kal ri Seî TrXeioj Trepl tou-
to>v Xéyeiv ,' TJdvres yàp ol TreTreipap.évoi yeX&ai rovs i£
àrreiplas àvrivop.oôerovvras ' rwv yàp roiovrœv, ov Xôyos, 25
àÀÀà 7t6vos Kal 7) Sià ttovo>v Treîpa hihdoKaXos, axrrq re
Kop7rovp.év7) ro ovp.(f>épov Kal râ>v <f>iXovetKa>v re Kal <f>iXev-
ScIktoiv rovs àKapnovs d7roorpe<f>op.év7] Xôyovs. 'Errel Se
Kal, KaBâ-rrep ris rwv p.eydXwv rrepl ravra Xéyei, « toî? e£ut

CVSLAPMi

8-9 lh'€V[j.aTiKœs yàp outoi : ovtvi yàp nvevfiaTiKws Mi [(17 reXtq. : tcAciç Mi
| 19 iv : iv Mi jj aixwyrjri V jj 21-22 bibaaKÔ^tda kot. p. t. inofiov^v : p\ç t. vit.
kcit. Siê. A.
90 GRÉGOIRE PALAMAS

des chicaneurs et des accusateurs. L'un des grands docteurs


dit : Depuis la transgression, l'homme intérieur s'adapte natu
rellement aux formes extérieures 1. Celui qui cherche à faire
revenir son esprit en lui-même afin de le pousser non pas au mou
vement en ligne droite, mais au mouvement circulaire et infail
lible 2, au lieu de promener son œil de-ci de-là, comment ne tire
rait-il grand profit à le fixer sur sa poitrine ou sur son nombril
comme sur un point d'appui 3 ? Car non seulement, il se ramasse
ra ainsi extérieurement sur lui-même, autant qu'il lui sera possible,
conformément au mouvement intérieur qu'il recherche pour son
esprit, mais encore, en donnant une telle posture à son corps, il
renverra vers l'intérieur du cœur la puissance de l'esprit qui
s'écoule par la vue vers l'extérieur. Et si la puissance de la bête
intelligible siège au centre du ventre, car la loi du péché y exerce son
empire et lui donne pâture, pourquoi n'y placerions-nous pas la loi
de l'intelligence qui combat * cet empire, armée de la prière, afin
que le mauvais esprit, disparu grâce au bain de régénération 8, ne
revienne s'y installer avec sept autres esprits plus mauvais encore
et que les conditions ne deviennent encore plus mauvaises 8.

La chair peut être &■ — -Sots attentif à toi-même, dit Moïse 7.


transfigurée. C'est-à-dire à toi tout entier : non pas
à une partie de toi-même en négligeant
le reste. Comment ? Par l'esprit, évidemment, car par aucun
autre organe il n'est possible d'être attentif à la totalité de
sa propre personnalité. Poste donc cette garde sur ton âme
et sur ton corps : elle te délivrera facilement des mauvaises
passions du corps et de l'âme. Confie-toi donc à cette garde,
à cette attention, ne perds pas le contrôle de toi-même, ou

1 Cfr Ps.-Macaire, Hom., XVI, 7 (PG, XXXIV, 617 D), s. Jban Climaque,
Scala, XXVIII (PG, LXXXVIII, 1133 B) ; ibid., XXV (PG, LXXXVIII, 1000 D-
1001 A).
» Cfr Ps.-Denys, De div. nomin., IV, 8 (PG, 111,704 D).
• Cfr Ps.-Syméon, p. 164. Dans sa deuxième lettre à Barlaam, Palamas décrit
la méthode en des termes identiques (Coisl. 100, fol. iooT).
« Cfr Rom.. VII, 23.
• Tile, III, 5.
• Luc, XI, 26.
' Deutir., XV, 9.
TRIADE I, 2, 8-9 91

» ayr\\i.a.<Ji. iré(f>VKev 6 eoio dvOpajiros o~vve£op,otovo6ai fiera


» rfjv Trapàfiaoïv », irûs ovk âv awreXéaeié ti p.éya râ)
ott€v8ovti ovorpé<f>ei.v tov vovv els èavrov, ws p.r} rfjv /car'
evdelav, àXXà rfjv kvkXuc?jv Kal àirXavrj Ktveîodai Kurt)aiv,
T(à p.r] tov 6<f>daXp,6v <L8e KaKeîoe nepiâyeiv, àXX' oîov 5
ipelafiarl rivt tovtov Trpoocpe&eiv tô> oIkciu) anrjdei rj tû>
ôp.<f>aXû> ; IIpos yàp tô> els kvkXov woirep èÇwdev, e<f>' ôoov
€<J>ikt6v, avveXÎTTeiv eauTO»', napanX^oiats rfj aTTOv8at,op.évrj
ev avrâ) tov vov Kivrjoei, Kal ttjv 8C ôiftecus e£a> xeoH-^vVv
hvvap.iv tov vov TTJç KapSias eïooj Trép,if/et 81À tov toiovtov 10
o~)çf}p.aTos tov oojp.aTos. El 8e Kal 17 tov votjtov Orjpos 8vva-
p,is €7r' 6p.<j>aXov yaorpôç, à>s tov v6p.ov rfjs àp.aprtas èxei
to KpdTos éxovros Kal vop/fiv ainip 8i86vros, Siari fjjj « tov
avri.oTpaTev6p.evov e'/cetVoj tov vov v6p.ov », avrov Si' ev)(ijs
dmXi.op.evov, iiriarqoop.ev , tiç âv p.r) to 8ià « tov Xovrpov rrjç 15
TraXiyyevealas » Trvevp.a irovr\pov àireXadév, p,ed' CTepcov èirrà
Trovrjporépojv 7rvevp,d.TU>v èiriarpé^tav, avdis èyKaTotKioQfj
« Kal yévrjTat rà êo\aTa \etpqva tûv irpuiTiov ».

9. « Tlpôoe-^e oeavrœ » <f>-qoiv 6 Mœvorjç ' 7rajTt StjAovoti,


ov tivl p.èv twv o~â>v, tlvl 8 ov. Acà tivos ,' Tov vov rravrojs. 2°
0v8evl yàp âAAai 8vvœrov irpooé^eiv éavrœ vavri. Tavnjv
ovv èiriorqoov kul ifruxH Kal oajp.aTt tt^v <f>vXaKT]v ' 81 avrTJs
yàp Kal oa>p,aTiKÔ>v \\ Kal tfiv)(iKÛ>v Trovrjpwv 7Ta9j]p.âTOiv I f. "8r
ànaXXay^or) pa8lcos. Ueavrov toiwv TrpooTrjdi, oeavTtà
iTrlaTTjdi, aeavrov èntoKeifiai, pâXXov 8è irpoîoraoo ko! 25
è-TTiaKéiTTOv Kal eTa^e ' Kal yàp ovrcu rrjv odpKa à<f>7)vid£ov-
oav virorâ^eis TÔ> TIvevpaTi Kal « pfjpa Kpvmov èv tt\ Kap-
» Sia oov ov p.TjiTOTe yévrjrat. ». « 'Eàv irvevpa tov i£ov- [1113]
» cridÇovroç », tùjv TTOvrjpœv StjÀovoti Kal irvevpâTœv Kal

CVSLAPMi

I TT(<f>vKfv 6 iota âvdpunros ' ô faut âvOpwnos irtipVKe P || 5 toi : to VS |] 12 «ai


post «ir add. V | 14 voû : vôpov AMi J 15 cmar^acofiev Mi | tô 8ià : Sià tô P || 19
■nov post iravr\ add. A || BtjXovôti : Si)\aS-q Mi | 23 ifjvxiKwv : TrvcvfiaTiKÛiv A J 24
owaAAayijo-ct A || 26-27 àfaviâÇovoav : àtpavî^ovoav V || 29 SijAokôri : SijAaSi; Mi.
92 GRÉGOIRE PALAMAS

plutôt prends garde à toi, veille et surveille-toi ! Car c'est ainsi


que tu soumettras à l'esprit la chair révoltée et il n'y
aura plus jamais dans ton cœur de parole trompeuse l. Si
l'esprit de celui qui domine (c'est-à-dire celui des mauvais
esprits et des mauvaises passions) s'élève contre toi, dit l'Ec-
clésiaste, ne quitte point ta place \ c'est-à-dire ne laisse sans
surveillance aucune partie de ton âme, aucun membre de ton
corps. Ainsi, en effet, tu deviendras inaccessible aux esprits
qui t'attaquent par en bas et tu te présenteras à celui qui scrute
les reins et les cœurs 3 avec assurance et sans qu'il te scrute, car
tu te les auras scrutés toi-même. Paul dit en effet : Si nous nous
jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés *. Tu auras la bien
heureuse expérience de David et tu t'adresseras toi-même à Dieu
en disant : Les ténèbres ne seront plus obscures grâce à toi et la nuit
sera pour moi aussi claire que le jour, car c'est toi qui as pris posses
sion de mes reins 5. David dit ici : Non seulement tu as fait tiens tous
les désirs de mon âme, mais si dans mon corps il y a un foyer de ces
désirs, il est retourné à son origine, il s'est attaché à toi par cette
origine, il s'est élevé et uni à toi. En effet, comme ceux qui s'adon
nent aux plaisirs sensibles et corruptibles épuisent le désir tout
entier de leur âme dans la chair, deviennent ainsi tout entiers
« chair » et comme, suivant l'Écriture, l'Esprit de Dieu ne peut
demeurer en eux 8, ainsi ceux qui ont élevé leur esprit vers Dieu
et exalté leur âme par la passion de Dieu, voient leur chair se
transformer, s'élever également, partager la divine communion,
devenir, elle aussi, un domaine et une maison de Dieu, car elle
n'est plus le siège de l'inimitié à l'égard de Dieu et ne possède plus
de désirs contraires à l'Esprit.

Le sobriquet d'«om- 10. — Quel est, entre la chair et l'intel-


phalopsyques»: une lect> le heu le plus approprié pour l'esprit
ta omnie. ^ monte sur nous d'en bas ? N'est-ce
pas la chair, qui n'abrite rien de bon, dit l'Apôtre, tant que la loi

' Deutér., XV, 9.


• EccUs.. X, 4.
» Ps. VII, 10 ; Apoc, II, 23.
« /Cor., XI, 31.
• Ps. CXXXVIII (CXXXIX), 12-13.
• Gen., VI, 4.
TRIADE I, 2, 9-IO 93

■naOrjfjiâTiov , « àvafifj ent. ai » <j>rjaw 6 ' EKKXrjaiaarrjç « t6-


» irov aov firj à<f>ijs », TovrioTi pr) ipv)(fjç p.ipoç, p.r) piXos
ocûp.aToç àverrlaKOTrov idarjs- Ovtoj yàp Kal tôjv Karcuôev
iTTTjpea^ôvTOJV Trv€vp.àru)V àvwTepos oiayevrjar) Kal « t<3
» èrâtpvTi Kapoias Kai v€<f>povç », ci? avToç ravra npocrd- 5
aaç, àveÇeraioTios Trapaaryor) p.erà 7rapp-qaîas. « El yàp
» cauroùs €KpCvop.ev, ovk àv iKpiv6p.eôa », TlavXos iartv
6 Xiyatv. Kal rô tov Aavlo Tradœv paKcipiov €K€Îvo Trâdos,
Kal avros irpos tov Oeov ipcîs Sri « otcotoç ov oKoriodr)-
» aérai àno aov Kal vi>£ ws r/p-ipa <f>u>Tia0i]O€Tal pot ôVt 10
» ait €KTTjoa) tovs v€<f>pov<s p.ov ». « Ov to rfjs ip.fjs » <j>i)ai,
* 'ftvxys pôvov iiridvp.7)TiKov 5Xov aov elpydaoj, àXXà Kal
» ci rt iv tô> aa>p.ari Tavrrjs rrjs i7r1.dvp.ias Çu)7rvpov Trpoç
» tt/v ip/rroiovaav emarpiiffav, 81 avrfjs irpos ai àvi-nTr)
» Kal aov i£rjpn)Tai Kal aol KoXXârai ». 'Qç yàp toîç tôjv 15
alodrjTÛiv Kal <f>dapTâ)v rjSovwv àvT€)(op,ivois rô rfjç fax*!*
irndvpovv SXov Kevovrai irpos ttjv aâpKa Kal 8ià tovto ôXoi
« adpKes » ylvovrat koI tÔ Ilvevpa tov Oeov, Karà rô yeypap.-
p.évov, ovk ivi Karap.ivctv iv avroîç, ovtoj toîs àvvifiœ-
aaai tov vovv irpos tov Seov Kal tov Ociov itoOov ttjv ^jv\t)v 20
i£r)prr)p.ivois, Kal r) aàp£ p.€TaoKeva£op,évr) ovvavvipovraL
re #ccu avvaTToXavei ttjs Oeîas Koivœvias Kai KTrjp.a /cai
avn) yiveTai Kal oiKTj/xa 0eov, pr/Kir' ivoiKovpovaav €\ovaa
ttjv irpos Oeov é)(9pav, p.7)8è Karà tov IJv€vp.aTos i7ri.9vp.ovaa.

10. Tls oè Kal 6 p,âXXov €7nrqheios tottoç tû> KaTcodev 25


i<f>' r)p.âs àvLovri TrvevpaTi, aapKos Kai vov ,' Oi>x ~f} adp£,
èv fi Kal 6 ''AttootoXÔs <f>r)Oi. p-qoèv àyaQôv rrpo tov ey/caroi-
Ktadrjvai tov vôp.ov ttjs Çojtjs oikcîv ; TavTrjv ovkovv Kal

CVSLAPMi
II €KTtoto A [ II -12 <f>rjai <l>vxî}S '■ >I>VXV^ ^"î"» A | 14 tmorpti/iav : iirooTpfi/iav
P H 18-19 tcarà ro yeypapfiévov om. Mi || 23 ytverax Kal otKrjfta : Kal oÏKijua yîverat
A j| 26 vov : vovç Mi.
94 GREGOIRE PALAMAS

de la vie ne vient pas y habiter * ? Il faut donc, à plus forte raison,


ne jamais relâcher notre attention à son égard. Comment faire
pour qu'elle nous appartienne, pour que nous ne la perdions pas ?
Comment empêcherons-nous le Malin de monter vers elle,
nous qui ne savons pas encore rejeter le mal spirituellement par
des moyens spirituels, à moins de nous éduquer à prendre garde
à nous-mêmes par l'attitude extérieure ? Et pourquoi ai-je
mentionné les novices, alors qu'il y en a de plus parfaits qui adop
tèrent cette attitude durant la prière et attirèrent sur eux la
bienveillance de Dieu ? Certains d'entre eux ont vécu après
le Christ, mais d'autres ont précédé sa venue parmi nous.
Élie lui-même, le plus parfait de ceux qui ont vu Dieu, ayant
appuyé sa tête sur ses genoux et ayant ainsi rassemblé avec une
grande peine son esprit en lui-même, mit fin à une sécheresse de
plusieurs années 2. Tandis que ces gens dont tu nous dis, frère,
qu'ils parlent ainsi, ils paraissent souffrir de la maladie des phari
siens : ils ne veulent pas surveiller et purifier l'intérieur du vase s,
c'est-à-dire leur cœur, et, méprisant les traditions des Pères, ils
cherchent à avoir sur tous la préséance, comme de nouveaux
maîtres de la loi ; ils dédaignent eux-mêmes la forme de prière que
le Seigneur a justifiée chez le publicain et conseillent aux autres
de ne pas s'y conformer dans leur prière. Le Seigneur dit en effet
dans les Évangiles : 77 n'osait même pas lever les yeux au ciel *.
C'est bien lui que cherchent à imiter ceux qui appliquent leur vue
sur eux-mêmes, tandis que ces gens les traitent d'« omphalo-
psyques » 5 pour calomnier manifestement leurs adversaires.
Qui, en effet, parmi ces derniers, a jamais dit que l'âme était au
nombril ?

1 Cii Rom., VIII, ii.


* Cfr /// (I) Rois, XVIII, 42-45. Passage repris textuellement de la deuxième
lettre de Palamas à Barlaam. Cois!, ioo, fol. ioov.
* Cfr Matth., XXIII, 25 ; Luc, XI, 39.
« Luc, XVIII, 13.
* Dans la deuxième lettre à Barlaam, dont le texte, vraisemblablement contem
porain, coïncide parfois mot pour mot avec cet exposé, Palamas précise : nixpôs
owroîr e'irl ovvôSov Kartarq «anjyopoî, ô^aAo^tîxouî oVo/xcî£a>i' uvtovs (Coïsl. 100,
fol. ioov). Le Calabrais avait donc déjà porté plainte au Synode contre les
hésychastes, ce qui justifie un peu l'indignation de Palamas. Barlaam prétendit
cependant que l'accusation portée par lui contre tous les hésychastes lui évitait de
TRIADE I, 2, 10 95

p.âXXov Set fj.j)hiiTOT à<p€Îa0ai irpoooxfjs. FIws yap av rjp.<ôv


€itj; IJœç 8' âv p,r) à<f>wp,ev rairrqv; Ilœs 8' âv àiroKpov-
aalpeda tt)v npos avrr)v dvo8ov tov Trovr\pov, Kal pdXioO
ol p.r\Ttit> irvevfiaTiKÔJs eiSôVeç âvreiriévai toÎs 7rvcvp,aTtKoîs
Trjç Trovrjptas, el p.r) Kal Sià tov eÇœ o^/xaroç r)p,âs avrovs 5
7ra.i8evaop.cv irpoaiytw éavroîs ; Kal ri Xéyw tous apri
cVi^SaAAo/icvous, ôVe Kal tcjv TeXeojTépojv eioiv oi toutai
Xpr)odp.cvoi t<3 axîp,aTi Karà •n^i' Trpooevx^v evrJKOov ro
deîov €o~xov, où p.6vov tô>v p.erà Xpiorôv, àXXà Kal twv
Ttpo ttjs aùroû rrpoç r)p,âç \\ €7ri8r]p,Ut.s. Kal avroç yàp 6 io|f. n8v
tt)v deomiav TeXeotraros 'HXlaç, ttjv K€<j>aXr)v toîç yôvaaiv
epçiaas Kau ovtoj tov vovv et,s èavrov kul tov 0e6v <f>iXo7rovoj-
repov ovvayayojv, tov iroXveTrj ckcIvov eXvoev avxp-ôv.
Ovtol 8é fiot hoKovoiv, àoeXtpé, irap cov aKrjKoévai Taûra
Aeyeis', vooeîv tt)v tô>v <paptaalcov vôaov, 816 /cat tÔ ëoœdev 15
toû TTO-rrjpiov, 8rjXa8r) rf/v «auraV KapSlav, €7naK€Trrecr9ai
Kal KaOalpetv ovk idéXovat Kal raïs TraTpiKaîç p.r) aroi^ovvTes
7Tapa86o-ecn oTrevSovmv avrol TrpoKadrjodai. Trdvrœv, ojç «ai-
voi vop.o8i8do~KaXoi ' to tc ax^jp-a ttjs 8e8i.Kaiœp.€V7]s TeXojviKrjs
€VX.TJS £K€lV7jS aVTOL T€ aTTaÇlOVOl Kal TOVS dXXoVS TÔ)V 1°
ev)(op.éviov irapaivovot, p.r) TrpooUoôai. Kaddrrep yàp èv
evayycXîois <f>rjolv 6 Kvpios' h'Ekcîvos ovk rjOeXcv ov8è [1116]
» tou? o<f>daXp.ovs eis tov ovpavov apai ». Tovrov 8r) ^r/XoGaiv,
ol iavToîs èv tô> cv^eodat. Trpooéxovres tt)v oiftiv, ol 8'
« âp.<f>aXoi(ivxovs * tovtovs ovop.dZ,ovr€ç, rrpàs tô> ctvko- 25
<f>avT€Îv oa<pâ>s wv KaTTjyopovm. Tls ydp ttotc toxjtwv cV
op.<f>aXov Xéyei ttjv tftvxW »

CVSLAPMi
1 /iijScVoTt A I à» om. CLAPMi [2/1^ on. Mi Q 3 iiâXurS' : /la.Wra Mi [ 10
'qfiâs : Vflâs Mi | 23 $17 : Se Mi || 26 oatf>œs '. ootfxZs Mi.
96 GRÉGOIRE PALAMAS

Pourquoi pas «coe- 11. — Ce sont donc là des gens qui


liopsyques »? se livrent manifestement à la calomnie ;
de plus, ils outragent ouvertement des
hommes dignes d'éloges, tout en prétendant redresser les
erreurs. Ce n'est pas la cause de la vie hésychaste et de la
vérité qui les pousse à écrire, mais la vanité ; ce n'est pas
le désir d'amener à la sobriété, mais d'en éloigner 1. Par tous
les moyens, ils s'efforcent de jeter le discrédit sur l'œuvre
même et sur ceux qui s'y adonnent comme il convient, en
trouvant un prétexte dans les pratiques qui y correspondent.
De tels gens seraient prêts à traiter de « coeliopsyque » celui qui
a dit : La loi de Dieu est au milieu de mon ventre *, et aussi celui
qui s'exclama : Mon ventre résonnera comme une cithare et mes
entrailles, comme une muraille d'airain que tu as refaite à neuf 3.
Ils calomnieraient bien sans distinction tous ceux qui emploient
des symboles corporels pour représenter, désigner et rechercher
les choses intelligibles, divines et spirituelles. Mais les saints n'en
souffriront aucunement : ils recevront, au contraire, des louanges
et des couronnes encore plus nombreuses, tandis que ces gens
demeureront en dehors des voiles sacrés et ne pourront même
pas contempler les ombres de la vérité *. Et il est fort à craindre
qu'ils n'aient à payer par une condamnation éternelle, car non
seulement ils se sont séparés des saints, mais ils s'y sont attaqués
par leurs paroles.

dénoncer nommément les coupables (Epist. V, à Ignace, édit. Schirô, p. 324).


Il fut débouté de sa plainte par le patriarche Jean Calécas (Philothée, Encomion
de Palamas, PG, CLI, 584 D-585 AB) ; cfr introd., p. xiv-xviii.
1 Barlaam conseille en effet à Ignace d'abandonner la « sobriété » des hésychas-
tes (tô AcycSficva nj7rT«cô) et d'en chercher une autre (âAAi}t> riva vrjijnv {i}t€i),
Epist. IV, p. 318.
* Ps. XXXIX (XL), 8 (remarquer dans le texte des LXX la variante KotMas-
Kap&tas) .
* Cfr Is., XVI, 11.
* Barlaam prônait lui-même l'incognoscibilité de Dieu et ne prétendait voir
que des ombres et des images (Epist. I, à Palamas, édit. Schirô, p. 229).
TRIADE I, 2, II 97

11. ripos yovv tô> yevéadat SrjXovs <TVKO<f>avriKws èiri-


Bcfiévovç kcli vflpurràç rœv iirau>ovp.(.vojv <x<f>âs avrovs
!8et£av ôvras, àAA' ov oiopdajràs twv a<j>aXXop.€voiv, ov8'
7)ovxlas êvticev Kal aXr^Oeias, àAAà Kevo8o£îas X°i°iv
ypâ<j>ovras, ovo' 'va rrpoç vrjtpiv ivaydywmv, àAA' Iva rijs 5
ih^ipeœs aTraydyœoiv . Avto yàp to êpyov Kal tovs tu/AcÀâ>s•
itT€iXrfp.fX€Vovs tovtov iravrl TpoTrw (rrrevSovaiv i£ avrrjs
TTJs KaTaXXrjXov TrpdÇccus i£ov9eveîv. 01 toiovtoi Se paStws
Kal tov iiTTÔvra ws « ô vôp.os tov 0€ov iv p,éou> Ttjç xoiXias
» p,ov » Kai tov ecpTjKOTa 7rpos Oeov 5n « r) #co«Aia p.ov rf^aei io
» <l>s Kiddpa Kal Ta èvros pov woel rct^oç ^aAxoûv ô èvc-
» Kalviaas » KoiXioiftvxovs av Tr/ootrayo/îc vaeia^ *cai koivt}
navras SiajSàAoïev toÙj 8ià awpariKwv ovp,fi6Xujv rà voepà
Kal delà Kal Tivcvp.aTt.Ka TvrrovvTas Kal KaXovvTas Kal àvi%-
vevovras. 'AXX* cKelvois uèv rrapà tovto fiXdfios èiroiaov- 15
aiv ovoév, p.âXXov p.èv ovv Kal p.aKapiap.â)V npôÇevoi yevrf-
crovTOi Kal pelÇovos TrpoadrjKrjs tô>v èv ovpavoîs (rre<f>ava)V,
avrol Se Kal tG>v Upœv 7rapaTT€Tacrp,dTiov c^to p.evovai Kai
ovSè rrpos ràs okiÀs ZÇovaiv drevî^eiv rfjs àXrjdeias, iroXv
8è rô Séos p.r) Kal SIktjv riaotaiv alwviov, ovk àxroSiaaTei- 20
Xavres p.6vov èavrovs rœv âylutv, àAAà Kal Kar' avrâiv
rô) Xôycp xœprjoavres.

CVSLAPMi

4 ivtKiv Ktù àXi)6tias : irai à\i)8ttas h>(K€v P J 13 £<a/9âAAoiev PMi j 15 irapà


toûto «ni. P II 16-17 TTpôÇcioi ytvTjOOvrai : yfVTJoovTai -npoÇivoi P | 20 rioiaaiv : riaov-
Mi
98 GRÉGOIRE PALAMAS

Les maîtres de Thé- 12. — Tu connais, en effet, la Vie de


sychasme. Syméon le Nouveau Théologien 1 : pres
que d'un bout à l'autre, c'est un mira
cle ; car Dieu l'a glorifié de miracles surnaturels ; tu connais
aussi ses écrits : si on les appelait des « écrits de vie », on
ne se tromperait aucunement. Tu connais aussi saint Nicé-
phore qui a passé de longues années dans le désert et
dans l'hésychie, qui séjourna ensuite dans les parties les plus
désertiques de la Sainte Montagne et ne s'y laissa aucun répit ;
il nous a transmis la pratique de la sobriété, l'ayant cueillie
dans tous les écrits des Pères 2. Ces deux saints enseignent
clairement à ceux qui ont choisi cette voie les pratiques que cer
tains combattent 3, comme tu nous le rapportes. Et pourquoi
se borner aux saints du passé ? Des hommes, en effet, qui ont
témoigné peu de temps avant nous et qui sont reconnus comme
ayant possédé la puissance de l'Esprit Saint nous ont transmis
ces choses de leur propre bouche : ce théologien, par exemple,
ce véritable Théologien, le plus sûr des contemplateurs des véri
tables mystères de Dieu, qui fut célèbre de notre temps ; je veux
parler de Théolepte, celui qui vraiment fut « inspiré par Dieu » *,
l'évêque de Philadelphie, celui plutôt qui de Philadelphie, comme
d'un chandelier, illumina le monde entier. Et cet Athanase qui
orna durant un bon nombre d'années le trône patriarcal et dont
Dieu honora le cercueil. Et Nil, originaire d'Italie, imitateur du
grand Nil, Séliotès et Élie, qui ne lui ont été en rien inférieurs,
Gabriel et Athanase, qui ont été jugés dignes d'un charisme
prophétique 6. C'est d'eux tous que je veux parler et de beaucoup
d'autres avant eux, avec eux et après eux : ils encouragent et

1 11 s'agit probablement de l'œuvre de Nicétas Stéthatos, publiée par I. Haus-


herr, Orient. Christ., t. XII, n° 45, 1928.
• Le De cordis custodia de Nicéphore constitue, en effet, un florilège de textes
patristiques ou hagiographiques, auxquels est accolée une brève notice sur la
méthode psychophysique (PG, CXLVII, 945-966); cfr introd., pp. XXVIII-
XXXIII.
• Syméon et Nicéphore sont tous deux considérés par Palamas comme les
maîtres de la méthode psychophysique. Ses sources attribuaient donc certainement
la Méthode éditée par I. Hausherr à Syméon le Nouveau Théologien.
4 Jeu de mots sur le prénom « Théolepte ».
• Pour les mr.itres de l'hésychasme du XIV» siècle, voir introd., pp. XXXVIII-
XXII.
TRIADE I, 2, 12 99

12. Evp,eâ>vos yàp tov véov OeoXôyov tov fllov oloda,


davjxâ T€ ovra iràvTa cr^eSôv Kal 8t' îmep<f>vwv 9avp.arœv
vno Oeov 8e8o£ao~p,évov, rd re ovyypdp.p.aTa avrov, avyypdp.-
fiara Çoirjç evnwv ris, ovk aV â/xap-rot tov TTpoarjKovros, \\ I *• ,I9»'
Kal NiKT]<t>6pov 8è tov ôoiov eKeîvov 5s, 7roXveTrj ^pôvov 5
èv ■qpep.la Kal ijcrw^i'a 8ieveyKœv, etrena toîs èpnqpLiKoyrépois
p.épeai tov âyiov 5povs e/x^iAo^cup^o-aç Kal dirao^oX-fjoas
èavrôv, è/c naoœv tG>v TrarpiKwv (fxovœv avvetXo^ws , ttjv
v7]tttik7)v rjp.1v avTijjv irapa8é8(DKe irpâÇiv. Ovtoi toLvw
Tovd' 5nep àvarpérreiv <{>rjç rivas oa<f><os toÎs 7rpoaipovp.évci.s IO
elarjyovvrai.. Kal tl Ac'ya» tovs TroÀttioù? tû>v àyltxiv ; "Av8pes
yàp fiLKpâ) trpo T\p.<hv p.ep.apTvprjp.ê'voi Kal àTro8e8eiyp.évoi
èv 8vvdp.a TJvevp.aT0S àyiov raû^' -qp.lv Stà oto/zo.tos' oikclov
Trapé8wKav, tov tc OeoXôyov tovtov, ojs aXrjOœs OeoXôyov
Kal T7JS àXyOelas tôjv Oeov p.vo-rr\pLix)v èirÔTn-rjv àa<paXéara- 15
tov, €<^' •qp.wv àveK-f)pvTTOv , tov <f>epu)vvp.a)S OeéXrjiTTOV
eKeîvov aKoveis, tov &iXa8eX<f>€las vpôehpov, p.âXXov 8'
<Î7rà Tavrrjs <ôç awô Xv^yias tov Koo~p.ov (fxuTtoavTa, tov
'AOavdoiov eKeîvov, os eV èviavTovs ovk oXiyovs tov -naTpi-
apXLKOV €K6ap.rjae Opôvov, ov Kal ttjv aopov 6 &eôs èrip-rjoe, 20
NeîXov eKeîvov, tov i£ 'ItoXcôv, tov toû p.eydXov £,rjXuiTr)v
NeiXov, tov EeXiwTTjv Kal tov 'HXlav, tovs p.T)8èv àiroBéoiTas
eKeîvov, rafipiTjX Kal 'Adavdoiov, tovs Kal Trpo<pr)TiKOV
%apiap.aTOS r)£ia>p.évovs. Tovtovs navras ndvTajs aKoveis
Kai noXXovs âXXovs Trpo aiiTwv Te Kal ovv avroîs Kal p.er' 25
avrovs yeyovoTas, eTraivovvTas Kal irapaivovvTas KaTeyeiv
tovs fiovXop.évovs ttjv TrapdSooLV TavTTjV, rjv ol véoi StSaa-
koXoi TTJs Tjcru^t'as-, ol p.r)b" ï^vos ijotr^i'aç elSoTes, p-r)8' [1117-1118]
airo Tteipas, aXX airo XoyoXeo^las vovôeTovvTes, àOeTeîv
Kal p.eTa8i8doKeiv Kal èÇovdeveîv neipwvTai., -npos ovhèv 3°
■)(pnqaip.ov Ttôv aKovôvTœv. 'Hp,eîs 8è Kal tô>v àyltov eKelvcov

CVSLAPMi (a linea 23 déficit V).

I BtoXôyov in marg. A || 3 toû post ivi add. S j| 4 ày-àpTr) S || 6 «V ■qpf/j.iq. K.


■qa. buvtyicdiv : hifv. iv f/p. k. -qa. V || g tiiiIv airâv : clvtwv r/iiîv A II napaSf'SajKc :
napîSwKt CMi [| 13 ravd' : irâvS' Mi || 20 Spovov : xp°vov C |J 24 wài-Taç ont. Mi Q
•nâvrats Otn. C.
IOO GRÉGOIRE PALAMAS

exhortent ceux qui désirent garder cette tradition, alors que ces
nouveaux maîtres de l'hésychie n'en connaissent même pas une
trace et veulent nous admonester non par leur expérience, mais
par leurs bavardages, en cherchant à rejeter, à déformer, va
rendre méprisable la tradition, sans aucun profit pour leurs audi
teurs. Mais nous, nous avons personnellement conversé "avec
certains de ces saints et ils furent nos maîtres 1. Comment donc ?
Compterons-nous pour rien ceux qui ont reçu l'enseignement
de l'expérience et de la grâce pour nous incliner devant ceux qui
se sont mis à enseigner par orgueil et en cherchant des querelles de
mots ? Cela ne sera pas, jamais ! Et toi, éloigne-toi donc de ces
gens-là et adresse-toi sagement à toi-même avec David en disant :
Mon âme, bénis le Seigneur, et que tout ce qui est en moi bénisse
son saint nom 2 ! Laisse-toi convaincre par les Pères, écoute-les te
conseiller la manière de faire rentrer ton esprit à l'intérieur de
toi-même.

1 Palamas fut initié à la vie hésychaste par Théolcpte de Philndclphie (Pim.o-


thée, Encomion, PG, CLI, 561 A).
» Ps. Cil (CI1I), 1.
TRIADE I, 2, 12 101

eortv ois avTOTTpoaœirœs (LfnXrjoauev Kal oioaoKÔXois


ixpTjaa.fi.eda. Tlœs ovv tovtovs nap' ovoèv Oéfievoi, tovs
Kal -neipa Kal \âpiTi 0€Oioayp,évovs, toîs àno Tv<fx>v Kal
Aoyo/xa^ia? èirl ro StodaKeiv \oiprf\aaaiv elÇofiev ; Ovk
éarai tovto, ovk Iotcu. Kal av rolvw tovs toiovtovs àrrorpé-
ttov /xerà tov ÂavlS avverws ccauTÔ) 77y>o<7ÀaAcDi' ' « EvXôyei,
* V foxi rl0V> T0V Kvpiov Kal -navra rà èvrôs uov to 5vop.a
* to âyiov avrov » ' aeavrôv re ircidrjviov TTap€\atv toîs
narpaaiv, aKove ttws eïaw Trcfnreiv àcl tov vovv irporpé-
TTovrai..

CSLAI'Mi
2-3 *aî />os/ tous om. L | 4 â^w/nv Mi H fi auv«Ta>î atavrm : otavriô ovvtrws V.
TROISIÈME QUESTION

Quels sont les vrais Je comprends mieux maintenant, Père :


signes de la pré- jes accusateurs des hésychastes ne pos-
sence divine ? > -, , pas la
sedent , connaissance provenant.
des œuvres et ils ignorent celle qui provient de l'expérience de
la vie, la seule certaine et irréfutable ; bien plus, ils refusent abso
lument d'écouter la voix des Pères. Ils se gonflent en vain d'orgueil,
suivant l'Apôtre, et s'occupent de ce qu'ils n'ont pas vu avec
l'esprit de leur chair l. Ils se sont tellement écartés du droit che
min que, tout en calomniant ouvertement les saints, ils ne sont en
rien d'accord avec eux-mêmes. C'est pourquoi, en entreprenant
de parler de l'illumination, ils considèrent comme une illusion
toute illumination accessible aux sens ; eux-mêmes, ils affirment
pourtant que toute illumination divine est une illumination acces
sible aux sens ; d'après eux, toutes les illuminations qui se sont
produites sous l'ancienne loi avant la venue du Christ, chez les
Juifs et chez les prophètes de ce peuple, étaient des illuminations
symboliques ; et ils disent clairement que celle qui s'est produite
au Thabor, au moment de la Transfiguration du Sauveur, celle
qui eut lieu au moment de la descente du Saint-Esprit et toutes
les autres illuminations semblables étaient accessibles aux sens.
D'après eux, seule la connaissance est une illumination qui sur
passe les sens et ils déclarent par conséquent qu'elle est supérieure
à la lumière et qu'elle constitue la fin de toute contemplation.
Je te raconterai ici en résumé ce qu'ils affirment avoir entendu
auprès de certains 2. Je te prie donc de me venir en aide et de
croire que je n'ai jamais entendu rien de pareil auprès des hésy
chastes, que je ne puis donc me persuader que ces gens aient pu
entendre ce genre de choses auprès de l'un des nôtres. Ils préten-

1 Cfr Col., II, 18 (variante).


* Il s'agit des récits de Barlaam sur les pratiques spirituelles des hésychastes,
voir Epist. V, à Ignace (édit. Schirô, p. 323-324).
'EPQTHZIZ TPITH

"Apri, Trdrep, àKpifiéarepov eyvœv p.rf p.6vov tt\v dira


tô>v tpyoiv ovk e^ovras cï8r)oiv, p.i]8è rfjs dira tov fiiov
ireîpaç, r) Kal p.6vrj fiefiala Kal dvcÇcXeyKTOç, dveinyvd)p.o-
vaç ôvraç tovs Karà twv ^avyaXflvroiv ypd<f>ovras , aAAa 5
Kal TÔ>v II irarpiKwv Xoyajv avr/Koovs TTa.vr6.iTa.oiv. « EIkt} 1 f. 119"
» 8r) 4>vaiovjL€voL » icaTa tov 'AitootoXov « Kal â p.7] écopd-
» Kaaiv ip.f$aT€VovT€S vtto tov vooç ttjs aapKos ainwv », ei?
tooovtov èÇeTpdirrjoav ttjs evdeîas, û>s ckcivovs p.èv ovko-
<f>avreîv <f>av€pws, êavToîs 8è /x^S' ôirataovv ovp.<f>u>veîv ' 10
816 Kal ircpl <f>a>Ttop.ov Xéyeiv €7TixeipovvT€S dirayopevovoi
p.èv à)ç irXdvrjv irdvra <f>a>Tiop.6v aladrjaei. Xt/ittov, ol avrol
Se Kal Trdvra <f>umop.6v Oeîov alodrjaet Xéyovoi XtjittÔv, ovp.-
PoXikovs p.èv <f>doKovres tovs iv tw irdXai voua» irpo ttjs
Xpiorov Trapovaias iv 'IovSaloiç Kal toîs i£ avrœv TTpo<f>ij- 15
raiç yevopiévovs, aloOr/Tov 8è oa<f>â>s tov èv 0aj3a>pla> inl
tjj u€Tap.op<p<oo€i tov ZatTrjpos Kal tov eVJ ttjs tov àyiov
FJvevfiaTOS KaBôhov Kal 0001 /cai-' avrovs. 'Yirèp aïodrjoiv
8e <f>a>Tiop.6v, ttjv yvwoiv uôvrjv Xéyovoi, 810 Kal Tavrr/v
KpeiTTw tov <f>WTos Kal réXos Trdor/s àno^aîvovrai deatpias. 20
*A 8e <f>aoi Trapd twiov aKovoai, vvv wç èv jSpa^eî 001 8irjyfj-
ooaai. IJapaKaXâ) 8' dvéx*o6at uov Kal 8iavoeîo9ai <l>s
irap' ov8evos iyôi itotc Toiavr' aKOvoas twv rjovxa^ôvTatv ,
ov 8vvaaai neîdciv iuavrov wç iKeîvoi toiovto ti Trapd
Ttvos àKTjKoaai Tœv TjueTépwv. Aéyovoi 8' 5ua>s VTTOKpidrjvai 25
uiv uadrjTiwvras, àÀA' ovk evuadeîs, 816 ypa<f>fj 8i86vai
Ta Trapd tGjv 8i8aoK<iXa>v npos avTovs Xeyôueva Xnraprjaai
Te Kal iretoai. Tpd<\>ovoi towvv <j>dvai tovs 8i8doKovTas

CVSL
104 GRÉGOIRE PALAMAS

dent qu'ils ont feint de se mettre à l'école des hésychastes, sans


accepter leur enseignement l, et qu'ils ont ainsi mis par écrit ce
que leurs maîtres leur disaient pour les attacher et les persuader.
Ils écrivent donc que ces maîtres leur proposaient d'abandonner
complètement l'Écriture sacrée, comme une chose mauvaise,
de s'attacher à la seule prière ; c'est la prière qui chasserait
d'eux les mauvais esprits, lesquels se confondent avec l'essence
même des hommes, pendant qu'eux-mêmes s'enflammeraient
d'une façon sensible, sauteraient et seraient dans la joie, sans que
l'âme subisse aucun changement, verraient des lumières sensibles
et devraient penser que le signe des choses divines est une légère
blancheur et celui des choses mauvaises, le jaune flamboyant *.
Ils écrivent donc que leurs maîtres parlent ainsi, alors qu'eux-
mêmes ils déclarent que tout cela provient du démon ; et si on
les contredit sur quelques-uns de leurs dires, ils affirment que c'est
là un signe de passion, laquelle à son tour signifie l'erreur 8. Et
ils jettent de nombreux reproches à la face de leurs adversaires ;
ils imitent beaucoup, dans leurs écrits, les sinuosités et la perfidie
du serpent ; ils font de nombreuses circonvolutions, déploient
beaucoup de ruses et interprètent d'une façon différente et con
tradictoire leurs propres paroles. Ils ne possèdent pas la fermeté
et la simplicité de la vérité ; ils tombent facilement dans la contra
diction et, honteux du désaveu de leur propre conscience, ils
cherchent comme Adam à se cacher dans la complication, l'énigme
et l'ambiguïté, en se servant des différentes significations des
mots. Je te prie donc, Père, d'éclairer notre opinion sur leurs
dires.

1 Barlaam écrit lui-même qu'en se mettant à l'école des moines, il ne voulait


accepter que ce qu'ils avaient de meilleur : ttcMyioBai (xdoTOTf tûv npojxuvofiivmv
■ri péXriaroy, Epist. V (édit. Schirô, p. 322).
« Cfr ibid., p. 323 ; introd . pp XV-XV1.
■ Cfr Barlaam, Kpitt. III. à l'alamas (ihitl : .-Ri'
TRIADE I, 3, QUESTION 105

avrovs irdarrjç fikv rpa<f>rjs Upâs <l>s 7rovr)pâç d<f>€Îodai,


irpocravéxeiv Se p-ôvj) ri] ev^fj, 0* tfs àireXavveodai fiev rà
novqpà nveiifiara, avvovoiœfiéva ovra toi? àvdpœirois, ckttv-
povodat 8è tovç avrovs alodrfTws Kal OKiprâv Kal rj8eo9ai,
p.T)8èv àXXoiovfj.évr)s Trjs ipvxfjs, pXéireiv 8è $Gira toutous 5
alodr/rd, arjfieîov S' rjyeîodai râ>v /xèv deîtov, ttjv €7rtK€)(pajo-
p.£v7\v XevKÔrrjTa, tu)v 8k irovr)p<ov, tÔ oîov TTvpœSes Kal
Çavdôv. Tous fièv ovv 8i8doKovras avrovs <f>dvai Tavra
ypd<f>ovoiv, avTol Se 8aifj.ovuî>8r] ravr eîvcu -navra àiro<f>al-
vovrai ' k5.v ris itri tivos tcùv elpTjfiévwv àvriXéyrj toutou, 10
crrjficîov iièv toûto ridevrai. rfjs èp/nadeias , ■njvb" au'flis'
Seîypa ridevrat rrjs irXdvTjs, Kal Sià itoXXujv âv tij «rio/cé^atTO
TrepnrlTTTovTas ois Ka-rqyopovot, ko! itaAiora to iroXvéXiKTOv
Kal SoXepov tov 5<f>€ws iv toîs èauTcôv ptpovpévovs ypdfj.fj.aot,
7roXXdç tc orpotj>às OTp€<f>ofi€vovs Kal 7ToXXàç èÇeXÎTTovras !5
nXoKaç Kal dXXorc dXXa>s Kal ivavriojs rà a<f>û>v avrôiv
i£r)yovfj.évovs . To yàp èSpaîov Kal aTrXovv ovk e^ovres ttjs
àXr]9eîas, eùrrepirpcnTol eloiv \\ els Tavavrla Kal t<2 iXéyxu) || f i2or
TOV oIk€LOV OVVeiZÔTOS alo)(Vv6fl€VOl KpVTTT€LV êaVTOVÇ â)S
Kal 6 'ASàfj, €Tn\€ipovai rœ 7nn#aAa> Kal ypi<f>oei8eî Kal 20
àfjufxppeTreî irpos 8id<f>opa votffiaTa tù~>v Xéywv. Uè 8' Sttojs
yfieîç ê^ofiev 86£tjs nepl rœv xrn €K€tva)v clfrrffiivutv âÇiœ,
irdrep, aatfrrfvtoai.

CVSL
20 £TTixcpovoi om. VS H ypvéociScî codd. \ 21 àfufrtptirtî CV.
DU MÊME
TRAITÉ TROISIÈME DE LA PREMIÈRE SÉRIE, POUR LA DÉFENSE
DES SAINTS HÉSYCHASTES,
SUR LA LUMIÈRE, L'ILLUMINATION DIVINE, LE BONHEUR SACRÉ
ET LA PERFECTION EN CHRIST

TROISIÈME RÉPONSE

Les ruses du dé- *• — Non seulement les vices sont


mon. plantés à côté des vertus, mais encore les
paroles impies paraissent être tellement
voisines des paroles pieuses qu'il suffit d'une toute petite
addition ou soustraction pour transformer facilement les unes
en les autres et pour changer du tout au tout le sens des
paroles. Voilà pourquoi presque toute opinion erronée porte
le masque de la vérité pour tromper ceux qui ne peuvent
remarquer la petite omission ou adjonction. C'est là un moyen
dangereux employé par le malin démon, si habile dans l'art
de tromper. N'ayant pas mis le mensonge très loin de la vérité,
il inventa une double ruse : cette petite distance échappant
à la plupart des gens, on pourra soit prendre le mensonge
pour une vérité, soit la vérité pour un mensonge, puisqu'elle
en est proche ; dans les deux cas, on se détachera complète
ment de la vérité. Initiés à cet art, les partisans d'Arius oppo
sèrent la foi définie dans la ville de Niké 1 à celle de Nicée,
traitant indignement celui qui enseignait correctement la parole
de vérité 2. Arius lui-même se servit de cette ruse et faillit com
munier et concélébrer avec ceux qui l'avaient répudié devant
l'Église, mais le grand Alexandre, ayant découvert l'artifice,
sans pourtant pouvoir le réfuter clairement, recourut à Dieu par
la prière et, par elle, livra justement à une mort infâme cet être
infâme et vraiment transporté de folie.

1 Le 10 octobre 351, à Niké, en Thrace, les Ariens avaient obtenu d'une délé
gation d'évêques orthodoxes, membres du concile de Rimini, la signature d'une
formule qui reniait les décisions de Nicée.
• // Tint., II, 15.
TOY AYTOY
AOrOE 'YI1EP TiiN 'IEPQE 'HEYXAZONTQN,
TÛN nPOTEPQN '0 TPITOE.
I1EPI 4>QT0E KAI QQTIEMOY BEIOY KAI 'IEPAE
EYAAIMONIAE KAI THE 'EN XPIETQ TEAEIOTHTOE 5

•AJIOKPIEIE TPITH

1. Ovk apa pôvov raïs dperaîç al KaKtai irapatTeTrqyaaw ,


àXXà Kal toîs cÙCTCjSc'trt Xéyots cttI tooovtov oi Svuaefieîs
cv yeirôvwv eïvai Sokovoiv, œç 8ià uiKpâç itâw irpoodrficrjs
7} àrf>aipéoea)s ficTafïdWciv clç oXXtJXovs pa&îajs xal irpos 1°
■nâv Touvavriov /Li€Ta^a»/)eîv tt\v tô>v prjp.d.T<ov 8idvoiav ' iv-
TevOev ip€v8o8o£la &xe86v Ttâaa irpooœiTtîov <f>épet. r^ç à\r}-
8elas toîs pw) i~qv p.iKpàv êXXeufjiv r/ TrpoadrfK-qv avvopâv
8vvap.évois . Téxyr) 8è Kal tovto 8eivrj tov irpos à.Ttâ.TTpi
evpirjxdvov novrjpov 8aîp.ovos. Mr) paxpàv yàp àirooTTJaas 15
tÔ ipev8os TTJs àXrjOetas, SnrXfjv ovv€UK€vâoaTO rr/v àir6.Tr]v '
rfj yàp jUpaxvTTjTi rfjç 8ia<f>opâs tovs 7roXXovç Xav6avovo~qs ,
fj to ifjev8os "qyrjoçTai tiç àXrjûet.av t) Kal tïjv àXrjdeiav, ws
TrapatrXiqoiav tô> tf/ev8ei, tpevSos ' eKaTepcoOev 8è Trâvratç
e/f7reaeÎTai rfjs àXjjOelas. TavTTjv pvqdévTeç ttjv t/^v^v 20
ol Ta 'Apelov TrpeaflevovTes , ttjv èv NIktj rrj 7rdAei tt'igtiv
àvrl rfjs iv NtKaîq. irpov^âXXovTo , « tov opdoTopovvra ttjç
» àXrjdelas » Xvp.aLv6p.evoi. « Xoyov ». TavTj] Kexpyp.évos avràs
"Apeios ttj àiraiTT], p.iKpov koivcdvovs âv ea^e Kal ovXXeiTOvp-
yovç tovs avrov i-n 'EKKXrfotaç àrroK-qpvÇavTas, et p.r\, tov -25
86Xov <pœpâaai p.èv 8vvT]0elç, àXX' ovk èÇeXiyÇai oa<f>â>s,
o péyas 'AX4£av8pos, &€<x> 8C evxrjs 7rpoo~é8pap.e Kal 5V
avrfjs pvaapœ QavdTtp 8iKala>ç tov p.vaapov ckclvov Kal
<f>€p(ovvp.u>s p.€p.r)vÔTa Trapitrep^ie.

CVSL

I avrov : àyîov rpyjyopiov S | 3 à-nÔKpiais fptnj post rpiros add. CVS [j 6 ànÔKpiats
TptTij otn. CVS J! 22 rrpovfiâXovTo C.
108 GRÉGOIRE PALAMAS

Fraudes des accu- 2. — Voilà la ruse, frère, dont parais-


sateurs. sent se servir largement ceux qui parlent
comme tu l'as raconté. Les hésychastes
débutants se voient en effet conseiller de s'abstenir de
longues lectures et de s'adonner à la prière monologique
jusqu'à ce que la possession de cette prière ininterrompue
devienne l'état propre de leur intellect, même si le corps
vaque à une autre occupation ; ils se le voient conseillé par
saint Diadoque 1, Philémon le Grand, Nil si riche en choses
divines a, Jean, l'auteur de l'Échelle 3, et de nombreux Pères
qui vivent encore. Ce n'est pas que la lecture soit inutile et
mauvaise ! En ajoutant ce mot « mauvaise », ils ont rendu
mauvais les bons conseils des Pères. Par ailleurs, nous le savons,
tous les saints ont montré par l'action et la parole que la
prière chasse les mauvais esprits et les passions et tout homme
sensé le pense et l'enseigne, mais personne ne dit que les mau
vais esprits se confondent avec notre essence. En faisant cette
addition arbitraire, ceux dont tu parles ont rendu détestable
le but de notre recherche ! Que le cœur « saute », comme s'il pal
pitait dans l'enthousiasme de l'amour du Bien, le grand Basile
lui-même l'a dit et le grand Athanase le considère comme un signe
de la grâce * ; et l'auteur de l'Échelle enseigne clairement que l'on
sort comme enflammé de la prière, lorsque l'on a rencontré Dieu
avec un esprit pur ou par expérience ; sans cela, sans la présence
de la lumière durant la prière, sans la douceur qu'elle procure à
l'âme, la prière, pense-t-il, est corporelle ou judaïque 6. Et de
nombreux autres, notamment saint Isaac, montrent clairement
qu'un reflet de joie apparaît sur le visage de ceux qui prient, non
seulement à cause de la prière, mais aussi à l'occasion d'une
psalmodie consciente 6. Mais le principe de tout cela, c'est de
1 Cfr Cap. 59 (édit. E. des Places, Paris, 1955, p. 119).
»C£r Episl. III, 238 (PG, LXXIX, 493 D).
*Scala, XXVII (PG, LXXXVIII, 11 16 CD). A cette liste d'autorités, on
pourrait ajouter s. Basile qui réservait l'étude de l'Écriture à une élite de moines
(voir D. Amand, L'ascèse monastique de s. Basile, Maredsous, 1949, p. 96, n. 19).
« Cfr. VUa s. Antonii, 36 (PG, XXVI, 896 C).
« S. Jean Climaque. Scala. XXVIII (PG, LXXXVIII, 1137 AC).
• S. Isaac parle à plusieurs reprises de la transformation, même extérieure, de
l'homme en prière. Voir, par exemple, le traité 85 (édit. Theotoki, p. 498 ;
édit. Spetsieri, p. 338).
TRIADE I, 3, 2 IOg

2. TavTT] Kal vvv, doeX<f>€, \pi\aQai hid Trdvrœv pot 80-


kovolv ol Xéyovreç a hvqyqofu. 'A<f>€Îodai pèv yàp toi)? àp\o-
pévovs r^av^ât^iv p.aKpâs dvayvœaews Kal 7rpooavéx*w tt\
p,ovoXoyiar<p Trpoaevxfj, p.éxpts àv ê£tv riva a^oîev tov tclv-
T7)s àSiaXeliTTœs €x^odat /carà 81a.v01.av, Kav dXXo ti to 5
awjxa TrpaTTT), 5 re dyios Aid8oxos Kal &i\jjp,wv o p.éyas
Kal o iroXvs rà 6eîa NcîXos Kal 6 ttjs KXluaKoç 'Iwdwrjç
Kat iroXXoi rwv 1,ojvtojv €io~qyovvrai 7rarépœv, âXX' oi>x <I>ç
àvovi]Tov Kal TTomjpâs ' irpooTidévres S' ouroi to « 7rovrjpâs »,
TTOvrjpàs €TToi-qaav ràs àyadàs elo-rjyiqoeiç. \\ Kal tùv ttovt)- 10 \ t. 120»
pâ>v 8è rrvevpdTwv Kal 7ra9rjp.dTa>v cïvai rrçv 7rpoocvxf]v
iXâreipav tov? dyîovs ndvras o^eSôV épyw re Kal Xôytp
SelÇavras yivtôaKouev Kal 7râs ti? ev <f>povwv ovtw Kal
8o£a£ei Kal SiSaovcei ' ovvovoiœp.éva Se Tavff1 tjuîv ovSelç '
tovto 8è irpoodévreç ovs <f>j)s Ttap iavrôjv, <f>€VKTov cttoIt]- 15
aav to Sioiktov. EKiprâv 8è ttjv Kaphiav olovel rrqowaav
t<3 ivOovacaap.w ttjs dydTrrjs tov àyadov Kal ô p,éyaç eïprjKe
BaatXeios, Kal ô péyas *A6avdoios orjp.eîov tovto TiBzTai
rrjs xdpiTOS ' iÇépxeodal Te àno rrjs cù^j olovel TreTrvpœ-
fiévov, Srav avemdoXwTa) vâ> Tr/v rrpos tov 0e6v evrevÇiv 20
TTOvr\o~t]Tai tis, rJT€ veipa, Kal o ttjs KXlpaKos oa<f>œs
oiSdo-Ket. ' toutou Te ^a»/3iç Kal ttjs Karà ttjv evxfjv èirior)-
filaç tov <f>(x)TOS Kai ttjs ££ avTrjs iyyivouévrjs tî} ifivxfj
npaÔTTjToç , aatuaTiKrjV 77 Kal 'IovBaÏK-qv ttjv Trpoaevx^v
r/yeÎTai ' rjSovijs tc €u<f>aaiv iyylveadai tô> twv €vxop,éva>v 25
oro/xaTi ovk àiro ttjs 7r/30CTeu^? p,6vov , aXXà Kal Trjç iv
ovvéarei ipaXfiœotaç, iroXXoi T€ aAAot Kal 6 dyios 'IaaaK
Scî/cvuai aa<f>â>s. '^4AAà TaÛTa navra tt/v ttjs XoyiKrjç tpvxfjs
jScATtojCTtv €Xovaiv °-pxtfv- Tovto 8è vvv ol o~VKO<f>dvTai twv
àyiùiv ovç Xéyets à<f>€X6vT€S, rà à^t€7raiva p-tp/rnia ireTTOirf- 30
Ktoav Kal tov Upov Kal Oeiov <f>a)Tio,p,ov , rdXXa pèv irepiKo-

CVSL
10 itrot-qoav : irroïqoavro S |] 20 tov ont. L | 26 à-no post aAAà Kal add. L.
110 GRÉGOIRE PALAMAS

rendre meilleure l'âme raisonnable. Les calomniateurs des saints


dont tu parles l'ont rejeté et ont rendu blâmable ce qui est digne
de louanges ; ayant mutilé les sûrs témoignages de l'illumination
sacrée et divine, ils se sont retranchés derrière ces petits riens
qui vont en faveur de leurs accusations et entreprennent de faire
penser aux inexpérimentés — hélas ! — que le divin est en réalité
démoniaque. Mais surtout, ils sont convaincus que celui qui est
gardé dans les ténèbres éternelles 1 produit de la lumière, même s'il
le fait d'une façon trompeuse ; mais ils n'admettent pas que le
Dieu surpassant toute illumination et toute lumière et emplis
sant de lumière intelligible toute nature raisonnable, capable
de recevoir une lumière proportionnée à elle-même, éclaire intel
ligiblement.

Il y a deux con- 3. — Pour moi, je pense que la connais-


naissances, sance, dont ils disent, d'après tes paroles,
qu'elle est l'unique illumination intelli
gible, est appelée lumière dans la mesure où elle est commu
niquée par la Lumière divine. Paul l'affirme pour sa part :
Dieu qui a dit: la lumière brillera du sein des ténèbres, a fait
briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la
connaissance de la gloire de Dieu 2. A sa suite, le grand Denys
dit, lui aussi : La présence de la lumière intelligible unifie ceux
qui sont illuminés et les réunit dans l'unique et véritable connais
sance 3. Vois-tu ? La lumière de la connaissance est commu
niquée par la présence de la lumière de la grâce et délivre de
l'ignorance qui divise. Ce Père a donc appelé cette lumière « intel
ligible », tandis que le grand Macaire, se préoccupant manifeste
ment de ceux qui assimilent la lumière de la grâce à une connais
sance, l'a nommée « intellectuelle » ! A ses effets, dit-il, tu verras si
la lumière intellectuelle qui a resplendi dans ton âme provient de
Dieu ou de Satan *. Ailleurs, après avoir appelé « immortalité »
la gloire qui est apparue sur le visage de Moïse (bien^qu'elle ait
alors illuminé un visage mortel) et montrant comment elle appa

1 Cfr II Pierre, II, 4, 17 ; Jude, 6, 13.


• II Cor.. IV, 6.
' De div. nomin., IV, 6 (PG, III, 701 B).
« Macaire-Symeon, De paheniia, 13 (PG. XXXIV, 876 D).
TRIADE I, 3, 2-3 III

ifiavres ôaa nep ào<f>a\fj T€Kp.rjpia, p.iKp6v 8c ti Kal tovto to


Xœpovv ràs SiajSoÀàs avrœv wpoBévres, 8cu/i.ovitû§es <f>ev to
deîov rjyeîoQat, iretdecv e7ri^ei/)OÛCTt tovs àrriipovs. To 8è p.€Ît,ov
Sri tov p.èv « vtto £,6<f>ov alwviov T€TT]pr]fj.évov » <f>(VTiÇei.v
neidovrai, ci kclI àTrarrjXâJs, tov 8' vnep(f>arj Kal àpxî<f>a)Tov 5
Kal irâcrav XoyiKrjv <f>vow €irt.TT]8elws TTpos KaTaXXrjXov
(f><DTo\r)ipîav exovaav èpvTTiirXôiVTa voepov <f>a)TOS &eov <f>ojTt-
feu» vorjTÏôs ovk oïovrai.

3. 'Eyw 8è Kal tt\v yviôaiv, rjv <f>fis <f>WTiap.ov p.6vov


Xéyetv votjtov avTovs, 8ià tout' oïop.ai <f>ws aùrr/v KaXeîadai, io
Sioti t<3 <f>a>Ti e/cetVaj ^oorjyeÎTat, Kadà Kal 6 p.éyas Aeyei
ITavXos ' « '0 Oeos ô eivwv ck gkotovs <f>ws Xâpufsai, os
» eXafnfiev èv tcûs KapSlais r)p,wv irpos <f>WTio~p,ov rfjs yv<L-
» aea>s rfjs 86£t]s tov &€ov ». UvvœSà 8è tovtu> Kal 6 p,eyas
Aiovvaios « T) tov votjtov » ^tjcti « <f>ù)TOS rrapovaia èvœ- 15
» TIK17 tcD»' <f>ojTit,op.évo}v ioriv, els fiuw Kal àXrjôij ovvd-
» youca yvâtaw ». 'Opâs to rfjs yvœaews <f>û>s vtto ttjs
rrapovaLas tov <f>cuTos rfjs x<*r0lTOS X°PVy°^fievov Kai TT)S
StaipeTiKTJs àyvoias àTraXXdTTOv ; OStos /ièv ovv « votjtov »
aura TTpoaeîiTCV, 6 8è p,éyas MaKapios, IvTpi-nwv àpiSrfXws 2°
tous Il yvwCTiv olop.évovs to rfjs ^apiToç ^<3s, «l'oepôr» npocrr)- | f. 12 ir
yôpevaev avrô * « Elarj » yao <f>r)crw « e/c tcDv evepyrjfiâTtiûv
» tÔ iXXap.<f>d€V iv tjj ipvxjj oov voepôv <f>ws, cire tov Oeov,
» e?T€ toO XaTavâ 7ré<f>VKev ov ». '^4AAa^oû 8è tt^v ctti toû
irpootoTTOV Mwvaéos 8dfav « àdavaaiav » 7Tpooenrwv, el 25
*cat t<S ^i^t^) TTipir\arpa^€ ■npoaômip totc, /cai Sci/cvùç
orrais raïs ifwxo.îs àpriœs èp.<f>avi^€Tai tûv iv àX-qOeia tov

CVSL
11-12 Ac'yf' IlavXos : IlaOXos At'y" ^ D I2 ^<"s om. I. j 23 îXafupSiy V | 25
MioHaiws S.
112 GRÉGOIRE PALAMAS

raît dans l'âme, aussitôt que l'on aime vraiment Dieu, il dit :
Comme les yeux sensibles voient le soleil sensible, ainsi ces hommes
voient, avec les yeux de leur âme, la lumière intellectuelle qui se ma
nifestera et se répandra sur les corps au moment de la Résurrection
pour les rendre, eux aussi, resplendissants de lumière éternelle l.
Quant à la lumière de la connaissance, on ne peut jamais dire
qu'elle soit « intellectuelle » ; cette lumière-là, au contraire, agit
parfois comme une lumière « intellectuelle » ; en même temps,
l'intelligence la contemple comme une lumière « intelligible » par
son sens « intellectuel » ; lorsqu'elle entre dans les âmes raison
nables, elle les libère de l'ignorance liée à leur état, pour les rame
ner des opinions multiples à la connaissance unifiée. C'est pour
quoi le chantre des Noms divins, lorsqu'il se met à chanter les
noms lumineux du Bon, nous enseigne à dire que le Bon est appelé
lumière intelligible, parce qu'il remplit de lumière intelligible toute
intelligence supracéleste et parce qu'il chasse toute ignorance et
toute erreur de toutes les âmes dans lesquelles il entre 2. La connais
sance qui survient après que l'ignorance ait été chassée est donc
une chose, tandis que la lumière 'intelligible qui fait apparaître
cette connaissance en est, une autre. Voilà pourquoi la lumière
intelligible est manifestement présente dans l'intelligence supra
céleste, c'est-à-dire en celle qui s'est surpassée elle-même. Com
ment, sinon par métaphore, peut-on appeler « connaissance » cette
lumière supracéleste et surpassant l'intelligence ? Par ailleurs,
seule l'âme raisonnable peut parvenir à se purifier de l'ignorance
due à son état, que ce grand docteur a appelée « ignorance » et
« erreur ».

Vision au-dessus 4- — L'esprit humain lui aussi — pas


de la négation. seulement celui des anges — se surpasse
lui-même et, par la victoire sur les
passions, acquiert un aspect angélique s. Il trouvera donc

1 Ce passage rappelle la fin de l'Homélie V du Ps.-Macaire (PG, XXXIV, 516)


et ses parallèles dans la paraphrase de Syméon, De patientia, 4 (ibid., 868 CD),
De elevalione mentis, 1-2 (ibid., 889 C-892), De libertate mentis, 21 (ibid., 956 BC),
sans les reproduire exactement. Il s'agit peut-être, comme dans 7>. I, 2, 3,
d'une paraphrase qui ne nous est pas parvenue.
*De div. nomin., IV, 5 (PG, III, 700 D).
* Cfr Ps.-Denys, De div. nomin., I, 5 (PG, III, 593 B) ; Évagre, De oral., 113
(PG, LXXIX, 1192 D).
TRIADE I, 3, 3-4 113

Oeov rjyairqKÔTwv, « œs oi rrjs atadrjrijs » <f>rjatv « oipecos


» o<f>9aXp.ol ôpœat tov alaÔrjrov rjXtov, ovtujs eKetvot 8tà
» TtDi' rrjs 'pvx'fjs 6<f>daXp.û>v to voepov épatai <f>ô>s, ô Karà
» tov xaipov rrjs àvaardaeuis ■npoKvif/av Kal eTrtxvôèv toîs
» aojpaotv ojpaïopéva Kal raûra 8el£et tô> ata>vîa> <f><ort ». 5
To yovv <f>ws ttjs yvcoaeojs « voepov » oùSéVor' âv tiç
<f>aii), to 8è ^côç CKeîvo Kal ws voepov eoTtv ore evepyeî
Kal â»s votjtov 8tà voepâç atcrdrjcreojs vtto tov vov opârat
Kal raïs XoytKats eyyi.v6p.evov i/w^aîs rrjs /carà Siadeaiv
àyvoias àTraXXdTTet rai/ras, els p.ovoet8fj yvdatv a-no tÛv 10
TroXXœv èirtarpé^tov 8o£ao-p,d.TU)v. Ato Kal 6 tô>v Oeitov
6vop.â.Twv vp.vu>8os eKeîvos, rr)v tov àyadov <f><i)Towp,tKT]V
iiTa>vvp.tav evi.paXX6p.evos vp.vetv, prjTeov (frrjcrlv Sri «t <f>ws
» votjtov 6 àyaOos Xéyerat, 8tà to "navra p.èv vrrepovpdvtov
» vovv ep.TTLTrX6.vat votjtov (JxotÔs, irâaav 8è âyvotav Kal 15
» irXdvrjv èXavvew 4k rraotôv aîs âv iyyévrjTai t/n>xo.ts ».
Ovkovv aXXo p,èv r) yvœats, t) Kal rrjs àyvoias à.TreXavvop.évT)s
èTrt,yivop.évr) , âXXo 8è to votjtov <f>ws, S TrapeKTtKÔv èartv
avrrjs. Ato Kal to p.èv votjtov <f>œs tû> « vrrepovpavitp vâi»
èp.<f>avœs èyyiveTat, Tovréort tô> VTrepavafiàvTt êavrov. IJâis 2°
8' âv KXrjdetrj « yvœots », et p.r) p.eTatf>optKÛ>s , to vrrepovpd-
vtov Kal înrèp vovv eKetvo <f>û)s ,' 'H 8è rrjs Karà 8tddeatv
àyvoias àiroKadapats, rjv « âyvotav » Kal « TrXdvrjv » ojv6-
paaev 6 p,éyas ovtos, èrrl jxovtjs rrjs XoytKrjs ifivxrjs reXetoOat
rré<f>VKev. 25

4. 'YTrepavaflatvei 8è êavrov ovk àyyéXœv p.6vov, àXXà


Kal àvOpomtvos vovs, àyyeXoet8r)s Si' aTraôelas yeyovœs'
ovkovv Kal tov <f>o)Tos ckcivov TevÇeTat Kal deo<f>avetas
vrrep<f>vovs àÇtwdTJoeTai. Ttjv p,èv tov &eov ovaiav ovx
ôpâiv, Oeov 8è ôpœv 8ià OeoTTpeTTOvs èK<f>avroptas àvaXôyov 3°
èavrût. KaTa aTr6<f>aotv p.év, ov ' ôpâ ydp ti " KpeÎTrov 8' tj
«arà aTrô^aatv, tov Qeov p,-r) p.6vov vrrèp yvœatv, dXXà Kal

CVSL
12 ^cuTùivvfiiKriv CSL.
114 GREGOIRE PALAMAS

lui aussi cette lumière et sera digne d'une vision surna


turelle de Dieu, ne voyant pas l'essence de Dieu, mais voyant
Dieu par unn révélation convenable à Dieu et proportionnelle
à lui-même. Il ne voit pas par négation, car il voit quelque
chose et il voit d'une façon supérieure à la négation. Car
Dieu n'est pas seulement au-dessus de la connaissance, mais
au-dessus de l'inconnaissance * ; sa révélation elle-même est aussi
réellement un mystère, le plus divin et le plus extraordinaire,
puisque les apparitions divines, même si elles sont symboliques,
restent inconnaissables dans leur transcendance. Elles apparais
sent, en effet, suivant une loi qui n'est ni celle de la nature divine,
ni celle de la nature humaine — pour ainsi dire : pour nous et au-
dessus de nous — de sorte qu'il n'y a pas de nom qui puisse pro
prement les exprimer. Et Celui qui, à la question de Manoé :
Quel est ton nom ?, lui répondit : Il est merveilleux a, l'a bien montré ;
la vision, en effet, étant non seulement incompréhensible, mais
aussi innommable, n'en est pas moins merveilleuse. Cependant,
bien que la vision soit au-dessus de la négation, la parole qui
l'exprime est inférieure à la voie négative : elle progresse en se
servant d'exemples ou d'analogies ; c'est pourquoi aux mots em
ployés on adjoint le plus souvent un «comme» exprimant la seule
similitude, car la vision est indicible et dépasse toute appellation.

Le dépassement **. — Et lorsque les saints contemplent


supracéleste. cette lumière divine à l'intérieur d'eux-
mêmes — ils la voient lorsqu'ils acquiè
rent la communion divinisante de l'Esprit par la fréquentation
mystérieuse des illuminations parfaites —, ils voient le vêtement
de leur déification, leur intelligence étant glorifiée et remplie,
par la grâce du Verbe, d'un éclat extraordinaire dans sa beauté,
de même que la divinité du Verbe, sur la montagne, a glorifié

1 Cette idée est essentielle dans la pensée de Palamas : la perception d'un Dieu
totalement inconnaissable est une perception positive, et non pas un néant ; car
Dieu, selon le Pseudo-Denys, n'est pas seulement âyvuioros, mais aussi mttpâ-
ywooroî ; De mystica Theologia, I, i (PG, III, 997 A). Cfr H.-Ch. Pukch, La
ténèbre mystique chez le Pseudo-Denys, dans Études Carmélitaines, 23, II, oct. 1938,
p. 40-42.
» Juges, XIII, 17-18.
TRIADE I, 3, 4-5 115

vnepayvôiorov ovros Kal a>? àXrjdâJs Kpv<f>iov Kal ttjv eK<f>av-


aw €)(ovtos, to deiôrarov ko.1 irâvroiv Kaivôrarov, ènel ko!
ai BeoeiBeîs oifiets, Kav ovp.poXiKal coaiv, îmcpoxiKws exovcn
to ayvwarov crêpa) yap trapà rr/v <f>vcnv || ttjv tc deiav Kal |t 121»
àvdpoiTrivrjv 6eap.œ 8ta<f>aivovTai koll, <bç elireîv, KaO* r/p-âs 5
vncp ij/xâç, <I>s p,r)hè ovop.a 8-qXam.Kov avT<3i> Kvpiœç eîvai.
Kal tout' êfSci^ev 6 t<2 Mavtok 7rv9op.éva> « ri to SvopA o~ov ; »
tf>dp.€vos otl « Kal avro 8avp,aar6v », d>s Kal rfjs ôpdaews
ovx "f\TTOv ovo~r)s Oavp,aoTr}ç Kal npoç tô> aX-q-iTTCp Kal to
àvœvvpMV ixovo~qç. Ov p.rjv <xAA' el Kal 17 Spams KpeÎTrov î) 10
Kœrà à7r6<f>aaiv, àXX' 6 ipp.T)vevs eKeivrjs Xôyoç aTroSeî rfjs /carà
àirô(paaiv àv68ov, TTapa8eiyp.aTiKœs rj /carà àvaXoylav -jrpoa-
yôp.€VOS, 810 Kal to « à>s », 6poi.a)p.aTiKrjv <f>épov crqp.aaiav,
awr\pn)p.€vov ws èrrl to ttXcÎotov «f^ei toîç ovop.aaw, <ôs
àppr)Tov ko.1 VTrepajvvp,ov tj)s ôpâoeœç ovotjç. 15

5. "Orav 8' iv éavroîç ol Upol â.v8peç to Oeoirpeirkç


€K€Îvo deœpwGL <f>â>s, âpwat. 8' rjvÎKa tu^oocti ttjs Beovpyov
Koivwvîas tov I7vevp.aToç Karà tt)v à-nôppr^TOV t&v rcAe-
atovpywv iXXdp.ff/eu)v èm^oiTTiCTiv, to ttjs deœaeœs avrwv
ôpûxTLv €v8vp.a, tov vov 8o^at,op,évov Kal ttjs vnepKÔXov 20
irXr)povp.évov àyXataç vtto ttjs tov Aôyov ^aoi-roç, Kaddirep
V7TO Tt)s TOV AÔyOV ÔeÔTTjTOÇ OeOTTpeTTeî (f><xJTl to awr\pp.i-
vov iirl tov Spovs i8o£do-0r) oœp.a. « Tr)v yàp 86£av rjv
6 IlaTrjp i8coK€v avTÔt » 848a)Kev avroç toîç vtttjkÔoiç,
KaTa tov èv evayyeXiois Xôyov, Kal « TjdéXrjoev Iva d>aiv 25
» ovtol p.€T avrov Kal deœpôjoi ttjv 86£av ttjv avrov ».
Tovro 8e ttws àv yiyvono aa>p.aTiKœç, p.rjKéTi 0-aip.aTi-
KÔJs avrov TTopôvros pierà tt)i» els ovpavovç àvdXr)ifi<.v ;

CVSL
20 vncpKaXXov LV.
Il6 GRÉGOIRE PALAMAS

d'une lumière divine le corps qui lui était attaché l. Car la gloire que
le Père lui donna, il la donna lui-même à ceux qui furent obéissants,
suivant la parole de l'Évangile 2, et voulut qu'ils fussent avec lui et
contemplassent sa gloire 3. Comment cela pourrait-il se faire corpo-
rellement, alors que lui-même n'est plus corporellement présent
après son ascension aux cieux ? Cela s'accomplit donc nécessaire
ment d'une façon intellectuelle, lorsque l'esprit devient supracéles-
te, comme s'il devenait le compagnon de Celui qui pour nous s'est
transporté au-dessus des cieux, lorsqu'il s'y unit à Dieu d'une façon
manifeste et mystérieuse et contemple les visions surnaturelles et
mystérieuses, rempli de toute la connaissance immatérielle d'une
sublime lumière ; alors, ce ne sont plus des symboles sacrés,
accessibles aux sens, qu'il contemple et ce n'est plus la variété
des Écritures Saintes qu'il connait * : il est embelli par la Beauté
créatrice et source du beau, illuminé par l'éclat de Dieu. De la
même façon, suivant le révélateur et l'interprète de leur Hiérar
chie, les sublimes ordres des esprits supracosmiques se remplis
sent hiérarchiquement et d'une façon analogique à eux-mêmes,
non seulement de la connaissance et de l'expérience primitives,
mais encore de la lumière première en vue de la sublime initia
tion trinitaire ; non seulement ils acquièrent la participation
et la contemplation de la gloire trinitaire, mais encore celles de
la lumière de Jésus, celle qui fut aussi révélée aux disciples sur
le Thabor5. Jugés dignes de cette vision, ils reçoivent en effet, une
initiation, car cette lumière est aussi une lumière déifiante ; ils
s'en rapprochent réellement et communient les premiers à ses lu
mières déifiantes. C'est pourquoi le vraiment bienheureux Macaire
appelle cette lumière nourriture des êtres supracélestes 6. Et voici ce
que dit un autre théologien : Toute l'ordonnance intelligible des
êtres supracosmiques, en célébrant immatériellement cette lumière,
nous donne une preuve parfaitement évidente de l'amour que nous
porte le Verbe 7. Et le grand Paul, au moment de rencontrer en

1 Cfr s. Nu, Epist. II (PG, LXXIX, 233 A).


« Jean, XVII, 22.
» Jean, XVII, 24.
« Cfr Ps.-Denys, De eccles. hier., I, 4 (PG. III, 376 B).
* Cfr 1d., De coelesti hierarchia, VII, 2 (PG, III, 208 BC), De div. nomin., I, 4
(ibid., 592 BC).
• Cfr Hom., XII, 14 (PG, XXXI V. 565 B).
' S. André de Crète, Hom. VII in Transf. (PG, XCVII, 933 C).
TRIADE I, 3, 5 117

TeXeîrai roiwv Karà Trâaav àvdyK-qv voepcôs, oTrrjviKa


yeyovœs ô vovç îmepovpdvios koI olov ÔttclSos xPV(JLaTî(Tas
tov vTTepavaPe^rjKOTOs Si' r)p.âs tovs ovpavovs, ip.<j>avâ>s
Kal àiropprjTOJs èvojBely) tô> &eû> cVeî kcli tô>v virep<f>vâ)v
Kal aTTopprjTUiV è-mTvyxdvoi 0eap.aTOJV, Traarjs àvXov yvoj- 5
aecos, vtpt]XoT€pov <pwTos avarnp.TrXdp.evos, oi>x <Ls alaBrjTwv
avp.f$6Xojv lepôjv 0e<vp6s, ovB' <ôs Upoypatf>iK7Js TroïKcXtas
€7nyvâ>[Ux>v, àXX' ws tô> koXXottoi.w Kal àpxu<<p koXXidtti-
£6p.evos KaXXei Kal rfj tov Geov Xap.Trpvv6p.evos Xap,Trp6Tr)Ti.
Tov avrov yàp rpoirov Kal al àvarraTU) râÇets tû>v xrrrep- 1°
Koop.lojv vôuiv àvaXôyios éavraîs, Karà tov ovpavo<pdvropa
Kal viro<f>7JT7)v TTJs kot' auras *Iepap\las, ov p.6vov Trpot-
rohôrov yvwoews Kal èiriOT7]p.r)s, àXXà Kal irpûtTOV <pa>TOS
irpos Trjs àvcoTaTto TpiaotKrjs TeXerapxîas lepapxovp.evai
TrXrjpovvTai Kal ot>xl Trjs Tpi.aoi,Krjs p.6vr)s 86£t]s p.€TO\oi. *5
yivovTai Kal 0ea>poi, àXXà Kal Trjs 'Irjoov <f>ùJTO<f>aveias, r)
Kal toîs p.a9r]Taîs èv Oafiœp àireKaXv<f>drj. Mvovvrat. yàp
rrjs II 0ewpias KaT7]Çiojp.évat. Tavrqs, Beovpyov <pâ>s ovra \ t. i2ir
Kal avrov, œs àXrjOœs aura» TrXrjoi.dt,ovoat Kal râ>v Oeovp-
yiKwv avrov <f>drru>v iv rrpoirrf p.erovola yivôp.evai. Aid Kal ?o
6 <f>ep<ovvp.œs MaKapios « j3pô>p.a twv èrrovpavioiv » tovtI
KaXeî to <f>â>s. "Erepos Se ris râ>v 0eoX6yœv « tovto » <pr)ot.
» rrâoa rœv vrrepKoop.t,ojv r) vo-qrr) htaKoop/rjOis dvXws eoriœ-
» p.évrj T€Kp.Tjpiov ivapyéoraTov riderai rfjs rrepl r)p.âs tov
» Aôyov <f>iXav9pwrrias ». Tavr' dpa Kal o p.éyas TlavXos, -5
toîs dopdrois Kal èrrovpaviois iv aura) 0edp.aoi p.éXXatv
ivrvyxdveiv, « àpirayels » yéyovev înrepovpdvios , ovx a»?
tottikws vrrepava^rjvat 8eop.évov tov vov tovs ovpavovs,
et Kat p.vcrT7)piov âXXo rt r) àpirayr) StjAoÎ, p,6vois tous ira-
dovaiv eyva>op.evov, ire.pi 0$ vvv Xéyeiv ovk eVavay/ceç, â 3°
irapa tû>v TreTreipap.evuiv TrarépoiV èop.èv aKrjKoÔTes, p.r) Kal
raÛTa Trpo0iôp,e6a rrpos KaKovpyiav. 'Qs 8' éoTi <j)ojTLcrp.6s

CVSL
8 KtlXoTJOlûi C.
Il8 GRÉGOIRE PALAMAS

Christ les visions invisibles et supracélestes, fut ravi 1 et devint su-


pracéleste 2, sans que son intelligence ait eu besoin de passer au-
dessus des cieux en changeant réellement de lieu ; ce « ravisse
ment » dénote un mystère totalement différent, connu de ceux-là
seuls qui l'ont éprouvé. Mais il n'est pas nécessaire de mentionner
aujourd'hui ce que nous avons entendu à ce sujet auprès des Pères
qui ont eu l'expérience, afin de ne pas l'exposer à la calomnie.
Mais, ce qui a déjà été dit nous suffira pour montrer très facile
ment à ceux qui ne sont pas convaincus qu'il y a une illumina
tion intellectuelle, visible à ceux qui ont purifié leur cœur, complè
tement différente de la connaissance et qui peut procurer cette
connaissance.

L'Ancien et le Nou- 6. — Comme tu l'as dit toi-même, ils


veau Testaments. affirment que les illuminations qui se
sont produites sous l'ancienne loi avaient
un caractère symbolique. Ils montrent donc bien qu'il y
a une sainte illumination, dont celles-ci étaient un symbole.
Saint Nil nous enseigne que la plupart d'entre elles étaient
bien les symboles de cette illumination, en disant : Lorsque
l'intelligence, après avoir rejeté le vieil homme, aura revêtu
celui qui naît de la grâce, alors, durant la prière, elle verra
son propre état semblable à un saphir ou à une couleur céleste;
l'Écriture appelle cela la place de Dieu 3 que les anciens ont
vue aux pieds du mont Sinaï *. De même, nous entendons
saint Isaac nous dire : L'intelligence, sous l'action de la grâce,
voit durant la prière sa propre pureté semblable à la couleur
supracéleste que l'assemblée d'Israël appela la place de Dieu,
lorsqu'elle leur apparut sur la montagne 5. Ne vois-tu pas que ces
illuminations sont les symboles de ce qui s'accomplit aujourd'hui
dans les cœurs purs ? Et Jean, dont la langue était d'or aussi
bien que l'intelligence, examine ces paroles de l'Apôtre : Dieu

1 II Cor., XII, 2.
• L'exemple de Paul est très fréquemment cité par s. Maxime, en des termes
semblables, Ambig. (PG, XCI, 1076 BC, 1144 C, 1241 AB) ; cfr Cent., V, 85
(PG, XC, 1384 D) ; voir infra, Tr. III, 1, 9, 31, 35, 38 ; Tr. III, 2, 12.
• Exode, XXIV, 2.
4 De Mal. Cogit.. XVIII (ouvrage aujourd'hui restitué à Évagre) (PG, LXXIX,
1221 B) ; cfr Évagre, Practicos, I, 70 (PG, XL, 1244 A).
• Hom., 32 (édit. N. Theotoki, p. 206 ; édit. Spetsieri, p. 140).
TRIADE I, 3, 5-6 119

voepos toîç KeKadapfiévois ttjv Kapbiav ivopwuevos, dXXos


iravraTraoi irapà ttjv yvwoiv, Ss Kal napcKTiKÔs ioriv avrrjs,
Kal air* avrîljv twv elp-qpivœv toîs p-v) ireiOopévois €v\€picrra-
rd ye SetÇopev.

6. Ëaul ydp, a»? avros étires, crvp.poXtKOVs etvai tovs 5


cv tû> irdXai vop.a> <f>WTiap.ovs. 'Ekcîvoi toLvw tovt clvto
SeiKVVovmv a>? iariv lepos <pOiTtap*os od yeyôvaaiv avrol
ovpfioXov. "On Si tovtov tfoav ol irXelovs iKeivatv ovpfloXa
koX Trapà tov âyiov p.epad^Kapev NelXov Xéyovros ' « "Orav
» â vovs tov iraXaiov âvQpamov àiroSvodpevos tov c/c rfjç 10
» xapiToç iirevSvarrjTai, totc kcli tt/v èavrov KaTaoraoïv
» o*f>€Tai Karà tov Kcupov ttjs irpoaevyT\s aantpeipa) rj ov-
» paviip xpaJ/Liari irapepspepfj , rjvriva Kal tottov Oeov r)
» rpa<f>7) ôvopâÇei, vtto tcùv irpea^vrépwv o<pdévra vtto to
» opos Sivâ ». 'Qo-avTios Si Kal tov àylov 'IaaaK aKovofieu 15
Xéyovros ' « Karà tov Kaipov ttjs irpoaevx'fjs ôpâv tt)v èavrov
» KadapÔTTjTa tov Kc^apiTUip-évov vovv, ôpuolav tjj èirovpa-
» via> xpoiâ, tJtis Oeov îmo ttjs yepovaias tov *Iopar)X
» divôpaarai tottos, r)vtKa { <ï><f>6r] avroîs iv tû> opei, ». BXé-
irets ttîos TÔtv iv raîç Kadapaîs KapSiats àprlats TeXovpévwv 20
eKCÎva ovpfloXa; 'Iaidwrjs Si 6 \pvaovs ko! ttjv yXârrrav
Kal Trfv hiÀvoiav, to diroaToXtKov ckcIvo SicvKpivwv « o
» Ocos o eliràiv eV okotovs <f>â)s Xdpjpai, ôs iXapifiev iv raïs
» Kapotats rjpM)v », « ScIkvvoI » <f>rjot, « perà irpoaO'qKTjs Tr)v
» Mœaéuts 86£av iv r)pîv àarpd-movaav ' Kaddircp yàp els 25

CVSL
l8 7-§î ytpovaias om. L.
120 GRÉGOIRE PALAMAS

qui a dit: la lumière brillera du sein des ténèbres, a fait briller


la lumière dans nos cœurs 1 ; d'après lui, l'Apôtre montre que la
gloire de Moïse a resplendi en nous encore augmentée, car elle a
brillé dans nos cœurs, comme sur le visage de Moïse 2. Et il dit
plus bas : Au début de la création, il dit et la lumière fut; mais
aujourd'hui, il n'a pas dit, mais est devenu lui-même notre lumière '.
Donc, si la lumière qui fut au début de la création ou celle qui a
brillé sur le visage de Moïse constituaient une connaissance limi
tée, l'illumination qui se produit dans nos cœurs serait aussi
une connaissance, mais supérieure, puisqu'elle a reçu une « aug
mentation ». Mais puisque cette lumière-là n'était pas une con
naissance, mais un éclat apparaissant sur le visage, l'illumination
qui se produit en nous n'est pas une connaissance non plus,
mais un éclat de l'âme, apparaissant à l'esprit purifié. Il faut
donc dire que cette lumière-là, accessible aux yeux sensibles,
était elle-même sensible, tandis que celle-ci est intelligible,
puisque seuls les yeux intelligibles y ont accès et puisqu'elle agit
au dedans de nous.

Lumière et con- '• — Mais cette lumière-là n'était


naissance. cependant pas simplement une lumière
sensible, bien qu'elle soit apparue sur
le visage du prophète. Selon saint Macaire, en effet, les saints
reçoivent aujourd'hui dans leur âme la gloire apparue sur
le visage de Moïse *. Ce même père appelle aussi cette lumière
gloire du Christ et la considère comme étant au-dessus des sens,
bien que son apparition soit accessible aux sens ; il met en avant,
avec une petite addition, cette parole de l'Apôtre B : Nous tous qui,
le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire
du Seigneur, c'est-à-dire sa lumière intellectuelle, nous sommes
transfigurés en la même image de gloire en gloire, c'est-à-dire par
le surcroît de lumière qui est en nous et qui, sous l'effet de la lumière

' II Cor., IV, 6.


» In Ep. II ad Cor. hom., VIII, 3 (PG, LXI, 457).
» Ibid.
* Cfr Hom., V, 11 (PG, XXXIV, 516 C) ; cfr Macaire-Svméon, De palieniia, 4
(ibid., 868 CD) De elevaiione mentis, 2 (ibid., 892 A). De libertate mentis, ai,
{ibid.. 956 BC).
• II Cor., III, 18.
TRIADE I, 3, 6-7 121

» tÔ TrpoacoTTOv Mœcreats, ovruts els ràs r)p.erépas Kap8las


» tXaynfie », Kal Tra.paKa.Ti otv « iv àpxV p-e\> » $t]<Ji « ttjs
» Kriaews eîrre, Kal iyéveTo <f>ô>s' vvv Se ovk elrrev, aXX
» avroç r)p,îv yéyove <f>â>s ». El p,èv ovv to <j>â>s to iv àpxfj ttjs
KTiaecoç ! 7) to iv tû) 7rpoaojiroj Mœaéojs yvwoLs r)v p,eTpîa, 5 I *■ 1"0
Kal 7) iv Tais Kaphiais rjuwv eXXap-tpis yvwcrts àv r)v vtprjXo-
répa, œs TrpoadrjKrjv 8e£ap.évT). 'Enel 8' iKelvr) ov yvœais
t)v, àXXà \ap.TTpÔT7]s iiri<f>aivop.€vr) tû> TrpoaojTTCp, Kal r) iv
r)p.îv eXXaptpis où yvwois, àXXà XapTrpÔTrjs eorî tf/vx^js,
iTTi<f>atvop€\rq tû> KeKadapuévip vœ. 'EKeivrjv p.èv ovv aloOrj- 10
toîs 6<f>6aXfxoîs VTTOK€ip.évrfv alodr)Tr)v àvdyKr) Xéyeiv, /ca-
danep Tavrrjv vorjrrjv, votjtoîs VTTOKeiuévrjv 5nfia.cn Kal
ivros r)uîv ivepyovaévrjv.

7. 'AXX' ov8' iKelvr) aladrjrr) àTrXœs V7rrjpxcv, el Kal tô>


7Tpo<fyr}TiKtî> i7re<f>alv€To TTpoaJjTio), eïirep ttjv 86%av tov <f>a>Tos 15
tov TTpoadmov Mœvoeos vvv ev tt\ tf/vxfj, *carà tov âyiov
MaKapiov, Sc^ovtcu ol âyioi. To avro S' ovros Kal « 8o£av
» tov XpioTov » KaXeî Kal vrrèp aïadr/aiv r)yeÎTat, el Kal
kot aïcrdrjaiv i<j>âvr), to aTTOOToXiKov iKeîvo 7rpof3aXX6p.evos
pierà p.iKpâs TrpoaQr\Kj]s ' « 'Hueîs 8è navres àvaKeKaXvp,p.évw 20
» TTpoawTTtx» ttjv 86£av Kvpiov, Tovréori to voepov <f>œs avrov,
» Ka.TOTTTpvÇpp.eQa, ttjv airrqv eiKova p.eTap.op<f>ovp.evoi àrro
» o6£r]S els o6£av, rfj Trepiovalq. 8rjXa8r) ttjs iv r)p.îv Àa/x-
» TrpérqTOS, tnro tov OeÏKoG <f>WTOS Trpoïovo-rjS iirl to rrjXavyéa-
» repov àei ». Ti yàp Kal â âyioç ^diaSo^o? Xéyei,' « Ov Set 25
» àp\xf>i,fiaXXei.v œs ôrav 6 vovs âp^rfrai ttvkvcjs vtto tov
» Qeiov <f>œTOS ivepyeîadai 8ia<f>avrjs tiç SXos ylverai, (Lare
» to iavrov <f>â>s avTov rrXovauos ôpâv tovto yàp oXojs
» ylveTai, ôrav r) Suva^ts' rrjs fox^S KaTaKvpievor) twv

CVSL

12 Tavrqv '. Taurg ^-


122 GREGOIRE PAL AMAS

divine, devient toujours de plus en plus distinct l. Que dit, de son


côté, saint Diadoque ? // n'y a aucun doute que lorsque l'esprit
commence à éprouver fréquemment l'action de la lumière divine,
il devient tout entier transparent et voit l'abondance de sa propre
lumière ; car il devient tout entier cette lumière, lorsque la puissance
de l'âme se rend maîtresse des passions 2. Et que dit le divin
Maxime ? Un esprit humain n'aurait pu s'élever jusqu'à recevoir
l'éclat divin, si Dieu lui-même ne l'avait exalté et illuminé de lueurs
divines 3. Que dit aussi l'illustre Nil ? Le Cappadocien Basile,
cette colonne de vérité, affirme que la connaissance humaine n'est
qu'étude et entraînement, alors que la connaissance provenant de
la grâce de Dieu est justice et miséricorde ; la première peut être
acquise par les passionnés, alors que seuls reçoivent la seconde
ceux qui ont vaincu les passions et qui aussi voient le propre
éclat de leur esprit les éclairer au temps de la prière *. Comprends-
tu clairement, frère, que l'esprit libéré des passions se voit
lui-même comme une lumière durant la prière et resplendit
de lumière divine ? Prête donc maintenant une oreille docile
et écoute encore le vraiment bienheureux Macaire, que le très
divin Nil appela vase d'élection b et qui dit dans les Chapitres para
phrasés par le Métaphraste : L'illumination parfaite de l'Esprit
n'est pas seulement comme une révélation de pensées, mais une
illumination certaine et continue de lumière hypostatique dans les
âmes ; cela est bien confirmé par des passages comme : Celui qui a
dit : La lumière brillera du sein des ténèbres, fait briller la lumière
dans nos cœurs •; comme: Illumine mes yeux, afin que je ne m'en
dorme pour mourir 7 ; comme : Envoie ta lumière et ta vérité et elles
me conduiront sur ta sainte montagne * ; comme : La lumière de ta
face est venue sur nous comme un signe », et comme d'autres passages

1 Cfr Hom., V, 10 (PG, XXXIV, 516 AC), De élévations mentis, 1 (ibid., 889 C),
De Ubertate mentis, 21 (ibid., 956 BC). Avec les mêmes réserves que dans la note
1 de la p. 112, d'autant plus évidentes que Palamas cite plus bas (§ 11) la para
phrase de Syméon.
* Cap. 40 (édit. des Places, Paris, 1955, p. 108, var.).
» Cent, gnost., I, 31 (PG, XC, 1096 A).
* Évagre, Gnostikos, 147, cité dans Socrate, Hist. eccl., IV, 23 (PG, LXVII,
520 B).
» Évagre, Practicos, I, 93 (PG, XL, 1249 B).
• 77 Cor., IV, 6. ' Ps. XII (XIII), 3.
• Ps. XLII (XLIII). 3. • Ps. IV, 6.
TRIADE I, 3, 7 123

» TraOœv ». Ti 8' avdts ô detos Afa^i/xo? ,' « Ovk âv tooov-


» tov loyyaçv àva8pap.eîv àvdpcÔTnvos vovs a»? àvrtÀafiéa-
» dai Oeias eXXdp.il/ecos, el ftï) avros ô Oeos dvéairaoev av-
» tov Kal rais délais avyaîs KaTetfrcoTiae ». Ti 8* aiïdis trvv t<3
fieydXto BaoïXeUit NeîXos ô irepifiôrp-os ; «Tijs àXrjdeias* cfyqalv 5
« o orûAoç, o KaTnraoôicrjs BaaiXeios -rrçv /xèv àv6pœ7rivqv
» yvoDciv jucActtj «ai yvp.vaaia Kparvvei, ttjv Se e/c 0eoû
» XapiTos èyyu>op.évr\v , SiKatoavvr) Kal éXeos ' Kal rrçv /ièv
» TTporépav Svvarov Kal tous èpuradels vrrohé^aaQai, rrjs
» 8è Sevrépas ol à-nadeîs pxtvoi elcrl Sefcrucot, oï /cal 10
» 7rapà tov xaipov ttjs 7rpoaevx'fjS to oIkclov <péyyos tov
» VOV TT€plXdp.7TOV avrovs decopovai ». UvvTjKas, aoeXipé,
aacbcos ôVi vovs iradwv àTraXXayels a>ç <ptôs avTos éavrov
/carà ttjv irpoaev^v ôpâ Kal Delco irepiXdp.TTeTai <ptori;
Nvv oiv TreiOrjviov wréxcov o$s a$0LS aKove *caî tov 15
<peptovvp,tos MaKaplov, ov « OKevos CKXoyijs » o ttoXvs Ta
0eîa NeîXos npocrrjyopevo-ev, os <{>t)oiv èv toîs vtto tov
MeTa<f>paoTov ueTaxfapaodeîoi Ke<paXaiois' «'H TeXeia
» tov IJvevp.aTos eXXap.ipis ovx olov vor)p.d.Tù>v p.6vov || D {- 1*Vf
» àTTOKaXvif/is Iotiv, aAA' virooTaTiKov <f>LOTOS iv Taîç if/vxaîs 2°
» fiefiaia Kal BirjveKtjs eXXap.ijjis ' to ydp, ô elircbv ck gko-
» tovs <f>tos Xdpjpat ôV eXap.tfiev èv raïs Kap&iais "qp,tov, Kal
» to, tptôriaov tovs 6<p6aXp.ovs uov p.r\TTOTe virvcôoto et?
» QdvaTov, Kal to, èÇairooreiXov to <f>côs aov #cat tt\v aXrfîeiav
» aov, aura p.e ôSrjyTJaovotv eis ôpos ayiôv aov, Kal to, 25
» èo~r)p,eitodr) i<f>' 7/p.âs to (f>â>s tov Trpoacoirov aov, Kal
» 7rdv6' ôaa tovtois 7Tapa7rXrjaia to avro Trapiarqaiv ».
' Y-rroaraTiKov Se eîirev, lv' ip.tf>pd£r) rà oro/xaTa tcôv
Tqv yvâtaiv pâvov oiop.€vojv <f>wTiap.6v Kal •mpvrpi'nôvTOiv
TTpi Tœv 7toXXcûv oïdvoiav, Kal wpo tcvv âXXœv Trfv oiKelav, 30
tû p.€TaXap.pdveiv els ttjv yvcoaiv nape^T]yovp.évovs irâv 5
ti nep âv c?7roi tis irepl ckclvov tov ifxoTÔs. 'Eyco 8è Kal

CVSL
I deîos '. dyios VS.
124 GRÉGOIRE PALAMAS

semblables 1. Il a dit « hypostatique » pour fermer la bouche à


ceux qui considèrent la seule connaissance comme une illumi
nation et sèment la confusion dans la raison de beaucoup de
gens, et dans la leur en premier lieu, en interprétant faussement,
comme se rapportant à la connaissance, tout ce qu'on a pu dire
sur cette lumière. Mais moi je sais que la connaissance est égale
ment appelée « lumière » par dérivation de cette lumière-là,
puisqu'elle est produite par cette dernière. Je l'ai dit plus haut 2.

Le feu intellectuel. 8. — Voilà pourquoi personne n'a


jamais appelé « lumière » le savoir qui
provient des sens, même s'il constitue parfois une connaissance
très sûre ; seule est ainsi appelée la connaissance raisonnable pro
venant de l'esprit. Nous ne voyons, en effet, aucun être doué de
raison qui ne soit une lumière intellectuelle. Les anges sont comme
un feu immatériel et incorporel : qu'est-ce, sinon une lumière
intellectuelle ? L'esprit qui se voit lui-même voit comme de la
lumière : qu'est-il encore, sinon la lumière intellectuelle qu'il
voit ? Et Dieu lui-même, qui surpasse toute lumière intellectuelle
et transcende suressentiellement toute essence, est nommé «feu»
par les saints théologiens ; il possède en lui-même ce carac
tère mystérieux et invisible (comme une obscure image de ce
qu'est le feu parmi les choses sensibles), lorsqu'il n'y a pas de
matière pour recevoir l'apparition divine ; mais lorsqu'il s'empare
d'une matière convenable et non voilée (par exemple toute nature
intellectuelle purifiée, ne portant pas le voile du mal), alors il
apparaît lui-même comme une lumière intellectuelle, comme nous
l'avons montré et le montrerons encore en nous référant aux
saints qui subissent et contemplent l'éclat de Dieu 3.

1 Macairb-Sym4on, De liberiate mentis, 22 (PG, XXXIV, 956 D-957 A).


* §§ 3 et 5.
* L'inspiration essentiellement platonicienne et plusieurs expressions de ce
paragraphe sont empruntées au Ps.-Denys, De coelesti hierarchia, XV, 2 (PG,
III, 329 AC).
TRIADE I, 3, 7-8 125

ttjv yvœoiv Trapojvviiws àir' ckcIvov Xeyop.4vr)v ol8a <f>â>s,


<î)S vtt' avrov xopr)yovfM€irqv, o Kal àvatrepaj elirov.

8. Atônep ov8è ttjv àno râ>v alodrjoeœv Trpoayi.voiJ.ewqv


eïS-qaiv, Kairot yvâxiiv oiïoav eariv ôirov Kal àa<f>aXeardr7jv ,
<f>ws irornori ris TTpooTjyôpevarev , àXXà p.ôvrjv tt)v àiro tov 5
vov koi Xoyifcrjv. Ovokv yàp ôpœp.ev Xôyov 0vvap.1v e\ov, S
p.r) voepôv iari <f>â>s. 01 re yàp âyytiXoi, irvp oîov âvXov
Kaï àaojp.arov ' ri S' âXXo tovto cotiv t} <f>œs voepôv ; "0 re
vous avros êairrov épwv, <Ls <f>â>s ôpâ ' ti toLwv ko! o$toç,
6t p.i\ voepov eavrov pAeTrei <pws , Aai avros oe o ttovtos io
voepov (fxuros €TT€K€iva 0eos Kal Trdarjs ovaias VTrepovaicos
€Kt3e^T]Kd)s, « nvp » irapà rœv Upwv OeoXôycov <Lvop.aap.evos,
ej(« p.év, â>s Karà tt)v tov nvpôs àiivhpàv cv aladrjToîs
eiKOva, to Kpv<f>iôv re Kai àôeœprjTov KaO' eat/rov, p.rj npo-
Keip.€vr]s vXtjs rfjs \oipovarfs t^v delav èp.if>dv€iav ' r)viKa S' 15
àv èiriTTjSeias vXtjs aTrepiKaXvTTTœs è)(ovo~qs €TTiXd^rjTai,
TotavTT) 8e iori Trâaa voepà K€Kadapp.évr) cpvais, to tt)s
xaKias ovk im<l>€pop.cvr] KaXvp,pa, TrjviKavra Kal avros
toc cf>ws épurai voepôv, <bs Si' avrœv rwv Kal naQôvroiv
Kal ihôvrwv Xap.7Tpôrr)ra Qeov ioel£ap.év re Kal SelÇop-cv 20
àyîwv.

CVSL
1 <£<û> : aa^mç I ..
I2Ô GRÉGOIRE PALAMAS

Fonctionnement de 9- — Comme le feu, s'il est caché par


l'œil intellectuel. une matière opaque, peut la réchauf
fer, mais non émettre de la lumière,
ainsi l'esprit, lorsque le voile opaque des mauvaises passions le
recouvre, peut procurer de la connaissance, mais non de la lu
mière. L'esprit, vu par l'esprit, est une lumière, bien que ce soit
la dernière des lumières vues de cette façon, mais il est aussi un
organe de contemplation, comme un œil de l'âme ; il est dit, en
effet : L'esprit attaché à l'âme est l'organe visuel de l'âme l. De
même que l'œil sensible ne peut entrer en action à moins que la
lumière ne l'éclairé de l'extérieur, ainsi l'esprit ne peut se mani
fester comme l'organe du sens intellectuel et entrer par lui-même
en action, à moins que la lumière divine ne l'éclairé. De même
que l'œil, lorsqu'il est en action, devient lui-même lumière, se
confond avec la lumière et voit en premier lieu cette lumière même,
déversée sur les objets qu'il voit, de même l'esprit, lorsqu'il met
en activité sa sensibilité intellectuelle, est lui-même tout entier
comme de la lumière ; il est alors avec- la lumière et, à l'aide de la
lumière, il voit clairement la lumière d'une façon supérieure non
seulement aux sens corporels, mais à tous les objets connaissables
et simplement à tous les êtres. Car c'est Dieu que voient ceux qui
ont purifié leur cœur, selon la béatitude du Seigneur qui ne trom
pe pas * ; et Dieu est lumière 3, suivant la plus théologique des
paroles de Jean, le fils du tonnerre ; il établit sa demeure et se
manifeste à ceux qui l'aiment et sont aimés de lui, selon la promes
se qu'il leur a donnée *. Il se manifeste à l'esprit purifié comme
dans un miroir 6, tout en demeurant invisible en lui-même ; car
telle est l'image qui apparaît dans un miroir : elle apparaît tout
en restant invisible et il est à peu près impossible de voir à la fois
l'image reflétée dans le miroir et l'objet que ce miroir reflète.

1 Ps.-Basile, Const. Monast.. II, i (PG, XXXI, 1340 A).


• Matth., V. 8.
• I Jean, I, 5.
• Jean, XIV. 21.
• Idée classique de la mystique chrétienne orientale depuis Évagre et Grégoire
de Nysse.
TRIADE I, 3, 9 127

9. "Qoirep 8è -rô Trvp, âv £TTiKa\v<f>8i} 5V vXrjs ov 8ia<f>a-


vovs, Oepp.aiveiv p.èv avrrjv hvvarai, (j>a>Ti%€tv 8è ov\i, ovtw
koI 6 vovs, Stclv è-rri.Keifievov êxV to £o<j>â>8es KaXvfifia tô>v
irovrjpâjv Tradœv, yvœcnv fièv 7rapéx€iv 8vvo.it' âv, àXX' où^^
Kal <f)â>s. 'Eirel 8è p.rj p.6vov <f>ws èariv 6 vovs vw OewprjTOV, 5
el Kal eo^arov tcDv tovtov tov rpônov ôpuyp.évajv, aXXà kcu
OeajprjTiKov , olov 6<f>0aXp,6s vrrdpxojv rfjç fox^S, * ^<PIS *
ydp <f>r)ot, « rfj >fivxfj o avp.<j>vr)s avrfj vovs », uiortep rj /car
alodrjOLV otfjis ovk âv èvepyeia yiyvono, p.rj e£u>0ev èinXdp.-
tfiavros avrij <f>ajr6s, ovrœ Kal 6 vovs ovk âv $ voepàv e^wv 10
aïodrjoiv éptpT) Kal Kad' éavrov \\ èvepyeia yiyvono, p.r) tov | f. 123V
deiov TT€piXâp.^savros avrov <f>u)râs. "Qairep 8è 17 oipis, ôrav
èvepyij, <f>œs avrr) re yiverai /cai fiera tov <f>u>Tos avyyiverai
Kal tout' avro rrpGirov opâ ro <f><x>s irâoi toîs 6pojp.évocs
TT€plK€XVfJ.évOV , TOV O.VTOV TpOTTOV KOLL O VOVS, TjVLk' âv CLS '5
èvTcÀe'^ciav à<j>iKoiTo rrjs voepâs alodrfoeojs, avros SXos
olov <f>â>s èori Kal jaerà tov <J>cot6s èori Kal ovv tû> <f>ojrl
yvojCTTws opâ to <f>tôs, oi>x virèp Tas oojfiaTiKas alodijoeis
(xôvov, aAAà Kai virèp rrâv o ti twv rjpûv yvojpifxojv Kal
àvrrXws twv Svtojv TiâvTOiv. Qeov yàp âpâJaiv oi KeKaOapfié- *o
vol ttjv Kap8lav, Karà tov vtto tov Kvpiov àtfjev8rj jj.aKapiop.6v,
ôs <f>û>s <jJV, Karà ttjv QeoXoyiKixirârrp/ 'Iwdvvov tov rrjs
j3povT7Js vlov <f>wvrjv, oiKiÇei Te Kai è/j.<f>avi£,ei éavrov toîs
àyarrâjoiv avrov Kai âyaTrrjQeîoiv îm' avrov Karà ttjv irpos
clvtovs éavrov èirayyeXiav ' èp,<f>avit,ei 8è côs èv èoÔTrrpoj 25
tô> KeKadap[j.évùJ vw, to Ka0' éavrov àôpaTOS virâpxotv '
TOiovTov yap rj ev eooitTpu) p.op<f>-fj ' <f>awop.évq ovx oodVai
Kal CT^eSàv à8vvaTov èoTiv épâv Te èv èo6iTTpa> Kal avro
Kovra TavTo to p.op<f>ovv to éao-nTpov épâv.

CVSL
128 GRÉGOIRE PALAMAS

Le temps présent 10. — C'est ainsi que Dieu apparaît


et l'achèvement aujourd'hui à ceux qui ont été purifiés
dans l'amour, mais un jour, est-il dit, il
leur apparaîtra face à face l. Ceux qui ne croient pas que Dieu
apparaît comme une lumière au-dessus de la lumière, parce
qu'ils n'ont pas l'expérience des choses divines et ne les
voient pas, ceux qui croient que la raison seule peut le con
templer, sont semblables à des aveugles qui reçoivent seu
lement la chaleur du soleil, mais ne croient pas ceux qui voient
aussi son éclat. Et si ces aveugles entreprennent en plus de
faire la leçon aux voyants en leur déclarant que le soleil, le plus
lumineux des objets sensibles, n'est pas une lumière, ceux
qui possèdent des yeux sensibles ne feront qu'en rire. Ces
gens dont tu parles sont à peu près dans la même situation par
rapport au Soleil de justice 2 supracosmique : non seulement
ceux qui véritablement possèdent la vue intellectuelle, mais en
core ceux qui ont confiance dans ces voyants, se lamenteront sur
leur sort. Alors que Dieu, par un surcroît de bonté à notre égard,
étant transcendant à toutes choses, incompréhensible et indicible,
consent à devenir participable à notre intelligence et invisible-
ment visible dans sa suressentielle et inséparable puissance s,
ces gens ne répondent pas par l'amour à cet amour visible et
intelligible-en-soi. Plus encore, ils ne veulent pas suivre les saints
qui, dans leur amour envers les hommes, les conduisent par la
parole vers cette lumière ; tout pleins de prétention, ils entre
prennent d'entraîner avec eux ceux qui ont confiance dans les
saints, pour s'en faire des compagnons, lorsque, suivant Grégoire
le Théologien, ils verront comme un feu Celui qu'ils n'ont
Pas reconnu comme lumière * et en qui ils n'ont pas eu foi. Mais
ce feu est plein de ténèbres ; il s'identifie même avec les ténèbres
qui nous menacent : c'est là ce qui est préparé pour le diable et
ses anges, suivant la parole du Seigneur 6. Ces ténèbres ne sont

» / Cor., XIII, 12.


* Malachie, IV, 2.
* La connaissance mystique comme résultat de la condescendance (avyKarâ-
jSoctis) divine chez s. Jean Chrysostome, Ad Theod. lapsum, I, i (PG, XLVII,
292) et s. Maxime, Cent, gnost., I, 31 (PG, XC, 1094 D).
*Hom., XXI, 2 (PG, XXXV, 1084 D).
« Matth., XXV, 41.
TRIADE I, 3, IO 129

10. Nvv fxev oSv ovto) toîs ev àyâirr\ Kadapôeîcnv 6 Ocoç


apurai, tot€ 8e <f>r)oi « TTpôauiirov irpos irp6aamov » . 01 8k
rut p.T) iraOelv rà deîa, /xtjS' î8eîi> p,r)8ap.û>s TTiarevovres
ojs <f>â>s vrrep <f>â>s ôpâadai tov Oeov, àXXà XoytKws p.6vov
dcœpeîadat., tv</>Xoîs èoïKaaiv, oi rfjs tov "qXLov dépfirjs p.6vqs 5
avriXap.pav6p.evot. toîs ôpâxnv àmarovoiv ôri Kal <f>au5p6s
ecmv o rjAtos. tji de Km tovs opœvras 01 TVtpAoi p.eTaoioaa-
K€tv èy^eipodaiv, ojs ov <f>ws èariv â ev aiadrfToîs <f>av6raTos
àirâvroiv rjXtos, KaTayéXaoroi p,èv oSroi toîs alaÔT]Tu>s ôpwaiv
êoovrai.. 'Ekcîvol 8' oi rà irapanX-qata mux^oires' irepl tov 10
tov navras virepaviSpvpévov Urijs 8iKaioovvr)s T]Xiovl>, ov irapà
tgjv voepœs <î>s àXrjdws épojvrojv pôvov, àXXà ko* napà
tÛ)v TTiarevôvTwv toîs ôpàtat dpr)vr)9rjoovTai, p.rj pxtvov 5ri
tov Oeov 8t' vrrep^oXrjv rrjs irepl 17/iâs àyadôrqTos, èVc tov
irdvratv èÇyprjp.é'vov Kal àXrjTTTOv Kal à<j>6éyKTOv, ttoos to vœ 15
ueOeKTov T€ Kal dewprjTov àopdTws o-vyKara^aivovTOs Ka6'
xmepovaiov èavrov Swa/xiv àveK<f>oLrqTOV , avrol pévovaiv
àvépaaroi irpos tov avrovTiKov #cai avrovorp-ov ckcÎvov
êpcora, àAA' 5ti Kal toîs irpos to <j>â>s ckcÎvo yeipayoiyovai
8tà TÔ>v Xôycov vtto (fuXavOpoyjrlas àytois ovk èdéXovres êirecrOat, 20
Karà Kprjpvœv <f>épovoiv éavTovs Kal avyKaTaoïrâv «ri^ei-
povoi. tovs irei.0opévovs, ojs âv 8-qTrov koivojvovs oyoîev ôrav
« ojs vvp iSojcti » Karà tov deoXôyov rpr\yôpiov « ov dis <f>à~JS
» ovk iyvojpioav », ov8è || èiriarevaav. '^4AAà yàp Kal to \ f- i»4r
TTVp €K€ÎVO OKOTCIVÔV, fJiâXXoV 8è Tto Tj1T€iXrjp.év{p OKOT€l 25
Tarrrôv. Tavra 8è « tô> 8ia/36Xa> Kal toîs àyyéXois avrov
» irporjToip.aoTai. » Karà tov tov Kvpiov Xôyov. Ovkovv
ovre alodt]Tov àirXws, àpoipovoi yàp alodijaeœs irporjTol-
fiaoTat toîs TTOvrjpoîs ayyéXois, ov8' ÔttX&s dyvoia tovtI
to okotos, oi> yàp ayvorjaovai totc p,âXXov tov 0e6v rj vvv 30
ol VVV TOÎS KXr)pOv6p.OlS TOV OKOTOVS ÇKiivOV 7T€TT€iap.€VOI.,
p.âXXov p.èv oZv Kal JS£Xtlov eïaovTai ' « ■nâoa » ydp <f>r)oi

CVSL
4 VTTCp tf>Û'Ç I ITTTfp^lKÔÇ S || 1 <1 T( CI». I. || 25 TjWCl\-q fl)lév W C.
130 GRÉGOIRE PALAMAS

donc pas simplement sensibles, car elles sont préparées pour les
mauvais anges dépourvus de sensibilité, et elles ne sont pas
simplement ignorance, car ceux qui aujourd'hui se laissent
convaincre par les héritiers de ces ténèbres n'ignoreront pas
plus Dieu alors que maintenant ; ils le connaîtront même mieux,
car il est dit : Toute chair confessera que Jésus-Christ est le Sei
gneur, à la gloire de Dieu le Père l, Amen. Cette lumière n'est donc
pas, à proprement parler, sensible et elle n'est pas une connais
sance, puisque les ténèbres qui lui sont opposées ne sont pas igno
rance. Si cette lumière, tout en n'étant pas connaissance, procure
néanmoins la connaissance mystique et cachée des mystères
de Dieu, ses prémices 2, visibles dès maintenant à ceux qui ont
purifié leur cœur, ne peuvent être simplement identifiées à une
connaissance, mais procurent pourtant une connaissance qui
leur correspond ; elles sont elles-mêmes une lumière intelligible
et intellectuelle, ou plutôt spirituelle ; elles sont spirituellement
présentes et visibles ; elles transcendent éminemment toute
connaissance et toute vertu et sont seules à procurer aux chré
tiens la perfection qui leur est accessible dès ici-bas et qui vient
non pas d'une imitation ou d'une activité raisonnable, mais par
l'effet d'une révélation et d'une grâce de l'Esprit.

La raison de la H- — Voilà pourquoi le grand Macaire,


venue du Christ, confirmé par le témoignage de Syméon,
l'interprète le plus agréable à entendre,
nous dit : Le divin apôtre Paul a montré à chaque âme, d'une façon
très exacte et très lumineuse, le parfait mystère du christianisme :
ce mystère est un éclat de lumière céleste, se produisant dans une
révélation et par la puissance de l'Esprit; et ceci pour que l'on ne
croie pas que l'illumination de l'Esprit se produit seulement par
la voie d'une connaissance conceptuelle et pour que l'on ne risque
pas, par ignorance et insouciance, de se méprendre sur le parfait
mystère de la grâce. C'est pourquoi, il met en avant, comme une
preuve reconnue de tous, l'exemple de la gloire de l'Esprit entourant
le visage de Moïse; en effet, dit-il, si ce qui est passager a été

1 Cfr Philipp., II, ii.


» Cfr // Cor., I, 22 ; V, 5 ; Éphés., I, 14.
TRIADE I, 3, IO-II 131

» oàpt; èÇop.oXoyqoeTai Sri Kvpios 'Itjoovs Xpurros €<S


» o6£av Oeov IJarpoç » ' àp.rjv. Ovk àp' ovSè to <f>â>s
€K€Îvo alcrdrjTov Kvplœs, ovb~è p.èv ovv yvtàois, elirep
p,rjBè âyvoia to avri8i.aaTeXX6p.evov Trpos tovto okotos. El
Se p.T] TO <f>â>Ç €K€ÎVO yvÔHTlS, TTapCKTlKOV 8è p.âXXoV TTJS 5
p,voTiKr\s ko! ànopp^Tov yvcôcrecos twv p.v<rrqpiaiv tov
Oeov KO.I 6 àppaflwv vvv toîs KeKaOapp.évois ttjv Kapoiav
ivopwpevos, ov yvœols èariv ânXœs, àXX' àvaXoyov p.èv
yvwoews X0PVY°S> aVT°S ^€ <j>â>s votjtov /cai voepôv,
p.âXXov 8è TTV€vp,aTiKÔv, irvevp,aTiKÔ>s iyyi.v6p.ev6c Te Kal io
ôpd)p.evos, vrrepo)(iKâ>s è^rfprjp.évos vdcrqs yvcùoeœs kcli
àpeT-rjs Kal rfjç èvravda /carà ypiariavoiis TeXeiÔTTjTOs ttcl-
peKTiKoç p,ova>Ta.Toç, ovk diro p.ip,rjoeojs ïj <f>povf)oeoDS -npoa-
yivop.évrjç, âÀÀ' ànoKoÀv^tei ko! ^ô/hti t°v rivevp.aTos.

11. Aiô <f>r]aiv 6 p.éyas MaKopios, ovve7np.apTvpovvrd Te 15


Koi crvpxf>deyy6p,evov e^cuv Uvpewvrjv tov àtcoveiv ■qht.OTov
èv ipp.Tfvev(nv « 'O deîoç ànôoToXos FJavXos àKpi^éarepov re
» Kal rqXavyéoTepov to èvreXès tov xpicma.viop.ov p.vorrf-
» piov é/cacTTTj *l>vxfj 8e8rfXoiKev, oirep èorlv ij tov £ttov-
» paviov <f>u)TOÇ èv diroKaXvtpei Kal ovvdp.ei tov IJvevp.aTOS 20
» eXXap.i(iiç, "va p.-q tiç, tov Sià yvwoetoç vor\p,6.TUiv <j>toTio~-
» pàv p,6vov tov TIvevp.aTos eîvai vop,laas, Kivovvevor) Si'
» dyvoidv Te Kal pa8vp.lav tov TeXelov ttjs X^PlTOS àiro-
» Tvxeîv p.varrjpt,ov ' Sia tovto koI to VTr6Seiyp,a rfjs tô>
» TTpoaùJiroj Matvaéos TTeptKetp.évrjs tov IIvevp.aTos SoÇr/s *5
» els TrapdoTacnv d>p,oXoyqp.évr)v vpo-qveyKev ' el yàp to Karap-

CVSL

17 Tt Otn. C ] 25 Mwva/ws VS.


132 GRÉGOIRE PALAMAS

glorieux, ce qui est permanent est bien plus glorieux x ; il a parlé


d'une chose passagère, parce que la gloire entourait le corps mortel
de Moïse, mais il a montré que cette gloire immortelle de l'Esprit,
apparue dans une révélation et qui aujourd'hui est sur le visage
immortel de l'homme intérieur, resplendit pour ceux qui en sont
dignes d'une manière permanente. Il dit donc: nous tous, c'est-à-
dire ceux qui sont nés de l'Esprit selon une foi parfaite, nous tous
qui, le visage découvert, contemplons la gloire du Seigneur, nous
sommes transfigurés en la même image, de gloire en gloire, comme
par le Seigneur l'Esprit 2. Le visage découvert, c'est-à-dire celui
de l'âme; car, dit-il, lorsque l'on se convertit au Seigneur, le voile
est levé 3 ; et le Seigneur, c'est l'Esprit *. Il a donc clairement
montré par là qu'un voile de ténèbres a recouvert l'âme, un voile
qui a pu s'insinuer au sein de l'humanité par la transgression
d'Adam. Mais aujourd'hui, par l'illumination de l'Esprit, ce voile
est enlevé des âmes réellement croyantes et dignes ; c'est là la raison
de la venue du Christ 5.

L'homme psychi- 12. — Vois-tu, frère, comment ces illu-


que ne reçoit pas les minations sensibles, qui se sont produites
choses de l'Esprit. soug rancienne loi ont prénguré no
mination de l'Esprit qui a lieu dans les âmes de ceux qui
effectivement et en vérité croient en Christ ? Il faudrait que
ceux qui en parlent comme d'apparitions sensibles et symbo
liques soient amenés par elles à la foi et à la recherche du
Christ ! Tandis qu'au contraire ces gens cherchent par tous les
moyens à appeler à l'incroyance ceux qui y croient et même, si
possible, ceux qui ont reçu la grâce d'une manière visible et qui
possèdent grâce à elle une connaissance indéfectible. Ils ont l'au
dace et la folie de refaire l'instruction de ceux que Dieu, ses

1 II Cor., III, il.


» /7 Cor., III, 18.
» II Cor., III, 16.
* 77 Cor., III, 18.
* Macaire-Syméon, De libertate mentis, 21 (PG, XXXIV, 956).
TRIADE I, 3, 11-12 133

» yovfievôv <f>r)oi. Sià 86£r)s, 7roAÀ<3 p.âXXov tÔ uevov ev


» 86£r] ' KaTapyovfievov elprjKcos, 8ià tÔ Bvt)tG> cxajfiaTi
» Mojvaéos TrepiKeîadat, ttjv 86£av ' «f8ei£e 8è t^v àflava/rov
» eKelvrjv toû IJvevp,aTos iv àiroKaXviJjei 86£av vvv ev t<3
» ddavaTœ toû eoa> àvdpcônov irpootÔTrai tols aÇiois a.Ka- 5
» TapyrjTtus èXXdp.Treoôat.. &rjcrl yovv ' r)peïs Se -navres,
» Tovrécmv ol /carà reXelav ttiotiv Ik tov TIvevp.aTOS yewrj-
» dévres, àvaKeKaXvp.p.évcp rrpoaayira) ttjv 86£av Kvpiov
» KaTOTTTpiÇéueda, T77V aùrrçv etKÔva p.erap.op<f>ovp,evoi, a-no
» 86£r)s els 86£av, Kaddrrep àno Kvpiov TIvevp.aTos ' ava- 10
» KeKaXvp.p,évœ npoaœTra), tô> ttjç \\ *ftvxVs S^AaSi1? ' Kai I f- I2*"
» yàp iJvtV âv èiTiarpéipr) Ttç 7r/)ôy Kvpiov, rrepiaipeÎTat, <f>r)oi,
» tÔ KaXvp.p.a ' o 8è Kvpios tÔ TIvevp.d èart. <Pavepws ovv
» 8ià toûtojv é8ei£e /caAu/x/xa otcotouç èiri^e^Xrjadat ttjv
» ifruxqv, ôrrep à-no ttjs toû MSà/u. Trapa^daetos x(^Pav 15
» ea\ev els ttjv àvdpœirÔT-qra Trapa8vvai, wvl Se, àiro ttjs
» èXXdp-fpews toû IIvevp,aTos, irepiaipelodai toûto Ttùv mcr-
» tôjv tc /cal dÇlatv tw ÔVti ifivxâ>v, ht t)v alrlav /cat 77
» eXevais t) toû -Xjoioroû yeyévrjTai. ».

12. BXeTreis, à8eX<f>é, ttws tov iv toûç ^u^aîç t<3i> eoyai 20


/cal àXrjôela. Tnarevôvrwv els Xpiarov <fxori.ap.6v tov IJvev-
p.a.TOs ol èv T(ô 7raAa«û irpoùiréypaipav alod-qTol eiceîvot
(f>a)Tiapx>l; Tovs oSv alo6r)Toi>s Kal ovp.fl0X1.K0vs ckcIvovs
Xéyovras èxpijv 81' ixelvcuv 7rpos -rqv toutou ttiotiv Te /cai
Z,t)tt]ow èvdyeoOai. Oûrot 8è Kal tovs 7noTevovras, p.âXXov 25
8è el 8wcltov Kal tovs ttjs x<*PlT°S èp.<f>avws evp,oipT)KÔTas
koX ÔXtjotov ttjv èirl Tavrrj yvdaw co^rj/coTas', npos àma-
Ti'av eKKaXéaaaOai Tra^Ta rpôirov aTrev8ovai, p.eTa8i.8da-
kciv ToXp.t]pâ>s /fat avorjTios eyxeipovvres tovs vrro tov &eov
Kal -rrjs avrov p.vo~riKTJs ip.<f>avelas Te Kal èvepyelas rà 3°
d-n6pprr)Ta 8e8i8ayuévovs, ov8' vtto tov p.eydXov UavXov

CVSL

3 Mwvotws V.
134 GRÉGOIRE PALAMAS

apparitions et ses énergies mystiques, ont initiés aux mystères.


Ils ne se laissent même pas émouvoir par le grand Paul disant :
L'homme spirituel juge de tout et il n'est lui-même jugé par personne,
car il a l'esprit du Christ; et qui a connu l'esprit du Seigneur, pour
le démontrer 1, c'est-à-dire pour rendre les choses de l'Esprit
dignes de foi, en les passant au crible de son raisonnement?
Car celui qui a foi dans ses propres raisonnements et dans les
problèmes qu'ils posent, celui qui croit trouver toute la vérité
par des distinctions, des syllogismes et des analyses logiques ne
peut absolument ni connaître, ni croire aux choses de l'homme
spirituel. Un tel homme est un homme psychique : l'homme psy
chique, dit Paul, ne reçoit pas les choses de l'Esprit 2 et il ne peut le
faire. Un ignorant, un homme sans foi, comment, par la seule
voie logique, les ferait-il connaître aux autres hommes et les ren
drait-il dignes de foi ? Pour cette raison, celui qui sans hésychie et
sobriété de l'esprit, sans expérience des choses qui s'y accomplis
sent spirituellement et mystérieusement, donne des enseigne
ments sur la sobriété, en se conformant à ses propres raisonne
ments et en cherchant à montrer par la parole le Bien qui trans
cende toute parole, celui-là est manifestement tombé dans la
dernière des folies ; il a été rendu fou dans sa sagesse s. D'une
manière insensée, il s'est mis dans l'esprit d'observer le surnaturel
avec une connaissance naturelle, d'examiner et de montrer avec
une raison naturelle et une philosophie charnelle les profondeurs
de Dieu, connues du seul Esprit * et les dons de l'Esprit, connus
des seuls hommes spirituels et possédant l'esprit du Christ s. Dans
sa folie, il en arrivera même à être l'ennemi de Dieu, en présentant
faussement l'action et la grâce du bon Esprit — ô malheur ! —
comme étant celle de Beliar et en s'opposant à ceux qui ont
reçu l'Esprit venant de Dieu, afin qu'ils connaissent les choses que
Dieu nous a données par sa grâce •. Il sera héritier du malheur
pour le tort qu'il cause à ceux qui l'écoutent : Malheur, dit en effet
le prophète, à celui qui donne à boire à soti frère la lie du vin 7.

1 / Cor., II, 15-16.


• / Cor., II. 14.
• Cfr Rom., I, 22 ; / Cor., I, 20.
« / Cor., II, 10.
• I Cor., II, 13-16.
• / Cor., II, 12.
' Habacuc, II, 15 (Sept.).
TRIADE I, 3, 12 135

ivTpe7ràp.evoi, 5s <f>r]Oiv 5ti « o p.ev 7rvevp.aTiKOS avaKpivei


» Trdvra, avroç 8è lîrr' ovSevos àvaKplveTai, vovv yàp e^et
» XpiOTOV' ris Se êyvto vovv Kvpiov, os ffu/x/JijSaaei avTov»,
rovréoTi TTiarà Troi-qaei, Xoyiap.oîs avaKpivwv, rà tov TTvev-
fiaros ,' Kal yàp ovSè yvwvcu SXcos r/ TTiareGaai Svvarai 5
rà tov 7Tvevp.ari.KoC avdpcoTrov o toîs oikciois Xoyiap.oîs
Kal raïs Si avrcôv o-v^rj-njoeot. TTiorevœv, Siaipéaeaî re Kal
avXXoyiap.oîs Kal àvaXvoem rrâoav àXrjdeiav evploKeodai
ol6p.evos. Wv^ikos ydp iariv 6 toiovtos' « 'O Se i}w^ik6s »
<f>7)oi.v « où Scierai rà tov TIvevp.aTOS », ovSè Svvarai ' 10
6 yovv p.r] yivcûaKcov p.rj8è marevwv, ttôjs toîs âXXois
crt>/i/?ijSacras yvœoTa re Kal irtarà Trot-qoeie / Aià tovto
eï ri? dvev rjo~v)(ias Te Kai vrujieios ttjs (carà vovv Kal
Trjs èv ai)Tfl tûiv TTvevp.aTiKœs Kai aTroppr/Tios TeXovp.évœv
Trelpas irepl vqxfteœs SihdoKei, cttoi^cùv toÎs oIkclois SiaXo- 15
yio~p.oîs Kal Sià Xôyov SeîÇai ÇrjTwv to virep Xôyov
àyadôv, els ear^aTOV aTrovolas SrjXos cctti KarevexÔels Kal
ttjv oo<j>iav ovTWS /jnopavdeis, oti à(f>p6va>s VTTevôrjoe <f>vaiKrj
yvœoei rà îmèp <j>vat.v KaTOTTTevaai Kal rà « fiddr] tov &eov,
» â yvtoaTa p.6v<v tô> TTvevpiaTi », Kal Ta xaPLalxaTa T°û 2°
IJvevp.aTOS, â yvcoarà p.6vois toÎs 7rvevp.ariKOÎs Kal vovv
exovai XpiOTov, (j)vaiKrj Siavoîq Kal oapKiKrj <f>iXooo<f)la
èpevvfjo-ai Te Kai Seî^at ' Trpos Se rfj à(f>poovvr), Kai 6eop.â)(os
evpeOrfaeTai, TTapayvwpl^cov els ttjv tov BeXiap, œ ttjs
o~vp.<f>opâs , Il ttjv tov àyadov I7vevp.aTos evepyeiav Kai X^PLV --"> I f- ,25f
Kal àvTiTaTTÔp.evos toîs « Xafiovai to ck 0eov TJvevp.a, ïva
» 81' avTov elScjot. rà Ik tov 0eov xaPL(J^^VTa r)p-îvi>, dXXà
Kal tov « oval » earat KXrjpovôpos Stà ttjv tû>v aKovôvTwv
PXdPrjv " « oùat » ydp <f>r)aiv 6 7rpo<f>rjTT]s « tô> ttotL^ovti tov
» dSeX<f>6v avTov àvaTpoTrrjv OoXepdv ». 30

CVSL
10 yàp post ovhf add. L || 28 «arai kXtjpovojmos : KA^poro/ioç Ïot ai L.
I36 GRÉGOIRE PALAMAS

Quelle parole peut 13- — Ceux V^ peuvent juger de tout,


contester la vie ? c'est-à-dire les spirituels, car, d'après
l'Apôtre, le spirituel juge de tout 1,
doivent donc soumettre à leur autorité ceux qui ne peuvent juger,
afin que ce jugement permette à ceux-ci de connaître fermement
leur propre personnalité. Ces gens-là au contraire entreprennent
de juger et de corriger les spirituels qui ne sont jugés par personne
(le spirituel, dit en effet l'Apôtre, n'est jugé par personne2),
pour leur propre perte et celle de leurs disciples. Ils disent, en
effet, que personne ne peut avoir part à la perfection et à la sain
teté, s'il ne possède la vraie opinion sur les êtres ; or, il n'est pas
possible de l'acquérir sans distinction, raisonnement et analyse 3.
Celui qui désire jouir de la perfection et de la sainteté doit donc
en toute nécessité recevoir l'enseignement de la science profane
et y rechercher les méthodes de la distinction, du raisonnement
et de l'analyse : telle est la conclusion où ils pensent nous amener !
Et dans ce but, ils cherchent à rendre de nouveau active la sagesse
qui fut une fois pour toutes abolie. Mais s'ils venaient, en toute
humilité, vers ceux qui peuvent juger de tout, en voulant apprendre
la vérité, ils s'entendraient dire que leur doctrine provient de la
pensée hellénique, qu'elle s'identifie avec l'hérésie des Stoïciens et
des Pythagoriciens qui affirment que la connaissance expérimen
tale, provenant de l'étude des sciences, est le but de la contempla
tion. Quant à nous, nous croyons que la vraie opinion n'est pas
celle que l'on trouve dans les paroles et les raisonnements, mais
celle qui est démontrée par les œuvres et la vie : c'est elle seule qui
est non seulement la vraie, mais la seule sûre et immuable. Toute
Parole, est-il dit, conteste une autre parole *, mais quelle est la
parole qui peut contester la vie ? Nous pensons même qu'il est
impossible de se connaître soi-même par les méthodes de la
distinction, du raisonnement et de l'analyse à moins que, par une
dure pénitence et une ascèse active, on ne libère son propre
esprit de l'orgueil et du mal. Car celui qui n'aura pas travaillé

1 1 Cor., II, i5.


■ Ibid.
* Cfr Barlaam, Epist. I, à Palamas (édit. Schirô, p. 262). Dans ses lettres
à Barlaam, le docteur hésychaste s'indignait déjà de cette attitude du Calabrais.
4 Proverbe (?) très affectionné par Palamas (cfr 7>. I, 1. 1 ; Tr. I, 2, qu.J
TRIADE I, 3, 13 137

13. Aéov ovv toîs Traira àvaKplvew 8vvap.évois, 8t)Xov6ti


toÎç TJV€V(j.a.T<.KOÎç , « 6 yàp TrvevfiaTiKos irâvra àvaKptvei »
icaTa tov ' ArrôoroXov , 8éov ovv toi/toi? tow? p,r) tolovtovç
<f>épovraç imoTaaaeiv éavrovs, <î>S tj} tovtcov àvaKplaei Kal
rà KaO* êavrovs elaop.évovs àocpaXws. Avrol tovç îrn ov- 5
8evos tovtovs àva.Kpivop.€vovs , « ô yap Trvevp.aTi.K6s » /carà
toi' aùrov àrrôoToXov « vit' ov8evos àvaKplverai », Kpiveiv
ko.1 SiopOovv ewi^eipoûat npos KaTacrrpocjyrjv iavrcov tc Kal
tcôv tovtoiç TT€idop,évœv. &aol yàp urySeVa hvvarov elvai
TcAeioTT/rôç T€ Kal àyioTTjTOS p.eTeyeiv , tt)v àXrjdrj 7T€pl 10
tcov ôvruiv oi>x evprjKÔTO. So£av, evprjKévat. 8k avrr)v avev
8t,aipécretos kclI avXXoyiapxtv ko.1 avaXvareœs, aSvvarov vrrâp-
\ew. Ovkovv tov eTreiXrjtpôai, TeXeioTqTos «ai àyioTrjTOS
èmOvpovvTa rà? 8iatperiKàs kclI 0-vXXoyiori.Kàs ko.1 àva-
XvTiKàs p.e668ovs àvayKauÔTaTov napà ttjs e£to TraiSelas 15
8c8a)(6rjvai Te ko! p.eTiévai ovp.vepaivetv olovrai ko! 8tà
tolovtcjv Xoycov tt/v KaTapyqdeîoav ttoXi.v ivepyov avrot
Setfai ott€v8ovoi. ootf>lav. El 8è Trapà tcov «irâvTa àvaKplvew»
8vvap.éviov èv Taneiv tôaei. TrpooeXdovTeç r)6éXr)oav rr)v àXq-
Oetav p,a9eîv, TjKovo-av âv œs tovto to Soyua cf>povrjp.aTÔs 2°
èoTiv iXÀr/viKOV, Etloïkcov Te Kal Ilvdayopeitov aïpeais, oî
tt)v €Tno~Tripvqv réXos Xéyovai rfjs décuplas 7rpocryivop.évr)v
8ià ttjs tôjv p.a.0r)p.dTwv àvoXyipetos. 'Hp,eîs 8è ov tt)v 8ià
Xôytov koI avXXoyt.op.cov evpto-Kop.évr)v yvcoaiv 86£av àXrjdij
vop.iCop.ev, àXXà ttjv 81 epycov Te «rai filov à.7ro8eiKwp.évT)v 25
r) Kal p,6vrj p.i) p,6vov àXrjd-qs, àXXà Kal àocpaXrjs iori Kal
àneplrpeirTos. « Aôycp » ydp <p-qat. « TraXaUt. nâs Xôyog »,
j3i'a> 8e tIs ; Kal p.r)v ov8è êavrov yvcovai 8wr)6i)vai riva
ol6p.e0a 8iacpeTtKaîs Kal ovXXoyiOTiKaîç Kal àvaXvTiKaîç
p.e068ois, Q-v p.7] 8l èiMtôvov p.eTavoias ko.1 àaicrjoeios o~vv- 30
tovov, a.TV<f>ov Kat anovTjpov TrocqaT] tov oIkcIov vovv. 'O
yàp p/q toiovtov Kat ovtio tov èavTov KaTaoKevdoas vovv,

CVSL

2 1 rïvOayoptOiv CL.
I38 GRÉGOIRE PALAMAS

ainsi son esprit par ces moyens-là ne connaîtra même pas sa


propre pauvreté dans le domaine de la connaissance, début utile
pour acquérir la connaissance de soi-même.

Les connaissances 14. — Mais un homme sensé ne doit


profanes ne mènent pas condamner l'ignorance en général, et
pas nécessaire- ,, , .
nous ne croyons pas, d autre part, que
toute connaissance doive être estimée
bonne. Pourquoi considérerions-nous la connaissance comme
un but qui détermine toute notre activité ? La vérité, dit
le grand Basile, a un aspect double: il y en a un qu'il est
absolument nécessaire de posséder et de communiquer aux autres,
car il contribue à notre salut; quant à la terre et à la mer, au ciel
et à ce qui s'y trouve, si nous ne voyons pas la vérité qui les con
cerne, rien ne nous empêchera d'acquérir la béatitude promise 1.
Le but que nous avons devant nous, ce sont les promesses divines
des biens à venir, l'adoption, la déification, la révélation, la
possession et la jouissance des trésors célestes. Quant à la connais
sance qui provient de l'éducation profane, nous savons qu'elle
partage le sort du siècle présent. Car si les paroles sensibles doi
vent établir la réalité dans le siècle à venir, les sages de ce siècle-ci
deviendraient les héritiers du Royaume des cieux. Mais le vrai
philosophe Maxime nous dit : Si c'est la pureté de l'âme qui voit,
les sages seront loin de la connaissance de Dieu 2. Quel besoin avons-
nous de la connaissance qui ne rapproche pas de Dieu ? Pourquoi
sans elle n'est-il pas possible d'acquérir perfection et sainteté ?

En rejetant le sur- 15. — Je laisse maintenant de côté


naturel, on rejette les autres opinions de ces gens prétentieux
na re . ^ s'abusent jusqu'à donner une fausse
interprétation des Écritures de l'Esprit et jusqu'à s'en servir
contre les œuvres spirituelles et les hommes spirituels. Je

»Cfr In Ps. XIV (PG. XXIX, 256 BC).


• Texte d'ÉVAGRE (Cent., VI, 22), publié avec attribution à s. Maxime par
S. L. Epifanovic, Matériaux pour l'étude de la vie et des œuvres de s. Maxime le
Confesseur (en russe). Kiev, 1917, p. 56-59 (cfr I. Hausherr, dans Orient. Christ.
Period , V, 1939, p. 231).
TRIADE I, 3, 13-15 139

ov8e TTjv OLKtLav Karà yvœow tiaerai ireviav, o tov yvâtvai


riva eaurdv iariv dp)(Tj XvoiTeXys ■

14. *AXX' ov8e nâaav dyvojaiav vn éy/cAijjLia Ooît' dv


tis ev <f>povojv, ov8è irâoav yvâtaiv olâp,eda p.aKapurrqv.
77cS? ofiv npos avrqv wç npoç réXoç dfiopœvres navra irpd- 5
Çoftev; ! « AinXovv 8e» <f>r)ot, Kal 6 fiéyas BaolXeios « ro | f. 125»
» elSoç ttjç àXrjOeiaç, a>v to p.èv èxetv Te Kat "n<H>*Xea' àvay-
» koajÔto.tov, d>s ovvepyov rfjs oarrqplas vndpxov ' irepi 8è
» yijs xal daXdoo-rjç, ovpavov tc Kal rœv kot ovpavov, idv
» p.7) L&ajfiev ttjv èv rois TOiovrots àXrfdeiav, ov8èv ■qp.îv 10
» €p.TTo8lo€L npos ttjv iv eVayyeAi'ai? uaKapiÔTrjTa ». Kal
réXos 8e to npoKelfievov "qp-lv, al rrapà tov 8eov eVayyeAi'ai
tû>v p.eXX6vTO}v dyadwv, rj vlodeaùa, 17 eKÔécDOis, 17 tû>v
ovpavlojv 0T]oavpwv àTTOKaXv^sis Kal kttjols Kal ànoXavo-is'
Trjv 8' ck ttjç éÇœ 7raiSei'aç yvûaiv tô> alœvi tovto) avva-n- 15
apTi£op.évT)v ïap.ev. El yàp alodrjrol Xôyoi èv t<3 auovi
tô> p.éXXovTL irapiorôjai rà Ttpa.yp.ara, ol oo<f>ol tov alœvoç
tovtov yévoLvr dv kAtj/jovo/xoi rfjç tcSv ovpavwv ftaaiXelas '
« El 8è KaQaporqs tfjvxrjs ôpâ, p.aKpdv ol oo<f>ol ycvrjoovrai.
» tt)s yvœaeats tov 0eov », /carà tov dXrjOij <j>iX6oo<f>ov 10
Md£ip.ov. Tis ovv •qp.îv XP€^a yvojoeojç ttjç ju.17 iyyiÇovor/s
&€w ; FlâJs 8è xojplç avTÎjs TeXeiôrrjTos Kal dyiorqTOS /x.era-
Aa^eif ovk cvi;

15. Kal ïva TaAAa. vvv napâj tgjv olop,évojv elval ti koI
<^p€vaTTaT(x)VTUiv éavTovs iirl tooovtov, <Ls Kal ràç /pa^àç 25
tov IJv€vp.aTOS Karà tGhv TrvevpaTiKœv 7rape£r)yovp,€Vovs
epyojv xprjoOai Kal dv8pœv, CKeîva 8rj npod^oœ, d Kal
vvv VTToOeoiç rjp.îv èoTi tov dvd ^ctpaç Xôyov. <Paol ydp
doparov ctvai tov Geov Kal dTrepivôrjTov ' « Oeov yovv ov8elç

CVSL

IO Xhwfttv : ci&wfifv !..


140 GRÉGOIRE PALAMAS

n'ajouterai que ce qui se rapporte au sujet du présent traité.


Ils disent, en effet, que Dieu est invisible et incompréhensible :
Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique qui est dans le
sein du Père est celui qui l'a fait connaître 1. Comment donc,
disent-ils, ne sont-ils pas manifestement dans l'erreur, ceux qui
affirment voir Dieu en eux-mêmes, comme une lumière intellectuel
le?* L'un de ces hommes qu'ils attaquent peut leur opposer le
Verbe, Fils Unique de Dieu, qui dit : Ceux qui ont le cœur pur ver
ront Dieu 3 et Je me ferai connaître à eux * ayant établi ma demeure
en eux avec mon Père 5. Mais aussitôt ils répondent que cette con
templation, c'est la connaissance, sans se rendre compte qu'ils se
contredisent eux-mêmes : le divin en effet n'est pas seulement
invisible, mais aussi incompréhensible. Donc, ceux qui enseignent
que la vision intellectuelle de Dieu dans la lumière est le fruit
d'une imagination égarée et d'une activité démoniaque, parce
que Dieu est invisible, devraient aussi rejeter la connaissance
parmi les bavardages similaires, parce que Dieu est incompréhen
sible. Mais nous, nous préférons ne rien leur répondre à propos
de la connaissance, car ils sont en accord avec nous, même s'ils
ne comprennent pas ce qu'ils disent 6. Il y a en effet une connais
sance au sujet de Dieu et de ses doctrines, une contemplation
que nous appelons théologie ; d'autre part l'usage et le mouve
ment naturel des puissances de l'âme et des membres du corps
produisent une transformation de l'image raisonnable ; mais ce
n'est point là la beauté parfaite du noble état qui nous vient
d'en haut ; ce n'est point là l'union surnaturelle avec la lumière
plus-que-resplendissante, qui est l'unique origine d'une théolo
gie sûre, laquelle a pour effet d'établir et de faire mouvoir confor
mément à la nature les puissances intérieures de l'âme et du corps.
En la rejetant, ils ont donc rejeté aussi toute vertu et toute vérité.

1 Jean, I, 18.
' Cet agnosticisme professé à plusieurs reprises par Barlaam fut à l'origine de
la controverse. Cfr J. Mkyendorff, Un mauvais théologien de l'unité au XIV s.,
dans L'Église et les Églises, Chevetogne, 1955, t. II, p. 50-55 (références aux
oeuvres du Calabrais).
» Matth., V, 8.
4 Jean, XIV, ai.
• Cfr Jean, XIV, 23.
• Remarque intéressante de Palamas : les deux adversaires sont donc d'accord
pour afhrmer l'incapacité humaine de connaître Dieu ; leur différence réside
dans une interprétation différente de la Révélation divine.
TRIADE I, 3, 15 141

» etûpcLKe tt<x)7tot€ ' o p.ovoyevrjS vlos tov 0eov, 6 œv els tov


» koXttov tov Tlarpôç, eKeîvos èÇrjyrjaaTO ». « flws o5v »
(fxicnv « otî;^ craé>â>s TrXavwvTai 01 tov 0eov d>s <f>û>s voepws
» iv èavToîs ôpàv lo)(vpiÇ6p.evoi ; » Kdv ris avrœv afidis
tov fiovoyevrj tov 0eov Aôyov TrpoevéyKrj XéyovTa Sti « ol 5
» Kadapol ttj KapSîa tov 0e6v ôifiovrai » Kal « èyw ip.<f>a-
» vlaoi avToîs èp.avrôv, (xctol tov IJaTpos tovtois èvcrKTjvœ-
» cras », evdvs Oecopiav ttjv yvâicriv Xéyovm Kal ovk laaaiv
eavroîs àvaKÔXovda Xéyovres ' ojs yàp dôparov, ovtùj /cai
àirepivôrjTov to Oeîov. Tovs yovv ttjv iv <pwTi voepàv ôpaaiv 10
0eov Sià to tov 0eov àôpaTov (pavraalav ètpevap.évrjv Kal
ScujAoviKrjv 8oyp.aTÎÇovras èvépyeiav êSeï Kal ttjv yvœow,
8ià to tov 0eov aTreptvôrjTOV, rrpos ràs ôp.oias KaTaorrâv
èpecr^eXias. 'AXX' T)p.eîs rrepl p,èv ttjs yvcôaews ovSèv dvrei-
irelv Trpos avrovs ct.lpovp.e8a ' avvwbà yàp Xéyovcriv rjp.lv, el 15
Kal pur) crvviâcnv o Tt || Xéyovaiv. " Eotl yàp Kal r) 7T€pl j f- 126»'
0eov Kal Twv KaT avTov 8oyp,â.Tœv yvtùcns, deœpla, S
deoXoyLav 6vop.d^op.ev, Kal r) tû>v ttjs ifivxqs 8vvdp.eojv Kal
twv tov ocbuaTOS p.eXwv Karà <f>voiv XPVa^s T€ Kal K^vrlais
ivap.6pdx.ouiv rroieÎTai ttjs XoyiKijs eiKovos ' àXX' où tovto 20
èoTiv r) TeAcia ttjs àvwBev r)p.îv evyeveias evirpé-rreia Kat
r) Trpos to vrrep<f>aès <f>â>s vrrep<f>vr)s evœais, rrap' r)s p-ôvr/s
èyylveTai Kal to OeoXoyelv ào<f>aXws Kac to /cara <f>votv
èardvai Te Kal Kweîodat, ràç èv r)pûv Bvvdp.eis ttjs >pvxrjs
Kal tov aœp.aTos ' Tavrrjv ovv dvaipovvTes ovvaveîXov rrâ- 25
aav àpeTTjv Kal àXrjdet.av.

cvsv
4 avrœv : avrov V.
142 GREGOIRE PALAMAS

Esprit de Dieu et 16. — Çjue par conséquent aucune con-


Corps du Christ, templation très mystique et très haute
n'appartient au domaine de la connaissan
ce dont ils parlent, qu'une telle contemplation de Dieu n'existe
même absolument pas, puisque Dieu est invisible, nous l'avons
appris auprès de ceux qui participaient à la véritable contempla
tion. Mais nous leur poserons la question suivante : pensez-vous
que l'Esprit Saint ne voit pas non plus ce qui concerne Dieu ?
Mais lui, il scrute les profondeurs mêmes de Dieu 1. Si quelqu'un
prétendait voir la lumière pure en dehors de l'Esprit Saint, vous
auriez raison de vous opposer à lui et de lui dire : Comment
pourrait-on voir l'Invisible? Mais si un homme rejette l'esprit du
monde, que les Pères appellent ténèbres intelligibles oppressant
les cœurs non purifiés, s'il rejette cela, se purifie de toute volonté
propre, s'éloigne de toute tradition humaine qui retarde tant
soit peu son zèle à accomplir son devoir, même si cette tradition
paraît bonne, suivant le grand Basile *, s'il rassemble comme il
convient les puissances de son âme et s'il établit dans la sobriété
l'œil de sa raison, si alors il vit en méditant dans son esprit à
ce qui est conforme à la nature et à ce qui plaît à Dieu et si,
d'autre part, il se surpasse lui-même et reçoit en lui-même
l'Esprit qui vient de Dieu et qui connaît les thoses de Dieu comme
l'esprit de l'homme connaît ce qui est dans l'homme 3, s'il reçoit
cet Esprit, suivant la prédication du grand Paul, afin de connaître
les choses que Dieu lui a données mystiquement par sa grâce *
et que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues et
qui ne sont point montées au cœur de l'homme 8, comment cet
homme ne verrait-il pas par l'Esprit la lumière invisible ? Com
ment cette lumière ne resterait-elle pas de son côté invisible,
inaudible et incompréhensible, bien qu'elle soit l'objet de la
vision ? Car ceux qui regardent voient ce que l'œil n'a point vu,
ce que l'oreille n'a point entendu et ce qui n'est point monté au cœur
de l'homme! Ces hommes, en effet, reçoivent des yeux spirituels

1 / Cor., II. IO.


« Cfr Epist. II, à Grég. de Naz. (PG, XXXII, 225-228).
» / Cor.. II, 11.
« I Cor., II, 12.
• / Cor., II, 9-
TRIADE I, 3, l6 143

16. IJepl tov fir) etvai Toiwv rfjs yvwoeuts "?js aôrol
Xéyovot pvoTiKùjrépav Kal vtjrqXoTepav dewpiav, p.r)8' eîvai
5Xa>s TOLavrrjv deœpiav tov Qeov 8ià to tov Qeov àâpaTOV,
■napà t<dv èv aWrjdeî Oeœpia yeyovoTOJV pvrjOévres, èpcjTTj-
aop.ev ai/Tovs ' ti vpîv 8oKeî, ov8è to IJvevpa to âyiov âpâ 5
rà tov Oeov,' 'AXXà pr/v avTO « èpewâ Kal rà fiddr) tov
» Qeov ». El pÀv ovv xœPls IJvevpaTos âyiov ôpâv eXeyé
tiç to aKTjpaTOV <f>tôs, koXws âv àvriiriiTTOvres èXéyere '
« Ilcàs âv âpadeir) 6 dâparos ; )> El 8é tiç àrroOépevos to irvevpa
tov Koop-ov, S «ct/cotoç vorjTov iiTi.Keip.evov Tais pi) K€Ka- 10
» Oappévais KapSlaiç» oi iraTepes ovopd^ovoiv , et tis ovv àiro-
6ép.evos tovto Kal Kadapevoas 7ra»rô? oIkcIov OeX-qpaTOS xal
anavaoTas iraorjs irapa86oeats dvdpoJTrivrjs Kal irpos oXiyov
àvafloXrjv èp7roiovo-rjS ttj 6(f>etXopévr) crrrovBij, Kav eimpôoco-
itos $ Karà tov péyav BaaiXeiov, Kal Tas Trjç tpvxfjs 8vvd- 15
peis ô)s èvov avvaOpoiaas Kal vq<f>dXiov èiriorqoas ttjv rrjç
8cavoias èirioKonrjv , Trpû>Tov pèv èv tols Karà <f>voiv Kal
OeapéoTOLS 8ia^fj /tara vovv detoprjpaaiv, eW èavrov virepa-
vafïas ev èavTÔ» Xd/Soi « to ck ©eov Ilvevpa », S « oîSe rà
» toû Qeov œs to TTvevpa tov àvOpœirov rà èv avTÔ> », Kal -o
ravTa 8ià tovto tovto Xa/3u>v, Kaddirep 6 péyas KTjpvTTei
IJavXos, iv' « el8fj Ta vtto tov ©eov ^apia^eVra pvoTiKws
» airrâ» », « â 6<f>6aXpos ovk el8e Kal ovs ovk rJKOvoe Kal
» ènl Kap8iav avdpojirov ovk dvéfir) », itws ovk âv âpojr)
ovtos 8ià tov IJvevpaTOS to âôparov <f>û>ç ; IlâJs S' oi>K 25
âv elrj irdXiv aopaTov Kai avr^KovoTov Kal aTTeptvorjTov tovto,
Kaiirep 6pœp.evov, tÔ (f>â>s ,' 'Opârai yàp vno t&v fiXeirâvroiv
« â S<f>6aXpos ovk eî8e Kal ovs ovk rJKovoe Kal iirl Kap8iav
» àvdpùJTrov ovk âvé^r] ». IJvevpaTiKoiis yàp Xapfidvovoiv
ovroi o<j>9aXp.ovs Kal « vovv è^ovoi Xpiorov », 81' wv Kal 3°
fiXeirovai tov dâparov Kal voovoi tov airepworjrov ' ov yàp
cauTÔi àâpaTos èorw, âXXà toîs 8ià ktiotwv Kal <f>voiKÛ)v

CVSL

22 W : Iva VS | 23 cKt : o!8« C | 28 cfêc : otS* C.


144 GRÉGOIRE PALAMAS

et possèdent l'esprit du Christ l : ils peuvent ainsi voir l'Invisible


et penser l'Incompréhensible, car il n'est pas invisible à lui-
même, mais à ceux qui conçoivent et voient avec des yeux et
des pensées créés et naturels. Quant à ceux auxquels Dieu s'est
adapté comme un membre qui les dirige, comment ne leur commu
niquerait-il pas d'une manière évidente la contemplation de sa
grâce ?

Dépouillement et 17- — Comment n'appliquerait-Il pas


vision objective. les termes de la théologie du Cantique,
lorsqu'il chante la louange de la puissance
spirituelle qui est dans leurs yeux ? Vois comme tu es belle, leur
dit-Il, toi qui es près de moi; tes yeux sont des colombes a. Et eux,
lorsqu'ils sentent la beauté du Fiancé intelligible, lui rendent
dans les mêmes termes une abondante louange. Les initiés savent
quelle est cette colombe que la fiancée a dans les yeux, lorsqu'elle
regarde pour la première fois clairement la beauté de Dieu, son
Fiancé s, et décrit en détail cette beauté bénéfique à ceux qui
sont là pour l'écouter dans la foi. De même que l'éclat qui est
dans les yeux, uni à l'éclat du soleil, devient lumière, lorsqu'il
est en activité, et voit ainsi les choses sensibles, de même l'intelli
gence, devenue un seul Esprit avec le Seigneur *, voit aussi claire
ment les choses spirituelles. Mais là encore, le Maître demeure invi
sible d'une autre façon, bien supérieure à celle qui le rend invisible
aux raisonnements terre à terre de ceux qui entreprennent de
contredire les hommes spirituels. Car personne n'a jamais vu
la totalité de cette beauté, c'est pourquoi, selon Grégoire de
Nysse6, aucun œil ne l'a vu, même s'il regarde toujours: il ne
voit pas, en effet, cette totalité telle qu'elle est, mais seulement
dans la mesure où il s'est lui-même rendu réceptif à la puissance
de l'Esprit divin. Mais à côté de cette incompréhensibilité, voici
le plus divin et le plus extraordinaire : s'ils possèdent une compré
hension, ils la possèdent d'une façon incompréhensible. Ceux qui

1 / Cor.. II, 16.


* Cantique, I, 15.
• Le rapprochement entre les yeux de l'épouse du Cantique et la colombe de
l'Esprit remonte à Oricène, Hom. II in Cant. (édit. et trad. O. Rousseau,
Coll. Sources chrétiennes, 37, Paris, 1953, p. 87).
« I Cor., VI. 17.
•Cfr InCantic.Hom., IV (PG, XLIV, 833 CD), VII [ibid., 920 BC).
TRIADE I, 3, 16-17 *45

6<f>6aXp.ô>v kclI Xoytop.wv voovai Kal ôpœaiv. Ots 8' 6 Seos


èavrov èvrjppoaev â>s péXos rjyefioviKov, irws \\ ow^i Si' eau- 1 f. 126»
tov kciL ttiv ttjs èavrov ^ci/htos èp.<f>avâ>s -napaoyoi deiopiav ,'

17. ricùç 8* ovk âv rdiv ttjs q.op.aTiKTJs 6eoXoyias à£iâ>-


aat TTpoap-qp.ârojv, èyKOjp.iâ^iov rf/v iyyeyevr)p.evrjv m>evp.a- 5
TtK-fjv 8vvap,tv toîs op.p.aaiv airrœv ; « 'I&oii et koXt) » Xéytov
irpos avrovs « t) vXrjaiov p.ov ' o<f>6aXp.ol aov irepiorepal » '
Si' <Sv Kal avroi, rfjs wpaiôrrjTos alo86p.evot tov votjtov
vvp.<f>iov, Sat/jt-Xi} tov tô>v èyKtop.laiv àWtSiSdao-i Xôyov. Ovk
â8r]Xov 8' dpa toîç p.ep.vr)p.évois tis avrrj 17 irepiorepà 10
rp> 17 vvp,<f>r) o~)(ovoa ev toîs opp.aai #cai avrTj tô> tov
vvp.<f>lov Seov to tc irpœrov Tpavws €vaT£Vi£ei KaAAei Kai
elç eTrrjKoov tcov ttiotws 7repieoTU>Ta>v à<f>TjyeÎTai SiefoSi-
KtVTepOV TTjV KaXXoTTOlOV €VTTp€TTeiaV eKelvTjV. '@S yàp 17 èv
6<f>6aXpx)îs avyr\, èviodeîaa tous r/XiaKaîç avyaîs, <f>ws ivre- 15
Acheta ylverai Kal ovtcos ôpq. rà alodrjTa., tov avrov rpônov
Kal 6 vovs, « êv TIvevp.a p.erà tov Kvpiov » yeyovws, ovrw
Ta Trvevp.aTt.Ka rpavws ôpâ. Mévet. 8' ôp,u>s Kal eVeî Tpôirov
eTepov vifnjXÔTepov t) «orà tovs xa/te/wre*s XoyiapLovs t<ôv
toîs irvevp.aTiKoîs àvhpâaiv àvriXéyeiv èyxeipovvrwv ôôparos 2°
6 AeoTTÔm)s ' ov yàp iwpaKe ttotc nj to irâv ttjs koXXovtjs
iKeivrjs, 810 Kal Karà tov Nvao~qs rp-qyôpiov « 6<f>0aXp.6s
» tovv ewpaKev ovdeis, ei Kai aei pAeTrei 9 ovoe yap oaov
iorlv CKeîvo, àXXà Kadoaov èavrov èirotTjae Bcktikov ttjs
tov Oetov IIvevp.aTos ovvdpews, /carà tooovto flXérret.. IJpos 25
8^ Tjj àKaTaXr)^iia Tavrrj, Kal rjv ê^ovai KaToXyipiv d/cara-
A^TTTtos êxowri, to OetoTaTov àiràvTwv Kal KaivoTarov ' ov
yàp 4» Tavra fiXérrovoi tôt' ïaaaiv ol fiXénovres, ovb" <L

CVSL
1 6 to ont. V.
I46 GRÉGOIRE PALAMAS

voient, en effet, ne savent pas alors ce qui leur permet de voir,


d'entendre et de s'initier, soit à la connaissance de l'avenir,
soit à l'expérience des choses éternelles, car l'Esprit, par lequel
ils voient, est incompréhensible. Comme dit le grand Denys :
Une telle union des divinisés avec la lumière qui vient d'en haut
se produit lorsqu'il y a arrêt de toute activité intellectuelle 1. Elle
n'est pas le produit d'une cause ou d'un rapport, car ces der
niers dépendent de l'activité de l'intelligence, mais elle se pro
duit par le dépouillement, sans être pour cela elle-même le dépouil
lement. Car si elle était simplement dépouillement, elle dépendrait
de nous et c'est là la doctrine des Messaliens : On monte lorsqu'on
le veut vers les mystères cachés de Dieu, comme saint Isaac le
dit à leur sujet 2. La contemplation n'est donc pas seulement
dépouillement et négation ; c'est une union et une divinisation
qui survient mystiquement et indiciblement par la grâce de Dieu,
après le dépouillement de tout ce qui vient d'en bas pour marquer
l'intelligence, ou plutôt après l'arrêt de toute activité intellectuel
le, ce qui est plus qu'un dépouillement ; le dépouillement, en effet,
n'est que la marque de cet arrêt ?. Voilà pourquoi, il appartient
à tout croyant de séparer Dieu de toutes les créatures, tandis que
l'arrêt de toute activité intellectuelle et l'union qui en résulte
avec la lumière venant d'en haut est un état objectif et une
fin divinisante ; il appartient seulement à ceux qui ont purifié
leur creur et reçu la grâce. Et que parlé-jc de l'union quand la
brève vision elle-même n'est apparue qu'aux disciples choisis,
débarrassés de toute perception des sens ou de l'esprit, admis à la
véritable vision parce qu'ils avaient cessé de voir, et revêtus de
sens surnaturels, parce qu'ils subissaient sans connaître. Mais nous
montrerons plus loin, avec l'aide de Dieu, qu'ils ont vu et que
l'organe de leur vision n'était, à proprement parler, ni les sens,
ni l'intelligence.

1 De div. nomin., I, 5 (l'G. III, 593 C).


* Kpist. IV (édit. N. Theotoki, p. 576 ; édit. Spetsieri, p. 390). La traduction
grecque d'Isaac parle des Evktït(u, variante d'£ùx'Tai, nom donné couramment
plus tard par les Byzantins aux « Bogomiles », appelés aussi « Messaliens » et
« Enthousiastes ».
* Le P. Haushcrr a pu établir un parallélisme intéressant entre le « Mcssalia-
nisme » oriental et le pélagianisme ( L'erreur fondamentale et la logique du messa-
lianisme. dans Orient. Christ. Per., I, 1935, p. 328-360). Ce passage montre bien
que Palamas avait porté le même diagnostic sur cette doctrine, sans pourtant
la rattacher aux écrits du Pscudo-Macaire.
TRIADE I, 3, 17 147

aKOVOVOi Te /cai p.vovvTai, 77 ttjv tôjv firpraj yeyovôrojv


yvôjoiv, r) rr)v réjv àel ôvratv ètnorrip.r)v , 8ià to à/cora-
Xrymov tov ITvevfiaros, Si' ov 6pâ>oi ' S Karà yàp aTrÔTrav-
» atv Trâorjs voepâs èvepyeias rj Toiâ8e yiverai twv €K0eov-
» fiévtov 7rpos to vvepdev <f>œç evojots » <Ls 6 p,éyas Xéyei 5
Aiovvolos, icar' alrlav p.kv ovk oSaa rj Karà àvaXoyiav,
irrel ravra /car' èvépyetàv iari tov vov, Karà 8è à<f>alpeaw
ovoa, àXX' ovk avro tovto ovoa à<f>alpecfis ' el yàp à<f>aîpeois
r)v p.6vov, i<f>* "qfjLÎv àv r)v ' àXXà tovto twv MaooaXi.avwv
iari to 86yp.a ' « tjvLk àv tiç èQeXr\o~r\ àvep^eaflai els rà 10
» tov Qeov àTrôpprjTa p.vonjpia », KaOànep Kal 6 dytos 'icraà/c
irepl avrwv <f>rjoiv. Ovkovv à<f>aipeois Kal ànô^aais p.6vr/
èorlv 7/ dewpia, àAA' êvwois Kal CKÔéwois, p.erà tt/v
à<f>aipeoiv rràvrwv tcôv KarwOev tvttovvtwv tov vovv,
pjvuriKws /cai à-noppr\Tws x°PLTl ywop.évr) T°û &e°ûi p-âXXov 15
8e p.era tt/v aTrôrravoiv rj /cai p.eît,6v ean rfjs a<f>aipeoews '
àneiKoviopa yàp iari rj à<f>alpeois ttjs ànoTravoews CKelvr/ç.
A10 Ktu to xmplÇfiv iràvrwv || tû>v KTiop,àrwv tov Qeov 1 f. 127»-
iravros eort ttiotov ' r) 8è rrào-qs voepâs èvepyeias ano-navais
Kal r) p.er' a.VT7]V rrpos to vvepdev <f>ws êvwois, oîov 20
ti iràdos ovoa /cai réXos Oeovpyôv, p.6vwv èorl twv KeKadap-
p,évwv Kal KexapiTwp,évwv tt\v Kaphiav. Kal ri Xéyw tt/v
êvwaiv, ore /cai r) irpos Pp<*Xv ^ea r^v èKKpiTWv tccos
cScÎto p.a8r)TÔ)V, Kal to vtcov icar' eKOTaotv yeyovoTœv
TràoTjs aiadrjTrjs Kai voepâs àvTLXijiffeœs Kai tu> p.r)86Xa>s 25
ôpâv to ovtws àpâv elo~heheyp,évojv /cai t<3 Tracr^etv ày-
vœorœs twv virep <f>voiv rrjv atoO^aiv irpooiep-évoiv ', 'ylAA'
Sri pÀv oSroi Kal eîSov /cai ov)(l /car' alodrjoiv rj vovv
Kvplws eîSov, ovv 0eâ> -npolôvros tov Xôyov 8el£op.ev.

CVSL

9 MaaaXtavôiv V.
I48 GRÉGOIRE PALAMAS

Communion réelle 18- — Vois-tu donc dès maintenant


à Dieu. qu'au lieu de l'intelligence, de l'œil et
des oreilles, ils acquièrent l'Esprit in
compréhensible et, par lui, ils voient, ils entendent et ils com
prennent ? Car si toute leur activité intellectuelle est arrêtée,
comment les anges et les hommes semblables aux anges verraient-
ils Dieu, sinon par la puissance de l'Esprit ? C'est pourquoi leur
vision n'est pas une sensation, puisqu'ils ne la reçoivent pas par
les sens ; elle n'est pas non plus une intellection, puisqu'ils ne la
trouvent pas dans la pensée et la connaissance qui en résulte,
mais après l'arrêt de toute activité intellectuelle ; elle n'est donc
le produit ni de l'imagination, ni de la raison ; elle n'est ni une
opinion, ni comme une conclusion de syllogismes. D'autre part,
l'esprit ne l'acquiert pas en s'élevant seulement par la négation ;
car, suivant la parole des Pères, tout commandement divin et
toute loi sacrée a pour terme la pureté du cœur ; toute manière et
tout aspect de la prière a pour couronnement la prière pure ;
toute raison qui s'élève vers Celui qui est transcendant et séparé
du monde s'arrête, une fois dépouillée de tous les êtres. Il est faux
de dire, cependant, qu'au delà de l'accomplissement des divins
commandements, il n'y ait rien que la pureté du cœur. Il y a
d'autres choses, beaucoup de choses : il y a le gage, présent dès ce
siècle, des choses promises et les biens du siècle à venir, visibles
et accessibles par cette pureté de cœur. De même, au delà de la
prière, il y a l'indicible vision, l'extase dans la vision et les mys
tères cachés. De même, au delà du dépouillement des êtres,
ou plutôt après l'arrêt de leur existence, accompli en nous non
seulement en paroles, mais dans la réalité même, après cet arrêt
même, il y a une ignorance, mais elle est plus qu'une connais
sance ; il y a une nuée, mais elle est plus qu'éclatante ; et dans
cette nuée plus qu'éclatante, selon le grand Denys, les choses
divines sont données aux saints 1. Ainsi la très parfaite contempla
tion de Dieu et des choses divines n'est pas simplement un dé
pouillement, mais elle est, au delà du dépouillement, une partici
pation aux choses divines, elle est un don et une possession,
plus qu'un dépouillement. Mais ces possessions et ces dons sont

» CtrEpist., V (PG, III, 1073 A).


TRIADE I, 3, l8 149

18. Nvv S' àpa avvopâs on to dKaT<xXi]TrTov airt vov


Kal o<f>daXp,ov Kal wtojv evuoipovai TIvevp.a, Si 0$ 6pâ>ai
Kal Ùkovovoi Kal avviâai ', Noepâs yap Traarjs Karœnavaa-
p,évrjs èvepyelas, tLvi âpwaiv dyyeXoL tc Kal âvdpùjiroi iadyye-
Xol &eôv, et firj ttj tov TIvevp.aTOS 8vvdp.ei; A10 Kal -q 5
ôpaais aiiTOÎs avn), aïaOrjais p-èv ovk eariv, eVet p.rj 8tà
tû>v alodrjTTjpliov avrfjs àvTiXap,fidvcvTai, voyais 8è ovk
éoTiv, eVet p.f) 81A Xoytap,œv rj rrjs Si avrcov yvwaews, aXXà
Karà d-nô-navaiv Trdot)s voepâs evepyeias evpiOKOvaiv avrqv *
ovkovv ovSè <f>avTaola èartv, ovSè Sidvoia, ovSè 8o£a, io
ovd* oîov avp.7répaap.a avXXoyiap.â>v. OvSè Stà rrjç Karà
àiro^aaiv àvôSov p-ôvr/s o vovs èirnvyxdvei rav-rqs ' irâaa
p,èv yàp delà èvroXr) Kal iras vôpxts lepos p-^XPl TVS Ka^°-'
PÔttjtos rrjs KapSîas opinerai, Karà tov Xàyov t&v irarépùiv,
Kal rrâs rpôiTos Kal nâv elSos 7rpoaevxfjs p-^XPl TVS Ka^a/)âff 15
Xr/yei 7rpoaev)(TJs, Kal 7râç Xôyos Kdrœdev àvuov els tov
v7T€pavi8pvp.évov Kal àiroXeXvp,évov tov -navras p-éxpi r'7s
à<f>atpéoeojs tô>v ovTOJV -nâvroiv lararai. Ov p.r)v Stà tovto
/xerà rà? flet'aç evToXàs ovSév iariv aAAo irXrjv rf rfjs Kap
Sîas Kadapôrqs, àAÀ' elal Kal TrXeîard elaiv ' 6 Karà tov 20
vvv aiœva tô>v eiT"f]yyeXp.évoiV dppafHœv Kal rà tov p,éXXov-
tos aiwvos dyadà Si' avrfjs ôpœp,evd re Kal rpv<f>ojp,eva '
ovtoj Kal p-erà rr]v Trpoaevx~f]v , Béa àve/cÀctA^TO? Kal eKara-
ais ev rfj Oéa. Kai dirôpprjTa p.varqpia ' tov avrov Tpônov
Kal p.erà ttjv d<f>aipeaiv tôjv ovtojv, p.âXXov Se Kal p,erà ttjv 25
œnoTTavaiv, ov Xôyots p.6vov, àXXà Kal êpyoïs TeXovp,év7)v
ev T)pûv, Kal p.€rà TavTT\v rolvvv, et Kat dyvuioia iariv,
àXX' virkp yvûtoiv, Kal et yvô<j>os iariv, àXX vireptfiarjs '
Kai ev tô> V7rep<f>aeî eiceiva» yv6<f>œ, Sorà yiverai, Karà tov
p,éyav Aiovvaiov , rà 6eîa toîç âyt'ot?. "Qare ovk d<f>aipeais 3°
cotiv aTrXô>s ij 7rept Qeov Kal tû>v Oeicov TeXecûTaTT] dewpîa,
aXX' r] p.erà tijv à^atpeatv p.éde£is tû>v deiojv \\ Kal 8601s i f- 127"

CVSL
7 avrfjs '. avroîs V.
150 GRÉGOIRE PALAMAS

indicibles : si on en parle, on a recours à l'image et à l'analogie,


non que ces choses soient visibles seulement par l'image et l'ana
logie, mais parce qu'on ne peut montrer autrement ce que l'on
voit. Puisqu'il s'agit de choses indicibles, on les exprime d'une
manière imagée ; ceux qui n'y prêtent pas une oreille pieuse
considèrent la connaissance surpassant toute sagesse, comme
une folie ; foulant aux pieds par leurs dénigrements les perles
intelligibles 1, ils seront amenés aussi à mettre verbalement en
pièces ceux qui leur ont montré ces perles, dans la mesure du
possible.

La théologie apo- 19. — Comme je l'ai dit, c'est par


phatique n'est amour envers les hommes que ces saints
qu une mage. parlent, dans la mesure du possible,
de choses indicibles, rejetant l'erreur de ceux qui pensent dans
leur ignorance qu'après le dépouillement des êtres, il n'y a
que l'inaction absolue, et non pas une inaction surpassant
toute activité. Mais, je le répète, ces choses demeurent indi
cibles de par leur nature même. C'est pourquoi, le grand De-
nys dit qu'après le dépouillement des êtres, il n'y a pas de pa
role, mais une absence de paroles 2 ; il dit aussi : Après nous être
élevés jusqu'au bout, nous serons unis à l'Inexprimable s. Mais,
malgré ce caractère inexprimable, la seule négation ne suffit
pas à l'intelligence pour atteindre les choses supr.iintelligibles ;
l'élévation par la négation n'est, en effet, qu'une intellection de
ce qui paraît différent de Dieu ; elle ne porte que l'image de l'inex
primable contemplation et de l'accomplissement de l'esprit dans
la contemplation ; elle n'est pas elle-même cet accomplissement.
Mais ceux qui, à la façon des anges, ont été unis à cette lumière,
la chantent en employant l'image de ce dépouillement total :
l'union mystique avec la lumière leur apprend que cette lumière
est suressentiellement transcendante à toutes choses. Par ailleurs
ceux qui seraient jugés dignes de recevoir le mystère, d'une oreille
fidèle et avisée, auprès de ces initiés, peuvent, eux aussi, chanter
cette divine et incompréhensible lumière à partir du dépouille
ment de toutes choses ; mais ils ne peuvent s'unir à elle et la voir,

1 Cfr Matth. VII, 6.


« ClrDe mystica theologia, III (PG, III, 1033 B).
» Cfr ibid., C.
TRIADE I, 3, 18-19 151

ré icat Atj^iç p.âXXov >} àfialpecris. ''Apptyra Se' kart. Ta


\r\[i\iara Kal rà Sofiara eKeîva, 810 Kav Xéyatai irepl
avrcàv, dXXà TrapaSeiyp-aTiKioç Kal Karà dvaXoyiav, oi>\
WS 6pO}[X€V(OV CKelvOlS TOVTOIV OVTOtS, ÔAA'tttS' p.Tj TT€<J>Vk6t(HV
dXXcos Sei^^vai tcD^ e/cei'voi? 6pa>p,iva>v. 01 rolvvv rœv 5
irapaSetyfjLaTiKÔis ovrat tovto)V Xeyofievwv firj fier' evXa-
jSei'a? tiç àpp-ryTiuv eVaiovTeç, p.a>plav rjyovvrcu ttjv vnép-
ao<f>ov yv&aiv Kal roiis votjtovs tô> Siaavpew KaTairaTOvvTCS
[i.apyaplTaç, tovs ws -éVeon ■npoo'elÇavTas avTOVç, rr}
Xoyop.a\La St.app'qaovaLi'. 10

19. 'Ekclvoi 8' ôp.ios vtto <f>iAav9pa>7rlas, Karà ro £yx<*>povv,


ws c<f>rfv, Xéyovm rà dpprjTa, ttjv TrXavrjv a<f>aipovvT€S tôjv
/ieTa rf/v à<f>alp€<riv twv ovtcjv àpylav cirai TeÀeîav àp.vrJTOJS
olofxivuiv , àAA' oi>x înrkp èWpyeiav àpyiav. 'AXX' eK€Îva irdXiv
àpprjra tj} éavrwv <f>vcrei Sia//.éVei. Aid tovto 6 [léyas A10- 15
vvaioç /xerà ttjv à<f>aip€Oiv twv ôvrœv ovk clval <f>r)ai Xoyov,
dXXà « àXoylav » Kal « fiera irâaav dvoSov €vwdrjo6p.e9d »
(f>j]ai « tû> à<f>6éyKTO) ». 'AXX' ov%, ôVi d<f>deyKTa, Si' à-no-
<f>doewç fiômjç irriTev^erai 6 vous tô>v vnèp vovv ' /cai rj
roiavTTj yàp dvoSoç, vôrjoîs tiç Ioti tcDv dTT€p.<f)aiv6vTwv 20
TÛ) &ew Kal etKova p.èv <f>épei rrjs dveiSeov eVeiVrçç dewpîas
Kal rfjç Karà vovv OewprjTiKrjç àTroTrXrjpwoews, àXX' ovk
avrq £otiv eKeivq. Ai avrrjç Se rijs rrdvTwv d(f>aipéo€WS
vpvovaiv €K€Îvo to <f>û>s ol TovTO) dyyeXop.ifJLT]Tws evwdev-
Teç, a77Ô rrjç npos avTo pvoTiKrjs evwaewç p.€fivr]fji€VOL, 25
on Trâvriov cotIv înrepovolcjs i^rjprjixévov. K.ai ôcroi irep dv
dnà rôiv tolovtojv, Si aKoijç TTioTfjs Kai evyvd)p,ovoç, irapa-
SéÇaodai KaTaÇiœdœcrt. to p.varrjpiov, 8vvavTai p.èv Kal
ovtoc €K Tr\s twv vdvTwv d<f>aipéo€(t)S Vfiveîv to Oeîov Kal
ÙTTepivÔTjTov ckcIvo <f)û>ç ' ivovodai 8è aÙTÔi Kal âpâv où 3°
Svvavrai, dv p.7f 8ià ttjç tôjv cvtoXwv (f>vXaKrjç éavTovç Kadd-

CVSL
6 ovrto om. V.
152 GRÉGOIRE PALAMAS

à moins de se purifier par l'accomplissement des commandements


et de consacrer leur esprit à la prière purifiée et immatérielle
pour recevoir la puissance surnaturelle de la contemplation.

« Union » et non 20. — Comment appellerons-nous cette


« connaissance ». puissance qui ne dépend ni de l'activité
des sens, ni de celle de l'intelligence ?
En tout cas pas autrement que Salomon, qui a été plus doué de
sagesse que tous ceux qui l'ont précédé : c'est une sensation intel
lectuelle et divine1. En accouplant ces deux adjectifs, il persuade
son auditeur de ne la considérer ni comme une sensation, ni
comme une intellcction, car l'activité de l'intelligence n'est pas
une sensation et la sensation n'est pas une intellcction. La « sen
sation intellectuelle » est donc différente par rapport aux deux. On
doit donc l'appeler ainsi, ou bien, à la suite du grand Dcnys,
« union », mais non « connaissance ». 77 faut savoir, dit-il, que notre
intelligence possède d'une part la puissance intellectuelle, qui lui
permet de voir les choses intelligibles, et d'autre part l'union qui dé
passe la nature de l'intelligence et la lie à ce qui lui est transcendant 2.
Et encore : Les facultés intellectuelles, aussi bien que les sensations,
deviennent superflues, lorsque l'âme, devenue déiforme, se donne
aux rayons de la lumière inaccessible dans une union inconnue,
en des élans aveugles 3. Dans cette union, suivant Maxime, si
riche en choses divines, les saints en observant la lumière de la
gloire cachée et plus qu'indicible deviennent, eux aussi, capables
de recevoir, avec les puissances célestes, la bienheureuse pureté.

Vision de l'invlsl- 21. — Et que l'on ne considère pas


ble. que ces grands hommes ont ici en
vue l'élévation par voie négative I Cette
dernière, en effet, appartient au premier venu qui la désire ;

1 Aîadijois Stîa est une version propre à Origènk, Contra Cehum, I (PG,
XI, 749 AB) de Prov., II, 5 (Septante : Myvioaiv 6toC). Cette version est
reprise par s. Grégoire db Nyssb, In Cantic. hom., I (PG, XLIV, 780 C) (cfr J.
Daniblou, Platonisme et théologie mystique, p. 238-239) et donne un fondement
scripturaire à une idée essentielle pour la mystique de l'Orient chrétien.
•De div. nomin., VII, 1 (PG, III, 865 C).
•De div. nomin., IV, 11 (PG, III, 708 D).
TRIADE I, 3, 19-21 153

pavreç, tj\ àireiXiKpivr^pivrj Kai àvXœ irpooevxjj tov vovv


à.ira<T)(o\rjoavT€s , tt)v \m€p<pvâ hvvap.iv ttjç décuplas SéÇœv-
Tai.

20. IJcos ovv Tavrrjv, rj pr\r aïoOrjolç eori pfjO' ôXatç


voyais, r/peiç KaXéaopev ; IJâvrioç ovk âXXœs r) <Lç o imkp 5
rravraç rovs irpo avrov aeao<f>iapévos EoXopœv, « atadr/aiv »
StjXovoti « voepàv Kai delav ». Tfj yàp àp<f>OT€pwv ovÇvylq
rreldci tov aKovovra prjSérepov voplaai rav-rr/v, pryr aladrj-
atv, ptfre vôr/aiv ' ovre yàp r) voyais aïaûrjats ttotc, ov9'
r) aïadrjais voyais ' ovkovv r) voepà aiadyais âXXo irap €Ka- 10
repov avroov. ! *H ovv ovtùo irpoapr)T€ov Tavrrjv, rj à>s o | f. u8r
péyas Aiovvaios « êvœoiv », àAA' ov^i yvœatv. « Aéov » ydp
<pyatv « elSévai tov KaO' ypâs vovv, tt\v pèv €X€IV ovvapAV
» els to vof.iv, SV tfs rà vorjTa fiXéirei, ttjv 8è ëvcoaiv îmep-
» alpovaav Ttjv tov vov <f>vaiv, 81 r^s avva.TtTe.Tai. rrpos rà 15
» €TT€K€i.va iavrov ». iCat nâXiv ' « ITepiTTai perà tcov aloOrj-
» aewv Kai al voepat Swdpeis, orav rj if>vxy OcoetSrjs ycvo-
» pévy hi évcôaecos àyvcooTov raîç tov ànpoalTOV <j>coTos
» aKTiaiv i-TTifiaXXri Tais àvoppaTois èmfioXaîs », *a#' 771/
«ai, «arà tov 77-oAùv rà #cîa MdÇipov, « rô <£côs ttJç à<f>avovs *°
» Kdt \mtpappT\Tov 86£rjs ol âyiot èrroTTT€VOVTes , ttjç paKa-
» plas perà twv dv<o ovvdpeiov tcai avroi ScktikoI ylvovrai
» KaOapoTrfTOS ».

21. Kai pr\ tiç vrroXd^rf ttjv 8ià Toùy aTTO(f>daeœv âvoSov
h>Tavda Xéyeiv tovs peydXovs. 'EKelvrj yàp rravTOS cctti 25
tov fHovXopévov Kai ttjv iftvxrjv oi) /xeTaTaTTCi npos ttjv tcov
àyyéXwv àÇlav Kai ^topi'^ei fiev arro tôjv àXXœv ttjv Sidvoiav,
ivataw Se ov Suvarat pôvrj TTpos Ta èireKeiva ttouîv. 'H 8è
KaOapÔTTjs tov TraOrjTLKOv pepovs tt)s *fiv)(i}s, irâvToov 8ià
t^s àiraOçlas ivcpyâis xojploaaa tov vovv, èvoî 8tà tt)s 3°
irpooevxijs Tjj tov flvevpaTOS xaPlTt> 81' fjs iv àiroXavoei

CVSL
I Kai post Ka8àpavT€s add. S.
154 GREGOIRE PALAMAS

elle ne transforme pas l'âme pour lui donner la dignité angé-


lique ; elle libère la raison par rapport aux autres êtres, mais ne
peut à elle seule lui procurer l'union avec les choses transcen
dantes. Quant à la pureté de la partie passionnée de l'âme,
elle libère effectivement l'intelligence par rapport à l'univers en
lui procurant l'impassibilité ; elle l'unit par la prière à la grâce
de l'Esprit ; celle-ci lui donne la jouissance des éblouissements
divins et l'intelligence acquiert l'aspect des anges et de Dieu.
Voilà pourquoi les Pères postérieurs au grand Denys ont nommé
cela « sensation spirituelle », ce qui convient mieux et exprime
mieux, en quelque sorte, cette contemplation mystique et cachée.
Alors, en effet, l'homme ne voit véritablement ni par l'intelli
gence, ni par le corps, mais par l'Esprit ; et il sait à coup sûr
qu'il voit surnaturellement une lumière qui surpasse la lumière.
Mais il ne connaît pas à ce moment l'organe qui lui permet de
voir ; il ne peut même pas rechercher la nature de cet organe, car
il ne peut suivre les traces de l'Esprit. C'est là ce qu'a dit Paul,
lorsqu'il entendit les choses indicibles et vit les choses
invisibles : Je voyais, dit-il en effet,... je ne sais si c'était sans mon
corps ou dans mon corps1. C'est-à-dire qu'il ne savait pas si c'était
son intelligence ou son corps qui voyaient. Il ne voit pas, en effet,
par sensation, mais sa vision est aussi claire que celle qui
permet à la sensation de percevoir les choses sensibles, et même
plus claire encore. Il se voit sorti de lui-même et ravi par la
douceur mystérieuse de sa vision en dehors de tout objet,
de toute pensée objective et de lui-même aussi. Sous l'effet de
l'extase, il oublie la prière même à Dieu. C'est ce dont parlait
saint Isaac, en trouvant une confirmation chez le grand et divin
Grégoire : La prière c'est la purification de l'esprit qui est seule
avec la frayeur à être produite par la lumière de la Sainte Trinité *.
Et encore : La pureté de l'esprit, c'est ce qui permet à la lumière
de la Sainte Trinité de resplendir au moment de la prière; l'esprit
alors dépasse la prière et il ne faut pas appeler cet état prière,
mais enfantement de la prière pure envoyée par l'Esprit; l'esprit
alors ne prie pas d'une prière définie, mais il se trouve en extase

1 Cfr // Cor., XII, 2.


* Hom. 32 (édit. N. Theotoki, p. 206 ; édit. Spetsieri, p. 140). Isaac cite Gré
goire (de Nysse ?).
TRIADE I, 3, 21 155

ylverai rwv OeUov p.app.apvyâ>v, i£ tov dyyeXoeiSrjs tc koI


fooeiSi^ç Kadiararat,. Alo ol fiera rôv p.iyav Aiovvaiov rtari-
peç « atodrjotv rrvevp.aTiKr)v » irpoorjyôpevoav avr-qv, ô Kal
aura icaraAATyÀov i<m Kal iufiavTiKtôrepôv vœs rrjs p.v<m.-
fcfjç €K€ivtjç Kal drropprqrov décuplas. Tore yàp cbç dXr/dùJS 5
ô dvdponros Tïvevp.ari, àAA' ovyl vû>, ov8è acop-ari ôpq. ' ko!
on p.èv ôpâ <f>tôs vrrèp <f>â>s V7rep<f>v<ôs otSev aKpifiwç. Tivi
8i tov9' ôpâ, ovk oîSe rare, àAA' ovS' iÇerdÇeiv hvvarai
rr)v tovtov <f>voiv, 8ià rô àve£{.yyiacrTov tov IJvevp.aros
81 0$ ôpâ. Kal rovrô ioriv 5 Kal IJavXos elnev, r)viKa rJKOve 10
rà dpprjra Kal icôpa rà àôpara ' « 'Ecopcov » ydp <f>T)oi.v « eïre
» cktos tov oœp.aros ovk oî8a, cfrc ivres tov oojp.aros
» OVK ot8a » ' TOVTCOTIV OVK ffieiV €IT€ VOVS i)v, €?T€ <J(Zp,a
to opwv. Upa yap, ovk aiaurjoei p.ev, toç r) aioarjois de Ta
aladr)Ta rpavcos Kal rpavôrepov r) avrrj. 'Opâ S' iavrôv vtto 15
ttjs tov opatfiévov yXvKvavpuas àiropprjTOV iKordvra re Kal
àprrayévra ov p.ôvov navrés 7rpa.yp.aTOs tc ko.1 vorjp.aros
Trpayp.araiv, àXXà Kal iavrov. Kal avrrjs vtto ttjs iKordocws
imXavddverai ttjs rrpôs Oeov Serjaecos ' Kal rovrô iartv ô
eîrrev ô âyios 'IoaaK, avv€Tnp.apTvpovvra tov p\iyav /cal 20
deîov êxwv Tprjyôpvov, Sri « TTpoaevyrj iari Kadapôrrjs voôs, || 1 f- I2Sv
» r)Tis pu>V7] €K tov <f>ojTOS ttjs àytas TpiaSos p.er' €K7rXrj-
» Çews Tip.vt.Tai ». Kal ndXiv ' « Kadapôrrjs iorl voôs i<f>'
» $ Stauya^ei iv tô> Kaipâ> ttjs Trpooevxqs to <f>cus ttjs âylas
» Tpid8os, Kal totc ô vovs vnepdvui rrjs Trpooev)(rjs ylverai, 25
» Kal où 8eî koXcîv Tavrrjv ■npooevyy], aAAà tokctov tîjs
» Kadapâs irpooevxrjs, ttjs 8tà tov IJvevp.aTos KaTa-irep.-
» 7rop.ivr)s ' ov8è Trpoaevxfj rare 7rpoo-evx€Tai- ô vovs, dXX'
» iv e/coràact ylverat iv toÎs dKaTaXrJTTTois ■npdyp.aat. '
» Kat avrrj eoriv rj ayvoia rj vrrepripa rrjs yvwoeœs ». 3°
To yovv àprrdoav iKeîvo Kal tov vovv iKorr)oav rrdvrcov
Kal rrpôs iavrô 5Xov imarpéipav Qvp.r\piararôv ti ypr)p.a,

CVSL
7 vTîtptfruûiç : virip fliî S | 29 îrpâytiaoïv L,
156 GRÉGOIRE PALAMAS

au sein des réalités incompréhensibles; c'est là l'ignorance supé


rieure à la connaissance l. Cette très joyeuse réalité qui a ravi Paul,
qui a fait sortir son esprit de toute créature, qui l'a fait revenir
tout entier sur lui-même, il la voit comme une lumière, une lu
mière de révélation, mais qui ne révèle pas des corps sensibles,
une lumière qui n'a de limite ni vers le bas, ni vers le haut, ni
sur les côtés ; il ne voit absolument pas la limite de sa vision et
de la lumière qui l'éclairé, comme s'il voyait un soleil infiniment
plus lumineux et plus grand que l'univers ; et au milieu, il se
tient lui-même, tout entier transformé en œil. Telle est, à peu près,
cette vision.

La vision de saint 22- — Voilà pourquoi le grand Macaire


Benoît. dit que cette lumière est infinie et supra-
céleste 2. Un autre saint, parmi les plus
parfaits, a vu l'univers entier comme enveloppé par un seul
rayon de ce soleil intelligible 3, bien que lui non plus n'ait pas vu
l'essence et la mesure de ce qu'il voyait, mais seulement la mesure
à laquelle il a pu s'y rendre lui-même réceptif ; par cette contem
plation, par son union supraintelligible avec cette lumière, il
n'a pas appris ce qu'elle était par nature, mais il a appris qu'elle
existait réellement, qu'elle était surnaturelle et suressentielle,
qu'elle était différente de tous les êtres, que son être était absolu
et unique et qu'elle rassemblait mystérieusement tous les êtres
en elle-même. Cette vision de l'Infini n'appartient en permanence
ni à un individu, ni à tous les hommes ensemble. Celui qui ne voit
pas comprend cependant que c'est lui-même qui se trouve dans
l'incapacité de voir, parce qu'il ne s'est pas parfaitement adapté
à l'Esprit par une purification totale ; ce n'est point l'objet de
la vision qui disparaît. Lorsque la vision s'abaisse jusqu'à lui,
le voyant sait bien, d'après la joie semblable à la vision et impas
sible qui jaillit en lui, d'après le calme qu'il ressent dans son esprit,

1 ibid.
• Cfr Macaire-Syméon, De libertate mentis, 21 (PG, XXXIV, 956 A).
' Il s'agit de s. Benoît, le maître du monachisme occidental. Sa Vie, rédigée par
s. Grégoire le Grand et traduite en grec par le pape Zacharie (741-752), était
populaire parmi les moines byzantins. Le passage auquel se réfère ici Palamas se
trouve dans PL, LXVI, 197 B. Le Coisl. 100 porte, en marge de ce passage, l'indi
cation BCVÎ&IKTOÇ.
TRIADE I, 3, 21-22 157

^côç otov ôpâ, à7roKa\imTu<6v p.év, àAA' ovk alodrjTcôv oœp.d-


Ttov, p*rjTe p.évroi rrpos rà kclto) Trepai.vop.evov, pu-tyre irpos
ra avco, p.rjT e-m ra -rrXayia, icaî trépas 5Xa>s oi>x ôpq. tov
ôpa)p.évov Kal TrepiXdp,Trovros avrov <f>a>TÔs, àAA' wavep âv
cl ris fy rjXios àTreipoTrXaoîws XapsrrpÔTepôs Te Kal p.elt,oiv
tov navrôs ' p.éoov 8' êarrjKev avrôs, tSv SXoç ô<f>0aXp.ôs '
tovovtÔv Tt eoriv CKeîvo.

22. Aïo d-neipav p.èv ô fiéyaç Maicaipios Kal vrrepovpdviov


tovtL <f>T}(H to <f>œs. Ilâvra 8è rà ovra, worrep vtto p.lav
nvà 7T€pt€xôfieva aKTÎva tov votjtov tjXIov tovtov, tû>v io
TeXeœTepwv tij €T€pos éûpaKev àylatv, KaiToi KaKeîvos,
oi>x ôvep Kal oaov iarlv eKeîvo, àAA' oaov èavTov eKeivov
Scktikov €ttolt]o-€v I8à)v Kal p.adœv àrro rfjs dewplas Tavrqs
Kal T7js irpôs avro vrrèp vovv éva>aeœs, ov% ôirep iorlv aura
tt)v <f>vatv, àAA' otl iorlv <Ls dXrjdœs, Kal V7rep<f>vès Kal 15
vrrepovo~i6v èariv, âXXo ri rrapà rà ovra navra ôv, ov 8è kv-
plws T€ Kal fxôvov Kal ttôv ov àiropprJTUJS èv éavrœ ovv€iXrj<f>às.
ndvroTe S* èvl 77 Trâai to aTreipov tovto ov)( êpârai. 'O
8è /mt) ôpôjv ovvlrjoiv à>s avros ôpâv àSwarcî p.r) TeXeiws Si'
èvreXeorépas KaOapôrqTos èvapp.oo8els tû) Tlve.vp.aTi, àAA 20
ovyl to ôpœpevov Aa/xjSaWi Trépas. "Otc toLvvv to. ttjs décu
plas îrrrofiéfirjKev, è/c ttjs 7rrjya£,op,évr]s ôpoias ànadovs tû>
ôpûJVTi dvp/rj8ias Kal yaXrjvrjs voepâs Kal tov àvaKaiop.évov
Tjvpos rrjs trpôs tov Qeôv àyârr-qs, aKpifiws ol8ev o ôpœv Sri
tovto èorw eKeîvo to <f>â>s, el Kal dp.v8poTepov ôpâ ' Kal 25
KaT àvaXoylav Se rfjs Oeapéorov -npâ^eois, ttjs Te t&v
dXXœv TrdvTùJV àiroxTJS Kal rfjs Trpoooxfjs ttjs Trpooevxrjs Kal

CVSL
24 ràv ont. VS.
I58 GRÉGOIRE PALAMAS

d'après le feu de l'amour divin allumé en lui, il sait qu'il s'agit


bien de cette lumière, même s'il la voit d'une façon assez obscure.
D'une façon analogique, il fait toujours des progrès dans les
pratiques agréables à Dieu, dans son refus de tout le reste, dans
l'application à la prière et dans l'élévation totale de son âme
vers Dieu, et, en même temps, il fait l'expérience d'une contem
plation plus resplendissante encore. Il comprend alors que sa
vision est infinie parce qu'elle est l'Infini, et parce qu'il ne voit
pas la limite de son éclat ; mais il voit d'autant plus combien
débile est sa propre capacité de recevoir la lumière.

« Plus-que-Dieu ». 23. — Mais il ne considère pas que la


vision dont il a été rendu digne est sim
plement la nature de Dieu. Comme l'âme communique la vie au
corps animé (et nous appelons cette vie « âme », tout en sachant
que l'âme qui est en nous et qui nous communique la vie est
distincte de cette vie), ainsi Dieu qui habite dans l'âme théophore
lui communique la lumière. Cependant, l'union du Dieu tout-
puissant avec ceux qui en sont dignes transcende cette lumière :
Dieu, tout en demeurant tout entier en lui-même, habite tout
entier en nous par sa puissance suressentielle et nous communique
non pas sa nature, mais sa propre gloire et son éclat. Cette lu
mière est donc divine et les saints l'appellent justement « Divi
nité », car elle est source de déification. Elle n'est donc pas seule
ment « Divinité », mais « déification-en-soi » * et théarchie.
Elle apparaît comme une distinction et une multiplication
du Dieu unique 2 ; mais elle n'en est pas moins Celui qui est
Principe-de-Divinité, plus-que-Dieu et plus-que-Principe. Elle
est l'Unique dans l'unique Divinité ; c'est pour cette raison qu'elle
est Principe-de-Divinité, plus-que-Dieu et plus-que-Principe,
car Dieu est l'Existence de cette Divinité, comme les docteurs de
l'Église l'ont enseigné à la suite du grand Aréopagite Denys,
en appelant « Divinité » le don déifiant qui procède de Dieu.
Lorsque Gaïos demanda au même Denys comment Dieu peut être
au-dessus de la théarchie, il lui répondit dans sa lettre : Si tu

» Cfr Ps.-Denys, De div. nomin.. XI, 6 (PG, III, 956 A).


» lbid., II, 11 (PG, III, 649 B) ; V, 8 (PG, III, 824 A).
TRIADE I, 3, 22-23 *59

TTJS TTpOÇ TOV 0€OV €K faXT^S ÔÀtJÇ àvaV€ V(J€toS èirl T<X TfpOaiU
(f>epôp.€vos àel Kal Siavyecrrépas iT€iptùp.€vos ttjç Oewpias,
Kavrevdev to aTreipov awir/ai. tov 6pœp.€Vov on anEipov
Kal TTJS fièv Xap.TTp6TT]T0S CKclvoV \\ TT€paÇ Ol>X Ôpâ, TfjS 8 I f. I29f
iavrov irpos <f>a>ToXrjtplav €7TtT7j8€idr»jTOS' cti paXXov opâ 5
to aopaves.

23. 'AXX' oùSè aÙTÔ olerai ftvai ÔttÀojs ttjv <f>vot,v tov
@€o€, S Ka.Tr]£iu>dr) ^SAcVciv, àXX* wo-nep îmo rfjs ^XV^
•q t,ojr) iyylverai. tô» èp.tfiv'xV owpœri, Xéyopev 8è Kal tt)v
£,a>r)v av-rrjv ipvxrfv, àXX' tap.ev dXXo ti napà tclvttjv 10
ovaav tt)v iv rjp.lv ovuav Kal rrapeKTiKrjv Çojrjs ipvxrjv, ovtio
Kal rfj 6eo<f)6pu) *pvxfj ^>7T0 T°û èvotKovvros 0eov iyyiverai
to <f>â>s. 'AXXà Kal îmèp tovto èartv r) tov Travavrlov 0nov
npos tovs r)£ia>p.évovs êvœoiç, ko.9' tnrepovatov Svvap.iv Kal
5Xov pévovTOS iv iavTÛ» Kal oAt/ccûç oikovvtos iv r)p.îv Kal 15
/ieTaSiSo^Toç r)p.lv ov Trjs oiKeîaç <f>vcr€u>ç, àXXà ttjç oiKetas
86£rjç Te Kal Xap,TrpÔT7]Tos . @eîov ovv eori touti to <j>ws
Kal OeÔTTjs vrro rôiv àyiaiv ovopdt^Tai 8i/caîa>s ' deoTroieî
ydp ' ovkovv ov tovto pôvov, àXXà Kal avTodéw&tç Kal Oeap-
^ia, Kal 8o*ceî pèv elvai tov ivos 0eov Siax/noiç Kal rroXvTrXa- 20
aiaap.6s, êori Se ov8èv Jjttov 6 àpxîdtoç Kal îmépdeos Kal
viT€pdpx<.os , et? cv p,t,â OeÔTrjTi, Kal Sià tovto àpxîôeos Kal
vnepdeos kcu îmepapxios , eTreiSr) TavTrjs ttjç deôrrjToç
eoTiv VTToaTaTrjs , eus 01 T-qç ' EKKXrjalas 8i8âo/caAot Karà '
tov 'ApeoTrayÎTrjv p.éyav Aiovvaiov e<f>aoav, deoTr/Ta Xéyovres 25
ttjv QeoTTOiov ck 0€ov TTpoeXr/Xvdvîav 8a>pedv. Kal toLvvv
6 avroç rata» ypd<f>wv ttws îmèp dcapxîav 6 &e6s eoTiv èpœrq-
aavri « et deoTr/Ta » ^1701 « vorjoais to ^p^/xa toû Ocottoiov
» Sojpov Kad' S Qeovpeda Kal el tovto yiverai àpxfj tov

CVSL
IÔO GRÉGOIRE PALAMAS

considères comme « Divinité » la réalité du Don déifiant qui nous


déifie et si ce don est Principe de déification, Celui qui est au-dessus
de tout Principe est au-delà de ce que tu appelles ainsi Divinité l.
Les Pères disent donc que la grâce divine de la lumière suprasen-
sible est Dieu. Mais Dieu dans sa nature ne s'identifie pas seule
ment à cette grâce, car il peut non seulement illuminer et déifier
l'intelligence, mais faire sortir du non-être toute essence intel
lectuelle.

ÉUe 24. — Vois-tu ? Ceux qui voient la


au mont Horeb. lumière la considèrent pourtant comme
invisible, mieux que ne le feraient les
plus experts dans la sagesse profane. Ceux qui se sont élevés à
ce degré de la contemplation savent qu'ils voient une lumière
avec leur sens intellectuel ; ils savent que cette lumière est Dieu
qui, par sa grâce, rend mystérieusement lumineux dans l'union
ceux qui y participent. Et si tu leur demandes comment ils
voient l'Invisible, ils te répondront : Ce n'est pas avec des discours
qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit
Saint *. Ils ne manquent en effet de rien, ils n'ont pas besoin
de sagesse humaine, car ils possèdent l'enseignement de l'Esprit
et ce qui fait leur gloire, comme celle de l'Apôtre, c'est qu'ils se sont
conduits dans le monde avec simplicité, pureté et grâce de Dieu, et non
avec une sagesse charnelle 3. Ils te répondront donc pieusement :
Les choses divines, 6 homme, ne sont point limitées par la connais
sance qui nous est propre; au contraire, de nombreuses choses que
nous ignorons ont leur origine en Dieu. C'est donc, suivant le même
Apôtre, en comparant le spirituel au spirituel 4, que nous établis
sons la grâce de la Nouvelle Alliance d'après l'Ancienne. L'Apôtre
a appelé « comparaison » cette démonstration à partir des choses
anciennes, car après avoir ainsi « établi » les choses nouvelles,
on montre aussi que les dons de la grâce sont supérieurs à ceux
de la loi. Si on leur demande comment on peut voir l'invisible
lumière, ceux qui vivent et voient par l'Esprit répondront donc :

1 Epist. II (PG. III. 1068-1069 A).


» / Cor., II, 13.
» // Cor., I, 12.
« / Cor., II, 13.
TRIADE I, 3, 23-24 IÔI

» deovoOai, rfjç ovto) Aeyo/teKijç deôrrjToç 6 irâ(rqs OLpjçrjs


» îmepdpxiôs ioriv irreKeiva ». GeoXoyeÎTai TOiyapovv \mo
Ttov Trarépœv 17 ôeia X^PIS T°û v^èp aïadrjmv <f>a>T6s, àXX'
ov Tovd' àTrXwç icm tt]v <f>voiv 6 Oeôs, ov ^am'£eiv fiôvov
kclI deovv 8vvdp.evos tov vovv, àXXà Kal napâyeiv eV p.rj ovtojv 5
irâaav voepàv ovoiav.

24. El8es ttîùç Kal âpœvrcs avrov àoparov yyouvrai


KpcÎTTOv f} K<rrà tovs ttjv e£a> oo<f>Lav irepiTToiis ,' "Iaaoi
p.èv ovv oi npos tovto 6ea>pîas àva^e^rjKÔrcs on <f>wç
épwoiv aloOrjoei voepâ Kal on rô <f>â>s tovto 6 Geés iori, 10
ttj ivwan, \âpni Xap.irpvv(uv à.TTopprfp'Ois tovs p.€Té\ovras-
*Av S' iporrâs avrovs môs ô àâpaTos ôpârat, aTTOKpiÔtf-
aovral 001 ' « Ovk iv 8i8aKTOÎs àvdpamlvrjs oo<f>las Xôyoïs,
» àÀA' iv 8t8a/cToîs riv€vp.aTos àylov ». 'AvevSeeîs yâp
(loi Kal rfjs àvdpu)Trlv7)s oo<f>ias ov hiovrai, ttjv SiSaoKaXlav 15
é^ovre? tov IJv€vp.aTOS Kal /xerà tov 'AitootoXov Tavrrjv
exovrcs tt\v Kavyr\aiv * °TL iv â7rAoTTjTi Kal elAu<pLveîa
» Kal yâpiTi 0eov, àXX' ovk iv o~o<f>ta aapKiKjj âv€OTpdtf>7)o-av
» iv tû> Koofiip ». 'Aito II KpiB-t\aovTai 001 toLvvv eùXafiœs I f- 129"
côç « ovk iv Trj Ka8' r)p,âs yvwoei TT€piypd<f>€Tai rà delà, cS 20
» â.vdpœ7T€, TToXXà 8è tô>v v<J>' rjp.wv àyvoovp.ivojv airtaç
» l^ei Bcoirpeirels ' ffV€vp,aTiKoîs ovv 7rvcvp.aTiKa avyKpl-
» vovreç^KaTO. tov avrov 'AttootoXov, e/c tt\s iraXaiâs hiaQrf-
» K7)ç ràç rfjs Katvrjs fiefiauDoôfieda \dpnas ». Aià tovto
Se ovyKpiaiv t^v e/c t&v vaXaicûv àwôSei^iv o *Att6otoXos 25
ù)v6p.aoev, inel /ncTa T77? è/ceî#ev ficfiaiôioetos Kal p.elÇa>
SetKWTai twv vop.iKÛ>v Ta ttjs x<*PlTOS S6p.aTa. Kal toIvw
ipovaiv ol TIvevp.aTt. Kal ^âtvres Kai opâtvres irpos tovs
ipayrœvras irûs ôpârai to àôparov <f>â>s ' « 'Qs Kal 6 6e6iTTrjs

CVSL
23 oùtÔv om. L.
IÔ2 GRÉGOIRE PALAMAS

Comme l'a vue Élie, le contemplateur de Dieu; le manteau dont


il s'est enveloppé le visage x montre qu'il ne voyait pas d'une manière
sensible ; cependant, le surnom que tous lui reconnaissent 2 témoigne
et proclame manifestement qu'il a bien vu Dieu, bien qu'il ait caché
avec son manteau ses yeux sensibles; tout le monde l'appelle, en
effet, « contemplateur de Dieu » et même, au superlatif, « le plus
grand des contemplateurs de Dieu ».

Préfiguration, réa- 25. — Et si on leur demande encore :


lité, anticipation. Pourquoi dites-vous que la prière résonne
mystiquement dans vos entrailles et qu'est-ce
qui met votre cœur en mouvement?, ils mettront en valeur le trem
blement de terre que sentit Élie et qui précéda l'apparition mani
feste et intellectuelle de Dieu 3, et aussi les entrailles d'Isaïe qui
résonnent *. Et si on leur demande encore pourquoi la prière
produit en nous de la chaleur, ils parleront du feu que le même
Élie désigne comme un signe de Dieu avant son apparition, un
signe qui doit encore se transformer en brise légère 5, s'il est sur
le point, en revêtant le rayon divin, de désigner l'Invisible
à celui qui le contemple. Ils parleront encore d'Élie qui appa
raît et est réellement comme du feu, lorsqu'il monte un char
de feu avec son corps 6. Ils parleront aussi de l'autre prophète
dont les entrailles furent brûlées comme par du feu : c'était la
parole de Dieu qui était devenue feu en lui 7. Et si tu veux
faire d'autres enquêtes sur ce qui se produit mystiquement
en eux, ils proclameront des choses presque semblables, en les
comparant, comme nous l'avons dit, à des choses également spiri-

1 /// (I) Rois, XIX 13 (ce passage du Livre des Rois fait partie des lectures
bibliques du 6 août, jour de la Transfiguration).
• Celui de fltôwrijs. Palamas mentionne à plusieurs reprises le prophète Élie
comme l'un des modèles de l'hésychasme(cfr Deuxième lettre à Barlaam, Coisl. 100,
fol. iooT ; cfr supra, Tr. I, 2, 10). Il suit en cela une tradition patristique et litur
gique bien établie en Orient (voir Th. Spassky, Le culte du prophète Élie et sa
figure dans la tradition orientale, dans£/ie le Prophète [Études Carmélitaines, 1956],
I, p. 221-223).
» /// (I) Rois. XIX, 12.
4 Is , XVI, 11.
• /// (1) Rois, XIX, 12.
• IV fil) Rois, II, 11.
' Clr J^.ktMiE, XX, 8-9.
TRIADE I, 3, 24-25 163

» €K€Îvos eœpaxev HXias ' ôri yàp ovk aladrjrœs ixelvos


» cîSev, éSci^cv rj èiTLTediijxîvrj tô> -npoodynui fir)\<onj ' oti
» Se tov Oeov éatpaKe, rrj fj/qXoyrfj tous aladrjrovs èirr^Xv-
» ydoaç 6<f>6aXp.ovs , fidprvç tc Kal xrjpvÇ àÇtôXoyoç to
» napà -nâai tovtov tt^ç èrrcovofilaç yvu>ptop,a ' deoTrrrjs ydp, 5
» p.âXXov Se Kal fied* VTTepfioXrjç deonTiKtoTaTOS , aKovei
» TTapà TrâvTCjv ».

25. Kâv aSdis êprjTal ris tovs tolovtovs « ri 8" 5 <f>are


» fJLVOTlKiÔÇ €V7j)(€ÎV VpÛV T7]V CV)(rjV €V rois iyKaTois Kal Tt
» to tt]v KapSlav ovyKivovv », tov avrov 7rdXi.v tov 'HXlov 10
TTpopaXovvrai arvooeiofiàv, irpoolfitov ovra rrjç i/j.<f>avovs
voepâs Oeov €Tri<f>avelas, Kal ttjv « rj-^ovoav KoiXiav » 'Haaîov.
Tâ> Se 7rpooepop.évw « tls Se Kal 17 àiro ttjç ev^rjç iyyivop.évr)
» dépp.7] », to irvp îmoheLÇovoiv , 5 <f>T)ow avros avdiç 6 'HXias,
crr)p,eîov p,èv Oeov, ooov oûVa» èiA<f>avi£,op.évov , heofiévov S' 15
èVi rfjs irpôs aiïpav Xeirt-r^v fieraTToi^aecos , el p,éXXeu èv iavTÔ>
ttjv Oelav $et;dp.evov aKTÎva tô> irpooopûtVTi helÇew tov
àôpaTov, Kal avrov 8è tov 'HXlav a»ç irvp re ovra Kal <f>ai.-
vofievov Kal ■trvpwov ava/3aivovra âpp.a p.erà oâtp.aTOS, àXXà
Kai tov dis vrro -nvpos Kai6p.evov rà airXdyxva êrepov irpo<f>-q- 20
tt]v, Kal Taûra tov Xôyov tov Oeov a»? irvp yevofiévov èv
aura». Kâv âXXo ti tû>v iv avToîs fivoTiKœç èvepyovfiévwv
i£eTa£r)s, eKeîvot toî? ép,olois Trvevp.aTt.Koîs ovyKplvovreç ,
<ôç €<fyr)itev, ra irapairXrjoid 001 helÇovoi Kal koivjj irpoç vâma
<f>tfaovoi\« Ovk aKoveiç, âvdpoj-ne, 5ti dprov àyyéX<ov £<f>a- 25
» ycv dvdputTTOs ; Ovk âicoueiç toû Kvpiov XéyovTos otl
» Saiorci Ilv€vp.a âytov toîç alrovoiv avrov rjp,épas Kal vvk-
» toî/» Tiç oSv 6 TÔiv àyyéXœv àpros ,' Ov to deîov Kal
mrcpovpdviov <f>œç 10 €itc Kar è-m^oXrjv, cire Karà napa-
hoyrfv, imkp vovv 01 vde? evoûi'Tai, «raTa tov p.éyav Aiovvaiov ; 30
Toutou toIvw tov <f>a>Tos tt/v elç avdpumovs eXXap.tffiv

CVSL

3-4 jiriXvyâoat V.
164 GRÉGOIRE PALAMAS

tuelles. Ils diront toujours et à tous : N'entends-tu pas, homme,


qu'un homme a mangé le pain des anges 1 ? N'entends-tu pas le Sei
gneur dire qu'il donnera l'Esprit Saint à ceux qui le réclameront
de jour et de nuit 2 ? Qu'est-ce que le pain des anges ? N'est-ce
pas la lumière divine et supracéleste à laquelle, suivant le grand
Denys, les esprits s'unissent soit directement, soit par transmis
sion 3, d'une façon qui transcende l'esprit ? Dieu a préfiguré le
jaillissement de cette lumière aux hommes, en envoyant pendant
quarante ans la manne du ciel. Le Christ l'a accompli, en envoyant
l'illumination de l'Esprit à ceux qui croient fermement en lui
et qui rendent leur foi manifeste par leurs oeuvres, en leur pro
posant son Corps illuminateur en nourriture ; et ce dernier est
un gage de la mystérieuse communion à Jésus encore à venir.
Et il n'y a rien d'étonnant à ce que ces événements de l'Ancienne
Alliance aient préfiguré d'autres grâces du Christ. Vois-tu donc
que ces illuminations symboliques font apparaître une illumi
nation intellectuelle et des mystères autres que la connaissance ?

Le préambule de 26- — Mais puisque ces gens qui


la Parousle. repoussent la lumière divine de la grâce
affirment, comme tu le dis, que la lumière
apparue au Thabor était une lumière sensible, nous leur deman
derons d'abord s'ils considèrent comme Dieu la lumière qui alors
resplendit sur les disciples choisis. Car s'ils ne la considèrent
pas comme Dieu, c'est Pierre qui les convaincra d'erreur :
selon Marc, il veilla sur la montagne et vit la gloire du Christ *
et dans la seconde de ses épîtres il écrit lui-même qu'il a contemplé
sa majesté, lorsqu'il était avec lui sur la montagne sainte 8. C'est
l'interprète à la langue d'or des prédications évangéliques qui
leur fermera manifestement la bouche ; il dit en effet : Le Seigneur
apparut plus resplendissant, le corps conservant sa forme, mais la
Divinité montrant ses rayons. Enfin, leurs lèvres seront définiti
vement fermées par Denys le Grand qui appelle clairement

1 Ps. LXXVII (LXXVIII), 25.


» Luc, XI, 13 et XVIII, 7.
» CfrDe div. nomin., I, 5 (PG, III, 593 BC).
« Marc, IX, 2-8.
* II Pierre, I, 16, 18.
TRIADE I, 3, 25-26 165

■npoimlypa^it fiev 6 Oeos irrl TeooapaKovraeTrj %p6vov || | f. 130*


âvœdev to fiâwa Kadiels, èirXrjpoiac Se 6 Xpiarôs, toîs
plefialwç elç avrov moreuouai ko.1 Si' epyœv rr)v ttLotiv
€7ri8eiKwp,évois ivicls tov <f>(OTicrp.ov tov riverj/xaTos Kal to
<f>(i)TicmKov avrov aûjfia irporidép.cvos ei? fipîooiv ' Kal tovto 5
yàp àppafiœv tort rfjs àiroppr\rov Karà. ro p,éXXov 'Irjoov
Kotvwvias. El 8è Kal âXXo ti tûv 17/AÎv vtto Xpiorov oeouipr]-
\1iv0iV TrpovTréypatpav cVcîva, 6avp,aarov oùSév. 'AXX' ôpâs
Sri koI àiro rœv ovp.f$oXiKœv ckcIviov <f>a>Tiop.û>v àva<f>aîverai
<f>ojriop^s ris voepos koI p.v<rrrjpia crêpa irapà T-qv yvœoiv ; 10

26. Eirei 8è aladrp-ov €<jyqs Xéyeiv <f>ws to <f>avèv èv


Qafiùjplu) rovs to deîov rrjs x°Pltos ànwdovpiévovs <f>îos,
irpôrrov /zèv ipœrt]oofi€v avrovs cl dcoXoyovoi to vepiaorpâ-
*l>av rqviKavra <f>â>s ev Oafïajplcp rovs rœv p.a6r)rû>v eKKpl-
tovs. Ei yàp p.r] deoXoyovoiv, iXéyÇei /ièv avrovs ô IJérpoç, 15
ev p,ev rôt opei Karà MdpKov Siayprjyopijoas Kaï t8a>v tt/v
8o£av Xpiorov, ev 8è rij Seureoa tû>v eVioroÀtûv avros
ypdcfxov « €iroTTT€VO~ai rfjv p.eyaX€i6rr)ra avrov, ovv aùrcD
» cuv ev râ> opei tô> àyicp ». 'Eiriorofjiîoei 8è avrovs Xaynrpôjs ,
o xPvaV yXcjrrrj rà evayyeXiKa Krjpvyfiara ?>iaoa<f>ojv ' 20
(fyrjol ydp ' « Aap.Trp6repos éavrov ecéai'vcTo ô Kvpios, tov
» fièv owp.aros p.ivovros èm tov o^rj^o-TOS , rijs Se deôrrjTOS
» irapa8ei£doT]s ràs aKTÎvas avrrjs ». 'Ep,<f>pd£ei Se avrwv
TeAecuç rà orôfiara Aiovvoios o p.éyas, « deocpdveiav » aÙTÔ
Kal « deonrlav » oa<f>ws àiroKaXîov, irpos Se Kal rprjyôpios o 25
rrjs OeoXoyias eVcivu/io?, « <f>ô>s » Xeyaiv « rj 7raoaS€i^06Îcra

CVSL
166 GRÉGOIRE PALAMAS

cet événement théophanie et contemplation de Dieu 1. De plus,


Grégoire, surnommé le Théologien, dit que la Divinité manifestée
aux disciples sur la montagne était une lumière *. Avec beaucoup
d'autres, enfin, Syméon, qui de sa belle langue a célébré les
vies de presque tous les saints, écrit que le Théologien particu
lièrement aimé du Christ a vu la Divinité même du Verbe dé
voilée 3 sur la montagne. Mais si ces gens, conformément à la
vérité et aux interprètes de la vérité, appellent cette lumière
manifestée « lumière divine » et « lumière de Dieu », ils seront
nécessairement d'accord pour dire que la vision très parfaite de
Dieu est comme une lumière. Voilà pourquoi Moïse l'a vue ainsi,
de même qu'à peu près tous les prophètes, particulièrement ceux
auxquels il est apparu lorsqu'ils veillaient et non durant leur
sommeil. Mais soit : toutes les visions sacrées des prophètes
avaient un caractère symbolique, puisque nos contradicteurs
le veulent ainsi. Pourtant, la vision révélée aux apôtres sur le
Thabor n'était pas une lumière symbolique qui apparaît, puis
disparaît. Elle possède, en effet, la valeur de la seconde venue
du Christ qui est à venir : cette même lumière illuminera éternel
lement ceux qui en seront dignes au siècle sans fin, comme le dit
le divin Denys 4. C'est pourquoi le grand Basile en parle comme
du prélude de cette seconde venue 5. Et le Seigneur dans les
Évangiles l'appelle Royaume de Dieu 6.

La lumière divine 27. — Pourquoi s'opposent-ils donc à


n'est pas sensible, ce que l'on dise des saints qu'ils voient
mystérieusement Dieu comme une lu
mière, alors que cette vision, aujourd'hui comme dans le siècle à
venir, est comme une lumière ? Est-ce parce que ces saints ne
disent pas que cette lumière est sensible, mais l'appellent « intel-

1 De div. nomin., I, 4 (PG, III, 592 C).


• Hom., XL, 6 (PG, XXXVI, 365 A).
• Syméon Métaphraste, Vie de s. Jean l'Évangéliste, 1 (PG, CXVI, 685 D).
• De div. nomin. (ibid.).
• In Ps. XLIV (PG, XXI X, 400 CD).
• Matth., XVI, 28 ; Marc, IX, 1 ; Luc, IX, 27. L'interprétation de ces versets
comme se rapportant à la Transfiguration est traditionnelle. Voir Chrysostome,
In Matth. Hom., LVI, 1 (PG. LVIII, 549) ; s. André de Crète, Hom. VII in
Transfig. (PG, XCVII, 937 A), etc.
TRIADE I, 3, 26-27 z^7

» deôrrjs eVi tov opovs toîç p.adr]Tals », avv ttoXXoîs 8è €T6-


poiç Kal Zvyi€(jjv, 6 ràs noXiTclas tt&vtiov cr^eSôv àytatv
/caAAi€7reia Koap.T]oas , ypd<f>ojv tov Siafepovrcus rjya7T7)p.évov
tû> Xpiorœ ôeoXôyov « avrrjv tt)v tov Aôyov BcÔTrjTa
» Trapayvp.vwdeîoav » irr' opovs « îSeîv ». El 8t tjj 5
àX-qBeîa Kal toÎç ttjç dXrjdelaç {mourais avvioSà « deîov »
Kal « Oeov <f>ws » TTpooayoptvovoi to 6<f>6kv e/ccîvo c^côç,
cruvo/zoAoyTjaoucnv e£ àvdyKrjs <ùs <f>ô>s elvai ttjv toû @eoû
TcÀcwTarr/v #e'av. /liô Kal Mœvcrrjs ovtojs iiôpaKev aùroV,
kclI puKpov tôjv rrpoa)rjTcôv àndvTœv eKaoroç, Kal p.d- 10
Àiora ofç virap, àXX' ovk Svap <ï><f>6rj. Evp.f$oXiKa 8 5p.a>s
S-travr Hotco rà lepà deâpiara e/ceivtuv Kal roiavra old 7rep
/3ovXoivt' âv ol àvTtXéyovres rjp.îv. 'AXX* ov%l Kal rj roîç
àTTooréXois èv Qafiœp aTTOKaXvfideîoa oifjiç tolovto avp.-
fioXiKov vnrjpxe <j>û>s, wç ylveodai Kal aTToyîveaôai. Trjç 15
yàp p,€XXovoT]s Scvrépas tov XpioTov irapovolaç c^ei tÔ
â£tœp.a Kal tovt avTo 7re/uat;ya£ov SirjveKÛç earai tous
dÇlovs «arà || tov clXt]ktov alwva, tôç 6 Oea-rréaios €<frq [ f. 13°"
Aiovvatos, 8iô Kal rrpoolp.iov èKelvrjç Tavrqv o p-éyas elprjKe
BaaîXeios, 6 St Kvpios << fSaaiXeiav » TavTTjv èv evayyeXîois 20
ôvo/za£et « tov Geov ».

27. Ti Toîvvv iyKaXovoi toî? Xéyovoiv otl œs çicôs ànop-


prjTios épœai tov @eov ol âytoi, et ci? c^côs rj déa avTov Kal
vvv Kav TÔ) p.éXXovTL alûvi ; rAp' otl p.rj aladrjTov tovto

Xéyovaiv, àXXà « voepôv », <Ls Kal EoXopiùjv tÔ dytov ôvo/xa^ei 25


IJvevp.a ; Kal firjv avToi ciaiv ol ovKO<f>avTovvT€5 Xeyciv Toi>ç
toiovtovs aiodrjTov <f>û>s /carà tt^v 7rpoaevxrjv Oeâodai
Kal KaT7]yopovvT€s rrdvTœv tô>v aiodrjTov ti tûjv deîajv
XeyôvTwv •xp.piap.dTuyv . FJœs ovv, iavTœv iniXadôp-evoi, tovs
p,rj aladrjTov to c/ttùç to dtlov Xéyovraç KaTrjyoptîodat 30

CVSL
I eVi toû Spovs TOÎç nadrjraîs : roîç ^adrjrals errt toû ôpovi L j 24 Kav
ev VS | 25-26 oVo/iaÇci flv€vfia : flvevfxa ôiofiâ^ti YS.
l68 GRÉGOIRE PALAMAS

lectuelle », comme Salomon appelle le Saint-Esprit 1 ? Et ce sont


les mêmes gens qui les calomnient : ils prétendent contempler,
disent-ils, une lumière sensible durant la prière ! Ils s'opposent
aussi à tous ceux qui admettent quelque élément sensible dans
les charismes divins ! Comment peuvent-ils alors, en s'oubliant
eux-mêmes, couvrir de reproches ceux qui disent de la
lumière divine qu'elle n'est pas sensible ? Vois-tu leur inconsé
quence et leur inconstance ? Ils semblent forts pour calomnier,
mais non pour voir le bien ! Mais qu'ils répondent donc, ces
interprètes infaillibles des apparitions anciennes et nouvelles
de la lumière : s'il arrivait qu'un animal privé de raison soit alors
présent sur la montagne, aurait-il senti cet éclat plus lumineux
que le soleil ? Je ne le crois pas. Il n'est pas écrit, en effet, que
les troupeaux aient senti la gloire du Seigneur qui illumina les
bergers, lors de la naissance du Christ 2. Comment serait-elle
donc sensible, cette lumière ? Les yeux présents et ouverts des
animaux privés de raison, qui voient normalement les choses
sensibles, ne la voient pas lorsqu'elle les éclaire ! Et si ce sont les
yeux sensibles des hommes qui l'ont vue, ils ne l'ont vue que
dans la mesure où ils différaient des yeux privés de raison. En
quoi en différaient-ils ? En une seule chose : c'est l'esprit qui voit
par les yeux humains. Il ne s'agissait donc pas d'une faculté
sensitive, car alors les êtres irraisonnables auraient peut-être
vu aussi la lumière ; s'agissait-il d'une faculté intellectuelle
saisissant la lumière à travers les sens ? Mais non, ce n'était
pas une telle faculté, car n'importe quel œil l'aurait vu luire plus
fort que le soleil, surtout les yeux des gens du voisinage ; donc,
si ce n'est pas cette faculté-là qui permit aux apôtres de voir la
lumière, cette lumière n'était pas, à proprement parler, une
lumière sensible. Par ailleurs, rien de sensible n'est éternel ;
or la lumière de la Divinité, appelée souvent « gloire de Dieu »,
n'a ni commencement ni fin. Elle n'est donc pas sensible.

1 Sagesse, VII, 22.


• Luc, II, 8-10.
TRIADE I, 3, 27 169

oîovrai àÇiovs ', 'Opâç ro àfiéfiaiov ko.1 evireplorarov avriùv ;


Aetvol ydp eloiv ws cockc KaKÙJS Xéyetv, ôAA' ovxl KaXôv
ti owopâv. Où firjv dXXà Kal tout cittÔvtojv oi rfjs waAaiâç
Kal Koivijç <f>arro<f>av€ias aKpifleîs iÇrjyrjral ' et t,œov dXoyov
krvyypve. rare napov èirl tov ôpovs, dp' âv jjodero tov tov 5
rjXiov viTcpXcipAfiavToç ckcivov <f>éyyovs ', Ovk eyœye olp.cu'
Kal yàp oùSè rr\s 7repiXap.<pdor)s &6£r)s Kvpiov roiis iroip.évas
iirl Tjj tov XpioTov yewrjoa alodéodai yéypairrai rà ■noip.vuj..
IJâis toivvv aladrjrov <f>œs o rois Ta acodr^ra opwcn rwv
dXôyotv Çukdv oi>x apurai. ôp.\iaai, irapovoi Kal dvf.iayp.i- 10
vois €7TtXdp.iTov ,' Ei Se toÎç avdpojrnvois aLodrfrtKOÎç op.p.aoiv
œpdd-q, Karà tout' dp' €<opaKaotv avrô, *ca#' S rœv aXôyojv
otpewv otcvrfvoxaoï. 11 077 touto cotl, 11 ye aAAo 17 to
Si' dvdpaiirivojv ôtfieœv tov vovv ôpâv ; El 8è p.r\ tjj alo0T]Ti.Krj
owdp.€t, Taxa yàp âv Kal Ta aAoya iœpwv, dXXà tjj 8ià 15
rfjs alodrfoeios avriXap.f3avop.evj) vorjriKjj owdp.€i, p.âXXov
8è ov8è rairrrj, 7râs yàp âv etSev è<f>6aXp.às, pdXiora 8è ol
irXrfoi6x<opot, Xdp.*{iav {mkp rjXiov * et toivvv p.rj8è rarjrjj
KVpliOS TO <f>WS €K€ÎVO eîSoV, OVK dp' Ov8è TO <f>Û>S TOVTO
Kvpuos alo~dr)r6v. Kal psrjv ov&èv aladrjrov àî8iov ' ro Se rrjs 20
deôrrjros <f>d>s, S ko! 86£a tov 0€ov KaXeîrai 7roAAa^oû,
■npoaiôyvvôv T€ *cat dreXevnjTÔv iarnv. Ovk dpa alaQiyrôv.

CVSL
170 GRÉGOIRE PALAMAS

Une réalité sensi- 28. — Cette lumière n'est pas une


ble peut-elle être lumière sensible, bien que les apôtres aient
încréêfi
été jugés dignes de la percevoir de leurs
yeux, mais grâce à une autre puissance qui n'était pas celle
des sens. Voilà pourquoi, tous les théologiens disent que
l'éclat du visage de Jésus était indicible, inabordable, intem
porel, parce qu'il s'agissait d'une réalité mystérieuse, et que
cet éclat n'était pas à proprement parler accessible aux sens.
Il en est de même de la lumière qui est le séjour des saints, lors
qu'ils partent d'ici pour recevoir le lot qui leur est réservé au
ciel, là où est la lumière dont cet éclat n'était qu'un préambule,
cette lumière qui, dès ici-bas, est accordée aux saints, comme
un gage. Même si tout cela est appelé « lumière » et paraît parfois,
d'une manière étrange, devenir accessible aux sens, il ne s'agit
pas moins d'une réalité qui transcende l'intelligence même et
les appellations que nous y appliquons sont éloignées de la vérité
propre. Comment s'agirait-il de choses sensibles, au sens propre
du mot ? Par ailleurs, lorsque nous faisons les prières pour les
défunts, nous clamons continuellement en nous adressant à
la Bonté théarchique : Place leurs âmes dans un séjour de lumière l.
Quel besoin auraient les âmes d'une lumière sensible ? Pourquoi
seraient-elles affligées par les ténèbres opposées à cette lumière,
s'il s'agissait de ténèbres sensibles ? Vois-tu qu'aucune de ces
choses n'est proprement du domaine qui tombe sous les sens ?
Nous avons montré plus haut qu'il ne s'agit pas non plus sim
plement d'ignorance ou de connaissance, lorsque nous avons
mentionné le feu ténébreux préparé pour la race des démons 2.
Il ne fallait donc pas faire de déclarations sur la mystérieuse et
lumineuse apparition de Jésus sur le Thabor à l'aide de raison
nements inférieurs, c'est-à-dire les raisonnements humains,
et de pensées instables, mais il fallait obéir à la voix des Pères
et attendre la connaissance exacte qui vient avec l'expérience dans
la pureté du cœur. Cette dernière connaissance accomplit en effet
l'union avec cette lumière et apprend mystiquement à ceux qui
la trouvent que cette lumière ne peut être assimilée à aucun

1 Expression d'une prière de l'office des défunts.


* Cfr supra, § 10.
TRIADE I, 3, 28 171

28. El Se fjLT) alaûrjTÔv, et Kal o<f>daXpx>îs XajSeîv aura oi


ànôoroXoi Karr]^iU)dr]aav, àXX" crêpa tlvI 8wdp.ei, Kal ov)(l
tj} atadrjTiKj] ' 816 Kal rrjv Xap.np6rrjra tov "npoaœnov 'Ir/aov
dppTjTov Kal ànpoairov Kal âypovov ol OeoXoyoi -navres Xéyov-
ow, œs ànôpprjrôv ri ovaav, àXX' ovk aladrjTrjv Kvplatç, àjcrnep 5
Kal tÔ <f>wç, S Kal Twv àyiwv iarl rônos p.erà rr)v ivdévSe ckSt]-
fiiav Karà ràs iv ovpavœ XrjÇeis, \\ ônov to <f>â>s, 0$ Kal | f- 13"
npooip.vov avTTj 17 Xapvnpôrrjs fjv Kal iv àppafiâJvos p.épei roîs
àyLoLS Sc'Sotcu ivravda ' el yàp Kal <puna>wp.iKœs KaXeîrai
ravra -navra Kal Sokcî alaOrjaei. vnonlnreiv napa86£ws '°
éariv ôre, âXXà Kal vov viprjXôrepd iari Kal rrjs KaO' eaurà
àXrjdeîas ànoSeovaas é)(ei ràs inajwp.las, nwç ovv aladrjrà
Kvplœs ; Kal p,rjv vnèp twv KeKoip.i)p.évtav ev%às lepàs noiov-
p.evoi, « KaTœraÇov avrœv ràs ipv)(ds » npos rrjv Oeap^LKrjv
CKTevœç j3oœp.ev dyadôrrjTa « iv rôntp <parreivâ> ». Tis ovv 15
Xptîa- raïs ipvxaîs tov alaO^rov <patr6s ,' Tis 8' dp' dvla
Tauraiç /càic tov ivavriov p.év, aiadr/rov 8' 6p.01.ajs okotovs ',
'Opâs côç ovSèv TÔiv TotovTUiv Kvpiuis alaôr/rôv ,' "On 8'
ov8è ànXcôs dyvoia r) yvcoais ravra, npôrepov i8ei£a-
p.ev, rjviKa Kal nepl rov rjTOip.ao-p.evov OKoreivov nvpos -°
rai 8aip.ovt.tp (f>vX<p vnep.vrjaap.ev. 'E)(prjv ovv Kal rrepl
rrjs iv &a{ià>p dnopprjrov 'Irjoov <j>ioro<f>aveîas , p.rj
Xoyiap.oîs SeiXoîç, àvdpœnlvois hrjXovôri, Kal in La<f>aXéaiv
inivoiais àno<f>aiveo6ai, àXXà neiOapxeîv raîs rrarpLKals
<f>œvaîs Kal rr)v iv Kadapôrr/rt KapSlas àKpifir} 8ià rrjs neipas ±5
dvap.éveiv eïhrjaw. Avrrj yàp rr)v npos ro <f>â>s iKeîvo evcoaiv
lepovpyovaa, p.variKÔJs e/c8iSaoxei rovs evp.oiprjKÔras on ro
<j>â»s Tovro rûiv Ôvtojv ioTiv ovhév, d>s rà ôvra navra vnepé^ov.
IJœç ovv ro vnèp rà ovra navra aloQ-qrôv ; Ti Se rwv alodrj-
rûiv ov Krlap.a ', TJws 8è Krîapa rj Xap.np6r-qs tov Qeov ', 30
Ovk âpa aladr\rr\ KvpLojs.

CVSL

6 *\'&t\ht : èyrcûdfy L.
172 GRÉGOIRE PALAMAS

être, car elle transcende tous les êtres. Comment peut-on consi
dérer comme sensible, ce qui transcende tous les êtres ? Quel être
sensible n'est pas une créature ? Comment l'éclat de Dieu se
rait-il une créature ? Cette lumière n'est donc pas, à proprement
parler, sensible.

... et céleste ? 29. — Le grand Macaire dit : Lorsque


l'âme, comme le fils prodigue, retourne
à Dieu, son Maître et son Père, dans la crainte, l'amour et la honte,
Dieu la reçoit, sans penser à ses transgressions, et lui donne un
vêtement de gloire 1, un vêtement de lumière du Christ. Y a-t-il
une autre gloire et une autre lumière du Christ en dehors de celle
que vit Pierre, tout éveillé, lorsqu'il était avec lui sur la montagne
sainte 2 ? Comment deviendrait-elle vêtement de l'âme, si elle
est du domaine sensible ? Ce même théologien dit ailleurs :
Cette lumière est supracèleste 3. Y a-t-il un être sensible qui soit
supracéleste ? Ailleurs, il dit encore : Le Seigneur a fait asseoir
le composé de la nature humaine, assumé par lui, à la droite de la
majesté divine dans les deux *, dans une plénitude de gloire, non
plus seulement sur le visage, comme pour Moïse, mais sur le corps
tout entier 5. Y resplendit-il en vain, si personne ne reçoit cette
lumière ? Oui, en vain, si la lumière est sensible. N'est-elle pas
réellement la nourriture des esprits, celle des anges et celle des
justes ? Voilà pourquoi nous disons au Christ, lorsque nous prions
pour les défunts, de placer leurs âmes là où veille la lumière de
sa face 6. Comment les âmes seraient-elles dans la joie et, pour
dire tout, comment pourraient-elles habiter au milieu d'une
lumière qui resplendirait d'une manière sensible ? Le grand
Basile dit de son côté que, lors de l'apparition du Maître dans
la chair, les hommes qui auront le coeur pur verront éternel
lement cette puissance, dont l'éclat provient du Corps adoré.
Comment pourrait-elle être sensible, cette lumière que l'on voit

» Ecclésiastique, XLV, 7 ; LI, 11.


* II Pierre, I, 16-18.
* Cfr Macaire-Svmbon, De libertate mentis, 21 (PG, XXXIV, 956 A).
« Cfr Hibr., I, 3.
* Ce texte, cité plus bas et attribué par Palamas à la paraphrase de Syméon (IV.
III, 1, 16) ne se trouve pas dans la Patrologie.
* Prière répétée à plusieurs reprises dans l'office byzantin des défunts.
TRIADE I, 3, 29 I73

29. '0 Se fiéyaç MaKapios « ôrav r) ^XV * <f>T]cri « <£ôj8o>


» /ccù àydnT) ko.1 cu<j)(vvr), œs Kai 6 aotoToç viôs, eTTiOTpéiJjr)
» TTpos ràv Ï8iov heoirÔTTjv Kai iraTepa 0e6v, TTpoo-Bé)(€Tai
» aùr^i», p.r) Xoyi£6p.evos rà Trapa7TTu>p.aTa avrrjs, kcl.1
» SlStOOlV aVTTJ GToXtjV 86£r)Ç, TOV (pCOTOS tov Xpiorov ». 5
tç o oAAt^ ùoça Kai (pios cari ApioTov i] r/VTrep oiayprjyopr)-
o~as elSev 6 nérpos « avv aiiTÛ) wv iv tû> ôpei tô> àyla> » ,'
IJœç ouv otoXt) ipvxfjs tovto yiVotr' âv, eiTrep aladr/Tov ;
'AWa.)(ov S' 6 auras deoXôyoç « èiTovpâviôv » ^at « toutI
» to <f>ô>si>. Ti Tolvvv iirovpâviov tôjv alcrdrjTœv / MAAa^oû 10
8' au" « to <f>vpap,a ttjç àvBpcoTrCvrjç <j>v<J€toç, ôrrtp o Kvpios
» àvéXafiev, eKadioé » (pr/aiv « ev Se£tâ t^ç p.eyaAa>crvvr)s
» cv oùpavors1, 7rXrjpes 86£r/s, ovk€ti pôvw tw npocrwiraj, wç
» 6 Mwvoijs, àAA' ô'Àaj rai oœpari ». T^4/)' ouv 6/cet p-ârr/v

<f)aivei, p-r/Sevos avTLXap.fiavop.evov tov <J>ojtos ckcivov ,' 15


M6.TTJV yâp, eînep aluOrjTov. "H tovto ioTiv ws aXrjOtùs
ri tô>v TTvevpaTcov rpoiprj, tûjv t€ àyyéXcov Kai tôùv StKaîœv ;
Aid Kai ■npooevyôp.zvol <f>ap.ev vrrèp tô>v KeK0ip,r)p.éva)v || g f. 1311/
irp6s XpioTov ' « /caTara^ai ràç iftv)(às aÙTtôi' év#a cttio-ko-
» 7T€Î rô <^tDç toû TTpoawTTov atiTov » . 77â»ç ouV a7ToAau- -;°
CTOVTai iftvxac, ttws oè Kai 5Xa>ç ivoKrjvcôaovaiv aladrjTwç
€TnXâp.TTOVTi (pwrl ; 'O 8è /xe'yaç BavlXeios tovç rrjviKavTa
Kadapovs Tr)v KapSlav, /«rrà tt)v 81a oapKoç h€OTTOTiKr)v
i7Ti<pdvet.av , « ôpâv » <j>rjai « Snyve/ccôç tt^v Swa/xiJ' TavTrjv e*c
» toû TrpoaKVVTjTov Siavyd^ovaav ou>p.aTos ». 77tD? otîv 25

CVSL

6 TJvi7cp : ^v V.
174 GRÉGOIRE PALAMAS

par la pureté du cœur ? Suivant Cosmas, le divin mélode, le


Christ avait sur la montagne l'aspect d'une lumière infinie l.
Comment une lumière sensible pourrait-elle être infinie ?

La vision 30. — Et Etienne qui, le premier après


d'Etienne. le Christ, porta témoignage pour le
Christ, fixant ses regards (vers le ciel)
vit les deux s'ouvrir; il y vit aussi la gloire de Dieu et le Christ
qui se tenait debout à la droite de Dieu 2. Est-il donc possible
d'arriver jusqu'aux réalités supracélestes elles-mêmes au moyen
de nos facultés sensitives ? Pourtant cet homme les voyait, tout
en restant ici-bas, sur terre ; et, ce qui est plus admirable encore,
c'est qu'il ne voyait pas seulement le Christ, mais aussi son
Père. Comment, en effet, aurait-il pu voir le Fils à sa droite,
s'il ne l'avait pas vu aussi lui-même ? L'invisible se laisse voir,
vois-tu, par ceux qui ont le cœur purifié, mais d'une manière
qui n'est ni sensible, ni intelligible, ni négative, mais par une puis
sance indicible. Car la sublime majesté et la gloire du Père ne
peuvent en aucune façon être accessibles aux sens. D'autre part,
ce qui était symbolique, c'était la station à la droite, mais non
la vision. Et bien que la station debout elle-même ne soit que le
symbole de Celui qui est fixe et immuable, de la consistance
absolument inchangeable de la nature divine, Etienne a bien vu
indiciblement ce qu'elle était. Car la station à la droite n'était
pas une feinte du Monogène, destinée à montrer une réalité diffé
rente, mais, étant toujours à la droite du Père, il a bien voulu
révéler sa propre gloire à celui qui était encore dans la chair,
mais qui avait abandonné son âme même pour cette gloire.
Par la négation, on ne peut ni voir, ni concevoir, alors qu'Etienne
vit la gloire de Dieu. Et si cette vision était une vision intelli
gible, si elle provenait d'une déduction ou d'une analogie, cela
voudrait dire que nous aussi nous voyons comme lui, car nous
aussi, nous pouvons nous représenter par analogie que le Dieu
devenu homme est debout ou assis aux cieux à la droite de la

1 Acrostiche du premier Canon de la fête du 6 août.


* Clr Actes, VII, 55-56. Ce paragraphe sur la vision d'Etienne est évidemment
inspiré par l'Éloge d'Etienne de s. Grégoire de Nysse.
TRIADE I, 3, 29-30 175

alaOrjTov <f>ws, to 8ià Ka9ap6rr)TOS ttjs Kap8îas ôpwp.evov ',


« Xpiaros 8' ivl aKoirifj aéXas àirXeTov eiSeoç JJke », Karà
tov ôcîov oj8ikov Koapiâv. TIws ovv d^Xerov eiirep aiad-qrôv ,'

30. ET€<j>avos 8e, 6 p.erà Xpiarov îmep Xpiarov 7rpû>TOS


p.apTvpr)cras , « àrevicras e?8e tovs ovpavovs avea>yp,evovs Kai 5
» Sofav èv avroîs ©eov Kal tov Xpiarov èarwTa €K SefiôjJ'
» toû ©eoû ». "Eari Tolvvv aiadrjTiKrjv 8vvap.1v p.é)(pis avrânv
(f>6dveiv rôjv VTrepovpavlœv ', '^4AAà p/rp> oSros Kartodev
€K€Îae dira yrjs éajpa, Kal to p.eît,ov, <bs où tov Xpiarov
p.6vov, dXXà Kal tov avrov IJarépa. IJœs yàp âv €K 8e£iœv 10
avrov èœpa tov Ytov, et p.r/ Kal avrov eKeîvov cfiXenev ,'
'Opâs on ôpârai o doparos vtto tû>v K€Ka9app,évœv rr)v
Kapbiav, aXX ovk aiaBrjTws, ov8c votjtws, ovoè d<f>aip€p,aTi-
kws, àXX' àppTjTO) Tivl 8vvdp,ei; To p.èv yàp TOV VipOVS
îmepfiaXXov Kal 17 Sofa toû Ilarpos ov8ap.â>s irpoolerai rqv 15
aiad-qaiv. £vp.f$oXiKr] 8' 17 ardais "f\v, àAA' ov\ r/ ôpaais-
'AXXà Kal avrr) r) €K oeÇiœv ardais, Kalroi avp,fioXov ovaa
tov nayiov Kal dvaXXotojTov Kal ttjs p-ovip.a)TaT7]s tt\s Oeias
<f>vaecos lopvaeajs, S tfv eKelvr), tovto Kal àpprJTios ecopâro.
Ov yàp îmeKpiveTO ttjv e'/c 8e£iâ>v ardaiv 6 p.ovoyçvr\s , îva 20
eiçij 01a tovtov erepov, aÀA aci wv tov llarpos €K oeçiojv,
ttjv olKeiav 86£av evoÔK-qacv aTTOKaXv^sai en ovri èv aapKi,
TÛ> Kal TTjV lpV)(T]V aVTOV VTT€p TTJS €K€lVOV 86£r]S irpO€p.€V(p.
yA<f>aipep.aTiKÛ>s 8è ovk êvi ti ôpâv, ov8è voeîv ' ckcivos 8è

èœpa 86^av ©eov. NorjTT] 8' emep fy rj ôpaais eKelvr) t) KaT* 25


atri'av r) Karà àvaXoylav, Kal rjp.eîs Xonrov ôp.ola>s jSÀeVouev
è/ceiva», Kai yap Kai 7)p.eîs avaXoyi^6p.e6a ttjv èv ovpavoîs
€K 8e£iû>v ttjs p,eyaXei6TrjTOS ardaiv Kal Ka6é8pav tov
èvavvpojTTiqaavTos 0eov. FIws 8è Kal p.rj irpoTepov Kal àet
SicvoeÎTO tovto o tov çvayyeXlov p.adrjT'^s, dXXà tôt' ivorj- 30
oev avTO ; «'I8oi>» yap <f>rjai « flXéira» toù? ovpavovs àvetp-
» yÔTas Kal tov Ylov tov àvdpcimov e/c SefitSi' èarûJTa
» tov Oeov ». Tis 8è Kal XPe^a fy> avTOV Te * àrevlaai eîs

CVSL
I76 GRÉGOIRE PALAMAS

Majesté divine. Et pourquoi cette vision n'était-elle pas avant


et toujours dans l'esprit du disciple de l'Évangile ? Pourquoi
l'a-t-il saisie seulement à ce moment-là ? Voici, dit-il en effet,
que je vois les deux ouverts et le Fils de l'Homme debout à la droite
de Dieu. Quel besoin avait-il de fixer ses regards vers le ciel et
le ciel de s'ouvrir, si cette vision n'était qu'une connaissance
acquise intelligiblement ? De quelle façon le Protomartyr a-t-il
donc eu cette vision, s'il ne voyait ni intelligiblement, ni sensible
ment, ni par la négation, s'il ne concevait les choses divines ni par
déduction, ni par analogie ? J'oserai te le dire : spirituellement ;
comme je l'ai dit à propos de ceux qui voient la pure lumière par
révélation. Et de nombreux Pères l'ont dit avant moi. Le divin
Luc l'enseigne d'ailleurs aussi en disant : Etienne, plein de foi et
d'Esprit Saint, fixant ses regards aux deux, vit la gloire de Dieu. Et
toi aussi, si tu te remplis de foi et d'Esprit Saint, tu peux contem
pler spirituellement les choses qui sont invisibles à l'intelligence
elle-même ; mais si tu restes absolument vide de foi, tu ne croiras
même pas ceux qui témoignent de ce qu'ils ont vu. Car si tu avais
une foi même médiocre, tu écouterais avec piété ceux qui par ex
périence te racontent les mystères dans la mesure où cela est pos
sible ; tu n'abaisserais pas ces mystères au rang des choses
sensibles ou intelligibles, même si ces termes leur sont appliqués,
en combattant ainsi contre la vérité et en la traitant comme une
erreur ; tu ne repousserais pas la grâce mystérieuse de Dieu qui
nous a été donnée.

Le corps reçoit lui 31. — Telle est, en effet, la contempla-


aussi la grâce. tion que les Pères appellent particulière
ment vraie, telle est l'énergie que la prière
communique au cœur, telles sont la chaleur et la joie spirituelles
qui en proviennent, telles sont les larmes joyeuses que nous donne
la grâce. Ce qui est à l'origine de tout cela est essentiellement
acquis par les sens intellectuels. Je dis « les sens », parce que la
perception dont il s'agit est manifeste et claire, exempte d'erreur
et étrangère à l'imagination ; par ailleurs, le corps participe, lui
aussi, d'une certaine façon à la grâce qui agit selon l'esprit : il
entre en harmonie avec elle et devient, lui aussi, sensible au mys
TRIADE I, 3, 30-31 I77

» rov ovpavov » kou tovs ovpavovs « Siavoiyrjvat. », eî yvœais


fy 7) ôpacrts p-ovrj, vorjrœs ■npooyivop.évr\ ; liais ovv || l'JL 13W
iwpaKe ravô' 6 7rpu)T6p.aprvs ckcIvos, el pyre votjt&s e?Se,
/xiyrc aiadrjTws, p.r\r è£ àtro^âaccjs , P-tJtc ko.t alrlav
T] avaXoyiav 8ia.voovp.cvoc rà deîa,' 'Eyœ oot Trappnqaiq, 5
epû> ' TTV€vp.a.T(.KÔ)s, <x>s Kai tous to àicqpaTov <f>ûts Si àiro-
KaXv^eœs àpwvras etrrov, S Kai iroXXol twv Trarépoiv
Trpôrepov iÇeîiTOV. Tovro yovv Kai avros ô deîos i8î8a£e
AovKâs eîirwv ' « ' Yirdpxwv 8è Etc^ovos ttXtjptjs vtorews
» Kai ITv€vp.aTos àyiov, àrevloas els tovs ovpavovs eîSc 10
» 86£av 0eov ». Kai ai) toLvw, âv rrXrjpTjs ttlotcws Kai
I7v€vp.aTos àyiov KaTaarrfjs, rà Kai vw àôpara irvcvp.aTiKws
dedarrj ' et 8è kcvos et -navrâ-naat. ttjs nlorews, ov8è toîs
pLaprvpovaiv S éwpdKaoi moreucreis. Ilicmv yàp i\wv /*€-
rplav yovv eùAajStàs aKovarj rœv 8irjyovp.4vwv Karà to iy%w- 15
povv €K TTJs TTctpaç rà àir6ppT)Ta, p.r\rc irpos rà alaOrjTà
raûra Karao~n(bv rj rà vorjTd, et Kai 6p.wvvp.ws Xéyovrai,
Kai ovrw Karà ttjs àX-qdcias àywvit,op.€vos a>? v-Xavr/s,
p.TjT€ TTjV rjp.îv 8€8op.€V7]V àdcTWV aTTÔppTjTOV X^PlV T°Û ®*OV .

31. Toiovtov ydp ri eori Kai r) « iÇaipérws à\r)dr)s » înro 20


twv irarépwv 6vop.a£,op,évrj dewpia Kai r) ttjs cÙ^tjç iyKap-
8los èvépyeta Kai r) c£ avrrjs 7rvcvp,aTiKr) dépp,rj tc /cat
17801^7 Kai to ck tt)s xdpiTos 6vp,r)pes 8a.Kpvov. Ta yàp tovtwv
aÏTia voepâ KvpLws /caTaÀa/zj3av€Tai alo&Tjoet.. Aéyw 8è
alodrjoec, 8ià to Tpavov ko! ivapyès Kai àirXavès Trdvrr] Kai 25

CVSL

10 rov? ovpavovs '■ tov ovpavov L.


I78 GRÉGOIRE PALAMAS

tère caché qui se produit dans l'âme. Il communique aux specta


teurs, qui avec leur sens regardent à ces moments de l'extérieur
ceux qui possèdent la grâce, une certaine perception de ce qui
se produit en ceux-ci. C'est ainsi que resplendit le visage de Moïse,
car l'éclat intérieur de son esprit se répandit aussi sur son corps ;
il resplendit si fort que la profusion de lumière empêchait ceux qui
le regardaient d'une façon sensible de fixer leurs regards sur lui l.
C'est ainsi que le visage sensible d'Etienne apparut comme un
visage d'ange 2 : de l'intérieur, en effet, son esprit reçut un aspect
angélique, parce qu'il imita les anges et acquit ce qui leur est
propre, en s'unissant soit directement, soit par transmission à une
mystérieuse participation à la Lumière qui transcende l'univers.
C'est ainsi que l'Égyptienne Marie, ou plutôt la céleste Marie, en
priant, s'éleva dans les airs corporellement, sensiblement et en
changeant réellement de lieu : lorsque son esprit s'éleva, son corps
s'éleva lui aussi et, quittant la terre, apparut comme un corps
aérien 3.

L'amour divin. 32. — Ainsi, lorsque l'âme est transpor


tée et comme mise en mouvement par
l'amour irrésistible envers l'unique Désirable, le cœur se met,
lui aussi, en mouvement, indiquant par des bonds spirituels qu'il
est en communion avec la grâce, comme s'il s'élançait d'ici-bas
pour rencontrer le Seigneur, lorsqu'il viendra avec son Corps,
dans les nuages, comme il a été promis *. Ainsi dans la prière
continue, lorsqu'apparaît le feu intelligible, lorsque s'allume
l'intelligible flambeau et lorsque, par la contemplation spirituelle,
l'esprit éveille l'amour en une flamme aérienne, le corps, lui aussi,
d'une manière étrange, devient léger et chaud. A ceux qui le
voient, il paraît sortir du feu d'une fournaise sensible, selon l'écri-

1 Exode, XXXIV, 34-35.


• Actes. VI, 15.
* Cfr la Vie de s. Marie l'Égyptienne, § 15 (Acla Sanctorum, Aprilis II, appen-
dix.p. XVI).
« Matth., XXIV, 30 ; Marc, XIII, 26 ; Luc, XXI. 27 ; Actes, I, 11.
TRIADE I, 3, 31-32 179

a<f>âvraaTov ttjs KaTaXrjifjews , Kal rrpos tovtois on accu to


owp.a /icTaAa/xjSavet rrœs ttjs Karà vovv ivepyovp.évrjs ^apiro?
Kal p.erappv6plierai rrpos ravTTjv Kal Xap-fiavet Tivà avvalaQt]-
oiv avro tov Karà fpvxTjv àiropprjTOV pvarqplov , Kal tols
é£wdev alodr}TÛ>ç Karà tov Kaipov iKeîvov fiXérrovoi. tovs 5
K€KT7)p.€vovs aïodrjotv riva Trapéx*i tô>v iv avroîs ivepyov-
p.évu)v. Ovtw Mwoéws eXapipe to rrpôowrrov, ttjs ivres
\ap,7rp6T7]TOS tov vov Karrl to aâ>fia rrepiKexvp.évTjs, Kal
tooovtov ëXap.ipev œs p.t]8è tovs aloôrtTœs irpoo^Xérrovras
aiiTÛ) rrpos tt)v rrepiovaiav ttjs avyrjs iKeîvqs àrevl^eiv €X€U'• I0
Ovtcos â><f>6rj to aladrjTOV rrpéowrrov Urc^âvov , ùtael rrpôaw-
rrov àyyéXov ' Kal yàp êv8o8ev avrâi 6 vovs àyyeXop.i.p,rjTO)s
T€ Kal àyyeXorrperrws , être kot irnfioXriv être Karà rrapa-
8o)(r)v ivovpevos tcû vrrepavtpKiop.év<p tov rravros <f>torl Karà
ftédeÇiv àrrôpprjTov, àyyeXoei8r)s iyiyvero. Ovrœs t) AlyvTrrla, 15
fxâXXov 8' ovpavia, Mapia p-erécopos yéyove Kal to atô/za
€V)(op.évr) TomKÔts Kai aiadrjTws, Kal yâp, vifjovp.évov tov
vov, ovvawipwdr) Kal to oâ>p.a, Kal rfjs yfjs àrravaoràv
co<f>6rj ivaépiov.

32. OvT<u II tt^ç tpvxrjs ivQovaruLorjs Kal oiovel cruy/ci- 20 g f. 1321;


vovp.€vrjs tû> dox^TW ëpajTi tov pôvov i<f>erov Kal t) Kap8ia
ovyKiveÎTai, OKipTT)pam rrvevpaTLKOÎs tt)v Koivioviav ttjs
XapiTOS iv8ei.Kvvp.evrj Kal warrep ivdév8e âpp.œp.évr) rrpos
T17V p.erà aojparos ev ve<f>éXais farà to irrrjyyeXp.ëvov tov
Kvpiov irravTTjv. Ovtws iv rf} ovvtÔvw rrpocrevxjj, tov vor/- 25
tov rrvpos àva<f>avivTOS Kat ttjs vorjTrjs Xap.Trci.8os àva<f>deio~qs
Kal els p.€T€<vpov <j>X6ya Sià rrvevp.aTLKrjs Oeœpias tov vov
tov rrôdov àveyeipavTOS, Kal to oâ>p.a rrapaSoÇœs KOV<f>î£eTat
T€ Kal 8Ladepp.alveTai, ws àrro rrvpos alodrjTrjs Kap.ivov toîs
ôpôiatv iÇiévai 8okcîv, /ccrrà tov avyypaxf>ia rfjs Trvevp.aTi- 30
ktjs àvafïdo'ews. 'Ep.è 8e Kai 6 Karà tt\v rrpoaevxTjv ISpœs

CVSL

23 iv&îvhtv V.
l8o GRÉGOIRE PALAMAS

vain qui a décrit la montée spirituelle 1. Quant à moi, je crois


que la sueur du Christ, durant sa prière 2, est également un signe
de la chaleur sensible que la supplication continue à Dieu peut
seule communiquer au corps. Que répondront-ils à cela, ceux qui
déclarent que la chaleur produite par la prière est d'origine démo
niaque ? Enseigneront-ils à éviter la prière véhémente et continue,
afin que le corps ne reçoive pas, à proportion du combat de l'âme,
la chaleur qu'ils veulent interdire ? Mais qu'ils enseignent donc
une prière qui ne conduit l'homme ni à Dieu, ni à l'imitation de
Dieu, qui ne le transforme pas pour le rendre meilleur ! Quant à
nous, nous savons que, par la douleur volontairement acceptée de
l'ascèse, nous avons repoussé la joie que nous avions, hélas, préférée
après avoir violé le commandement et, durant la prière, nous
goûtons, par nos sens intellectuels, à la joie divine, étrangère à
toute douleur. Le prophète qui a eu l'expérience de cette joie qui,
ô miracle, a transformé le corps lui-même pour le rendre accessible
à l'amour impassible et divin, proclame en face de Dieu : Tes pa
roles sont douces à mou palais, plus douces que le miel à ma bouche 3 ;
et aussi : Que mon âme se remplisse de graisse et d'opulence et ma
bouche le louera, la joie sur les lèvres *. Avec elle et par elle, les
possibilités d'élévation qui se trouvent dans le cœur participent au
bonheur déiforme et au plaisir angélique par la venue divini
sante des éclats divins, comme l'a dit Denys le Grand 8.

Transformation de 33- — L'affliction divinement purifi-


la chair. catrice ne se manifeste pas seulement dans
l'âme des lutteurs spirituels, mais passe
aussi dans le corps et dans la sensibilité du corps : les larmes
douloureuses, versées par ceux qui éprouvent cette douleur à
cause de leur péché, en sont la preuve évidente. Pourquoi alors
ne recevrions-nous pas aussi pieusement les signes de la joie
divine selon l'Esprit, signes manifestés par les sens défaillants du

» S. Jean Climaque, Scala, XXVIII (PG, LXXXVIII, 1137 C).


« Luc, XXH. 44.
1 Ps., CXV1II (CXIX), 103.
* Ps., LXI1 (LXII1), 5.
5 Cfr De coclcsti hicrarcliia, XV, 9 (PG, III, 340 A).
TRIADE I, 3, 32-33 l8l

XpiOToG ttjv iyyivop,ivrp> aladr\TT\v tô> awfiari SiSaa/cet


Qipp.rp> ck pôvrjs rrjs €KT€vovs irpàs tov Oeàv Berjoeœs. Ti
hr) rrpos Tavrrjv (f>i]0ovoiv ol oatpovuoSrj rr/v ck rrpoo-
€VXV$ àno<f>ai.v6fievoi dipp.rjv ', *H Kal tovto SiSafoucu
p.r) ivayœvlios, p-rf' €KT€vœç npoaev)(€crdai,, ïva p.r), Karà 5
Aoyov tov Karà iftvxrjv àyâivos, Kai to awp.a ttjv arrrjyopev-
p.évrjv avroîs èmSe^Tcu dipp/qv ; MAA' ovtoi pèv éarcoaav
8i8ao#caAoi tt}s ^17 -npos 0e6v r) to 0€op.lp,rjTov <f>€povor)s t
p/qhè p.€.TaoK€va£,ovo~qs npos to KpeÎTTOv tov âvdpumov
€V)(r\s. 'Hp.€Îs 8' ïap.ev ci? Kal ttjv tJSovtjv, npos fjv <f>ev 10
7jVTop.oX-qaap.ev ttjs ivroXijç àxp-qviâoavres , 8tà ttjs eKOvalov
Karà ttjv èyicpâreiav 68vvqs àirwdovp.€VOi, /carà ttjv irpoa-
cvxqv aloorjaei voepâ yev6p.€0a ttjs delaç Kal àpiyovs
àSrjvrjs r)8ovrjs, tfs Oavpaaiœs Kal to acop,a npos tov àrradrj
Kal deîov êpœTa peTaoKevaaap.ivqs , ô iv Trelpa yeyovœs l5
jSoâ trpos tov Qeov <bs « yXvKea tô> Xâpvyyi p.ov rà Xôyiâ oov,
» vrrèp /xe'Ai tcô oto/ioti p.ov » Kal d>s « *k OTearos Kal
» ttl6tt)tos ip.TrXrjadelrj r) ^vxq p.ov Kal ^ei'Aei àyaXXidaews
» alvécrei to OTÔpa pov ». Mcd* r)v Kal 8i' -q"s ol àvajSaaet?
iv KapSîa oiaTiOepevoi ttjs « deoetSovs paoTwvqs » Kal àyye- ->o
Xiktjs « ev7radeîas » iv pedéÇei. ylvovrai, « Karà Tas Oeovp-
» yovs tcôv deîcov iXXâpipewv inufroiT-qoeis », ûs At.ovvai.os
é p.eyas eînev.

33. El 8è Kal to Karà @eàv KaBâpaiov irivdos ovk irrl


T-qv ifivxqv pôvov TeXeÎTai. tû>v àycuvi^opivœv , àAA' àiro ->5
TauTTjç Kai em to oœpa kœl ttjv kœtÙ owpa SiajSaîvei aïadrj-
aw, Kal oeîypa tovtov ivapyès to KaTcôovvov toîs i<f>* àpapTrj-
paai nevdovai 8â.Kpvov, Sian' prj Kal rà ttjs Karà IJvevpa
delas r)oovrjs T€Kp.rjpia, Tais xaipoucrcuç tov acôp-aros alodi)-
aeaiv || ivarjpaivôpeva, cùAaj8â>ç irapaoeÇaîpeda ,' Ti Se 3° li f- '33'
Kai 6 Kvpios, ov 8ià tovto « paKapiÇei tovs TrevBovvTas »,
ineiSri « 7TapaKXrjdrjoovTai. », tovtcotl ttjv ^apar, tov Kaprrdv
iv iavTOÎs iÇovoi tov [JvevpaTos ', ^AXXà rrjs TrapaKXrj-

CVSL
182 GRÉGOIRE PALAMAS

corps ? N'est-ce pas la raison pour laquelle le Seigneur dit que les
affligés sont bienheureux et qu'ils seront consolés 1, c'est-à-dire qu'ils
recevront la joie, fruit de l'Esprit ? Mais le corps participe, lui
aussi, de diverses manières à cette consolation ; ceux qui en ont
eu l'expérience le savent ; et d'autre part, les mœurs salutaires
de ces derniers, leurs larmes douces, leur conversation pleine
de charismes avec ceux qui viennent les voir le manifestent même
à ceux qui les regardent de l'extérieur, comme il est dit dans le
Cantique : Dit miel d'abeille coule de ta bouche, ô fiancée 2. L'âme, en
effet, n'est pas seule à recevoir le gage des biens à venir : le corps
le reçoit aussi, lui qui dans ce but parcourt avec elle la course
de l'Évangile. Celui qui ne dit pas cela nie également la vie corpo
relle dans le siècle à venir. Et s'il est vrai que le corps participera
un jour à ces biens mystérieux, maintenant aussi, il peut y parti
ciper, conformément à sa nature, lorsque Dieu donne la grâce
à l'esprit. Pour cette raison, nous disons que ces grâces sont reçues
par les sens, mais nous ajoutons par les sens intellectuels, parce
qu'elles transcendent les sens naturels, parce que l'intelligence
les reçoit en premier lieu, parce que notre intelligence s'élève vers
la Première Intelligence et y participe divinement, dans la mesure
du possible, en se tranformant elle-même et en transformant par
là-même le corps qui lui est attaché pour le rendre plus divin,
en montrant et en figurant ainsi l'absorption de la chair par
l'Esprit dans le siècle à venir. Ce ne sont pas les yeux du corps,
mais les yeux de l'âme qui reçoivent la puissance de l'Esprit
permettant de voir ces choses. Nous appelons donc cette puis
sance « intellectuelle », bien qu'elle soit supérieure à l'intelligence.

Expérience 34. — Par ailleurs, nous empêcherons


de Dieu. ceux qui nous écoutent de considérer
comme matérielles et corporelles ces éner
gies spirituelles et mystérieuses. Ces gens sont justement les
victimes de cette opinion. Avec leurs oreilles impures et sacri
lèges, avec leur pensée qui ne sait ni croire, ni se conformer aux
paroles des Pères, ils ont bien peu saintement reçu l'enseignement
des saints ! Ils l'ont foulé aux pieds et se sont acharnés contre ceux

1 Matth., v, 4.
• Cfr Cantique, IV, 11.
triade i, 3, 33-34 183

aeojs ravrrjs *cat to aâifia p,eTaXayxdvei 7roXvrp6iTa>s , <Lv


tovs p.èv laaaiv ol iv irelpa yeyovoTes, ol 8è /cal toîç éÇœdev
âpwai SfyÀoi to Trpoorjvèç ■Jjdoç, to yXvKv haKpvov, rt yapiroiV
yép.ovaa toîç -npooiovaiv evrevÇis, Kœrà tov iv "Aa p.aaiv
elirôvra * « K.-r\pla p.éXiToç àiro orouaToç aov ordÇovai, 5
» vvp.<f>T] ». Aap.fidvei yàp oi>x 17 fax?! ^ôvov tov àppaj3â>va
Ttov p.eXX6vra>v àyaOœv, àXXà Kal to owua to ovvoiavvov
tov irpos Tavra tov evayyeXlov 8pop.ov. 'O Se p.r) tovto
Xeywv kcÙ tt)v iv tô> p.eXXovri alœvi p.erà acofiaros àmav-
ai'verai Siaytoyqv. El Se Kal to awp.a arvp.p.eOé£ei totc tô>v 10
àTTopprjTOiV €Kelviov dyaOâtv, kcli vvv StJttov avp.p.eOét;ei
Ka.TaXXrfXu>s iavrtp ttjs cvSiSo/xevr/ç rrpos ©eov ^aoiroç TV
va). Aià Taûra yovv aloOrfcrei KaToXap-^dveadal <j>ap,ev aura,
Trpoarldep.€v Se to « voepâ », Sia tc to vvèp alcrOrjoiv etvai
Tavra <pvaiKV[V Kal 8ià to TTpwTws tov vovv etvai tovtojv 15
Scktikov Kal 8ià tt)v irpos tov irpûrrov vovv àvarao-iv tov
■qp,€T€pov vov, 0$ icarà to iyxatpovv ueTaXayxdvatv Oelats,
avros tc Kai 81 avrov to awr/apiévov au>p.a npos to 6ei6-
repov ucracriceua^eTat, SeiKvvs ivrevôev Kal npoot.p.ia£,6-
p.evos rr/v vrro tov IJvevp,aToç irrl tov p,éXXovros alœvos 2°
ttjs aapKos Kardiroaiv. Ov yàp ol 6<f>6aXuol tov aco/u.aroç,
àXX' ol ttjs >pvxVs' TVV ôpœaav Taûra 0vvap.1v tov IIvevuaTos
Xap.{$dvovoi ' 8ià TaÛTa voepàv avi-f/v KaXovuev, i-rrèp voepàv
ovaav.

34. Ilpos 8è toutoiç, (Lç av Kal twv dKovôvrwv tt^v 25


Siavoiav ànelp^ataev tov p.r) vpoavXovs Kal CTajuari/càç
oïeaôai. Taç 7rvevp.aTiKas Kal àiroppiJTovs ivepyelaç rauraç,
ôVep Kal ovtoi. TT€Tr6vdaaiv apriws, 01 jSe/STyAotç Kal àvié-
pois aKoaîs Kal otavoia. wiaTeueiv ovk eiBvîa Kal aroi)(eîv
rats TraTpiKaîs ^aivaîç, àvoalœs rà tû>v ôalœv c/cÀajSouei'oi, 3°
KaTerrdTTjO'dv Te Taûra /cat touç Taûra toÛtoiç irpooti^avras
htipp-q^av, ov 7re1.66p.ev01 tô> peydXw MaKapîip, ïaœs 8è

CVSL
184 GRÉGOIRE PALAMAS

qui le leur ont expliqué. Ils n'ont pas cru le grand Macaire et peut-
être même ne savent-ils pas qu'il dit : Les choses spirituelles sont
inaccessibles aux gens sans expérience, mais la communion au Saint-
Esprit peut être reçue par l'âme sainte et fidèle; les trésors célestes de
l'Esprit ne se manifestent qu'à celui qui les reçoit par l'expérience,
tandis que le non initié ne peut même pas les imaginer 1. Ses paroles à
leur sujet sont pieuses ! Écoute-le, pour que la foi t'atteigne et que
tu sois digne de recevoir ces trésors ! C'est alors que l'expérience
même des yeux de ton âme te montrera à quels biens et à quels
mystères les âmes des chrétiens peuvent communier dès ici-bas.
Mais lorsque tu entends parler des « yeux de l'âme » qui pos
sèdent l'expérience même des trésors célestes, ne les confonds
pas avec la « raison ». Cette dernière, en effet, exerce ses facultés
aussi bien sur les choses sensibles que sur les choses intellectuelles ;
toutefois, pense donc à une ville que tu n'as pas encore vue :
tu n'en as pas l'expérience par le seul fait d'y penser ; ainsi, par
le seul fait de penser et de parler au sujet de Dieu et des choses
divines, tu n'en acquiers pas l'expérience. Si tu ne possèdes pas
de l'or d'une façon sensible, si tu ne le tiens pas dans tes deux
mains sensiblement, si tu ne le vois pas de tes yeux sensibles,
tu ne le tiens pas, tu ne le vois pas et tu ne le possèdes pas, même
si la pensée de l'or passe dix mille fois dans ta tête : ainsi, même
en pensant dix mille fois aux trésors divins, sans éprouver par
l'expérience les choses divines et sans les voir avec les yeux intel
lectuels qui transcendent la raison, tu ne vois rien, tu n'as rien,
tu ne possèdes véritablement aucune des choses divines. J'ai
parlé d'« yeux intellectuels », parce que c'est en eux que survient
la puissance de l'Esprit qui leur permet de voir ces choses : pour
tant, cette toute sainte vision de la lumière très divine et plus
que lumineuse transcende les yeux intellectuels eux-mêmes.

La lumière du 35. — Voilà pourquoi, le Seigneur n'a


siècle à venir. pas appelé tous ses disciples, mais des
disciples choisis, à cette vision spirituelle
qui apparut sur le Thabor, indicible et invisible pour les facultés

1 Comme dans Tr. I, 2, 3 et Tr. I, 3, 7, il semble qu'il s'agisse ici d'une version
inédite de Macaire ; voir passages assez semblables dans Hom., XVIII, 1-3
(PG, XXXIV, 633-636) et dans Macaire-Syméon, De charitale, 24-26 (*&»<*.. 928-
929).
triade i, 3, 34-35 185

/litjSc 7rvd6fj.€vot avrov Xèyovros " « "Atpavard èart. toîs àirei-


» pois to nvevfiaT(.K(i ' foxH ^ ^yiV Kat wiorg irpos kotoAt}-
» xftiv épierai r) toû âyiou Tlvcéfiaros Koivcovia, Kal ol
» èirovpâvtoi toû FIvevfiaTos drjaavpol tô> velpa irapaXa^ôvrt.
» fiôvœ ylvovrat. Kara^aveîs ' àp.vr)T<x> 8k ov8è èwoTJacu 5
» Svvœrov tÔ Trapâirav ». EvXafîœs roiwv <f>r/al nepl avrœv'
Ôkovc, fiéxpiç âv kclL crol yévoiTo marevovri. \\ KaTa£t.a)9rjvat, | f- iss^
TOi/rtKV tu^civ ' totc yàp e?a^ avrfj Treipa tô>v ttjs iftvxrjs
o<f>9aXp.wv ouov àyadœv Kal p.vaTt]pluiv tf/v^al xPiaTlav<Â>v
KavravOa koohuvcîv 8vvavrat.. ' 0<f>6aXp.ovs 8è >pvxVs o.kov- 10
œv avrij rrelpa ytvwaKovras tovs èirovpavlovs Orjaav-
povs, p.r) ttjv 8t.aivot.av vop.lor)s. Avtt) yàp /cal Ta
alo-dr/rà Kal rà voepà i-morrjs Siavor/rà 81 èavTrjs ttoicî.
Kadâircp 8è rjv ovttu) el8cs tréXw, et 8iavoij rrepl avrrjs,
ov rai SuLvoeîadat. ravnjv èv Treipa yèyovas avrrjç, ovrio 15
*cat irepï Seov Kal tcDv delatv, ov tô> 8iavoeîadai ravra Kal
deoXoyevv èv irelpq tovtuiv ylvr\. Kal KaBâirep xpvoôv, ei
p.r) aladrjTœs Krqarj Kal aladrjTœs *Xeis Ta^v X€P°^V Ka*
aïadrjTws ôpq.ç, kÔLv p.vpié.Kis v6rjp.a xPva°v *v 8iavola
Xdfirjs, rJKicrra Karèxeis rj ôpâs rj /ce/cr^o-cu \pva6v, ovrœ 20
Kav /j.vpicLKiç 7T€pl twv delatv drjaavpâiv 8iavorjo"r), p,r) irdOrjs
8è Ta deîa, p.r)8€ t8r)s roîs voepoîs ko! vTTcpdviu ttjs 8iavolas
ô<f>6aXpoîs, ovtc ôpâs, ovre exets, ovre K€KTT)aal ri tô>v
deUov à\r)6â>s. Noepoîs Se cIttov 6<j>daXp.oîs , (Ls avroîs èyyi-
vop.évqs ttjs rov Tlvt.vp.aTOS Svva/xecoç, 81' rfs opâVai TaÛTa, 25
€7T€t KOI V7T€p TOVS VOepOVS 6<f>0aXp.OVS CCTTl TO TTavUpOV
eKeîvo 6éap.a toû dctoTarov Kal v7rep<j>aovs <f>coTos-

35. Âlo Kal o Kvpios ov irâvras, àAAà toÙç iKKpirovs, rrpos


ttjv èv Oafiwp yeyevrjpévrjv âppTyrov Kal àoparov ala6r]Tt.Kfj
8vvâp.€t., TTV€vp,aTiKr)v èKeivrjv, avvcKaXeaev ôi/nv. El yàp Kal 30
ô c£ 'Apetov trâyov Atovvoios ô péyas, èv tw p.éWovTi alwvt.

CVSL
186 GRÉGOIRE PALAMAS

sensitives. Le grand Aréopagite Denys dit que, dans le siècle à


venir, nous serons illuminés par la théophanie visible du Christ,
comme les disciples l'ont été lors de la Transfiguration ; mais nous
participerons à cette lumière intelligible avec notre esprit, devenu im
passible et immatériel, et nous communierons à l'union qui dépasse
l'esprit par l'imitation toujours plus divine des esprits supra-
célestes 1. Mais, même alors, nous n'irons pas jusqu'à concevoir
que l'éclat resplendissant de ce Corps adoré est un éclat sensible,
perçu par les organes sensibles dépourvus de la puissance d'une
âme raisonnable : cette dernière puissance, en effet, peut seule
recevoir la puissance de l'Esprit, qui à son tour fait contempler
la lumière de la grâce i. L'éclat qui n'est pas sensible à ces organes-
là n'est pas sensible du tout. Le saint l'a lui-même montré ici
à ceux qui ont de l'intelligence. Car dans le siècle à venir, dit-il,
nous serons illuminés par cette lumière, dans le siècle où il n'est
besoin ni de lumière, ni d'air, ni de rien qui appartienne à la
vie présente. Les Écritures inspirées de Dieu nous l'enseignent :
suivant l'Apôtre, Dieu sera alors tout en tous 3. Nous n'aurons donc
pas besoin alors de lumière sensible. Car si Dieu est alors tout
pour nous, la lumière sera, elle aussi, divine. Comment serait-elle
alors sensible, au sens propre du terme ? Le fait qu'il ait ajouté
en devenant toujours plus divinement semblable aux anges et que
l'on puisse parler d'elle de trois façons montre que les anges re
çoivent aussi cette lumière. Comment en serait-il ainsi s'il s'agis
sait d'une lumière sensible ? Si elle était sensible, elle serait visible
par l'air ; on verrait donc la lumière plus ou moins distinctement
non pas à la mesure de la vertu propre à chacun et de la pureté
produite par cette vertu, mais à la mesure de la pureté de l'air !
Les justes resplendiront comme le soleil * : chacun d'eux apparaîtra
donc plus éclatant ou plus obscur non pas suivant les bonnes
actions qu'il aura commises, mais suivant que l'air environnant
sera plus ou moins pur ! De plus, les biens du siècle à venir seront,
dès à présent et à jamais, accessibles aux yeux des sens, ces biens
que non seulement l'œil n'a point vus et l'oreille n'a point entendus,

1 De div. nomin., I, 4 (PG, III, 592 C).


» Cfr supra, § 33.
• I Cor., XV, 28.
« Matth., XIII, 43.
TRIADE I, 3, 35 187

« rfj p.èv ôparfj » (jyrjot « Xpiarov 6eo<f>aveia » irepiavyd-


£eo0ai r)p.âç, « <î)Ç tovç p.a9rjTàç iv ttj p,eTap.op<f>œoei, rfjs
» 8è votjtjjs <f>wTo8oo-îaç iv àiradeî Kal àvXu> tw vâ> uctc'xciv,
» #ceu rfjs virèp vovv éviôareœç iv Ôeiorépa p.ip.T\aei, tûv
» vnepovpaviajv vô<ov », aXX' ov8 ovtojç rjpeîç ovtojç alodrj- 5
ttjv îmoXrjipôfieda ttjv €k tov vpoaKVvrfTOV èxelvov aœp.aToç
aTracrrpâiTTovoav avyrjv wç aladrjTrjpiois àvTiXt]7TTrjv eîvat,,
fMT) 8vvàp.ei XoyiKrjç ^v\rjç àvriXapfiavopévoiç , 77 p,6vrj
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aladrjTrjpUov alaQ-tyrt], ov8e aUrdrjTÏ) Kvpûoç. Kal avToç 8k
é âyioç tout' è/ceî toîs vovv êyovaw vrré8ei£ev. 'Eirel
yap ev rai p.éXXovri alwvi rrepiavyd^eadai <f>7]oiv r)p,âç
tovtoj tô> ifnori, ottov p.r\re (fxorôs, p-ryr àépoç, p.r)Te tivoç
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deoTrvevoratv 8i.8aaKop.eda rpa<f>wv ' « "Earai yàp totc o Oeoç
» Ta TrcwTa ev irâat. » xœrà tov 'AttootoXov ' oi>8è yovv alaOrj-
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totc o Qeôç, deîov âpa Kal to <f>â>ç eKeîvo. IJwç ovv aladrj-
tov Kvpiws ; 'AXXà Kal to « Karà ttjv tû>v àyyéXœv ôeioré- 20
» pav p,ip.Tjariv » TTpooKelp.evov Kal Karà rœv Tpiwv Tpôirœv
XéyeoOai Svvdpevov, Kal tovç àyyéXovç 8eiKvvcriv e/ceivou
tov <f>coTOS àvriXap.fiavop.è'vovs. IJwç ovv, eïnep alodrjTov ;
Kai pJTjv, enrep aioBryrôv , 81' àépoç ôpaTov ' ovkovv ov /caTa
to aeTpov e/caoToç Trjç oî/ceiaç àpcTrjç Kal Trjs àrro TavTrjç 15
KadapoTTjTOS , àXXà Karà to p.eTpov Trjç -nepl tov àépa Kada-
poTT/TOS, rqXavyéoTepov rj àpvSpoTepov ôipovTat to <f>â>ç. El
8è Kal « ol Si'/catot Xdp.<ftovoi.v côç 6 tJXloç », àvaXôycoç Kal
tovtwv eKaoToç, Taîç p-èv àyaOoepyîaiç ov, ttj Se toû Trepi-
éxpvTOS àépoç KaÔapÔTrjTL, XapTrpoTepoç r) àp,avp6repoç <f>aveî- 30
Tai. IJpoç 8è Kal à<f>daXp.oîç alodrjToîç eoTat XrjTTTà vvv Kal

CVSL
I ji-qai om. VS Q 1-2 4>tjo\v post iTfptavydÇtodai add. \"S J] 3 tiZ vû> fiirîyçLv : fi€-
rix1*" TV •'ûi L [ 26 TTtpi : xarà L.
l88 GRÉGOIRE PALAMAS

mais qui encore ne sont pas montés au cœur de l'homme 1 qui essaie
de pénétrer les choses incompréhensibles par les voies du raisonne
ment. La lumière ne sera-t-elle pas visible aux pécheurs, puis
qu'elle est sensible ? Ou bien y aura-t-il alors, selon ces gens, une
barrière, des ombres et des cônes, des conjonctions provoquant
des éclipses et des cycles de lumière aux formes diverses ?
Aurait-on besoin de la vaine activité des astronomes dans la vie
des siècles sans fin ?

Corps spirituels. 36. — Mais comment les sens corporels


saisiront-ils une lumière qui n'est pas
proprement sensible ? Par la puissance de l'Esprit tout-puissant,
la puissance par laquelle les apôtres choisis la virent eux aussi
sur le Thabor, alors qu'elle jaillissait non seulement de la chair
qui porte en elle le Fils, mais aussi de la nuée qui porte en elle
le Père du Christ. Par ailleurs, dans le siècle à venir, le corps sera
lui aussi « spirituel » et non plus « psychique », selon l'Apôtre : II
est semé corps psychique, dit-il, il ressuscite corps spirituel 2. C'est
justement parce qu'il sera spirituel et qu'il verra d'une façon
spirituelle, qu'il saisira le rayon divin. Aujourd'hui nous pouvons
réellement voir que nous avons une âme intellectuelle qui pos
sède une existence propre dans cette chair épaisse, mortelle
et solide, qui la recouvre et l'abaisse, la rend absolument sembla
ble au corps et portée à l'illusion ; voilà pourquoi nous ignorons
la sensibilité intellectuelle par l'esprit. De même dans l'existence
très bienheureuse du siècle à venir, c'est le corps qui sera comme
caché chez les fils de la résurrection 3 qui auront reçu, suivant
l'Évangile du Christ, une dignité angélique *. Avec la victoire de
l'esprit, leur corps deviendra tellement subtil qu'il n'apparaîtra
plus du tout comme matériel et ne s'opposera plus aux énergies
intellectuelles. C'est pourquoi, ils jouiront de la lumière divine
avec leurs sens corporels eux-mêmes.

• I Cor., II, 9.
• / Cor., XV, 44.
• Luc, XX, 36.
• Matth., XXII, 30 ; Marc, XII, 25 ; Luc, XX, 36.
TRIADE I, 3, 35-36 189

eiaeirevra Ta tov p.éXXovros aicôvoç, <x p.rj p,6vov « 6<p9aXp.6s


» ovk eî8ev ov8è ovç rJKovaev », aAA' ov8' « em Kap8lav
» àvafiéfirjKev àvdpiônov », Xoyiop.û>v €<f>68ois tolç aKaTaXrjTT-
tois i/j.fia.TevovTOS- I7û>s 8è icai toîç â/iapTcAoîç àoparov,
eïnep aladrjrov ; "H ko! to 8iaxppdTTov «forai totc kcli a/ciaî 1
KCU KtôVOl, TOUTOU €7TOp.€VCOÇ, (kX^UTTIKOI T6 OVv8eOp,Ol JCaî
<pa>Tiap.û)v kvkXol TToXva\rip.oves , <Ls Kal rfjs TroXvaoxôXov
8eîv TÔJv ào~rpoX6y<ov p.aTat6rqTOS Karà rrjv ivOea>povp.€vr)v
tô> aKaraÀTJKTœ Tœv alœvœv l^cjrfv ,'

36. '^4AAà 7rû>s aiadrjais au)p.aTiKT] <J>o>tos àvriXrjtpeTai. 10


pvr) Kvpuoç aiadr/Tov ,' Tfj tov Tra.vTo8vvip.ov Ilve.vp.aTOS
8vvdp.ei, Kad' 7]v Kai ot irpoKptToi. tû>v àiroorôXœv tovto
ko.t€î8ov iv Oa/iiôp, ovk àiro Trjs èv éavTJ} <f>epovcrr)s tov
Yïov oapKos p.6vov àiraoTpâTTTOv , àXXà Kal àiro ttjs iv êavTrj
<j>epovoT)s tov IJarépa tov XpioTov ve<f>éXr]ç. "AXXœs re Kal 15
to (jwfia Tore « TTvevp.aTiKÔv » , ÔAA' oi) « i/jv^ikov » êarai,
Karà tov ''AttÔotoXov . « ZireipeTai » ydp tp-qm « owp.a *pv\i-
» k6v, iyelpeTai o~ô>p.a 7rvevp.aTCKOv » ' 7rvcvp.aTi.K6v 8 ov
Kal Trvevp.a.TiKÔ)S ôpœv ttjs Oelas cIkotcos àvTiXrjtfteTat. avyrjs.
Kal âtorrep vvv epyov €otIv I8eîv a>ç exop.ev voepàv ifivxrjv, 20
Kad' iavrfjv {xpearâvai 8vvap.évrjv Sià ttjv naxeîav TavTrjv
aâpKa Kal BvrjTrjv Kal àvTiTVirov iTrrjXvyd^ovoav Kai Kara-
OTTœoav, oa>p.aToei8rj re Kal (pavraoTiK-qv p.aXiOTa Kadia-
Twoav ttjv *ftvxqv, 810 Kai TTp> /carà vovv voepàv ayvoovp.ev
alodrjoiv, ovrws èv tjj tov p.éXXovToç aîwvos €Keivrj /xa/ca- 25
piajTaTT) 8iayojyij tols « viols ttjs àvaoTdoeojs » (baavel
to o~wp.a Kpvf$7)çreTai, etç dyyeXcjv /carà to evayyeXiov tov
XpioTov p.€TaTTOi.rjdelai,v àÇlav ' 8iaXeTTTw6i]0€Tai ydp, a»?
/i.^8' vXrjv ôXcos eîvai 8oKeîv, p.f)8' èTTnrpoodtïv Tais voepaîs
ivepyelaiç, iKviKTJaavTOS tov vov. Aià tovto ko! ocjp.a.Ti- 30
Kaîç alo-drjoe.aiv diroXavaovTai tov BeÏKOV (pcuToç.

CVSL
2 ttëtv : oFSep codd. \ 3 àvafifpTjKcv àv9pu>-nou '. àv8pw7tov àvië-q VS |J 22 ^7riAy-
yâl,ovaav V.
I90 GRÉGOIRE PALAHAS

Déification escha- 37- — Et pourquoi ai-je seulement


tologique. parlé de la parenté qui s'établira alors
entre le corps et la nature intellectuelle ?
Saint Maxime dit en effet : L'âme devient Dieu en ■participant à
la grâce divine, après avoir elle-même arrêté toute activité de l'esprit
et des sens, aussi bien que les énergies naturelles du corps; car
le corps est divinisé en même temps qu'elle, en participant à la
déification de la façon qui lui convient: Dieu seul apparaît alors
dans l'âme et dans le corps, car les caractéristiques de leur nature
sont vaincues par la surabondance de gloire 1. Donc, comme je
l'ai dit au début, Dieu est invisible aux créatures, mais n'est
pas invisible à lui-même ; mais alors, ô miracle, c'est Dieu qui
regardera non seulement par l'âme qui est en nous, mais aussi
par notre corps. Voilà pourquoi, nous verrons alors distinctement,
par nos organes corporels mêmes, la lumière divine et inaccessible.
Ce fut le gage et le prélude de cette munificence de Dieu qui
nous attend dans l'avenir que le Christ manifesta indiciblement
aux apôtres sur le Thabor. Comment donc peut-on dire que le
rayon de la Divinité, surpassant toute parole et toute vision,
est du domaine sensible ? As-tu compris maintenant que la lu
mière qui illumina les apôtres sur le Thabor n'était pas sensible,
au sens propre du terme ?

Nos corps commu- 38. — Néanmoins, puisque cette lu-


nient au Corps du mière, divine et surpassant toute sensi
bilité, est apparue à des yeux sensibles — et
il en fut ainsi : les contradicteurs de ces hommes spirituels
le reconnaissent eux-mêmes et se trouvent, sur ce point,
en accord avec eux et avec nous —, puisque cette lumière di
vine est apparue à des yeux corporels, pourquoi n'apparaî
trait-elle pas aussi aux yeux intellectuels ? L'âme serait-elle
une chose mauvaise, incapable de s'unir au Bien et de le sentir ?
Aucun hérétique audacieux ne l'a jamais dit ! Serait-elle une
chose bonne, alors que le corps serait une chose meilleure ?
Comment, en effet, l'âme ne serait-elle pas inférieure au corps,
puisque le corps peut participer et s'attacher à la lumière de Dieu,

1 S. Maxime, Cent, gnost., II, 88 (PG, XC, 1168 A).


TRIADE I, 3, 37-38 ICI

37. Kal ri Xéya» || ro crvyyevèç irpos ttjv voepàv <f>voiv \ i. 134»


toû tÔtc acôfiaroç; 'O yàp âyioç Mafi/xoç «17 ^XH *
^Tjai « ylverai @eôç ttj fieQéÇei rfjs OeÏKrjs x^iPlT0S> Tiaaûiv
» rwv Karà vovv T6 /<aî aiodr/aiv airrq T6 7Tavaap€vr] kcu
» ràs tov awfiaros ovvaTTOTravoaoa <f>vcru<às ivepycîas, 5
» (TvvdewdévToç avrf} Karà ttjv àvaXoyovaav avrâ» pedeÇiv
» rrjç fleojoecoç, ware fxovov tov 0eov Sta tc ttjç ^XV5 kcll
» TOÛ <JU)p.aTOS TOT6 <f>aîveo6ai, VtKTjdévTCDV O.ÙtcÙI', T77 VTTCp-
» jSoÀjj tt^ç bôiJTjs, tcôv <}>voi,kcà>v yvwpiap.dTwv ». 'Eirel
toivw, S Kai ttjv àpxw elirov, toîs kticttoîç aoparos o 10
6>eds, éavrâ) Se oÙk àooaTos, tot6 Se où fiôvov Sià T77Ç Ka0'
ij/nâs tftvxV5' àXXà Ka* Stà toû awp,aros, à> tov 9avp.aros, 6
Oeos o fiXéiTtov tarai, Sià toûto #cch Sià oœpiaTiKœv ôpydva>v
totc tÔ 0eï/côv #ccù aTrcooiTOV <^â)ç TijÀauytDç 6ijj6p.€0a ' Kal
rfjs ioop.€vr)s eîç 17/Liâ? jueyaAoSojpeâç ravr-qs tov 0eov 15
tov àppajScûva /caî tÔ Trpoolp,iov iv Oafîwp toîç aTroorâXotç
o Xpicrros VTreSeiÇev àpprJTwç. 'H yovv vrrèp navra Aoyov
Kai rrâoav opaaiv rfjs ôeoTrjTOS à/CTi'y, ttû>s âv eîr) aiadrjTrj ,'
UinnJKas on to Trepiaorpàipav <f>ô>s iv Qafiùip tovs aTroorô-
Xovç ovk aladrjTOV Kvplcos fy / 20

38. Ov p.ijv àXX' eïirep aladrjToîs w<f)9r) o<f>9aXp,ots to


deîov Kai virep nâoav atad-qaiv imdpyov (f>â>ç, œanep ofiv
Kal axfrOr), Kadd-rrep Kal ol toîç irv€vp.aTiKoîç éVeiVoiç àvSpd-
aiv avTiXeyovTes <f>aai, Karà tout' eVei'voi? Kal rjp.iv 6p.o-
Xoyovvres, enrep ovv to <f>â>ç to deîov oujp,aTiKoîç oj<f>0rj 25
6<f>6aXp.oîs, SiaTi p.7j Kal voepoîs ô(f)9aXp.oîs o^dr/ocTai;
*H 7TOVT]pàv ti TTpâyp.a r) <ftv)(r] Kal àovvSvaaTOV tu»
àyadœ Kal àveiraiadrjTov avrov, S /z/^Sè tcôv TravrôX/xcov
KaKo86£u>v TTcÛTToré tiç eïprjKev ; *H KaXov p,év, KpeÎTTOv
8e to aœp.a raérr/s ,' IIûs yàp ov\ t]ttov rj *pv)(r) tov owp.a- 3°
TOS, 61776/3 TO p.€V oâjp.a p.€TaXT)TTTlKOV Kal àvTiXrjITTIKÔv
èari <J>wtos &eov, rj iftvxrj o' oi>xl; TJœs S' ov Trjç iftvxrjs

CVSL
192 GRÉGOIRE PALAMAS

alors que l'âme ne le peut pas ? Ce corps matériel et mortel n'est-


il pas plus apparenté, plus dévoué à Dieu que l'âme, ne s'en appro-
che-t-il pas plus, puisque c'est par son intermédiaire qu'elle voit
Dieu dans la lumière, et non pas le contraire ? Mais puisque la
Transfiguration du Seigneur sur le Thabor fut un prélude de
l'apparition visible de Dieu dans la gloire qui est encore à venir,
puisque les apôtres furent jugés dignes de la contempler avec les
yeux de leur corps, pourquoi ceux qui ont leur cœur purifié ne
contempleraient-ils pas avec les yeux de leur âme le prélude et
le gage de son apparition selon l'esprit ? Mais puisque le Fils de
Dieu, dans son incomparable amour pour les hommes, ne s'est
pas borné à unir son Hypostase divine à notre nature, en endos
sant un corps animé et une âme douée d'intelligence 1, pour appa
raître sur terre et vivre avec les hommes 2, mais puisqu'il s'unit, ô
miracle d'une incomparable surabondance, aux hypostases hu
maines elles-mêmes, en se confondant lui-même avec chacun des
fidèles par la communion à son saint Corps, puisqu'il devient un
seul Corps avec nous 3 et fait de nous un temple de la Divinité
tout entière — car dans le Corps même du Christ habite corporelle-
ment toute la plénitude de la Divinité * —, comment n'illuminerait-
il pas ceux qui communient dignement au. rayon divin de son
Corps qui est en nous, en éclairant leur âme, comme il illumina
les corps mêmes des disciples sur le Thabor ? Car alors ce Corps,
source de la lumière de la grâce, n'était pas encore uni à nos
corps : il illuminait du dehors ceux qui en approchaient digne
ment et envoyait l'illumination à l'âme par l'intermédiaire des
yeux sensibles ; mais aujourd'hui, puisqu'il est confondu avec
nous et existe en nous, il illumine l'âme justement de l'intérieur.

1 Terminologie traditionnelle dirigée contre l'apollinarisme.


* Baruch, III, 38 ; texte souvent utilisé par la liturgie byzantine. Cfr Theo-
tohion des vêpres du samedi (4* ton plagal) et irmos de la 9* ode du Canon du
6 août.
* Evoutopos est un terme paulinien (Éph., III, 6) repris notamment par s. Atha-
nase. Contra Arianos, I, 42 (PG, XXVI, 100 B), II, 74 (ibid., 305 A) et s. Gré
goire de Nyssk, Hom. XV in Cantic. (PG, XLIV, 1112 C).
* Col., II, 9-
TRIADE I, 3, 38 193

avyyevéarepôv re kcli TTpoae^éarepov kcu juôAAov èyyi^ov


Oeâ> to aœpa tovti to vXikov tc kcli OvtjtÔv, eïirep Si' avrov
p,èv axrrq p,€oi.T€vovTos èv <f>o)TL Qiov ôpâ, àXX' ovxl TOVTO
81 avrfjs ,' El 8è Kal irpooip.iov rfjs èv 86£r) p.eXXovarjs ôparfjs
Oeov 0€o<f>aveUis r) èv Qafîcupîw tov Kvpiov u€Tap.6p<f>a)ats, 5
Kal to.vt7]v ol diroaroXoi ô(f>6aXp.oïs <r<x>p.aTos Xafieîv Karrj-
ÇiœO-rjoav, Siarl p.rj Kal to npooLpiov Kal tov àppapœva
rfjs Karà vovv aiirov 6eo<f>avelas 6<f>daXp.oîs vvv Xrjipovrat
*/nJXVs °* K€KaOapp,ép.oi, ttjv Kaphiav ; 'EttcI 8è, p.rj pôvov
rrjv èavrov deÏKrjv xynôaraaw ô tov Oeov Ylos, j3a/?ai 10
ttjs àveiKaoTov <f>iXavdpanrlas, rjvwae rfj /ca#' r)p,âs <f>vaei,
Kal aâ>p.a Xafiwv epaf/vxov Kal iftvxty èwovv « iirl yijs
âxpdr} Kal toÎs àvdpwTrois awavc || OTpd<pr) » , àAA' œ 0av- | f. i35r
fiaros ov8ep.iav àiroXeiTTovros VTrep^oX-qv, Kal aurais raïs
àvdpurnlvais VTroardaeaiv èvovTai, tô>v itiot€v6vtojv cicaorw 15
ovvavaKipvwv èavrov 8tà rfjs tov àyiov aojuaTos avrov
p^€TaX-q\jj€OJS , Kal avaaœpxts rjp.lv yîverai Kal vaov rfjs
ôXrjs OeÔTTjTos r)p,âs à77-epya£eTai, Kal yàp iv ai5r<Ji t<3
tov Xptorov au>p.aTi « KaroiKeî irâv to TrXr]pwp,a ttjs
» deÔTTjTos crcop.aTiKÔ>s », itû>s ovxl 8ià rfjs dcÏK-fjs avyfjs 2°
tov ev rjp.iv aœp.aTOS avrov ràs ifivxàs irepiaarTpdipas (f>a>Tlo~€t
TÛ>v à£la>s p.€T€x°VTa)V > <*>S tS)v p.aQr\TÔiv èv Qafiù)p Kal rà
oa>p,aTa è<f>a>Tia€ ; T6tc yàp pvrynoi <f>vpa0èv rjuâiv toÎs ou>p.a-
crt to tt)v irrjyrjv exov r°û 4'0}T°S TVS xaPCT0S ^xeîvo crwpa
TÛ>v èyyiZpvTOiV tovs dÇlovs èÇwOev ècpojTiÇe Kal 8ià tcûv 25
alodrjTÛw 6p.p.dT0JV ent rqv iftvxflv eiaiiTepvne. tov <f>u>Ttup.6v '
vvv 8' àvaKpadèv 17/xîv Kal èv r)p.îv xmdpxov cIkÔtojs èvSo-
Bev 7T€piavyd^€t ttjv ifivxrfv.

CVSL
17 /ttToA^tuis : in marg. var. ptraSéofuis VS.
194 GRÉGOIRE PALAMAS

Expérience réelle. 39. — Quoi donc ? Dans le siècle à


venir, ne verrons-nous pas l'Invisible
face à face, selon ce qui est écrit 1 ? Ceux qui ont le cœur purifié
en reçoivent donc dès maintenant le gage et le prélude et en
voient sensiblement la figure intellectuelle et invisible qui se
trouve à l'intérieur d'eux-mêmes. Car l'esprit est une nature
immatérielle. On peut dire que c'est une lumière apparentée
à la première et sublime Lumière, à laquelle toutes choses com
munient, bien qu'elle soit transcendante au tout. Lorsque, par
une tension totale vers la vraie Lumière, dans la prière immaté
rielle, incessante et purifiée, l'esprit s'élève sans retour vers
Dieu lui-même, lorsqu'il se transforme ainsi pour acquérir déjà
la dignité angélique, éclairé, comme le sont les anges, par la
première lumière elle-même 2, il apparaît lui-même comme étant
par participation ce que l'Archétype est en tant que cause 3,
il manifeste en lui-même la splendeur de cette Beauté cachée,
sa lueur resplendissante et inabordable. David, le divin mélode,
sentant intellectuellement cette lueur en lui-même, s'en réjouis
sait et enseignait aux fidèles cette grande et mystérieuse posses
sion : L'éclat de notre Dieu est sur nous *.
Si l'on ne ressent pas, si l'on ne voit pas en soi-même l'éclat de
Dieu et si, de plus, on le recherche par des distinctions, des raison
nements et des analyses, sans croire les Pères en toute simplicité de
cœur, comment pourrait-on supporter que l'on dise d'un homme
qu'il possède l'éclat de Dieu ? Jean a donc bien fait de nous révé
ler dans YApocalypse que personne ne peut savoir ce qui est écrit
sur le caillou blanc que le vainqueur reçoit de Dieu, si ce n'est celui
qui le reçoit 5. Ce n'est pas qu'il y ait impossibilité absolue de
le connaître pour l'homme qui ne possède pas le caillou, mais,
à moins de prêter une oreille confiante à ceux qui l'ont vu, il
n'en connaît même pas l'existence ; il considère la véritable
contemplation comme un aveuglement, non pas parce qu'elle
transcende les sens et la connaissance, comme une nuée sainte,
• I Cor., XIII, 12.
« Cfr s. Grégoire de Nazianze, Hom. XL, 5 (PG, XXXVI, 364 B).
• Conception de la déification particulièrement chère à s. Maxime. Cfr Opusc.
theol. etpol. (PG, XCI, 33 C), Ambiguorum liber (ibid., 1084 C, 1345 D, etc.).
4 Ps., LXXXIX (XC), 17.
• Apoc, II, 17.
TRIADE I, 3, 39 195

39. Ti Se," Ov * irpâournov irpos rrpooutrrov i> èrrl tov p.éX-


Xovtos alœvoç 6ip6p.e8a tov àoparov Karà to yeYpap.fj.evov ,'
Ovkovv Kal vvv tovtov Xap.^àvovres tov àppafiwva re /cal
ro ■npooip.iov 01 K€Ka9app.évoi. rr/v Kaphiav ôpâJai rr)v avroîs
eyyivop.évr)v voepàv avrov Kal àoparov aloOrjaei pôpcf>a>aiv. 5
0uctiç yàp œv âvXos 6 vovs Kal <f>wç ovyyevés, el xpr) Xéyetvi
r<p 7Tpâyr<p Kal àvoiTÔrtu Kal p.e9eKTÔ> irâai /cal àrroXeXv-
p.évœ tov 7ravros <j>u>ri, /cal Sià rr)s irpos to ovtojç <j>ws
ôXiKTJs àvardaeojs, rfj àvXw Kal àSiaXelrrroj Kal àrreiXi-
Kpi.VTjp.evr) Trpooevxfj, rrpoç avrov tov Oeov àve7TioTp6<f>u)S 10
àvavevoas Kal ovru) rrpos àyyeXiKTjv rjSrj p.era<iKevaodels
à£iav, àyyeXoTrpeTTws vtt' avrov tov rrpwTov <f>œroç /cara-
Xap.<f>deis, avTO <f>aîverai Karà p.é0e£tv, S to àpxérvrrov
Kar alrlav èari, Kal Si' êavrov (patvei tov Kpv<j>iov koXXovç
CKelvov tt)v ùipatxyrr\Ta kox ttjv (f>avordrrjv Kal œirpôaiTov 15
avyrjv, rjv Kal 6 Oeîos wSikos AavlS, voepws alo66p,evos èv
eavrû), yr)66p.evos roi/ç rnorovs to p,éya tovto \pr]pa Kal
aTTÔpprrjrov iSlSaoKe Xéycov " « 'H Xap.Trp6Trjç tov Oeov r)p.œv
» ècf> rjp.âs ». Tis yàp p.r) XapTTpôr-qra Oeov iv èavrœ rraOœv
re /cai ioojv, etra Siaipéoeot Kal ovXXoyt,op,oîs Kal àvaXvoeaiv 20
avrrjv Z,r\TÔ>v, àXXà p.r) èv àTTXôrrjri. KapBiaç Trtorevwv roîç
narpaaiv, a/co^ yovv àvàaypirô rrore TrapaoéÇaoOai, Xap.-
TTpÔTT)Ta Oeov o~)(eîv Ttva àvQpwTrœv ,' KaXws àpa 'Iaidwrjs
Stà rfjs yATTOKaXvipeo)S àrreKàXvtfiev r)p,îv otl «rà èv rr\ iprj<f>oj
» rfj XevKJj, r)v 6 vikwv rrapà Oeov Xap,f3dvet,, yv&vai hvvarai 25
» ov8eis,''el p.r) 6 XafSwv», p,r) on yàp 6 p.r) ea^/ccù? avrr)v
ovSè yvGjvai ovvarai avrqv, àAA' el p,r) rnorov viréyoi rois
evp.oiprjK6oiv ovs, Il où8' elvai ôÀcoç olerai ti, ttjv ovrœç | f. 1351/
oZoav ôetopiav àfiXeipiav Xoyi£,6p.evoç, ov% coç vrrèp aïadr/oiv
Kal yvGiow oZaav, olôv riva yvo<f>ov lepàv, àXX' œs p.r)hap.fj 30
oSoav p.rj8ap.â>s ■ El Se irpos rij àrreiplq Te /cal àmorta /cal
deivos fj KaKOvpyeîv, rrepiépyov ycp.œv (p'povrjp.aTOS, irâv-

CVSL

32 i : tl CVL.
I96 GRÉGOIRE PALAMAS

mais parce que, selon lui, elle n'existe absolument pas. Et si, par
ignorance et incrédulité, il est assez malfaisant pour aller jusqu'à
la calomnie, s'il se charge de pensées superflues, s'il a l'audace
de mépriser les Pères les plus vénérables, il ne se contente pas
de décréter l'inexistence de la contemplation, mais, dans son
imagination démoniaque — ô malheur! — il donne un faux ensei
gnement sur l'éclat divin. Comme tu le dis, frère, certains en
sont arrivés là aujourd'hui.

La vraie lumière. 40. — Et voici le dernier prétexte qu'ils


invoquent : Dieu est invisible, alors que
le diable simule un ange de lumière 1. Mais ils ne comprennent
pas que la vérité précède toute simulation. Donc si le diable,
en simulant la vérité réelle, simule un ange de lumière, c'est qu'il
existe véritablement un ange de lumière, le bon ange. Quelle est
la lumière qu'il révèle, en tant qu'ange de lumière ? N'est-ce
pas la lumière de Dieu, dont il est l'ange ? Dieu est donc Lumière
et l'ange de Dieu est l'ange de cette Lumière. Il n'est pas dit
en effet qu'î/ simule l'ange qui est lumière, mais l'ange de lumière.
Si le mauvais ange simulait seulement une connaissance et
une vertu, on pourrait croire par là que l'illumination qui nous
vient de Dieu ne nous apporte que connaissance et vertu. Mais
puisque le mauvais ange apporte aussi une lumière imaginaire,
différente de la vertu et de la connaissance, c'est qu'il existe
une lumière intellectuelle vraie, divine, différente de la vertu
et de la connaissance. Cette lumière imaginaire, c'est le Malin lui-
même, qui est ténèbres, mais simule la lumière ; tandis que cette
lumière qui illumine dans la vérité les anges et les hommes pareils
aux anges, c'est Dieu lui-même qui est vraiment une lumière
mystérieuse, qui se manifeste comme lumière et qui transforme
en lumière ceux qui ont le cœur pur. On l'appelle donc Lumière,
non pas seulement parce qu'il persécute les ténèbres de l'igno
rance, mais aussi parce qu'il illumine les âmes, suivant saint
Maxime 2 et Grégoire le Théologien 3. Et tu apprendras claire
ment chez saint Nil que cette illumination n'est pas seulement

1 // Cor., XI, 14.


* Voir par exemple Scholia in De divinis nominibus, XIII (PG, IV, 97 A).
* Voir par exemple Hom., XL, 5 (PG, XXXVI, 364 B).
TRIADE I, 3, 39-40 197

ToXpMS TlÇ Kal Ka.Ta<f>pOV7]TT)S TWV (TfjSaCT/MKOTaTCOV, 0VK


àwirapÇlav pAvov avrîjs KaTa<Jrt]<f>lÇeTai, àAAà Kal irpos
8aipMvioj8rj <f>avracrlav, <f>ev, ttjv OeÏKr)v XafnrpÔTrjTa irapa-
yvcvplÇei, S koI vvv rivas Xéyeis, à8eX<f>é, iradeîv.

40. Kal rj reXevrala Trpô<f>aaiç avroîs ort. 6 p.èv Oeès 5


àôparoç, «âyyeXov 8è <f>a>Tosi> vnoKpiveTai 6 SiâfioXos, oi8è
tovto awiévres Sri Trâcrqs vnoKploews irpovtf>é<TTT)Kev 17
àXrjOeia. El toLvw ttjv oiïaav àX-qdeiav VTroKpiv6p,evos ô
8tdf3oXos, âyyeXov vnoKptveTai <f>a>T6s, Xomôv eorw èv
àXrjOeia <f>WTOs âyyeXos, ô àyadôs âyyeXos. IJoîov 8è 10
<f>â>s èÇayyéXXcov âyyeXos cctti (fxorôç, cl p.fj to tov ©eov,
ov Kal eariv âyyeXos ! 0û>s âpa 6 Qeôs, 0$ <j>uytos âyyeXos
èanv ô tov Oeov âyyeXos ' ov yàp eVnev « v-noKpiverai rov
» ovra (f>ws âyyeXov », àAAà « tov <f>ioTos âyyeXov ». Et,
p,èv ovv yv&aiv p.ôvr\v rj âpeTTjV 6 TTovr/pos âyyeXos vireKpt,- 15
veTO, r)v âv 4k tovtov ovvt,8eîv ws Kal o rrapà tov Qeov
<f>a)Ttop,6s èyyivôp.evos r)p,lv yvwoiv p,6vrjv Trapé^et, Kal
apeTqv ' evet, 8e Kai <f>ws <f>avTaoiâ>8es Ttapéyei, napa ttjv
apeTTjV Kai t^v yvâtoiv erepov, eorw âpa Kai $Gis voepov
àXr/dès BeÏKov, napà rr/v àpeTTjV Kal ttjv yvœow êrepov. Kà- 20
Keîvo p,èv to <f>avTaoiû>8es <f>û>s ainôs èonv 6 7rovrjp6s, os
okotos â>v to <f>(bs VTTOKpiveTat ' to 8è ^cûtlotikov npos
àXrjdeiav tovto <f>â>s ayyéXaiv Kal loayyéXojv àv0pu>7TU)V,
ainôs èoTiv 6 ©eos os, (f>û>s â>v àXrj6â>s àTrôpprjTOV, Kal wç
<f>û»s apurai. Kal <f>â>s troieî tovs Kadapovs ttjv Kap8iav, 816 25
Kal <f>ws KaXeÎTai, fir/ [tôvov ws tov okotovs tt}s àyvolas
SiojKTrjs, àAAà Kal œs Xap-npoTr/s ipv)(û>v Karà tov âyiov
Mâ£ip.ov Kal tov deoXôyov Ppr/yôpiov. "Oti 8è r) Xap/rrpÔTrjS

CVSL
17 uôcr/c : fiovov L.
IÇ8 GRÉGOIRE PALAMAS

une connaissance ou une vertu, mais qu'elle transcende toute vertu


et toute connaissance humaines : L'esprit rassemblé en lui-même,
dit-il, ne contemple plus rien de sensible ou de rationnel, mais des
esprits nus et des lueurs divines, d'où s'écoulent la paix et la joie 1.
Vois-tu la contemplation qui surpasse toute action, toute
manière d'être et tout raisonnement ? As-tu entendu celui qui
a dit plus haut qu'i/ voyait son propre esprit revêtu d'une couleur
céleste* et qui manifestement nous le montre maintenant illu
miné de lueur divine ? Laisse-toi donc convaincre encore par son
enseignement, lorsqu'il te montre la voie qui te mène à cette
expérience bienheureuse et à cette vision. La prière, dit-il, qui
recherche l'attention, trouvera une prière vers laquelle il faut s'em
presser avec vigilance ; car celui qui a vraiment prié en attachant son
esprit à la prière divine, celui-là est éclairé de l'éclat de Dieu '.
Veux-tu interroger encore le divin Maxime ? Celui qui a rendu
son cœur pur, dit-il, ne connaîtra pas seulement les raisons des
choses inférieures et secondaires par rapport à Dieu, mais il voit
Dieu lui-même *.

Vision supérieure *1. — Où sont-ils, ceux qui enseignent


à la connaissance, que la sagesse profane et rendue folle
procure la connaissance des êtres et élève
vers Dieu ? Dieu, est-il dit, devenu présent dans ce cœur, juge bon
d'y inscrire avec l'Esprit son propre message, comme sur des tables
de Moïse *. Où sont-ils ceux qui pensent que Dieu ne peut être
reçu dans notre cœur, alors que Paul avant les autres dit que la
1 Passage évagrien se retrouvant dans Élie l'Ecdicos, Cap. gnost. 4 (PG,
CXXVI1. 1149).
» Évagre, De mal. cog., XVIII (PG, LXXIX, 1221 B) ; Practicos. I, 70 (PG,
XL, 1244 A) (voir supra, § 6).
* La première partie de ce texte constitue le chap. 149 du De oratione d'ÉvAGRE
(PG, LXXIX, 1200 A) et se retrouve, sous la forme d'une scholie sur le Degré
XXVIII, dans la Scala de s. Jean Climaque (PG, LXXXVIII, 1148 A).
4 S. Maxime, Cent, gnost., II, 80 (PG, XC, 1161 D).
* S. Maxime.Ccti». gnost., II, 80 (PG, XC, 1161 D-1164 A) ; cfr Myst. 7 (PG,
XCI, 688 B), Ambig. (ibid., 1149 B). La même image est fréquente chez s. Nil
(Epi$t., 1. 118 ; PG, LXXIX, 129 B) et Macaire (Hom., XV, 20 ; PG, XXXIV,
589 A).
TRIADE I, 3, 40-41 199

avTT) où yvwais â^Acùs1 oi58' dpe-rf, ndo-qç 8è àvdpwTrlvrjs


àperrjs Kal yvœoetos èiréKewa, irapà tov àyiov NeiXov pa-
drjor) oa<pœs ' « Elç èavTov » ydp <f>r]oiv « o vovs crvvayô-
1> p,€VOÇ, Ov8èv OVT€ TCÔV KdT aïoBf\att> OVTC twv Karà
» Xoyi.ap.6v Oeatpeî, yvpvovç 8c vôas Kal detas avyds, 5
» f$\v£,ovoas elprjvqv re Kal ^a/sav >>. EÏ8es ttjv vne-
pavu>Ki.op,évT)v êpyov Te ko! rjOovs Kal Xoyiopov navros
deœplav ; "HKOvaas tov Trporepov elirôvros « v<f>' eavrov
» deiopeîaOai tov vovv ovpaviw xpiopaTi irapep<f>eprj », vvv
avyfj delà. KaTavyat,6pevov <f>avepws croi tovtov helÇav- 10
TOÇ,' Il ToVTCp TTeldoV Kal SlBdoKOVTI. TTJV TTpOS TO /^CUCCl- | f. 136*-
piarov tovto irdQos tc Kal déap.a <f>épovoav ôoôv ' « TIpo-
» oevxrj» ydp <j>t]oi «irpooo^v èrn^TjTOvaa, irpooev^v eip-q-
» aei, €<f>' fjv OTTOvhaoriov vr)<p6vrojs ' o yàp ovtojs npoaev-
» Çdpevoç TÔ> o~vvdifjai tov vovv rfj delà 7rpooevxfj » oStos 15
» TT€<f>ti>Tiarai ttJ aïyXr) tov Oeov ». OéXeis irvdéoOai. Kal
MaÇlpov tov OeLov -naXiv ', « '0 tt)v KapSlav» <f>r)ol « Kadapàv
» èpyaodpevos, ov pôvov tû>v îmo^e^KOTOiv ko.1 perà
» Oeov yvojoeTai tovs Xoyovs, dXXà Kal avrov èvopâ tov
» Oeov ». 20

41. FIov eloiv oi Sià ttjs e£a> ko.1 pcopavOeîo-rjs oo<f>laç


rr)v yvôioiv rœv ovtojv Kal ttjv irpos @eov dvoSov Soypa-
tIÇovtcç ; d'Ev yovv tt) Kapbiq TavTTj yeyovws » <f)7)0~w
« ô Oeos àÇioî tA îSia ypdppaTa Sià tov IIvevpaTOS èy^a-
» paTTeadac, Kaddrrep ticti pcooaÏKaîs TrXaÇi ». IJov eloiv, 25
oi T7jv ivTos Kaphiav dveniheKTOv Oeov Xoyi^ôpevot,, Kal
Tavra IJavXov irpo tcSv âXXœv héÇaoQai XéyovTos tov ttjs
XapiTos vôpov, « ovk iv irXaÇl XiOlvats, àXX* èv rrXaÇi Kap-
» 8Ulç oapKLvaLS » ,' KaOd <f>rjai Kal 6 péyas Ma/captoç on
« r) Kaphia rjyepovevei 5Xov tov opydvov, Kal ènàv KaTao^r) 30
» Taç vop,às ttjs KapSlas rj X"Pl?> ^acriÀeuei 5Xœv Tœv Xoyio-

CVSL
17 rov Oilov ndXiv : iriXtv roû Betov VS || 23 (jrqoivoin. VS || 24 tfirjat post à^ioî
add. VS.
200 GRÉGOIRE PALAMAS

loi de grâce a été reçue non sur les tables de pierre, mais sur des
tables de chair, sur les cœurs x ? Comme le dit le grand Macaire :
Le cœur dirige tout l'organisme et lorsque la grâce reçoit le cœur en
fartage, elle règne sur toutes les pensées et tous les membres. C'est
là en effet que se trouve l'esprit et toutes les pensées de l'âme. C'est
donc là qu'il faut voir si la grâce y a inscrit les lois de l'Esprit *.
Mais écoutons encore Maxime, que la pureté illumina de connais
sance et plus que de connaissance : Le cœur pur est celui qui a
Présenté à Dieu un esprit absolument étranger à toute forme et prêt
à être marqué des seules empreintes par lesquelles Dieu se manifeste
généralement 3. Où sont-ils, ceux qui affirment que Dieu n'est
connaissable que par la seule connaissance des êtres, en refusant
de connaître et de tolérer l'apparition qui provient de l'union ?
Et cela, alors que Dieu a dit par la bouche de l'un des Pères théo-
phores : Ne vous mettez pas à l'école d'un homme ou d'un livre,
mais à celle de mon éclat et de mes rayons qui sont en vous *. L'esprit
étranger à toute forme, marqué par les signes divins, comment
n'est-il pas supérieur à la connaissance qui provient des êtres ?

Connaissance des 42. — Mais la marque posée sur l'esprit


êtres et vision par jes sjgnes divins et mystérieux de
mys que. l'Esprit diffère aussi beaucoup de la
théologie négative qui élève la raison vers Dieu. La théo
logie est aussi éloignée de la vision de Dieu dans la lu
mière, aussi distincte de la conversation intime avec Dieu,
que la connaissance est différente de la possession. Dire
quelque chose au sujet de Dieu n'équivaut pas à une rencontre
avec Dieu ! Pour dire quelque chose, on a besoin de la parole,
de cette parole même que l'on prononce * et aussi de l'art qui
la concerne, à moins que l'on ne veuille simplement posséder la
connaissance, sans s'en servir, ni la communiquer aux autres ;
on a besoin aussi de la matière variée des raisonnements, des
nécessités que produit la démonstration ; on a besoin de tous les

» II Cor., III, 3. » Hom., XV, 20 (PG, XXXIV, 589 B).


» S. Maxime, Cent, gnost., II, 82 (PG, XC, 1164 A) (var. voCs - ju"f*"7) ; repro
duction littérale par Maxime de Marc l'Ermite, Cap. de temperantia, 24 (PG,
LXV, 1064 B).
1 S. Jean Climaoue, Scala, XXV (PG, LXXXVIII, 989 A).
* Par opposition au Logos divin.
TRIADE I, 3, 4I-42 201

» /x<Sv Kal TÔ>v peXœV è/ccî ydp icrriv 6 vovs Kal irdvres
» oi Xoyiapol rfjs fox!5 ' **e' T01VVV 8eî okottéîv, et èvé-
» ypaipev t) X^PIS tovs tov IIvevfiaTos vôpovs ». '^4AA' avd(,s
aKovarcov tov Kal Karà yvwatv ko\ virkp yvœow Sià Kada-
pô-rqra TT€<f><oTi.a[i€vov MaÇlpov ' « Raphia Kadapd » (fyrjcnv 5
« ioTiv rj iravrânaaiv àveiSeov ■napaorf\aaaa tov vovv Ttp
» Oeœ Kal pavois toîs avrov €Toip.ov ivo~r)palveo9ai tvttois,
« Si' <Lv cp<f>avr)s iré<f>VKÇ ylveoOai. ». IJov eloiv oi Sià p,6vrjs
rfjs twv ovrwv yvwoews tov &eov la\vpi>t,6p,€vot. yivwo-
KecrÔai, rr)v S' 077© rfjs èvwaews ip.<f>dv€iav p/ffT eîSoTcs, IO
prifTC TTpOOl€/JL€VOt ,' Kal TO.VTO. TOV OeOV 8«X TtVOS TWV 0€O-
<f>6piov Xéyovros ' « Madère ovk à-TT* àvdpwirov, ovk àrro 8éX-
» tov, àXX' à7r* avrfjs rfjs èpijs èv vpîv èXXdpiffCWS Kal
» rjXiofioXias ». IIws yàp o àvelb'eos vovs, 6 Kal toîs Belois
evarfu.ai.v6p.ivos tvttois, oi>x vircpdvw rfjs àrro t<3v ovtwv 15
yvwoews ,'

42. 'AXXà Kal rfjs Si' àiro<f>doewv irpos Qeov àv6b"ov rfjs
Siavolas ré deiois Kal àiropp^rois tov vovv èvorjpalveodai.
tov I7v€vp.aTOS tvttois Kœrà ttoXv Sievfjvoxe. ©eoXoyla Se
Toaovro rfjs èv <f>wrl Oeoirrias Tavrqs àrre^ei Kal tooovto 20
rfjs Tipos Qeov ôpiXlas Kexwpiarai., KaBôaov Kal to elSévai
tov K€Krfjo-6at SicipioTCu. FFepl Qeov ydp ti Xéyeiv Kal Qew
avvrvyxdvetv ovxl ravrôv. 'EkcÎvo pèv yàp Kal Xôyov ScÎtcu,
tovtov tov Trpo<f>epo\pévov hjfXahrj, ïows 8è »cai rfjs Karà \ f. 136»
tovtov Tixvqs, et p.r) péXXei tu exetv pôvov, àXXà Kal xP'fjaÔai 25
Kal 8ia8i8dv<u ttjv cÏStjoiv, cti 8è avXXoyiop,iôv TravToSaTrfjs
vXr/s Kal TÛiv i£ àiroSei^cœs àvayKÛv Kal twv Karà k6o~u.ov
7rapao€iyp.dTù}v, <Lv ck tov opâv Kai à/coueiv to 7râf r) to
TrXeîorov àOpolÇeTai Kal axeSov twv iv tû> KÔap.œ tovtco
o~Tpe<f>op.cvwv iari, Kal yévovr àv BtJttov koI toîs tov alwvos 30

CVSL

6-7 napaor-qaaoa tov vovv tcî* Sftà : rôt Stw napaarqaaaa tov vovvVS || 25/i*'AAet :
202 GRÉGOIRE PALAMAS

exemples qui proviennent du monde ; tous ou la plupart sont


recueillis par la vue ou l'ouïe et se trouvent à peu près tous dans
ce monde ; les sages de ce monde peuvent donc, eux aussi, s'en
servir, sans purifier leur vie et leur âme. Au contraire, nous ne
pouvons posséder Dieu en nous, fréquenter Dieu dans la pureté,
nous confondre dans la lumière sans mélange, à la mesure des
possibilités de la nature humaine, à moins que, purifiés par la
vertu, nous sortions de nous-mêmes, ou plutôt que nous nous
dépassions nous-mêmes, en abandonnant avec la sensation tout
ce qui est sensible, nous élevant au-dessus des pensées, des rai
sonnements et de la connaissance qu'ils procurent, pour nous
abandonner entièrement à l'énergie immatérielle et intellectuelle
de la prière, pour rencontrer l'ignorance qui surpasse toute con
naissance, pour nous y remplir de la beauté resplendissante de
l'Esprit, afin de contempler invisiblement les privilèges de la
nature du siècle immortel. Comprends-tu dans quel abîme la
philosophie tant vantée de l'intelligence se trouve abandonnée ?
Ses principes, en effet, proviennent de la sensation, son but con
siste en la connaissance des différents aspects de cette sensation,
une connaissance que l'on acquiert indépendamment de la pureté
et qui ne purifie pas elle-même des passions. Au contraire, le
principe de la contemplation spirituelle est le Bien qui
découle de la pureté de la vie ; c'est aussi une connaissance
vraie et authentique des êtres et la réalité qui ne provient pas
des études, mais apparaît avec la pureté et peut seule distin
guer ce qui est véritablement bon et utile de ce qui ne l'est pas.
La fin vers laquelle tend la contemplation spirituelle est le gage
du siècle à venir, l'ignorance qui dépasse la connaissance et la
connaissance qui dépasse tout concept, la participation mysté
rieuse au Mystère et la vision inexprimable, la contemplation et
la saveur mystique et cachée de la lumière éternelle.

Nature eschatc- 43. — Si tu écoutes et comprends ce


logique de la lu- que je te djs> tu sauras que c'est bien
rmere- là la lumière du siècle à venir : la lumière
même qui a illuminé les disciples lors de la Transfigura
tion du Christ et qui éclaire dès à présent l'esprit purifié
par la vertu et la prière. Denys l'Aréopagite a clairement
TRIADE I, 3, 42-43 203

tovtov <ro<f>oîs, kov pvq KeKadapfievoi tov jSi'ov (Lai Kal rfjv
\fjv)(rjv. Oeov 8* iv iavrât K-rqoaodai Kal 0€<î> KaOapwç crvyyc-
viodai koI tô> àKpaupveoraTO) <f>u>Ti KpaOrjvai, Kadôaov
i<f>iKTov àvdpw7Ttvrj <f>va€i, rôiv à8vvâ.T(i>v iariv, el p.rj irpos
rfj 01 àperfjs Kadâpcret. Kal rjfiâjv ainânv ë£w, [MÔXXov 8è 5
vnepdva), yevoiueôa, KaTaXnrovTes uev irâv o ti tôjv aladrj-
tû>v fiera ttjs alcrdtfoeajç, wrcpapOevres Xoyi<jp.œv ko! 01a-
voiôjv Kal rrjs oià Tovrœv yvaxjeœs, oAot 8i yevôp.evoi ttjs
avXov Kal voepâs Karà rqv iTpoa€V)(T]v evepyeiaç, tcai tv\6v-
tcç ttjs înrèp tt)v yvœatv àyvoîas, Kal TrXrjadévres iv avrfj 10
tt}ç tov Tlvf.vp.aTOS vvep^Hiovs âyXaîas, dis àBavârov ko<j-
pMV yipa (f>voe<Ds àopaTœs Kadopâv. Uvvopâs ov KareXetydr)
Kara» ra ttjs TroXvOpvX'qTov rwv Xoyœv <f>iXocro<f>las, cïnep
€K€tvr) p.iv i£ aladrja€U)s è^ei ràç àp^âs, réXoç 8è rwv 8ta-
<jx>pa)Tâ.TU)v Tavrrjs cloôjv t) yvwols ion., Kal yvâxjis p.r) 8tà 15
KadapÔTTjTos €vpr)p.évr), /1778e Kadalpovaa iradwv ; Ttjs
8è TrvcvfiaTiKTJs deœplas àpxrj uèv ràyadôv, 8ià Kada-
Pottjtos jStou 7Te7roptap.évov , Kal yvwois rwv ovtojv
àXrjd-qs Kal yvTjola t&v i^ovrcov, are p.Tj c/c p-ad-rjudrcov,
àXX €K KaôapÔTTjTOS àva<paveîaa, p.6vrj 8vvap.€vrj 8iaKpi- 20
veiv, ri to <I»s aXrjdœs KaXév T€ Kal XvaireXès Kal ri to pvq
toiovtov, reXog 8e, 6 àppafiàiv tov p.éXXovTos aiœvos, t)
V7rep yvwoiv âyvoia Kal îmip ewoiav yvwais, t) Kpv<f>la tov
Kpxxf>iov p,€Tovata Kal ôpatjLS àviK<f>paoTOS , t) p-votikt) Kal
àirôpprjTos tov alutvlov <f>a>Tos 9e<opla re Kal yevaiç. ^5

43. "Otl 8è toûto èari to tov fiéXXovToç aîwvos <f>û>s Kal


<Ls avro to tovs p.adrjTaç 7T€piaoTp<iiftav iv tjj tov Xpiorov

CVSL

7 8< posi intpapSévres add. L |[ 8 Se : tc L || 1 3 iroXvdpvW-qTov L.


204 GRÉGOIRE PALAMAS

dit que les corps des saints, dans le siècle à venir, sont ornés
et illuminés par la lumière du Christ apparue sur le Thabor 1.
Quant à Macaire le Grand, il dit aussi : L'âme unie à la lumière
de l'image céleste est initiée dès maintenant, dans son hypostase, à
la connaissance des mystères ; tandis qu'au grand jour de la Résur
rection son corps sera illuminé lui aussi par la même image céleste
de la gloire 2. Il a dit dans son hypostase, afin que personne ne
pense que cette illumination provient de la connaissance et des
concepts 8. Autrement dit, l'hypostase de l'homme spirituel est
composée de trois parties : la grâce de l'Esprit céleste, l'âme raison
nable et le corps terrestre. Écoute-le encore : L'image déiforme
de l'Esprit, qui dès maintenant est comme imprimée au dedans
de nous, donnera alors au corps lui-même un caractère extérieure
ment déiforme et céleste *. Et encore : Dieu, réconcilié avec l'huma
nité, rétablit l'âme qui a reçu la vraie foi dans la jouissance des
lumières célestes, alors qu'elle se trouve encore dans le corps; il
éclaircit à nouveau ses sens intellectuels par la divine lumière de
la grâce ; plus tard, il revêtira de gloire le corps lui-même 6. Et
encore : Seul celui qui les a reçus par expérience se rend compte,
avec les yeux de son âme, à quels biens et à quels mystères les âmes
chrétiennes peuvent communier dès ici-bas; mais, lors de la résur
rection, le corps lui-même peut recevoir de tels biens, les voir et
comme les posséder, lorsqu'il devient lui-même Esprit 9. N'est-il pas
évident qu'il n'y a qu'une seule et même lumière divine : celle
que les apôtres virent au Thabor, celle que les âmes purifiées
contemplent dès maintenant et celle qui est la réalité môme des
biens éternels à venir ? Voilà pourquoi le grand Basilo a dit de
son côté que la lumière qui jaillit au Thabor lors de la Transfigu
ration du Seigneur était le prélude de la gloire du Christ lors de
sa seconde venue 7. Il dit tout aussi clairement ailleurs : La puis
sance divine, éclairant ceux qui avaient purifié les yeux de leur cœur,
apparaissait comme une lumière divine à travers une pellicule

1 De div. nomin., I, 4 (PG, III, 592 BC).


* Macaire-Syméon, De libertate mentis, 24 (PG, XXXIV, 957 B).
' Cfr ibid., 23.
« Ibid., 25 (PG, XXXIV, 957 CD).
» Ibid., 26 (PG, XXXI V, 960 A).
• Texte se rapprochant de VHom., V, 11 (PG, XXXIV, 516 CD).
' In Ps XLIV (PG, XXIX, 400 CD).
TRIADE I, 3, 43 205

p.€Tap,op<pojoet. <pâ>s Kal tov hC àperrjç Kal irpoacvx^ KC~


Kadapp.evov apriajç Karavyd^et vovv, owctcôç aKovojv eïarf.
Aiovvolu) p,èv yàp rû> 'ApeoTrayirr] tô> iv Oafiwpîu) <pa-
vévrt tov Xptorov (fxoTt rà oœp.aTa twv àyiœv iirl tov
fj.éXXovTOS cutôvos Koo~p.eîo0ai' Te Kal 7r€pt,aoTpdTTTeo0ai ■>
oa<f>û>s ttprjTai. Maxâpioç Se o /txe'yaç « rj tô> t^ç irrovpa-
» viov » <f>rfaiv « ei*côVoç iv<D0eîoa <j>o)tI iftvxv> Ka' vv"v fiev
» p.vorqpla)v yvcootv iv {moardcret /xuetTCu, |] iv Se rfj p.eydXj] 1 f- >37r
» ttjs àvacrrdaews r)p.ipa, rfj avrrj irrovpavlip rrjç 80^77?
» clkovi, Kai to oâ>p.a tclvttjç KaTavyao0r)O€Tai. » ' « ev 1°
» viroordoei » 8è eÎTrei», wç âv p,rj tiç vo/xi'oti 8ià yvwaea»?
*cat vorjpidTWV elvai tovtov tov <f>a>T tapôv. "AXXcoç re kcli o
TTvevp.aTi.K6c dvOpojiTOÇ €K Tpiûjv v(f>éoT7)K€ , xdpiTOÇ rivevp.aTOS
irrovpavlov, iftvxfjs XoyiK-fjç ko! yr/îvov cru>p.a.Toç. "Akovc
S17 TrdXiv tov avrov' «'H fleoeiSr)? tov FJvevLiaToç cIkiov, 15
» vvv evSov ôjorrep ivTVTTcodeîoa, Kal to atopa 0eoeiSèç ë£co
» Tare Kal ovpdvLOV àTT€pydo-€Tat ». Kal rrdXiv ' « Tij àvdpojTrô-
» ttiti KaraWayels 6 Qeôç, aTTOKaOioTrjoi tt)j/ TrioTtvoaoav
» iv aXrjdeia. i[tv)(r)V, iv oapKi ovaav èVi, eiç ttjv tôji' ovpa-
» pîcuv <f>œT<i»v àirôXavoiv Kal Ta voepà avTrjs alodrjTrjpLa m
» tô> Oeloj irdXiv (Jmjjti ttjç ^a/HToç opp.arol, vorepov 8è Kai
» aÙTW tô» o<x>p.aTi TT€pij3aXeî tjj So^t?. » Kal TrdXiv ' « Oîtoi'
» àyadâiv Kal p.voT-qpicoi' ipv)(al xPio"riav<^>1' ivTavda koivw-
» veîv hvvavTai, tô» rreipa irapaXa^ôvTL pôvw, toîç t^ç *ftuXVs
» 6<f>0aXp.oîç Karafiavès yiverai" iv 8è t^ àvaoTacrei /cat -^5
» aiÎTÔ) T<3 owp.aTL ToiovTiov TrdpeoTi TV)(eîv, fiXiiTeiv tc
» aiÎTa Kat olovcl Kpœrelv, ôirÔTav Kai ai)To TIv€vp,a yivrjTai ».
rAp' ov yiyove Karafiaves cLs iv Kat to aÙTo eoTi tÔ

0e lov <f>â)s, to Te toîç aTTOOTÔXois iv &af$thp iojpap,évov Kal


Taîç K€Kadapp.€vai? vvv ivopwp.evov tpvxaîs Kal 1) tôjv 3°
p.eXX6vra)V alcûviwv ayadtov virooTaoïç ,' Alo Kal 6 p.iyas
BaolXeioç irpooiLiiov eTire ttjç iv tt\ Sevrépa Trapovoia tov
XpioToC 86£r]ç to iv QaficopLcp Xdp.ifiav iv tt) p.€Tap.op<f>ojoei.
tov Kvpiov <f>â>s, ôs àXXaxov (f>rjoi oa<f>cî>s otl « Bte<f>aîveTO

CVSL
206 GRÉGOIRE PALAMAS

de verre, c'est-à-dire à travers la chair que le Seigneur nous avait


empruntée. N'est-ce donc pas la même réalité qui, sur le Thabor,
brilla avec assez d'intensité pour permettre, selon sa volonté,
aux yeux même du corps de la recevoir ? Elle était visible au
cœur de tous ceux qui l'avaient alors purifié, car, comme d'un
soleil, elle jaillissait du Corps adoré, en les remplissant de terreur
et en enveloppant leur cœur de lumière. Puissions-nous, nous
aussi, nous trouver avec eux et contempler comme dans un miroir la
gloire du Seigneur, le visage découvert. Il serait bien que nous aussi,
qui croyons à ces paroles, nous nous joignions à ce souhait exprimé
ici par le grand Docteur.

La voie de l'union. 44. — Mais, lors de la Transfiguration,


cette grande Lumière était contemplée
par les purs, parce qu'elle était venue vers nous dans la chair et
nous apparaissait dans cette chair. Mais aujourd'hui comment la
voient-ils et comment peut-on la voir ? Si tu désires le savoir, va
et apprends auprès de ceux qui voient. C'est auprès d'eux que
moi aussi je l'ai appris et, pour parler comme David : J'ai cru,
voilà pourquoi j'ai parlé 1. Il faut aussi ajouter ce qu'a dit l'Apôtre :
Nous aussi nous croyons, voilà pourquoi nous parlons '. Celui
qui s'est détaché des richesses matérielles, de la gloire humaine
et du plaisir charnel pour embrasser la vie selon l'Évangile,
celui qui s'est affirmé dans ce détachement en se soumettant
à ceux qui ont atteint l'état d'homme fait selon le Christ s, celui-
là voit s'enflammer très fort en lui l'amour impassible, sacré et
divin ; il désire surnaturellement Dieu et l'union supracosmique
avec lui. Possédé complètement par cet amour, il trouve néces
saire d'examiner et d'observer avec soin les énergies du corps et
les puissances de l'âme : ne trouverait-il pas en elles un moyen de
s'unir à Dieu ? Il trouve, soit par lui-même, soit en s'initiant à
la doctrine des hommes expérimentés, que certaines d'entre elles

1 Ps., cxv, i (CXVI, 10).


• II Cor., IV, 13.
• Cfr Éphis., IV, 13.
TRIADE I, 3, 43-44 207

» ofov Tt <f>wç Oeîov Sià veXlvwv vp,évœv, Tovréari Sià ttJç ef


» rj^iwvaapKos tov Kvplov, r) delà 8vva.fj.ts airrov 8iavydÇovaa
» toîs <Éxovai TOVS 6<f>6aXfjLoi>s rijs KapSlas KeKaOapfiévovs ».
TAp> ov toûto ècmv ixeîvo, rô <f>av6repov èv Qafiœpiw

8tavydaav, d>s ko.1 6<f>6aXfioîs awfjaTOS AîjtttÔv yevéadai, œs 5


■qdéXrjoev, S /caî toîs ttjv KaphLav ê^ovoi TôVe KeKaOapfievrfV
■nâai 8C avrfjs è^Xéirero, tov TrpoGKVvrfTOV aœ/xaros a»? o.no
8I0KOV TLVOS <f>piKTÔ)S è^aorpâlTTOV KO.I T1JV KCLpSiaV aÛTOJJ'
7TepiaaTpdirrov ; « Merà tovtodv eWe /cai rffieîs evpeOeûr]fj.ev,
» àvaK€KaXvp.p.€vw npoocônu) ttjv 86£av Kvplov kclto- 10
)) TTTplX)6p.€VOL ». KaXoV yàp i7T€V^afJL€Vlp toûto e/ceî T(à
fieydXa>, /cai r/fiâs crvvevÇa.odau tovs marevovras.

44. '^4AAà totc fièv èv aapKi to fxéya <f>ws cttiSt)p.rjaav


iTpos Tffiâs, ovto) <f>aîvov diro rijs aapKOS eKeivqs, TOÎS K€Ka-
6apfj.évois II eaipâro' vvv Se ttÔûs clvtoÎs opâ/rai /cai irœs 15 1 1- 137*
èWoriv iSeîv aÛTO, rropevdeîs, et rrodeîs, fxdde irapà tu>v
opwvTwv, atv Kayù) rrvdôfievos, « imoTevoa », to toû JarnS
enreîv, « 810 èXdXrjaa » ' 8eî 8è /cai Trpoadeîvan. to toû '^4^0-
otoAou ' « Kal 17/xeîç Ttiarevofiev , 816 /cai AaAoû/Liev ». '0
t?7 tcûc ■yjpr\p.âTOiv KTTfoei /cai T77 tcDv àvdpcoTrcov 86£r) /caî 20
T17 tcôv oco/xciTcov ^Sovtj 8ià T17V eùayyeAi/o)»' ànoTaÇd-
fxevos t,ciJr)v Kai 81 Û7roTay^ç tcûv ev ttj /caTa Xpiorov rjXt-
klo. irporjKOVTWv tï]v ànoTayrjv ravTTjv f3eftcuu)oa.s, ôpâ èv
èavrâ) a<f>o8pÔTepov dvaKai6fj.evov tov dTradrj /caî îcpôv /cai
deîov epwra /cai @eôv îmepfivwç voOeî /cat r^v VTrepKoapaov 25
77-pÔ? TOÛTOV €VÙ)OlV. KaTŒKpaS TOÎVVV TOVTCp TÔ) epwTt, âAou?,
SiepewâadaL /cai Trept,GK07T€Îv avaTrelderai ràs crai/u.aTi/càç
ivepyetas Kal ràç 0u^i/càs 8vvdp.eis, e? 77-ou nepirvxoi, Si'
oiî ODi'ouCTtas' iinTVxot. &€ov, ojç oi^ Taj /ièv âAoyou? 770»»-
TaTraoïv evpio~K€i rj p-veÎTai. tô>v efj.7rei.pwv TTwdav6[j.evos , ràç 30
8'cî /cai c/ùv Adya) 7rpd£ets, àXXà npos oXiyov tô>v aiodrjTwv

CVSL
17-18 to toû Jaut$ C17TCλ* 810 cAaA^aa : Sio cXaXvaa tA rôti JacnS fiTrfîv VS.
208 GRÉGOIRE PALAMAS

sont absolument irrationnelles, tandis que les autres actions,


même lorsqu'elles comportent un élément de raison, ne se défen
dent à peu près pas contre les sensations. Quant à l'opinion et au
raisonnement, bien qu'ils soient des puissances raisonnables,
ils ne s'émancipent pas du centre des sensations, c'est-à-dire
de l'imagination. Il a d'autre part la sagesse de compren
dre que l'esprit psychique est l'organe par lequel ils s'accomplis
sent ; l'Apôtre l'a dit lui aussi : L'homme psychique n'accepte pas les
choses de l'Esprit l. Il recherche alors la vie qui dépasse tout cela,
celle qui est véritablement intellectuelle et qui ne se mélange pas
aux choses d'ici-bas, et il écoute les paroles de Nil, le Sage dans
les choses divines : Même si l'intelligence s'élève au-dessus de la
contemplation corporelle, elle n'a pas encore la vue parfaite du
lieu de Dieu; car elle peut n'être qu'au niveau de la science des
intelligibles et partager leur multiplicité 2. Et encore : L'esprit,
même lorsqu'il est dans les pensées simples, est très loin de Dieu s.

Une faculté propre 45. — Mais il apprend, par le grand


à l'esprit : trouver Denvs et ie célèbre Maxime, que notre
Dieu en lui-même. ■. . , ,, .
esprit possède d une part une puissance
d'intellection pour voir les choses intelligibles et que, d'autre
part, il possède l'union qui transcende l'a nature de l'esprit
et qui lui permet de s'attacher à ce qui le dépasse 4. Il
recherche donc cette faculté supérieure que nous possédons,
cette essence unique, parfaite, simple et absolument insé
parable de notre nature, cette faculté qui délimite et unifie les
analyses de la raison, sur lesquelles se fonde la certitude scienti
fique et qui progressent en se contractant et se divisant, à peu
près comme les animaux rampants. Cette faculté est donc l'as
pect des aspects. Si, en effet, l'esprit descend jusqu'à ces aspects
et, par eux, jusqu'à la vie diversifiée, en communiquant des éner
gies à toutes les facultés, il n'en possède pas moins une autre éner
gie, supérieure à celles-là. Il peut s'en servir par lui-même, puis-

1 / Cor., II, 14.


* Évagre le Pontique, De oratione, 57 (PG, LXXIX, 1180 A ; trad. I. Haus-
hf.kr, dans Rev. d'asc. et de myst., t. XV, 1934, p. 86).
» Ibid., 56 (PG, LXXIX, 1177 D-1180 A).
• Ps.-Denys, De div. nomin., VII, 1 (PG, III, 865 C) (cfr § 20) ; Sckolia
Maximi (PG, IV, 344 A).
TRIADE I, 3, 44-45 209

àvavcvovoas, 8d£av 8è Kal ttjv 8idvoiav, et Kal XoyiKas


8vvdp.€ts, ôAA' ov\l tov Tauiei'oi» tô>v alcrôrjo-ea>v àireÇevy-
p.ivas, 8r)XaB-fj tîjs <f>avraaias, in 8è Kal 8ià tov {(w^ikov
Trvev/xaTos (ôs opydvov TeXovp.ivas, vow€\â>s awiets, S
Kal 6 'AttocttoXos iÇeÎTrev <I>s « if/v^iicos dvdpa>7ros ov Scierai 5
» Ta tov IJv€VfiaToç », Tfjv vnip raÛTa Kal ôvrtos voepàv
ÇtjtcÎ koI Tœv KO.TO) dp.iyij Çarqv, aKovcov Kal tov oo<f>ov Ta
delà NelXov Xiyovros ' « Kàv xmkp rr)v crojp,aTiKr)v dewplav
» 6 vovs yivtyrai, ovtto) tcÀcov tov tov ©eov toitov ided-
» aaTO ' SiWtcu yàp iv tjj twv vorjp.dTù>v eîvat yvdaei Kal 10
» TroiKtXXeo-ôat Trpos avrrjv » ' Kal TrdXiv ' « Kal iv if/iXoîs vor]-
» p.aaiv 6 vovs d\v, fiaKpàv àrréxei à-rro toû Ocov ».

45. Madwv 8è Kal napà tov peydXov Atovvoiov Kal Ma£lpx>v


tov 7rdw, tov Ka8' r)p.âs vovv, rr)v p.cv ix€iv Swa/Luv els to
voeîv, 8i' ■îjs Ta vorjTa fiXi-rra., ttjv 8è ivutaw vrrepaipovaav rr)v js
tov vov <f>vo-tv, 81' r)s avvdiTTi.Tai trpos Ta èircKeiva iavrov,
TOVTO 8r) ^7jT€Î TO aKpOTaTOV TÛ)V €V TfpÛV, TTJV p,6vTjV TeXelaV
Kal ivtaïav /cai iravrr) apeprj tôjv Kad r)p.âs ovaiav, fj Kal
tovs Karà 8idvoiav àveXiyp,ovs , iv ois *cai rà râiv €TTLarqp.û>v
€)(€t ttjv da<f>dXetav, er^eSàv Karà rà iprrvoTtKà twv Çœtov 20
iv orvvaywyfj Kal 8iaipéoei. Trpoïovras, Kal ôplÇei Kal evo-
wouî, are el8os oSara tû>v el8â>v. El yàp Kal Trpos avTovs
Kal 81 avrwv npos ttjv iroXvp.eprj Kareioi {,<dt)v 6 vovs,
Trpoïo~)(6p.€vos Ta? ivepyaas || -nâaiv, àXX' l^ct 8ryrrov Kal \ i- i3Sr
Tiva eTepav KpeiTTOva evepyeiav, tjv avTos av ivcpyoîrj Kal 25
Ka6' iavrôv, are p,éveiv Kal Kad' iavrov 8vvdp.€vos, eVet-
8àv p,epiodfj T7JS TTOlKlXoTpÔTTOV TaVTTjS Kal 7ToXv€t,8oVS Kal
XO.p.€pTrovs SiatTTjç, woTTcp 8r)Ta Kat o i<f>nnros êx€t Twà
ivipyetav tov ijvio^cîv 8t,a<pep6vrws KpctTTCo, Kal ov\ t)vLk

CVSL
20 ifmiariKà L.
2IO GREGOIRE PALAMAS

qu'il peut aussi subsister par lui-même, lorsqu'il se sépare du


genre de vie présent, instable, varié et terre à terre. Il en est de
l'esprit comme du cavalier qui possède une énergie différente et
supérieure à celle dont il use pour conduire ; et ce n'est pas seule
ment lorsqu'il est à terre, mais aussi lorsqu'il est à cheval ou
sur son char qu'en lui-même il peut la mettre en activité, à condi
tion de ne pas s'abandonner tout entier à l'attention nécessaire
à la conduite '. Et l'esprit, lui aussi, s'il n'est pas tout entier et
toujours tourné vers ici-bas, jouit de son énergie supérieure et
sublime ; il le fait, il est vrai, bien plus difficilement que le cava
lier, car par nature il est lié au corps, embrouillé dans les con
naissances de formes corporelles, dans les relations diverses
et difficiles à écarter qui proviennent de la vie d'ici-bas. Donc,
lorsque l'esprit se donne à sa propre énergie qui consiste dans le
retour et la vigilance sur lui-même, lorsque par cette énergie, il
se transcende lui-même, il peut s'unir à Dieu.

La voie 46. — Voilà pourquoi, celui qui veut


de l'hésychasme. passionnément vivre avec Dieu fuit
la vie sujette à condamnation. Il choisit
la vie monacale, étrangère au .mariage. Il souhaite habiter sans
trouble ni souci dans le sanctuaire de l'hésychie, loin de toute
relation extérieure. Il y délie son âme, dans la mesure du possible,
de tout lien matériel et attache son esprit à la prière ininter
rompue à Dieu. Par elle, il se concentre tout entier en lui-même et
trouve un moyen nouveau et mystérieux pour monter aux cieux :
ce qu'on peut appeler l'insaisissable ténèbre du silence initiateur.
Avec une joie mystérieuse, il y attache soigneusement son esprit
dans un calme absolument simple, total et plein de douceur, dans
un repos et un silence véritable et il vole au-dessus de toutes les
créatures. Sortant ainsi tout entier de lui-même et se donnant tout
entier à Dieu, il voit la gloire de Dieu et contemple la lumière divine
qui ne tombe absolument pas sous les sens, en tant que sens, mais
constitue la vision bien-aimée et sainte des âmes et des esprits sans
tache. Sans cette lumière, aucun esprit ne peut voir en se servant
de son sens intellectuel, dans l'union avec ce qui le dépasse, de
même qu'aucun œil corporel ne voit sans lumière sensible.

1 Image platonicienne courante.


TRIADE I, 3, 45-46 211

âv âiropalr) p.6vov, àXXà Kal ifi Ittttov wv Kal âpp.aros,


evepyrjaeiev âv ko.6' iavrov avrqv, et pvr) SXov iavrov €K<ov
■noioiT) rrjs rov r/vio^elv e7Tip.eXei.as. Kai vovs rolvw, ci p.r\
ôXos Kal àel rrepl rà kÔltw orpé<f>oiro, yévoir âv ko! rrjs
Kpelrrovôs re Kal vip-qXoripas ivepyelas, el Kal /xa/cpa) 5
hva\€péaT€pov ifamTov, are <f>voei TrjV p,erà oœp.aros êx<ov
<rvp.TrXoKr]v Kal raïs aojp.aroei.8eat. yvojoeoi ovp,ire<f>vpp.évos
Kal rots (K tov rfj8e filov TToXvTpÔTTOlS Kal 8voa7TofiXrJTClS
axioeai. Trjs ovv Kaô' iavrov ivepyelas yev6p.evos ô vovs,
rjris eorlv r) npos iavrov arpocfjr) Kal rrjpj]ais, Si' avrijs IO
vvepavapalvœv iavrov, Kal Oeû> avyyivoir âv.

46. Aià rovro rolvw tov îmalriov <f>evyei filov 6 rrjs tov
Oeov awovalas ipaorr)s Kal rr)v p,ovax<.Kr)v Kal àavv8vaarov
alpeîrai iroXirelav Kal rots rrjs r)avxlo.s âhvrois àTTpayp.6voJS
re Kal a7repip.eplp.vojs iv8iairâodai irpo6vp.eîrat,, Traarjs 15
o\éoeu}s àin)XXayp.évos , èv ois vpoavXov iravros 8eap,ov
KaOôoov ifiiKTov Xvaas rr)v iftvxrjv, awâvrei rov vovv rfj
àStaXelnroj rrpos Oeov evxfj, Kal Si' avrijs iavrov ôXos
yeyovojs, Kaivrjv /cai airôpprfrov âvobov eis ovpavovs evpiaKei,
rov âva<f>ij rrjs Kpv<f>top.vorov oiyrjs ojs âv ris émoi yv6<j>ov, 20
Kal rovrip p.e0' r)8ovijs à-noppr\rov Trpooi\oiv à/cpijScDs' rov
vovv cv\ àrrXovarârrj Kal rravreXeî Kal yXvKepâ yaXi]vr) Kal
ovtojs r)avxia T€ Kai a<j>9ey£la irdvrojv îmeplirrarai ktiotûjv.
"OXos S' ovtojs iavrov eKoràs Kal ÔXos yevôp.evos Oeov,
86£av âpâ Oeov Kal <f>â>s eVcwTcuei Oeîov, TJKiora aloôrjoei 25
fi aladrjaet vttottItttov , iJjvxôjv 8è Kal voojv àorrlXojv ev^api
Kal lepov 9éap.a, 0$ x^P1^ °ù8' âv vovs fi voepàv exojv aïodr)-
olv âpqyq, roîs vrrep iavrov ivovp.evos, Kaddirep ov8è o<f>BaX-
p.6s aojp,aros, rov kot a"ioQr\aiv <purr6s x^pk-

CVSL
212 GREGOIRE PALAMAS

Condescendances 47- — Notre esPrit sort donc de lui"


divines. même et s'unit ainsi à Dieu ; mais il
le fait en se surpassant lui-même. Dieu,
de son côté, sort aussi de lui-même et s'unit ainsi à notre esprit ;
mais il le fait dans un acte de condescendance 1 : Comme charmé par
son amour et son affection, dans l'excès de sa bonté, sans se diviser,
il sort, en effet, de lui-même, lui qui est au-dessus de tout et transcen
de toutes choses 2 ; par cette union même qui dépasse l'esprit, il
s'unit à nous. Ce n'est d'ailleurs pas seulement à nous que Dieu
s'unit par condescendance, mais aussi aux anges célestes. C'est
saint Macairc qui nous l'apprend encore : Dans la bonté infinie,
dit-il, le Grand et le Suressentiel s'amoindrit pour pouvoir se mêler
à ses créatures intellectuelles, je veux dire aux âmes des saints et
aux anges, afin qu'eux aussi puissent, par sa divinité, communier
à la vie immortelle 3. Comment ne serait-il pas allé jusque-là dans
sa condescendance, lui qui a condescendu jusqu'à la chair,
jusqu'à la chair de mort 4, jusqu'à la mort de la croix 5, pour
enlever le voile de ténèbres tombé sur l'âme après la chute • et
lui communiquer de sa lumière, comme le même saint nous l'a
appris dans le chapitre mentionné au début 7 ?

Vraies et fausses ^8. — Frémissez donc, hommes sans


visions. foi, qui poussez les autres à l'infidélité,
aveugles, qui souhaitez conduire les .aveu
gles 8, vous qui vous éloignez très loin de Dieu en entraînant les
autres, vous qui enseignez que Dieu n'est pus lumière, sous pré
texte que vous ne voyez pas vous-mêmes, vous qui non seulement
détournez vos propres yeux de la lumière pour recourir aux
ténèbres, mais qui encore appelez la lumière « ténèbres » et
rendez vainc, en ce qui vous concerne, une si grande condescen-

1 Cfr s. Maxime, Cent, gnost., I, 31 (l'G, XC, 1093 D).


* Cfr Ps.-Denys, De div. nomin., IV, 13 (PG, III, 712 Ali) ; cfr s. Maxime,
Ambig. (l'G, XCI, 1413 AH).
' Macaikk-Symi'ion, De elevatione. mentis, (> (l'G, XXXIV, 893 C).
* Cfr Rom.. VII, 24.
« Philipp., II, 8.
• // Cor., III, 13-1G.
' Cfr les textes de Macaire, cités au § 3.
• Matth., XV, 14.
TRIADE I, 3, 47-48 213

47. 'O fièv ovv rjfi€T€pos vovs é£o> iavrov ylverai Kal
ovtùjç ivovrai tw Setp, àXX' vrrèp iavrov yivôp.evoç. 'O Se
Oeoç kiÙ avros e£co iavrov ylverai Kal ovtoj tu> kcl6
r)p.âs ivovrai vœ, àXXà « avyKara/Jacrci » xpa>(ji€vos, « wcnrep
» yàp épioTi Kal àyaTrqaei, BeXyôpevoç Kal 81' vnepfioXrjv 5
» àyadoTrjTOs ix tov virèp -navra /cai ttÔvtoiv i£r)pr)p,évov
» ê£a> iavrov àveK(f>oi~nJTtos yi.vop.evoc », kcli kot avrrjv
rrpr îmèp vovv evatoiv tj/aîv cvoûrai. "On 8è || oiî^ 17/i.û' Il f- 1381»
/xoi'o»', àÀÀà *cai rots €7rovpavi.ois ayyeXoiç ovyKœra-
paivtuv ivovrai 6 &eôs, 6 âyios Ma.Kapt.os nâÀiv i)p.âs 10
SiSa^ci, « Stà xPV<rr^TVTa * Xiywv « âireipov avop.i.Kpvvet,
» cairrô»' ô fiéyas Kal vjrepovoios, tov Svvrjdrjvai tocs voepoîs
» avrov Knapaai avyKpadijvat, ipvxaîs âyta»' ^17/^1 #cai
» àyyc'Àoi?, "va »cai aÙTOîç yévoiTO Çaerçç àflavâVou T77 aùroû
» OeÔTTjTi uerao^clv ». /7a>S' 8' oiÎk âv p-ixPl tovtov crvyKa- 15
TajSaiTj, ô p.€XPl o-o-pxôs cruy/caTa/îas, *aî oapKOÇ OavaTOV,
Kal davdrov aravpov, ïva TreptéXr] tÔ èiwreoov eV Trapafiâ'-
aews ri} ifjvxj) KÔXvp.p.a rov okotovs Kal tov oiKeiov p.era-
8â> <f>a>T6s, (ûs 6 avros âyios èv tô> rrjv àpxrjv elprjp.évq)
Ke<j>a\ai(x) èoioaÇe / -'o

48. &pi£aTe toivvv ol aTTioTovvTes Kal Trpos àiTiOTiav


tovs âXXovs èvâyovTes, ol TV<f>Xol Kal tovs TV<f>Xoi>s ôhrjyeîv
7rp06vp.0vp.ev01, ol TroppojTepa) Qeov ^w/)owTeî Kal rovs
âXXovs aTrâyovres, ol tû> p.rj j8Ae7reiv p.-qoè (f>ws elvai tov
©eov ooyparlÇovTes , ol p.rj pôvov avroi ràs oi/reiç tov <f>a)TOS ^5
à.TTOOTp€<f)OVT€S Kal TW OXOTCl TTpOOTp€)(OVTeS , àXXà Kal TO
<f>ws okotos Xéyovres Kal ToaavTrjv Qeov ovyKaTa^aaiv
âirpaKTOv to ye els û/iâç fjKov àiroTeXovvTes , ovk âv tovto
TraOôvTeç, et toîs TÔiv Trarepaiv entOTevere Àdyoïç " ol yàp
tovtols rreidôpevoi, pr] on irpos Ta twv ^apta/xaTa»!' vrrep- 30
<f>vâ, aXXà Kal Trpos Ta tovtiov àp(f>io^rjTr]Oipa, 7roXXr)v ttjv
evXdfietav €TTioelKvvvTaL. « "Eon » yap (f>rjoiv 6 dytoç MâpKoç

cvsr.
12 vo<pots : Upoîs V.
214 GRÉGOIRE PALAMAS

dance de Dieu ! Vous n'en seriez pas là si vous aviez cru aux
paroles des Pères ; car ceux qui y croient font preuve d'une grande
vénération non seulement pour les charismes extraordinaires,
mais aussi pour les charismes sujets à contestation. 27 existe,
en effet, dit saint Marc, une grâce que l'enfant ignore, mais que
l'on ne doit ni analhématiser, car elle peut être véritable, ni accepter,
car elle peut conduire à l'erreur l. Il existe donc, vois-tu, une grâce
véritable, mais différente de la vérité dogmatique ; car qu'est-ce
qui est contestable dans la vérité dogmatique ? Il y a par consé
quent une grâce agissante et manifeste qui dépasse la connais
sance : à cause d'elle, il n'est pas pieux de considérer nécessaire
ment comme une erreur la grâce qui n'a pas encore été mise à
l'épreuve. Voilà pourquoi le divin Nil conseille, lui aussi, de
demander à Dieu l'éclaircissement de phénomènes semblables :
A ce moment, dit-il, prie avec ferveur, afin que Dieu t 'éclaire lui-
même, si la vision vient de lui, et qu'il chasse l'erreur loin de toi
au plus tôt, si elle ne vient pas de lui. Et, certes, les Pères n'ont
pas manqué de nous expliquer quels étaient les signes de l'erreur
et quels étaient ceux de la vérité. L'erreur, en effet, même si elle
simule le visage du Bien, même si elle se revêt d'éclatantes appa
rences, ne pourra être à l'origine d'une bonne action : elle ne fera
pas haïr le monde, ni mépriser la gloire des hommes, ni désirer
les choses célestes, ni réprimer les mauvaises pensées; elle ne pro
curera pas le repos spirituel, la joie, la paix, l'humilité; elle ne fera
pas cesser les plaisirs et les passions, ne mettra pas l'âme en de
bonnes dispositions; car toutes ces vertus sont produites par la
grâce-, alors que l'erreur engendre leurs contraires. Certains aussi
ont déjà défini, d'après leur grande expérience, les particularités
de la vision intellectuelle elle-même : on peut donc la reconnaître
à cause des effets qu'elle produit. A ses effets, est-il dit, tu sauras
donc si la lumière intellectuelle qui a lui dans ton âme provient par
nature de Dieu ou de Satan : tu ne considéreras pas ainsi comme un
trompeur celui qui a détruit l'erreur, et tu ne prendras pas l'erreur
pour la vérité *.

» Opusc, II, 26 (PG, LXV, 933 D).


* Les deux citations précédentes proviennent du même passage de Macairk-
Syméon (De patientia, 13, PG, XXXIV, 876 D).
TRIADE I, 3, 48 215

« X^PIÇ rV vt)ttLu> àyvoovfiévrj, t)v oùre âva^euaTiÇciv Set


» 8ià T-r\v àXrjdeiav, ovre npooSéx^crdai 8ià ttjv irXdvqv ».
'Opâs côs fCTi X'îp'-S ôÀrjdrjs, érépa Trapà ttjv twv 8oyp.dTœv
àXrjdeiav ; Ti yàp Trjs dXrjdelas TÛ>v 8oyp.aTO>v àp.<f>taf$r]TTJ-
aip.ov ; "Eoriv ovv virèp yvtàotv ivepyos X^Pls ^vapyr]s, 8C 5
r)v Kai ttjv p,rjTrœ 8oKip,aodeîuav TrXdvrjv Xéyew ovk eùÀajSe?.
A10 Kai 6 deîos NeîXoç Trapà Oeov rr)v 8-qXatai.v iirl rdv
Tou>VTUiv iÇcuTeîv elo-qyeÏTat, « eu^ou » Xéycuv « TrjviKavra
» avvrôvios, Iva et p.èv ck Oeov eori to opafia, avrés cre
» ^cdticttj, ci Se p.rj, Bârrov ttjv TrXdvrjv €k8iu»^tj àiro ctoû». 10
Kai p.r)v ov8è tovto ol rrarépes t)v4o~)(ovto p,r) iÇenreîv
r)p.îv riva Ta ttjs TrXdvrjs Kai riva rà ttjs àX-rjOeias yva>plcr-
p.ara. « 'H yàp irXdvr), xâv to rov àyaôov Trpôaœrrov vrro-
» Kplvrp-ai, kSlv opdaeis Xap.Trpàs irepifidXXTjTai, èvépyeiav
» àyadrjv 77-apeurée îv où SuvTjcrerat" où yàp Koop,ov pûaos, J5
» où 7repi<f>p6vr](nv àv0pa>Tra)v 86£t)s, ovk imOvplav tû>v
» ovpavuxiv, ov KardarauLV Xoyiap,â>v, ovk àvairavaiv ttvcv-
» p.ariKrr\v, ov yapàv, ovk elprjvqv, où TaTretvœaiv, ov Kard-
» rravotv r)8ovû>v té' Kai TraOœv, où 8idQeai.v ipvxrjs aplon)V
» ravra ydp eloi rà ttjs ^a/n-roç iv€pyqp,aTa, || <Lv ràvavrla 20 [ f. 1397
» elal rà 1-779 TrXdvqs yevvTJp-ara ». "H8tj §6 nveç ck ttoXXtjs
rreipas Kai tîjs voepâs Qéas avrfjç elprJKaaiv îSioTijraç, <Lç
âv €\ot tis Kai Trpo twv lv^pyr\p.droiv TeKp.r)piwoaodat. « Kai
» ro'wvv eïar] » <f>rjolv « ck tû>v ivepyr)p.dTO)v rô èXXap.<j)dkv
» iv rfj ifjvxf) aov voepov <f>œs, Trorepov tov @eov r) rov 25
» ZaTavâ TT€<f>VKev 5v, Iva p.rjT€ tov ttjs TrXdvqs dvaipiTT\v
» trXdvov eîvat vop.ioT)s, p-rJTe ttjv TrXdvrjv àX^Oetav ».

CVSL
12 to ante t^s àXqOtlas om. L.
21 6 GRÉGOIRE PALAMAS

Personne n'est in- ^9. — Cependant, dans le siècle pré


faillible, sent, la lumière exempte d'erreur ne nous
gratine pas de l'infaillibilité : Celui qui dit
cela, dit l'un des Pères, est du parti des loups. Qu'ils considèrent
donc, combien ils se sont écartés de la vérité, ceux qui prennent
le prétexte de quelques faiblesses humaines pour déclarer que les
hommes qui ont reçu la grâce sont dans l'erreur ! Ils n'entendent
pas l'auteur de l'Échelle qui nous dit : Seul l'ange, mais non pas
l'homme, peut éviter l'erreur provenant des péchés 1. Et encore :
Certains reconnaissent leur propre humilité à leurs faiblesses et,
grâce à leurs fautes, se sont concilié la Mère des charismes. Parmi
les hommes ce n'est pas une impassibilité angélique qu'il faut
rechercher, mais une impassibilité humaine : selon le même saint,
tu reconnaîtras sans erreur qu'elle se trouve en toi en ressentant une
abondance de lumière indicible et un amour inexprimable de la
prière. Et encore : Ce n'est que l'âme libérée de toute mauvaise
prédisposition qui contemple la lumière divine ; quant à la connais
sance des dogmes divins, combien nombreux sont ceux qui la pos
sèdent avec ces prédispositions. Et encore : Ceux qui ont une âme
faible reconnaissent à d'autres signes le regard que le Seigneur
jette sur eux, alors que les parfaits le reconnaissent à la présence de
l'Esprit. Et encore : Chez ceux qui sont au stade élémentaire, le
surcroît d'humilité donne la certitude qu'ils font des progrès selon
la volonté de Dieu; chez ceux qui sont à moitié chemin, c'est leur
retraite devant les combats; chez les parfaits, c'est l'augmentation
et la surabondance de lumière divine 2.

Les degrés de la 50. — Donc, si cette lumière intellec-


perfcction. tuelle ne fournit pas la connaissance,
comme le disent les Pères, mais constitue
elle-même une connaissance, et puisqu'une grande abondance de
cette lumière est la preuve d'une perfection qui plaît à Dieu,
la vie de Salomon serait plus parfaite et plus agréable à Dieu que
celle de tous les saints depuis le commencement des siècles ;
et je ne parle pas des Hellènes que l'on admire pour la grande
abondance de leur sagesse ! Mais puisque cette lumière illumine

1 Cfr s. Jean Climaque, Scala, IV (PG, LXXXVIII, 696 D, ad sensum).


* Cfr s. Jean Climaque, Scala, XXVI (ibid.. 1013 A).
TRIADE I, 3, 49-50 217

49. '^4AA' où^t to àTT-Aavèç <f>û>s to àrpemov iv tû> alœvt


Tovrip \apit,€Tai. ' « Tovro yàp 6 Xéywv » Kadâirep tis
é<j>r) Ttâv TTaripoiv « tov pépovs tôjv Xvkojv èari ».
SKOTTtiTivaav 8rj ttooov ttjs aXrjdeias aTTOTrXavwvraL ol
ck tôjv avdpamîvajv èv riaiv iXXetipeajv tovs Ke^apiTOjpévovs 5
ireirXavrifiévovs à7ro<f>at.v6pevot, prjhè tov ttjs KXlpaKos
aKOVovT€Ç Xiyovros' « Ovk àvdpdjirov, àXXà àyyéXov to pi]
» #cÀ€7TTCcr0ai €<f>' àpaprqpaai.v eîvat » ' ko.1 7rdXt.v ' « Tivès
» c£ iXXelifteojv êavrovs evreXlÇovoi Kal e/c irraiapdTOJV
» T?)v TÛiv xaPtapdTOJV prjTepa wKeiwoavro ». 'ATrddeta yovv 10
iv àvdpwTTOLS, ovk àyyiXwv, àXX' avBpoj-nlvr\ Çt)t€Îtcu, « rjv
» yvœoj) Kal ovk à.ira.Tr)Qr\ar\ iv oeavTw ovaav » Karà
tov avrov âytov « iv irXrjdei. (f>ojTos àpprjTov ko! vpoaevxfjs
» epa)Ti àpvôrjTU) » " Kal 7raÀiv " « V^x1? TrpoXytfjeios iXevdepœ-
» deîaa wavreo? deîov <f>ws i0ed.oa.To' yvwaiv Se 80yp.oi.TOJV 15
» delajv, TToaot perà TrpoXrfifieajv e^ovai » " Kal ndXiv * « 'EÇ
» <xÀAa>i> /xèv ol Trj tpvxfj àodeveîs yvcoplÇovat. t^v rrpos êav-
» roùç tov Kvpiov iirloKeiftiv, ol Se rcAeuu e« t^ç toû IJvev-
» paros irapovalas » " »cat 7raAiv ' « 'Z?v pèv toîs elaayojyiKoîs ,
» TrXr)po(f>opla tov Karà ©eôv elvai avTÔJv rà oiafirjpaTa 17 20
» rfjs Tanei.vujO€a>s ioTi irpood-qK-q ' iv Se toîs péoois, tj tôjv
» TToXépojv àvaxujprjois ' iv 8è toîs rcÀetoiç, 17 T°û Bciov
» <Jjojtos TrpoadrjKirj Kal ireptovola ».

50. i?i Toiwv prj voepov tovtI to <f>d>s Kal yvcooecos napeK-
tikÔv, KaBâirep 01 -naTepes Xéyovoiv, àXXà yvâjais ioriv, r) 25
Tairrqs ok TTcpiovala oeîypa deofiiXovs TeXeiôrqTos , SoXopâjv-
tos o filos TeXeojTepos tc /cat deo(f>iXioTepos av tJv tôjv àw'
alâjvos àylojv, Iva prj Xiyœ Kal tôjv iirl oo<f>ias nepiovola
davpaÇopévajv 'EXXtjvojv. Ettci 8è Kal tôjv eloayajyiKœv
eoTtv ois Kal 5t€, àXX' àpvSpoTepov, to tolovtov imXdpTTei 3°
<f>œs, Kal toÎs TeXelois yîveTai TrpoodrjKT) TaTretvœaeajs,

CVSL
24 TOVTt TO ^CÛÇ : TO <f>Û>Ç TOVTO VS.
2l8 GRÉGOIRE PALAMAS

parfois aussi, bien que moins distinctement, certains novices,


puisque, d'autre part, elle procure aux parfaits un surcroît d'hu
milité, bien que différente d'aspect de celle des novices, le même
Père ajoute : Les petites choses chez les parfaits ne sont pas des
petites choses et les grandes choses chez les petites gens ne sont pas
absolument parfaites l. Mais tu sauras clairement que l'amour
de Dieu envers les hommes admet que la grâce éclaire aussi ces
petites gens ; écoute seulement l'admirable Diadoque : Au début,
dit-il en effet, on sent d'ordinaire très fortement que la grâce illu
mine l'âme de sa lumière propre, tandis qu'au milieu des luttes elle
agit généralement sans qu'on la reconnaisse*. Suivant Nil qui
parle dans l'Esprit, le Saint-Esprit, compatissant à notre faiblesse,
vient nous visiter, même lorsque nous sommes impurs; pourvu
seulement qu'il trouve notre intelligence priant avec le désir de
l'oraison véritable, il y entre et dissipe toute la phalange des raison
nements et des pensées qui l'assiègent *. Et saint Macaire dit :
Dieu est bon; dans son amour pour les hommes, il satisfait aux
demandes de ceux qui le prient; la grâce divine vient parfois habiter
en celui qui s'épuise dans la prière, bien qu'il n'ait pas manifesté
un zèle égal envers les autres vertus ; et la prière lui est donnée en
proportion avec la grâce, dans la joie, selon ce qu'il avait demandé
à Dieu; il reste pourtant dépourvu de tous les autres biens. Il ne
faut pas, cependant, qu'il néglige ces autres biens, mais que, par
la persévérance et l'exercice dans cette lutte, il rende son cœur
complaisant et obéissant à Dieu, pour rechercher et acquérir toutes
les vertus. Ainsi, en effet, le charisme de la prière accordé par l'Esprit
ira en fructifiant, amenant avec lui une vraie humilité, un amour
véritable et toute la série des vertus qu'il avait réclamée dès le début
de sa lutte *.

1 S. Jean Climaque, Scala. XXVI (ibid., 1033 B).


* Cap. 69 (édit. des Places, Paris, 1955, P- I29)-
* Évagre, De oral., 62 (PG, LXXIX, 1180 C ; cfr trad. Hausherr, dans Rev.
d'asc. et de myst., t. XV, 1934, P- 91)-
4 Deux textes de Macaire peuvent être rapprochés de ce passage : Hom., XIX,
6-8 (PG, XXXIV, 648 BD) et Macaire-Syméon, De libertate mentis, 18-19
(ibid., 949 D- 952). Il s'agit probablement d'une paraphrase inédite de Macaire
(cfr Tr. I, 2, 3 ; Tr. I, 3, 7, 34, 43).
TRIADE I, 3, 50 219

dAÀ' irépa t<3 eiSet irapà tt)v twv €laayop.ivoiv , 8tà tovto
èirupépci Xéycov 6 avroç ' « 7a uèv fiiKpà irapà roîs TeAeîots ov
» p.iKpd ' rà 8e /zeyaAa irapà toi? p-ucpoîç ov irdvrœs TeÀeta ».
"Oti 8è Kal tovtois 17 6eia X^-Pls £iTuf>aiV€Tat <f>iXavdpùjrroJS
elcrrj oa<f>ws, || et irelor/ AiaS6x<p tô> 9avp.aoLoj ' « 'H x°-Pls 5 ' f- 139*
» ydp » <f>rjai « ttjv àpxr)v ev aîo#Tjoei iroXXfj, ttjv *pvxr)v
» t<3 ot/cet'a» eï(vOe irepiavydÇeiv (f>0JTi' irepi, Se rà /xe'cra rûi'
» àyaJva>v àyvœoTws rà iroWà èveoyet». « Tô yào àyu>v
» IJvevpa » *caTa tov èv IIv€vp.aTi XaXovvTa NeîXov, « ox»/x-
» Trao^ov ttj iJ/Acrepa àodevela., Kal àKadâprois oôaiv rjp.lv 10
» iirufxyiTâ Kal, eïirep evprjaet, tÔv voûv pâvov <f>iXaXfjdùJS
» aÙT<3 irpoo€V}(6p.evov, eVtjSaivei aura) *cat irâoav ttjv
» *cu*cAoûoav aùrôv tôV Aoyio/xcàv tj votj/xcitcov <f>dXayya
» è£a<j>avlÇei ». '0 8è âytoç Afa/captoç « àyaflôs' t&v o ©eds- »
tfyrjcnv, « opeyei toîs atTOt/at <f>iXavdpanr6r€pov rà aiTTj/xaTa' 15
» tô) toLwv et? irpoaevxTjv èaurôv ckitovovvti,, ko.v et /xtj
» TT/oôs- ràç âAAaç tcôv àperœv tov avrov rpôirov eVtSetVvvTai
» ttjv ottouStjv, evtOTe p.kv aÙTo) tj 0et'a xàpiç iirufroiTÔ., ko!
» St'SoTai tovto» ^apiro? €<c p.epovç e'v €v<f>poovvr) icarà ttjv
» avroû Trpoç tov Oeôv ^TjTTjatv eiî^Tj, àAA' €prjp.os oiïros 2°
» tcSv aAAatv iràvTœv uevet /caAtDv ' 8eî 8tj /atj oXiyœpws
» èxetv TT/oô? TaAAa, àAAà toi/Jtj Kal yvpvaoiq. rr)v Kaphlav
» àvrcpiÇovaav èvSoTi/cijv /cal iretôfjviov rœ 0€Û> ttoicîv,
» irpos cnrovS'ijv Te Kat /cttjctiv àVaoTjç àperijs ' ovrœ yàp
» «ai to 8o6èv Îiito tov IIv€vp.aTos ttjs eù^Tj? ^apto/xa, 7700s- 25
» eirlSocriv Tjfet, avvf.iTay6p.evov Tairecvo<f>poavvrjv àXrjOrj Kal
» àydirrjv àiftev8r} Kal irdvra tov tcûv àpeTtùv /caTaAoyov,
» ôv /cat irpofiiaodp.cvos iijeÇrJTTjoev ».

CVSL
220 GREGOIRE PALAMAS

Dieu est seul juge. 51. — Vois-tu l'importance de ce rappel


du Père ? Il rebâtit ce qui reste a cons
truire, mais sans déterrer les fondements sous le prétexte que
les murs ne sont pas encore reconstruits et il ne renverse pas
ces derniers parce que le toit n'est pas posé dessus. Il sait, en effet,
il comprend par expérience, que le royaume des cieux qui est en
nous est semé comme un grain de sénevé : c'est la plus petite
de toutes les semences, mais elle devient ensuite si grande et
surpasse tellement toutes les puissances de l'âme, qu'elle devient
une agréable demeure pour les oiseaux du ciel *. Mais ces gens
dont tu parles viennent juger parce qu'ils manquent de jugement
et, dans leur inexpérience, se trouvent dépouillés de ce qu'ils
auraient pu avoir d'utile pour leurs frères. Impudemment,
ils se saisissent du jugement qui appartient à Dieu : celui qu'ils
choisissent, ils le déclarent digne de la grâce et non pas un autre.
Car c'est à Dieu seul qu'il appartient de désigner ceux qui sont
dignes de sa propre grâce. Si lui-même a accueilli un homme, qui
es-tu, toi qui juges un serviteur à'autrui?2 dit l'Apôtre. Quant
à nous, revenons donc à notre point de départ et, en ajoutant
quelques mots encore, terminons le traité qui tend à devenir
très long.

La purification , 52. — Celui qui ne croit pas à ce


condition de la grand mystère de la grâce nouvelle,
connaissance. , . ,, , , , ,.•
celui qui ignore 1 espérance de la déi
fication, ne peut mépriser le plaisir de chair, l'argent, la
richesse et la gloire humaine. Et s'il le peut pour un bref
moment, c'est l'orgueil d'avoir déjà atteint la perfection qui
prend place en lui et il retombe dans la catégorie dos impurs.
Celui qui désire cette espérance, même s'il a accompli toutes les
bonnes actions, recherche la perfection plus que parfaite et
infinie : il ne considère donc pas qu'il ait acquis quoi que ce soit
et progresse ainsi dans l'humilité ; il pense tantôt à la supériorité
des saints qui l'ont précédé, tantôt à la surabondance de l'amour
divin à l'égard des hommes ; il pleure et s'écrie comme Isaîe :
Malheur à moi ! Je suis impur, j'ai des lèvres impures et j'ai vu de

1 Matth.. XIII, 31-32.


» Rom., XIV, 4.
TRIADE I, 3, 51-52 221

51. 'Opâs rfjs iraTpiKTJs vovBeoias TOVTrîcrrjpov ; Tlpoa-


eiroiKohopei yàp to XcIttov, àXX* ovk iÇopvrrei TOVS Bepe-
Xiovs 8ià to /X1J7TO» tovs toi^ovs èireyepdijvai, ovSè xadai-
peî tovtovs Sià to p/rj tovtois im.Keîcr0ai tov opo<f>ov. Kal
yàp ot8e, tj} Treipa ovveis, ws kokkov pèv o-wâneats crneipo- 5
fiévrjv rr)v èv ■qp.îv tÛ)v ovpavœv fiaotXelav, 5 p.iKp6repov
Trâvruiv twv cnreppâTUiV èoTiv, vorepov 8' èirl toctoûtov
av£op.évT)v Kal ràç rrjç fox^S "nacras VTrepavafïalvovaav èv-
vâpeis, <*>S Kal twv ovpaviwv ■nrr\vGiv ètnTepnres elvai o~Kr\vuip.a.
Ovtoi 8' ovs <f>fjs, \rn aKpialas els tÔ Kplveiv \aipovvTes, IO
vtr àireiplas à<f>aipovvTai., kov ti irpoaij rots à8eX<f>oîs Xvcn-
TeXeîv Bwdpevov, Kal ttjv tov Oeov Kpiaiv vn àvai&elas
àpnât,ovres , tov pèv â£iov àTTO<f>alvovrai x^/311"0?. °s àv
bWjirov tovtois S0K77, tov 8* ov. Oeov yàp p,6vov tovs à£lovs
rfjs oiKelas x^piTOS Kplveiv. El toIwv aùro? Tiva irpooeXâ- 15
fitTo, « ov tLs et 6 Kplvwv àXXoTpiov oIkcttjv; » <f>rjolv 6 'Atto-
cttoAoç. 'AXX' 17/xeîç iiraveXdôvTes ôdev eÇéprjfiev Kal p,iKpà
■npooenrôvres, CTn'o^to/xcv tolvvv || ê\ov tov Xôyov els ttoXv | t- M0*
prJKOS ànoTeivôpevov .

52. '0 tovto to p.éya rfjs Katvijs xdpiros p.r) mcrrevcov 20


p.voTt)piov, prjSè irpos ttjv cÀm'Sa rfjs Oedxjews j3Xé7ra>v,
ov8è oapKos rjSovfjs Kal xpr/paTWV /cai KTTjpaTaiv Kal rf\s
irpos àvdpwTTwv SôÇrjs KaTa<f>pov€Îv SvvaiT' av. El 8' apa
Kal Svmjdeirj, koIv rrpos fSpaxv, <f>voîa)ois avTov <Ls to réXeiov
tJot] KTqoâp,€vov SiaSe^eTai, 8i' ?js avOis irpos tov tcSv à/ca- 25
Oâprwv KaTaoïraTat KaTaXoyov. '0 Se rrpos e/ceîvo fiXé-n-œv,
kov ânav epyov àyadov KTrjcrrjTai, TrpoKelpevov e^wv ttjv
virepTeXrj Kal aTéXecrrov TeXeioTTjra, èavTov ovttio Xoyi^Tai
KaT€iX-rj(f>évai ti Kal ovtcû ttj TaiT€i.vœo€t, npooTÎdrjai,, 81a-
voovpevos 8è tovto pkv ttjv tôjv 7Tpoœ8evKÔTœv àytwv une- 30
P°XVV> T°vTO 8è ttjv ttjs deîas <f>iXavdpw7rlas îmep^oX-qv,

CVSL

4 apposai- L II 14 &okoî S |J 18 intoxoiJLtv C || 24 yovv post xàv add. L.


222 GRÉGOIRE PALAMAS

mes yeux le Seigneur Sabaoth l. Mais ces larmes font progresser


dans la purification et le Seigneur de la grâce y ajoute la con
solation et l'illumination. Voilà pourquoi Jean qui enseigne par
expérience nous dit : L'abîme d'affliction a vu la consolation et la
pureté du cœur a reçu l'illumination *. C'est donc le cœur purifié
qui reçoit cette illumination, tandis que même un cœur impur
peut recevoir ce que l'on peut dire ou connaître au sujet de
Dieu. Il est donc évident que cette illumination surpasse toute
parole et toute connaissance, même si on l'appelle « connais
sance » et « intellection », parce que c'est l'Esprit qui la
fournit à l'intelligence. 77 s'agit, est-il dit, d'un autre aspect
de l'intellection, un aspect spirituel, qui est inaccessible aux cœurs
fidèles eux-mêmes, à moins qu'ils n'aient été purifiés par des
œuvres. Voilà pourquoi Celui qui procure la vision et qui en est
lui-même l'objet, c'est-à-dire Dieu, la lumière du cœur pur, dit :
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu 3. Pour
quoi ceux-là seraient-ils bienheureux, si cette vision était une
connaissance que nous-mêmes, les impurs, nous possédons ?
Celui qui fut illuminé et qui donna une définition de l'illumina
tion a donc bien parlé : l'illumination n'est pas une connaissance,
mais une énergie indicible, que l'on voit sans voir, puisque la vision
n'est pas sensible, et que l'on conçoit sans connaître *, puisque cette
intellection n'est pas du domaine de la raison. Je pourrais
ajouter d'autres témoignages, mais je crains que même
ceux-là n'aient été proposés en vain. Car, suivant le même
Saint, celui qui veut raconter en paroles la sensation et l'énergie de
l'illumination divine à ceux qui n'y ont pas goûté est semblable à
celui qui voudrait enseigner par la parole ce qu'est la saveur du miel
à ceux qui n'y ont pas goûté. C'est à toi, cependant, que nos traités
sont adressés, afin que tu saches ce qui est vrai et que tu admettes
que nous aussi, nous sommes en accord avec les paroles des Pères.
Examine donc le reste de ces témoignages qui sont transcrits
plus bas 8.

1 Cfr Is., VI, 5.


»S. Jean Cumaque, Scala. VII (PG, LXXXVIII, 813 B).
» Matth., V, 8.
* S. Jean Cumaque, ibid.
• Un florilège patristiquc. comparable à celui qui suit le premier traité (voir
supra) faisait partie du manuscrit original. Les copies que nous possédons
ne nous l'ont pas conservé.
TRIADE I, 3, 52 223

ncvdwv, tÔ tov 'Haaîov j8oâ ' « Olp,oi Sri aKaidapTos œv Kai


» àK<L6apTa x*^7) *X(ov' K^piov EafïaùiQ etSov toîs o<f>da\p.oîç
» fXOV ». T6 Se TT€V0OÇ TOVTO TTJ K0.9<LpO€l TTpOOTtPI/OW '
iTriSatfjiXeveTat. 8è Tavrrj rrapâKXrjoiv Te *ccù eXXafitfiiv o
TTJS X^plTOS KvpLOS. "Ev0€V TOI Kal 6 T7J ITilpa SlSdOXCOV 5
'/toawTjç <f>r]otv ' « "Afivoooç fiev Trévdovç irapaKX-qaiv i9ea-
» oo.to' Kadap6rr]ç 8è xapSlas iSéÇaro tXXafit/jiv » . Acktikt)
toIvw Trjs cAAa/x^ecuç Tavnjç, KapSia /ce/caflap/xéVrç " ocra
8è 7re/jt ©eoû AeyeTCU kcu ywtucrKCTai, »cai Kaphia à*ca-
Oapros Sacrât. ^avepàv tolvvv œs v-rrkp Xôyov re *ceu 'o
yvtôcrtv aû-rrç 17 éWafUpis, Kav yvwoiv ris rav-rt]v cÏttoi Kal
voTjatv, <Ls tc3 vtô xo^you/xéVrçv V7rô toû TIv€vp.aTOs ' « "Etc-
» por cfSoff »Aeyet« voTjcrecuç, 7rv€vp.aTiKov n, #caî aÙTaîç tciîs
» 7riOTaîç KapSlais, et p.r/ Si' êpyœv Kadapôeîev , àx<ipf]TOv ».
^dià *caî tÔ Trapéxov to o/>âv «ai ôpiôp-evov, ravrô 8' eiireîv 15
to -rij? KaOapâç Kap8ias <f>â>ç, o @côç « /xa/cd/noi » <f>T](7i.v « oî
» Kadapol rij Kaphia, cm avrol tov Oeov oiftovrai ». 77cDs'
oiîv oSrot Sià tovto /xa/capioi, eînep 17 ôpaats avrr] yvœois,
ttjv 8è Kal 17/ieîç éxop.ev oi aKaOapToi ', KaXws âp' elnev 6
èXXapup'dels Kal ttjv eXXafiiftiv cyn£ouei/oç ôri eXXap.tjjis ioriv 10
où yvœms, àXX' « âpprjros ivépyeia, ôpwp.évT) àopâ.Tcos », oiî
yà/J aia9r)TÛ>ç, Kai « voovp.évT) àyvœoTioç », 01) yàp Aoyiori-
*ftôç. ^//v jiièv ow irpooOeîvai Kal crêpa ' Se'Soi/ca 8è /xij «ai
TaÛTa p,a.Trjv npoédrjKa. Karà yàp tov avTov âyiov « o eAAa/x.-
» ^iea»ç 0€OÛ a'crOrjoiv Kal èvépyeiav toîç àyevoTots 8ià ^5
» Aoyow 8i.rjy€Îodai fiov\6p.evos, ôuoio? cctti tcO toÎç p.T\
» y€voap.ivois /xc'Àitoç, t^v aÙToû yAu/cvnjTa Stà Aôycov
» SiScur/ceii/ eWAovn ». IJpos crè 8' ô/xco? ij/ttv oî Adyoi yeyd-
vaariv, (Ls âv Kal av TaXr]9ès àKpifiws || cîSeiTj?, /cai ij/iâç II f 1401»
ô/xoAoyo5iras Taîç Ttûv iraTepcav (fxovaîs, wv ràs vttoXoLttovs 3°
viroy€ypap,p.évas ovaaç, Sie^t^i.

CVSL ( a /«nea 29 déficit V)

II cfirot : «"ttï? L II 15 toiîto : ravrév VS || 19 17/iCÏs txoiitv oi aKd$apTOi : ol


aicâdapToi ^/*eîç cx°^fv ^-
DU MÊME
TRAITÉ PREMIER DE LA DEUXIÈME SÉRIE POUR LA DÉFENSE
DES SAINTS HÉSYCHASTES
EXPOSITION ET RÉFUTATION DES ÉCRITS DU PHILOSOPHE
BARLAAM CONTRE LES SAINTS HÉSYCHASTES
DE LA CONNAISSANCE QUI APPORTE VRAIMENT
LE SALUT ET QUE RECHERCHENT LES VRAIS MOINES
OU BIEN : CONTRE CEUX QUI DÉCLARENT
QUE C'EST LA CONNAISSANCE PROVENANT DE L'ÉDUCATION
PROFANE QUI APPORTE VRAIMENT LE SALUT

Barlaam et les *■ — Rien n'est plus funeste que le


moines. mensonge. Aucune charge n'est plus
lourde que celle de la calomnie, mais pour
ceux qui la pratiquent et non pour ceux qui en sont les victimes !
Ces derniers en reçoivent parfois une plus grande considération
et leur résignation leur permet de gagner les récompenses célestes ;
tandis que le Seigneur fait périr tous ceux qui pratiquent le men
songe l. Si un spoliateur se proclame spolié, si un calomniateur
se déclare calomnié, s'il porte plainte contre sa victime qui n'a
fait aucun mal, que peut-on imaginer de plus infâme et quelle est
la condamnation dont il n'est pas digne ? Et, s'il n'est pas con
damné aujourd'hui, c'est qu't7 s'amasse un trésor de colère pour
le jour du juste jugement et de la manifestation de Dieu 2. Voici
comment je me lamente lorsque je pense à celui qui nous vient
de Sicile 8, qui prétend faire de la philosophie avec son éducation
profane. Lorsque je le voyais revêtu à la façon des moines, je
me réjouissais en moi-même et je pensais qu'il manifesterait une
égale sagesse en progressant dans les choses divines, en rencon
trant les meilleurs parmi nos moines qui disent adieu à tout
le reste et s'attachent toute leur vie à Dieu dans le silence. //

1 Ps., v. 5.
« Rom., II, 5.
* C'est là la seule indication que nous ayons sur l'origine sicilienne de Barlaam
« le Calabrais ». Palamas aurait-il eu des informations sur son lieu de résidence
avant sa venue à Byzance ? Il est plus probable qu'il s'agit ici d'une expression
imprécise et générale, s'appliquant à tous les Grecs venant d'Italie. La Calabre
faisait d'ailleurs partie du < Royaume de Sicile ».
TOY AYTOY Coisl. 100
AOWE 'YTIEP TQN 'IEPQE 'HEYXAZONTQN fol. 140»
TQN 'YETEPQN 'O IIPQTOE
àlHMEIE KAI 'ANATP0I1H TQN 'YIIO TOY <PIAOEO<POY
BAPAAAM EYrrPAQENTQN KATA TQN 'IEPQE 'HEYXA 5
ZONTQN
TIE 'H "ONTQE EQTHPIOE rNQEIE KAI TOIE "ONTQE
MONAXOIE nEPIEIIOYAAETOE, *H KATA TQN AErONTQN
THN 'EK THE "ESQ TIAIAEIAE TNQE1N "ONTQE EQTHPION

1. OvSèv ipev8ovs Seivorepov, ovSèv ovKo<f>avrlas â^Sovs IO


Papvrepov toîç èvepyovoiv, àXX' où rois irâar^ovaiv. 01 p.ev
yàp eoô' ôre Kai BoKificorepoL ylvovrat Kai 8t' vTTopu>vrjs
rœv oipavlœv fipafieUjjv iwiTuyxdvovotv, « à7roÀ€Î Se Kvpioç
» navras tovs XaXovvras tÔ tfjevSos ». El 8è Kai àiroareprf-
rqs tiç œv, œs airooTeprjdets j3oâ, Kai 6 o~VKO<f>dvrr]S ù>s l5
o~VKO<f>avn)0eis Kara tov TrenovdoTos ko! /u/rçScv elpyaap.é-
vov Seivov ànoS riperai, riva KaTaXelirei KaKias vTrepfîoAtfv,
rivos 8è KaraSlKTjs ovk d£ios ,' El Se Kai p.r) ratmjç neipâtro
vvv, aXX « eaur<3 BrjaavptÇei rf/v opyrjv èv rjfiépa. Si/caio-
» Kpialas Kai àiTOKaXriifjeajç Qeov ». Tavr ap iyw tov ck 20
HtKeXlas T]Kovra koI <fnXo<jo<f)eîv ttjv e£a> Traihelav eTrayyeXXô-
fievov inl vovv Xap.fïdviDV dprjvw. Tovrov yàp Karà p.ovaxovs
èoTaXp.èvov ôpwv, ê\aipov iir' ip.avrov XoyiÇôpevos (ôç Kai
Ta deîa irpoïàiv o~o<j>6s eorai, ovveXOœv toîç eKKpiTois tô>v
Trop* r)p.îv p,ovaxûv, ol rois âXXoiç irâoi ^aipeiv elnôvres, 25
Stà jSi'ou p.ed' rjavx.iaç tô> 0e û> Trpooavéxovai ' « TévoiTo yàp
» àv Tjpiîv » ovrats êXeyov « ypap.p.aTevs ôp,oios drjaavpâ),
» Karà tov tov Kvpiov Xoyov, eK<f>épovri naXaid Te Kai
» véa ». Nvv S' âvav Tovvavriov èÇéfiri Kai Si* Sv €77-' eXnl-
aiv àyaOaîs êyaipov, jrévdos àpriœs KadiKero p,ov rfjs fax^S 3°

CVSL

I toû oÙtoû : rprqyoplov V tov àyiov rprjyoplov S || 16 ntirovBévros S 5 29 vJa :


itaivà V.
226 GRÉGOIRE PALAMAS

pourrait, me disais-je, nous servir de scribe, semblable au trésor


qui, selon la parole du Seigneur, offre aux yeux des choses anciennes
et nouvelles 1. Mais voici qu'aujourd'hui c'est tout le contraire qui
se produit : celui pour lequel j'ai eu la joie de nourrir de si belles
espérances remplit mon âme d'affliction, à cause de son âme à
lui. 11 est venu voir certains des nôtres, parmi les plus simples *,
feignant le désir de se mettre à leur école ; mais il s'en écarta si
bien, en les blâmant ouvertement, qu'il composa même contre
eux des écrits, en leur portant des accusations qui ne sont ni
petites, ni mesurées ; après avoir composé ces écrits, il parla
ouvertement contre eux, non pas en leur propre présence, mais
devant les jeunes garçons qu'il élève et qui bourdonnent autour
de lui 3 ; il convainquit ceux d'entre eux qui ne se distinguent pas
par une intelligence de vieillards et ceux parmi les moines qui
n'ont pas eu l'expérience de la vie hésychaste. Une fable commen
ça ainsi à courir, selon laquelle une opinion abominable était ac
créditée chez les hésychastes. Car il leur appliqua aussi une appel
lation des plus malveillantes, en les nommant « omphalopsy-
ques » ; quant à ce qu'il appelait lui-même leur « hérésie », il l'ap-

1 Cfr Matth., XIII, 52. Le ton doctoral qu'emploie Barlaam dans ses lettres
à son ancien maître, l'hésychaste Ignace, confirme l'autorité du Calabrais auprès
des moines (Epist., IV, édit. Schirô, p. 315-316). A Palamas il écrit que «les
Grecs le considéraient comme un maître » en théologie (Epist., I, ibid., p. 230). Le
docteur hésychaste admet lui-même que, pendant des années, Barlaam apparut
comme le meilleur des théologiens (èiri troXXwv cviavrwv nepiobovs ntp\ Soyfidrtav
ypàfitov ûpioTos Apîv cYo^u£cTo Betjyopos, Réfutation de Calécas. Coi si. 99, fol. 156),
qu'il était omnipotent à Constantinople (ijv 6 BapXaàfi iravraxâÛcv é^cuv to
bvvaaÔai, koX yàp rfj «VkAtjoi'ç péyaç e'Sd/cei «ai rfj iroXtTcia, «ai napà tov jSaaiAtwy
Kat t&¥ cv r4Xti iroXXrjs cTvyxav€ TVS viroTayrjç, Lettre à Bessarion, Coisl. 99, fol.
177»).
* La plupart des sources confirment que les moines rencontrés par Barlaam à
Constantinople n'étaient pas des représentants qualifiés de l'hésychasme
Cantacuzène, dans la préface à ses œuvres théologiques, publiées sous le pseu
donyme de Christodoulos, rapporte que le moine rencontré par le Calabrais
était un novice qui n'avait abandonné la vie du siècle que depuis six mois (PG,
CIV, 696). Dans son histoire, il affirme que ce novice était •complètement privé de
raison et différant peu des animaux » (édit. Bonn, I, p. 543) ; cfr Philothée,
Encomion de Palamas (PG, CLI, 584 D-585 A) et le tomos synodal de 1341 (PG,
CLI, 680 A).
' Barlaam dit, en effet, qu'il a dévoilé les « déviations » hésychastes à un jeune
garçon (fiupaKlaxw tikî) qui risquait de tomber sous leur influence (Epist. V,
édit. Schirô, p. 324) : sur les premiers contacts du Calabrais avec les moines, voir
Inlrod., pp. XIV-XVIII.
TRIADE II, 1, I 227

vrrkp rrjs ixelvov ifivxfjç. IJpoarjXde fièv yâp non Ttti»' r)p.e-
répiov, Ko! tovtcûv toÎç àirXovcrrépoiç, tov p.a6r}Tiû>vra
VTTOKpiv6p.€vos , àmiart] 8' cm tooovto), KaTeyvajKcvai. 8el£as
avrœv, dis xcù cwyypap.p.a.Ta. /car' avrâtv oû8èi/ puKpov
oi/Sè p.érptov eTnKaXovvra avvdeîvac kcÙ perà tû>v avyypap,- 5
p,d.TU)v Tovruiv 7rapprj(ji<iÇeo0ai /car' avrûjv, ovk £it ckcivùiv
avrcôv, âAÀ' cm rœv ^oitwvtcdv avriù kcli 7repi/8op.^ovvTœv
p-eipOLKlCOV, Kdl TOVTUiV €1J€l6eV CKclvOVS OOOI. p.7] TTp€of$VTL-
kov eirayyéWovTCiL <f>p6vT}p.a /cat p.ova^û>v rovs p-t\ ireîpav
ia^Koras yovxlov Siayœyrjs. "HpÇaro 8rj StaSISoadat irâoiv || 10 || t. i+ir
6 Xôyos a»? àvorporralov <f>povrjp,a.Tos vito rûiv ■qav)(a.ï>6vTu>v
■npea^€vop.évov ' /cat ovo/xa yàp avroîs ireptédrjKe tô>v <j>av-
XotÔtcjv, « ôp^f>aXoijtv)(ovs » Trpoaayopevoaç , /cal ttjv fjv
avros eXeyev atpeaiv « op.<ftaXo^/v^iav » irpooeipTjKtôs ' ovo-
p-aarï hè p.T)8éva TTpofiaXX6p.€vos rœv nap' avrov Kare-yvcuo- 15
p,évœv €Kelvwv, toîs KpelrToal tc tô>v r/p-eréptov cVre-ru;^-
Kevai Xiywv, navras ovtcj oa<f>wç eVoieÎTO toîs iyKXrjp.a<nv
VTrevdvvovç.

CVSL
3 tooovto* : tooovtcov V | 17 aa<j>ws ' ao<f>ws coda.
228 GRÉGOIRE PALAMAS

pela « omphalopsychie ». Cependant, il ne donnait jamais le nom


de ceux qu'il accusait, mais disait qu'il avait rencontré les meil
leurs d'entre nous et, manifestement, nous exposait ainsi tous à
ses accusations 1.

Les écrits de 2. — J'ai moi-même cherché à obtenir


Barlaam. de lui ces écrits ". Mais il faisait de grands
efforts pour qu'aucun ne tombe sous les
yeux de l'un d'entre nous : il ne les confiait pas à ceux qui avaient
eu la moindre relation avec nous, même pas à ceux qui nous
avaient vus une seule fois, à moins de leur faire prêter un serment
préalable de ne les montrer à aucun hésychaste. Ces écrits, qui
erraient ainsi dans les ténèbres et fuyaient la lumière de la fran
chise, n'ont finalement pas échappé à mes mains. Je les ai reçus
aussi 3, j'en ai lu une partie et je vis que leur contenu n'avait rien
de sensé, qu'il n'y avait que mensonge et terrible calomnie.
Il y décrivait, en effet, ce que lui avaient enseigné les victimes
de ses accusations : toute la divine Écriture serait totalement
inutile ; la connaissance des êtres serait chose mauvaise ; l'essence
de Dieu pourrait être contemplée d'une façon sensible et certaines
autres observances, certaines actions et certaines habitudes
sensibles mèneraient à cette contemplation. Après avoir appelé
tout cela, je ne sais pourquoi, « omphalopsychie », après l'avoir
réfuté comme « démoniaque » *, selon son bon plaisir, après s'être
déclaré lui-même seul maître infaillible, il examinait ensuite
la question de la prière intellectuelle et de la lumière sacrée ;
il exposait des degrés et des mesures de la contemplation et

1 Ce récit correspond exactement à la fin de la même lettre V de Barlaam à


Ignace, où le Calabrais se défend du reproche qu'on lui faisait d'attaquer en
bloc tous les hésychastes, sous prétexte qu'il n'en avait jamais nommé aucun
(édit. Schirô, p. 324).
* Ce paragraphe et le suivant sont à mettre en parallèle avec le récit de Philo-
thée, Encomion de Palamas (PG, CLI, 584 D - 500). Les idées que Barlaam avait
développées dans ses écrits perdus contre les hésychastes se retrouvent dans
ses lettres.
* Par l'intermédiaire d'Isidore, ami de Palamas et futur patriarche. Cfr Philo-
thée, Encomion (ibid., 586 A) et Vie d'Isidore (édit. A. Papadopoulos-Kkra-
meus, dans les Zapiski de la Faculté historico-philologique de l'Université de
Saint-Pétersbourg, t. LXXVI, 1005. p. 85).
« Cfr les allusions de la lettre V à Ignace (édit. Schirô, p. 322).
TRIADE II, 1, 2 229

2. 'EÇtJtovv Toiwv kclI avroç trop ixeîvov ravrl rà


ypâp-fiara. Aià rooavrtjç 8' ixelvos irroieÎTO KnrovSrjs fir/Sevl
ravra r&v Kad' 17/iâç elç oifiiv iXOeîv, wç Kal toîç vpoç oXlyov
w/juXqKoatv rjp.îv ko! ânaÇ norè reOeap-évoiç rjp.âç ov Trap-
€Î\€> PV ^pôrepov èÇopKÎoaç jlctjScvi Seî^at t&v rrçv rjovxlav 5
aoira£op.€vojv. ITXav(x)p.eva 8' ovtojç èv OTCôVei koI to <f>â>ç
<f>€vyovra rfjç TTappiqaiaç ràç èp.àç ôfiws xcVa? c^s TcAo?
ov 8ta7T€<f>€vy€. Aafïùiv oJiv Kal ainôç, €<rrw â 8t,i}X6ov
Kai cloov <oç enos ovocv vyieç, aAAa navra ifievooç /cai
o~VKO<j>avrlav Setvrjv. "EXeye yàp d>ç cSiSax^7? trap CKeivwv 10
œv Karrjyopet, ttjv fiev deîav irâaav rpa<frf]v àvoxpeXij nâai
■navrâ-naaiv eîvat, Trovrjpàv 8è ttjv tûv ovtcjv yvwmv, rqv
T€ toû Oeov ovoLav aloOrjTwç elvai OeojprjTrjv Kal irpoç rav-
tt]v âyeiv ttjv deœptav ercpd riva aladrjrà T7)pijp.aTci tc koX
evepyr]p.aTa Kal èTrvrq8€vp.aTa. Tavra 8è â/navra « op.<f>a- 15
» Aoifwxlav » ovk oîo' 5tto)s KaXéaaç Kal 8aip.ovia>8r) œrre-
XéyÇaç, <î>ç avroç <Z>€to, Kal Karao-r^oaç iavrov p.6vov
àa<f}<xkrj hi&âoKaXov, Tovrevdev irepl irpoo~€V)(r\ç voepâç Kal
(ftojroç lepov Siefryei, Kal àvaf$do~ei.ç Kal p.érpa irpoendet
6eœp7]p.â.Twv Kal yvwoeœv, Kal to ttXcÎotov rrjç èv aùraîç 20
TeXeiônjTos ip.aprvpeÎTO oî npocrylveodai. irapà -rrjç eÇa»
7rav8eiaç Kal Trjç nepl Tavrrjv ottov8t}ç, hœpov oiïaav Geov,
twv irpoifyqTais koI àirocrrôXoiç 8e8op,évù>v o/zoïa»?.

CVSL
4 Wfll^TJKÔoLV ! OUlblJKÔaiV V.
230 GRÉGOIRE PALAMAS

de la connaissance ; la plus grande partie de la perfection qui


s'y trouve, il l'aurait lui-même acquise, selon son propre témoi
gnage, par l'éducation profane et le zèle qu'il y avait apporté 1J
parce que cette éducation est un don de Dieu, accordé également
aux prophètes et aux apôtres 2.

Modifications qu'il 3- — Voici ce qu'H en était de ses


y apporte. écrits, et il en méditait et en préparait
d'autres bien pires, jusqu'au moment où,
ayant pris connaissance des réfutations que nous avons dirigées
contre lui 3, il prit tellement peur qu'il manifesta devant l'Église
son accord pour vouer ses écrits aux ténèbres, les abandonner
comme cause de scandale et les faire complètement disparaître *.
Mais comme, pour ces discours, il était passible d'une juste con
damnation, et comme, d'autre part, il avait lu certains de nos
livres dirigés contre de tels discours et avait compris que nos
arguments étaient irréfutables, il ne put supporter sa honte ; il
s'assied de nouveau, efface certains passages de ses écrits, modifie
certains autres ; il fait complètement disparaître l'appellation
d'«omphaIopsychie»5, dont il a été démontré qu'elle n'était qu'un
mot dépourvu de réalité et ne pouvait être appliqué à aucun
objet, comme l'animal moitié bouc, moitié cerf 6, l'homme-
cheval et tout ce qui est produit par la seule imagination.
Ce que précédemment il déclarait « démoniaque », il l'appelle

1 Cfr ibid.
1 Idée que Barlaam défend (avec des nuances, il est vrai) dans ses deux lettres à
Palamas (voir notamment la lettre III, édit. Schirô, p. 289-291) et qui se trou
vait formellement exprimée dans son livre contre les moines (cfr infra, § 4).
' La première Triade.
« Cfr Philotiiée, ICticomion (PG, CLI, 587 D-588 A).
• Barlaam, que son relativisme dogmatique empêchait d'avoir des convictions
théologiques stables, a modifié à plusieurs reprises le texte de ses traités antilatins,
pour éviter « le scandale » (voir ses lettres à Palamas, édit. Schirô, pp. 266, 282 ;
cfr aussi M. Jugie, Barlaam esi-il né catholique ? dans Échos d'Orient, t. XXXIX,
1940, p. 122-123). Il 'it 'Je même, en ce qui concerne ses écrits contre les hésy-
chastes, lorsqu'ils furent critiqués.
* Le Tpaye'Aai^oç est un animal fabuleux, mentionné notamment par Aristote
[Anal. post. II, 7, 2, éd. Finuiu-Uidot, I, Paris, 1862, p. 15S), par Platon (llépubl.,
VI, 488 a; éd. K. Chambry. dans la Coll.Budé.p. 107), par l'auteurdu livre de Job,
dans le texte des LXX (Job, XXXIX, 1) et pars. Grégoire de Nazianze (Hom.,
XXV, 6; PG, XXXV, 1205 B).
TRIADE II, 1, 3 231

3. El\€ p.èv ovtco rà râ>v ovyypap.p.dra»v avrât, ko.1 tov-


Tutv où /j.t,Kpœ X6*/360 SicvoeÎTO ko.1 <TvveaK€va£e, /ac^oiî oS
nv06fj.€vos ras r)p.erépas npos avrov àvripprjoeis cm rooovrov
àiTeSeiXlaoev, ws rà ypâp.p.arâ 01 ravra ovyKXeîoai OKoret
Kal <Ls OKav8d\(vv aïria, KaraXinelv re Kal à<f>avloai rrav- 5
râiraaw l-n 'EKKXrjatas ôp,oXoyi)oai.. 'Qs 8è 8ià tous Xoyovs
rovrovç à<peidr] KaraSÎKrjs 8iKaias, €v4tv\€ 8è Kal ticti
r&v àvriXeyovrojv r)p.er€pwv fiiflXlœv irpos rà roiavra /cai
tÔ â<f>VKTOv Ka.T€v6r}(T€ Ttôv iXéyx<ov, ri)v alaxvvrjv ov <f>épwv,
Kadlaas aù#iç, rà p,kv àiraXcl^ei \\ Ttôv oî/cei'tov ypap,p,dra>v , 10 | f. 141»
to 8è àp.elp€i, Kal ro p.èv rrjs 6p.(f>aXoipvxla.s ovop.a c^aAei^i
iravrâiraoïv , 5vop.a p.6vov i£eXr]X€yp.évov, TTp6.yp.aTOC iare-
pr)p.€vov Kal Karà p.rjoev6s îmoKeipiévov Xéyecrdai Suva/ievov,
œoTrep 6 rpayéXafos Kal iTnrâvdpaiTTOÇ Kal oaa rfjç ifjiXrjç
€Trtvoîas iarlv. nA oè « 8aip.ovioj8rj » Trpôrepov àTre<f>alv€ro , 15
« <f>vcriKa » Trpocrayopevei vvv, ovk oî8a Kal rovro ttwç. Otç
8' ivérvxe rôjv ip.â>v, rà p.èv à>s p.rj8 iStôv TrapaXeÎTTet.,
pT)8' àvrtflXéifrai irpos €K€Îva roXp.œv, eori 8 â ovKO<j>av-
Ti/ctôç àpelifiaç, tiretra /car' €Kelv<ov ^aicet, Kal ravd' ovroj
irpârrow, avros ojs ovKo<f>avrovpevos aTTo8vperat. Flio-revet 20
8è Taûra ov8è roîs <f>iXois iraipoiç eavrov rrâoiv, àAA' 6X1-
yois Trâvv rœv oiKeiorârœv , œv eîs d>s ip.è 8iaKop,laai ravra
hiKaiov êyvat, Trap eavrov rr)v 6tt6tt]v <f>ojpâaas Kap.è ûce-
revoas €p,avr& Kal roîs Xoyoïç xPVcraa^aL> ^pos tKaorov
èv p.ép€i Ttôv ôxvpatpdraiv rov tpev8ovs àvrtKadiorap,éva> ' 2.5

CVSL Usp
I oiïv posl fiiv add. L j| ovtw : avrov L || 4 avyK^ftaai : ovyKtïoai C || 6 rois
om. Usp || 6-7 Xôyovs toutous : toutous Ao'yous Usp II 13 Karà : tÙ C || 15 Saifiovt-
cifir/ : haipLOVtiiSTj V | 21 èralpois om. Usp || eauToû : aÙToû Usp || 22 ipi Siatcofiiacu :
«710I oiaxopCoas Usp.
232 GRÉGOIRE PALAMAS

maintenant « naturel », je ne sais encore pas pourquoi. Parmi mes


écrits qu'il a lus, il en néglige quelques-uns, comme s'il ne les
avait pas vus et n'avait même pas osé les regarder en face ;
quant aux autres, il les modifie pour les calomnier et s'y oppose
ensuite. Et tout en agissant ainsi, il se lamente comme s'il était
lui-même calomnié. Ses écrits, il ne les confie même pas à tous
ses fidèles amis, mais à un très petit nombre de ses amis les plus
proches. L'un de ces derniers a cru bon de me les transmettre ;
il avait, en effet, découvert l'artifice et me pria d'engager ma
personne et ma parole 1, autant que je le pourrai, en m'attaquant
tour à tour à chacune des forteresses du mensonge et en faisant
éclater la vérité, rendue invisible par de fausses doctrines. J'ai
donc pensé qu'il me fallait obéir à cette juste requête et me
faire à nouveau, à la mesure de mes moyens, l'avocat de la vérité.
Comme je l'ai fait auparavant, je commencerai maintenant par
parler de son traité sur les études 2.

Encore les deux 4- — Voici son préambule : II en est


sagesses. de la philosophie comme de la bonne
santé : elle est à la fois don gratuit de Dieu
et objet d'une recherche attentive; et Dieu ne donne pas une forme de
santé différente de celle que l'on obtient par la médecine, mais bien
la même ; il en est de même pour la sagesse : Dieu la donne en effet
aux prophètes et aux apôtres, mais il nous a donné à nous les paroles
des hommes divins et les sciences philosophiques ; par elles, à notre
tour, nous cherchons et nous trouvons la sagesse. Ce n'est pas encore
bien terrible, bien qu'il mette sur pied d'égalité des choses très
éloignées l'une de l'autre et tellement différentes que l'on ne peut

1 II s'agit d'Isidore, ami commun de Palamas et de Barlaam : Palamas affirme


ici que le Calabrais avait confié lui-même ses écrits à Isidore ; le futur patriarche
ne les avait donc pas « volés », comme l'écrit le P. Jugie (Barlaam de Seminaria,
dans le Dict. d'Hist. et de Géogr. ecclés., t. VI, col. 82 1 ) en se basant probablement
sur l'expression TtlhiptvKéTos, employée par Philothée à ce sujet {Encomion,
PG, CLI, 586 A) et dont le sens littéral est « ayant capturé », c'est-à-dire, dans ce
cas, < obtenu » après des efforts de persuasion.
* Le plan de la Deuxième Triade correspond à celui de la première et coïncide
avec le plan des traités de Barlaam. En rédigeant ses premiers antirrhétiques,
Palamas ne disposait que d'extraits de ces traités (cfr Philothée, Encomion,
ibid., 586 C) ; la Deuxième Triade, rédigée en 1339, lors du séjour de Barlaam en
Occident, est fondée sur les écrits authentiques, mais modifiés du Calabrais.
TRIADE II, 1, 3-4 233

Kal to ttjs àXrjdelas <f>éyyoç vodois Si&aoKaXlais àvcTnoKÔTTj-


tvo, i<f> *5oov àpa 8vvalp.rjv, KaTaoKevdÇovri. Aeîv oiïv Kpivas
VTraKoOcrai ttj KaXfj àÇtœoei Kal crvvrjyopov èp,avrov aSdis
rfjs àXrjdeias 7roir}oai irpos hvvap.iv, dpÇopai ko* vvv airo
tov TTepl Xôyoiv eKelvat \6yov, KaQdirep ko! TrpoTepov.

4. "E<rri 8r) aùrtS to ■npootp.iov rovro ' « 'ûatrcp inl Trjs


» vyeias, ovrois €\ei Kal inl ttjs <f>iXocro<f>îaç ' aùroflev p.èv
» yàp 8l8orai rrapà &eov Kal 5V eTTipeXelas cvploKCTai' ko!
» wo-rrep ovk âXXo pkv eî8os vyeiaç Si'SoTai rrapà tov Oeov,
» aAAo Se 8ià rfjs tarpucrfs TrapayLvtrai, àAÀà ro avrô, ovrat 10
» Kœrn rfjç ao<f>îas ' StScoat p.èv yàp ravrrjv irpo^myrai? koL
» àiroaréXois 0e6s, 8é8u>Ke 8è rjpîv rd re Sià rœv Oeovp-
» yœv Àoyia Kal rà Karà <f>t\ooo<f>lav paOr/para, St' u>v
» TrdXtv rfjv <jo<f>Lav ÇtjTovvres eipl<rKop.€v ». Ovnœ raûra
iràw 8eivd, Kalnep itjiodÇovTos rà paKpâ> irdvv Kal oaov 15
ovk âv cÏttoi tiç 8ia<f>épovTa ' Kal Ta àvt'aTa yàp tarai Oeos
Kal V€Kpovs ck rd<f>iov avio~rr]o~t, Kai ao<f>ia Trpo<j>rfrais Kal
àirooréXois avréç èoriv o tov Ilarpos Aoyos, r) npo alwvœv
acxftla, wç Kal IlavXoç Trepl avrov Xéyet ' « "Oç iyevrfôr) rjpîv
» oo<f>la àiro Oeov ». 'H 8' ck tôiv ꣜ padrjpdTcov ao<f>ia 20
Kal r) Trop larpwv Trpoayivopevr) vyieia irapà Toaovrov ovk

CVSL Usp

6 Sri : St Usp I 9 tov ont. Usp || 12-13 Oeovpyiùiv Usp || 21 ^ ont. L || npooyevo-
fiévjj S.
234 GRÉGOIRE PALAMAS

l'exprimer. Car Dieu guérit même les incurables ; il fait sortir


les morts des tombeaux ; la sagesse des prophètes et des apôtres,
c'est le Verbe du Père lui-même, la Sagesse d'avant les siècles,
comme le dit Paul à son sujet : Celui qui a été fait pour nous Sagesse
de par Dieu 1. Quant à la sagesse qui provient des sciences pro
fanes et à la santé que donnent les médecins, elles diffèrent de
la sagesse de Dieu comme les prophètes diffèrent des Hellènes,
comme les disciples du Christ sont différents des Galien et des
Hippocrate, ou, si tu veux, comme le Christ lui-même diffère
d'eux, lui qui a accepté pour nous d'être appelé Jésus. A mon avis,
dire qu'il s'agit là de choses identiques revient à déclarer que le
soleil est semblable à un ver luisant, puisque tous deux font appa
raître leur lumière à travers l'air.

Deux aspects de la 5- — Mais, dit-il. Us paroles des hom-


vérité. mes divins et la sagesse que nous y trou
vons visent le même but que la philosophie
des sciences profanes et atteignent la même fin, la découverte de
la vérité. Car il n'y a dans l'univers qu'une seule vérité: celle que
Dieu, au début, donna directement aux apôtres et celle que nous
découvrons lorsque nous nous y appliquons. Les sciences philoso
phiques amènent naturellement et indépendamment à cette vérité,
donnée par Dieu aux apôtres, et contribuent à faire infailliblement
remonter les plus grands des symboles sacrés vers leurs modèles
immatériels. Lorsque l'on est orthodoxe et que l'on connaît l'im
mense écart entre les deux sagesses, comment ne frémirait-on pas
en entendant ces paroles ? Car la sagesse théurgiquc de l'Esprit y
est présentée comme étant absolument en harmonie avec la
philosophie des sciences profanes, et cela par des hommes qui
paraissent être en accord avec nous et qui récusent nos réfuta
tions, sous prétexte que nous y attaquons des hommes dont la
pensée ne diffère pas de la nôtre 2. La sagesse profane n'est-elle
pas, selon le divin prédicateur Grégoire de Nysse, stérile et inca-

1 I Cor., I, 30.
* Lors de leur controverse épistolaire, Barlaam aimait à affirmer que la diffé
rence qui le séparait de Palamas n'était qu'apparente et verbale ntpi iiôvtjv t^k
\i£tv (Epist. I, édit. Schirô, pp. 232, 241).
TRIADE II, 1, 4-5 235

ioTtv eKelvais ravrô, irap' oaov 'EXXrjvwv irpo<f>TJTai. 8ievr)-


vô^aai Kal FaXyvwv Kal 'IinroKpaTwv , ol tov Xpicrrov p.adrj-
rat, et Se /Joi/Aei Kal Xpiaros avrôs, o 'Irjcrovs oV r/p-âs
KXrjdijvai Ka.Ta.8cCoip.evos- "loov toLvvv êp.oiye So/ceî raûra
Te Xéyeiv ravrà Kal nvyoXapTrlSi irapairArfoiov etvat tov 5
■qXiov, iirciSrJTrep dp.<f>w \\ <f>ws en' àépoç SeiKvvovaiv. il i- M2r

5. « MAAà Ta TÔ)v Oeovpywv » <f>r)oi « Xéyia Kal 17 ev


» tovtois oo<f>la ttj -rapà twv e£u) paOrjpaTWV <f)iXoaoij>îa
» irpos êva okottov 6pâ Kal to airrô /cckt^tcu tcÀoç, t^v
» rfjs aXrjdelas evpeaiv. Mia yàp rj Sià TrdvTWv ôXydeia, 10
» toîç /Lièv a770(TTdÀoi? dp.éaws €K &eov 8odeîaa ttjv dpxrjv,
» nap' r/p.wv 8è 81' em/xeAet'aç evpLcrKopévq ' wpoç 817 Tavn\v
» tijv Oeôdev toîs dirooTÔXois 8e8opévrjv àXrfdeiav Kal
» 77ap' eaurcùv eùrayeii/ Tré<f>VKe rà KaTa <f>iXooo<f>lav
» p.a6rjp,aTa Kanl ràs dvXovs dpxeTvrrias dvdyeoÔai rœv 15
» lepwv ovp.f$6Xwv ànXavœç rà fiéyiora avp^aXXerat. ».
TYç Taûr aKovœv où vepearjoei twv ev <f)povo vvrwv Kal
to 8id<j>opov aÙTcôv oaov eTTiOTapévwv , ôVi Kal o~vvt<Lt-
TCTat yovv SXws t) OeovpyiKr) oo<f>la tov TIvevpaTos tjj
rrapà T&v é£a» p.aQt)pd.Twv <j>iXooo<f>ia, Kal TaÛTa napà *°
tu>v TaÙTa <f>povelv 8okovvtwv rfptv Kal ràç àvTipprjaeiç
aiTiwpevwv ojç irpos op.o<f>povas i 0v% 77 p.èv « dyovôs Te Kal
» aKapiTOS », KaTa tov Nvootjs Qeiyyôpov Tp-qyôpiov , UT/SeVa
8ovoa t&v paKpwv w8ivwv Kapnôv, p.r)8' elç to cf>ws rrjç
deoyvwalas TTpodyovaa, r/ 8è tov TIvevp,aToç yovip.wTa.T-q 25
tc Kai iroXvTeKvos , ov ovv8vo Kal ovvTpeLs, Karà Ta ttoXv-
TOKa t<Sv ^toaiv, 7re<f>VKvla tiktclv, àXX' ôAaç ^lAïaSaç eicra-

CVSL
236 GRÉGOIRE PALAMAS

■pable de porter des fruits 1, parce que ses longs enfantements ne


produisent aucun fruit et qu'elle n'amène pas à la lumière de la
connaissance de Dieu, alors que la sagesse de l'Esprit est extrê
mement féconde et a de nombreux enfants, puisqu'elle n'en en
fante pas deux ou trois à la fois, comme les animaux qui ont beau
coup de petits, mais qu'elle en fait renaître des milliers une fois
pour toutes, pour les transporter des ténèbres funestes vers l'ad
mirable lumière de Dieu, comme les Actes des Apôtres nous l'ont
appris 2 ? Le prophète, lui aussi, l'a prévu et a dit, en se donnant
tout entier à son étonnement : Les douleurs de la terre ont-elles
duré un instant, une nation a-t-elle été engendrée d'un seul coup? s.
Le vrai qui se trouve dans la sagesse profane n'est-il pas contes
table et mélangé au mensonge ? C'est pourquoi, on le contredit
toujours, comme ses maîtres pourraient en témoigner eux-mêmes ,
tandis que personne ne peut résister à la sagesse de Dieu, suivant
la divine loi de l'Évangile *, car elle propose la vérité évidente
et pure de tout mélange avec ce qui lui est opposé. Ne nous est-elle
donc pas nécessaire, utile et salvatrice, la vérité qui se trouve
dans cette sagesse des divines Écritures ? Par contre, ce qui est
vrai dans la sagesse du dehors n'est pas nécessaire et n'amène
pas au salut. Nous en concluons que la vérité est de deux sortes :
l'une est l'aboutissement de l'enseignement inspiré ; l'autre, celle
que recherche la philosophie profane en la trouvant rarement,
n'est ni nécessaire, ni salvatrice. Comment pourrions-nous trouver
une vérité unique dans les deux à la fois ?

La philosophie 6. — Nous aussi cependant, en trans


inconciliable avec pOSant les moyens analytiques dont dis
pose la philosophie des sciences profanes
sur la recherche des choses nécessaires et en nous servant de
certains éléments que nous donne la formation philosophique
pour éclaircir l'Écriture, nous nous écarterions très facilement
du droit chemin, si nous ne possédions la grâce de l'Esprit,
qui est l'unique clef des Écritures sacrées, et si nous ne nous
1 Cfr De vita Moysis, II, 10 (PG, XLIV, 329 B ; édit. Daniélou, dans Sources
chrétiennes, 1 bis, Paris, 1955, p. 34).
» Actes, IV, 4.
» Is., LXVI, 8.
« Luc, XXI, 15.
TRIADE II, 1, 5-6 237

7raf àvayewôiaa KaK tov Scivoû okotovç elç to 6avp.aoTov tov


Oeov fieraTideîaa <f>ô>s, œs £k tôjv 'AttocttoXikôjv IlpdÇeiov
eBiSdxdfJfiev ; "0 Kal 6 Trpo<f>rJT7]S irpoïBœv Kal tov 9avp.aTOS
yeyovàis SXoç eXeyev ' « El wSivev r) yij ai<f>vqs, et iréxOr)
» edvos €icra.TTa£; ; » Ov\l ttj p.èv àp.<f>iof$r)Tfjoi.p.ov eveoTi 5
TaXrjdès kcÙ tôj t^evoei crufifiiyés, 810 Kal àel àvTtXéyeaOat
iré<f>VKev , <Lç Kal ol Kadrjyep.6veç avrfjs avp\p.apTvpr\aaiev
àv, rij 8è ovSels, Karà ttjv deoireoîav tov evayyeXlov <f>u>vrjv,
« avTiarijvai Bvvarai», aa<f>ès Kal tov ivavrlou iravrànaaiv
apuKTOV Trpof$aXXop.4vri to àXrjdés ,' Oi>\l Tavrrjs p.èv Trjs '°
tôjv ôeloiv Xoylœv oo<f>ias to àXr/dès àvayKaîov rjp.lv iari
Kal XvoiTeXes Kal aiorrjpiov, eKelvr/ç Se rfjç éÇuidev npooyi-
vop.€vrjç ovk àvayKaîov, ovSè aœ-njpiov ; "09ev oeLKvvrai Kal
SittXovv elvai to eîSoç ttjç àXrjdelaç, wv tÔ p.èv Te'Aoç eorl
rfjs deoTTvevcrrov BiSaoKaXlas, rô 8è p.rj àvayKaîov, p.rjbè 15
auyrqpiov tflTeî p.èv r) ë£a> <f>iXooo<f>la, iiriTvyxdvei Se Jjttov.
IJôiç oSv 81' àp.(f)OT€p<ov tovtwv p.iav evpiaKop.ev tvv
àXfjdeiav ;

6. 'AXXà Kal r)p.eîs €7rl ttjv twv àvayKalœv ÇrJTrjcriv to


èÇeraoriKov p.eTa<f>épovT€S ttjs tôjv cÇco p.a6r)p.dTajv <f>iXo-
ao<j>las Kai irpos ttjv tôjv Xoyiwv aa<f>rjveiav €gtlv ois ttjç 20
€K€Îdev TraiSeiaç Xpœp.€voi, || pdoT àv iKTpaTreirjp.ev tov \ i- m21'
ôpOov, p.r) ttjv p.6vrjv ovoav kXcîv tôjv lepôjv rpa<f>ôjv é^ovre?
TTiv X°LPIV T°û rivevp,aTOS Kal avroîs toîç OeoTrvevoTois
Xoylois (ir) 7ToBrjyovp.€vot.. ArjXov yovv a>ç èvrevOev KaKeîva

CVSL

2 /icTOTt^cîaa <f>û>s : ^>tôç ^t€TaTL0(taa L.


238 GRÉGOIRE PALAMAS

laissions diriger par les Écritures inspirées elles-mêmes. Il est


donc évident que la sagesse profane est ainsi transformée et
transposée pour devenir utile ; car la sagesse de l'Esprit est
parfaite en elle-même ; mais dans le Bien véritable, le bien non
véritable devient bon lui aussi ; de même — mais ce n'est qu'une
image indistincte — la nature du feu et de la lumière rendent
flamboyants et lumineux les corps qui s'en approchent. Comment
n'y aurait-il qu'un seul aspect de la sagesse dans les enseignements
sacrés et dans les sciences helléniques ? Comment serait-il iden
tique à la sagesse apostolique qui éclata un jour pour envelopper
en peu de temps les confins de l'univers, qui convainquit de sottise
les sages profanes, qui n'écarta pas les ignorants de leur ignorance,
mais éloigna les sages et les ignorants de leur erreur athée pour
les diriger vers la piété ? Comment n'y aurait-il là qu'une seule
et même vérité ? On pourrait clairement reconnaître l'absurdité
de telles paroles si, tout en appelant ces sciences comme les
Pères les ont appelées, on essayait ensuite de les lier à la doctrine
de l'Esprit et de les admettre dans la liste des dons divins qui
accompagnent cette doctrine, en disant : Dieu nous a donné la
doctrine inspirée et la futile vanité, pour que nous acquérions ainsi
la sagesse des prophètes et des apôtres. Qu'y a-t-il de commun entre
la doctrine inspirée et ces vanités ? Quel usage la sagesse théur-
gique pourrait-elle faire de toute la vérité qui est dans les étoiles ?
Et cependant, ce n'est pas cette vérité-là que le philosophe a
recueillie pour la lier ensuite aux dons réellement spirituels et
divins, mais les études philosophiques qui entourent, pour ainsi
dire, l'inutile prépuce des mauvaises doctrines.

Aristote et Plotin 7. _ Jj n'est peut-être pas totalement


8ont-ils semblables faux que la philosophie profane intro-
aux apôtres ? , • '„ a « ,
duise par elle-même a la connaissance
des êtres. Cela peut être vrai dans une certaine mesure.
Mais ce n'est pas là la connaissance des êtres et la sagesse
que Dieu a accordée directement aux prophètes et aux apôtres.
Cette sagesse-là, c'est l'Esprit Saint. Jusqu'aujourd'hui, nous
n'avons pas entendu dire que les Égyptiens, les Chaldéens, les
Hellènes participent à l'Esprit Saint. L'Esprit Saint, éducateur,
TRIADE II, 1, 6-7 239

npos to XvoitcXovv ju.€Ta7roieÎTai re /cou ueTaTaTTtTai '


àvevSerjs uèv yàp r) ao<f>la toû IIvevfiaTos, iv 8è tû> ovtojs
àyaQtp Kal to ut) ovtojs àyaBov àyadvverai, Karà ttjv toû
irvpôs re Kal <f>orros <f>voiv, tû? iv àfivSpto tvttu), 7rvpw8rj
Kal <J>idto€i.o'tj SeiKvvoav rà TrXrjaidaavra. IIojs oSv Iv eîSos 5
oo<j>Las ck tùjv UpôJv StSay/naTOJV /cal tcôv iXXrjviKWV ua07j-
p.6.T(xiv r)p,îv TrpooycvrjoeToi Kal rfj à7rooroXiKJj ao<j>ia rav-
tov, tjtiç iv [}pa)(€L SiaÀu/xi/racra tÔtc, 7repiea^6 ttjs oikov-
p.€vr)s Ta iripara, tovs p>èv efco oo<J>ovs ào6<f>ovs iXiyÇaoa,
tovs 8è îSicôVas ttjj loiwTclaç e/cei'vrjç ovk àTTaXXd^aoa, 10
çrcxp'ovs 8è *ccù iStcôVas €/c ttjs' àdiov 7rXdvr)s fieradetoa Trpos
ttjv evaéfietav ; IJœç ovv p.la t) Sià toutcov àXrjdeia ', .Tvoitj
8' av tiç oa<f>wç ttjv àroTrlav tcôv toiovtojv pTj/zdVcov, et «aTO.
tou? Trarépaç Ta ua&juaTa ravra npooayopevoas, etra
TTopûrro cTuvâVreiv ttj SioaoKaXla toû IJvevpiaTos Kal ™ 15
KaTaAoya» tcôv kotÔ ravvqv dciwv Swpwv ey/cpîveiv <f>doKwv'
« ''Ehuip-qaaTo i)p,îv 6 0c6s ttjv deÔTrvevoTov SiSaoKaXlav Kal
» ttjv 7ToÀuaa^oÀov uaTaioTTjTa, îva Sià tovtwv ttjv tcôv
» TTpo<f>rjTwv Kal oVocttoAcov ao(f>lav KTTjoa)p.e6a ». Tis kolvoj-
via 0€OTTvevo~ru> SiSaovcaAi'a Trpos /xaTaioTTjTaç ; Ti 8è 20
fiéXXei ttj 0eovpyiKrj ao<f>ia Trdorjs ttjs iv âarpaaiv àXrfOecas ',
Kalroi 6 <f>iXoo~o<f>os ov ravTTjV ttjv àXrjdetav àTToXetjd-
pievos, eîra toîs TTV€vp.aTiKols Kal delois ovtojs avvrjipe
Sœpois, àXXà Ta Karà <f>iXooo<j>iav p,adrjp,aTa, irepiTTTjv
ttjv tcôv TTOvrjpwv Soy/xâYcov aKpofïvoTlav , ws elneîv, nepi- 15
Keip.eva.

7. To uevroi trpos ttjv twv ovtcdv yvœoiv eladyeiv av-


Todev ttjv e£oj (f>iXooo<f>îav tocos ov TeAe'cu? tpev&és, vtto
Tt yàp àv €?tj àXr]Bés, àXX ov toûto e'ortv tj tcôv Ôvto>v yvœois
Kal tj oo<f>la, tjv 0e6s vpo(f>rjTats xat airooToXois àp.éoœs
SéSwKe. IIvevp,a yàp âyiov cVet'vrj " IIvevp.aTOS oè àylov 3°

CVSL

16 htiipiav : htopewv L || 21 /ic'AA» : fi4\ti CS || irâtnjs : wâoi L |] ttjs : toîs V ]| 30


24O GREGOIRE PALAMAS

éloigne des pensées et des actions mauvaises l ; // n'entrera pas,


est-il écrit, dans une âme pleine d'artifice et n'habitera pas dans
un corps coupable de péché 2. Quant à la connaissance des sciences
de la philosophie, l'âme d'Aristote elle-même, plus qu'aucune
autre, l'a atteinte, alors que les hommes inspirés ont dit qu'Aristote
était plein d'artifice ; et quelle preuve pourrait-on apporter de
la pureté de son corps ? Mais la connaissance des sciences habitait
aussi dans le corps de Plotin qui cohabitait avec une mère et ses
deux filles 3. Par ailleurs, si, en y mettant de l'application, on
acquiert la connaissance des écrits prophétiques et apostoliques,
on est aussi loin de posséder leur sagesse, que l'œil de devenir
soleil ou lune, par le fait de recevoir les rayons du soleil et de la
lune. C'est pourquoi, nous qui connaissons ce que les prophètes
ont écrit, nous ne sommes nullement des prophètes. Et pourtant,
la sagesse apostolique, du petit nombre d'hommes qui la possé
daient, fit en peu de temps un monde entier qu'elle éleva jusqu'au
ciel, en l'enlaçant des liens de l'Évangile ; alors qu'aujourd'hui
tous les sages réunis, quels que soient l'obstination et le zèle qu'ils
y mettent, ne pourraient tirer la moindre partie du monde de
l'abîme de l'impiété !

Le vrai philosophe. 8. — En outre, la connaissance qui


nous vient des Écritures, bien qu'elle
soit très inférieure à la sagesse de leurs auteurs, ne saurait être
identique à la connaissance que donnent les sciences profanes.
Voilà pourquoi, lorsque nous parlons de l'origine, de l'ordonnance,
de la disparition, du changement et de la dignité qui conviennent
à chaque être et, à peu de choses près, de tout le reste, nous diffé
rons de la sagesse profane. La sagesse divine tend essentiellement
au but suivant : connaître ce qu'est la volonté de Dieu, ce qui est

1 Cfr Sagesse, I, 5.
* Cfr Sagesse, I, 4.
' Cfr Porphyre, Vie de Plotin, § 9, édit. E. Bréhier. dans la coll. Budi (vol. I
des Ennéades de Plotin), p. 11.
TRIADE II, 1, 7-8 241

fierôxovs Alyvirrlovs koI XaXSatovs Kal "EXXrjvas oihéirw


Kal rrjfiepov dicqKÔapev ' Kal « IJvevfia p.èv àyuov iratoelas »
Xoyiop.wv Kal irpdÇewv viraiTtwv p.aKpàv àirwKiorai ko!
« ovre eis KaKOTeyyov *fivyr]v eioeXevoeTai » Karà ro ye-
ypafjLfiévov, «ovre iv aœfiari KaToïK-qoei Kardxpew àp-aprias». 5
Tijs 8è twv Karà <f>tÀooo<f>lav p,adrjp.dTwv yvwaews, koI r)
' ApiaroTeXovs iravros p.âXXov c^ikcto || *(n>XV> Sv KaKo- \ i- 143»'
tc^vov 01 der/yôpoi irpooelirov ' ti 8è avr<3 Kal rfjs tov crwp.a-
tos àyvelas TeKp/qputv ex01 Tls <*-v ewretv/ 'AXXà kov t<3
7rAcimvi*cai awp.aTi r) t&v p.adrjp.dTWV yvwais èvwKet, 5s io
firjrpl Kal dvyarpdaiv eKeivqs ovvwKei. Swxi' koI twv irpo<frr)-
tikwv Se Kal àirooroXiKwv Xoyiwv et ris i£ iirt.p.eXelas tt)v
yvwoiv KT-fjoaiTO, tooovtov àiréxei T°û T17v eKeivwv ex€U>
ao<f>iav, èirôaov o<j>6aXp.os rjXtos fj oeX-qvrj reXéaai, tGïv
aKTivwv r/Xiov re Kal aeX-qvqs p.eTaXaxwv ' 816 rà r&v 15
7rpo(f>r)Tœv el86res irpo^rai rvyxdvopev ornes ov8ap.ws '
Kal r) p.èv àirooToXiKrj ao<f>ia è£ oXiywv t&v KeKTr\p.évwv
èv fipaxeî XP°VV Kôcrp,ov SXov vipov irpos ovpavov $pe, toîs
tov evayyeXiov irepi^aXovaa 8eop,oîs, vvv 8' els êv oweÀ-
floircs' ôaoi vvv elai ao<f>ol, Kav cirl irXeîorov SiaKapreprjawoi 20
oirov8d£ovT€S , ov8è Koop-ov p.iKp6v ti p.épos tov fïvdov Tijs
doefïelas àvaorrâo-at. 8vvr)deîev av.

8. 'AXX* ov8' r) irapà tû>v Xoyiwv r)p,îv irpooyi.vop.evri


yvwais, KaiTot irXeîorov àiro8éovoa rrjs tû>v crvyypaipap.è'vwv
eKeîva Oo<f>ias, ttj irapà twv e£w p.aQr)p,dTWV x°Pr)YovlJ'^vrl 25
yvwoei Tavrov âv eïrj. A16 Kal irepl yevéoews Kal avardaews,
Xvaews Te Kal p,eTairoir]oews', à£las Te rrjs irpoor)Kovor)s
eKaorw tûv ovtwv Kal tcô»' àXXwv p.eTa£v p.iKpov iràvrwv,
irpos tt)v ë$w oo<f>iav oia<f)ep6p,e0a ' Kal rfjs p.èv Bêlas oo<f>ias
to irXeîOTov els tovto Telvet, yvwvai ti to 6éXrjp.a tov Oeov, 3°
to àyaOov Kal réXeiov Kal evdpeorov, o t,r\Teiv tocovtov

CVSL
7 t'fÎKtro : ffijifCTO L II II fK((vr)s : (k(Îvt)v codd. [ 31 Tt'Attov «ai fiâptoTov :
tvâp€orov /cat tcAciov L J| togovto C.
242 GRÉGOIRE PALAMAS

bon, parfait et agréable à Dieu. Les sciences qui se conforment à la


philosophie profane sont, au contraire, éloignées de cette recher
che comme les porcs, toujours portés à se pencher vers la terre,
sont éloignés de connaître la belle ordonnance des étoiles. Celui
qui recherche la volonté de Dieu, celui qui, à propos de chaque
être, a reconnu la raison qui poussa le Créateur de l'univers à le
conduire à l'existence, celui qui se comporte avec tous ces êtres
conformément à cette volonté divine, celui-là connaît les raisons
qui sont à l'origine des êtres, celui-là possède la connaissance des
êtres, celui-là est le vrai philosophe et l'homme parfait, suivant la
parole de Salomon : Crains Dieu et garde ses commandements,
car c'est là tout l'homme l. Celui-là possède une sagesse incontes
table (car sa vie porte témoignage sur sa pensée), qui n'admet
aucune contradiction a et possède en lui-même le témoignage de
sa conscience 3, et aussi le jugement d'en-haut par la venue mys
tique et l'apparition de l'Esprit.

Deux manières 9. — Celui dont la pensée provient de


de penser. la sagesse profane, même s'il y trouve
quelque chose de vrai, ne peut fournir
qu'en paroles les preuves de ce qu'il avance, en les opposant à
d'autres paroles, car une parole n'est toujours qu'un moyen de
combat * ; il ne connaît qu'une sagesse incertaine ; parfois, il
ne s'accorde même pas avec lui-même ; bien plus, il se gonfle
d'orgueil et fait le fier, s'il arrive, en paroles, à faire croire des
choses contraires au sujet d'une seule et même réalité. C'est ainsi
qu'il possède et communique aux autres une opinion instable et
facile à modifier qui rend inutiles les facultés changeantes et
divisibles de l'âme chez l'être pensant. Un tel homme n'est pas,
à proprement parler, un être raisonnable et encore moins un être
intellectuel. Comment donc, à partir d'une telle manière de penser,
pourrait-on contempler les archétypes immatériels des symboles
que nous trouvons dans l'Église du Christ, comme ce généreux

1 llctlés.. XII, 13.


* I a: caractère propre de la philosophie profane est d'être contestable (cfr TV. I,
1. ')
» tl Cor., I. 12.
• ( fr Tr. I.l.i; Tr. I, 2, qu. ; Tr. I, 3, 13.
TRIADE II, 1, 8-9 243

<X7rejf6i rà Karà rrjv e£a» <j>iXooo<f>iav fj.ad7jfj.aTa, ottooov 01


irefyvKOTes àel Trpôs yr\v veveiv j^oî/ooi tt)v àorépojv evKooiwv
el8évai Oéoiv. '0 8è Çt/tt/tikÔ? tov deiov OeXrffiaTos Kat tout
èyvutKws i<f>' é/caarot; t<3v ovtojv, tivos êveKa napà tov
8rjfj,iovpyov twv SXojv •npo-ffyQtf, Kal Karà tt\v Oeiav TavTrjvl 5
fiov\rjat.v avroîs )(pojfievos, ovrôs ioriv o tovs at,Tiœ8ets
Xôyovs Tœv ovtojv el8u>s, ovrôs èo~TW o tt\v yvœoiv eyojv
TÔJv ovtwv, oUrôs ioTiv o àXrjôrjs <j>iX6oo<f>os Kat tcXcios
âvdpwTTOs, Karà tÔ U0X0p. ojvtciov cttos ' « Tov Geov <j>ofiov
» Kal Tas ivroXàç avTov <f>vXaooe, ôVi tovto nâs àvdpwTros 9. 10
Ovros Br) oo<f>lav ê^et t^v àvap.<f>iXeKTOv, fiapTvpeî yàp avrov
tÔ (f>poveîv o /Sios, Ss avriXoyiav où 7rapa8e'^€Tai icat aùro?
èv iavTw «tÔ papTvpiov» ê\€L «ttjç ovvei8ijoeojs » , 77/50? Se
TOVTO) KOI TTfV aVOjdeV tflTJ<f>OV , Slà TT/S1 flVOTlKTfS €Tn8rffj,ias
re Kal ifi<f>aveias tov IJvevp.aTOS- 15

9. 'O 8* e#c t^ç eÇoj oo<f)las tÔ <f>poveîv ovveiXoxws, et


tivos Kal fj.eT€0~xr)K€V oXrfdovs, Xoyw pàvov Tas ttlotcis
■npos Xôyov, ojs Aoyoç || àel TraXaiov ti, 7rape)(6p.evos , àf3e- | t. 1430
fialov oo<f>ias èiriyv ojfiwv KaOéoTTfKev, ecmv ôVe firjb" êavrâj
ovvâhojv, fiaXXov fièv ovv Kal p.éya <f>povâ>v Kal <f>iXoTt,fj.ov- 20
fievos, et TavavTt'a Svvairo Xéyœv Treideiv Trepl tov avrov
7rpd.yfj.aT0s ' ovtojs c^et Te *cai wape^ei yvâ>fj.7]v àaraTÔv
Te Kal evfieTafioXov, tÔ fierafSaTiKOV Kal fiepiorov tov <j>po-
vovvros t^ç ^v^ffs àxpetovoav, ojot ovh" àKpifStos âv eÏTj
XoyiKos ô toiovtos, 77000) ye fiâXXov où voepos. Tis ovv 25
p.T[)(av7j tov ck TocavTTjs 8iavoias 6pfiojfj.evov ràs àvXovs
àpxeTVTTias twv ev ttj tov Xpiorov 'EKKXTjola deiojv
eTTOTTTevew ovfif36Xojv, cbs ô tojv êXXTfvtKOJV p.adTjfidTùJV
yewaîos oSros VTraoTTioTrfS i^TjyeÎTat ,' '0 8è to tov &eov
déXrffxa tprfTœv Kal ttoiojv eKeîvos <f>iX6oo<f>os , Xôyov c^tov ifi- 3°
TrpaKTOV ko! rrpâÇiv èXXôyifiov, 81' avrcôv twv TrpayfidTUJv
to dTrXavès tov p.€Taf3aTiKOv tû>v oiKelojv vorjoeojv àno-

CVSL
12 to : rw L 0 16 avv€L\7]x<i>s S |j 17 fiôvov : p.6vio L.
244 GRÉGOIRE PALAMAS

défenseur des sciences helléniques nous le conseille ? Quant à


l'autre philosophe, qui recherche et accomplit la volonté de Dieu,
dont la raison est agissante et l'activité conforme à la raison,
il démontre dans la pratique même l'infaillibilité des changements
qui se produisent dans sa pensée ; étant déjà parfaitement raison
nable, il peut aussi s'élever vers l'unicité des archétypes, à partir
des symboles sacrés qui sont divisibles ; accomplissant intelligi
blement en lui-même la tâche qui se présente à lui, il est lui-même
mystiquement accompli en elle ; parfois même, dans la prière
spirituelle, il rencontre la vision et l'élévation qui dépassent
cette tâche.

Réalités 10- — Peut-on affirmer encore que la


incomparables. connaissance des êtres, accordée di
rectement par Dieu aux prophètes et
aux apôtres, nous est accessible dans les sciences profanes ?
Puisque la connaissance des êtres est ce qu'il y a de meilleur en
nous, puisque les sciences philosophiques nous y amènent par
elles-mêmes, puisque, d'autre part, comme le dit le philosophe,
l'Écriture sacrée nous propose des symboles de ces êtres, alors
que les sciences philosophiques élèvent jusqu'aux archétypes
immatériels, ces sciences seraient pour nous la meilleure des
sciences ; elles seraient supérieures à la divine Écriture, comme la
vérité des archétypes est supérieure aux symboles. De toute façon,
même si elles ne lui sont pas supérieures, elles ne lui sont nécessai
rement pas inférieures, puisque la connaissance est ce qu'il y a
en nous de meilleur : que pourraient-elles faire de plus grand que
d'y amener et d'y élever ? Il y a donc quelque chose, dans ce
qui nous vient de l'Écriture inspirée, qui est incomparablement
supérieur à la connaissance des êtres ; en cela, les Écritures
théurgiques demeurent incomparablement supérieures à la philo
sophie, car les sciences qui relèvent de cette dernière n'amènent
pas et n'élèvent pas par elles-mêmes vers cette réalité supérieure
à la connaissance. Comment peut-on dire que la médecine et
Dieu donnent une seule et même sanié 1 ? On ne pourrait admet
tre la coïncidence que pour un aspect très secondaire de cette

1 Cfr supra, § 4.
TRIADE II, i, 9-IO 245

SeiKwat Kal œs XoyiKos wv rj8rj reXéws, Kal rrpos rô évoet8ès


rwv dpxerwrwv drro tcùv p.epiarwv îepwv ovp.fi6Xwv dvayea-
6ai 8vvarai, reXeiwv 81 èavrov vorjrws rà rrpoKelp.eva #cai
avros 8t' avrwv p.variKws reXetovpevos, ôs éa6' ôre /cou
rrjs vrrepreXovs déas Kal dvafidaews 8ià T-fjs rrvevp.ari.Kijs 5
èmrvyxdvei. irpoo€V)çf\s .

10. *Ap' dv €X°l Tls *Tt Xéyew (Ls rjv dp.éaws irpo<f>rJTats
Kal diroarôXois yvwaiv rwv ovtwv Geos e8wKe, ravrrjv r)p.eîs
8ià rwv ê£w p.a6rjp,drwv evplaKop.ev ', Où p.fjv àAA' èrrel
rwv èv fjp.iv dptarov r) yvwais twv dvrwv, eladyei 8e 8t' 10
èavrwv vpos Tavrqv rà Karà <f>iXoao<f>lav p.ad-qp.ara, Kal
r) p.èv lepà rpa<fyfj ovp.f$oXa nporlderat ravrrjs, dvdyei
8è rrpos ràs dvXovs dpxervrrlas rà icaTa <f>iXooo<f>lav p.a0rj-
p.œra, ws o <f>i\6oo<f>os Xéyei, dpiara p.ev r)p.îv p.adrjp,drwv
ravra, Toaovro 8è Kpelrrw rrjs Bêlas rpatfyfjs, ôrrôaov avp.- 15
jSôÀaiv f) rwv dpxervrrwv àXr)9eia ' el 8è p.rj Kpelrrw raérr/s,
cf àvdyK-qs ov8' ÎJttw, tcûv èv r)p.îv dplarov rrjs yvwaews
ovarjs ' rwv yàp eiaayôvrwv eis ravr-qv Kal dvayôvrwv, ri
rror dp' dXXo p.eî£,ov 8pdaeiev dv ; "Eariv dpa ti tôjv ck rrjs
deorrvevarov rpa<j>fjs rjp.îv TTpoayi.vop.evwv rfjs rwv dvrwv ->o
yvwaews davyKplrws Kpeîrrov, 81 S rà OeovpytKa Xàyia
rrjs <f>iXoao<f>las iKelvrjs davyKplrws vrrdpxei. Kpelrrw, rrpos
rà rrjs yvwaews eKeîvo Kpeîrrov pr]r eiaayovrwv, p.r)r'
dvayôvrwv rtap èavrwv rwv Kar avrr\v padrjpdrwv. '/a-
rptKr) 8e Kal Qeôs, rrws tt)v avrrjv rrapéxei vyielav, et p.r] rtç 25
èrtl TroX\oarrjpx>plov rovr elrroi ravrrjs ', Ov8è yàp eKeîvo
awiSeîv ïa^vaev 6 <f>i\6ao<f>os || ws rrjs p.èv napà Qeov la- \ t- 144'

CVSL

21 8t* S : 8>à L.
246 GRÉGOIRE PALAMAS

santé. Car le philosophe n'a pas eu la force de voir que la guérison


et la sagesse qui nous viennent de Dieu concernent surtout l'âme,
alors que ces découvertes humaines n'apportent leur modeste
sollicitude qu'au corps seul, pour devenir inefficaces dès que la
mort fait disparaître l'objet de leurs soins.

De la manière de H- — Mais il déclare posséder sur


lire les Écritures, ce point la vérité et dit : Certains nous
cherchent querelle à ce sujet: les uns,
en effet, considèrent la lecture des écrits inspirés comme une source
de confusion, d'autres croient que les sciences philosophiques et tous
les travaux littéraires ne sont aucunement un don de Dieu. Voici
donc découvertes les calomnies qu'il profère contre nous ! Dans
le premier cas, il s'attaque aux hésychastes, dans le second, à mes
traités 1. Pourtant, nous ne connaissons parmi nous aucun hésy-
chaste qui ne s'applique, s'il sait lire, à connaître les Écritures ;
quant à ceux qui ne savent pas lire, on les prendrait pour des
livres animés, car ils récitent tout naturellement par cœur la
plus grande partie des Écritures 2. S'il en est ainsi des hésychastes,
c'est donc aux Pères que s'attaquent les paroles de Barlaam :
l'un d'entre eux recommande, en effet, de peiner et non de lire
des livres 3; un autre dit : Si l'on se contente de lire à vide de
nombreuses pages, le cœur devient vide ; un autre encore : Le moine
qui lit pour connaître et non pour se pénétrer de componction
devient présomptueux. Les paroles de Barlaam constituent donc
une calomnie évidente, soit contre les hésychastes, soit contre
les Pères. S'ils ont parlé ainsi, ce n'est pas pour condamner la
Sainte Écriture ; mais ils savaient que c'est la pratique et non
la connaissance qui apporte le salut, ils ont appris par l'Apôtre
que ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi, mais ceux qui la mettent
en pratique, qui seront sauvés *. Par de telles paroles, ils exhortent
eux-mêmes leurs disciples à agir ainsi.

1 II peut s'agir aussi bien de la première Triade (cfr Tr. I, 1, 9) que des lettres
de Palamas à Barlaam, notamment la première, où Palamas réfute les affirmations
du Calabrais sur la philosophie, don de Dieu (édit. Schirô, p. 262).
' Une connaissance semblable de certains textes liturgiques, notamment du
psautier, était en effet répandue dans les milieux populaires au Moyen Age.
» S. Jean Climaquk, Scala. XXVII (PG, LXXXVIII, 1 1 16 C).
4 Cfr Rom.. II, 13.
TRIADE II, 1, IO-II 247

Tpeias T€ koll ao<f>t.as im. ttjv ^fX7Îv fiXénei tÔ irXéov, rà 8'


«£ àV0pûS7ra>v eipr/fiara ravra, t<3 aœ^ian [Movot ftucpàv
eireveyKovra tt^i/ depcnrelav, airpatcTovoiv eireira SiaAu-
oavros tov Oavdrov to viroKelfievov.

11. 'AXX' €K€Îvos Tavrr) rôXydcs *X€LV ô/iTO<fyqvdpL€vos, 5


« cîcri » (fyrjaiv « ot irpos raûra à/x^io-jS^Toûcriv -fjpîv ' eviot
» /xèv yà/> tt)v twv Xoyiœv àvdyvwotv avyyvoiv oïovrai, oi
» Se Ta Kœrà <f>iXooo<f>iav p.a8fjp.aTa kox nâcrav -rrçv rrepi
» Xôyovs Siarpi^rjv p.r)8ap,œs elvau Sôaiv Oeov ». 'Opâç
àvaK€KaXvp,p.€vas ràs ovKO<f>avrias TTpofief$Xr)iJ.évas ,' Tov- 10
rtov yàp to ttèv koto tcûv T]avyaXflVToyv Xéyei, to 8è
Karà twv Xôyojv t&v r)p,eT€pa>v. 'AXXà twv pÀv e<f>' T\\iùiv
■qov)(al,6vTOiv oiSeva eyvu)p.€v 8s toîç Xoyiois oi irpoaav-
c^et, ypâfip.ara fiepa&TjKœs , ko! tovs /xt) ypdp.p.a.Ta cîSôVaç
Ï801 tiç àv (ïlfiXovs dXXas ifiiftvxovs dira orrfdovs Ta irXelova 15
Ttôv Xoyloiv €v<f>vœç àirayyéXXovras . 'Ettc! toLvw ovtoi
o~a<f>â)S TOtovroi, Trpos tovs iraTepas Tzlvtw eoïKcv o Xôyos
aùr<3- 6 p.kv yàp airœv, <f>7)ol, « kottovs, koX /xt) ScXtovs »,
ô Se « toû cv 7T0AA0ÎS <f>vXXoi.s àvayw<i)OKovTos tfriXâis, ifiiXov-
» tch 17 KapSta », Kal êrepos « povaxos Sià yvcùcrti' «al /x^ 20
» 8ià KaTawÇiv àvayivojOKWv oïrjacv Krârai ». Etre toIvvv
Trpos tovtovs, €?T€ Trpos ckclvovs o Adyo? ovKO<f>avria oacfirjs.
Oi yàp €7rl SiajSoÀij rfjç Upâs Fpa<f>r)s TOiavr' ârra Trap'
€Keiv(ov eîprjTai ' ttjv TrpâÇiv Se eîSôVeç, àXX' oi ttjv yvœoiv,
oœÇovaav, Kal tov 'AttootoXov TTvdopevot. « p/q tovs à/cpoa- ^5
» T<iç tov vop.ov, tovs 8è TroiTjTàs oaiôtjoeodai » XéyovTos,
i-nï tovto Kal aùrot tovs irvdopivovs 8tà t<ôv toiovtùjv
Xôyoiv irpoTpciTOVTai.

CVSL
2 ftovtp : ^iofov L | 15 irXuova : TrActai VS [j 19 ^uAAotç : «^uAotç V.
248 GRÉGOIRE PALAMAS

Nature et grâce. 12. — Et moi, si je me rappelle bien,


après avoir dit qu'il fallait séparer et
rejeter tout ce qui est fabuleux et erroné dans la sagesse profane,
je poursuis en affirmant que la connaissance qui provient de
l'éducation profane ne pourrait même ainsi être appelée don spiri
tuel, mais don de nature, dont Dieu nous a gratifiés par nature et
que l'on peut développer par l'exercice; ce dernier point est une
preuve évidente qu'il s'agit d'un don naturel et non spirituel: il
n'échoit à personne sans exercice, c'est notre théosophie qui est à
proprement parler un don de Dieu, accordé dans le Saint-Esprit,
et non un don naturel ; si de simples pêcheurs la reçoivent d'en haut,
elle en fait des fils du tonnerre1. Au Seigneur est la terre et tous ceux
qui l'habitent s ; mais bien peu appartiennent à Dieu, bien que
tous ils soient son ouvrage ; c'est Dieu qui accorde la connais
sance à l'homme, mais bien peu ont acquis la sagesse de l'Esprit,
bien que tous, par nature, aient été créés par lui raisonnables et
capables de recevoir la science. Ne calomnie-t-il pas manifeste
ment celui qui parle d'un don naturel, lorsqu'il lui fait dire qu'il
ne s'agit pas du tout d'un don de Dieu ? Quelle serait donc, en
dehors de Dieu, l'origine de la nature ? Comment peut-il alors
lui faire dire que les choses accordées par Dieu dans l'ordre natu
rel ne proviennent pas du tout de Dieu ?

Peut-on parler 13. — Mais Barlaam cherche à montrer


d'une sagesse «dé- ensuite, ou plutôt il le déclare sans le
que » démontrer, qu'il se trouve lui-même en
accord avec le grand Denys, alors que nous, nous ne le
sommes pas. Et la calomnie est là, sans tarder, pour lui
fournir les arguments, lorsqu'il en manque absolument. Tu
n'es pas en accord avec le divin Denys, dit-il, parce que tu
affirmes que la philosophie provient des démons et conduit aux
démons. Et il dit après cela, comme en s'oubliant : Au sujet de
cette philosophie que nous vénérons, tu as employé les mêmes expres
sions que nous. Comment pourrait-on mieux démontrer qu'il se
contredit lui-même ? Mais d'où as-tu pris que j'affirmais que la

1 Citation de Tr. I, 1, 21-22.


» Ps., XXIII (XXIV), 1-2.
TRIADE II, 1, 12-13 249

12. Kàyùj 8è elirouv 8iareXœ fiefj.vrjij.evoc, fiera ro « 81e-


» Xeîv Kai oiapplificu » nâv 5 ri rijs Ovpadev aotplas fivdcùSeç
kcli KaKohoÇov, (ôs r) eK rijs éÇio irai8eîas yvôjois * irvev-
» fiariKov fièv 8wpov oùS' ovrcos àv KXrjdelr), (f>vaiKov 8é,
» 8ià rijs <f>voeœs 8e8op.évov r)fiîv rrapà Oeov Kai fieXerr) 5
» rrpos èirlZoaiv àyôfievov, S Kai reKftfjpiov ivapyès ô>s <f>voi-
» k6v, âÀÀ' ov irvevfiariKov iari 8â>pov, ro p.r) fieXérr/s dvev
» firjSevi rwv àirdvrajv irapayLveodai ' Oeov yàp Kvptojs 8û>-
» pov èv àyla> ïlvevfiari 8e86fievov, àXX' ov <f>vaiKov, r) Kad'
» r)fiâs 9eooo<f>la, rj kov àXievaiv dvojdev eTTirrrij, fSpovrrjs 10
» vlovs drrepydlfirai ». KaOdirep yàp « rov KvpLov ftév èoriv
* r) yrj Kai rrdvres ol KaroiKovvres èv avrfj », oXiyoi 8è ol
rov Oeov, et Kai navres 7rXdofj,ara, rov avrov Srjirov rpôirov
Kai Oeos fJ.év èariv 6 napéyojv avdpamw yvôjoiv, oXiyoi 8e || ] f. 1441»
eioiv ol rr)v oo<f>lav Krrjadfievoi rov IJvevfiaros, ei Kai rrdvres 15
xm avrov <pvoei XoyiKoi Kai èrTiarrffirfs 8eKriKoi yeyôvaaiv.
*Ap ofiv ov avKO<pavreî rrepi<pavùjs rov Xéyovra <f>vo-iKov
8ôjpov 6 Xéyojv fjrj8afiû>s etvai Xéyeiv 86oiv Oeov; Tivos
yàp r) <f>vats 86fia, ov)(i rov Oeov ; IJœs ovv ov8afiœs èx
Oeov Xéyei, S 8ià rijs <f>voeojs (ftrjaiv eK Oeov 8e8op.évov,' 20

13. *AXX' eKeîvos erretra rreipârai 8eî£ai, fiâXXov 8«


àvairoSelicrios àrro<patverai ojs avros fièv rw fxeydXoj
Aiovvalio ôfioXoyeî, rffieîs 8 ov. Kai rj o~VKo<j>avrLa evdvs
iyyvs, TTapurrôjaa avrw ârra rrapaarijaai ov8ap.ws lo~xyoe '
« àià rovro yàp ov\ âfioXoyeîs » tfnjai « rû> delà» Aïow- 25
» aio), èirei8r) rrjv <f)iXooo<f>iav eK 8aip.6vojv re <f>avrjvai ko!
» et? 8alfju>vas <pépeiv 8uo~xypit)rf ». Merà rovro 8' aSdis,
œarrep èrriXadofievos avros èavrov, « 7repi rijs <f>iXooo<f>las
» ravrrjs » ifrqoiv, « rjv avroi Trpeo/Sevofiev, ràs auras r)p.îv
» à<jyrJKas <f>a>vds ». flœs dv ris fiâXXov Set'^etev èavrw àvri- 30
Kelfjxvos a5v,' *AXX eKeîvo irodev e^ctf Xa/Htov ojs eK 8ai-

CVSL
IO Oioaor^ia. : au>f>ia C ^ IO-II rj kqv ... àntpyâÇcTai om. L.
250 GREGOIRE PALAMAS

philosophie provient des démons et conduit aux démons ? Parce


que, dit-il, tu cites les plus célèbres parmi les Hellènes qui disent
clairement avoir reçu la connaissance par une inspiration démo
niaque 1. Quelle conclusion en tirerons-nous ici ? Veux-tu que
nous rappelions mes propres paroles ? Veux-tu donc nous obliger
à dire que ceux qui parlent ainsi ouvertement à leur propre sujet
possèdent la sagesse de Dieu ? Non certes, aussi longtemps que nous
aurons souci de nous-mêmes et de la véritable Sagesse, qui n'entre
pas dans une âme pleine d'artifice et amie des démons ; et si elle y
était entrée auparavant, elle s'envole lorsque l'âme tourne au mal;
car le Saint-Esprit éducateur s'éloigne des raisonnements dépour
vus de raison, comme le dit Salomon 2 qui possédait la sagesse
de Dieu et rédigea un livre à son sujet. Y a-t-il quelqu'un de plus
sot que ces gens qui se vantent d'être initiés aux mystères des dé
mons et qui leur attribuent l'origine de leur propre sagesse? Car
ce que nous disons maintenant, nous ne le disons pas de la phi
losophie en général, mais de la philosophie de ces gens-là. Si,
en effet, selon Paul, on ne peut boire la coupe du Seigneur et
la coupe des démons 3, comment pourrait-on posséder la sagesse
de Dieu, tout en étant inspiré par des démons? 4 Quel est donc
le sens de nos paroles ? Nous déclarons que les gens qui
avouent l'origine démoniaque de leur sagesse sont des
sages démoniaques. Mais toi, tu nous reproches ce pour quoi nous
les avons condamnés de leur propre aveu ! C'est encore un mé
chant démon, j'en ai peur, qui a insufflé à ta langue cette calom
nie. Nous avons appelé « démoniaque » la sagesse des impies,
parce qu'elle contient des erreurs, et Grégoire le Théologien
nomma ceux qui sont dans l'erreur créatures du Malin 5. A-t-il
donc considéré qu'ils ont été créés par le Malin ? Certainement
pas ; il ne fait qu'employer ce terme pour confondre leur erreur.
Il est tout aussi évident, sinon plus, que nous aussi nous ne con
damnons que le mauvais usage, sans blâmer la réalité même.

1 Citation de Barlaam, qui se réfère à la Première Triade (1, § 15), où Palamas


cite des poètes grecs de l'Antiquité (cfr aussi sa première Lettre à Barlaam, Coisl.
100, fol. 87'-»).
* Sagesse, I, 5.
» I Cor., X, 21.
« Citation de Tr. 1, 1, 16.
• Hom., XLV, 26 (PG, XXXVI, 657 D).
TRIADE II, 1, 13 251

fiôvœv <f>avrjvai Kal eiç 8aîp.ovas <f>épeiv rfjv </>iXooo<f>îav


SucrxvpîÇofiai ; « "Oti » <f>r)ol « tcDv 'EXXfjvatv tovs aKpovs
» Trapdyns Xéyovras àpiSrjXœs ck 8aip.6vwv iTwrvouis ttjv
» yvœoiv SéÇaodai ». TI ovv 8ià tovtov ovp.irepalvop.ev €/ceî;
BovXei vpodû>p.ev aura rà pr/p-ara,' H*Ap' ovv 0eov oo<f>lav 5
» èpovp.ev éyeiv T°ù? roiavra nepl a<f>wv aùrtôt' Xéyovras,'
» Oi5^ l'eus âv r)p.wv aùrâiv ai/nev icat 1-775 ovtids oo<f>las
» Ôepairevral, tJtis ciç Ka.KOTC.yyov ko.1 Sai'/xoox <j>lXrjv ovk
» eloépxtTai ipvxrfv ' #câi> eloeXOovoa <f>6darj, p.eTafiaXovo~r)s
» cm tÔ \eîpov à^t7rraTat " IJvevp.a yàp âyiov ■nato'ei.as 1°
» à7ravaaT^(T6Tai àwô Aoyio^xâ)»' àow€Ta>i', /carà UoXop.â>vra
» tov 0eov oocfriav eipLOLpr/KÔTa Kal vepl avrrjs avyypa-
» tpdp.evov. Ti 8e àoweTœrepov twv p.iya <f>povovvrwv èirl
» t<3 Saî/xoai TeXeîadai. Kal irpoop.apTvpovvTwv eKeivois
* T*},/ xoprjyiav rijs o^erépas aùroDv oo<f>ias ,' Ov yàp rrepl 15
» <f>iXoao<fn.a.s aTrXws Xéyop.ev âira Xéyop.ev vvv, aXXà nepl
» ttjs tû>v toiovtoiv <f>iXooo<f>ias ' el yàp Kal Karà TlavXov
» où Si/varai tls TTOTTfpiov Kvpiov Tciveiv Kal TTOTrjptov
» 8aip.ovt.wv, 7TÛ>s àv 8wrj9eirj tis 0eov oo<f>lav êyeiv
» Kal vtto 8aip.6vwv ifnrveîodat, ; » Ti ovv èoTtv 0 <f>ap.ev ; ;o
Tovs £k 8aip.6vwv ttjv èavTwv ao<j>iav elirôvras, « 8aip.o-
» vttoBeis >> irapà tovto oo<f>ovs elvat àiTO<f>aiv6p.e9a. Si) 8k
ht 5 Ttôv elprjKOTWV KaT€ifjr)<f>iodp.eda, tov6* r)p.îv 7rpo<f>é-
pecç. AéBoLKa p.7] Kal oov || tjj yXwTTjj fidoKavàs tiç ] f. 145'
8aip.wv to avKO<f>avT€Îv èvrjxeî. «. Aaip.ovt.w8r) » p.kv ovv ^5
ij/xeîy t^v tcD»' àoeficôv ao<f>iav Sià ràç cv aû-7-77 KaKo8o£las
7rpoo~€i7Top.ev, rpr/yôpios 8è 6 rfjs deoXoyias €Trojvvp.os
« nXaop.aTa tov Ttovr\pov » tovs KaKo86^ovs à>vôp.aoev '
ap ow €K toû novqpov ttjv yevecriv ea^Tj/ccvai tovtovs i86-
£al,€v ; Ovp.evow ' àAA' aÙTcùv ttjv Trovrjpàv 86£av 8iaavpet 3°
Stà tov toiovtov irpooprjp,aTOS ■ <Pav€pov ovv ov8ev t)ttov
oti. p.rj Kat p.âXXov œs Kal rjp.eîs ttjv irovr/pàv xpfjoiv ovk
iirawovp,€V , àXX' ovk avro to irpâyp.a KaKi^op.ev.

CVSL

9 /zcTa/?aAAova7;s L [| 16 ^iXooo^ias â-n\ùts : (friXonrcoxlas à«t V.


252 GREGOIRE PALAMAS

Barlaam, initia- 14- — H y ajoute ensuite une seconde


teur de la querelle, calomnie, semblable à la première : il
paraît que j'affirme aussi la provenance
démoniaque de la science astronomique, puisqu'à partir des
mêmes principes je condamne aussi bien les dires des philosophes
que ceux des astronomes. Il fait donc un grand éloge de l'astro
nomie. Puis, lorsqu'il s'entend traiter d'« iconognoste » x, il le
supporte avec peine, comme s'il n'avait pas été le premier à
appliquer un nouvel et étonnant sobriquet à la partie la plus
stricte de l'Église, comme s'il s'agissait d'hérétiques, dans le but
de le calomnier 8. Mais, peu de temps après, le voici qui change
d'attitude : comme un disciple du Christ, il dit que cela ne vaut pas
la peine de se fâcher à cause de cette insulte, il rappelle le commande
ment qui nous interdit de rendre la pareille à l'insulteur, lui qui si
souvent a polémiqué avec nous et qui, sans aucun frein, a usé
contre nous de toutes sortes de calomnies ! Et pourtant nos pre
miers écrits 3 ne sont en aucune façon dirigés contre lui, mais se
rapportent seulement à des bruits qui nous ont été rapportés ;
et c'est aux paroles que j'oppose mon traité, non à celui qui
les a prononcées. Je suis tellement éloigné d'user de calomnie au
sujet de ses paroles, comme il le fait au sujet des miennes, que
j'ai même laissé passer ce qu'il a dit de pire. Et surtout je n'écris
pas pour me défendre moi-même, mais pour défendre les plus
simples de mes frères qu'il a diffamés, en prenant leur fardeau
sur mes épaules, conformément au commandement de l'Apôtre *.
Quant à lui, il écrit pour lui-même et m'attaque nommément tout
au long de ses discours ; il cite clairement certaines de mes expres
sions, en s'efforçant de les contrefaire et de s'y opposer. Bien pire :
c'est à lui qu'appartient l'initiative de cette querelle et c'est lui
qui reçoit la riposte, mais ensuite, comme s'il n'avait pas com
mencé, ni reçu de riposte, il se disculpe, comme un disciple du
Christ qui, injurié, ne répondait pas par des injures, souffrant,
ne menaçait pas, mais s'en remettait à celui qui juge justement6.

1 Tr. I, 1, 20.
1 II s'agit évidemment du sobriquet d'd^aAityvxoi lancé par Barlaam contre
les hésychastes.
* La Première Triade.
* Gai., VI, 2.
* I Pierre, II, 23.
TRIADE II, 1, 14 253

14. Evvelpei Se tovtols i<f>€^rjs Kal Sevrépav o~VKO<f>av-


riav ôpotav, e/c Saipôvwv eîvai pe Xéyuv Kal rr)v àarpovo-
piKTfV /J.40OOOV, €TT€t,hrfTT€p €K TU)V aVTWV rà aVTCL, T(X)V T€
<f>iXooô<f>u>v ixelvaiv Kal TÔ>v dorpovôpwv, KaTaifirjfaÇopai.
Kai rroXXà ravrrjv iyKatpidoas avrôs, eW d>s aKovaas 5
« €iKovoyvâ>0T7]s », fiapéios rjveyKev, woTrep àv ovk avros
wv 6 irpérepos tô> rijs 'EKKXïjoîas à/cpi^Secrre/ïa» pépei,
Kaddirep aipeauvrais , Kaivr)v Kal Seivrjv inatvvpiav irpos
SiafioXrjv c-môels- 'AXX' ov rroXv to cV péaœ, Kal perafïaXwv
« TTC.pi TavTTjoL » (jirjat. « rfjs vfipeœs Svaxepatvetv ovk d£t.ov », i»
û)s Xpurrov padrjTrjs, ovoè roîç ïaoïs dpeifteodai rijs èvroXrjs
p.epvr)p.évos, ô TroXXarrXaoîats dvdvrreveyKCJv ko! aKpaTws
ndo-r) Kad r/pâiv KexpTjpévos oiafioXfj. Katroi reîvei pèv
r)p,îv rà nporepa twv avyypappdratv irpos eKeîvov ovSapœs,
rrpos Se rà i57rô rfjs <f>rjp,rjs dpvXovpeva, Kal rrpos tovs Xôyovs '.ï
àvrerre^dyat tov Xôyov, où rrpos tov Xéyovra, Kai roaovrov
àiréx<o avKO<pavTiats xPVa^ai "ntpl tovs ckcivov Xôyovs.
â>o~rrep eKeîvos rrepl roiis rjp.eré'povs, ware Kal rà Xe ^Pw
rœv vit €K€ivov Xeyopevœv iraprJKa. To Se peîtflv d>s ovx
vrrèp cp.avrov ypd<f>ai, àXX' vnèp twv irrrjpea^opévaiv aTrXovo- --o
répœv àSeX<f>â)v, to fldpos CKelvwv avros /Saoracraç Karà
rr)v àTrooToXiKTjv èvroXr]v . 'EkzÎvoç 8' vrrèp éavrov ypd(f>ei
Kal Trpôs èpè aa<f>wç drroreiveTai Kal, rwv ipû>v prjrwv
eariv â <f>avepâ>s rrpofiaXXôpevos , ttoXvs ylverat. Siaorpéfiwv
Kal dvriKelpevos ' to Se x€^P°v on avros rijs irrrjpelas rav- ^.s
ttjs Kal dpÇas Kal dp.vv6p.evoc, eW wç prjT âpÇavTa, pi)T
dp.vv6p.evov SiKaioî avros èavrov œs Xpiorov pad-qrijv,
« os XotSopovp.evos ovk dvreXoiSôpei, ndox^ov ovk rjTreiXei,
» rrapeSlSov Se tô> Kpivovri SiKaiws ».

CVSL

avros iavTov : avdis aiÎTOv V.


254 GRÉGOIRE PALAMAS

Erreurs des 15. — Mais le mal a chez lui comme


Egyptiens et des jes degrés et il progresse vers ce qui
Chaldéens.
est, encore pire : il., s , attaque
.. -,
aux saints,
tantôt en les contredisant lui-même avec effronterie, tan
tôt en les accusant de se contredire eux-mêmes et les uns les
autres ; parfois il falsifie certaines de leurs expressions et
les met en avant pour se protéger. C'est ainsi que Grégoire de
Nysse, le sage dans les choses divines, dit que, dans le siècle futur,
celui qui sera parvenu à une vertu parfaite n'aura pas un sort
identique à celui qui n'aura pas joui du tout de la vie, étant passé
dans l'au-delà enlevé avant l'heure et encore enfant : Le premier,
dit-il en effet, a connu Dieu et lui a plu en toute conscience et
par une éducation variée, tandis que le second a passé par la vie
sans avoir entraîné ni exercé sa raison 1. Voici donc la trouvaille
que ce sage croit faire pour s'opposer aux paroles du grand Basile
et aux nôtres : il y a quelque profit dans l'éducation et les études !
J'avais en effet apporté le témoignage du grand Basile, qui traite
de futiles la géométrie, les études géométriques inventées par les
Égyptiens, les formes, les ombres et la météorologie que vé
nèrent les Chaldéens 2 ; mais Barlaam lui oppose son frère,
comme s'il n'avait pas à son égard des sentiments fraternels et
comme s'il me contredisait en même temps que Basile. Voici
ce que l'on peut y répondre, ô homme admirable : celui qui est
parvenu à une vertu parfaite peut tirer profit des choses futiles
elles-mêmes. C'est ainsi que Grégoire le Théologien déclare avoir
tiré profit, à Athènes, des erreurs superstitieuses, après s'être
moqué des démons, là où les gens les admirent 3. Si on dit que la
superstition est chose funeste, diras-tu donc que l'on contredit
ce grand Docteur ? Tu ne le diras certainement pas, à moins de
vouloir être toi-même superstitieux. De même lorsque l'on dit
que la géométrie est futile et funeste, on ne contredit pas celui qui
affirme que cette géométrie et les autres sciences procurent quel
que avantage à l'homme parvenu à une vertu parfaite. Le mal lui-
même collabore avec le bien, si on l'emploie à bonne inten
tion ; même la chair du serpent devient une nourriture sal-

1 De infant. (PG, XLVI, 181).


» Voir Tr. I, 1. 8.
» Hom., XLIII, 21 (PG, XXXVI, 524 C).
TRIADE II, 1, 15 255

15. 'AXXà yàp warrep àvaf$aQp.oîs kclkwv xP^p-evos, eiri


rà xeîpœ "rpoKÔirrei Kal Karà twv ày'iwv %wpeî, vvv p.ev
àvatStjv àvTiXéywv avToç avToîç, || vvv 8' àvTiXéyovras I '■ M5»
êavroîs Kal àXXrjXois èXéyxw, eori 8' ov Kai ras axrrûv
prjo~eis irapaxapaTTùiv Kal irpoflaXX6p.evos. Tov yàp ootpov 5
rà Oeîa rprtyopiov tov Nvaarjç ov% èpoiav rqv Siaywyr/v
elvai Xéyovros èv rw p.éXXovTi tov Te 8ià Trdcnjs aperfjç
TJKOVTOÇ Kal TOV fJLTj 8è 5XwS /X€Te<7^>J»COTOÇ TOV fSlOV,
tô> vrjiriov èvrevQev eKeîae p.eTa)(wprjo~ai irpo tapas avap-
■naadév — « 'O p.èv yàp 8tà Trdcrqs » (f>rjalv « alo~6rjoewç Kai 10
» navrolaç rraiSevoews eyvw Kal evrjpéarrjoe Oeov, to 8e
» àyvp.vaorov Kal àVpijSèç ttjv Sidvoiav 8irjX9e tov filov » —,
aura to 8ià iraiSevoewç re Kal t&v p.adr)p,dTwv w<f>eiXr)9r)-
vai nva o ao<f>os ovros wrjdr] êpp,aiov evpeîv /tard re tôjv
tov p.eydXov BaaiXeîov Kal tû>v Xôywv tû>v ■fjp.eTë'pwv. Tov 15
yàp p.eydXov BaaiXeîov 7rp6s paprvpiav tm' èpov irapT]yp.ê-
vov Kal p.aTaiav XéyovTos yewp,eTpiav re Kal ttjv iirl tj}
yewpeTpla o\o\tjv, fjv èÇevpov AlyvrrTioi, ayy\p.a.Tâ Te Kal
OKias Kai fj.€TewpoXoyîav tt)v rrapà twv XaXSaiwv Teriprjpe-
vtjv, avToç àvTiTcOrjaiv œs p.r) d8eX<f>à <f>povovvra tovtw tov 20
d8eX<f>àv, Kal avv eKeivw Kal vpos èpè àvTiXéyovTa. TIpoç
ôv àv tis ehrev, w Qavpdaie ' o Sià irdo~qs dpeTrjs tJkwv
kÙk tcùv paraîwv w<^éXrfTai, wç «ai rpr/yôpios 6 OeoXôyoç
<jyr)olv €K rfjs 8eioi.8aip.ovoc irXdvrjS èv 'AOrjvais w(f>eiXrj9rjvai ,
« KaTayeXdaas 8aip.6vwv, ov 9avpdt,ovTai 8aîp,oveç ». El ris 1$
oSv jSAajSepàv Tip 8eioi8aip,ovîav èpeî, av tovtov àvTiXéyeiv
ipeîs t<3 p.eydXw ,' IJdvTwç rJKiGTa <f>alr)s, el pr) Kal Seiai-
do.lp.ajv èOéXeis eïvai. Tov avTov dpa Tpàrrov, ov8è tû> XéyovTi
Kai ixapa yeœpeTpias Kai twv âXXwv padrjp.dT<ov ovrjoiv
eîvai wa yevéadai tô> 8ià Trdar)s àperrjs t)kovti 6 Xéywv 3°
eKelvqv p.aTaiav Kal fîXafiepàv àvTiXéyei. Uvvepyeî yàp Kal

CVSL

13-14 ot^eXijdîjvai codd. || 17 rrjv post Xîyovros add. S || 24 SttaiSat/i°v,°5 : Sva-


ciSai/xoï'oç V |] wrfxXr/OyKii codd. |j 26 SaotSai^ovtav : bvoftbaiiiovîav V \\ 27-28
ëciai6aLfiajv '. Si'cmSai'fian' V j| 30 àpsrTjs tjkovtl : t}kovti àpeT-fjs L.
256 GRÉGOIRE PALAMAS

vatrice, mais après que le serpent ait été mis à mort et transfor
mé par des méthodes d'une très habile médecine 1. Mais les inven
teurs égyptiens et les vénérateurs chaldéens n'ont pas répondu
à ces conditions lorsqu'ils ont découvert et vénéré la géométrie et
l'astronomie, comme si elles servaient à connaître Dieu : ils ont,
au contraire, élevé un terrible mur de séparation entre Dieu et les
hommes ; en vantant leurs connaissances, ils ont porté aux étoiles
la vénération que les hommes doivent à Dieu et ont ramené de
Dieu jusqu'à ces étoiles l'origine des êtres et des créatures.

L'exemple d'Atha- 16. — Vois-tu comment ces sciences,


nase, de Basile, de en ce q^ concerne ces gens, sont comme
Grégoire de Nysse. ^ serpent intelligible, car elles trompent
l'homme et le séparent de Dieu ? Et si l'homme parvenu à la
vertu parfaite en tire avantage, c'est en les purgeant, en les
divisant, en les préparant et en les employant avec discer
nement ; tel est mon conseil ; et toi, tu as entrepris de me
contredire ! D'autre part, l'homme parfait ne persiste pas dans
la recherche des choses futiles jusqu'à la vieillesse, mais voit
ce qui est digne de mépris et, à l'exemple d'Athanase le
Grand 2, recueille la science utile et renonce à celle qui est in
sensée et funeste, comme nous le dit le grand Basile 3 ; Basile,
qui s'est bien engagé dans la richesse égyptienne, c'est-à-dire
l'éducation profane, au temps de sa jeunesse, mais qui l'a
abandonnée avec l'âge et considérait comme une honte de se
nommer fils, c'est-à-dire disciple, de cette mère stérile *, confor
mément à ce que son frère avait dit au sujet de Moïse : Puisque la
fille du roi, stérile et impropre à la génération (il faut essentielle
ment y voir, je crois, la philosophie profane), a fait passer l'enfant
pour sien et s'est arrangée pour être appelée sa mère, il est raison
nable de ne pas s'écarter de la familiarité avec sa fausse mère aussi

1 Image familière à Palamas qui l'emploie dans la Première Triade (1, 11, 20,
21) et dans sa deuxième lettre à Barlaam (Coisl. 100, fol. 98).
« S. Grégoire de Nazianze, Hom., XXI (éloge d'Athanase), 6 (PG, XXXV,
1088 B).
» Hom. XII in Prov. I, 6 (PG, XXXI, 397 C).
«Cfr Episi. 223 (PG, XXXII, 824 A).
TRIADE II, 1, I5-l6 257

TO KCLKOV TÛ) àyadto TTpoaif)€0€l OV KaXjj Kal oàpi; 6<f>€OJS


Tpo<frr) ylverai aorrqpLOS, àAAà davaTùjdévros avrov Kal
p,eTaaKevaa9évros p.eya\oré'xvov p,e968ois larpiKijç. Ov8è
yàp èir' eKeivœv ol èÇevpovres AlyvrrTioi Kal 01 TerifjLTjKores
XaXSaîot, J)ç Trpos deoyvwalav XvaiTeXovaas , yeœpeTplav 5
tc ko.1 àaTpovop.lav èÇevpôv Té Kal èTlp.r\aav, àAA' oîôv ti
Sewou 8iaTei\iapa péaov Oeov Kal àvdpamojv àvrjyeipav
Kal 8t,à tû>v p.a.9r)fxâTu>v aep.voXoyr)oavres àvr)yayov p.èv
Trpos àarepas to Trop àvdpwTrœv tû> &eâ> o<f>ei.X6p.evov
oéfias, Ko.TeaTra.aav 8è njv alrlav tô>v tc ovtojv ko! yivo- 10
fiévojv Ùtto tov Oeov èrrl raûra.

16. 'Opâs Ôttùjs o<f>is votjtÔs, to ye els eKeivovs t)kOV,


Tavrl Ta p,adrjp,aTa, xwplÇovra || tov Oeov 81' dTrdTTjs ï *• «4*»'
tov âvdpwrrov ; El 8' ô 8ià Trdarjs àperrjs tJkojv Kal 8t avrtôv
œvaTO, àAAà KadeXojv tc Kal oieAœv Kal avaKevaadp,evos 15
Kal avv Xôyw xprjodp.€voç , ojs avroç elar/yovpai, Trpos ôv
àvriXéyei.v KaKtôs Trporjp-qaai, Trpos 8è fxrjS' èv ttj tG>v paTaloiV
epevvT) KaTayrjpâoas , àAAà avvihœv wv îmepopâv oéov, ù>s
Kai 'Ada.vdai.os 6 p.eyas, èXôpevôs tc « tt)v <l><f>éXi,p.ov irai-
» Sctav » ko\ ànoTay-qv Trot.rjaap.evos « ttjs àvorfTov Kal jSAa- 20
» jSepâç », à>s ô p.éyas <$>r\al BaaiXeios, BaaiXeios, o KaXœs
tov nAlyvTTTLOV ttXovtov)), ttjv ê£u) 8rjXa8r) Traîoevaiv, Karà tov
tt)s veoTrjTos )(p6vov ip.Tropevadp.evos, eîra rr)v rjXiKiav
Trpo-qKwv aTroTa£dp.evos tœuttj Kal 877A0S wv èv alaxvvr)
Ti.9ep.evos ttjs àyôvov TavTrjs Trais, TovréaTi p.adr/'rqs, 25
6vop.d£eo8ai, KaTa to rrepl Mojaéojs vrro tov à8eX<f>ov elprj-
p.évov " « El yàp r) àyovôs Te ko! aTeipa fiaaiXéu>s oZaa dvyd-
» TT)p, rjv oîpai » <f>r}ai « tt)v éÇœ Kvpicos voeîadai <f>iXoao-
» ij>Lav, VTrofïaXXop.é'vri tov véov p*T)TT)p tov toiovtov KX-qdij-
» vai KaTaaKevdaeiev , êojs Tore avyxwpeî 6 Xéyos p.r) dirai- 3°
» deîodac tt)v ttjs *pev8ojvvp.ov p.r)Tpos olKeioTr/Ta, ëws àv
» tic to àTeAèy ttjs rjXiKlas èv iavTÔ> fiXé-nr) ' 6 Se Trpos vtpos

CVSL
29 v-noêaXofiévrj CL.
258 GRÉGOIRE PALAMAS

longtemps que l'on se voit encore dans un âge imparfait; mais celui
qui a grandi jusqu'aux hauteurs, comme nous l'avons appris pour
Moïse, considéra comme une honte de se laisser appeler le fils de
cette mère stérile. Car l'éducation profane est vraiment stérile :
elle se trouve toujours dans les douleurs de l'enfantement, sans jamais
enfanter. Quel- est le fruit manifeste des longs enfantements de la
philosophie ? Ne sont-ils pas tous inféconds et ne viennent-ils pas
avant terme, avortés avant de venir à la lumière de la connaissance
de Dieu? Ils auraient peut-être pu devenir des hommes, s'ils
n'étaient complètement cachés dans le sein de la sagesse stérile 1 1
On s'y attachera donc juste assez longtemps pour ne pas paraître
exclu de ce qu'il y a en elle de noble.

Barlaam a fal- 17. — Ainsi les saints sont en accord


sine un texte de entre eux et nous les suivons fermement.
Grégoire de Nysse. ^. . ■ ■ . ■_,,
'ht toi, pourquoi te considerenons-nous
comme leur interprète, quand tu falsifies manifestement les
paroles mêmes de ces saints ? Saint Grégoire juge, en effet,
qu'il n'est même pas bon d'appeler « hommes » les sages selon les
Hellènes ; il doute même qu'ils puissent devenir hommes *,
et ceci pour la simple raison qu'ils s'adonnent toute leur vie
à cette philosophie et aux sciences de la philosophie. Il dit
donc de celui qui a longtemps vécu dans la vie présente qu'il
a vu, entendu, appris la géométrie, l'astronomie et toutes les
sciences, et qu'avant tout cela il a appris la philosophie de l'Écriture
inspirée qui produit la purification parfaite de l'âme 3 ; en em
ployant le singulier, il affirme que seule l'Écriture inspirée produit
la purification parfaite. Mais Barlaam sépare cette phrase de ce
qui précède et substitue le pluriel au singulier : au lieu de « pro
duit » il met « produisent », il ajoute « ces choses » et, avec sa
pensée perverse, il transporte au nominatif les accusatifs que nous
avons vus plus haut, pour faire dire au saint que la connaissance
de la géométrie et de l'astronomie constitue une purification
parfaite de l'âme. Écoute, dit-il, ce que le divin Grégoire de Nysse

1 De vita Moysis, II, 10-n (PG, XL1V, 329 B ; édit. Daniélou, dans Sources
chrétiennes, ibis, Paris, 1955, p. 34-35)-
* C(r § précédent.
• De infant. (PG, XLVI, 181 C).
TRIADE II, 1, 16-17 259

» àvaBpap.œv, wç nepl tov Mojoéojç ip.d9op.ev, aiaxwrjv


» r/y/joeTai rfjç àyôvov Traîs ôvop,d^€o6ai' àyovoç yap wç
» àXrjdœç r} ëÇojOev TralSevmç, àei ojSIvovocl /cal /r^SerroTe
» Çœoyovovoa tô> tokctû. TLva yàp éSeiJje Kapvôv tû>v
» pxtxpœv wSlvcuv 17 <f>iXooo<f>la ,' Ov rravres vnrjvép.ioi Te kclI
» aTeXea^ôprfToi, trplv elç to <j>ws cXdeîv rrjs deoyvojmas
» àp.p\loKOvrai ', Awdp,evoi ïoœç yevéadai àvQpœ-noi, et p.7]
» SioAou toïç kÔXttoiç tîjs àyôvov oo<f>tas cvckoAûVtovto ».
Ovkovv toooûtôV tiç Tavrr) crvÇrjori, ôaov p.7] 80/ceîi/ àpxnpos
eîvai TÔiV irapà Tavrj] oepvwv.

17. Ovrto rà aura <j>povovaiv àXXrjXois oi àyiot ko! r)p,€Îs


€K€ivois àa<f>aXâ>s èirôpicda. Ek 8è tov cra<f>û>s ko! ràç pfjaeiç
tû>v àyuov Trapa^apoTTOvra, 7TÔ)s eçrjyrjTrjv €K€ivuxv 8e£al-
fieda; Tovrov yàp tov p.rjo" àvdpûmovs àÇiovvTos tovs Ka6'
"EXXrjvas oo<f>ovs koXçîv ko! to Svvaadai. yeviaQat, toutou? 15
kot' àvdpwnovs iiri8io~Td£,ovTOS , ko.1 tclCto. irap* ov8ev
êrepov ôVi pvq t& Stà /3tou tjj <f>iXooo<f>i.a Tavrr) -npooi-^iv
koX râs ica/rà <f>tXoao<f>iav p.ad-qp.aoi, tovtov toLvvv irepl tov
fieTaoxôvros iirl ttoXv tov TTapôvroç fiiov SieÇiôvroç, ù>s
a eïSev, r/KOVoev, itraihtvdri yeojp.eTpîav tc ko\ àoTpovop.iav 20
» koX Trâcrav p.édo8ov, ko.1 trpô ye tovtcov ttjv ttjs ôeouveva-
» tou rpcufyijç <f>iÀooo<f>lav , || TeXelav eTrdyovoav tjj tpvxfj | f. 1461/
» Kdôapoiv », ko.1 bià rrjs êviKrjç 7ttwo€(oç tjj 0eo7rvevo~Taj
rpa<f>fj p.ôvj) irpoo~p.aprvpovvTos ttjv TeXeîav Kddapotv, avros
Staorr/oas tov Xoyov tôjv irpô ai/Tov ko! àp.€tij)as et? irXri- 25
dwriKOV prjp-o. tijv êviKrjv TTTÔiaiv ko.1 àvrl tov « èirdyovaav »
« ènàyovow » ei7ra>v koli irpooypdifias to « Taûra » ko.1
ràs àvoirépoj aiTiaTi/càç arpe^Xf) yvojp.7) irpos evdeîav p,eT€-
veyKwv, wç TeXelav foxys Kddapotv ttjv ycoo/xeToi'aç ko.1
àoTpovop.Las tiS^oiv elnôvra Trapàyei, tov àyuov. « "Akov- 30

CVSL

3 l£wd*v : <?fa> L II 26-27 èiro-yovoav ènâyovatv : èiretyovoav intiyovoiv L.


2ÔO GRÉGOIRE PALAMAS

dit ait sujet des éludes: la géométrie, l'astronomie, l'observation


numérique et, avant cela, la philosophie de l'Écriture inspirée, ces
choses produisent dans les âmes une parfaite purification. Quelle
audace dans la main, dans la langue, dans le raisonnement ! Ce
théologien a nommé « inspirée » la seule philosophie de la divine
Écriture, afin de montrer qu'il considérait les études comme rele
vant du monde sensible et des possibilités que le monde sensible
donne de vénérer Dieu ; quant à l'Écriture sacrée, elle est, d'après
lui, aussi différente des études que les choses divines des choses
humaines. Mais Barlaam n'a pas pu, ou plutôt n'a pas voulu, le
comprendre ; au contraire, comme il a fait lui-même au début
de son traité, en confondant perfidement études helléniques et
divine Écriture et en déclarant qu'elles poursuivent un seul et
même but, ainsi calomnie-t-il maintenant le saint, en lui faisant
dire la même chose ; celui-ci pourtant ne dit pas ici que la puri
fication réside dans la connaissance des êtres, mais qu'elle réside
dans la perception, à partir de la connaissance des êtres, de
Celui-qui-n'est-pas de par sa transcendance.

La tour de Babel. 18. — Si un homme, qui n'a pas moisi


dans les livres, qui n'a pas vieilli en les
étudiant, a si bien connu Dieu (pie, après avoir tout abandonné,
il s'en approche dans la pureté, combien sa pureté est plus grande
que celle de l'homme qui classe tous les êtres et pense posséder
un savoir universel et qui ensuite voltige à travers ce monde
et épuise en faveur de celui-ci tout ou presque tout l'amour dont
son âme est capable, qui n'aime pas de toute son âme et de tout
son cœur le Dieu qui surpasse toutes choses ! Par ailleurs, si
les Hellènes ont découvert la vérité qui est dans les êtres, tu
fais bien de les suivre et de t'efforcer de la découvrir toi aussi
en passant par leurs sciences ; mais puisque, ayant entre
pris d'élever contre Dieu les cimes de leur connaissance, ils
se sont trouvés partagés par un nombre de langues encore plus
grand que ceux qui bâtissaient la tour au pays de Calné \ puisque

1 Cfr Gen., XI, i-ç, et X, 10 (texte des Septante). S. Grégoire de Nazianze,


llom., XXI, 22 (VG, XXXV, 1105C) appelle déj à la Tour de Bal>cl ô Xa\dn)s nvpyos,
en préférant ce nom géographique à celui qui se trouve dans le contexte
immédiat (Gen., XI, 2) peut-être à cause de sa consonance avec roASr : «se
relâcher », < s'amollir ».
TRIADE II, 1, I7-18 26l

» aov S-17 » <frr)OL « Kal â Xéyei irepl rœv pa0r)p,drutv 6 0eîo?


» rpriyôpioç 6 Nvoaiqs ' yecoperpla re yàp Kal àarpovop,la
» Kal 17 Sià tov àpidpov KCLTavô-qois Kal irpô ye TOVTttiV Tf
» rfjs deoTTvevorov rpa<f>rjç(f>t.\ooo<pLa, reXeiav indyovai raina
» Kadapmv raîs tftv)(aîs ». *Q iravTÔXpov Kal yeipos Kal 5
yXœTTrjs Kal Siavolas ' Kalrov 6 ôeoXoyos èxeîvos Kal Oeo-
TTvevcrTov pôvrjv irpocreÎ7T€ TT)V Tfjç deias rpa<f>fjs <f>iXooo(f>lav,
îv' €K€Îva pèv alaO-tjaet SelÇy ovvTdrruiv Kal raîs an' avrijs
rrpos deoaé^eiav awreXelais , ttjv 8' Upàv rpa<fyr)v roaovro
8ta(j>€povoai> p.a0T}p.dr<x>v, éiréoov Kal rà 6eîa rtùv àvdpat- 10
irivdiv 8ievijvo)(€V , 6 8è ov8è ovrœs iovvqOir], pâXXov 8è èfiov-
Xrjdr) avvtévai, dXX' ôirep avros dpxôpevos tov Xôyov TreTToirjKe,
avvdipas SoXîws Ta cÀÀ^vt/cà padrfpara Kal rr)v dclav JJoa^v
Kal êv Kal ro avro rovriov diro<f>T)vdp,€vos réXos, rovro vvv
œç eiprjKÔra StajSaÀÀet tov âyiov, Kalroi eKeîvoç ivravda 15
ov Trjv eîb'rjot.v râ>v ovratv Xéyet Kadapoiv, àXXà rr)v i£
et8-qo~ca>ç rûiv ôvrcuv tov KaO' VTrepo^v prj ôvros KardX-q^tw.

18. El 8rj ris /xtj Karaaairels iv toîs /StjSAtoiç, firj8e Ka-


rayrjpaoas iv rfj ro vtojv ipevvr), tooovtov èTréyvui Oeév,
eus Travra a<f>ép.evos rovrcp Kadaptùs irpoaxcjpfjoai., iroacp zo
Kadapcôrepos tov 7rdvra <f>vXoKpivoî>VTos Kal ttjv el8rjaiv
anavrœv 8okovvtos exctv> e^Ta we/îi tov Koapov tovtov
ivTorjpévov Kal irpos tovtov kcvovvtoç to <f>iXovu rrjs fax*}?
rô irâv rj to irXéov Kal tov vrrèp -navra prj è£ oXrjs 'ftvx'fjs
Kal Kap8tas rfyaTTrjKÔros Qeôv. "AXXws re, et pèv ttjv èv rots 25
ovaiv aXrjdçiav evprJKaaiv "EXXrjves, KaXôJç /cat ov rovrois
iTTÔpevoç 8ià rwv Kar ckcIvovs paOrjpdrcov ravrrjv evpeîv
lo^ypi^r), iirel 8' eVeïVoi, yviôoewç vijjcôpaTa Karà 0eov
èyelpetv iTn)(€iprjoavTe>; , pâXXov rwv im rrjç XaXdvrjç tov
rtvpyov oiKo8opovvTU)v 8ir)pé0T]<jai> ras yXwaaas, tôç p.r) 30
8ia<f>ioveîv pôvov, àXXà Kal Kar' àAA^Àan' <j)ojveîv, Tt'vt tojv
àvruJHvvovvTUiv avros 8iooeis ttjv rfjs àXrjdcîas olKoSoprjv, || D f- I47r

CVSL
4 cirdyovot : cnciyovoi L |j 18 S?J : 8' d L | 21 KaOaporcpos CL.
2Ô2 GRÉGOIRE PALAMAS

non seulement ils ne se trouvent pas en accord entre eux, mais


qu'ils se querellent à haute voix, lequel de leurs partis, selon toi,
bâtit l'édifice de la vérité ? Dis-le nous pour que nous le suivions
et trouvions, par cette vérité, la source de la vérité universelle !
Nous savons que seul a découvert et enseigné la vérité, celui qui
parle au nom de Dieu, celui qui dit : Nous avons l'esprit du
Christ 1, et encore : Nous prêchons la Sagesse de Dieu 2. Celui-là et
ceux qui lui sont semblables, nous les suivons avec la foi qui con
vient et nous sommes conduits à la possession d'une sagesse di
vine et salvatrice. Mais il n'a pas jugé bon de nous révéler les
raisons des créatures, de nous éduquer et de nous pousser par
des distinctions, des analyses, des raisonnements et des défi
nitions. Pourquoi ? Parce que même si nous ne voyons pas la
vérité qui est dans de telles choses, rien ne nous empêche d'arriver à la
béatitude qui nous est promise, suivant le grand Basile s. Tu es en
désaccord avec lui et tu as été clairement pris sur le fait ; tu dé
clarais en effet que ceux qui ne connaissent pas la vérité se trou
vant dans de telles choses sont pleins de ténèbres, ignorants et
imparfaits ; tu n'as pas honte ensuite, tu ne te caches pas, tu ne
t'effaces pas, mais tu combats pour le mensonge et prends le
parti du mal, puisque tu dis que les commandements de Dieu,
sans les sciences, ne peuvent purifier l'homme et le rendre par
fait ! Pour nous, même si l'éducation des Hellènes appartenait
indiscutablement au domaine de la stricte vérité, nous ne met
trions pas un empressement particulier à la rechercher, car,
même en l'absence de cette partie-là de la vérité, la véritable
béatitude reste efficace. Mais comme l'éducation des Hellènes est
contestable même dans cette vérité-là, comment te laisserions-
nous dire qu'elle conduit à une seule et même manière d'être,
à un seul et même but que la sagesse accordée par Dieu, celle qui
est réellement vraie, réellement salvatrice, et qui ne disparaît
pas avec le siècle présent ?

1 I Cor., II, 16.


« / Cor.. II, 7.
• Cfr In Ps. XIV (PG, XXIX, 256 C).
TRIADE II, 1, l8 263

077(os e77o/ievot TOVTU) Sià rfjs dXrjOelas ravrrjs ttjv irrjyrjv


Trjs Ski ndvTœv àXrjdelas evpoifiev ; 'H/ieîs iKeîvov pxtvov
ïofiev ovra rfjs aX-qdeias evperrjv Kal prjropa, ôs àiro Oeov
AaAcî, 5s (fyrjatv ' « 'Hp,cîs 8i vovvXpiorov ê)(op.ev », /ccÙ7raAiv *
« 'Hp.eîs 8è XaXovp.ev ©eov ao<f>lav ». Tovtoj tolvvv r)p.€Îs Kal 5
toîs kclt* avrov p.€Ta Trjs TrpoarjKovorjs èirôp-cvoi 7tIotcu>s,
npos KTrjmv deias Kal oioT-qplov oo<f>îas xcipayajyou/xefla '
Seîv 8' odroç ovk lyvcu \6yovs iÇayyéXXeiv 77/zîv KTiopârcov
Kal Sià Siaipéaews Kal àvaXvaecjs Kal ovXXoyiapx>v Kal
ôpiop.û)v waiSeuciv Kal rrpodyeiv rjfiâs. Atari; "On « iàv 10
» p.r) ï8ojp,€v ttjv iv toîs toioijtois dXrjôeiav, oùSèv ij/zîv
» ifnroSloei irpos ttjv iv iTTayyeXiais fiaKapiorrjTa » Karà
tov p.iyav BaolXeiov. IJpos Sv ov oa<f>û>s àvriXéyojv tf>wpa-
dets, iaKOTiafiévovs Kal àvdyvovs Kal àreXeîs à-no^awâ-
p,evos tovs p.r) cîSoTaç ttjv iv rois toiovtois àXrjÔetav, €Ît 15
ovk ivrp€Trij, ov8è iyKaAvirTy, ov8è /caraSueiç aavrov,
aXX i-nayoiv'i^r) tô> tpcv8et. Kal rfj #ca/aa TrpooTÎBrjs, ràç
tov 0€ov ivroXds, T<ôv p.adrjp.dTujv aveu, p.r) 8vvaodai <f>doK0)v
KaOâpai Kal TeXeiâxrai tov dvQpomov. 'Hp.îv S' et Kal àvap.-
<{>iaf$r)TrJTa>s aKpifiovs r)v àXrjBeîas r) tû>v 'EXXrjvœv 7rai8eia, 20
ovb" ovruis av 8ia<j>€p6vroJS irepi.aTrov8aoTOS irvy^avev ovoa'
Kal tovtov yàp drrôvTOS tov p.ipovs Trjs dXrjôeias, r) aXrjdr)s
p.aKapi6T7)s dvvoip.os. 'Errel Se Kal tt)v àXrjdei.av Tavrrjv
afi<f>i.of$T]Tr)0-inov r) tcûv 'EXXrjvwv «f^ei 7rcu8eia, ttcôs av oe
irapa8ei-alp.eda Xéyovra rrpos Iv Kal raùrô <f>épeiv TavT-qv 25
et8às Te Kal TeXos ttj rrapà ©eov 8e8op.€vrj cro<f>la, ttj Bvrois
àXr]0eî, Tf) ovrois oœTrjpiw, Trj tw cucDvi tovtco p.r\ avv8ia-
Xvop.évrj ;

CVSL

1 1 îhtoitiv : t ÎSwftfv L II 26 Se So^cVt; : SiSofxcVi; VS.


264 GRÉGOIRE PALAMAS

Barlaam ne re- 19. — Après s'être vanté d'avoir décou-


connaît pas qu'il y vert notre cuipabilité, en montrant que
a deux sagesses.
B ,....
nous sommes en contradiction ,
avec les
expressions falsifiées par lui, il part en guerre contre les cieux
raisonnables eux-mêmes, je veux dire les apôtres. Le Frère
de Dieu parle, en effet, clairement des deux sagesses, dont l'une
vient d'en haut, l'autre d'en bas, l'une est pure et modérée, l'autre
Psychique et diabolique 1. Paul déclare lui aussi qu'il y a deux
sagesses en disant : Puisque le monde, avec sa sagesse, n'a point
connu Dieu dans la sagesse de Dieu 2. Mais Barlaam combat
ouvertement ceux qui affirment l'existence de deux ou de plu
sieurs sagesses sous le prétexte que personne n'a encore défini la
connaissance qu'un tel ou un tel possèdent, comme une sagesse. Mais
le Frère de Dieu, ô philosophe, a défini comme sagesse pure
et céleste, la connaissance de celui qui manifeste ses œuvres
Par une bonne conduite, alors qu'il a défini comme sagesse psychi
que, démoniaque et terrestre la connaissance de celui qui ne vit pas
selon une bonne conduite 3. Certainement, il l'a fait. La même
connaissance se modifiant suivant la façon dont on s'en sert
fit naître dans les âmes des sagesses contraires. Autrement, si la
philosophie ne constitue l'expérience de personne, jamais personne
ne peut être philosophe ; ainsi, tu t'es toi-même perdu avec tes
propres paroles, ô philosophe : ou plutôt je ne sais plus comment
t'appeler, puisque la philosophie n'a, selon toi, de fondement
dans aucune âme et que personne ne peut s'appeler philosophe.

La perfection selon 20. — Et que répondras-tu à celui qui


Barlaam. dit : La première sagesse consiste à mépri
ser la sagesse qui repose sur des paroles,
sur des antithèses trompeuses et superflues? Il dit aussi qu'il loue
cette sagesse première et l'embrasse, parce qu'elle a vaincu la
sagesse abolie '. Ne montre-t-il pas qu'il y a sagesse et sagesse ?
Il dit, en effet, que l'une doit être louée et embrassée, celle qui
est première et qui a vaincu l'autre, alors que la sagesse abolie

1 Jacques, III, 15-17.


• / Cor., I, 21.
* Cfr Jacques, III, 13-17.
« S. Grégoire de Nazianze, Hom., XVI, 2 (PG, XXXV, 936 C).
TRIADE II, 1, I9-20 265

19. Aferà 8t) tÔ p.eyaXoppr)p.ovrjoai, œs vnevdvvovs yfiâs


Xafiœv, âVe toîs TrapaK€)(apayp.évoi.s \rn avrov pr)Toîs àvri-
Xéyovras, irpos avTovs Sia/cTjpuTTerai tovs XoyiKovs ovpa-
vovs, tovs àrrooTÔAovs Àe'ya». Tov p.kv yàp à8eX<f>o6éov 8vo
oa<f>ô>s Xéyovros cro<f>las, ttjv p,èv « âvœ6ev », tt)v 8è KdrœOev, 5
Kal TTJV fièv « àyinjv Kal €TTl€tKrj », TTJV 8è « *Isv\ikt]v Kai 8ai-
» /xovicoStj », koX tov IlavXov 8vo ao<f>las ip.<f>TJvavTos tû>
Xéyeiv « tiret iv ttj croula tov 0eov ovk eyva) o Koop.os 8tà
» rfjs ao<f>îas tov Oeov », avTos 8iappr)8r}v /xa^eTai toîs 8vo
rj Kai ttXclovs Xiyovot. ao<f>las, Kal tÔ aïriov ôVi « /ZTjSeï? ira) » 10
<fyr)aw « (hpiaaTO rf]V tov 8eîvos t) tov 8eîvos yvœoiv oocfnav ».
'^4AAà firjv 6 àSeXfôdeos, ai <j>tX6oo<j>e , rr/v p.kv yvG>aa> tov
« €K rfjs koXtjs àvaarpo<f>rjs Scikvvvtos to *pya avrov »
oo<f>iav œplaaro « ày\n\v » Kal ovpdviov, rr^v 8è yvûioiv tov
\it\ Çwvros iv àvacrrpo<f>fj koXjj || oo<j>iav œpiaaTo « ^iv\lk7)v 15 1 *• '47»
» Kal 8aifiovtu>b'T] Kal èirlyeiov». EIkotojs' tj yàp avrrj toîs
TpÔTTOis twv K€KT7]p.évojv ovp.p.€TafiaXXovoa, Taç ivavrlas
oo<f>ias Taîs iftvxaîs ivetpydoaTO ' aXXws tc, et p.rj8€vos itriarr]-
p.f] <f>iXooo<f>la iarlv, ov8k <f>iX6oo<f>6s iorw ov8els ov8ap.ov
Kal àiroXwXeKas ov oavTOV Sià tous oavTov Xôyovs, o> 20
<f>tX6oo<f>€ , 77 ovk 0Î8' ottojs oc oVouaaa», èv ov8ep.iâ *l>vxfj
Karà ok tîjs <j>iXooo<f>las è)(ovcrqs "8pvoiv, ut/8' €Trœvvp.ov
Tavrqs Tœv anavruiv ov8evos ovtos.

20. TL 8* 6 Xéyiov « oo<f>la TtpdiTt] oo<f>las înrepopâv rfjs


» iv Xôytp K€ip.évr)s Kal Taîç /ctjSS^Àotç Kal 7repiTTaîs àvri- 25
» dcoeaiv », ^v »cai cVaivcrv Kal « àcnràÇeodal » <j>rjot.v « cos
» 1-17»' KaTopyovp.évr)v cro<f>iav viKrjoaoav » / *^4p' où 8ia<f>6-
povs cîvai oo<f>îas ScIkwoi ', Ttjv /xèv yào C7ran>eû' (^tjo-i
icai àorrâ^eodai, Trpiôrqv re oùaai' /caî t?)v eTepav vcKwoav,
ttjv 8è VTrepoTTTeav rjyeÎTai Kai, KaTr)pyr]p.évrjv Kal rjTTrjp.e- 30
jrp, are TTepi/nàs ixovaav Ka^ ^ta r°VTO Kif58rjXovs Ta? àvrt-
déaeis, tjv Kalr)p.eîs « 0eoû» #caAeû> «aro<f>lavf> à^toû/nev yJKiOTa '

CVSL
266 GRÉGOIRE PALAMAS

et surmontée doit être à son avis méprisée, parce que ses anti
thèses sont superflues, donc trompeuses ; nous aussi nous refu
sons de l'appeler sagesse de Dieu. Quant à celle qui persiste dans
l'erreur, nous oserions l'appeler mauvaise : telle est celle de Pla
ton, avec sa matière incréée, ses idées existant par elles-mêmes et
ses démiurges — les démons ultérieurs —, celle qui enseigne encore
que le bien et le mal, le saint et l'impie sont identiques, celle
qui pour tout dire s'oppose vainement à elle-même, parce qu'elle
est superflue, celle qui entreprend de parler à tout propos,
mais sans aboutir pratiquement à rien de sensé ; il en est de
même des objets de leur culte ; suivant Samuel qui fut saint dès
l'enfance, ils n'aboutissent à rien 1. Et si toi, tu veux combattre
ceux qui vivent dans la paix et ont renoncé aux antithèses
superflues et si tu trouves des prétextes à cela dans des péchés *,
en inventant de nouveaux dogmes et des sobriquets qui viennent
en aide à ton esprit chicaneur et batailleur, te suivrons-nous
avec empressement en négligeant les concepts et les expres
sions dans lesquels nous avons été élevés et qui sont générale
ment reçus comme excellents ? Cela ne sera pas, jamais ! Et
trouveras-tu un seul homme, un seul rejeton de la race humaine
pour te prêter, s'il était présent, une oreille attentive lorsque tu
dis et tu imagines que l'homme parfait, le philosophe, l'homme
purifié, c'est celui qui sait tout ? Tu en déduis que l'on doit recher
cher l'étude, si l'on prétend savoir quelque chose, que l'on vénère
Dieu ou non ; tu déclares imparfait et ignorant celui qui n'a
pas étudié la géométrie d'Euclide, l'arithmétique d'un autre,
ta logique à toi, ainsi que ta musique et ton astronomie, en
fréquentant Ptolémée par l'intermédiaire des livres qui
lui sont consacrés 3, celui qui n'a pas appliqué son esprit à la
dialectique et aux sciences de la nature, ces matières aristotéli
ciennes. Mais les gens raisonnables, ceux d'aujourd'hui ou ceux
d'autrefois, ne savent-ils pas que Dieu est seul à tout savoir ?

1 / Rois (I Sam.), XII, 21.


* Ps., CXL (CXLI), 4.
* Sur les ouvrages de logique, d'arithmétique et d'astronomie, notamment les
commentaires sur les Harmoniques de Ptolémée, dus à la plume de Barlaam,
voir la notice de Fabricius-Harles, reproduite dans PG, CLI, 1254-1256. A cette
liste on peut ajouter un commentaire sur le second livre d'EucLiDB (édit. Leipzig,
t. v, 1888, p. 725-738)-
TRIADE II, 1, 20 267

tt/v 8è Kal KaKo8o$taç àvrexofiévrjv, ovk âv à7ra£iœacu[i€V


kclL irovrjpàv irpoaenreîv, 07701a èarlv 77 tov IlXaraivos, fiera
tt\s o-Krlcnov vXrjs xal tGjv avOvrrdpKTOJV I8eœv Kal t&v
Srjfiiovpyœv, twv vorepoyevwv 8aip6vwv, cri *cat to avro
TTtidovoa elvat, koXov re Kal /17) koXov, ôoiov re Kal p.r\, Kal 5
àirXws avrrj èavrfj 8ià irepiTTOTryra fid-nju èvavrtovp-évr] ,
Kal Xéyetv fjkèv Trepl navras iirt)(€tpovoa tov irporeôévros,
Trcpaivovoa 8k o)(c86v ovvctov ov8év, oîâ cari Kal rà oe/36-
fieva irap* aiîrôjv, a Karà tov €k 7rai8ôs Upov Uap-ovr/X
« TTcpaivovaiv ovdév ». El 8k ov, toîs elprjvrjv dyovat Kal 10
raïs Trepirraîs àvrtdéaeoiv àiroTaÇap.é'vois 6éXa>v 7ToXep.€Îv,
« TTpo^>aoit,r\ 7rpo<f>doeis iv âuaoTi'ai? », 86yp,ara Kai-
voTop.tbv Kal 6v6p.ara owatp6p,€vd 001 vpos ro <f>lXept
Kai <f>tXop.a\ov , r)p.eîs ctoi/xcu? éi[i6p,€da, tcôv o~vvrp6<f>a>v
■qp.îv Kal Koivrj 8okovvtwv àpicrrcov vor\p.dTOiv re Kal 15
pr)p.aTO)v oXtywprjoavres ,' Ovk eorai tovto, ovk éarat.
Tls yàp 8rj Kal tôjv dXXwv àirdvrcDV dvdpwiriov Kal rœv
c£ àvQpumojv yevop.év(ov àndvTœv, el Trepirjoav, \ynio-yev
âv 001 7T€i0i]vtov oSs Xéyovri Kal KaracrKevâÇovri Sri « ré-
» Xetos âvdpumos Kai <f>tX6oo<f>os Kal K€Kadapp.évos iorlv ô 20
» irdvra etSai? », tv' ivrcvdev ovvaydyrjs to Seîv Çrjreîv
uavflâveiv, et ti? èTTayyéXXcral ti cîScvai, #càv deooe^qs
■fj, /câv pvq, Kal àreXrj Kal dvayvov aTro<p'i]V7)s tov p.7) ueua-
drjKOTa rrap' EvkXclSov p.kv ttjv yeojperpiav, àptdp.rjTiKrjv
8è trap âXXov, rrapà Se oov tt)v XoyioriK'qv, p.ovaticqv 8k 25
Kal darpovop.lav , /7ToÀeju,aia> Sià || tojv /car' avrov jSifiAîcuv 1 f. î^Sr
ovyytyovôra, SioAckti/c^v re Kâl <f>voioXoylav ràç àpto-
ToreXiKas irpayp.aT€ias e/c/xeÀcTTjCTavra ; Tls yàp ovk oî8e
twv vw r/ tû>v Tru)TT0Te vovv e^ovrcov Oeôv eîvat p.6vov
tov rà vdvra cîSora ; 30

CVSL
21 owaydyoïs CV.
268 GRÉGOIRE PALAMAS

Sagesse-en-soi et 21. — Mais je laisse maintenant de


philosophie hel- c^^ je reste de ces enseignements étran-
lénique
n , selon Bar- ges pour revenir . a, notre
. objet.
.. . /^_
Qui. ne
sait qu'il y a une philosophie verbale diffé
rente de la philosophie pratique et qu'à l'intérieur de chacune
d'elles il y a des différences nombreuses et variées ? On peut
voir ainsi une sagesse qui est folle et une autre qui ne l'est
pas, une sagesse charnelle et une sagesse spirituelle, une sagesse
contestable et une sagesse incontestable, une sagesse passagère
et une autre éternelle, puisque chacune diffère de l'autre
aussi nettement que cela est possible. Mais moi, dit-il, je loue
la Sagesse-en-soi, l'Idée de la connaissance véritable, laquelle est
unique. Mais, mon bon, cette Idée, on pourrait peut-être l'ap
peler « Sagesse-en-soi », mais non pas « sagesse unique » ou
« unique philosophie ». Lorsque tu commences toi-même tes
traités pour défendre la philosophie, tu dis que Dieu nous a
donné les écrits des hommes divins et les études philosophi
ques, tu ne considères manifestement pas que les écrits des
hommes divins fassent partie de cette philosophie. Comment,
en effet, pourrais-tu parler séparément de ces écrits et du contenu
de la philosophie, à moins de les en séparer ? Qu'appelles-tu donc
ici « philosophie »? La philosophie des Hellènes ou bien l'Idée
que tu as mentionnée ? S'il s'agit de la philosophie des Hellènes,
c'est à elle que tu adresses des louanges, tout en étant en contra
diction avec toi-même, puisque tu dis au contraire : Ce n'est pas là
ce que, nous autres philosophes, nous glorifions, ce qu'un tel ou un
tel a pensé, écrit ou enseigné, ce n'est pas là notre philosophie, mais
l'Idée même de la connaissance. Tu te contredis aussi parce que là
tu affirmes que seule l'Idée même doit être appelée philosophie,
alors qu'ici tu dis toi-même qu'il y en a une autre, celle des
Hellènes ! Et si la philosophie, dont tu parles ici, n'est pas la
philosophie hellénique, mais l'Idée de la connaissance, c'est-à-
dire si elle englobe en général toute la connaissance, les écrits
théurgiques, qu'ici tu distingues manifestement de cette « Idée »,
deviennent étrangers à toute espèce de connaissance et ne procu
rent plus aucune connaissance : complètement séparés, selon
toi, de la connaissance, tu ne les as mis ici à côté de la philo
sophie que pour nous tromper. En aurions-nous, d'ailleurs, néces
sairement besoin, puisque les études philosophiques nous intro-
TRIADE II. 1, 21 269

21. Kai "va râXXa Ttôy Kaivwv àKovopàrœv vvv à(f>â>


Kai rrpos to irpoKeipevov cVavayayto tov Xôyov, ris ovk
otSe Kai <f>iXooo<f>Lav èrépav pèv rrfv év Xoyoïs, èrépav 8è ttjv
èv irpâÇeoi, Kai rovroiv éKarépas noXXàs Kai iroïKiXas 81a-
<popds, 81' wv pcjpd Te Kai p.rj, aapKiKrj re Kai Trvivp.aTi.Krj, 5
àvriXeyop.évrj Kai àvavrîpprjros , rrpôoKaipos Kai ald>vios
àva<f>aiveTai ao<j>ia, rrXeîoTov eKarépa o%e8dv rrjs trépas
huarrjKvla oa<f>û>s ', « AXX* èyu> » <f>r/ai « ttjv avTooo<f>îav au
to ttjv €7raivâ>, ttjv Trjs àXrjdovs yvwoeœs I8éav 17x1c /xt'a
» èor'iv ». 'AXX' u>ya0é, pôvr) p.èv avroao(f>îa îoa>s âv avrrj 10
KXrjôelr), p.6vr\ oè ao<f>îa rj <f>iXooo<f>îa , ov. "Orav pévToi râ>v
inrèp <f>iXooo<f>Las Xôyatv ainos àp^ôp-evos « SeoôaOai » Xéyr/s
« rjp.îv rrpos 0eov rd tc tû>v Oeovpyœv Xoyia Kai Ta Karà
» <f)iXoao(f>iav paOrjp.aTa », rà rwv Oeovpyœv Xôyia irâvrioç
ovx imo ttjv </>iXooo<f>iav Tarretç eKeivrjv. TIws yàp âv eXeyes 15
ravra Kai Ta vrro Tavrrjv, et p.r) 8irjpeis avrrjs CKeîva ,' Ti
roivvv 6vop.dt,eis <f>iXo<jo<f>Lav eKeî, iroTepov rr)v 'EXXrjvwv rj
ttjv loéav, rjv eVraûfl' étires / 'AXX* et p.èv rr)v tcov 'EXXr/vwv,
ovkovv Kai ravTrjv èÇvpvwv Tvyxdveis, àXXà Kai oavTw
àvriKelp.evos, èvTavd' vrrevavTÎws <f>doKwv « où ravrâ èariv, 20
» e^' â to Trjs <f>iXooo<f>ias (f>épovres ovop.a eCvp.vovp.ev, oaa
» o oeiva r) o oeiva eàoçaoev r) ovveypaipev 77 eoioaçev, ovoe
» ravra <f>iXooo<f>îa r)p.îv èariv, àAÀ' avrr) r) Trjs yvtooews
» îSea », irpooéri Kai on piav pèv èvravd' lo)(ypl£r) KaXeîadai
<f>iXoao<f>iav , ttjv Ihéav avrrjv, eKeî Kai âXXrjv avros Xéywv, 25
tt)v TÔiV 'EXXrjvœv . El Se p.r) TavT-qv, àXXà KaKeî ttjv loéav
Trjs yvu>crea>s Xéyeis <f>iXocro<f>lav, rr)v yeviKWS BrjXaor) Trâaav
Treptéxovoav yvûtaiv, rà irapà uov rav-rr/s eKeî oa<pâ)S arro-
Siaipovpeva deovpyiKa Aôyia rrâo-qs yvœoews eoreprjTai Kai
TTapeKTiKa. yvœoeœs ovbepiâs âv eïr], KaOôXov Se Trjs yvw- 3°
créais àrToSieaTaXp,éva /carà oè Kai rrpos <f>evaKiop.ov p.6vov
Tjj <f>iXooo<pla TTpooeTédrjoav eKeî. Tis 8 âv eîrj Kai XPeia
Tovrœv àvayKaîa, tôjv Karà <f>iXooo(f>iav p.avrjpaTcov Kai
etaayovrœv Kai àvayôvTwv els rrjv yvwoiv twv ovtoiv, rj Brj

CVSL
27O GRÉGOIRE PALAMAS

duisent et nous élèvent dans la connaissance des êtres, laquelle,


de son côté, est le but de toute hiérarchie, c'est-à-dire de toute éco
nomie, de toute activité divine, comme tu le dis souvent toi-
même dans la suite de tes traités ? Pourquoi alors te mets-tu en
colère contre nous, parce que nous disons, avec Paul, que la sagesse
des Hellènes est « abolie » et « rendue folle »? Ce n'est pas, en
effet, la sagesse de certains qui est la Sagesse-en-soi !

Platonisme de Bar- 22. — Mais voyons quelle est cette


laam. Sagesse-en-soi que tu vénères ouverte
ment. Est-ce celle qui existe chez ceux
que l'on appelle les philosophes et dans leurs écrits ? Pourtant, tu
dis toi-même que la connaissance des philosophes n'est pas et
ne doit pas être appelée « philosophie », pas plus que les écrits de
tel ou tel, mais que certains de ces écrits seulement, sans être
eux-mêmes la philosophie, constituent des résultats de la philo
sophie. Cela, tu es bien obligé de le dire pour montrer que l'Idée
de connaissance, dont tu parles, est bien unique et qu'il n'y a pas
plusieurs philosophies, quoi que l'on en dise. Si aucune d'entre
elles n'est la philosophie, ce que tu appelles « Sagesse-en-soi » ne
possède donc pas, selon toi, son existence dans les philosophes :
elle donnerait, en effet, son nom aux choses dans lesquelles elle
existe, comme nous, tous les hommes, nous nous entendons
appeler à partir de l'aspect universel qui possède en nous son exis
tence. Et si cette Sagesse-en-soi n'existe pas en eux, où existe-
t-elle donc ? En Dieu ? Mais tu dis toi-même, plus loin, que la
philosophie que tu exaltes est folie devant Dieu ! Ce que tu appelles
« Sagesse-en-soi » n'est donc pas celle qui existe en lui d'une
façon indicible ; mais elle n'existe pas non plus dans les créatures
de Dieu, puisque celle qui existe en elles ne peut même pas être
appelée philosophie ! Tu parles pour défendre la philosophie ;
donc, si celle-ci n'existe ni en Dieu, ni dans les hommes, mais cons
titue cependant une idée, ne possède-t-elle pas une existence
propre ? Et voici que revit Platon, en fredonnant ses erreurs !

La vraie sagesse 23. — Par conséquent, on peut, sim-


mène à l'Église, plement et en peu de mots, dire la vérité
au sujet de la philosophie des sciences
profanes : le contenu que chaque philosophe a mis dans ses
TRIADE II, 1, 21-23 271

<i7rd<rqs Upapxlasi>, ravrov 8' elireîv 7rdo~qs delas oiKovopias


ko! ivepyelas, «tc'Aoç coti'v», wç avros iroXXaxov rcôv Xôyoov
ànotfxilvr) Trpoïœv ; Ti toLwv kclÔ* ij/xcùv rovs Ovpovs e'yetpeiç \\ II f- 148"
tï]v rcov 'EXXrfvœv aotplav « Karr)pyr)p.ivr)v » Kal « p.ep.oipap.ivr\v »
p.erà IJavXov Xeyovrwv ', Ov yàp 17 riviiôv oo<f>ta avroo~o<f>ia 5
eariv.

22. 'vlAAà yàp t8a>p.ev Kal riva KavravOa SrjXos e? npeo-


fievoov avroao<j>lav. *Apa Trjv iv rois àvop.a{,op.4vot.s <f>iXo-
a6<f>otç Kav roîs tovtcov avyypdp.p.aaiv e\ovoav ro eîvai.,'
Kal fJLTjv avros <f>YjS p-rf eîvai, p.r)8è Xéyeodai <piXooo<pîav 10
rrjv yvwoiv rû>v <f>iXoo~6<f>ojv , p.rjb'è rà tov Selvos rj tov Selvos
avyypdppara, àAA' eariv à tovtcov, ovk avrà <f>iXooo<f>iav ,
àXX' àTroreXéap.ara <f>iXooo<f>tas eîvai. Tovro 8' eîs dvdyKtp)
TTepiéoTTjs eînelv, "va helÇrjs p.iav p.6vr\v fjv <f>fis yvœoeoos
îSeav, àAA' ov TroXXàs Aeyo/xevaç <f>iXooo<f>tas . Ovkovv et 15
p.T]8èv €K€ÎVU)V <f>lXo0O(f>LCL ioTlV, Ol)8' €V CLVTOÎS è^Cl TO CIVCU
Karà ai, r\v Xéyeis avTooo<f>lav . 'Ev ois yàp ep^et to etvai,
am avrfjs àv iKelva KXrjdelev, uioirep Kal àvdpojiroi navres
■qpels and tov KaOôXov eîhovs aKovop.ev iv -qp.lv e)(ovros to
eîvai. El Toivvv p-q iv e/cetVoiç rj avrooo<f>la 001 avrr), nov 20
ayr\aei to eîvai,' 'Ev rtù ©eâ> ,' Kal p-qv ndXiv avros npoïwv
Xéyeis p,copiav efrat napà râ> 0eâ>, fjv iÇaipeis <f>iXocro(f>îav '
ovkovv 17 iv avrà) tov âfipaorov ivovaa rpônov, rjv avros
Xéyeis avrooo<f>îav , àAA' ovB' iv rois vit' avrov yeyevqpévois ,
inel p/qhe <f>iXooo<f>ia ttot av iKeîvo KXrjOeiq. Eol 8' vnkp ^5
<f>tXocro<f>îas 6 Aoyoç " et rolvvv avrr) \ir\r iv Geœ, p,T\r iv
avapa)7T0i.s c^et ro eivai, eori o op.a>s toea ovoa, Kaa eau-
r-^v ovkovv ioriv v<f>€orâ)oa ; Kai TJXarojv -qp.lv avQis àva-
jStcjCTerat /xerà Ttov rrjs KaKoSoÇîas T€p€Tio-p.a.ra>v.

23. Toiyapovv Tavrr) raXrjdès irepl rrjs è/f p.adr)p.dra>v 3°


twv efa> <f>iXooo<f>las àirXâJs Kal ovvrôpojs <f>airj tls àv cos

CVSL (o linea 10 déficit V).


272 GRÉGOIRE PALAMAS

écrits ou ses paroles peut être appelé sa philosophie particulière ;


par contre, on appelle philosophie en général la sagesse que
l'on voit chez tous les philosophes, qui a été rendue folle, parce
qu'elle s'est écartée de son but propre, la connaissance de Dieu l.
Au contraire, la sagesse à laquelle ce malheur n'est pas arrivé
n'a pas été rendue folle. Pourquoi l'aurait-elle été, puisqu'elle
a réussi à atteindre le but qui lui est propre par nature et puis
qu'elle est tournée vers Dieu, la cause de la nature ? Telle est
la sagesse des hommes pieux et vénérables qui sont avec nous,
la sagesse qui a vraiment eu le courage de rejeter le mal, qui a
choisi ce qui est utile, qui a attaché les hommes à l'Église de Dieu
et s'est harmonieusement conformée à la sagesse de l'Esprit.
En ce qui me concerne, je crois qu'elle possède la vérité. Mais ce
champion de la philosophie profane et folle, en entendant Paul
dire que Dieu a rendu folle la sagesse de ce monde 2, dit qu'elle a
été rendue folle par comparaison avec la sagesse de Dieu, de même
que toute vertu et toute raison humaines l'ont été. Mais comme je
n'accepte pas cela et comme je montre clairement la vérité par
de nombreux arguments, il ne peut me contredire et se voit
condamné à user de sophistique. Que cela reste donc dans mon
premier traité sur l'utilité de la philosophie s, car aucune insulte,
ni aucun argument n'en diminue la valeur.

Comment com- 24. — Mais je poserai maintenant la


prendre la « folie » question suivante à celui qui n'admet
e a p osop que ja ^-g par comparaison pour la
sagesse qu'il vénère : pourquoi n'est-il écrit nulle part que
Dieu ait souillé toute vertu humaine et rendu folle toute raison,
comme il a rendu folle la sagesse de ce monde ? Où vois-tu là,
dans les paroles de l'Apôtre, l'idée de comparaison ? Mais de
même que Dieu a endurci le cœur des Juifs *, a endurci le
cœur du pharaon 6 et a livré à leur sens réprouvé • les sages des

1 Cfr Rom., I, 21-22 ; / Cor., 1, 20-21.


• ICor., 1,20.
* Le premier traité de la Première Triade.
* Cfr Jean, XII, 40.
» Exode, VII, 3.
• Rom., I, 28.
TRIADE II, 1, 23-24 273

<f>iXooo<f>îa fièv eKaorov koXoît av r) iv o~vyypdp.p.aow 1}


Xoyots €Kaarov <f>t\6oo<f>oç irpay^iarela, Koivr) Se, 17 vâai
<f>iAooô</>ois iv9ewpovp.évr] , p.€p.u>pap.évr) Si, 17 tov Trpoo-rJKOv-
tos oo<f>la réXovs ttjs deoyvcooiaç iK-neaovaa. 'H Se p.rj
TOVTO TT€TT0v6vla, OvSè p.ep.O>pap.évT] " TTWS yÔ-P, TOV <f>V(T€l 5
yiyvop.évov réXovs imTvyxdvovoa Kal irpos tov SoTÎjpa rrjs
<f>vaea>s €TTLOTpe<f>op.êvT} Oeôv ,' Toiavrrj Se iariv -r) t<3v i<f>'
rjp.â)v evoef3wv Kal iXXoyip.wv àvSpœv, àvSpiKœs ovrœs
àiTOTtva^ap.€vrj to flXdiTTOv Kal to XvoiTeXès àiroXetjap,evr]
kclL tj} tov &eov 'EKKXrjoiq. crvcrrqoaoa Kal ip.p.eXâ>s 10
app.ooap.4vT) T-fj <jo<f>la tov Ilvevp.a.Tos. 'Eyw p.èv ovv
Tavrrj TaXrjdès 4\€iv oïofxai. '0 Se rfjs e£w Kal p.ep.ojpa-
p.évr]s <f>iXoao<f>las ovros îmépp.axos, Kal to « ip.ii>pa-
» vev 6 Oeoç ttjv ao<j>iav toû KÔop.ov tovtov » IJavXov
Xéyovros aKovoas, || « <vs avyKpivop.évrjv -npos tt)v tov Oeov 15 I *• M9»"
» oo<f>iav » <f>rjol « p.iopalve<r6ai, wcnrep ko! vâoav àvOpoj-
» 7Tivr)v ap€TT)v Kai Si.avoi.av ». Kàpov pvq tovto Trapa-
Sexpp.évov , SetKVVvroç Se 8tà noXXœv cra<f>wç TaXrjdés,
avros avnXéyeiv ovk e^œv oo<f>iOTeîas KaTaifrq<j>L^eTai.
Keiodœ p.èv ovv iv tô> 7rpoT€p<o pot. 7T€pl XvoiTeXovs <f>iXo- 20
oo<f>ias eKeîva Xôyat' Kal yàp àveirrjpedoTœs êV e^et Kal
avavTipprtyra p,evei.

24. Kal vvv S' âv ipoip.t]v tov Ik ovyKpiaeœs p,copal-


vovra tt\v vn avrov irpeofîevop.è'vTjv oo(f>iav Kal ttws
ovSapov yéypaiTTai on ipiavev 6 Qeos irâoav dvdpojTrivqv 25
apcT-qv Kai ep.a>pave •nâ.aav Sidvoiav, a»? Kai ttjv tov
Koapxtv tovtov o~o<f>i,av epœpave ; Tlov yàp ovyKploeojs
elSos ivravOa tû>v aTroaToXiKwv àva^aiVerai prjpdTœv ',
'/1AA' œoirep « eTTœpœoev ô 0e6s ràç KapSlas tû>v 'IovSalœv »
Kal « èoKXr)pvv€ tt)v KapSiav &apaà) » Kai « napeScoKe » tovs 3°
oo(f>ovs tû>v 'EXXtjvcov « et'? à8d/ct/x.ov vovv », ov o-vyKpioeuts
ioTtv, dXX' iyKaTaXelifieios, tov avrov dpa Tpénov Kal to

CVSL (déficit V usque ad lineam 20).


274 GRÉGOIRE PALAMAS

Hellènes, non pas en les comparant à quelque chose, mais en les


abandonnant, de même il faut comprendre l'expression a rendu
folle, puisque les expressions Dieu a confondu les sages 1, les a
abolis 2, les a rejetés et, comme ici, les a livrés à leur sens réprou
vé, possèdent, elles aussi, une signification ! L'Apôtre ne parle-
t-il pas ici aussi par comparaison ? Quel homme sensé l'admet
trait ? Ou plutôt comment, tout en suivant consciemment les
paroles de l'Apôtre et en admettant, conformément à son ensei
gnement, qu'il ne s'agit pas ici de comparaisons, pourrait-on se
laisser convaincre par tes comparaisons à toi ? Dieu a donc
choisi les choses folles du monde pour confondre les sages 3.
Quoi donc ? La sagesse des hommes, comparée à celle de Dieu,
est confondue et rendue folle, tandis que la folie parle libre
ment et devient sage ? Ou bien, ce que tu veux considérer
comme une comparaison, tu l'admets comme tel, et ce que tu
ne peux pas vouloir considérer comme une comparaison, car cela
ne serait pas utile à la trame de tes discours, tu l'exclus de toute
comparaison ? Qui pourra continuer à te croire à moins de consi
dérer l'éducation profane comme menant au salut, en se laissant
tromper par tes paroles ?

Grâce spirituelle 25. — Ce qu'il dit immédiatement après :


et don naturel. le mensonge se réfute lui-même, je crois
pouvoir l'accepter. Mais, comme s'il
jugeait que le mensonge ne lui suffisait pas, il cherche par tous
les moyens à abuser faussement les autres ; il s'établit dans la
calomnie. Moi, je dis que parmi les dons de Dieu certains sont
naturels : ils sont accordés à tous sans discernement, avant la
loi, sous la loi et après la loi ; d'autres sont surnaturels, spirituels
et particulièrement mystérieux ; je considère ces derniers comme
supérieurs aux premiers, comme ceux qui ont été jugés dignes de
la sagesse de l'Esprit sont supérieurs à toute la tribu hellénique ;
je dis aussi que l'un des dons naturels de Dieu est la philosophie,
ainsi que les découvertes de la raison humaine, les sciences. Mais
lui, il me fait dire que seules doivent être considérées comme dons

1 / Cor., I, 2j.
• / Cor., I, 28, etc.
» / Cor., I, 28.
TRIADE II, 1, 24-25 275

« èp,u>pavev », è-nel ti Kal ro Sri « KaTTiayvvev o Oeos tovç


» ao<fx>vç » eKelvovç jSouAcTCU, Kal OTl « KaTT)pyT)Oe », Kal
cm « àneb'oKlp.aae », /cal aura tovto Sri « irapéSa>Kev av-
» toÙç eij à8o/auoi' voûv». Mr\ Kal ravra arvyKplvœv 6 'Airô-
oroXoç élire,' Kal tIç âv vovv ê^cuv irapabéÇaiTO tovto; 5
MaXXov 8è ti? àirooroXiKaîs prf\aeoiv elSœs ê-neoQai, à<f>els
eKeîva voeîv âvev ovyKploewç (bç eKeîvoç èSlSaÇe, 001 iteia-
Qelt] arr/Kpivovri ', « 7a yovv p.a>pà tov KÔapxtv è£eXé£aTO o
» &eôç, Iva tovç ao<f>ovç KaTaurxvvT) ». Ti ofiv, 17 uèv ao<f>ia
TÔiv àvOpdmoiv ovyKpwop.év7] irpoç ttjv tov Oeov /carawr- 10
\vveTOx Kal p.a)palveTCU, 77 Se p.wpîa TrapprjaiâÇeTai /cal
ao<f>l£,eTat ,* *H â p.èv fHovXei ovyKpiTiKœç cKAaujSavei?, â
8' ovk eyi 001 jSouÀouéva*, uij XvaiTeXovvra tjj TrapaaKevfj
Tœv oûv X6y<vv, à<f>lr)ç âavyKpna ', Kal tlç âv 001 neldoiTO,
el firj toîs aotç Xôyoïç •qTra,rqp,évoç, ttjv e£a> vaiSelav 15
oiuTTipiov jjyrjTai ;

25. *A p.èv ovv èfieÇrjç p,erà ravra Xéyei, œç « aùro^cv


» exovra tov tov ipevSovç èXey^ov », Trapeîvai p,oi SokcH.
WevheaBai 8' wairep ovk àiToypGiv eîvai Kpivaç eavrcp, àAAà
Kal KaTaipevSeaBai tcôv âXXœv rrepl irXelarov iroi.ovp.evoç, 2°
els to o~VKO<f>avTeîv avdiç KadrJKev éavrôv, Kap.ov Xéyovros
twv otopwv tov Oeov rà p.èv eîvai <f>vaiKa Koivfj -nâai 8e8o-
fiéva irpo v6p,ov Kai èv v6p.q> Kal p,erà vôuov, rà 8' VTrep<f>vâ
Kal Trvevp.aTiKa Kai 8ia<j>ep6vrcoç aTrôppnyra, Kal virepri-
ôévros raûra eKeivcjv, Kal tovç KaTr)£ia>p.évovç ttjç ao<f>laç 25
tov I7vevp,aToç Trâcrrjç èXXrjviKrjç avp.p.opiaç , êv 8è twv
<f>v<riKœç !| 8eSop.évœv vno Oeov ttjv <f>iXooo<f>îav Kal àvdpœ- |l 1. 149»
Tnvqç 8iavoias evprjp.aTa Ta p.aQr\p.aTa, avros a»? an' èpx>v
(frrjoiv « ck Oeov SeSôadai. eKeîva p,6va 7TpoarJKev oïeaOai,
» oaaiv àv6pd>7TLVos ovk èÇiKveÎTai Àoyicruoy, tcDi' 8' aAAatv 30

CVSL
276 GRÉGOIRE PALAMAS

de Dieu les choses inaccessibles au raisonnement humain, à


l'exclusion de toutes les autres qui ne sont pas dignes d'un tel
honneur. Je n'ai pourtant dit ici ni l'un ni l'autre. Je sais, en effet,
que de nombreux dons divins, même accordés dans l'ordre naturel,
sont inaccessibles au raisonnement humain ; mais j'admets pour
chacun l'honneur qui lui convient ; il s'agit d'un côté de grâces
spirituelles, parce qu'elles sont surnaturelles et sont accordées
par l'Esprit d'une façon immédiate à ceux qui se distinguent par
leur vertu et, d'un autre côté, de dons naturels ; je dis que ces
derniers sont loin d'égaler les grâces spirituelles et que Dieu les ac
corde indistinctement à tous par nature.

Les Égyptiens 26. — En appuyant son discours sur


possédaient-ils la cctte caiomnje il se vante, il se répand
en invectives et s'indigne contre ceux
qui ne considèrent pas la sagesse des Hellènes comme un
don spirituel de Dieu ; il met en avant de nombreux textes du
divin Basile pour dire que tous les arts ont été donnés aux
hommes par Dieu '. Mais personne ne dit le contraire ! Ensuite,
par de nombreux arguments, il aboutit à sa propre opinion ;
après en avoir établi la trame, il conclut et déclare : Les prin
cipes des sciences, la prophétie ou n'importe quelle révélation
sont caractérisés par le fait suivant: s'ils ne sont pas donnés,
ils dépassent le raisonnement humain ; s'ils sont donnés, l'âme
parvient à les comprendre. Ainsi, de deux choses l'une : soit
aucun d'entre eux n'est un don de Dieu et n'est accordé par Dieu,
soit tous le sont d'une manière uniforme. On peut donc lui
poser cette question : toi qui penses avoir reçu, par tes études, une
quantité particulièrement grande de grâce hellénique, es-tu aussi
favorisé par Dieu que celui qui possède une surabondance de
révélations, et les Égyptiens, qui ont été les premiers à découvrir
les sciences, ont-ils une dignité égale aux prophètes et aux apô
tres? Comment, en effet, n'auraient-ils pas tous la même dignité,
ceux qui ont participé à des dons, gratifiés et connus d'une façon
uniforme ?

1 II suffit de rappeler la fameuse homélie XXII de s. Basile, Aux jeunes gens


(PG, XXXI, 564 ss).
TRIADE II, 1, 25-26 277

» ov8èv rrjs Toiaunj? àÇiovv Tip,rjs ». 'JS/xoî Se ov8, êrepov


tovtwv elprjTai €K€Î. 0î8a yàp on iroXXwv Kal tcùv <f>vaei
ywop.ivwv àvdpwrnvos ovk itjiKveÎTai Xoyiap.6s, Tip.rjs Se
à£iâ> cicaoTOV rfjs TrpoarjKovarjS ' ràç p.èv nvevp.aTiKàs X^P1'
ras, ws tm€p<f>v€Îç Kal p.6vots àp,eaws 8ià tov IJvevp.aTos
toîs icar' àperrjv 8ia<pépovoi irpoayi.vop.ivas, rà 8è <pvaiKd,
p.aKpâ> p,èv (pdoKwv rœv irvevp.aTi.Kwv xaplrœv àrroSeîv,
Kotvfj 8è -nâai rrpos Oeov oeSôadai 8tà rrjs <pvaews.

26. Tfj 8rj avKo<f>avTÎa Tairrr) tov Xôyov èpelaas €K€Îvoç


BpvTrreTaL Kal 8ia;£€ÎTCU ko.1 KarenalpeTai twv p.r) Xeyôvrwv 10
•nvevp.aTi.Kov Qeov 8wpov rrjv 'EXXrjvwv ao<piav Kal TroXXàs
■npofïdXXeTai. pfjaeis BacriXelov tov delov à)ç e/c Geov irâor/s
T€yyt]S xaPia^e^°~lls àvdpwrrois, ôrrep ovocls 6 àvriXéywv
eoTtv. Elra 8tà ttoWwv els ti^v oîiceiav c^cjStj 86£av #cat
KaTaaKevdaas owerrépave Kal àTre<f>rjvaTo Tavrqv Xéywv ' 15
« Kal al àpxal twv p,adr]p,dTwv Kal r) rrpo(fyr\Tela Kal rjTiaovv
» àiroKaXvt/fis ToiavTa iariv, oîa p,r) 8o6évra p.év, vrrepfial-
» vetv àvdpiÔTnvov Xoyiap,6v, SoBévra Se, è£iKveîodai avrwv
» rr)v *fjvxr]v ». "Qarre r) ov8èv, rj Travd' 6p,oiws 8wpd eari
Qeov Kal 6eoo8oTa. Ovkovv ehroi ris âv rrpos avrov ' Kai zo
av, 6 rfjs éXXrjviKrjs x^/hto? 8ia<pep6vrws 8tà twv p.aQr\p.aTwv
Kara^iwaai aavrov ol6p.evos, tcô rrçv VTrepfioXr)v twv a-no-
KaXviftewv exovTi 6p.oiws KexapiTwp,évos vTrdpxets vtto Geov,
Kal ol rà p,adr)p.aTa tt)v àpx'fjv evpôvTes AlyvnTioi toîs
■npo<pf)Tais Kal àTroarôXois elalv 6p.6Ttp.01,' Ilws yàp oi>x 25
6p.6rip.oi ol Ttô»' ô/to icus 8e8op.évwv Kai op.oiws yivwoKop.evwv
8wpwv iv p.eOé^€L yev6p.€voi ;

CVSL

g tfi : Si L.
278 GRÉGOIRE PALAMAS

C'est l'abus que 27. — Mais Dieu, dit-il, dès le moment


nous condamnons, où il a créé l'âme, l'a remplie des concepts
communs, des puissances de définition, de
distinction et de raisonnement, grâce auxquelles les sciences existent ;
les sciences sont donc un don de Dieu. Mais en quoi est-ce une justi
fication pour ceux qui en font un mauvais emploi, en abusent et
aboutissent, grâce aux sciences, à faire de l'Évangile du Christ
une chose imparfaite ? Car on ne peut excuser les débauchés et les
intempérants, sous prétexte que Dieu, au début, en créant le corps
et en lui insufflant une âme, lui a donné la puissance d'engendrer
et de se nourrir. C'est cela que nos paroles cherchent à empêcher :
le mauvais emploi, l'abus et la vénération exagérée dont les scien
ces sont l'objet ; et toi, si tu veux les écouter et les comprendre,
tu le reconnaîtras, tu le confesseras et tu ne te permettras pas
d'atteindre la vieillesse en t'occupant de telles choses ; convaincu
par mes paroles et celles du grand Basile, tu ne diras plus que les
lettres apportent salut et perfection, qu'elles purifient et illu
minent l'âme.

Esprit du inonde 28. — Toutefois, si Dieu, dès le début,


et Esprit de Dieu, a accordé à l'âme les dons mentionnés par
toi, il en résulte que ces dons sont com
muns à tous les hommes, qu'ils leur sont innés et naturels, trans
mis par succession à partir des premiers Pères. Comment peut-il
donc se faire qu'ils aient été donnés de la même façon que ceux
dont seuls les hommes pieux, des hommes supérieurs et choisis
parmi les plus pieux dans l'Esprit de Dieu, ont été surnaturelle-
ment gratifiés ? Mais pour l'âme, dit-il, tous ont la même significa
tion, car tous ils lui ont été donnés : les choses spirituelles elles-mêmes
ne dépassent pas le raisonnement humain. Manifestement, tu n'as
aucune expérience du don spirituel ! Tu t'es réfuté toi-même,
tu t'es dévoilé et, ce qui est pire, tu n'as même pas confiance en
ceux qui ont parlé par expérience ; bien pire : tu élèves ta voix
contre eux ; il apparaît que, tout entier, tu es un homme « psy
chique ». Car Paul, le vase d'élection des charismes spirituels, dit :
Nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui
vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses dont Dieu nous
a gratifiés ; et nous en parlons, non avec des discours qu'enseigne
TRIADE II, 1, 27-28 279

27. « 'AXX' 6 0e6s » <f>r]oiv « èp.rréTrXrjKev dpri 8rjp,u>vpyrj-


» aaç ttjv tfivxrjv rœv koivwv èwoiœv Kal tû>v 6pi.ari.Kwv
» Kal SiaipeTiKœv Kal avXXoytcmKwv Svvdueojv è£ œv avv-
» éoTTjKe rà p.adrjp,aTa ' ovkovv owpa Geov rà. p.aOrjp.aTa ».
TL 8* âpa tovto oiKalojp,a toîs irapaxpojp.é'vot.s 77 Kara^pœ- 5
p.évois Kal toîs tÔ evayyéXiov tov Xpiarov ô>s dreXès TeXeiov-
au> €K p.adrjp.dTwv ,' Ov8è yàp tovs rrôpvovs Kal aKpareîs
amas iÇéXoir' dv tis Ôti tt)v àpxfjv â Oeos to acofta rrXdoas
T€ Kal \fiv\uiaas tt)v yevvr]Tt,Kr)v Kal dpeTrriKTjv ève-nair\ae
tovtu) ovvap.iv. Tavra Se icrriv â KuiXvop.ev 8tà tû>v Xôyutv to
r)p,eîs, rr)v irapdxpyo-iv || Kal t^j» KaTdxp-qaiv Kal ro vapa I f- 15°''
ro TTpooiJKOv TTapex6p.evov toîs p.ad-qp,aai aéfias ' Kal av ye
tovto, el owercôs Ùkovciv CKttviov idéXeis, elarj Te Kal
op,oXoyqoeis ko.1 to KaTayqpâv iv toîs toiovtols d(firjaeis
Kal aa>Trjpiovs Kal TeXeoTrjpiovs , KadapriKovs re Kal (piorio- 15
tikovs ipvxîjs tovs Xôyovs ovk Ht ipeîs, toutoiç re toîs
Xôyoïs Kal toîs tov p,eydXov BaaiXelov rreiadeis.

28. Ov uijv dAA' et ttjv dpxty Tav9' â Xéyeis ihédr) ttj


*pvxfj irpos Qeov, Kotvà nâoiv dv8poj7rois Kal ép.<f>VTa Kal
<f>vaiKa Sij7T0i», *carà SiaSo^i' diro tcôv irpujTUiv Trarépojv 20
8iaStSo/xeva. Ficus ovv toîs vrrèp <f>voiv irpos tovs evoefieîs
p.6vovs Kal tû>v evoefiô>v tovs aKpovs Kal diroXéKTOvs iv
TIvevp.aTi Qeov xapicrfleîaïf ôpolxos ihôdrfoav ,' « '^4AAà tov
» atiTov » <f>r)mv « è^ei Xôyov rrpos ttjv ifivxyv âVavra,
» Sodévra ydp ' oiîSè Ta 7rvevp.aTt.Ka tov dvdpojTrivov vrrep- 25
» fialvet. Xoyt.op.6v ». "Ovtws SijXos iyévov 7rvevp.aTi.K0v
htiipov rreîpav elXrjcpojs ov8ap,â>s ov, oavTov d-rreXéy^as Kal
(pavepov Troirjadpevos ô 8è *caî tovtov ^eîpov on. p.r)8è
toîs oià Treipas elpr/KÔoi. rnaTeveis, S 8' avQis x€^Pl(JTOV
OTi Kal dvTipprjTopeveis avroîs, tpvxiKÔs 5Xos, ojs ëoiKev, 30
ojv. To yap eKXeKTOV So^cîov tcùv TrvevpaTiKwv xaPiaiJI-^LTU}V
o TlavXos, « r)p.eîs » (frqoiv « ov to Ttvevp.a tov Koop.ov
» èXdf3op.ev, dXXà to Flvevpa ro ck tov &eov, "va elSâipev

CVSL
280 GRÉGOIRE PALAMAS

la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit Saint,


employant un langage spirituel pour les choses spirituelles; mais
l'homme psychique ne reçoit pas les choses de l'Esprit, car elles sont
une folie pour lui et il ne peut les connaître 1, car il entre par la voie
du raisonnement dans l'incompréhensible et pense découvrir
et enseigner toute la vérité par des distinctions, des raisonnements
et des analyses. Ce n'est pourtant pas par le raisonnement que
nous connaissons ce dont Dieu nous a gratifiés, mais par l'Esprit
qui est en nous, ces choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille
n'a point entendues et qui ne sont point montées au cœur de l'homme,
mais que Dieu nous a révélées par son Esprit, car l'Esprit sonde
les profondeurs mêmes de Dieu 2.

La foi, l'expérience 29. — A la façon dont tu les contredis,


et l'amour. ô philosophe, on pourrait montrer la
vérité de mes paroles. Tu entends, en
effet, tu entends souvent les gens d'expérience ; ils parlent dans
leurs discours, leurs écrits, leurs témoignages, par leur exemple,
d'une lumière qui transcende absolument, non seulement les sens,
mais la raison elle-même, d'une lumière que l'esprit humain
rencontre et avec laquelle il s'identifie, lorsqu'il sort de lui-même
pour devenir meilleur, lorsqu'il se surpasse et s'unit à Dieu.
Lorsque tu entends ces choses, tantôt tu ne peux élever ta raison
au-dessus de la lumière matérielle, et tu les accuses de parler
d'une lumière sensible, tantôt, au lieu de minimiser leur expérience,
tu te tournes, non vers le milieu et le vrai, mais vers l'exagé
ration et le mensonge, et tu te jettes dans l'autre extrême, en
affirmant qu'il s'agit de l'essence de Dieu et qu'ils en parlent
comme d'une réalité accessible à la contemplation. Tu n'en serais
pas arrivé là, si tu avais considéré les choses divines comme inac
cessibles aux raisonnements humains, si tu avais admis, confor
mément à la piété, que seule la foi peut recevoir de telles révéla
tions, si tu avais recherché par des œuvres la connaissance plus
parfaite et si sur la foi tu avais édifié l'expérience, qui nous recou-

1 I Cor., II, 12-14.


* / Cor., II, 9-10.
TRIADE II, 1, 28-29 281

» Ta ck tov Oeov xapicrdévra rjfJ.lv, S. Kal XaXovfxev ovk èv


» BiBaKTOÎs àvdpojrrivrfs oo<f>las Xôyoïs, àAA' èv SiSa/CTOÎç
» TIvevfiaTos àyiov, 7rvevfj,aTiKoîs 7rvevfj.aTi.Ka avyKpivovres '
» ifrvxt-KOÇ 8è avdpwrroç ov Séxerai rà tov Tlveiifiaros ' fiojpia
» yàp aurai èari *an ov Swarai yvaivat », Xoytofiwv è<f>68ois 5
toîç àKaTaXifTiToiç èp-jUareviov, Siaipéaeal re ko! avXXoyiafioîs
Kal àvaXvaeai rrâaav aXrfdeiav evploKeadai re Kal SiSâoxeo#ai
olôfievos. « Ta yovv îmo tov Oeov xapiadévTa. r)fiîv », ov
8ià \oyiofj,ô>v, àXXà Sià tov èv r)fj.îv avrov yivtôaKOfxev
IIvevfj.aTos , « <x ô<f>6a\fiôs ovk el8e, Kal ovs ovk rjKovae, ko! 10
» cm KapSiav àvdpojrrov ovk àve/Jiy ' rfp.lv 8è àTreKciXvifiev
» o Oeoç 8ià tov IJvevfj.aTos avrov' to yàp Tlvevfia èpevvâ
» Kal rà fiâdrf tov Geov ».

29. TeKfj.rfpiwaai.TO 0" âv tiç ttjv àXr]det.av rœv Xeyofiévojv


Kal àrro Ttjç arjs àvriXoyias, <x> <f>iX6ao<f>e. Ev yàp aKovojv 15
ko! ovxvôjs àKovwv tùjv fier lovtojv c/c rreipas èv Xàyoïç, èv
ypafj.fj.aaiv, èv fiaprvplais , èv vrrohelyfiaai., trepl <f>ojr6s, ovk
aladfjaews fiôvov, àAAà Kal Siavolaç v^rqXoTépov TTavrârTa-
aiv, oS Tvyxâvei vovs Kal o ylverai KpetTTovœç eVoràç Kal
vrrepavafSàs èavrov Kal Oeâ> avyyevôftevos , av tovtojv 20
aKOVwv, vvv fièv àrravaarrjaai || rr/v Sidvoiav tov rrpoavXov [| £. 1501»
<f>ojros ov 8vvdp.evos, oùç rrepl aiaQryrov Xeyôvrwv <f>cuTOS
KaTTfyopeîs, vvv 8' èK rfjs èXXeiifrecos, ovk eiç rô fieaov Kal
àXrjOés, àAA' elç vrrep^oXrfV Kal iftevoos èKKXLvojv, Kad* èrépov
fidXXeis aeavrov Kprffivov, tt)v tov Oeov ovaiav tovt efvai 25
Kal dewprjTrjv etvai Xéyeiv èKeîvovs laxvpi^ôfxevos . Ovk
âv tovto iradœv, el Xoyt.afj.oîç àvdpamlvois àvé(f>i.KTa rà
Oeîa è86Ça£,es koI ttIotiv uct' eùAajSet'aç rrpoarjyes, ojç fj,6vrfv
8eKTiKr)v tôjv tolovtojv, Kal 8t' èpycov ttjv reXeioTepav è^ifreis
elSr/aiv Kal ttj Ttlarei tt)v rrelpav è7Tu>Ko86fj,eis, rôv t^ç X^-P1" 3°
tos opo<f>ov, ttjv èv àXr/deî décupla ©eov àyâTcrjv èmareyâ-

CVSL

IO eîSc : oîSc C U 27 àvé<f>VKTa V || 31 6ppo<f>ov L.


282 GRÉGOIRE PALAMAS

vre avec cette toiture de la grâce, l'amour, dans la véritable con


templation de Dieu. Ainsi les dons de l'Esprit dépassent le raison
nement humain, même après avoir été accordés. Toi qui possèdes
une exacte compréhension des sciences, — presque sans le savoir
apprises, prétendras-tu, — tu ne pourras acquérir même une
médiocre notion des opérations de l'Esprit, même si on te donne
sur elles un enseignement ! Mais oui ! Car la Parole du Seigneur
est vraie ; elle demeure aux siècles des siècles 1, cette Parole
qui a révélé à Jean que celui qui vit conformément à la vo
lonté divine reçoit un caillou blanc que personne ne peut connaître
en dehors de celui qui l'a reçu * et Paul nous a appris que ce dernier
même ne peut le connaître qu'à la mesure de ses moyens.

La prière continue. 30. — Après avoir ainsi mis sur un pied


d'égalité les dons naturels et surnaturels,
il s'attaque avec encore plus de force au commandement aposto
lique sur la prière et dit qu'il est impossible de prier continuelle
ment 3, à moins d'accepter ce conseil dans son interprétation à
lui. Son interprétation est la suivante : l'Apôtre recommande ici
de prier, non pas dans le sens de pratiquer la prière, mais de se
trouver dans un état de prière : L'état de prière, dit-il, c'est de ne
rien pouvoir faire, penser et mener à terme, sinon par la volonté
de Dieu; celui qui est dans cet état, dit-il, prie continuellement.
Mais si c'est cela la prière continue, le philosophe ne se détachera
pas des livres helléniques, tout en priant continuellement ! Que
pourra-t-on dire à un tel philosophe qui prie continuellement,
tout en ne priant jamais ? L'Apôtre dit ailleurs : Priez en tout
temps dans l'Esprit, soyez vigilants en cela 4. Est-ce que là aussi il
nous introduit dans cet état dont tu parles, ou bien dans l'acte de
la prière, bien que « continuellement » ait le même sens qu'« en
tout temps » ? Mais puisqu'il nous supplie en outre de « veiller »
dans la prière, c'est qu'il en prescrit manifestement la pratique

» Cfr Ps., XVIII (XIX), 9.


• Apoc, II, 17.
• / Thessal., V, 17.
« Éphés., VI, 18.
TRIADE II, 1, 29-3O 283

tpvoav " ovrcos àvOpœmvov vrrepfiaLvei Xoyicrfiov koX fiera


ro 8e86o8ai rà tov IJvevp.aros 86p.ara. 'O yovv iv àxpifieî
KaraXrjipei rwv p,a6rjp.drajv yeyovœs, fiiKpov Kal d8i8aK-
rœs, ws avros àv elrrots, rwv TTvevfiaTucâJv ivepyr)p.drtt)v
ov8è p.erplcos yovv irratois kclI 8i8a.crK6p.cvos ' eiKoraiS '
« 'O yàp Xôyos Kvpiov àXrjdrjs, 8tap,évu>v els cuœva alcô-
» vos », ôs tô» 'Itodwrj àireKdXvipev Sri rœ ôeapéarajs
£û)vti « St'Sorai ipi}<f>os XevKTj, rjv ov8els 8vvarai yvôjvai, et
» p.r) 6 Aafiœv » ' ôrrœs 8è KaKeîvos 8vvarat rrapà tov
IJavXov i8i8dx0r)p,ev.

30. Merà 8r) rr)v rwv Karà <$>votv re ko! vrrèp <f>vatv
8iûpwv iÇlacoatv, 8ià rrXetovoiv iiTtriderat rfj rrepl rrpoaevxrjs
àTToaroXLKrj ivroXrj, Xéywv à8vvarov elvai ro « abiaXelirruis
» Tipoo-ev\eaQai », et pA\ <vs avros iÇrjyeîrat rrapa.8e^at-
p,e6a ' efjrjyeîrai 8è Trpoaevx^odat èvravda Xéyetv tov 'Attooto- 15
Xov ov to èvepyeîv rr)v TTpooevyr\v, aXXà. ro rr)v éÇw €\eaf
avrrjs ' « *E(;ls 8é iart » <f>-qai « rrpoaevxfjs ro p.rj8èv 8vvaadat
» irpdrreiv, oïeadat Kal els Trépas dyew p/r) f$ovXop.évov 0eov '
» ô rotvvv » (fyrjoi « ravrrjv rr)v etjiv è'xa>v> oZtaXeiirrws irpoo-
» cuberai ». Totovrov 8* ôv to « d8iaXelTTTO>s TTpooevxeodai », 20
Kal rwv iXXrjviKwv dpa fÏLfïXLœv o <f>iX6ao<f>os ovk àvaKVipet
koX à8iaXetiTTU>s 7rpooev£erat. Ti ovv àv elirot rts rrpos
tov à8taXel7rrws ko! p.rj8éiTOTe rrpoaevxop.evov tolovtov
<f>tX6cro<f>ov ; "Orrep o 'AitÔcttoXos àAÀa^oû Xéywv ' « Ilpoa-
» evxôp-evoi iv iravrl Kaipw èv Tlvevpart, koX els avro 25
» tovto àypvTrvovvTes »• *Apa kov tovtw ttjv é£tv ravrr\v
elcrrjyeÎTai, rjv avros Xéyets, r) rr)v èvépyeiav, Kairoi ravrôv
èariv « d8iaXelTTT(xis » re evneiv Kal « iv iravrl /catpw »/ Ilpocr-
eTrixrKrjipas 8è rr)v irrl râ> Trpoaevxecrdai àypvrrvîav, 8rjX6s
iartv àSiaXelrrrios éxeodai rrjs ivepyelas irrirâTTcov. 'EXeye 3°
8è Kal 6 Kiiptos Trapa^oXr)v roîs padr/raîs, Karà tov evayye-

CVSL
284 GRÉGOIRE PALAMAS

continuelle. Le Seigneur a lui aussi adressé, suivant l'évangé-


liste Luc, une parabole à ses disciples, pour montrer qu'il faut
toujours prier et ne pas se relâcher 1. A-t-il là aussi recommandé
cet « état » ? Ce n'est pas cela le sens de la parabole ; elle parle
d'une demande permanente ; la prescription « de ne pas se relâ
cher », c'est-à-dire de ne pas abandonner notre assiduité par dis
traction, manifeste un encouragement, non pas à rester dans un
état, surtout pas dans cet état dont nous parle le sage, mais à la
pratique même de la prière, c'est-à-dire à la supplication, comme
le montre aussi la dernière phrase du Seigneur dans la parabole :
Dieu, dit-il, donnera l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent
de jour et de nuit 2, c'est-à-dire à ceux qui le prient ainsi conti
nuellement. Nous supplions de cette supplication continue, non
pas pour convaincre Dieu, car il agit toujours spontanément, ni
pour l'attirer à nous, car il est partout, mais pour nous élever
nous-mêmes vers lui, par l'invocation que nous lui adressons,
et retourner à lui, afin de participer ainsi aux dons bénéfiques
qui sont autour de lui. Suivant le grand Denys, nous sommes en
effet avec Dieu, lorsque nous l'invoquons par des prières très pures
et avec un esprit sans souillure 3. Pour cette raison, nous l'invo
quons donc continuellement, afin d'être continuellement avec
lui.

Le don de la prière. 31. — Quant à cette prière continue et


cette possession dont ce philosophe a été
le premier à discuter aujourd'hui, le diable même paraît ne pas
en être privé, bien qu'il ne prie jamais. Il savait, en effet, qu'il ne
pouvait rien, pas même contre des porcs, sans la permission du
Seigneur de toutes choses * ; contre Pierre, il n'entreprendra même
rien 6 ; et avant cela, contre Job, ses industrieuses machinations
ne menèrent à rien. Tel est l'écart qui existe entre la prière, non
seulement la prière continue, mais aussi celle qui s'interrompt,
et la conviction que le Dieu de toutes choses est Seigneur ! Car
ceux, parmi les êtres raisonnables, qui sont incorporels savent tous

1 Luc, XVIII, 1.
* Luc, XVIII, 7, confondu avec Luc, XI, 13.
*De div. nomin., III, 1 (PG, III, 680 B).
4 Luc, VIII, 32-33.
• Cfr Matth., XVI, 18.
TRIADE II, t, 3O-3I 285

Xiottjv AovKâv, | « TTpoç tÔ 8e îv TîâvTOTz irpoaevxeadai l|f-'-.i>


Kal /X17 CKKa.K€Îv » . rAp ovv KavTavda trpoç Trjv êÇtv ivrj

yev ; 'AXX' où tovto r) irapa^oXrj SeÎKVvcriv , aXXà ttjv cm'-


fiovov atTTjaiv Kal to p.7] eKKaKeîv Se, tovtcoti fir/ v<f)Ua9ai
rr\s Trpoaehpelas vtto padvp.îas, SeÎKVvoi tt)V ttootoott^v .
ovaav ov irpos ttjv êÇiv, ko.1 ravO rjv 6 ao<f>os ofiros Xéyei,
aXXà irpos aiiTTjV ttjv ivdpyeiav rrjs Trpooevxrjs , 8-qXabr) ttjv
oérjoiv, S Kal to i-mTeXiVTLOV iv rfj irapafJoXr} prjp.a tov Kvpiov
SijÀot " «Aœaei ydp » (f>rjaiv « 6 &eoç IJv€vp.a âyiov toîç cutoû-
» aiv avrov r/fiépas Kal vvktos », rovréart toÎç àotaXelnToiç m
ovto) Trpooevxop.évois. AtôpaBa Se rijç àhiaXcinrov ravrrjç
Serjaeojs oi>x c5<rre ireîaat. 0e6v, avrorrapdKXrjToç ydp, oi58*
ws e<f>eXKVcrop.evot. tovtov, Travraxpv yâp, àXX œç ri) irpàs
avrov e7ri*fAijCTei, r)p.âs avroiiç àvdyovreç npôç eKeîvov Kal
€7Ti<JTpé<f>ovTeç, <I)Ç peOéÇovTes ovtoj tôjv nepl avrov àya- ig
OoTrpeTTÔJv hœptûv. « Ton yàp » Karà tov p.iyav Aiovvoiov
« t<5 &eœ avveopev, ôre Travdyvoiç p.èv eù^aîç, àveirido-
» Xd)T(p 8è va), tovtov èmicaXwpeÔa ». Aià tovto toivvv
avrov aSiaXciTTTws eniKaXovp.e9a, wç av a8iaXenrrws avrcp
avvâ>p.ev. 10

31. Tr)s 8è dSiaÀeiVrou ravTrjç npoaevx'fjs re Kal êÇeœs,


rjv âpri Btevo^drj irpwros ô <f>iX6o~o<f>os ov^roç, o«58è 6 SiâjSoAo?
<f>alverai àpoipwv, Kairoi. /x^SeVore Trpooevxôp.evoç ' i^Set
yàp /xTjSè Karà x°'-Pu>v $vvr]o6p.ev6s ti, prj tov Kvpiov râtv
ôXwv ivoôvros, Karà Se tov TJérpov /x^S' eVi^e 1/377 <ja>v yovv, ^s
Kal npo tovtcûv Karà tov Iùifi prjSèv àvvowv ratç noXvTpo-
itoiç ÇTnfiovXaîs ' tooovtov à-nix^ TpooevxTJs , ov Tr\s a8ta-
XcItttov p.6vov, àXXà Kal ttjs 4k SiaXeipfidTcov , to TTCTreîadai
Kvpiov tlvai. tov &eov àirdvTOJV ' oi pev yap cktoç ocopaTOÇ
rwv XoyiKÛJv, ïaaoi p.kv tovto -navres, evxovrai S ov navres ' 3°
àvTiKeLp.evos ydp e'ori Kal tjj evxjj ô tô> &eâ> avTt.Keip.evos,

CVSL

17-18 àvcnidoXér co C.
286 GRÉGOIRE PALAMAS

cela, mais ne prient pas tous. L'ennemi de Dieu, en effet, est aussi
l'ennemi de la prière ; celui qui fuit le bien fuit aussi la prière qui
s'adresse à Dieu. Au contraire, ceux qui possèdent un corps,
ne connaissent pas tous le Dieu de l'univers, mais tous ils prient,
chacun selon sa croyance. Ceux qui reconnaissent le Dieu unique
et véritable acquièrent aussi, avec cette croyance, la conviction
qu'ils ne peuvent rien faire sans lui. Parmi ceux qui ont cette con
viction, certains sont emportés par la divine passion de s'unir
réellement au Seigneur de l'univers ; ceux-là persistent dans la
prière, sans manger, ni respirer, suivant l'enseignement des
Pères ; ils font retourner leur esprit sur lui-même et ainsi, prêts à
l'union divine, ils reçoivent le don mystique, mystérieux et spiri
tuel de la prière, qui les accompagne continuellement ; tantôt
il entraîne lui-même avec lui l'esprit qui l'a reçu vers l'union très
mystérieuse et fait jaillir une joie sacrée, tantôt il chante en sour
dine et il prie avec l'esprit qui se tourne vers Dieu dans la
prière ; il est alors comme une musique pour celui qui est disposé
à entonner ce chant. Ces hommes participent ainsi à la grâce per
pétuellement mouvante et inlassable ; ils possèdent la prière enra
cinée dans leur âme et continuellement agissante, conformément
à celui qui a dit : Je dors, et mon cœur veille l. Celui qui veut at
teindre cette prière véritable et véritablement continue, en la
recevant de Celui qui donne la prière à celui qui prie, pour parler
comme la prophétesse 2, qu'il suive donc le divin Nil et Grégoire,
qu'il vive sans s'attacher à rien d'humain, sans besoin immédiat 3
et, autant que possible, ne se détache pas de la mémoire de Dieu
lors de la satisfaction de ses besoins humains ; mais qu'il cherche
à ramener à lui et à imprimer dans son âme la pensée de Dieu,
comme un sceau ineffaçable, comme le dit le grand Basile *.
Il nous faut, en effet, nous appliquer à la prière continue qui nous
est toujours possible, par nos actions, nos paroles et nos pensées,

1 Cfr Cant., V, 2 (le texte biblique des Septante porte non pas Koifi.wfi.ai mais
KaBtvSio). Ce texte est appliqué aux hésychastes par s. Jean Climaque, Scala,
XXVII (PG, LXXXVIII, 1 100 A) cité par Nicephore, l'un des maîtres de l'hésy-
cbasme byzantin (cfr introd.) (PG, CXLVII, 955 A).
* La prophétesse Anne ; cfr / Rois, II, 9 (texte des Septante correspondant à
/ Sam., II, 9).
* Cfr Évagre, De Oral., 58 (PG, LXXIX, 1180 A ; trad. Hausherr, dans
Rev. d'asc. et de myst., t. XV, 1934, P- 87).
* Cfr Epist. II, 4 (PG, XXXII, 229 B).
TRIADE II, 1, 31 287

Kal 6 tov KaXov <f>vyàs Kal ttjs npos tov Qeov evxrjs <f>vyàs
èariv. 01 8è owpa nepi.Ketp.evoi, rov p.èv tov navrés Qeov
ïoaaiv ov navres, navres 8' et^oircu, KaraXXj]Xws eKaoros
rfj SôÇy iavroO. Toîs 8è tov êva Kal ovtojs yivœoKovoi
Qeôv, avvetaépxeTai ttj 86£r) TavTTj Kai to ^tupiç avrov 5
firi 8vvao6ai noteîv p.i)8év ' TÔiv 8rj tovto neneiop.evwv ooovs
epws deîos elXev évœdrjvat Kvplojs tw Kvpiw tov navros,
ovrot Tpo<f>rjs dvev Kal nvoijs iv evxfj yevop.evoi, Karà rr/v
TÔiv narépwv v<f>Tjyrjoiv , èmorpé^ovoi roi' vovv eiç eavrov
Kal ovrw Tjj npos rr)v deiav êvwow iniTr/SeioTriTi tov fivcrn- 10
kov Kal ànopprjTov Kal nvevp.aTt.Kov ttjs npooevxfjs Kara-
^tovvrai hœpov, S Kal à8iaXelnTWS ovveoriv avroîs, vvv
p.èv avrô nap éavTov || cXkov tov KaTr/Çtœp.é'vov vovv npos II f- *5™
Tt\v app7]TOTâ.Tr\v evwoiv Kal nrjydÇov ev<f>poovvr/v lepdv,
vvv Se tw vw Si' evxys dvareivopiévw npos Qeov p.voTiKws 15
vmjxovv Te *cat ovp.npooevx6p.evov, wanep p.ovoiKrj tô> npos
TavTTjv ovvTidévTi ttjv w8rjv . Ovtw yàp èv p.edé£ei rijs àeiKi-
vtjtov Te Kal aKapidrov yeyovoTes xi°-PLTOS èvepptÇiop.è'vrjv
exovoi Tjj t/tvxfj ttjv npoaevxTjv Kal àSiaXelnTWS èvepyovoav
«ara tov eLnovra ' « ,Eyw Koip.œp.ai Kal r) KapSla p.ov àypv- -"
» nveî ». '0 tolvvv fïovX6p.evos iniTVxeîv ttjs aXrjOovs ravTrjs
Kai aXrjdiùs àStaXeînTOV npooevx^S napà « tov 8i86vtos »
npo(f>r)Ti.K<x)s elneîv « evx^jv tû> et>xop.évw », neiOéodu) tû> deiw
NelXw Kal rprjyopiu) wore <( Çrjv p.rjBèv tû>v dvdpwnivwv
» npooamop.evov ,oti p.rj nâoa dvdyKtj», Kav toiç dvdpcomvais J:>
avayKais ttjs p.vr/p.r}s tov Qeov Karà to 8vvarov p.r) à<f>ioTaodai,
aXX œonep o<f>payl8a dve^âXeinrov -rrçy tov Qeov evvotav
evTeTvnojp.evrjv ttj ifivxfj cmev8eiv nepufiépeiv Karà tov p.éyav
BaoiXeiov. "Epyoïs Te yàp Kal Xôyoïs Kal 8iavor)p,aoi ti^
8vvaTj)v rjp.lv réios Kal d8tdXeLnrov npooevxyv èTnrrj8eveiv 3°
XP7], péxP15 <*v iniTVXojp.ev tov Swpov ' « El p.r) ydp » <f>r/oiv
« eXafies 8ô>pov npooevxrjs evKXeés, npooéSpevoov Kal Xr/ipr) '

CVSL
288 GRÉGOIRE PALAMAS

jusqu'à ce que nous recevions le don. Si tu n'as pas reçu, dit-il,


le don glorieux de la prière, persévère et tu le recevras; car c'est par
l'Esprit que nous adorons et prions ; Dieu est Esprit ; et ceux qui
l'adorent, doivent adorer dans l'Esprit et la vérité 1.

Témoignages de 32. — Mais cet homme, après nous


a. Grégoire de avoir donné son enseignement sur la
prière et sa possession, bien qu'il ait
auparavant entendu les paroles du Théologien, mises en avant
par nous, où ce dernier dit n'avoir profité des Lettres que dans
la mesure où il les a abandonnées pour le Christ et où il acquit
ce à quoi il préféra le Christ 2, cet homme nous répond en
citant encore le Théologien : J'ai tout abandonné conformément
au commandement; mais je m'attache à la seule Parole et jamais
je ne la négligerai de mon plein gré \ Barlaam le montre ainsi
complètement inconséquent avec lui-même. Que répondrons-
nous à cela, pour défendre le sage Théologien ? Simplement
que les « Lettres », qu'il dit avoir abandonnées pour le Christ,
désignent la sagesse des Hellènes ; tandis que la « Parole », à la
quelle il s'attache, est celle qui est distincte de cette sagesse et
liée aux sciences sacrées et divines ; c'est ainsi que nous l'inter
prétons, tandis que toi, ô philosophe, tu nous contredis sans rete
nue ! C'est notamment la conclusion de sa phrase qui me conduit
à mon interprétation : Cette Parole, dit-il, m'enseigne à partager
la faiblesse du faible et à me réj&uir avec le fort, — et cela est manifes
tement un précepte apostolique *— cette Parole sépare les mondes:
elle m'écarte d'un monde et me livre à l'autre, — où trouverait-on
cela dans l'éducation hellénique ? — cette Parole gouverne avec
les armes offensives de la justice et se complaît dans la philosophie
comme arme défensive6; elle nous attache à l'espérance qui ne
trompe point*; elle soulage dans le présent en accordant ce qui
est à venir 7. Ce passage contient des citations littérales de l'Apô
tre. Si quelqu'un n'est pas d'accord avec ce que je dis, qu'il donne

1 Jkan, IV, 24.


• Cfr Ad Ncmesium (PG, XXXVII, 1554) ; cfr Tr. I, 1, 6.
» Hom., VI, 5 (PG, XXXV, 728 B) : cfr Hom., IV, 102 (ibid., 636 A).
4 Voir par exemple Rom., XV, 1, etc.
• Passage se référant à // Cor., VI, 7.
• Rom., V, 5.
' Hom., VI, 6 (ibid.. 728 D-729 A).
TRIADE II, 1, 31-32 289

» to yàp IJvedfid è<m 81' oS irpooKwovp.€v Kal Si' oS irpoa-


» evxôfieda, Kal I7vevp,a ô Oeôs, ko! tovs irpooKVVovvras
» aùrôv iv [Jvevfiari Kal àXrjdelq. 8eî ■npoaKvvtiv ».

32. *AXXà ixerà tÔ Si8à£ai irepl irpooev^s eVcîvoç »caî r^ç


Kar avrqv ZÇeius, /caiVoi TTpôrepov aKovcras tôjv \m ip.ov 5
Trpor\yp.ivoiv tov GeoXôyov prjTœv, Si <Lv Aeyei tout' <x7ro-
Aaûoai p,6vov twv Xoyoïv to 8ta Xpiorov tovtovs *caTaAt7reû'
Kal iaxfjKevai, &v Xpiarov vpo€Tlp.T]oev, àvreirifiépei e/ceîva
8t' <Lv <f>i]oi. ' « IJapfJKa Ta 7ravTa tt} ivroXfj ' toû Aoyou 8c
» 7repié)(op.ai p.6vov Kal ovk av irore toutou 4kwv à/xeAijaai/xt » ' 10
Kal ovrws avrov iavrâ) ttAvtios àvaKÔXovOov Seiicvucn.
TL oiïv irpos ravra rjp.€Îs ipovp.ev, owiorà/xevoi t<3 oo<f>â>
OeoXéyw ,' Tl ye dXXo 77 ôVi « Xoyovs » fièv ovs Sià Xpurrov
KaTaXnreîv Aeyci, ttjv twv 'EXXrjvwv Xéyei ao<f>lav, « Xôyov »
8' ov Trepié^erai, to à-n e/ceiVrçç €^ciXeyp.évov Kal toÎs Upoîs 15
Kal delois p.adyp.aoi ovyK€Kpap.évov, ti? r/p-els elcrqyovp.€da,
vpos ovs àvTiXéyeis à.KpaTws, w <f>iÀ6ao<f>e. 'Evdyet Be p.e
npos TavTa Kal Ta tov Xôyov tovtov àiroTcXéap.aTa ' « OSros
» yâp /ne » ^tjcti « Trcldei ào-devovvri avvaoOeveîv Kal laxvovrt.
avv€V<f>paiv€odai » ' tovto 8' âvrtKpvg || à7ro<rroÀi/coi' cart 20 j f. 152?
to TrapdyyeXp.a « ojÎtoç uoi Siatpeî KÔap.ovs Kal tov p,èv
» ànâyet, tô> 8è TTpovrldrjai, » " 7roû Taûra -7-77? è.XXrjviKr\s
TratSelas evpoi ti? av; « Ovros Kal Stà tcôi» 8e£itDv ôVAojv
» Sicfàyei tt)s BiKaioovvrjs, kov toîs àpiorepoîs avp,<f>tXo-
» oo<j>eî, ttjv ov KaTaio~xvvovaav iXinba ■napat,€vyvvs Kal 25
» tÔ irapov Kov<j>l£ojv t<3 p.éXXovTi ». TaÛTa «ai è7ri
XéÇews twv ànoaToXiKwv e^cTai <f>œvœv. El 8e tiç toîj Aoyoi?
toutou /xi) ouvaivcî, 8oto) Aoyov eûAoyov âAAov ouoAoyt'aç
»cai 7r«'oo/iai " tov yàp ©coAdyov iavrw àvriXéyeiv ov TrelQop.ai.

CVSL

16 ov/KiKpaniici'ov VL.
20.0 GREGOIRE PALAMAS

une autre bonne base d'accord et je l'accepterai ; car on ne me


fera pas croire que le Théologien se contredit.

Les moines et les 33. — Après avoir produit ces citations


sciences profanes, qu'il croit contradictoires, il nous traite
d'ignorant sans éducation x ; il ne se gêne
pas pour nous comparer à Julien ; il dit que je suis digne d'être
un objet d'horreur, parce que je veux priver les moines de toute
culture, comme Julien voulait en priver les chrétiens qui vivaient
dans le monde. Il fait comme quelqu'un qui, en entendant le
psalmiste dire: L'insensé a dit: il n'y a pas de Dieu*, juge
rait bon de comparer à cet insensé le Révélateur de l'Aréo
page, puisqu'il dit de Dieu qa'il n'était pas, n'est pas et ne sera pas3.
Mais il est lui-même le plus insensé de tous les insensés ; il ne
comprend pas l'immensité de la différence : le saint connaît
et contemple Dieu au-dessus des êtres, alors que le cœur de l'in
sensé considère le seul Être véritable comme n'ayant jamais existé
en aucune façon ! C'est de la même façon, en effet, que nous
savons que le société monacale est au-dessus des Lettres. L'Apos
tat, tout au contraire, a cru que la société chrétienne était privée
de raison et c'est pour cette raison qu'il la considéra comme étran
gère aux Lettres. Cet homme, qui croit tout savoir, ne l'a pas
compris : il fait tomber sous la même condamnation les hommes
qui ont élevé le christianisme au-dessus de toutes les autres
valeurs, et ceux qui ont préféré le dévaloriser complètement ;
il pense que les gens pieux méritent qu'on les ait en horreur
comme les plus impies, parce qu'ils déclarent rechercher, plus
que toute autre chose, l'assiduité dans la prière à Dieu.

La voie monacale. 34. — Même si le Seigneur, dit-il, n'a


pas prescrit dans les Évangiles l'élude
des Lettres, il ne l'a pas interdite. Et pourquoi dit-il alors : Soyez
prudents comme des serpents et simples comme des colombes * ?

1 Expression empruntée au même Grégoire de Nazianzc, Hom., XXIII, n


(PG, XXXVI, 509 A). Dans sa première lettre à Palamas, Barlaam l'avait traité
iVàiiaOr/i nai àirai&tvToç (édit. ScHIRÔ, p. 243).
» Ps., XIII (XIV), 1.
• Cfr De div. nomin., V, 4 (PG, III, 817 D).
* Matth., X, 16.
TRIADE II, 1, 33-34 291

33. 'ylAAà yàp fiera ràs àvTi<f>6eyyofiévas , <î>s ô <f>iX6o~o-


<f>os oierai, ravras frqaeis, « otcaiovs Kal àvaiSetirovs »
ôvofidoas rffiâs, Kal t<3 'IovXiavû» avvrdTreiv ov irapaneÎTai
Kal fn.oeîo~9ai 8iKaiov eïvai fié <f>7]<nv « <Lç àTTOOTepovvra tô>v
» Xôyœv tovs fiova^ovs, KaOdirep eKcîvos Kal tovs iv Koafioj 5
» xpwTiavovs ». "Qcmep âv et tiî aKovaas tov ifjaXp,a>8ov
Xéyovros « elnev ojfypwv, ovk êari Qeôs », tov è£ 'Apelov
irdyov 6eo<j>àvropa t<3 â<f>povi 8eîv oïerat (wuraTreiv tovto>,
Xéyovra vepl 0eov ws « ovre fy, ovre ecrriv, ovre eorai »,
Twv à<f>p6vojv à<f>povéoraTos avroç u>v Kal firj awels ro 10
rrjs 8ta<f>opâs VTrepf3dXXov ojs 6 fièv âyu>s xnrèp rà ovra ytvtocr-
kcl Kal ôeoXoyeî tov Qeôv, 17 8è tov â<f>povos Kap8ia iv toîs
fir)8afirj firf8afiû>s riderai ro fiôvov ovtùjs ôv. Tov avrov
yàp TpoTTov rjfieîs fièv vrrèp \6yov lofiev ovaav rr\v Karà
fiova)(ovs rroXireiav . '0 8' diroordrrjs iKeîvos, dXoyov 010- 15
fievos tt)v Karà ^pLOTiavovs , Stà rovr dveîpye rcùv Xoyatv,
S firj 8vvT]0els OT)vi8eîv 6 rrdvr iiriaraodaL 8okô>v ofiroç,
rfjs aùrfjs evOvvrjs à£ioî tovs Tifiijs Trdo-qs vrrepriQivTas
rà xpioriavâJv toîs drifid^eiv iorapaXiora rrpo rjpTjfiévois,
Kal fiioeîaQai 8iKaiovs etvai toîs dae^eardrois iÇloov tovs 2°
evoefieîs , 8l6ti iravros ovrivooovv fiôiXXov irepioTTov8ao~rov
àiTOfpalvovTai, ttjv irpos @eov iv Trpooev)(fj irpoae8peîav.

34. « Kdv o Kvpiôs » <pr)oiv « ovk iiréraÇev iv evayyeXlois


» ttjv irepl Xôyovs OTTov8rjv, àÀÀ' ov8è iKcoXvoe ». Ti ovv orav
Xéyrf " « riveoOe <f>p6vipoi, <I>s ol 6<f>eis Kal àxépaioL, â>s al 25
» Trepiorepal » ,' Ov 8iaipeî Kal drroXap^dvei rrjs e£io oo<f>ias
to xprr\aifiov Kal Tjj aTiXôr^Ti tov ivayyeXiov ovfip.iywaiv,

CVSL

4 hiKaiov tirai fié : pé BtKtuov ttvai L II 26 <ro<f>!is '• 4>iXo<jotf>ias XS.


Zi)Z GRÉGOIRE PALAMAS

Ne sépare-t-il pas pour l'isoler ce qu'il y a d'utile dans la sagesse


profane et ne l'associe-t-il pas à la simplicité de l'Évangile ?
Et ne le disons-nous pas dans nos traités, pour nous faire insulter
par toi aujourd'hui ? ' Pourquoi dit-il encore : Je vous donnerai
une parole et une sagesse, à laquelle personne ne pourra s'opposer2
et Lorsque viendra le l'araclet, il vous enseignera toute la vérité 3 ?
N'a-t-il pas promis une sagesse plus divine que celle qui, par
nature, est toujours objet de contradiction, pour laquelle tu
combats et que tu exaltes plus haut (pie ce que l'on peut ima
giner ? Qu'ont-ils donc fait, les amants de cette sagesse divine,
avant de l'atteindre dans la pureté ? Ont-ils fait le tour du monde
à chercher tous ceux qui se flattent de savoir quelque chose, les
Hellènes, les Égyptiens, les Chaldéens, pour apprendre auprès
d'eux et dans leurs écrits, pour ramasser de partout les richesses de
l'esprit ? Toi-même tu nous l'enseignes et tu dis textuellement :
La connaissance des êtres ne vient pas seulement de l'observation des
commandements et de l'impassibilité et // n'est pas possible d'être
saint, si l'on ne possède la connaissance des êtres et si l'on ne s'est
purifié de celte ignorance. Ont-ils donc fait le tour du monde pour
ramasser de partout les richesses de l'esprit, comme tu nous
l'enseignes, ou bien, comme il est écrit, ils étaient constamment
dans le temple, persévérant dans la prière et la supplication *,
préfigurant et réalisant saintement dans la pratique cette vie des
moines, vraiment supérieure et sacrée ? Car nous avons la pro
messe, si nous suivons cette vie-là, de surpasser la société saciée
qui suit la voie moyenne 5 ; nous nous détachons de toute distinc
tion, de toute vie, de toute imagination, pour nous élever, à la
façon des moines véritables, en observant les commandements
unifiants, vers l'unique Ihéosophie, supérieure à toute philosophie,
et pour trouver un saint accomplissement dans la Monade très
Sainte*. Car nous devenons vraiment un dans l'unique Monade

1 Cfr Tr. 1, I, ii, 17, !<j, io-i\.


» Luc, XXI, 15.
» Cfr Jkan, XIV, 2b.
* Actes, I, 14.
* C'est -à-dire les chrétiens qui vivent dans le monde. Cfr I's.-Denys, De écoles,
hier.. VI, 3 (I'G, III, 536 B).
* Cette élymologie de /xoi-axoç est courante dans les écrits spirituels. Elle se
trouve aussi chez le I's.-Denys, De eccles. hier., VI, 3 (PG, III, 533 A), auquel
TRIADE II, 1, 34 293

ôVep iv toîs Xôyots iKelvois xal r)p,€Îs Xéyop,ev, ol vapd aov


Si' aùrô rovro vvv vf$pi£,6p.evot. ,' TI 8* ôrav aS6is Xéyrf '
« 'Eyw Xôyov xal ao<f>iav vp.îv Sioaco, fj ovSels àvriorrjvai.
» 8vvfjaerat, » Kal « ôrav eXdrj ô IJapdKXrjros , €K€Îvos vp.âs
» SiSa^ci irâaav rr)v àXfjdeiav » ; *Ap' où ao<f>îav || eTrqyyei- 5 I '• ,5«»
Àa/ro deiorépav Kal rav-rqs rijs àel àvriXiyeadai 7re<f>VKvias ,
■fjv avros virepp.axô)v iÇvpveîs xmepripav ov8' ocrov eliTiîv ;
Ti oiïv €Trolr)oav ol rrjs oo<f>ias ipaoral ravrrjs, rrplv iKeivqs
Kadapûts tv)(€Îv ; *Apa irepirjeoav Çrjrovvres et ris iirayyéX-
Xeral ti ctScvai, "EXXtjv r) AlyvTrrios r) XaX8aîos, ùjs >°
rrapà toutou Kal râ>v toutou avyypap,p.driov p.avddvet.v
kcÙ 7Tavrax6d€v avXXéyeiv ro <f>poveîv, <Lç avros r)p.âs
c/cStSaCT/cei? Xéywv irrl XéÇeœs ovrws ' « Ovk ck rrjs râ>v ivro-
» Xwv <f>vXaKTJs, où8' c£ àrradelas p.6vrjs tÔ eîSeVat Ta ovra
» 7repiytverai » Kai « oùV eariv dyiov cîvai. /177 ttjv yvtùo'iv 15
» etXr]<poTa twv ovtidv Kal rrjs àyvoîas ravrr]s KCKaOapp.é-
» vov » / *Ap' ovv Treptrjeuav , navraxôdev ro <f>pov€Îv avXXé-
yovres, <Ls avros f)p.âs e/cStSao/cets', r) r)aav, Karà to ye-
ypap.p.évov, 8ià navras « iv râ> lepœ, TTpooKaprepovvres rfj
» TTpoo-€V)(fj Kal rfj Serjcrei » Kal TrpovTToypâ<j>ovr€s Kal 10
■npaKTiKWS Upoypa<f>ovvres rrjv Karà p-ova^ovs ravrrjv ôvrcus
VTT€pavcpKLap,evrjv Kal iravlepov t,a>rjv, Ka0' fjv rrjv iv p.ea6rrj-
Tt p.ev ovaav upàv iroXirelav VTrepavafifjvai i7rayyeXXop.eda,
naarj 8k oiacperfj Kal £a> 77 Kal <f>avraola àiiorarr6p.e.Qa Kal
npos rrjv Traorjs <j)iXooo<f)ias vifjrjXorépav eviaiav 9eooo<f>îav *5
Sia tcùv ivoTTOiôJv ivroXcôv ôvrws p-ovaariKws àvayép,e9a Kal
els lepuirdrrjv lepovpyiKws T€Xeoiovpyovp.e9a p.ovdSa ; 'Evàs
yàp iv àXrjOeîa yivôp-eQa iv rfj -ndvrtov V7re£r)pr]p.ivn Kal
p-ôvr/ irdvrojv àirepivorfrcos rpiaviroordrip p.ovdSi, Karà rr)v
xnrèp rjp.âiv €V^T]v Kai p.variKrjv ip.(f>dveiav Kal awepyiav 30
toû 81' r)p.âs rfj Kad' r)p.âs Koivatvrjoavros 8ua8t Kal rrjs
oi/ccta? à-TTopprjrws p.r) diro<f)oirr}aavros p.ovd8os, KaQ* vnep-
ovoiov iavrov 8vvap.1v dveK^oirrjrov.

CVSL
294 GRÉGOIRE PALAMAS

incompréhensiblement trihypostatique et transcendante à toute


chose, en accomplissement de la prière adressée pour nous 1, de
l'apparition mystique et de la collaboration de Celui qui, pour
notre bien, a communié à notre dualité, sans abandonner mysté
rieusement sa propre unicité, dans son indivisible et suressentielle
puissance.

Évangile et vie 35. — Faisons-nous donc une chose


monastique. insensée, ô toi qui aimes tant les Lettres, si
nous pensons que l'homme qui recherche
le retour unifiant de l'esprit sur lui-même, conformément à la
promesse, et qui abandonne l'étude des sciences multiformes,
se trouve au-dessus des notions divisibles et inconstantes de ces
sciences, au-dessus des concepts sensibles et des connaissances
qui ont leur origine dans les sens 2 ? Comment l'homme intérieur
deviendrait-il moine, en conformité avec l'unique vie supérieure,
s'il ne transcende le monde créé et toutes les études humaines,
si, de toutes ses forces, il ne tend pas vers Dieu, d'une façon
unique et « monacale »? Le rejet du monde, symbolisé lorsque
l'on coupe d'une façon circulaire les cheveux du moine, l'apprend
à ceux qui sont capables d'entendre 8. Et, peut-être, le fait que
l'on ne montait pas par des marches au divin autel, qu'on le
construisait avec des pierres non taillées, sur lesquelles aucun
instrument n'avait frappé 4, faisait-il allusion à ce que la nature
toute nue de l'esprit doit être elle-même la maison de la prière,
sans être touchée par les diverses finesses et méthodes humaines.
Mais le Seigneur n'a pas expressément interdit les études litté
raires ! Mais il n'a pas interdit non plus le mariage, la consomma
tion de la viande et la cohabitation avec des gens mariés. Donc,
si nous demandons aux moines de s'en abstenir 6, quelqu'un pourra

Palamas emprunte toute la terminologie de ce paragraphe (voir R. RoguES,


L'Univers dionysien, p. 187-191).
1 Jean, XVII, 23.
• Cfr Ps.-Denys, De div. nomin., IV, 9 (ibid., 705 A).
• La tonsure monacale était pratiquée en Orient au XIV» siècle, comme elle
l'était au temps de Denys, cfr De eccles. hier., VI, 3 (PG, III, 536 A).
« Cfr Exode, XX, 25-26.
• Le droit canon byzantin interdit au moine de passer la nuit en dehors de son
monastère (canon 46 du concile in Trullo).
TRIADE II, 1, 35 295

35. Ti ovv âroTTOV not.ovp.ev, <L <f>iXoXoya>TaTe, el tov


irpos tt]V èvoeiSrj awéXtÇtv tov vov Karà tt\v è-rrayyeXiav
€TT€i.y6fi€vov, à<j>ép,evov tt\s ko/tcl to. -noXveihrj na.d-qfia.Ta
p,eXérr]s, vTTepfOjvat. à£iovp.ev tÙç év tovtols fiepioTas Kal
/i.€Taj3aTncàs votjO€ls koX tovs alo-07)Tovs Xôyovs «al ràç ££ 5
alaO-qoecDS èxovaas yvœaeis tt)v àpxrfv ; liais o' âv ô eoœ
avdpwTTOS KaraoTairq p.ova)(os Karà. Xôyov ttjs vnepK€i.p.évrjs
emalas £o»t}s, el ut) tov €ttIktt]tov Koopxtv tmepava^aiq ko!
irdaas ràs àvdpaiTriKàs p.aOrjaeis Kal iviaiœs ko! p,ovaxû>S
7rpos tov Oeov àvareLvei. avvrôvcoç êavrôv, 5 Kal o Ttjs Ke<J>aXrjs 10
€K Tpixwv Koap,os nepiatpovp.evos toîs èirateiv luavoîs avp.-
fioXiKws €K8i8âaK€i. ; Ta^a 8è Kal to ut/ àvafiadp.ioiv || | f- 153»'
àvafialveiv cm to deîov OvoiaoTqpiov Kal to Xldois tovto
ktIÇciv àruT/Tois-, è(f>' ois èyxeiplSiov ovk €irif}éfiXr)Tai, tovt
alviTTOfievov fy a»? avrrjv XPV yvpvrfv rf/v tov vov <f>vow 15
oÎkov eîvai Trpooevxfjs , irepivolais TravToiais Kal àvdpojTrlvais
p,e068ot,s àve-mxe^PVTOV ' *AXX' 6 Kvpios ov prfTÛs àireîptje
TTjv nept Aoyovs ottovoj]v , AAA ovoe tov yafiov, ovoe to
Kpetôv ànéxeoOai, ov8è to fiera tôjv iv ov^vyiq. £aJvTO)»'
ovvotKeîv. El yovv r/peîs Tavra tovtovs àrTanovpev , KUTTjyo- 20
p-qoei tiç rifiâjv Xéywv Karâ cre, tov -navra arpé^eiv hoKovvTa
Tais TÛiv Xôyœv OTpo(f>aîs, a»ç oi>8èv Îjttov, è-nel ovk €ku>Xv-
aev, éxeoBai Set t} ànéxeodaL, eiret ovk enerpeiftev ; Ovp.evow,
el ut) KaT7]yoprjp,évos avràs iOéXei SiKalcDS eîvai' 7roAAà yàp
tôjv aKaTaKpiToJS èvepyovp.eva>v tô> xPLO"ra)VVfJL<i) TrXrjpa>p,aTi, 25
TpÔTtUi Ttavrl toîs uova^oîç ovk e^eîrat 8tà to rrjs noXiTelas

CVSL
I âroirov '. âbiKOv C [ 2 ovvcWtfiv CVS.
296 GRÉGOIRE PALAMAS

nous blâmer et dire, comme tu le fais en retournant tout par des


finesses verbales, que cependant, puisque le Seigneur ne les a
pas interdites, il faut continuer à pratiquer ces choses ; ou bien
faut-il s'en abstenir, puisqu'il n'a pas ordonné de les pratiquer ?
Non, il ne pourra nous blâmer, à moins de vouloir recueillir lui-
même un juste blâme. Car de nombreuses choses sont pratiquées
par l'ensemble des chrétiens, sans qu'ils encourent condamnation,
tout en étant strictement interdites aux moines 1, à cause de
leur genre de vie particulier. Certains Pères les empêchent même
de prendre des bains pour leur santé et ne leur permettent pas de
recourir aux soins médicaux lorsqu'ils sont malades, puisque tout
entiers ils sont dédiés à Dieu, qu'ils en dépendent entièrement et
que Dieu leur donne indubitablement ce qu'ils attendent de lui
pour leur bien. Cependant, ils ne considèrent pas comme des gens
abominables ceux qui n'arrivent pas à posséder une foi suffisam
ment grande, bien que Dieu, à plusieurs reprises, ait témoigné en
faveur de ces conseils par des miracles extraordinaires. Mais par
fois ils condescendent même paternellement jusqu'à notre humili
té : c'est ainsi qu'on pourrait découvrir qu'ils agissent et parlent
dans le domaine de l'éducation littéraire. Comment as-tu osé, ô
moine et philosophe, mettre à côté du traître et de l'Apostat 2 ce
lui qui agit et parle en accord avec les Pères ? Julien a tenté de dé
montrer que les chrétiens étaient étrangers aux Lettres, parce
qu'indignes, tandis que moi je ne veux même pas en priver les
moines. Ceux qui veulent bien s'en soucier, peuvent, en effet,
avant d'embrasser le genre de vie des moines, consacrer leur temps
à l'acquisition de toutes sortes de connaissances littéraires. Je ne
les considère donc pas comme étrangers aux Lettres, mais je les
invite à se consacrer au Bien qui transcende toute parole, puis
qu'ils ont promis de le rechercher ; je ne fais donc pas subir une
privation en faisant abandonner les Lettres à ceux qui ont la bon
ne fortune de suivre ce conseil, mais je les enrichis. L'assiduité
dans la prière à Dieu est, en effet, infiniment supérieure à la prati
que des Lettres.

1 L'idée et les termes sont du Ps.-Denys, De eccles. Mer., VI, 3 (PG, III, 533 D).
* Julien, cfr. supra, § 33.
TRIADE II, 1, 35 297

i£r]XXayp.€vov. Elal 8' oî tô>v Trarépcov kcli Xovrpœv depanelas


àireipyovai. Kal voaovaiv avroîs raîs èÇ laTpiKTJs XPV<J^a1, Por]~
dtlais ovk (.TTiTpÎTTovaw, <bs ôXovs àvaK€ip.évovs &ew Kal to
7râv i£r)pT7)p.évovs ixeîdev Kal to avvoîaov àvevhotdoTws
irpooo'ÔKip.ov deâdev e^ovraç. Ov p.rp> tovs ju?) npos to p.érpov 5
tovto ttjs 7rioTC6os <f>6dvovras àiroTpoTTaiovs •qyovvrai, Kaîrot
tov Qeov iroXXa.Kis 8i' è^aiolwv 6avp.â.TO}v im.p.aprvprfo'avTos
€Keivr) Tjj yvu>p.T). IlaTptKws 8' €<i9' ôVe Kal ovyKaTaflaLvovot.
rots Ta7T€i.voîs r)p.îv ' tovto 8rj Kal TTepI rrçv tov Xôyov TTaiSeCav
evpoi tiç S.v Kal ■jtoiovvto.s Kal Xéyovras . Ilws oSv tov Taùrà 10
toîs irarpâcn Kal iroiovvTa Kal Xéyovra rôt 7rapa/3dTr) Kal
àiroaraTr) avvrdTTeiv vTrep.ei.vas, o /iova^à? Kal <f>iXôoo<f>os ,'
'EkcIvos xPiarL0LVO^s > ws àvaÇlovs, tû>v Xôyœv aTroarcptîv
€7T€X€iprjaev, iyà) 8' ovk àiroorepeîv p,ova^ovç. 'Ikovos yàp
6 -npô tov ttjv TroXiTeiav Tavnjv vrrcXdeîv %pôvos Trpôs Xôyov 15
KTrjaiv Ttavrolav toîs ov padvp.ois. Ovr ovv aTrooTepG),
Kal vapaKaXâ) irpos to îmkp Xôyov àyadôv, œs iTrayyciXa-
p.évovs npos tovto airevSeiv, ovk iXXenrTiKwç, àXX' virepo-
Xikws i£dy(ov twv Xôyœv tovs p.aKapiOTÔ>s iirop.évovs ' ttjs
yàp nepl Xôyovs Tpt.flr\s Kad' VTTep^oXrjv vifnjXorépa iarlv 20
•q irpos Oeov iv TTpooevxfj irpooeSpela.

CVSL
7 îiTLuapTvpioavTos L | 18 c'AeiirriKÛ; V (K\cnrTtKÛ>s S.
298 GRÉGOIRE PALAMAS

Erreurs 36. — Quant à toi, nous affirmons que


de Barlaam. tu contredis les Pères et toute l'Église
de Dieu. Comment en effet peut-on faillir
à la vérité dans une telle matière ? Ta pensée est donc contraire
à celle des Pères, non pas dans les suggestions que tu exposes dans
tes traités, mais parce que tu affirmes que les commandements
évangéliques ne suffisent pas pour purifier parfaitement l'âme
de celui qui les observe et que l'impassibilité ne communique pas
à celui qui la possède la connaissance initiatrice et salvatrice ;
parce que tu dis qu'il est impossible de rejeter l'ignorance et les
opinions fausses sans les sciences et les recherches qui y ont trait,
et que ce rejet est une condition pour acquérir la perfection et
la sainteté ; parce que tu dis que l'éducation hellénique est un
don de Dieu, aussi bien que les grâces accordées par révélation
aux prophètes et aux apôtres 1 ; cette éducation et ces grâces,
une fois accordées, seraient d'après toi saisies par le raisonne
ment humain ; l'omniscience qui, nous le savons, appartient à
Dieu seul, serait la perfection qui convient à l'homme 2. Quant
à l'Écriture sacrée, malgré les citations que tu intercales
dans tes traités et bien que tu paraisses mener de grands
combats pour sa défense, même elle, tu ne la considères pas comme
pouvant donner une purification parfaite à l'âme ; car alors, tu
n'imposerais pas à celui qui ambitionne la purification la néces
sité de rechercher les prétendues connaissances de ceux qui n'ont
même pas la vraie foi. C'est donc par ruse, pour tromper les plus
simples, que tu te sers confusément de l'Écriture dans tes traités
pour la défense des études. Puisque tu contredis ouvertement
ceux qui affirment la nécessité d'observer les commandements
divins, dans la mesure où ils communiquent l'impassibilité, la
purification salvatrice et la connaissance, et puisque, d'autre
part, ces commandements comportent l'examen des Écritures,
il en résulte que ceux qui nous exhortent à observer les commande
ments, nous exhortent aussi nécessairement à une lecture tenace
des Écritures, alors que toi, tu ne les considères pas comme
pouvant donner la purification à l'âme ! N'est-ce donc pas sim-

1 Voir le texte de Barlaam cité plus haut (§ 4).


1 Le texte de Barlaam que paraphrase ici Palamas est intégralement cité plus
bas, au § 37.
TRIADE II, 1, 36 299

36. 2Jè 8' rjfieîs àvriXeyeiv toîs narpaai <f>ap.èv Kal Trdajj
tjj 'EicKXrjola tov 0eov. IJœs yàp dv ris iv toîs toiovtois
virocrraXelr) <f>dvai TdXrjOés ,' Si) toiwv ràVaima toîs irarpacri
<j>poveîs, ovk i<f>' ois /i€Ta£ù T<ôv Xoyutv i£ vrrovoias /care-
XeÇas, àAA' oti rà? evayyeXiKàs evroXàs ov\ iKavàs elvai 5
Xéyeis TeÀeicoj Kaddpat tt)v *jtvxhv T°^ Ta^TaS TTjprjaavros,
ovb" i£ àrradelas Trjv TeXeaTiKÎ)v |] kclI crarrrjpiov yvwoiv | f. 153"
Treptylveodai tô> Tavrrjv KTrjoapiévw, ovb" èvov dyvoias kclI
ipev8œv àTraXXayijvai 8o£aap.dT<ov aveu p.adr]p.dTojv ko! rfjs
Ka/r* aura p.eXéT7)s, ov8è TeXetOTTjTos re /cat ayiorqTos em- 10
Tv%eîv rov pvfj àTTaXXayévra tovtwv, koI ttjv iXXrjviKr)v
rraiSeiav ôfioîios elvat 8<ôpov Oeov toîs 81 dTroKaXvtf/eœs
irpo<$>r\Ta.is koX dirooToXoLS 8e8op.évois, Kal ôp,oiœs ravrd re
KdKelvr)v àvdpamîvois Xoyiop.oîs p-erà to 8e86o8ai /cara-
Xap.fidveoOai, Kal to -navra el8évai, S Oeov p.6vov Xap,ev, 15
« TTpoarjKovoav dv0puma> TeXei6-n)Ta » elvai. Triv Upàv 8è
Tpa<\>r\v , ei Kac avap.tyvvet.s toîs XôyoLS /cai 7roAAà 8okcîs
VTrepaycovlÇeodai ravrqs, àAA' ov8* avrrjv oïei TeXeiav
erràyeiv tjj ipv^fj KaQapaw ' ov8è yàp dv elorjyes to 8eîv
ÇrjTeîv p.avddveiv, 6? tIs ti èirayyéXXeTai el8evai, Kav p.7) 20
evoe^r/s "$, tov Kaddpaeœs i^iéfievov. AôXœ TOiyapovv Tavnjv
ovp.irX€K€is toîs înrèp tû>v p,a6rjfidTtov aov Xôyoïs els èÇairdTTjv
tGïv dirXovaripoiv . 'Eirel 8è toîs loxvpiÇop.ê'vois 8eîv ràs
deias èvroXàs rrjpeîv, œs diradeias Kal owrqpuiv Kaddp-
aeiôs re Kal yvœaecos TTa.pzKTiK.ds, ai) aa<f>â>s dvriXéyei.s, twv 25
ivToXwv 84 coti Kal to Tas rpa<f>às ipcvvâv, ol pÀv npos tt)v
tcùv ivToXâjv TTjprjoiv TTpoTpéTTOvres Karà trâaav dvdyKTjv
Kal irpos ttjv €TTip.ovov avdyvwmv TÔ)V rpafiœv TrpoTpéTrovTai,
o~ù 8è ov8è rauTa? oiet 8i86vai Tjj iftvxfj tt)v KdOapauv. Ovkovv
8éXeap €K€Îvo to ovvdyeiv els êv tt)v Oeîav Jpa^v Kal Ta 30
Karà <f>tXooo<f>lav p.adrjp.aTa ; To 8è Kal els êv réXos dyecv
dp,<f>ÔTepa tov p.eri6vTa Xéyeiv, ov 86Xos p.6vov, dXXà Kal
o~a<f>r)s àvrldeois Trpos avTr)v tt)»' lepàv Kal deiav rpa<f>r]v.
Ov8éva yàp eKelvrj « twv p,aKpœv <l)8lv(ov ê8cuKe Kaprrôv,

CVSL
300 GRÉGOIRE PALAMAS

plement un moyen de séduire les gens, cette façon de confondre


la divine Écriture et les études philosophiques ?
Dire, par ailleurs, que l'Écriture et les études conduisent à
un même but celui qui les recherche, ce n'est pas seulement une
ruse, mais une opposition évidente à la sainte et divine Écriture
elle-même. La philosophie, en effet, n'a produit aucun fruit après
ses longs enfantements: ses fruits sont inféconds, des enfants
nés avant terme * ; ils n'arrivent pas à la lumière de la connaissance
de Dieu, bien qu'ils aient rejeté, grâce à la lumière des sciences,
ce qui, d'après toi, constitue par excellence les ténèbres de l'âme :
l'ignorance intellectuelle. Comment, si l'on suit ce critère, la
plupart des saints ne seraient-ils pas pleins de ténèbres et d'im
perfection : tous ceux, en général, qui n'ont pas acquis de science
hellénique et, parmi ceux qui l'ont acquise, ceux qui fixent le
monde comme une tente, ceux qui établissent le ciel comme une
voûte, ceux qui voient l'origine du soleil dans les parties septen
trionales de la terre, d'où il se lève, ceux qui croient que la voûte
céleste est creuse pour recevoir les eaux 2 et ceux qui possèdent
eux-mêmes, en entreprenant de convaincre les autres, ce que tu
appelles l'ignorance intellectuelle qui, d'après toi, constitue par
excellence les ténèbres de l'âme ?

Citation 37. — Mais pour que l'on ne croie pas


de Barlaam. que nous énumérons ici arbitrairement
les opinions de cet homme, nous produi
sons les propres paroles qu'il a prononcées, en les comparant à
celles d'un ou de deux saints, qu'il contredit manifestement. Les
hommes sensés savent parfaitement que tous les saints ne sont
qu'une bouche, mus par un seul Esprit : mais nous ne produirons
que celles d'entre leurs expressions qui sont en accord manifeste
entre elles. Voici donc une exacte citation de ce moine-philo
sophe : Par l'observation des commandements, l'impassibilité
seule devient à peine un objet d'amour; mais il ne suffit pas simple

1 S. Grégoire de Nysse, De vita Moysis, II, 1 1 (PG, XXIV, 329 B ; édit.


Daniélou, Paris, 1955, p. 34).
* C'est-à-dire ceux qui tiennent au système astronomique généralement admis
avant Ptolémée. Barlaam avait publié des travaux d'astronomie inspirés de
Ptolémée (cfr supra, § 20, p. 266, note 3).
TRIADE II, 1, 36-37 301

» àÀÀà irdvres \mr\véfj.iol Te Kal aTeXeo<f>6py]Toi », npos to


<f>â>s ttjs Oeoyva)o~ias où <f>ddvovres , Kalroi to Karà crè fid-
Xiora ukotos rfjç if*v)(rjs Sià tov <f>a)TOS tujv fj.adrjfj.dTwv
aTrofiaXXôfievoi, tt)v Karà Siddeaiv dyvoiav. IJâ>s Se Kal tûjv
àyuov ovk iaKOTiafiévoc Kal dreXeîs ot irXeîoToi, Karà tov- 5
tovs tovs Xôyovs ', 01 fièv éXXrjviKrjç 7ratSetaç ovk èireiX-qfifj,é-
voi, ovWrjfihrfv diravres, tûv Se fieTeo^rjKOTwv ttjs eKeîOev
TraiSeîas, ol Koofiov fièv œç OKrjvrjv irr\yvvvTes, ovpavov
Se œael Kafidpav lardvres, rjXtov Se àiro tôjv flopeuov fiepwv
ttjs yrjs èiravdyovres, Sdev àvlo^a, KolXa 8è rà ovpdvia 10
vœra irpos VTToSoxfiv v&drwv SoÇdÇovres Kal tt)v icarà Sia-
deotv <Ls avros Xéyeis dyvotav, to fidXtara Karà aè okotos || I f- I54r
Tf\s *l*VX?iS, O.VTOI T€ K€KTrfflévOl KO.I TOVS dXXoVS ITCtdciV
€7TlX«pOÛVT6S' ',

37. "Iva 8è fir) 8d£a>fiev d<f>' èavrwv ràs tov dvSpos ev-
TavOoî KaraXéyeiv 8o£aç, aiVràç ixeûvov ràs prjoeiç npo-
dcofieda Kal tôjv ayiwv evos r/ Svo irapadatfieda irpos ovs 15
aa<f>â>s àvrufrOéyyCTai ' Trdvrcos Se ovk dSrjXov toîs ev <f>po-
vovow Sri navres êv eicri ^eîAo? vtto tov evos Kt.vovp.evoi
JJvevfiaTos ' eKeivas 8' ôficos r)fieîs Trpodrjoofiev aï Kal -rffv
6fj.oXoylav è7TtSrjXov ëÇovoi. ^hjalv ovv 6 fiova^os Kal <f>iX6-
cro<f>os ovWos èirl Xé^ews oûVcuç ' «Aux. rfjs tôjv èvroXœv <f>vXa- 20
» ktjs dyaTTrjTov et /cai fiôyis arradeia irepi.yevoi.TO fj,ov7) '
» ovk àpxeï Se fiôvov tûjv iraOwv Kadrjpaadai irpos to ttjv
» àXrjdeiav KariSeîv ' r) ydp dirdBeia tt\v /carà SidQeaw
» dyvoiav ov deparrevei ttjs fax^s OVK "" °^v ô<j>eXos avTrf

CVSL

19 tÇovotv C.
302 GRÉGOIRE PALAMAS

ment de se purifier des passions pour contempler la vérité, car


l'impassibilité ne guérit pas l'âme de l'ignorance intellectuelle;
elle ne peut donc être utile à l'âme pour contempler les choses intel
ligibles, si l'âme demeure dans l'ignorance intellectuelle qui cons
titue par excellence les ténèbres de l'âme; le philosophe doit donc
chercher toute sa vie à purifier son âme des passions et des opinions
fausses, en invoquant le soutien d'en haut pour ces deux purifica
tions, lorsqu'il agit lui-même comme il convient pour atteindre le but.
Il désirera donc étudier toute sa vie et être en relations avec tous ceux
qui prétendent savoir quelque chose; il lui sera indifférent, en effet,
de savoir qui sera son maître, pourvu qu'il le rapproche de la connais
sance, car celui-là parvient à la perfection convenable aux hommes,
qui a ajusté son intelligence à la vérité universelle, dans une union
stable.

Les principaux 38. — Il a dit cela et des choses pires


commandements. encore, ça et là dans son ouvrage Sur la
perfection humaine et l'acquisition de la
sagesse K Nous avons donc besoin,' dit-il, de deux purifications
de l'âme : celle des passions et celle de l'ignorance intellectuelle.
Il dit aussi que l'observation des commandements ne donne que
la seule purification des passions ; et encore, comme il le dit
lui-même, il consent à peine à ce que les commandements de
Dieu y suffisent. Quant à la purification de l'ignorance, il dit que
c'est l'étude qui la donne, l'étude qui n'est pas celle des divines
Écritures, car l'étude des divines Écritures est comprise dans
l'observation des commandements. Cependant, s'il avait parlé
de cette étude-là, il n'aurait pas tort, puisque le grand Maxime
parle en termes similaires au sujet de la pratique de la vertu 2,
en la distinguant des dogmes divins, et nous-mêmes nous disons
parfois que l'âme est purifiée des passions par les divins comman
dements, alors que la prière pure écarte toute connaissance par
la surabondance de connaissance qu'elle produit 3. On parle
ainsi de ces choses, parce qu'elles sont les principales, comme

1 Titre probable d'une partie de l'ouvrage de Barlaam contre les hésychastes.


• Cfr Opusc. theol. et polem. (PG, XCI, 12 A).
' Thème fréquemment repris dans la Première Triade (cfr notamment Tr. I, 1,
20).
TRIADE II, 1, 37-38 303

» yévono rrj ifrvx '"'pos to rà vo-qrà KariSeîv, p.€vovo~qç ev


» avrfj ttjç Karà oidOeoiv àyvoiaç, îj fj.dXurra iravriov ukotoç
» ècrrl ttjç *fn>XVs ' û>ore rV <f>iXooo<f>ovvri eTTip.eXeîo9ai 8ià
» fiiov TTpoarjKci, ottojç Kal tûv tradûv Kal tôxv tf/€v8û>v
» 8o£wv rrjv èavrov Kadapieî ifivxtfv, Kal tt\v avcuOev p.ev 5
» àvriXrjifiiv rrpoç àp.<f>oTepaç ràç KaBdpaetç iiri.KaXovp.evov,
» rrpâ.TTovri. 8è Kal aurai ôaa irpovpyov irpoç to tcXoç xrnap-
» Xei. Ovkovv 8ià fiiov p.avddveiv ^ovX^o-erai Kal 6p.iXeîv
» irâoiv oaoi el8évai ti èirayyéXXovTai. OvSèv yàp aurai
» oioiaei ris ô StSaaxaH', av p.6vov irpoç yvœotv aurai avp.- 1°
» pdXXrjrai. " ofiros yâp eariv ô rfjs irpoo-rjKovoTjç àvdpwnoiç
» TeXeiôrqroç iirqfHoXos, <3ç ttj 8ià Trdvrœv àÀrjOeiq. tov
» èavrov èvf\pp.oae vovv Kad* êvwcrtv p.6vip,ov ».

38. Tavra Kal irXeiœ tovtwv roiavra ev re rœ IJepl re-


XeiôrrjTOS àv9pa>irivr]s Kal o-o<f>iaç KTrjoecoç amopdSrjv 15
elpiJKet. Avo Toivvv (f>r)cri Kaddpaetov rrjv i^v^v rjpojv SeîaOai,
rfjç twv iradwv Kal ttjç Karà Siddeoiv àyvoiaç, Kal ttjv pèv
Kadapoiv fxovrfv tô>v iradœv ttjv TT}prjot.v tô>v ivroXcùv irapé-
Xetv <f>r)oi, Kal TavTtjv « pôycs », wç atiToç Ae'yet, Taîç ivro-
Xaîç tov Oeov avyxtopeî, ttjv 8è ttjç àyvoiaç SiSorai Xéyet. 20
ttjv padrjaiv, ov tûjv Oeliov rpa<f>â)v, rj yàp tovtcov pdOrjaLÇ
èp.TT€pieiXrjTTTai. rfj rœv ivroXœv rrjpyjoei. "Opioç et Tavrqv
eXeyev, oùSèv aV eViy/coAou'^et jSXàpoç, eVet Kal 6 p.éyaç
MdÇijxoç Xeyei ti toiovtov ttjv rrjç aperrjç irpâÇw, twv deîœv
8oyp.dTcuv Siaipâjv, Kai rjpeîç eariv ore Xéyopev Sià uèv 25
Ttîiv delwv ivToXœv ttjv tpvx'fjv twv iraOœv KaOalpeaOai, rfj
8è Kaôapâ irpoaevxfj irâoav VTTepo)(iKwç yvùtaiv àTTOTideaBai.
Ta rotaûra 8' ovtoj || XéyeTai Kar' èt;<>X'>']1', <*>ç Kal 6 rrjç | f. 154»
Seo-iTOTLKrjç avaoTao-eajç àyyeXoç êXeye raîç pvpo<f>6paiç '
« Etnare toîç paOrjTaîç avTov Kal tô> ïlérpuy on Trpodyei 30
» vp.âç €iç ttjv raXtXalav ». 'Qç ovv 6 nérpoç tov x°P°v
tûiv p.adrjTÛ)v cotlv, et Kal e'fo^aiç KaXoviLtvoç eKeivaiV Siai-

CVSL

1 iv ont. L |j 15 ktÎocios CVL.


304 GRÉGOIRE PALAMAS

l'ange, lors de la résurrection du Maître, a dit aux Myrophores :


Dites à ses disciples et à Pierre qu'il vous précédera en Galilée 1.
De même que Pierre appartient au chœur des disciples, tout en
se distinguant des autres parce qu'il porte un titre supérieur,
de même la prière et la lecture des Écritures sacrées sont des
commandements de Dieu, tout en se distinguant des autres,
en tant que commandements supérieurs. Mais il n'en est pas
de même des études philosophiques ! Quelle absurdité, si on en
faisait des commandements supérieurs !

Barlaam contre- 39. — Cet homme, pourtant, nous dit


dit Denys. que ce n'est pas l'étude des divines
Écritures qui purifie parfaitement l'âme,
mais celle des sciences helléniques ! C'est pourquoi il ajoute que,
si l'on veut être purifié, on doit rechercher tous ceux qui préten
dent savoir quelque chose ; il lui est indifférent qu'ils vénèrent
Dieu ou non ; celui qui ne possède pas la connaissance des êtres,
déclare-t-il, est impur et imparfait 2 ; tout cela pour montrer que
c'est cette étude-là qui est salvatrice, purificatrice et perfectrice.
Tous les hommes sains d'esprit se rendent compte, je pense, qu'en
parlant ainsi il a une pensée contraire à celle de tous les Pères
et à celle du Dieu des Pères. Nous invoquerons pour eux tous le
témoignage d'un seul : celui de l'Aréopagite, le révélateur de
Dieu, de Denys, avec lequel plus qu'avec quiconque cet homme
plus parfait que les commandements divins se glorifie d'être en
parfait accord 3. Il dit donc dans le premier chapitre de la Hiérar
chie ecclésiastique : L'assimilation et l'unionàDieu, selon l'enseigne
ment des divines Écritures, s'accomplissent uniquement par l'amour
et la sainte pratique des très vénérables commandements *. Peut-on
trouver quelque chose de plus parfait que l'assimilation à Dieu ?
On ne peut certainement ni exprimer, ni concevoir rien de tel.
Et pour mettre cet homme supérieurement parfait d'accord avec
nous sur ce sujet, rappelons ce qu'il a dit, au début de ses écrits

1 Marc, XVI, 7.
* Cfr supra. § 37.
* Barlaam commentait ex cathedra les écrits de Denys (Grégoras, Hist., XIX,
1, édit. Bonn, II, p/923) et le cite très souvent dans ses écrits (voir J. Mbyhndorff,
Un mauvais théologien de l'unité... dans L'Église et les Églises, II, p. 52-56).
4 De eccles. hier., II (et non pas I) (PG, III, 392 A). Cfr supra Tr. I, 1, 4, 23.
TRIADE II, 1, 38-39 305

petTat, tov avrov rpôiTov Kal r) irpoaevyT] Kal r) twv leptàv


rpa<f>cjv àvdyvwais èvroXaî elat Oeov, et Kal /car' è^o^v
eKelvwv Suaipoûvrat, àXX' où^î Kal r) twv Karà <f>iXocro<pLav
p.adr)paTwv àvdXrjtfiis " el 8è Kal è£6x<DS XéyotTo, rfjs àroTrtaç.

39. OSros 8è où ttjv tû>v delwv Tpafywv p.âBr\aa> Kadaipew 5


Xéyet TeXelws ttjv ^svyrpi, àAAà ttjv twv èXXrjviKwv paBrjpd-
rwv ' 816 Kal to 8eîv p,av6dvetv tov KaOapOrjaôpevov, et ris ti
enayyéXXeTai el8évai, kov deooefir)s fj, kov pr\, 7rpocrrî0r)ai,
Kai. aKadaprov àno<f>alv€Tai Kal dreXrj tov pr) rf/v yvwaiv
èayr^KÔra twv ovtwv, ïva 8et£r) awrrjpLw8rj , KaôapTiKrjv 10
T€ Kal TeXeoriKTjv Tavrrfv ovaav tt)v pddr/aiv. "Oti pèv ovv
o raûra Xéywv Tavavria <f>poveî toîs rrarpâai Te -nâai Kal
tû> tô>v 7rarépwv Oew, <f>avepov oîpai -nâaiv elvai toïs ev
<f>povovai.v ' rjp.lv 8è irapeXdeTw pdprvç els péoov xmep àirdv-
to)v 6 ££; 'Apeîov irdyov 9eo<f>dvTwp Aiovvaioç, <L p,dXtora 15
irâvroiv 8ià Trdvrwv 6 TeXewrepos tôjv delwv èvroXwv ovros
av^eZ ovp<j>wveîv. 0r/al yovv èv Ke<f>aXaiw irpwrw rrjs 'EkkXtj-
criaoTiKf)s lepap\ias ' « 'H Trpos Oeov d<f>opoiwois Te koi
f> êvwats, (ôs Ta delà 8i8daKei Xôyia, raîç tcôv oefiaopiwTd-
» t<ov èvroXwv àyaTrrjoeoi Kal lepovpylais p.6vws TeXevrai ». 20
rAp' êoriv evpeîv rrjs Trpôç Oeov dcf>opoiwaews TeXewrepov ;
Ovpevovv, 0118' elireîv, ov8' iworjoai. "Iva 8è r)plv Kal 6
vnepTeXr)s ovtos Karà tovto avvebnoi, T-fjç dpxrjç twv yeypap-
p.évwv avrw IJepl TeXeiorr/Tos àvdpwTrîvrjç avap.vrjaop.ev '
eKeî ydp <j>-qai ' « TéXeios avdpwrrôs ècrnv 6 tt/v èavrov ifsvyrfv, 25
» KaOôaov àvdpwiTw 8vvar6v, ôpoiav tô> 0ew 7reiroirjKws ».

CVSL
24 àra/iii)(7«j/if v CL.
306 GRÉGOIRE PALAMAS

Sur la perfection humaine 1 ; il y dit, en effet : L'homme parfait


est celui qui, dans la mesure où cela est possible à l'homme, a rendu
son âme semblable à Dieu.

Barlaam a l'es- 40. — Donc, si la perfection consiste


prit malade. en une assimilation à Dieu et si cette
dernière s'accomplit uniquement dans
l'amour par la sainte pratique des divins commandements, où
sont la purification et la perfection qui proviennent de la con
naissance, des études, de notre désir d'apprendre toute notre
vie et de rechercher des relations avec tous ceux qui prétendent
savoir quelque chose et rapprochent de la connaissance, qu'ils soient
Égyptiens, Scythes ou Hellènes ? Affirmer que la purification
provient de ces gens, n'est-ce pas contredire ouvertement les
divines Écritures et les Pères qui en furent les confesseurs ?
Celui qui dit que l'observation des commandements ne procure
que la seule impassibilité — et encore à peine le fait-elle — une im
passibilité qui ne purifie pas de l'ignorance et qui, comme
il le pense encore, ne fait pas jaillir la lumière de vérité sur les
êtres, celui qui dit que l'ignorance, dont les commandements
de Dieu ne peuvent débarrasser et qui constitue par excellence
les ténèbres de l'âme, est supprimée par l'éducation profane *,
comment un tel homme peut-il penser que les Hellènes, les
Égyptiens et n'importe quels autres inventeurs de sciences ration
nelles, ne sont pas les médecins, les illuminateurs et les sauveurs
de notre âme, au même titre, sinon plus, que Jésus ? Mais telle
est bien la maladie qui possède la raison de cette âme avide de
connaissance : cela est devenu évident par les quelques paroles
que nous avons dites ! Mais, puisque la raison du philosophe est
malade, il n'est que naturel de rechercher la nature et l'origine
de sa maladie. Nous essayerons donc de voir et de définir la raison
de la maladie, et aussi, avec l'aide de Dieu, de préparer un remède
qui lui rétablira la santé, s'il consent à le prendre. Qui, en effet,
ne souffrirait dans son âme, en constatant intelligiblement qu'un
aussi bon membre de l'Église s'en sépare 3 ? En ce qui me concer-

1 Titre des écrits de Barlaam (cfr paragr. préc.).


* Cfr le texte de Barlaam, supra, § 37.
* Tout au début, lorsque la querelle avec Barlaam ne touchait que la question
TRIADE II, 1, 40 307

40. El toLvvv r) irpoç tov Oeov d<f>opx>l<oai.s reXelcoais,


avrq 8è pôvrj rf} Si' dyaTTr/s Upâ ipyaola twv OeUov èvro-
Xôjv TcAeîrai, ttov r) ck yvwoeojs Kal padrjpaTœv, Kal tov
8ià fïlov p,avddveiv idéXeiv Kal « rrâoi orrevSew 6p.iXeîv ôaoi
» eîSeVai rt iTrayyéXXovrai Kal rrpos yv&aw o-vpf3dXXovrai », 5
Kav AlyvTTTtoi, Kav EKvdai, Kav "EXXrjves <&<xi, Kadapois
Kal TeAeîwms ! liais 8' 6 Xéyœv ck tovtow rr)v KaBapaw,
ov toîs Oelois <f>av€pws dvriXéyei Xoylois ko! toîs tovtojv
6p.oXoyr)TaZs rrarpâai ; Tlœs 8' o || Xéyœv ôc rfjs rrjprjaeojs 1 f. 155»"
Ttôv èvroXâJv p,6vr\v rqv dnadeiav ■npooyivç.oBai, rr)v pi) 10
KadapriKTjv oScrav rfjs àyvolas, p.rj8è <f>WTt<m.K7)v rfjs èv toîç
oiïotv àXrjdelas, ws avTos a$0is olerai, Kal Tavrrpi Hpoyisb,
rr)v 8è pi) 8ià TÔ)V èvroXwv tov Oeov KaOaipopévrjv âyvoiav
p.dXt,ora okotos Xéycov rfjs fox*}5 ^l<* TVS ^œ ir*<f>VKOs KaOal-
peoOai TraiSetas, tt&s ovv ovtos, ovSèv Jjttov Sri pi) Kal pâX- 15
Xov, larpovs Kal <f>cnorfjpas Kal oojrfjpas rfjs ifivxfjs r)pâ>v "EX-
Xrjvas Kal Alyurrrlovs Kal ovarivaoovv XoyiKwv paOrjpdTcov
evperds, r) tov 'Itjoovv r/yeÎTat. ; '^4AA' 17 pèv CTri.yevop.4vq vooos
tô> <f>povovvrt rfjs tov <f>iXoyvœoTov tovtov ifiv^rjs iÇetfxivr}
TooavTTj Kal ravra 8t' SXiywv twv vepl avrfjs Xoyœv tovtojvI' 20
TOV 8è <f>pOVOVVTOS VOOOVVTOS TU) <j>lXoo6<f>U) , Ovhkv dlTeiKOS
Kal 5 ti Kal odev avro voaeî pi) voeîv. IJcipaoôpeda ovv
r)p.€Îs rr)v atnav rfjs vôoov ovviSeîv re Kal iÇenreîv, àXXà
Kal <f>dppaKOV ovv @eœ Kepdoat, rjv âpa Treiodr} Trpooéodat,
Trpos vyieiav èrravdyov. Tls yàp ovk âv nddoi ttjv tpv^v, 25
ovtoj koXov piXos ttjs 'EKKXrjoîas vorjTÔts 6pû>v Tavrrjs d-nop-
prjyvvpevov ; "Eyojy' ovv èrrl tooovtov oîSa 8t' avro tovto ttjv
*lwxhv 8r])(dels tt)v àpxrjv, cas pr) dv Tnorcvdrjvai ticti 8ok€Îv

CVSL
12 rav-rriv : raûrg V || 22 S' post ntipaaificBa add. L ] 25 nâOoi : nâSy L.
308 GRÉGOIRE PALAMAS

ne, je sais qu'au début j'en ai été tellement blessé dans mon âme
que certains, lorsque je le leur dis, ne voulaient pas me croire ; il
en est de même de la peine que j'éprouvai en écrivant ; je l'ai dit
moi-même alors à ceux qui étaient avec moi : « Je me suis engagé
dans l'affaire non pas tant à cause de ceux qui ont embrassé l'hé-
sychie, qu'à cause de celui contre qui mes réfutations sont diri
gées » ; et s'il avait voulu accepter au début, par des conversations
personnelles 1, de supprimer ces opinions et ne plus attaquer les
plus simples de nos frères, je n'aurais pas eu de si longs traités à
écrire. Mais maintenant, je ne sais plus où cela finira. Je prie Dieu
et j'espère que tout sera pour le mieux.

Comment at- 41. — Mais je préfère laisser de côté


teindre la vérité ? les causes premières et éloignées de la
maladie. La cause la plus immédiate, qui
apparaît dans les paroles mêmes du malade, est celle qui concerne
la réalité et la dénomination de la vérité qui nous dépasse : cette
cause-là peut fort bien induire en erreur un homme avide de
science et produire dans les âmes gourmandes de connaissance un
désir qu'elles ne peuvent assouvir. C'est elle, en effet, qui, au
début, insuffla à Adam la passion de devenir l'égal de Dieu. Car
voici ce que ce philosophe considéra lui aussi comme voie de
salut et comme unique moyen d'accéder à la perfection : adapter
la puissance cognitive de l'âme à la vérité de Dieu répandue dans
toutes les créatures pour la rendre stable dans l'union. Mais
comme il vit que cette opinion n'était absolument pas fondée
sur les divines Écritures et les divins commandements, il regarda
dans la direction des Hellènes, qui paraissent avoir découvert
les raisons de la création, et vénéra leurs sciences, comme si elles
donnaient la perfection à l'âme. Il ne comprit pas, en effet, qu'une
telle découverte, dans le siècle présent, est inutile à l'âme et
impossible. Comme les os sont cachés dans le sein d'une femme
enceinte, dit Salomon, ainsi tu ignoreras les œuvres de Dieu, toutes

du Filioque, Palamas écrivait déjà à Akindynos : « Nous attendions autre chose


de la part d'un homme qui a quitté sa patrie par amour envers la véritable piété »
(©eoAoy/a, t. XXVI, 1955, p. 79).
1 Sur les discussions verbales infructueuses entre Palamas et Barlaam, voir
Philothée, Encomion (PG, CI.I, 586 D-588 D) ; Palamas, Lettre III à Akin
dynos (édit. Meyendorff, dans BtoXoyia. t. XXIV, 1953, p. 580-581) ; cfr
Introd., pp. XVIII-XIX.
TRIADE II, 1, 4O-4I 309

£<f>' ôoov eiVôVra Kal tov rrôvov 8' oaov vtt€Ott]v ypâ<f>ojv,
<Ls kclI avros totc toîç crvvovaiv eXeyov ' « Oi>x vnèp tcDv ti^v
» r]OVxîa.v âcnra^ofiévœv p.âXXov înrrjXOov 77 tovtov irpoç ôv
» aï àvri9éo€iç elaii)' Kav eïnep r)94Xr]oev àÇiovv ri rfjv àpyrjv
toîç -npos àXXrfXovs Sià orouaToç Xôyoïs KaTaXvaat ràs 5
Sofas rauraç Kal ràs irpos tovs àTrXovorépovs twv àheX<f>ô>v
€iTi94o€is, <f>povha âv ■fjv rà /xa/cpà ovyypdp.p.aTa. Nvv 8'
ovk olo' els 0 Tt ravrl TeXevrqaei. 0€<S8' et^o/xai Kai eÀ7u£a)
Ta K/JCITTO).

41. 'AXXà yàp tôjv rfjs vôaov irpojTwv Kal TToppcorépu) 10


alrlwv à<f>eîo6al /xoi So/ccD " rô ■npoo^ioTarov 8' à-ndvrwv,
ô Kav toîç toû coaoûvros' £p.<f>alv€Tai Xôyois, tÔ ttjs xmkp
r)p.âs àXrjdeîas iorl Kal irpâyp.a Kal ovop.a, Seivov ovtùjs àVS/oa
K\éipa.L <piXop.a9ij Kal Taîç Trepl tÔ eîSévai Ài^at? Sia#cei/teVaiç
ifn>T(aîs €<f>eatv àvé<j>t.KTOv ivTCKeîv ' av-rrj yàp Kal râ> 'ASàp. 15
ttjs- laodeîaç toi/ épojra Trjv àpx?]v iverronjoev. 'Qrf9r) yàp
Kal 6 <f>iX6ao<J>os ovros tout* elvat. owrrjpiœSes Kal dvcv
tovtov TcÀetoTT^Ta p.r) TTapeûvai, tjj 8ià tûjv KTiarpariuv
■ndvrojv tov Oeov b~i7)Kovor) àXrjOeca to yvœoTiKov ivrjp-
p.6o8ai ttjs fax^S Kad' evwoiv p.àvip.ov. Tovro 8' ck tûjv 20
deiojv Xoyiwv Kal €VTaXp.â.TOJV p.rj reXécus 7rpooyivop,evov
opôjv, irpos toÙç II SoKovvras tovs ttjs ktiocws evprjKevai || f. i55f
Xoyovs êflXetfjev "EXXrjvas Kal rà Kœr" avTovs ô>s TeXeoTiKà
ifjvxrjs iaefidoOr) pa9r)p.ara ' ov yàp ivevôrjoev cuç àXvo-iTeXès
tovto /caT<x tov vvv alwva tjj ifivxfj Kal àhvvarov ' « 'Qs yàp 25
» ÔCTTa €V yaoTpi ttjs Kvo<f>opovorjs » (ftrjolv 6 EoXop.ù)v
« ovtojs ov yvojoj) t<i TTOirjp.aTa tov @eov, â TroirjoeL Ta
» ovp.7ravra ». '^4AA' â p.èv Tronjoet ovk cictt;, â 8è TrerrolrjKev
€«777 ,' Kal p,y)v 6 aiiTos <f>rjo-tv ' « Ov SvvrjaeTai âv9pojTroç tov
» evpeîv tÔ 7Toîr]p.a ro 7T€TTOir)p.évov îmo tov tjXiov, 6'aa iàv 3°

CVSL
7 èiriQiafis '. àvTiBéaas VS | 8 ti\(vttjot) C.
310 GRÉGOIRE PALAMAS

les œuvres qu'il réalisera 1. Mais tu ignoreras peut-être ce qu'il


fera, tout en connaissant ce qu'il a déjà fait ? Mais le même Salo-
mon nous dit : L'homme ne saurait découvrir l'œuvre qui est créée
sous le soleil ; il ne pourra découvrir ni ce qu'il se sera lui-même fati
gué à chercher, ni ce que le sage aura prétendu connaître 2. C'est
pourquoi, les profanes ont rédigé des traités différents sur la
création, mais il y en a parmi eux qui ont construit une science
pour montrer qu'aucun de ces traités n'est vrai ; par ailleurs, leur
science ne peut jamais montrer et ne conçoit pas qu'un seul de
ces sages qui diffèrent entre eux puisse prétendre à être dans le
vrai. Par conséquent, celui qui n'affirme pas que seules les révé
lations faites pour notre bien par les hommes inspirés possèdent
une vérité indubitable, celui qui ne se rend pas compte, d'après
ce que Dieu a dit à Job 8, que la sagesse de Dieu présente dans les
créatures est incompréhensible, celui qui pense, au contraire,
acquérir, grâce à la sagesse profane, une intelligence exacte de la
vérité présente en toutes choses, se trouve dans l'erreur. Il édifie
la maison de sa connaissance sur du sable, ou plutôt sur des vagues
qui succèdent les unes aux autres, en croyant surmonter une
si grande tâche par des évolutions verbales, toujours attachées
à d'autres évolutions verbales. Un tel sage sera donc semblable
à un fou et il risque de subir une grande catastrophe lorsque
viendra le Seigneur. C'est donc ce problème qui concerne la vérité
qui est la cause de l'erreur, puisque je cherche à atteindre la vérité.
Il ne reste plus qu'à préparer la potion purificatrice.

La solution. 42. — Mais veillant à ce que les ma


lades la portent bien à leur bouche sans
éprouver de chagrin, accordons ce que nous avons auparavant
refusé, puisque de toute façon cela est impossible. Accordons
donc que les vraies raisons des créatures se trouvent dans les
sciences profanes et estimons que les philosophes suivent la Révé
lation qui nous a été donnée par avance dans les Écritures, qu'ils
croient au Christ, Dieu des esprits *, comme à l'unique médecin

1 Ecclés.. XI, 5.
• EccUs.. VIII, 17.
• Job, XXXVIII-XLI.
• Nombres, XVI, 22. Formule souvent employée dans la liturgie byzantine.
TRIADE II, 1, 4I-42 311

» fioxOrfcrj} tov ÇrjTTJaai, Kal ye ôaa âv eïiroi. 6 o~o<j>6s tov


» yvœvai, ov 8vvqo~€Tai, cvpeîv ». A10 Kal 8td<f>opot. irepl
Krloecoç fièv elalv oi tû>v éÇwdcv Xôyoi ' irdvres S' ôri p.rj
àXrjdeîs, elalv oî tovtùjv eVicrr^/i^v avviOevro rrjv SeiKvv-
aav, Sri 8è eîs tiç tû>v 8ia<f>epop.cvœv TaXrjdès aù^eî, ov8ep.ua 5
tovtwv è-niarf\pvr] 8vvarat Setfai -q 5X<os èirivevôrjTai.. Kal
Toivw 6 /X17 toÎs vtto twv Ô€07rvevo~r<DV èm to avvolaov
€K<f>aveîo~i fiôuoiç to àvap.<J>lXeKTov rfjs àXrjdelas -npoop-ap-
TVpWV KaK TÔJl' TTpOS TOV '/cÙjS VTTO 0€OV €ip7]fJL€VU)V TTJS iv
toîs KTia\iaai tov 0eov ao<f>ias to àKaTaXrjTrrov avviâiv, 10
àAA' ètc rfjs ê£a> oo<f>ias rfjv 8ià 7ravra>v 8uKvovp.év7)v àXtf-
Oeiav aKpiflws KaTavorjaat. olôp-evos, ëXadev iavTov, cm
ipâf.Lfiov, p.aXXov 8e in' àXXe7TaXXrjXajv Kvp.aT<uv, tov rfjs
yvœoews oÎkov olKo8op.â>v, tooovto irpâyp.a \6yu>v arpo-
<f>aîs TTiarevwv, àel o~rpo<f>aîs âXXiov Xôycov 7re<f>vKvlais, 15
KaTairaXaieo'dat ' pcopw toLwv ôp.oiùjdqaeTaL 6 toiovtos
oo<f>6s Kal 8ios ov tl fiiKpov fir/ Kal ttjv tttwolv iradj] peydXrjv
KaTa ttjv tov Kvpiov napa^oX-qv. To yovv aïriov rfjs àirârrjs,
eiirep âpa KaTaaTOxô.t>op.aL rrjs àXrjOeîas, tovto to pepos
rfjs àXrjdelas èariv. ' YttÔXoittov 8' âpa Kepàaai to Kaddp- 20
aïov 7rôp.a.

42. IJpop.T]d€v6p.€vot 8è okttc Kal TrpoaevéyKaaOat tovs vo-


aovvras oXvttws, 8â>p,ev S à7relTrop.€v irpÔTepov, <bs à8vvaTOV
iravrâ-naaiv ov. Awpev Toivw tovs twv KTiop.aTU)v àXrjOeîs X6-
yovs €/c TÔtv ££a» p,adr)p.a.twv evpioKeodai KaKeivovs à£iu>crop,ev 25
toi? €K twv Xoyicov TjpÂv ■jTpoa7ro8e8eiyp.€vois êncodai, Kal
p.6vov elvai iriarevciv larpov tG>v ■nvevp.àrwv Xpiarôv, « tov tôjv
» irvevpMTOw Oeôvit, Kal p.6vr\ rfj àya-rrqaei Te Kal rqpqaei tcôv
avrov èvroXwv rrjv irpos avrov à<f>op.olœotv rcXeîadai, Taùrdi'

CVSL

I ctiroi : «tirjjVS II 14 toooOtov S J 15 âAAaiv» : âAAai; L |) 23-24 àhvvarov n-an-â-


raoïv : itarràiraoi» àSvvarov VS.
312 GRÉGOIRE PALAMAS

des esprits, que selon eux l'assimilation au Christ, c'est-à-dire la


santé et la perfection de l'âme, ne s'accomplit que dans l'amour
et l'observation de ses commandements. Donc, puisque nous
sommes tombés d'accord avec eux en leur concédant plus qu'il
ne fallait, puisque nous leur avons demandé ce qu'ils ne pourraient
refuser, voyons quel est l'aboutissement de cet accord. N'est-il
pas celui-ci : la perfection salvatrice, dans le domaine de la con
naissance et de la doctrine, consiste à être en accord de pensée
avec les prophètes, les apôtres et simplement tous les Pères, par
lesquels le Saint-Esprit a certainement parlé au sujet de Dieu et
de ses créatures. Par contre, les choses que l'Esprit a omises et
qui ont été découvertes par d'autres sont inutiles au salut de
l'âme, même si elles sont vraies ; car l'enseignement de l'Esprit
n'omet rien de ce qui est utile. Voilà pourquoi, nous ne blâmons
même pas ceux qui sont en désaccord à propos d'une de ces choses
négligées par l'Esprit et nous ne félicitons pas les gens qui ont une
connaissance plus grande dans ce domaine.

La vraie sagesse 43. — C'est en nous dirigeant vers la


est en Christ. perfection de cette connaissance salva
trice que le Christ a dit : Si vous croyiez
Moïse, vous me croiriez aussi 1 ; il a recommandé aussi de scruter
les saintes Écritures pour y trouver la vie éternelle 2. Cette con
naissance, qui est parfaite et qui apparaît de cette manière, n'a
donc pas besoin d'actions pour devenir parfaite, ni de longues
peines. Voilà pourquoi Jean, le théologien à la bouche d'or,
dit au sujet du Seigneur qu'il parlait rarement de doctrines, car
cela ne demande aucune peine, mais qu'il parlait souvent, ou
plutôt partout, de la vie. La loi et les prophètes, disait-il, c'est que
nous fassions aux autres ce que nous voudrions qu'ils nous fassent s.
Puisque le discernement de ce que l'on doit faire est aussi une
connaissance, nous en avons besoin dans la pratique ; l'homme
parfait et assimilé à Dieu doit donc l'acquérir également. C'est
vers cette connaissance que nous dirige le Seigneur en nous don

1 JKAN, V, 46.
• Jean, V, 39.
* Idée courante chez Chrysostome (cfr supra, Tr. I, 1, 9). Réf. à Matth ., VII,
12.
TRIADE II, 1, 42-43 313

S' elrreîv ùyieiav ifivxfjs Kal reXeîwaiv. 'Eirel rolwv || r)p.eîs 1 1. 15^
p.èv ckcIvois <TVV<nrqx&r]H'€V> èvoôvres è<f>' ôaov oi58' €\prjv,
■nap eKelvœv 8è àTrflrrjaauev , S ovk àv e^ot-ev àpvqoaodai,
<f>ép' tSœpev ri ro Trepa.iv6p.evov eV rrjç ôpoXoylas ravrrjs.
Ti ye àXXo r) on tovto ' TeXeiôrqç èarl o-ainpioç ev re yvwcret 5
Kal o6yp.aoi ro raùrà <f>poveîv Trpo<fyr]Tais, o/ttootoXois', rta-
rpdai rrâaiv àrrXœs, 8i' a>v ro àyiov IIvevp,a p.aprvpeÎTai
XaXrjaav rrepî re 0eov ko! rwv Kriap.àruiv aùrov. Ta 8'
va aùrov Trapeiuéva, rrap' èréptav 8è evpr]p,éva, àawreXrj
irpôs ye <Jn>XVs aœTrjplav, k$v àXrjOrj' râ>v yàp XvaireXovvroiV 10
ovSèv Ttapevrai rfj oioaaKaXla tov TIvevaaTOS- A10 Kal rovs
8ui<f>œvovvTaç è-ni rivoç rœv Trapecopapévœv ovoè pep.<f>6-
p.eda Kal rovç Kpeîrrov /tara ti rovrœv elSôras où /xa*ca-
pit,op.ev.

43. 'AXXà yàp npos rr)v reXetoTrjra tt)ç auirrjplov eKelvqç 15


yvâ>aea>s r)p.âs o Xpioroç èvâyaw eXeyev « et èmaTevere
» Mœaeî, èmaTevere àv èpoi », ko! ràç lepàç Tpa<f>àç
epevvâv eveTeiXa.ro, coç èv aurais evprjaovras £a>r)v rr/v
alœviov. Avtt) p,èv ovv r/ yvâjaiç, reXeia ovaa Kal ovratirpo-
ywop.evt), irpatjews rrpos reXelcuoiv où Trpoaoeîrai., oùoè 20
ttoviov 7ToXXâ)v ; A 10 Kal o xpvoovs OeoXàyos 'Icodwrjç rrepl
tov Kvpiov <j>7)o\v on. rrepl ooyp.ârœv pèv ôXiyaKLS SieÀe-
yero, oùSè yàp oeîrai. ttovov to Ttpâypa, nepl Se tov filov
iroXXaLKis, /xâAAov 8è Travraxov ' « Tovto yâp » (j>r)olv « eCTTiv 6
» vôuos Kal ol 7Tpo<f>fjrai, Iva oaa àv déXwuev yîveadat. rrap' 25
» èrépœv r)p.îv, ravra Kal r)ueîs rroiwpev avroîç ».
'Errel 8' cctti yvœois Kal r) tov TrpaKréov Stayvajatç, Kal
ratirrjs èv râ> Ttpârreiv heôpeQa, Kal Tavrrjs àvayKaîov
èrretXr]^)dai tov Trpoç tov Geov à<f>wp.oia)p.évov Kal réXeiov
àvdpwTTOV " rrpos ravrqv ovv r)pâs èvdyiov rr)v yvôjoiv 6 Kvpioç 30

CVSL

1-2 ij/xeis fiiv iniCvois : ckciVoi: fiiv rificis L |l 4 ri om. L j| g ■napcimi.iva C || 25



aa :. iv
? » T
L,.
314 GRÉGOIRE PALAMAS

nant ce précepte : Soyez prudents comme les serpents et simples


comme les colombes x ; il nous introduit dans un genre de vie
intelligent et sans malice ; il a jugé les vierges sages dignes de
l'Époux, parce qu'elles n'ont pas séparé la chasteté des œuvres
d'amour 2. Mais cette connaissance n'est d'aucune utilité à moins
d'être mise en pratique. Car une bonne compréhension revient à
ceux qui la mettent en pratique 3. C'est pourquoi le Seigneur appelle
bienheureux le serviteur avisé qu'il aura trouvé agissant ainsi
qu'il lui avait ordonné ; il dit aussi que celui qui aura eu la con
naissance sans agir sera battu d'un grand nombre de coups * ;
il compte parmi les vrais serviteurs avisés, celui qui entend et
accomplit ses paroles : celui qui écoute et accomplit la parole du
Seigneur, possède, en effet, en lui-même Celui qui a ordonné
de le faire, conformément à la promesse 6 ; mais Lui, il est la
sagesse-en-soi et contient en lui-même toute connaissance véri
table. L'homme qui le possède en lui-même par l'observation
des divins commandements n'aura donc même plus besoin d'étu
dier les Écritures, mais les connaîtra toutes exactement sans
étudier ; il sera même, comme Jean 6 et Antoine 7, un maître
sûr pour ceux qui s'adonnent à cette étude.

Témoignage de s. 44. — Selon l'enseignement des corn-


Basile, mandements divins, c'est donc cet aspect-
là de la vérité qui réellement nous rend
parfaits et nous sauve. La récompense que nous y recherchons,
ou le gage de la récompense, a été appelé par Paul ravissement 8
ou élévation au-dessus du ciel et, par le Christ, venue, demeure
et apparition 9 de lui-même et du Père ; car les initiés n'ignorent
pas qu'il s'agit dans tout cela d'une seule et unique réalité, bien

1 Matth., X, 16.
» Cfr Matth., XXV, i ss.
• Prov., I, 7.
4 Luc, XII. 42-48 ; cfr Matth., XXIV, 45-51.
» Jean, XIV, 23.
• S. Jcan-Haptiste, considéré comme modèle des moines et dont Palamas a
déjà dit qu'il n'a jamais étudié (cfr supra, I, 1, 4).
' S. Antoine, enfant, refuse d'étudier (S. Athanase, VitaAni., 1, PG, XXVI,
841 A), mais réfute plus tard les philosophes grecs (ibid., 72, PG, XXVI, 944 ss).
• Cfr // Cor., XII, 2.
• Jean, XIV, ai, 23.
TRIADE II, 1, 43-44 315

avdis èv€T€iXaTo Xéywv ' « riveode <f>p6vip.oi ojs oi 6<f>€is Kal


» aKepatoi <ôs ai rreptarepal », to tov rjOovs cladyojv perà
avvéaeojs aKaKov, Kal ràç <f>povip.ovs irapdévovs tov vvp.<f>â>-
vos rjÇLooev, œç rà rfjs àydjrrjs epya pr] 8iaE,evyvvaas rfjs
iyKpareias. *AXX* 17 yvwaiç aùrq ^a»pîç 7rpd£ewç ov8cvl Xvat- 5
re\TJaei€v dv. « 'Ayaôrj »yà/>« ai/veais toîs iroiovoiv avrqv ».
Alo Kal o Kvpios tov <f>p6vip.ov 8ovXov ckcîvov Xéyei paxâpiov,
« Sv iXdœv cvpqoet Troiovvra ovtojs » ojs npooeraÇev
avrûj, ko! tov eîSora Kal pr) iroujuvra « haprfaeadai » <f>r)oi
« TroXXds », KaKelvov ovtojs owràVret toîs <f>povip.ois , tov 10
aKovovra Kal iroioCvra tovs Xéyovs avrov' àXXà yàp o tov
tov Kvpiov Xôyov aKOvajv Kal itoiwv, avrov èv eavréô ktôVcu,
icarà rriv eTrayyeXlav, tov evreiXdpevov ' || 6 84 icrnv avro- | f. 1560
oo<f>La Kal ircpio^rj irdarjs yvojofws dXrjdivrjs. Ovkoûv o
tovtov Sià rfjs rqprjaeats tôjv deiwv èvroXœv iv iavrâj Krqad- 15
p.evos, ov8e rfjs padijaeujs tôjv Tpa^œv Serfaerai, àAAà Kal
X<**pls avrrjs "rrdaas olhev aKpifiôjs Kal tôjv 8ià pa&qaeajs
lovtojv OtoaaKaAos av eir) aa<paA.rjs, ojs o lajawqs koi o
'Avtojvios.

44. To pèv oSv TeXeoTiKov -qp.lv ovtojs Kal awrqpiov, 20


tovto to elSos rfjs àArjOelas iorlv, œs €K tôjv deovpytùv
ivroXûjv SiSaoKopeda ' to 8' cVt tovtoj /3pa/i$€Îov 77 ftpafielov
appafiwva, IJavXos pèv « àpirayrjv » Kal dvo8ov djvôpaaev
vnepovpâviov , o Se XpiorTos « êXevoiv » Kal « povrp> » Kal
« èp(f>dv€iav » iavTov Kal tov Tlarpôs ' ori pèv yàp év 25
Tavra, el «rai 8ia<f>6pajs etprjTai, ovk davp<f>avks toîs pcpvjj-
fiévois. Ov yàp aAAocre aAAoôev iXevoeTai iy Travra^ov na-
povaa Suvc^uç, ov8è peveî ttov r\ p.T\6ap*iv, àAAà tovto
eXcvois vpos 17/xâç ckcIvov Kal povrf, -q irpos aitrov ■qpôjv
81 aTTOKaXvxjicojs dvoSos ' tovto toLvvv ùs U17 yvûjaiv, dXX' 30
VTrepoxucojs dyvojaiav înrdpxpv, 8el£op.ev eireiTa. Nvv 8è

CVSL

1 2 avràv : avrôs CL.


316 GRÉGOIRE PALAMAS

que les noms soient différents. La Puissance omniprésente ne


viendra pas tantôt ici, tantôt là ; celle qui n'est nulle part, ne
demeurera pas quelque part, mais il s'agit là de la venue de Dieu
et de sa demeure en nous, de notre montée vers lui par la révéla
tion ; nous montrerons donc plus tard que ce n'est point là une
connaissance, mais une ignorance, par excès de connaissance.
Dès maintenant, cependant, parallèlement à ce qui a été dit,
je crois devoir invoquer un témoin pour montrer que nous n'avons
plus besoin de la connaissance et de la vérité des raisons qui se
trouvent dans les créatures pour accomplir notre salut et notre
sainteté. Invoquons donc un Père qui a bien appliqué son esprit à
la connaissance des êtres, Basile le Grand. Expliquant l'expres
sion du psalmiste qui témoigne que la vérité est présente dans le
cœur de l'homme parfait *, il dit : Nous avons trouvé deux signi
fications du mot vérité: l'un désigne la compréhension des voies
qui mènent à la vie bienheureuse, l'autre, la saine connaissance
des choses qui se trouvent partout dans le monde ; la première vérité
contribue à notre salut; elle est présente dans le cœur du parfait,
qui la transmet sans l'altérer à son prochain ; quant à la terre et à la
mer, aux étoiles, à leur mouvement ou leur vitesse, si nous ne con
naissons pas la vérité qui les concerne, cela ne nous empêchera aucu
nement d'accéder à la béatitude promise *.

» Ps.. XIV (XV), 2.


• Comm. in Ps., XIV (PG, XXIX, 256 BC).
TRIADE II, 1, 44 317

npos toî? clprjpévois oeîv oîfiai koI pdprvpa 7rapayayeîv


otl T7Js yvwoeœs Kai âXrjdeiaç r<x>v iv toîç Krtap.aai Xôyiov
ov 7rpocr8eop.eda npos crtorrjpias Kal àyiœavvrjs T€Àei'a>ew.
Tlapiroi toLvvv ô Kal tt\v tô>v ôvrœv yvûxnv e/c/ieAeTTycraç
àicpifïâ>s BaatXeios ô p.éyas ' oStos yàp rr/v Stà tov ipnXpœèov 5
7rp0ap.apTvp0vp.emjv £v rf} tov reXelov Kap&îa 8l€VKpiVÔ>V
àXrjdciav, « Svo » <f>rjo~i « Ta arjp.aw6p.eva rrjs aXr/deîas
» €vpop.ev ' Iv pèv tt)v KarâXrn/jiv tô>v irrl tov p.aK<xpiov filov
» <f>ep6vT(vv, êrepov Se tt)v irepl olovhy)TTOT€ tô>v iv tô> KÔo~p.<p
» eî8r/aiv vyiâ ' r) p,èv ovv awepyàç rrjs aarrr/ptas àXrfdcia, 10
» T'y Kaphla cveari tov tcXclov, Ss Kal irapaolBojoi rairrr/v
» tû> TTÀr/olov àSéXius ' 7T€pl 8è yrjs Kal daXâaarjs, àarépiov
» Te Kal tt)s tovtcov Kivrjaews r) Taxpvs, iàv p.r) ?8co/iev Tr)v
» ev toîs roiovTOLS aXrjdeiav, ovSèv rjp.lv ip-noSiaei rrpos to
» irriTvxeîv tîjs iv irrayyeXiais p.aKapioTr]Tos ». '5

CVSL
9 rrfv : râtv CL.
DU MÊME
TRAITÉ DEUXIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE,
POUR LA DÉFENSE DES SAINTS HÉSYCHASTES
DE LA PRIÈRE

La sagesse char- 1. — Ce philosophe blâme si cruelle-


nelle contre la ment les hommes qui n'apprécient pas
pr re' beaucoup l'utilité de l'éducation profane,
en comparaison avec le profit que tirent de l'Évangile ceux
qui vivent en conformité avec lui, ce profit qui y est dès
maintenant attaché et qui est l'objet de notre espérance, con
formément à des promesses véridiques, il les blâme si cruelle
ment qu'il consacre de longs écrits à ces injures ; on peut proba
blement expliquer sa passion par son amour de l'éducation et
le fond de son tempérament qui le pousse à rechercher la con
naissance. Car ces hommes qu'il attaque n'ont de considération
que pour les seuls commandements du Christ ; c'est vers eux seuls
qu'ils appellent tous les hommes, car seuls ces commandements
accomplissent saintement notre assimilation à Dieu ; seuls, ils
accomplissent et déifient l'âme humaine. Ces hommes ne consi
dèrent pas que les Lettres et la philosophie qui est dans les Lettres
sont de beaucoup supérieures aux choses terrestres ; avec Paul,
ils disent que cette philosophie est charnelle 1, qu'elle est la sagesse
de ce siècle 2 ; ils montrent que ceux parmi les Hellènes qui dé
fendent cette philosophie sont abominables, que ce sont des
sages sans sagesse, parce qu'ils se sont servi contre Dieu de cette
école divine qu'est la création. Le philosophe s'est, semble-t-il,
affligé pour ses études favorites, parce qu'on ne les a pas jugées
dignes de très grands honneurs ; ces honneurs, il devait en béné
ficier lui-même : ils lui ont permis de s'appeler « philosophe »
et ce fut manifestement la seule récompense que son zèle ait
récolté durant sa vie entière. Quelle est cette façon de s'élever con
tre notre cttlte raisonnable s, ou plutôt spirituel, c'est-à-dire la

» // Cor., I, 12.
» I Cor., I, 20.
» Rom., XII, 1.
TOY AYTOY
AOrOE 'YIIEP TQN 'IEPQE 'HEYXAZONTQN
TQN 'YETEPQN 'O ÛEYTEPOE
IlEPI nPOEEYXHE

1. Twv fiev ovv ovSèv p.éya Tidep.évwv rt)v àiro rfjs eÇw 5
■traiSetas ovrjaiv irpos rr)v àiro tov evayyeXlov toÎs ko.t avro
£û)cti, vvv tc iTpocryivofxévrjv Kal icarà ràs àipevSeîs èirayyeXias
iXtri.tflfj.évrjv, Karr/yopeîv ovrws àxf>€i8ws tov <f>iX6oo<f>ov
rovrov <vs kclI ovyypdp,p.aat. p.aKpoîs SiSovat ràs KaT avrâiv [| 1 1 X57r
XoiSoplas, vtto tov <f>l\Tpov rfjs iratSeias etiroi tis âv iirfjpdai 10
Kal rfjs 7Tpos to elSévai hiadiaews â-Kpas. Môvas yàp eKeivwv
irepl irXelorov iroiovp.évwv Tas tov Xpiorov èvroXàs Kal irpos
fj.6vas Tavras Trairas irpoTpeirop,èvwv, ws pavas Upovpyov-
aas rr)v irpos Ocov à<f>op,olwmv Kal TcAeioucraç Kal deovp-
yovaas rr)v àvdpwirlvr)v tyvyrjv, Xôyovç 8è Kal rr)v iv Xôyoïs I5
<f>iXoao<f>iav p.r) irdw twv yrjîvwv virepTidévrwv, « aapKiKTjv »
Se Kai « tov aiwvos tovtov » oo<f>iav Karà IJavXov Xeyévrwv,
TÔ)V 8' 'EXXrjvwv tovs irpoordras avrfjs, <ôs tô> irapà Oeov
SiSacrKaXetw rfjs ktIocws Karà deov xpT)oap.évovs, àirorpo-
■naiovs SeiKVVvratv Kal ào6<f>ovs ootpovs, virèp twv iraiSiKwv, 20
ùjs éotKcv, 6 tf>iX6o~o<f>os iptidd-q, pvr) ttjs p.eylo-n)s Kal avrwv
à£iovp.évwv Ttp,7js, Kal ravd* fy ep,eXXe Kal avros elvat
koivwvos Kal 81' rjv iirwwp.os ttjs (piXoootplas iyéveTO Kal
S p.6vov (pavepov iiraOXov cKapTrovro rfjs 8ià filov cnrovhrjs.
Kara 8e rfjs « XoyiKrjs », p.aXXov 8è rfjs irvevp,aTucfjs , 25
rjpcùv « Xarpeias », SrjXaBr) rfjs irpoacvxfjs, Kal twv Tavrrjv
tov iravros Tip.wp.evwv Kal p.cd* ijou^i'aç airepip.eplp.vws
8tà filov irpoQaveypvrwv avrfj Kal ttj irelpa x€*Pa BiSôvrwv
toîs elaayop.évois irpos rr)v àyycAi/cTjv Kal vTrepKÔopuov

CVSL

I Tov avroG : rprjyoptov V toC àyiov Pp-qyopiov S | 9 SiSévai om. S | 11-24 H&v<*s
yàp... Plov o-nov&TJs om. VS.
320 GRÉGOIRE PALAMAS

prière, contre ceux qui l'honorent plus que toute chose, s'y appli
quent dans le repos, sans se soucier de rien, durant toute leur vie
et, grâce à leur expérience, donnent la main à ceux qui ne sont
qu'introduits dans cette liturgie angélique et supracéleste ? Quel
est celui qui parle contre les hommes qui adoptent le silence ? Quel
est celui qui les jalouse alors qu'ils n'acceptent aucun honneur ?
Quel est celui qui méprise des gens assis loin du stade, comme s'il
les avait dépassés à la course ? Ici, dans les combats qu'il a menés
pour défendre la philosophie, lui le moine-philosophe, il s'oppo
sait ouvertement aux moines, à ceux qui vivent encore ; mais là,
en citant clairement dans ses traités des expressions de Pères qui
ont leur demeure aux cieux, il a mené un grand combat pour les
réfuter, poussé par je ne sais quels sentiments !

Nicéphore, maître 2- — Avant tout autre, il dirige sans


de l'hésychasme. mesure aucune la puissance de sa parole
contre les écrits sur la prière de Nicéphore,
saint et confesseur 1, Nicéphore qui a confessé la vraie foi et
pour cette raison fut condamné au bannissement par le premier
empereur Paléologue qui adopta la pensée des Latins, Nicéphore
qui était d'origine italienne, mais reconnut l'hérésie de ces gens ;
il rejoignit donc notre Église orthodoxe ; avec les coutumes de
ses pères, il rejette leur héritage et préfèr» '"notre Empire à son
propre pays, parce que la -parole de vérité s'y dispense correcte
ment * ; il y vient donc, .adopte la vie la plus rigoureuse, celle des
moines, et choisit comme heu d'habitation celui qui porte le nom
de la sainteté, c'est-à-dire l'Athos, foyer de la vertu, situé à
la limite du monde et du Surnaturel. Il y montra tout d'abord
qu'il savait bien obéir, en se soumettant aux Pères les plus émi-
nents ; après un long espace de temps, il leur donna la preuve
de son humilité ; alors il reçoit d'eux lui-même l'art des arts,
c'est-à-dire l'expérience de l'hésychie, et devient un chef de ceux
qui se préparent à la lutte contre les esprits méchants 3 dans le
monde intelligible ; il composa pour eux un recueil de conseils

» Ch supra. Tr. I. 2. 12 ; ïntrod., p. XXVIII-XXXIII.


• Cfr // Tim., II, 15.
• Éphés., VI, 12.
TRIADE II, 2, 1-2 321

Xeirovpyiav, ris iirrjyeipe rponos ,' Tlç àvrtXéyei toîs o~uu-


ttô.v alpovp.evois ,' Tis <f>8oveî toîs Ttfiâxrdai p.r)Sap.â>s alpov-
fiévois ', Tls <ôs 7TapeX6ùjv péya <f>poveî tous irôppat tov crra-
Siov KaOeÇop-évovs ,' Kàxeî p.év, èv toîs îmkp <f>tXooo<j)ias
avrtù yeyevr]p.dvois àyœai, p.ova^oîs Jjv SrjXos àvriKeipcvos, 5
o p-ova^os kclI tf>tX6ao<j>os , àXX' éri Trepiovoiv, èvravda Se,
Tas prjoeis oa<f>œs t£>v irpos ovpavovs p.€Ta>Kiap.évùjv irarep<ov
p.€TaJ;v TTpof$aW6p.€Vos tû>v Xôyojv, els avaTpo7T7jv avrwv, OVK
olb" 5 ti iradwv, ovroi p.LKpov àyœva TTeiToirfKe.

2. MâXXov S' tj Trâot, toîs tnro tov ôolov Kai 6p,oXoyqTov 10


NiK7j<p6pov yeypap.p,évoi.s irepl evxrjs àvéSrjv àirerrefayet
rov Xôyov tt)v Svvap.iv, NiK7j<f>6pov tov tt)v KaXr)v ôpioXoyiav
èp.oXoyrjaavTos «ai Si" avrr)v îmepoplq KaTaKpidévros tnro
rov PaoïXcvaavros itptiiTOV ITaXatoXôyov Kai rà t&v Aarivoiv
<f>povqaavros , NiKT)<f>6pov tov i£ 'ItoXwv p.ev ËXkovtos to 15
yévos, KaTayvovros Se ttjs eVei'vcov /ca/coSofiaç Kal tjj Ka9' 17/xâ?
op6o86£<p 7rpoo~xa>pTqaavTOS 'EKKX-rfoia, os p.crà tcDv iraTpUov
apveîrai Kai Ta TraTpwa Kai ttjv ^p.eSaTrrjv rfjs o^erépas
(fnXrépav ijycîrai 8ià tov irap' rjp,îv « op9oTop,ovvTa Xôyov
» rr)s àXrjOelas », /càv TauTT/ yevôp.evos, jSi'ov p.èv alpeÎTat, || 20 \ f. 1570
tov ài<pifiéoT€pov , SrjXaSrj tov p.ovrjpT), tottov Se irpos kot-
OLKiav tov rijs àytajo~vvr)s €Trwvvp,ov, iv p.e9opitp Koapjov
ko! t&v VTTf.pKoap.ioiv — "AOœs ovrôs €(ttiv, -r) tt\s àpcrfjs
iaria — , ivSiatTâo-dai 7Tpo9vprj9cis. Kàvravda -nâyrov p.èv
«fSei^cv elSœs koXws dpxecr9ai, toîs c/oc/h'toiç tcû^ narepcov 25
VTTOTaTr6p,€vos ' Sovs Se 8^ p,aKpov \p6vov ttjs oiKeias
TaTreivœoeiDS iKcivois ttjv veîpav, àvrtXapfidvei irap' eKcivœv
avros ttjs TÔ>v Tt^vtSv tc^vt/s, SrjXaSrj rfjs "fjov^ias rr)v

CVSL
II àvaîèrjy C || 17 6p6o86(ip : 6p6o&6{ws L.
322 GRÉGOIRE PALAMAS

patristiques qui prépare aux combats, règle les moyens de con


duire la lutte, donne un avant-goût des récompenses et esquisse
une image des couronnes de victoire. Ensuite, comme il voyait
que les néophytes ne pouvaient, même en partie, surmonter
l'instabilité de leur esprit, il leur propose aussi un moyen d'en
réprimer en partie les vagabondages et l'imagination 1 .

Les disciples de 3. — Ce philosophe a donc lancé contre


Nicéphore. lui toutes les formes de son imagination,
comme du feu qui consume tout ce qui
s'oppose à lui. Il ne respecte pas sa bienheureuse confession et
l'exil qu'elle a provoqué ; il ne respecte pas ceux qui furent en re
lations avec lui durant son exil et auxquels il enseigna les choses
divines, ceux qui sont apparus à l'Église comme le sel de la terre ',
la lumière du monde 3, qui ont été plus éclatants que des flam
beaux, parce qu'ils ont persisté dans la parole de vie * (je veux
parler de ce Théolepte, auquel la ville de Philadelphie a servi de
porte-flambeau, Séliotès, le maître des moines, Élie, qui embrassa
le désert durant presque toute sa vie, à l'image de l'autre Élie 5, et
les autres, grâce auxquels Dieu a rétabli sa propre Église, l'a em
bellie et affermie) ; ni ces hommes, ni ceux qui ont été éduqués par
eux et ont encore aujourd'hui la même conduite, ne l'ont convain
cu d'abandonner ses mauvaises insinuations, ses paroles dirigées
contre Nicéphore, puisqu'il n'a même pas cessé de traiter avec
dédain, dans de longs écrits, celui dont il ne serait absolument
pas capable de faire dignement la louange. Ce qui l'a poussé à

1 Ce court résumé correspond exactement au plan du llepl ^vXajtrjs xapSias


de Nicéphore : un florilège patristique, suivi d'un énoncé de la méthode psycho
physique de prière (PG, CXLVII, 945 ss).
* Matth., V, 13.
* Matth., V, 14.
* C'est-à-dire dans leur opposition à l'Union de Lyon, imposée par Michel
Paléologue.
* Cfr la liste plus longue des maîtres de l'hésychasme dans Tr. I, 2, 12 (voir
Introd., p. XXXVIII-XLII).
TRIADE II, 2, 2-3 323

Treîpav, kcÙ dpxtjyos yîverac twv èv tô> Karà Sidvoiav Koap.a>


■npoç ttjv « iroÀr/v » diro8vop.év(juv « rœv rrjs rrovrjplaç Trve.vp.a-
» tikwv » oîç *caî •na.rpiKÔiV eio~qyfjO'€a>v irroi'qo'aTO o-vXXoyT]V)
èrraX€Uf>ovodv re rrpos tovs dyœvas Kal 8iaTtd€Îoav tovs
Tpôrrovs tôjv ddXœv Kal irpoSeiKvvaav Ta €7ra#Aa «ai vrroypa- 5
<povoav tovs crretfrdvovs tt}s vIktjs ' eîr' irrl tovtois, iTre&r)
noXXovs rœv elcrayofiévwv iœpa tîjs doraalas tov vov p.rj8è
p.€Tpîojs yovv Kpareîv 8vvap.évovs, Kal rpô-nov vrroTtdeTai.
Si' oS dv tÔ TToXvnôpevTov Kal <f>avTaoiô>8€S avrov p-erpUos
avareiXeiav. 10

3. Tovra) toiwv o <f>iX6oo<f>os oSros tt)v iavrov <j>avraoi,oj-


8r) rroXvvoiav iiracfyfJKev, olôv ti rrvp, t<3 ku>Xvovti Kaddvep
vXrj xprjodpevov. Ovk aîSeî rrjs paKapias eKCivr/s êp.oXoyias
Kal rrjs Si' avrfjv iÇoplas, ovk al8eî rœv inl rrjs iÇoplas
œpnXrjKOTwv e*c€iva> #cai nap' eKeivov rà deîa Tr€Trai8€vp.évù)v , 15
oî « rrjs yrjs âXas » Kal « <f>û>s tov Koap.ov » Kal <f>warqpwv
àvaTTefâvaoi tt\ 'EkkX7]olo. (fravorepoi, Çojrjs èrréxovTes Xôyov
— OeôXryiTTOV aKoveis eKeîvov, tov irrl rrjs 0iAaSeA(£ei'aç rrôXeios
(ôç irrt Xvyyias aorpaif/avra, UcXiwttjv tov twv povatflVTOiV
Kadrjyrjnjv , 'HXiav tov ttjv ipyjptav Karà tov 'HXlav 8ià 20
filov o^eSôv doTra£6p.evov, tovs dXXovs 81' a>v 6 0e6s rr)v
oiKelav 'EKKXrjotav iiravayaytôv eKoop-rjoe Kal ovvéarqoev —,
ov8e 8ià tovtovs toIvvv Kal tovs vn eKelvœv 7reTrai8zvp.é-
vovs Kal TTJç avTrjs €Tt Kat vvv dyœyfjs ixopévovs dvaireio-
0els à<f>€Îvai ràç /caTa tov dv8pos ovk dyaOàs vnovolaç rjyovv 25
tovç Xôyovs, €i 8è p.r) t6 yovv avyypdp,p.aoi p.aKpoîç ctTi/ia-
Çeiv ôv iyKiop.idÇei.v ovk dv rjSvvrjÔT) Trdvrœs dÇltos, àAA'
Sri TTep dnXoÏKùiJs eKeivw Kai a<f>eXâ>s o-vvcTedr] to avyypap,p,a,
tovto irpos ttjv dvTiXoylav avrov èKivrjoev, d<^' ov Kal Ta?
AajSà? evpeîv èhwqd'q. Kal tolvvv Iva to 0€oXoyiKov ckclvo 30
vvv eïira)p.€V ' « Oi>x ô ev Aoyotç ao<j>6s, oStos rjp.lv oo<f>6s, || Il t- ^5^
» ov8' octtiç yXtôcroav p,ev €VOTpocf)ov e^et, iJjv)(t)v 8è àrtal-

CVSL
13 et 14 oîS«î : alholcodd. || 27 cSvvq&T] S.
324 GRÉGOIRE PALAMAS

l'attaquer, c'est que Nicéphore a composé son écrit simplement


et sans recherche ; Barlaam a pu y trouver des prises sur lui '.
Et pourtant pour citer un heu théologique : Ce n'est pas celui
qui est sage en paroles que nous considérons comme sage, ce n'est
pas celui qui a une langue bien pendue et une âme ignorante, comme
les tombeaux ornés extérieurement et recelant à l'intérieur une
forte odeur fétide à cause des cadavres qui y pourrissent 2, mais celui
qui produit par sa vie la parole la plus digne de confiance et dont
les expressions sans beauté sont ornées par ses actions 3. Mais ce
sage n'a même pas eu la force de s'attacher à ces simples paroles,
sans en modifier auparavant le sens, comme nous le montrerons
clairement bientôt.

Spiritualisme de 4- — Mais aujourd'hui, puisque du


Barlaam. commencement à la fin de son traité, il
donne son propre enseignement sur la
prière intellectuelle, nous donnerons nous aussi un bref examen
préliminaire de sa doctrine. Par sa .séduction verbale, elle peut,
en effet, induire en erreur beaucoup de gens inexpérimentés,
sans tromper pourtant aucun de ceux qui ont goûté, ne serait-ce
qu'un peu, à la prière véritable. Examinons donc cette doctrine,
juste pour montrer combien elle est en désaccord avec les Pères. Il
commence, en effet, par des affirmations admises par les Pères,
mais il termine d'une façon qui leur est absolument opposée.
Il dit au début que celui qui s'applique à la prière doit procurer
la tranquillité à ses sens et, ayant ainsi trompé son auditeur en
lui faisant croire qu'il parle en accord avec les Pères, il en conclut
qu'il faut faire complètement mourir la partie passionnée de l'âme,
afin de ne mettre en action aucune de ses puissances, et aussi
toute activité commune à l'âme et au corps ; car, dit-il, chacune de
ces activités est un obstacle à la prière, surtout dans la mesure où
elle participe à quelque effort physique, donne du plaisir ou de la
peine, et cela concerne surtout le plus grossier et le plus déraison
nable des sens, le toucher *. On pourrait donc dire à celui qui nous

1 Voir Introd., p. XXXII.


• Cfr Matth., XXIII. 27.
» S. Grégoire de Nazianze, Hom., XVI, 2 (PG, XXXV, 936 D-937 A).
4 Citation de Barlaam ; cfr sa Lettre IV, à Ignace (édit. Schirô, p. 315).
TRIADE II, 2, 3-4 325

» 8evrov, côairep tcov T<x<f>cov ôaoi rà ê£co8ev ovres eimpe-


» ireîs, p.v8côoi veicpoîs rà év8ov iroXXrjv 8vaco8iav irepixa-
» XvirTovres , cLÀA' Saris to àÇtôiriorov tcov Xôycov 8ià rov
» filov -npoorlQ^ai koL toîs êpyoïs cbpaît,ei to aKaXXès tcov
» prjp.a.Tcov ». 'AXXà yàp ov8è toîs àirXoÏKoîs eKelvots prfp-a-- 5
atv 6 ao<f>6s ovros ïcrxycrev èiridéodai, p.r/ irpôrepov Siacrrpe-
ifjas avrd, Kaddirep oatf>cos p.erà jSpa^ù 8elj-op.ev.

4. NCv 8' €77€l7T€/3 OVTOS dpxÔpeVOS Te Kdl TeXeVTWV TTOp


éavTov 8i8d<TK€i irepl irpoacvx'fjs voepâs, Tavrrjv koX 7jp.eîs
avrov rrjv 8i8aoKaXlav 8ià fipaxécov ■npoQecopr\acop,ev ' TOiairrq 10
yàp èarw, oïa 8ià xprioToXoylas àirarfjaai. tcov âiretpcov iroX-
Xovs, tcov evxyjs 8' àXrjÔovs Kai p.eTpicos yevaap.évcov ov8éva.
Toaovrov oSv rrjv 8t8aoKaXlav Tavrqv avrov Ka.Tl8cop.ev,
oaov 8eî£ai to irpos tovs iraTepas avrfjs davp.cj>covov. "Ap^erai
p.kv yap a-no tcov toÎs iraTpdoiv cbp.oXoyqp.évcov , TeXevrâ. 8è 15
eiç Tt]V evavTiav iravrâiraoïv eKelvots 686v. Tovto ydp cfnjotv
apxoptevos tôç « rjpep.lav irapéxeiv toûç atad-qoeot XPV T0V
» 7rpooev)(TJs einp.eXovp.evov » ko! 8ià tovtov KXétf/as rov
CLKOvovra cos owcoSà Xéycov toîs irarpâoiv, elr e/c tovtov
avpmepalvet 8eîv « veKpovv TeXécos to ttjs fivxfjs iraBiyrt- 20
» kov, tiç «aTa p.rj8eplav tcov éavTov 8vvdp.etov èvepyeîv,
» irpos 8e Kai irâoav èvépyeiav ipvxîjs Te /cai ocôp,aTOS Koivqv '
» t?7 yàp TTpoaevxXl * cfrqoiv « ep.ir68t.ov èKtioTTj ylverai ko!
» p-aXior' i<f>' oaov jStas ôncoaovv /xeTc'^ei Kai ijSovtjv -r) dXyos
» èp.iroieî Kal en paXiOTa irept. ttjv TTaxvr6.Tj]v Kai àXoyco- 25
» t6.tt)v tcov alodrjoecov à^trpi ». Où/coûv, eliroi ti? âv 77pô?

CVSL
4 àxaAîr : CV.
326 GRÉGOIRE PALAMAS

donne ces conseils qu'il ne faut plus ni jeûner, ni veiller, ni fléchir


le genou, ni se prosterner à terre, ni surtout se tenir debout :
celui qui s'applique à la prière intellectuelle ne doit rien faire de
tel, car tout cela force le toucher à entrer en activité, en provo
quant de la douleur, et introduit, comme il le dirait lui-même, du
tumulte dans l'âme en prière. Il faut faire en sorte que le tumulte
ne lui vienne de nulle part. Car il serait prodigieux, dit-il, de
mépriser, dans nos prières, la vue et l'ouïe, les sens les plus imma
tériels, les plus impassibles et les plus raisonnables, tout en faisant
bon accueil au sens le plus grossier et le plus déraisonnable et en
acceptant de collaborer à ses activités. Bien que philosophe, il n'a
pas vu les différences qui existent dans l'activité des sens : ils
participent de diverses façons à la puissance corporelle qui est
en eux et ne sont pas tous excités par les seuls objets qui sur
viennent du dehors. Mais nous qui voulons expliquer ce que la
prière immatérielle donne aux sens matériels, il aurait fallu que
nous en ayons l'expérience la plus parfaite et que notre ouvrage
n'ait point d'autre but que celui-là ! Mais puisse Celui qui donne
la prière à ceux qui le prient l donner à ses avocats une parole à
la mesure de l'objet qui nous occupe aujourd'hui.

Toute sensation 5. — Il faut donc, lorsque nous retour-


n'est pas à rejeter, nons à l'intérieur de nous-mêmes, calmer
les sensations excitées par des activités
de l'extérieur 2 ; mais pourquoi calmerait-on celles qui sont pro
voquées par des dispositions de l'âme, de bonnes dispositions ?
Y a-t-il un moyen de s'en débarrasser spontanément, si l'on est
rentré en soi ? Et pour quelle raison faut-il chercher à s'en débar
rasser, puisqu'elles ne nous accablent aucunement, mais contri
buent plutôt, autant que cela est possible, à notre rassemblement
en nous-mêmes ? Car ce corps, qui est uni à nous, nous a été atta-

1 I Rois, II, 9 (texte des Septante correspondant à / Sam., II, 9).


* Nous avons vu que, selon Palamas, le chrétien trouve à l'intérieur de lui-même
le Royaume de Dieu et le Christ (cfr surtout Tr. I, 3, 38) et, à l'extérieur, le
royaume de ce monde.
TRIADE II, 2, 4-5 327

tov rà Totaûra elarrjyovfj.evov, ov vr/oreveiv, ovk àypirrrvcîv,


ov yôw kXivciv, ov xa/newcîv, ovk cttl irXéov Zoraodai,
Ov8kv TOU3VTOV 77/>aTT€lV Set TOV TTpOOeV)(r}s VOepâs €7rifJ.€-
Xovfievov' àXyeivws yàp ravd' âVaira ttjv 6.<f>r}v ivepyeîv
jSta^eTai Kal oxXov, ù)s àv avros <f>atrjs, rf} fftvxfi w/>ocr€l'- 5
Xop-évj) 7rpoo-<f>épei ' 8éov to àvevôxXrjTov 7Tavraxà6ev avrfj
TT€pi7Toi€Îv. « Kal yàp vTrcp<f>vès àv €Ït) » iràXiv <f>rjalv n el
» oifitv p.kv Kat à.Kor\v, ràs àvXoTepaç tû>v aLodrjoecDV ko!
» àTradcarépas Kal XoyiKioTepas, àTip.à^otp.ev èv 7rpooevxaîç,
» à<f>j)v 8k ttiv ■naxyrâ'rqv iraotàv Kal àXoyiDTarqv npooSe- 10
» £aip,eda Kal ràs kot avrrjv èvcpyelas ovvepyeîv vttoXtj-
» ip6p.e0a ». Kal yàp ov awewpaKe, Kairot <f>iX6oo<f>oç œv,
tt)v èv raïs aladrjocoi oia<f>opdv, ôirios 8ia<f>6pa)ç tt}s èv
aùVaîç o~u>p.aToei8ovs 8vvdp,eu)S p.€TaXayxdvovo-ai, \\ p.r) irpos I '• 'S8"
p.6v(ov tcôv èÇcudev aurai? ■npooTri-nrôvroiv âVaaai Kivovp.evai 15
8iareXovaiv. 'HpÂv 8k rà avp.fialvovTa raîç èvvXoiç aladrj-
aeatv ck rrjs àvXov Trpooevxfjs è^rjyeîcrdai. fiovXop,€vot.ç, Kal
TÎjs Kar av-rr/v êÇeœs TeXeœrdTTjs c8ei Kal 7rpayp.aTelas
npos èv 6pu>o-r)s tovto p,6vov ' àAÀ' « o 8i8ovs €vxi)v tols
» evxop.évots » Kal toîs vnkp avr&v XaXovai 80177 Xôyov 20
rfj vvv TrpodéaeL ovp.p.erpov.

5. "Ooai p.kv ovv rœv aloOrjoeatv viro tô>v eÇatOev èvep-


yeitôv Kivovvrai, rauraç r)p€p.eîv dvdyKrj Trepl rà èv8ov
orp€<f>op.€V(ov r)p,ô>v ' ôoai 8k raîç rfjç tpvx'fjs StaOéoecn avv-
8iaTidevTai, Kal ravra raîç àyadaîç, tiç XP€La >' ■^'s' &* 25
p.r)xavr) tovto>v oiKodev à<f>eîo6ai tov èv eau-rai yevôp.evov ',
Ttvos 8k Kal X<V>lv àxf>Uoôai tovtidv 8eî Çrjreïv, p,r)8ap,œs
7rpooio~rap,év(DV , dXXà Kal ovvepyovowv rfj ow8iadio€i Sri
p,dXtOTa ; To yàp ovÇvyov Tjp.lv tovtI aû>p.a vtto tov 0eov
ù)ç avvepyov io6/j.evov owéÇevKTai, /iôAAov 8k VTréÇevKTat. ' 30
ovkovv à^rjvidÇov p,kv eïp£op.ev, à7ro8e£6p.eda 84, àyôpuevov
fj 8éov. 'Akot) p,kv ovv Kal ôipis à<f>TJs KaOapœTepal té Kal

CVSL
8 àiiXurrîpaç C ! 28 «tai om. V || 32 KaBapôrepai. L.
328 GRÉGOIRE PALAMAS

ché par Dieu pour être notre collaborateur, ou plutôt il a été


mis sous notre dépendance ; nous le repousserons donc, s'il se
révolte, et nous l'accepterons, s'il se conduit comme il faut.
L'ouïe et la vue sont plus pures et plus raisonnables que le tou
cher, mais l'on n'y attachera aucune attention, sans subir pour
cela la moindre affliction, à moins qu'un objet de vision ou
d'audition ne survienne de l'extérieur avec une sonorité ou un
aspect désagréables. D'autre part, c'est le corps surtout qui est
affligé par le toucher, lorsque nous pratiquons le jeûne et ne lui
apportons pas de l'extérieur sa nourriture. Pour cette raison,
les hommes qui se rassemblent à l'intérieur d'eux-mêmes, dans
la mesure où ils demeurent à l'intérieur d'eux-mêmes, maintien
nent dans l'inaction les sens qui n'agissent pas sans la présence
d'objets extérieurs. Quant aux sensations qui restent actives
même en l'absence d'objets extérieurs, comment s'arrangeraient-
ils pour les rendre oisives, surtout lorsque ces sens tendent au
but qui est le leur ? Ceux qui ont pris ne serait-ce qu'une petite
part au combat pour cette sensation douloureuse au toucher '
savent tous qu'elle est de la plus grande utilité à ceux qui pra
tiquent la prière intellectuelle ; ils n'ont pas besoin ici de paroles,
car ils le savent par expérience, eux qui n'admettent pas que l'on
recherche de telles choses par la seule parole et disent que c'est
là la connaissance qui enfle d'orgueil 2.

La douleur physi- 6. — En tout cas, ceux qui pratiquent


que mène à la ja -^^ prière intellectuelle doivent se
' libérer des passions et rejeter toute rela
tion avec les objets qui peuvent y faire obstacle, car c'est
ainsi qu'ils pourront acquérir la prière paisible et pure ; quant à
ceux qui ne sont pas encore arrivés à ce degré, mais qui cher
chent à y parvenir, il leur faut dominer toute jouissance sen
suelle, rejeter complètement les passions ; car la peccabilité du
corps doit mourir, ce qui revient à rejeter les passions ; le juge
ment, de son côté, doit vaincre les mauvaises passions qui se
meuvent dans le monde intelligible, ce qui revient à dominer les
jouissances sensuelles. S'il en est ainsi, et cela est en effet, si

1 C'est-à-dire le jeûne, les veilles et les pratiques similaires.


» Cfr / Cor., VIII, i.
TRIADE II, 2, 5-6 329

XoyiKWTepal elaiv, àXX* ovk âv 5X<os àvTtXrjif/eTal tiç tovtcov


ovoevos, ovo av obvvrjueir] kclt clvto, pvq eçojuev rrpooTTeaov-
tos tov éparov rj toû aKovarov, 8vari\ovs ovros 77 Kal 8va-
eiSovs ' tÔ 8è awp.a 68vv&rai p.âXXov ko/to. ttjv à<fyqv, orav
VTjorelav àoKÛ>p.ev Kal firj irpoodya>p.ev aurai ttjv ëÇwdev 5
Tpo<f>rjv. Aià tovto ol irpos rà ev8ov àrro twv ë£(o êavrovs
o-varéXXovres , ràç u-eV, p.r) trapôvTOiv rœv e£ù>8ev, ovk
èvepyovaas aladrjaets rfjs /carà raûra evepyeias àTronavov-
aiv, è<f>' ôaov eïaœ p.évovai ' ràs Se *caî aTTOVTOiv twv efa),
ivepyovaas, ttws âv àpyeîv TrapaaKevdautot, Kal p.dXio9' 10
orav relvcoaiv at5rai Kal 7rpos ro TrpoKeip.evov TeXos ; "On
Se r) àXyeivr) Karà ttjv àtfnjv avrrj alaOrtais toîs voepûs
TTpoa€v\op.4voi.s èarap.dXiara XvatreXeî, irâvres p.èv tcraaiv
octoi Kal p.€Tplœs rjipavro tov KaT avn)v dyœvos, Kal Xôyatv
tovtois t)ttov Set Stà -rrelpas iyvwKoaiv , oî Kal tovs Xôyco 15
fiôi'ip rà Toiaûra ÇrjTovvTas ovk àTroSe'^ovrai, Tavrrjv etvai
Xéyovres « ttjv <j>vauivaav yvœaiv ».

6. Ov p.r)v àAA' el tovs voepcôs d»ç àXrjdœs irpoaevxop.é-


vovs airpooiradels àvdyKrj elvai Kal ttjv Trpos rà p,éacos ttûjs
e^ovra t<Dv ■npayp.aTOiv ayéaw àiroTiva^ap-évovs , ovrat yàp 20
âv ayoîev ànapevo^Xrp-ov Kal KaBapâs Tvyydveiv TTpoaevyrjs,
tovs 8è pvfproi Trpos tovto tÔ p,€Tpov è^OaKOTas , €7T€i.yop,évovs
p.€VTOi Trpos avro, ttjs p.èv rj8vTra9etas VTTcpKVTTTe.iv, àiTT]XXdx-
Oai 8è TeXeUvs èp.Tra9eias, Seî yàp || tÔ p.èv ap.aprrjTi.KOV \ i. I59»-
toû aa>p.aTOS veKpœaai, o èariv èp-rradeias aTnjXXdxdat, tov 25
8è Xoyi.ap.ov èTTLKpaTéarepov e^eiv tcSv èv tû> /carà ht.dvoi.av
Koapnp TTOVT/pwv TTady]p.dTOjv Kivovp.éva}v, 5 ccttiv ■qb'vTTa-

CVSL

25 àinjXâxBat V.
330 GRÉGOIRE PALAMAS

nous ne pouvons toucher la prière, même pour ainsi dire du bout


des lèvres, aussi longtemps que les passions gardent sur nous leur
emprise, nous avons certainement besoin de la douleur physique
qui vient du jeûne, des veilles et des autres pratiques semblables,
si nous nous appliquons à la prière. Seule cette douleur fait, en
effet, mourir la peccabilité du corps et rend plus modérées et
plus faibles les pensées qui provoquent de brutales passions.
De plus, c'est cela qui apporte, au début, la sainte componction,
efface ainsi les souillures passées elles-mêmes, attire, plus que
toute autre chose, la faveur divine et provoque une bonne dispo
sition pour la prière. Car Dieu ne dédaignera pas un cœur brisé,
suivant David 1, et, suivant Grégoire le Théologien, on ne peut
servir Dieu mieux que par la souffrance 2. Voilà pourquoi le
Seigneur a enseigné dans les évangiles que la prière peut beau
coup, lorsqu'elle est unie au jeûne 3.

Sensations phy- 7. — Se rendre insensible équivaut


siques liées à la ^onc à abolir la prière ; les Pères appel-
pr re' lent cela aussi « durcissement » 4. Mais
ce Barlaam ne fut-il pas le premier à user d'un vain langage
philosophique pour reprocher cette douleur physique à ceux
qui ont la connaissance réelle ? C'est ainsi que certains Pères
ont déclaré que le jeûne est comme l'essence de la prière : la
faim, disent-ils, est la matière de la prière. D'autres ont dit que
c'est là sa qualité : ils savent, en effet, que la prière sans com
ponction n'a point de qualité. Et que répondras-tu lorsqu'on
te dit : La soif et la veille opprimèrent le cœur ; et lorsque le cœur
fut opprimé, des larmes coulèrent 5 ; et encore : La prière est mère
des larmes et aussi leur fille 8. Vois-tu que cette douleur phy
sique, non seulement ne fait pas obstacle à la prière, mais y

» Ps., L (LI), 17.


*Hom., XXIV, 11 (PG, XXXV, 1181 B).
• Matth., XVII, 21 ; Marc, IX, 29.
» Cfr par exemple s. Maxime, Ambig. (PG, XCI, 1344 C) ; cfr. Marc, III, 5 ;
VI, 52 ; VIII, 17 ; Jean, XII, 40, etc.
• S. Jkan Climaqui, Scala, VI (PG, LXXXVIII, 796 B).
• Ibid, XXVIII (PG, LXXXVIII, 1 129 A).
TRIADE II, 2, 6-7 331

Oetaç VTrepKVTrrew, et ravd* ovtojs e\ei Kaddvep yovv è^ci


Kal, tîjs èp.Tradetas èTnKparovarjs , ov8' a.Kpoiç to tov Xoyov
XeiXecrtv voepâs Trpoaev)(f}ç yevcra.lp.e0' dv, 8e6p.eda irdvrcos
tov Karà rr)v àxf>T)v oià VTjorelas re Kal àypvrrvlas Kal tô»v
dXXojv TÔiv TOLovroiv dXyovs , Trpoaevxfjç e1np.eX0vp.ev0i ' 81 5
avrijs yàp p.6vrjs to àp.apn)TiKov tov o~a>p.a.Toç veKpovrai ko!
ol t<z KTTjvœo'r) Trddrj Kivovvres Xoyiop,ol p.eTpiixiTepoi Te
Kal àadevéarepoi Kadiaravrai ' ov p.6vov hé, àXXà Kal tt)v
iepàv KaTavvÇiv avTo <f>épei ttjv àpxVv> Si ^s Kal tovs repo-
yeyovoTaç àviépovs àiraXei<f>ei p.oXvap.ovs Kal to delov IXeco 10
irdvrwv p.dXiara 7roieÎTai Kal rrpos ttjv Sérjaiv KaTaveidés.
« Kaphlav yàp awTeTpip,p.évqv 6 Oeos ovk iÇovSevwaei »
KctTà tov /lavlS Kal Karà tov deoXôyov rpr/yôpiov « ov8evl
» tG>v Tràvriov ovtu) J)s Ka.KOTTa.delq. 0e6s deparreveTai ».
Âio ko! 6 Kvptos p.éya 8vvaa0at ttjv rrpoaevx^v p.erà rrjs 15
vrjoreias ovve£,evyp.évr]v èv evayyeXloiç è8£8a£ev.

7. 'AvaXyrjola. rotyapovv èari to KaTapyovv tt)v irpoaev-


Xr)v> Vv Ka* * ftwptaaw » ol iraTepeç ôvop,d£ovoiv. 'AXX'
ov%i to aXyos ttjs a<f>TJs d>ç Karà tôjv êpyto yiviooKÔvrcov
irpârros ovtos àirpà-KTOis è<piXoo6<f>r)oe Xôyots ,' Tavr* dpa 20
Kal TÔiv iraTepwv elalv ol ttjv vrjoTelav oloveï ovatav elvai
Trpooevxrjs àTTe<p-r]vavTO ' « "YXtj » ydp <f>acri « Trpooev)(T}s ,
» Treîva. ». "ETepoi 8è «TroiÔTr/Ta » tovt' è<fyqaav avrfjs ' diroiov
yàp ïcraoi ttjv âvev KaTavv£eu>s TTpoaevyrpi■. Tt. 8è 6 Xéyoxv '
<nûlipa Kal dypvTTvia ètjéXiipav Kap8laV Kap8îaç 8è 6Xt.fieloT)s , 25
» è^eTTT]8T]oav Sa/cpua » " « Trpooevx'r) » S' avdis « 8aKpva>v
» p.T]TT)p Kal TrdXi.v OvydrTjp ». Et8es ttcôç to /carà ri)v à<fyr)v
âXyos tovto p.Tj p,6vov ovk ep.Tr68iov yiveTai ttj Trpooevxjj ,
àXXà Kal 8ia<f>ep6vr(i)s owepyeî ', Ti 8è rà 8aKpva ravra, <Lv
èoriv 7) Trpoaev)çr) 9vydTrjp Te Kal p.-qrr]p ; Ovk 68vvrjpà p,ev 3°
ecm Kal TTiKpà Kal 8aKV7)pà <f>vaet toÎs dprt. tov « /uiKaplov
■névQovs » yevaap.évois, toîs 8è KaTaTroXavaaaiv aùroy npos

CVSL
14 ovrais S.
332 GREGOIRE PALAMAS

contribue particulièrement ? Et que sont ces larmes, dont la


prière est la fille et la mère ? Ne sont-elles pas par nature doulou
reuses, amères et blessantes pour ceux qui ont à peine goûté à
la bienheureuse affliction 1, mais deviennent douces et inoffensives
pour ceux qui en ont la pleine jouissance ? Comment se fait-il
que la prière ne fasse pas disparaître les actes corporels qui pro
curent une joie et une douleur sensibles et que plutôt ces actes
engendrent la prière et sont engendrés par elle ? Pourquoi Dieu
les accorde-t-il comme une grâce, conformément à celui qui dit :
Si, dans ta prière, tu as obtenu des larmes, c'est que Dieu a touché
les yeux de ton cœur et que tu as recouvré la vue intellectuelle * ?

Choses vaines et 8- ~ Mais Paul> d11"". ravi jusqu'au


choses utiles. troisième ciel, ne savait s'il était dans le
corfs ou en dehors du corps 3, car il avait
oublié tout ce qui concerne le corps ; donc, si celui qui s'élance vers
Dieu dans la prière doit cesser de sentir les choses corporelles,
comment ces choses, que doit rejeter celui qui s'élance vers Dieu,
seraient-elles des dons de Dieu ? Mais ce ne sont pas seulement les
activités corporelles que doit abandonner l'homme qui s'élance
vers la divine union : il doit abandonner aussi les activités intel
lectuelles, toutes les lumières divines et toute montée vers toutes
les saintes cimes, comme le dit le grand Denys *. Rien de tout
cela n'est donc un don de Dieu, pas même la montée vers toutes
les saintes cimes, puisqu'en s'élançant vers l'union divine, on
doit tout abandonner ! Et comment ces choses proviendraient-elles
de la grâce, demande-t-il, puisqu'on ne doit pas les sentir pendant
la prière intellectuelle qui unit l'homme à Dieu? Elles ne serviraient
à rien, alors que tout ce qui vient de Dieu sert à quelque chose. Tu te
complais à parler inutilement, ô homme, et tu nous réduis nous
aussi à faire de même ; tu penses ainsi que la divine union ne
surpasse à peu près aucune des choses grandes et nécessaires,
mais seulement les choses vaines ? Tu penses aussi que tout ce
qui n'est pas là, lorsque l'union s'accomplit, est vain ? Il est vrai-

1 Cfr ibid., VII (PG, LXXXVIII, 804 A.)


« S. Marc l'Ermite, De lege spirituali. 12 (PG, LXV, 908 A).
» // Cor., XII, 2.
*De myslica theologia, I, 3 (PG, III, 1000 C).
triade il, 2, 7-8 333

r)8éa Kal àvœSvva fi.cra7rot€ÎTat. / IJœs ovv ov Xvp.aivovrai


rfj 7rpoo€V)(fj, p.âXXov 8è rrœs Kal yewœoiv avrr)v Kal yewcôv-
rat vn avrijç, Ta oœp.aTiKÔ>s evcpyovfieva, rà Kal Kar*
aîaOrjaiv ■qhvvovrd T€ Kal àXyvvovra ; IJœs 8e aura xa/"'"
t,ç.rai 0e6s, /carà tov Xéyovra ' « El 8&Kpvov €kttjO(x) h> tjj 5
f> irpoaevxfj aov> ô @eos TJiparo aov twv 6<f>6aXp.û>v rrjç Kap-
» 8las Kal voepœs àvé^Xei/tas ► / || I *• J59f

8. « '^4AA' ô IJavXôs » <f>r)oiv « â/mayeis' «i>? rpirov ovpa-


» voû où/f oîSev eiTe èv atwuari rjv, être toû acouaroy
» èKTOS, à>S €7nXeXl]ap.€VOS TUiV KaTO. TO <jû)p,a 7rdvT(OV ' €1 IO
» to'ivvv 7rpoo-fJKov TOV TTpOS &€0V 8là TTpOO€V)(rjS €tT€vyôp.evov
» Twv /carà to owua àvataOrJTioç €X€lv> it&S 8wpa Oeov, <bv
» àTraXXa.TTe<j6ai irpoarJKei tov TTpos avrov iiT€iyop.evov ,' »
'AXX* ov%l Tœv aa>p.aTiK<ôv p,6vu)v ivepyeiœv àiraXXâTTeadai
Trpocr^Kei tov -npos tt)v deiav ëvcoanv €7reiy6p.evov, dXXà Kal 15
« rà? voepàs ivepyeias Kal navra rà Beîa <f>œra Kal Ttâaav
» TraaôiV àylwv aKpOTTjTœv dvdfiacnv aTToXvnzlv » Karà tov
p.iyav Aiovvoiov. 0v8èv ovv tovtojv 8topov Oeov, ov8 r)
TtaaS») âytœv àKpoTTjTitf» àvdpaoïs, inel toxjtcov dTraXXdTTea-
Bai rrpocrrJKei tov irpos Tr)v Belav evatatv €irety6p.evov. « Kal ntos 2°
» àv eïr) » <fyqalv « 4k ttjs xdpiTos Taûra, <Lv ov p.éXX€t aloBdveo--
» 8ai icarà ttjv tw 0€w tov dvdpcorrov évovoav voepàv Trpoaev-
* XVV > Mdrrjv yàp âv yévoiTO ' p.draiov 8è tojv ck Oeov ovSév ».
MaTatoXoyia ^alpwv, dv9pa>7T€, â Kal r)p.âs els tolovtovs
Xôyovs KaTaaTT&v , Kai ovtùjs ?)yfj tt\v Oelav êvataiv p.iKpov 25
à)S ovxl Tœv p.€yâXajv Kal àvayKatojv vvepalpeiv , aXXà tojv
fiaTaiœv p,6va>v / Kal o âv p.r) Trapfj Tavrqs TeXovp.évr)s, ua-

CVSL

7 ûie'£$A€i/»aj : àva^Xdipas V.
334 GRÉGOIRE PALAMAS

ment manifeste que tu ne t'élèves pas toi-même au-dessus des


choses vaines. Car si tu t'y étais élevé, tu saurais combien l'union
avec Dieu surpasse les choses utiles elles-mêmes.

Le corps peut de- &• — Tu te complais tellement dans les


venir Esprit. choses vaines que tu t'attardes longue
ment à bavarder inutilement, sans rien
connaître à la prière ; cette grâce spirituelle qui survient dans le
cœur, tu l'appelles, hélas, imagination qui porte en elle le simulacre
du cœur. Ceux qui en ont été jugés dignes savent pourtant qu'elle
n'est pas une figure de l'imagination, qu'elle ne dépend pas de
nous, qu'elle n'apparaît pas pour disparaître aussitôt, mais
qu'elle est une énergie permanente produite par la grâce, liée
à l'âme et enracinée en elle, une source qui engendre une joie
sainte, attirant l'esprit à elle, le libérant des figurations multi
formes et matérielles et lui faisant joyeusement mépriser toute
chose corporelle ; j'appelle ici « chose corporelle », ce qui dans nos
pensées provient des plaisirs du corps, ce qui s'attache à elles
en leur apparaissant comme agréable et les attire vers le bas.
Quant à ce qui se passe dans le corps en venant de l'âme pleine de
joie spirituelle, c'est une réalité spirituelle, bien qu'agissant dans
le corps. De même, en effet, que la joie'qui vient du corps dans
l'esprit donne à ce dernier un aspect corporel, sans être en aucune
façon elle-même améliorée par cette communion à une réalité
supérieure, mais donnant à l'esprit une qualité inférieure (à cause
d'elle, en effet, l'homme tout entier est appelé « chair », comme
il a été dit de ceux qui furent inondés par la colère de Dieu :
Mon Esprit ne demeurera pas dans ces hommes, parce qu'ils sont
chair 1), de même la joie spirituelle qui vient de l'esprit dans le
corps n'est pas du tout corrompue par la communion au corps,
mais transforme le corps et le rend spirituel, parce qu'alors il
rejette tous les mauvais appétits de la chair, ne tire plus l'âme
vers le bas, mais s'élève avec elle, de sorte que l'homme tout
entier devient Esprit, suivant ce qui est écrit : Celui qui est né de
l'Esprit est Esprit 2. Et tout cela devient évident par expérience.

» Gen.. VI, 3.
• Jean, III, 6, 8.
TRIADE II, 2, 8-9 335

tcuov rjyrj ; "Ovrws 8rjXos el pr) rœv p.aralwv avros àvwrepov


Karaarqaas aeavrôv ' el yàp VTrepavéorrjKas, êyvws àv ôarw
kcÙ tûv xprjotfiœv rj rrpos Oeov VTrepavéarrjKev èvwois.

9. Sv 8è Toaovro xalpeiç èp.<f>iXoxwpwv toîs p.aTalois, ws


Kal rrepl Trpoacvxfjs p.rj8èv el8ws SXws roaavra /ii)(cw«î /xa- 5
TaioXoywv, 8s Kal tt)v èv Kap8ia Trvevp.aTiKr)v Tavrrjs X<*PIV
« (pavraoûav » <f>ev KaXeîs « to eï8wXov èv êavrfj ttjs Kap8îas
» (pépovoav ». 01 8è KaTr)£iwp.évoi Tavrrjç ïaaaiv avrr)v ov
<pavraoiw8r) àvaTxmwow, ov8è twv è<f>' r)p.îv ovaav, ov8è
vvv p.èv ovaav, vvv 8' ovk ovaav, àXX' d/ca/iaToV riva èvép- 10
yetav vrro ttjs ^aptToç èyyivop,évr)v awovaav Kal èveppiÇw-
p.èvr\v ri} iffvxV' 7rr)Y7)v yewwaav ev<f>poavvrjs Upâs els
èavrr)v oirvcXicovo-qs tov vovv Kal èÇurrwar/s twv iroXvei8wv
ko! trpoavXwv <pavraap.àTwv Kal àrj8ws vpoç irâv owp.aToei-
8ès t)8v TrapaoKevaÇovorjs ^X€IV ' o~<opJiTOCi&is Be Xéyw to 15
8n.Kv0vp.ev0v àtro twv tov awp.aros r)8ovwv èirl tovs Xoyia-
pxyvs Kal i)8v<j>avws avyyivôp.evov Kal KaTaarrwv avrovs ' to
8' 6/c ttjs fpvxijs Trvevp.aTi.Kws ev<f>paivop,évr)s è-rrl to awfia
8ia/$aîvov, kov èv owp.aTi Tvyxàvr/ èvepyovv, àXXà rrvevp,a-
tlkov èart. Kaôdrrep yàp t) à/no awp.aTwv iirl tov vovv || 20 J f. i6or
lovaa r)8ovr) owp.aToei.8rj àTrepydÇeTai aùrdv, p.rj8èv ttj
Kowwvia tov KpeÎTTovos ^eXriwBeîaa avrrj, p.era8ovaa 8c
p,âXXov tov xtLpovos aura), wç 81 avrr)v Kal « aàpKa » SXov
XéyeaOai tov àvBpwrrov, Karà to elpr)p.évov rrepl tcôv opyfj
KaTaKXv£op.évwv vrro tov Oeov a»ç « où p.r) p-elvr) to TIvevp.â 25
» px>v èv toîs àvdpwrrots tovtoiç 8cà to efrai avrovs adpKas »,
OVTWS f\ O.TTO TOV VOV €TTl TO OÔJ/XO. nV€Vp.aTlKr) €pXOp.€V7]
r)8ovrj, /xrySèv avrr) ttj Kowwvia tov owp.aTos àxpet.wdeîoa,
p.€Taaroi,x€U)î to owp.a Kal Trvevp.aTt.Kov rroieî, ràs oapKiKàs
rrovrjpàs àrToflaXX6p,€Vov opéÇeis Kal p.r\KeTi KadéXKOv rr)v 30
ipvxrfv, àXXà TavTjj o~vvava<f>epàp.cvov, ws Kal IIvevp.a to tc

CVSL
4 toooGtov L I 29 fitratrroixtoî C.
336 GRÉGOIRE PALAMAS

Témoignages scrip- 10. — A ce chercheur de discussion et


turaires et patris- ^g qUerelle il aurait suffi de dire que nous
ques- n'avons pas l'habitude, ni l'Église de
Dieu, de pratiquer des raisonnements inefficaces ; nous hono
rons le raisonnement agissant et l'action raisonnée ! Mais puis
qu'il a mis de tels raisonnements par écrit, nous aussi nous ma
nifestons par écrit la vérité et nous réfutons le mensonge, afin
qu'il n'induise personne en erreur parmi la multitude et que
ses paroles n'apparaissent pas comme saintes pour amener
ainsi les gens au mensonge. Nous parlons peu sur certaines
choses, plus longuement là où cela est plus nécessaire ; par
tout nous mettons en avant les Pères, dans leur opposition à
ce nouveau maître d'inaction qui, puisqu'il se débarrasse des
bonnes actions du corps, parce qu'elles lui sont désagréables,
n'accepte naturellement pas non plus les dispositions spirituelles
qui se manifestent dans le corps, bien que toute la Sainte Écriture
inspirée soit pleine de telles choses. Mon cœur, est-il dit en effet,
et ma chair se sont réjouis du Dieu vivant * et En lui j'ai espéré,
j'ai reçu un secours et ma chair a fleuri 2 ; et encore : Combien tes
paroles sont douces à ma gorge ; elles sont dans ma bouche meilleures
que le miel s. Et saint Isaac montre clairement qu'il parle de la
bouche sensible en disant que c'est là un signe de progrès, lorsque
l'on sent les paroles de la prière devenir plus douces dans la bou
che *. Quant à saint Diadoque, il nous dit : L'énergie même du
Saint-Esprit qui vient en nous nous enseigne qu'il existe un seul
sens de l'âme ; ce sens, nul ne peut le connaître, à moins de rejeter
les beautés de la vie, dans l'espérance des biens à venir ; en abandon
nant les soucis terrestres et en se mettant vigoureusement en mouve
ment vers ces biens à venir, l'esprit ressent lui-même indiciblement
la bonté divine et communique sa propre bonté au corps à la mesure

1 Ps., LXXXIII (LXXXIV), 2 (3).


• Ps., XXVII (XXVIII), 7.
» Ps., CXVIII (CXIX), 103.
* Hotn. 31 (édit. N. Theotoki, p. 197 ; édit. Spktsieri, p. 134).
TRIADE II, 2, 9-10 337

ôXov elvai tov dv6pa)7Tov, /carà to y€ypap.p.evov ' « '0 yeyevvrj-


» p.évos €K tov IlvevfjiaTOS, IJv€vp,d èori ». Tavra 8e navra
Tjj rreipa 8ijXa ylverat.

10. IJpos Se tov Xoyofxaxovvra Kal <pi\oveiKa>s èvurrd-


fievov arreyjprqaev dv eirrelv ws r)p.eîs Toiavrrjv ovmjôetav 5
ovk e\op.ev, ov8è r) 'EKKÀrjola tov Oeov, Xôyoïs drrpdKTois
âyeadat. ' Xôyov 8k Tip.wp.ev ep.irpaKTov kol irpâÇw èXX6yip,ov.
'Eirel 8è Kal ypa<f>rj tovs toiovtovs 7rapa8é8a>Ke Xôyovs,
tva p/rj Ttva Ttôv ttoXXôjv è^airaTr\ar\ Kal 86£rj ti oepvov Xé-
yeiv Kal ■npoaayâ.yryrai tw ipev8ei, ypdp,p,aai Kal rjp.eîs i°
TàXrjdès vou>vp,ev <f>avepov Kal to tfjev8os èXeyxop.ev, p,iKpoîs
p.èv irpos ravra, p.aKpoTepois 8è rrpos rà tovtwv dvayKaio-
Tepa \pdip.evoi Kal tovs irarepas rravra^ov irpo8etKvvvTes,
avriKeip.évovs tô> Kaivât tovtu» rrjs drrpaÇlas Kadr/yr/T-fj,
os èirel ras 8ià tov ou>p.aTos àyadàs irpdÇeis (ôs 8voxepeîs 15
àrrooeleTai Kal Tas evarjp.atvop.cvas irvevp.aTiKàs 8iadéoeis
tô> aa>p.aTt €lk6t(os où /caraSe^eTat, Kalroi rrXriprjs èarl
twv toiovtcjv rrâaa Upà Fpa<f>rj Kal Oeôrn/evaros ' «'H Kap8la
» p.ov » ydp <f>r/ai « Kal r) odp£ p,ov r)yaXXidoavro èvl Qeov
» £<SvTa », Kal « 'Eit' avTÔt rjXmo-a Kal è^or/dijdrjv Kal dvé- 20
» BaXev r) adpÇ p,ov », Kal rrdXiv « ' Qs yXvKea tô> Xdpvyyl
» p.ov rà Xôyid aov, vrrèp p.éXi tô> oro/xari p.ov ». "Otl 8è
tûj aladrjTÛ) ord/xaTt $r\ai, Kal 6 dyios 'IaraaK SeÎKVvm aa<f>â>s,
arjp.eîov elvai Xéywv ttpokotttÔvtojv to KadrjSvveadai. iv tû>
OTÔp.aTi avrœv rà p-qp-ara rfjs TTpocrev)(fjs . 'O Se âyioç Aid- 25
8o\os « p.iav elvai » (fnjcxi « rrjv aladrjaiv Trjs >fivxr}s, avTTj
» r) tov àyiov IJvevp.aTOS rjp.lv èyyivop.évr\ 8i8doK€i èvépyeia »,
r)v « ov8els 8vvarai etSeVai, et p.rj p.6voi ol tû>v tov fUîov
» KaXôJv 8ià rrjv iX7rt8a twv p.eXX6vTO)v dyadcbv drrrjXXay-
» /xevoi ' inl yàp tovtiov evpwo-Tws ô vovs 8ià t-tjv àp,epip.- 3°
» viav Kivovp.evos, rrjs Ôelas àppr/rats \\ XPV°"r°TrïTOS avW6s 11 f- I6o«
» iiraio6dv€Tai Kal rœ aaj/xan, «ara xô p.érpov rrjs iavrov
» vpoKoirrjs, rfjs oiKelas xPrlaT°TrlTOS p.€Ta8î8a>aiv », â>s

CVSL
338 GRÉGOIRE PALAMAS

des progrès qu'il a accomplis; c'est ainsi que David dit aussi :
En lui mon cœur a mis son espérance, j'en ai reçu un secours et
ma chair a fleuri l. La joie qui vient ainsi dans l'âme et dans le
corps est un rappel infaillible de la vie incorruptible 2.

Il y a des degrés H- — Mais le philosophe dit qu'il


dans l'union à Dieu, n'accepte pas que ce gage3 du siècle à
venir, ce rappel de l'incorruptibilité, cette
énergie du très saint Esprit, soit d'une origine divine, et
absolument pas qu'il soit lié à la prière intellectuelle. Il
donne quatre raisons pour lesquelles les changements qui se
produisent dans le corps même, par l'effet de l'énergie de
l'Esprit, ne proviennent pas de Dieu. La première raison, c'est
que les dons de Dieu sont les plus parfaits; or, il est meilleur pour
l'âme d'être au-dessus des sens au moment de la prière que d'agir,
d'une façon quelconque, selon les sens ; donc si ces changements ne
sont pas les plus parfaits, car il y a un état qui leur est supérieur,
ils ne proviennent pas de Dieu. Quoi donc ? Puisque selon l'Apôtre,
il vaut mieux prophétiser que parler les langues *, le charisme des
langues n'est plus un don de Dieu ? Et puisque l'amour est le
plus parfait des dons 8, il serait l'unique don divin, à l'exclusion
de tous les autres ? Exclura-t-on la prophétie, le don des miracles,
celui du secours, du gouvernement, les charismes de guérison,
la parole spirituelle de sagesse et de connaissance, le discernement
des esprits • ? Ceux qui prophétisent, ceux qui guérissent, ceux
qui discernent et tous ceux en général qui ont simplement reçu
la grâce du divin Esprit, ont chacun un charisme plus ou moins
grand dans leur propre domaine. C'est ainsi que Paul rend
grâces à Dieu, parce qu'il parle les langues plus que les autres 7,
mais celui qui possède moins possède aussi un don de Dieu.
Recherchez, dit aussi le même apôtre, les charismes les plus grands 8 :

1 Ps., XXVII (XXVIII), 7.


• Cfr Diadoque de Photice, Chap., XXV (édit. des Places, Paris, 1955,
•97)-
» Cfr // Cor., I, 22 ; V, 5 ; Êpkés., I, 14.
« / Cor., xrv.
• Cfr / Cor.. XIII, 13.
• Cfr / Cor., XII, 28-30.
' / Cor., XIV, 18.
• / Cor., XII, 31.
TRIADE II, 2, IO-II 339

Kal 6 Aavlo Xéyei " « 'Ett' avrœ rjX7naev r/ Kaphia p.ov Kal
» i^orjOrfdriv , Kal àvéBaXev fj odp£ pov ». 'H 8e ToiavrTj
èyyivopévrj XaP°- T°T€ Tfj foxV Ka'- TV <J<^flaTi * vir6p.vr)-
» aïs èoriv ànXavfjS rfjs d<f>9dpTov fiiÔTrfTOS ».

11. MAA' ô <f>iX6oo<f>os tov àppafiœva tovtov tov /zeAAov- 5


tos alœvos, T7]V vv6p.v7]oi.v rfjs à<f>0apotas, rt)V èvépyeiav
tov iravayiov Ilvevp.aTos, ovk èv8éxeodai firjcrtv vtto deias
tivos ourlas yîveoôai Kal iravrwv r\KiOTa Karà rr/v voepav
irpooevxrfv. Ai* <£ Se' <fyqoiv ovtos ovk ck Qeov elvat ràç Kal
TÔ> aojfiari èyyivop.évas vtto rrjs èvepyeias tov IIvevp.aTOS If>
àXXoiâxieis, T€Trapa o~xe86v èoTÏ Taûra. UpGyrov pÀv Sri
« rà e/c ©eov 8â>pa TeAeaVraTa ' fiéXTiov Se to vrrèp
» aïadijoiv elvai ttjv ipvxyv èv rais TTpoaevxaîs rj /car'
» aïadrjcnv Ôttojctovv ivepyeîv ' èirel toLvvv p.r) TeXeœrara
» eKeîva, Kal ydp èarw avTÙiv ti fieknov, oi>8' e/c ©eov 15
>> âpa ». Ti ovv, eVeiSi^ to irpo^rjTeveiv p.eît,ov 77 to AaAeîv
yAutocraiç Karà tov ' AttÔotoXov , âpa tÔ xapio^ta tcDv yXcjooûtv
ov Sœpov ©eov,' Kal èTreiSr] r) aydirr) tô>v xapioyzaTa>v to
TeXeojTaTov, p.6vov tovto Kal oi>8èv êrepov delôv iori. 8a>pr)p.a,'
Ov\ 77 irpo<f>r)Teia airrq, ovx ai 8vvdp.eiç, al dvTiXrjipets , 20
ai KvfiepvT)oei.ç , ov Ta xaPLaP-aTa t<â>v lapdTœv, ovx ô ttjs
oo<f>las Kal yviôoews èv Tlvevp.aTi Xôyos, ovx V T^v ttcu/xci-
tojv Sia/cpicris / Kdv toîç irpo<f>r)TtKoîç Se Kal îa/xaTucoîç
Kal 8iaKpiTiK0Îs Kai anXiôs tolç Kexo.piTOjp.evot? vtto tov
deiov TJvevpaTOS auaoi, Kara tovtojv eKaorov tû>v xo.piop.d- 25
tiov cctti p.€i.t,o)V Te /cai eAaTTatV tus Kal 6 IJavXos evxapiOTeî
tû> 0eœ, irâvTCDV pâXXov yXu>ooats AaAali', àAAà «rat ô to
ëXaTTOv éxwv> 8û>pov é^et ©eov. « ZrjXovTe » yàp aufliç 6
avToç ànôoroXos « rà xaPialxara T(* KpeiTrovd » (f>rjoiv, tuç
«rai eAaTTOva>v ovtojv. El yàp « Kal aoTrjp dorépos 8ia<f>épet 30
» èv So^rj », toutcctti <f>a>Toç Trepiovota, aAA' ovoelç tû>v
àoTepwv à<f>WTiOTOS , ovk aX-qdèç ap èKeîvo to napà tov
<f>iXooô<f)OV TrporeTaypévov, à(f>' ov /carà twv rjcrvxaÇôvTtov

CVSL
340 GRÉGOIRE PALAMAS

il y en a donc aussi de plus petits. Et en effet, si même une étoile


diffère en éclat d'une autre étoile l, c'est-à-dire en abondance de
lumière, sans que pour autant aucune étoile ne soit totalement
privée de lumière, la proposition du philosophe, selon laquelle
les dons de Dieu sont les plus parfaits et qui lui fait attaquer ici
les hésychastes, n'est donc pas vraie. Celui qui parmi les apôtres
fut un frère de Dieu a dit de son côté : Tout don parfait provient
d'en haut * ; il n'a pas dit : « le plus parfait ». Mais cet homme qui
ose ajouter de son cru aux Écritures entre, non sans raison, en
campagne contre ceux qui les mettent en pratique ! Je lui deman
derai donc : les saints ne progresseront-ils pas jusqu'à l'infini en
contemplant Dieu dans le siècle à venir ? Il est évident qu'ils
progresseront jusqu'à l'infini. Denys, l'interprète des choses
célestes, dit en effet que même les anges font perpétuellement
des progrès dans cette contemplation, rendus, par l'illumination
qui leur est donnée auparavant, plus capables de recevoir une illu
mination plus resplendissante encore 3. Mais nous ne connaissons
pas et n'avons entendu parler de personne depuis le commence
ment des siècles qui, l'ayant reçue sur terre, n'ambitionnerait une
contemplation encore plus parfaite. Donc, puisque l'ambition de
ceux qui l'ont reçue n'a point de limite, puisque la grâce qui leur
est donnée auparavant leur donne la forcé de communier au degré
supérieur, puisque Celui qui se donne lui-même est infini, puisque
ses largesses sont abondantes et généreuses, comment les fils du
siècle à venir ne progresseraient-ils pas jusqu'à l'infini dans cette
contemplation, puisque toute grâce leur en fait gagner une autre
et qu'ils s'élèvent joyeusement en une montée infatigable ?
Donc, tout don parfait provient d'en haut, mais non pas le plus
parfait, car le plus parfait ne peut plus augmenter.

Contre l'anthro- 12. — Tel est donc le premier argu-


pologle dualiste de ment du philosophe. Le second est plus
ar *'"""" noble : Le fait d'aimer les activités com
munes à la partie passionnée de l'âme et au corps cloue l'âme
au corps et la remplit de ténèbres. Mais quelle est la douleur,

» / Cor., XV, 41.


• Jacques, I, 17.
• Cfr De coelesli hierarchia, IV, 2 (PG, III, 180 A).
TRIADE II, 2, 11-12 341

ivravO' iarlv uypp.rjp.ivoc, Sri « rà tov Oeov 8â>pa TeXeojraTa)).


Kal 6 tô>v àiroarôXojv yàp àSeXfôOeoç « nâv 8wprfpa ri-
» Xeiov âvœOcv » ctirev, ov « TeXeœTarov ». Ovroç Se toîç
Xoylois rrap' iavTov irpoaTiBivai ToXp.wv, cIkÔtcos Kal Karà
t&v 8ià 7rpd£ewç àvayivojOKOVTOJV e'/ceîva ^œpeî. 'Eprjaojxcu 5
toIwv avroV II ovk in* â.TTcipov oi âytoi Karà ttjv deoTnlav 1 f. i6ir
cwi toû p.iXXovros irpoKoiftovaiv alœvos ', IJavri rrov hrjXov
<î>s iir' âiT€ipov " Kal tovç àyyiXovs yàp 6 rtôv ovpaviwv vtto-
(fyrJTTjs Aiovvoios €7rl8o(nv àel /car' avrrjv Xap.f$dv€iv ■napa-
Si'Soku, xa>pT)Ti,KWT€povs vrro rfjs irpoXafiovcrqs iiriTeXov- 10
p.ivovs iTpos rfjv Tpavoripav eXXapuftLV. '^4AA' ov8e twv ravnjs
€vp.oiprjKÔTa)V iirl yfjs €K tov 7ravr6s alwvos €Ï8op.iv riva
rj aKrjKÔapev p/fj TeXeatTipas en Tavrrjs i<f>iip.evov. El
toIwv 17 uèv €<f>€(Tts twv iTriTvyxo-vôvrwv ov% tararcu, 17
8è TrpoXafiovaa X^Pts 8vvap.07roi6s iortv avTOÎs irpos ttjv 15
t&v p.ci£6vwv p.€TdXr)iptv , ô S' in&iSovs iavrov direipos
cari Kal 8ai/nXws Kal à<f>dôvws yopr\yei, tIs viroXiXenrTai
Tpônos pvq ovyl irpoKÔimw tovs vlovs tov p-iXXovros aitûvoç
Kar axrrqv in' âircipov, X^PIV *K X<¥>lT0S Kop.i.t,op.ivovs Kal
ttjv aKap.arov iiriTepnws àviôvras âvoSov ', Ovkovv « nâv 20
» Saipr/fia riXeiov âvwdçv», àXX' ov TcAetiraTov " to yàp TeXeœ-
TaTov TrpoadrjKrjv ovk €7n8e^erai.

12. To p.kv oiïv irpwTov tGiv i7nx^i.pr]p.(iTwv ovtwç e^ei


tû> tf>iXoao<f>w ' SeiJTcpov 8è avTcù yewaiÔT€pov , on « tovto
» 7rpoo7]Xoî ttjv ifivx^v Ttù acjp.aTL Kal gkotovs aùr^v âva- 25
» Trip.irX'qoi, to àyairâv Taç ivepyelaç Soat Koival cîcri tov
» TTaOrjTiKov avTTjÇ Kal tov craj/xaTOÇ ». Ti 8' àXyos, Ttoia
8' r/Bov^, tls 8è Ktmrjots iv acop.aTi ov Kotvrj ivépyeia

CVSL
342 GRÉGOIRE PALAMAS

quelle est la joie, quel est le mouvement du corps qui ne sont


une activité commune à l'âme et au corps ? Il m'appa-
raît, par conséquent, que le philosophe porte là un jugement
inconsidéré, en faisant une déclaration d'ordre universel sur
un objet qui n'a pas ce caractère. Il existe, en effet, des pas
sions bienheureuses, des activités communes à l'âme et au
corps qui ne clouent pas l'Esprit à la chair, mais qui attirent
la chair jusqu'à une dignité proche de celle de l'Esprit et l'obli
gent, elle aussi, à se tourner vers le haut. Quelles sont-elles ?
Ce sont les activités spirituelles qui ne viennent pas du corps dans
l'intelligence, comme nous l'avons dit plus haut, mais descendent
de l'intelligence dans le corps, pour le transformer en mieux et
le déifier par ces actions et ces passions. De même, en effet, que
la Divinité du Verbe incarné de Dieu est commune au corps et
à l'âme, puisqu'elle a déifié la chair par l'intermédiaire de l'âme
jusqu'à lui faire accomplir les œuvres de Dieu, de même, chez les
hommes spirituels, la grâce de l'Esprit, transmise au corps par
l'intermédiaire de l'âme, lui donne, à lui aussi, l'expérience des
choses divines et lui permet d'éprouver la même passion que l'âme
possédant l'expérience divine ; cette âme, puisqu'elle éprouve la
passion des choses divines, possède sans doute une partie passion
née, digne de louanges et divine ; ou plutôt, la partie passionnée,
qui est unique en nous, peut aussi devenir digne de louanges et
divine. Lorsqu'elle poursuit cette bienheureuse activité, elle
déifie aussi le corps ; le corps alors ne se meut pas, poussé par les
passions corporelles et matérielles, même si les gens ne possédant
pas cette expérience considèrent qu'il en est ainsi, ma's il se
retourne sur lui-même, rejette toute relation avec les choses
mauvaises et inspire lui-même sa propre sanctification >ît une déi
fication inaliénable ; les cercueils miraculeux des saints en
sont un témoignage évident. Quant à Etienne, le premier com
battant, son visage apparaissait comme le visage d'un ange 1,
alors qu'il était encore en vie. Son corps n'avait-il donc pas aussi
l'expérience des choses divines ? Cette expérience et l'activité
qui y a trait ne sont-elles pas communes à l'âme et au corps ?
Et leur commune expérience ne cloue pas du tout l'âme aux pen-

1 Actes, VI, 15.


TRIADE II, 2, 12 343

iftvxrjs io~ri Kal aa>p,aTos ,' Aokcî p.oi toiwv airepurKerrrcos


6 <f>iX6ao<f>oç Kal to.vtt)v ttjv ifrfj<f>ov iveyKeîv, KadôXov 7rept
tûjv firj KadôXov à7ro<f>T)vdfi€vos ■ "Eart yàp Kal 7rd0rj p.aKa-
pia Kal Kotval evépyeiat fox*)5 Kat o<*>p.a.Tos où irpoot]-
Xovaai ttj aapKi to IIv€vp.a, àXX' iyyvs ttjs tov IJv€vp.aTos 5
à£laç àvéXKovaai tt)V adpKa ko! àvoi vevew Kal avrr)v àva-
rreldovaai. Tlveç ai^rai/ Al Trvcvp.aTi.Kat, ovk àiro tov awp.a-
toç inl tov vovv loverai , 5 Kal TTpôrepov etTrop.ev, aXX arro
tov vov em to crâ)/xa oiafialvovoai Kal tovto Stà tôjv evepyrj-
p.Ô.T03V T€ Kal 7Tad-qp.â.TO)V TOVTOiV €7tI TO KpeÎTTOV p,€TaOK€V- IO
a^ouaat Kal deovpyovaai. Kaddnep yàp koivtj eort auip.aToç
Kal ifnrxfjs r) tov èvav9poi7rr)aavros Aéyov tov Oeov Oeôrqs,
8tà p.éo-qs fox7)5 dcûtaaaa tt)v adpKa œs Kal Oeov €pya
iKTeXeîodai Si' avrrjs, ovrcoç inl twv 7TV€vp,aTiKcùv àvSptov
r) tov I7vevp,aTos x°Pls' ^là /xeo-rçç 'pvx'fjs irpos to aôip.a 15
8t.a7Top9p.evop.evT), Tr6.a\ew Kal avrGi Ta Oeîa Si'Scdcti kou.
p,aKapla>s ovp.7Tâo)(€w ttj foxH TV Ta deîa rreTTovdvla, tJtis,
irrel ndoxei Ta Oeîa, Kal TraOr)TiKov c^61 Tt II ^TJirovdev inai- 1 1. 1611/
v€tov Kai deîov ' fiâXAov 8è êv ov to èv r)p.îv TradrjTiKov Kai
tolovtov eKTeXeîaOai. 7r£<f>vK€. IlpoeXdôv ovv et? rr)v p,aKapiav 20
Tavrrjv evTcAe'^etav Kal to aû>p.a Oeovpyeî, ovk àiro t<ùv
auip.aTt.KGiV Kal TrpoavXoiV TTadrjpdraiV tôt' airrô Kivovp.evov,
et *cat toîs p.r) 7reîpav ea^/cdat Sofetev âv, àAA' avTO p.aXXov
rrpos éavTO to aâ>p.a iTriOTpé<f>ov Kal ttjç rrpos Ta X€^PW
oxeoeutç arrayov Kai ayi.aap.6v avro 8t' cavrov Kal déoiaiv 25
ip,7TV€ov ava(j>aip€Tov , 0$ T€Kp,rjpiov èvapyks al t&v àyiœv
8avp.aT07TOioi aopoi. Tov 8è irpoiTayaiviarov Urefiavov Kal
eTt rrepiovros « to rTpoauirrov e<f>dvTj œael TrpôaoiTrov àyyéXov ».
*Ap' oiïv ovxl Kal Ta deîa to aœp.a erradev ; Ovkovv Kal to
rrados tovto koI r) (car aÙTÔ ivépyeia ipvxfjs Kal aœpaToç 3°
eWt KOivrf ; Kal r) avp.Trd6ci.a TOVTùiv av-rq oi>x fjXos yîveTat
Trj tftvxjj irpos Ta yrjïvd Te »caî aaipariKa <f>povrjp,aTa, Kal

CVSL
13 TTJS pOSt fiîoris add. L | 27 awpul S.
344 GRÉGOIRE PALAMAS

sées terrestres et corporelles, ne la remplit pas de ténèbres, comme


le dit le philosophe, mais constitue un lien mystérieux et une
union avec Dieu ; miraculeusement, elle élève le corps lui-même
et l'éloigné des passions mauvaises et terrestres. Pour parler
comme le prophète, les puissants de Dieu ont été violemment soule
vés de la terre l. Telles sont ces réalités que l'on appelle énergies
mystérieuses accomplies dans les corps de ceux qui ont sainte
ment embrassé, durant leur vie entière, la sainte hésychie ;
ce qui semble en elles heurter la raison est en réalité supérieur à
toute raison ; elles échappent, en la dépassant, à la pensée de
l'homme qui cherche à connaître ces énergies par la raison, au lieu
d'en rechercher la connaissance par la pratique et l'expérience
qui y est liée. Cet homme, s'il ne fait pas intervenir la foi qui pos
sède seule l'accès à la vérité supraraisonnable, et si, pour son
malheur, il interprète d'une façon peu sacrée les choses sacrées,
blasphème et met en pièces les choses saintes.

Le corps participe 13. — Après cela, comme je l'ai dit


à la transmission plus hautj jj nous oppoSe l'Apôtre * qui
e a ■ ce" affirme ne pas savoir si, lors de son
extraordinaire ravissement, il était dans le corps ou en dehors
du corps, parce que l'Esprit lui avait fait oublier tout ce
qui concerne le corps. Mais, dit le philosophe, s'il a tout
oublié, c'est que l'Esprit Saint, lorsqu'il vient, fait aussi oublier
ces douceurs mystérieuses et ces chaleurs qui, d'après mes
informations, s'accomplissent dans les hésychastes ; il n'en est
pas du tout l'origine; car, si leurs expériences étaient des dons de
Dieu, on aurait nécessairement tort de dire que l'homme qui prie
vraiment doit tout oublier ; il ne doit rien oublier, en effet, de ce que
Dieu lui donne pour son bien; mais s'il faut oublier tout cela,
n'est-il pas absurde de demander continuellement à Dieu des choses
dont il faut se débarrasser et s'éloigner pour mieux prier? Tout
homme sensé sait très bien que la plupart des charismes de
l'Esprit, à peu près tous les charismes, sont donnés à ceux qui
en sont dignes durant le temps de la prière ; Demandez, dit en

» Ps., XLVI (XLVII), 9.


» // Cor., XII, 2 (cfr supra, § 8).
TRIADE II, 2, 12-13 345

okotovs avrfjv dvaTTip.irXi)atv , <î>s 6 <j>iX6ao<f>6s (frrjaiv, àXXà


ovvheopôs riç àirôpprjTOS Kal êvaiols icrri irpôs tov Seov Kal
avro to aœfia 6avp.aalcoç àTraviarâaa tû>v iroirqpœv Kal
yrjîvojv ■naBr\p.â.TO)v . « 01 yàp Kpa.Tat.ol tov Qeov » •npo^ytyri-
kws elneîv « TTJs yfjç o<f>68pa inr/pd-quav ». Totavral clatv 5
â? aKoveiç aTTopprjrovs ivepyelas TeXovp.évas iv awp.ao~i
tô>v lepcôs 8ià piov rffv lepàv rjovxîav ào^natpp.è'vœv , Kal to
ookovv iv aurai? àXoyov Xôyov KpeÎTrôv iori, Kal tov Xôyœ
Tavras àveraÇovros , àAAà p.-q TrpdÇei. Kal Tfj ht' avrijs -neipa
rrçv etbijoiv t,r]TovvTOS , vwepfiaZvov ota<pevyei rrçv Siavotav, 10
Kal ovtos âv p.r) ttIotiv irpoaaydyrj , tt/v p.6vqv rfjs wrèp
Xôyov àXr]6eiaç SeKTiK-qv, àviipojç eKXapfidviov <f>ev Ta lepd,
ov% oouuç oiaavpet Ta ôaïa.

13. Merà tovto yàp tov 'AttootoXov, S Kal irpÔTepov clirov,


■napî]yay€v rjp.îv ovk eloevat Xéyovra Karà rrçv iÇauilav 15
eKeivrjv apTTayrjv « elre iv atu/nan fjv, être e/crôç tov <Tto/tta-
» toç », œç tov IJvevp.aTOÇ Xrjdyv iviévroç tû>v Karà to
oûjfia irdvrœv. « El 8è tô>v irdvroiv iari » <pi)oiv 6 <j>tX6ao<j>oç
« Kal âç i"nvB6pL-r)V iv toîç ijcru^aoraîç TeXeîaOai àiropprjTovs
» yXvKvrrjTaç Te Kal depp.6T7]Tas , Kal tovtcov XtJOtjv ip.TTOirj- 20
» oei to rjv€vp.a to âycov i7ri8r]p.TJoav, aXX' ov Tavra irapé-
» £« " Kal yàp i£ àvayicr)?, et p.èv 8â>pa Qeov Ta ovp.fîaLvovTa
» avroîs, KaKws Xéyerai to vdvTOJV iTnXeXrjaÔai. 8eîv tov
» àXTjdôis TTpooevxâp-evov ' ov8éva yàp Xavddvetv oeî Ta irpos
» Qeov irpos koXov avrâ> 01.86p.eva ' el 8è tovtidv im.XeXfjodai 25
» ypeôtv, ttcôs ovk àro-nov tovtojv 7rpoore^â)ç OLTiâaQai 0e6v,
» œv iy à-novaia Kal r\pep.la j9eÀTta> 7rpos ttjv Trpooevx~r)V ', » || Il f- l62r
"On ftèv ovv Ta TrXeio) rœv )(apt.op.dTiov tov IJvevp.aToç Kal
a)(e8ov âffavra toÎç a^toiç Kara tov Kaipov ttjs Trpooevx'fjs
iyytveTat, iras riç ev (frpovûiv olhev à*cpij3tùç ' « AlreÎTe » ydp 3°

CVSL

18 kcÙ post Si add. V.


346 GRÉGOIRE PALAMAS

effet le Seigneur, et il vous sera donné J ; ce n'est pas seulement


le ravissement qui est donné ainsi, un ravissement jusqu'au
troisième ciel, mais tous les charismes de l'Esprit. La diversité
des langues 2 et leur interprétation, que Paul recommande
d'acquérir par la prière, montre que certains de ces charismes
agissent par l'intermédiaire du corps : Que celui qui parle en
langues prie pour avoir le don d'interprétation 3. Il en est de même
de la parole d'enseignement 4, les charismes de guérison 8, l'accom
plissement des miracles ' et l'imposition des mains de Paul qui
donnait l'Esprit Saint 7. La parole d'enseignement, la grâce et
l'interprétation des langues, bien qu'elles soient acquises par la
prière, agissent aussi bien sans que la prière soit présente dans
l'âme. Mais les guérisons et les miracles n'entrent jamais en acti
vité sans que l'âme de celui qui possède l'un ou l'autre ne soit
en intense prière intellectuelle, le corps résonnant parfois en ac
cord avec elle. La transmission de l'Esprit n'agit pas seulement
lorsque la prière est présente dans l'âme, une prière qui mysti
quement accomplit l'union avec la Source perpétuelle de ces lar
gesses, pas seulement lorsque l'on pratique la prière intellectuelle,
puisque l'histoire ne nous dit pas que les apôtres, à cette occasion,
aient prononcé quoi que ce soit avec leur bouche 8 ; cette trans
mission ne s'accomplit donc pas seulement durant la prière intel
lectuelle de l'âme, mais aussi à des moments où le corps est en
action et où les mains touchent celui qui se trouve sous elles et lui
envoient l'Esprit. Qu'est-ce donc que ces charismes ? Dira-t-on
que ce ne sont pas des dons de Dieu et qu'ils ne sont pas donnés
pour le bien de ceux qui les demandent et prient pour les posséder,
sous prétexte que ceux qui sont ravis jusqu'au troisième ciel
doivent oublier tout ce qui concerne le corps ?

1 Matth., VII, 7.
• I Cor.. XII, 10.
» I Cor.. XIV, 13.
« Cfr / Cor.. XIV, 26 ; XII, 8.
• / Cor., XII, 9.
• Ibid., XII, 10.
' 77 Tim.. I, 6.
• Cfr Actes, VIII, 17.
TRIADE II, 2, 13 347

<f>r)(jiv o Kvpios « Kal 8odfjaerai vp.lv », oi>x 17 apTrayrj


p.6vov, Kal ravra fJ.é)(pi rpirov ovpavov, dXX' cKaorov rœv
Xapurp,dra)v rov TIvevp.aros. "On 8' evia rovrœv Kal 8ià
rov a<î>p,aroç ivepyelrai, Sr/XoGoi « Ta yemj rœv yXœoaœv »
Kal al rovrœv ipfirjV€Îtu, as Kal 8ià rrjs irpoaevxfjs \ap.f3dveiv 5
TrapayyéXei o IlavXos ' « '0 yà/3 ÀaAtDv yAaJoxraiç » ^oi « rrpoo—
» €V\iaBoi "va 8i€pp.7)vevr) » ' où ravra 8è p.6vov, àXXà Kal
6 rrjs 8t8a)(TJs Xôyos Kal « rà xaplop,ara rœv lap.drœv » *at
« tÙ ev€pyr]p.ara rœv 8vvdp.eœv » »cai aï rœv rov IlavXov
Xeipœv iTTidiaeis, Si' œv iSISoro ro IJv€vp,a ro dyiov. 'O p.cv 10
ovv rrjs SiSa^ç Xôyos, t) Te X^Pls Ka* ^ £pp.r)vela rœv yXœa-
aœv, et /cal Sià rrjs rrpoaevxTJS iyylvovrai, dXX' ï<ra>s èvep-
yovaiv, €K rrjs ifivxijs rrjs irpoaevxrjs aTrovcrrjs. Ta 8è ldp,ara
Kal al Suva/xeiç oxnror av ils ivepyetav àtplKoivro, p,r) rijs
ipvx'fjs tov èvepyovvros é/câYeoov avrœv, p.aXiara fièv voepœs *5
irpoaevxop.évT)s, êan 8' ôre Kal rov aœp.aros ovvvtttixo^vtoS-
'H 8è 8id8oois tov I7v€vp.aros , ov p.ôvov rrjs rrpooevxijs
èv rrj ffwx'fj -napovarjs èvepyeîrat Kal rrpooevxijs êvœoiv
reXovorjs rov 7Tpooevxop.évov p.variKœs irpàs tt^v rrjs p.eya-
Xo8œpeâs ravrrjs àve/cÀe«.7rrov irrfyrjv, ov p.ôvov rolvw evxijs 20
èvepyovp.evr)s voepœs, èirel p.r/8è Xéyeiv èirl rovrov ri Sià
orôp-aros 01 arrôaroXoi lOToprjvrai, ov p.ôvov roivvv rijs
tf'vx'fjs voepœs vpooevxop.évrjs èvepyelrai 17 SiaSooxç eKeart],
àXX' â/xa Kal rov oœfiaros èvepyovvros 8ià rœv xelP<*>v Tfj
à<f>ij 8iaTT£p.TTOvoœv ro Ilvevp.a em rov vn' avrœv e^o/xevov. 25
Tl ovv rà xaPLO~lJiaTa Tavra ' Ov rov IJv€vp.aros 86p.ara,
ov8è roîs alrovoi Kal TTpooevxop-évois trpos koXov 8l8orai,
Sum roîs « p-éxPl tp'^tov ovpavov àpTTaÇop.évois » rrdvroiv
iiriXeXrJGdai râ>v 8tà od>p.aros 8eî;

CVSL
348 GRÉGOIRE PALAMAS

La prière n'est pas 14. — Mais proposons plutôt ici les


un détachement du paroies mêmes du philosophe : Si leurs
corps' expériences durant la prière sont des
dons de Dieu, par exemple ces miracles et ces charismes, on
a tort de dire que l'homme qui prie vraiment doit tout oublier;
il ne doit rien oublier, en effet, de ce que Dieu lui donne pour
son bien; mais si, pour s'élever par la prière, il faut oublier
tout cela, n'est-il pas absurde de demander à Dieu des choses, dont
il faut s'éloigner et se débarrasser pour mieux prier?1 Mais,
mon bon, ceux qui prient dans la pureté, tantôt Dieu les fait
sortir d'eux-mêmes, les rend supérieurs à eux-mêmes et
les ravit mystérieusement au ciel, tantôt, lorsqu'ils se concen
trent en eux-mêmes, il accomplit lui-même, par l'intermédiaire
de leur âme et de leur corps, des choses surnaturelles, mystérieuses
et incompréhensibles aux sages de ce siècle. A tous les apôtres,
en effet, lorsque dans le temple 2 ils persévéraient dans la prière et la
supplication 3, l'Esprit Saint, lorsqu'il est venu, n'a pas donné
l'extase, il ne les a pas ravis au ciel, mais il les a armés de langues
de feu et leur faisant prononcer des paroles 4 que, selon toi, ceux
qui sont en extase doivent nécessairement oublier, puisqu'ils
doivent s'oublier eux-mêmes. Et, Moïse se taisant, Dieu lui dit :
Pourquoi cries-tu vers moi ? 8 Cette voix montre qu'il était en
prière ; mais, puisqu'il priait tout en se taisant, c'est qu'il priait
intellectuellement. Avait-il donc abandonné ses sens, ne perce
vait-il ni le peuple, ses cris et le danger suspendu sur sa tête,
ni le bâton qu'il tenait dans sa main sensible ? Pourquoi Dieu ne
l'a-t-il pas ravi à ce moment-là, pourquoi ne l'a-t-il pas délivré
des sens (tu penses, en effet, que c'est là la seule chose que Dieu
donne à ceux qui prient), mais l'a poussé vers ce bâton sensible,
lui a confié cette grande puissance, non seulement à son âme,

1 Citation de Barlaam, la même qu'au § 13, avec des variantes. Ne possé


dant pas le texte original de Barlaam, nous pouvons, à travers ces variantes,
évaluer le degré d'exactitude avec lequel Palamas cite les paroles de son adversaire.
* Précision contraire à l'indication des A des qui parlent de « la chambre haute »
(Actes, I, 13) ; confusion vraisemblable avec Actes, II, 46.
* Actes, I, 14.
« Actes, II, 1-4.
« Exode, XIV, 14-15 ; cfr s. Grégoire de Nazianze, Hom. XVI, 4 (PG, XXXV,
937 C) ; s. Basile, In Ps. CXIV (PG, XXIX, 485 C).
TRIADE II, 2, 14 349

14. MàXXov 8è èKeîva avrà tov <f>iXoo6<pov rà prjftaTa


TrpooTrapadwpev èvravda ' « El uèv 8â>pa Oeov rà ovpfïal-
» vovra avroîs Karà tt)v Trpoaevyrjv , oïov al 8wdp.eis adrat
» kclI rà 86p.ara, kcikûjs XéyeTai rô 8eîv èjriXeXfjodcu
» Trdvrojv tov voepcôs irpooev)(6pL€vov ' ov8éva yàp Xavdd- 5
» veiv 8eî rà vtto Oeov Trpos koXov aintp 8i86p.eva ' cl 8è
» tovtojv èTnXeXrjodai xpewv tov 8ià Trpooevxjjs àvayô-
» p.evov, ttcjs ovk drovov tovtùjv tov Oeov alriâo-dai,
» u>v tj rfpeaia ko! àirovoia fHeXTiiov Trpos ttjv TTpooevyrjv ; »
'AXX' a» /JcÀtiotc, tovs etXiKpivœs irpooevxouévovs 6 Oeos, IO
iroTe uèv è^icrrqaiv aînœv, virèp èavrovs rroiœv koI || 1 t. 1621;
àpTrdÇojv diropprJTWs els rà ovpdvia, irorè 8è èv èavroîs
ovoiv avros 81a re rtjs fox^S o-vrûv ko! tov oùjuaros
èvepyeî t<x vrrep<f>vâ kclI dirôpp-qTa. ko! toîs tov alœvos
tovtov oo<f>oî$ àKaTdXrjiTTa. Kai Trâoi. yàp toîs dirooroXois , 15
èv Ttô lepœ ttotc « TrpocrKaprepovai ttj Trpoaevxfj /cal ttj
» 8erjoei. », to IJvevua to dyiov èTTiS-qurjoav , ovk eKoraoïv
é8ojKev, ov8, TJprraoev els oiipavôv, àXXd rrvplvais yXœoaais
èorôuœaev ai/Tous Kal 8t' avTœv èKeîva eÀaAei, œv ndvTœv
iTTiXeXrjarOai Toiiç èv e/coracrei yevopèvovs èirdvayKes, eïirep 20
Kal eaurtûv. Tov 8è Mwvoéos olojttwvtos, « tI ^oq.s Trpos ae ,' »
<f>r)olv 6 Oeôs ' t) 8è <j)Oivr) avTTj Trpooevxôuevov 8elKvvo~iv av-
t6v ' ènel 8e oiayrrœv TrpoatyjyeTO , voepœs 8r)Trovdev Trpocrrjv-
XeTO ' dp' ovv ovk èv alodrjoei t)v èKeîvos Tore, ov8' èTrrjoBd-
veTO tov Te Xaov Kai twv Kpavywv avrôjv Kal tov ènr/pr-r)- 25
p.évov kivSvvov, ov8è ttj? ènl tij? xclP°s aia0T]TTJs èKelwjs
pd{ï8ov ; IIûs ovv oi>x ripTraoe Tore ai)Tov o Oeàç, ov8'
àrréXvoe rrjs aiodrjaeajç , tovto yàp p.6vov àÇioîs avroç toîs
npooevxop.évoi.ç vtto Oeov Trpooyiveadai, àXXà Trpos t^v
alo6r)TT)v èKelvqv yTreiye pd/38ov Kal tï)v p.eydXrjv èKeîvrjv 30
èveTidei, 8vvap.1v, où ttj tjjvxfi P-ôvov, àXXà *cai tû> ouip.aTi
Kal tj} Xetpî> ^v TrdvTOiv èTTLXeXrjaOai 8eî tov voepœs irpoaev-

CVSL

g ij post Kal add. VS.


350 GRÉGOIRE PALAMAS

mais aussi à son corps et à son bras, alors que celui qui prie
intellectuellement doit oublier tout cela ! Pourquoi, tout en res
tant silencieux, a-t-il porté ce coup à la mer avec le bâton qu'il
tenait dans sa main, tout d'abord pour la diviser, ensuite,
après le passage, pour la refermer ? N'avait-il pas dans son
âme la mémoire constante de Dieu, n'était-il pas, par la prière
intellectuelle, sublimement uni à Celui qui seul pouvait accom
plir de telles choses par son intermédiaire ? Et, en même temps,
il disposait sensiblement des activités de son corps !

Fausse inter- 15. — Mais puisqu'il a proposé des


prétation de Denys témoignages scripturaires l, voyons si
par Barlaam. . ,. .
eux aussi ne contredisent pas ses opi
nions sur la prière. Avant tous les autres, il met en avant le
grand Denys qui porte, croit-il, un témoignage en faveur de
ses thèses, lorsqu'il écrit au prêtre Timothée : Lorsque tu
t'adonnes intensément aux contemplations mystiques, abandonne
les sens, les activités intellectuelles et toutes les choses sensibles
et intelligibles, et sois tendu, autant que cela est possible, vers
l'union avec ce qui dépasse toute essence et toute connaissance *.
Cette phrase de stimulation que le divin Denys adressa à Timo
thée et que ce sage mit en avant, comme si elle confirmait seule
ment sa propre conception de la prière intellectuelle, constitue
en réalité, comme notre traité le montrera plus loin, une réfuta
tion de ce qu'il dit : car il abolit complètement la prière intellec
tuelle, comme il n'a presque pas cessé de le faire dans tous ses
traités antérieurs. Celui, en effet, qui considère comme abomi
nable le début de la prière, cet état lorsque, le cœur contrit,
on est plein de crainte, de douleur et de lamentations, cet état qui,
la plupart du temps, envahit l'esprit dans le silence lorsque l'on
a l'inquiétude de Dieu, cette prière accompagnée de larmes et
de componction qui provient d'une douleur vraiment sentie
dans le jeûne et les veilles, ce soin que l'on met alors à ce que les
novices élèvent leur esprit divisé à la prière uniforme et harmo
nieuse, celui qui méprise tout cela sera assez conséquent pour
mépriser aussi la fin de la prière, pour considérer simplement

1 Les • Écritures > (ypafal) incluent, comme on le voit, les écrits patristiques.
•De mystica theologia, I, I (PG, III, 997 B).
TRIADE II, 2, 14-15 351

XÔfMevov ; Ti 8' ot€ aiamœv €K€Îvos 8ià rijs èv ri} x€tPl pâfàov
tt\ doXârrr} ttjv v\T)yr)v eW^epe, irpâtrov p.kv ci? hi.aiprqawv,
eW a»? avvdipojv Tavnjv p.€Ta ttjv StajSaaiv/ *Ap* où p.vr\p.t]V
cfjfev àppéufiaorov tov &eov èv ttj *pvxfi> °^8è 81a voepâs
Trpooevxrjs VTreprjvaiuévos fy tû p,6va> 8vvap.évoj 8* aÙTOÛ 5
Totavra èvepyeîv, âfia Kal twv 8ià tov oa>p.aTos èvepyeiâtv
o vk àvaiadrjTOJS exwv ;

15. 'AXX' inel Kal p.aprvptaç àiro tcDv Jpa^tûv irporj-


vcy'Kev, ïSwfiei' et fit) Kal a^rai raîç avrov irepl Trpoaevxjji
èvavnovvTai 86£ais. TIpo 7t6.vtùjv oiv 6 fiéyas Alovvoios, io
avp.p.aprvprqooiv d>s oterat toÎs aura) Sokovoiv, vit' avrov
TTpoa.yf.TO.1 rrpos tov icpov Tipâdeov yp<i(f>a)v ' « Trj irepi Ta
» juvoTocà 9ea.fj.aTa avvrôvoj SiarpifUrj Kal ràç alodrfaets
» àirôXiire Kal ràs voepàs ivcpyelaç Kal irâvra rà aiaôrjTà
» /cai voiyrâ, Kal vpos ttjv êvœaiv œs è<f>iKTov àvaTaftjrt toû 15
» Û7rè/) Tfâoav ovoiav Kal yvwoiv ». Av-rq toLvw 17 T°û Oeiov
AlOWa'lOV TTpOTpCITTlKr) TTpÔç Tip.6Qf.OV pTJOlS, TjV 6 00<f>OS
■nporjyayev ofiros cas p.aprvprjoovoav p.6vov avrov àa<f>aXâis
irepl voepâs 8iavoeîcr9ai irpoo€vxf\s', èfeÀeyxei avTov, ojs
6 Xôyoç 8ei'£e«. irpoiœv, ttjv voepàv TeXiojç KarapyoCvra 20
7Tpooevx'>]v , || S Kai 8ià tôjv nporépow avrov iravroiv XôyuiV | f. i63r
tr^eSov ov 8ie'Ai7re ttolwv. 'O yàp ttjv àpxTjv rfjs 7Tpoo"evxfjs
ànorpÔTraiov 7jyovp.evos, 5 èoriv 17 iv ovvTpifîfj «rapStaç ep.-
<f>ofi6s Te Kal iroXvaXyr)s Kal TroXvorévaKTos Trapâoraots,
voepâjç ev autiirfj tov TrXela) xpôvov 8ià rr)v icarà &eov àdv- 25
p.iav TeXovp.€VT), Kal 17 8tà tov icarà rr)v VTjorelav tc /cai
àypvTTvlav Karà ttjv â^r)v aAyouç ev haKpvai Kal KaraviiÇei
■npoatvxT], nal to iyxetpeîv àvdyeiv tovs eloayop.évovs to
tov vov p.eptcTTov etç evoetSeorepav Kal KaTaXXrfXov rqvi-
Kavra Trpoacvx^v, 6 to Toiaûra trâvr iÇovôevwv , àKoXovdojs 3°

CVSL

1 -ri; ont. L | g «' o»n. C || 14 tô otn. L.


352 GRÉGOIRE PALAMAS

toute prière comme un mal et lutter afin de la faire complètement


disparaître. Dis-moi d'abord, ô philosophe : les activités intellec
tuelles n'ont-elles donc pas été données par Dieu ? Leur état le
plus purifié n'est donc pas manifestement celui de la prière,
puisqu'il faut les abandonner elles aussi si l'on recherche la
divine union par la prière ? Mais il est dit que la prière est mère
de très sages pensées l. Il faut se rappeler ensuite que la prière
des parfaits est, par excellence, une activité intellectuelle ; leur
intelligence, en effet, n'est tournée ni vers le corps, ni vers ce qui
concerne le corps ; elle n'agit pas par les sens, ni par l'imagination
liée aux sens ; elle ne se plonge pas avec sa raison et sa faculté
de contemplation dans l'étude des êtres ; mais elle persévère dans
la seule prière ; comment l'activité de celui qui prie ne serait-elle
pas essentiellement son activité propre ? * Mais Denys exhorte
Timothée à abandonner les activités intellectuelles elles-mêmes !
Donc la prière aussi ! Tu déclares que rien de ce que l'on abandon
ne durant les prières, rien de ce que l'on doit cesser de sentir
lorsque l'on pratique la sublime extase, rien de tout cela n'est
bon et rien ne provient de Dieu. Selon toi, la prière n'est donc
pas un bien et ne vient pas de Dieu, qui donne la prière à celui
qui prie 3.

Barlaam abolit la 16- — A nouveau, je citerai tes propres


prière. paroles en les adaptant à la prière intel
lectuelle * : Puisque tout le monde admet
la nécessité, pour celui qui recherche la divine union, d'être insen
sible à toutes choses et de s'oublier lui-même, puisque Dieu donne
la main à un tel homme, dans la mesure où il abandonne tout, et
le ravit hors de l'univers, puisque celui qui prie ne sent absolument
pas la prière, comment se ferait-il que la prière, qu'il ne doit pas

1 Réminiscence d'une expression de Diadoque de Photicé au sujet, non pas de


la prière, mais du « silence » (ouutn}), cap. LXX (édit. des Places, Paris, 1955,
p. 130).
* Il y a ici chez Palamas une très nette identification entre l'esprit (vovs) et
la personnalité humaine (tô koB' iavrôv) dont la prière est une activité propre.
* / Rois. II, 9 (texte des Septante, correspondant à / Sam., II, 9).
4 Le texte de Barlaam, non < adapté > par Palamas, est cité plus haut au § 8.
TRIADE II, 2, I5-l6 353

kch ro ttjs npoaevxfjs réXoç Kal irâoav àirXws avrr)v irpos


kclkov vojLiteî Kal dywvteÎTai reXéios ix p.éaov irorfoaoBai
TtDv SvTùiV. Elnè ydp pot tovto irpârrov, <o <f>iX6oo<f>t ' ov8è
al voepal evépyeiai e/f 0cov ihôdrjoav, ov8è icarà tt)v Trpoa-
€VXVV cnret\iKpivr)p.évcu pâÀXov emep irork SiaSeiKVwrcu, 5
Stdri kcll rauraç à7roAi77-eîv 8eî tov irpoç t^v Belav évwoiv
Sià TTpoarevxfjs iireiyàp,evov ; 'AXXà p.r)v -r) npoaeuyr] ecm,
Karà tov enràvra, « p/ryrqp ewotâjv o~o<f>a>TdTU>v ». "Eirei/ra
KaK€Îvo StavoT]T€ov (I>s navras p.<iXXov voepà èvépyeia r) rœv
TeXelwv TTpoaevx?) ' /-i^tc yap irpoç to aâ>p.a, /at^tc irpos rà 10
7re^)t avro 6 tôjv toiovtojv vous €ir€arpap.pévos , prf"T€ Si
atCT^7jaea>ç Kal ttjs (rvÇvyov ravr-r) <f>avraaias ivepyœv, p.rjT€
8iavoia Kal Oewpla toîs Xôyoïç rœv ovrtov €p,<f>iXox<*}p<*>v,
p.ovrj Se rfj irpoo~€Vxf} irpoaKaprepœv, ttcos ovk iarap-âXiara
Kad* eavrov âv evepyolrj irpooev)(6p.€vos ; *AXXà Kal ràç 15
voepàs ivepyeias àiroXiTreiv irporpérrerai rw Tipodéa) 6 Au>-
vvaios, Kai ttjv ■npoo~(.vx'r}v dpa. Ei) 8è àiro<f>ai.vr] p,r)8èv elvai
àyadôv, p.7]8' ck 0eov Karà ràs Trpoaevxds, ocra re àVoÀi/x-
TTaverai Kal wv dvaiodrJTœs *Xeiv àvdyia) tov iÇeo-TTjKOTa
ttjv KpcÎTTUj eKoraoïv. Ovkovv kotci oe. ovk dyadôv, Ov8' 20
€#C &€0V T) 1TpOO€V)(7) « TOV 8180VTOS CV)(rjV TU) €VXOp.évCp ».

16. 77aAiv yàp airra aov to. 6rjp.aTa Trapadrjaœ tj} vocpâ
Trpoaevxfj Trpoo~appot,6p€vos' « Flapà irdvTœv 6p.oXoyovp.evov
* TvyxdvovTos, û>s TTpoarJKov râ> irpos ttjv delav evcooiv
» iirei.yop.evu> irpos ir&VTa àvaiodrjTœs ^X€lv KaL cauroû 25
ètnXeXfjodai, Kal 0e6s tû> toiovtu) rrpos to wavrcov
âiraXXayrjvai X€^Pa 8l8wai Kal tt6.vtcûv àfiapTrâÇei,, et p,èv
p,r)8eplav aïadrjaiv é^ei ttjs ■n-poocvx'rjs o rrpoaevxôpevos,
itÛ)S eK Oeov r) vpooevxT], ^? ovk ix€l aladdveadai ;
MaTi-jv yàp âv yivovro ' paraiov 8è tG>v Ik Oeov 30
ov8év' et 8è aloBdveTai ttjs irpoaevxTjs 6 7Tpoaevxôp.evos ,

CVSL
2-3 notrjoaodat rœv ôvrwv : twv ovtwv noiTjaaodai L |j 4 ai om. S.
354 GRÉGOIRE PALAMAS

sentir, provienne de Dieu? Elle ne servirait, en effet, à rien; or


tout ce qui vient de Dieu sert à quelque chose. Et si celui qui prie
sent la prière, comment serait-elle un don de Dieu, puisque tout le
monde affirme la nécessité de l'abandonner lorsque l'on se tourne
vers Dieu? A celui qu'il illumine, Dieu donne en effet l'oubli de tou
tes choses, même des activités intellectuelles. Vois-tu comment tes
traités Sur la prière abolissent complètement la prière ? Cet hom
me merveilleux, en exhortant le divin Timothée à établir un esca
lier dans son cœur, l'élève de plus en plus haut, de degré en degré,
il le transporte ainsi pour l'établir dans le lieu le plus élevé. Mais
toi, le sage universel, tu crois, je ne sais pourquoi, que l'homme
terrestre atteint immédiatement les hauteurs célestes et tu mets
en avant un témoignage du divin Maxime qui dit : Lorsque, par
passion de l'amour, l'intelligence vient habiter en Dieu, elle ne se
perçoit plus du tout elle-même et ne perçoit aucun des êtres 1. Donc,
affirme ce nouveau maître, elle ne sent pas non plus les expériences
du corps qui, dit-on, proviennent de la prière ; elles ne servent donc
nécessairement à rien. Mais nous, nous dirions : elle ne sent donc
pas non plus la prière, puisqu'elle ne la perçoit pas alors ! Dans
ces conditions, il est inutile de prier ! Mais il est réellement vain
et fou de prouver de telles choses avec de tels arguments ! Que dit
Maxime, demandera-t-on, le plus sage des panégyristes, le pas
sionné du divin amour ? Il dit dans le passage cité : Lorsque
l'intelligence vient habiter en Dieu, alors elle ne se perçoit plus elle-
même et ne perçoit aucun des êtres ; il dit : « alors » ; mais si elle
rentre en elle-même, en priant intellectuellement, alors elle se
sentira elle-même ; elle sentira aussi les bienheureuses expériences
qui se produisent en elle et dans le corps qui lui est attaché,
par l'effet de la sainte prière.

Le baptême des ^- — ^ me* en avant un troisième


larmes. témoignage : L'état supérieur où conduit
la prière consiste en ce que l'intelligence,
durant la prière, se sépare de la chair et du monde, devient complète
ment immatérielle et perd toute forme 2. Ainsi, dit-il, dans cet état,
l'intelligence sera-t-elle en dehors de ces expériences du corps

1 Cent, de charitate. I, 10 (PG, XC, 964 A) ; cfr ibid., II, 6 {ibid., 985 B).
» S. Maxime, Cent, de charit.,»H, 61 (PG, XC, 1004 C).
TRIADE II, 2, l6-I7 355

» ttws ravrrjv évitai Ocoç avrâ), fis dTraWaTTeodai 7râvres


» <f>aal 8eîv tov Trpos Oeov iTTiorpe<f>6p.evov, tov Oeov, Sv
» âv TTepiXcifnrr), ]| Xrjdrjv iràvraiv koI rœv voepœv ivep- I f 1630
» yeiwv 8ojpovp.évov ', » 'Opâs ôrrws ol IJepl Trpooev)(ijs 001
Àoyoi rrçi' Trpooev^v TeXéujs KarapyoCcnv ,' 'O 8è ôeorréotos 5
ixeîvos àvafîdoeis iv rfj Kaphla. SiariOévai tov delov Ti/xo-
deov 7rpoTp€ir6p.evos , d<f>' vfjrqXîôv i<p* înfrqXorépas àva/Ji-
/SaÇci koÏ 8ià tovtùjv iir' avrfjs <pépu>v lorqoiv avrov rfjs
àKporârqs TrepiwTrfjs ■ £i> 8' ovk 0Î8' Ôttojç o navra oo<f>6s
ovpaviov tfjaveiv vi/tovs dp.éoais oïei tovs ifrl yfjs xal tov deîov 10
Md£ip.ov irpoo-p.a.pTvprf\aovra Txapdyeis (pdoKovra ' « "Otov
» eptoTi rfjs àyânrrjs Trpos Oeov o vovs iK8r)p.fj, totc ovre
» iavrov, ovre rdiv ovrœv TTavTOvnaow iTraïaôdveTai ».
« Ovkovv » <fyqaiv o Kaivos ovros Ka6rjyrjTr)s « ov8è TÔtv
» vtto rfjs Trpooevxfjs iyyiveodai Xeyop.éva>v iv tô> oojp.aTi 15
» iradr)p.a.Tœv aladaverai ' p.a.T7]v avrà tolwv è£ àvdyKtjs
» o-vp.f$alvei ». &aîp.ev 8' âv fip,eîs, ovkovv oi>8è rfjs Trpooevxfjs,
irrel p.r)8è Tavrqs eTraioOdveTat. totc • /xaratov âpa Karà tovs
toiovtovs Xàyovs to npooev^eodai. M6.to.iov S' ovtojs koI
foevofiXafies to TOiavra ck toiovtojv KaraoKevâÇeiv. Ti 817 20
<f>7)oi Md£ip.os, et-rroi tis âv, o rrjs deias àyaTTTjs eïnep ti?
oo<f>6s iTTCuvérqs /cal ipaarqs ,' « °Otov Trpos Oeov o vovs
» c/cStj/ajj, t6t€ ovd' èavrov, ovre tû>v ovtojv aloOdverai, » "
« totc » tfrqotv " OTav 8è iv iavTtù fi voepœs 7rpoo-evx6p,€vos ,
totc kcu iavTov Kai tcôv ev avrâ) /cat tû owrjfxp.éva> oôip.aTi 25
TeXovfieVojv vtto rfjs Upâs Trpooevxrjs jua/capi'atv Tradrjp.dTOJV
aloOrjoeTaL.

17. Tpcrrj npooTideTai aÙTÔi p.aprvpla ws « 17 t^ç irpoa-


» cu^ç âtcpoTarq KaraoTaoïs, to eÇa» oapKos ko.1 KÔop,ov
i> yevéodat. tov vovv Kat avXov elvai Trdvrrj /cat àvefàeov 30
» iv tû> irpooevxeo'dat. », « cSare TtSv èv owp.aTi irad'qp.dTOJV

CVSL

4 ol : 1} C.
356 GRÉGOIRE PALAMAS

dont on nous parle. Aucun de ceux qui sont revêtus d'un corps ne
se trouve continuellement dans cet état, autant que nous le
sachions, à moins que ce nouveau maître de la prière supérieure
ne s'y trouve ; il est très rare de voir un homme qui l'atteigne,
ne serait-ce que rarement. Tous ceux qui prient se trouvent donc,
la plupart du temps, dans le corps ; ils ressentent les dispositions
qu'ils peuvent avoir en eux-mêmes, d'autant plus celles qui sont
saintes et qui proviennent de la prière ; car la prière qui les
produit les élève et rend spirituelles celles d'entre ces disposi
tions au sein desquelles elle existe elle-même ; elle ne les détruit
pas, ne les rend pas inutiles et ne les corrompt pas. Il existe aussi
un genre d'expériences qui n'est pas seulement sacré, mais natu
rel ; les sensations mêmes que nous avons nous l'apprennent :
elles se produisent au contact d'un objet extérieur et sont pour
nous comme des images de la perfection déifiante que nous donne
l'Esprit et dont le principe est la crainte de Dieu 1, cette crainte,
grâce à laquelle la partie passionnée de l'âme, au heu de mourir
en demeurant passive, comme le philosophe l'a cru et l'a enseigné,
se transforme en énergie agréable à Dieu et donne naissance à
une componction salvatrice et à une bienheureuse affliction qui
apportent le bain du pardon, le rappel de la filiation divine,
c'est-à-dire les larmes de la pénitence. Ces larmes agréables à
Dieu et purificatrices donnent des ailes à la prière, comme le disent
les Pères 2 ; jointes à la prière, elles illuminent les yeux de l'esprit ;
suivant Grégoire le Théologien s, elles préservent la grâce du
bain divin, lorsque cette grâce est présente, et la rappellent,
lorsqu'elle a disparu ; elles constituent, pour cette raison, un
second bain de régénération 4 sacrée et un second baptême divin
et Grégoire les appelle ainsi ; elles demandent plus de peine,
mais ne sont pas inférieures au premier baptême ; elles lui sont
mêmes supérieures, comme l'a clairement déclaré l'un des Pères
en disant : La source des larmes, après le baptême, est supérieure
au baptême 8 ; ces larmes qui nous purifient et nous débarrassent

» Cfr Prov., I, 7 ; IX, 10.


• S. Jean Climaque. Scala, XXVIII (PG, LXXXVIII, 1132 C).
« Cfr Hom., XL, 31 (PG, XXXVI, 404 A).
« Cfr Tite, III, 5.
* S. Jean Climaque, Scala, VII (ibid., 804 AB) ; doctrine chère à Syméon le
Nouveau Théologien : voir notamment Cent. I, 36 (éd. J. Darrouzes, Paris,
1957. P- 5°)-
TRIADE II, 2, 17 357

» <Lv <j>aoiv cÇœ carat » <f>rjolv « cv rrj Toiavrr) Karaordaei. ».


Tfjs ovv Tounrrr/s KaTaordoeœs a8iaÀei7rTO)S' imTvyxavei
rûiv oœpa rreptKetfiévœv ovSeis, ocra ye r)p.âs eloévai, et ju.17
â/)a 6 kclivos oStoç ttjs vrrepXlav rrpooevx'fjs èiSdoKaXos,
àXXà kcu oi (rrravtws avrrjs €TnTvyxavovres anavLOJTaTOt. 5
eloiv " ovkovv tov rrXeiu) xpôvov iv aapKi ovtcs âiravrcs irpoo-
evxovrai, âp.a Kal rœv cv avroîs TraO-qpdTOJV alada.v6p.evoi,
ttoooj p.SXXov Twv lepwv Kal vno ttjs Trpoaevxjjs eyytvopévœv ,
S. Kal reXeioî Kal àvdyei Kal rrvevpaTiKa ois àv ivvrrdpÇeiev
aTroTeXeî, àXX* ov KaTao-irâ Kal dxpeioî Kal (pdeipei. "Eoti 10
yàp Kal toiovto yivos TTaOrjpaTûjv, oi>x lepov p.6vov, àXXà
Kal <pvat,Kov, <î)s Kal aurai al aloÔrfoeis, as e^o/xev, r)pâs
SiBd^ovoLV, iv tû Trdo~x€iv vno tùjv 룜 TeXeiovpevat. || Kal 1 i- i6^r
cIk6v€S r)p.îv oîov outrai rfjs dvwdev vrro tov IJvevpaTOS
iyytvopévrjs 6eovpyov TeXeiœoeœs, i)s <f dpxf] ioTiv 6 <f>6fios 15
» TOV 0€OV », Ttap OV TO 7Ta07]TtKOV TTJS >PVXVS OV Ka^' *£LV
v€Kpa)6év, ù)S ô </>iX6o-o<f)os Kal ioôÇaoe Kal cSiSa^ev, àÀÀ'
els 0€o<f>iXrj 7rpoeX06v cvepyeiav ttjv o~arrrjpi.ov Kardw^w
Kal to p.aKdpu>v anoTiKTet trivdos, tov Xovrrjpa ttjs à<f>éo€u>s,
ttjv €7TavdKXrfaiv ttjs deoyeveolas , SrjXaor) Ta rfjs peravotas 20
haKpva, <f>4povra. To toLvw deofaXès tovto Kal Kaddpotov
haKpvov, « to tt)v npoo^vx^v Trrepovv » /carà tovs tôjv
iraT€pwv Xôyovs, to tovs voepovs 6<f>0aXp.ovs <£am£oi/,
ôVav ovvrjpp.evov ij ttj Trpooevxfj, to irapovcrav pèv t^v
€k tov delov Xovrpov x<*Plv ovvTrjpovv, Karà tov ôeoXôyov 25
rpT)y6pu>v, airoyevop.€vr]v 8è àvaKaXovpevov Kai 8ià tovto
« Xovrpov » €Tepov <( TraXiyye.vf.oias » lepâs Kal pdiTTiopa Oeîov
ov Kal irap ainov KaXovpevov, iTwrovwTepov pév, àXXà icar'
ovoèv r^TTov tov TrpoTepov, pâXXov 8è Kal peîÇov, Kaddnep
tiç tôjv TraTepwv aTre^rjvaTo oa<f>û>s, « peîÇov » Xéyœv « tov 30
» ^arrrlcrpaTOS perà to ^dmiapa r/ tGjv oaKpvcjv KadéaTTjKe
» Trrjyfj », rô tolovto toLvw haKpvov, to Kadalpov Kal d<f>ap-
rrdÇov t&v yrjtvojv Kal àva<j>epov Kai. awârnov rfj ttjs

CVSL
358 GRÉGOIRE PALAMAS

des choses terrestres, qui nous élèvent et nous attachent à la


grâce de la filiation divine, qui, par elle, édifient celui qui les
possède, ces larmes ne sont-elles donc pas une activité commune
au corps et à la partie passionnée de l'âme ?

Pour Barlaam, 18. — Comment donc pouvons-nous


c'est une chose accepter que l'on nous dise que l'amour
de l'âme envers les activités communes
à sa partie passionnée et au corps l'emplit de ténèbres et la
fait sombrer dans la déchéance ! Selon lui, toutes les œuvres
communes à l'âme et au corps, plus elles communiquent de
leur équivoque à l'âme, plus elles la rendent aveugle ; ainsi, si
de tels mouvements communs à l'âme et au corps se pro
duisent réellement, nous considérerons, propose-t-il, que c'est
un mal et qu'ils ont porté tort à l'activité de l'esprit qui conduit
vers les sommets. Ces paroles ne montrent-elles pas que sa
pensée et son enseignement sont contraires à ce que nous ont
enseigné les saints, ou plutôt le Saint-Esprit ? Car les saints
disent qu'il y a une activité, commune au corps et à l'âme,
don réellement magnifique et divin de Dieu, qui annonce à
l'âme la divine illumination libérant des mauvaises passions et
en introduisant à leur place tout le chœur sacré des vertus.
Car, est-il dit, celui qui veut se débarrasser des vices s'en débarrasse
en se lamentant, et celui qui veut acquérir des vertus les acquiert
en se lamentant encore 1. Ils disent donc qu'il y a des activités
communes à l'âme et au corps qui sont à ce point utiles à l'âme !
Mais lui, il dit qu'il n'y en a aucune. Toutes, dit-il en effet, font
sombrer l'âme dans la déchéance et tous les mouvements communs
à l'âme et au corps qui se produisent sont un mal et portent tort à
l'âme. Et il n'échappera pas à la condamnation par le seul fait
de n'avoir pas dit que cette activité particulière * était nuisible :
il sera justement condamné parce que, elle aussi, il l'a comptée
parmi les actions mauvaises, et surtout parce qu'il a abusé de
la confiance de ses auditeurs en ayant recours à une telle machi
nation. Par l'intermédiaire du prophète, Dieu dit que la faute

1 Isaac de Ninivk, Hom., 85 (édit. Thkotoki, p. 503-504 ; édit. Spetsieri,


p. 342) (ad sensum).
* Les larmes de componction.
TRIADE II, 2, I7-l8 359

deoyevealas ^aotTi Kal 8t' avrrjs tov e^oira Ocovv, tovto


Tolvw, dp* ovk evépyeia Koivrj, tov Te aiùfiaros Kal tov
irad-qTiKod fiépovs ttjs ^vyr\s ,'

18. IIôjs ovv BeÇofieOa tov Xéyovra ôVi to tt/v if/vxr)v


àyarrâv ràs Koivàs èvepyelas tov 7ra6rjTiKov avrrjs Kal tov 5
OWpXLTOÇ, TOVTO COTt TO OKOTOVS €p.1TUT\G)V aVTTjV Kal *CÔ-TO»
V€V€tv TTa.paoK€vât,ov ; Ta yàp Koivà -navra, fjjvxrjs Te Kal
aai/iOToj épya, oaov âv o<f>o8poTepav ttjv eat>Tcôv avTiÀT^iv
■nap€xr}Tai tj\ ^>v\fj, tooovtov avrrjv €KTv<f>\oî, cSare Kal
yevop.évas Ta? TOtavras lavrjcrei?, ocrai KOival elai ifwxVS KC" IO
ou>p.aTos, « rrpos KaKov » <pr)ai « yeyevrjaôai r)p.îv vop.mvp.ev ko!
» irrl fiXdfir) ttjs Trpos to dvavres toû vov èvepyeias » ; *Ap ov
Ta.va.vrla toÎs vrro tujv àyiojv, p.âXXov 8è tov àylov IJv€vp.a-
tos, r)pûv oeo'ib'ayp.évois Kal <f>povâ>v Kal 8i8doKa>v 8ià toutcov
oeÎKWTat. tû>v Xàyœv ; 01 p.èv ydp <f>aow <I>s eari tiç koivt) 15
oojp.a.Tos ko.1 tpvxfjs eWpyeia, oœpeà &eov ovtùjç àyaûorrpe-
irrjs Kal delà, rj rrpô^evôs èWi rfj ^pv\fj tov ôelov <pa)Ti.o-p.ov,
a7raXXaTTovaa tôjv rrovrjpcàv 7ra^cSv «rat avreiadyovaa tov
upov anavra tcôv àpcTÛv yopôv — « 6 yàp fiov\6p.evôs » (fyqow
« a-noKTTjaaadai. KaKtas K\avOp.â> àVo/CTàrat aura? *cai o 20
» f3ov\6p.evoç KTrjoaodat àperàs K\avdp.co icTÔrai airra? * — ,
oi p.èv oSv <f>aaiv <hs elalv eVeoyeiae. KOival ifjvxrjç ko! a<Lp.aTOS
eVl tooovto II ÀuaiTeÀoûaai ttj *pvxfj, ô 8e (pr/aiv œs ov8e- [ 1. 164»
fila €otlv. « Tlâaai » ydp cprjai « icâra) veveiv tt)v ipvxrjv
» TTapaoKevdÇovai, Kal nâaai. al yiv6p.evai Kivrjoeis Saai 25
» Kowai eioi ifjvxfjs Kal o~a>p.aTOS Trpos KaKov yivovTai Kal
» em jSAajSîj tt)s fax^s ». Ov yàp tovto ttjs alrias tovtov
iÇaLprjaerai otl p.r) Tavrrjv ISicas e7nj3Àa/3iJ T171/ ivépyeiav
etnev, àXX' oti Taîç Trovrjpaîs owera^e /cat TavTrjv vTralrios
SiKatœs éoTai /cai juaAia^' oti ttjv tcôv aKpoœp,€Vwv ovyKa- 30
Tadeoiv /cÀe'i/'at Sià ttjç ToiauTTjç p.-qx<J-vr]s iTriKexeîpriKev,
irr€i8r} tovto (f>rjai,v 6 Oeos Sià toû 7rpo<f>rjTOv to dv6p,rjp,a

CVSL
14 hehtSayfiévois : SeSiyftévovç V | 28 <Vt^Aaj9^ : cVt jSAa^p V.
360 GRÉGOIRE PALAMAS

des prêtres juifs condamnés était qu'ils ne séparaient pas les choses
saintes des choses impures 1. Et lui, il n'a même pas séparé des
actions impures la bienheureuse affliction, ni les autres nombreu
ses et bienfaisantes activités communes à l'âme et au corps.

Qu'est-cequel'im- 19. —Mais moi, dit-il, je ne considère


passibilité ? pas que cette affliction soit impassible
et bienheureuse; comment ce qui s'accom
plit par l'activité de la partie passionnée de l'âme peut-il être impas
sible ? Un homme dont cette partie passionnée est active et qui n'est
pas arrivé à la faire complètement périr dans l'inaction, comment
serait-il impassible? Mais l'enseignement que nous avons reçu, ô
philosophe, nous dit que l'impassibilité ne consiste pas à faire
mourir la partie passionnée, mais à la transférer du mal vers le
bien, à la diriger, dans sa constitution même, vers les choses
divines, après l'avoir complètement détournée du mal et tournée
vers le bien ; pour nous, l'homme impassible est celui qui ne
possède plus aucune habitude mauvaise et qui est riche en bonnes
habitudes, celui qui est qualifié par ses vertus, comme les gens
passionnés le sont par les mauvais plaisirs, celui qui a soumis
ses appétits irascible et concupiscible, qui à eux deux constituent
la partie passionnée de l'âme, aux facultés de connaissance, de
jugement et de raisonnement de cette même âme, de même que
les gens passionnés soumettent leur raison aux passions. Car
c'est le mauvais usage des puissances de l'âme qui engendre les
abominables passions, comme le mauvais usage de la connais
sance des êtres engendre la sagesse rendue folle2. Mais si l'on s'en
sert convenablement, on récoltera la connaissance de Dieu par la
connaissance des êtres, puisque l'on aura saisi le sens spirituel des
êtres et que l'on pratiquera les vertus correspondantes, à l'aide
de la partie passionnée de l'âme qui agira en conformité avec
le but que Dieu lui a proposé en la créant ; avec l'appétit concupis
cible, on embrassera la charité ; avec l'appétit irascible, on
assumera la persévérance. Ce n'est donc pas celui qui aura fait
mourir la partie passionnée de son âme (car alors il n'y aurait en
lui ni mouvement, ni action pour acquérir un état divin, des rela-

» ÉZÉCH., XXII, 26.


• 1 Cor. I, 20.
TRIADE II, 2, 18-19 361

râ>v KaraKplrœv iv 'IovSaiois lepéœv, Sri « rà ayia râjv


» fiefSrjAcov où Sie'oTeÀÀov ». Kal oSros roivvv fiera Kal ttoWôjv
dXXiov Koivœv ipvxTJç Kal oa>p.aros àyadwv ivepyeiœv Kal ro
fiaKOLpiov TTevdos rô>v ^e^-qXajv où SieoretAev ivepyrjp.drojv.

19. « '^4AA' iya> » <f>7)oiv « où rovro to rrevdos r)yovp,ai 5


» (X7ra0€ç Kaî fiaKcipiov ' rrws yàp àv eït) ànadés, S rrj ivep-
» yeia rov rrjs foxy^ iradr^riKov reXeîrai ; Ilœs S' âv eïrj
» ànadés, ô tÔ reaQryriKov tout* e^cûv ivepyov, àXXà p.r)
» KaB* ë£iv véKpcooiv avrov reXéws i£epyaodp.evos ,' 'AXX*
■f)p.eîç où tout' eîcai àrràBeiav ihihdx6rjp.ev , <L <j>iX6oo<f>€, 10
rrçv toù rradrjTiKov véKpwoiv, àXXà rrçv à7rô twv xeipôvwv
iirl Ta Kpeirroi fierddeaiv avrov Kal ttjv eVl rà deîa
Kad' é£iv èvépyeiav, 6Xikô>s àiTeorpap.p.évov rà Trovrjpà Kal
€iT€OTpap,p,évov rrpos rà KaXd, «ai ovros r)p.îv àrraOrfs, 6 ràs
Trovrjpàs é£eiç diTOKrr}adp.evos Kal iv raïs àyadaîs rrXov- 15
Trjaas, ô ovrca rronodels raïs àperaîs ws oi ip.ira8eîs raïs
p.r) KaXaîs TjSovaîç, ô ovrws tnrordÇas ro 8vp,iKov re Kal
èmOvp,r]riKév, â awap,<f>6repd iori ro rrjs ^X^S rradrjriKov,
râ> yvajoriKÔ) Kal KpiriKtp Kal Xoyi£op.éva> rrjs ipvxîjs â>s
ol ip/rradeîs rw TTadrjriKcp rô Xoyit,6p.evov ' rrapd)(prjois ydp 20
ion rûiv ovvdp.ea)V rrjs fax^S r) rà rwv rraOœv àrrorpÔTTaia
<f>vovoa, Kaddrrep Kal rr/v «p.ep.copap,évr]v oo<f>iav » r) rrjs yvdu-
o€o>s rwv ovrœv Trapdxp'qois ' et Se ris koXws raxirais x/>ô>to,
Sià p.èv rrjs yvœoeœs râ»v ovrœv Trvevp.ariKÔ)s éVAa^Savo-
p.€vmv, rrjv deoyvojaiav iroploeraij Sià Se toù rrjs iffvxijs 25
Tra0rjTi.Kov, Si' S Trpos &eov 7rc7Toîrjrai Kivov\i.ivov , ràs KaraX-
ÀtJAouç àperàs ipydaerai, râ> p.kv èni9vp.r)riKœ rrjv àyaTTr/v
èvarepvi^ôfievos, rœ Se 6vp.oeiSeî rr)v VTrop.ovr)v KaraKrcxi-
p.evos. Ovx ô veKpiôoas roiwv, eVeî Kal rrpos ràs Oeîas ê^eiç
*cat o~xioeis Kal Siadéoeis eorai aKurqros re Kal àvevépyryros , 3°
àAA' ô to50' {mordras, œore Sià rov rreideadai râ> vw,

CVSL
7 ira&rjTiKOv : ttoBtjtov V.
362 GRÉGOIRE PALAMAS

tions avec Dieu et des dispositions divines de l'esprit), mais celui


qui l'aura soumise, afin que par obéissance à l'esprit, qui par nature
possède la prééminence, il aille, comme il convient, à Dieu et
tende vers Dieu par la mémoire ininterrompue de Dieu 1 ; grâce
à cette mémoire, il parviendra à posséder une disposition divine
et à la faire progresser vers une possession encore meilleure qui
est l'amour de Dieu. Par cet amour, il accomplit, conformément à
l'Écriture, les commandements donnés à celui qui est aimé 2,
par lesquels il apprend, il met en pratique et il acquiert l'amour
pur et parfait pour son prochain. Il n'est pas possible qu'il ne
possède aussi l'impassibilité.

Le sacrifice vivant. 20. — Telle est la voie qui, en passant


par l'impassibilité, mène à l'amour par
fait ; c'est une voie extraordinaire ; elle conduit vers les hauteurs
et conviendra surtout à ceux qui se sont éloignés du monde;
ils se sont consacrés à Dieu, et cette union leur permet de persister
jusqu'au bout avec un esprit pur, dans des rapports étroits
avec Dieu ; ils rejettent facilement le fumier des mauvaises pas
sions et préservent pour eux-mêmes le trésor de l'amour. Quant à
ceux qm vivent dans le monde, ils doivent se faire violence pour
se servir des réalités du monde conformément aux commande
ments de Dieu. La partie passionnée de l'âme, qui participe à
cette violence, n'agira-t-elle pas, elle aussi, conformément à
ces commandements ? Et cette violence, à force d'être habituelle,
rend facile l'acceptation des commandements de Dieu et trans
forme une disposition passagère en état d'esprit constant ; cet
état d'esprit produit une haine très ferme pour les mauvais états
d'esprit et les mauvaises attitudes; une telle haine pour le mal
produit l'impassibilité qui, à son tour, engendre l'amour pour
le Bien unique. Il faut donc offrir à Dieu la partie passionnée de
l'âme, vivante et agissante, afin qu'elle soit un sacrifice vivant ;
l'Apôtre l'a même dit de nos corps : Je vous exhorte, dit-il en effet,

1 La liv-q^-q 8«o0 ou fiv^fiTj VijaoO, comme un des aspects de la t prière pure », est
une constante de la doctrine spirituelle orientale. Cfr Diadoquk db Photice
ckap. XCVII (édit. des Places, p. 159), s. Jean Climaque, Scala, XXVII (PG,
LXXXVIII, 11 12 C), etc.
• Cfr I Jean, IV, 19 ; V, 1-2, etc.
TRIADE II, 2, 19-20 363

<f>vo€i Àa^dV-ri tt)v r)yep.oviav, rrpos Oeov àyôfievov || fj 8éov, \ f. 1651-


àvarelvcadai 8tà rfjs àBiaXelnTov p.mjp,rjs tov Oeov irpos
tov Oeov kclI 8t' avrfjs els êÇiv d<f>iKveîcrOai rfjs Bêlas 81a-
déaetos Kal els dplortjv ê£iv 7rpo/?i/3a£ei»' Tavrqv, tJtls iarlv
■q npos Oeov dydnr], Si' 77V nXrjpoî, Karà to Xôyiov, ràs tov 5
àyanœpAvov èvroXds, i£ &v StSaoxerai Kal ivepyeî Kal
Krârai rfjv eîXiKpivfj re Kal reXelav npos tov nXyoïov
àydnrjv, afç p.rj ovvetvat. rfjv ànddeiav tû>v d8vvdTù)v.

20. Avrr] pÀv ovv r) npos ttjv TeXeiav àydn-qv Si' ànadelas
686s è£r)XXayp.évr) Te co-ri Kal àVa» fiaivovoa Kai toÎs àva- 10
KexioprjKÔai tov /coctuou /xaÀiara àpp.ôaei ' o~xpXdaavres yàp
OeS> Kal àve7Ti0oX(oTOJ vw ttj npos avrov o/nÀt'a 8iaKapre-
prjaavres 8ià rfjs ovvovaias Tavrrjs, ev)(epws tov crvp^erov
tôïv TTovT)pwv iraôrjp.dTUiv ànoTidevrat Kat rr/v ayamjv a<f>iotv
avroîs èvô-qoavplÇovo-i. Toîs 8' èv tô> KÔap.o> orpe<f>op.évois 15
cari fita£op:évovs êavrovs /carà ràs èvroXàs tov Oeov toîs
tov Koapjov xprjoOai npd.yp.aaiv. Ovkovv Kal to nadrjTiKov
rfjs *ftvxys ^S jStas TavrrjS koivoivovv èvepyrjoei. /car' eKCLvas ',
Avrr] 8è r/ jSi'a èyxpovloaoa rfj avvrjdeiq. r)8eîav tt/v npos
ràç èvroXàs tov Oeov a~)(éoiv èp.noieî Kal tt)v 8iddeaiv els 20
ê£iv p.eraTidrjo-iv • 17 8è xapi'£eTcu tÔ 77-pôç ràs novqpàs êÇeLS
Te Kal a\éoei.s p.ovip.a>TaTov p.îoos, to 8e Trpos rà novrjpà
toiovtov pûoos ttjv ànddeiav Kapno<j>opeî, nap' r)s 17 npos
tov p,6vov àyaOov àydnr) twctctcu. Zôjv toIvvv Kal èvepyov
Trapaorfjaai 8eî tw Oeû> to rfjs iftvx'fjs naOrjTiKov, Iva $25
dvala Çœaa, ôttep 6 'AnôoroXos Kal nepi tov oa»p.aTos rjp,œv
ettre ' « IJapaKaXw » ydp <f>r)ow « vp.âç 8ià tû>v olKTipp.œv
» tov Oeov Trapaorfjcrai to od>p,aTa vp,â>v Bvalav ^œoav,
» âyiav, evdpeorov tû> Oeâ> ». IJôjs ovv to ■fjp.éTepov oâ>p.a

CVSL

IO i£t)\ayn4vT) V.
364 GRÉGOIRE PALAMAS

par la miséricorde de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice


vivant, saint, agréable à Dieu 1. Comment notre corps vivant
peut-il être offert comme un sacrifice agréable à Dieu ? Lorsque
nos yeux ont le regard doux, selon ce qui est écrit : Celui qui a le
regard doux sera gracié 2, lorsqu'ils nous attirent et nous trans
mettent la miséricorde d'en haut, lorsque nos oreilles sont atten
tives aux enseignements divins, non pas seulement pour les
entendre, mais, comme le dit David, pour se souvenir des com
mandements de Dieu, afin de les accomplir 3, sans devenir, comme
le dit celui qui, parmi les apôtres, fut le frère de Dieu, un auditeur
oublieux, mais en plongeant les regards dans la loi parfaite de la
liberté, en y persévérant et en acquérant la béatitude dans son accom
plissement *, lorsque notre langue, nos mains et nos pieds sont
au service de la volonté divine. Cette pratique des commande
ments de Dieu ne constitue-t-elle pas une activité commune à
l'âme et au corps ? Comment se fait-il alors que toutes les activités
communes à l'âme et au corps remplissent l'âme de ténèbres et
la rendent aveugle?

L'exemple de Paul. 21. — L'Apôtre dit : Qui est faible, que


je ne sois faible? Qui est offensé, que je
ne brûle ? 5 N'est-ce donc pas là une activité commune du corps
et de la partie passionnée de l'âme ? Considérerons-nous donc
qu'elle se produit pour notre malheur et quelle porte tort à l'âme?
C'est au contraire une preuve rigoureuse de ce que Paul aimait
son prochain comme lui-même et c'est là le second commande
ment de Dieu, semblable, selon la Parole révélée de Dieu, au
premier et grand commandement 6. C'est pourquoi le même apô
tre dit en écrivant aux Romains : J'éprouve une grande tristesse
et j'ai dans le cœur un chagrin continuel pour mes frères, mes pa
rents selon la chair 7. Vois-tu vivre et agir la partie passionnée
de cette âme impassible et semblable à Dieu ? Et si, dans son âme.

1 Rom.. XII, 1.
• Prov., XII, 13.
» Ps., Cil (CIII), 18.
4 Jacques, I, 25.
' // Cor., XI, 29.
• Matth., XXII, 36-38.
' Rom., IX. 2-3.
TRIADE II, 2, 20-2I 365

£tôv âv TTapaoralT) dvola tô> Oeû> evdpearoç ," 'Ottotc Xeîa


pèv ôpcôoiv rjpâjv ol 6<f>8aXpoî , Karà to yeypappévov ' « 'O
» fiXéircov Aeîa iXerjdrjoeTai », Kal tov âvcodev éXeov ini-
ottGsvto.1 Kal noplïfivaw t)\iâ.v, tora 8' ôiroKeiTat rots Oelois
B18d.yp.acnv, ovx â>crre aKovaai p.6vov aÙTtô»', àAA œare 5
Karà to SavisriKov « p,€p.vrjo0ai tô>v ivroXojv tov Seov tov
» TTOifjoai auras », « ovk ai<poaT7jv iniXrjopovfjs » Karà to
elpnqpévov tû> àheX<f>odea) t&v a-nooTÔXoiv « yev6p.evov, àXXà
» irapaKvijiavTa elç vôp.ov TeXeiov Tfjç èXevdeplaç Kal irapa-
» petvavTa Kat. paKapwv ovra iv tjj noïqcrei avrov », yXœcroa 10
8e, xctjpcV tc /cai ttoScç vTrqpeTOJOi toîç fleloiç deXr)p,aat. Ti
ovv al ivépyeiai a vrai tcôc cvroÀtôv tov Qeov ', Ov Koival
€iolv ivépyeiai fox^s Kai aco/naroç ,' riwç ovv «al Koival
» ivépyeiai *l>V)(f}s Kal owp,aTOS diracrat okotovs èpTMT-
» Àcôcrt Kal €ktv<J>Xovol TTfv ^ivyrp/ » / 15

21. 'O Se 'AttootoXos « ti'ç àadeveî Kal ovk àodevw »


<fyrjot. « Tt? oxavSaÀt^CTai Kal ovk iyà> || irvpovpai / » *^4p' Il l l65f
ouv où koivtj ivépyeia ravra tov tc oojp.aToç Kal tov rtjs
^pvyrjs nadrjTiKov / « TJpos KaKov » toLvvv avrrjv vop.10vp.ev
*cat « inl fiXdfir) tt^ç ^v\rfg » ; Kal puffv tovto kart 8eîyp.a 20
aKpi/Sc? toû toi/ TrXrjocov àya-nâv <I>ç eaurôV, 5 Sevrepa
pév ioTiv ivToXrj Qeov, ôpoia Se #carà rô deoTrapdhoTov
Xâyiov tjj TTpu>T7) Kai p.eydXjj èvroXfj. ûiô-nep 6 avroç
àvôoToXoç ' Pœpaloiç ypd<f>ojv « Xvrrq pot cotI » <f>r)oi.
« p.eydXrj Kal àbidXenTTOS SSvirq rfj KapSla pov vnèp 25
» tô>v a8eX<f>œv pov, twv avyyevœv pov Karà adpKa ».
'Opâs to TradrjTiKov £û>v Kal èvepyov rfjç ànadovç Kal
deoeiSovs €Kelvr]s fax^S ,' El 8è àSiaAciVTto? eKetvr] -npoa-
tjvxcto Kal à8iaA€i7TTa>ç wSvvâro, ovvvTrdpxovoav dp' etxev
ev eavrtp tjj irpooevxfj ttjv oBvvtjv ttjs *pvXVs ' "Tl ^ 3°

CVSL
3°.Tp npoatvxjj ont. L
366 GRÉGOIRE PALAMAS

il priait continuellement l et était continuellement dans le cha


grin, c'est que la prière et le chagrin coexistaient dans son âme ;
mais la construction de la phrase montre ici qu'ils ne coexistaient
pas seulement, mais collaboraient : Car je priais moi-même, dit-il,
pour être anathème et séparé du Christ pour mes frères 2 ; et ailleurs :
Le vœu de mon cœur et la supplication que j'adresse à Dieu pour
Israël, c'est qu'ils soient sauvés 3. Comment cette grande tristesse
qu'il éprouvait pour eux et ce chagrin continuel de son âme
nous permettront-ils de considérer l'impassibilité comme un état
passif de l'âme, qui suppose la mort de la partie passionnée ?

Seules les mau- 22. — Mais le philosophe a, semble-t-il,


valses passions dol- entendu et imaginé beaucoup de choses
vent mourir. ,,. .,Tll ., ,
sur 1 impassibilité, mais il n a pas en
tendu que l'insensibilité est une mauvaise chose, blâmée par
les Pères. Il existe donc une douleur bonne : celle qui est op
posée à cette insensibilité, il existe aussi des activités communes
à l'âme et au corps qui sont utiles, ou qui apportent plutôt
la perfection à l'âme, s'il est vrai que ce perfectionnement lui vient
de l'observation des divins commandements. Mais si de telles
actions relèvent du corps, combien plus elles relèvent de la
partie passionnée de l'âme, liée immédiatement à l'esprit ;
car le corps n'est attaché à l'esprit que par l'intermédiaire
de cette partie passionnée de l'âme. Le philosophe fait
comme si, en entendant le commandement de Dieu : Restez
inoccupés et sachez que c'est moi, Dieu *, et en voyant ceux qui
ne sont occupés que par les choses divines, ceux qui travaillent
à ce qui est divin et spirituel, il les blâmait et leur disait : Dieu a
dit : restez inoccupés ; vous vous trompez en recherchant l'action.
L'Apôtre dit en effet : Faites mourir les membres qui sont sur la
terre, l'impudicité, l'impureté, les mauvaises passions et la cupi
dité s. Entends-tu lesquelles des activités corporelles il faut faire
mourir ? L'impudicité, l'impureté et simplement toutes les

1 Cfr 1 Thessal.. I, 2 ; 11, 13 ; V, 17


« Hom., IX. 3.
» liom., X. 1.
• Ps., XLV (X1.V1). 10.
» Col., III. 5.
TRIADE II, 2, 21-22 367

ov (Tvwirâpxovaav p.6vov, àXXà Kal crvvepyovcrav, eoetÇev 6


avroç 8tà rfjç KaraaKevrjç £k€Î ' « Hvxôftrjv ydp » tfaoïv
« auras iyœ àvafleua eîvat, àiro Xpiarov xnrkp tû>v a8eX<f>œv
» fj.ov » " Kal àÀÀa^oû ' « 'H evSoKia ttjç xapSlaç p,ov Kal 1}
» Sérjats 17 7rp6s tov Oeov ùirèp tov 'IoparjX iamv elç Gayrq-
» piav ». ndvrcjç 8ià rqv înrkp aùrâ»v p,eydXr]v èxelvqv
Xvrrqv Kal àotdXeiiTTOv oSvvrjv ttjs ^x^s, vôjs oàV ànd-
Oeiav r)yrjoop.c0a ttjv tov iraOrjTiKov ko.6% êÇiv vexpcocnv ;

22. 'AXX' wç eotKev ô (f>iX6ao(f>os trepl p.kv àiradeias TJKOvoé


re Kal é<f>avTaadT] , ttjv Se àvaXyqolav ovk aK^Koe rrpoç ko.kov 10
Te ovaav Kal irpos tùjv Trarptouiv KaKi£op.évr]v. "Eotiv ollv
Kal àXyos ayadôv, to ttj avaAyrjcna Tavrrj dvTi.Keip.evov,
Kal Koival ipvxVS k^ o"aiuaTos èvépyeiai XvatreXovaai, p,âXXov
oè TeXeiovaai ttjv ifivxrjv, einep Sià rfjç TTjprjo'eœç tôjv deiœv
èvroXâtv 77 TcAetatcriç avrij 7rpooylveTai. El oè tov oiop-aros 15
ion. Toiavra epya, ndoot uâAAov tov ttjs 'pvxjjs TradrjTiKov
S àp.éoa>s owânTCTat tw vw ' to yàp aâ>p.a Sià p.éoov tovtov
tt/v irpàs tov vovv to^ei o~vva$T\v . '0 Se <f>tX6oo<p\>s Ô/XOlôV Tl
7roteî cjarrrep dv e? tis, aKOvaas tov Oeov rrpooTaTTOVTos
« oxpXâoaTe Kal yvâJTe ôri iyw elp.t Geôs », cfra tovs o~X°~ 2°
Xdaavras toZs Qelois, t<i Oeîa Kai irvevp.aTiKà epya£op.évovs
d€u>p.€vos, p.ép.<j>oiTO Xéyœv ' « JETjfoÀacraTf, elirev o ôeos, vueîs
» 8è ivepyeîv oirevSovTes, rrXavâode ». « NeKpœoaTe » ydp
<f>T)OL Kal é 'AttootoXos « Ta p.4Xrj Ta im ttjs yrjs, iropvclav,
» aKadapalav, Trdôos KaKov Kal ttjv irXeoveÇlav ». 'Akovciç 25
TiVaç Seî TÔii' owp.aTiKWP evepyeiwv veKpovv ; Tlopvelav ,
aKadapalav Kal àirXœs Trdoas Ta? yqîvas. IIoîov 8è irddoç ;
To KaKov, àAA' oi>xl Taç Sià tov ou)p.aToç T€Xovp,évas
evepyelas tov IJvevuaTOS, ovSè rà 6eîa Kal /xa/capia nddr),
oùSè Ta? Trpoç ravra TrefivKvîaç Suva/xciç ttjç if'vx'fjs ' « 7o 30

CVSL
10 hè : S1 V II 26 rtVaî : riva VS || 27 7roîoi' 8è 7râ^oç : 7rd0os 8è ttoiov L || 30 ir€-
368 GRÉGOIRE PALAMAS

activités terrestres. Quelle passion ? La mauvaise et non pas les


activités de l'Esprit qui s'accomplissent par l'intermédiaire du
corps, ni les passions divines et bienheureuses, ni les puissances
de l'âme qui sont par nature destinées à produire ces passions.
Dirige, est-il dit en effet, tout ton désir vers Dieu: que ta colère
frappe le seul serpent 1. Comment ces puissances de l'âme seraient-
elles mortes ? Y aurait-il alors des hommes qui s'élanceraient
dans l'élan divin, lors de leurs prières à Dieu, ou se dresseraient
contre le serpent lors de ses attaques absurdes ?

La passion de Dieu. 23. — Le philosophe parle-t-il sérieu


sement ? Que dit-il donc ? Dans la prière,
nous mépriserons les sens et l'imagination ; accepterons-nous cepen
dant que la partie passionnée de l'âme agisse par l'intermédiaire
de l'une de ses facultés ? Encore moins ! Car ces activités, plus que
toutes les autres, aveuglent et ruinent l'œil divin. Oh ! Est-il possible
que la haine du mal et l'amour de Dieu et du prochain ruinent
l'oeil divin ? Car ce sont là aussi des activités de la partie pas
sionnée de l'âme : c'est par cette puissance de l'âme que nous
aimons et que nous nous détournons ; c'est par elle que nous
nous unissons et que nous devenons étrangers, de même qu'avec
la partie raisonnable de l'âme, nous approuvons et nous blâmons,
suivant le sage Synésius. Se consacrer aux contemplations divines,
adresser des hymnes et des actions de grâces à Dieu et s'y atta
cher par une mémoire continuelle, est-ce donc là la mort de la
partie raisonnable de l'âme ? N'est-ce pas là plutôt la vie véri
table et la vraie activité de l'esprit ? De la même façon, les hom
mes qui ont la passion du Beau ne font pas mourir la partie pas
sionnée de leur âme, en l'enfermant à l'intérieur d'eux-mêmes et
en la laissant sans activité, ni mouvement, car alors ils ne posséde
raient plus d'organe nécessaire pour aimer le bien et haïr le mal, ils
n'auraient plus le moyen de devenir étrangers au mal pour s'unir
à Dieu. Voici ce qu'ils font mourir : les relations de cette puis
sance avec les choses mauvaises ; ils dirigent la puissance tout
entière vers l'amour de Dieu, conformément au premier et grand
commandement : Tu aimeras, est-il dit, le Seigneur ton Dieu de

» Cfr s. Jean Cumaque, Scala, XXVI (PG, LXXXVIII, IQ68 D).


TRIADE II, 2, 22-23 369

» cViAu/xtiti/cÔv » ydp <f>rj(Ti « rerdadw 001 irâv irpos Oeov,


» 6 dvfios cctto» (roi Karà p.6vov tov 5<f>€ws »• H IIû)S oSv | f. i66r
vev€KpwfJi€vat al owdp.eis aurai ttjs *i*vyr\s ', *H Kivrjdelrj
TIÇ TOVTWV TTpOS TTjV OctaV àvâraOlV €V TatÇ TTpOÇ TOV 0€OV
€v%aîs; *H Sieyepdelrj Karà tov 5<f>ews èv Taîs àrôVoi? 5
■npoofioXals ',

23. TLG>s Se ào<f>aXâ>s carat Xéywv 6 <f>iX6oo<f>os ', Tl


8ai; « Aïodrjoiv p.èv Kal <f>avraolav aTip.aoop.cv irpoo-
» evx6p,€voi, tÔ Se 7radr)TtKov rfjs ifnJXTJS èvepyeîv «ara
» nra TtSv cavrov ovvdp.€a>v 8efcoue#a/ *H noXXœ p.SXXov 10
» oùSè tovto ' al yàp toutou èvépyexai ttaAiora -ndvroiv
» €ktv<I>Xovoi Kal KaTOpVTTovoi t6 dcîov ô/x/xa ». Bafiat '
TTtÔS" KaTOpVTT€l TO 0€ÎOV O/X/xa TO 7T/)Ôs TO. TTOVT)pà p,ÎOOS Kal
r) 7r/)ôs tov Oeov Kal tov ttÀtîo-xov àyâirr) ', Kal TaÛTa yàp
tov 7Tadt)TiKov eiaiv èvépyeiai ' Tavrr) yàp tjj Suvauei rfjs 15
>fiv)(7Js àyait&p.iv Te Kal àTTorpeirop-cda, oùcexou/xe^a Te Kal
aXXoTpiovp.e6a, Kada/nep Kal tô> Aoyi£ottéva> rfjs fpvxfjs,
Karà tov oo<f>ov Uvvéoiov, i7ra1.vovp.ev Te Kal p,ep.<j>6p.eda.
NeKpwots dp' oiïv ioTi tov XoyiOTiKov deiois 9ewp-qp,aoiv
eVao^oAeîo-flat Kal Oeâ> tov vp,vov Kal tt)v ev^aptarlav àva- 20
7re/A7reiv Kal tovtoj Sià ttjs owe^ovs KoXXâodat /xvtj/xtiç;
*H tovto èoTiv i) ovtùjs £o>t) Kal àXrjdrjs èvépyeia tou vov ',
Tov avrov apa rponov ovoè to TradrjTiKov veKpovoiv ol ipaoral
tô>v koXwv, KaTaKAeîoavTeç àpyov Kal àKiV7]TOV iv èavToîs,
ovSè yàp àv o%oîev ôVa> àv èp&ev tov àyadov Kal p-iooîev to 25
TTovrjpôv, oùSè Si' 0$ tov p,èv àXXoTpiwdeîev , oiKeiatdeîev 8è
tô> Oeâ>. Tovto 8è veKpovoi, T7p irpos rà Trovrjpà o^iow rfjs
8vvap.ecos ravrrjs, oXtjv p-eraTiOévres iirl tt)v irpos Oeov àyd-
7777V, Karà rr)v ttocottiv Kal p.eydXr]v èvToXrjV « 'Ayavrjoeis »
ydp <f>7)ot « Kvpiov tov ©eôv oov, i£ SXrjs ttjs lo~%vos oov », 3°

CVSL
370 GRÉGOIRE PALAMAS

toute ta force 1, c'est-à-dire de toute ta puissance. Quelle puis


sance ? La puissance de la passion, évidemment. Car c'est là
la partie aimante de l'âme. Disposée ainsi à aimer Dieu, cette
partie aimante élève au-dessus des choses terrestres les autres
puissances de l'âme et les tourne vers Dieu ; disposée à aimer
Dieu, elle donne la pureté à la prière ; elle ne ferme pas l'esprit,
mais l'aide à maintenir Dieu à l'intérieur de lui-même par la
mémoire ; disposée à aimer Dieu, elle donne, à ceux qui souffrent
pour l'objet vraiment désirable, le pouvoir de mépriser la chair
et de supporter plus facilement les souffrances de la chair.
Grâce à cette disposition, ils sont, en effet, entièrement saisis par
cet amour et, comme s'ils étaient sortis du corps, ne cessent pas
de communier au divin Esprit par la prière et l'amour, ne sen
tant les souffrances charnelles que pour les condamner.

Impassibilité n'est 24- — Faut-il en écrire plus sur ce


pas suicide. sujet ? Il est évident pour tous, même
si cela n'est pas clair pour ce sage, que
nous avons reçu la prescription de crucifier la chair avec ses
passions et ses désirs * ; nous ne l'avons pas reçue pour nous tuer
nous-mêmes, en faisant mourir toute activité du corps et toute
puissance de l'âme, mais pour rejeter tout désir et tout acte vil,
pour montrer que nous les fuyons sans retour et pour devenir
des hommes des désirs de l'Esprit, comme Daniel 3, en vivant et
en nous mouvant dans ces désirs avec des pensées parfaites, en
marchant toujours en avant avec virilité, comme l'a fait Lot
lorsqu'il sortit de Sodome : en avançant toujours et en persistant
dans sa marche en avant, il resta vivant, alors que sa femme,
qui s'était retournée, fut mise à mort *. Je considère donc comme
clairement démontré le fait que les hommes impassibles ont la
partie passionnée de leur âme toujours vivante et agissante pour
le mieux et qu'ils ne la font pas mourir.

» Marc. XII, 30.


« Gai., V, 24.
» CfrDAN., IX, 23 ; X, 11, 19.
« Cfr Gen.. XIX, 26.
TRIADE II, 2, 23-24 371
ravrov 8' elrrelv tîjs 8vvdp,eu>s oov ■ rrolas 8vvdpews SXrjs ;
ArjXov ôVi tov Tra.drjTi.KOv ' tovto ydp eori to rtjs foxy5 ^^°ûv.
Tovto 8r) otareOèv ovtcj ko! tcls âAAa? tîjs *(ivxV^ 8vvd-
fieis tcSv yrjîvœv diravlor^oi Kal àvarelvei rrpos Oeôv ' tovto
Siare^cv ovtoj Kal tt} Trpooevxfj to elXiKpivès rropi^ei Kal S
tov vovv ovk eîpyei, àXXà ko.1 ovp.7Tp6.Trei 8ià ttjç p.vr)pr)s
€Vl8pVp.€VOV ë^ClV €V èaVT<p TOV 0e6v ' TOVTO 8iaT€0€V OVTiO
Kal aapKos virep<f>poveîv ko.1 rà /car' avrr)v aXyr) pâov <f>épa.v
toîs VTrèp tov SvTios è<j>eTov 7râo~xovo~t. irapéxei ' 81' avrov
yàp €/cei'va> t<3 <plXTpa> /cara/cpa? aXôvres ko.1 oîov aTravaordv- 10
Tes rfjs aapKos tt\ 8C evxfjs koX àydTnqs rrpos to delov
TTvevpa ko tv envia, rà aapKos raûra rrddr] koto. p.6vov to
Kplvetv aloda.v6p.evot, Siayivovrai.

24. Kal Tt 8eî rrXelœ rrepl tovtojv ypd<peiv ; ArjXov ydp


èori irâaiv, el Kal p.r) tô> ao<f>â> Tovro) yéyove oa<f>és, a»? 15
« aravpâ>oai rr)v odpKa ovv toîs rradr]paoi Kal raîç èmdv-
» plais » rrpooeTdyrjpev, ot>x îv* r)p.âs avrovs 8iaxeipt.crœp,e0a,
rrâoav || oœp.aTos ivépyeiav Kal ipvxfjs 8vvap.1v veKpojoavres, I '• '66w
àAA' ci? âv tcDv pÀv <pavXwv opéÇeatv Te Kal rrpd^ewv àrroaxôi-
peda Kal tt)v an* avrœv <pvyr)v aveniarpo<f>ov èni8ei£ojp.e0a, 20
yevwp.eda 8è « tcD»' emdvp.iùjv » toû Tïvevp.aTOS « dv8pes »,
icarà tov ^avi^À, reXcia) <f>povrjp,aTt £c5»res tv aurais *ca£
javou/xevot #caî àv8piKÔ>s àel x^poCvres els to irpooio, Kœrà
tov àno So86pwv tfiovra Au>t, Sç àel npofialvœv Kal â/av/j-
tos npdç Ta ottLooj p.évojv £tôvra éavrov 8ieTrjpr)oe, rfjs 25
els tovttIoo} o~rpa<peio-qs ovÇvyov veKpojOeiorjs. "On p.èv
oSv Çwv exovoi Kal rà KpeiTTOj èvepyovv, àXX ov veKpovmv
oî àrradeîs to ttjs *pvxr)s Trad-qTiKÔv , iKavœs olpai SeSciy-
pévov elvai.

CVSL

25 np&s : cfe S.
372 GRÉGOIRE PALAMAS

Critiques de Bar- 25. — Voyons maintenant comment ce


laam contre Nice- philosophe, bien qu'il ait lancé toute sa
p ore* sagacité contre les enseignements isago-
giques sur la prière du vénérable Nicéphore, n'a pas du tout
réussi à le calomnier, à lui faire du tort et à le décrier ; par
ces calomnies, il s'est souillé lui-même et a souillé ses propres
traités, mais rï a'a pas souillé le saint. Il commence tout
d'abord par calomnier cet homme en disant qu'il a été le pre
mier à donner de tels conseils, qu'impertinemment il appela
« inspirations ». Depuis très longtemps, en effet, d'autres
homme"; spirituels ont donné les mêmes conseils, en utilisant
presque les mêmes paroles et les mêmes pensées ; dans les écrits
de tous les Pères, on pourrait trouver des expressions qui les con
firment ; par exemple, cette expression de celui qui, par ses
traités, a construit pour nous l'Échelle spirituelle : Que la mémoire
de Jésus, dit-il en effet, se colle à ta respiration et tu connaîtras alors
les avantages de l'hésychie 1. Le saint dit ensuite : Oblige ton esprit
à entrer dans ton cœur avec- Vinspiration du souffle 2 ; d'après le
grand Macaire, cela signifie : se coller au cœur et contempler
l'intérieur du cœur. Le cœur, dit-il en effet, dirige l'organisme tout
entier et lorsque la grâce reçoit le cœur en partage, elle dirige tous
les membres et toutes les pensées. C'est donc là qu'il faut voir si
la grâce y a inscrit les lois de l'Esprit 8. Nicéphore se trouve donc
en parfait accord avec ces grands hommes. Mais Barlaam le
calomnie encore et le diffame : il sépare « oblige » d'« esprit »,
et le rattache à l'i inspiration du souffle » * ; après avoir ainsi
calomnieusement corrompu les mots et leur sens, il s'enflamme
lui-même beaucoup contre les inspirations forcées et démontre
que cela est absurde. Par ailleurs, comme Nicéphore appelle
« esprit » les activités de l'esprit et comme il dit que l'application
à la prière exige de ramener à soi ces activités qui, par les sens,
se dispersent à l'extérieur, et de les diriger vers l'intérieur, le

1 S. Jean Climaque, Scala, XXVII (PG, LXXXVIII, 1112 C).


» Nicéphore, De custodia cordis (PG, CXLVII, 963 B-964 A).
» Hom., XV, 20 (PG, XXXIV, 58g B). Cfr supra, Tr. I, 2, 3, p. 80, note 4.
* Chez Nicéphore on ne trouve pas, en effet, la prescription de retenir la respi
ration au moment de la prière, mais on la trouve chez le Ps.-Syméon (édit.
I. Hausherr, La méthode d'oraison hésychaste, dans Orient. Christ. Period., t. IX,
1927, p. 164 ; cfr J. Gouillard, Petite Philocalie, p. 216).
TRIADE II, 2, 25 373

25. Nvv S' ï8a>fi€v ttû>s 6 <f>i\6oo<fx>ç ovtos, kcUtoi 7-fjV


èavTov noXiivoiav irâaav €7ra<f>els raîs claaywytKaîs «?
irpoo€vxr)v elorjyrjaecn tov oeirrov NiK7j(f>6pov , ôfitoç tov
nvKO<f>a.vri}oai Kal otaorpétpai Kal SiajSaAcîv nXéov ïoyyaev
ovSév, iavrov Kal tovç oIkciovç Xôyovç, àXX' ov%l tov Ôctiov 5
CKeîvov, Sià tû>v crvKO<pavriâ>v tovtojv Xvfirjvdfievos- TIoûtov
fiev ovv àpxôfievos tovto tov àv8pos KaTat/jevSerat to
irptôrov avrov irapaSeScoKevai Xéyeiv ràç rotairras tô>v
eloTjyrjoeajv, as vflplÇcov « eloTrvoàç » c/câÀcae ' noXXoîs yàp
■)(p6vots TTpôrcpov ravra ■jTpoeiorjyrfaavTO TTV€vp.aTiKol âvSpes ">
êrepoi #caî prfp.aoi Kal vorjp.aoi cr^cSôv toîs avroîs, Kav toîs
twv iraripuw à-nâvroiv Xôyots 7roAAàs âv evpoi ti? <f>a>vàs
ovfip.apTvpovoas aÙTaîç, oldirep tort Kal 17 tov otà Xàywv
■i\p.iv rrjv Tn>evfxaTiKT)v KXlfiaKa TCKTrjvafiévov ' « 'Irjaov »
yâp <f>rjo~i « p.irqp,T) KoXXqd-qTOi Tjj irvorj aov Kat t6t€ yvojorj 15
» ■f)ov)(las ùxfréXeiav ». Mcrà toûto « /?i'a£e to»' voûV ctou »
ÀtyOITOÇ TOÛ ÔoiOV CKCIVOV « /LICTà TOÛ eloTTVCOflévOV TTV€V-
» p.aroç els ttjv Kaphlav claeXdeîv » — tovtcoti KoXXrjdrjvai
touto) <caî Ta èv Kaphla okoitcîv, Karà tov p\éyav MaKaipiov '
« 'H KapSta » yâp <f>T)aw « ijye/xoveuei ôÀou toû ô/jyavov *caî 20
» CTrciSàv KaTao^r] Ta? vo/xàs Trçç Kapolas 17 ^âpiç, i^yc-
» /tovcuei trâvroiv tûv p-eXwv Kal twv Xoyiop.â>v ■ è/ceî toi-
» vuv ^pii) ct#co7T€Û' ci ivéypaifiev fj X^PLS tovs tov I7v€vp.aTos
» vououç » — , eKeivov toLvvv toîs peydXoiç tovtois Ttavrâiraoi
ov[jL<p'Ô€yyofxévov, naXiv oSros Sià ovKO<j>avrlas iTrrjpeaiÇei. 25
Kal SicÀàW à7rô toû vov to « jSi'a^e », t<S eloTrveop.évoj ovvclpei
7rvevp.aTi, Kal arvKO<f>avTiKÛ>s ovtoj oia<f>0elpas fiera twv
prffidTojv Kal tt)v Stdvoiav, eîra Karà tû>v ^Siaïaiv eloTrvoœv
ttoXvs aûrôç irveî, rôiv àToira>TdT<ov ovoas àiroSeiKvvs.
'AXXà Kal « vovv » eKeivov Xéyovroç Ta? èvepyeias tov vov 30
«aï X^1' e^at ^ta T<^1' ouadrjitemv Tatiraç cfai ^co/nevaç
inavâyeiv Kal TrapaoKevdÇeiv eïooj vevew tovs 7rpoaevxjjs
iTnp.eXovp.évovs, ô <f>iX6o~o<p'os « voûv » avrov avOis || o~vko- \ i- i6jr

CVSL
374 GRÉGOIRE PALAMAS

philosophe affirme, en le calomniant, que Nicéphore entend par


« esprit » l'essence de l'esprit. Et ainsi, il a cru trouver de nom
breux arguments contre ces saintes paroles.

Superficialité de 26. — Mais comme, pour notre part,


Barlaam. nous distinguons bien ce qu'est la vérité,
il n'a rien à nous répondre et il ne peut
que dire : Que nos traités servent d'enseignement pour ceux qui
pourraient se laisser tromper par ce qui apparaît comme une absur
dité. Mais, pourrait-on demander à un tel maître, t'es-tu laissé
tromper ou non, toi qui enseignes ce que tu ne comprends pas ?
Car, t'étant laissé tromper, pourquoi prétends-tu enseigner ces
choses, alors que tu avais eu toi-même besoin d'un maître et
que tu as appris de nous la vérité ? Et si tu ne t'es pas laissé trom
per, pourquoi insultes-tu, à cause de ce qui, selon toi, « apparaît »
comme une absurdité, un homme dont aucune conception n'est
absurde, en lui reprochant, non pas une mauvaise expression de
sa pensée, mais bien sa pensée même ? Car si Nicéphore a tort
dans sa pensée comme dans ses expressions, pourquoi as-tu, toi
son accusateur, passé sous silence sa pensée, pour n'attaquer
que « les apparences »? Il fallait donc, puisque toi-même tu prenais
garde à ne pas te laisser tromper par les mots et puisque tu recom
mandais aux autres d'y prendre garde, il fallait rendre hommage
à cette pensée et à celui qui en était le père, il fallait aussi te faire
un interprète de ses paroles et non pas un accusateur. En effet, si
quelqu'un, sous prétexte de réfuter « des apparences », considérait
celui qui recommande de faire mourir le corps, comme coupable
d'enseigner aux hommes le suicide, te priverais-tu toi-même
de le condamner comme un ennemi de Dieu, à moins qu'il ne se
ravise? Je ne le crois pas. Et, pour employer un exemple favori
de tes victimes, lorsque Basile le Grand dit que l'esprit se
déverse à l'extérieur, puis revient de nouveau 1, l'accuserons-
nous de dire que l'essence inamovible de l'esprit « se déverse »
et qu'elle ♦ revient », alors qu'elle est toujours identique à elle-
même, ou bien considérerons-nous qu'il entend par « esprit » les
activités mobiles de l'esprit, quelles qu'elles soient ?

Cfr Episl. II, à .-. Grégoire de Naziatite (PG. XXXII, 228 A).
TRIADE II, 2, 25-26 375

tfavrcî Xéyeiv ttjv ovalav tov vov ' Kal yàp ovrw ttoXXûv
cwropijaai rôircov Karà twv ôaiojv <f>a>vwv VTTevôrjoev.

26. 'HfMœv 8' aSdis TÔArjOès 8t.€VKpivovvratv, avros dvrei-


TTtîv ovk €X°iV> * earrtooâv » <f>r)oiv « oi ij/xcrepoi Aoyoi
» 8i8aoKa\îa irpos tovs vtto tov <f>aivop.évov àrônov ira- 5
» paKpovaOévras âv ». Kal av rolvw o 8i8daKa>v â p,r)
awfJKas, <f>air) tiç âv irpos tov toiovtov 8i8daKaXov,
7rap€Kpova9r)ç 77 où; IJapaKpovadels pÀv ydp, ttô>s àÇuoîs
kot aino 8i8doKaXos eîvai, tov 8i8d$ovros Serjdels Kal
p.aOwv Trap' r)p,£>v ttjv àX-qôeiav, p,r) 7rapaKpovadels 8e, 10
irûs vfiplÇeis dira tov Kard ac <f>aivop.éi>ov tov p.rjb'èv
œroTTov 8iavoovp.€vov, Kal tout' ov% ôVi KaKws èÇcîirev,
àXXà KaKtùç ivevé-qaev ; El yàp dp.<j>ui KaKœs €K€Îvos,
irws âv av, KaTrjyopos œv, to voovp,evov irapa8pap.aiv,
Karà fiôvov tov <f>aivop,évov èxœprjaas ! "E8et tovwv, eïirep 15
i<f>v\d£u) ttjv àrro twv pr)p.aTwv àTrdrrjv avros ko* toîs
dXXots <f>v\dTT€odai naprjyyvaç, ttJv re hiâvoiav ko! tov
naTepa ttjç Stavotaç ev inalvat rlOeadai Kal t&v pr)pA.Tatv
cKeivwv ov Karqyopov, dXX' eéjrjyTjTrjv irot€Îv aavrôv, El yàp
tovtÔ tis VTroAoyi£6p.€vos, Ôti irpos to <jxuv6p.evov dTravrq,, 20
KaTa\oyoypa<fyqa€L€ tov eWeAAo^zéVou rr/v tov atop,aTos
veKpwaiv, à)s avrôx^tpas ylveadai tovs dvdpûnrovs StSacr/cov-
tos, dp' âv avros iÇatprjaT) tovtov, cl p.r) p.erafiovXev'aatTO,
ri}s /i€Ta TÔbv dvridéwv KaTa8tK7]s ,' Ovk eyarye oîp,at. Tl
8' ôVe BaaiXeios 6 p,éyas, ïva TraparrXrjolw toîs vtto aov 25
KaTTjyoprjfiévois irapa8clyp,aTi xprjaœp.ai,, tL toLvw 56* oSros
élire tov vovv « e£a> 8iaxeîadai » *a£ « è-navàyeoQai » ttÔAiv,
k<xkô>ç èpovp.ev avrdv, d)s Trfv tov vov dp-erd^aTov ovalav
8iax€Îo6ai Xéyovra ko! ttjv p,j)8€iroT€ èainr/v dTToXelnovaav
eTTavayeadai, rj « vovv » vorfoop.ev avrov Xcyeiv raç //.cra- 30
jSari./fàs' avrov ivcpyelas, aî 877 ttotc elaiv aurai ',

CVSL
3-4 avros àvriiittiv : dvrenretv avros L.
376 GRÉGOIRE PALAMAS

Y a-t-il opposl- 27. — Mais le philosophe, empêché


tlon entre Grégoire par mes réfutations de fonder son accu-
de Nysse
* et Ma- ,.•
sation j « apparences », mit
sur des -j. *.toute
±.
son ardeur à attaquer la pensée même et
dirigea sa lutte contre nos écrits, rédigés pour défendre ce
vénérable Nicéphore * ; là non plus il n'oublia pas son habileté
de calomniateur, ou plutôt il ne put l'oublier du tout.
Comment, en effet, aurait-il pu contredire des traités que la
vérité unifiante rendait incontestables et reprocher l'impiété
aux hommes pieux, sans avoir recours contre eux à la calom
nie ? Pour notre part, nous disions, conformément au grand
Macaire, que le cœur est le premier organe charnel raisonnable ;
nous citions les paroles même du saint qui le montrent *.
Mais lui, il efface le mot « charnel » et met en avant une phrase
du divin Grégoire de Nysse : L'essence intellectuelle s'unit à
la partie légère et illuminée de la nature sensible 3. Il en tire la
juste conclusion que le saint désigne cette partie-là comme un
organe premier dont se sert l'essence intellectuelle ; mais il n'a
pas raison d'opposer ces paroles à ce que nous disons et d'affirmer
qu'elles s'opposent aux paroles de saint Macaire qui désigne le
cœur, et non cette partie illuminée, comme le premier organe
raisonnable. Si tu ajoutes le mot « charnel », ô sophiste, comme
nous l'avons dit, tu éloignes la trompeuse opposition et tu vois que
les saints sont en accord entre eux et que nous suivons sur ce
point leurs enseignements. Car la partie illuminée de la nature
humaine sensible n'est pas « chair ».

Anthropologie de 28- — Mais " a imaginé une autre


Grégoire de Nysse. opposition entre nos paroles et l'évêque
de Nysse : puisque nous disons que,
dans le corps, le cœur est l'organe des organes, que par le cœur
l'esprit se sert du corps comme de son propre organe, nous mon
trons que l'union de l'esprit et du corps est une réalité connais-
sable, alors que Grégoire déclare qu'elle est incompréhensible *.

1 C'est-à-dire la Première Triade.


• Voir Tr. I, 2, 3 et Tr. I, 3, 41.
*De opif., VIII (PG, XLIV, 145 C).
«D« opif., XV {ibid., 177 B).
TRIADE II, 2, 27-28 377

27. 'AXX' 6 <f>iX6ao<f>oç diro tov (paivop.évov Karqyopeîv


V7r6 tô>v iftâjv Xéyatv èÇcXeyxôvrùJV elp^dels ko! Karà tov
voovfxevov ôXoç xœprjocu npodvfi-qdelç, Kard re twv vrrèp tov
aeirrov dv8poç ckcCvov yeypafifiévcov "qp.lv tov àyœva jneTa-
OKevdoas aurai, ttjs avKO<pavTiKijs avrov Kavravda tc'^v?!? ovk 5
CTrtAeÀijCTTO, fxâXXov 8' €TTiXeXi)a6ai irais ovk iSvvtfdr). 77â>s
yàp àvrenreîv toÎs Sià ttjv èvovoav àX-qOeiav àvavrtppiJTOis
ovaiv €o~)(€v av koX Svooefielas €yKXt]p.a irpoorptifiat. toîs
evoePéat, p.rj ttjv ovKo<pavriav tovtois iveipas ,' 'Hf/uàv
toLwv TtpGiTOV oapKiKov XoyiortKov ôpyavov ttjv xaphlav 10
cIttÔvtojv, Karà tov p.iyav MaKapiov, oS koX ràç tovto
brjXovoaç ptfoeis €#ceî ■npovQlp.iBa, to « aapKiKov » âira-
Aei'^a? ovros Kal tov Nvoo~qs deîov Tpqyôpiov irapayayojv
Xéyovra || « tw Xcittw Kal <f>arro€i8eî rfjç aladrjTiKTJç <f>vo~eojç t ■ 67»
» àvaKÎpvaodai ttjv voepàv ovolav », aKoXovdcos p.èv owd- 15
yet tovto) kcu œs <tôpydva> vpojTW» xprjodcu <f>dvcu tov âyiov,
âvaKoXovdùJS Se toi? v<p' rjp,ûjv Xeyop,êvot.s i-nvrlQ^Tai, Xéyojv
èvavTÎojç €Xetv Tav^ra T°î? T°û àylov p-r]p.aoi, (pdoKovra ttjv
KapSlav, aXX' ov to (pcoToeiSès ckcIvo, ttoôjtov ôpyavov
XoyiariKov. 'AXX* et to « aapKiKov » Trpoodelrjs, <o oo<fn.crrd, 20
Kaddircp elprjKap.€v ■qp.eîs, p,aKpàv noi-qoetç ttjv Siafie/iXT)-
p.ivt]v ivavTiÔTTjTa Kal o-vp,<pu>vovç oipei tovs àylovs àXXrfXois
Kal "qp,âs avroîs vit' aùrtSv SeSiSay/icvoyç ' où ydp iori
o~àp£ to tîjs dvdpioTTivrjs aladrjoeœs (poiToeiSéç.

28. 'AXXà Kal irépav inevârjoe tû>v ■qp.eTepcov prjp.dTOJV irpos »5


tov Nvoorjç evavrlojow, ojs èirel <f>ap.ev Ôpyavov p.èv opydvœv
ttjjV KapSiav iv aa>p.aTt, xpfjodai Se tov vovv Si' avrils tout ai
ojs opydvoj, yvwœrrjv 8eiKvvp.ev ovoav ttjv toiî vov Kal tov
oœpMTOÇ êvcoaiv, trap* ckclvov X€yop,évr)v àvepivôrjTov. TL
yovv iKeîvos ôrav Xéyrj « TTpoo<f>vfjvai p.kv tô> av£r)TiKÛ> to 3°
» alodrjTiKÔv, p.éoojs €X0VTI' TVS T€ voepâs Kal iXcoBecrrépas
ovoias », efra « Trpoç to tov aloôrjTiKov XeiTTop,€p€aTepov rqv
» avaKpaaw yiveadai tov vov » /cat tovtoj ojs opydvœ TrpœTOj

CVSL
378 GRÉGOIRE PALAMAS

Mais que dit ce dernier lorsqu'il affirme que le côté sensible s'attache
à la facilité de croissance qui occupe une place intermédiaire entre
l'essence intellectuelle et l'essence matérielle, ensuite que l'esprit
s'unit avec la partie plus légère des facultés sensibles 1, qu'il s'en sert
comme d'un organe premier et, par son intermédiaire, se sert du
corps ? Ne va-t-il pas plus loin que nous et ne déclare-t-il pas,
bien plus nettement que nous, que la manière dont l'esprit s'unit
au corps est connaissable et exprimable ? Comment serait-elle
donc, selon lui, incompréhensible et inexprimable ? Ta sagesse
considère-t-elle que lui aussi se contredit ? Comment n'en serait-il
pas ainsi, puisque tu te crois conséquent avec toi-même ? Quant
à moi, je crois que nous pouvons parler du « contact », de l'« usage »
et de l'« union » qui se produisent ici. Toutefois, aucun homme
ne peut concevoir et exprimer la qualité propre de ces relations
entre la nature intellectuelle et le corporel ou le corps, ni la façon
dont elle arrive à son accomplissement final. Ainsi, les Pères
sont-ils d'accord entre eux et nous nous trouvons en accord
avec eux. Mais toi tu t'amuses à les opposer et tu cherches, sem-
ble-t-il, à apparaître comme leur contradicteur ; voilà pourquoi
tu t'opposes aussi à nous, qui montrons leur unanimité.

Accord mutuel des 29- — Le gr*1"1 Macaire, en effet, fut


Pères. instruit par l'action de la grâce et nous
enseigne que l'esprit et toutes les pensées
de l'âme sont dans le cœur, en tant qu'organe ; l'évêque de Nysse,
de son côté, dit que l'esprit, dans la mesure où il est incorporel,
n'est pas à l'intérieur du corps 2. Nous ramenons donc à une seule
conclusion ces deux affirmations qui paraissent contradictoires
et nous montrons qu'elles ne s'opposent pas mutuellement ;
nous disons : même si, selon Grégoire de Nysse, l'esprit n'est pas
au dedans du corps, puisqu'il est incorporel, il est tout de même
à l'intérieur et non à l'extérieur du corps, puisqu'il lui est attaché
et puisqu'il se sert indiciblement du cœur comme d'un premier
organe charnel, selon le grand Macaire s. Donc, puisque l'un des

» De opif.. VIII {ibid., 145 C).


• Cfr ibid., XII (ibid., 156 ss).
* Idées reprises, dans les mêmes termes, par le Tome Hagioritique (PG, CL,
1232 A).
TRIADE II, 2, 28-29 379

Xprjadat. Kal 81' avrov rtù oœp.aTi; *Ap* où p.âXXov r)p,û>v


Kal ttoXXG> /LtôAAov yvojorov Kal prjTov inorfcraTo tov toottov
rijs tov vov npos tÔ aœfia crvva<f>elas ', TJœs oiv Xéyei Tavrrjv
àv€7nvôrjT0v ko.1 àv€K<j>paoTov ', *Apa Kal avros àvriXéyetv
éavrœ rij crfj ao<f>la Soicet / Kal irœs ov Kard oe, eïnep oeavrâ» 5
yovv ëntodai ytvœoKeis ,' '^4AA' iy<Lp.at ws €7ra<f>rjv p.ev im
TtDv Totovrœv Xéyop,€V Kal \pr)aiv Kal àvdKpacriv. Tis Se
avTT) Kal 7TÛ}Ç âv reXecrBetr) voepâs <f>voews irpos oœp.aToei8ès
r) owpa, vorjaal re Kal (ppdoat koivîj Trâcriv àp.r)xavov dv6pa>-
■nots. Ovtoj <7<f>iai re avToîs ko.1 àXXfjXois 6p,oXoyovoiv 01 10
Trarepeç Kal r)p.€Îs avroîs. £v 8' 6 raïs àvridéoeai xalpu>v,
ws eoiK€ KaKelvovs àvTiKeîodai 8ok€Îv i<pieoai, 8to Kal rip.îv
àvriKcioai, avp.<j>9eyyop,évovs avrovs àXXrjXot.s 8eiKvvai.

29. Tov yàp p.eydXov MaKapLov rfj ttjs x<*PlT°s èvepyela 81-
8ax6évros Kal r)p.5.s 8i8daKovros elvai tov vovv iv ttj Kap8ia 15
Kal tovs Xoytop.oi>s -navras rfjs fcvxVs> œs *" ôpydvœ, tov
8k Nvoo-qs p.r) elvai èvTOS tov oojp.aTOS tovtov, œs aowp.aTov,
-qp.eîs et? êv rà 8oKovvra 8ia<f>cpciv Tavra crvvdyovres ap.<f>6-
Tepa Kal p.rj èvavruos e^ovra Scikvvvtcs, et Kai p.r) iv8ov
«m <pap,ev Karà tov Nvootjs rpr/yôpiov, a>ç ào(î>p.aTos, 6 20
vovs, àXXà Kal ivTos ioriv, aAA' ovk cktos tov owp,aTos,
<I>S o-vvr)p,p.€VOS TOVTtp Kal TrpojTip aapKLKcà [| opydvœ ttj 1 f. i68r
Kap8ia xP(*)H,€VOS à<f>pdoTa>s Karà tov p.éyav MaKapiov.
'Enel toLvvv Kar' dXXo p.èv eKeîvos ovk ev8ov elvai Xéyei,
KaT dXXo 8è odros ev8ov, 17/acrTa irpos àXXfjXovs 8i>a<f>épovrai' 25
koX yàp oùS' o Xéyojv p^rj iv totto) to deîov cî^ai, fj aowp.aTov,

CVSL

24 aAAo : dEAAoi' V.
380 GRÉGOIRE PALAMAS

Pères dit qu'il n'est pas au dedans et que l'autre dit qu'il est au
dedans, mais pour des raisons différentes, ils ne diffèrent aucune
ment l'un de l'autre. De même, celui qui affirme que la Divinité
n'est en aucun lieu, puisqu'elle est incorporelle, ne s'oppose pas
à celui qui dit que le Verbe de Dieu est venue un jour au de
dans du sein virginal et pur, puisque c'est là qu'il s'est indicible-
ment attaché à notre nature, dans son inexprimable amour pour
les hommes.

Il y a d'ailleurs 30. — Alors que nous nous efforçons


liberté de pensée je montrer que ces Pères ne diffèrent pas
dans le domaine entre t'efforces, toi, de montrer
de la physiologie.
que nous différons d eux. Pourtant, dans
de telles matières, si l'on se demande comment l'esprit est
attaché au corps, où est le siège de l'imagination et de l'opinion,
où est établie la mémoire, quelle partie du corps est la plus
vulnérable et dirige, pour ainsi dire, les autres, quelle est
l'origine du sang, si chacune des humeurs est bien pure de
tout mélange et quel viscère sert de réceptacle à chacune
d'elles, dans de telles matières, chacun peut dire son opinion,
puisque tout ce que l'on dit dans ce domaine est vraisemblable ;
il en est de même de l'immobilité des constellations et de la mobi
lité des étoiles, de la grandeur et de la nature de chacune d'elles, de
toutes les questions de ce genre, au sujet desquelles l'Esprit
ne nous a pas accordé de révélation claire ; car l'Esprit est seul à
connaître exactementla Vérité qui pénètre toute chose. Ainsi, même
si tu as découvert que, sur ce point, nous sommes en contradiction
avec le divin et sage Grégoire de Nysse, il ne fallait pas nous
attaquer pour cela. Tu as, en effet, une idée sur le nombre de
gens qui disent que le ciel est une sphère et qu'il y a autant de
voûtes que d'étoiles errantes, alors que le grand Basile n'est pas
de cette opinion *, et sur le nombre de ceux qui considèrent que
le ciel est en mouvement perpétuel, alors que certains éléments
sont immobiles ; combien de gens pensent que le soleil se trouve
en mouvement cyclique, alors que saint Isaac considère qu'il en
est autrement. Tu devras donc déclarer, semble-t-il, que tous ces

1 Cfr Hom. I sur l'Hexaémeron, 10-11 (PG, XXIX, 24-25).


TRIADE II, 2, 29-30 381

àvrlieciTai tû> cvhov yevéadai irork tov tov Oeov Aôyov


Xéyovri Trapdevucfjs Kal iravapûipov pr^rpas, wç eKcî awqp.-
fievov xmèp Xôyov Ttp Ka6' r/fiâs <f>vpdp.aTi 81À <piXav9pojirlav
â<f>a.TOV.

30. Ei> 8' ypâs tous p.-q 8ia<f>épeo6at. 8eî£ai crnev8ovras 5


CKelvovs, irpos ckcIvovs oirevSeis 8eî£ai 8ta<f>epopévovs , /caiVoi
irepl r&v toiovtwv, ttws «r^ei t^v irpos to crâjpa avva<f>rjv
o vovs, Kal Toi) kcîtcli to (pavraoriKÔv re xal 8o£ootik6v,
Kal riva, ro p.vr\p.ovevTiKov êXaxe ttjv Ï8pv<nv, kq\v tû» oûpaTi
ti TaV fj.(pœv to KaiptwTarov Kal oîov Kadr)yovp.evov tûjv 10
dXXwv, Kal ôôev ê^ei ttjv àpyy\v rfjs yevéoews to alpa, icai
€i àp.iyris twv xu/xâ>i> «xaordç eort Kal ttoLoj twv aTrXâyxyatv
ws àyyeitp xprJTai, nepi twv tolovto>v toiwv cfcori iravrl
Xéyetv to Sokovv, irrel navres èv toîs toiovtois Ta cùcôVa
Xéyovmv, wonep Kal Trepl aKivrjolas âarpœv Kal àarépwv 15
Kivqaews, p.eyéBovs Te Kal <f>voea>s eKaorov ko! t&v âXXwv
twv ToiovTùJv, oaa p.r/ aa<pœs àneKaXvipev rfpîv to Tlvevpa,
pAvov ywœoKOV àKpif3ô>s ttjv 8ià irdvrwv 8uKvovp.évr)v
àXrjdetav ' ûJot' el Kal àvriXéyovras tû> Nvoorjs Qelat Kal
ao<pâ> rp-qyopta> Karà tout' e<pwpaoas rjpâs, ovk e8ei oe 20
Kad' rjpwv xtop7yCTai 8ià tovto ' rrôoovs yàp olei tovs o<paipav
Xéyovras tov ovpavov Kal irôXovs toÎs ■jrXavœpévois loapld-
povs âarpaoi, p.rj tovto Xéyovros tov peydXov BaatXeiov,
ttooovs 8' àeiKtvrjTov, eoriv <Lv lordvTtov, 7t6oois 8' 6 rjXios
kvkXoj TTcpiépxecrdai 8oKeî, prf tovto tov àyiov 'IoaaK vop.1- 25
Çovtos- Ilâvras ovv tovtovs ov y1 av û»s éoiKev àiro<f>-qvaio
toîs iraTpdow àvriXéyeiv, worrep Kal ypâs, dXX' avTÔs- è£e-
XeyyBrjorf p,rf el8œs ttjv àXrfdeiav, Ka6' rjv eireodat 7ra>Tas

CVSL
20 oè om. !..
382 GRÉGOIRE PALAMAS

gens contredisent les Pères, comme tu le dis pour nous. Mais tu


seras toi-même confondu, car tu ne connais pas la vérité qui nous
oblige tous à les suivre. Il me semble même que tu n'as même
jamais pensé à cette vérité-là, comme tu ne l'as pas distinguée de
celle qui n'est pas nécessaire : voilà pourquoi, tout en t'opposant
aux Pères en ce qui concerne les voies conduisant à la vie bien
heureuse, tu exiges des autres une adhésion précise dans des
domaines qui n'ont rien à voir avec cette béatitude. Nous mépri
serons donc les calomnies qu'il élève encore contre nous, en plus
de celles que j'ai dites, et nous tournerons notre discours vers
des sujets plus nécessaires.
TRIADE II, 2, 30 383

rjfiâs e/cetvoi? àvayKaîov, kclI €oiko.s fiot p.7)o" èvdvp.rj9rjvai


7T0TC ravrrjv rj SiaKpîvai rijs p-r/ àvayicalas ' 8tô cv toÎç rrpos
tov jiaKapiov filov <f>€povoiv avri.Kelp.cvos avroîç, tovç âXXovs
àicpifii) ttjv 6p.o\oyiav ànaiTels où tôjv /xtj <f>epovru)v ei?
€KeivT)v ttjv p.aKapiÔT-qTa. Tavr' âpa ko! r)p.eîs vnepi86vT£s
tô>v i<f>€^rjs toîs clp-qp-évois ko.0' 7ip.â>v avrov 8 tafioXâiV ,
inl ràvayiccuÔTepa. Tpétfiwpev tov Xôyov.

CVSL

7 Ta àvayKaioTtpa L.
383 bis

(suite de la p. XXXVII, note 1)


Pour l'ensemble des problèmes textuels, voir H. Dôrries, Symeon von Meso-
potamien. Die Vberlieferung der mcssalianischen « Makarios t-Schriften, Leipzig,
1941 ; voir aussi l'édition H. Dôrries - E. Klostkrmann - M. Kroeger, Die
60 geistlichen Homilien des Makarios, Berlin, 1964 ; aussi Neue Homilien des
Makarios-Symeon, herausgegeben von E. Klostermann und H. Berthold, Berlin,
1967. Sur le problème « messalien », voir notre article Messalianism or anti-
Messalianism ? A fresh look at the < Macarian » problem, dans Kyriakon. Fest-
schrift Johannes Quasten, Munster Westf., 1970, I, 585-590.

(suite de la p. XXXIX, note 1)


Sur son rôle historique, voir V. Laurent, Les crises religieuses à Byzance.
Le schisme antiarsénite du métropolite de Philadelphie Théoleple (f c. 1324),
dans Revue des études byzantines, XVIII, i960, pp. 45-54, qui établit l'attri
bution à Théolepte de la correspondance du Ps.-Chilas ; et aussi S. I. Kourouses,
MavmrqX-MarBaïos .Ta/îaAâj, Athènes, 1972, pp. 122-139, 316-330, qui donne des
informations inédites sur les circonstances de l'épiscopat de Théolepte à Phila
delphie.

IMPRIMATUR
Lovanii, die 22» iunii 1959
H. Van Waeyenbergh,
Rect. Univ. deleg.
DO NOT REMOVE
OR
MUTILATE CARD
imprimerie frankie, louvain (Imprimé en Belgique/
SPICILEGIUM SACRUM LOVANIENSE
I vt ÉTUDES ET DOCUMENTS
FASCICULE 31

GRÉGOIRE PALAMAS

Défense
des saints hésychastes
Introduction
texte critique, traduction et notes

JEAN MEYENDORFF
Docteur es lettres
professeur a la fordham university. new york
et au st. vladimir s orthodox theological seminary. crestwooo. h.y.

SECONDE ÉDITION
REVUE ET CORRIGÉE

H- H>

LEUVEN LOUVAIN
SPICILEGIUM SACRUM LOVANIENSE
Ravenstraat 112

J973

IIMIVEDCITV ftC kk\ru\rh\i imnanirr


GRÉGOIRE PALAMAS
DÉFENSE
DES SAINTS HÉSYCHASTES
's"
I2U73 2 5 ~ Jî%

* *
DU MÊME
TRAITÉ TROISIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE,
POUR LA DÉFENSE DES SAINTS HÉSYCHASTES
DE LA LUMIÈRE SACRÉE

Un aveugle condul- 1- — Ce maître de la prière intellec-


sant des aveugles, tuelle qui s'oppose à ceux qui la prati
quent durant leur vie entière prétend
encore donner à ceux qui voient un enseignement sur la lumière
sacrée, alors que lui-même il est aveugle et ne peut le nier. Il
affirme qu'ils commettent l'erreur d'appeler « lumière » ce que
lui-même il ne voit pas, étant aveugle ! Ce n'est pas tel ou tel
de nos contemporains, ni tel ou tel homme, devenu célèbre un
peu avant nous à cause de la pureté de sa vie et l'élévation de
ses visions divines, qui commet, déclare-t-il, cette erreur au sujet
de la lumière, mais les saints eux-mêmes que nous honorons dès
les temps antiques ; notre traité le montrera plus loin. Alors qu'il
discourait ainsi, certains l'entendirent, furent frappés d'une stu
peur bien compréhensible par l'extrême nouveauté de ses paroles,
ne supportèrent pas que l'on passât sous silence un blasphème
aussi évident contre les Pères et eurent peur, en même temps,
de devenir eux-mêmes solidaires d'une telle souillure en la passant
sous silence l ; c'est cela justement la plus grande des raisons qui
nous incita, nous aussi, à écrire. Voici donc la réponse qu'il entendit
de la part de ses auditeurs : Toi, un non initié, qui es tout bonne
ment aveugle dans un tel domaine, qu'est-ce qui te prend à essayer
de parler des saintes visions mystiques que lu aurais de la difficulté à
comprendre, même si tu écoutais ceux qui en ont eu l'expérience?
Il ne peut nier son ignorance et son inexpérience dans ce domaine,
car elle est évidente pour tous et il dit : Il n'y a rien d'extraordi
naire à ce qu'un aveugle se tienne à un voyant et devienne ainsi le

1 Reflet des discussions que B.irla un eut uvco les moines à Consl mtinoplect à
Thessalonique, cfr Philothée, Encominn (PG, CLI, 5S5 A-587 C) ; voir tnlroi.,
p. XIII ss.
TOY AYTOY \l. i68«,
AOrOE 'YIIEP TON 'IEPQE 'HEYXAZONTQN
TQF 'YETEPQN '0 TPITOE
IlEPI <PQTOE 'IEPOY

1. 'O 8r) rrjs voepâs irpoaev)(rjs Karà rœv 8ià jStou rairrr) 5
7rpocrav€xôvTUiv roiovros v<fyr)yr)TT]s kolc irepl <f>oiros iepoû
8t8doK€iv àÇioî tovs ôpwvras, ko! raSra rw\>Xos <Sv avros,
à)S koX avros àpvcîodai. ovk €^€i, àp.aprdveiv avrovs ixrxypi-
£6p,evos Sri rovd' S pr) j3Ae77ei, rv<pX6s u>v oSros, <f>ôjs avrol
Xéyovoi, Kal tout' ov rov heîva r) rov Setva tcôv i<f>' r)pôiv io
ovtojv rj râ>v fj.i.Kpû) rrpo rjp.û>v cttI KaBapôrr/ri filov Kal deoir-
rias vij/ei Pe^orjpévojv àpaprdveiv rrepl ro <f>û>s aTTO<f>ai.v6p€-
vos rovro, dXX' avrovs rovs £k iraXaiov irpooKwr)rovs r)pZv
âyiovs, <!)S ô Xôyos Sel^et irpoïwv. 'EttcI 8' rJKovoe rrapà rœv
roiavra SieÇiévros aKovodvrojv avrov, KaraneirXriypévajv 15
as êouce rrjs Kaivo<f>ojvias rr)v îmepfioXrjv Kal oiùjtrfj rr)v
ovtoj aa<f>rj Karà rôiv àylœv rrarépojv rrapeXdeîv fiXao<fyrj-
plav ovk eveyKovrojv, dpa Se Kal ScSoiKoraiv irepi a<f>Uriv
avroîs pr\ rov roiovrov pvoovs koivojvoI yévœvrai, ocojvfj
■napeXdàvres , S Kal rjpâs dpriœs irpos ro ypd<f>eiv p.dXicrra 20
rwv âXXoJV iirrjpev, èirei rowvv €K€Îvos rœv roiovrœv aKrjKoe
Xeyôvrœv rrpos avrov œs « àp-vr/ros œv Kal rv<f>X6s dvriKpvs
» wpos rà roiavra, ri nore iradœv vepl pvoriKœv lepœv
» deapdrœv èy^eipels Xéyeiv, œv ovb" dv evxepœs èiraîots
» rœv ■jreneipapévœv aKovcuv ; », dpveîoOat. rr/v inl rovrois 25
dpadiav Kal aTreipiav ovk exa}V< ""ôci <f>avepàv irpoK(.ipivr]v,
« ov davpaorôv » (fnjcrtv « et rv<f>X6s <x>v avros fiXéirovràs
» rivos ëxoiTO Kai °ÙTto rœv dXXatv rv<pXû>v èxopéviov avrov,

CVSL

I Tov avrov : rprjyopiov V rov àylou rpTjyopîov S || 16 Kaivofovtoç C.


386 GRÉGOIRE PALAMAS

chef infaillible d'autres aveugles, pourvu qu'ils se tiennent à lui. Il


pense même, avec l'extrême puissance de sa parole et la persua
sion de ses sophismes dialectiques, trouver le moyen de se montrer
supérieur à la parole évangélique, qui dit manifestement le con
traire : Si un aveugle, est-il dit, conduit un aveugle, ils tomberont
tous deux dans une fosse 1. « Mais moi, dit-jj, bien qu'aveugle et
guide d'aveugles, je peux suivre des voyants ». Et quel est
l'aveugle qui ne peut en faire autant ? Car celui qui aurait les deux
pieds et les deux mains infirmes et serait complètement accablé,
ne pourrait ni t'obéir, ni te suivre, ni, en général, avoir besoin
d'un guide, puisqu'il serait alité ; quant à celui qui a des mains et
des pieds bien portants, pourquoi, ô le meilleur des aveugles,
ne suivrait-il pas le voyant et ne lui obéirait-il pas plutôt qu'à
toi ? Il semble donc que tu veuilles nous abuser lorsque tu admets
ta difficulté à voir, ou plutôt que tu ne sentes pas tout ton aveugle
ment dans ce domaine, même si tu affirmes le sentir, étant dans
l'impossibilité de contredire ceux qui te voient aveugle. Comment,
s'il n'en était pas ainsi, pourrais-tu prétendre à être le guide des
autres aveugles ? Admettons que tu sois comme l'aveugle qui,
selon les Évangiles, par manque de foi, n'a pas complètement
retrouvé la vue et qui disait qu'il voyait les hommes marcher
comme des arbres 2. Si ta vue était dans cet état et si tu n'en
étais pas complètement privé, si ensuite tu regardais directement
le disque solaire pour apprendre aux autres ce qu'il est, ne t'enten
draient-ils pas dire simplement que ce grand flambeau, tout fait
de lumière, cet œil du jour, n'est que ténèbres ? En effet, le soleil,
puisqu'il dépasse les possibilités visuelles de ceux qui voient bien,
apparaît comme déversant des rayons qui ne sont pas purs de tou
te obscurité, même à ceux qui le contemplent avec une vue saine ;
d'autant plus, un homme qui s'efforcerait de le regarder à travers
un éclat mitigé, comment ne verrait-il pas des ténèbres, sans
aucune lumière ? Ainsi, n'est-il pas seulement plaisant, mais ridi
cule, pour un aveugle, d'entreprendre un enseignement sur la
lumière.

1 MArtH., XV, 14.


•Marc, VIII, 24.
TRIADE II, 3, I 387

» r/yefiœv aTrXavrjs Karaoraii) », rrj irepiovoiq rfjç nepi ro


Xéyetv 8vvdp.ecos Kal rrj TriOavoXoyla r&v oiaXcKriK&v ao<f>ia-
p.dra>v evprjKevai ol6p,evos ôdev Kal ttjs evayyeXucrjs <f>œvrjs
rrcpiyevoi.ro, ràvavrla rovru> oa<f>œç Xeyovo-rjS ' « Tv<f>X6s
» yàp rv<f>Xov iàv ôorjyfj » <f>r)oiv « àp.ip'ôrepot €tç fiôdvvov 5
» ifnreaovvrai ». « 'AXA* èyâ> » <j>rjotv « 6 rv<f>Xos oStos
» Kal rwv rv<f>Xû>v ôSrfyos èx°rl€V0S> crreadai. roîs ôpûxn
» ovvap.ai ». Kal ris rœv rv<f>Xwv, 8s ov rovro ovvarai ,'
KvXXos uèv yàp u>v àp.<j)orépa> rœ 7708e re Kal toi X€W€ KaL
vapeip-evos rravranaaiv, ov8' av aov ye e^oiro, ovo' âv cttolto, 10
oùS' av ôSrjyov ro napdnav Seoiro, KXivoireTrjs a>v " x€H3as
8' vyiaivwv Kal noSas, rov x&P"'' tw^Xûv Kp6.ri.arc, ut)
rov opwvros p.âXXov rj aov è)(6p.€vos crtoiro ', KXérrrwv roivvv
ëoLKas TTapdxecv aavrœ ro rrjs àva^XéipeùJS àp.v8pôv, fiâXXov
8è [] rf]v OLKetav avros rrepl rà roiavra -nâaav ovk aladd- 15 M- l69r
veaOai rv<f>Xœaiv, et Kal rovro Xéyeis, àvriXéyeiv roîs aè
rv<f>Xov âpœaiv ovk ë^oiv. IJws yàp av, cl ut) rovr fjv, âSrjyos
tcDv aXXoiv clvai rv<f>Xcôv r)£lovs ; "Iadi roiwv, Karà rov iv
evayyeXiois 8ià niareajs ëXXcv^siv p.r\rroi reXeiws àva^Xé-
i/tavra rv<f>X6v, os « roiis àvdpœrrovs â>S oévopa TTepinarovvras » 2°
ëXeyev âpâv. El roivvv roiovros ai) ràs otftcis tov, àXXà ut)
reXeiws iKK€Kop.p.évos, eîra irpos rov -r)Xiov 8iaKov àrevès
àpwrjs, à>s rovs aXXovs oioâÇouv ri rroré icrriv eKeîvos, ovk
av rjKOvaav rrapd aov aKorov drexyws Svra rov p.éyav (fxvarrjpa,
rov oXoXafAirfj , rov 6<f>daXp.6v rrjs rjp.épas ', El yàp rfjv rôjv 25
KaOapws ôpwvroiv ovp.p.erpiav 6<f>9aXp.êûv xmcpfiaivwv , ovk
àp.lKTovs aKÔrovs eVt^eîv 80/cet rà? à/crivaç toi? Kal p.ed'
vytovs Sif/ecjs àrevlÇovai, ttôjs ovk av <f>a>r6s âp.iKrov cr/cdros-
cTSev, ô 8t' àp.v8pov <j)éyyovs npoaopâv iyxeipwv ,' Ovtùj ut)
oti yeXoîov, àXXà Kal KaraycXaarov rov rv<f>Xov rrcpi <f>a>ros 3°
€7Ti)(€Lpeîv oiodaKeiv.

CVSL

6 7rtaovv7ai S j| 19 TfAftwç : TcAttoç T-


388 GRÉGOIRE PALAMAS

Une file d 'aveugles ! 2. — Mais découvrons le fond même


de la pensée du philosophe. Ne l'a-t-il
pas caché, au heu de le rendre manifeste, en l'illustrant de cet
exemple ? D'après le philosophe, tout le monde est aveugle, c'est-
à-dire insensé : nous-mêmes aussi bien que les saints, auxquels
il s'oppose plus loin ouvertement ; mais lui-même, il diffère de
ces aveugles, c'est-à-dire de ces hommes insensés, en ce qu'il
est philosophe ; seul il peut, de ce fait, comprendre les rai
sons des êtres et le sens des Écritures ; seul il peut ainsi les
suivre et conduire ceux qui lui obéissent. Mais un tel homme,
ô philosophe, n'est plus un aveugle ! Il a suivi, comme tu le dis,
ceux qui l'amenèrent à recouvrer la vue, c'est-à-dire à acquérir
la vraie connaissance ; il l'a donc recouvrée. Et si ce n'est pas
en suivant les autres qu'il l'a recouvrée, pourquoi promet-il
la vision aux autres, à condition qu'ils le suivent ? Tu es donc
bien inconséquent, en te déclarant à la fois aveugle et voyant !
En effet, si la connaissance n'est, selon toi, qu'une lumière intel
ligible, pour laquelle tu as engagé de si grands combats, et si
toi, comme tu en témoignes toi-même, tu possèdes la connais
sance des Écritures, est-il possible que tu sois aveugle et sans
lumière ? Et s'il n'y a pas de voie vers l'illumination, en dehors
de celle que tu suis toi-même pour être illuminé et illuminer les
autres, comme tu l'affirmes aussi souvent, le grand Denys, dont tu
te considères le disciple conscient \ n'a pas été illuminé autre
ment et n'illumine pas autrement les autres ; selon toi, il n'a donc
eu d'autre préoccupation que de suivre ceux qui connaissaient ;
mais ces derniers, non plus, n'avaient pas d'autre moyen de voir
et seraient donc presque dans la même situation que toi ! Quelle
est cette file d'aveugles que tu nous rassembles par tes traités
et qui se conduisent les uns les autres vers la vision, tout en res
tant aveugles ? Mais tu trouveras beaucoup d'autres gens qui
ont eu cette même prétention de pouvoir suivre les saintes Écri
tures et dont l'erreur, à leur propre sujet et au sujet des Écritures,
a été confondue.

1 Voir Tr. II, 1, y), |>. y>j, note 3.


TRIADE II, 3, 2 389

2. 'AXXà yàp eKKaXvipœuev ttjs <f>iXoo6<f>ov 8t.avolas to


fiddos, S irepiorecXas ru) irapa8eiyp,aTi où p.âXXov eKpvtfiev
7} ivé<f>7jV€. 07JC71 Tolwv S <f>lX6oO<f>OS TV(f>XoÙs (A€V ctvai, TOU-
tIotw àvorfrovs, navras TTavrdiraoïv rjuâs re Kal tû>v
ayiwv 7Tpos ovç trpoïwv avTiXéyei (fravepws, cavrov Se tovto 5
8ia<f>ép€i.v Ttov Tv<j>\û)v tovtiov, 8tjXov6ti TWV dvorjTltiV , TO
<f>iX6oo(f>ov eîvai Kal Sià tovto ovvopâv p,6vov ovvaadai tovs
ré Xôyovs Twv ovTotv Kal tû>v Xoyiœv tov vovv, ê-Treodai tc
tovtois ovrœ Kal tovs ixopiévovs 68r)yeïv. '^4AA* o toiovtos,
œ <f>iX6oo<f>e , oÙkIti TV<f>X6s' toîs yàp irpos àvdfUXeipiv rjyrjoa- 10
prévois, 8r)Xa8rj ttjv dXr)drj yvœoiv, œs où <f>rjs, TjKoXovdrjoev '
ovkovv àvéj3Xet{j€V. El 8è p,rj àvéfiXeipev aKoXovdrjoas , Ttœs
eyyuâVai toîs âXXois Si' àKoXovOrjaeœs ttjV àvdflXeiJjiv ;
Ovrœs dvaKÔXovOos el oavrœ où oavrov Kal TV<f>Xov Kal
fiXéirovra uaprvpœv. El yàp r/ yvœois uôvov Karà ok vot)t6v 15
ioTi <f>œs, virèp où Kal Tous tooovtovs VTrrjXOes ayœvas, où
8 e^eiç rœv Xoyiœv ttjv yvœoiv, œs aùros uaprvpeîs, 7rœs
Kai où TV<f>Xos Kai à<f> cut lotos ', El 8' dXXœs ovk evi (f>œTiodrj-
vai, et pvrj œs av avTos ifiœTÎodrjs re Kal (frwTiÇeis , œs
aùros Kal tovto TToXXa^ov <j>XfS, 0Ù8' 6 uéyas Aiovvoios, 2°
<5 vouiÇeis el8évai C7rea8at, dXXws ifiœTioOr) Kal <f>œTi£ei '
roiyapovv Kal aùros, /carà ai, tovto uovov ol8ev, êrreoôai
toîs ei86oiv ' dXXà KaKcîvoi tov Ôuolov €\ovTes Tpôvov Kai
ool 7rapairXT]oîajs e^oiey av. Tis ovtos ô tûv TV<f>Xœv épuadôs,
ôv -qpûv 8ià Tœv oœv Xôyuiv owadpolÇeis àprlœs, àXXrfXovs || 25 |[ t. 169»
irpos àvdfUXeipiv 68~qyovvTœv Kal p.evôvTœv TV<j>Xœv ; Tovto
8' oti Taîs upaîs êiroivro rpa<f>als Kal iroXXoùs dXXovs io~yy-
ptoafiévovs evptfoeis, oî KaTaifiev8àp.€voi o(f>wv re avrwv
Kal tG)V rpa<j>â)v i^7]Xéyxdf]oav vtto tû>v npos àXrjdeiav ino-
fjbévœv aurais. 3°

rvsr.
21 Tf /JOct è<f>otrîa[)l] (ld(i. S i' J5 av) aO^oiiof; \ .
390 GRÉGOIRE PALAMAS

En fait, Barlaam 3- — Dans ton propre cas, si l'on exa-


contredit les Pères, minait ta façon de suivre les saints, on
dirait que tu n'es pas seulement aveugle,
mais également sourd. Le grand Denys dit clairement, en effet,
comme nous l'avons déjà montré dans le traité sur la connais
sance salvatrice *, que l'assimilation et l'union à Dieu s'accomplis
sent uniquement par la pratique des divins commandements 2 ;
mais toi, avec une égale clarté, tu affirmes que non : à peine
admets-tu qu'ils purifient à moitié celui qui les observe !
Voilà comme tu suis la trace des Pères ! Grégoire de Nysse enseigne
de son côté que la sagesse profane est stérile et imparfaite ; il nous
conseille de ne pas rejeter la familiarité avec cette fausse mère
aussi longtemps que nous nous considérons en bas âge ; mais ensuite,
nous devons avoir honte de nous appeler fils de celle qui, par nature,
est stérile 3, mais toi, tu nous enseignes qu'il est très utile et très
nécessaire de s'y adonner durant la vie entière et de s'en glorifier ;
tu n'hésites pas à falsifier certaines de ses autres expressions dans
le but unique de nous convaincre, en les citant, de ce que les
sciences produisent une purification parfaite et salvatrice * !
Il serait ainsi le seul à avoir raison parmi les saints ! Le grand
Basile dit clairement que ne pas connaître la vérité dispersée
dans le ciel, la terre et parmi les éléments, ne constitue pas un obstacle
pour atteindre la béatitude promise 6 ; tandis que toi tu déclares
que cette connaissance est salvatrice et que sans elle on ne peut
acquérir la perfection pour adapter son esprit à la vérité univer
selle ; et plût à Dieu que ce fût là la vérité, puisqu'il faut prier
même pour les réalités inaccessibles ! Car Dieu seul possède la
connaissance universelle, lui qui dit à Job : Réponds-moi, si tu
as de l'intelligence: les colonnes de la terre, où sont-elles fixées,
quelles sont les sources de la mer, quelle est la largeur de la terre • ?
Mais ce n'est pas en cherchant à adapter ton esprit à cette vérité-

1 Le premier traité de la Deuxième Triade, § 39.


« De écoles, hier., II (PG, III, 392 A).
•De vila Moysis, II, 10 (PG, XLIV, 329 B; édit. Daniélou, Coll. Sources
chrit., p. 34).
• Voir Tr. II, 1, 17 : Barlaam cite un passage de Grégoire de Nysse, mais Pala-
mas conteste l'exactitude de la citation.
• Cfr In Ps.XIV (PG, XXIX, 256 C).
• Cfr Job, XXXVIII, 4. 6, 16, 18.
TRIADE II, 3, 3 391

3. 2Jà 8' e? Tt? iÇerdoeiev ottcos Kal avros êrrr) rots àytois,
où fiovov rv<f>Xov àv aè eïrroi, àXXà Kal Kœ<f>6v tov yàp p.eyd-
Xov Au>vvaiov, Kaddirep iv t<3 nepl awrrjplov yvœoeojs Xoyat
irpoeÇép.eda, Xéyovros àpiSrjXws « €K p.6vœv rwv Oelwv ivro-
» Xwv reXeîodai ttjv irpoç Oeov r)p,œv à\f>op.ola>olv re Kal 5
» êvwcriv », avros itrlo-qs àptSfjXtos ovk e/c p,6vojv <f>rjç ' i£
■fjfjiioeias yàp ravras tov rrjpovvra Kadoipeiv Si8o>ç Kal
tovto p.6yis ' ovtojs êiTT] Kar i^vo?. Kal rprr\yopiov tov
Nvootjs « âyovov Kal àreXi} » 1171' eÇœ oo<f>lav elvat. SiSdoKov-
tos Kal p-éxPL tovtov àÇiovvTos r)p.âs p.r) àirœôeîoOai rr)v 10
ttjs ipevh'ùjvvp.ov Tavrrjs p.rjTpos oiKeiôV^Ta, « p,é)(pis âv
» to rfjs r)XtKias àreXès iv éavroïç /JAeVoi/iev » , p.erà tovto
8' « aloxvvTjv r)y€Îodai rfjs Karà <f>voiv àyôvov Tavrqs ovo-
i> /xa£eer0ai TraîSaç », avros Sià fiiov Tavrrj TTpooi\€iv r)p,âs
Xp7)at.p.ojTaT6v T€ Kal àvayKaioTarov (frai SiSdoKeis Kanl 15
TavTT) o€p.vvv€odai, Kal TTapaxapdTTeiv ovk okvcîs crêpas
prjoeis avrov, p.6vov lv* c^TJ? TrpofiaXX6p.€vos ireldeiv ojs
reXelas iorl Kal ooyrqpiov KaOdpoeats Troi-qTtKa rà p.adrjp.aTa '
ovtoj p,ovos avros vrrèp Trdvras rô>v àytojv do<f>aXâ>s «^77.
Kal tov p.eydXov BaaiXelov oa<f>œs elirovros « fMrjSèv Ipvnô- 20
» Siov elvat. TTpos rr)v év iirayyeXlais p-aKapiôrr/ra tÔ p.7)
» elBévai rr)v 8l ovpavov Kal yrjs Kal rœv p.era^v oroixeia>v
» 8uKVovp.évr]v àXrj6et.av », oit tovto ownrjpi.wb'es aTTO<f>atvT)
Kal âvev tovtov reXeiorrjra p.rj Trapeîvai rfj 8tà rrâvroiv
àXrjdeui tov iavrov riva ivappôoat vovv ' Kal eïde rfj àXrjdeia 25
yovv, cl 8c î Kal iirkp tô>v àve<f>lKTu>v evÇaodai ' Kal yàp èv
®eâ» /xova) ttÔvtuiv 17 yvâiois, os <J>tjoi TTpos tov 'Iœfî ' « 'Airdy-
» yeiXôv p.01 et èniaraciai ovveoiv, ttov ol otvXoi tt)s yrjs
>> TTeirrjyaoi, rives 8è irrjyal OaXdoorjS, ttooov 8è to eiïpos
» rfjs vit' ovpavôv ». Ev 8è ov ravrrj ri) àXr/dela ^r/râiv 3°
€vapp.6t,€w oov tov vovv oiet p.6vos eiSéVai re Kat. €)(€W ttjv
reAetoTTjTa, àAAà toîç 'AptoToréXei Kal TJXdrojvt, EvKXeiSrf

CVSL

12 TOVTO l TOÛ C II 32 ËvkAci'Sci S.


392 GRÉGOIRE PALAMAS

là, que tu penses posséder, à toi tout seul, la connaissance et la


perfection, mais en l'adaptant à Aristote et à Platon, à Euclide,
à Ptolémée et à tous ceux qui leur sont semblables. C'est pour
quoi, tu considères que les astronomes et les physiologues voient
mieux Dieu que ceux qui ne possèdent pas leurs connaissances,
parce que leur raison fait consciemment le tour des vérités qui
sont dans les êtres ; puisque toutes ces vérités se réunissent en
eux, tu les jugerais dignes de pensées égales à celles des anges!
Et c'est en parlant ainsi que tu crois, pour ton salut et en toute
confiance, suivre les pas de Denys, le révélateur de Dieu, et que
tu prétends être dans ce domaine notre guide infaillible !

Le monothéisme 4. — Mais que le bossu ne se glorifie


universellement pas comme s-ji avajt le dos droit ! Il ne
reconnu. • , . •■ „
convaincra pas ceux qui le voient, il ne
les trompera pas, même s'il se trompe lui-même. Qu'il ne
calomnie donc pas les orthodoxes et ceux qui suivent fer
mement les hommes inspirés, surtout dans un domaine où
personne aujourd'hui, nulle part sur la terre, même parmi
ceux qui ne se conforment pas à l'évangile de la grâce, ne pour
rait être confondu comme étant complètement dans Teneur.
Qui ignore aujourd'hui, même s'il n'est pas chrétien, mais Scythe,
Perse ou Indien, que Dieu ne s'identifie avec aucune créature,
ni avec aucun objet sensible ? Car de même que, au jour de la
venue future du Christ, la grâce de la résurrection et de l'immorta
lité n'enveloppera pas seulement ceux qui auront cru au Christ,
mais tous ressusciteront ensemble, selon les Écritures, bien que
tous n'obtiendront pas ensemble ce qui a été promis après la
résurrection, de même aujourd'hui, pendant sa première présence
sur terre, même si tous ne sont pas soumis à l'évangile du Christ,
mais, transformés inconsciemment par la présence d'une grâce
surabondante, tous confessent ensemble un Dieu unique, créateur
de l'univers I. Et si tu interroges le Parthe, le Perse, le Sar

1 S. Maxime parlait aussi de la présence du Saint-Esprit parmi les « barbares et


les nomades », Ad Thalas., XV (PG, XC, 297 B). Au XIV» siècle, la prédominance
de l'Islam dans tous les pays orientaux limitrophes de l'Empire byzantin appa
raissait à certains comme un progrès vers la vraie religion. Palamas, en particulier,
lors de sa captivité chez les Turcs, fit preuve d'une grande curiosité envers leur
religion et essaya d'instaurer avec eux une compréhension mutuelle (cfr G. Geor-
triade il, 3, 3-4 393

T€ Kal IIroXep.aioj Kal ôoot kot avrovs ' 8iô Kal àarrpo-
Xôyovs Kal <f>vcnoX6yovs Oeôirras p.âXXov rœv p.r) roiovrœv
"fyyrj, a»? irepl ttjv r&v ovrcuv àX^Qetav vytws ro XoyiKov
ofyioi nepvnopevôpevov croiras, ■fjç rfj ovveXLÇei. Kal rœv
iaayyéXwv avrovs KaraÇioîs vor\aeu>v ' Kal ravra Xéyœv 5
oïei oarrqpluis Kal àar<f>aXô>s eireodai rœ 8eo<f>dvropi Aïo-
wol<t> || Kal ôSrjyos T}p.wv àrrXavrjS etvai. Sià rovro Trappr)oid£r]. 1 1. *7°r

4. 'AXXà p.T] Kavxdoda) 6 Kvpros <*>s opBôs ' rovs yàp


âpwvras avrov ov Treiaei, ovo" àrrar^oei., ko.v èavrov ànarâ'
p.7j8è Karaifsevhéadoj rwv ôpdà <f>povovvrojv Kal roîs dcqyô- io
pots à<r<f>aXws éirop,évwv, Kal ravr è<f>* œv ovSels ov8ap.ov
yrjs, ov&è rœv p,rj oroi\ovvTU)v t<3 rfjs xdpiros evayyeXitp,
èXey\Oelrj àv àpriots reXécos o<f>aXX6p.evos- Tis yàp p.rj ori
r&v Ôjto Xpiorov KaXovp.évœv, àXXà kov UkvOtjs, kS.v Tlépcrqs,
Kav Ivoos xi, os vvv ovk oloe rov &eov p.r)bev ovra roiv 15
KTiartôv fj rœv aladrjTÔJv ; 'Qs yàp inl rfjs p.eXXovo~qs Xpicr-
rov rrapovaias ov roïs eis avrov rremo'revKÔai pavois 17
rfjs àvaordoeojs Kal rfjs àdavaoias rrepiKXelerai X(V,IS'>
àAÀà Karà rà Xôyta Kowfj navres àvaarqaovrai, el Kal p.rf
Kotvrj -navres râ>v para ttjv àvdoraoïv èmjyyeXfiévojv rev- 20
Çovrai, ovtoj Kal vvv Karà ttjv inl yrjs avrov nporépav
irapovoiav , ci Kai prj navres vrrfjKovoav rœ evayyeXiœ rov
Xpiorov, àXXà KOLvrj navres, râ> nepiôvri rfjs rov napaye-
vop.évov xàpiTos àveniyvworœs p.eraaKevaodévres , êva 0eov
ôp.oXoyovoiv aKriorov, ktiottjV rov navrés ' Kav èpojrtforjs 25
rov IJdpOov, rov Tléporp/, rov Zavpop,ârr}v, aKOvaeias àv
evOvs rr/v àfipap,iaîav eKeivqv Trap' avrov (fxovfjv ôrt, « rov
» Qeov rov ovpavov eyw oefiopai », o IIroXep,aïos ovk

CVSL

27 toC 'Icovâ post t^ add. V.


394 GRÉGOIRE PALAMAS

mate l, tu l'entendras te répondre immédiatement ces paroles


dignes d'Abraam : Je vénère le Dieu du ciel *. Ptolémée n'aurait
pas répondu ainsi, ni Hipparque, ni Marin de Tyr, ceux que tu
considères comme des sages et qui ont adapté leur esprit à la vérité
des cycles, des épicycles et des sphères du ciel, mais qui déclarent
cependant que le ciel est divin et cause de l'univers ; les Aristote
et les Platon, non plus, eux qui croient voir dans les étoiles les
corps des dieux * ; ceux qui affirment que les chevaux des dieux
bondissent aussi loin que l'œil peut voir, du haut d'un sommet, sur
la mer couleur de vin *.
Un Dieu suprasen- 5- — Tous ont donc aujourd'hui re-
sible. connu, grâce à la lumière qui a lui dans
les ténèbres B, mieux qu'ils n'auraient pu
le faire en suivant ces gens que l'on admirait autrefois pour leur
sagesse, tous ont reconnu que Dieu dépasse les sens et ne sup
portent même plus du tout que l'on modèle ses caractéristiques
d'après les êtres ; comment as-tu osé infliger aux disciples de
l'Évangile, à ceux qui ont reçu les paroles révélées de Dieu dans
leurs propres oreilles, à ceux qui, dans leurs bouches aiguisées,
portent l'initiation des langues de feu de l'Esprit, à ceux qui reçu
rent l'enseignement non d'un ange, non d'un homme, mais de la
bouche adorée du Seigneur lui-même 6, car le Fils unique, qui est
dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître 7, comment as-tu
osé infliger à ceux qui furent choisis dans toutes les nations pour
former une nation sainte 8, l'Église de Dieu, comment as-tu osé
leur infliger ce reproche de croire que l'essence de Dieu est acces
sible aux sens, qu'elle possède une forme extérieure, un volume

giades Arnakis, Gregory Palamas among the Turks and Documents of his capti-
vity as Historical Sources, dans Spéculum, t. XXVI, 195 1, p. 104-118).
1 Les Byzantins employaient couramment des noms antiques en ethnographie.
Palamas désigne ici des peuples orientaux, notamment les Turcs d'Asie Mineure,
généralement appelés « Perses ».
* Jonas, I, 9.
* Allusion aux conceptions du Tintée, 34-38 (édit. A. Rivaud, dans la coll.
Budé, p. 147-152).
« Parodie d'HoMÈRE (cfr Od., I, 183 ; IV, 524, etc. ; //.. II, 613 ; IV, 275, etc.).
• Jean, I, 5.
•Cfr Isaie, LXIII, 9.
' Jean, I, 18.
• I Pierre, II, 9.
triade il, 3, 4-5 395

av et-ne Kai "Iirn-apxos ko! Mapîvos ô Tvpios, ol icarà aè


crcxffol Kai t^ pèv 8«x tcov ovpavicov kvkXcov koI €ttikvkXo)v
ko! o~<patpcôv àX-qdela tov éaurcôv èvappMoavres vovv, deîov
8' ôfuoç Xéyovres tov ovpavov ko! ■navairiov, ov8' 'Apioro-
TcÀctç tcal IIXaTCOves, ol Oecôv oœpara tovs àcrrépas So£a- 5
Çovres, ov8* ol rôaov Xéyovres « tovs decov irqhâv ïirirovs,
» ôaov cvtto encornas o<f>6aXpos opâ eiri oïvcoira ttovtov >>.

5. IJdvrcov ovv àprlcos, 8ià « tov iv tt} okotlo. Xâpupavros


efteoros », KpeÎTrov r/ Karà tovs ènl oo<f>lq 7totc Bavpatppévovs
eKelvovs, xmèp aloBr/oiv iyvcoKOTtov tov Seôv, cbs /lct/S* àrro tcov io
ovtcov cri SiaTrAaTTOVTaç xapaKrqplÇeiv ôXcos àvé\eaOai,
■nuis cri) toîs tov evayyeXiov pad-qTaîs, toîs els c\kot)v chriov
8e£ap.évois ra deonapd8oTa Adyia, toîs 8ià oTop.â.TOJV pepvrf-
p.evois irvpivais yXwooais tov TIvevpaTos èoTop.cop.évcov ,
ovs ovk dyyeXos, ovk dvdpcoiros , àXX aùrôs' 6 Kvpios 15
8ià tov TTpooKVVTjTov oropaTOS èhlhaÇev , « ô yàp piovoyevrjs
» Ylos, ô tov els tov kÔXttov tov Ilarpôs, iiceîvos i^TjyqoaTO »,
■JTCOS Crû TOVTOI.S TOÎS €K 7TCLVTOS éÔvOVS àlToXilCTOlS TCO HOvCl
Tcp ayicp, T~rj 'EkkXtjoIcl tov Oeov, Toiavrrjv eToXp-rjcras irpoo-
TpupaaÔai pépApiv Sti alcrd'qTrfv oïovrai ttjv ovolav tov Qeov, 20
crxTJpâ. Te e\ovaav ko! ôyKov . Kai iroioTTjTa, Kai côç çf>tos
toiovtov Kipvâodai II tcô àépi, ScktikcZ ovti rrjs eKeîdev \ t. 1700
airoppoias Kai irepiypdcpovTi avTO tottlklos Kai aïoOrfrcôs ',
Ap ovk eirfjXdé 001 tovt dvaXoyioapévw ovviSeîv tôs
tL prj tov rjXiov Xéyei tiç ©eov, et Toiavrrjv irepl Oeov ttjv 25
86£av éx€L '• nû)S Se 8ia<f>evyeiv oïerai ttjv tô>v àAAoji'
alodrjotv, eïirep aioOrjTOv rjyqTat to Oeîov ; Tov 8' êveKev
Taç *caT aladrjCTLV aTipa^ei rjoovds, o pdXiora trâvrcov
TTOiovcnv ol irapà aov Toiavra crvKO(f>avTovpevoi ; Qeos pèv

CVSL
18 *$vovs '. yivot s I ■
396 GRÉGOIRE PALAMAS

et une qualité définissable et qu'elle se mélange à l'air à peu près


comme une lumière, puisque l'air peut recevoir l'émanation que
cette lumière produit et en donner une image dans l'espace d'une
façon sensible ? Ne t'est-il donc pas venu à l'esprit, lorsque tu fai
sais ces conjectures, de te demander pourquoi l'on ne déclarait pas
que le soleil était Dieu, puisque de toute façon on avait une telle
opinion au sujet de Dieu ? Pourquoi pense-t-on que Dieu échappe
aux sens des autres hommes, puisque l'on considère le divin comme
sensible ? Pour quelle raison méprise-t-on les plaisirs des sens ?
C'est pourtant bien ce que font, plus que tous les autres hommes,
ceux que tu calomnies ainsi ! Car, selon Paul, c'est le ventre qui
est un dieu sensible 1 pour ceux qui sont esclaves de leur
estomac, et c'est une nouvelle idolâtrie que les avares et les
cupides ont établie *. Et, selon la sentence évangélique *, ceux
qui tirent leur gloire des hommes et ne cherchent -pas la gloire qui
vient de Dieu seul ne peuvent croire en Christ. Mais ceux qui ont
méprisé tout cela et ont choisi le Dieu qui surpasse toutes choses,
ne montrent-ils pas par les œuvres qu'ils vénèrent vraiment le
Dieu transcendant l'univers ? Ou bien, sous prétexte qu'ils
conseillent aussi aux autres d'abandonner ce qui éloigne de la
gloire qui vient de Dieu seul, cessera-t-on de les croire pour les
calomnier, en disant qu'ils ne possèdent pas une opinion ferme
sur la Divinité ?

La plus grande des 6- — Ce que tu dis, en effet, à la fin


calomnies. de ton abondant verbiage contre ces
hommes, montre clairement que tu les
calomnies volontairement. Maintenant, y est-il dit en effet,
nous parlons de ce que certains appellent lumière hyPostasiée,
car jusqu'à présent nous n'avons exprimé aucune opinion parti
culière à ce sujet ; ce qu'ils prétendent voir c'est une lumière intelli
gible et immatérielle, existant dans son hyposiase propre. Là aussi,
il s'engage donc dans la calomnie. Le grand Macaire, Maxime,
si riche en paroles divines, et leurs disciples, affirment en effet

1 Philipp. III, 19.


• Éphés.. V, 5.
* Jean, V, 44.
triade il, 3, 5-6 397

yàp alodrjTos r\ KotXla, Karà tov TlavXov, roîs yaorpoç ovcn


BovXois Kal hevripav lorâoiv elSwXoXaTpîav ol <f>iXdpyvpot
Kal Tr\eov€KTai " irtOTCveiv 8è els XpiOTOV ov Svvavrat, Karà
rr/v evayyeXiKr/v iftrj<f>ov, « ol Sd£av irapà àvOpwirwv Xap.-
» fidvovTes, T-tjv 8è irapà tov p.6vov &eov So£av ov E,t)tovvt€S ». 5
01 Se irdvTwv tovtwv virepippovijoavTes Kal ravra Sià tov
vrrèp irdvTa Qeôv, dp' ov Si' epywv heiKvvovai &eov ovtws
oéfiovTeç tov eVe/ceiva irdvTwv ,' *H Siort Kal toîs âAAotç
tovtwv àTToa\ioQai ovp.f$ovXevovoiv a ttjv irapà tov p.6vov
&€0V S6£av àfiaipeî, p.r] p,6vov ov ireioeTai, tis tovtois, dXXà io
Kal crvKo^avTrjaciev ws ào<f>aXr} Botjav ovk exovras irepl to
6eîov ;

6. 0 yap Xeyeis TeXevTÔjv rfjs Karà twv àvhpwv tovtwv


iroXvpp7jp.oovvrjç (fravepàv iirol-qoé oov ttjv ckovoiov icar'
avrwv ovKO(f>avTÎav ' « Nvv » ydp <f>rjoi « irepl tov irapà 15
» tioiv èwirooTaTov Xeyop.évov <f>WTOS Àeyo/xev, pvr) npoTcpov
» irepl avTov IStav àiro<f>i]vdp.evoi yvwpvqv, wç S Xiyovatv
» ôpâv, vorjTov Kal àvXov, iv IBla virooràoei Sv <f>ws ».
KàvTavQa toivvv ovp.irXeK€i ti o-VKo<f>avTiaç ' iv VTroordaei
jucv yàp (f>â>s ôpâodat. <f>rjoiv 6 p.éyaç MaKapioç Kal ô iroXiiç 20
rà deîa Md£ip.os Kai 0001 /car' avrovs, iv I8la Se ov. "Op,wç
ye p/qv, et Kal /xrjSè tovto ovKo<f>avTiaç à/xi/yè? irporjveyKev,

CVSL
3 Se '■ T( VS j[ 4 TTapà '. TTtXp L.
39& GRÉGOIRE PALAMAS

que la lumière se manifeste dans une hypostase *, mais non dans


la sienne propre. Cependant, bien qu'il n'ait pas dit cela sans y
avoir mis de la calomnie, il admet qu'une telle lumière est, selon
eux, « intelligible et immatérielle » ; mais ce qui est intelligible
et immatériel n'est ni accessible aux sens, ni symbolique, comme
pourrait l'être une chose sensible. Pourquoi alors démontrait-il
au début que ces hommes considèrent l'essence de Dieu comme
une lumière sensible, mêlée à l'air, contenue par lui, possédant
une forme extérieure, une qualité définissable et un volume,
tout cela étant des caractéristiques de la lumière sensible ?
Pourtant, bien qu'ils disent de la lumière de la grâce qu'elle est
« intelligible », ils n'emploient pas ce terme au sens propre, car
ils savent qu'elle dépasse aussi l'intelligence, puisqu'elle entre
dans l'intelligence par la seule puissance de l'Esprit, toute acti
vité intellectuelle étant arrêtée. Mais même en admettant cela,
aucun saint n'a jamais dit que cette lumière était une essence
ou, comme lui le croit, une émanation de Dieu ; et même s'il
s'est trouvé quelqu'un pour tirer perfidement cette conclusion
des images qu'ils ont pu employer au sujet de cette lumière,
c'est Barlaam qui en parle et non pas eux. Dire que ces hommes
considèrent l'essence de Dieu comme une lumière sensible et
visible, alors qu'ils affirment qu'elle ne dépasse pas seulement
les sens, mais aussi l'intelligence, et glorifient ensuite l'essence
de Dieu au-dessus de cette lumière même, n'est-ce pas là la plus
grande des calomnies ?
L'argument de 7. — Mais que dit-il ensuite, ce calom-
Barlaam tombe à niateur des hommes qui ont reçu la
dUS supraraisonnable illumination ? S'ils con
sentent à dire que la lumière intelligible et immatérielle dont
ils 'parlent est le Dieu suressentiel lui-même et s'ils continuent
en même temps à reconnaître qu'il est absolument invisible et
inaccessible aux sens, ils se trouvent devant une alternative:
en déclarant voir cette lumière, ils doivent la considérer soit

1 La paraphrase de Macaire par Syméon Métaphraste parle, en effet, du jioria-


liàs iTroaTaTiKÔs, De lib. mentis, 22 (PG, XXXIV, 956 D) et, dans une scolie de
s. Maxime, la tfeojaiç est appelée éAAa/K^t? èwiroaraToç, Ad Thaias., LXI,
Schol. 16 (PG, XC, 644 D). Chez le Ps.-Basile, auteur du cinquième livre Contre
Eunomc, la grâce est un iwitôararov (PG, XXIX, 772 C).
TRIADE II, 3, 6-7 399

ÔÀÀ' âuoXoyeî « vorjrov koX dvXov» avrovs Xéyeiv to toiovto


<f>ws ' to 8è votjtov kclI dvXov ovk alodfjTov, ovbè ws alad-qrov
avu^oXiKÔv. Tlœs ovv dp\6aevos èhelicw tovtovs aladrjTov
<t><H>S Xéyovras ttjv ovaiav tov Oeov, Kipvcôuevov dépi Kai
\rn avrov trept.exop.evov Kai axijaa Kai tToiô-rryra. Kai ôyKov 5
c^ov, a -navra, tov alaBrjTov èoTt <pa)Tos ,' Kalroi eKeîvoi,
xâv «votjtov* Xiytxtai to rrjs x^PlT°^ <p<*>s, dXX' ov Kvplœs, «ai
vnep vovv yàp laaaiv aùrô, d>s P*ôvrj tt} tov IJvevp.aTos
8vvdp.ei, Karà àrrôiravaiv ■ndar\s voepâs ivepyelas, èyyivo-
p.evov TÛ> vâ>. 'AXX* ov8' ovrui tovtÔ tis eKelvcuv ovaiav elirev 10
tj dirôppoiav, oïav ovtos olerat, Oeov' k&v tis €K tôjv irapa-
oeiyuaTiKws irepi tovtov tov tporros vit' eKeivajv elprjaévuiv
Kaitovpywv owdyp tl touovtov, aùrôç $r\oiv, àXX' ovk eKeîvoi.
Tous oiïv p/r) udvov \mèp aïadrjaiv, àXXà || Kai înrèp vovv |f. îjir
Xéyovras tovtÏ to <f>â~>s, elra Kai imèp tovto SotjdÇovras 15
ttjv ovaiav tov Oeov, alodrjrov <f>wç Kai ôparov oïeadai Xé-
yeiv rqv ovaiav tov Oeov, dp' ov Trdarjs èireKeiva ovko-
(pavrlas ',

7. *AXXà ti <fyqat Trpoïojv 6 .t&v xmèp evvoiav 7re<f>a)Tiop,é-


vu)v avKO<f>dvrrfs oStos ', « El uèv to votjtov Kai dvXov 5 20
» Xéyovai <f>â>s avTov éKeîvov tov xrnepovaiov Oeov tout'
» eîvac \SovXovrai, <pvXdTTovres aurai to irdaais alad-qaeaiv
» dôpaTov Kai dvéira<f>ov, 77 ôpâv Xéyovres, dyyeXov elvai
» oiovTai, Tj avrrjv ttjv ovaiav tov vov, otov tô>v iradœv dp.a
» Kai TTJs dyvoias KaOapdeis ôpâ avrôs èavrov Kai èv èavrtp, 25
» u>s ev idia eiKovi, tov &eov, ei ôi) ev ti tovtcov to Trop
» aiÎTtSv Xey6p.ev6v eart, -ndw ye opGœs rrepi tovtov <f>poveîv

CVSL
4 iv post i:ipvaifi€vov add. S.
400 GRÉGOIRE PALAMAS

comme un ange, soit comme l'essence même de l'esprit, lorsque,


purifié à la fois des passions et de l'ignorance, l'esprit se voit lui-
même et, en lui-même, voit Dieu dans sa propre image l ; si la
lumière dont ils parlent s'identifie avec l'une de ces deux réalités,
il faut considérer leur pensée comme parfaitement correcte et con
forme à la tradition chrétienne; mais s'ils disent que cette lumière
n'est ni l'essence suressentielle, ni une essence angélique, ni l'esprit
lui-même, mais que l'esprit la contemple comme une autre hypostase,
je ne sais, en ce qui me concerne, ce qu'est cette lumière, mais je
sais qu'elle n'existe pas. Mais quel homme pourrait jamais dire,
ô toi qui as le verbe si haut contre les hommes véritables, quel
homme pourrait jamais dire qu'une lumière intelligible qui n'est
ni Dieu, ni un ange, ni un esprit humain possède une hypostase
propre ? Car on ne peut même imaginer une lumière intelligible
possédant une hypostase propre, et qui ne soit aucune de ces cho
ses ! Mais faisons cette concession impossible, concédons qu'un
hésychaste l'ait dit à ton Éloquence; je ne sais lequel, et toi-même
tu ne peux le désigner ; tu dis pourtant qu'il n'était pas des plus
distingués '. Donc, s'il n'était pas capable de donner une bonne
interprétation — chose à laquelle je crois plus facilement qu'à
son manque de discernement ; mais j'admets même ce dernier
cas, puisque tous n'ont pas la connaissance —, ne fallait-il pas
t'informer auprès de ceux qui possèdent le charisme de l'inter
prétation et apprendre ainsi, comme il convient, ce qu'est la
grande vision de cette lumière, au lieu de condamner immé
diatement, comme fous, les hommes inspirés de Dieu et te
mettre manifestement dans le cas dont parle le divin Paul ?
Si un homme simple ou un incroyant, dit-il en effet aux Co
rinthiens, entre dans votre assemblée et n'entend pas aussi ceux qui
peuvent interpréter, il dira que vous êtes fous 3. Tu es donc, hélas,
toi aussi, le moine-philosophe, dans le cas des hommes simples
et des incroyants. Mais admettons que ce ne soit pas un seul, ni
certains d'entre nous qui le disent, mais beaucoup d'entre nous
et même que nous le disions tous ; ne te suffisait-il pas de dire

1 On voit ici que Barlaam était parfaitement au courant de la terminologie


évagrienne.
» Cfr supra, Tr. II, 1, i, p. 226, note 2.
» Cir / Cor., XIV, 23.
triade n, 3, 7 401

» avrovs Kal avp.($alvovra rfj tôjv xpicmavwv irapa86aei


» oïeaOal yc xprj ' el Se /j"jTe ttjv vrrepovatov ovcnav tout
» elvai Xéyovat, p.rjT àyyeXiKrjv, /ATjTe tov vovv avrôv, àXX'
» ôpâv tov vovv et? avro ci? clç èrepav vmôoracnv, tovto
» ëytoye to <f>â>s ô ti ttéV èartv ovk olSa, ôVt Se ovk eoriv 5
» oîSa ». Kal ti? vore àvdpdjirwv, a» Karà twv ovra»? avdpa>-
ttojv vtpTjyôpe av, <pâ>s âv iv îSta mroarâaet. <f>alr) votjtov,
S /xtjtc @eôs iart, /a^t' ayyeXos, p-fj^e vovs avdpœrnvos ,'
OiîSè yàp <jxivTao~TiKœs yovv avairXdo-ai StwatT âv ti? to
toutùjv €ktoç vot/tov iv îSta vTroarâaet. <f>â>s- 'AXXà Sâittev 10
tout! to àoévarov, ScD/xev toivvv Sri tovt e<j>r) Tt? tôjv
■qavxaC°VT(ov Tpos t*)v CT17*' XoyioTTjTa' ovk o?8a p.èv Ôoti?,
oùSè yàp avroç v7ro8eî£at Suvaaat " toji' ovk iXXoylp,wv 8'
6p.wç eîvat Àe'yet? aiVoV. El toLwv èiceîvo? \if] KaX&ç ipp-fj-
vevoai iSvvaro — S Kal p.âXXov veidop-ai 77 Kal p.rj 8iayvâ>vai 15
koXwç, eora> yàp Kal tovto. Kal yàp ov irâvrcov 77 yvwats — ,
ovk eSet ae napà t&v iypvroiv to rfjç Sia/cptaetoç ^apiatia
Trvdéodai Kal p.a6eîv, wç i<piKTÔv, tL to /xeya 0ea/za toû
<J>wtos tovtov, aXX' a>? p.aivop.evcuv evdvç rwv deoXrjTTTOiV
KaTaif/T)<f>i^€o'9ai. ko! to Trapà tov deiov ITavXov Xey6p.evov 20
<pavepûç rraôeîv ; « El yàp elaéXdoi ti? » 77-00? tov? Kopiv-
dlovs <( iv vpÂv » <jyqoiv « ISmottjç 77 omaro?» Kal p.r/ âicou-
aet Kal twv oiaKpîveiv ovvap.évcjv ipeî 5ti p.alv€ode ». To
tG>v ÎSicotôjv toiwv Kal àirioTbiV <f>ev Kal avroç €ira9es, ô
p.ova\6ç Kal <j>iX6ao<f>os ■ "Earoi 8è /xt) iva, 11*78' èvlovs, àXXà 25
■noXXovs Kal irâvTas tovto Xéyeiv ij/xâ? " ovk rjpK€i 001 tovt*
€ViT€.tv, 0 fiera tovç tiaicpou? ecprjKas àyôjvas, Sri « tovto
» to (f>â>ç oîSa Sti ovk «m » / IJavres ydp 001 ovveîrrov âv
5ti <f>â>ç iv vTrooraaei Ihia, 6 pvqTe Oeos Joti, /xijt' âyyeXoç,
p.-r\T âvdpiD7ros , ovk Zotlv ôÀco? " àAAà Kal navres âv evdvç 30
avveîSov to? et <j>û)S votjtov iv îmoardaei. <f>aiq ti? ôpâv
Ihia, TOVTCuv Tt (ftrjatv opâv o Xéyovra, irâvv Kal avroç opdôjs
elprjKas <j>poveîv. Karà tivùjv ofiv al 8tà || toooutùjv ctoi 1 1. 171»
jSi/SAwoi' pXaa<f>rjp,iai, Kai tte'/x^et? Kal ovKO<f>avriai ,' rAp

CVSL
402 GRÉGOIRE PALAMAS

ce que tu as dit après de longues joutes oratoires : Je sais que


cette lumière n'existe pas? Tout le monde serait en effet d'accord
avec toi pour dire qu'une lumière sans hypostase propre, qui
n'est ni Dieu, ni un ange, ni un homme, n'existe pas du tout.
Tous seraient aussi immédiatement d'accord pour dire que, si
l'on affirme voir une lumière intelligible possédant une hypostase
propre, on affirme nécessairement voir l'une de ces choses ; et
tu as dis toi-même que celui qui parle ainsi a une pensée parfaite
ment correcte. Contre qui diriges-tu donc les blasphèmes, les
reproches et les calomnies que contiennent de si grands livres ?
N'est-ce pas contre des hommes dont tu déclares ensuite qu'ils
ont une pensée correcte, même sans que ta calomnie ait été
réfutée ?

« Plus-que-Dieu ». 8. — Je ne dis pas, en effet, que leur


pensée soit en accord avec la tienne au
sujet de cette lumière, ni que leur théologie soit conforme à la
tienne : leur pensée est au-dessus de ta pensée. C'est ainsi qu'ils
dominent les calomnies et les reproches que tu lances contre eux.
Tu dis à leur sujet : S'ils disent que Dieu est une lumière intelli
gible, s'ils continuent en même temps à reconnaître qu'il est invisible
et absolument inaccessible aux sens, ils ont raison. Quant à eux,
ils savent que l'essence de Dieu est supérieure même à cette inac
cessibilité absolue aux sens, puisqu'elle n'est pas seulement Dieu,
qui est au-dessus des êtres, mais plus-que-Dieu ; l'excellence de
Celui qui dépasse toutes choses n'est pas seulement au-dessus
de toute affirmation, mais aussi au-dessus de toute négation ;
elle surpasse toute excellence qui pourrait venir à l'esprit. Cette
lumière hypostasiée que les saints voient spirituellement, comme
ils le disent eux-mêmes, ils savent, par l'expérience même, qu'elle
existe et que son existence n'est pas symbolique, comme celle
des apparitions provoquées par des événements fortuits, que
c'est un éclat immatériel et divin, une grâce invisiblement visible
et incompréhensiblement perçue par l'esprit. Qu'est-elle donc ?
Ils affirment ne pas le savoir.
TRIADE II, 3, 7-8 403

ov Karà rôiv toiovtwv ovs opdws varepov àire<fyqvto <f>po-


veîv, kclI rfjç irapà o~ov avKO<f>avrias ovk i^eXrjXeyfiévrfs;

8. Ov yàp tovto Xéyw ws Karà ak <f>povovai nepl tov


<pùtr6ç ckcivoi tovtov rj Kœrà oc deoXoyovoiv, àAAà «ai vrrèp
o~e ' tooovtov VTrepavearqKaoi tGxv crœv kclt' avrcùv SiafioXûiv 5
Kai fié(j.ifteœv. Si) p.ev yàp <f>r)s irepl aùrtSv ' i El votjtov
» Xéyovai <pœs tov &côv, (pvXdTTOvres avrœ to Trdaais
» aiodtfoeoiv àôparov koX àvÂira^ov, KaXtôs Xéyovaiv » '
€K€Îvoi Se icat v7T€p to Trdoaiç alaôrfoeoiv àv£ira<\>ov TTjV
ovaiav tov @eov yivœoKovcnv, incl p.rf p.6vov Qeos earw 10
vnep rà ovra a>v, àAAà Kai vnépQcos, Kai p,rj px>vov xmkp
irâaav déoiv icrrlv, àAAà Kai mrkp ■nâ'aav àcpaCpeaiv 17 vrre-
poxfj rov irâvTcuv èireKeiva Kai irâaav VTrepoxfjV ôiraioovv
€7rl vovv yivop.évr)v virepfZéPrjKev. "0 p,évroi <pâ>s èwTTOOTaTOJS
oi âyioi TTV€vp.aTiKÛ>s ôpâxrtv, <I>s avroi <pa<riv, ov p,kv «ai 15
(irf avfifioXiKov toiovtov, oîa rà 8ia7rAaTTO/x€va irpos rày
crvpfiaivovaas irepiardo-eis (pâo-para, âvXôv t€ deiav êXXap.if>iv
Kai \dpw, 6po)p.évr)v àopaTœs Kai voovpévTjv àyvojoruis,
Si avrrjs rfjs Treipas ïaaai ' Tt Se èoriv, ixeivoc p.h> ovk
elSévai Xéyovot. 20

CVSL
7 <f>vXàaoovT€S VS Jj 16 /xi7 om. C.
404 GRÉGOIRE PALAMAS

Dieu apparaît aux 9- — Mais toi ^ M mis en œuvre les


êtres créés. méthodes de la définition, de l'analyse
et de la distinction, résous-toi et veuille
recevoir notre doctrine à nous, les ignorants. Cette lumière n'est
pas l'essence de Dieu, car cette dernière est inaccessible et incom
municable ; elle n'est pas un ange, parce qu'elle porte des signes
du Maître et que parfois elle fait sortir du corps ou bien même elle
élève, sans séparer du corps, à une hauteur indicible ; d'autres fois,
elle transforme le corps et lui communique son éclat (c'est ainsi
que le grand Arsène est apparu dans ses combats pour l'hésychie 1,
Etienne, lorsqu'on le lapidait 2, Moïse, lorsqu'il descendait de
la montagne 3) ; ainsi donc la lumière qui déifie le corps
devient, ô miracle, accessible aux yeux corporels ; parfois, elle
parle clairement à celui qui la contemple, avec des paroles, pour
ainsi dire, ineffables : tel fut le cas du divin Paul * ; suivant
Grégoire le Théologien elle descend des lieux élevés où elle se trouve,
afin que Celui qui depuis le commencement des siècles et dans sa
nature même n'est ni visible, ni pénétrable à aucun être et le
demeure à jamais soit, dans une certaine mesure, pénétré par la
nature créée 8. Celui qui a reçu cette lumière, en se concentrant
sur lui-même, perçoit continuellement dans son esprit la même
réalité que celle dont il s'est agi jadis, lorsque les enfants desJuifs
ont donné un nom au pain qui descendait d'en haut, dans le dé
sert, en l'appelant manne 8. Quelle est cette réalité ? C'est celle-là
même qui pour eux porte le nom de « lumière ». Si toutefois tu
pouvais en dire plus... Mais revenons à la suite de notre traité.

La lumière divine 10- — Tu affirmes, en effet, qu'ils


n'est pas un ange, auraient également raison s'ils considé
raient cette lumière comme un ange 7.
Mais ils ne diront jamais que cette lumière est un ange ! Ils

1 Référence probable à l'éloge d'Arsène par s. Théodore Studite, Oral., XII


(PG, XCIX, 860 B). Sur Arsène, maître de l'hésychasme, voir I. Hausherr,
L'hisychasme..., dans Orient. Christ. Period., t. XXII, 1956, p. 25-27.
■ Actes, VI, 15.
» Exode. XXXIV, 35.
• 77 Cor., XII, 4.
*Hom., XLV, 11 (PG. XXXVI, 637 B).
• Exode, XVI, 14 ss.
' Cfr supra, § 7.
TRIADE II, 3, g-IO 405

9. Si) 8è Trpoaayayœv ràç âpurrucàs ko! àvaXvriKàs koI


BiaipeTiKÙs fiedôSovç, yvûidi Kai tovs àfiadeîs r)p,âs SiSafat
Kara^LOiaov. Ovaia fièv yàp @eov ovk ecrri, Kai yàp àvéira<f>os
€Kelvq Kai d/xideKTOS, dyyeXoç ovk eori, Scoitotikovs yàp
<f>épei xapaKTTJpas Kai TTorè p.èv tov aœp.aTOS dnaviaTÔ. rj ovk s
avev a tôparos Kai els vipos àva<f>épet. dpprjTov, oAÀot' aiîflis
Kai. to aâ>p.a p.eOapp.oadp.evov koI ttjs otKeîas /xcraScSoj/càs
Xap.irp6TTjTOS , oîés itot€ Kai 6 p.éyas 'Apaévios &<f>6r) Ka9'
Tjavxiav àya>vL^6p.evos Kai 6 Sré(f>avos AidaÇéfievos Kai 6
Mœvarjs drro toû opovs Karepx6p,€vos , ovtco roivw Kai to 10
oâ>p.a dcovpyrjaav o<op.aTtKoîs o<f>daXp.oîs , a» tov 6avp,aTos,
ytvcTai Xtjtttov, Zotl 8' ôVe Kai tô> épwvTi rpavws Si' dpprfTwv,
â)S elireîv, prjfiâTcov ôp.tXeî, KaOdirep Kai tô> Oeico IlavXa),
« Karafiaîvov ttjs oîicei'aç TrepiœTrrjs, <î>s âv p.€Tpio)s yovv ktiotj}
» <pvaei xa)pT)9f} », icarà tov OeoXéyov rpr/yépiov, 6 Karà ttjv 15
oiKeiav <f>voiv i£ alœvœv Kai irr* alœvas Kai cti toi? Trâow
wv déparés re Kai dxcôprjToç. ToVe toLvvv rjv iira>vvp.lav
rrpoaeÎTTov 'IovSalœv iraîSes tw àvœOev ctt' ipr\p.ov KaTiévri
dpTo>, «pidwa» TrpoaayopevovTeç aine, tovto Kai 6 KaT7)£ia>-
fiévoç ckcIvov tov <f>a>Tés, iv iavrœ yevép.evos , avivais arpi- 20
<f>ei Karà vovv. Ti tovto ; Kai tout' iarlv avToîs to tov <J>o)t6ç
€K€lvov 5vop.am ai) 8' eïnep e^eis <f>dvai ti rrXiov. 'AXX' iirav-
ia)p.ev els Ta i£fjs-

10. Zv p.èv yàp KaXœs \\ Xéyeiv atîflis <f>j)S ckcIvovs, cl Kai | i- W


dyyeXov tout' oiovrat to <f>ws- 'EkcÎvoi 8' dyyeXov p.èv tovto 25
to <{>â)s ovk dv 770TC (f>aîev ' ïoaot. 8è toîs iraTpiKoîs p.ep.vq-
p,évoL Xéyoïs hia<j>épa)s Kai toîs épwoL KaTaXX-qXœs ttjv
dyyeXtKrjv TcXovp,évr)v oiTTaaiav, r\ yàp iv irayyrrni ovoias,
S Kai Trj aloQrjoei vttottLttt€i. koI ovbè toîs ip.iradeaiv rf
Kai dp.vrjToi.s irdvrr] dépœrév èoTiv, rj X€tttott]tl ovoias, 3°
Ka8' rjv Kai r) ^vyr] pcrplws ttws KaOopâ, r) iv dÀr/ôeî dea,

CVSL
406 GRÉGOIRE PALAMAS

savent, initiés par les écrits des Pères, que la vision des anges se
produit de différentes manières et conformément aux possibi
lités de ceux qui voient : soit sous forme d'essence épaisse, acces
sible aux sens eux-mêmes et visible aux êtres passionnés et abso
lument étrangers à toute initiation, soit sous forme d'essence
légère, que l'âme elle-même ne peut voir qu'en partie, soit comme
une vision véritable, dont seuls sont dignes ceux qui se sont
purifiés et qui voient spirituellement. Et toi, n'étant pas initié à
ces différentes manières de les voir, tu crois et tu démontres que
les anges sont invisibles les uns pour les autres en disant qu'ils
sont invisibles non parce qu'ils sont incorporels, mais dans leur
essence; tu assimiles aussi implicitement les contemplateurs de
Dieu à l'ânesse de Balaam, puisqu'il est écrit qu'elle aussi a vu
un ange 1.

Elle n'est pas 11. _ Tu admets d'autre part que


Vm essence de l'es- l'esprit contemple Dieu, s'il ne le voit
"'" pas comme dans une autre hypostase, mais
s'il se voit lui-même et, en lui-même, voit Dieu dans sa propre
image, purifié à la fois des passions et de l'ignorance ; et tu crois
en même temps que ceux qui affirment voir ainsi, sous forme
de lumière, l'essence même de l'esprit, sont en accord avec
la très mystérieuse tradition des chrétiens 2 ! Mais ces derniers
savent que l'esprit purifié et illuminé, en participant manifes
tement à la grâce de Dieu, contemple aussi d'autres visions
mystiques et surnaturelles, comme notre traité l'a révélé un
peu plus haut : en se voyant lui-même, il se voit autre ; il
ne contemple pas simplement autre chose, ni simplement sa
propre image, mais l'éclat marqué sur sa propre image par la
grâce de Dieu ; cet éclat renforce la puissance qu'a l'esprit de se dé
passer lui-même et accomplit l'union avec le Meilleur qui dépasse
l'intellection ; par cette union, l'esprit humain voit Dieu dans
l'Esprit, mieux qu'un homme ne peut le faire. Et il n'y a rien
d'étonnant à ce que tu ignores cela : les saints ne seraient pas
un objet d'étonnement, si toi, qui considères que rien ne surpasse
la connaissance, tu connaissais les choses qui les concernent.

1 Nombres, XXII, 25, 27.


» Cfr supra, § 7.
TRIADE II, 3, IO-II 407

•fjs ol 8ià KadapôrrjTos ■Jrvevfta.TiKws êpwvres à^ioOvrai


pÀvoi, Kav avroç, rfjs 8ia<f>opâs râtv TpôiruiV tovtojv àfivrjTœs
4ÉXWV' o-vtovs T€ tous àyyéXovs àopârovs àAA^Aoïç 8eiKvv€is
olôfjLevoç, ov Karà to àaa>p.aTov, àAAà Kœrà -rqv ovaiav
<f>doKa>v aopdTovs, kcu p,€Ta£i> twv Xôyojv tovç deônTas Tr\
tov BaXaàp. cruvraTTeis ôvtp, 81À to dyyeXov kcu avrrfv
tSeîv àvayeypd<pOai.

11. Kal tov vovv avdtç, el p,-q <vs « et? érépav Tivà
» xmôaraaw âpâ, dXX' avros iavTov ko! iv êavrât <x>s
» iv tt} I8ia cIkovi tov 0e6v, ôrav tojv Tradcjv â/xa Kal 10
» TTJs dyvoiaç Ka.6a.pdfj », OeoTT-rqv eîvcu TiOeoai Kal avp.-
ftaLVCLV oïet tj} rœv xpiariavœv p.vam.KœTa.TT) Trapaoôoei
tovç avrrjv rqv tov vov ovaiav <Ls <f>â>s ovtoj XiyovTas
ôpâv. 'Ekcîvoi 8' ïoaaiv <î>s 6 vovs Kadapdels Kal (pwTtaBels
Kai Trjs tov &eov ^aoiToç Tpavcôç iv pedéÇei yeyova>s, /xeTa- 15
Xayxdvei pÀv Kal p.voTiKÔ)v VTrep<f>vâ>v dXXojv BeapaTiov , <ï>s
puKpov àvatTepai Trapeyvpvojoev o Aoyos, àAAà Kal iavrov
opcov, 10s aAAo p.ev opa, aAA ovk éls aMo Kat ov -rqv toiav
àirXœs eiKova Kadopâ, àAAà ttjv ijj.p.op<f>uj6eîoav ttj I8ia
elxôvi. vtto Trjs xàptToç toû Oeov XajjLirpÔTrjTa, avp.TrXrfpov- 20
aav T17V els to {meppdXXeiv iavTov 0vvap.1v tov vov Kal
TeXeiovaav ttjv els Ta KpeirTO) Kal xmkp éwoiav evwaiv, 81
■Tjs ô vovs KpeÎTTOv 7) Kar' dvdpajTrov iv rivevp.aTL 0e6v âpâ.
Kâv àyvofjs ov tovto, OavpaoTov ov8iv, iire.1 p.r)8' iKeîvoi
àv î)aav 6avp,aoToi, oov Ta (car' avrovs yivwoKOVTOS, tov 25

CVSL
15 Tpavâis iv fiiBtÇei : iv p€$(ftt rpavwç L.
408 GRÉGOIRE PALAMAS

Voilà pourquoi tu déclares que l'esprit ne peut pas voir Dieu


avant de se purifier non seulement des passions, mais aussi de
l'ignorance, tandis que les saints ne font aucune mention de ce
que tu appelles purification de l'ignorance 1 ; ils se purifient
des mauvaises passions et transcendent toute connaissance par
la prière ininterrompue et immatérielle : ils commencent alors
à voir Dieu, car ils ne sont pas induits en erreur par des raison
nements de ce genre ; ils ne cessent jamais de veiller sur eux-
mêmes, ils ne flânent pas en cherchant à réunir des idées et
pour apprendre s'il n'y a pas quelqu'un, un Scythe, un Perse,
un Égyptien, qui prétend savoir quelque chose 2 et pour acqué
rir cette purification de l'ignorance ; ils savent très bien, au
contraire, qu'une telle ignorance n'empêche aucunement
de voir Dieu. Si, en effet, comme tu l'admets toi-même, l'ac
complissement des commandements n'a d'autre résultat que
la purification des passions et si, d'autre part, suivant la promesse
de Dieu, ce n'est que l'accomplissement des commandements qui
procure la venue, l 'inhabitation et l'apparition de Dieu, n'y a-t-il
pas une erreur flagrante à y ajouter, comme tu le fais, cette autre
purification que tu appelles purification de l'ignorance? Mais
nous avons longuement montré, dans nos traités antérieurs,
que cette purification de l'ignorance fait disparaître la vraie con
naissance.

ni l'essence de 12. — Mais il nous faut retourner main-


Dieu, tenant à la suite de ses attaques contre
les hésychastes. Car même si nous avons
montré qu'il usait contre eux de calomnie et qu'il luttait manifes
tement contre lui-même, qu'il renversait les créations de sa propre
raison, qu'il se combattait lui-même et ne triomphait de personne
d'autre, voyons tout de même ses écrits, puisqu'il les considère
comme dirigés contre les nôtres. Il énonce tout d'abord la raison
qui pousse les accusés à croire que l'essence de Dieu ou son éma
nation constituent une lumière sensible. Ils arrivent à cette con
clusion, dit-il, lorsqu'ils voient que, dans les Écritures, la plupart
des visions et des révélations dont les saints ont bénéficié mystique-

1 Cfr supra, Tr. II, 1, 34, la citation de Barlaam.


* Cfr supra, Tr. II, 1, 37, la citation de Barlaam.
TRIADE II, 3, 11-12 409

firjSèv vnkp rfjv yvtùaiv Ti.9ep.evov. Aù> Kal av fièv totc Àe'yti?
deôirrqv yiveoQai tov vovv, drav pAj pxivov twv TiaBGiV, àÀÀà
Kal rfjs dyvoias KaOapdrj ' è/ceîvoi 8è rfjs p.èv Karà aè « Kaddp-
» aeats dyvoias» oiSéva iroiovvrai Xôyov, tG>v Se irov^pœv
iraaârv eavrovs KaOdpavres Kal 8ià rfjs èiripAvov Kal dvXov 5
npoaevxTJS -nâaav yvâjatv înrepavafïdvTes , rvyydvovai rfjs
deoirrias, are p.rj i^TjTrarqpévoi toîs roiorrrots Xoyoïs, P-f)o'
a<f>eip.evot tov nxpoaéyew èavroîs, p.r)8è irepuôvres Kal ottov-
SdÇovres avXXéyeiv to <f>poveîv Kal p,avOdvetv « e? ris ti iiray-
» ycAAcrai eîSevai », /caV UKvOrjs, kolv IJéparjs, kov Alywr- 10
rtoç $, 8ià rr\v « t^ç àyvoi'a? » Tavrqv « Kadapaiv », àAA' àxpifiœs
elooTes p.r)oap.œs irpos Oeoirrlav èp/irohltfivaav rf/v Toiavrrjv
dyvoiav ' et ydp, Kal <ôs av ye Xéyeis avrôs, rj tû>v èvroXûv
r^prjats pA3VT)v rqv rœv nadwv 7Tapé)(ei || Kadapaiv, iv 8è !| t. 172»
rij TÔiv evroXwv T-qprfaei, p-ôvr), Karà rfjv tov Oeov èirayye- 15
Xiav, tf tovtov Kal irapovala Kal pavr) Kal èp.<f>dveia reXeîrai,
dp' ov ffXdvr) aa<f>r)s rj ■npoaQj\Kr\ rfjs Karà aè KaOdpaews
Tavrrjs, fjv «dyvoias» Xéyeis « Kddapaw » / 'AXXà ttjv p,èv rfjs
dyvoias Tavri)s Kadapaw kov toîs nporépois Xôyoïs 8ià
■jToXXœv rfjs dXrjdovs yvœaeœs Kadaipeaiv ioel£ap,ev odaav. 20

12. Nvv S' èrraveXOeîv Se'ov els rà è<j>e^rjs aurai <carà


rîbv rjavxaÇévrœv ei.pr)fiéva. El yàp Kal avKO<f>avreîv avrovs
i£7)Xéy£ap.€V avrov Kal ofjXos yéyove Kad' éavrov dyœvi-
t,6p.€VOS Kal Ta ttjs ocKclas oiavolas dvaTpénoxv dva-nXda-
p.ara Kal ■npoaTraXalajv 7} /caTaTraÀat'cDV éavrov aùrdç, àAA' 25
èirel Karà rwv r^p-eripoiv oïerai ypd<f>ew, ?8a»/x.ev riva ravra
eaTi. IJpwTOV p.kv ovv r?jv airiav (frrjolv à<j>' ij? oipprrpnai
ol KaT7]yopovp.evot. <f>ô>ç aladrjTov oleadai ttjv ovaiav tov
Oeov rj rqv dit' avTijs d-nôppoiav ' <j>rjol toLvw « roiavd
» v7roXafïeîv ckcwovs KarcSovras <î>s al 7rAeîcrrai tû>v ev 30
» toîs Xoyiois fivaTiKÔJS yevop.éi>œv toîs àylois ôpdaeatv

CVSL
410 GRÉGOIRE PALAMAS

ment se produisaient et apparaissaient dans une lumière et par


une lumière ; et voici la preuve qu'ils interprètent l'essence de
Dieu comme une lumière : Ils affirment qu'il s'agit d'une vertu
de contemplation et que l'homme qui rencontre toujours de telles
lumières et se trouve en contact avec elles est un homme contemplatif.
Et pourquoi, ô le meilleur des hommes, si l'on affirme qu'un tel
homme est un contemplatif, considérerait-on l'essence de Dieu
comme une lumière de ce genre ? Personne, parmi nous, n'a jamais
défini un « contemplatif » par le fait qu'il a vu l'essence de Dieu !
Donc, si le contemplatif ne voit pas l'essence de Dieu et puisque,
selon toi, ces hommes appellent « contemplatif » celui qui voit
une certaine lumière, il est évident qu'ils ne considèrent pas
comme essence de Dieu une lumière du genre de celle que voient
ceux qu'ils nomment les « contemplatifs ». Comme il est facile
de réfuter le mal qui continuellement se réduit lui-même à néant,
comme s'il n'avait pour soi-même aucun ménagement, mais était
toujours livré à une lutte interne à force d'inconstance totale !
Ainsi, sans le vouloir, les vieillards séniles, qui étaient dans le
mal, ont démontré l'innocence de Suzanne, bien qu'ils aient été
trois, et il n'est pas étonnant qu'ils n'aient pas été d'accord,
puisqu'ils se montrèrent étrangers à la sagesse que Dieu avait
éveillé en Daniel, alors tout jeune garçon. Et ce dernier, qui
était seul et ne pouvait donc se référer à sa propre autorité,
combien il les a surpassés, mettant à jour leurs calomnies par
l'observation et des preuves écrites l !

Barlaam, disciple, 13. _ H a donc montré que la preuve,


puis ennemi, des mise en avant dès le début par lui contre
moines. . , , r
les hesychastes pour montrer qu'ils étaient
les plus impies des hommes, était en fait un témoignage de leur
orthodoxie ; c'est à lui-même pourtant qu'il voulut faire une
faveur et fournir une consolation verbale à son âme, gonflée
par le chagrin. Voici l'origine probable de sa grande peine et
le motif de sa démence contre ces hommes : ils n'ont pas jugé
bon de l'appeler «contemplatif», ni lui, ni personne d'autre
parmi ceux qui s'adonnent toute leur vie à l'éducation hellé-

1 Cfr Dan., XIII (mais les vieillards n'étaient que deux !).
TRIADE II, 3, 12-13 411

» re Kal aTTOKaXvifjçiov èv <f>iOTÎ re kclI 81À <parros èyiyvovrô


» T€ Kal è<f>alvovro » * OTjpeîov 8è tov Toiavrqv €K t&v tou>v-
tcov tt)v ovaiav tov Oeov VTToXafleîv ro « ÔeœprjTiKTjv àperrfv
» /cat deajprjTiKov avSpa toûtov rldecrOai avrovs, ôs toiov-
» tois àel <j>a>olv èvrvyyâvti Te Kal ouiAeî ». Kal tt&s, <5 5
/SéAtuttc, Ô TOV OeOjpTjTCKOV TOIOVTOV TI.6efJ.eVOS <f>&S TOIOV-
tov oierai Trjv ovaiav tov Oeov ; Ov yàp dewprjTiKov t&v
irap' i)p.îv àvSp&v (Lpioarô ttotc tis, Ss âv àparq ttjv ovaiav
TOV 0€OV. El TolvVV O deOJpTjTIKOS OV\ Ôpâ TTJV OVoiaV TOV
Oeov, BeœprjTtKov 8' €/ceîvoi Karà ak Xéyovai tov <f>&s olovSrj- 10
ttot€ fSovXei pXeTTovTa, SrjXoi yeyôvaai SoÇdÇovreç &s ovk
eariv t) ovaia tov Oeov <f>&s toiovtov, oîov ia^ypi^ovrax
tov QeœprjTiKov ov <f>aaiv ôpâv. Ovtojs eveÇéXeyKTOV t) #ca/a'a,
TToXvrpôiTUJS èavTTfV TTepiTpétrovaa Kal pyrjo' eavrrjs ojarrep
<f>€t8op.€V7] , àXXà KaO' êavTijs àel xatpovoa t& -navrâ-naaiv 15
vrtâpyew éavrfj àvaKoXovdoç. Ovtcj Kal Uojodvvav àd&ov
aKovres 01 èv KaKia yqpaXéoi êBei^av TTpeofivrepoi, Kanoi
rpeîs ornes oUtoi, Kal rrapà rfjs vtto 0eov èyrjyepp.évr)s ao<f>ias
tov Tore vatSaplov AavirjX x^pis eTacôévres eKaaros, ov
davpaarov el p.rj owe<f>wvT}oav àXXrjXois. 06tos 8c, o /x^S' 20
catrrtô èvl Ôvti €Trea6ai hvvdp.evos Kal Tavr èv OKeipei #ceu
8ià ypappdTotv Ta? avKO<pavrias TrpoTiOelç, Soov eKelvovs
irapeXrjXvdev.

13. Ov p.7jv àXX' el Kal to o~rjp.eîov S TrpovfidXXeTO Karà


t&v TjcrvxaÇévTOiV ttjv àpxrjv evdvs, d)S t&v iroj-noTe av- 25
BpwTTOJV KaKohoÇoTÔrovs eXéyÇwv, TeKpurjpiov ttjs ain&v
opdo8o£ias àva-né<$>f)vev , àXX iavTW xapioàp.ev6s cctti, xwpav
Sovç vtto tov Xôyov ! Siairvevaai to olhovv vn' àvlas ttjs 1 l- '7y
t[n>xys- Tovro yàp t)v, eu? eot/cev, o t^v o<f>o8pàv Xvtttjv ève-
■no'n)aev aù-râ» Kal ttjv Karà t&v àvhp&v tovto»> vrreKivrjoe 30
p,aviav cm p.T] dewp'qTLKov KaXelv ainov r)£lovv, pyqS àXXov

CVSL

17 yij/>aAcoi : yrjpaXaloi CVS || 24 npoùpdXcTO C.


412 GRÉGOIRE PALAMAS

nique et qui n'accordent pas un moment à la prière, à la


psalmodie, à la lutte contre les passions et à la pratique des
vertus. C'est cela qui l'a ainsi rendu fou. Il cache donc sa
passion au fond du cœur et se glisse avec des flatteries auprès
des plus simples \ comme autrefois le serpent le fit, dit-on,
auprès d'Eve ; quelques-uns lui enseignent tout d'abord certaines
traditions des Pères, mais il les corrompt ensuite, après les avoir
calomniées ; et comme il ne put les convaincre même eux, car
ils préféraient imiter Celui qui pour nous est devenu le Nouvel
Adam, plutôt que de se conformer à l'ancien, il s'élance d'abord
contre eux et, par eux, contre tous ceux qui ont embrassé l'hésy-
chie : il n'exclut de son accusation ni ceux qui nous ont précédés,
ni ceux que l'Église vénère comme saints ; c'est même à eux sur
tout qu'il en veut, parce qu'ils ont mis par écrit leur refus de con
sidérer des gens comme lui comme les meilleurs de tous. Et pour
que ses calomnies contre ces hommes soient suffisamment plausi
bles — ces hommes avec lesquels son premier contact a été celui
d'un élève et à cause desquels il s'attaqua aux autres —il produi
sit sous une forme écrite l'enseignement qu'il en avait reçu, avant
de le déchirer de ses propres mains, parce qu'il était faux, comme
il le disait alors. Il nous montra alors cet enseignement, à nous
aussi 2. Il n'y avait là aucune interprétation, ni aucune mention
de révélations prophétiques, pas un mot sur l'essence de Dieu :
il y avait seulement que l'on devient proche de Dieu non par une
copieuse science, mais en se purifiant des passions par la pratique
de la vertu, en s'attachant à Dieu par la prière continue et pure,
en acquérant ainsi la certitude et en goûtant aux biens à venir,
certitude qu'ils ont honorée des noms très divins, dans les limites
permises, comme des prémices mystiques. La perfidie dont
il fit preuve dans ce domaine ne lui suffisait donc pas ; il dé
clara, en effet, qu'ils prêchaient l'inutilité absolue non pas
des sciences, mais de la divine Écriture, qu'ils parlaient de
la connaissance des êtres comme d'une chose mauvaise, des
passions comme de démons devenus consubstantiels à l'àme 3 et

' Cfr supra, Tr. II, 1, i.


* Probablement lors des entrevues de Thessalonique, cfr Philothée, Enco-
mion (PG, CLI, 586 D-588 C) ; cfr Introd., p. XVIII-XIX.
* Doctrine propre aux bogomiles que Barlaam mentionne dans sa Lettre V, à
Ignace (édit. Schirô, p. 323).
TRIADE II, 3, 13 413

877 Tira tûv tt)v fièv éXXrjviK-qv 7raiSeiav Sià ($lov eK/xeXe-
rwvroiv, irpooevxfj 8è Kal ipaXp,w8la Kal ttj twv iradwv
°L7T0XV Ka* T7? TWV dpeTÎôv èpyaala axoXao-dvrwv p.rj8è irpos
fipaxv. Mavels toIvvv ovtw Kal Sià ravra, KpvrrTei uèv èv
pvxoîs Kap8las tÔ rrâdos, vvépxeTai Se tous aTrXovoTépovs 5
aaivœv, woirep ttote tov 6<f>iv <f>aal rr)v Evav, Kal p.av9dvei
uèv irpwTOV irap' èvlwv eoTiv as twv rxaTpiKwv irapaSôoewv,
8iaarpé<j>ei 8' èirevra KaKovpyrjoas ' ws 8' ovk elxe Kal av-
TOVS TTCldop.€VOVS, ÔAAà TOV 8l' Ijuâ? véoV ' A8àp. UÔAÀOV Tj
TOV TTaXaiOV p.ip,OVp.évOVS, KaT €KeivU)V TTpWTWV XwPeî *"" IO
81' aÙTcôv «aîà irdvrwv tû>v ttjv ijair^iav àaira£>op.évwv ,
ovoè tovs irpo r)p,wv d<f>iels alrlas, ov8è tovs vtto Trjs 'EkkXtj-
alas (î»s àylovs rrpeo^evop,évovs , dXXà Kal KaT aÙTtDv p.aXXov,
ôri Kal ypa<j>aîs é8wKav rà p,r) toîs KaT' avTOv p.apTvpovvra
tÔ irdvTwv dpiOTOV. "Iva 8è Kal ■nlarw iKavr)v al Karà twv 15
àvSptùv èKelvwv e^aïai Sia/îoÀai, oîs irp wtois wp.lXrjoev ws
p.a0T]Tiâ>v Kal 8t wv toîs aXXois lire.Qi.TO, yeypap,p,èva
vrreSeiKW , rrplv r) xePa^v oÏKelais ws ovk dÀrjBrj KœraKep-
fj.aTi.aat. Ta vit èKelvwv avTW oe.hihayp.4va, ai? Tare eXeyev.
"EoeiÇev oiïv totc Tairra Kal r)p.îv. THv ovv èv avToîs èpp,rj- 20

vcia tcôv Trpo(f>r)Ti.Kwv diroKaXvipewv rj p.vrjpvq ov8ep.la, Tre.pl


Te ovulas Qeov pijp,a ov8è èv, âÀÀ' ôVi oi>x o iroXvp.ad'qs
èariv 6 t<S 0ew WK€twp.évos, àXÀ' o Si' àperrjs K€Kadapp.évos
Ttôv iraOwv Kal Sià Trpooevxrjs CKTevovs Kal Kadapâs Toi 0ew
KoXXwp.evos Kal 8ià tovtwv Tvyxâvwv Trjs 7rXr)po<^oplas Kal 25
yevop.evos tcûv p.eXX6vTwv ayadwv, rjv ai? àppafiwva p,vaTi-
kov OetoTepoLS ovo/xaat Karà to iyxwpovv eTi'/xaiv. Ovk
rjpKeoev ovv avrw r) èv e/ceiVotç KaKovpyla' Kal yàp
àvrl TtSv p.a6rjpa.Twv ttjv Oelav rpa<f>r)v avTOS êXeyev elirelv
avTovs avovrjTov iravTaTraai Kat, ttjv yvwaiv twv ovtwv 30
Trovrjpàv Kal Ta ndOr/ 8alp.ovas ovvovoiwp.évovs tjj ipvxf)
Kal èrepà.TTa TOiaûVa ovk oXiya. '^4AA' ovk àiréxprjoe Taûra
tô» Kaivw tovtw KaTTjyopw' irpooédrjKe 8è <f>ev Kal to. Trepl
Trjs o volas tov Qeov. 'Enel 8è Kal tovto TrXâoaodai Karà

CVSL
414 GRÉGOIRE PALAMAS

avança de nombreuses autres calomnies de ce genre. Mais ce nou


vel accusateur ne s'en contenta pas : il ajouta, hélas, l'argument
de l'essence de Dieu. Une fois décidé à aller jusque-là dans ses
inventions dirigées contre ces hommes, il chercha à donner une
allure acceptable à cette grande et terrible fiction de la calomnie
et mit en avant les révélations prophétiques qui se produisent
par la lumière et les contradictions qui, à l'en croire, y sont liées ;
personne d'autre n'en avait parlé, avant cet homme qui est leur
ennemi ! Qu'il arrive ou non à maîtriser ces contradictions, en
se contredisant lui-même, cela nous est égal. Laissons-le se
trapper et se battre lui-même !

Comment il traite 14. — Mais après ce combat de calom-


la spiritualité mo- mes jj en entreprend un autre, en cher-
nas que. chant à montrer que seule la connaissance
des créatures est une lumière accessible à la contemplation
de l'esprit ; ceci étant montré, tout homme qui n'a pas étudié
la physiologie d'Aristote, la théologie de Platon et l'astronomie
de Ptolémée apparaît comme couvert de ténèbres et impur.
Pour cette raison, il s'en prend avec insolence à ceux qui
n'estiment pas que l'illumination provient des seuls concepts
et il les insulte avec de viles appellations ; voici textuelle
ment ce qu'il dit : Les gens qui parlent des inspirations disent
que Dieu montre intelligiblement aux saints deux lumières : l'une
est la lumière de la connaissance et l'autre est une lumière hypostasiée
qui apparaît surtout à ceux qui sont avancés dans la pratique des
inspirations. Voyons donc quels sont ces hommes qu'il veut
déprécier par ces appellations, comme s'ils étaient hétérodoxes ;
lorsque nous les aurons désignés, il sera également démontré
qu'il existe une lumière bien supérieure et bien plus divine que
la connaissance, une lumière révélée seulement à ceux qui voient
par l'Esprit, non seulement à ceux qui vivent encore, mais à
tous les saints depuis le commencement des siècles. Cet homme
ne s'en prend pas à tel ou tel parmi nous, mais accuse en bloc
tous ceux qui embrassent la sainte vie hésychaste 1 : nous le
voyons clairement parce qu'il a commencé par contrefaire et

1 Cfr Tr. II, 1, I, p. 226, note 2.


TRIADE II, 3, 13-14 415

toDv àvhpwv €K€ivwv iyvoj, SiaoKetpduevos irôQçv dv 0-^0177


tÔ timapâhcKTOV to p.éya tovto ko.1 8ewov irXdap.a rfjs
avKO<pavrias, ràç 8ià <pa»Tos 7Tpo<pr)TiKas TrporjveyKev diro-
KaXvifjeis Kal ràç ck tovto»v hrjdev dvridéaeis as ovSeis
iTOT eîirev dXXos, on p.rj ô Tairraiç || dvn.KeliJ.evos oSros ■ 5 M- '73»
EÏt ovv Kpareî Karà ravras, êavT(p ua^ouevoç, €?t' où,
Xôyos rjpûv ov8eis ' à<f>â>p.ev avTov vfi éavTov TrXrjTTép.ev6v
T€ Kal KOTTTÔp.€VOV .

14. 'AXXà ju.€Ta toi' €#c ovKO<pavTiœv dyû>va tovtov, Trpos


crepov 07708 ueTai, 8cî£ai OTT€v8œv ws <f>ws vâ> ôewprjTov r\ 1°
yvâxTis p.6vr) tcùv ktictuotoiv iariv, ïva, tovtov Sei^flêVroy,
ioKOTiap.évoç Kal dvayvos diro8ei.x0y} Trâç ô or) ttjv 'Apta-
totcXovs (pvoioXoylav Kal rr/v TlXâriovoç deoXoyiav Kal tt/v
TlToXep.aiov àoTpoXoylav eKp.eXeTijoas. Aià tovto Kal tovs
ut) tov Sià vorjuaTœv uôvov <pa)TL(Tp.6v irpeafievovras vfipion- 15
kôjs eireÇépxeTai Kal (pavXais ewaivu/xtais Siaavpei, <f>darKOiv
cm XéÇeœs ovTUiS ' « *AXX' ol irepl t<zç elo7rvoàs 8vo Xéyovow
» eivat Ta 8eiKvvp.eva viro tov 0eov toîs ooiois <f>ô>Ta vorj-
» Ttôs ' êv to Trjs yvwaews Kal erepov èvvnôoTaTov , ô 81a-
» <f>epôvTa>s toÎç TToppoj èXdovai TÛ>v eloTrvowv (paiveadai ». 20
"JSotUeV OVV TLVCS OVS Si' €TTUn>VIJ.lâ>V TOCOVTCÛV eK^avXl^et.
d)S €Tep6(f>povaç ' toutcuv yàp SeixôévTtuv, ovvairo8etxdTJae-
toi cûç /vai tt}s yvœoecos eoTi ti p.aKpû> KpeÎTTov Kal deoei-
héoTepov <f>û)s, prévois toÎs Sià toû IJvevp,aTos ôpœoLV diro-
KaXvTTTÔp.€VOV , OV TOLS €Tl TTCpiOVOl p.OVOV , àXXà Kal TOIS 2.5
e£ aiâivos airaaiv àylois. "On 8' ovtos Kal tô>v è<f>' T)p.û>v
ov tov Setva r) tov Scîi/a, irâvTas S' aTrXîos aiTiaTat tovs tov
upov Kal rjovxiov àcma£,op.évovs fiiov, 8elKvvoi Tpavws to
Trapâ8oaiv êyypacj>ov àiro tô>v naTépcuv els rjp.âs Kanovoav,
enaivovp.£vy\v tc Trapa tû>v ctt* àpeTjj irporjKovTwv Kal tô>v 30
irpilyqv c^ r)p,û)v yeyovoTOJV âiç lop.€v 6eîœv âv8pâ>v Kal to

CVSL
4l6 GRÉGOIRE PALAMAS

calomnier par de la sophistique une tradition écrite qui nous


vient des Pères, vantée, comme nous le savons, par les hommes
divins considérés pour leur vertu et qui nous ont quittés depuis
longtemps, une tradition dont l'expérience a montré qu'elle
était utile aux débutants, et parce qu'il a fini par en faire un
sobriquet x pour tous et y trouver un prétexte pour calomnier
tout le monde.

Témoignage de s. 15. — Et comme il est arrivé à la


Isaac. plupart des saints que nous vénérons
depuis les temps anciens d'apprendre par
expérience et de nous communiquer leur enseignement sur la
lumière de la grâce, nous avons, en notre qualité d'avocat des
commandements évangéliques, produit le témoignage de leurs
paroles qui supposent l'accord de leurs autres écrits que nous
n'avons pas produits : elles proclament, en effet, que tel est l'ensei
gnement des Écritures 2. De même ici, nous mettrons en avant
celles des paroles patristiques qui ont été écrites comme une
esquisse de toutes les autres, suivant l'affirmation de leur auteur.
Isaac, l'interprète fidèle et sûr dans ce domaine, dit ainsi que notre
âme possède deux yeux, comme les Pères le disent. As-tu entendu ?
Tous les Pères le disent ! Ils disent donc : Notre âme possède deux
yeux et la vue qui est propre à chacun d'eux n'est pas destinée
au même usage; avec l'un de ces yeux nous voyons les secrets de
la nature, c'est-à-dire la puissance de Dieu, sa sagesse et sa provi
dence à notre égard, accessibles grâce à la majesté avec laquelle il
nous gouverne; avec l'autre œil, nous contemplons la gloire de sa
sainte nature, lorsqu'il plaît à Dieu de nous introduire dans les
mystères spirituels 3. Puisque ce sont des yeux, ce qu'ils voient
est une lumière ; puisque chacun d'eux possède une vision desti
née à un usage particulier, une certaine dualité apparaît dans la
contemplation de cette lumière, car chaque œil voit une lumière
différente, invisible à l'autre œil. Le divin Isaac nous a expliqué

1 « Omphalopsyques > cfr Tr. II, 1, i.


* Voir notamment Pseudo-Denys, De eccles. hier., II (PG, III, 392 A), cité
supra, Tr. I, s, 23.
* Isaac de Ninive, Hom., 72 (Édit. N. Theotoki, p. 415; édit. Spetsibri,
p. 281).
TRIADE II, 3, 14-15 417

XvoireXès €irï rôJv (Xaayop.ivu>v Sià irelpas i-m8eiKVvp.ev7]v ,


8iaarpé(jjavrd re ko! 8iaf3aX6vra irpôrepov oofiiariKœs avrov,
ctr' dir* avrrjç 6vop.dt,€iv œnavraç Kai rov Xôyov iirl 8ia-
)8oAtj Koivfj Trpodyeiv.

15. 'Eirel Se Kai rdv €K iraXaiov 7rpoaKvvrjrojv r)p,îv àyîcov 5


TrXeloTotç itjeyévero Sià rrelpas p-adeîv tc Kai 8i8a£at vepi
rov <f>u>Tos rrjç ^apiroç, rjp.€Îs, â)<nr€p rats cvayyeXiKaîs
ovvrjyopovvreç ivroXaîç, e/cet'vaç mipi]ydyop,ev irpos p.aprvpiav
ràç p^crets al Kai ttjv 6p.oXoylav o~wviT€<f>œvow rœv p.1)
irapayop-évcov , a>ç Kai « Ta Aôyia ovrat 8i8aaK€i » Trpoo~r}p.ai- 10
vouerai ' rov avrov Kavravda rpôirov, €K€iva rœv irarpiKœv
irpoQr\aop.&> prjp,drwv <x Kai Karà tt)v ixjyqyqaw rœv aXXœv
irdvrœv yeypd<f>6ai. 6 ravra èÇayyéXXœv laxvpl^erai,. <py)oi
Toivvv yIaa6.K, ô ttlotoç rœv roiovrœv Kai àa<f>aXrjç i£r)yr)-

ttjs, Sri « 8vo o<f>0aXp.ovs KeKTrip.eda i/ai^i/couç, Kadœs 15


» Xéyovaiv oî irarépes ». "Hkovoo.ç Sri ol varépes rrdvres
rovro Xéyovoi, ; Aéyovai yovv on « Svo \\ t/a^i/covç exoH,€V M- *74r
» 6<f>9aXp.ovç /cai ovx 17 avrrj XP€La TVS $L cKarépov deœpias '
» iv ivl uèv yàp 6<f>daXp.â> Ta K€Kpvp.p.cva iv raïs <f>vo~€0~iv
» 6pœp.ev, -rjyovv rr)v 8vvap.1v rov 0eov Kai rrjv o~o<f>lav 20
» aùroû «ai ttjv 77-epi r/piâs irpôvoiav avrov rrjv KaraXafifia-
» vop,évr]v €K rrjs p.eyaXei6rï]ros rijç Kvfiepvrjoeœs avrov eîç
» Tjp.âs ' Kai iv rœ irepœ o<f>9aXp.œ 6eœpovp.ev rrp> 86£av
» ttjs <f>vaeœs avrov rrjs ayiaç, ôre eîç rà /Mvar-qpia rà nvev-
» p.ariKà €v8ok^o€i 6 @eos eladÇat rjp.âs ». TH uèv ovv 25

o<j>6aXp.oi, <f>â>ç ro vtt1 avrwv 6pœp.€vov, fj Se oï>x r) avr-f]


XPe^a TVS ai' eKarépov deajplaç, 8(.7tX6tj tiç <f>aiverat cv rfj
rov cfxvroç rovrov detvpîa ' ÎKarépcp yàp rœv o<f>daXp.ô>v
dXXo <^â»ç ôpârat, o Oarépto oî>x ôpârat. Tovrojv S' ô ri ttotc

CVSL
1 7 yovv ' ovv L.
418 GRÉGOIRE PALAMAS

la nature de chacune : l'une, dit-il, est la perception de la puissan


ce, de la sagesse et de la providence de Dieu et, en général, la con
naissance du Créateur provenant des créatures ; l'autre est une
contemplation, non pas de la nature divine, afin que les calom
niateurs ne trouvent point là un nouveau motif, mais de la gloire
de sa nature, que le Seigneur a donnée aux disciples et, par leur
intermédiaire, à tous ceux qui ont cru en lui et qui ont manifesté
leur foi par des œuvres ; cette gloire, il a voulu qu'ils la voient :
Je veux, dit-il en effet à son Père, qu'ils contemplent la gloire que tu
m'as donnée, car tu m'as aimé avant la fondation du monde'1 ; et
encore : Toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que
j'avais auprès de toi avant que le monde fût 2. Ainsi à la nature hu
maine il a donné la gloire de la Divinité, mais non de la nature ;
autre chose est donc la nature de Dieu et autre chose sa gloire,
bien qu'elles soient inséparables l'une de l'autre. Mais bien que la
gloire soit différente de la nature divine, elle ne peut être assimilée
aux choses soumises au temps, car, dans sa transcendance, « elle
n'est pas » s, car elle est possédée d'une manière indicible par
la nature divine. Ce n'est donc pas seulement au composé humain
uni à son Hypostase qu'il a donné cette gloire transcendante à
tous les êtres, mais aussi aux disciples : Père, dit-il en effet, je
leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un
comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, afin qu'ils
soient parfaits dans l'unité 4. Mais il voulut aussi qu'ils voient
cette gloire B. C'est donc là la gloire par laquelle nous sommes
possédés à l'intérieur de nous-mêmes et par laquelle à proprement
parler nous voyons Dieu.

Connaissance par 16. — Comment possédons-nous donc


les êtres et vision e^ voyons-nous cette gloire de la nature
ec e" divine ? Est-ce en examinant les raisons
des êtres et recherchant par elles la connaissance de la puis-

1 Jean, XVII, 24.


* Jean, XVII, 5.
* Comme Dieu, selon le Ps.-Denys, De mystica theologia, V (PG, III, 1048 A).
« Jean, XVII, 22-23.
* Ibid., 24.
TRIADE II, 3, I5-l6 419

ccttiv èicâTepov i£r)yrj<ja.To r/p-îv 6 deîoç ovros '/aaa/c, ro aev


KaTdÀrjiJjiv clncûv ttjç tov Oeov 8vvâpecoç Kal o~o<f>ias Kal
vpovoias Kai ÔttÀôis ttjv o/ito r&v KTiafidraiv vpoayi.vop.évrjv
yvœcriv tov ktÛjclvtoç aura, tÔ 8è deœplav ov Trjs deîas (pvaeœs,
p/rj iràAiv o~xp΀v à<f>op/j,r]v ou avKO(f>dvrai, àAAà « rfjs So£ijç 5
» Trjs (ftvcreios avrov », rjv Kal eàwicev o Kvptos Toîç p.aÔT]Taîs
Kal 81 aÙT<3v 7râai toÎç 7riaTeucraatv avTtp Kal Si ipyojv
ttjjv ituttiv èmSei^a/zévois, rjv *cat TjdeArjoev ôpâv avrovs '
« <9eAa» » yàp ^tjox. 7r/>ôs tov ïlarépa « "va deœpûxriv oStoi
» T17V So£av ttIjv e/i/rçv ^v 8é8ùJKas /xoi, 0V1 rjydTrrjaais p.e npo 1°
» KaTafioXrjs KÔap.ov » " *cal 7ràAiv ' « AôÇaoôv p.e ov, IlaTep,
» 7rapà aeavrâ) Tjj 86£r] $ cîxov ^P0 T°v tov Koop.ov eîvai
» 7rapà ctoi ». "Qore Kal ttj àvdpùJTTtvrj <f>vo€i ttjv oo£av
€ou>K€ Trjs OeÔTTjTos, tt)v <f>votv 8e, ov ' âXXo dpa <f>vais Oeov
ko! r) 86£a ravrrjs êrepov, ei Kal àxojpiord èoriv àAA^Awv ' 15
àAA' cl Kal rfjs Bêlas (pvaeœs êrepôv ion, toîç vtto ypôvov
ovoiv ovk âv eïrj ivaplOpuos, « ovk ovoa » Kaô' tmepoxrjv, avrij
8c rfj deiq <f>voei tov d<f>paoTov ivovoa rpôirov. Ov p.évroL
pôvoj râ> Kad' vnôoraoïv ijvto/ievoj èavrâ) <f>vpdp.aTt, ravr-qv
ê8wKe ttjv îmèp rà ovra irdvra 8ofav, àAAà Kal toîç p,adi]- 20
Tatç " « 'Eyu> » ydp <f>r)ot « rr)v 8o£av rjv eStu/càç p.01, Tldrep,
» 8e8a>Ka aÙToîç, "va œaiv êv Ka6ù>s rjpLeîs êv iapev ' iyœ
» cv aÙToîç Kal ai) iv ipol, tva cScti TCTeAeitw/ievoi etç êv ».
'AAAà Kat opâv aù-n^v avrovs J)9i\qaev. Avtj) dpa eaTiv 17
8o^a, 8t' ijç KTU)p.e9a iv iavroîs Kal ôpôjpev Kvptœs tov 25
©€OV.

16. /7cïjs otîv tt^v 8d^av Tavrrjv ttjs delà? <f>vo€a>s Krœue-
6d Te Kal âpwpev ; *Apa tovç Xôyovç twv Svtojv èÇerdÇovTes
Kal 81 aÙTcùv 6t]pœpevot tï]V yvœovv tiJ? toû ©eov 8vvd-
pieœs Kal aroé>îaç Kal Trpovolas ; 'j4AA' erepos 6<f)6aXu6s eari 3°
*/n>XVs ô TavO' opâjv, a> tÔ deîov <f>â>s, «r/ 86£a rrjç <f>voea>s
» avToû», /coTà to vtto tov àyiov II 'IaaaK /cat Ttùv àAAcov | t. 174»
iravrojv TraTcpojv avcoTepco etpr]p,évov, ov^ opaTai ' eTepov

CVSL
420 GREGOIRE PALAMAS

sance, de la sagesse et de la providence de Dieu ? Mais l'âme


a un autre œil qui voit tout cela et qui ne voit pas la lumière
divine, la gloire de sa nature, comme le dit plus haut saint
Isaac 1 et tous les autres Pères. Cette lumière est donc
différente de la lumière qui est synonyme de connaissance.
Tout homme qui possède la connaissance des êtres ou qui voit
à travers elle n'est donc pas une demeure de Dieu, mais il possèue
cette connaissance même des êtres, en recherchant Dieu à partir
d'elle, comme par analogie. Quant à celui qui mystérieusement
possède cette lumière et qui la voit, il connaît Dieu et le possède
en lui-même, non plus par analogie, mais dans une contemplation
véritable et transcendante à toutes les créatures, car il ne se
sépare jamais de la gloire éternelle. Mais ne nous révoltons pas,
incrédules, devant la surabondance de ces bienfaits ; ayons foi
en Celui qui a communié à notre nature et l'a gratifiée de la gloire
de sa nature à lui, et recherchons comment on l'acquiert et on
la voit. Comment ? Par la garde des divins commandements :
car le Seigneur a promis sa propre apparition à celui qui les garde
ra, apparition qu'immédiatement après il appela sa demeure à
lui et demeure du Père en disant : Si quelqu'un m'aime, il gardera
ma parole, et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui et nous
ferons notre demeure chez lui 2 et Je me manifesterai à lui s. Et il
est évident qu'en mentionnant sa parole, il veut parler de ses com
mandements, puisqu'il les mentionne plus haut au lieu de la
« parole » dont il parle maintenant : Celui qui a mes commande
ments et qui les garde, voilà celui qui m'aime *.

Connaissance et 17- — Nous avons donc là aussi une


déification. preuve, qui concerne surtout les paroles
du philosophe et ses doctrines, que cette
contemplation de Dieu n'est pas une connaissance, même si
son plus grand désir était que le contraire soit vrai. Mais il faut
savoir que nous aussi, si nous refusons d'appeler cette contem
plation « connaissance », c'est du fait de sa transcendance, comme
nous disons aussi que Dieu n'est pas, car nous avons cru en lui

1 Cfr § préc.
2 Jean, XIV, 23.
3 Ibid., 21.
* Ibid.
TRIADE II, 3, IÔ-I7 421

âpa rovri kari to <f>cos rrapà to <f>ios S rrjs yvtooeœs iTrcôw-


pôv itmv. Ovkovv ov iras 6 ttjv tlov ôvrcov yvôjotv e^cuv t}
hi avrijs ôptov evoiKov l^ei tov Geôv, âÀÀ' avrfjv ttjv yvwoiv
tcov KTiafj.âra}v , i£ avrfjs côs €ç cikotos oToxa£6p,€vos 0e6v.
'0 Se TO <f>LOS €K€ÎVO €%U)V aTTOpp^TOtS Kai Ôpâ)V OVK€T €K 5
tov etKoros, àXX' âXrjdeî kcii twv KTiap,drœv irdvrojv virep-
avib'pvp.évr) 04a, yivtooKei tc Kai iv èavrcp e^ei tov 0e6v ■
ov yàp \(jiplt,eTa.i ttotz rrjs àïSlov 86£r)S- '^4AAà p,r) 8tà to
îmepfidXXov rrjs evepyeolas àirecO-qo-avres àtf>r]vidoLop.ev , ttio-
T€voavT€s Se tô> p,€Ta\a.fi6vTi rrjs <f>vo€<os ij/xcDv /cal jneTa- 10
86vri rrjs hôtjrjs rrjs (pvcretos avrov ÇrjTrjocop.ev irœs /crârat
Tts tovto kcii ôpâ. Iltôs ovv ; Trj tcov Oeicov ivroXcôv rrjprjoet "
tû> yàp rqpovvri ravras rr)v éavrov 4p.cbdvei.av 4irr}yyelXaTO
6 Kvpios, rjv €<f>€^ijs irpoïcov Kai « p.ovr\v éavrov Kai tov
» JlaTpos » cbv6p.aoev eltrcôv « ,Edv tiç âyairâ p,e, tov Xôyov 15
» p.ov rr\pr]0~ei Kai 6 ITarqp p.ov àyairf\oei airrôv Kai 4Xev-
» oôp.eôa irpos avrov Kai p.ovr)v irap aiiTco irovr)aop.ev »,
Kai « 4p.cbaviaco avrcp 4p.avr6v ». "Oti p.èv ovv « Xôyov avrov »
Tas ivToXàs avrov Xéyet SijXov, 4-nei Kai àvcoT4pco dvri tov
vùv elprip.évov « Xôyov » réOeiKev avrds ' «'0 ê^œv » ydp 20
cj>r)CTi « Taç ivToXds p.ov Kai rqpcov aura?, 4kcîvÔs 4<jtiv o
» àyaircov pe ».

17. "Qot€ Kai àiro toutou Sei/cvuTat, Kai p,dXt,OTa


Karà tovs tov <f)i\oo6<f>ov Xôyovs Kai rà Kar' ckcIvov
SoyjuaTa, p.r)8ap,û>s ovoa yvôjais r] décupla avrrj tov @eov, 25
kolv €K€Îvos travTa p,ôXXov fj tovto f$ovXr)Tai. A et Se Kai
■r)p.âs 6t8evai Tavrrjv ovk clvai yvtôcriv Xéyovras rr)v detoplav
Ka9' virepoyriv , côs Kai tov 0e6v p,rj ôvra ' Kai yàp virkp T«i
ovTa TTemoT€VKap.ev avrôv. *AXXà ttcûs Kai prj fiovXop,évov

CVSL

26 CKCÎVOS '. €K€ÎVO L.


422 GRÉGOIRE PALAMAS

comme à une réalité dépassant les êtres. Mais comment peut-on


montrer, contre la volonté même du philosophe et d'après ses
propres paroles, que cette divine lumière est différente de la con
naissance ? L'observance des commandements, dit-il, ne peut débar
rasser l'âme des ténèbres de l'ignorance, mais l'étude et le soin persé
vérant qu'on y apporte 1. Mais ce qui ne débarrasse même pas de
l'ignorance ne peut donner la connaissance ! Par conséquent, ce
qui d'après lui ne donne pas la connaissance conduit, suivant les
paroles du Seigneur, à cette contemplation. Cette contemplation
n'est donc pas une connaissance : non seulement il ne faut pas
la considérer comme telle et en parler comme d'une connaissance,
mais elle n'est même pas connaissable, à moins d'employer ces
termes d'une façon impropre et équivoque ; ou plutôt, si on leur
donne un sens propre, ces termes acquièrent une valeur transcen
dante ; non seulement il ne faut donc pas la considérer comme une
connaissance, mais il faut la croire avant tout supérieure à toute
connaissance et à toute contemplation qui dépendrait de la con
naissance, puisque rien ne surpasse la demeure et l'apparition de
Dieu en nous, rien ne l'égale, rien ne s'en rapproche. Mais nous
savons aussi que l'accomplissement des commandements de Dieu
donne une connaissance et une connaissance vraie, car ce n'est
que par lui que l'âme acquiert la santé. Comment serait-il question
de santé pour l'âme raisonnable, lorsqu'elle est malade dans sa fa
culté de connaissance ? Nous pensons donc que les commande
ments de Dieu donnent aussi la connaissance, non pas la connais
sance seule, mais aussi la déification ; nous la possédons d'une
manière parfaite et, dans l'Esprit, nous voyons en nous-mêmes la
gloire de Dieu, lorsqu'il plaît à Dieu de nous amener aux mystères
spirituels, selon ce saint cité plus haut 2.

Témoignage du 18. — Puisque ce saint avait mis en


Coryphée des apô- avant les pères qui parlent ainsi, noUs
aussi, en laissant de côté tous ceux qui
vécurent après lui, voyons ce que certains qui vécurent avant
lui disent de la gloire de Dieu, visible mystérieusement et
secrètement aux seuls initiés ; voyons tout d'abord les témoins

1 Cfr supra, Tr. II, 1, 34, 37.


* Isaac de Ninive, cfr supra, § 15.
TRIADE II, 3, 17-18 423

toû <f>iXooô<f>ov àiro tÛ)v cKeîvov Xoyojv SeûcvuTcu tÔ Beîov


tovto <f>û>ç ërepov irapà ttjv yvwoiv ; « Ttjv rœv ivToXœv ttjotj-
» ctiv» CKeîvos «ovixfyrjai «ovvaoOai ro okotoç ttjs ayvoias cwre-
» AatWtv ttjs *ln>X7}s' ôAAà ttjv p,â6r)o~tv Kal ttjv kot' aùrrjv
iirîfiovov fieXéi-qv » ' rô Se p.r) àTreAaûvov ttjv âyvoiav yveDoiv 5
ovttot àv Suvcuto irapéx^iv . To toLwv kot' ckcÎvov /xtj 77a-
pé)(ov yvœoiv, ttjv dewptav touttjv xooTjycî, /ca/rà toû? toû
Kvpiov Xôyovs ' ovk âpa yvâjols eoriv r) Beœpia avrrj, p.r)
Ôti 8c yvcôcnv r/yelcrdal re Kal Xéyeiv ravr-qv ov XP€C^V>
aXX' ov8è yvtoarrjv, et /atj âpa Kara^prjcmKœs xai op.a>vvp,œs, lo
tj Kvpîcoç /lâAÀov, àAA' VTTe£r)prip,€VU}s, p.r) ôVi oZv yvcDcriv
Tavrrjv oi>\ r)yeîaOat. XPV> àAAà Kai irdarjs yvwaecjs Kal
ttjs Karà yvœoiv Oecopias 8ia<f>€p6vTOJS vneprepav, enrep rrjs
tov Oeov p.ovrjç èv r)p.îv Kal \\ èp.<f>avelas vtfrrjXoTepov oùSév, 1 f. t7sr
ouô «tov, ouo cyyuç. n/xeis de *ccu yva>aea>s *cai aATjtfouç 15
yvuMTcœs to/tev Trapc/cTiKTjv oJJoav ttjv tc3v ivroXwv tov Oeov
èKirXtfpwow ' 8ia yap Tavrrjç ^iovtjj vyLeia tj} tfivxjj irpoayi-
vercu. Tis 8' âv e?Tj ipvxqs XoytKrjs vyleia, to yvwoTi.Kov
voooiîoTjs'; FlapeKTiKas p.èv ovv èmorâ/xeéta Ta? toû (9eoû
cvToAàç »cai yvaJocajç, àAA' °ùx' yvdxrewç p.6vr)s, àAAà fcaî .:<•
deœaeojs ' ravr-qs 8è Tvyyavop.ev TeXeîœs Krrjo<xp.evoi Kai
îSovres €V éauToîç ttjv Sd£av toû @eoû cv Iïv(.vp.am, ônrjvtKO.
€i58o/ctjct« ô @eôç etç Ta irvevp.ari.Ka p.varf\pia Trpoayayeîv
Tj/iâs, KaT<i tov irpo€(.prjp.évov tovtov âyiov.

18. 'Eirel 8è tous narépas oStos TrpovfidXeTo tovto Xé- ^s


yovTaç, Kal Tj/xeîs, towç /act' aÙTÔv â7Tavraç à<f>éi>T€Ç, èvlovs
ï&cofiev tcDv rrpo avrov Tiva Xéyovoi Sd^av ôeow toÎç p.vorais
fjiôvois p.vaTiKÛ)S Kai airopprjTwç ôpojp.évr)v, Kal irpo tôjv
aAAa>v toÙç aÙTOTrTaç /cai aTroardAoï'S' toû p.6vov Oeov FJaTpoç

CVSL

18 ^ujffjr XoyiK-ijs '■ XoyiKrjs i/'fXVS ^'S |{ -5 irpoifiâXAiTo L.


424 GRÉGOIRE PALAMAS

oculaires et les apôtres de notre unique Dieu et Père Jésus-


Christ 1, duquel tire son nom toute paternité dans la plénitude
de la sainte Église z ; et avant les apôtres, voyons leur cory
phée, Pierre, qui dit : Ce n'est pas en suivant des fables habile
ment conçues que nous vous avons fait connaître la puissance et
l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c'est parce que
nous sommes devenus témoins oculaires de sa majesté 3. Qu'un
autre apôtre vienne donc nous dire quelle est cette gloire du Sei
gneur Jésus-Christ dont il fut témoin oculaire : S'étant tenu
éveillés, dit-il en effet, Pierre et ses compagnons virent la gloire
du Christ *. Quelle gloire ? Qu'un autre évangéliste vienne, lui
aussi, apporter son témoignage : Son visage, dit-il, resplendit
comme le soleil et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière 5,
et il leur montra qu'il était lui-même, suivant les paroles du
Psalmiste, le Dieu qui s'enveloppe de lumière comme d'un manteau •.
C'est pourquoi, Pierre, après avoir dit qu'il avait été témoin ocu
laire de la gloire du Christ sur la sainte montagne 7, témoin de la
lumière qui illumine, chose étrange, les oreilles elles-mêmes,
car ils y contemplèrent aussi une nuée lumineuse d'où retentis
saient des paroles, après avoir vu cette gloire du Christ, Pierre
dit : Nous tenons d'autant plus certaine la parole prophétique 8.
Quelle est cette parole prophétique que vous avez apprise en
contemplant la lumière et que vous tenez comme d'autant plus
certaine, ô contemplateurs de Dieu ? Quelle serait-elle, sinon que
Dieu se revêt de lumière comme d'un manteau? Vous faites bien,

1 L'idée de < paternité > est appliquée au Christ par plusieurs auteurs de l'anti
quité chrétienne pour illustrer sa fonction sotériologique de « Nouvel Adam ».
Le texte scripturaire le plus souvent invoqué, est Isaïe, VIII, 6 (cfr aussi Jean,
II, 29). L'idée se retrouve dans l'épître A Diognète (éd. H.-I. Marrou, Coll.
Sources chrétiennes, 33, Paris, 1951, p. 192) et dans plusieurs passages du Ps.-
Macaire. Chez le Pseudo-Denys, la notion de paternité s'applique à la Trinité,
et non plus au seul Père (De div. nomin., I, 4 ; PG, III, 592 A).
■Cfr Éplics., III, 15. Palamas veut dire ici que les représentants de lahiérar-
chie de l'Église sont « pères » parce qu'ils sont des images du Christ.
* II Pierrk, I, 16.
« Luc, IX, 32.
* Matth., XVII, 2.
* Ps., CIII (CIV), 2.
' II Pierre, I, 18.
« Ibid., 19.
TRIADE II, 3, l8 425

■qp.iôv lrjcrov XptOTov, « Si' 0$ irâLoa irarpià » èv t<3 ttjs


Upâs 'EKKX-rjoîas « oVoua£eTai » TrXrjpojp.aTi , Kal npo tcùv
diroorôXatv avdiç tov Kopv<f>aîov ixelvcov Tïirpov, ô$ <f>r)oiv
« Où aeoo<f>Lop.évoLS p,v8oiç è£aKoXov8fjoavT€s èyvwploapev
% vp/iv tï]v tov Kvpiov r/p-cùv 'Ir/oov Xpiorov Bvvap.iv Kal 5
» irapovaiav, dXX k-nôirrat. yevrjdèvres ttjs èxelvov p,eya-
» Xciottjtos ». Tiva Tolvvv B6£av oiros ènariTTevoe tov
Kvpiov 'Ir/oov XptOTov, erepoç dirôoToXoç Trap'iTUi Seifaiv '
« ûiayp-qyopfjoavTes » ydp <f>r\OLV « o IJérpoç Kal ol ovv avrœ,
» €Î8ov ttjv B6£av tov XpioTOV». Tloiav 86£av ; "Erepos IO
avdis TrapeXOeTO) tû>v evayyeXioriùv avp.p,apTvprjoœv ' « "EX-
» Xaptpé » (fyqai « tÔ Tïpôaumov avTov œs o i^Àio? /cal Ta lp.d-
» rta aùroû èyévovTo Xevxà â»ç tÔ ^cà? » ' Kal eBeiÇev aùroîç
on avToç 6ctti, Karà to tffaXpiKov, « ô to ^cù? cô? ip.aTiov
» àvajSaAAo/nevoç » @edç. Jiô /cal o IJeTpos p-€Ta to el-nelv 15
OTl iird)7TT€VCT€ TYjV 8d£aV TOÛ XpLOTOV « 6V T<3 0/3€l Ttt>
» ayiaj », to i/itôç tÔ /cat Ta? à/coaç, et /cat davp.aoTov elirelv,
■nepiavyatflv , kox ve^éX^v yàp <f><uTeLvrjV Xoyovç èvrf^ovoav
idedoavTO e/ceî, perà to IBeîv to'wvv Tavrqv ttjv B6£av toû
XpiOTod, Kal « €)(op,év » <f>Tjai « /?ej8aiôVepov tov Trpo<f>rjTi- -io
» /cov Àoyov ». IJoîov 7rpo<j>rjTiKov Xôyov fiefiaiÔTepov àrro
rrjç déaç tov <j>œTos *X€T€ p-adôvreç, to Beô-mai ,' IJoîov
€Tepov T) otl o @eôç « aiç îp.&Tiov to (f>ô>ç àvajSaAAeTai » ,'
« Tovto) Se » (f>7]aL « /caÀâ)? t<3 Adya> tô> Trpo<f>rjTiKw TroieÎTe
» vpooexovTeç , âiç Aù^vo) <f>alvovTL èv aiî^/xrjpâ) totto), ecas -ï
» oi? rjp.épa Siavydoei ». IJola r/fiépa ; IJâvTios rj Siavyaoaaa
èv 0af3ajpla>. « /fai <f>a>a<f>6pos dvaTeXeî ». IJoîos (f)wa(f>6pos ,'
IJdvroJS ô KaraXdpipas avrov ckcî ovv 'IaKœfioj Kal Icvdvvrj.
"Ecos dv dvaTetXrj o (f>coo<f>6pos ovros, nov ,' « Ev Taîç Kap-
» Biais vp,û>v ». 'Opâs otl tÔ <f>â)s O tovto ev Talc KapBîais 3° || f. 1752
dprluis <f>alv€i tÔ)v ttlotcùv Kal TeXcLuiv ; 'Opâç 8' ocrov vrrep-
c'x^l rov <f>a>Tos rijç yvwo€ojs ; Oi>xl TTJÇ djTO Tcùv iXXrjvi-
kcùv fj.a07]pdTœv, eKelvr) yàp oi>8è ttJç (/>o»tÔ? eVcu^y/itaç

CVSL

24 koXws post T7po(f>-qriHw add. S.


426 GRÉGOIRE PALAMAS

dit-il, de prêter attention à cette parole prophétique, comme à une


lampe qui brille dans un lieu obscur jusqu'à ce que le jour vienne
à paraître l. Quel jour ? Certainement celui qui est apparu au
Thabor. Et que l'astre du matin se lève 2. Quel astre ? Certainement
celui qui l'a illuminé là-bas, ainsi que Jacques et Jean. Jusqu'à
ce que cet astre se lève, où ? Dans vos cœurs 3. Vois-tu que cette
lumière brille dès maintenant dans le cœur des fidèles et des
parfaits ? Vois-tu combien elle est supérieure à la lumière de la
connaissance ? Il ne s'agit pas de celle qui vient des études
helléniques, car celle-là n'est même pas digne d'être appelée
lumière, n'étant que mensonge ou se confondant avec le mensonge
et approchant plutôt des ténèbres que de la lumière, il ne s'agit
donc pas d'elle ; la lumière de cette contemplation diffère telle
ment de la connaissance même qui provient des divines Écritures,
que la lumière de cette dernière se trouve comparée à une lampe
qui brille dans un lieu obscur, alors que la lumière de cette con
templation mystique est assimilée à l'astre du matin qui brille
en plein jour, c'est-à-dire au soleil.

L'image du soleil. 19. — Mais comment, demande-t-il, s'il


s'agit d'une lumière divine, peut-on la
comparer à un soleil sensible? Toi, le plus grand des contemplatifs,
tu ignores cela et tu ne peux accepter comme un exemple, et non
comme une comparaison, que Dieu resplendit comme le soleil
ou plus que le soleil ? Pourtant, si un second astre égal apparais
sait durant le jour, la lumière du jour serait double et chacun
des deux soleils, source d'une si grande lumière, apparaîtrait
comme moins brillant. Par conséquent, l'astre qui alors brille
rait comme le soleil, en brillant plus que le soleil, ne brillerait
pas comme le soleil, mais d'une manière supérieure à celle du
soleil. Ainsi, lorsqu'on a recours à une similitude, on n'affirme
pas l'égalité, et lorsque l'on compare des exemples, la similitude
ne suppose pas l'identité de valeur. Mais j'ai déjà montré, avec
autant de force que j'ai pu, dans mon traité Sur l'illumination

1 II Pierre, I, ty.
• Ibid.
« Ibid.
TRIADE II, 3, 18-19 4*7

àtjîa, ifievSrjs oSaa irâoa fj râ> ifievSet avp,iiiyrjs, ko! ok6t€i


fiâÀXov r/ <f><DTl irapanX-rfuia, ov Tavrqs ovv, àXXà kox rrjs
«1770 toov deiœv rpa<f>â>v yvcùaews tooovto oievqvoxe to
<f>cos rfjs décuplas Tavrrjs, cbs to p.kv /car' e/cct'mjv <f>cos
« Xvxyw » TrapeiKaÇeodai « <f>alvovr(. iv rôirta av\fxripcp », 5
tÔ 8è Kœrà tt)v /iuotikt)v Tavrqv deœplav <f>ô>s, iv ypépQ
XdfllTOVTl <f>COO<p6piO, OS ioTIV 6 TjXlOS.

19. « 'AXXà ttcos » (ftTjai « TT(ipafï\r)Tov ■qXico aloOrjTÔ»,


» ci BeÏKov ion. tovtI to <f>â)s ,' » Si) 6 OeœprjTLKWTaTos à-nàv-
tcov tovto àyvoeîs Kal ovk €X€LS 7rapao~ei.yp,aTt.Kœs iicXap,- 10
jSâVeiv, àAA' ov ovyKpiTiKoos, to tov 0e6v Xâfiireiv ws tov
rjXiov t) virèp tov tjXlov ; KclItoi Kal <f>avtvros Kal oevrépov
to ïoov €xovtos <f>ojo~Trjpos iv 7}p,epa, hnrXâaiov TavTr/s yevq-
oerai to (fxLs Kal toiv tjXÎoiv eKaTepos iv tooovtw (f>atv6-
p.evos <J>wtI àXap.TréoT€pos <f>aveÎTai. 'O toLvvv ws tjXios 15
rôYe XapuTcuv tov îjXiov virepXâp/nwv , oi>x ojs ô -qXios Xdp.TT€l,
àXX' virèp tov rjXiov ' ovrw, Kal 6p.otwp.aTtKWS Xeyopievos ,
ov8ep.lav ix€l T71v lOOTTjTa, Kal 7rapa8eiyp,aTiKws ovyKpi-
vàp.€VOS, oùSe/xiav é^ei âp.oi6rr]Ta ôp,ÔTip.ov. 'y4AA' on p.ev
ovk aloOrjTov KVpioJS, ov8è vorp-ôv, to <f>avèv <f>ws iv OafiwpLw 20
toîs toov p.adr)TÔ>v tov KvpLov àiroXiKTOis, iv tô> IJepl

CVSL
3 ToaovTO : tooovtov V J 1 2 kcù post Kcûtoi om. VS.
428 GRÉGOIRE PAL AMAS

divine et le bonheur sacré 1, que la lumière apparue au Thabor aux


disciples choisis n'est, à proprement parler, ni sensible, ni intelli
gible.

La lumière divine 20. — Mais les ennemis d'une telle


n'est pas un sym- illumination et d'une telle lumière disent
aussi que toutes les lumières que Dieu a
manifestées aux saints ne sont que des apparitions symbo
liques, des allusions à des réalités immatérielles et intelligibles,
des fruits de l'imagination, manifestés à cause de leur conve
nance dans des situations fortuites ; ils disent faussement que
saint Denys l'Aréopagite est en accord avec eux ; ce dernier dit
pourtant avec clarté que la lumière qui a illuminé les disciples lors
de la très divine Transfiguration nous éblouira continuellement
et sans fin de ses très radieux éclats, dans le siècle à venir,
lorsque nous serons toujours avec le Seigneur, suivant sa promesse *.
Comment donc cette lumière, très éclatante et très divine, qui est
éternelle, qui possède l'être par excellence, l'être immuable,
aurait-elle quelque chose de commun avec tous les symboles et
les allusions, qui viennent à l'existence pour la quitter aussitôt,
qui tantôt existent, tantôt n'existent pas, ou plutôt qui apparais
sent parfois, sans posséder presque jamais une véritable existence?
Dirons-nous que le soleil, plus éclatant que toutes les autres
choses sensibles, qui tire son origine d'un changement, qui est
soumis à de nombreux changements annuels, devant lequel de
nombreux corps s'interposent, qui tantôt cesse d'éclairer, tantôt
se cache, qui se soumet parfois aux ordres des saints et change, à
ces mêmes ordres, la direction de son mouvement, revient en
arrière et s'arrête 3, dirons-nous que ce soleil et la lumière qui
en est issue possèdent un être et une existence propre, tandis
que la lumière qui n'admet ni mouvement, ni ombre de change
ment, qui est l'éclat de la chair déifiée, la chair qui enrichit et
qui communique la gloire de la Divinité, cette lumière-là, la

1 Le troisième de la Première Triade.


*De div. nomin., I, 4 (PG, III, 592 BC) ; cfr / Thess., IV. 17.
• Dans sa seconde lettre à Barlaam (Coisl. 100, fol. io2v-io3), Palamas emploie
le même exemple dans un contexte différent, en se référant à des exemples précis
tirés de l'Ancien Testament (Josué, X, 12-13 ; IV (H) Rois- xx. ")•
TRIADE II, 3, ig-20 429

<f>WTiofiov Oelov Kal lepâs ev8aip,ovlas X6yu> kclt* ip.rjv


8vvap.1v Ikclvws irpoairoBéBeiKTai.

20. &acrl 8' ol Karà tov toiovtov <f>ojTiop.ov Kal <f>urros


ayiovi.odp.evoi. Kal ovp.f$oXiKà eïvai <f>do~p.aTa navra rà irapà
0€ov oeixOévra toîs âyiois <f>â>Ta, Kal àvXœv 877 riva>v ko! 5
votjtûv alvly[tara TrpaypdTOiv , Kai oiKovop.iKÛ>s Kai <f>avrao-
tikwç BetKvvfxeva vpos ras ovppatvovoas ncpiardaeis ,
Kai tov ' Apeoirayirov àyiov xaratpe vSovrai Aïowoiov <I>s
ovp<f>6eyyopévov tovtois, Kairoi oa<f>â>s oStos to èv rf}
detordry p,€Tapop<f>u)(7€i tovs p,a8r]Tàs irepiaoTpdif/av <f>œs 1°
« <f>avoTdrais pappapvyaîs » èirl tov u.éXXovros aiwvos
irepiavydÇeiv <f>7]olv rjp.âs dSiaXeiTTTWS Kal àTtXevnJTOts ,
« TtdvroTf. ovv Kvpîw » Karà ttjv èvayyeXiav ornas. Tœv
ovv ovpfîôXœv T€ Kal alviyp.dTatv irdvrwv, twv irpos tcLç
ovp^aivovoas irepioTaoeiç 8iarrXaTTopèv(uv , yivopévwv tc 15
Kai aTioyivopiviov , Kal vvv p.èv ovtojv, vvv 8' ovk ôvrœv,
p.âXXov Se <f>aivop.évœv p.év irore, Kvpîœç 8è ôvrœv cr^eSôv
ovhéiroTe, to aei ov Kai Kvpîœs Sv Kal àvaXXoiœTœs ov
(ftavôraTov tovto Kai. OeioTarov || <f>œs ttôjs ovk à<f>eip.évov | f. ij6r
«forai/ *H tov p.èv èv aladr/Toîç <f>avoTaTov àndvrœv rjXiov, 20
ck Tponrjs rjpypévov Kal noWaîs èrqolois xmoKeip.€vov Tponaîç
Kal ttoXXoîç oœpaaiv dvTi<f>paTT6p.cvov, Kal vvv p.èv e/cÀci-
irovra, vvv 8è Kpv7TTÔp.€vov , ëoTi 8' are Kal àyîœv èrriTay-
/zacriv VTTOTaTTOfievov, Kavrevdev Kal Kivrjoeœs àvaKoirrô-
fievov, àvaTTohit,ovTd Te Kal ioTdp,evov, tovtov p.èv Kal to 25
àVô tovtov <f>â>s 5v epovfj.ev Kal èv tmooTdoei, to 8è <f>œç
€K€Îvo vap' œ ovk ecrri TrapaXXayq 77 TpoTrrjs dirooKiaofia,
to diravyaopa ttjs opoOéov oapKos, oapKOS ttjs ttXovtovot)s
Kal 8i8ovotjs ttjv 86Çav ttjs BeôrqTOS, tovto toLvvv to <f>œs,
ttjv koXXovt)v tov péXXovros Kal pévovros alûivos , avp.($oXov 30

CVSL
g au/A$€yyo/ieVou C.
430 GRÉGOIRE PALAMAS

beauté du siècle futur et éternel, n'est qu'un symbole, dirons-nous,


une illusion, un être sans existence propre ? Nous ne le dirons
pas, aussi longtemps que nous aimerons cette lumière.

Témoignages pa- 21. — Cette lumière, en effet, Grégoire


tristiques. le Théologien, Jean à la langue d'or et
Basile le Grand l'appellent clairement
Divinité. La Divinité apparue sur la montagne aux disciples,
dit le premier, était une lumière 1. Et le second : Le Seigneur appa
rut plus éclatant, lorsque la Divinité manifesta ses rayons. Et le
troisième : Cette puissance rayonnante apparut aux purs de cœur
dans le Corps adoré, comme dans un flambeau de verre. Ainsi cette
gloire n'appartenait-elle pas simplement au corps, mais elle
appartenait à la nature divine qui, unie en la personne de l'une
des saintes hypostases qui sont en elle à ce Corps adoré, mit en
lui toute sa propre gloire et son éclat qui convient à Dieu seul.
Voilà pourquoi le grand Macaire l'appela lui aussi gloire de
l'Esprit 2. Comment donc la Divinité, l'éclat et la gloire de cette
Suressentialité, existerait-elle tantôt, et tantôt n'existerait pas,
comment posséderait-elle l'existence pour la quitter, comment
apparaîtrait-elle pour disparaître, comment ne se cacherait-elle
pas seulement aux indignes, mais irait au non être, comme les
illusions, les symboles du même genre, les énigmes et tous les
noms que ces impudents lui appliquent ? Ils ont même mis en
avant les preuves qui les confondent, comme témoignages
favorables : Denys le divin et Maxime ; ils ne voient pas que
Maxime, le sage dans les choses divines, n'a appelé la lumière
de la Transfiguration du Seigneur symbole de théologie 3 que par
analogie et dans un sens spirituel.

S. Maxime. 22. — En effet, dans une théologie


analogique et destinée à nous élever, des
objets ayant une existence propre deviennent eux-aussi, en fait
et en paroles, des symboles par homonymie : c'est en ce sens

» S. Grégoire de Nazianze, Hom., XL, 6 (PG, XXXVI, 365 A).


• Voir par exemple Macaire-Syméon, De charitate, 21 (PG, XXXIV, 925 C).
»Cfr Ambiguorum liber (PG, XCI, 1165 BC).
TRIADE II, 3, 20-22 431

Kal (f>dofj.a kcÙ àwnàoraTOv èpovfiev ; Ov%, êojs àv a>pev


tov (fxtrros ixcivov ipaaral.

21. Tovto yàp tÔ <f>â>s Kal Tpr\y6pvo^ à OeoXôyoç Kal


'IwdwTjs 6 ttjv yXôrrrav ypvoovç Kal BaotXeios ô fiéyaç
« Oeôrrp-a » oa<f>œs koXovoi. « <&ws » (fyrjatv « 17 7rapaSei^- 5
» deîaa deoTrjs eVt tov Spovs toîç p.a9r)Taîs » ' Kai avOiç '
« Aafnrpérepos iavrov i<f>aiv€TO 6 Kvpioç, ttjs BcÔttjtoç irapa-
» BeiÇdo-qs "ràç aKTÎvaç avrrjs » ' Kai iraXiv ' « ''E<f>aiveTo toîs
» KaOapoîç Tr)v Kapolav, ws 81' veXiviov XapnrTrjpojv, 8ià tov
» TrpooKvvqTov a<op.aros r) roiairrr) Siavyd^ovaa Suvapus ». IO
"Qore ov toû a(î>p,aros r)v àirXœç r) 86£a avnj, àXXà ttjs
Oeias <f>vaeœs, tjtis iv pua tûv iv avrfj àyiojv îmooTao~ea)V
rS> irpo(TKVV7]Tœ eKeivœ avw)p.p.€VT] CTtuuan, irâaav tt)v
Ihiav ravrqv 86£av Kal deoirpeirfj Xap,Trp6rqTa ividr/KCv
avrâ». A10 Kal 6 p.iyas MaKapios « 8ofav » tovto Trpoorjyo- 15
pcvoe « toû IJvevp,aTos ». flws ovv t) Oeôrqs, 17 XapunpÔT-qs
Kal 8o£a ttjs virepovoiérrjToç eKclvqs, vvv p,èv earai, vvv
S ovk eorai, yivop.ivq T€ Kal aTroyivopivq , <f>aivop.évr] re
Kai à<f>aviÇop.évT] , ovk à-no Tœv àvaÇlojv KpVTTTopivt] , àAÀ'
€is to p.rj ov xœpovoa, oîa rà <j>dop.aTa Kal rà TOiaûra 20
ovpfloXa Kal rà aivlyp.a.Ta Kal ocra uapà tû>v 7Tavr6Xp.ùJV
ovo/xaÇerai tovtojv, oî Kal tovs o<f>û>v iXiyxovs ô)S avToîs
ovp,p,aprvpovvTas Traprjyayov , Aiovvoiôv T€ tov Oeîov Kal
Md£ip.ov, ov ovvopœvres ojs àvaXoyiicœs Te Kal âvayœyiKœs
« dtoXoylas ovpfioXov » rô iv ttj p.eTap.op<f>u)a€i tov Kvpiov 25
<f>â>s ô ffociôç Ta deîa irpoo~qy6p€vo€ Md£ip.os ;

22. Hvp,f36Xa)V yàp ép,u)vvp.ojs Kal tû>v vfeorojTœv Trâv-


tojv yivop.évajv Tè Kai Xeyop.evu>v iv raïs kot àvaXoyiav
Kal àvayojyfjv deoXoylais, toiovto « ovp,fîoXov » koI aôros
€K€Î tovtI TTpooeÎTT€, 8io Kal « deojpiav » aa<f>œç iTréypaifte 3°

CVSL

5 ^ : 6 C I 23 «-al om. C.
432 GRÉGOIRE PALAMAS

que Maxime appelle cette lumière « symbole » ; voilà pourquoi


il a ouvertement intitulé ses traités « contemplation » ] ; de
même, Grégoire le Théologien a appelé « contemplation » l'arbre
de la connaissance du bien et du mal 2, en l'ayant considéré
dans sa contemplation comme un symbole de cette « contempla
tion », destiné à nous élever, mais il ne s'en suit pas qu'il s'agisse
d'une illusion ou d'un symbole sans existence propre. Mais le
divin Maxime fait aussi de Moïse le symbole du jugement, et
d'Élie, celui de la prévoyance 3 ! Ceux-ci n'auraient donc pas
été réellement présents, mais auraient été, eux aussi, inventés
« symboliquement »? Et Pierre, pour celui qui voudrait con
templer en s'élevant, ne pourrait-il devenir un symbole de
la foi, Jacques, celui de l'espérance, et Jean, celui de l'amour ?
Et la montagne elle-même, celui de l'élévation dans toute sorte
de vertus, puisque le Christ, pour parler selon le même Maxime,
y étant monté, apparaît, à ceux qui ont pu le suivre, dans la
forme de Dieu qui était la sienne dès avant l'existence du mon
de * ? Vois-tu quelle était la lumière qui y illumina les disciples ?
Les apôtres choisis, ayant contemplé le Seigneur transfiguré dans
cette lumière, passèrent de la chair à l'Esprit, avant même de quitter
la vie selon la chair, comme le même Père le dit, par une transfor
mation de l'activité de leurs sens, produite en eux par l'Esprit 8.
Vois-tu que cette lumière est inaccessible aux sens non transfor
més par l'Esprit ? Voici pourquoi elle n'apparut pas aux gens du
voisinage, bien qu'elle ait lui plus fort que le soleil. Voilà pour
Maxime.

Denys. 23. — Quant à Denys le Grand, il dit


que cette lumière est simple, sans forme,
surnaturelle, suressentielle, c'est-à-dire un être au-dessus des
êtres. Comment, en possédant ces qualités, pourrait-elle être
sensible, comment un tel être serait-il symbolique ? Il dit, en

1 Cfr les Staiptai de Maxime sur la Transfiguration, Ambiguorum liber (PG,


XCI, il 60 ss).
3 Hom., XXXVIII, 12 (PG, XXXVI, 324 C).
» Ambiguorum liber (PG, XCI, 1168 C). Pour s. Maxime, Moïse désigne la
prévoyance et Élie le jugement. Palamas le citera plus bas correctement (Tr.
III, 1, 13).
4 Cfr Ambiguorum Itber (ibid., 1128 AB).
» Ibid., 1125D-1128 A.
TRIADE II, 3, 22-23 433

tovs €K€Î Xôyovs, d>s «ai rp-qyôptos ô rijs deoXoylas Itkjhw-


pjos « deojpiav » œvôfiaae to yvœoTov koXov Kal irovTjpov
ÇvXov, o~vp.fioXov avrrjs || Karà ttjv iavrov deœplav àvayco- | t. 176»
yiKÔts 7Tot7](râpL€vos , dXX' où Sià tovto <pdop,a Kal dvvnôara-
rov ovpfioXov €K€Îvo ■Jjv. 'AXXà /cal tov Mwvcrtjv Kal tov 5
'HXlav, tov p,èv KpCoeœs, tov Se irpovoias avp.fioXov, 6 dcîoç
7toi€Îtcu Md£tpx>s. *Ap odv ov irapTjarav àXrjdcôs, àXXà avp.-
{$oX<,kws KÙKeîvoi SuirXdodrjoav ; Ti 8è o UItoos, ovk àv
yévoiTO TÎjç Triarewç avp.fioXov tô> Oeœpeîv Karà àvaycoyrjv
fiovXofiévœ, «rat rfjs iXirlSos 'IaKwfios Kal ttjs dyaTrqs ô 10
'Iwdwrjs ', Kal avro to opos tt/ç kclt' àpeTrjv Smaoav àva-
fidaeœs, i<f>' a» XpiOTOs dveXBdjv, toÎs aKoXovdrjoai Suvtj-
deîcriv, ïva /carà tov avrov e?7ra> Md^i/xov, év p.op<f>fj @eov
ènup'a.lveTai, èv fj wrrjp^e irpo tov tov Koop,ov etvai,' 'Opâç
oîov ■fjv to eK€t tovs p.adrjTas irepiaorpdiftav <f>â>s ,' Karà 15
tovto yovv pi€Tap,op<f>aj6evTa tov Kvpiov ol tojv àirooroXiov
CKKptTOt 6ea.odp.evoi. « dira ttjs oapKos els to IIvevp.a /xctcjStj-
» oav, irplv Tr]v 8ià aapKos dirodéodat. Çœrjv » KaOdirep avros
afidis Xéyei « ttj ivaXXayfj twv kot alodrjoiv evepyetœv,
» tjv avroîs to TIvevp.a iv^pyr/oev ». 'Opâs d>s dOéarov 20
fy 6K6Îvo to <f>ô>s ttj alodrfoei p,rj p.€TaoK€vao0€lorf 8ià tov
FIvevp.aTOS ; A16 Kal toîs TrXrfoioxuipois ovk iire<f>dvr), kclItoi
XdpLlfiaV VTT€p TOV TjXlOV. OvTU) p.€V OVV OVTOÇ.

23. Aiovvoios Se 6 p.éyas tovtI to <f>ws ÔttXovv (prjoLV,


dayr\pÂT{,o~Tov , VTT€p<pvés, virepovoiov , tovt4otiv vvèp rà 25
ovra 7ravra ov. Tlœs ovv alaGrjTov to toiovtov rj cru/xjSoÀi-
kov toiovto ,' MiXXojv yàp ovtos nepi tov <f>a)Tos îepoypa<f>eîv ,
œs tov ffxvToç àotfiaXrjs xal deaTqs Kal p,varrr)s Kal TeXerrjs,
« vvv p.iv » if>r)oiv « ol evôeot. Kadrjyep.6ves "qp.<ôv aloOr)-
» toîç rà voTjrd, kol toîs ovoi ra xmepovaia., koX tt\ ttoiki- 30
» Xla twv pepLOTÔJv ovp.fi6Xwv ttjv V7rep<f>vi) Kal ào)(Tjp.dTio-

CVSL

23 Ovv ont. C H 27 toioOto* VS I 31 îrncpjvâ L.


434 GRÉGOIRE PALAMAS

effet, lorsqu'il est sur le point de rédiger ses saints écrits sur la
lumière, lui qui contemple avec sûreté la lumière, qui y est initié
et y initie les autres : Aujourd'hui nos divins guides nous ont
transmis les choses intelligibles par des intermédiaires sensibles,
les choses suressentielles par les êtres, la simplicité surnaturelle
et sans forme par la variété des symboles divisibles; mais lorsque
nous deviendrons incorruptibles et immortels et parviendrons à la
destinée conforme au Christ et très bienheureuse, alors nous serons
toujours avec le Seigneur, conformément à l'Écriture 1, jouissant en
de très pures contemplations de sa vision directe qui nous illuminera
de ses très brillants éclats, comme elle illumina les disciples le jour
de cette très divine Transfiguration %. Vois-tu de combien cette
lumière dépasse, non seulement les sensations, mais aussi tous
les êtres et comme cette contemplation est surnaturelle ?

L'expérience de s. 24- — Aujourd'hui, en effet, nous


Paul. voyons avec nos sens, par l'intermédiaire
des êtres et des symboles divisibles,
mais alors, lorsque nous serons au-dessus de ces choses, nous
verrons directement la lumière éternelle, sans qu'aucun voile nous
en sépare, suivant l'interprétation révélatrice du très divin initia
teur : Aujourd'hui, dit-il en effet, nous voyons dans un miroir
et à travers des allusions tandis qu'alors nous verrons face à face 8.
En disant aujourd'hui, il avait en vue la contemplation acces
sible et conforme à notre nature, car lui-même il était monté au-
dessus d'elle, il avait dépassé les sens et l'intelligence ; il vit ce
qui était invisible et entendit ce qui était inaudible *, ayant reçu
en lui-même les prémices de la régénération et de la contempla
tion qu'elle suppose. Voilà pourquoi il a dit je connais, parce
qu'il a entendu et vu : il paraît s'agir de l'activité des sens ;
pourtant il dit encore : Je ne sais si l'organe de ma sensation était
esprit ou corps 5. Cette sensation dépasse donc les sens et l'esprit,
car lorsque ces deux facultés sont en activité, elles sentent et

»/ Thessal.. IV, 17
'De dit. nomin.. 1. 4 (PG. 111, 59.2 BC).
• / Cor., XIII, 11
'ChlICor., XII, -!-4.
» Cfr ibid.
TRIADE II, 3, 23-24 435

» tov œirXôrqTa Trapé8tûKav rjp.lv ' ôrav 8è d<f>6apT0t Kai


» dddvaroi yevwfieda Kai ttjs xpioroei8ovs Kai p,aKapico-
» rdi-qs ècpiKiop.eda X-qÇews, irdvrore avv Kvpltp, Karà to
» Xôyiov, èaàp.eda, rrjs p.èv ôpa-rr/s avTov deocpavelas èv
» iravdyvois décuplais àiroTrXripovp,evoi, cpavoTaraiç àarpa-
» 7raî? rjp,âs nepiavya^ovaris, cas tovç p-adr/ràs èv èKelvrj
» Tij detordry p.€Tapopcf>ùjaei ». 'Opâs Sttcos oi>x virèp aïaOr)-
aa> p.6vov, dXXà Kai virèp rà ovra ndvra toûto iarri to <pcôs
Kai wç vrreptfnrrjs r} décupla avrrj ;

24. Nvv p.èv yàp alaOrjoei Kai 8ià tcov ovtcov Kai tcov 10
p-epiartov ovp,fî6Xtov, totc Se îmèp ravra yeyovôres, to àî8iov
cf>cî>s àpéotos, p.r]8evoç p,eanevovTos TrapairerdcrpLaros , oifjô-
p.eOa, cLs Kai 6 tcov toiovtcov lepoTeXecrrrjS deiOTaros €Kcf>av-
TopiKiôs i£r)yrfcja.To ■ « Nvv p.èv » ydp cf>r)cn « fiXéTTop,ev ot
» eacmTpov || Kai èv alvlyp,aTi, rare 8è irpôacoirov irpos irpôoco- 15 M- I77r
» ttov ». To Se « vvv » eîrre, rf/v 8vvaT7)v Kai dvdXoyov rfj Ka9'
rfp.âs <f>vaei Becoplav 8eiKVVÇ ' avroç yàp Tavrrjv wrepavafîds,
vnèp aloQrjolv Te yeyovcos Kai vovv, el8e rà dôpara Kai
jJKOvae rà àvr/Kovcrra, tov àppaficôva rfjs naXiyyeveaias
eKelvTjs Kai ttjs kot avrqv 6éas Xaficbv èv èavrcô, 810 Kai 20
èXeyev ' « OÎ8a », aKovaas Kai I8côv ' l8ov alcrdrfoecos èvépyeia
Tavrl hoKeî' dXX' èKeîvos avdis etirev côs « ovk oî8a être
» vovç r]v, être acop.a to aiadôpevov », coure 17 aladrjois
avn) îmèp aïadrjaiv Kai vovv ècsTiv ' lyvi'/ca yàp eKaTepov
tovtcov èvepyeî Kai ôVi èvepyeî aloddveTai Te /cal voeî' 81a 25
toûto TrpoaédrjKev ôri « 6 ©eos oî8ev », èwel 6 @eos Jjv 6

CVSL
ig glos. post appafiwva : et ris Kai rov àppaftwva tovtov ïaa-mpov tfnûr] rijs
taofjifvijs rcÀeiwoeios, ovk i/iap-nJTai V.
436 GRÉGOIRE PALAMAS

conçoivent qu'elles sont actives. Il a donc ajouté : Dieu le sait,


puisque c'était Dieu qui agissait alors. Et lui-même, en union
avec Dieu, il dépassa l'existence humaine et, par l'invisible,
voyait les choses invisibles, sans que ces dernières aient cessé
d'être supérieures aux sens et soient devenues par là visibles.

Lumière invisl- 25- — Et le grand Denys, en disant


blement visible. que la contemplation de la lumière éter
nelle était visible, n'a pas voulu
montrer par là qu'elle était accessible aux sens, puisqu'il. a dit.
qu'elle était visible à ceux qui ont la forme du Christ 1. Et, en
d'autres endroits, tu le trouveras affirmer clairement que la
lumière qui dépasse les sens est visible. Si, en effet, dit-il, le
libre arbitre spontané des êtres intellectuels ose transgresser les
limites de ce qui lui a été donné de voir partiellement, la lumière ne
sortira aucunement de son activité normale, tandis que ce libre
arbitre perdra, par sa propre faute, sa part de vision 2. Donc, si
la contemplation propre aux êtres intellectuels ne cesse jamais
d'être au-dessus des sens, même si elle est visible, comment celle
qui est propre aux hommes ayant atteint la destinée conforme
au Christ ne serait-elle pas au-dessus des sens, par le fait même
d'être visible ? Cette théophanie visible n'est pas seulement au-
dessus des sens, mais au-dessus de l'intelligence, comme saint
Maxime l'a clairement exposé : il dit, en effet, que l'Esprit nous
accorde alors, par la déification, l'arrêt de toutes les activités natu
relles du corps et de l'intelligence, de sorte que Dieu apparaît dans
notre âme et dans notre corps 3. L'intelligence et la sensation rece
vront donc une seule et même lumière, chacune à sa mesure, mais
d'une façon qui dépasse les sens et l'intelligence. Et les réa
lités que le grand Denys appelle ici théophanie visible et union
au-dessus de l'intelligence ne diffèrent pas beaucoup l'une de l'au
tre. Par ailleurs si, d'après ces hérauts de Dieu, nous n'avons
dans ce domaine besoin ni d'air, ni d'espace *, pourquoi aurions-
nous besoin de lumière sensible ?

1 ChDe eccles. hierarchia, VII, 2 (PG, III, 553 CD).


» Ibid., II, 3 (PG, III, 397 D-400 A).
* Cfr Cent, gnost., II, 88 (PG, XC, 1168 A).
4 S. Grégoire de Nysse, De anima et résurrection* (PG, XLVI, 104 C).
TRIADE II, 3, 24-25 437

tÔtc ivepycôv. Avtos Se, virèp dvdpcoirov tjj irpoç &eov évœoei.
yeyovws, Sià tov doparov êœpa rà àôpara, prjTa tov virèp
aïodrjcriv CfcoravTa *cal âparà tovtco yeyovôra.

25. Kai 6 peyas rolvvv Aiovvaios ovk ala9r]Trjv eSei£e


rqv tov aitoviov <f>cuTos déav, « âpaTijv » elircov ainrpi, iirel 5
toîs « x/UCTToeiSecm' » etirev épa-r-qv. Evprjoeis Se avrov Kai
àXXayov o~a<f>â>s ôparov Xéyovra to virèp aïadrjaiv <f>côs '
4t 'H yàp tcov voepwv » cfrijaiv « avdaipeTos avre^ovaiOTr/s ,
» €i rov perpicus avrij Bodévroç épasrov tovs Spovs vnep-
» irrjSijo-ai roXpsqpws iiri)(€ipjjaoi, to pèv cpcôs ivepytfoei 10
» irapà rà <J>cotos ovSè ev, avrrj 8è Kai rov perplov 81 èav-
» ttjv à/noTev^erai ». El yovv tôjv voepwv r\ Oecopia tcôv
virèp aïadijaiv ovk àiroSiaoTcWerai, kS.v ôpa-rq, ircôs 17
tcôv ttjs xPtcrTO€t8oûç ècf>iKop.€vu>v Xrjijcœs virèp aïadr/Giv ovk
êarai, Stori ôpaTT]', Kai pèv ov povov virèp aïadrjoiv 17 15
ôpaTT) eKeivT] Oeotpdveia, dXXà Kai virèp vovv, Kaddirep Kai
6 âyios MdÇipos 8i€Tpdvcoae ' « IJaacôv » ydp tfrrjai « rare
» tcov Karà acôpa koX vovv <f>vaiKcôv èvepyeitôv ttjv àiro-
» iravaiv rjpîv yapieîadai to IJvevpa Sià rrjs decôcrecus,
» COOT€ TOV 0€OV SlCX T€ T7)S ^A^TJÇ Kai TOV OWpaTOS <f>at- 20
» veoOai ». Tov avrov àpa <f>cuTOS Kai o vovs Kai rj aïadr/ois
àvTiÀ7ji/reTeu, €KaTepov pévToi dvaXoycos èavrcô, aXX virep
aïoôrjatv ko! vovv. Kai o <f>r\aiv 6 péyas Aiovvaios « opaTijv
» 6eo<f>dv€iav » éVeî Kai « virèp vovv ivœaiv » ov iravv Sievq-
vôyaoïv àXÀr/Xcov ' dXXcos tc Kai depos e/ceî Kai toitov KaTa 25
toÙç derjyôpovs prj Seôpevoi, irws aloOrjTOV Ser/uôpeda <J)cot6s ',

CVSL
438 GRÉGOIRE PALAMAS

Subir la transcen- 26- — Mais PauI. lorsqu'il était en


dance divine. Dieu et lorsqu'il contemplait en extase
les choses invisibles de Dieu, vit-il l'es
sence de Dieu ? Qui pourrait dire cela ? De même, ceux qui ont
été purifiés par l'hésychie se rendent dignes de contempler les
choses invisibles, alors que l'essence de Dieu reste hors de leur
atteinte ; toutefois, seuls ceux qui sont dignes de cette contem
plation peuvent y être initiés et en faire l'objet de leur intellec-
tion ; ils participent ainsi au don intelligible de la lumière de Dieu
dans leur intelligence impassible et immatérielle ; mais ils savent
aussi que le Divin dépasse ces contemplations et ces initiations ;
et ainsi ils possèdent cette grâce supraintelligible et surajoutée
d'une façon qui nous dépasse : ils la possèdent, non pas parce
qu'ils ne voient pas à la façon de ceux qui font de la théologie
négative, mais c'est dans leur vision même qu'ils connaissent
ce qui dépasse la vision, en subissant la négation et non en la
concevant. De même que l'acte de subir et de voir les choses
divines diffère de la théologie cataphatique et lui est supérieur,
de même l'acte de subir la négation dans la vision spirituelle,
négation fiée à la transcendance de l'objet, diffère de la théologie
négative et lui est supérieur. En effet, si l'on voit le reflet du soleil
dans un miroir plus éclatant que le soleil du ciel et si l'on sent sa
propre vue diminuée par ces rayons reflétés, on comprend certai
nement que l'archétype est invisible du fait de sa transcendance,
non parce qu'on ne voit pas, mais parce que l'on voit. De même
donc, ceux qui sont dignes de cette très bienheureuse contem
plation reconnaissent que cette action déifiante est supérieure
à toute vision, non par voie de négation, mais par une vision dans
l'Esprit : combien plus reconnaîtront-ils ce caractère à Celui qui
agit. Quant à ceux qui auraient suivi leur enseignement, ils
reçoivent le don intelligible de la lumière et peuvent se livrer
à la théologie apophatique ; mais il leur est impossible de recevoir
une vision analogue pour contempler, par elle et avec elle, l'invi
sibilité de Dieu, à moins de recevoir aussi l'union surnaturelle,
spirituelle et supraintelligible.
TRIADE II, 3, 26 439

26. *AXX' èv Oeâ> yevôp.evos 6 IlavXos Kal rà tov Oeov


dôpara reBeap.évos èv èKordoei, rqv ovaiav dp* et8e tov &eov ;
Kal ti? dv tovto eliToi; Tov avrov oiv rpôirov Kal ol 81
i)o~w)(las KeKadapp.èvoi twv dopdTœv Kara^LoCvrat deap.<XTiov,
dveird<f>ov p.evovarjs rrjs ovulas tov Oeov, âXXà Kal p.vovvrax 5
Kal SiavoovvraL nepl ttjs Oéas eKeivqs ol KaT7]£ttop.évoi. rav-
T7)s Kal ovt(d TÎjs vot)tt)s tov Oeov <f>œTo8oalas èv diradeî || | i- nv>
Kal dvXœ tô> vâ> p.€T€)(ovcn.v , ùAAà Kal vrrep Ta? ôeœplas
Tavras #cat Ta? #cot' avras p.wqaeLS caaac to Oeîov ' Kal ovtcj
rr)v vrrèp vovv TavTt]v KpeÎTTov r) Kad' rr)p.âs èxovaLV èiri- 10
f$oXrjv, ovk dira tov jlitj ôpâv, <bs ol è£ d<f>aLpéaeu>s deoXo-
yovvres, àÀÀ' avTrj rfj ôpdaeL to îmèp opaaiv ciSotcç, irda-
■)(ovt€s oîov ttjv d<f>alpeoLV , àÀÀ' ov 8t.avoovp.evoi. 'Qs ovv
tov KaTa<f>aTiKÔ>s BeoXoyeîv to rà delà TtdayeLV Kal ôpâv
eTepov Kal îméprepâv èoriv, ovra> tov Karà d<f>alpeoLV OeoXo- 15
yeîv to kov ttj TTvevp,aTiKÎj ôpdoei 8ià to tov ôpwp.évov \mep-
jSaAAov Ttdaye.LV rr)v d<f>alpeaiv eTepov Kal viréprepôv èariv.
El yap tls rjXlov aKidv èv #ca,T07rrpai Kadopûyq tov (car ovpa-
vov tovtov Xap,TTpoTepav , d>s Kal vtto ttjs oklu>8ovs àorpairfjs
t^v oiKeiav otpLV rjTTaip-evrjv eyeiv, navrais to Si' \mepoyr\v ±a
àôpaTOV tov apxeTVTTov avvecopaKev âv, aXX' ovk è£ dopa-
aias, dXX e/c ttjs ôpdaeojs ' ovtio tolvvv Kal 01 ttjs p.aKapia>-
TaT-qs èKeivrjs déas di;iovp.evoi, ovk et; dtTO<f)daeais , dXX' €K
ttjs èv Ilvevp.aTi ôpdaecos ttjs deoiroiov TavTTjs èvepyeias to
îmèp opaaiv yLvajaKovoi, irôaiu ye p,âXXov tov ravr-qv èvep- ^5
yovvros. "Oaoi S' dv vtt' èKeîvatv 8t8a)(8eîev , rrjs p.èv vorjTrjs
<f>a)To8oolas p.eToXay)(dvovai Kal TTpos ttjv Kard dirô^aoïv
BeoXoyiav dviévai 8vvavrai ' TV)(eîv 8è ttjs âp.olas Qéas Kal
8C avTijs Kal p.er' avrrjs avvopâv to tov Oeov ddéarov, tû>v
d8vvdT(x>v , el p/r] Kai ttjs virep^vovs Kac Trvevp,aTiKTJs Kal virèp 30
vovv èvwaeois Tevçovrai.

CVSL
440 GRÉGOIRE PALAMAS

La vision d'Étien- 27. — C'est ainsi, en effet, qu'Etienne,


ne selon Grégoire selon je divin Grégoire de Nysse, ne
ysse" demeure pas dans sa nature et ses facul
tés humaines lorsqu'il contemple le divin, mais se confond avec la
grâce du Saint-Esprit, car, selon le témoignage de l'Écriture, toute
chose se fait connaître par ce qui lui est semblable si, en effet,
la gloire du Père et du Fils a été rendue accessible à la nature et aux
facultés humaines, celui qui déclare que cette vision est inaccessible
n'est qu'un menteur; mais on ne peut à la fois admettre qu'il
mente et que l'histoire soit vraie l. Nous avons donc eu raison de
dire plus haut que la gloire du Christ, apparue lors de la Transfigu
ration, était la gloire du Père, puisqu'unique est la gloire du Père
et du Fils ; maintenant, Etienne, manifestement uni à Dieu, ne
vit pas seulement Dieu en gloire, mais la gloire elle-même, qui
est la gloire du Père. Était-ce donc une réussite de la nature humai
ne ? Un ange aurait-il exalté si haut cette nature qui gisait ici-bas ?
Non, car il n'est pas écrit qu'Etienne ait possédé des facultés excep
tionnelles, ou bien qu'il ait été comblé par le concours des anges,
lorsqu'il a vu ce qu'il a vu, mais qu'Etienne, rempli de l'Esprit
Saint, vit la gloire de Dieu et le Fils Unique de Dieu 2 ; car il n'est
pas possible, comme le dit le prophète 3, de voir la lumière sans
voir dans la lumière *. Mais si par l'Esprit, dans la lumière
du Père, nous voyons le Fils comme lumière, une union im
médiate avec Dieu et un don de la lumière qui vient de Lui
nous sont accessibles, sans que cette participation se produise
par l'intermédiaire des anges, même si le philosophe n'est pas
d'accord et pense que tel est l'enseignement du grand Denys, sans
bien comprendre la puissance de la théologie de ce révélateur
des choses saintes.

1 In s. Steph. (PG, XLVI, 717 B).


» Actes, VII, 55-56.
»Cfr Ps., XXXV, 9 (XXXVI, 10).
« S. Grégoire de Nysse, ibid., 6 (PG, XLVI, 716 D-717 A).
TRIADE II, 3, 27 441

27. Ovrœ yàp ko.1 6 ZVe^avos, #carà tov Nvaarjs deîov


rprpyopiov, ovk iv Trj àvdpumivrf <f>vcrei re ko.1 Swà/zct fiéviov
to deîov pXeirei, àAAà irpos ttjv toû âylov IJvevp.aTOS X^-PIV
ava.Kpa.deis, « on tô> ôp.olu) KaÔopâadai rà ô'/xota vapà ttjs
» rpa<f>rjs p.€p.aprvpr)Tcu ' et yàp àvOpaynlvn <f>vaei Te ko! 5
» ovvdp.ei 17 tov IJarpàç ko! tov Ylov 8d£a ■)(a)PrlTV KaréoTT],
» tpevorjs d à^wpTjrov à.Tro<f>-qvdp.evos elvat, to 6éap.a " àAAà
» /117V oûSè e/ceîvov tpevoeadat ko! tî)v laropiav àXrjdeveiv
» itrdvayKes ».
/CaAtDs à/>a /ccù irpÔTepov iXéyop.ev ôVi 17 èVi T77 it€T<zitop- 10
<fxî>aei tov XpioTov deajprjdeîoa Sd£a toû IJarpàs fy, inel
IJarpôs Te «ai Yioû 8d£a tua" kclÏ vvv yàp oa<j>û>s iv 0e œ
yevôp.evos d 2Jré<f>avos, ov tov 0eov iv 80^17 eloe p.6vov,
àAAà koX avrrjv ttjv Sdfav, 8d£ai> oScrav tov IJaTpés. « T^4p'

» OUV àvdpcOTTÎVTjS <f>V{T€(i)S fy to KaTÔp6wp.a ; *Apd tivos *5


» TÛ>v ayyéXœv npoç to vi/ios è/ceîvo ttjv /caTtu Keip.evr)v
» <f>vaw àva^StjSàcravTOS / Où/c êcrri Taûra ' où yàp ovtùj
» yeyparttTai dri Ht£$o.vos ttj 8vvdp.ei iroXvs rj ttjç dyye-
» Xiktjs fiorjdelas TrXrjprjs yev6p.evos eîoev a eloev, àXX'
» ôVi Uré^avos, irXrjprjs wv IJvevp.aTOS àylov, eîhe ttjv 20
» 86£av ]| toû 0eov ko.1 tov p.ovoyevfj tov 0eov' ov yàp I f. i78r
» cari, Kaddrrep d Trpo<f>iJTr)ç eme, to (f>â>s ô<f>di}vcu /xtj ev
» (f>WTi Kadopu>p.evov ». El 8è iv <f><oTi TraTpiKÔ» tô> Tlvev-
p.a.TL (f>â)ç opâ>p,ev tov Ylôv, eoTLV àp' •qf.LÎv evœcris tls ap.eaos
irpos tov 0eov kol p.eTcLàoat.s <f)U)Toç itceîBev, p.7) 8tà p.éacov 25
fieTexop-evr/ tô>v ayyeXcov, et Kal 6 <f>iX6oo(f>os ovtoç airavai-
V€Tai kol tov peyav Aiovvoiov tovO' ovtcos oïeTai StSaaxetv,
p.rj Tr\v Svvafiiv àKpifUœç Trjs tov UpoifxivTopos tovtov deo-
Xoyias avviels-

CVSL

7 àxwpr)TOV ànotf>rji'âfi€i'os : aTTO(f}rfvâ[i(vos à\wpr}rov L.


442 GRÉGOIRE PALAMAS

La médiation des 28. — En nous découvrant l'origine


anges n'est pas né- ^es noms angéliques, il dit en effet que
cessai re. ^g nombreuses visions nous apparaissent
par leur intermédiaire *, mais il ne dit pas que toutes celles
qui se manifestent par elles-mêmes, ni que toute union et tout
éclat viennent par eux. Lorsqu'il parle, en effet, de cette célè
bre doxologie qui a été transmise aux êtres terrestres, lors de la
Nativité du Christ, par une innombrable milice céleste, lorsqu'il
dit que c'est un ange qui en annonça la bonne nouvelle aux
bergers, parce que, retirés de la multitude dans le silence, ils
étaient purifiés *, il ne dit pas que cette gloire de Dieu qui les
illumina est venue par l'intermédiaire des anges. D'autre part,
ce n'est pas par l'illumination de cette gloire que les bergers
reçurent la révélation du salut : comme ils étaient effrayés,
inaccoutumés à de telles visions, les anges leur annoncèrent
ce que voulait dire cette présence de la lumière s. De même la
Vierge Mère fut initiée par un ange sur le fait et sur la manière
dont elle concevrait Dieu et lui donnerait naissance selon la
chair *, mais ce n'est pas par l'intermédiaire d'un ange que se
réalisa l'union de Dieu avec elle. Mais remarquons ici aussi qu'elle
non plus ne fut pas initiée par l'union, mais avait besoin d'un
annonciateur. Et qu'avons-nous besoin de parler encore, quand
il dit clairement lui-même : à l'union avec la lumière d'en haut,
qui appartient seulement aux anges ayant été jugés dignes d'une
connaissance supraangélique, s'unissent aussi, en imitant les anges,
les esprits ayant acquis la forme de Dieu, après avoir quitté toute
activité intellectuelle 5. Et encore : De même que les experts disent,
à propos de nos saintes initiations, qu'un accomplissement dans les
choses divines qui se manifeste par lui-même est plus parfait que
celui qui se réalise à travers des communions intermédiaires, de même
je pense que la participation immédiate des milices angéliques qui
occupent la première place dans le mouvement vers Dieu est plus
éclatante que celle qui s'accomplit par un intermédiaire 8. Zacharie,

1 CirDe coelesti hierarchia, TV, 2 (PG, III. 180 B).


» Ibid, IV, 4 (ibid., 181 B).
• Luc, II, 9-10.
4 Cfr Ps.-Dbnys, ibid.
*De div. nomin., I, 5 (PG, III, 593 B).
'De coelesti hierarchia, VIII, 2 [ibid., 240 C).
TRIADE II, 3, 28 443

28. Trjv yàp alriav ovros rfjs àyyeXiKrjç €kkoXvjttcdv iir-


wvvpUaç, ôpàoeis fièv iroXXàs Si' avrwv -qp.îv €K<f>alveo0al
<fyqatv, ctAA' où^i ko! ràç avro<f>aveîs àvdaas, ov8è trâaav
evatoiv, ovSè irâoav êXXap.ifiiv Si eKelvwv yiveadal (fyqoiv.
Elirœv yàp « rrjv iroXvvpurqrov eKeivr)v SotjoXoylav vno 5
» 7tA^ows oipavlov arpariâ? » ôri Tjy tov Xpiorov yev-
vf^oei « tols inl yijs » irapahodeîaav , Kal wç àyyeXoç
evrjyyeXlaaTO toîç iroip.éoi TavrrjV, are « rfj twv itoXXôjv
» àvaxopriaet Kal -qavxiq- KeKadapp.évois », r})v nepiXauipa-
aav avrovç 8o£av tov Oeov ovk étire 8i' àyyéXwv yeyovévcu ' 10
àAA' oùS' vtto rfjs TrepiXap.<f>6elcn)s SéÇr/s ol iroipuéves tov
owrripiov ttjv àiroKaXvtjiLV ebé^avro ' <f>ofir)6évTœv Se avrcDv,
Kal yàp àrfdeis Jjoav toiovtwv deaaaTOiV, èÇ-qyyeXXov oi
âyyeXoi ti fiovXeTai tov <f>u}Toç ij irapovoia. Kal 17 irapde-
vop.r)Tu>p , ôVi tc Kal ôirœs èv yaorpl e£et tov 0e6v Kal Te- 15
çctcu oapKi 01 ayyeAov ep.veiTO, aAA ov^i ot ayyeAov 7)
tov 0eov êvaiois Trpoç avT-qv iyiyveTO. EKe-miov Se kov-
ravda (ôs 01)8' e/cciVrj tjj éviôcrei èuveÎTO, àXXà tov eÇayyéX-
Xovtos cSeîro. Kau ti 8eî irXeiôvwv, aùrov Xéyovroç àpi&r)-
Xcos otl Trj Trpos to virepdev (f>â>s èvôioei, fj p.6vos èvv7rdpx€l 20
« toîç imep yvôjow ayyeXtK-qv KaT7]^ia>p.évois àyyéXots,
% rauTTj Kal ol deoeibeîs àyyeXopupvqTcjs évovvrai vôeç Karà
» irdo-qs voepâs èvepyeias àtrô-navaiv ». Kal avdiç " « Kadd-
» vep ol Seivoi irepl ràç lepàs rjp.â>v TeAeràç ràç avro<f>aveîs
» (f>ao~i twv Oeiaiv àTroTrXr)pa>o-ei.ç tô>v 8i' èrépœv p.edé£eœv 15
» elvai TeXewTepas , ovrws oîp.ai Kal tû>v àyyeXiKœv rd-
» ^ecov rqv aaeoov p,eTovalav tô>v irpiOTœs €ttI &eov àva-
» Teivouevutv evapyeaTepav elvai tôjv 8ià ueooT-qTOS àiro-
» TeXov/j,évwv ». '0 8è Za^apias « êva tôjv TrpœTOtv Kal vepl
» Qeov àyyeXœv » opâ, d)S ô p.éyas Aiovvoios Kal tovt e/c8i- 30
8acr>cei ' « 'Ie£,6KiT)X 8è Kal 7rpoç avTrjç <j>rjoi tovto Travié-
» patç vo[j.odeT7)0rjvaL ttjs tols ^epoujSt/x èTTL^e^T]Kvias virep-
i> ev$6£ov deoTrjTos ».

CVSL
6 toû om. S.
444 GRÉGOIRE PALAMAS

de son côté, voit l'un des premiers anges parmi ceux qui sont au
tour de Dieu, comme nous l'enseigne aussi le grand Denys 1.
Quant à Ézéchiel, il dit que cette très sainte loi a été fixée par la
très glorieuse Divinité elle-même, qui repose sur les chérubins *.
La hiérarchie an- 29. — Il n'en est pas ainsi seulement
gélique a été bou- pamù les anges, mais aussi parmi nous :
vers par - nQn g^gn^nt certaines visions de Dieu
carnation.
ne se réalisent pas par une voie indirecte
et des intermédiaires, mais elles se manifestent par elles-mêmes,
directement, sans que les premiers servent de messagers aux
seconds. Car le Seigneur des Seigneurs n'est pas soumis aux
lois de la Création. Voilà pourquoi, selon nos saintes tradi
tions 3, Gabriel est le premier et le seul à être initié au
mystère de l'indicible humiliation du Verbe, bien qu'il n'appar
tienne pas au rang angélique qui occupe la première place
immédiatement auprès de Dieu. Il fallait donc que le com
mencement de la nouvelle création soit lui-même nouveau.
Car celui qui pour nous est allé jusqu'à nous dans l'humiliation *
a fait toutes choses nouvelles ' ; c'est pourquoi, lorsqu'il monte
au ciel, comme le dit saint Cyrille, ce sont les anges de rang
subalterne et plus proches du monde, dont il fait des illumina-
teurs et des initiateurs des milices supérieures : ce sont les anges
subalternes qui ordonnent à leurs chefs de lever les portes éter
nelles 6, afin que Celui qui a revêtu la chair, dans son ineffable
amour pour les hommes, puisse entrer et s'élever, pour s'asseoir
au-dessus de toute principauté et de toute domination 7. Car
il est le Seigneur des puissances et le Roi de gloire 8 qui possède
toute puissance, même celle de mettre les derniers au-dessus
des premiers, lorsqu'il le désire. Mais, avant l'apparition de Dieu

1 Ibid., 241 A (cfr Luc, I, 11 ss).


•Ps.-Denys, ibid. (cfr Ézéch., X, 18).
• Notamment les hymnes liturgiques : voir la 6< stichère des vêpres du 25 Mars,
veille de la Synaxe de l'Archange Gabriel.
« Philipp.. II, 7.
» Apoc, XXI, 5.
• Ps., XXIII (XXIV), 7, 9. Ces versets sont largement utilisés dans l'office de
l'Ascension.
' Éphés., I, ai.
• Ps., XXIII (XXIV), 10.
TRIADE II, 3, 29 445

29. Ovtw p.r) pAvov iv dyyéXois, aAAà «rai ev rjp.lv, ov\


OTTtxis ififiéoios «ai 81' érépatv, aAAà ko! à/xecrot Kai, avro-
<f>aveîs Oeorrriai. TeXovvrai, ov Stà rœv irpwrwv 8ia.7Topdp.ev-
tikûs II cVî rà 8evrepa tovaai. '0 yàp Kvpios rœv Kvpiojv 1 1. 178»
vouotç ovx VTroKeiTai Krlaetos ' 810 faî Karà ràs tepàs r)p,â>v 5
7rapa86oeis rrpœros Kai p.6vos 6 FaflpirjX p.veîrai ro tjJç
à<f>déyKTov Kevojoeœs rov Aôyov p.varr\pix>v , Kairoi p.rj rfjs
rtpwruis Kai dp.éoœs rrepi Seov I8pvp.évr\s àyyeXiKrjs rdÇecos
vndpxtDV. "E8ei 8' âpa Kaivrjv eîvcu rr)v rfjs Kaivfjs Krtoeojs
àpxrjv . '0 yàp p,éxpt.s r)p.â>v îmep r)p,â)v Kevwoas èavrov rà 10
navra iiroirjae Ktuvâ ' 816 Kai avaAap.pav6p.evos eîç ovpavôv,
rovs iv viro^ep-qKvia rdÇei Kai p.âXXov irepiKoop.iovs dyyéXovs,
KaOd <f>T)oiv o dyios KvpiXXos, <f>ojrxarikovs koI reXeoiovp-
yoiis iroieîrai rfjs dvœrépoi Ta^tap^t'aç, « aîpeiv viiXas aî-
» (nvLovs rois âpxovoiv avrwv» 8iaKeXevop.évovs Kai p.vovvras, 15
<bs eloeXevoerai Kai. dveXevoerai Kai Trdorjs dpxVs /ca'
iijovaias inava) KaÔieîrai 6 adpKa ■nepiKeip.evos Stà <f>iXav-
dpamiav d<j>arov. << Kvpios » ydp ion « rœv 8vvdp.e<vv » Kai
« jSacriAeùs rfjs 86£r]s », 7râWa 8vvdp.evos, Kai tovs io~xdrovs
iroieîv vrrep rovs irpœrovs ôre fiovXoiTo. IJpo 8è ttjs Stà 20
oapKos rov 0eov eVi^avetas, iv /tèv àyycÀots' oiîSèv roiov-
tov i8i8dx0~qp.ev, kov toîs Trpo<f>fjTais KaToXXrjXœs , irXijv
rGxv Tiiji> p,éXXovoav X°VKV rrpovTToypa<f)6vrœv, r)s vûv e7u-
<f>aveior]S , oiiK avayKr\ 7rdvTa reXeîodai Stà p-eoérr/ros. Tavr'
âpa «ai /ca/ra tov p.eyav TlavXov ' « iVûv i-yvaiptoOr/ raîs àp^aîç 25
» /cal raîç iÇovoiais Stà t^ç ''EKKXrjoias 17 TroAiwot'iciAAo?
» oo(f>la tov Oeov », Kat /carà rôv Kopvfiaîov tov x°P°v tô>v
dirooToXcuv IJéTpoV «Aià rtùv evayyeXioap.éva)v Tjp.âç iv

CVSL
446 GRÉGOIRE PALAMAS

dans la chair, rien de tel ne nous a été enseigné par les anges l,
ni par les prophètes, en dehors de ceux qui ont décrit
par avance la grâce qui allait venir : et maintenant qu'elle
est apparue, il n'est plus besoin que tout s'accomplisse par
des intermédiaires. Nous trouvons aussi la même chose chez
le grand Paul : Aujourd'hui a été révélée par l'Église aux princi
pautés et aux dominations la sagesse infiniment variée de Dieu *.
Et chez Pierre, le coryphée du chœur des apôtres : Par ceux qui
nous ont prêché l'Évangile dans l'Esprit Saint envoyé des deux,
ces choses aujourd'hui nous ont été annoncées, dans lesquelles les
anges désirent plonger leurs regards 3. Les plus petits étant ainsi
devenus les plus grands sous l'action de la grâce, le bon ordre
se trouve rétabli pour demeurer intangible et admirable.

Le rôle des anges. 30. — Celui qui a très clairement


révélé les noms angéliques en a également
donné la meilleure interprétation possible ; il nous a exposé et
enseigné pourquoi ces noms ont été, à l'origine, mis en avant et
donnés aux anges *. Par ailleurs, tu peux trouver chez les divins
prophètes que celui qui s'est vu confier directement le mystère
de la venue vers nous du Verbe, bien qu'archistratège, n'était pas
placé directement auprès de Dieu. Parfois, en effet, il se fait inter
peller d'une façon autoritaire et se voit donner un ordre par un
autre ayant une dignité supérieure : Fais-lui comprendre la
vision 5. Mais il faut savoir ici aussi qu'il n'a pas dit : « commu
nique-lui la vision », mais fais-lui comprendre ; tu peux donc
voir que la grâce de la compréhension est généralement donnée
par des intermédiaires, tandis que la plupart des théophanies
se manifestent par elles-mêmes. Voilà pourquoi, en ce qui concer
ne Moïse, la théologie nous apprend que la définition de la loi lui
a été donnée par l'intermédiaire des anges, mais non pas la vision
et la contemplation de Dieu, tandis que l'explication de la vision

1 I.a loi est venue par les anges (Gai., III, 19 Actes, VII, 53 ; Hebr. II, 2) ;
cfr Ps.-Denys, De coelesti hierarchia. IV, 2 (PG, III, 180 B).
* Éphés., III, 10.
* I Pierre, I, 12.
4 Ps.-Denys, De coelesti hierarchia, IV.
* Dan., VIII, 16 ; cfr Ps.-Denys, De coelesti hierarchia, VIII, 2 (PG. III, 241 C).
TRIADE II, 3, 29-3O 447

» TJvevfjiaTi àyia> ànoarakévri à-n* ovpavœv, vvv àvrjyyeÀTj


» rav0' rjp.lv, els â èViflu/ioûcriv àyyeXoi TrapaKvipai ». Mei-
Çovatv 8c Karà rovro tcDv iXarrôvatv TeXov/xévœv 8ià rrjs
XapiTos, irdXiv r) rrjs evKoofiias rdÇiç àa<f>aXws àp.a ovvrrj-
peîrai Kal davp.ao~Li)s.

30. *0 8è ttjv àyyeXiKTjv iKKaXvrrrcov èir(owp,lav KÔXXicrra


Kal wç ovk àv eïrj fieXriov i^rjyrjaaro Kal Bierpàvœcre Kal
èolo'oJjev r/p.às rivos êvcKev ovWoi Kal napr\)(Qr\oav Kal cVÀtj-
drjaav ovrw ttjv àp^r/v. "On 8è ô ro p.v<mfjpiov àfiéaœs -rrjs
Trpos rip.âs KadôSov rov Aôyov TriarevOelç, el Kal ap\iarp6.rt]- 10
yos tJv, àXX' ov rwv ncpl Oeov àfiéaœç î8pvp.évù>v tJV, evpois
àv toîs delois 7rpo<j>fjrais €KTre<f>aop.cvov ' Kal yàp rrap àXXov
rov râ>v à£tojp.ari Sia<pep6vrœv àpxiKÔJS odros eonv oS
KaXeîrat «rat vpooraKriKœs aKovet. • « Evvénoov eKeîvov ttjv
» opaaiv ». ' E7rt.OTrjoai 8è kov rovroj xpr) œs ov « p-erdSos » '5
clrrev « eVeiVaj ttjv ôpaaiv », ciÀÀà « owinoov »' ttjv p,èv yàp
rrjs yvwoeœs X'V1" ^l(* péoœy w; èmroirXeîorov \\ reXov- \ i- ^VF
pévrjv t8oij àv, rwv oè 0€o<pav€iwv avro<pav€Îs eloiv al nXei-
ovg. A10 Kal iirl Maivcréos, ttjv p.èv vojlii/ctjv vjtotvttojolv
81' àyyéXwv rj deoXoyla (frr/ol hehôodai, ttjv 8' opaow e/cei'vrjv 20
Kal deoTTTtav ov, àXXà rrjs ôpdaeœs ttjv /txurjaiv. MvanKal
8' ôpdoeis èia<p6pa>v yivovrai ■npayp.druiv , ovrcov, peXXôvratv,
aloBrjrwv, voTjTtûv, rrpoovXoiv, àvXatv, tt/jo^ScjStjkotwv, vrro-
jSejSijKOTatv Kal àXXore àXXu>s, Kal Suupôpœs rovrwv eKaorov

CVSL

I an' : âiro C |J àtnjyyfXÀrj L.


448 GRÉGOIRE PALAMAS

a de nouveau été donnée par les anges 1. Les visions mystiques


ont pour objet diverses réalités : le présent, l'avenir, le sensible,
l'intelligible, le matériel, l'immatériel, l'important, le secondaire
et autre chose encore ; chacune de ces réalités se révèle à sa façon,
conformément aux facultés de ceux qui voient et en relation
avec la fin à laquelle elles sont destinées. De même, l'apparition
de Celui qui est au-dessus de toutes choses, comme le dit le grand
Denys, a illuminé les mystes ou les prophètes dans les saints temples
ou ailleurs pour des raisons différentes et avec une différente puis
sance 2. Pourtant, cet homme qui s'appelle lui-même « aveugle »
et qui veut infliger à tout le monde cette appellation s sans aucun
discernement, mais sans pouvoir au fond l'infliger à personne,
croit que, dans la mesure où nous vénérons, comme il convient,
l'éternelle lumière, nous considérons que les chars * qui ont pu
apparaître, les roues 6, les épées et d'autres choses semblables,
ont une valeur égale à la lumière du siècle à venir ! Mais n'a-t-il
pas apprisen théologie que la divine nature nous remplacera
alors toutes choses 6, pour en conclure que cette lumière est la
lumière de Dieu ?
Vision de l'Invi- 31. — Personne, homme ou ange, n'a
sible. vu Dieu 7 et ne le verra jamais, parce
qu'il ne voit que par ses sens ou son intel
ligence en tant qu'ange ou en tant qu'homme. Au contraire,
celui qui est devenu Esprit et qui voit en Esprit, comment ne
contemplerait-il ce qui est semblable à son mode de contempla
tion, selon les paroles des théologiens 8 ? Cependant, dans la
vision spirituelle elle-même, la lumière transcendante de Dieu
n'en apparaît que plus complètement cachée. Quel être créé

1 Cfr Gai., III, 19 ; Hébr., II, 2 et Ps.-Denys, De coelesti hierarchia, IV. 3(PG,
III, 180 D-181 A).
■ De div. nomin., I, 8 {ibid., 597 A).
• Cfr supra, §§ 1-2.
« Zach. VI, 1-7 ; cfr aussi IV (II) Rois, II, 11 ; VI, 17, etc.
• Ézéch., I, 15-21 ; X, 9-19 ; Dan. VII, 9. Cfr Ps.-Denys, De coelesti hierarchia,
XV, 9 (ibid., 337 CD).
•S. Grégoire de Nysse, De anima et resurrectione (PG, XLVI, 104 C)
' Cfr Jean, I, 18.
•Cfr S. GKÉGOïkii de Nysse, In s. Steph. (PG, XLVI, 717 B) ; s. Basile, In
Ps. XLVIll, 8 (PU. XXIX, 449 C).
TRIADE II, 3, 30-31 449

àiroKaXvnTovrai. rfj 8vvdp.ei twv ôpœvTotv àvaXôyœs Kai


toÎç oiKOVOfiovfj,evois KaTaXXrjXœs Trpdypaat. Kai avrov 8e
jf tov Trdvratv €7re/ceiva èp,<f>dv€t.a « /car' aAÀas' koi aAAa?
» alrlaç Te Kai 8wdp,eis èv toîs lepoîs dvaKTopois rj âXXoOl
» iTov toîs fivoTais t) Toîç irpofprJTais » œs ô fiéyas AiovvoiAs s
<fyr)Oiv « èiréXap,tffe », /cav 6 rv<f>Xov éavTov KaXéaas oSros
Kai <f>epwvvp.<os à8iaKptT(os rrâoiv èinfidXXaiv, p,âXXov 8e
p*T)8' èirifidXXaiv oXœs, à£uoî tovs to alcôviov <f>â>s è<f>' ôaov
cIkos irpeaflevovras 17/xâ? Kai rà <f>avévra dpfiara Kai tovs
rpoxovs Kai rà £l<f>r) Kai âXXa 877 Ttva TOiaûra t<3 <f>(orl 10
tov p.éXXovros al&vos 6pÔTip,a r/yeîaÔai ' Kai ov8' eKeîvo
irapà TTjs OeoXoylas rJKOvcrev «<î»ç àvrl irdvrœv t66 r/p,îv 77
Oela yevrjaeTai <f>vaist>, ïv' èvrevdev yovv Seov cîvai to (pws
tovti iriorevar) ;

31. KaiToi tov Qeov oùSeîç eî8ev, ov8è Stf/erai, ovk dvOpoj- 15
nos, ovk ayyeXos, aXX fj dyyeXos Kai avdpuyrros aiadrjTœs
t) voTjTœs opâjv. '0 8è IJvevpa yeyovœs Kai èv Tlvc.vp.aTi ôpœv,
iras où t<3 6/iotœ to 5p.oiov OedoeTat., #ccmz tovs twv deoXô-
ymv Xôyovs ', Ov prjv âXXà Kai 81' avT-rjs ttjs iv TIvevp.aTi.
opaaeœs to VTrepaviBpvpévov ffeîov <f>ws Kpv<f>u>v iravrd- 20
rtaaai €T6 p,aXiara StjÀoûtcu. Tis yàp tôjv ktiotwv yoip7\aai
Suvair' dv Trâoav ttjv àTreipo8vvap.ov 8vvap.1v tov TIvevp,aTOS ,
'va 81' avrrjs to irdv /ca.Tt'801 tov Qeov; Kai Tt Xéyœ ttjv
Kpv<f>iÔTr]Ta eKelvTjv ; Avttj r/ àyXaîa tov <f>œTos eKeîvov, 17
7rapa86£ats d>s vXrjv e^ei ttjv déav tov ôpœvros, avÇovoa 8tà 25
ttjs évùjoeats tj nveup-ariKov eKCÎvo Sp.p,a Kai ^aj/>7iTiicojTC-
pov àel éavrfjs èpyalpp.hn\, oùScVoTe XrjÇet Sià toû iravros
aiwvos <f>avoT€pais a«Ttai Trepiavydtpvoa aino Kai Kpv<f>un-

CVSL

15 cIScv : oIScv L | 16 âyyrAos «raî âvdputms : âvBpwnoç «rai âyyfAoç VS.


45° GRÉGOIRE PALAMAS

pourrait, en effet, recevoir toute la puissance infiniment puis


sante de l'Esprit, afin de voir par elle la totalité de Dieu ? Et
pourquoi parlé-je de cette lumière cachée elle-même ? Son simple
éclat qui, d'une façon extraordinaire, possède pour matière la
contemplation du voyant, accroît la puissance de l'œil spirituel
en s'unissant à lui et le rend toujours de plus en plus accessible
à lui-même, cet éclat ne cessera jusqu'à la fin des siècles de l'illu
miner de ses rayons de plus en plus resplendissants, de le remplir
éternellement de sa clarté de plus en plus mystérieuse et de faire
briller de son propre éclat ce qui n'a jamais brillé auparavant.
Voilà pourquoi les théologiens disent de cette lumière qu'elle
est infinie : par elle, lorsque toute puissance cognitive a cessé
son activité, Dieu, par la puissance de l'Esprit, devient visible
aux saints, uni et contemplé comme Dieu par des dieux. En parti
cipant au Meilleur, ils se trouvent, en effet, transformés dans le
Meilleur et, pour parler comme le prophète, ils changent de force '
et cessent toute activité de l'âme et du corps ; seule cette lumière
apparaît alors en eux et ils ne voient qu'elle, car leurs propriétés
naturelles se trouvent dépassées par la surabondance de gloire,
afin que, selon l'Apôtre, Dieu soit tout en tous 2. Car nous serons
fils de Dieu, étant déjà fils de la Résurrection, et comme des anges
de Dieu au Ciel 3 qui contemplent constamment la face de notre
Père qui est aux deux *, selon la parole du Seigneur.

Vision de l'ïncréé. 32. — Voilà pourquoi le grand Denys,


qui avait dit tantôt que les hommes ayant
obtenu une destinée coniorme au Christ et bienheureuse étaient
emplis d'une théophanie visible, ajouta un peu plus loin : Dans
une très divine imitation des esprits supracèlestes 5 ; plus bas, il
mentionne l'union des anges avec Dieu, cette union qui n'appar
tient qu'à ceux des anges qui ont été jugés dignes de dépasser
la connaissance propre aux anges, c'est-à-dire aux anges bons,
l'union qui est la superposition ou la réception d'une bonté plus

1 Is., XL, 31.


* / Cor., XV, jS. Dans co passage, réminiscences littérales île S. Maximk,
Ambig. liber (PG, XCI. io;() BC).
• Cfr Luc, XX, 30 ; Matth., XXII, 30.
4 Matth., XVIII, 10.
» De div. nomin., I, 4 (PG, III, 592 C).
TRIADE II, 3, 31-32 451

repas eaToSirjveKes aîyXrjs èpTrvnXœaa Kal àva<f>alvovoa


81' iaxrrfjs, <z p.i)hé-nat irpÔTepov. °O0ev Kal tovt* ârreipov ol
BeoXôyoi Xéyovot, to <f>ws, Si' ov Karà à-nô-navoiv Trdcrqç
yvœoTiKrjs owdpeats, èv Bvvdpet IIvevp.aTOS, ôparos yiverat
toÎs àylois 6 Oeôs, a»? 0e6s deoîs êvovpevôs Te kclI âpœpe- 5
vos ' rfl yàp p,edé£ei tov KpetTTOVos èrrl ro KpeÎTrov pera-
OKevacrdévres Kal irpo<frr)TtKws elneîv « àXXdÇavres lo\vv »,
irâoav àiroTravovoiv èvépyetav tpvxïjs Kal oœpaTOS, || ware li.179»
povov avro hi avrwv <f>alveodai. Kal vit* avTÛyv ôpâodai,
tô»v <f>vaiKwv yvwpiapdrwv tjj îmepfloXjj ttjs SôÇ-qs viKtjdév- 10
tidv, « ïva ij ô Qeos rà irdvra èv Trâai » icarà tov *Att6otoXov.
Yioi yàp 0eov èo6p.eda, ttjs « àvaordoews viol » ornes xal
« d)S dyyeXoi Oeov èv ovpavw » oï Sià navras « fiXeirovoi to
» irpécrtûTTOv tov Ilarpos 17/x.tSv tov èv toîs ovpavoîs », Karà
tov tov Kvplov Xôyov. «5

32. A10 koX 6 péyas Aiovvaios, èvravOa pèv elirùtv ttjs


àparfjs Oeo<f>avelas àTTOTrXrjpovaOai tovs ttjs xoiotociSoûç
xai fiaKaplas è<f>iKopévovs X-qÇeœs, èirryyaye /xct' oXiyov '
4 *Ev OeioTepa piprjoei rœv vrrepovpavioiv vôœv » " npouLv Se
Kal tGxv dyyeXiKÔJv -npos &eàv èvwaeiov pvrjpovevoas , 2°
tûjv pavois èvvnapyovaûiv toîs vrrep yvwatv dyyeXtK'qv
■qjjuup.ê'vois aurai»' àyyéXois, 8r}Xa8r] roîs àyadols, èrn-
fioXr)V ovaav t) TtapaSoxTfv rrjs v7T€p<f>avovs dyaOÔTTjTOS,
èTTi<f>épet Xéycov " « Kal tovs deoeiSeîs rœv àv9pu)TTO)V -navrais
» yevopévovs voas, dyyeXopiprjrais èvovaQai tovto) tû) 15
» <j>urrl Kal vpveîv pèv avro 8ià ttjs tô>v ttÔi/toùv a(f>aipe-

CVSL
452 GRÉGOIRE PALAMAS

que resplendissante, et il ajoute : Les hommes déifiés, devenus


entièrement esprits, s'unissent à la façon des anges, à cette lumière
et la chantent en l'exaltant au-dessus de toute chose, mais ce n'est
pas cette exaltation qui leur apprend qu'elle est suressentielle-
ment transcendante à toute chose, mais c'est l'union avec la lu
mière l. Unis à cette lumière distincte des êtres, ils apprennent
justement qu'elle est distincte des créatures ; eux-mêmes ils ne
possèdent pas l'union à cause de cette distinction qu'ils établis
sent, mais c'est l'union qui les conduit à l'exaltation ; cette union
est donc distincte des créatures et, dans sa transcendance, est
un non-être. Il est impossible, en effet, qu'une réalité inaccessible
aux anges, à moins qu'ils ne soient dignes d'une connaissance
supraangélique, puisse être comprise ou acquise par quelque puis
sance intellectuelle, car elle transcende aussi cette dernière.

Une réalité unique. 33. — La réalité qui transcende toute


puissance intellectuelle, puisqu'il est im
possible de la comprendre, est au-dessus de tous les êtres ; une
telle union est donc au-dessus de toute connaissance, bien qu'on
l'appelle « connaissance » par métaphore ; elle n'est donc pas non
plus intelligible, même si on l'appelle ainsi ; car comment peut-
on considérer comme intelligible ce qui est au-dessus de toute
intelligence ? De par sa transcendance, on pourrait tout aussi
bien l'appeler « ignorance » et même plus proprement que « connais
sance » ; elle ne sera donc, ni une partie, ni un aspect de la connais
sance, de même que le Suressentiel n'est pas un aspect de l'essen
ce ; la connaissance en général ne pourrait donc la contenir, et
cette connaissance en général, une fois divisée, ne la posséderait
pas comme une de ses parties ; on pourrait plutôt y voir, en effet,
un aspect de l'ignorance, mais non de la connaissance ; de par sa
transcendance elle est aussi ignorance, c'est-à-dire qu'elle est
au-dessus de l'ignorance. Cette union est donc une réalité unique.
Quel que soit le nom qu'on lui donne, union, vision, sensation,
connaissance, intellection, illumination, il ne s'applique pas à
elle en propre, ou bien il lui appartient proprement à elle seule.

1 Cfr De div. nomin., I, 5 (PG, III, 593 BC).


TRIADE II. 3, 32-33 453

» aews », fiadeîv Bè ovk ck rfjs à<f>aipéo-eats , àXX' ck ttjs


irpos to <f>ws evwaeœs Sri « irdvrojv iarlv vvepovalojs i£r)pr)-
» jI.€VOV ». Tû> i^TJpTJflévw TolvW TOVTtp TCÙV OVTOW €VOVfl€VOt
<f>ojTi., tout avro fiavddvovaiv Sri rœv ktiotûv iariv iÇrjpr)-
fiévov, ovk àiro ttjs è^aipéoecus avrol rr)v êvcoaiv ëxovTes, 5
àXX* àiro ttjs êvœaeojs p.avddvovres ttjv àfyalpeaiv, ware Kal
r/ evcjcris avrrj r<hv ktiotwv ioriv èÇrjprjp.é'vr) Kal p-r) ov
ko.6 VTrepoxTjV èoriv S yàp ov xutp-qTÔv iarw àyyéXots, el
p,r) œs KO.TT)(;iu}p,€Vois ttjs imèp àyyéXovs yvwoecos, voepq,
Tivt ovvdp.ei xa>P7]TOV ^vai- V kttjtov àhvvaTov, <os Kal Tau- 10
rr/v vnepaîpov .

33. To hè Kal ravrrfv irâaav VTTep/3ef$r)K6s, cas /X17 x0*'


peîadai Tre<j>VKos, vrrèp t<x ovra irdvr èarl ko! virèp yvwaiv
àpa irâoav 17 Toiaxrrt] êvœais, el Kal yvœais p.eTa<f>opiK&s
KaXeîrai' où8è votjtov iartv ovkovv, el Kal tovto Xéyerai' 15
to yàp vrrèp -navra vovv, irâ>s àv eïrj voryrôv / KXrfdelrj yovv
tovto Kal ayvoia Kad* virepo)rfv, Kal p.âXXov r) yvœais
ov p.épos Totyapovv yvwaeœs ovb" etSos ëorai, KaQd-rrep
ovSè to vrrepovaiov ovalas eîbos ' ovoè yovv èp.irepiXrj<f>6eli]
àv vno ttjs KadôXov yvwaeœs, oùS' r) KadàXov yvcôoiç Siat- 20
povp.év7) Kai Tavrr/v vn* avrrjv àv 0^0177 ' axocrj yap av p,âX-
ov r/ ayvoia Tairrr/v vit avr-qv, aAA ovo eKetvrj Katf
vrrepoxrjv yàp Kal àyvoid èari, 8t)Xov6ti Kal virèp àyvotav.
MovaSiKov dp1 r) êvioolç èariv avTrj, Kal fjv àv èira>vvp,lav
eïiroi ti? avrrjç, eîd' êvwaw, eïd' ôpaaiv, cit aïodrjotv, être 25
yvœaiv, être và-qaiv, eVr eXXapapiv, f\ KVpnos tout' ovk êoriv,
rj p.6vrj Kvplœs Tavra irpôaeartv avrfj.

CVSL
13 iarlv V.
454 GRÉGOIRE PALAHAS

Barlaam et sa phi- 34. — Les paroles du philosophe sur


losophle de l'Etre, la connaissance ne sont-elles pas mani
festement de l'ignorance ? Il y dit, en
effet, que cette union est une partie et un aspect de la connais
sance en général, puisqu'on l'appelle « connaissance » ; il confond
l'une et l'autre et il ne voit pas que si, conformément à son appel
lation, elle relève, quant à son genre, de la connaissance, elle
relève aussi de l'ignorance, puisqu'elle est aussi appelée ainsi et
même plus souvent. La même réalité relèverait donc de genres
contraires, le supérieur deviendrait inférieur ; l'unique, transcen
dant à toute multitude, serait assimilé à cette multitude. Mais la
plus grande sottise, c'est qu'il ne se contente pas de dire que
l'union n'est qu'un aspect, une partie et une chose inférieure,
mais affirme que la même réalité, dont il dit ici même qu'elle
surpasse la connaissance, est une chose moins bonne que la con
naissance en général, puisqu'elle en est un aspect, une partie et
qu'elle lui est inférieure ! Il fait. comme si on parlait de l'Unique
Suressentiel en termes de partie, d'aspect, de chose inférieure
à l'essence, par homonymie, sous prétexte qu'il est Essence sures
sentielle et est ainsi appelé, pour avoir ensuite l'audace de le
rapprocher du genre universel de l'essence. Qu'il sache donc,
cet homme qui confond ce qui ne peut se confondre, qui assimile
à la connaissance ce qui dépasse la connaissance, qui fait objet
de connaissance ce qui surpasse l'intellection, que le fait même
d'accepter la connaissance comme forme de rapprochement dans
ce domaine a pour conséquence de transformer en un superflu
ce qui dépasse la connaissance ; ainsi met-il de côté, d'une ma
nière insensée, ce qui est unique en soi. Par ailleurs, si la connais
sance qui dépasse la connaissance n'est qu'un aspect de la con
naissance en général, étant donné qu'elles sont appelées de la
même façon, ceux qui affirment qu'il y a dans les êtres dix genres
se trompent ; il n'y a, en effet, qu'un seul genre, l'Etre, et l'Unique
qui est au-dessus de tous les êtres relève de ce genre ; l'Etre est
supérieur à cet Unique et les autres êtres unis à cet Unique for
ment un autre Etre supérieur à l'Unique. D'autre part, puisqu'il
y a un toucher qui dépasse le toucher, une vue qui dépasse la
vue et, simplement, des sens qui dépassent les sens, car c'est
ainsi que par homonymie on appelle l'intellection, et si ce qui
triade il, 3, 34 455

34. Ecufnis ovkovv dyvoia ol 7repl yvojaeojs tov <j>iXoaô<f>ov


Xôyoi; || Kal yàp €K€Î fiépos avTTjv Kal ctoos efvat Ae'yet ttjç | f. i8or
KadôXov yvojaeojs, iirel yvôjais oVo/xa£eTat, kclL ovyKpivet,
ravrqv irpos eKelvrjv Kal ov avveojpaKev wç eîirep e£ei yévos
rqv yvôjaw Stà rqv €irojvvp.iav , a^aet Ka^ TVV dyvoiav, «tci 5
koX tovto Xéyerat, Kal p,âXXov rj eKeîvo. Toiyapovv larat to
avro vtto Tavavrla yêvr\, Kal to virepéxov viroK€lp.evov, Kal
avvTera.yp.ivov rfj irXrjdvi to p.ovaSiKov kcÙ irdo-qs ttXijQws
virepe^TjpTfpévov. To 8è u.eî£ov els dvoias Xôyov, <bs oi>x o.7tAgùç
rqv êvajow eî8os Kal p.épos Kal îmoKcipevôv tp-qaw, dXX' S io
tyqow auras è/ceî V7rèp yvojow, tout' avTo kox <Ls eîSos Kal
pépos Kal {moKelp,evov avrfj ^eîpov etvai Aeyct rqs KadôXov
yvojoetos, àtairep àv et tiç #cat to p.ôvov virepovaiov , iirelircp
ovaia vnepovaiôs èarl tc koX oVojU.a£eTat, p.épos *at eioos
Kal vrroKelpevov ovulas Xéyojv 8tà rqv 6p.a>vvplav, efra 15
avyKplvf.iv eVôÀ/x,a tovto irpôs to KadôXov yévos rqs ouatas.
Kal p.r)V tarai 6 pnyvvs rà â/xi/cra Kal to imèp yvajoiv tj}
yvajoei avvTaTTœv Kal vtto yvùjaiv Xéyojv to virèp ewoiav,
ojs *cat to avyKploeojs yovv oxfjp.a oéÇaodai ttjv yvtoow
irpos avTO, avro to virèp yvôjow irpoaTtdèv èiroiijoev, ôjare 20
auro 77730? eavTO ev ov a<ppovaJS irapapaAAeTaL. Jyri, et ota
rqv âp.œvvp.iav 77 virèp yvôjaiv yvcùatç ttjç KadôXov yvojaeojs
dSos, 01 oeKa yévrj tGjv ovtojv XéyovTeç 1777x1x77vrai, Kal yàp
ev ànavTOjv yevos , to 5v, Kal 6 virèp irdvra a)v els v-n avrô,
/cat to ov tov evos toutou KpeÎTTov, Kal avvqppéva tovto» js
tû> evl rà âXXa ov eTepov Trotoûat KpeÎTTov tov évôs. "Eti,
èrrel Kal à<ffq eartv vnèp à(f>r]v Kal ôpaatç virèp ôpaoïv Kal
(ÎttAcDç aïodrjois vtrkp aïadrjaiv, XéyeTai yàp Kal raûra
6p.ajvvp.ojs f] votjois, et to virèp aïadrjmv aiadrjaeojs etSos,
KpeÎTTov éarai 77 aiadrjois tov virèp aïodrjoiv Kal i<f>* e/caaTot» 30
tGjv XovnGjv waavTOJS ■

CVSL
9 6iT(£r]p7]fL€yov V | 19 yovv trxijfia : a\i)^ia yovv \ S.
456 GRÉGOIRE PALAMAS

dépasse les sens n'est qu'un aspect de la sensation, la sensation


est supérieure à ce qui dépasse la sensation ; et il en est de même
dans chaque cas.

Théologie apopha- 35. — Mais revenons en arrière. Qu'est-


tique et union myB- ce donc que cette union qui <jans sa
que" transcendance, ne s'identifie avec aucun
être ? Est-ce la théologie apophatique ? Mais il s'agit d'une
union et non d'une négation. D'autre part, pour faire de la
théologie apophatique, nous n'avons pas besoin de sortir de
nous-mêmes, tandis que pour entrer dans cette union, même
les anges doivent sortir d'eux-mêmes ; de plus, celui qui récuse
la théologie négative est un impie, alors que, même parmi les
hommes pieux, seuls ceux qui sont déiformes reçoivent cette
union. Par ailleurs, nous concevons et nous exprimons la théolo
gie apophatique, alors que le grand Denys nous a dit que cette
union est indicible et inintelligible aux voyants eux-mêmes 1 [
De plus, la lumière de la théologie apophatique n'est qu'une
certaine connaissance et une expression, alors que la lumière
de cette contemplation est contemplée hypostatiquement 2 :
elle agit intellectuellement et converse spirituellement, mysté
rieusement avec l'homme déifié. L'esprit qui s'adonne à la théo
logie négative conçoit ce qui est différent de Dieu ; il a donc
une activité déductive ; alors que là, il s'agit d'une union ; là,
l'esprit se nie lui-même avec les autres êtres, tandis qu'ici, il y
a union de l'esprit avec Dieu ; c'est de cela que parlaient les Pères,
lorsqu'ils ont dit : Le but de la prière, c'est de nous ravir vers le
Seigneur 3. Voilà pourquoi le grand Denys dit de son côté que,
par elle, nous nous unissons à Dieu *. Dans la prière, en effet,
l'esprit abandonne peu à peu toute relation avec les êtres :
d'abord avec tous les êtres vils et méchants, ensuite avec les êtres
neutres qui se conforment au mal ou au bien, selon les intentions
de ceux qui s'en servent ; c'est à cette dernière catégorie qu'ap
partiennent cette étude et la connaissance qu'elle procure ;

1 Cfr par exemple De div. nomin., I, 5 (PG, III, 593 BC).


• Cfr Tr. I, 3, 7 ; Tr. II, 3, 6.
» S. Jean Climaqub. Scala. XXVIII (PG, LXXXVIII, 1132 D).
«Z>« div. nomin.. III, 1 (PG, III, 680 D) etc.
triade il, 3, 35 457

35. '^4AA' iiraviwfiev ri oSv ij p.rjb'èv rô>v ovratv Kad*


VTrepoxrjv kvœois eKelvr) ; *Ap rj Karà àirô<f>aalv èarri deoXo-
yia ', Kal fiijv êvcoats eKeivrj, aXX ovk à<f>alpeols èariv.
art, ovô eKaraaeœs kot avrqv ovo rjp,eis oeop.eaa, eiri
Se TTjS €vâ>0€lOS €K€ÎV7]Ç Kal ol âyyeXoi ' Kal TTpOS TOVTOIS, Ô 5
p.èv firj Karà à<f>aîpe<ju> deoXoyôtv, oùS' evaeftrjs, rrjs 8'
évcôaeœs eKelvrjs rcôv evcref$â>v p.6voi ol deoei&eîs rvyxà-
vovaiv. "En, rj Karà àir6<f>acriv deoXoyia voeîrai irap' rjfiœv
ko! Xéyerai, eKelvrjv 8' àppryrov Kal àireptv6i]Tov Kal avroîs
roîs âpwoLV 6 p.éyas étire Aiovvoios. "En ro p.èv /car' eKelvrjv io
rr)v deoXoylav <j>ws yvwals ris ion Kal Xôyos, ro Se Karà
TT)V Becoplav ravrrjv <f>â>s èwiroarârats deœpeîrai, voepws
re èvepyovv Kal irvevp.anKÔ>s àiropprjrws rû> 8ewp.éva> 6p.i-
Xovv. Kal p.èv 8r) rà àirep.<f>alvovra rû> &eû> hiavoeîrai || 1 f- 180©
6 vovs Karà à<f>alpeatv BeoXoyœv • 8ie£o8i/c<3ç o/nx cVepyeî " 15
CKeivT] 8' êvœals ion ' irpos Se /icrà rwv àXXœv Kal èavrov
€K€Îdev à<f>aipeî, iKelvij 8è rov voû irpoç &eov êvutcrls ion
Kal rovrô ionv ôirep ol rrarépes elirov « TéXos rrpoaevxfjs,
» àpirayr) rrpos Kvpiov». A10 Kal 6 p.éyas Aiovvoios Si' avrrjs
r)p.âs èvovoOai râ> Oeâ> (fyqoiv. 'Ev yap rfj irpoaevxfj ràs 2°
irpos rà ovra a^caciç Karà fiiKpôv aiTori.dep.evos ô vovs,
■npGrrov p,èv ràs irpos rà alaxpà Kal irovrjpà Kal rà <pavXa
■nâvQ' àirXœs, eîra ràs irpos rà p,éoœs è'xoVTa #fa' pedappxi-
£6p.eva irpos ro yeîpov rj ro fieXriov rfj irpodéaei rwv xpa)p,évuiv
KaraXXriXats , aw h-qirov Kal irâaa p.âd-qais iari Kal ij Sià 25
rav-rr/s yvwcris, 8tà Kaî irarpiKov ion irapdyyeXp.a pir)
KaraSè'xeo'dai rrjv yvwaw ev rw Kaipœ rrjs irpoaevxrjs,
àva8i.8op,évr]v vtto rov èxQpov, "va p.i] ro Kpeîrrov o~vXr)6ô>p.ev ,

CVSL

16 tKilvr) S' cvwots eon ont. L.


458 GRÉGOIRE PALAMAS

voilà pourquoi un avertissement des Pères nous interdit d'accep


ter en soi, au moment de la prière, la connaissance qui provient
de l'Ennemi, afin de ne pas souiller ce qui lui est supérieur • ;
l'esprit abandonne donc peu à peu toute relation avec ces choses,
et même avec celles qui leur sont supérieures, pour s'écarter
totalement, durant la prière pure, de tous les êtres. Cette extase
est éminemment plus haute que la théologie négative, car elle
n'appartient qu'à ceux qui sont plongés dans l'impassibilité ;
mais elle n'est pas encore l'union, à moins que le Paraclet n'illu
mine d'en haut l'homme qui, dans la prière, a atteint l'étage
supérieur de ses plus hautes possibilités naturelles et attend la
promesse du Père et ne le ravisse, par sa révélation, vers la
contemplation de la lumière. Cette contemplation a un commen
cement, et quelque chose suit ce commencement, tantôt plus
obscur, tantôt plus clair ; mais il n'y a jamais de fin, car son
progrès est infini ainsi que celui du ravissement dans la révélation ;
autre chose, en effet, est un éclat, autre chose une vision durable
de la lumière, autre chose la vision des réalités qui sont dans la
lumière où les choses éloignées deviennent accessibles aux yeux
et l'avenir apparaît comme un présent.
La lumière : orga- 36. — Mais je suis incapable d'exprimer
ne et objet de la ct d'expliquer ces choses. Celles qui les
précédaient ne sont pourtant pas diffé
rentes, mais elles appartiennent au sujet qui nous occupe. Je
reviens donc en arrière. La contemplation de cette lumière est
une union, bien qu'elle ne dure pas chez les imparfaits. Mais
l'union avec la lumière est-elle autre chose qu'une vision ?
Et puisqu'elle s'accomplit avec l'arrêt de l'activité intellec
tuelle, comment s'accomplirait-elle, sinon par l'Esprit ? Car
c'est dans la lumière qu'apparaît la lumière et c'est dans une
lumière semblable que se trouve la faculté visuelle; puisque
cette faculté n'a d'autre moyen d'agir, ayant quitté tous
les autres êtres, c'est qu'elle devient elle-même tout entière lumiè
re et s'assimile à ce qu'elle voit ; elle s'y unit sans mélange,
étant lumière. Si elle se regarde elle-même, elle voit la lumière ;
si elle regarde l'objet de sa vision, c'est aussi de la lumière; et

»Cfr S. Jean Climaque, Scala, XXVIII (l'G, LXXXVIII, 1140 AB).


TRIADE II, 3, 35-36 459

Tauraç toiwv Kal ràs irpos rà Kpevrroi tovtùjv o^ecrcis


Karà ut/cpôv d7TOTidép.evos ô vovs, ôXocrxepûs zcarà tt^v
clXiKpivrj irpooevxyiv iÇlcrraTcu TÔtv ovrtov irdvroiv. Avrq 8è
■q CKcrracns tt\s p.èv Karà d<f>alpecriv deoXoylas 8ia<f>ep6vra)S
vtfjT)\6rep6v èarf p,6va>v ydp coti tû>v àiradelas èireiXrip.p.i- j
vcow ovttoj 8è êvwolç èariv, iàv p.rj 6 IlapdKXrjTOS èv vnepaxp
tû>v (ftvaiKwv àKporrJTWv KadT)p.éva) Ttp irpoaevxoaévu) Kal
■npoohoKÛiVTi. ttjv ènayyeXlav tov TlaTpos €7riXdp.ipr] dvcoQev
Kal 8tà rrjs àTTOKaXvipews irpos tï)v tov <f>ayros àp-ndar^ 6eœ-
piav. Tijs 8è décuplas Taurrçs «fort Kal àpxfi Kal rà /xcrà 10
ttjv àpxrjv, Kard re to àp.v8péTepov icaï TrjXavyéarepov
8ia<f>epovra npos dXXrjXa, réXos 8 ovuevovv ' èrr aireipov
ydp tj vpôoSos avrfjs, ojcrbavrios Kal Tr\s èv àTTOKaXvifrei
ap7rayrjs ' aXXo yàp eXXap.ipts, Kat aAAo SiapKrjs <f>arrds dea,
Kal âXXo tG)v èv tô> <}>ojtI 7r/>ayuâra»v, èv a» Kal rà p.aKpdv 15
ylverai xrn 6<p6aXfiovs Kal rà p.éXXovra a»? orna Seucwrat.

36. 'AXXà ravra aèv virèp èp.è Xéyeiv Kal oiarpavovv et


8è Kal rà 7rpo avTwv, aXX eKeîva rrjs TrpoKeip.évrjs vtrodé-
aecos ' eVayei/xt roivvv. 'H yovv tov ^>ojtos tovtov Oewpla
evojois èoriv, cl Kal p.rj SiapKTjS toîs àrcXéuiV rj Se tov <f>WTos 20
kvojois, ti ye âXXo 7} ôpaals èarw ; 'E-nel 8è Kal /xerà ttjv
Twv voepwv èvepyeiwv ànoTravaiv TeXeÎTai, ttwç âv TeXeo~-
6elrj, el p.rj Stà riveé/xaTOS ', 'Ev yàp tû> <f>a>Tl to <f>û>s ô/jârai
Kal èv tcô 6/j.olo) (Jxjjtc Kal to êpwv ' el Karà p.r)8èv aXXo èvep-
yolrj, Trdvrojv aAAai»' eKxiopijoav, (j>â>s SXov Kal avro ylverai 25
Kal tô> 6pu>p.évoj 6/j.oi.ovTai, p,âXXov 8è Kal àp,iyws ivovrat,
<f)ô>s ov Kal 6pâ)v (f>â>s Stà (fxoTÔs ' Kav éavrov fiXé^r), <f>œç
ôpâ, Kav irpos eKeîvo S âpâ, \\ <f>tùs èari Kal tovto, kclv to \ t- i8ir
8t' 0$ c^ei to opâv, Kat. eKeîvo (f>â>s èoTi, «rat tovt' iorlv

CVSL

25 r&v post ■tfâ.vriDv add. S || 28 S ont. L |; 29 t^ti : Ixv CL.


460 GRÉGOIRE PALAMAS

si elle regarde le moyen qu'elle emploie pour voir, c'est là encore


de la lumière ; c'est cela l'union : que tout cela soit un, de sorte
que celui qui voit n'en puisse distinguer ni le moyen, ni le but,
ni l'essence, mais qu'il ait seulement conscience d'être lumière
et de voir une lumière distincte de toute créature.
Vision qui dépasse 37. — Voilà pourquoi le grand Paul,
les anges et les jors ^e ce ravissement extraordinaire,
hommes. _,
avoue son ignorance de ce qu ,.,il était
, . .. ,
*.
Il se voyait certainement. Comment ? Par sensation, par rai
sonnement ou par intellection ? Mais, dans son ravissement,
il avait quitté ces facultés. Il se voyait donc par l'Esprit
qui avait accompli le ravissement. Mais qu'était-il lui-même,
puisqu'il était inaccessible à toute puissance naturelle ou plutôt
dépourvu de toute faculté naturelle ? Il était certainement
ce par quoi il était uni, ce par quoi il se connaissait et ce
pour quoi il avait quitté toutes choses. Telle était, en effet, son
union avec la lumière : les anges eux-mêmes ne peuvent y accéder,
à moins de se dépasser eux-mêmes par la grâce unifiante. Paul
était donc alors lumière et Esprit : par eux il était uni, par eux
il avait reçu la possibilité de s'unir, après être sorti de tous les
êtres et être devenu lumière par la grâce et non-être par transcen
dance, c'est-à-dire dans le dépassement des êtres créés, comme
le dit aussi le divin Maxime : celui qui est en Dieu a abandonné
derrière lui tout ce qui est après Dieu 2. Et encore : Toutes les réa
lités, les noms et les valeurs qui sont après Dieu seront au-dessous
de ceux qui seront en Dieu par la grâce 3. Mais, en accédant alors
à cet état, le divin Paul ne participait absolument pas à l'essence
divine ; l'essence de Dieu dépasse donc aussi le non-être par trans
cendance, puisqu'elle est aussi plus-que-Dieu* ; il y a un non-être
par transcendance 8, visible spirituellement par les sens intellectuels,
qui n'est aucunement l'essence de Dieu, mais une gloire et un
éclat inséparables de sa nature et par lesquels il s'unit à ceux-là

» // Cor., XII, 2.
» Cfr Cent, gnost., I, 54 (PG. XC, 1104 A) ; Ambig. liber (PG, XCI, 1200 B).
* Cfr, dans Ambig. liber {ibid., 1241 AC), un texte de s. Maxime très proche de
tout ce paragraphe de Palamas.
« Psbudo-Denys, Epist. II (PG, III, 1068), etc.
• Psbudo-Dknys, De theol. myst., V (PG, III, 1948A), etc.
TRIADE II, 3, 36-37 461

17 êvwais, êv rrâvr eKelva elvat,, wç fir/oè ex€tv ^tayivâiaKeiv


tov ôptàvra to oC 0$ kolI els S Kal ti aùrd iarnv, àXX t] tovto
(lôvov Sri <f>â>s etrri Kal <f>â>s opâ tô>v KTiap.dTOJV wavraiv
aXXo.

37. A10 Kal 6 fiéyaç IlavXos xarà rr)v èÇaiolav àpvayrjv 5


€Keîvr)v àyvoeîv eavrôv <f>t]ai ti r)v. 'Eojpa p.évroi èavrov '
itws ; AîodrjTwç rj XoyiKws rj voepœs ', 'AXXà tovtwv àpna-
yels àrravéorr) rœv ovvdpeojv. A ta tov rrjv àprrayrjv dp
i£et,pyaop,€vov IJvevaaTos iwpa eavrôv. Avros 8è ti r)v,
âXrjTTTOÇ à>v irâarf <f>vaiKrj 8vvdp.ei, p,âXXov 8 à7w\e\v[j.e- 10
vos Trdorjs <f>vot.Krjs Bvvdueœç ; IldvTœs eKeîvo a> r)vw9r)
Kal 8t' oS èavrov èylvwaKe Kal 81' S rrdvratv à<f>etp.évos r)v.
TavrrjV yàp eo~xe irpoç ro <f>wç tt)v êvwaiv, r^s oiiB' dyyeXoi
Tvyxdvoiev âv, et pr) oià ttjs èvovarjs ^api-roç vrrepfiaîev
èavrovs- 0<3? dpa Kal Tlvevpa r)v c/cetvoç totc, œ Kal rjvaiTai,, 15
c^' 0$ Kal to "qvwaBai e?X6> t&v ovto)v rrdvTutv ckcttciç icai
eKeîvo Karà x°LPlv yeyovws Kal KaO* {nrepox^v pr) œv, rjyovv
xmkp Ta KTiord, ws Kal 6 deîos Md£ip.6s <f>rjoiv ' 6 yàp èv
0e w yevôuevos « -navra rà fiera Oeov » KaréXnre Karôinv
èavrov ' Kal rraXw ■ * IJdvra rà p.erà Oeov rrpdypara Kal ovô- 20
» para Kal à^tojp.ara viroKdroj rœv èv râ> Oeœ 8ià rrjs xdpiros
» yevqaopévojv l'oral». Toiovros 8è yeyovàs ô deîos rare Ilav
Xos, rrjs Ôeias ovaias p.eTéo\ev ov8ap,œs ' Kal vrrep to Kad*
vrrepoxrjv pr) ov âpa -fj ovala tov Qeov, Kaddirep Kal « v-nép-
6eosi> Kai earri «Kad înrepox'rjv p,rj ov», 8tà voepâs aladrjaeujs 25
Trvevp.aTt.Kws âpœpevov, ô ovala tov Qeov rJKiord eari,
8d£a 8è Kal Xap,irp6n)S rrjs avTov <f>vaeios àxiôpioros, 01
fjs èvovrat toîs à£t,ois p.6vois, Kal àyyéXots Kal àvÔpœTrois.
Ov p.r)v aAA' eTrenrep œs ol ayyeXoi ovrat Kal oi âvdpamoi
Karà tovs rpônovs tovtovs ôpœoi tov Oeov Kal èvovvTai. t«3 3°
Oeâ> Kal vp.vovai tov Oeôv, rdx àv Kal dyyeXos, el t^v

CVSL
II tKCÎVO : (KCIVUI L.
462 GRÉGOIRE PALAMAS

seuls, anges et hommes, qui en sont dignes. Et puisque les anges,


aussi bien que les hommes, voient Dieu de cette façon, s'unissent
à Dieu et chantent Dieu, il est vraisemblable que, si un ange
exprimait lui aussi cette vision spirituelle, il parlerait absolu
ment comme Paul : Je connais un ange qui a vu, mais je ne sais
s'il était ange, Dieu le sait. Un homme qui reconnaît l'insondable
majesté divine et la hauteur à laquelle, dans son amour pour les
hommes, il a élevé notre bassesse, pourrait-il dire que ces visions
des saints, que seuls connaissent Dieu et ceux à qui elles ont été
révélées, comme le dit aussi Grégoire le Théologien 1, sont sen
sibles et, parce que sensibles, imaginées et symboliques, et les
rabaisser jusqu'à la connaissance humaine ?
La preuve de l'exis- 38 — Voici donc que nous en avons
tence de Dieu. présenté trois, un représentant de chacun
des trois ordres de la plénitude chrétien
ne : au nom des apôtres, Pierre le coryphée, au nom des hiérar
ques, Denys, l'interprète de toute la divine hiérarchie, au nom
des anachorètes, Isaac, le myste et l'initiateur de la vie hésy-
chaste 2 ; et comme à propos des bergers, lors de la nativité du
Christ, il est écrit qu'immédiatement après la parole de l'ange,
une multitude de l'armée céleste se joignit à son témoignage s,
de même une multitude d'apôtres a manifesté son accord avec
la parole de l'apôtre et une multitude de saints et de prêtres
s'est accordée avec chacun des deux autres témoins. Toute cette
multitude unanime a donc crié, d'une seule voix, qu'il y a une
lumière se manifestant aux saints, différente de la connaissance
qui provient de toute créature, bien plus sainte, puisqu'elle est
la gloire de la nature de Dieu * et qu'elle se fait voir à ceux-là seuls
qui ont acquis l'aspect de Dieu ; elle est loin d'être un produit
de l'imagination ou d'être semblable aux lumières sensibles ou
de constituer, comme elles, un symbole : elle est le fondement
et la beauté du siècle à venir, elle est l'unique lumière véritable,
éternelle, immuable ; elle ne connaît point de crépuscule et ne
peut subir de modification ; par elle nous devenons lumière.

» Hom., XXVIII, 19 (PG, XXXVI, 52 B).


* Palamas a en vue ici les témoignages qu'il rapporte plus haut : celui de la
première épître de Pierre (§ 29), ceux de Denys et celui d'Isaac de Ninive (§ 15).
» Luc, II. 13.
« Isaac de Ninive, cfr supra, § 15.
TRIADE II, 3, 37-38 463

iavrov xm€p<f>vâ eKeiVrçv ôpaoïv e£eÎ7re, rà tov IJavXov dvri-


xpvs àv elircv ôVi « olSa dyycXov ISàvra, ovk oîSa elye fy
» Kai âyyeXoç, 0 &e6s of8e ». Tàç o$v ôpaaeiç ravras tô>v
àyitov, âç ol8e p.6voç ô Qeos Kai oi kclt* eVeivaç èvepyovp.evoi,
KaOdnep Kai /pijyopios o OeoXôyos Aeyei, rauraç oiv atadrj- 5
rà? Ae'yetv Kai <f>avraaid>8eis Kai ovp.f3oXi.Kàç a»ç alaBrjràs
Kai irpos tt\v dvdpwirlvrjv yv&aw TrapafïaXXew , dp' dv8pôs
€OTt crwopwvros ttjv tov 6ciov vtpovs dneiplav Kai irpos Tt
(friXavQpwiTwç eïXKvae ttjv 7]p.djv ec^ana? ;

38. 'AXX' tSoù Tpeîç rjp.îv tTapr\yQ'T\aav > eîs à<f>' €kcl<ttov 10
rœv rpiœv iv tô> xpi<JT<ovvp,ip TrXrjp to/xan TayudVaiv ' 4k
twv àTToerràXcov , IJérpos ô Kopv<f>aîos, e/c twv Upapxwv,
Aiovvaioç 6 Trâoiqs ivOéov lepapxlaç îmo<f>iJTr)s , èx tcSv
àvaxwprjrœv , 'IoaaK || p,van)s Kai TeXerfjs tt\s kclÔ' t}OV- |f. 18m
^îav àyatyrçs, Kai /carà tÔ yeypapp,évov iiri twv Karà rr/v 15
Xpiarov yéwTjcriv iroip.ivwv ôVi evdvs ovv t<3 Xôyw tov
àyyéXov « ttXt}6os ovpavlov arpariâs » éVecr^ avp,p,apTV-
povv, ovrw Kai ovv t<2 tov 'AttootoXov Xoyw irXfjBos eiréorr)
dnooToXwv ovp.<f>wvovv, éoLwv Te /cai Upéwv è<f>' é/caTépa>
T<Sv Xonrwv. Tovro toIvvv to ttXtjOoç 6p,6Xoyov dirav âW- 20
7rep.ipav (fxovrjv a»? «m <£<3s toîç àyloiç <f>aiv6p,€vov, dXXo
p,ev irapa ttjv cnro tcDv ktiotwv airavTWV yvwow, tooovtw
8' UpwTepov oaw Kai « Sofa eari <f>voewç 0eov » /cai toîç
Oeoeih'éoi p,6vois yevop,4vots KdOopârai, tooovtu) 8' àTT€)(ov
tov (pavraot.ôjb'es etvai rj toîs aloOrjToîç TrapaTrXrjoiov (jywoiv 25
•»} au/xjSoAiKtDç «rar aiîrà 8iaire7rXdodcu ws Kai tov [léXXov-
tos alwvos tovO' v-nôaraoïv Kai KaXXovrjv virdpxeiv, p.6vov
<f>â>s àXrjdivov, aiwviov, arpeiTTov, dvéancpov, dvaXXoiwTov ,
Si' 0$ <f>ws ijaeîç yt.v6p.eda, reXelov <f>u>Tos y(.wr\p.aTa. Tov-
tovs oSv tovs tooovtovs « aTroppéovTds tc Kai eloirvéovraç » 30
koXwv Siaovpeis Kai nepi ttjv tov &eov ovaiav àp.aprdvetv

CVSL
22 raaovTw : tooovto CL I 24 Tooovrtp : roaovro CL.
464 GRÉGOIRE PALAMAS

enfants de la lumière parfaite. De tels hommes, tu les appelles


donc expirants et inspirants, pour les insulter, et tu affirmes, ô
philosophe, qu'ils sont dans l'erreur en ce qui concerne l'essence
de Dieu, eux, les contemplateurs de Dieu, les sages divins et les
hérauts de Dieu ! J'ai peur que tu ne te détaches de l'héritage
des saints dans la lumière 1, qu'en ouvrant tes lèvres, tu n'attires
l'esprit*, mais l'esprit opposé à la vérité, j'ai peur que tu n'en
seignes qu'une chose inexistante est l'essence de Dieu ! Que signifie
cette lutte que tu as entreprise pour montrer à tout prix, avec
le plus grand zèle, qu'il n'existe pas de contemplation dépassant
l'activité intellectuelle ? Pourtant, cette contemplation dépas
sant les activités intellectuelles est le seul moyen, le moyen le
plus clair, le moyen par excellence, pour montrer l'existence
réelle de Dieu et le fait qu'il transcende les êtres. Comment, en
effet, l'essence de Dieu n'existerait-elle pas, puisque la gloire
de cette nature divine se fait voir aux hommes qui ont surpassé
par la prière pure tout ce qui, dans la lumière même, est sensible
et intelligible ? Combien l'essence de Dieu ne dépasse-t-elle
pas tout être sensible et intelligible, puisqu'elle dépasse cette
contemplation, laquelle est elle-même au-dessus de toute sensa
tion et de toute intellection !

Lumière dépas- 39. — Et les biens du siècle à venir


sant l'intellection. ne dépassent-ils pas toutes nos facultés
sensitives et intellectuelles ? Il est dit
en effet : Ce sont des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille
n'a point entendues et qui ne sont point montées au cœur de l'homme,
que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment 3 ; mais la pureté
du cœur verra alors ces choses, selon saint Maxime *. Est-il donc
vrai qu'il n'existe pas de vision qui dépasse toute intellection ?
Mais qu'il s'abstienne dorénavant de recourir sophistiquement
à l'équivoque en feignant d'être en accord avec nous, lorsqu'il
ne peut plus nous contredire ! Car celui qui, par métaphore et

1 Col., I, 12.
« Ps., CXVIII (CXIX), 131.
» / Cor.. II, 9.
* Citation tirée d'un texte publié par S. L. Epifanoviè, Matériaux pour l'étude
de la vie et des œuvres de s. Maxime le Confesseur (en russe), Kiev, 1917, p. 5&-59.
ch. 19 (cité d'après Hausherr). Ce texte est repris dans Orient. Christ. Period.,
t. V, 1939, p. 231, pari. Hausherr, qui le restitue à Évagre (Cent., VI, 22).
TRIADE II, 3, 38-39 465

Xéyeis, <pi\6ootf>e, tovs deoirras, tovs deouôcpovs, tovs deoKrj-


pVKas ; AéSoïKa fît) « tov èv cpcorl /cAijpou tcDv àyiwv » àrrop-
pvfjs, p.r) « to urôp.a àvolÇas êXKvuys Trvevp,a », cLÀAà ro
àvriKelp,evov rfj àXrjdela, p,r) ovulav Soy/xan'^ç 0eov ro
àvvrrapKrov . Ti ydp 001 povXerai. o àycov CKeîvos, Seî^at 5
Ti.Oep.evcp 8ià uitovStjs p.eylurrjs a»? ovk euri décupla îmèp
ràs voepàs ivepyelas, Kalroi 81' avrijs p.6vrjs ttjs virepfîai-
vovurjs ràs voepàs ivepyelas Oecoplas Kal to Svtcos eîvai tov
0eov Tpavôrara Kal èuTapiâXiUTa hia<pepôvTcos oetKVvrcu
Kal to îmèp rà ôvra eîvcu tov 0e6v ; TIcos yàp ovk âv eït] 10
i) ovula tov 0eov, eïye roîs Stà rfjs elXiKpivovs irpouevxrjs
viTepavafiaui ttôv o tI irep alodrjTov Kal votjtov èv avrfj
rrj irpooevxfj rj Sd£a rfjs delas eKelvrjs evopârai. cpvuecos ;
nôotti S' âv eïrj virèp rràv aîuôrjTov Kal votjtov t) ovula tov
0eov, elirep îmèp ravrrjv eli) ttjv déav, rrçv îmèp vâuav 15
aïadrfuiv Kai vôrjuiv oSuav ;

39. Tl 8è Ta tov fiéXXovTOS alcovos àyadd,' Oi>x îmèp


irduas iuTL Ta? aluOrjTiKàs r)p,cov 8vvdp.eis Kal ràs voepds ',
« "A yàp 6<p8aXp.os ovk eïSe Kal oiïs ovk t)kovu€ Kal irrl
» Kapoiav avdpwTrov ovk àvé/Sr/ r/Tolp.aoé' » cprjuiv « ô 0e6s 2°
» toi? àyaircôuiv ainôv » ' àAAà p.r)v Tavra totc <( r) KadapÔT-qs
» rrjs KapSiaç ôifierai », /ccrrà tov âyiov Md£ip.ov. IJcôs ovv
ovk êuTiv ovoap.cî>s opauis îmèp irduas ràç vor\uc1? ; MrjSe
yàp uo<f>iuTi.Kcvs avôcs 8ià ttjs 6p.cuwp.las, are p.r}Kéd' r)p.îv
€\cov àvTiXéyeiv, vnoKplvaio tov uvp.cpdeyy6p.evov. 0v8è 25
yàp 6 Xéycov p.eTacf>opiKc7>s Kai op.cuvvp,œs |[ v6t)uw to virèp | f. i8tr
vôrjuiv, Stà rô Kal vrrepcôvvp.ov eKeîvo elvat., p.eTa^aXcov
avdis àycovteÎTai 8eî£ai p,r) îmèp vôrjuiv eKeîvo elvai.. Kal
p.r)v â p.èv elircbv ovx virep v6t]uw to virèp vor/uiv, côs vôrjuiv

CVSL

3 ri post iirj om. L, \\ 6 <T7rouS^s ficyiaTi)9 : ntyiirrqs owouS^ï VS (17 tov ont. CVL.
466 GRÉGOIRE PALAMAS

par homonymie, appelle « intellection » ce qui dépasse l'intel-


lection, parce que l'Objet est au-dessus de tout nom, ne change
pas ensuite d'avis et ne lutte pas pour montrer que cet Objet ne
dépasse pas l'intellection. Celui qui affirme que le Supraintelli-
gible ne dépasse pas l'intellection, puisqu'il est appelé « intel
lection », peut se servir de cette homonymie comme d'un prétexte
et d'un masque, mais celui qui ne place même pas ce Supraintel-
ligible au-dessus des activités intellectuelles ne peut même pas
recourir à la sophistique, car jamais on ne peut l'appeler « acti
vité intellectuelle ». Dans cette vie très bienheureuse du siècle sans
fin, les fils de la Résurrection n'auront, en effet, besoin de rien
qui constitue la vie du siècle présent : Ni d'air, ni de lumière,
ni d'espace, ni de rien de semblable, mais, suivant Grégoire de
Nysse, la divine nature nous remplacera tout cela ; et, suivant
saint Maxime, la déification de l'âme et du corps qui se produira
alors fera cesser toute activité naturelle de l'esprit et des sens,
et Dieu apparaîtra dans l'âme et le corps, les caractères de la nature
ayant été surmontés par la surabondance de gloire. 2 Quelle est
donc cette lumière qui, sans être sensible, se rend visible aux yeux
du corps sans l'intermédiaire de l'air, par delà toute connaissance
naturelle ? N'est-elle pas la gloire de Dieu qui resplendit autour
et au dedans de l'homme ? Quelle est cette lumière qui nous
permet de contempler par delà les sens et l'intellection ? N'est-ce
pas l'Esprit de Dieu qui alors fera que non seulement notre esprit,
mais notre corps même, seront spirituels ? Comment est-il donc
possible qu'il n'y ait aucune vision dépassant l'intellection,
ni aucune lumière du cœur autre que la connaissance ?

La foi. 40. — Quant à moi, je considère que


notre sainte foi est aussi, d'une certaine
façon, une vision de notre cœur qui dépasse toute sensation et
toute intellection, car elle transcende toutes les facultés intellec
tuelles de notre âme. J'appelle ici « foi », non pas la confession
orthodoxe, mais le fait de demeurer inébranlablement fidèle à
cette confession et aux promesses de Dieu. Comment, en effet,
voyons-nous par elle ce qui nous est promis pour ce siècle sans

1 De anima et résurrection* (PG, XLVI, 104 C).


• Cent, gnost., II, 88 (PG, XC, 1168 A).
TRIADE II, 3, 39-4O 467

KaXovfievov, ê^ei ti npôoyr\p.a Kai npoowneîov -rrçv ôfiwvv-


[ilav, o 8è p>f]8' vnèp ràç voepàs èvepyeias èiccîvo Ti9ép.evos
ov8è ao<f>iaaodai yovv ê^ci " voepà yàp èvépyeia eKeîvo rJKiora
KXrjdelr] av. '^4AAà yàp èv rfj p,aKapt<oTa.Tr) eKelvr) Karà tov
SXrjKTov alwva Siaytoyij toîs vloîs ttjs àvaoTaocœs ov8e- 5
vos 8erjo~ei tcùv Karà tov vvv altôva ovvujt aSvrajv tov jSt'ov,
« ovk aepos, ov <j>wr6s, ov Tonov koI tcûv toiovtùjv, àAA' àvri
» ndvrœv r\pXv r) Bêla yevrjoeTai <j>vais » Karà tov Nvao-qs
rpr\yôpu>v Kai, /tara tov âyiov Md£ip.ov, 17 ttjs <fnJXÎs tôt*
Kai tov au>fÂ.a,TOS déwots naaûxv tcSv Kœrà vovv re Kai aïadr)- 10
mv <j>vou<â>v èvepyeiœv ^apurerai ttjv ànénavoiv, ai? « tov
» Oeov Sta tc ttjs *}fVX*\s Kai tov owp,aTos <f>alveodai, viktj-
» dévTGJV TJj vnepfioXfj ttjs 86£r)s tôjv <f>voiKwv yvoipi.ap.d-
» Toiv ». Tl Tolvw tÔ 8tà t&v crwp.aTiKùJv 6\f>6aXfjLÔrv, aveu
àépos Kai ovk aladrjTov, vnèp nâaav yv&aw <f>voiKr]v ôpw- 13
p.€i>ov <f>â)s ,' 0v% t) nepiavydtpvad Te ko! èvavydtpvaa 8o£a
tov Oeov; Tl 8è to vnèp nâaav aïaô-qalv Te Kai vôrjaiv
deojprjrtKOvs 17/iâs àirepyat,6pievov ', Ov tÔ TIvevp.a tov
Oeov, to p.rj tov vovv udvov, àXXà /cal to aôjp.a t66' rjp.ojv
nvevp.aTiKov notrjaov; IJœs oSv ov8ep,la Spaals èariv vnèp 20
rqv vôrjatv, ov8è <f>â>s ttjs Kap8las eTepov, om. p.rj t) yvGiois ',

40. 'Eyà> 8è Kai ttjv lepàv r)p.â>v nlariv vnèp ndaas Tas
alodrjoeis Kai ndoas tcW vorfoets ôpaaiv ttjs iJueTcpa? eTe
pov Tpénov Tt0ep.ai. Kap8las, <î>s vnepfialvovoav Ta? voepàs
ndoaç 8vvdp.eis ttjs ijucûv iftvxH5 ' ttUjtiv 8è Xéya> ov ttjv 25
evoefifj éuoAoyîav, aAAà ttjv in' avrf} Kai toîs vno
tov Oeov èmjyye\p\,evois ap.eTaneiorov I8pvcriv. liais yàp
81* aùr^ç ôpwfxev Ta èmjyyeXp,éva KaTà tov p.éXXovra èicet-
vov âXrjKTov aiâiva ; Tais alodrjoecriv / *i4AAà niaris èorlv

CVSL
468 GRÉGOIRE PALAMAS

fin qui est à venir ? Par les sens ? Mais la foi est une ferme assu
rance des choses que l'on espère x, et il n'y a aucun moyen de voir
par les sens ce qui est à venir et ce que l'on espère ; c'est pourquoi,
l'apôtre a ajouté : Une démonstration des choses qu'on ne voit pas *.
N'y a-t-il pas quelque faculté intellectuelle pour voir les choses
que l'on espère ? Mais comment y en aurait-il une, puisqu'elles
ne sont jamais montées au cœur de l'homme 3 ? Quoi donc, nous ne
voyons donc pas par la foi les choses qui nous ont été promises
par Dieu, puisqu'elles transcendent toute activité sensible et
intellectuelle ? Mais tous ceux qui, depuis le commencement
des siècles, ont recherché par leurs oeuvres la patrie céleste
sont morts, selon l'Apôtre, sans obtenir ce qui leur était promis *,
mais l'ont vu et salué de loin. Il existe donc ime vision et une intel-
lection du cœur qui dépassent toutes les activités intellectuelles,
car le supraintelligible n'est pas inintelligent, sinon par transcen
dance ; n'est inintelligent que ce qui est insensé par défaut d'in
telligence.

Vision de la fol 41. — Toutefois, bien que tous ceux


et accomplisse- à ia ^ desquels il a été rendu témoignage
men esc a o og - n'a{enf p^ obtenu ce qui leur était promis,
Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur
pour nous, afin qu'ils ne parvinssent pas sans nous à la per
fection B, ces hommes ne verront donc pas ce qui leur est promis,
une fois qu'ils auront atteint la perfection ? Et s'ils le voient,
ils ne le verront donc pas au delà de toute intellection ? Et,
s'ils le voient au delà de toute intellection, ils le verront de
la même manière qu'avant d'avoir atteint la perfection ?
Comment tout cela aurait-il un sens ? Ils verront donc, au delà
de toute intellection, d'une manière différente de celle dont
ils voyaient auparavant : leur vision sera une jouissance des
promesses accomplies. Il existe donc une vision qui dépasse toute
intellection ; elle est même plus sublime encore, car la foi elle-

1 Hébr., XI. i.
• Ibid.
• / Cor., II. 9.
' Hébr.. XI, 39.
• Hébr., XI, 39-40.
TRIADE II, 3, 4O-4I 469

« èXrnÇop.é'vœv vrrôaraais » ' aloOrjoei Se to p.éXXov re Kal


eAmÇop-evov ovà idew yevoir av ris p.rjxavrj 010 kox o
'ArrôaroXos rrpooedrjKe ' « Tlpayp.dru>v êXeyxos ov f$Xerrop.é-
vtov ». *Ap oiïv voepd ris Svvap.is oifterai rà èXrri£6p.eva ,'
Kcù 77-tDç, « â p.r)Sap.œs èrrl KapSlav dva^é^rjKev dvdpœrrov » / 5
7V. oiïv, ov\ 6pâ>p,ev 8ià rrjs rrlareœs rà èrrrjyyeXp.éva ij/zîv
rrapà 0eov, irreiSrjrrep V7repava.l3a.lvei ràs alad-qriKàs Kal
voepàs rrdaas èvepyelas ; 'AXXà p.r)v navres ol àrr' aliôvos
r-qv errovpaviov 01 epyatv èrn.£r)Tr)oavres rrarplSa, Karà
rov Oeîov 'ArrôaroXov, drréôavov « p.r) Kop.Laap.evoi, ras èrray- 10
yeXias », àAAà rroppwOev avràs îSovres Kal darraadp.evot. || 1 1- i8t»
"Eotcv dpa Kal opaais Kal voyais KaphLas vrrèp rrdaas ràs
voepàs èvepyelas ' rà yàp vrrèp vovv, et p.r) Kad* virepoyT\v,
ovk àvôr/rov, èrrel roiovro to rar' êXXeiijtiv âvovv.

41. Ov p.r)v àXX' èrrel -navres « ol p,aprvprjdévres Sià rrjs *5


» rrlareœs ovk eKop.laa.vro rrjv èrrayyeXlav, rov @eov rrepl
» r)p,â>v KpeÎTTOv ri rrpop^Xeifiap.évov , ïva p/r) ^ai/HÇ r)p.œv
» reXeiwdâiai », reXeiwdévres dp' oiïroi rà èrrr)yyeXp.éva
ovk oifiovrai ,' *H oipovrai p.év, àXX' oi>x vrrèp rrâoav vor/aiv
oipovrai ; *H Kal vrrèp Trâaav vôrjoiv, dXX' à)S Kal irplv rj 20
reXeiaiôrjvai ,' Kal -nais dv e^oi rovro Xôyov ; Ovkovv oipovrai
Kal vrrèp rrâoav vôrjaiv Ôiftovrai Kal ov% a»? rrpôrepov èojpiov,
àXX à>s àrrôXavotv rœv èrrrjyyeXp.évcov elvai rr)v opaaiv.
"Eariv dpa opaais vrrèp rrâaav vôr/aiv Kai en vrrèp rovro '
Kal yàp 7) p.èv irions avrrj vrrèp vovv opaais èarw ' r) Se rœv 25
marevdévriov àrroXavois, opaais vrrep ttjv vrrèp vovv opaaiv
eKelvrjv. "Eori 8r) Kai ro Kar" avrrjv oparôv re Kal drroXav-
arôv, S vrrèp -navra rà alaOrjrà Kal vorjrà vndpxov ovala
rov 0eov ovk êariv, àXX' vrrepoxiKœs Kal avrov èÇrjprjrai r)

CVSL

12-13 virlp Trâoas ràs vo€pàs «Vcpyeiaç : vnkp ràç voepàs cvcpyclas irdaas L (| I3-I4
ti p.ij Kad* VTTtpoxrjv, ovk àvérjrov : ovk àvôr]Tov, cî fii] ko0* v-ncpoxfy L-
47° GRÉGOIRE PALAMAS

même est une vision supraintelligible ; quant à la jouissance de


l'objet de la foi, c'est une vision qui dépasse cette vision supra
intelligible elle-même. Il existe donc un Objet de cette vision et
de cette jouissance qui surpasse tout être sensible et intelligible,
mais qui n'est pas l'essence de Dieu ; l'essence de Dieu, dans sa
transcendance, se distingue encore de cet objet. Tel est, en effet,
l'assurance 1 entière des biens à venir. Te rends-tu compte
jusqu'à quel point ces gens, qui ne connaissent pas la vision supra
intelligible, dépouillent Dieu de la majesté qui lui convient ?
Combien plus grand est l'honneur rendu à Dieu, soit par ceux
qui ont un peu goûté à cette vision par la pureté de leur cœur et
ont reçu eux-mêmes les prémices du siècle à venir, soit par ceux
qui l'ont reçue dans la foi qui procure de nombreuses façons les
biens cachés ! Mais le philosophe n'a point atteint une telle hau
teur de pensée; il n'a ni adoré, ni glorifié Dieu dans l'Esprit,
d'une façon digne de lui ; il considère que ceux qui glorifient
Dieu dans l'Esprit de Dieu font juste le contraire : il abaisse
au rang de blasphémateurs les seuls théologiens sublimes et
sûrs.
La foi, faculté sur- 42. — Mais arrêtons-nous encore sur
naturelle. la foi, sur la divine et joyeuse contem
plation qu'elle procure aux chrétiens : la
foi, pilier de la puissance évangélique, vie des apôtres, justifica
tion d'Abraham, la foi, où commence aujourd'hui et où aboutit
toute justice et par laquelle tout juste vivra2, alors qu'en s'en abste
nant, on retombe en dehors de la bienveillance divine, car sans la
foi, il est impossible de plaire à Dieu 3, la foi qui libère toujours
notre race de toute erreur, qui nous établit dans la vérité et éta
blit la vérité en nous, cette vérité dont personne jamais ne nous
éloignera, même en nous prenant pour des fous *, parce que, par la
foi véritable, nous sommes sortis hors du raisonnement, parce
que par l'action et la parole nous témoignons que nous ne nous
laissons pas emporter à tout vent de doctrine 5, mais possédons

» Cfr Hébr., XI, i.


• Rom., I, 17.
» Hébr.. XI, 6.
« Cfr Actes. XXVI, 24-25.
» Épkit., IV, 14.
TRIADE II, 3, 41-42 471

ovaia tov Oeov. Touavr-q yàp irâoa r) twv p.eXX6vra>v àya-


6â>v « vtrôoraoïs » . UvvrJKas Saov rrjs deoirperrovs fieyaXciérrjros
neptaipovvrai ol Tavrrjv p.r) yivœoKovres tt)v vrrèp vôrjaiv opa-
aiv ; "Oaov 8' vnep clvtovç p.eyaXvvovai Qeov ol ravrrjs r) oià
KaôapÔTTjTa Kapolas p.eTpla>s yevodp.evoi. Kai tov àppafiâjva 5
aypvres èv êavroîs tov p.éXXovTos alôJvos, y rrapaoe^dp-evot,
m'arei rj} ttoXvtpÔttcos irpoÇévut tô>v aTToppryroiv àyadcov ;
'^4AA' ô <f>iX6oo<j>os to vtftos rrjs Siavolas Tavrrjs ov \a)prjaas ,
ovre tov Qeov npoaeKvvt]aev r) èhôÇaoev à£îu>s èaVTOV €V
ÏIvevp.aTi Kai tovs èv IJve vp.aTt Oeov Oeov SoÇdÇovTas irâv 10
r)yetTat Towavriov irp6.TTf.iv Kai rrpos tov twv PXaatfyq-
fiovvTiov Karacnrâ KaTaXoyov tovs p.6vovç itfrqXovs Kai ào<f>a-
Xeîs OeoXôyovs-

42. 'AXXà yàp ivBi.aTpiifjœp.ev Iti rrepl Tr)v ttIotw Kai


rr)v KO.T avrrjv delav Kai TepTTVTjv xpiCTiavoîç dewpiav, rnarw, 15
to rrjs evayyeXiKrjs hvvdp.ea)s o^/^a, rqv airooToXiKrjv Çœrjv,
to àf$pap.i.aîov Si/caïai/xa, itiotiv, i£ r)s vvv axerai Kai els
rjv KaraX-qyei 7râcra BiKaioovvtj Kai à<f>' r)s « diras SiVaios
« ^tjctctgu », o 8' v7TOOTeXX6p.evos Trjs evSoKias eKireoeiTax
Trjs delas, Kai yàp « x^pis rrioTews àovvaTov evapearrjaat -o
t Qeât », iriariv, ri)v TTavToharrrjs 7rXdvr)s to yévos r)p.d)v
èXevdepovoav àel Kai èvihpvovaav r)p.âs rfj dXrjdela Kai
rjp.LV ttjv àXrjdeiav, rjs ovSels r)p.âs tû>v àiràvTiov àtroKLvf)-
aei, Kav p,aivop,évovs rjyqarjrai, 8ià Trjs ovtcjs rrlareois
èÇeorqKOTas Tr)v înrèp êvvoiav eKOTaoïv, èpyip Te Kai Xôyat 25
p.apTvpovvTas a»ç où « irep«f>€p6p.e9a rravrl àvépup rrjs SiSao--
» KaXtas », Il àAAà Trjs evicuaç tôjv xpioTiavœv àXrjOoyvw- J '■ »8y

CVSL

15 ^ptortavots ont. CL.


472 GRÉGOIRE PALAMAS

l'unique connaissance de la vérité des chrétiens et vénérons la


très simple, très divine et véritablement infaillible contemplation.
En abandonnant maintenant l'avenir, considérons donc la con
templation supraintelligible que nous donne la foi sur les événe
ments qui se sont produits dès l'origine : C'est par la foi que nous
reconnaissons que les siècles ont été formés par la parole de Dieu, en
sorie que ce qu'on voit n'a pas été fait de choses visibles 1. Quelle in
telligence pourrait jamais comprendre que l'univers que voici
vient du néant absolu par l'effet d'une seule parole ? Car ce qui
est accessible aux activités intellectuelles ne les dépasse absolu
ment pas. C'est ainsi que les sages hellènes ont observé que rien de
corruptible ne se transforme en non-être et qu'aucun être ne pro
vient du non-être, et ont considéré que le monde était sans com
mencement ni fin. Mais la foi a dépassé les conceptions qui pro
viennent de la contemplation des créatures : elle nous a unis au
Verbe qui transcende l'univers à la Vérité primitive et simple, et
nous avons appris, mieux que par démonstration, que toutes cho
ses ont été produites non seulement du non-être, mais par la seule
parole de Dieu. Qu'est-ce que cette foi ? Est-ce une faculté natu
relle ou une faculté surnaturelle ? Surnaturelle, certainement. Voi
là pourquoi personne ne peut aller vers le Père, sinon par le Fils *,
qui nous a placés au-dessus de nous-mêmes, qui nous a donné
la simplicité déifiante et qui nous a fait revenir à l'unité avec le
Père qui nous rassemble. Ainsi Paul reçut la grâce pour amener
à l'obéissance de la foi s; ainsi, si tu confesses de ta bouche que Jésus
est Seigneur et si tu crois en ton cœur que Dieu l'a ressuscité des
morts, tu seras sauvé * ; ainsi, ceux qui n'ont pas vu et ont cru
sont plus bienheureux que ceux qui ont vu et ont cru * en Celui
qui vit après être mort et qui est le Prince de la vie éternelle • ;
car ils ont vu avec les yeux supracosmiques de la foi et ils ont
vénéré les choses auxquelles l'œil ne croit pas en les voyant et
que la raison ne peut concevoir.

1 Hébr., xi, 3.
* Cfr Matth., XI, 27 ; cfr Jean, X, 9.
* Rom., I, 5.
« Rom., X, 9.
• Jean, XX, 29.
• Actes, III, 15.
TRIADE II, 3, 42 473

crias è;(oue0a Kal tt)v àTrXovarépav Kal detoTepav Kal ihs


âXrjOios âTrXavij detopîav TTp€o-fievop.€V. "Iva toIwv, tiov ueÀ-
Xôvrcov àprlws àtpéuevoi, r-r)v 4k irioreats virkp vovv detopîav
àiro tcov yeyovôratv i£ àpxfjs eTroiTTevcrcop.ev, « frimei voovp.ev
» Karrjprlodai tovs aîcôvas pr\\i.fvn. &eov, eis to p."r) ck cf>ai- 5
» vop,évwv t<z fiXevopeva yeyovévat ». IIoïos vovs x^V00-1,
hvvair âv <Lç €K p,r)8ap,f} p.r)8ap,û>s ôvros toSc yéyove ro
■nâv Kal ravra Xôyip fi6vu>,' 'Ekcîvo yàp irâvrois ox>x vrrep-
avafiaîvei Tas voepàs èvepyeias, S KaTaXrfirTov ècrnv aurais .
Tavr' àpa Kal ol o~ocj>oi tû>v EXXrjvwv Karavo-rjcravres (ôs 10
ucTa^a)p€Î irpos to p.rj ov tcov tj>0eipop.évcov ov8év, yiverai
ré €K p.y] ovtos tcov yivop,évcov oioév, àyévrp-ov Kal àreXev-
tt\tov rov Koop.ov e86£aoav. 'AXX' îmepavafiâcra v) maris
ràs àiro rfjs tcov KTiouàrcov décuplas iyytvop.évas èwoias
■rjvcooev r)uâs tco rràvrcov imepavcoKicrfiévco Àdya> Kal ttj 15
àKaraoKeva» Kal à7rXrj àXrjdeia Kal /caTtvoTjaauev Kpeîrrov
7} Karà àir68ei£tv ils ov p.6vov c#c ju.17 ovrcov, àXXà Kal udvai
prjpaTi Oeov âiravra iraprjxdrj. Ti oSv r) Trions avrr) ; *Apa
cf>vcriKfj tu Suvauis r) vrrepcpvqs ,' ' Ynepcfivrjs h-q-nov 8iô «où
» Suvarai ris iXdeîv rrpos rov Uaripa el p.r) Si' Yîov », tov 20
wrepdvco TiOévros r)p,côv avrcov r)p,âs Kal rfjv Beoiroiov àrrXô-
T7)ra Si86vros Kal rrpos rr)v tov avvaycoyov IJarpos em-
arpé<f>ovros évonjTa. Aià tovto IJavXos « eXafie X(*PIV "? vna~
» Korjv irioreœs », 8ià tovto « eàv âp.oXoyrjorjs iv tû> oto-
» /xan aov Kvpiov 'Itjoovv Kal .7TioTcvorfs cv tjj Kapbiq. oov 25
» ôVi ô Geos avTov îjyeipev ck veKpwv, atoOrjor) », 8ià tovto
tô>v Ihôvrojv Kal TTiarevcrâvroiv els TOV €K V€KpWV £<5vTa Kal
âpXVYov rîs o-lœviov t,tor\s, ol p.rj ISôvres koi ■moTevoavres
p.aKapid)T€poi ' â yàp Kal 6<p6aXp.os fiXéntov êavTcô à-moTel
Kal Sidvoia KaraAajSeîv ovk €X*l> Taûra 8ià tcjv rfjs Trioreios 3°
VTTcpKoop.iuiV 6tf)0aXp.â>v Kal eTSov Kal io~ef$<io~dT]o~av.

CVSL

14 zrjsotn. VS.
474 GRÉGOIRE PALAMAS

Foj 43. — La victoire qui a triomphé du


et connaissance. monde, c'est notre foi l ; c'est elle encore,
chose extraordinaire, qui, par des voies
différentes et à différentes époques, rétablit le monde qui était
auparavant déchu ; c'est elle qui, plus tard, l'a transformé pour le
rendre plus divin, l'a placé au-dessus du ciel et a transporté la
terre au ciel. Qui a conservé les semences du deuxième Monde ?
N'est-ce pas la foi de Noé ? Qui a fait d'Abram un Abraham et
un père d'une multitude de nations * comparables au sable et
presque égales en nombre aux étoiles 3 ? N'est-ce pas sa foi dans
les promesses alors incompréhensibles ? Il tenait, en effet, son
unique héritier prêt pour l'immolation 4 et, ô miracle, n'en
perdait aucunement sa foi dans la venue par lui de nombreux
enfants ! Le vieillard n'apparaissait-il pas alors comme un fou
à ceux qui contemplent les réalités par le raisonnement ? Mais
l'issue finale que la grâce de Dieu donna à ces événements montra
que la foi n'était pas une insanité, mais une connaissance sur
passant tout raisonnement. Noé, de son côté, s'attendait à voir
venir des abîmes d'eau de la voûte convexe du ciel 5. Où sont les
sottises de la philosophie que tu vénères ? Par nature, tous les
objets lourds sont portés vers le bas et le centre, alors que les
objets légers, en tant que légers, s'écartent par nature du centre !
Où sont l'élément peu consistant et l'élément compact, dont le
premier ne peut supporter un objet, alors que l'autre se dérobe,
et les objets assez consistants par nature • ? Où sont les sphères
et les convexités exactes, les mouvements différents et très ra
pides 7 ? Si c'est là que tu recherches la vérité sur les êtres,
tu t'écarteras toi-même de la vérité, tu en écarteras ceux qui
t'auront suivi et tu en feras d'inutiles victimes du déluge, qui
apprendront par une amère expérience ce que la connaissance

1 I Jean, V, 4.
• Gen., XVII, 5.
• Cfr Hébr., XI, 12.
• Gen., XXII, 9.
• Gen., VI, 18 ; VII, 11.
• La cosmologie biblique, selon laquelle le firmament soutenait des abîmes
d'eau, contredit en effet les lois de la pesanteur et de la résistance des corps.
' Palamas ne manque jamais d'ironiser, à tort ou à raison, sur les conceptions
astronomiques auxquelles Barlaam avait consacré plusieurs écrits.
triade il, 3, 43 475

43. « Axrrr\ karlv r) vÎktj r) vncqaaaa tov Koapxtv, t)


» irions rjficôv » " aûnj ioriv, el Kal irapabo^ov elireîv, t) Kal
TOV KO.TU} TTpOTCpOV KCLTa 8ta<f>6pOVS TpOTTOVS KO.I KCLipOVS
ovon\oap.hrr\ Kocrfiov, tVj vorepov ivl to dciôrepov /xera-
aKevdaaaa Kal vtftov tûdv oipavœv avràv Ocîoa Kal rrp> yrjv 5
ovpavœoaoa. Tls Sevrépov Koop,ov oiréppaTa €<f>v\a£ev ',
Ovx 17 tov Nwe nions,' Tls tov "Afipap,, 'Afipaàp, Kal iroXXœv
iOvtôv ireTTolrjKe uaTÎpa, tGdv té Trj if>dp.p,a> ■napeiKatpp.évoxv
Kai tô>v toÎs âorpaoi 7rapair\7)ola>v ; Oi>x r) trcpl Tas aKa-
TaXrjTrTovs Tore eKelvas viTooxéoeis Trions,' Tov yàp p.ovo- 10
yevrj SiaSo^ov irpoKelfievov eîx^v els o<f>ayi)v ko! hi avrov
iroXvTCKvtav, <5 tov Qavp,aTos, || àvevBoidorœs iTrlorevoe. | f . 183*
Ti oSv, ot>xl p.u>palveiv âv toV ISofev 6 yipotv toi? Xoyiouœ
Ta irpâyp.aTa ôp&otv ', ,AXX' ISct^ev 7) Sià ttjs xâpiros tov
Oeov TÔtv TTpayp.6.T(DV e/c/?a<ri? ti)v nlonv ovk à<ftpoovvTjv 15
ovoav, àXXà yvœoiv 7ra»Ta Xoyiop.ov îmepéxovoav. iVaie
8' a#0iç à-no rfjs Kvprfjs ovpavov 7repi<f>epelaç à/Svooovs
TTpooeBoKrjo'ev voaTwv. TIov rà ttjs irapà ooi oeTrrijs <f>iXo-
ao<f>ias \y]pr)p.aTa; 'Eirl tÔ ko.toj Kal p.ioov <f>voei irâvra
<f>épeTai Ta f5âpr), Ta Kov<j)a Kadôoco Kov<f>a, Karà tooovto 20
rr4<j>VK€V àW^eiv tov p.éaov. IIov 001 tÔ p.avov Kal ovuttcttiXt]-
p.évov, to pèv ovk exov oréyeiv, to 8è Siaovvov, Kal Ta p.i)
irâvv àpaià rr\v <f>voiv ; TIov Ta à»cpij8r) o<f>aipu>p.aTa tc Kal
KvpTOJuaTa Kal al iroXveiSeîs Kal Ta^toTcii kivtjocis, Si
wv ov rqv iv toîs ofiow àXrjdeiav ÇrjTœv oavrov Kal tovs 25
aol TT€idoudvovs àTTo^ovKoXqoeLS Tavnjs Kal ■jrapavakcop.a
KaTaK\vop.ov Tronjoeis, â Sià rfjs yvœoews KaKws rjyv6r)oav,
TaOra mKpœs 8ià ttjs treipas p.avddvovras. 'H Se ttLotls
Kal TTpo ttjs eK^dcreais Si' dyvaxjias KaXœs trpoad^ei, rfj
àX-qdeia Kal aTTtipdoTovs navrâ-Haai Kal àiradeîs KaKÔtv 3°
Sià ttjs TTelpas 7T0ir\O€.Tai Kal Stà tûv •npaypxt.TUiv aùrcôv
p.a>pàv aTToBelÇet ttjv e£aj Tiaoav <f>tÀo0o<f>i.av, pvqT€ totc,

cvsl
5 xat ri)v yijv : rf/v yijv ical V J 13 àv tôt' : tôt' âv L [| 20 xaBooo S | 23 ipaià :
476 GRÉGOIRE PALAMAS

ne leur a malheureusement pas appris. Mais la foi, avant même


l'issue finale, amènera sans faute à la vérité par l'ignorance et
nous libérera totalement par l'expérience de toute tentation et
de toute expérience mauvaise ; par la réalité elle-même, elle
démontrera la folie de toute philosophie profane qui ne savait
pas autrefois, et ne sait pas encore aujourd'hui, ce qu'a dit le
grand Pierre : Les deux autrefois provenaient de l'eau et étaient
formés au moyen de l'eau, et par ces choses le monde d'alors périt,
submergé par l'eau; tandis que les deux d'à présent sont gardés et
réservés pour le feu, pour le jour du jugement et de la ruine des
impies 1. La connaissance de Dieu propre aux chrétiens et le salut
qu'elle procure proviennent-ils donc d'une connaissance de la
philosophie ou de la foi qui, par l'ignorance, abolit la connais
sance philosophique ? Si elle provient de la connaissance, la foi
est vidée de son contenu et la promesse qui nous dit : Si dans
ton cœur lu crois que Jésus est Sdgneur, tu seras sauvé 2, est abolie I
Ainsi, ce n'est pas en acquérant dans son cœur la connaissance
des êtres que l'on possède Dieu, mais on possède Dieu en croyant
dans son cœur que Jésus est le Seigneur, établi au dedans du
fidèle par la simplicité de la foi.

La connaissance de 44. — Laissons de côté maintenant


l'univers mène à ceux quj ont jgnore- Djeu par le fait de
cette connaissance et oublions que la con
naissance philosophique n'est point toujours vraie. Supposons
au contraire qu'elle est vraie tout entière et mettons en avant
ceux qui ont connu Dieu par la connaissance même des créa
tures. C'est certes à cause d'eux que la contemplation et
la connaissance sont appelées loi naturelle 3. Voilà pourquoi,
avant les patriarches, les prophètes et la loi écrite, la race
des hommes recevait l'appel de Dieu, se tournait vers lui et dési
gnait le Créateur à ceux qui ne s'étaient pas écartés, comme les
sages des Hellènes, de la connaissance naturelle. Comment, en
effet, un homme sensé peut-il voir de si nombreuses et manifestes
différences entre les essences, ces oppositions de puissances cachées

1 II Pierre, III, 5-7.


» Rom., X, 9.
» Cfr Rom., II, 14.
triade il, 3, 43-44 477

pjryre vvv elSvlav to vtto tov fieydXov IleTpov elprjp.évov


ôVi « ovpavol r\aav eKiraXai itj vBaroç kcli 8t vSaros ow-
» eorœres, Si' ciSv ô irdXai k6o(jlos ûSaTi KoraKXvcrdeis aTTOi-
» Acto " ol 8è vvv ovpavol TeQf]oavpiop.évoi eiox irupi, -rqpov-
» fievoi els r)p.épav Kpîoems ko! àirœXeias tû>v âoefiœv ». 5
Ti ovv, r) toîs xpurruivoîs èwrrâpxovoa deoyvcoala Kal r)
81' avrrjv omrqpla 8tà yvwaews (f>iXooo<^tas r) 8ià moreca?,
rp-is Si' àyvwarCas ttjv Taures yvtScuv Karapyeî,' '^4AA' eî Stà
yvcjoecjç, k€K€voïto.i r) ttIotis Kal KaTr)pyrp-ax r) Xéyovoa
èVayyeÀi'a Sri. « éàv Trtarevarjs ev tj\ Kap8la oov Kvptov 10
» 'Itjoovv, oojdrjorj ». 'Qare ovx ô ttjv tôjv ovtojv yv&aw
eyiav iv KapSla Stà raimjv l^ei tov 0e6v, âAÀ' ô iriOTevoas
ev Tj7 KapSlq. Kvpiov 'I-qarovv, 8«z r^s à-nepiépyov irLarews iv
èavrw èvi8pvp,évov e\ei. tov Oeôv.

44. /&u irapojp.ev vvv tovs 8ià r»}? yvœaeois Tavnjs 15


àyvorjoavras Seov Kal ôrt p.rj trâaa aXrjd-qs eariv 17 e/c <j>iXo-
ao<f>ias yvâjois. 'AXXà 6â>p.ev eîvai irâcrav àXrjôrj Kal irpo-
8wp.ev tovs 81' avTrjs T-fjs Tœv KTiop,d.Twv yvœcreojs èinyvôv-
Tas tov Qeôv. 'H yovv 8ià tovtojv dewpla Kal è-nlyvoiais
« <f>vau<6s » KaXeîrai « vop.oç »• 8iô Kal trpo t<3v iraTpiapxûv Kal 20
irpo<f>rjTcôv Kaï tov ypanTov v6p,ov to yévos Tœv àvdptôirœv
aveKoXeÎTO || Kal ènréarpe^e irpos tov Qeov Kal {meSeiicw | i. 184*
tov 8r/p,t,ovpyov toîs prj Kal ttjs KaTa <f>vacv yvojoeojs Karà
tovs 'EXXrjvœv oo(f>ovs iÇeoTrjKÔot.. TLs yàp vovv ë^ojv Kal
tSœv ip.<f>aveîs p.èv oiioiwv 8ia<f>opâs Tooavras , à<j>avâ>v 25
Te 8vvdp.€U)V evavTioTrjTas Kal àvrippôirovs KLVTjacojv 6pp,ds,
cti 8e ardoiv Tpoirov erepov àvrippoirov , SiaSo^as Te àveK-

CVSL

16 'àyvorfaavrcs C.
478 GRÉGOIRE PALAMAS

et ces mouvements impulsifs qui se font contrepoids, et aussi


ces objets immobiles qui se font aussi, d'une autre manière, contre
poids, cet équilibre de propriétés contraires qui provoque des
successions ininterrompues et ces affections mutuelles sans con
fusion, produites par une lutte irréconciliable, cette cohésion
de choses distinctes et cette incompatibilité de choses unies,
qu'elles soient esprits, âmes, corps, cette harmonie d'êtres telle
ment nombreux, cette stabilité dans les relations et les posi
tions, cette conformité des états et des ordres à leur essence,
l'indissolubilité de cette cohésion, quel homme, en se mettant
tout cela à l'esprit, ne penserait à Celui qui a si bien placé chaque
chose à sa place et a établi entre toutes cette admirable harmonie,
pour reconnaître Dieu dans son image et dans les êtres qui tirent
leur origine de lui ? Quel homme qui aurait ainsi connu Dieu, le
confondrait avec l'un de ces êtres dont il est la cause ou l'une de
ces choses que l'on présente comme son image ? Il possédera
donc aussi la connaissance négative de Dieu. La connaissance
des créatures faisait donc revenir la race des hommes à la connai-
sance de Dieu avant la loi et les prophètes ; aujourd'hui encore elle
l'y fait revenir ; et la presque totalité de l'univers habité, tous
ceux qui ne se conforment pas aux prescriptions évangéliques,
possèdent aujourd'hui, par elle seule, un Dieu qui n'est autre
que le Créateur de cet univers1.

Mais nous avons 45- — Ces gens connaissent donc Dieu


la grâce. par la seule connaissance des créatures,
eux qui ne sont pas morts à la loi par la
loi pour vivre la vie en Christ 2, ou plutôt, qui n'ont jamais accepté
aucune loi de Dieu. Mais toi, aujourd'hui, lorsque Dieu a été
manifesté en chair, cru parmi les gentils, prêché dans le monde 3,
lorsque la loi de la grâce a été révélée jusqu'aux confins de la
terre, lorsque nous avons reçu l'Esprit de Dieu, afin de connaître
les choses que Dieu nous a données par sa grâce *, alors que nous
sommes enseignés par Dieu 5 et sommes devenus élèves du Paraclet,

1Cir supra, Tr. II, 3, 4.


» Cfr Gai., II, 19.
» Cfr / Tint., III, 16.
' I Cor., II, 12.
» Jean, VI, 45.
TRIADE II, 3, 44-45 479

Xelrrrovs i£ ivavTioiradetas kcll <f>iXiav davyxyrov et; àcrvp.-


fidrov pclkovs, ovvoxds re rwv StaKeKpip,èvwv Kal àovp.p.1-
£ias twv i)vwp.évwv, vwv, tpv\wv, awpdrwv , tt)v Stà roaov-
rtov àpnovtav, ràç povipovs o^c'creiç re Kal Ôéaeis, ràs ov-
cnœSeis êÇeis Te Kal Tafeis, ro àBidXvrov rrjs crvvoxr]s, ris 5
rà Totaûra navra irrl vovv Aaj8a>v tov iv iavrw eKaarov
koXwç ISpvuavra /cal rrpos aXXr/Xa 6avp,aaiws apfj.oadp.evov
ovk iwor)aeiev, tôs àir' cIkovos Kal alrtaTov ywwaKew tov
Oeôv ; Tis S' ovrw yvovs Oeôv êv ti tû>v alriaTwv r) twv
Kar eiKÔvarovrov irpoKeifxévwv r)yqoeTai avrôv ; "Qare Kal 10
ttjv et; à.TTo<f>daeœs Qeoyvwaiav êÇei. ' Eiréarpe^e roivvv r) twv
KTiapdrwv yvwcris rrpôs Beoyvwoiav to yevoç tû>v avdpwirwv
TTp6 VO/MOV T€ Kal TTpO<f>T)TWV , KOX VVV afidlS €7TM7Tpe^ei, Kal
axeSôv irâv tÔ -nXrjpwpa rrjs olKOvp.évr]s , ôcrot p.r) roîs evayye-
Xikoîs ôeoiriopaoïv c'kovoi, Si' avrrjs pâvqs, ov\ êrepov 15
aprtws êxovot Oeôv, on p.r) tÔv jroi.r]Tr)v rovSe tov rravros.

45. OStoi roivvv è/c pâvrjç rrjs twv ktlotwv yvwoews


yivwaKovai Oeôv, ol pr) « 8ià vôpov vôpw ànodavôvres , Iva
» ttjv èv XpioTw Çrjowoi Çwrjv», pâXXov 8è ol vôpov Oeov
p.rjhéiroTe p.rjh'eva npooépevoi. Uv 8è vvv r)p.âs, Tfv'iKa 6 -*o
Oeos « è<f>avepwdrj ev oapKi, èTnaTevdrj èv idveaiv, èK-r/pv^Or)
» iv KÔopw » Kal 6 rrjs x^P""0? vôpos dveKaXvcpOrj toîs rré-
paoLV, ijvi'/ca « ro Tlvevpa tov Oeov iXdfHopev ïva eiSwpev rà
» €K tov Oeov xaPia8évTa r)p.lv », ijvt'ica « oihaKTol @eoû»
iyevôpeda Kal tov IlapaKArJTov 7ratSeJ/xaTa, Karà tt)v 2.5
o~wrt]p\.ov iirayyeXiav — « eKeîvoç » ydp <f>r}oi « StSa^ei vpâs
» irâoav ttjv àXrjdeiav », ws prjSeTrw StJttov èyvwo~pévrfv — ,

CVSL
480 GRÉGOIRE PALAMAS

conformément à la promesse du Sauveur — c'est lui, dit-il en


effet, qui vous enseignera toute la vérité 1, qui n'était donc pas en
core connue, — alors que nous possédons l'intelligence du Christ *
et des sens spirituels, tu nous fais retourner en arrière, ô homme,
tu nous obliges à vivre sous la dépendance des maîtres de ce
monde ? Que dis-tu ? Suivant sa promesse, nous attendons un
nouveau ciel et une nouvelle terre 8, mais tu ne veux pas que nous
concevions et glorifions surnaturellement Dieu d'après cette nou
velle création, tu veux que nous le connaissions uniquement d'après
cette création-ci, « ancienne » et soumise au changement ? Non
seulement changeable, mais corruptible ! Car, lorsqu'il a appelé
l'autre ciel « nouveau », il a montré que celui-ci était « ancien » ;
or tout ce qui vieillit et tombe en désuétude doit disparaître.

Le Christ, notre 46- — Mais d'où tirons-nous cet ensei-


seul Maître. gnement sur le monde nouveau et sur la
vie qui ne vieillit pas ? De la contempla
tion des créatures ou de Celui qui a été déclaré Fils de Dieu avec
puissance, selon l'Esprit de sainteté, par sa résurrection d'entre les
morts, Jésus-Christ notre Seigneur*? Le Christ n'est-il pas notre
seul Maître 6 ? Par quelles paroles nous a-t-il donc donné un
enseignement sur la nature du monde corruptible ? Ne nous a-t-il
pas recommandé lui-même de n'appeler personne sur terre « Maî
tre » ? Pourquoi donc nous mettrions-nous à l'école des Hellènes
et des Égyptiens, comme si nous pouvions y apprendre quelque
chose d'utile au salut ? La connaissance de Dieu qui nous est
accessible se glorifie d'avoir Dieu pour maître ! Ce n'est ni un ange,
ni un homme, mais le Seigneur lui-même qui nous a donné
son enseignement et nous a sauvés6. Ce n'est plus par des ap
proximations que nous connaissons Dieu, car telle est la con
naissance de Dieu qui vient des créatures ; mais, aujourd'hui,
la vie est apparue, qui était auprès du Père, et nous est
apparue 7 ; elle nous a annoncé que Dieu est lumière et qu'en

» Cfr Jean, XVI, 13.


« I Cor., II, 16.
» Apoc, XXI. 1.
« Rom., I, 4.
• Matth., XXIII, 8.
• Cfr Is., LXIII, 9.
7 I Jean, I, 2.
TRIADE II, 3, 45-46 481

r/viKa « vovv éxop.ev Xpiarov » Kal 6<f>9aXLiovs 7rvevjj.aTt.Kovc,


iraXiv elç Toimiaco arpécheis, vrro 8i8aaKaXois rots tov koo-
(jlov tovtov Qrjv CTToi^etotç, avdpuiTre ; TV. Xeyeis ,' « Kaivov
» ovpavov Kal kcuvt)v yrjv » Karà to èTrdyyeXp.a aùroû vpoa-
8oKCÔp.eV, KOI OVK i£ CKclvOV TOV 0COV VTTepKOOLlLcOS vorjao- 5
fiév T€ Kal 8o£doop.ev, àXX' £k tov TraXaiov tovtov liovov
ko! ôAAoicotoû èTTiyvcoaôp,e9a ainôv ; Ovk oXXoicotov Se
p\6vov, dXXà ko! <f>9aprov. Kal yàp Kaivàv eiircov ckcivov,
TraXaiov tovtov e8ei£e ' irâv Se to TraXaiovLievov Kal y-qpdcTKOV,
eîç àcbavioLiôv. 10

46. '^4AAà Tràdev tov Kaivov tovtov e8i8a.x9rjp.ev koollov


Kal tt)v II lit) TraXaiovp.évj]V Çùjtjv ; *Ap' àrro ttjs tcov |f. 184»
KTiap,â.Ta>v décuplas r) Trapà « tov ôpiaOévros Yîov Qeov èv
» Bvvdfiei, /carà IJvevLia âyicoavvrjs, è£ àvacTTaoecos ve-
» Kpcôv, 'Irjtrov Xpiarov tov Kvplov tjllcôv i> ; 0\>x *ts tjllcuv 15
èo~ri KadrjyrjTrjs 6 Xpiorôs ,' IJov to'ivvv tcov avrov Xôycov
irepl ttjs tov <p9eipop.évov kooliov <f>vaetoç è8i8dx9r)Liev ; Ovk
avros eveTeiXaTO lit) KaXeîv Ka0T)yr)Tr)v èirl ttjs yrjs ," TIcos
oSv rjLieîs "EXXrjcn Kal AlyvrrTÎois cos <Jorrf\piôv Tt p.a9r\-
a6p.evoi cf>oiT-qaop.ev ; Qeov aù^eî SiSàoTcaAov. r) Ka9* r/Ltâs 20
9eoyvcoala' ovk dyyeXos, ovk âv9pco7ros, àAA' avros ô
Kvpios è8i8a£e Kai ëocoaev r)p.âs. Où/ceri c/c tov eiKoros
yivcôaKOLiev Qeov ' Toiairrrj yàp 7) àrro tcov KTiaLidrcov
yvcoois tov Qeov' vvv 8è « r) Çcor) è<f>avepco0-rj, tjtis r)v trpos
» tov TlaTepa Kal ètbavepcôdq t/liîv » Kal àvqyyeiXev r)p.îv 25
Sri « ô Qeos 4>cos ècrTi Kal OKOTta èv ai)Tco înrdpxei ov8ep.la »,
Kal tovs TriaTevcravTas aura) « Te/cva» k-rroir^ae «cJ>cot6s », « Kal
» ovrrco è<f>avepd)9r] ti io6p.e9a », on « èàv <f>avepco9fj, op.0101
» avTcô èo6p.e9a, oti Kal oip6p.e9a atiTov Ka9côs eW ».
"Exeis TrdXtv e<f>o8ov avKO(f>avTÎas ' « Ka9cos ydp èariv St/to- 30
» p.e9a avTÔv » " àAA' o ravra Xéycov tt\ èv Eicov Te9eiar)

CVSL
482 GRÉGOIRE PALAMAS

lui, il n'y a point de ténèbres 1 ; ceux qui ont cru en lui, il en a fait
des enfants de lumière * et ce que nous serons n'a pas encore été
manifesté, car lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables
à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est 3. Tu as de nouveau un
prétexte de calomnie : Nous le verrons tel qu'il est ; mais celui qui
dit cela s'appuie continuellement sur le roc posé à Sion et lui est
semblable en tout : Celui qui tombera sur lui s'y brisera et celui
sur qui il tombera sera écrasé *.

Barlaam nie la vi- 47. — Mais considérons pourquoi le


sion supraintel- philosophe suppose qu'il n'y a pas de
vision qui transcende toute activité
intellectuelle. Disons tout d'abord que l'objet de nos paroles
n'a point de nom et est au-dessus de tout nom ; nous le savons.
Nous en parlons comme d'une vision, mais nous savons qu'elle
transcende aussi l'intellection : nous sommes d'accord. Laissons
de côté les concepts et les visions que cet homme a élaborés
sous une forme positive ou négative : tout cela est futile et
ne signifie rien pour nous et pour l'objet qui nous occupe. Mais il
n'a ni compris, ni cru qu'il y avait une vision supérieure à
toute intellection. Nous pourrions lui pardonner son incompré
hension, puisqu'il n'est pas possible à notre nature et aux études
naturelles de comprendre supraintellectuellement ; nous pour
rions admettre qu'il n'ait pas une foi totale, puisque nous savons,
par l'Apôtre, qu'il faut faire accueil à celui qui est faible dans la
foi 5. Mais il a entrepris de renverser ceux qui croient, de lancer
contre eux et la vérité des écrits polémiques et de chercher à scan
daliser, par tous les moyens, non seulement les petits ', mais aussi
les hommes éminents en vertu et en piété. Comment peut-on
passer de telles choses sous silence, tout en se proposant d'être
un serviteur de la vérité ? Cet homme n'a donc ni compris, ni
cru qu'il y a une vision et une intellection supérieures à toute

1 I Jean, I, 5.
» Éphés., V, 8.
» I Juan, III, 2.
* Matth., XXI, 44.
» Rom., XIV. 1.
• Cfr Matth.. XVIII, 6 ; Marc, IX, 42 ; Luc, XVII, 2.
TRIADE II, 3, 46-47 483

nerpa irpooe^âts eiTiuKo8op.-qp.evos, ravrri -napaTtX-qaiâs èariv


ev irâaiv « 'O ireowv oiv è-n avrov ctuvt/h/Jtjctctcu, Kal
» e<f> Sv âv iréar), XiKp,-qaei avrôv ».

47. 'Hfieîs 8è OK€ipa>fi€0a -nôdev 6 <f>iX6oo<}>os KaraoKevé.-


£« <î)S virèp vdaaç ràs voepàs èvepyeias ôpamç ovk ecrnv, 5
€Keîvo -npôrepov etnâmes ô)S àvwwp.6v re Kal xmepœwpuov
€K€tvo lap.ev, -nepl 0$ rjfiîv o Xôyos- El yovv Kal opaaiv airrô
<f)a.fiev, àAAà Kal xmèp opaaw avro vnâp^ov k-nurra.px.Qa, kov
tls edéXrj vô-qaiv avro KaXeîv, oti koI xmep vôr\alv iartv
ck€Îvo iriarevoiv -q Sià rijs -nelpas emorà^ievoç, Karà tovB* io
■qp.lv èpoXoyeî. Ta yovv avvreTayp,évœs KaTa<j>ao-K6p.evd
Te Kat airo<f>aaKop.eva vo-qp.aTO. re Kai opà/xara avrœ -nap-
eu/dœ irdvd' <jjç /xarata Kal p/q8ev ovra -irpos r)p,âs /cal rov
-npoKeip.evov Xôyov. "On Se èoriv opaais îmkp -nâaav vorjaiv,
€Ketvos p.èv ovk èvôrjoev, ov8è è-niorevaev . 'Hp.eîs 8è *cat 15
p.7) voovvtl awéyvojp.ev âv, èireiSri to irnèp vovv voeîv ovk
ëvi <f>vaet rfj KaO* r/pâs Kal raîs Kar avrqv p.eXérais, Kal
p/rj TTavrr) iriarevovra -7Tape8e£dp.ed* âv, XPVV €l86res, Karà
rov ''AttootoXov , « rov àaOevovvra rij ttIotcc 7rpoaXap,pdvea-
» dai ». T6 8è Kal tovs -marevovras nepirpéireiv iy)(etpeîv 20
Kat ovyypap.paoiv ivayioviois xPVa@ai ,caT' avrôw re Kal
TÎjs àAT^ciaç Kat, iravri Tpôirtp OKavSaXIÇetv ovreuSeiv ov
tovs piKpovs p.6vov, àAAà Kat, roiis TrporjKOVTas àperij Kal
evcrefieta, tovto 8è ris âv èvéyKoi || oiamfj, rijç àXyQelas |f. i8y
depairevTrjs eîvai Trpoat.povp.evos; 'EkcÎvos p.èv ovv œs eoriv 25
opaais Kal voyais v-nep -nâaav opaoïv Kal vôrjcriv, virepœ-
wp.6s Te ovoa Kal àiTo8eovaas iavTrjs KeKTyp.évt] ràs eTTcow-
p.i.as, ovk ivôrjaev, ov8è eiriaTevae, Kal S 8è îmep vovv Xé-

CVSL
15 èvevoTjaev S II 24 ivtyK-Q S \ 28 ivevoyaev S.
484 GRÉGOIRE PALAMAS

vision et à toute intellection, qui dépassent tout nom et ne reçoi


vent que des appellations indignes d'elles ; et quand les théolo
giens parlent d'une réalité qui dépasse l'intelligence, il considère
qu'il s'agit de la théologie apophatique, mais il confesse lui-même
que cette réalité non plus ne dépasse pas l'intelligence. On nie
ce que l'on connaît et non ce que l'on ignore, dit-il en effet. Nous
aussi nous savons que dans cette théologie l'intelligence conçoit
ce qui diffère de Dieu ; cette théologie, par conséquent, ne dépasse
pas l'activité de l'intelligence.

Une faculté de l'in- 48. — Voici ce que nous dirons de la


telligence. vision supraintellectuelle : si notre intel
ligence ne pouvait se dépasser elle-même,
il n'y aurait pas de vision et d'intellection dépassant l'activité
intellectuelle ; mais puisqu'elle possède cette faculté et que c'est
par elle seule qu'elle s'unit vraiment à Dieu, car cette faculté
entre en activité durant la prière sous l'action de Dieu, c'est qu'il
existe une vision dépassant toute activité intellectuelle et nous
l'appelons « vision supraintellectuelle ». De par sa transcendance,
on pourrait aussi l'appeler ténèbres et ignorance. Par conséquent,
puisqu'elle n'est pas plus folie qu'intellection, comment serait-
elle une partie de la connaissance en général ? Comment pour
rait-on distinguer en elle les aspects de cette connaissance géné
rale ? Car personne n'a jamais divisé l'essence des sages en un
corps, une partie incorporelle et une partie suressentielle, ni
la sensation en cinq sens et, en plus, une réalité suprasensible ;
comment, en effet, le Suressentiel dépendrait-il de l'essence et
le suprasensible de la sensation ? De même ce qui dépasse la
connaissance n'est pas un aspect de la connaissance. Mais le
grand Denys dit très clairement, lui aussi, que l'intelligence
possède la faculté de se dépasser et de s'unir par cette faculté à
ce qui lui est supérieur ; il ne dit pas seulement cela, mais déclare
qu'une telle connaissance est des plus nécessaires aux chrétiens.
77 faut savoir, dit-il en effet, que notre intelligence possède d'une
part la faculté d'intellection, par laquelle elle voit les choses intelli
gibles, et d'autre part elle possède aussi l'union qui surpasse la natu
re de l'intelligence et par laquelle elle s'attache aux choses qui sont
TRIADE II, 3, 47-48 485

yetv tovs deoXôyovs oterat ttjv Karà àrr6<paoiv QeoXoytov,


ov 8è tout' elvai vrrèp vovv koI avros ôfioXoyeî. « Ta yàp
» iyvojop.éva » (fyrjoiv « àiTO<f>doKovartv, ov rà p.r) èyvojo-
» fieva, Kai r)p.eîs îop.ev ws èv rfj deoXoyla Tauri? Ta àrrep,-
» <f>alvovra tô> 0eœ 8tavoetrat 6 vovs », tSor' ov8* avrq 5
■fj deoXoyla ràs voepàs èvepyelas VTrepfiéfiriKe.

48. IIcpl 8è rfjs vrrèp vovv êpdoeojs, tout' âv elrroip,ev d>s


et p.èv ovk et\ev o r)p.éTepos vovs vrrepavafialvetv èavrôv, 0Ù8'
à\v r)v vrrèp ràs voepàs èvepyeias opaots koX voyais ' èrrei 8è Kai
Tavrrjv è^et T71V 0vvap.1v Kat Karà raérr/v px>vr\v Kvplws évov- 10
tcu t<3 Oeât, 81 avrov Karà tov Katpov rrjs irpooevxrjs rrpoïov-
oav els èvépyetav, èoriv dpa vrrèp ràs voepàs rrdaas èvepyeias
Spaats, r)v Spaotv vrrèp v6r\olv <f>ap.ev <f>alrj 8' âv ti? toûto
Kai aopaaiav Kat àyvatotav vrrepoytKws ' o Totvvv ov p.âXX6v
eoTtv avor/oia r) vor/ots, rrâ>s p.6ptov èarat rfjs KaOôXov yvd>- 15
oecos ', Tïôis 8' àvTihtatpeQrjoeTat rots eïSeotv avrfjs,' Ov8è
yàp ttjv ovotav SietAe 7tot€ tiç tôjv oo<f>â>v els owp.a Kat
àoa>p.aTov ko! vrrepovatov, ov8è ttjv ato6r]Otv eïs re ras
rrévre atoOrjoets Kai to vrrèp atodrjotv' to yàp vrrèp ttjv
ovotav, rrws âv etrj vrro ttjv ovolav Kai vrr' atodr/oiv ro 2.0
vrrèp aïadr/oiv j' Ovtojs âpa ov8è to vrrèp ttjv yvtôotv yva>-
oecos elSos. "Ort 8è ê^et Svvaptv vrrepfialvetv iavrov o
vovs Kat 81 aÙTTjs' toîç éavrov Kpctrrootv èvovoQat Kai o
ptéyas Atovvotos àptSr/XÔTard (f>r]ot, Kai ov% àrrXœs tovto
Xéyet, àXXà Kai ttjv Toiatmjv eïS-qotv xpiortavoîs rœv àvay- 25
KatoTaTœv elvai rrpoo~r\p.alvet ' « Aéov » ydp (pr/otv « el8évat tov
» Kad* r)pâs vovv, ttjv p.èv èxetv 8vvap.1v els to voetv, Si' r)s
» Ta vorjrà fiXérret, ttjv 8è êvaiotv tnrepalpovoav ttjv tov vov
» <f>votv, 8t' r)s awarrrerat rrpos rà èrreKeiva iavrov ». TH
p.èv ovv vrrepalpet ttjv toû vov <f>votv, vrrèp rràoas èori ràs 3°

CVSL
486 GRÉGOIRE PALAMAS

plus hautes au elle l. Dans la mesure où cette union surpasse la na


ture de l'intelligence, elle est au-dessus de toute activité intel
lectuelle et, dans sa transcendance, n'est pas une connaissance ;
mais dans la mesure où elle constitue un lien entre l'intelligence et
Dieu, elle est incomparablement supérieure à la faculté qui lie
l'intelligence aux créatures, c'est-à-dire à la connaissance.

La théologie apo- 49. — Mais pourquoi notre contradic-


phatique n'est teur imagine-t-il qu'il n'y a pas de vision
qu une paro e. dépassant toute activité intellectuelle ?
Parce que, dit-il, il n'y a rien de plus haut que la théologie
négative 2. Mais, mon bon, la contemplation se distingue de
la théologie 3, puisque des paroles prononcées au sujet de
Dieu ne valent pas une possession et une vision de Dieu.
La théologie apophatique n'est qu'une parole, alors qu'il y a
des contemplations dépassant la parole ; celui qui nous a révélé
des choses indicibles l'a montré *. Donc, puisque la théologie apo
phatique est aussi une parole, il existe au-dessus d'elle une con
templation indicible ; les contemplateurs de ces choses indicibles
la dépassent non par la parole, mais dans la réalité et dans la
vérité, par la grâce de Dieu et de l'Esprit tout-puissant qui nous
donne la possibilité de voir ce que l'œil n'a point vu et l'oreille n'a
Point entendu s.

Barlaam abuse 50. — Mais lui ne l'a absolument pas


du Pseudo-Denys. compris et pense que le grand Denys
apporte un témoignage favorable à son
point de vue lorsqu'il dit : Tout homme jugé digne de connaître et
de voir Dieu entre dans les ténèbres divines; il entre dans ce qui
est au-dessus de la vision et de la connaissance, par le fait même
de ne pas voir et de ne pas connaître réellement 6. Et ailleurs :

1De div. nomin., VII, 1 (PG. III, 865 C).


' Sur les idées de Barlaam concernant la théologie apophatique, notamment
celle du Pseudo-Denys, voir J. Meyendorff, Un mauvais théologien de l'unité au
XIV siècle, Barlaam le Calabrais, dans L'Église et les Églises, t. II, Chevetogne,
1954. P- 50-56.
• Cfr supra, Tr. I, 3, 42, 48 ; Tr. II, 3, 18, 40.
• S. Paul, II Cor., XII, 4.
» I Cor., II, 9.
• Cfr Epist., V (PG, III, 1073 A).
TRIADE II, 3, 48-50 487

voepàç èvepyelas Kal yvojaiç ovk éori ko.6' înrepo)cqv, $ 8è


avvSeofiôs e'ori vov re Kal 6eov, KpeÎTTov àawyKpirms rrjs
crvv8ovor)s tov vovv irpos rà KTiarà 8vva.p,ea>s, SryAaSrj rijs
yvwoews.

49. 'AXXà itws à àvriXéyœv rjp.îv KaTaoKevdÇet cbs ovk 5


ZoTtv vitep irâoas ràs voepàs èvepyelas ôpaais ,' « 'Eireihri »
<f>7]cn « rfjs Karà à<f>alpeaiv ôeoXoylas viprjXoTepov ovSév ».
*AXX' eTepov, <L jScAtmttc, Oeatpla OeoXoylas, iirel p.i}8è
tovtov Xéyeiv ti irepl Oeov Kal KeKrrjadai kclI âpâv Qeôv.
Aôyos p.èv yàp ko.1 tj Karà àir6<f>aoiv deoXoyia, decoplai Se ">
eîffi II Kal virèp Xôyov, ko.1 tout' eheiÇev o àiroKaXv<f>9els rà | f t8$»
appryra. 'Eirei toIwv Xôyos ko! t) Si àiro<f>â.oea)s deoXoyia,
Kal virèp av-rrjv âpa iorlv -q virèp Xôyov Oe copia, Kal virep-
avafialvovoi ravrqv ol dewprjTiKol twv virèp Xôyov, ov Xôyoj,
epyw Se Kat. àXrjdela Kal xdptTi ©eov Kal tov -navra 8vva- 15
p.évov IJvevuaTOS, S 8l8cooiv rjfiîv opâv « S. o<f>6aXp.ôs ovk
» eî8e Kal ovs ovk t}kovo€v ».

50. *AXX' eKeîvoç ravra ov8è perplcoç owielç, tov p.éyav


oïerai o~vp.p.apTvpeîv avTcô Aiovvoiov Xeyovra' « 'Ev t<3 6eia>
» yv6(f>cp ylverai iras 6 &eov yvwvai Kat l&eîv à£iovp.evos, 10
» avTW tô> urj opâv, p.r]8è yivoiOKe.iv àXrjdcos, èv tw virèp
» ôpaaiv Kal yvcooiv yiv6p.evos » ' Kal àXXa)(ov ' « MÔvols vnâp-
» ;^ei elo8veo6ai eis tov yv6(f>ov, ov ovtcos iorlv 6 irâvruiv
» èireKeiva, toîs navra Kal rà KaQapà Kal irâoav iraaœv
» àyicov à.KpoT7)Ttov avaflaaiv Kal iravTa Ta de îa <f>û>Ta virep- ^5
» fïâaiv ». « EloépxeTai Se tiç » <f>rjoiv 6 <f>tX6oo<f)OS « eis
» tovtov tov yv6<f>ov Stà ttjç ■nâvTcov twv ovtojv à<f)aipéoecos ,
» Kal tovto ioTLV r/ TeXeojTaTT) Oecopta 6 yv6<f>os oiros, tj
» Si' àiro(f>oLoeoJS deoXoyia p.6vr), Kal tov p.r]8èv ytvwKetv

CVSL
488 GRÉGOIRE PALAMAS

Pénétrer dar.s les ténèbres où se trouve réellement Celui qui surpasse


toutes choses n'appartient qu'à ceux-là seuls qui sont passés au-
dessus de tout, même au-dessus des choses pures, même au-dessus
de tout progrès vers les cimes de la sainteté, au-dessus des divines
lumières 1. On entre dans ces ténèbres, dit de son côté le philosophe,
en se détachant de tous les êtres; cette ténèbre est la plus parfaite
des contemplations, la théologie apophatique pure; rien n'est supé
rieur à l'ignorance absolue et il faut abandonner cette lumière divine
dont vous parlez, quelle que soit sa nature, pour s'élancer vers la
théologie apophatique et la contemplation. Mais nous affirmons
qu'il s'agit de la lumière de la grâce, dont le même Denys le Grand
dit qu'elle illumine toujours les saints, éternellement et continuel
lement, dans cette vie bienheureuse du siècle à venir, de même
qu'elle illumina les disciples lors de la très divine Transfiguration 2.
Pourquoi donc nous faudrait-il nous débarrasser de cette lumière
qui alors nous illuminera éternellement et sera continuellement
visible, non seulement par les sens, mais aussi par l'intelligence,
et encore mieux, d'une façon spirituelle et divine, comme nous
l'avons souvent et longuement montré ? Par quel moyen, dans quel
but nous débarrasser de la lumière qui nous unit éternellement et
au delà de nos propres moyens à ce qui dépasse l'intelligence et
qui nous permet de voir ce qui est au-dessus de nous ? De même
que l'intelligence, indiciblement attachée aux sens, voit les
choses sensibles, de même que les sens, se saisissant des choses
intelligibles, les manifestent symboliquement et sensiblement, à
cause de leur lien avec l'intelligence, de même l'intelligence et
les sens, attachés tous deux à l'Esprit, contempleront spirituel
lement la lumière invisible, ou plutôt vivront éternellement dans
cette contemplation. Pourquoi donc abandonner la lumière qui
alors nous illuminera ainsi éternellement, pour jouir de ce que toi
tu considères comme la plus parfaite des contemplations ? Et
si maintenant nous pouvons abandonner et dépasser cette lu
mière, tandis que nous ne pourrons le faire alors, c'est que le siècle
présent est meilleur pour nous que le siècle futur, et les ennemis
de la lumière éternelle et vraie ont raison de se passionner pour
lui.

1 De mystica theologia, I, 3 (PG, III, 1000 C).


*De dit. nomin., I, 4 (PG, III, 592 C).
TRIADE II, 3, 50 489

» OlîSeV iartV €TT€K€Wa, OJOTC Kal TO OeîoV <fcâ>Ç €K€ÎVO, 5 Tl


» 7TOTC ioriv S Ae'yere vpeîs, àiroXnreîv Seî, ïva irpos t^v
» KaTa à-nôfyaoïv deoXoyîav T€ /cat deœpiav àva8pdp,r)T€ ».
'ylAAà /iijv <£â)s rjp.€Îs T7jç xdpiTos eK€Îvo Xéyofiev, 5 <f>j)<ji.v
aÙToç ô fidyas Aiovvaios irâvrore alwvlœç Kal àSiaÀei7rra>ff 5
TTCpiacrrpdTTTeiv tovs àylovs iv T-fl fiaKapuoTaTr) è/cetV^
8taya>y7j toû p,4XXovTos alwvos « â»s «ai tous fiadr^ràç iv
» T77 ôetoTCLTri p.€Tap.op(f>ioaei ». Ttç âv ovv yévoiro p.r])(avrj
tov atSlœs irept\<Lp,TrovTos Kal avcKXeiiTTOis 6pa>p.ivov rare
Kai tout' où pâvov aladrjTÎôs, àXXà kclI voepwç, p,âXXov 8è 10
Kal xmip Taûra Trvzvp.aTiKtos Kal deÏKÛis, à>s 7roXXaKis Kal
Sià 7toWû>v eSci'^aucv, ris ovv /t^av^, ti'ç 8' Svrjotç àno-
XeXvoôat tov KpeÎTTov rj Kad* 17/xâs toÎs vov KpetTTooiv ivovv-
tos aitovltos Kal SiSôWoç Ta xmèp 17/xâs ôpâv ; 'Qs yàp 6
vovs à<f>pdcTTU)s rfj alad-qaet arvvTjp.p.€vos ôpq. Ta aladrjrà Kal 15
<Ls v\ aïadrjois ovp./3oXtKâ>s Kal alodr/TÛis ^porlderai. to votj-
Ta Sià rijs irpos tov vovv owa^eîay, iv KaTaXrjiftei yevop.évr)
Tovroiv, ovtoj Kal tô» TIvevfJiaTi ravr dp.<f>u> afwrjfifiéva
to aoparov <f>â>s irvevfiaTiKws dedoovrai, p.âXXov Se avvSiauo-
vtaovot. 8ea>p.eva. Tts ovv p.r)xavf] tov dïoîios ovrœ irepiav- 20
ydÇovros to#' ijju.âs' (f>a»TOS à<f)eîadai, "va ttjs ool vop,it,o-
p.evr)s TeXeœTdrrjç deœpias àTroXavoaip.€v ; El 8è vûv p.èv
à<f>ievai tovto to <f)â>s Kal virep^aiveiv ovvdp.eOa, t6t€ 8*
ov, KpeÎTTiuv dp' T)pûv 6 irapœv alojv tov p.éXXovTOS Kal
cIkÔtojs iiTTor/vrai. irepl avTov ol tû> alwviw noX€p.ovvT€s Kal || 25 1 f. i86r
àXrjdivâ) <Jxdtl.

CVSL
5 avTos ô : ô aÙTÔj V [ 21 t^ç : toîç V.
4ÇO GRÉGOIRE PALAMAS

Lumière et ténèbre 51. — Denys le Grand serait-il donc


chez Denys. en accord avec eux ? Et comment se
fait-il qu'il ait chanté cette lumière plus
que tout autre ? Et nous avons démontré longuement dans le
traité publié précédemment Sur la lumière et l'illumination
divine 1 que celui qui est le plus opposé de tous aux ennemis
de la grande lumière, c'est bien le très lumineux flambeau de
l'univers, l'Aréopagite. Mais recommençons encore aujourd'hui
à examiner les paroles de Denys qu'ils mettent en avant. Il dit
dans sa lettre au prêtre Dorothée : La divine ténèbre, c'est la
lumière, inabordable par la surabondance de l'épanchement lumi
neux et suressentiel ; tout homme jugé digne de connaître et de voir
Dieu y entre ; il entre dans ce qui est au-dessus de la vision et de la
connaissance, par le fait même de ne pas voir et de ne pas connaître ;
il sait qu'il se trouve au-dessus de toute chose sensible et intelligible '.
Il identifie donc là ténèbre et lumière, vision et absence de vision,
connaissance et ignorance. Comment cette lumière est-elle une
ténèbre ? Par la surabondance de l'épanchement lumineux, dit-il.
C'est donc une lumière au sens propre et une ténèbre par transcen
dance, parce qu'elle est invisible à ceux qui essaient de l'approcher
et de la voir par l'activité des sens ou de l'intelligence.

« Dieu par la 52. — Si tout homme, jugé digne de


grâce». connaître et de voir Dieu, pénètre dans
l'Inabordable même, quel est celui qui est
jugé digne d'une telle chose : approcher l'Inabordable et voir l'In
visible ? Tout homme qui vénère Dieu ? Non. Mais c'est à Moïse
seul et à ceux qui lui sont semblables qu'il appartient de pénétrer
dans la ténèbre divine, alors que la théologie apophatique est
accessible à tout vénérateur de Dieu, et aujourd'hui, après la venue
en chair du Maître, elle est accessible à tout homme, comme nous
l'avons démontré auparavant 3. Cette lumière par excellence et
cette ténèbre divine sont donc différentes de la théologie apopha
tique et incomparablement supérieures à elle ; à peu près comme

1 Le troisième traité de la Première Triade.


*Epist., V (PG, III, 1073 A).
» Cfr surtout Tr. I, 3, 19, ai.
TRIADE II, 3, 51-52 491

51. *Ap ovv Aiovvcnos o fiéyas tovtois <rvfi<f>ojveî ,' Kal


nœç âpy 6 tÔ <f>ws tovto ÂÇvfivrfoas irdvrwv fiaXiara,' Tovto

fièv ovv Kal wpoaireSfi^afjiev 8ià TrXetovatv èv toîs IIcpl tfxjuros


icat <f>u>Ticrp,ov deiov 7rpoe^€vr)veyp.évois Xôyoïs <î>s o yc
fiâXicrra irdvrœv dvTt.Kcip.evos toîs tô» /xcyaAa» <f>coTi avTucci- 5
prévois, ovrôs èo~rw 6 c£ 'Apeiov irdyov rr)s olKovp.évr)s
<f>avoTaToç <fxoo-rqp. 'AXXà Kal vvv àvaXafiôvres î$a>p.€v
tÔkcIvov V7J-* avrûiv irpofiefiX'qp.éva frrjp.aTa. Awpodéœ to'ivw
ovtos èirurréWwv XciTovpyw « o deîôs » <f>~qai « yvô<pos
» èarl to dirpôanov <f>ws Si' tnrepPoXrjv xmcpovalov <f>u>TO- 10
» Xvaias " èv tovto) ylveTai iras à Qeov yvwvai Kal ISeîv
» à$iovp.evos, aùrcp to» /ut) opâv, p.rjoè yivujoKctv èv t<2
» xmkp ôpaaw Kal yvœotv yi.v6p.cvos, tovto avro yivœaKœv
» ôri p.crà irdvra iarl rà aladrjTa Kal vorjTa ». 'Evravda
tolwv to avro Kal yvô<f>ov Xcyci Kal <pwç, Kal opâv Kal p.rj 15
ôpâv, Kal yivœoKciv Kal /lit) yivwoKciv. IJœç oiïv Kal okotos
tovto to <f>u~>s ,' « Ai VTrepfioXrfv » <f>rjm « <f>a>Toxvolas »,
wcrre <f>ws p.cv KVpLws, okotos 8c Ka6' vircpox'qv, <l>s àôparov
toîs Si' aladrjacœs r/ vov cvcpyciiûv irpooicvai Kal ôpâv èiri-
\etpovaiv. 20

52. 'Eircl o' iv avrœ tû àirpooLTU) yivcTat iras 6 Ocov


yvcôvai Kal loeîv àt;tovp.evos, ti'j cotiv ovtos 6 tov toiov-
tov à£iovp.cvos irpoocXdcîv tô> àirpooiTa) Kal IBcîv to
aopœrov ; rApa iras dcoac^rjs / ''AXXà Mcoacats p.6vov Kal tû>v

KaT avrov to yeveovai cv tw ocicp yvotpw, rj oc 01 airo- 25


<f>daea>s deoXoyîa iravTos èan deoaefiovs ' vvv Se /xcrà ttjv
oeo~7TOTiKr]v Stà aapKoç iiri8r]p.tav, Kal navras dvOpœirov, tis
irpoaTrohéhtLKTaL. "AXXo âpa to Kvptws tovto <f>ws Kal 6
6eîos ovtos yvô<f>os Kal davyKplTws vrrepéxov rfjs Karà
ànô<f>aoiv deoXoyias ' cara> 8' ô/xtuç ôrtôaov o Moivo~fjs vncp- 30
c^€i Kara ttjv BeonTiav twv ttoXXGïv. « '/4AA' ô èv tw <f>unî
» tovtw yeyovœs, ôpâ » <f>rj tri « Kal ovx ôpâ ». ITûjs ôpwv

CVSL
I9r20 «TTi^npoûai V U 23 to : TÔf S II 29 îrntptxojv L.
492 GRÉGOIRE PALAMAS

Moïse est supérieur, dans sa vision de Dieu, à la multitude. Mais,


dit Denys, celui qui pénètre dans cette lumière voit, tout en ne voyant
pas. Comment voit-il sans voir ? Parce que, dit-il, il voit d'une
façon supérieure à la vision : il connaît et il voit, au sens propre
de ces termes, tandis qu'il ne voit pas par transcendance, car il ne
voit avec aucune de ses énergies intellectuelles et sensibles. Par
le fait même qu'il ne voit pas et ne connaît pas, c'est-à-dire par
le fait même de dépasser toute activité cognitive, un tel homme
se trouve au-dessus de la vision et de la connaissance, cela veut
dire qu'il voit et agit d'une façon qui nous dépasse ; il dépasse
l'humanité, il est déjà Dieu par la grâce ; il est uni à Dieu et voit
Dieu par Dieu.

Insuffisance de la 53. — Donc ces hommes qui ne vénè-


théologie apopha- rent que ja gguig contemplation apopha-
que' tique, qui ne croient à l'existence d'aucune
activité, ni d'aucune vision qui soit au delà d'elle, qui disent
que cette contemplation est du domaine de la connaissance
en général et qu'il n'existe aucune contemplation supérieure
à la connaissance, ces hommes semblent penser que leurs
propres émules, dans cette très parfaite contemplation apo-
phatique, ne voient pas à proprement parler, ne connaissent
rien et sont privés de connaissance et de vision. Est-ce à l'insu
d'eux-mêmes qu'ils déclarent que la vraie ignorance, l'ignorance
par privation, est supérieure à toute connaissance et qu'ils se
glorifient de cette ignorance par omission * ? Ainsi, ceux qui ne
croient pas à la plus grande des lumières se retrouvent aussi en
dehors de la lumière de la connaissance. Si l'on doit identifier
contemplation apophatique et ténèbre divine et puisque cette
contemplation procure essentiellement une privation de faculté
visuelle, selon ces gens qui disent que cette privation n'est pas
suivie d'une vision divine, cette ténèbre divine est donc essentiel
lement une obscurité par privation de lumière ; elle rend ceux qui
y pénètrent parfaitement insensés ; en particulier, elle rend fous
de cette façon ceux qui déclarent de telles choses à son sujet.
Ces gens, avant de rejeter leur mère égyptienne, fausse et stérile.

1 Cfr S. Maxime, Cent, gnost., II, 83 (PG, XC, 1164 B) : '0 roû XpurroS w>5ç .
où Karà. arép-qoiv 7-rjs cV Tjpîv vocpâs bvvdfifùts iiriylvtTOA.
TRIADE II, 3, 52-53 493

oi>x ôpâ; "On, <fyr)olv, vrrèp Spaaiv ôpâ, wore Kvpiws p-ev
ytvœoKei /cal ôpâ, ov\ ôpâ 8è VTrcpoxiKojs, fwjSe/xiâ evep-
yela vov Te Kal alodrjoeojç ôpcùv, aura) tô> p.rj ôpâv, p.r]8e
ywûiaKuv, Tovréari tw VTrepftfjvcu tov toiovtov trâoav
yvoiaTiKr]V kvépyeiav, èv t<2 xmèp opaaiv koil yvôùaiv yivo-
pevos, SrjAovdri KpeiTTÔvwç r) ko.0' r)p.âs Kal ôpœv /cai evep-
ywv, œs KpeÎTTOV r) Kar' àvdpuyirov yevôp.evos Kal @eos 17817
Karà X°LPIV œv Ka' @eV xrnâpxœv rjvwpévos Kal 8ià @eov
eov opojv.

53. 01 toIvw ttjv Karà àirôipaoïv p.ôvrp> Oeœpiav irpea- io


f3evovTes Kal rtepavrépoi Tavrrys p.rj8ep.lav evepyeiav 77 opaaiv
ootjdÇovres, Kal Tavrr/v pèv vnô ttjv KadôXov yvâxjtv eivai
Xéyovres, rfjs 8è yvojaeojs p.rj8ep.lav vifrrjAoT€pav deaiplav,
tovs Kar avrovs II ttjs Karà àrrô^aaw TeXecoTaTr/s Taunjç ]f. 186»
è<f>iKvovpévovs décuplas Kvplojs pr) ôpâv, p.r)8è yiviooKeiv 15
ioïKaaiv olôpevoi Kal OTéprjaiv é^ovras yvwoeœs Te Ka\
ôpdoeoJS- Ovkovv eXadov éavTovs ttjv ovtojs àyvwalav,
TavTTjv hrj ttjv Karà aTépr\aiv, KpeÎTTOv Trao-qs yvcûoecus
aTro<f>at.v6p.evoi Kal uep.wvap.evot rœ Kar' eÀÀei^uv àyvwarois
l^eiv; Ovto)S ol tw p.eylara) prj TTiarevovres (friorl Kal tov 20
(fxoToç rrjs yvojoews eKtrvnTOvai. Kal pr/v el ravrôv rj re
Karà àir6(f>aoLV décupla Kal ô deîos yvô<f>oç, avrr) Se r) Ociopla
areprqatv Kvpiws Trape^et. tov opâv, Karà tovs Xéyovras <hs
ovk eari irepai/répoj delà déa, ovkovv Kal ô deîos yvô<f>os
oStos Kvpuos eari Kat. Karà orépr/cnv ctkotos Kal tovs èv 25
aura ywopevovs a(f>povas àrroTeXel Kal noieî ye toujvtovs
<Ls aXrjdws tovs irepl avrov roiaÛTa àrrofouvopévovs, oî
TTplv ànoTaJjaodat. «tjj Aïyvmla Kal ipev8a>vvp.a) Kal àyôva>
» p*rjTpl », r)v koXojs Xeyovaiv 01 irarépes ttjv ê£w voeîadai

CVSL

3 t$ : ri L | 7 Kptlrrmv C.
494 GRÉGOIRE PALAMAS

dont les Pères disent justement qu'il faut l'interpréter comme


l'éducation profane x, avant de bien reconnaître que nous vivons
entre deux camps ennemis et de se joindre aux meilleurs, avant
de s'attaquer aux mauvais avec l'aide de ces meilleurs pour en
renverser, tuer et enfouir quelques-uns et fuir les autres (je veux
parler des mauvaises passions qui possèdent avec nous une affi
nité naturelle et l'emportent évidemment sur nous au début, car
leurs causes et leurs alliés sont là pour leur venir en aide), avant
de réfuter jusqu'au bout la mauvaise pratique de ceux qui à tort
veulent puiser la sagesse de Dieu au puits de la Création, c'est-à-
dire les sages Hellènes, avant d'avoir vécu avec ceux qui sont en
paix entre eux, qui ne sont ni en désaccord, ni en discorde, c'est-
à-dire les sages dans les choses divines, avant d'avoir acquis le
contrôle de leur propre troupeau, c'est-à-dire de leurs pensées,
par la retraite et l'hésychie 2, avant de monter sur la montagne,
l'extrémité la plus haute de notre âme, avant de fixer de loin la
nouvelle lumière, avant de s'en approcher, avant d'écouter,
avant de délier les cordons de leurs souliers, car on ne peut fouler
aux pieds une terre sainte 3, car ceux qui sont morts et n'existent
pas réellement sont au milieu d'elle, avant de changer leur main
droite de place pour la poser sur la poitrine *, c'est-à-dire avant
que leur esprit rentre en lui-même, avant d'abattre de vive force
le pouvoir du tyran avec le bâton tout-puissant, c'est-à-dire
la foi 5, et de marcher, les pieds secs, dans la mer salée de la vie 8,
avant d'avoir transformé notre nature, rendue amère et dure,
en source de joie surnaturelle par la prière et les œuvres aimables
à Dieu, avant d'avoir goûté à la nourriture qui coule d'en haut
et de ne plus fuir les adversaires, mais souhaiter et pouvoir les
mettre tous en fuite, avant de pouvoir, une fois tous ces prépara
tifs terminés, respecter le sabbat en s'abstenant de toute mauvaise
action, entendre et dépasser les trompettes retentissantes, voir

1 S. Grégoire de Nysse, Devila Moysis, II, 10 (PG, XLIV, 329 B; édit. Danié
lou, dans Sources chrétiennes, 1 bis, Paris, 1955, p. 34).
•Cfr ibid., 18 (PG, XLIV, 332 BC ; édit. Daniélou, p. 36).
• Cfr Exode. III, 5.
« Cfr Exode, IV, 6.
• Cfr Exode, XII, 1 1 ; s. Grégoire de Nysse interprète le bâton comme symbole
de l'espérance \ibid., 108 col. 357 B ; édit. Daniélou, p. 62).
• Expressions de la liturgie byzantine (cfr. notamment Ton 4, mâtines du
dimanche, premier irmos du canon).
triade il, 3, 53 495

naioevatv, nplv Kadapœs yvœvat a»? Bvo noX€p.lùiv p.cTa$i>


fiiOTevofiev Kal npocrdéaOai. rots KpetTToai, nplv Si' avrtôv
inidéadai rots novrjpoîs Kal tovs p-èv Tpétpaodai xal <f>ovevoai
Kal Ka.Topv£ai, tovs 8è (frvyeîv — ôaa StjÀovoti rwv novr\-
pwv nadœv <f>vatKrjv croira irpos r/p-âç oIkciÔttjto., tô»v 5
alTiwv kcu ovvçpyovvTwv napovTwv , rjp.â)v ttjv àpxty ewt-
KparéaTepa yiverai — , nplv ttjv novrjpàv xprjaiv iÇeXéyÇai
Ttûv à&iKœs dnà râ>v <ppea.Twv rrjs ktIocws ttjv tov Qeov
oo<pLav àpvop,évu)v, brjXab'r) rwv kclÔ' "EXXrjvas cro<pwv, nplv
ovvoïKrjcrat toîs elp~qvr)v npos dXXijXovs âyovai Kal p.r) 81a- 10
(pwvovat. Kal àvTKpwvovaiv àAA^Aoïç, toîç rà 6eîa SrjXovôri
ao<f>oîç, nplv hi àvaxœprfoews Kal r)ov)(las intoTaTijaai tû>v
oIkcLwv npo^draiv, ravrôv 8' elneîv voi)p.â.TU)v , nplv àvaSpa-
p.€Îv els to ôpos, rr/v aKpÔTTjra rrjs Kad* rjp,âs ipvxfjs, nplv
nôppwdev èvaT€viaai rw Kaivw (pœri, nplv npoaeyyicrai, 15
nplv aKovaai Kal rà vnohrjp.aTa tû>v noSœv xmoXvoaadai,
a»? ovk iÇov xpavtiv ttjs âylaç yfjs, twv veKpwv Kal p.rj ovtcoç
ovtu)v p.eoiT€v6vTwv, nplv aXXouuOrjvai ttjv Sefiàv èyKÔXniov
yevopévrjv, tovtçotl tov vovv elç êavrov KaraovvTa, nplv
8ux TTJç -navra 8vvap.év7)S j8a/crrjpiaç, 8r)Xa8r) rrjç nlarews, -'°
to tov Tvpavvov KpaTOS KareXeîv /carà Kpdroç Kal ttjv
aXp,vpav tov jSiou BdXaaaav noalv àfipôxois ip-nepinarijoat,,
npw tt\v niKpavdeîoav Kal OKXr)pvv0eîo~av <f>vo~iv rjp.iov
nrjyrjv vnep<pvovs eiKppoovvTjs Si' evxîjs Kal deapiarov npd-
Çews dnoTeXéoai, nplv rfjs dvwOev imppeovcrqs yevaaodat -*5
rpo<f>rjs Kal tovç dvrmdXovs oi>K€Ti <f>evyeiv, àXXà KaTa-\\ ||f. i87r
8iâ>K€cv dnavTaç ■npoOvp.eîodal tc kol Svvaadai, nplv 8ià
rijs twv ToiovTœv andvTuiv napaoKevrjs tcXcIcjs oafifiaTLaai
ttjv TÔ>v KaKwv dnpaÇlav Kal aKovaai Kal vnepfirjvai ras
noXv<p(î>vovs adXmyyas Kal Iheîv Kal napaXXdÇai rà noXv- 30
^iTa <f>â>Ta, Tavra Se iariv ij Sià rwv noXveiSœv KTia/xctTwv
tov Qçov iÇayyeXXop.évri 8ô|a tov Oeov, êarw 8è Kal to

CVSL

i-i puuTtvoiicv C I 9 àppvoiiivaiv L J 10 toîî : tjJfV.


496 GRÉGOIRE PALAMAS

et traverser des lumières abondantes, c'est-à-dire la gloire de Dieu


annoncée par les créatures variées de Dieu, passer aussi à travers
la prédication des prophètes, des apôtres, des Pères et toutes les
sciences si développées des choses divines, avant de réussir tout
cela, avant d'arriver, avec les hommes choisis et consacrés à Dieu,
à l'extrême limite des divins degrés et de voir la place de Dieu 1,
avant de s'unir ensuite incompréhensiblement à Dieu lui-même,
ils osent dire, détachés de tout cela, qu'ils pénètrent dans la
ténèbre supralumineuse par la théologie apophatique ! Mais nous
avons examiné à fond cette dernière dans notre premier traité
Sur la lumière 2 et nous avons montré qu'elle n'était qu'une image
de cette contemplation sans forme et de l'accomplissement de
l'esprit dans la contemplation supraintellectuelle dans le Saint-
Esprit, mais qu'il n'y avait pas identité entre les deux. Voilà
pourquoi tous ceux qui ont été dignes de recevoir le mystère
par la foi peuvent chanter Dieu par négation, mais non pas s'unir
et le voir à travers la lumière, à moins de recevoir aussi, par l'ac
complissement des divins commandements, la puissance surna
turelle de la contemplation.

La vision de Moïse. 54. — Mais, dit-il, d'après Denys l'Aréo-


pagite, il faut abandonner toutes les divines
lumières, lorsque l'on pénètre dans la ténèbre mystique ; il faut donc
laisser ici-bas la lumière divine elle-même, si vraiment ce que vous
vénérez est une réalité; c'est par là que l'on constate que cette ténèbre
mystique signifie ne rien voir du tout. Vos paroles ne mettent-elles
pas cette lumière, qui vit éternellement avec les saints, gloire de
la divine nature, beauté du siècle éternel à venir, royaume de Dieu
sans commencement ni fin, au nombre de la multitude des autres
lumières ? Car c'est ainsi que cette lumière fut appelée par Celui
qui resplendit sur la montagne 8. Et le divin Denys ne dit-il pas
clairement dans sa Théologie mystique: La bonne Cause de tous

1 Depuis Évagre, la vision de la « place de Dieu • à l'intérieur de soi-même (cir


Pract., I, 70-71, PG, XL, 1244 AB) est considérée comme le but suprême de la
contemplation.
•Cfr Tr. I, 3, 18, 19, ai, 42.
* Matth., XVI, 28 ; Marc, IX, 1 ; Luc, IX, 27. L'interprétation patristique
la plus courante applique ces paroles du Christ sur le Royaume à la lumière de la
Transfiguration; cfr supra, p. 166, note 6.
triade h, 3, 53-54 497

8mi irpo(jyqTwv Kal àiroorôXwv Kal TraTepojv Krjpvyfia Kal


navra rà SieÇoSiKa twv Oelwv jrai.8evp.aTa, rrplv irpoKarop-
dwoai Toaavra Kal (xerà t&v eKKp'nuiv Ka9ieptup.éva>v t<3
Oeâ> irpos rrjv TÛtv deiwv àvafiâoeujv à-Kpôrtyra <f>9âaai Kal
tov T07T0V tov Oeov ISeîv, eîra Kal aurai t<£ 0e w àrrept- 5
vorjrws èvioOrjvai, tovtojv TrdvT<ov à.7toXeXvp.évoi, ToXp.œai
Xéyeiv ojs els tov xnrép<f>wTov elaBvvovot yv6<f>ov 8ux ttjs Karà
àrrô^acnv 6eoXoyias. 'Hp,eîs Se ravrr\v ev rois irporépois
Flepl <f>(DToç Xôyoïs tKavœs è^r/TaKOTes, eiKova p.èv è8el£ap.ev
rfjs àvetoeov eKelvr/s Oewplas Kal rfjs Karà vovv virkp vovv io
èv âyi'a» Ilvevp.aTt deojprjTiicfjs airoirXrjpwcretDS , aXX' ovk
avrrjv eKeîvrjv odaav. Aïo Kal navres p.èv ol irlarei rrapahé-
Çaadai Kara^uodévres to p.vorr\pvov , vp.veîv Si àTro<pâoeujs
Svvavrai 0eôv, ov p.évroi Kal èvovaOax Kal ôpàv Sià iJhdtoç
aùrdv, et p.r) Kal 8tà rfjs tû>v delwv evroXœv rrXrjpojaeois ttjv 15
vrrep<f>vâ 8vvap.1v rfjs dewplas SéÇovrai.

54. « 'AXXà Kal -navra rà deîa cpœra Seîv ànoXiTrelv »


<f>r)oi « Karà tov i£ 'Apeiov rrâyov Aiovvo\x>v els tov p-votikov
» ela8vvovras yvô<f>ov ■ ovkovv Kal ainô to ôeîov <f>ws, elye
» /cat oXojs tI 7tot6 icmv 0 vp,eîs TrpeajSeveTe , XPVV ôjf>eîvai 2°
» Kœroj, KOVTevdev Sei/cvi/rat 0»? to p.r)Bap.fj p,rj8èv ôpàv,
» tout' eortv ô p-votikos eKeîvoç yvô<pos ». 7t <f>aTe koI
ovtoj noXXoîs evapidp.iov rideode to <f>œs ckcîvo to owSicua»-
vlt,ov toîs àyiOLS, ttjv 86£av rfjs (pvaeœs rfjs delas, rqv
KaXXovqv tov p.éXXovros Kal p.évovTOs alâjvos, tt)v âvapxov 25
ko! âSiaSo^ov f&aaiXelav tov @eov ' Ovtoj yàp toiti to <f>œç
avros ô eVt tov opovs kot' avTo Xâp,ifjas èirojv6p.aoe. Ti
8' o deîoç /âiovvaios oStos ; Ovk iv ttj Mvotiktj OeoXoyla
<f>avepws <f>rj(nv ws « f] ayadr) TîâvTUiv atTi'a, TtâvroiV p.èv
» virepovalojs v7répKeiTai, p.6vois 8è ànepi.KaXvTTTws eK<f>ai- 30
» veTat toi? Kal rà evayfj irâvra Kal to. Kadapà 8ut/3aivov-

CVSL
6 7rdvra)v otn. S.
49^ GRÉGOIRE PALAMAS

les êtres est suressentiellement transcendante à toutes choses et elle


n'apparaît directement qu'à ceux qui sont accomplis en toutes choses
saintes et pures 1 ? Si elle leur apparaît, et même directement,
pourquoi dis-tu qu'elle n'apparaît jamais ? Mais si cette appa
rition est la théologie apophatique, et si cette dernière n'est qu'in
compréhension, comme vous l'affirmez, si, par ailleurs, les Hellè
nes connaissent aussi la théologie apophatique, comme vous le
dites encore *, n'ont-ils pas dépassé, eux aussi, toute pureté,
ainsi que la lumière divine elle-même, contenu même des
biens à venir ? Hélas ! La connaissance des sages rendus fous *
non seulement comprend donc les promesses des biens à venir,
mais elle les dépasse ! Mais Denys, qui exprime la sagesse de Dieu,
n'aurait jamais pu dire cela. Il a, en effet, dans la suite immédiate
de son traité, énuméré les divines lumières, les sons célestes et
les sommets de toutes les choses saintes qu'il faut abandonner :
les purifications que Moïse accomplit avant de monter sur le
mont Horeb, les sons qui lui répondirent lorsqu'il montait, les
premières apparitions de lumières, son éloignement de la multi
tude, la vision, après tout cela, non pas de Dieu, mais du heu où
il se tenait : Cela signifie que tous les objets que l'on voit par l'activité
des sens ou de l'intelligence constituent des allusions aux vérités
révélées par Celui qui transcende toutes choses; par ces allusions,
il ne se manifeste pas seulement lui-même au delà de tout raisonne
ment, mais manifeste aussi sa présence * ; ainsi, cette contempla
tion de la place où se tient Dieu dépasse la théologie apophatique
elle-même. Est-ce bien ce qu'il a montré ? Donc, si Moïse n'était
monté que jusqu'à cette contemplation de la place de Dieu,
peut-être auraient-ils raison d'en conclure qu'il n'y a aucune con
templation au delà de la théologie apophatique. Mais puisqu'il
se détache même de la contemplation de cette place et pénètre
alors dans la ténèbre véritablement mystique, ayant mis de côté,
d'une sublime façon, toute activité cognitive, uni à l'Inconnu par

1 De mystica theohgia, I, 3 (PG, III, 1000 C).


* Barlaam aimait en effet insister sur la concordance de Denys et des néopla
toniciens dans le domaine de la théologie apophatique (cfr son Episl. II, à Pate
ntas, édit. Schirô, p. 298).
* Cfr Rom., I, 21.
4 Pour tout ce passage, cli De mystica theologia (ibid., 1000 C-1001 A).
triade il, 3, 54 499

» aw*; El yovv eVeiVotç CK<f>atvcT<u Kal raina àneptKaXvn-


t<os, nws ovBafiwç iK<f>alverai. ; El 8è r) €K<f>avaiç avrrj, 4f
Kara anô<f>amv iori OeoXoyla, Kal avrr) p.6vrj r) àKaTaXrjtpla,
Kadânep v/xcîç Sucr^vpt^eade , Karà rav-rqv 8è Kal "EXXrjves
ÔeoXoyovmv, ws Kal rovd' vfieîç (f>are, ovkovv kcLkcÎvoi 5
irâaav Kadapôrrna vnepé^rfaav koX avro ro deîov <f>ô>s, rr\v
tcôv p.eXX6vrwv àyadwv vnôaraoïv ,' &ev, ôVi twv fiep.wpa-
fievaiv || oo<f>wv r) yvwais ov p,6vov KaraXafi^dvei, àXXà Kal | '■ 187»
îmepfîaîvet ràg inayytXlaç rwv peXXôvrwv àyadwv. 'AXX
ov% 6 Geov AaAûh' ao<f>tav Aiovvoios tovt' âv nore <f>air)' 10
Ta yàp delà <j>wra Kal rovs ovpaviovs yjx°vs *a' Tas iTaowv
âyiwv aKpÔTijTas, â Seîv ànoXip,ndvet,v , i<f>e£rjs evôvs e»«î
KaréXeÇe' ras npo rrjs vnwpelas iv Xwprjfi tov Mwoéwç
Kaôdpoeis, tous fiera rr)v vnwpeiav ànavrqoavras T)Xovs
#ccu Ta npo<f>avévra rwv <f>wrwv deàp-ara, tov àno rwv noXXwv 15
à<f>opurp,6v, rr)v p.erà ravra navra oi>x ôpaaiv 0eov, àXXà
toC rônov, iv w eorrj, « rovro ar]p.alvovTos ôrt nâv o alodr)-
» aecos ivepyela r) voos ôpârai, vnoderiKoi rivés elai Xoyoi
» rwv vnof3ef3Xrjp.évwv rw rà -navra vnepixovri, 8i' t5v
» vncp nâoav inlvoiav ovk avros fiôvov, àXXà Kal r) na- to
» povaia avrov SeÎKVvrai » ' wore r) tov rônov iKetvrj déa
Kal rr)v Karà ânô^aaiv deoXoyiav vnep^é^rjKev ' rj rovro
cSei^ev avrô; El p.èv ovv p-éxP1 TV- T°^ "rônov rovrov uéas
r) rov Mwoéwç fy àvâfiaoïs, KaXws âv ïocos àno twv toiov-
rwv p.r)h~€p,lav Qewplav elvai fiera rrjv Karà ànô(f>aoiv OeoXo- 15
yiav iooyfidri^ov. 'Enel Se Kal rr]s ôéas tov rônov rovrov
ànoXverai Kal rare els tov yv6<f>ov eloSvvei « tov Svtws
» fivoTLKOV » iv rfj ndarjç yvworiKrjç evepyelas vnepox^Kws
ànodéoei, « rw âyvworw Karà ro Kpeîrrov évovfifvos Kal
» âpwv Kal yivwoKwv tovtov vnèp vovv », nws fiôvov ev 3°
rfj Karà àn6(f>aoiv deoXoyîa re Kal dewpla nepiKXeioofiev
rrjv iv rw 6elw yv6(f)W déav ', Tavrr/v yàp Kal npo tov etoeX-

CVSL

23 avrô : aurai L.
500 GRÉGOIRE PALAMAS

sa faculté supérieure, en le voyant et en le connaissant supraintel-


lectuellement 1, comment enfermerons-nous, dans la seule théolo
gie ou contemplation apophatiques, la vision qui apparaît dans
la ténèbre divine ? Car Moïse, avant même de pénétrer dans
la ténèbre supralumineuse, a contemplé cette théologie apopha-
tique en voyant la place de Dieu : manifestement, l'union et la
vision qui se produisent dans la ténèbre diffèrent d'une telle
théologie et lui sont incomparablement supérieures.

Réalité et symbo- 55- — Et pourquoi enseigner encore


les. en paroles au lieu de montrer en pratique
la vérité certaine de ce que nous disons ?
Moïse, ayant quitté tout ce que l'on voit et tout ce qui voit,
toutes les réalités et tous les concepts, ayant dépassé la vision de
la place de Dieu et pénétré dans la ténèbre, n'y vit-il rien ? Si !
Il y vit le tabernacle immatériel, dont il montra à ceux d'en bas
l'imitation matérielle 2 ; d'après, ce qu'ont dit les saints, ce taber
nacle, c'était le Christ, la Puissance de Dieu et la Sagesse hyposta-
siée de Dieu \ immatérielle et incréée dans sa nature, mais mon
trant d'avance, par l'intermédiaire du tabernacle mosaïque,
qu'elle accepterait un jour d'être aménagée elle-même en taber
nacle, que le Verbe suressentiel et sans forme s'attacherait à
une forme et à une essence, lui, le tabernacle qui transcende,
dépasse et englobe toutes choses, dans lequel tous les êtres visibles
et invisibles ont été créés et établis, qu'il prendrait un corps,
l'apporterait en sacrifice pour nous, lui qui fut grand-prêtre *
avant les siècles, et se servirait enfin de lui-même comme d'une
victime immolée pour nous. Pour cette raison, Moïse, lorsqu'il pé
nétra dans la ténèbre divine, ne vit pas seulement le tabernacle
immatériel pour le décrire matériellement, mais la hiérarchie même
de la théarchie et ses propriétés : il en donne un tableau complet,
matériel et infiniment varié dans le sacerdoce de la loi 5.

1 Cfr ibid.
•S. Grégoire db Nysse, De vila Moysis, II, 169 (PG, XLIV, 380 A ; édit.
Daniélou, p. 84).
• / Cor.. I, 24.
« Cfr Hébr.. II, 17, etc.
» Cfr£>« eccles. hier., V, 2 (PG, III, 501 C).
triade il, 3, 54-55 501

deîv elç tov virép^xorov yv6<f>ov Sià tov tottov 6 Mœvcrrjs


eOedoaTo, âxrr' âXXo ri iari aa<f>â>s 17 iv t<2 yv6<f>a) evcoatç
tcai Béa, rijs Toiavrqs deoXoyias hia<j>epôvTO)s viprjXÔTepov.

55. Kai rt Seî Xôyoïs cti BiSduKeiv ko.1 p,rj ■npdyp.aTi


hetKvvvau ttjv ào-<f>aXij tû>v v<py -quœv Xeyop,évœv àX-qdeiav; 5

Apa yàp 6 Mtûvorjs, irdvraiv diroXvdeis t&v re âpœfiévcov


Kat tcôv opwvrojv ■npayp.aTOiv tc Kai vorjp,dTatv Kai TTfv
Oéav îmepfiàç tov tottov Kai elç tov yv6<f>ov eloeXOwv iv
avrâi éœpaKev ovSév ; 'AXXà p.r)v eVeî e?8e ttjv âvXov aKr\vr\v,
« r\v Si' vXiktjs ai^aeœs rois Kara) VTréhei^ev » ' avTT) 8' 10
av eïrf, Karà tovs twv àyîœv Xôyovs, «XpiOTos "q ©eov 8vva-
» pus Kai ©eov » avOvTrooTaTos «ao<f>ia», âvXos p.èv ovaa Kai
d/cTiffTOÇ ri} êavTrjs <f>voei, irpoheiKVvaa Se Sià T77? Mœaa'C-
Krjs OKTjvrjç oTi Scierai iroTe KaTao~Kevrjv Kai els (T^fia
•tfÇei Kai ovuîav 6 virepovcnos Kai àaxfjp-dTiaTOS Aoyos, 17 '5
rravTa îmepéxovoa Kai TTpoé\ovoa Kai -nepiéxovaa <TK7]vrj,
èv fj eKTiorai Kai ovvécrTr)Kev ôoa Te ôparà Kai Saa àôpara,
Kai, owp.a Xafiwv dvaei tovto v-nèp ■qp.wv, àpxiepevs p.èv
a>v avros irpoaiœvios , vaTepov 8è Kai dis lepeiu» || èavrtp |l. i88r
Xpu>p.evos vrcep rjp.â>v. Aià tovto, èv tô> OeLu) yv6<f>u) 20
yeyovojç 0 Mwvcrfjs, ov T-qv diiXov crKTjvqv eîSe uovov Kai
Si' vXtjs viréypaifiev , aXXà Kai, avrrjv ttjv ttjs deap\iaç lepap-
XLav Ka-i Ta KaT avTTjv, â Kai «ara ttjv vouiktjv lepojavvrfv
vXikcôs Kai ttoikÎXuiç hie^o)ypd<f>-qae. £vp,fioXa p,èv oSv
aiodrjTa rj Te o-ktjvtj Kai, Ta Karà ttjv OKTjvqv irdvra, tepwavvq 25
Te Kai rà KaO' iepaiovvt]v , TrapaTreTdop,aTa twv iv rœ yv6<f>a>
Mœo-éojs VTrr)pxe 6eap,dTU)v ' iKeîva Se avrà Ta 6edp,aTa

CVSL

18 ffvoei'. 0-qoei L I 27 Mœaéos S.


502 GRÉGOIRE PALAMAS

Le tabernacle et tous les attributs du tabernacle, le sacerdoce et


ses propriétés furent donc des symboles sensibles, des voiles qui
couvraient les visions contemplées par Moïse dans la ténèbre ; mais
ces visions elles-mêmes n'étaient pas des symboles, car ces choses
apparaissent directement à ceux qui sont accomplis dans toutes
les choses saintes et pures 1 et qui pénètrent dans la ténèbre mys
tique. Si elles apparaissent sans qu'aucun voile les recouvre,
comment seraient-elles des symboles ? Voilà pourquoi, l'inter
prète de la Théologie mystique prie au début de son traité : Trinité
suressentielle, dirige-nous vers la plus haute cime des choses mys
tiques, là où les mystères simples, absolus et i7iamovibles de la théolo
gie se découvrent dans la ténèbre supralumineuse z. Peut-on dire
après cela que l'on ne voit rien dans la ténèbre divine et qu'il n'y
a aucune vision encore plus élevée au delà de la théologie apopha-
tique ? Cela veut-il dire que les visions des saints sont toutes sym
boliques ? Et symboliques au sens d'apparaître parfois, sans
jamais exister 3 ? Car Moïse a vu ce qu'il a vu durant quarante
jours et autant de nuits, alors qu'il participait sous la ténèbre, sui
vant Grégoire de Nysse, à la vie invisible *, en sorte que ces visions
étaient « invisibles ». Comment dès lors seraient-elles symbo
liques ? Non, elles étaient visibles, même dans la ténèbre ; or,
tout ce qui est dans la ténèbre est simple, absolu et immuable 5 ;
mais, parmi les symboles par excellence qui sont divisibles et
sensibles, y a-t-il quelque chose qui ne soit soumis au change
ment, composé, attaché aux êtres, j'entends les êtres créés ?

Dépouillement, vi- 56. — Puisqu'il a vu, Moïse avait de-


sion et transcen- vant lui des objets visibles . iis étaient
donc soit lumière, soit visibles grâce à
une autre lumière ; or tout ce qui se trouve dans cette lu
mière est simple : tout y est donc lumière. S'il ne voyait

1 De mystica theologia, I, 3 (PG, III, 1000 C).


* De mystica theologia, I, 1 ; (ibid., 997 AB).
* Barlaam appliquait ainsi aux mystères spirituels la distinction platonicienne
entre l'être éternel et « celui qui est en devenir perpétuel sans jamais exister»,
ri yiyvéïitvor pkv àii, Sv Si ov&fnort (Tim., 27 d ; cfr 28 a ; éd. A. RlVAUD
dans la Coll. Budé, p. 140).
4 De vita Moysis, I, 58 (PG, XLIV, 321 A ; édit. Daniélou, Paris, 1955, p. 25).
' Expressions de Denys déjà citées plus haut.
TRIADE II, 3, 55-56 503

<jvp.floXa ovk i)v - « toîç yàp Kal rà èvayrj vdvra Kal rà *ca-
» 6apà 8iaj9cuVou<n » Kal els toi» (ivotikov elaSvvovoi yv6<f>ov
« àTrepiKaXvTTTioç eiceiva èKcpalverai ». i7aiç 8' av eiij avfifioXa
rà yvp.và 7ravTos TrepiKaXvp.p.aTos eKipai.v6p.eva ', A10 Kal 6
ttjs Mvotikt)s 6e.oXoyi.as vvocfyqTrjs ei>x6p.evos, àp^o/u.cvoç 5
« T/nàç virepovcné » cprjcriv, « ÏQvvov r)p.âs ctti tï)V tlùv p.vam-
» «âv àKpOTa.rr)v Kopvcprjv, evQa rà àrrXâ «ai à7roÀura *caî
» àrpe-nra rrjs deoXoylas p.vaTrjpi.a Karà tov ùrrépcpcoTov
» èy/ceKaXvTTTai yvocpov ». w£^t' otîv é^ci Ttç elireîv ws ovSèv
ôpârai èv rœ delip yvô<f>iû Kal fiera rrfv Karà àrrôifiacnv ôeoXo- 10
yiav vtpT)XÔTepov 6éap.a oiihév ; *H tovto yovv Sri o-vp.[3oXu<à
■navra rà tùjv àyioiv 0edp.aTa,' Kal au/x/îoÀi/cà roiavra cûç
« <palveo9ai uêv vore, elvat 8' oùSéVoTC »; Miovorjs yàp
eîSev â eîhev èv TeaaapaKovra r)p.épais Kal Toaavrais w£î,
Karà tov Nvacrqs rprjyôpiov, « rfjç àeiSoûç Çiorjs vtto tov 15
» yvôcpov p.eTex<ov », woTe àveihea r)v rà 6eâp.aTa eKeîva.
77t3ç ovv o-vp.f3oXiKa ; 'AXXà Kal eVrâ) yv6<f>œ ètopâro' -navra
8e ra ev tw yvocfxp « à/rrXâ Kal àTroXvra Kal arpeirra ». 77.
Bè TÔiv Kvplcjç avp.f36Xwv, twv p.epumov Kal aladrjTwv, ov
Tpemôv, ov avvdeTov, ov toîç ovat o~wqp.p.évov, 817A0V0Y1 20
TOÎÇ KTIOTOÎS ,'

56. 'Eirel 8' écupa, âparà î]aav Ta irpoKelp-eva' fj ovv


<f>ws, r) èv <f>o)Ti aÀÀai vrrijpxov oparâ ' aXXà àiiXâ rrâvra Ta
€/ceî- cpcôs âpa ixàvr eKeîva. 'EttcI 8' éauTÔv vrrepavafiàs Kal
èv tco yvôcjxp yev6p.evos ècopa, ovre KaT aïodrjtriv èiôpa, 25
ovre Karà vovv aiiToirriKov âpa eoTi tÔ cfxôs èKeîvo Kal rovs
p.èv p.7] àvop.p.drovs yevop.évovs voaç virepo-^iKios aTTOKpxm-
reTai. TJcZs yàp tÔ avroirTiKov Kal aiiTovôrjTov ht èvepyetaç
vov épadeit) olaaovv ,' "Otov 8' vrrepavafïàs rrâoav voepàv

CVSL

22 8' : h* V | 28 to om. L.
504 GRÉGOIRE PALAMAS

qu'après s'être surpassé lui-même et avoir pénétré dans la té


nèbre, c'est qu'il ne voyait ni par les sens, ni par l'intelligence ;
cette lumière est donc visible par elle-même et se trouve cachée,
dans sa transcendance, aux esprits qui ne se sont pas dépouillés
de leurs facultés visuelles. Comment, en effet, une lumière visible
et intelligible par elle-même serait-elle contemplée par quelque
activité de l'esprit ? C'est lorsque l'esprit humain dépasse toute
activité intellectuelle qu'il devient transcendant aux facultés
visuelles : il se remplit alors de cet éclat extraordinairement beau,
en pénétrant en Dieu par la grâce *, en possédant mystérieusement
et en voyant immédiatement la lumière visible par elle-même,
par l'union supraintellectuelle. Quoi donc ? On ne pourra donc
plus dire alors que le divin est dans le mystère ? Pourquoi pas ?
Il ne sort pas en effet du mystère, mais le communique aux autres
en les cachant sous la ténèbre divine. Car on ne voyait plus Moïse
lorsque, suivant l'Écriture, il entra seul dans la ténèbre2; bien
plus, en se laissant emporter au-dessus de lui-même, en se
déliant mystérieusement de lui-même et en se posant au-dessus
de toute activité sensible et intellectuelle, il se rendit, ô miracle,
mystérieux pour lui-même ; il en fut de même pour le divin
Paul : tous deux, lorsqu'ils voyaient, ne savaient pas quelle était
la faculté qui voyait, mais ils étaient dans l'incertitude 8. Mais
ce qui dépasse, par transcendance, le plus grand des miracles,
c'est que Dieu dans cette apparition mystérieuse et surnaturelle
demeure caché à ceux-là même qui se sont détachés de tout et qui
n'apparaissent plus à personne, même plus à eux-mêmes. Le
signe de ce mystère plus qu'inconnaissable, c'est que Moïse dési
rait s'élever plus haut, il le demandait et s'élevait vraiment vers
une vision plus évidente encore * ; c'est aussi le progrès continu
des anges et des saints vers des visions de plus en plus lumineuses
dans le siècle sans fin 6 : c'est en la voyant qu'ils reconnaissent, par

1 Cfr s. Maxime, Cent, gnost., I, 54 (PG, XC, 1104 A) ; Ambiguorum liber (PG,
XCI, 1200 B).
» Exode, XXIV, 18.
« Cfr // Cor.. XII, 2-3.
4 Cfr s. Grégoire de Nysse, De vita Moysis, II, 162-163 (PG. XLTV, 376 D-
377 A ; édit. Danielou, p. 81).
• Cfr Ps.-Denys, De eccles. hier., V, 6 (PG, III, 537 B); De eoelesti hicrarchia.
IV, 2 (ibid., 180 A).
TRIADE II, 3, 56 505

ivépyei.av o vovs àvop.p.aros îmepoxiKws rcXéor), irXrjpovrat.


rrjs virepKaXXov ravrrjs àyXaîas, èv Qetp yâpni yev6p.cvos,
Kal 8ià rrjs înrèp vovv êvœaeats avro 81 iavrov ro avroTm-
kov <f><2>s €\u>v àiropprjrws Kal opâ>v. Ti ovv ', OvKcri Xoittov
Kpv<f>u>v II tÔ Oeîov €i7roi ris S.v ; Kal TTiôs, ô ye ovk iÇîararat. 5 M- 188°
rrjs Kpv<f>t6i~r]Tos, àAAà Kal rots aXXois p.erab'lb'wart, Kpxmrov
avrovs vtto rov Oeîov yvô<f>ov ; Ov yàp en Maxrtjs iœpâro
rare, p.ovos ev avrcù yev6p.evos, Kara ro yeypap.p.evoV ro
8' en p.eî£ov, on Kal avrov iavrov virepavaflifià'oas Kal
àrroXvoas àiropp-qrojs iavrov Kal xmep rrâaav dels aloôrjn- 10
ktjv Kal voepàv èvépyeiav, Kpv<f>tov avrov iavrœ, w rov dav-
p.aros, eTToiTjacv, œs Kal rov Oeîov TlavXov, woQ opwvras
avrovs p.r) elhévai, âXXà SiaTropeîv, ri r)v CKeîvo ro ôpœv.
To 8' avOis en irâaav irapaSoÇov VTrepf$oXr)v Kad' VTTepoxT)v
eK^aîvov, Sri Kal iv avrfj rfj ànopprjrcp Kal vTrep<f>veî €K<f>dv- 15
aei Kpv<f>ios eKeîvos /teVei Kal avroîs roîs àrroXvOeîcrL Kai
Kpvfieîotv, oi) roiis dXXovs navras p.6vov, àXXà Kal iavrovs-
TeKp.i/jpiov 8è rrjs îmepayvœorov ravrrjs Kpv<f>i6rr]Tos, rj rov
Mwaécos èrrl rr)v rpavorépav ôéav e<j>eois re Kal aïrrjais
Kal àvdfïaoïs, aXXa Kal r) rwv àyyeXcov /cat rwv ayiwv ev 20
àrreipw alwvi SirjveKrjS èrrl rà <f>av6repa rwv Oeap.arwv rrpo-
Koirq, wore Kal opwvres avrfj rfj opaoec vrrep opaaiv
yivwaKovai ro <f>ws eKeîvo, rrôow p.âXXov rov Si avrov ern-
<fiai.v6p.evov &e6v. Kal 6 6<f>9aXp.6s yàp 6 r)p.érepos, rw r)Xia-
kû> ivareviaas 81okw, épûtv avrov, vrrep Spaaiv yivwoKei. 25

CVSL

2 v-ntpKaXov CS.
506 GRÉGOIRE PALAMAS

leur vision même, que cette lumière dépasse toute vision ; d'au
tant plus Dieu, qui se manifeste par elle, la dépasse-t-il. De même,
c'est en fixant le disque solaire que notre œil reconnaît, en le
voyant, qu'il dépasse la vision.

Expérience de 57. — Et que personne ne s'acharne


l'incompréhensibi- pjyg ^ démontrer que cet exemple ne
lité divine. convient. pas ici. A.Que i>1 on comprenne
seulement que le caractère éminemment mystérieux de la
Divinité n'est pas moins reconnu par ceux qui contemplent
par révélation la lumière divine ; ils le reconnaissent bien
mieux que nous, qui essayons de comprendre l'incompréhen-
sibilité de la nature divine, en tant qu'incompréhensibilité, par
des symboles ou par des concepts symboliques ou par négation.
L'aveugle sait lui aussi, parce qu'il a entendu et cru, que l'éclat
du soleil dépasse la mesure des yeux sensibles, mais pas de la
même manière que celui qui voit. Et, lorsque le soleil est sous la
terre, nous pouvons le voir intelligiblement, non seulement
ceux d'entre nous qui en avons eu l'expérience avec des yeux
sains, mais aussi ceux dont les yeux sont hors d'usage et qui
croient ceux qui voient. Bien plus, celui qui a les yeux crevés
peut savoir que l'éclat du disque solaire dépasse la vue, mais il
ne peut avoir sa part à cette lumière et en jouir. Ainsi donc, ceux
qui ont eu ne serait-ce qu'une petite expérience de la contempla
tion de Dieu, aussi bien que ceux qui n'ont pas levé vers lui cet
œil supraintellectuel de l'union, peuvent voir Dieu intelligible
ment et reconnaître par négation qu'il dépasse l'intelligence, à
condition qu'ils croient ceux qui ont levé vers lui cet œil supra
intellectuel. Cette vision n'est pourtant pas une union ; celui qui
ne croit pas ceux qui voient supraintellectuellement d'après
l'union supraintellectuelle pourrait, lui aussi, glorifier le Divin,
mais seulement au-dessus de ses propres facultés intellectuelles.
C'est celui qui a débarrassé son âme de toute relation avec ici-
bas, celui qui s'est détaché de tout par l'observation des comman
dements et par l'impassibilité que cette observation procure,
celui qui a dépassé toute activité cognitive par une prière continue,
pure et immatérielle et qui a reçu une surabondante illumi
nation de l'inabordable éclat dans une union inconnaissable,
TRIADE II, 3, 57 507

57. Kal p.r)8els TrdXiv tw p.rj irdvrrj KaTaXXtfXœ tov irapa-


8eLyp.aTOS iiruf>vécrda> ' tovto 8' èwoelra) pôvov on toîs èv
diroKaXv^sei. to ôeîov 6eojp.évois <f>û>S to VTrepfidXXov -rqs
Kpv<f>i6rr)Toç rfjç deîas p.r)8èv JJttov 5ti firj Kal p,âXXov Kal
8ia<f>ep6vTœs /aôAAov 7} 77/iîv «riywaioxcTai, toîs 8ià avp.- 5
fiÔXwV T) T&V OTTO TOVTIDV VOrjp.aTÙ)V Tj 8l* à7TO<f>do€lOS €7Tl^€l-
povoi, to àKaTâÀrj7rrov crvvopâv ttjs delas (pvaeœs, Sri aKa-
TaXrjTTTOV. Oï8e yàp Kal ô TV<f>X6s, aKovoas Kal Trurrevcraç,
OTl 17 <f>CuàpÔT7]S TOV rfXloV TTJV OVp.peTpiaV VTTepfialvei. T&V
alodrjTwv 6pp.dT<ov, aXX' ov% tuç ô ôpwv ' Kal tov "qXlov 8' 10
OVTOS V7TO yfjv, VOTjTÔJS €\Op.€V Ôpâl' aVTOV, OV p.OVOV Ot Si'
vytovs oipeats ireveipapévoi., àXXà Kal ootls tô>v TreirqpuipÀ-
va>v p.év, toîs 8' épatai trei.dop.evwv. Kal ov tovto pxtvov, ÔAA'
ôri Kal virep ttjv otpiv ex€l rVv Xap-v-pôrr/Ta 6 tov r/Xlov SCokos
el8elr) av Kai o tovs ô<f>9aXpx>vs €KK€Kop.p.4vos ' peTé^eiv 8è Kal 15
diroXaveiv tovtov tov <f>ojTos dprjyavov. Ovtco toIwv Kal
tov Seov votjtws ôpâv Kal tmep vovv avrov Si' dno(f>daeoDS
yivœo-Keiv yévoiT âv Kal toîs npos ftpa^x) ■ne-neipap.évois rfjs
eKeivov 9éas Kal toîs pTyirui Sidpaai to xmèp vovv CKeîvo rrjs
èvwcreojs opp.a irpos ainôv, 7ret.6op.évois 8' op.oJS toîs 8ia- 20
paaiv, ! ÔAA' ovx ZvùjoIs èoriv av-rq 77 Spaais ' Kal 6 prj -ma- 1 f. i8çr
Tevœv 8è toîs 8tà 7-779 tmep vovv èvœaeojs ôpœmv vwèp vovv
Kal avros to deîov 8o£doeiev dv, 6\XX' virèp tÙj vorjTtKas
avTov 8vvdp.eis p.6vas. 'O 8è irâaav i-rçv irpôs t<x koto} oyé-
aiv rfjs oiKelas à<f>eXwv fpvxfjs Kal c*c irdvrajv ànoXvdels 8ià 25
ttjs tôsv èvToXwv T7]prjoea>s Kal rfjs eK Tavnjs ànadelas,
Kal virepPàs irâoav yvtooTiKrjv èvépyeiav Si* eKrevovs Kal
ct'Àt/cpivoûç Kal àvXov vpoaevxrjs, KaKeî 81* èvojoeœs àyv<L-
otov Kad' VTrepoyriv irepiXap.<f>6els T(p dirpocrlTœ <f>éyyei,

CVSL

7 ouvopâv : ôpâv L | 18 Toît : Tijr S.


508 GRÉGOIRE PALAMAS

celui-là seul, en devenant lumière, en contemplant par la lumière


et en voyant la lumière, dans la contemplation et la jouissance
de cette lumière, reconnaît aussi réellement que Dieu est sur
naturel et incompréhensible ; il glorifie Dieu non seulement
au-dessus de la faculté intellectuelle de son esprit, cette fa
culté humaine, car de nombreux êtres créés la dépassent eux
aussi, mais encore au-dessus de cette union surnaturelle qui est
le seul moyen pour l'esprit de s'unir à ce qui dépasse les choses
intelligibles, en imitant divinement les esprits supracélestes 1.

Les visions sont- 58. — Mais en voilà assez sur ce sujet.


elles Inférieures à Nous dirons seulement, en revenant en
te ec on arrière, que si l'on voulait appeler cette
vision supravisuelle intellection dépassant toute activité de l'es
prit, on serait d'accord avec nous. Le philosophe a cependant
pensé que nous l'appelions seulement et exclusivement « vi
sion », et non pas « intellection inintelligible » ; il entra en fureur
contre le nom même de « vision », une fureur bien peu digne
d'éloges ; l'esprit accaparé par les termes, il pécha aussi lourde
ment qu'il put en attaquant la grâce prophétique. Nous donne
rons brièvement la preuve de trois ou quatre de ses péchés et nous
laisserons les autres de côté. En s'efforçant de montrer que la vi
sion est bien inférieure à l'intellection, il dit : Tout ce qui a été
montré aux prophètes constitue des visions inférieures à l'intellection,
car elles ont été l'objet d'une élaboration et d'une description et leur
expression est un produit de l'imagination. Aucun homme, ayant
prêté la moindre attention à leurs écrits, ne doute que la plupart
des prophètes étaient sortis d'eux-mêmes lorsqu'ils contemplèrent
la plupart de leurs visions. Les prophètes auraient-ils donc éprou
vé une extase mauvaise lorsqu'ils virent Dieu ? Qui pourrait affir
mer cela, sans subir lui-même cette mauvaise extase ? Pourquoi
Dieu dit-il lui-même à Moïse qu'il lui est apparu en face et non en
énigmes 2 ? Lui a-t-il donc fait subir alors une mauvaise extase ?
Et les quarante jours entiers 3, durant lesquels, sorti de lui-même
et participant sous la ténèbre à la vie invisible, il voyait et il

1 Ps.-Denys, De div. nomin., I, 4 (PG, III, 592 C).


» Nombres, XII, 8.
• Exode, XXIV, 18.
TRIADE II, 3, 57-58 509

p,6vos ovtoç, <f>œç yeyovwç Kal 8ià tov (fxuros dewp-evos Kal
<f>û>ç opœv iv rjj tov (jxoros èheivov déa tc Kal aTroXavoei,
Kal tÔ V7rep<f>vès Kal àTrepivôrjTov ovtids ytvwoKet. tov 0eov,
ov% îmkp ttjv votjtiktjv povTjv Bvvap.iv tov vov, ttjv àvdpto-
irlvr\v Tavrqv, SoÇdÇwv tov Qcôv, TroXXà yàp Kal tô>v ktio- 5
TtDv vrrkp avrr)v claiv, àXXà Kal îmèp tijV v7r€p<f>veaTârr)v
h>UiOW €K€ivTjV, 8C ■fjs p.OV7]S Toîs tô>v vot)tÛ)v èW/ceiva. 6
vovs ivovTai « cv decoTepa p-ip-r/aei tôsv VTrepovpaviœv vôœv ».

58. 'AXXà tovtu)v p.kv âXis' c/ccîvo 8' irravaAafiôvTes


Xéyopav <ôs rrçv îmèp déav ôpaaiv Tavrrjv, et tiç « vôr\o~w 10
» virèp irâcrav voepàv ivépyeiav » idéXei KaXe.lv, Sia<f>épe.Tac
Trpos 7jp.âç oîiSév. '0 piévToi <f>iA6oo<f>cç ovtos, vopiaas « opa-
» aiv » rjp.âs tovtI p.6vov dcpwpiapévojs , àXX où^i Kal « vôrj-
» oiv aTrepivér]Tov » KaAeîv, KaT' ar: )û toû ovôuaTOS ttjs
opdoeœs iudvrj, Kal pavels ovp,evui v iTraLveT-qv p,aviav, 15
eyKaTa\ei(f>Beis rrepl tov? Xoyovç toutou?, KaTa. ttjs 7Tpo<f>7)-
TiKrjs ^apiTo? rjpapTev ws irXeîoTa. Tpiwv 8' r)p.€Îs t) TCTTa-
pa»v apapTrjp.d.Taiv é'Àey^ov Sià /3paxéu>i' 7roi.7jadp.evoi t<x>v
oXXojv à<f>e£6p.eda. AeîÇai, Toivvv aiiTOS àyu>vi£6p.evos a»y
7) opaais 7roXXâ> ^etpcov ttjs vorjaeœs, « irdvTa t<x toîs 7Tpo<fyr]- 20
» Taiç SeSety/xeVa, ^ei/jouç vo7/a€<«s » <f>rjaiv « ôpdaeis, wç
» 8i.aTreTrXaop.eva Kal 8iayeypap,p.éva Kal Karà <f>avraoiav
» èKTre<j>aap.éva ». "Oti /xèv ouv èv eKordaei yevôp.evoi. tcôv
7rpo(f>7]TÔ)v ol TrXeiovs ras irXelovs €i8ov tcDv ôpdaewv, où-
8ciç ôç àp.<f>tyvo€Î tG>v KaT ai/Tous Xoyiwv Kal p,€Tpia>s 25
€7raKovo-aç. Ti ovv, ttjv €ttI tÔ ^etpov eKaraoïv 7rdo~)(OVT€s,
0e6v iwpcov ol 7rpocf>rJTai ,' Kal tls âv tovto etTTOi, p,7j ttjv
e?Ti to x€^Pov £KOTaoiv avTOS rradwv ,' Ti 8' ôVe t&) Ma>vo"fj
<pavrjvai 6 0e6ç aÙToç <f>-qoiv «iv e'ÎSeï Kal où 81 alvLyp.dTU>v » ,'
Apa Kal tÔtc ttjv Xe^Pœ tKOTaotv iÇéoTrjuev avrôv ,' Ti 8' 30
otc TecroapdKOVTa 7]p.epas oXaç iavrov iÇeoTTjKCJS Kal Ttjs

CVSL

9<foi posl àXXà add. V | 15 oû/xceouv VSL ôviitvow C.


510 GRÉGOIRE PALAMAS

entendait ? Était-il dans une extase mauvaise ? Vraiment,


celui qui écrit cela est aussi éloigné de la vérité qu'il est possible
de l'être !

Les deux imagina- 59. — Mais ici son péché est double, car
tions. il calomnie à nouveau le grand Denys en
prétendant que sa pensée est semblable
à la sienne propre et en lui faisant dire que les visions prophéti
ques sont toujours inférieures à l'intellection. Il met en avant
ces paroles de Denys : Dieu tire ses noms de certaines apparitions
divines qui jetèrent leur lumière sur les mystes et les prophètes,
pour des causes différentes et avec une puissance différente x. Il
dit ici clairement : pour des causes et avec des puissances diffé
rentes; comme Dieu dit aussi qu'il apparaît à l'un en rêve, à
l'autre en état de veille, c'est-à-dire en énigmes, alors qu'à
Moïse il est apparu en face et non en énigmes 2. Tous les prophètes
ont-ils donc vu avec la seule faculté imaginative de l'âme ? Mais
il y a une divine imagination qui est très différente de notre ima
gination humaine : elle marque la partie maîtresse et véritable
ment incorporelle de notre âme, alors que notre propre imagina
tion humaine se produit dans la partie de notre âme qui se con
forme au corps ; ce qui est marqué dans le premier cas, c'est
l'élément dirigeant et supérieur de l'âme raisonnable, alors que
notre imagination humaine marque pour ainsi dire la dernière des
facultés psychiques, et encore celle-ci est-elle marquée par des
mouvements qui proviennent des sens ; si, au contraire, tu veux
savoir ce qui marque la partie maîtresse de l'âme des prophètes,
écoute le grand Basile : les prophètes ont vu, dit-il en effet, parce
que la partie maîtresse de leur âme fut marquée par l'Esprit 3. C'est
donc l'Esprit Saint qui se pose sur l'intelligence des prophètes : il
se sert de la partie maîtresse de leur âme comme d'une matière ;
il leur y annonce par lui-même les choses à venir, et à nous par
leur intermédiaire. Est-ce là simplement une imagination,
proportionnée et égale en valeur à notre imagination ? Et com
ment cette imagination-là serait-elle inférieure à notre intellec-

1De div. nomin., I, 8 (PG, III, 597 A).


» Nombres, XII, 8.
* Cfr In Isaiatn proem. (PG, XXX, 124 C).
TRIADE II, 3, 58-59 5'XI

àetSovs £unjs vno tov yvôfyov ueTé\(ov, èwpa tc kcu rjKovev ;


rApa ttjv xeVw eKoraaiv i£éo-rr) ; "Ovtws ttjs àXijdeîas û>ç
■nopporrâroi i£éorr)Kev o raina \\ ypd^xav. I '■ >89*

59. AnrXaoïA^eTai. 8è ainip imavda to àp.dprr]p.a ' tov


yàp ueydXov Awwolov KavravOa, œs ravrà <f>povovvros kcu 5
ràs Trpo<f>r]TiKàç ôpdoeis irdoas œs ytipovs votfoews enrovros,
KaratfievheTat., iKeîvo tûv aurai yeypap.uéva>v iTpof}aXXàp.evos
ojs « ànô tivojv Beuav <f>avTaap.dTO)V tous uvoras fj tovs
» Trpo<f>rJTas KaTaXapjpdvrojv , /car' aÀAaç Kal âXXas aLTias re
» Kal ovvdp,eis, ô 0e6s oVoua£eTat ». Kal ur/v ovros oa<j>œs IO
icàvraûfla « /car' aÀÀas koI aXXas abrlas re Kal ovvdp.eis »
<f>r)alv, ws Kal 6 Oeos Xéyet ôVi tw aèv ovap, t<3 8è vrrap,
oC alviyuaTatv aévroi, tô> 8c Matvafj « iv eïSeï Kal ov 81
» alvvyudrojv » w<f>6r). liais ovv irdvres ol Trpo<f>rJTat. Karà
uovtjv tt/v tftavTaoTiKJjv ttjs *pvxVs Suvauiv iwpajv ; 'AXXà 15
Kal rj delà <f>avraala 7roAù Sievrfvoxe rfjs Kad' rjp.âs àvdpœ-
nivris <f>avraaias' Kal yovv iKeivrj uèv to Kad' yuâs
rfyeuoviKov Kal ovrws àaœuarov tvttoî, 17 8è Kad' r/uâs
<f>avraaia iv tô> oojpxLToet&eî ylverai rrjs Kad' rjuâs *pvxVs '
Kal TO tt€V TVTTOVp.eVOV €K€Î TTJS XoyiKTJS fox^S icfTl 2°
to Kopv<f>aîôv tc Kai â/cpoTaTov, iv r)p.îv 8e to tcûv
tf)v\tKÔ)v Svvdp.eojv o^eSov êo^aTov ' Kal ruvovrat tovto
pèv vtto tôjv àir' alod-qoeats Kivrjp,dTOJV, eVeî Se ti coti
to tvttovv to -qyep.ovi.Kov tôjv Trpo<f>r)Tœv el déXeis p-o.-
deîv, tov peyaXov BaotXeiov aKovoov ' iœpwv ydp <f>r)<riv *5
01 7Tpo(f>rJTai, « TinTovpevot. tu TIvevp.aTL to T]yep.oviKÔv » "
u)OT€ to I7vevp,a eoTi to âytov to icfn^dvov tû v& tô>v irpo-
<j>7)TÙ~}v Kai ws vXji xpojpevov tw rjyepovtKtp Kal iv aurai
Si' iavrov Ta péXXovra TrpoKaTayyéXXov avroîs Kal Si' aiî-
TÔ>v rjpîv. TJâJs ovv airXûs tovto <f>avTaola, rfj ■qp.CTipa 3°
(ftavraoux KaTaXXrjXos Te Kal ôp,ÔTipx>s l TL&s 8è xelpœv
TTJs Kad'-qpâs vo-qoews 17 <j>avraoia avn] ; MâXXov Se irâ>s
ov\l Kal dno toutou oeucvinat. <f>â>s ov, va) deœprjTÔv, êrepov

CVSL
512 GRÉGOIRE PALAMAS

tion ? Ou plutôt, n'est-il pas évident, là encore, qu'elle est une


lumière visible à l'intelligence, mais différente de l'intellection,
que ces visions ne sont ni sensibles, ni imaginées, et complète
ment autres par rapport à la connaissance qui provient du raison
nement ?

Les puissances ce- 60. — Mais le philosophe présente en-


lestes « imaginent- core une autre expression du grand Denys
elles» Dieu? qui. dit
,.. : LT, ange qui a modèle
, ,,,la vision
. . pour
,
initier le théologien aux choses divines 1. A ce propos, il dit :
En disant « modelé », il a désigné l'imagination, car rien de
ce que l'esprit contemple de lui-même n'est modelé. Si l'on se
laisse persuader par ce philosophe, il faudra accepter aussi
que les principautés et les puissances du ciel subissent elles
aussi, ô chose étrange, une extase mauvaise de l'intellect, que
leurs visions sont conformes au corps et se produisent par l'ima
gination et que, non seulement leurs visions, mais leurs hypostases
mêmes et leur existence essentielle ressemblent à de l'imagina
tion. Car le même saint dit dans le chapitre huitième de la Hié
rarchie céleste, en célébrant les noms révélateurs des saintes
principautés, que leur principauté tend vers la Principauté par
excellence pour acquérir une ressemblance princiere avec elle,
en se modelant elle-même conformément au bien et en modelant ce
qui est avec elle 2. Donc, si rien de ce que l'esprit contemple par
lui-même ne se modèle, si, par ailleurs, tout ce qui se modèle est
imaginé, sensible et, de ce fait, bien inférieur à ce que nous con
cevons par l'intellect, les principautés et les puissances n'ont pas,
à l'égard de Dieu, une ressemblance intelligible, mais conforme
au corps, imaginaire et inférieure à l'intellection humaine, puis
qu'elle est modelée. Et si telle est la ressemblance qu'elles
ont avec Dieu, comment seraient-elles intellectuelles par nature ?

Le modelage divin. 61. — Mais le philosophe tire la même


conclusion d'une autre expression de
Denys. Ayant en effet entendu parler d'un ange qui « façonne »

>fle coelesti hierarchia. XIII, 3 (PG, III, 300 C).


2 Ibid., VIII, 1 (PG, III, 237 C).
TRIADE II, 3, 59-6l 513

irapà ttjv vôrjow, Kal ôpdoeis ovre alodrjral ovre <f>avraorai,


xa.1 aAAat Travrârraoi rrapà tt\v àiro ttjs Stavoi'aç yvwaw /

60. 'AX\' o <f>iA6oo<f>os Kal àAAijv xprjoiv napdyei tov p.eyd-


Xov Aéyovoav ■ « '0 ttjv Spaoïv 8ta.7TAa.oas dyyeAos els tÔ
» (Airfjoai Ta 0eîa tov fleoAoyov » " #càv toutoiç ^tjcti " « T<à p.èv 5
» elnelv SiarrAdaaç, to /caTa (pavraolav 8e8rjAa>Kev ov8èv
» yàp tcôv ôoa ô vous Si' èavrov deârai SiaTreVAaoTai ».
Tovrto Toivw eï tiç rretodelr] tû> <f>tÀoo6<pa> , ko! ràs ovpaviovs
VTToA-qifjcTai KvpLOTqTas tc kol 8vvdp.eis eKoraoïv vot]oea>s,
w tov davp,aros, èrrl to x€^P0V "ndoxeiv Kal oa>uaToeiStDç 10
Kal Karà <f>avraolav avrwv eîvat Tas ôpaoeis, «ai pvq p.ovov
ràs ôpaoeis tovtchv, àAAà Kal aÙT<x? ràç VTroordoeis avrtùv
Kal ovoiu>8ei.s îmdp^eis (pavraola \\ rvyxdveiv èp.<f>epeîs. |i içor
0rjaî yàpôavTos àytos èv oyhôu) rrjs Ovpavias lepapxîa-S,
ttjv Tœv àyiwv KvpioTrJTa>v e/c^avropiKTjv è-noiwp.lav ètjvp,- 15
vœv, d)s ttjs Ôvtojs Kvpiapxias r) Kvptôrrjs avT<ùv citerai
« 7Tpos ttjv avrijs Kvplav èp,<f>epeiav êavrrjv re Kal Ta p.e6*
» iavrrjv dyaOoeiows 8ia7rXaTTovoa ». El Toivw utjScv 5aa
o vovs 81' eavTOv OeÔTai Sia77e7rAaoTat Kal Ta SiaTTAaTTO-
peva navra <f>avraord èoTiv r) Kal aîodrjTa Kal Karà tovto 20
7roAAâi X€iPw T^)v voovp,€va>v v<f>* rjp.œv, ov votjttjv Aoittov
exovotv ai Kvpiorrjreç re kol ' 8vvdp.eis ttjv ttooç tov 0e6v
èp,<f>epeiav , àAAà oaip.aToet.8rj Kal <pavTaoux)8rj Kal àv6pa>-
tti'vtjs ^etpova voTjaetos, ws « 8ia7reTrXaop,évrjv » oucrav. i?î 8€
ttjv irpos Qeov ip.<f>epeiav Toiavrrjv é^onoi, tcDç àv efev è/ceîvai 25
voepai ttjv <j>voLV ;

61. '0 Se <j>i\6oo(f>os Kal ef crêpas addis tov avrov


prjoeojs ovvayei to ovto ' tov tvttoùvtos yàp aKovoas ttjv

CVSL
7 o ont. L ! 25 ràvpost irpôsadd. C il 27 toû o»n. C.
514 GRÉGOIRE PALAMAS

la vision pour communiquer, comme il le peut, sa propre connais


sance des choses saintes au théologien 1, il se demande : Comment
la vision façonnée ne serait-elle pas un produit de l'imagination?
Mais nous détournerons son coup en nous référant encore au
Chœur céleste : Les saintes ordonnances des essences célestes, y est-il
dit, se façonnent intelligiblement elles-mêmes à l'image de Dieu et
tendent à ce que leur aspect intellectuel prenne une forme ressem
blant à la Théarchie : elles ont ainsi certainement une part de plus
en plus abondante à la communion divine 2. Ne vois-tu pas que l'on
peut façonner intelligiblement ? Comment donc ces mots ont-
ils pu t'induire à penser que les prophètes subissent une extase
mauvaise ? Car, moi, ces mots m'amènent à penser que les visions
prophétiques, loin d'être inférieures à la raison humaine, sont
supérieures à notre intelligence, et j'accepte l'enseignement sui
vant lequel leurs contemplations sont semblables à celles des
anges. Par leur pureté, en effet, ils se trouvent préparés à l'union
angélique et, par leur tension vers le Divin, ilss'unissent aux anges ;
ils sont alors, eux aussi, modelés et façonnés par les anges, comme
ces derniers le sont par les ordres angéliques supérieurs ; ils
transforment leur aspect intellectuel pour lui donner une forme
divine et, par cette transformation, ils cultivent, pour ainsi dire,
en eux-mêmes la connaissance de Dieu qui descend ainsi sur eux.
Et qu'y a-t-il d'étonnant à ce que la pureté prophétique soit
façonnée et modelée comme le sont les anges et qu'elle collabore
avec eux pour exprimer la théologie, puisqu'elle est attestée comme
pouvant recevoir elle-même les empreintes mêmes de Dieu ?
Le cœur pur, est-il dit en effet, est celui qui a présenté à Dieu un
esprit absolument étranger à toute forme et prêt à être marqué des
seules empreintes, par lesquelles Dieu se manifeste généralement 3.

Témoignages de 62. — Quant à Zacharie, fils de Bara-


l'Écriture. chie, il enseigna que l'esprit même qui
est en nous est modelé par Dieu : il
montre ainsi, soit que Dieu fait passer notre esprit du non-être

1 Cfr le paragraphe précédent.


•De coelesti hierarchia, IV, 2 (PG, III, 180 A).
» S. Maxime, Cent, gnost., II, 82 (PG, XC, 1164 A), reproduit dans S. Marc
l'Ermitk, De Umper., 24 (PG, LXV, 1064 B).
TRIADE II, 3, 6l-62 515

ôpamv àyyéXov, Karà hvvap.iv t& deoXôyco fierahiBôvros


rfjs oî/cei'aç Upoyvcoolas , « rrws » <fyt]aw « 17 TvnwOeîaa
» Spams ovk âv ewj <f>avraar6v » ,* 'AXX' •qp.eîs iraAw' c#c
T-fjs O vpaviov ^opeîaç è/crpe^o/xev aùrov. « ylî yàp
» âyi'ai » <f>7]ol « tûj/ ovpavlœv ovoiwv huiKoap,7]oeis , 5
» votjtcD? ewi tÔ deop,tp,T]Tov cavràs àironmovcai Kal trpos
» tt;v 9eapxiKr)v ifufrepetav pop<f>ovv i(f>iépevai to voepov
» avrâtv eîSos, à<f>9ova)T€pas cIkotcos fieréxovai rijs deuts
» Koivœvia.s ». 'Opâs Kal tvttovs votjtovs ,' Ilôts ovv àiro
rœv ovofidriov tovtwv tt)»' xe lPw irdtrxetv eKaracnv (i>rj(h]s IO
tovs irpo<fyrJTas ; 'Eyw yàp àiro râtv ovo/xarwv tovtwv ovk
àvdpurrrlvrfs X^P^ Stavoias t<x TTpo<fyrjTi.Kà 8edp.aTa ivayo/xai
vop,l£eiv, àXXà vov tov Ka6' r)p,âs KpeiTTW, Kal laayyéXovs
eloévai StSaor/co/xat t<z? avrôùv decoplas. IIpos yàp àyye-
Xucr)v êvœoiv èTTLTTjo'eiovs èavrovs CKeîvoi 8ià KadapôrqTa 15
TTOlTjOaVTeS Kal Tjj TTpOS TO 0€LOV àvardaei. OWqp,p.€V0l TOVTOIS,
8ia7rAaTTOVTai Kal avrol Kal Tvrrovvrai vit' avrtôv, d>s €K€Î-
vot viro TÔ)V vpope^TjKÔTCDV àyyéXùtv Karà T<i£iv Kal to
voepov avTÔ>v eîSos npos deoeiSrj p,6p<j>u)oiv p.eTaoKevd-
£ovrai Kal 8ià rrjs Upàs px>p<f>cooeœs Tavrqs tt)v Upoyvw- 20
aiav tôoirep éavToîs èvyeoipyovaw , eKeîdev KaTa/3efiXrip.évr)v.
Kal ri Oavpaarov el tcôv laayyéXœv tvttojv koI 8taTrXdo~ewv
r) irpo(f>r)TiKr) rvyxdvei KaOapoTrjs, ovXXenovpyos Karà Tt]v
deoXoyiav vrrdpxovoa avTcôv, ore Kal avTovs tovs tov Qeov
tvttovs avTt] Se^ctT^ai p.aprvpeîrai Svvaadai,' « KapSla » 25
ydp <f>rjot « Kadapd ioriv, r) TravTdTTaow àveioeov tô> 0ew
» TTapaoTTjoaoa tov vovv koX toîs avrov êroi/zov €vcnj/x.at-
» vecrdai tvttols, 81' (Sy ip.<j>avr)s Tré<f)VK€ yivcaOai ».

62. Za^o-pias 8è 6 Bapaxîov Kal avTO to iv rj/xîv 7rvevp.a


jrXdTTeodai, vtto ©eov i8fàa{;ev, eïre ttjv ck tov /zt) ovtos 3°
ci? to efvai II 7tpoayojyr)v 4k @eov eîvcu tov KaB' rjp.âs wev- |f. içou

CVSL
3 ndXiv : avdis CL.
516 GRÉGOIRE PALAMAS

à l'être, soit qu'il le recrée dans un état meilleur et le transforme


dans le bien-être 1. Il dit en effet : L'inspiration de la parole du
Seigneur est sur Israël, dit le Seigneur, celui qui étend le ciel, affer
mit la terre et modèle l'esprit de l'homme en lui 2. Quoi donc ?
L'esprit qui est en nous est-il donc corps lui aussi, puisqu'il est
modelé au moment de sa création ou de sa transformation ?
Mais lui qui souhaite lui-même être un bon modeleur pour ceux
qui le désirent et qui déclare que son bon ami a été modelé,
lorsqu'il était encore enfant, par leur éducateur commun du
Pont 3, d'un modelage très bon et très pur, adresse-t-il là un éloge
à l'art de modeler les corps, en le considérant comme désirable et
en souhaitant le posséder ? Comment se fait-il, d'autre part,
que Dieu fasse attention à toutes nos œuvres, selon le divin David,
afin de modeler le cœur de chacun de nous *, à moins que nous
considérions que ce cœur mentionné ici et modelé par lui désigne
l'homme intérieur ? Et Moïse, en passant des jours et des nuits
sous la ténèbre dans cette vie invisible, n'a-t-il pas vu des modèles
divins ? Tu feras tout, dit-il en effet, conformément au modèle
qui t'a été montré sur la montagne 6. En pénétrant dans la ténèbre,
il a donc lui aussi subi une extase mauvaise et il a vu en imagina
tion, puisque, selon l'Écriture, il a vu un modèle ?

Vision, source de 63. — Mais ce philosophe, qui ne recon-


connaissance. naît aucune différence entre les modèles
sensibles, imaginaires, intelligibles ou
divins, en entendant dire que le théologien a appris ceci ou cela
auprès de ceux qui voient et qu'îï a été initié par une vision modelée
par un ange, qu'il a été élevé à la connaissance intelligible des
êtres ou des choses visibles, en tire la conclusion que la connais
sance est supérieure à la vision, puisque, dit-il, le prophète a été
élevé de la contemplation à la connaissance, et non « rabaissé ».
On pourrait donc dire que tous ceux qui nous interprètent longue-

1 Vocabulaire emprunté à s. Maxime, cfr Ambiguorum liber (PG, XCI, 1084 B,


etc.).
* Zacharie, XII, 1.
* Allusion probable à un passage des écrits de Barlaam.
« Cfr Ps., XXXII (XXXIII), 15.
» Exode, XXV, 40.
TRIADE II, 3, 62-"Ô3 517

/iOTOç SeiKvvs, être rr\v enl to KpeÎTTov dvdirXamv Kal els


to eu elvai p.ç.TaTTobr\ow ■ « Arjp,p.a » ydp <f>7]at « Xôyov Kv-
» piou ivl tov ^IaparfX, Xeyei Kvpios, 6 ixTelvœv tov ovpa-
» vov kcÙ 0€p,eXtwv rtjv yrjv Kal rrXdoouyv irv€vp.a dvôpœnov
» iv aura» ». Tl odv,' Kal tÔ iv ij/luv irvevp.a a£>p.a, irrei8tj 5
«7rAaTT€Tai», •npoayôp.evov 77 p.eTaoKevatpp.evov ', *0 8è TrXda-
ttjs fièv dyaôos avros eîvai toïs itoBovow €vxôp.€vos, «Sia-
TrXaodfjvcu » 8e <f>do-Kwv êV ovra iraî8a tov <f>lXov eraîpov
VTTO T<3 KOlVto 7TCu8€VTr} TOV IIÔvTOV, TrXd<TlV TTJV dploT7)V
tc icai Ka9apoTa.T7)v , dpa ttjv 7rXaariKr)v tô>v aœfidTatv 10
réyynjv ey/ca>/iia£ei Kal vodeivrfv rjyeÎTCu Kal e userai ,' 77â>?
8è kcÙ « awirjaiv 6 Oeos cis irdvra rà cpya •qp.œv » /carà
tov 0CÎOV zJaiùS « ô*tà to 77Àao-ai /carà p.ôvaç ràs Kap8las
» -qp-wv », eî /ht) Kap8iav èvravda irap' avrov rrXacrôeîoav tov
lato vo-r\aop.tv dvBpcoTTov ; Kal ô Mwvarjs 84, 8ir)jxep€vuiv t« 15
Kal SiavvKTepevwv vtto tov yv6<f>ov iv tt\ àvciSeoj iKelvr) Çoii},
ov delovs tvttovs cl8e ; « IJonjoeiç » ydp <f>r)oi. « Traira KaTa
» tov TÛ770V tov Sei^flèVra oot €f t<3 opei ». 7Y ouv, Ka/ceîvos'
iv rtp ôeîw yvô<f>a> yeyovœs, eVJ tÔ ^cîpov iÇioTq Kal <f>av-
TaoTtKÔJs eœpa, €tt€i8t7 « tvttov » dvayéypaTTTai I8u>v ,' 20

63. '^AA' ô p,r)8€p,lav 8ia(f>opàv aladrjTwv Kal <f>avTaoTÔ>v


Kal voi)TÔ)V Kal delwv tvttcov eTnarâfievos (f>iX6(ro<f>os ,
aKovcov ÔTt « èp.dvdave roîs 6piop.evois 6 OeoXôyoç rà
» Kal rà » Kal « vira Trjs 8iairXao9elar)s vtto tov àyyéXov
» ôpdueœç ip.veÏTO » Kal Trpos ttjv vorjTT]v yvœoiv « àvijycTO » 25
Tœv ovtojv t} op<op.€Vtov, KavTfvdev avvdyci ôVi Kpelrrov
yvâjois dewpcas, eVeiSr) à-n-ô rayrr/s ô irpo(f>rfTT)s lui ttjv
yvœoiv « àvrjyeTO » §r)Oiv, àXX ov « /caTTjyeTO ». Oû/coOV,
ci7roi tiç dv, Kal Tïdvrç.s ol 8iet;o8iKÛ>s rjfiîv tov tG>v
Xoyuov €pp.r)vevovTes vovv <bç airà xeupôvcov èirl to 3°
^cXtiov r)p.âç àvdyovai, Kai o pÀv Kvpioç Xôyov ovvTÇTp.rj-

CVSL
14 Kap&iav '. Kop&îaç L.
5l8 GRÉGOIRE PALAMAS

ment le sens des Écritures nous élèvent de l'inférieur au supé


rieur, alors que le Seigneur qui, sur terre, nous a donné l'Évangile
comme une brève parole, nous a donné une chose inférieure !
Les interprètes se trouvent ainsi placés en dehors de l'Évangile
et nous élèvent à leur raisonnement, comme à une réalité supé
rieure ! Arrière, la calomnie ! Ils ne s'écartent pas des Écritures,
mais ils y puisent comme à l'origine de leur connaissance et à la
source d'une lumière intarissable, et ceux-là même qui nous en
enseignent la connaissance élèvent notre connaissance à un degré
supérieur en raison de notre ignorance. Ces propos désignent ici,
en effet, soit le mouvement, soit l'origine. Donc, lorsque l'Écriture
dit que le prophète fut initié par la contemplation ou qu'un ange
l'a élevé de la contemplation à l'initiation, elle ne prétend pas
que cette initiation lui ait fait quitter la contemplation, mais que
le prophète a appris ce qu'il ne connaissait pas auparavant à
partir de la contemplation, comme origine et source de la con
naissance, et que l'ange, comprenant mieux, en tant qu'ange,
l'objet de la contemplation, l'a interprété pour le prophète et a
élevé celui-ci de l'ignorance à la compréhension. L'ignorance qu'il
a quittée est donc inférieure à la connaissance à laquelle il s'est
élevé ; quant à la vision qui lui donne la connaissance et qui, à
l'image de Dieu, contient implicitement en elle-même cette con
naissance, comment ne serait-elle pas supérieure à la connais
sance dont elle est la source ? Il ne pouvait pourtant, puisqu'il
marchait contre les Pères, laisser les prophètes sans les insulter !
Car ce sont les premiers Pères, les pères des Pères en Esprit :
il fallait donc qu'ils fussent eux aussi insultés !

Théorie de Bar- 64. — Mais, après s'être rassasié de


laam sur la con- lutte contre ies peres et ies prophètes,
naissance de Dieu. il., trouve
. ,, . en ,la personne
un prétexte
de ceux qui ont embrassé l'hésychie, afin de s'en prendre,
pour ainsi dire, à toutes les choses divines ; ensuite il s'établit
exégète des très mystérieuses paroles de l'Évangile et veut
enseigner comment les purs de cœur voient Dieu l et comment le
Fils vient avec le Père et établit en eux sa demeure 2. Il dit :

1 Matth., v, 8.
• Jean, XIV, 23.
TRIADE II, 3, 63-64 519

fxévov ro evayyéXiov oovs irrl rrjs yfjs, ro %eîpov oéowKev


rjp.lv, ol 8è SievKpivovvres iÇurrâot. rov evayyéXiov kcu <os
irrl ri Kpeîrrov rr)v €K€lvujv r/p-âs dsdyovoi hidvoiav ; "Anaye
rrjs KaKovoiaç " ôAAà twv fièv Xoyiœv ovk à<f>i.crrâcriv, ££
èxelviov 8e, wç alrlwv yvœoeœs ôvrœv Kal rri)yr)s (fxoTos 5
devdov Xafiôvres Kal avrol ol oiodoKovres rrjv yvœoiv, €K
rfjs rrpooovo~qs rffi.lv àfiadlas èirl ro Kpeîrrov rr)v yvâjoiv
dvdyovoiv. 'Errl yàp r&v rotovrwv al rrpodéoeis aSrai, ttov
fièv Kivrjoews eloi orjXœriKal, ttov oè alrlas. "Orav oSv
Xéyr) r) rpaftr) ws c/c rfjs deœplas 6 rrpoijyrjrqs èpveîro r) 10
dyyeXos avrov àvrjyev 4k rfjs deœpias els ttjv p.vr\ow, ov
rovrô <f>rjoiv à>s àrreKlvei avrov rfjs dewplas, àAA' <î>s i£
alrîas eKelvr/s Kal -)(oprjyov |j rrjs yvœoeœç rà irplv p.r) | f- içir
yivwoKopeva o rrpofirjrris eoiodoKero Kal o dyyeXos, Kadapœ-
repov owiels Ta rrjs deœplas are dyyeXos, è^rjyeîro tù> «5
Trpo<fwJTT) Kal àvrjyev avrov àno -rfjs àp,adtas inl rqv ovveoiv.
'H p.èv ovv àpaBLa i£ r)s àireKiveîro ^eîpov rfjs yvcooeios
els tjv àvfjyero, r) oè oioovoa ttjv yvœoiv ôpaoïs, r) Kal 8eop,i-
p,fjra>s ovveirrvypévrjv êxovoa avrrjv èv èavrfj, rrœs où Kpeîr-
tov rrjs rrap' avrrjs x°Priyovtl^vrls Yvwa€UiS > "E8ei 8' 5p.<os ^°
rov Karà rdv narepwv xœpfjoavra fir/oè rovs rrpo<f>r]ras
dverrrjpedorovs KaraXeujiai.. IJpâyroi ydp eioiv e/ceîfot nare-
pes Kal rœv Trarépwv rrarépes èv TIv€vp.aTi ' e8et roivvv Koivœ-
vrjaai Kal rrjs èrn]pelas.

64. Kôpov 8' rjor) Xafitov rrjs irpos rovs rrarépas re Kal 25
rrpo<f>fjras dywvias ô rrp6<f>aoiv rovs ^oxi^t'av dorral)op.évovs
evp6p.evos els rà rrâoiv <ôs elrreîv èmdéodai rots delois, rwv
\xvariKUirdroiv èrreira rov evayyeXlov pr/p.drwv è^rjyr/Trjv
èavrov irpoKadi^ei Kal oiodoKeiv àfioî rrœs « ol KeKaOap-
» jiivoL ttjv Kapolav ôpâjoi rov Oeov » Kal rrœs « ovv rw IJarpl 6 3°

CVSL

6 àtvvâov codd. \ 14-15 KaQaportpov L.


520 GRÉGOIRE PALAMAS

Ceux qui ont le cœur pur peuvent voir Dieu soit par analogie,
soit en tant que cause, soit par négation, et non autrement; l'homme
qui connaît les parties du monde les plus nombreuses ou les princi
pales, et surtout celui qui possède la meilleure connaissance de ce
qu'il connaît, obtient la meilleure vision de Dieu ; la plus parfaite
vision de Dieu est obtenue lorsque l'on connaît aussi bien les parties
visibles du monde que les puissances invisibles, les rapports des
éléments avec la terre et les autres objets, ainsi que tout ce qui
les oppose entre eux, les différences, les particularités, les commu
nions, les énergies, les contacts, les convenances, les harmonies et
absolument toutes les relations indicibles et exprimables de l'univers
que voici; car, dit-il, celui qui contemple bien toutes ces choses,
celui-là peut aussi reconnaître Dieu comme étant à l'origine de tout
cela, le connaître par analogie et, en le plaçant au-dessus de tout,
savoir encore par négation qu'il est transcendant à toutes choses.
Car, dit-il, si Dieu ne se fait connaître que par les êtres, on ne
connaîtra pas Dieu d'après ce que l'on ignore, mais seulement d'après
ce que l'on connaît; ainsi, plus nombreuses et plus admirables sont
les choses que l'on connaît et mieux on les connaît, mieux on sur
passe les autres hommes dans le domaine de la connaissance de
Dieu ; et même la voie apophatique pour connaître Dieu, qui paraît
attacher le plus petit prix à la connaissance des êtres par rapport à
celle de Dieu, ne peut, par nature, être accessible en dehors de la
connaissance de tous les êtres ; nous ne pouvons, en effet, appliquer
la négation qu'à ce dont on connaît l'existence.

Deux conceptions 65. — Oh, quelles paroles il prononce


de la théologie apo- p0ur sa pr0pre condamnation ! Elles ne
p a que* diffèrent pourtant pas du tout de ses
opinions exprimées ailleurs : il y définit, en effet, celui qui sait
tout comme un homme parfait et sage x ! Comme il l'a juste
ment déclaré ici, on ne peut donc appliquer la négation qu'aux
objets que l'on comprend ; c'est à partir de ces objets que

I Cfr surtout Tr. II, 1, 37.


TRIADE II, 3, 64-65 521

» Ylos €px*Tcu Kal fAovriviToieÎTaiiTap' aûroîç». «'O/jômti toi'vw»


ifnjalv « ol K€KaOapp,évoi ttjv KaphLav tov Oeov ovk cLXAcdç,
» âAA 17 /carà àvaXoyiav 7} kclt' alriav t) /carà àir6<f>aoiv '
» BeoTTTiKioTepoç S' eKeîvos 8s irXeîw otSe rœv tov k6g[iov
» fiepâtv 77 rà tcpelrTU), Kal êVi uâAAov o /aôÀAov o# yivaioxei 5
» ttjv yvwaiv %x<ov ' deoirTiKutTaros 8' àndvTwv os Tas re
» €fj,<f>aveîs eyvw tov koo^lov uepîSas Kal ràs à<f>av€Îs
» owdp.eis, ràs irpos yf\v Kal TaÀAa rœv oTOixelwv avpvna-
» detas Kal Tas irpos âXXrjXa ravd* âiravra ivavTioTradeias ,
» Tas 8ia<fx>pâ.s, ràç iSiOTT/Tas, Ta? Kotvwvlas, Ta? ivepyelas, 10
» Tas awa<f>eias, Tas i(f>app,oyds, Tas âpfjLovlas Kal aTrAcDs
» Ta t apprjTa Kal rà pyjrà tov ôXov rovSe avvQ-f]\i.aTa ' a»
» yap av » (fn/ai « #caÀâ>? virrjpÇe ravra navra dewpeîv,
» eKeîvos Kal cô? toutoi»' ndvTwv aïnov tov Oeov ywwoKeiv
» 8vvarai Kal è/c tovtwv ttÔvtwv àvaXoyt£6p,evos avTov 15
» yiva»<TKC«. Kai tovtwv irdvrwv inepTidels Si àiro<f>aa€ws
» aôdis vvèp rrâvT em'oraTai aÙTov. 'Eirel ydp » <f>r)aiv
« €/f TcDl' OVTWV p.6v(x)V O 0€OS yiV<i)OK€Tai, OVK i£ WV hrjTTOV
* àyvocî tis, àAA' c£ cuv p.6vwv yivwaKH. yvwaerai 0e6v,
» âicrre ôaa> TrXeiw tis yivwaKei Kal oep-vôrepa Kal à/cpt- 20
» péorepov, tooovtw 8ta<f>ép€(. tô>v dXXwv irpos to ytvœcrKew
» tov Oeôv " /cat aÙTÔs 8c o *caT<i dirô^aaiv rrjs 6eoyvcoo~tas
» rpÔTTOS, os 80/ccî fiaXicrra rr/v t&v Svtojv âTifj.d£eiv eni
» &€ov yvcjoiv, Trjs TÛ)V ovtwv àrrdvTOJV yvœaecos X^P^S
)> ■napayevéodai ov Tré<f>VK€V c5v yàp Tas virâp^eis yivœaKO- 25
» ficv, tovtwv pâvojv ^a)/3€t Kai Ta? avaipéoeis yivwoKCiv ».

65. *Q otas à<f>fJK€ Kad eavrov ras <f>œvds, ovSèv 8' o/xats || |f. 191»
àiraSovoas raïs âXXodi yva>p.ais avTOV' réXeiov yàp oStos
dvdpojTTOV àXXaxov /cat oo<f>6v opinerai, tov rrâvra elSôra.
El toIvvv, d>s dpri KavravO ovros àire^varo , tovtwv p,6vwv 3°
evi Kal Ta? àvatpéaeis yivtbaKeiv Kal e/c tovtwv p,6vwv

CVSI.

21 Toaoûro CL | 31 fiovwv : /idco^CS.


522 GRÉGOIRE PALAMAS

l'on arrive à Dieu par la voie apophatique ; s'il en est ainsi.


Dieu sera nécessairement Celui — ô sottise ! — qui aura été
connu par négation de tous les êtres ! Ou bien, en effet,
l'homme connaîtra tous les êtres pour connaître Dieu après né
gation de toutes choses et se produira à nous comme un autre
Dieu, car il appartient à Dieu seul de connaître toutes choses,
ou bien, s'il ignore quelque chose, il croira que c'est Dieu !
Car il est impossible, comme il l'a dit, d'accéder au Divin par
négation de ce que l'on ignore. Et si, d'autre part, on reconnaît
seulement que Dieu est à l'origine des choses que l'on connaît, on
n'admettra plus que Dieu soit à l'origine de ce qui échappe à la
connaissance ! N'abaissera-t-on pas ainsi à la mesure du monde la
Puissance divine ? On ne connaît pas, en effet, ce qui est au delà
de l'univers présent. Mais nous, en nous élevant au-dessus de la
connaissance, nous sommes persuadé qu'il serait plus que facile
à Dieu de produire des milliers de mondes, non seulement sem
blables, mais différents aussi ; à partir de tout cela, nous arrivons
à Dieu par voie apophatique ; nous connaissons son infinie puis
sance, même d'après ce qui n'a pas encore été connu. C'est ainsi
que Paul dit que le Christ est assis au-dessus de tout nom, non seule
ment de tout nom qui se peut nommer, c'est-à-dire connu dans le
siècle présent, mais encore de tout nom qui sera connu dans le
siècle à venir \ en exaltant ainsi la majesté de Dieu, même au-
dessus de ce qu'il n'a pas connu. Ainsi, ailleurs dans ses épîtres,
il demande : Qui nous séparera de l'amour du Christ? Il énumère
alors tous les êtres sensibles et intelligibles, les choses présentes
et les choses à venir, et il ajoute : Aucune autre créature ne
pourra nous séparer de l'amour de Dieu ', en incluant ainsi, parmi
les êtres existants, ceux qui n'existent pas, et en parlant d'eux
comme s'ils existaient. Mais nous qui induisons à des miniers
d'objets à partir d'un seul et à la Puissance infinie à partir du fini,
pourquoi ne connaîtrions-nous pas Dieu tout entier à partir d'un
petit nombre de ses qualités, comme on dit connaître le lion à ses
griffes et le tissu à ses franges, pour reconnaître ainsi qu'il est à
l'origine de toutes choses, l'exalter au-dessus de tout cela et
ajouter par la foi ce qui dépasse la connaissance de Dieu accessible

1 Éphés., I, 20-21.
» Rom., VIII, 35-39.
TRIADE II, 3, 65 523

àiro<f>doKei.v ro Oelov, <Lv e^ouev tt)v KardXr]ifn.v, Qeov etvat


herjoei, /JajSat rrjs dronlas, tov ck ttjs irdvratv d<f>aipéaeats
Qeov yvu)oôp.evov: *H yàp rà ovra Traira ris eiheiTj âv, côs
âv €K ttjs irdvrwv à<f>aipécreojs elhelrj Qeov, Kal Qeov rjp,îv
èavrov êrepov eladyet, Qeov yàp pâvov ro eîhéval rà rtdvra, 5
t), eî ti àyvoeî, rovro Tjyrjrat Qeôv 5 yàp àyvoeî à<f>aipelv
avrov ro deZov, eus ovros ë<f>Tjaev, dhvvarov. Kal et Jjv aiïOis
yivwatcei ris, rovrœv p,àvu>v aîrtov yivœoKei. Qeôv, ôaa ttjv
yvœatv avrov h tarré<pevye , rovrwv ovk aîriov rjyeZrai Qeôv '
ovkovv avpp.erprjoei t<3 KÔo~p,(p rrjv deiav hvvap.iv; Ov 10
yàp irXelœ yviôaerai rovhe tov iravros ovros. 'AXX' TjjxeZs,
xmepapdévres ttjs yvaxreojs, p,vpiovs dvaTre'neLap.eda koo-
p.ovs ov% ôpxtiovs uovoi', àAAà Kal hia<f>ôpovs, Qeû irpoaya-
yeîv rû>v evx€P€aT<*rojv ov Kal ck irdvrojv ÔXikcôs ànotpdoKO-
p.ev ro deZov, KaK tcôv jLMj7rai èyvojapévœv ywu>OKop,ev rrjv 15
aTT€ipoovvap,ov hvvaptv. Ovrws ô IlavXôs (pTjai « Kadrjadai
» to»' Xpiarov ènàvoi rravrôs ovôfxaros », où p.ôvov tov
« ovop,a£op,évov », rovréariv èyvwo-p.évov èv rtp vt/v alœvi,
àAAà «ai cv t<S p,éXXovri yvuiadtjaop.évov , «ai à7rô tcùv /at)
èyvwap.évcDV aura) ttjv peyaXioovvrjv tov Oeov i£alpu>v 20
ovtios àAAa^oû 770U t<3v e77tcrToÀâ)v et7rà»v « Ttç rjp.âs xutpiaei,
» à7rô TTyç àyaTTTjç toô Xpiarov ; » *cai ànapi0p,rjaas "navra
rà aîoOrjTà Kal vorjrd, « rà eveortÛTa *cat rà péXXovra »,
€77T/yaye»' « oûre tiç ktiois crêpa hvvTjoerai •fjp.âs ^ai/ourai
» àïrà ttjç âyct777js' toû Qeov », €*c tôjv ovrœv Kal rà /x.77 ovra 25
ovvopwv Kal Kar' eKeivcov tôç ëvrwv àiTO<f>ai.v6p.evos. 01 8è
ef evoç p.vpiovs Kai ck tov 7reirepaop.evov ttjv diretpov avviév-
res hvvap.iv, ttôjç ovk ck p.erpiwv râJv Kar' avrov ànavra
yvœaôpeda, ws è£ ovvxojv <f>aol tov Xéovra Kal 4k Kpaairé-
hov to v<f>aopa, Kai ovtoj iravrwv atnov €TTiyvœo6p.e0a 30
Qeov Kal àiro Trdvrwv tovtcdv d(f>aiprjoopev Kal ro rr)v ck
rdv ovtojv Qeoyvojaiav virepfiaîvov , aiç è£ ovk ovtojv Xôyoi
p.6vo) dnavra irapfjx0T] Sià TrlareoJS Trpoadrjaopev ,'

CVSL
16-17 <falai KaOTjaâat tov Xpiarov : tov X.oiot6v KoMijodai aSr/at VS j| 17 toû om.
L I 31 tovtuii' : toîtovS.
524 GRÉGOIRE PALAMAS

à travers les êtres, à savoir qu'il a produit toutes choses du non-


être par sa seule parole ?

Vision réelle de la 66. — Cette connaissance supraraison-


gloire Incréée, mais naDie est commune à tous ceux qui
non de l'essence. ^ cm ^ Christ guant à k fin de
cette foi véritable, qui survient par la pratique des comman
dements, elle n'offre pas la connaissance de Dieu d'après les
seuls êtres, connaissables ou inconnaissables, car lorsque
nous disons ici « êtres », nous entendons « êtres créés », mais
d'après la lumière incréée, qui est la gloire de Dieu, du Christ-
Dieu et de ceux qui ont atteint la destinée conforme au Christ.
C'est dans la gloire du Père, en effet, que le Christ viendra et
c'est dans la gloire de leur Père, le Christ1, que les justes resplen
diront comme le soleil*; ils- seront lumière et verront la lumière,
spectacle agréable et sacré, appartenant seulement au cœur
purifié ; cette lumière aujourd'hui resplendit en partie, comme
un gage, pour ceux qui, par l'impassibilité, ont dépassé tout ce
qui est maudit et, par la prière pure et immatérielle, tout ce qui
est pur ; mais, en ce jour-là, elle déifiera d'une façon manifeste
les fils de la résurrection 3, qui jouiront de l'éternité et de la gloire,
en communion avec Celui qui a donné à notre nature une gloire
et un éclat divins. Mais, même dans le domaine créé, la gloire et
l'éclat ne sont pas l'essence. Comment alors peut-on penser que
la gloire de Dieu est l'essence de Dieu, de ce Dieu qui, tout en
étant imparticipable, invisible et impalpable, devient partici-
pable par sa puissance suressentielle, se donne, resplendit et
devient un Esprit * avec ceux qui le rencontrent avec un cœur
pur, selon la très mystique et mystérieuse prière que notre Père
commun adressa pour nous à son propre Père? Accorde-leur, dit-il
en effet, que, comme moi, Père, je suis en toi et toi en moi, ils soient
un en nous, eux aussi 6, en vérité. Telle est la vision de Dieu que
seuls verront, dans le siècle sans fin, ceux qui auront été jugés

1 Cfr supra, Tr. II, 3, 18 ; p. 424, note 1.


» Matth., XIII, 43.
• Cfr Luc, XX, 36.
« / Cor., VI, 17.
• Jban, XVII, 21.
TRIADE II, 3, 66 525

66. Kolvt] p,èv ov\> avrr) irâai toîs els Xpiorov TteTnarevKÔaiv
virèp êwoiav yvwais' to 8è 8rj ttjs àXrjdovs TrlaTems ravrrjs
réXos, S 8ià ttjs tûjv ivroXâJv ipyaaias TrpoayiveTat,, ovk
€K tù)v ôvrwv fiôvcuv Kal yvworwv Kal àyvœoratv tt)v deoyvoj-
aiav 7rapéx€Tai> ôvra yàp ivravda rà KTiarà 7rdvrios Xéyo- 5
fiev, Il ÔAA' €K tov àKriarov <f>œr6ç, S Oeov iari Sofa «ai |f. 192»-
XpiOTOV 0€OV Kal TtÔV TTJS ^piOTOeiSoÛj i<f>tKOp.évU)V A^CCUÇ *
iv yàp rfj 86£t) tov IJarpos ô Xpioros iXevaerai, iv 8è rfj
8à£r) toû IJarpos aùrcôv Xpiarov « ol SiVaioi Xàp.ipovoa>
» ws ô ^Aios » Kal <f>œs êoovrai Kal <f>œs oipovrai, to p,6vrjs 1°
ttjs KCKa6app.evr]s KapSlas èirt%api Kal iravUpov 6éap.a, o
vvv p.èv Kal toîç Ta ivayij irâvra hC àiradelas Kal Ta Kadapà
8ià ttjs eiXi.Kpi.vovs Kal avXov SiajScjSij/cdai 7rpoo~ev)(TJs ev
àppafiwvos p.ipet perpiws TrpotpalveTat., totc 8è « tovs vu>vs
» rrjs àvaardoeœs » ip<f>avws deoironjo-ei, avvBiauovl^ovras 15
Kal crvvh'oÇaÇop.évovs tô> peTaoovTi rfj KaQ* r)p,âs <f>vaei deias
86£r]S Te Kal XapTrpÔTTjTOS ■ A6£a Se Kal XapurpoT-qs ovb* «ri
t<ôv ktiot&v ovaia ttot av eïrj. liais oSv Oeov ooÇdaeiev av
ris ovolav etvai ttjv 0eov oôÇav, Oeov ôs àp,édeKTOS ù\v Kal
àôparos Kal àva(f>rjs, KaÔ' tnrepovaiov Suvauiv pedeKTOS 2°
yiverai Kal ^co/seû-ai Kal oia<f>atveTat Kal « ev » iv décupla
« Tlvevpa » perd rwv Sià KaBapâs Kapolas ivrvy\av6vroiV
ylverat, Karà ttjv irpos tov ïhiov Ilarépa tov koivov IlaTpos
ùnep rjpcôv pvaTLKojTaTrjV Kal àirôpprjTOV eijçqv ,' « Aos yàp
» avTOÎs » <f>rjotv « îva Kaddirep èyd), Ildrep, iv aol Kal ai) iv 25
» ipoi, Kal ainol iv rjpîv êv <Loiv » iv àXrjÔela. Toiavrrfs
roivvv ovarjs déas tov Qeov, fjv p.6voi ol Trjs p.aKapias
KaTrj^iOjpévoi. Xr/Çews ôtfjovrai «arà tov dXr)KTOv alœva,
r\v Kal vvv 01 eKKpiTOL Tcov airoarôXaiv iv Qafïœp KaTeîBov
Kal 6 ZÏT€(f>avos Xida^ôpevos Kal 6 'Avtwvios Kad* ■qav)(t.av 30
àywviÇôpevos, pâXXov oè TrdvTes ol âyioi, TavTÔv 8' elireîv

CVSL
526 GRÉGOIRE PALAMAS

dignes d une destinée bienheureuse, et que dès maintenant les


apôtres choisis ont contemplé au Thabor, comme aussi Etienne,
lorsqu'on le lapidait 1, et Antoine, lors de sa lutte dans l'hésychie 8,
ou plutôt tous les saints, c'est-à-dire les purs de cœur, comme
on peut l'apprendre, si on le veut, d'après leurs propres paroles
écrites et leurs vies. J'admets, quant à moi, que les prophètes
et les patriarches aient goûté eux aussi à cette lumière, ou plutôt,
que toutes leurs visions, à quelques exceptions près, et surtout
les visions les plus divines, ont participé à cette lumière. Pour
quoi Dieu simulerait-il, en effet, une lumière d'autrui,
alors qu'il possède en propre la lumière éternelle, visible, bien
que d'une façon mystérieuse, aux purs de cœur, aujourd'hui
aussi bien qu'au siècle à venir, comme le dit aussi Denys le Grand 3 ?
Donc puisque telle est la vision de Dieu, comment se pourrait-il
que Celui qui dit Bienheureux les purs de cœur ! ne la promette pas
pour l'éternité, mais promette la connaissance qui provient des
créatures et qui peut appartenir aussi aux sages de ce siècle ?

Connaissance im- 67. — Le philosophe nous a enseigné


médiate de Dieu : pjus jjaut qU'ji considérait la connais-
il ne s'agit plus . , , . ,
. ...
d'analogies. sance rprovenant des créatures comme la
plus parfaite vision de Dieu, en disant
que tout homme la possède en surabondance, à condition de
connaître toutes les parties visibles du monde et toutes ses puis
sances cachées 4. Mais connaître par analogie celui qui agit d'après
ses actions, réaliser la transcendance de la Sagesse d'après l'har
monie du monde, peut être le fait des sages de ce siècle,
dit le divin Grégoire de Nysse 5. Je dirais, moi, que des gens
qui n'ont ni sagesse, ni foi y arriveraient aussi. Nous voyons
aujourd'hui que tous les barbares reconnaissent un Dieu unique,
créateur de l'univers, et la théologie apophatique découle néces
sairement de cette reconnaissance 6. Le Créateur de l'univers
ne peut, en effet, être identifié avec aucune des créatures. De nom-

1 Actes. VII, 55-56.


• Cfr s. Athanase, Vita Antonii, 10 (PG, XXVI, 860 AB).
» CfrD« div. nomin., I, 4 (PG. III, 592 BC).
4 Cfr supra, § 64.
* Cfr s. Grégoire de Nysse, De beat, hom., VI (PG, XLIV, 1269 B).
•Cfr supra, §§4, 44.
TRIADE II, 3, 66-67 527

ol KeKadapuévot tt)v Kap8iav, wç €K tôjv àvayeypap,p.évatv


oIkcIwv Xôyœv Kal tojv ko.t avrovç fiîœv eÇeori p.avQâvew
tô» f$ovXop.év<x> — <f>an)V S' àv eywye Kal Trpo<f>rjTas ko.l
iraTpidpxas àyevorovs ovk eiVai toû <J>u>tos toutou, p.SÀXov
8è ttXtjv oXlyœv rà navra eKeivwv Qi.ap.ara, Kal p,dXiara 5
rà detôrara, p.r) àp.oipeîv tovtov tov <J>ojt6s ' ri yàp âv Kal
VTTOKpLVOlTO <f>Û>S àXXoTpiOV O <f>â>S aloJVlOV oIkcÎOV e\U)V,
toîs Kadapoîs r-qv Kaphlav, et icai ànopprjTOJS , ôp.œs oparov,
vvv ré Kairl tov p.éXXovros aiœvos, <ï)S Kal Aiovriaios ô p.éyas
Xeyei ; — , ToiauT7iç toIvvv ovotjs 6éas tov 0eov, nws où 10
TavTT/v è-nayyéXXeTaL ttjv alwviov o « p.aKapLt,ojv tovs Kada-
» povs rr)v Kaphiav », àAAà rqv àno tû>v KT<.ap,àrœv yvœaiv,
fj yévoiT àv Kal toîs tov alwvos toutou oo<f>oîs ,'

67. "Oti 8è ttjv àiro tû>v /ctio/xotoiv yvwaiv TeXetoTœrrjv


OeoiTTiav 6 <f>iX6oo<f>oç rjyeÎTai, irpoXafïtbv è8L8a(;ev r)p.âs J5
toûto eliràiv « p.rj8evl pvr]8ep,iav àTroXnreîv Tau-r/iç virepfioX-qv ,
» os eyvœ nacras ràs èp.<f>aveîs tov Koop,ov p.epî8as /fat Ta?
» a<f>aveîs \\ 8vvap.eis ». '^4AA' « €K ttjs èvepyeias tov èvep- || 1.1921'
» yoûvTa àvaXoylaaadai Kal e/c rrjs tov KO(jp.ov evapp.00-
» Ttaç rrjs VTTepKeip.evrjs aofiîaç 77 KaTavàrjois yévon av Kai 20
» TOÎç Toû alôjvos tovtov oo<f>oîs » <f>rjolv o Nvoo~qs Oeîos
rprjyôpios. 'Eyài 8' âv (ftalrjv Kal toîs /xtj ao<j>oîs Kal toîs
/xt) ttiotoÎs, ô)s vvv opâ>p.ev Kal tovs jSao/Japouç Tra^Taç eva
&eov eiSoTaç toû ttovtos ttoitjttjv, a> Kal rj Karà ànô^aaiv
OeoXoyta et; âvdyKrjs 'éireTai. 'O yàp 7to(71tt)ç toû navrôs, *5
rû)v TTOirjfiârwv ov8év. Ti Se, ov)(l Kal rœv KaKo86£wv ttoXXol
ttjv oo(f)Lav tov aicôi/os1 kxovaL tovtov kol ttjv air avrrjs
tov Qeov KaTavôrjaiv ; rAp' ovv avrovs p,aKapl£ei ô Kvpios ;

Tl S' âv Tcôv ' EXXtjvojv ol Karà <f>iXooocf>lav iroXXâj tCjv vvv


XpiOTiavœv 8ia<f)€p0VTeç Kal àiro ttjs twv KTLopârtoi' yvco- .;••

CVSL
528 GRÉGOIRE PALAMAS

breux impies ne possèdent-ils pas, eux aussi, la sagesse de ce siècle


et la compréhension de Dieu qui en découle ? Le Seigneur dit-il
que ces impies sont bienheureux ? Et ceux parmi les Hellènes
qui diffèrent profondément, par leur philosophie, des chrétiens
d'aujourd'hui et tirent leur philosophie de la connaissance des
créatures ? Ont-ils reçu la récompense bienheureuse et étemelle,
au même titre et même à un titre plus grand que ceux qui ne
savent rien, sinon le Seigneur Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié *?
Certainement, ils possèdent un bien plus grand titre pour cette
récompense, puisque Dieu ne peut être connu que par les créa
tures et que ceux qui connaissent le plus grand nombre de créa
tures contemplent Dieu mieux que les autres ! Et pourtant, tous,
nous avons connu le Fils par la voix du Père qui nous annonçait
d'en haut cet enseignement *, et l'Esprit Saint lui-même, la lu
mière indicible elle-même, nous a montré que voici assurément le
Bien-aimé du Père ; et le Fils lui-même nous a manifesté le nom
de son Père et a promis, en remontant au ciel, de nous envoyer
l'Esprit Saint, afin qu'il demeure avec nous à jamais 8 ; et l'Esprit
Saint lui-même est descendu, est demeuré en nous, nous a annoncé
et enseigné toute la vérité *. Comment se fait-il alors que nous
connaissions Dieu par les seules créatures : non pas dans la
mesure où nous l'ignorons, mais dans la mesure où nous le
connaissons ? Celui qui n'a pas l'expérience du mariage, ne con
naît donc pas l'intimité de Dieu avec l'Église, puisqu'il ne peut
établir l'analogie avec son expérience ? Conseilleras-tu à tous de
fuir la virginité, pour trouver la connaissance de Dieu dont tu
parles ? Mais tu seras confondu par Paul qui, n'étant pas marié,
a proclamé le premier : Ce mystère est grand, mais par rapport
au Christ et à l'Église 5.

Encore les deux 68- — D est temps de prononcer ces


connaissances. divines paroles: Nous te rendons grâces,
Père, Seigneur du ciel et de la terre,
parce que, t'étant uni à nous et t'étant manifesté à nous par toi

1 / Cor., II, 2.
• Matth., III, 16-17.
• Jban. XIV, 16.
« Cfr Jean, XVI, 13.
• Éphés., V, 32.
TRIADE II, 3, 67-68 529

oews <f>iXooo<f>ovvres ', *Apa Kal tov iiaKaplov Kal alwviov


€tv\ov inddXov Kal ndvrœv, ko.1 olvtwv « tojv p,rj8èv elhôrœv
» €i firj Kvpiov 'Irjoovv Xpiorov Kai tovtov iaravpœfxévov »,
ov% Jjttov otl p.r) koI p.âXXov ; IIws yàp oi)(ï Kal 8ia<f>ep6v-
Ttos iiâXXov, eïye àno twv KTiafidrcov p.àva>v 6 Geos yivcôoKC- 5
rot, «ai deoTTTiKWTepoi twv aXXatv ou 7rÀeia> tovtcjv ytvwa-
kovtcs ,' Katroi 7ravT€? r)p.eîs àiro rfjs TraTpiKrjs <f>u)vfjs,
âvwdev r)p,âs SSaoKovcrrjs , tov Ylov iyvtÔKap.ev Kal avro
to Uvevp.a to âyiov Kal avro to <f>â>s to âppr/rov tov €k tov
IJaTpos àyairr/Tov fx.apTvpovp.evov îméheiÇev r)p.îv Kal avros 10
6 Yios to ovo/xa tov oIkclov IJarpos è<f>avépojaev ■qp.îv Kal
to IJvevp.a to âyiov àvaXap.fiav6p,evos els oipavovs ètrqy-
yeiXaTO TrépAJteiv irpos r)p.âs « ïva p-évr/ p.ed' r)p,â>v els tov
» alùjva » " Kal ai>To to IJvevp.a to âyiov, iireXOov Kal iieîvav
èv rjp.lv, dvrjyyeiXev r)pîv Kai e8i8a£e irâoav ttjv aXrjdeiav. 15
IJojs ovv €K Ttôv KTiop,a.Tù)V p.6vu>v yIVÙJOKOp,ev 0€OV, Kal
ovk i£ aSv tovtov àyvoovp.ev, aXX' è£ cov yiva>OKop.ev ; *Ap'
et «ai p,r) ydpov tiç AajSoi ireîpav, ov ttjv ©eov rrpos ttjv
'EKKXrjoîav oîhe avvd<j>eiav, èrrel tt/v àvaXoyiav i£ eKeivov
ovvopâv oiiK é^ei Kal ovpfiovXevoeis rrâvras <f>evyeiv ttjv 20
rrapÔevîav, ïva Tr)v ar)v deoyvatoiav evpœoiv ,' '^4AA' viro
TIavXov i^eXeyxd^arj, os âyap.os a>v, « to pvarqpiov tovto
» p.éya èarl » rrpwTOS è^e^ârjoev, « àAA' els Xpiorov Kal els
» t^v 'EKKXrjoîav ».

68. Kaipos 817 enreîv rr)v deoneoiav €K€ivqv (frœvijv « Ev- 25


» ^apiOTOvpév 001, Tlàrep, Kvpie tov ovpavov Kal rrjs yfjs
» 5ti» èvûiaas ov aavTov r)p.îv Kal fiavepwaas oavTov 8tà oav-
tov r)pîv, « ànéKpvifias tovto ârrô oo<f>â>i> Kal owertôv», oî
avveroi eloi Kad' eavrovs Kai èvcômov avrœv èTTio~Tr)p.oves'

CVSL

17 toûtow : tovtwv CVL II 22 effAtyx^f,<7B C.


530 GRÉGOIRE PALAMAS

même, tu as caché cela aux sages et aux habiles l, qui ne sont


habiles que par eux-mêmes et savants à leurs propres yeux
seulement. Voilà pourquoi, lorsqu'ils entendent les paroles de
tes saints, ils repoussent les uns, donnent une fausse interpré
tation aux expressions des autres et osent parfois falsifier cer
taines d'entre elles pour tromper tout le monde. Lorsque Gré
goire de Nysse explique ce qu'est la contemplation de Dieu révélée
aux purs de cœur, il dit en effet qu'iV est possible aussi aux sages
de ce siècle de concevoir Dieu d'après l'harmonie du monde et il
ajoute ensuite : Mais, à mon avis, la noblesse de la béatitude suggère
une autre signification 2 ; mais ces gens affirment manifestement
le contraire de son opinion ! Le grand Denys l'Aréopagite se
demande comment nous connaissons Dieu, alors qu'il n'est ni
intelligible, ni sensible et ajoute, d'une manière dubitative :
Peut-être est-il vrai de dire que nous le connaissons d'après la
disposition des êtres et non d'après sa nature 3. Il nous a également
révélé ensuite la très divine connaissance selon l'union surnatu
relle avec la lumière supralumineuse qui s'accomplit au-dessus
de l'esprit et de la connaissance *. Mais ces gens ont négligé la
connaissance supraintellectuelle, comme si elle n'existait pas ;
ils n'ont pas jugé bon de rechercher le sens de cette expression
dubitative comme si elle avait été ajoutée pour rien ; ils mettent
en avant la phrase du saint isolée de son très opportun contexte
antérieur et postérieur, comme si elle affirmait que Dieu n'est
connu que d'après les créatures ! Le philosophe n'a même pas pu
remarquer que le saint parle ici de la connaissance humaine, qui
appartient à tous les hommes par nature, et non de celle qui est
donnée par l'Esprit. Il dit, en effet : puisque tout homme possède
des sens et une intelligence comme facultés naturelles de con
naissance, comment ces facultés peuvent-elles nous permettre
de connaître Dieu qui n'est ni sensible, ni intelligible ? Par aucune
autre voie, certainement, que celle des êtres sensibles et intelli
gibles : ces facultés constituent, en effet, des moyens de connaître
les êtres, elles sont limitées par les êtres et manifestent le Divin à

1 Cfr Matth., XI, 25 ; Luc, X, 21.


»£>« beat, hom., VI (PG, XLIV, 1269 B).
•De div. nomin., VII, 3 (PG, III, 869 CD).
'Ibid. (872 AB).
TRIADE II, 3, 68 531

810 Kal tGjv àylœv aov XaXovvrwv aKovovres, toÙç p.èv à9e-
rovai, tùjv 8è Trapc^yovvrai \\ ràs prjocis, ëari S' as Kal | i ■ iça'
To\}JLÛ>crt. Trapa^apârreiv wç -navras XrjoovTes. rprjyopiov
p.h> yàp tov Nvaarjs èÇrjyovp.évov ri iartv 7) toîs tt)v Kap-
hiav KeKa9apfiévois a.TTOKaXimTop.évq 0eov Oewpia Kat, p.era 5
ré elircîv ôVi « yévotr av Kal toîs tov alwvos toutou ao<f>oîs
» €K rfjs evappwoTtas tov koollov KaTavorjaat. 0e6v » 4tt€-
veyicôvTos « àXX' eTcodv p.01 ookcî v<f>rjyeîadat 17 toû pa
ît Kaptapov p.€yaXo<f>vîa », to eVeiVaj p.7) ookovv avrol oa<f>â>s
8iaj3ej8aioûvTcu. Tov 8è 'ApeoTrayiTOV p,eyâ\ov Aiovvaiov 10
Xiyovros, itws rjficîs yivœaKOfiev Oeov « oure votjtov ovra,
» oÛt€ aiaOrjTÔv », icai iiri^tipovros , 8iairopr)Tt.KOJS p-évroi,
« pvrmorç. oSv àXrjdàs eiTreîv, à>s ovk ck tt)s avrov (ftvaews,
» àAA' ck t^? tôjv ovtojv oiardÇeoJS yt,vwo-Kop.ev ainôv »,
efra *caî t^v d€iOTa.Trjv yvœaiv eKKaXvtfiavros 17/xîv, (tara 15
■rrçv 7roôj to V7rep<f>aès <pô)S V7rep<f>vâ evœaiv xmkp vovv Kal
yvâtow T€\ovp,évTjv, airrol ttjv p.h> xmkp vovv yvôjaiv ojs
ovSèv ovaav aTroXeXoiTraai, ttjv 8è StaTroprjTiKrjv <f>ojvrjv
CKeivr/v, ojs /xottjv 7rpo(TKeip.€vqv, ov8ep.iâs ÇrjTfjacoJS rj^ioj-
oav, aXXà TTpofldXXovTai rqv tov àylov <f>œvj)v Trepirjp-qp.dvTjv 20
tû>v KaipuvTaTcuv €KaT€pu)9ev , ws ia)(vpitlop.€vr]v e/c tô>v
KTiap.aTOiv povwv tov Oeov ycvaxjKeaOai. Kal ov8' eKeîvo
avviSeîv tayyoev 6 <f>iX6oo<f>os Sri nepl ttjs àvdpojTrivqs yvœ-
oews o Xôyos èvravQa tû> àyiœ, ttjs <f>vaiKÙJS ivovo~qs nâcnv,
ov ttjs viTo tov TIv€vp.aTos xoPV'Yovfl^inls- 'Eireih'ij, yâp <j>r]at, 25
7râç avdpojiros aïodrjoiv Kal vovv €\€l, </>vaiKàs Tas yvwoTi-
Kas owapeis, Trôjç yva>oôp,e8a Kar' aiiTas tov /xijt€ aladrj-
tov ovTa, p.rfT€ votjtov Qeôv ; Ovk âXXoOév ye vdvTws rj £k
tô»v ovtojv aiaBryrGiv Kai vot)tû>v ' Kal yàp al yvœocis twv
ovtojv ovoai Kal cîç Ta ovra to trépas exovaai Kal to Beîov 30
ivrevBev Scikvvovolv. 01 8è p.'fj p,6vov aladrjTiKàs Kal voïjti-
«ày c\ovt€S hwâp.€Ls, aXXà Kal rfjs 7rv€vp.aTiKrjs Kal xmkp
<f>vaiv x&piTOS evfiotprjKÔTes , ovkÎt ck t&v ovtojv p,6vœv,
àXXà Kal Trvevp.aTi.KWS, TJvevp,a ovra tov &e6v, virkp aïoOrjaiv

CVÏL
532 GRÉGOIRE PALAMAS

partir de ces êtres. Mais ceux qui ne possèdent pas seulement des
facultés de sensation et d'intellection, mais qui ont aussi obtenu
la grâce spirituelle et surnaturelle, ne seront pas limités par les
êtres dans leur connaissance, mais connaîtront aussi spirituelle
ment, par-dessus les sens et l'intelligence, que Dieu est Esprit,
car tout entiers ils deviennent Dieu et connaissent Dieu en Dieu.
C'est donc par cette connaissance qu'il faut concevoir les choses
divines, comme nous y incite le même saint *, et non par nos
facultés naturelles ; il nous faut sortir tout entiers de nous et
nous donner tout entiers à Dieu * ; car c'est là un état supérieur
que d'appartenir à Dieu et non à soi ; c'est ainsi, en effet, que
les choses divines seront données à ceux qui ont trouvé la com
pagnie de Dieu.

La bonne interpré- 69 ~ Ne vois-tu pas combien nous


tation de Denys. sommes loin, grâce à Denys, de recher
cher la connaissance de Dieu d'après les
êtres ? Il nous a révélé une connaissance autre, surnaturelle, divi
ne et spirituelle, qui nous vient lorsque nous nous dépouillons des
êtres et accédons à l'union supraintellectuelle ; c'est par cette
union, nous a-t-il dit, que les choses divines nous sont données et
c'est par elle qu'il est juste de concevoir les choses divines, c'est-à-
dire spirituellement et non selon nos facultés, sans rechercher, par
les sens et l'intelligence, la connaissance de Dieu qui provient des
êtres. Car cette dernière connaissance est imparfaite et ne convient
qu'aux concepts imparfaits. Mais que veut dire le saint lorsqu'il
ajoute le mot « peut-être » à la connaissance du Divin par les êtres
et selon nos facultés 3, mot que le philosophe a méprisé, comme
s'il était superflu ? Étant donné que nous avons mystérieusement
vu une lumière et entendu la voix de Dieu, avec nos yeux sensibles
et nos oreilles sensibles, il a préféré éviter de nier absolument
qu'une connaissance de Dieu provienne des seules créatures et par
le moyen des facultés cognitives et humaines. Certes, il est clair,
pour ceux qui sont capables de comprendre la rigueur de ces
paroles du saint, qu'il enseigne ici que seule une connaissance

»Cfr ibid.
' Cfr s. Maxime, Ambiguorum liber (PG, XCI, 1076 BC).
• Voir § 68.
TRIADE II, 3, 68-69 533

yvwaovrai /cal vovv, 0X01 Oeov yevôp.evoi /cal èv &ew yivwa-


kovtcs Oeôv. Karà ravrrjv ouv rà deîa vorjréov, ci? ô auras
âytoç TTporpé-nerai, àAA' ov ko.0' r/fiâs, SXovs 8' iavrovç
SXwv èavrwv i£iorap.évovs Kal SXovs Oeov yevop.évovs '
Kpeîrrov yàp eîvai Oeov koli p.r) èavrwv ovrw yàp carat Ta 5
deîa Sorà toîs fiera Oeov yevo/xevoiç.

69. 'Opâs Sitws àirqyayev r)p.âs rov X^reîv e/c rwv Svrwv
yivwoKew rov Oeôv, àvaKaXvipas yvwoiv êrépav, vnepfoâ
Kal deiav /cal rrvevp.ariKT)v, rjriç p.erà rrjv <\<fxxipe<jiv rwv
ovrwv Karà rr/v virèp vovv êvwotv r)p.îv irpoayiverai, /cai 10
elnwv Sri Karà ravrrjv ylverai || 8orà rà deîa Kal Karà 8fl93"
ravrrjv otKaiov voelv rà delà, hrjXahr) Trvevp.ariKWS, àXX'
où Ka6' r)p,âs, oi)S' alad-qoei re Kal vw rr)v c/c rwv ovrwv
èpavi.tpp.è'vovs yvwaw rov Oeov ; 'AreXr)s yàp r) yvwais avrrj
Kal àreXéoi ■npérrovaa <j>povrjp.aaiv . 'AXXà yàp ri fSovXerat, 15
tcS âyia» èrrl rrjs e/c rwv ovrwv Kal Kad' r)p.âs rov deiov
yvwaews ro « p/rynore » •npooKelp.evov , S Trapwrrrai rw <f>iXo-
o6<f>w, ci? rrapéXKov ; Eirei /car alad-qroîs ôjxjiaat Kal aladrj-
roîs wolv àiroppyrws <f>ws eïSop.ev Kal rjKovaaaev Oeov <f>wvrjv,
8ià rovro reXéws aTTO<j>rjvaadai ytvwaKeiv e/c rwv Kriap.ârwv 20
p.6vwv rov Oeov Kal Kar auras ràç yvwariKàs Kal /car'
âvdpwnov 8vvdp.ei.s evXafirjréov éSoÇev avrw. Kal p,r)v roîs
ètfriKéadai Bvvapévois Si aKpifielaç rwv prjpdrwv eKeivwv
rov àyîov, /cà/ceî aa^tôç pôvqv tijv elaaywyiKr)v 7repl Oeov
yvwoiv, eK ri]s rwv ovrwv yvwaews npooyivopevrjv, 8rjX6s 25
èon SiSàoKwv, 810 eVrTjyayei' ' « ' Atto ravrtjs els ro eVe'/ceiva
» rrdvrwv ôow i<al rdÇei Karà 0vvap.1v dvi^iei' ».

CVSL
534 GRÉGOIRE PALAMAS

élémentaire de Dieu provient de la connaissance des êtres. Voilà


pourquoi il a ajouté : A partir d'elle, méthodiquement et progressive
ment, nous nous élevons vers ce qui est au delà de tout l.

Des symboles à la 70. — Pour cette raison, même avant


réalité. la Loi, elle convenait à ceux qui n'étaient
que des enfants dans le domaine de la
connaissance de Dieu : il est dit qu'Abraham a trouvé en elle
le début de la connaissance de Dieu, mais ce n'est plus par elle
qu'il parlait à Dieu et connaissait Dieu plus tard 2. Et Job qui,
lorsqu'il vit plus clairement, s'écria : Auparavant je t'entendais
par l'ouïe de mon oreille, mais aujourd'hui c'est mon œil qui t'a vu3?
Et Moïse qui, dans la ténèbre au delà des êtres, contempla Dieu
pendant quarante jours entiers * ? Et il était, en effet, convenable
que le monde visible apparaisse avant les choses invisibles de
Dieu pour ceux qui sont imparfaits dans la connaissance, de
même que la théologie symbolique de la loi a été transmise
par l'intermédiaire de réalités sensibles à ceux qui étaient enve
loppés dans le sensible. Mais, de même que certains hommes plus
parfaits atteignirent la théologie véritable même en dehors des
voiles, ainsi certains ont plongé leurs regards dans les choses
invisibles de Dieu 5, comme Moïse, comme Paul et comme ceux
qui leur sont semblables, même s'ils se mettent à notre portée
et partent des choses visibles pour nous faire partager leur com
préhension.

Connaissance élé- 71. — Et que veulent dire, ô philo-


mentaire de Dieu, sophe, les sophismes variés et équivoques
de tes artifices : Celui qui connaît un
objet unique qui existe, qui est principe et qui est potentialité, doit
savoir ce qu'est l'être, l'unité, le principe et la puissance? Si quel
qu'un avait en effet affirmé qu'il était absolument impossible de
connaître Dieu à partir des êtres, alors tu aurais eu raison de

1 Cfr.De div. nomin., VII, 3 (PG, III, 869 D-872 A).


* Cfr s. Maxime, Cent, gnost., II, 26 (PG, XC, 1136 CD).
» Job, XLII, 5.
« Exode, XXIV, 18.
» Cfr Rom., I, 20.
TRIADE II, 3, 7O-7I 535

70. Aià tovto Kal irpo v6fj.ov rots vtjttIois €Tt irpos deoyvœ-
aiav KaTâX\r)Xos rjv, Kal 'Afipaàp. tt)v àpxT)v rfjs Oeoyvœolas
àiro Tavrrjç elXrj<f>évai XéyeTai., aXX vorepov ovk otto ravrrjs
wp-iXei re Kac eyivcocr/ce (yeov. Il de o lajp, os »cai avepo-qoev,
ISÙjv Tpavôrepoi' , côç « aKofj p.èv wtos tjkovov aov to irpô- 5
» repov, vvv 8è ô 6<f>6aXp.6s pov éœpaKe o~e »/ Ti Se o Mcûvarjs,
6 êv ru) €Tr4K€tva tùjv ovtiov yvô<f>ip TeocrapdKOVTa r)p.4pas ôÀa?
tov Qeov ôpôjv ; Kal yàp î)v ei/côs TrpofiefirjoOaL tô>v àopâroiv
tov Oeov to tov Koap.ov <j>aiv6p.evov toîs areXeai ttjv yvcùoiv,
ùJGTrep Kal toîs iveiXovprévois aîaôrjcreoiv al o~vp.fSoXiKal 10
vop.iKal Si' alaOt]TÛ)v TrapeBôdrjoav OeoXoyiai ' aXX wairep
avdls elaiv oî tû>v TeXeioTepcjv Kal TrpoKaXvppaTwv cktos
OeoXoyias o~a<f>ovs eùp.oiprjoav, ovtojs eioxv ol /cai et? « Ta
àôpara tov &eov » TrapaKvtpavTes , û>s Mwvarjs Te Kal IJavXos
Kal ol /car' avrovs, et Kal 6.tto tCjv ôpwpevœv r\pÂ.v oi/ceicoç '5
■npos tt)v Karavôf]aiv eKelvtov rjpâs xeiPaYœyoûcn-

71. Ti 8rj 001, a> <f>iX6ao<f>e, jSouÀeTai Ta TroXveSrj e/cetva


Kal Xo£à rfjs KaKorexyias oo<j>iop,aTa ôVi « eîSeVai Seî to
» €(TTi ti eoTi Kal to êv Kal rrjv àpxrjv Kal ttjv hvvap.iv
» tov êv ti eîSôVa Kal ov Kal àpxty Kal 8vvâp,evov » ; El pèv ?<>
yàp eXeye tiç p.rjb'ap.ws ê/c tô>v ovtojv yivcôoKeaOai @edv,
koXws âv Tavra Ta -rraor] rrpoaôvTa <f>vaet XoyiKjj rrpovfie-
pes ' èVetS' rjp.eîs ttjv Sià toû IJvevpaTOS yvwoiv tû>v pvorq-
piatv tov IJvevpiaTOS vrrepTldepev ttjs <f>vo€i Kal Koivfj irâoi
7Tpoaovo~qs yvœoecus, ti 001 |[ Gvp.TTp6.%e1, tô> rrpos tout' 25 1 f. 194»-

CVSL

8 TrpoficfiXTJodai LS H 16 -qfxâs ^eipayaiyoûeri : ^et/saytuyoûai ïj/tàî VS.


536 GRÉGOIRE PALAMAS

mentionner ces questions que pose naturellement toute nature


raisonnable. Mais puisque nous considérons la connaissance par
l'Esprit des mystères de l'Esprit comme supérieure à la connais
sance qui, par nature, appartient en général à tous, quel avantage
ton argument contre nos affirmations tirera-t-il du fait que la
connaissance la plus élémentaire de Dieu provient des êtres ?
Tu as pris cependant la coutume de contredire ceux qui disent que
les hommes spirituels possèdent eux aussi une lumière contem
plée par l'esprit. Ne cherches-tu pas à prouver longuement que
seule la connaissance, la connaissance exprimée en paroles,
est lumière, et ne crois-tu pas ainsi vaincre largement tes adver
saires ? Sans cette connaissance élémentaire, dit-il, il n'y a ni homme
raisonnable, ni progrès vers les plus parfaites des choses raison
nables. Et personne ne devient jamais homme, avant d'avoir été
enfant ! Mais une fois devenu homme, il s'affranchit des choses
enfantines ! Et si, étant homme, il conserve une pensée enfantine
et s'en glorifie, comment échapperait-il au ridicule ? Tel est,
indiscutablement, le soi-disant chrétien qui recherche les sciences
helléniques pour y récolter la connaissance de Dieu !
Le monde sensible 72. — Mais la partie raisonnable de
contemplé dans Vâme> sg irouvani malade, ne peut-elle
pr ' devenir intelligente par des soins qu'on
lui donnerait? Il est vrai, en effet, que la partie raison
nable de l'âme est malade chez celui qui a une plus grande
confiance en sa propre raison que dans les Écritures de l'Esprit
et qui pense que les divins commandements ne sont pas un
grand et ultime remède pour l'âme ! Autrefois, il disait en effet
qu'ils peuvent la purifier pour moitié *, mais maintenant il les
a totalement privés de puissance purificatrice pour attribuer
cette dernière à la connaissance, en déclarant que le principe,
le contenu central et la fin de la connaissance de Dieu, de la santé
de l'âme et de la purification proviennent d'une connaissance
riche, d'une connaissance de plus en plus riche, d'une connais
sance universelle ! Il affirme qu'il ne faut rien ignorer des objets
multiples, afin de pouvoir les rassembler en un ensemble géné-

1 Voir le texte de Barlaam cité plus haut (Tr. II, i, 17), où le Calabras attri
buait concurremment, à la philosophie et à l'Écriture, la vertu de purifier l'âme.
TRIADE II, 3, 71-72 537

àvrtXcyovTi, tÔ rr/v elaaywyiKwrd'rrjv tov Oeov yv&aiv ck


tû>v ovraiv irpocrylvecrdai ; £i> 8' ôynos ovrœs àvriXéyeiv elajdaç,
eVei Kal toÎs ■nvevp.aTt.Koîs àv8pâoi Xéyovatv elvcu <f>â>ç vâ>
deoiprqrôv. Où^î rr/v yv&aw fwvrjv cm 8ià ttoXX&v SeiKVveiç
<pws, Kal ttjv yv&ow Xeyofiévrjv, Kal vikôv 8ià tovtov Karà 5
Kpdros 8ok€Îs âvTiTaTTO/ncvo? ; « 'AXXà x^pis rfs elaayœ-
» yiKrjs Tavrris, ov8è XoyiKos ri? carat » (faolv, « ov8* ij
» irpos rà reXewrepa twv Aoyi/ccDv vpoo8os ». 0ù8' àvrjp
«forât 7rore irplv yevéodai vrynioV àÀÀ' àvrçp ycvôficvos, rà
tov vrpiiov Ka-rr)pyT]K€V. El 8' cv àvSpaai rà Tcôy vqniœv 10
<f>poveî Kal TOVTOts crep.vvv€Tai, irais ov KaTayéXaaTOS tarai. ;
IIws 8' ov toiovtos 6 xpumavos elvat Xéyœv koi to iXXrfviKà
7rat8cu/xaTa /xctiojv, îv' ixeîOev ttjv deoyvwalav KapirœaTjTai.,'

72. TL 8' ôri « voaovv tftvxjjs XoyiKÔv, ££ cViucAcîay


» votpov ovk âv yévovro »/ "Ovrws yàp voaeî ro XoyiKov 15
rijs tfivxys T0" 'n?v °Ik€uiv oiâvotav ■niaroripav rjyovp.évov
tcDv XoylcDV tov IJvev(j.aTos Kal firj fiéya Kal TcÀeiov ta/xa
fox?!* T°-S Oelaç ivroXàs oiop.évov. Ilptù-qv p.kv yàp i£ 17/u-
aeîas Kadalpeiv c<f>aoKe ravraç ovvaoOai, vvv 8è to Kadap-
tikov aùrcôv âirav àcfieXwv rfj yvâtaei TTpoaévei/xev, àpxrjv 20
Kal p.4aov Kal réXos deoyvataias re Kal vyteiaç *f>vxîjs Kal
Kaddpacats fK tov 7roXXà Kal irXeia) Kal navra «Sêvai Xéytov
irpooytveodat Kal 8cîv ixrj8ap.â>s àyvoeîv rà -noXXâ, "va Kal
crweXeîv eïs ti KadàXov 8vvT)delrniev Kal ttjv kvkXiktjv rrepl
rà ovra yv&aw Karopdovv, toutcoti ttjv iyKVKXiov p,av- 25
ddveiv ira&evaiv, "va Kal tûv laayyéXatv KaTa£iuidelr)p,ev
vorfaeojv, twv èviauov Kai àp.cpwv, ûto-rrcp âv ci tiç iXcye

CVSL
IO T&¥ vrjrriwv : T06 vrjnlov L | 20 avrmv ânav : ânav avrâiy VS.
538 GRÉGOIRE PALAMAS

rique et obtenir que notre connaissance englobe tous les êtres,


ce qui équivaut à l'étude de l'ensemble des sciences 1, afin de
devenir dignes des pensées angéliques elles-mêmes ! Comme si
pour obtenir une preuve simple, il fallait la réduire auparavant
en plusieurs morceaux ! Comme si l'unité ne pouvait apparaître
que par un assemblage et non par abstraction de la multitude !
Pourtant tout objet unique provenant d'un assemblage est divi
sible, alors qu'il s'agit ici d'une unité indivisible 2. Mais moi je
sais, parce que j'y ai été initié par les Pères, parce que j'ai même
entendu et cru certains d'entre eux 8, qu'ils ont contemplé cette
multitude et ce monde sensible tout entier, non par les sens, non
par le raisonnement, mais par une faculté propre à l'esprit rendu
semblable à Dieu et par une grâce qui fait que les choses éloignées
se placent sous les yeux mêmes et qui montre surnaturellement
l'avenir comme un présent. Par ailleurs, il n'y a rien d'étonnant
à ce que le divin héraut de l'Aréopage ait aussi chanté le Créa
teur de la nature d'après nos facultés naturelles, car c'est lui seul
qui est glorifié par les êtres inanimés et insensibles, déraisonnables
et raisonnables et, en même temps, c'est à lui seul, à l'exception
de tout autre, qu'appartient le culte dans l'Esprit, la seule vraie
adoration, la seule digne de Dieu et la seule désirée par Dieu,
comme Dieu lui-même l'a appelée *.

La vraie doctrine 73. — Combien le philosophe n'a-t-il


de Denys. pas proposé d'expressions du grand Denys
qui, à son insu, le confondent ! J'en rappel
lerai une, la dernière, en laissant de nombreuses autres de côté.
Dans le premier chapitre de la Hiérarchie Ecclésiastique, il parle
ainsi: Voici le terme commun à toute hiérarchie: l'amour continu de
Dieu et des choses divines, saintement accompli en nous par la
présence unifiante de Dieu; il y a l'abandon total et sans détour de

1 UiyKVKhxts iroiSfi'o est le terme technique désignant à Byzance l'ensem


ble de la formation profane de base que tout homme cultivé recevait (cfr F. Fuchs,
Die hôheren Schulen von KonslanHnopcl im Mittelalier, Leipzig-Berlin, 1926, p.
41 ss ; L. Brbhier, La civilisation byzantine, Paris, 1950, pp. 467, 470, 476).
* Cette théorie de la « connaissance indivisible » provient de Proclus, par l'in
termédiaire du Pseudo-Denys (cfr R. Roques, L'univers dionysien, p. 159).
» Cfr supra, Tr. I, 2, 12.
« Cfr Jean, IV, 23-24.
TRIADE II, 3, 72-73 539

8eîv tov o~qp.€Îov à/xepès I8eîv fiovX6p.evov, iroXvfiepès avro


Trpôrepov irpodéoBai Kal rqv p.ovâ8a firj rij à<f>aipéoei twv
■noXXûv 8vvao8ai yevéadai, àXXà rfj ovvaipéoet p.6vr), KaiToi
■nàv to ck ovvaipéo€u>s iv Kal pepiarôv, ckci 8è to iviaîov
Kal àpepèç vtt6k€itcu. 'Eyà> 8e oTSa irapà rtôv irarépcov 5
p,ep.vrjp.évos, 17817 8è Kai twwv aÙTÛv aKovoaç tc Kal ttmj-
revaas, (î)S Kal Ta noXXà ravra Kai tov aladrjrov ânavra
tovtov Koap,ov, ov xrar' aïcrdfjoiv, ov /carà Xoyiop.6v, àXXà
Kar oIkcLov tov deoei8ovs vov 8vvap.iv Kai X°-Pw iSeâoavro,
rj Kal Ta paKpàv wç un 6<f>6aXp.ovs voiet Kal Ta p.iXXovra 10
d>S Trapôvra VTT€p<f>vâ>s TTapiorrjcri. Tov 8' i£ 'Apeiov Ttâyov
deopp-qpova ov 9avp.aoTov Kal ck tû>v <pvo~iKÔ>s 17/xîv ivvirap-
%6vTa>v è£vp.veîv tov ttjs <f>voews 8r)p.iovpy6v, iirel Kal 81
àiftv'xa>v Ka'- 8t' àvaiodrjTU)V Kal 81 àXôywv Kai 8ià Xoyi-
kwv aùro? eon p.àvos ô 8o£a£6p.evos , | àÀÀà /cat aurai 15 1 f. 194»
p.6va> i£aip€TO)s vpéiret 17 iv Tîvevp,aTi Xarpeia, 17V Kal
p.6vT)v àXt]Qixn\v TrpooKvvrjoiv Kal p.6vr)v à£iav tov &eov Kal
p,6vT)v TToBeivriv Oeâ) 6 &eos avTos irpooeine.

73. Tâ>v 877 tov p,eydXov Aiovvoiov p-qaecuv ocra? eXadev


6 çiiAocroç&o? Kad' iavTOV TTpofiaXX6p.evos , TroXXàç er' ovoas 20
KaTaXiTTOiv, piâç pv-qpovevaœ ttjç TcÀeuTat'as. OtjoI to'ivvv iv
TÛ> TrpcjTU) Trjs 'EKKXrjoiaoTiKrjs lepap^las' « 'Airâarj
» tovto Koivov tepapxia to népaç, rj irpos @cov Kal rà deîa
» Trpoaex'f]? àya.7rrjois, èvdéojs re Kal êviaiojs lepovpyovpévr) ,
» Kal TTpo ye tovtov rj tô>v ivavTiwv TravreXrjS Kal àveTtioTpo- 25
» <f>oç àTTO<f>oÎT7)ois , 17 yvwais tôjv ovtojv fj SvTa èorlv, 17
» ttjs icpâs àXrjdelas opaois re Kal èrnoTrjprf, 17 rfjs êvoei-
» Soi»? TeAeiajCTecoç evdeos péOeÇiç ». EvXXoyit,€Tai to'wvv
€K TOVTOJV 6 <f>lXoOO<l>OS OVTOIS' « TôJV Tjp.lv VTTO 0COV 8e8o-

CVSL

6 ftff^vTjfzévos '. fj.€^ivrjfj.4i>os V J[ 18 TTpoocZncv C jj ^5 Kal om. S.


540 GRÉGOIRE PALAMAS

ce qui y fait obstacle : c'est la connaissance des êtres tels qu'ils sont,
la vision et la science de la sainte vérité, la divine participation à
la perfection unifiante 1. Et voici le syllogisme que le philosophe
en tire : Le meilleur don que nous ait fait Dieu est la hiérarchie;
or son but est la connaissance des êtres, comme ces paroles nous l'en
seignent ; donc la connaissance des êtres, c'est-à-dire la philosophie,
est la meilleure chose que nous possédions a. Il paraît vraiment en
tendre le son des paroles, mais non leur sainte signification ! Le
saint dit, en effet, que la vraie connaissance des êtres, c'est l'aban
don total de ce qui y fait obstacle, c'est-à-dire l'abstinence et
l'abstraction de toute mauvaise action, qui précèdent l'œuvre
sainte, divine et unifiante. En effet, puisque l'homme saisi et me
né par les désirs mauvais tend vers ce qui lui paraît beau et mani
feste par ses actions qu'il ignore ce qu'est le vrai Beau, puisque
l'homme possédé par une colère mal placée lutte pour ce qui lui
paraît être le Bien, puisque tout homme, sans exception, s'il est
attaché à la mauvaise vie, se dévoue à ce qui lui apparaît comme
le Meilleur, et non pas à ce qui l'est réellement, puisque celui-là
seul qui a abandonné le mal et rejeté ces fausses apparences consi
dère comme étant le Mal ce qui réellement est le Mal et possède
une vraie connaissance des êtres, celle qui existe et non celle qui
paraît en être une, puisqu'il en est ainsi, l'abandon du mal est
une connaissance des êtres tels qu'ils sont; elle précède l'œuvre
sainte, l'œuvre divine et unifiante. Quant à cette œuvre sainte,
unifiante et divine, c'est la garde des commandements de Dieu
qui s'accomplit lorsque l'on fuit le mal et lorsque l'on aime unique
ment Dieu et les choses divines. C'est donc là, d'après les paroles
du grand Denys, le terme commun à toute hiérarchie : haïr
ce qui s'oppose aux commandements de Dieu, aimer ces comman
dements ainsi que Dieu, qui les a donnés, et vivre en se soumettant
à eux, par amour pour lui. C'est là la connaissance des êtres tels
qu'ils sont, c'est là la vision de la vérité, la communion à la perfec
tion, c'est là le festin de contemplation spirituelle, révélée confor
mément à la promesse, qui illumine, déifie et nourrit intelligible
ment tout homme qui, intellectuellement, ou plutôt spirituelle
ment, vit en elle avec un cœur pur.

1 De eccles. hier., I, 3 (PG, III, 376 A).


•Cfr aussi supra, Tr. II, 1, 21.
TRIADE II, 3, 73 541

» fiévwv Upapxla ro Kpâriarov' réXoç oè Tayrr/s 17 yvcôois


» rœv ovtojv, <î>s r) pijcns avrrj oiSaoKet. ' tû>v iv rjp.îv apa
» TO âpUTTOV 7f yVCOCnÇ TOJV OVTOJV €OTl, TaVTOV 8' CITTCIV
» 7) <f>iXoao<f>ia ». ' Pr)p,âT(i>v 6vra>s €oi#cev ^xou> <*™ °"
Siavoi'aç ôrcuciv âyt'aç. Tovto ydp <j>rjcnv 6 âyios on 77 ÔAtj- 5
#17? tojv ovtojv yvojCTis', «77 TravTeÀT)? àiro^o Irrj cris » eori «tojv
» cvavTi'ojv», toi»t€otiv 77 Ôttox*} kcu œnpaÇlo. tojv /ca/ctôv, 77/>ô
ttJç tepâ? èpyaolas ovaa, rfjs èvôéov Kal èvialaç. 'Evel
yàp Kal 6 Trompais iTTiQvp.ta.is à\ioKÔp.€Vos Kal àyop.evos
tojv aÙTÛ 80/couvTOJV è^Urat koXwv Kal Si* epytov âyvoiav 10
Sci/cvuoiv e^ojv toû ovtojs icaÀoû, /cal ô 8vp.â> Kparovp.€Vos
rôt àvOiarap-éva) irpos Ta SoKovvra aùroi KaXà Kal àyaOà
/ia^€Tai, /cai aTrÀôjç 7râç ô toû xelpovos aVrexo/ievoç jStou ojç
aÙTÔ» Sokoûvti KaÀÀtovi irpôoKeiTai, àAÀ' Olî^ OJ? OVTOJ? OVTl,
p,ovos Se o tojv ^eipovojv àiro<p'oiT7)oas , tt)v ipevSob'oÇiav 15
Tavrrjv aTTOpa\\6p,€vos, Ta ovtoj? ôvTa X€^Pœ #ca' XCV<°
r)yeÎTai Kal yvdow l^ei tojv ovtojv àk-qOr), rr)v ovoav, ov
tt)v SoKovaav, 8ià tovto 77 tojv KaKwv àiro<f>olTr]o~LS «yvcDoi?»
eori « tojv ovtojv $ ôvTa eaTi », Trpô ttJs Upâs èpyaoias ovaa,
ttjs evdeov Kal eviaiaç ' icpà Se Kal evtai'a jcat evdeos ipyaoîa 20
77 Trjprjols eori tojv cvtoAojv tou ©eov, ttj <f>vyfj tojv ttovtj-
pwv Kai ttj eVi/iovoj Kal irpooe^eî àyaTrrjoei. 0eov Kal tojv
Oelwv €KT€\ovp.€vrj. Tovto toLvvv iorî <f>r]oi Trdor) kolvov
lepap^ia tÔ Trépas, to p.iOTJo~ai rà àvriKelp.eva Taîs toû
Oeov ivToXaîs Kai ayaTTTjaai Tauraç /cal tÔv Sovto Qeov 25
/cat 8ià tijv 77-00? aÙTOV aya7njv i57rô toutouç tw- Tovto èariv
«77 tojv ovtojv fj ôvTa yvcùaiç», tovto tj ttjç àXrjdeias opaais,
TOVTO ! 7J TT^Ç TcÀetOJCTeOJS' p.ede£lS, TOVTO t) TTJS TTV€Vp.aTlKTJS M-,95r
iiroiftlas ioTiaais, àTTOKaXvTTTop.évrjS Karà Tr)v cVayyeAi'av
icat (f>a)Ti.^ovor]s «ai ôeovoirjs Kal TpefiovoTjs vorjrœs rrâvra 30
tov Sià TTJ? KaOapàs /capSi'aç voepœs, /xâAAov 8è 7TV€u/iaTi-
/cojs, evSiaiTOjpevov ainfi.

CVSL
542 GRÉGOIRE PALAMAS

Le but de la « hlé- 74. — C'est là ce que veut dire Denys,


rarchie » selon De- comme il l'explique lui-même. Poussant
ys- un peu plus loin son discours, il revient
en arrière et donne lui-même une interprétation de ses paroles
pour ceux qui ne veulent pas concevoir divinement les choses
divines et cherchent à les retourner dans le sens de leurs
propres erreurs. Nous avons saintement exposé, dit-il, que l'objet
de notre hiérarchie est de nous assimiler et de nous unir à
Dieu, autant que cela est possible ; mais nous n'y parviendrons,
comme l'enseignent les divines Écritures, que par l'amour et la
sainte pratique des divins commandements; car il est dit: Celui
qui m'aime gardera mes paroles et mon Père l'aimera, et nous
viendrons à lui et demeurerons en lui 1. Vois-tu ce qu'il appelle
connaissance véritable des êtres ? La pratique des vertus. Quel est
le but de cette connaissance ? L'union et l'assimilation à Dieu.
Pourquoi a-t-il appelé ici cette assimilation amour? Parce que
l'amour est la plénitude des vertus : ayant reçu l'empreinte de
Dieu comme une image, il conserve une parfaite ressemblance
avec lui. En parlant de la présence unifiante de Dieu en nous et
de l'œuvre sainte, Denys a fait allusion à la garde des divins com
mandements qui n'est possible que dans un état d'esprit qui nous
fait tendre vers Dieu et les choses divines ; car le Bien cesse
d'être le Bien, s'il est accompli pour d'autres motifs que le Bien.
Quant à l'abandon ininterrompu de ce qui y fait obstacle, la con
naissance des êtres, la sainte vision et la science de la vérité, ils
font haïr les mauvaises passions, reconnaître le péché et le fuir
sans détour. Enfin, par perfection unifiante, par participation
divine à l'Un et par contemplation qui nourrit et déifie intelligible
ment, il a désigné la venue et la demeure de Dieu en nous, qui
accomplissent dans l'union et nourrissent de contemplation l'œil
spirituel.

La connaissance 75. — Puisque la vraie connaissance,


des êtres est une l'union et l'assimilation à Dieu ne vien-
nourriture pour , , , ,
nent que par la garde des commande
ments, il en résulte que la connaissance
dont parle le philosophe est une fausse connaissance. Au

1 De eccles. hier., II, i (PG, III, 392 A) ; cfr Jean, XIV, 23.
triade il, 3, 74-75 543

74. Tovto hr) Kai avros iavTov SrjXov iroieÎTai Xéyovra '
fxiKpôv yàp rrpoayaytov tov Xôyov, efr' ireavaXa^tôv, è^rjyrj-
ttjs avros iavTov y€vàp.evos 8ià tovç pvtj déXovras voeîv rà
delà delcos, àXXà Kai rrpos ràs oIkcIols KaKoSoÇtas rrepvrpi-
rreiv èyx^povvTas , « eïprjTai toLwv -qp.lv Upcos » (prjtriv « côs 5
» oirros ion rrjs xad' r)p.âs Upapx^o-S ô okoit6s, r) npos &€ov
» r)p.cov eus i<piKTOv à<f>op.o levais tc *ccù êvcoois ' TavrrjS 8c,
» <Lç rà delà SiSdoxct Xôyia, raïs tcov delcov ivroXcov àya-
» irtfoeoi Kai upovpyiais p.6vcos Tev£6p.eda ' Trjprjoei, yap
» <f>7)aiv, 6 àyarrcov tic tous Xôyovs piov, Kai 6 TlaTrjp p,ov 10
» àyairr/oci avrov Kai iXeva6p.e6a rrpos avrov Kai p.ovrjv
» rrap* avrcp rroir]aop.€V ». 'Opâs nolav Xiyei yvtôtnv tcov
ovtcov àXrjdrj ; Tr)v ipyacrlav tcov àpercôv. Ti 8è to toutes
réXos ', 'H rrpos Oeov ivcools tc Kai à<pop.olcoois. IIcos 8è
€K€Î « àyârrijv » eîWe ravrrjv rrjv à<pop.olcooiv ; "On rj àydrrrj 15
cctti tcov àpertov ro rrXrjpcou.a Kai avrrj, tj} eî/côvi rrpoayjpcoa-
deîaa, reXelav ttjv rrpos Oeov àrroacùÇei ipupépeiav. Aià 8c
tov « evdécos Kai evialcos » Kai ttjs iepâç ipyaalas, ttjv rrjprj-
aiv tcôv Otlcov ivroXcov jjvlÇaro tt/v 8 ta p.6vijv ttjv rrpos
Qeov Kai rà deîa yivop.evrjv hia.Qe.o~W to yàp koXov où 20
KaXôv, àv p.rj Kai 8ià to KaXov p.6vov rrpârTrjTai ' « y- 8è
» SirjveK-fjs Ttov ivavrlcov àrrotf)olTrjois Kai rj yvcoois Ttov
>> ovtcov Kai r) Upà ttjs àXrjûelaç opaais Kai imoTr)p,rj » to
rrpos Ta irovrjpà TrdOrj TrapiaTrjai p.îoos Kai ttjv ttjs àp-aprlas
KaTayvtoaiv Kai ttjv 6,tt6 TauT-qs àveTrlaTpoifaov (f>vyqv' tjj 8è 25
« éVoeiSeî reÀeiaiaei » /cat « ivOétu p.e6é^€i tov ivos » Kai « tt}
» vor/Ttos Tpecfrovor) Kai deovorj iiroipîq » ttjv KaT k-nayytXlav
deîav iiricboÎTrjaiv Kai pLOvrjv viréSeiÇe, TeXeiovaav tjj évcôaet
Kai Tpethovtrav tj) €Troi(jia to 7rvevp.aTiKov eKeîvo o/x/xa.

75. El yovv Sià p.6vr)s Trjç Ttov èvToXtov Trjprjaecos rj aXrj- 3°


6rjs rrpooyiveTai yvtoais Kai rj rrpos tov ©eov ëvtutns Kai
6jio îtoo is , 07T€p o <^iÀo(to^o? cf>r]oi yvcooiv ifjevSoyvtoola itmv.
''Ap\6p.çvos yàp Kai avros aa(f>cos eïrrev << e'/c rrjs Ttov ivroXcov

CVSL
544 GRÉGOIRE PALAMAS

début, il a clairement dit lui-même, en effet, que cette con


naissance ne peut provenir de la garde des commandements x et,
un peu plus haut, en montrant l'origine naturelle de cette con
naissance, il dit : Elle survient lorsque l'on n'ignore ni la mul
titude des êtres, ni les raisons des êtres, ou plutôt lorsque l'on
connaît tout et que l'on cherche à acquérir toutes les connaissan
ces que les hommes déclarent posséder, qu'ils soient Hellènes ou
Égyptiens, afin de ne pas se trouver frustré de la connaissance de
Dieu, par omission de ce qui a été dit ou connu de la nature du
monde 2, car, d'après lui, Dieu ne peut être connu que d'après les
êtres. Comme si, en apprenant que les aliments suffisent pour
nourrir et entretenir le corps, on pouvait affirmer la nécessité,
si l'on veut vivre, de ne laisser aucun aliment de côté et de s'ali
menter chaque jour et à chaque heure ! Comme si on pouvait
nous persuader ainsi que l'inutile marne pour les tables somptu
euses et la passion de la gloutonnerie étaient absolument néces
saires à la vie des hommes et qu'il ne fallait avoir aucun penchant
supérieur ! Ainsi, Dieu a établi les raisons de la nature comme
matière pour l'activité intellectuelle de l'âme, mais dans la mesure
où elles peuvent la conduire à une connaissance plus haute. Nous
en prenons donc une dose suffisante et nous abandonnons le
superflu à ceux qui ne reçoivent pas de nourriture plus parfaite ;
et si, bien qu'ils aient dépassé l'âge de la jeunesse, ils ne veulent
pas abandonner la nourriture propre aux enfants, nous lançons
une espèce de Scylla contre cette mamelle universelle, en dévelop
pant un peu l'idée qu'elle n'est parfois pas très utile, pour leur
faire quitter cette nourriture d'un autre âge. Mais ces gens, ces
sant d'être des enfants et atteignant l'âge parfait dans le mal,
s'insurgent contre nous et nous cherchent querelle pour nous abat
tre, au lieu de s'amender et de revenir à la juste mesure.

La sagesse profane 76. — Voilà pourquoi ils disent que


procure-t-elle le le Fils ^^ avec le père et demeure
en celui qui connaît les fondements
de la nature du monde : c'est lui qui connaît la vérité ; or

1 Cfr les textes de Barlaam cités dans Tr. II, 1, 34, 37 ; Tr. II, 3, 17.
* Texte de Barlaam déjà cité plus haut, Tr. II, 1, 34.
TRIADE II, 3, 75-76 545

» rqprjoeojs p,ff ouvarôv etvai Tavrqv TTpooylveodai rqv yvû»-


» olv », Kal pucpôv àvairépoi oeiicvvs ôdev 17 yvojois avrq
irpooyiveaOai iré<f>VKev, « ck tov fxrj àyvoeîv » <jyqoi « Ta
» TroAÀa, ur/Sè tovs Xôyovs tô>v ovtojv, p,aXXov 8è £k tov
» ywâKT/ceu' wa^ra Kal 7ravra a7reuSeiv p.avdâv€LV, 5 ri tiç 5
» CTrayyéAAeTat eîSévat, kov 'EXXtjv fi, kSv Alyôimos, Iva
» pvri&evôs » <fnj(Ti « Ttov rrept Koo~px>v <j>voeœs eiprjp,évojv t«
» Kat iyvajopévoiv Aewrouevoç, è£ èicelvov àyvorfor) Qeôv »,
tiret /car' aùràv ck tô>v ovtojv pôvtov 6 Oeos yivœoKeTai, ô/xoiov
ti 7roiœv œcrnep àv eï tiç aKovaas £k tû>v è8a>Sîp,a)v || p.ôvojv 10 (f. 1950
Tpé<peadaL T€ Kal awloraodat. to aœpa, 8eïv êXeye p,T]8evos
àiroXeXeî<f>dai tG>v i8a)8ïp.a>v, et ris toû ^v icpierai., p.7]8e
8iaAi/i7raveiv ainÇo/i.evo»' oor/pépat. Te /cat cupac, #cai oura»
ti^v 7repî ràç 7roÀuT€Àeîç TpaireÇas âxPV°"rov pav^o-v Ka-l to
t^ç yaarpipapyîas TrâOos, ô>s àvayKaioTaTa tô) /?ia> Ttùv 15
àvBpûmuiv , eiretde 8o£a£eiv, prj8evos tcDv /cpeiTrovaiv ôpeyo-
fiévovs- Ovtcd yàp Kal tû> 8iovoi]tikw rfjç *l>v)(i}s vXrjv 6 Oeos
vnéOero tovs ttjs <pv<reojs Xôyovs, àXX* ibs irpos rffv itfrqXo-
répav yvâkrtv xeipayajyeîv 8wap.evovs . 'Hfieîs ovv to avrap-
kcs £k tovtwv àiroXap.f3âvovres rà nepirrà TTapaXeliTOfj.ev 20
toîs pvf] xojpovoi rqv TeXeorrépav Tpo<f>ijv ' kov, virep'qXiKes
ôWes1 ovroi, rqs vrfnuns KaraXXrjXov Tpo<fyfjs ovk ànavto-
TaoQat. fiovXa>VTai, €7raAei<^o/i,cv Kal riva SKvXXav t<3 iray-
Koojjiiu) tovtw p-aarâ), to p.rj irâvv XvoiTeXeîv éoriv ôVe p.e-
Tpuos eKTeivovres , ct>ç àTTavacrTTjOovTCS ttjç aKaipov Tpo<f>TJs. 25
1 ô a»? ovk€tl TTatoeç, aAA a»ç TeAetot rqv KaKiav, ifp.LV
€TravLOTavTaL Kal (fuXoveiKovoLV r/pâç KaTacnrâoai, pclXXov
•f) avTol Trpoç to npoorJKov peTpov àvaSpapeîu.

76. Aiô Kal tov Ylov /Liera tov Ilarpos tJkclv Kal rqv povrjv
TroieîoOai £v cKeLva) <f>aaiv, os tovs Xôyovs oîSe rfjs tov KÔop,ov 30
<f>vo€œs ' ytvœoKei yàp ovros to àXrjOés ' Seos Se 17 àATy^tia

CVSL
7 ^votws : évaiuiv V I 9 fiévwv : /xôvov V || 10 pôvwv : iiôvov VS || 16-17 opryo-
fitvovs : ôpty6fitvos L | 23 povXovrai C || tnaXdipmiKV L.
54^ GRÉGOIRE PALAMAS

c'est Dieu qui est la vérité et c'est lui le Père de la vérité. Mais
tout être connaissant trouve son fondement et sa demeure
dans ce qu'il connaît. Celui qui possède la connaissance des
êtres aura donc son fondement stable en Dieu. Et s'il possède
une demeure immuable en Dieu, il est malséant de dire que Dieu
est venu établir sa demeure ailleurs qu'en lui ; c'est lui, dit
Barlaam, qui a rempli son esprit de lumière divine et intelligible.
Telle est la très parfaite connaissance que le philosophe a de Dieu !
Mais moi j'entends l'Évangile nous dire que le diable est menteur
et le père du mensonge 1. Je sais aussi que les contraires sont
accessibles à une même sensation, une même connaissance, une
même science. Celui qui connaît la vérité sait aussi ce qu'est le
mensonge. Si, selon les paroles du philosophe, le connaissant
trouve fondement et demeure dans ce qu'il connaît, et si cela
conduit Barlaam à dire que celui qui possède la connaissance
des êtres est en Dieu et Dieu est en lui, n'est-il pas vrai de dire
que le mensonge et le père du mensonge ont aussi trouvé leur
demeure en lui ? Son âme est donc également remplie de ténèbres et,
en vérité, de grandes ténèbres recouvrent l'âme qui produit de
telles pensées ! Celui qui a dit : Je connais qui tu es : le Saint de
Dieu 2, possédait-il le Christ en lui à cause de cette connaissance ?
Celui qui connaît, mais qui n'accomplit pas la volonté de Dieu,
voit-il Dieu s'établir en lui d'une façon stable ? Et pourquoi
sera-t-il battu un grand nombre de fois 3 ? Et le Christ, dans les
Évangiles, affirme que sa venue et celle du Père fait suite à la
garde des commandements et que son apparition fait suite à la
venue 4. Mais, contrairement au Christ, cet homme dit que la
venue provient de ce qu'il considère comme une apparition ;
il s'oppose ouvertement au Christ en affirmant que cette appari
tion ne provient pas des commandements, mais d'une connais
sance, une connaissance dont il a déclaré auparavant qu'elle ne
provient absolument pas de la garde des divins commandements !
Voici donc la lumière et la vérité dont il a rempli son esprit !
Mais, auparavant, il ne s'est pas contenté de nier que les divins

1 Jean, VIII, 44.


* Marc, I, 24.
» Cfr Luc, XII, 47.
« Cfr Jean, XIV, 21, 23.
TRIADE II, 3, 76 547

kcli o TTJs aXrjôelas Trarqp ' àXXà Kal irâv to yivâiOKOv iv tô>
yiva)OKop,évu> iorrjpiKTal re «rat fiévet ' ovkovv iv rw @eâ>
earai fiovifuos lSpvfj.évos ô tt)v rœv ovrtuv yvwow etSaiç '
toutou 8' ev Oeû> tt/v fiovrjv àp.eTa.f2Xr)Tov e^ovroç, ovk
aneiKos ixelvôv ye irapà tovtov iXdeîv Xiyeodai ko! ttjv fiovrjv 5
■7T€7TOlTJa9ai ' « OUTOÇ COTl » <fyrjOt « Kal O <f>(OTOS BeioV KO.Î
» votjtov êfnrXecDV tov vovv KCKTTjfMévoç ». Axrrq iorlv r)
TcXecLiTcirq tov <biXoo6<f>ov deoyvœoia. ,Eyà} 8è aKovco
tov evayycXîov Xiyovros Sri ô SiajSoÀoç « ipevonjs iorl
» Kal 6 7raTTjp tov tpevSovs avrov ». 018a Se «rat rœv 10
ivavriœv tt)v avrqv ovoav aïodrjaiv Kal yvœoiv Kal i-nLorq-
p.rjv. '0 yovv cISojs tt)v àX-qdeiav Kal tÔ ipevSos iirioraTai.
El yovv, Karà tovs tov <f>iXoo6<f>ov Xôyovs, to yiv&OKov iv
tw yivojoKop.iv7) iorrjpiKTal t€ Kal p,ivet *cai Sià toûto Kar
avrov 6 tt)v yvcôaiv l^tov t&v ovtwv iv tû Oew iori koI o 15
Oeàs iv aurai, ovkovv Kal to i/jcCSos Kal o toû tpevSovs
TraTTjp iv aurai TreTrolrjTai tï]V p.ovrjv ', Kal 6 avros oSrés
€Oti Xonrov 6 Kal okotovs votjtov ep,7rXeœv ttjv 4ruX1)v K€KT7I~
p.evos Kal ovrœs ttoXv okotos «r^AuyaÇei Trçv ^uj^v 17
Toiaûra 7rpo<f>ip€i 8iavor]p,aTa. Ti yàp 6 Xiya>v « o?8a ae 20
» ns eî, 6 âyioç tov 0€ov », 8ià tt)v yvœaiv Tavrrfv iv iavrw
eî^e tov XpiOTÔv ; Ti Se ô yivwoKcov Kal ur) rroiûw || tÔ |f. 196'
OiX'qp.a tov 0eov, iv iavTW ê^ei p.ovip.U)S iviSpvp.ivov tov
0e6v ', Kal 7rws « haprjoeTai ■jroXXâç » / Kal p,r)v o p.èv Xpioroç
iv evayyeXîots iK p.èv ttjs twv ivToXwv TTjprjoews Trpooyi- 25
veodai ayrjoi T7jv aÙToû Kal tov TlaTpos ivoiKTjoiv, iK Se rfjs
ivot,KT)0€U)s , ttjv ip.<f>dvetav. Ovtos Se, 6.VT€OTpap.p.évws p,èv
iKelvcp, Îk ttjs aiiTÔ) Sokovotjs ip.<f>aveîas <f>r)ol ttjv ivoïKT)-
mv, VTrevavTiojs Se oa<f>â>ç, ovk iK tû>v ivroXâJv, àXX' iK
yvd)oeu>s tt)v ip,<f>âveiav , Kal yvwoews tjv iK rfjs TTjprjoeoJS 3°
TÛiV Oeiœv ivroXwv p.r)8ap.ws Trpooyiveodai npôrepov àTre<f>rj-
vaTO. Toiovtov <f>u)TOS Kal âXi)0elas tov oiKeîov vovv éfjLTrXeaiv

CVSL

19 ïVtAuyri£« V.
548 GRÉGOIRE PALAMAS

commandements puissent procurer cette connaissance, mais


encore il l'a appelée « philosophie », transmise par les sciences
relatives à la philosophie, et il a dit qu'elle était folie devant Dieu *;
donc, celle qu'il appela alors « folie », il déclare maintenant qu'elle
est Dieu, le Verbe Monogène du Père, avec son Père ! Voici la
lumière et la vérité dont il a rempli son esprit !

Ce n'est pas à Bar- 77. — Mais puisque les contraires sont


laam de corriger accessibles à la même sensation, toi, ô
philosophe, quand as-tu chaud : est-ce
lorsque ton corps éprouve de la chaleur ou lorsque tu as le
corps refroidi et que tu peux savoir ce qu'est la chaleur
contraire à ce froid ? Tu sens certainement que tu portes la
chaleur en toi, lorsque tu l'éprouves toi-même. C'est donc lors
que tu auras dans ton âme l'état divin, que tu posséderas réel
lement Dieu à l'intérieur de toi-même ; et le vrai état divin, c'est
l'amour envers Dieu et il ne survient que par la sainte pratique des
divins commandements, puisqu'il en est le principe, le contenu
central et occupe parmi eux la première place ; car l'amour c'est
Dieu * et ce n'est que dans l'amour qu'il a promis de venir, de
demeurer et d'apparaître. C'est seulement lorsque ces moyens
t'auront permis d'atteindre un état de ce genre, que tu pourras
te mettre à corriger les autres ; mais aujourd'hui, en faisant
mine de corriger, tu ne fais manifestement que corrompre et
dénigrer ! La suite du traité montrera plus clairement ta façon de
corrompre, en prétendant corriger. Mais voici une preuve évidente
que ton intention est de dénigrer, bien que tu fasses mine de corri
ger : ton grand zèle à ce que ces écrits de ta main, soi-disant des
tinés à nous convertir et à nous corriger, ne viennent pas sous
nos yeux 3 ! Tu fais comme un médecin qui aurait prétendu avoir
préparé pour son malade une très utile potion, mais lui aurait
rigoureusement interdit de s'en servir. Il est ainsi devenu évident

1 I Cor., III, 19.


* Cfr I Jean, IV, 8, 16.
• Cfr Tr. II, 1, 2.
TRIADE II, 3, 76-77 549

KœrecTKevaoev ' ov fiôvov Se t«i? deîas ivroXàç à8wdTœs


l^civ tt)v yvtôaiv ravi-qv iropîÇeiv TrpoTipov etprjKev, àXXà
Kal « <piXocro<plav » Tavrrjv cicciAei, Sià Tthv Karà <ptXoo~o<f>lav
fiaOTjfidTœv xop7)yov[iévT]v Kal « p.ojptav » elvai « rrapa t<3
» 0€<3 » ravnjv e<f>aoKev ' 77V otV pnopiav totc Trpoaeîire, 5
0eôV aÙTrçv eiycu vûv àiro<f>alv€Tai Kal avrov p.erà tov TTarpos
tov tov IJarpoç p,ovoyevrj Aôyov ' tolovtov </>ojt6s Kal
àXr/delaç tov oIkcîov vovv epirXeojv KaTeoKevacrev.

77. '/1AA' €77et Kal TÛtv èvavTiwv r) 0.1)7-77 ccttiv alodrjats,


av, cS <j>iX6oo<j>€ , ttot dp' et Oeppôs, ôVav Ko/rà 7-771/ iroiôrrjTa 10
Tarir-qv 8ia.K€r)Tal oov to aœpa, 77 oVe KaT€t(fvyp,€vov tout'
e^a>v t^v ivavrlav clSelrjs depuoTTjTa; TldvTOis totc ko!
ttjv 0epp.6rr)Ta èv oeavrû) (pépiov aloddvrj ôYe Karà Tavrrjv
SiaKeioai. Tore toLvvv Kal tov &eov e£eiç èv oeavTœ àXrjdcàs
ôVe t^v Oetav c£iv iv oeavrâ» Karà iffvxrjv è^ei? ^ia Se ovTtos 1 5
l^iç 17 77/509 tov 0€ov àya.7TT) iort' TipooyiveTai S' avrr) 8ià
p.6vrjs ttjs Tœv deiojv èvroXâiv tepâs epyaoiaç ' ei yap Kai ap^ry
toutojj/ iorlv, àXXà Kal p.io~t) Kal Kopv<f>aia ' 6 <9eôç yàp 77
àydiTT) eoriv, ôs ev tovtw pàvoj ko! ttjv oiKeiav eXevoiv Kal
pLOvrjv Kal ip.<j)dveiav iTrr/yyeîXaTO. T6t€ toivw Kal oavTÛ» 20
XPyo'V irpos 8i6p6œoiv ctc/oo»v dXrjOcùs ore ttjv Toiavrqv
&)(7)o~ei.ç iic Tœv tolovtojv 8id6eoiv ' vvv ydp, tov 8iop9ovvTa
vnoKpiv6p.€vos , 8iaoTpé<f)OJV Kal Siaovptov SrjXos et" àAA' tiç
p,èv 8iaorp€<f>€is 8iop6ovv èirayyeXXôpevos eKSrjXoTepov eorai
irpoïôvTOS tov Xôyov. Tov S' iv o\rjp.aTt 8iop6œaeu>s 8iaav- 25
peiv TTpo6vp.eîodai 8eîyp.a oa<f>ès to 8ià p.€yîcrrr]s oe ottov8t}s
TTOvr)aaoBa\. /xt) iXBeîv rjp.lv els ôiftiv Ta npoç r/p,€T€pav 8iop-
dojoiv €TTiOTp€TTTiKd ooi 8oKovvTa Tauxt ovyypdp.paTa , œoTrep
dv et ris larptùv irop.a p.ev OKevdoai tô> vooovvtl XvoireXéo-
TaTov €<j>aoK€, xprjoaodai 8e navranaaiv dnrjyôpevev . "OOev 30
Kal tovto yéyove 8rjTrov 8fjXov tûç Kal avTos tout' oîoOa
irpôrepov, S vvv i£e<f>dvr), 8r]Xr)T7)piojv e^ovra 8vvap.1v rà kc-

CVSL

26 at om. S.
550 GRÉGOIRE PALAMAS

que tu savais par avance ce qui est maintenant dévoilé : tes soi-
disant médicaments sont des poisons en puissance ; et tu prévoyais
aussi que ta perfidie serait découverte, lorsque tes écrits seraient
connus de nous.

L'entrevue entre 78. — Aujourd'hui encore, c'est contre


Palamas et Bar- ton ^ que tes écrits sont arrivés entre
mes mains 1. Tu y dis à la fin qu'î/ n'y
a aucun mal à ce que tu t'efforces de corriger ce que l'un de tes amis
a dit au sujet de la connaissance de Dieu. Voici, d'après toi, les
paroles incorrectes de ton ami : Ceux dont le cœur est purifié
savent, grâce au témoignage de la sainte lumière qui apparaît à
l'intérieur d'eux-mêmes, que Dieu existe et qu'il est comme une
lumière intellectuelle et immatérielle ; et ceux qui ne se sont pas élevés
à un tel degré de contemplation voient Celui qui prévoit, d'après
la providence qui embrasse toutes choses, Celui qui est le Bien en soi,
d'après les objets de ses bontés, Celui qui est la vie en soi, d'après
ceux qui sont vivifiés, et simplement d'après le tout, Celui qui est
Tout et qui transcende le Tout 2. Voilà ce que le philosophe considè
re comme incorrect. Mais je sais qu'autrefois il était déjà mal
disposé au sujet de cette phrase 3 ; il voulut, en effet, ignorer
le comme que j'ai ajouté à lumière, pour montrer qu'il s'agis
sait d'un exemple ; d'après ses dires, nous prétendrions
connaître la nature de cette lumière qui est Dieu. Mais nous lui
avons montré l'expression source de lumière qui se trouve à
côté et nous avons lu notre texte correctement : Dieu est comme
une source de lumière; nous lui demandâmes alors le sens de
comme dans ce contexte. Il fut contraint de confesser son igno
rance et s'excusa ; il est, en effet, impossible de lui donner un
autre sens qu'à la manière de 4. Mais maintenant, il attaque d'une
autre façon et déclare : Puisqu'il est évident que même les plus

1 Les écrits de Barlaam furent apportés à Palamas par leur ami commun, Isi
dore, futur patriarche (cfr Tr. II, 1. 2, p. 228, note 3).
* L'« ami » de Barlaam dont il est question ici n'est autre que Palamas lui-
même. Ce passage est tiré de sa première lettre à Akindynos (édit. Meyendorff,
dans SeoAoyia, t. XXVI, 1955, p. 87-88, § 12).
* Barlaam critiquait ce texte dans sa Première lettre à Palamas (édit. Schirô,
p. 241).
4 II s'agit ici de l'entrevue Barlaam-Palamas, déjà mentionnée plus haut (§ 13).
TRIADE II, 3, 77-78 551

KXrjfiéva <toi || <f>dpp.aKa, Kal tout* apa rrpocreylvwo-Kes <î>s II f- «96»


ov Xrfar) k\€TTT(DV, tovtoiv irpo<f>avévT<ov rjfjûv .

78. Tavr' âpa Kal vvv ot>x €k6vtoç efvcu irpos ràs ■qp-erépas
i^/cei xeîpas ravri aov rà yp6.p.p.ara, iv 0Î5 TeXevrtôv <f>fjs œs
« àv€p.icrrjTov «ri Biopdœaei xPrj°'ao'^ai o~avTÔ> u>v ovk 6p0â>s .î
» 7repl deoyvœaiaç eîprjKc tiç twv crwv <f>lXœv ». To 8è p.rj
6p9â)s elprjp.é'vov tw <f>lXip tovto Àe'yeiç elvac " « "Ioclolv ol
» K€Ka9app.€vot ttjv Kapolav, 8ià rrjs iyyivop,evrjç avroîs lepâç
» <f>a>TO(f>avelas, ôVt €OTi @eôç Kal oïov <f>û>s icrri, p.âÀXov Se
» 7rr)yT} <f>a>roç voepov Te Kal àvXov ' ol 8è p.t] irpos tovto 10
» deœpias àva^e^KÔTes e/c ttjs vepl iravra Trpop,r)deias tov
» kolvov ■npop.rfîî.a ovvopû>OLV , e/c tcùv àyadvvo(jLeva>v rqv
» avToayaOÔTTTjTa, e/c twv Çwoiroiovpé'vwv rqv avTo^œrjv, Kai
» aTrXôJs e/c ttÔlvtwv tov rà -navra ovra Kal vnepavi$pvp,€vov
» TrâvTwv ». Tovto Iotiv o <f>T)oiv 6 <f>iX6ao<j)OS ovk Spdœs 15
e^ctv. OÎ8a 8è aiiTov kol aAAorc /ca/ccôç 77pô? aÙTO SiaTeOévra '
àyvorjoas yàp oti to « oïov » irapa8eiyp.aTiKÔJs tw (^o>ti irpoa-
rjpTrjTai, tov &eov eXeye <f>âo~K€iv rj/xâs eiSe'vai ottoÎov (j>wç
VTrdpxei. AelÇavTes Se rjfieîs TrpooTrapaKelp,evov to « n-qy-q
» (fiojTos » Kal avvrjp,fiévws àvayvovTes oti« êorc ©eos oïov ■nyyyr] 20
» (JhotÔs », i)pojT(h\x,i.v aïiTov ri fiovXeTai Xoittov ivTavdoî to
« ofov »' ô S' â/cajv w/jLoXôyrjcre ttjv âyvotav Kal rJTrjoe avyyvcô-
fxrjV ovSè yap Swarov aÀÀa»? fj àvrl tov « âicraveî » TrapaXr]<f>-
Orjvai. Nvv 8 aAAa>ç eTreXâ^eTo ' « &avepov yàp ovtos » <f>r]o-lv
« a»? «rat roîç Qeœpr)TLKa>T<iTOLS ck p.6vœv twv ovtojv 6 @eos *5
» ycvwoKeraL, rj ivTavda Trapahihofjiévq yvœois ©eov Stà
» voepâs <f>a)T0(f>aveiaç , aiç érépa ttjs c/c TtSi» ovtojv ovara,
» ovSafiâis ioTLV aX-qd-qç ». ' AvdvTreveyKeîv S17 77pôç tovto
8eî a»? <f>avepov yevop,évov Stà ■nXeîo'Tcov tlov àvwTepco clprj-

CVSL
2"3 TOÛ 0>K. V.
552 GRÉGOIRE PALAMAS

grands contemplatifs ne connaissent pas Dieu autrement qu'à


travers les êtres, la connaissance de Dieu transmise par une lumière
intellectuelle, dont on nous parle, n'est absolument pas une vraie
connaissance, puisqu'elle n'est pas la connaissance qui vient des
êtres. Il faut répondre ici, conformément aux preuves fournies
dans nos développements antérieurs : Dieu ne se fait pas seule
ment connaître à travers les êtres, mais aussi à travers ce qui
n'est pas par transcendance, c'est-à-dire les choses incréées, et
aussi par une lumière éternelle et dépassant tous les êtres, qui
aujourd'hui est donnée en qualité de prémices à ceux qui en
sont dignes et qui les illumine éternellement dans le siècle éternel ;
cette contemplation est donc nécessairement véritable et celui
qui la déclare fausse s'est écarté de la divine connaissance de Dieu.
Mais toute connaissance de Dieu, dit-il, provient de ce qui est
autour de lui et non de sa nature propre. Et où dans cette phrase
disons-nous que cette théophanie ne provient pas de ce qui est
autour de Dieu ? Nous la considérons, en effet, au-dessus de
tout ce qui existe par ailleurs, mais nous n'ajoutons absolument
pas qu'elle appartienne à la nature propre de Dieu. Tu pourrais
trouver chez les théologiens que non seulement cette contem
plation-là, mais encore beaucoup d'autres, dépassent absolument
la connaissance de Dieu à partir des êtres ; mais ils distinguent
celle-là de toutes les autres et la considèrent comme seyant par
ticulièrement à Dieu, en tant que seule manifestation déifiante
de Dieu.
Mais il nous faut, dès maintenant, mettre le point final à un
traité devenu trop long, en remettant à plus tard la tâche de
réfuter l'ignorance du philosophe dans ses traités Sur la connais
sance.

Extrait de l'Éloge
de Chrysostome à Etienne, protomartyr l.

En suivant les pas du Maître dans ses actions et ses paroles,


le martyr ne manqua de rien : il manifesta la résignation de son

1 Ce passage est tiré d'une brève homélie sur s. Etienne publiée dans la Patro-
logie parmi les spuria de s. Jean Chrysostome (PG, LIX, 701-702).
TRIADE II, 3, 78 553

fiévajv œs ovk €K twv 6vra>v pôvatv o Oeos yivwoKeTai,


àXXà Kal €K «Tcàv Kad' VTrepoxqv p.r) Svrtov», Tovréari tSsv
àKTÎarœv, irpos Se Kal 8tà (fnoràs auovlov Kal t&v ovrœv
7ravTù)v înrepavtpKiofjiê'vov, vvv re iv àppafiûtvos p.épei toîs
âijlots 8i8op,évov Kal Karà tov ôX-t/ktov aùDra irepiawyâÇovTOS 5
avroiis oXtJktcos, ef àvâ.yicr)Ç Kal r) decopia avr-q aXrjd-qs iort
Kal 6 p.r) àXrjdrj Xéywv ravrrjv Oeov Oeias yvaxreœs e/cn-eVra»-
Kev. « '^lAA' €K tcôv irepl aÙTov » (frqotv «ovk €k tcôv «ar
» avrov irâoa yvâ>ois tov Qeov ». Kal ttov èv ttj prjoei TauTtj
Xéyop.ev <l>s r) 0eo<f>àveia avnq twv «rrepl» Qeov ovk eori,' 1°
IlaivTwv fikv yàp tû>v aXXœs ovrœv VTTeprlQep.ev avrqV ci?
S' €K t&v Kar' aùrov èart &eû> ovSap.â>s fWi irpooK€tp.evov.
Evpois S' àv II tovs deoXàyovs ov ravrqv p,6vr)v, àXXà Kal M- 197»'
rroXXàs âAAa? deojpias rqs àiro tô>v ktiotûv deoyvœolas
VTrepriOévras èorap.aXioTa, ravrrjv Se Kal t&v aXXcov iraaœv 15
ànob'i.aoTéXXovTas Kal deojvvaias i£6xœs àÇiovvras, <t)S
p.6vqv Qeov deoiroiov èp.<f>â.V€iav. Aeî S' rjp.lv àprlœs els iroXù
p.rJKOS €KT€ivop.évu> Sovvai tô> Xôytp Trépas, els ro i£fjs
rapievaap.évovs tôjv Tlepl yvœoews Xéyojv tov <j>iXoo6<f>ov
aweXéy^aL ttjv âyvoiav. 20

TOY XPYEOETOMOY 'EK TOY EIE TON UPQTOMAPTYPA


ZTE0ANON 'ErKDMIOY

OvSèv iv epyoLS Kal Xoyoïs aKoXovÔwv 6 p.dprvs ivéXiire


tû> SeoTTÔTTj, àAA' éSeiÇe Kal to ttjs ^v)(rjs àveÇiKaKov Kal

CVSL

21-22 npotrofidpTvpa Ertyavov '. âyiov £rcipavov tov Ttpu3Top,âprvpa VS.


554 GRÉGOIRE PALAMAS

âme et la virilité de sa patience. Cela lui vaut d'être digne de la


vision divine. Fixant les regards vers le ciel, est-il écrit, il vil la
gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu 1. C'est là l'hon
neur que le Sauveur accorda au martyr : être honoré au-dessus
des anges eux-mêmes. Fixant les regards vers le ciel, est-il dit,
il vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu ; il ne vit
pas seulement la gloire et le lieu de ce qui est invisible, mais
l'Objet même de son amour, là où l'armée angélique craint de
plonger un regard 2. Le martyr, en effet, tend son regard là où
les chérubins se cachent le visage3; il contemple ce vers quoi les
séraphins n'osent lever les yeux. De ses yeux.il monta à une hau
teur sans limite et se montra ainsi supérieur aux anges, pius su
blime que les principautés, surpassant les trônes. Car c'est la voix
du Maître qui l'a attiré, en lui faisant d'avance cette promesse :
Là où je suis, là sera aussi mon serviteur *. Ce fut lui le premier
« diacre » du Sauveur, comme aussi le premier martyr de la lutte
chrétienne. C'est en le voyant que beaucoup sont devenus martyrs.
Car Etienne est particulièrement aimé par ceux qui luttent.
Voilà pourquoi, avant Paul, il s'écrie par ses actions mêmes :
Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ ',
car cela est possible et convenable à ceux qui le désirent ; j'en
suis témoin, moi qui le premier ai lutté avec le Maître et qui ai
contemplé, le premier, les choses cachées dans le ciel ; car j'ai vu,
j'ai vraiment vu le Fils, debout à la droite du Père, j'ai observé
la réalité même de ce qui est dit : Le Seigneur dit à mon Seigneur :
assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton
marchepied *.

1 Actes, VII, 55.


* Cfr I Pierre, I, 12.
• Isaïe, VI, 2.
« Jean, XII, 26.
» / Cor., XI, 1.
•Ps., CIX (CX), 1 ; Matth., XXII, 44; Marc, XII, 36; Luc, XX. 42-43
Actes, II, 34-35 ; Hibr., I, 13.
TRIADE II, 3, APP. 555

rfjs virofxovrjç to àvSpeîov, Sdev Kal rrjç orrraaias entourai


rfjs delas. « 'Arevloas » yàp <f>rjaiv « et? tov ovpavôv, el8e
» 8ô£av Qeov Kal 'Irjoovv èarwTa e#c 8e£iœv tov Qeov ».
'H Se TifiTj tov 2Jorrr)pos avrrj d>s Kal twv àyyeXœv aùrcàv
TTpoTifj.r)9ijvaL tov pAprvpa. « 'AtcvIoos » yâp (fnjoiv « els 5
» tov ovpavôv, eïSe 8ô£av Qeov Kal 'Itjgovv èorwTa eV- 8e£«3v
» tov Qeov », ef8e twv àopaTwv ov p.6vov Kal hô£av koX
TOTTOV, àXXà Kal aVTOV TOV TTo0oVp.€VOV, OTTOV Kal <f>0^€ÎTai
tôjv àyyéXwv r) arpartà TrapaKVTrTeiv. 'Ekcî yàp o p,dprvs
àrevlÇei to j3Àe/x/i.a, ottov « rà xepovf3i.p. koXvttt€i rà Trpôawrra» ' ">
e/ceîva Kadopâ els <S vpoa^Xéijiai. rà oepa<f>ip ov ToXp.â. '/IvrçÀfle
toîs à<f>0aXp.oîs els aTrépavTov vi/fos, w<f>drj Karà tovto tG>v
àyyéXwv àvwTepos, twv iÇovmwv vipr/XÔTepos, t&v dpôviov
iiréxeiva. EÎXk€ yàp avrov r) tov SearrÔTOV <f>wvrj , TrpoeTrayyei-
Xapévrj Kal Xéyovaa' « "Ottov èyw elpi, e'/ceî Kal 6 SiaKovoy 15
» ô èp.os èorai ». flpwTOS Se oStos tov UwTrjpoç BiaKovos,
ô)S Kai TTpâJTOS tt/s âdXrjaews /.idpTVS, Sv ôpwvres ttoXXoI
yeyôvaoi p.âprvpes. IJepi.Tr6drjTOS yàp toîs àOXovoiv 6 ZVe-
<f>avos. A 10 Kal e/c twv TrpaypaTwv aùrcD»' rrpo tov TlavXov
/?oâ ' « Mip.rjTai p,ov yiveade Ka6ws Kayw Xpiorov », hvvœrov 20
yap Kai ovp.cp'epov toÏs OéXovoi' Kal p.â'pTVS èyw o Kal irpwTov
p.erà tov SeanoTrjv àdXrjoas Kal TrpâJTOS èv ovpavoîs Ta Kpvirrà
Oewprjaas' eîhov yàp elBov e/c Se£iâ»v tov IlaTpos tov Ylov
eorcÔTa., KaKeîvo TrepieaKÔirow yevôp.evov ' « Elrrev 6 Kvpios
» tô> Kvpiw p.ov " KaOov ck Seficùv p-ov, êa>s àv 8â> tovs 25
» exOpovs crov v7TOTr6Biov twv ttoSwv oov ».

CVSL
11 €K€iva : ckcî S I 15 cV«t om. JL.
DU MÊME
RÉFUTATION DES ABSURDITES
QUI RÉSULTENT DU DEUXIÈME ÉCRIT DU PHILOSOPHE
OU DE LA DÉIFICATION

« Contre les Messa- *• — Si son livre, conformément au


liens». titre, est dirigé Contre Us Messaliens,
pourquoi jette-t-il les doctrines de nos
divins Pères pêle-mêle avec leurs erreurs messaliennes, pour
s'élancer ensuite contre les Pères et abandonner leurs disciples?
S'il s'est vu dans l'obligation de déclarer la guerre aux saints
qui ont vécu dès le commencement des siècles et à nous, qui
voulons être en accord avec eux, qu'y viennent faire des appel
lations comme « Messaliens », « Blachemites » * et les autres * ?
N'est-il pas évident que tout cela n'est que fiction et déguise
ment, destinés à nous injurier tous, à lancer contre nous une
grande injure, aux aspects différents — tous les aspects possibles
— tout en trompant la multitude ?
Il veut que nous recevions tous injure sur injure ; les Pères
qui ont quitté le genre humain, aussi bien que ceux qui ont
dévoilé sa ruse et ont refusé de se laisser convaincre, sont
injuriés, d'abord parce qu'ils sont rangés au nombre des héré
tiques et assimilés à eux, et ensuite par la réfutation que leur
adressent les traités de Barlaam et par les impudents et terribles
excès que l'on trouve parmi ces soi-disant réfutations ; quant à
ceux qui se seraient laissés entraîner et convaincre, ils sont néces
sairement des victimes ; soit maintenant, soit auparavant, ils
sont manifestement dans l'erreur : aux yeux de tous, ils ont
autrefois vénéré les Pères qu'ils déclarent aujourd'hui hérétiques !
Son but est donc simple : démontrer que nous tous et tout ce
que nous avons de sacré et de vénérable n'est que dérision, moque

• Voir infra. § 7 ; Introd., p. XX-XXI.


* Celle ri'd^aAôc/iuxoi, que Barlaam a abandonnée dès son premier écrit cfr
Tr. II, 1, 3) et d't ù^îtoi, terme courant pour désigner les Bogomiles (cfr Epist.
V, édit. Schirô, p. 324).
TOY AYTOY lf.197»
"EAErXOE TQN EYMBAINONTQN 'ATCMQN
'EK TQN AEYTEPQN TOY QIAOZO&OY ZYrrPAMMATQN
*// I1EPI 6EQEEQZ

1. *AXXà eî fièv Karà MaaoaXiavwv Kaddnep kcll 5


èinyéypainai ol ro j8i/?Àiov TreiroîrjTCu, ri rraO ojv rà rwv
6eîwv rjficôv Traripiov dvapX^ raïs eKclvcov KaKO&oÇlais irpo-
PdXXerau Kai Kar' avrâjv èVeira ttoXvs pet, tcôv Kar e/cet-
vovs à<f>éfi€Vos ; El Se Karà rwv dn' alû>vos âylajv kcll twv
avTOÎs ôfxoXoyeîv alpovfiévœv rjp.œv Seîv ëyva> iroXefJiOV 10
dpaodai, ri ftovXovrai MaocraXiavol Kai BXa\epviTai /cai ra
TOiaûra npoopr)p,œra ; *H SijXov on oktjvt) rà roiavra /cai
■npoacûTTelôv èari, TroXXrjv Kai TroïKiXrjv, p.âXXov 8è iravro-
Scnrrjv, p.crà ttjs irpos tovs rroXXoiis dTrdrrjS, Kai rr)v vfipiv
rrpos Traînas €TTL(f>€p6p.€va, ïv' wp.ev ârravres vf$piap,€Voi Kai 15
rroXXa^ôjç, ol p.èv i£ àvâpayrrcov yeyovôres rrarépes /xcra rœv
<f>(i)paaâvT(ov tov 86Xov Kai p,r) TreiodevTmv, râ> re rots
aiperiKoîç crwTeTdxQai Kai tô> Kar' avTwv, êrreira Stà rwv
Xoywv iXéyxip Kai raïs p.€Ta£v tô>v hoKovvrœv tovtcûv
eXéyxaiv dvaioxvvrois Kai Setvaîs rrapoivlais , 0001 8' dv 20
Trapa)(dévT€ç neioBeîev, Svoîv ddrepov i£ dvdyKr/s nadovres,
r) vvv ~q rrpoTepov <f>avepoi yeyovôres rwv TreTrXavr]p.éva>v
VTrdpxovres , tô> <j>avepot yeyevrjcrdai octttovs rrpwrjv r)yovp.ç-
vol tovs vvv KaKoSôgovs yvcopi^ofiévovs, Kai àrrXws ïv' ovto>
■navres re rjp.eîs Kai rà Kad* 77/xâç lepd re Kai oep.và tr^eSôv 25
dnavra yéXœs àva(f>avfj Kai ^Aeuij Kai Tralyviov ; El 8' dpa
■naîÇajv èv où naiKTols, Kevàs Kai nepiTràs Kai KtflorjXovs

CVSL Usp

I tov avrov om. S |J Karà tûiv htvTtputv post clvtov add. L | 3 BapXaâfi post
(fnXo<ir>r',>t>!< add. V (ait. manu) CLS | 4 Aôyos a°s Karà tûiv /}<"" post Sewaeios add.
V I 6 ol om. Usp II 7 r/fiwv om. Usp.
558 GRÉGOIRE PALAMAS

rie et divertissement. Puisqu'il se divertit dans ce qui n'est pas


un divertissement, puisqu'il invente des querelles et des opposi
tions vaines, infatuées et trompeuses et puisque, pour se faire
remarquer et paraître fort en sophistique, il injurie effrontément,
hélas, les mystères terrifiants et vénérables, pourquoi ne nous en
détournons-nous par tous, ou du moins, pourquoi ne le détour
nons-nous pas d'un si grand mal, en y mettant le zèle qu'il faut ?

Le devoir de dé- 2. — Mais il est loin d'oser avouer tout


fendre la vérité. cela. Au commencement de son traité,
il promet de n'y introduire aucune nou
veauté ; bien plus, il promet de combattre pour l'Église de Dieu,
en manifestant le zèle qui convient à un philosophe contre ceux
qui ont été élevés dans des dogmes pervers ; il donna ainsi à
certains l'idée qu'il proclamait la vérité, tout en combattant
ceux qui vivent dans la piété, en les présentant comme des
hétérodoxes 1. En toute justice, personne ne pourra donc nous
reprocher de prendre leur défense, d'examiner et de corriger, à
la mesure de nos forces, ce qu'il a dit contre eux. Le combat qu'il
mène contre eux dans ses écrits n'apparaît pas, en effet, comme
dirigé simplement contre eux ; il n'est dirigé contre eux ni parce
qu'ils manquent de retenue dans leur vie, ni parce que quelque
chose n'est pas convenable dans leurs moeurs ; il s'oppose mani
festement à la piété même qu'ils vénèrent, ou plutôt, comme il a
été montré antérieurement, aux dogmes divins de l'Église de
Dieu, aux traditions qu'elle tient depuis les temps anciens, aux
écrits des saints. Pour les défendre, nous ne sommes pas seule
ment prêts à offrir les paroles dont nous sommes capables, mais
notre âme elle-même, si besoin est. Nous ne recherchons aucune
récompense pour ces paroles et cette offrande, ni auprès des hom
mes qui, pour de telles choses, ne peuvent offrir qu'un éloge,
mais nous ne les désirons pas, ni auprès de Dieu, car aucune
récompense n'est due à ceux qui s'acquittent d'une obligation.
Ce qui nous oblige à écrire, c'est un devoir inéluctable 2. Depuis

1 Certains croyaient donc réellement que Barlaam combattait de vrais Messa-


liens.
* Palamas emploie les mêmes expressions pour justifier son opposition à Bar
laam dans sa première lettre à Akindynos (édit. Meyendorff, dans BcoXoyla,
t. XXV. i955, p. 77, § i).
TRIADE III, 1, 1-2 559

Xoyofiaxias Te Kal àvridéoeis KaivoTopeî Kal <bs vepiTrôs


tiç avros vofiiadeir) Kal ttoXvs rr)v oo<f>i.cmKT)v , dvé8r)v vfipl-
£ei <f>€v els rà <f>piKTa Kal oefidop,t.a, Tt firj navres c/CTpewo-
peda tovtov, tj yovv eKTpeTropev avrov tov ttjXlkovtov xa-
kov fiera ttjs Trpocn)Kov<rr)s o<f>o8pÔTr)TOS ,'

2. '^4AAà tooovtov àiréxet. tov roiavra (f>dvai ToXp.âv


avrôs, wcrre Kal tGïv Xôyœv dpxdp.evos ov p.6vov èirayyéXXe-
tcu Kaworopvf\aew ovBév, àAAà Kal ttjs tov Geov 'EKKX-qolas
vnepaya>vceta6'ai, <f>iXooà<f>w irpé-novra ïjjXov Karà râ>v èv8ia-
arp6<pots 86yp.aaw èvre6pap.p.éva>v e*Tri8ei£dp,evos , d<f>' o{> koL io
naiv ê8a>Kev virôvotav Xôyov riva -rrotelodat, rrjs àXrjdelas,
Kai Tavr' èv rfj npos tovs eTepo86^ovs vnoKpiaei Karà rôxv
evoefiws Çojvtcuv dyaivi.t,6p.evos ■ Ovkovv ov8els T)\iXv eyKa-
Xéoei 8iKaîojs vnèp avrwv dnoXoyovp.évois Kal rà npos
ckcivov Kar' avrtôv elp7jp.éva npos \\ 8vvap.iv è^erd^ovot re i5|ti98r
*cai Sievdvvovaiv, inel prj8è npos eKeîvovs ànXôJs avrâi
(patveTai Teivcov 6 tôjv avyypapp.aTu>v dyojv, fj Kar' eKeivatv
wv œs dveip.évcos Ï,ojvto)V r\ ti nepl tov o<f>â>v avrâtv fiiov
exovrwv ovk ippeXws, dXXà o~acf)ô>s npos avrrjv ttjv vn
avrœv npeofievopévrjv evoéfieidv èoriv r\ àvrlOecris , pSÀXov 20
8e npos avrà rà Qeîa ttjs tov Qeov 'EKKX-qoias, Kadà npoa-
7îoSé8eu(Tai, SoypaTa Kal Tas e/c naXatov KCKpaTTjKvîas in'
avTrjs 7rapa86creis Kal Ta tôjv àyioiv o-vyypd.pp.aTa, vnèp
wv rjpeîs ov Xôyovs p.6vov, ônoiovs dv oloi re œiiev, é'roi/xoi
■npoiaQai, repos Se tovtois ko! rà? rjpeTepas et 8erjaei i^u^as " 25
p.io9ov Se tôiv Xoyœv tcvtojv Kai ttjs TrpoOéoeojs ovtc Trap'
dvdpioTTOJV ÇrjTovpev, ov e^ovoi StSovat pévov èirl rwv tolov-
twv tov eiraivov, ovSè yàp TTpos tovtov ôpwpev, ovre Trapà
©eov' piodos yàp di7o8i8ovuiv ov ^/jeaiareÎTat. Tovto pèv
oûv Kal àvdyKrjv iniTiOrioL ypa<f>eiv, to ttjs orpeiXrjs àrrapaÎTr)- 30

CVSL
4 toû om. L (j 25 et heqod om. S.
5Ô0 GRÉGOIRE PALAMAS

longtemps, j'ai abandonné la recherche et l'ambition littéraires l ;


il m'est indifférent de composer mes traités sans art, que mon livre
ne soit ni un rosier, ni une lyre, ni une trompette qui tantôt
ferait entendre un bruit sonore et pénétrant, tantôt arrangerait
une unique et mélodieuse harmonie par une suite bien rythmée
et des changements de figures, tout au long des variations du ton
employé, pour donner ainsi partout de la recherche au discours.
Les grâces attiques, la beauté et l'uniformité des termes illu
minent comme des fleurs la prairie des paroles ; que je ne puisse
en profiter, tout en ayant des dispositions naturelles pour parler
agréablement, peut être considéré comme une autre preuve évi
dente de ce que mes paroles sont dues à la nécessité et non à un
désir d'ostentation. Je dirais, pour ma part, que ce qui fait la
beauté première de la signification contenue dans les mots,
coïncide avec ce qui constitue la beauté de l'âme : avoir les regards
tournés, dans la mesure du possible, vers Dieu et la vérité. C'est
là la source des biens que l'âme reçoit ensuite, même si, dans un
autre sens, il y a des réalités antérieures à cela.
Barlaam nous 3. — Mais, avant de passer à sa réfu-
mène au a Filio- tation systématique, il me semble con-
que "' venable de répondre clairement à la ques
tion : pourquoi cet homme a-t-il mis une si grande appli
cation à démontrer que la grâce déifiante de l'Esprit était
créée ? C'est cela en effet qu'il s'est fixé pour thème de ses
traités ; pourtant il avait lui-même admis, bien qu'à contre
cœur, que les saints avaient donné à cette grâce les noms de
« Divinité », « Divinité-en-soi » et « Théarchie ». Pourquoi donc ne
veut-il pas dire que la grâce de l'Esprit est incréée, pourquoi
déclare-t-il que ceux qui le croient sont des impies, pourquoi fait-
il tous ces efforts verbaux pour montrer à tous qu'elle est créée, en
disant qu'elle est une image naturelle et l'état propre de la nature
raisonnable 2, définie et contemplée par la sensation en tant que
sensation ? Il a toutes les complaisances possibles pour les Latins,

1 Palamas affirme à plusieurs reprises dans ses écrits n'avoir pas poussé bien
loin ses études profanes (cfr Lettre I à Akindynos, OtoXoyîa, t. XXV, 1955,
p. 00, § 14 ; voir J. Meyendorff, Les débuts de la controverse hésychaste, dans
Byzantion, t. XXIII, 1953, p. 09-100).
* Le texte de Barlaam où se trouvent ces expressions est abondamment cité
plus bas, § 25.
TRIADE III, 1, 2-3 56l

tov. 'Ek noXXov fiévroi rfjs Trepl Xàyovs p.eXérqs Kal <f>tXo-
rifiias à<f>ép.evos, ov8èv oîov el p.r) ovv Tiyyr\ tovtovs ttoiov-
fitu, p.r)8è po8œviàv àiro8etKvvp.t to j8i/?Àiov, rj Xi'ipav, rj aàX-
irtyya, tovto fièv evr/xôv ri <f>8eyyop.evos Kal Topôv, eKeîvo
8' îmo rfjs cvpvdfiov avvdrJKrjs Kal rfjs tcov oyr)\i.6.T(xïv \maX- 5
Xayfjs Sià 7toikCXu)v t&v tov tovov Kpovp.ar(xiv fiiav àpp.oviav
ifip-eXfj Kepawvs Kal Stà ndvrwv œpaîÇœv tov Xôyov. 'Atti-
Kai yàp xdpiTes Kal ovop.6.T(ov koXXt} Kal TTapLoôrqTes , oîov
dvdrj, tov Xei^itôva t&v Xôyœv KaTayXaîî^ovoiv afç el p.r)
KaTaxprjodai 8vvaip.r}V, /catVoi KaXXippr)p.oveîv è<f>Uodai tt€- 10
<f>VKcoç, èvapyès àv eïrj ko.1 tovto Seîy/xa tov irpos dvdyKrjv,
àXXà p.r) irpos cm'Sci^iv i)p.âs iirl to Xéyeiv à<f>i)(9at. Trjs ye
fj.rjv ivœrroKei.p,€vr)ç 8iavolaç toîç prr\p.ao~i, tout' âv <f>airjv
èyùi irpârrov kÔXXos, o Kal <fn>XVs> *4"' ôoov oîov T€ irpos tov
Oeov Kal rrjv dXrjdeiav fiXéneiv eKeldev yàp avrfj Ta p\.eTa 15
TOÛTO KaAa, KaV fi Tl TOUTOU TTp€.0~fivT€pOV TpOTTOV €T€pOV.

3. IIpooiJKOv S' eîvai vo/xiÇoj, irpo twv KaTa p.épos iXéyxcov,


€Keïvo noiTJoai 8t}Xov, tIvos êveKev ouroç rrjv tov TIvevp.aTos
deonoiov x&piv ktiottjv aTTO^>r\vai 8tà irXeiorqs ôarrjs o-nov8r}ç
eiroiTjaaTo, tout avros iavTœ tov Xoyoypa<f>eîv xmôBeaw 20
€vorqoàp.evos , /ceuToi o~vv9ep.evos Kal avrôs, el Kal p/q
€Kcjv eïvat, « deôrqra » Kal « avrodeàrqra » Kal <( deapylav »
vtto twv ayiwv rrp> Toiavrrjv irpooeiprjoQai xdpiv. Tivos ovv
ydpw ttjv tov IJv€vp.aTos X<*-Ptv aKTioTov aihôs Te <f>dvai
ov TT€td€TaL Kai tovs rreiOopévovs SuoxrejSeîç d7ro<f>alv€Tai Kal 25
■navra XLOov to tov Xoyov Kiveî irâai rav-rqv uffoSeî^ai ktio-
ttjv, « p,ip.r\oiv » avrrjv elvai « <f>voiKr)v » Xéywv Kal « rfjs
» XoyiKrjs (frvoeœs et; w », <hpiop,évr^v Te Kal 6pcop.évT]v alo~0TJ-
aei iÇ alaO-qoei. ; Toîç ép.o<f>vXoLS AarLvoiç fj 8vvdp.ea>s ê^ei || jf. 198»
XaptÇerai, 7rpos to eKeivuiv <f>p6vr]p.a 8oXîioç dp.a Kal /Statcuç 30
r)p.âs v<f>eXKopevos ■ "Orav yàp à/couoco/xev « e/c tov Ylov
» 8i86p.evov tÔ IJvevp.a » /cat « 81' Ylov ècf)1 rjpâs 7roo^ed/X€-

CVSL
5Ô2 GRÉGOIRE PALAMAS

ses compatriotes 1, en nous attirant à leur pensée avec fourberie,


mais aussi avec force. En effet, nous entendons que l'Esprit
est donné par le Fils, qu'il se répand sur nous par l'intermédiaire
du Fils 2, et, d'autre part, le grand Basile nous dit : Par son
Fils, Dieu a répandu sur nous l'Esprit en abondance 3 ; il l'a
répandu, mais ne l'a pas créé ; il l'a accordé, mais ne l'a pas créé;
il l'a donné, mais ne l'a pas fait * ; si, en entendant tout cela,
nous sommes persuadés que la grâce est créée, qu'est-ce qui,
selon nous, sera donné, accordé et répandu par l'intermédiaire
du Fils ? L'Esprit lui-même, n'est-ce pas, Celui qui agit par la
grâce, puisque nous dirions qu'il est seul à être sans commence
ment, alors que toute énergie qui provient de lui est créée, comme
l'affirme ce nouveau théologien ? Eh bien, n'arrivons-nous pas
là directement à la pensée des Latins, à cause de laquelle ils ont
été chassés de l'enceinte de notre Église : ce n'est pas la grâce,
mais l'Esprit Saint lui-même qui, à la fois, est envoyé du Fils
et se répand par le Fils 6 ? Voyez-vous son dessein profond et
obscur, la ruse et la perversité cachées dans son entreprise ?
Sa mission en Ita- 4. — Et pourquoi n'y aurait-il pas
lie et ses traités mjs tout son Z^Q> pourquoi n'y aurait-il
antilatins. ,•■• , . , , . •.
pas utilise toute sa ruse et ne s y serait-
il appliqué avec toute son indiscrétion, puisqu'il ne pouvait le
faire ouvertement, lui qui fut, l'année dernière8, envoyé par
notre très divin empereur comme ambassadeur en Italie et,
plus au Nord, dans les Gaules pour inciter les gens de là-bas

1 Cette indication ne doit pas être comprise au sens ethnique : Barlaam était
un Grec de Calabre (voir notre article Les débuts de la controverse..., p. 90-93).
2 Voir par exemple s. Cyhille d'Alex., De adorationc in spiritu et veritate, I
(PG, LXVIII, 148 A).
» Cfr Tite, III, 6.
« Ps.-Basilb, Contra Eunom., V (PG, XXIX, 772 D).
' Dans ses Aoyoi à-noZtiKTiKoi Palamas avait développé le point de vue selon
lequel l'Esprit, éternellement envoyé « du Fils » et « par le Fils », n'était pas la
Troisième Hypostase elle-même, mais son énergie incréée (cfr infra, § 8). Il
se trouve, sur ce point, dans la tradition du patriarche Grégoire de Chypre, adver
saire de l'Union de Lyon, qui avait formellement admis une relation éternelle entre
le Fils et l'Esprit, tout en rejetant le Filtoque Sur ces idées de Palamas, voir
J. Mevendorff, Introduction à l'étude de Grégoire Palamas, Paris, 1959.
* Iltpiav au lieu de vtpvai, cette orthographe semble générale aux XIVe et
XV« siècles et nous l'avons gardée ici (Cfr Palamas, Première lettre à Barlaam,
Coisl. joo, fol. 82 ; Akinuvnos, Discours à Hiérothée, Marc. 1.55, fol. 82, etc.).
TRIADE III, 1, 3-4 563

» vov », cfra kcli tov p.eydXov BacnXeiov Xéyovros ■ « 'Ufé^eev


» €<f> r)p.âs o Oeoç to IIvevp.a rrXovolwç Sià tov Ylov avrov '
» itjéxeev ovk èf/crurev, è^apiaaTO ovk è8r)p.iovpyr)oev, c8a>-
» kcv ovk iiToirjoev », ojfjLev 8' dvaTrefret.op.evoi Kriorr)v ttjv
XÔpw etvat, ri èpovpev StBoodat. Kal xapi'£ea#cu Kal npo^elo- 5
Bai 8wx tov Ylov; Ovk avro to rr/v yépw èvepyovv, eïrrep
ckcîvo pxtvov dvapxov elvai <f>aîp.ev, vâoav Se èvépyetav
avrov KTiorqv, Kaddrrep o veos ovros loxvplt,erai deoXéyos ',
rAp' ovv ov tovt avro èoTiv dvriKpvs to twv Aarlvojv <f>pôw)-

fta, Si' 5 râ>v rijs ko.9' r)p,âs 'EKKXrjolas âireXijXavTat rrepi- 10


f$6Xojv, Sri ov% -r) xdpis, àW avro to IJvevp.a to dyiov ko\k
tov Ylov rrép/nerai Kal Sià tov Ylov TrpoxeÎTat. ', 'Opâre n^v
fiaQeîav avrov Kal avve.OKLaap.evrp> f$ovXr)v kox to BoXepov
/cai KaKovpyov tov iyxeiprjp.aTos ;

4. Tl S' ovk êp.eXXev i-rrl rovro rravrl rpôrrcp o-rrevheiv kol 15


■nâaav p.rjxavr)v Kiveîv Kal Trepiépyœs TrpoofidXXei.v , erreur] <f>ave-
pîos ovk eîxev, o rrépicrv rrapd tov Oetordrov ftaaiXéoJS rjpwv
TTpeapevTTjs elç 'IraXlav Kal ràs âva> .TaAÀtaç dTT€arraXp.évos ,
ws èrrl Ilépoaç ckcIvovs iyeîpat oreiXaadai rrpooeXavvovros
r)pos, avros Se tov pèv okottov rrjs TTpeofleîas imXad6p.evos , 20
û)Ç vorepov ck twv epywv i<f>dvrlt rrpooxo)prjoas Se râ> Traira /cai
Tas evxàs ckcivov ou,rr]plovç aura) yevéoQat. Karà ttjv o86v
€77-ci7rcuv, as Kal èmfioâoQai rfjç irpos tovtov <j>epovorjs ex°~
p,evoç, wç avrôç firjoiv, eV avrov Sierelvaro, elra Kal irpoo-
<f>voas pèv e/cetVai rà X€^V Kac TO yôvv ped r)8ovrjç <bç 25
eoi/ce Kal o-ejSaa/i.aros' àoTraodpevos , rr)v oè Ke<f>aXr]v îmoBeis
raîç ckclvov X€Pat /fa' 1~lv tKeîdev a<f>payîoa ^atpcov oeÇdfie-
vos- El yàp prj vai/JtDV a»? aXr)9â>s, dXX' viroKpLvô/xevoç, tivi

CVSL

1 è((xc V II 2 èij>' înâs ô 8(is : 6 Bios (<j>' v^âç L || 3 è£(X€v ^ I x^ wpo^âAAciv


S H 21 TrâmrqL CL.
564 GRÉGOIRE PALAMAS

à envoyer une armée contre les Perses * à l'approche du prin


temps ; mais il oublia le but de l'ambassade, comme ses ac
tions le montrèrent plus tard, entra en rapports avec le pape
et lui demanda que ses prières le sauvent durant son voyage ;
comme il le dit lui-même *, il tint à invoquer pour lui-même ces
prières parce que le chemin qu'il suivait conduisait chez le pape ;
il embrassa ensuite ses lèvres et son genou, en les baisant,
paraît-il, avec plaisir et vénération, inclina sa tête sous ses mains
et en reçut avec joie la bénédiction 8. Car si sa joie n'était pas
véritable et s'il jouait la comédie, on pourrait se demander quel
moyen il possède pour faire croire à sa sincérité envers nous,
lorsqu'il publiait ses traités contre les Latins * ! Mais la prière
qui leur est ajoutée à la fin démontre l'inconstance de son âme :
Fats complètement disparaître de telles paroles, 6 Verbe sans com
mencement, dit-il en effet, au cas où ton Esprit provient aussi
de toi, en remontant à toi et à ton Père comme à une seule origine
et à un seul principe, afin que par elles je ne sois pas la cause d'un
si grand mal, et éloigne-moi d'une telle erreur avant ma mort B.
Pour quelle raison aujourd'hui encore, après son retour du pays
des Latins, aurait-il immédiatement appliqué son art à rédiger
des traités qui plaident, comme il a été démontré •, en faveur des
Italiens, d'autant plus que c'est d'Italie, comme il le dit dans sa
préface, qu'il fut poussé à écrire le traité Contre les Messaliens, à
moins que ses affirmations mêmes ne soient encore que de la comé
die.
1 Terme communément employé par les Byzantins pour désigner les Turcs (cfr
supra, Tr. II, 3, 4).
* Référence à un rapport de Barlaam sur son ambassade, ou plutôt au texte
même du Karà MaaaaXiavûtv où sa mission en Italie était certainement mention
née (cfr infra, fin du paragraphe).
' Cfr le compte rendu latin des entrevues de Barlaam avec Benoit XII en 1339,
publié par L. Allatius et reproduit dans la PG, CLI, 1331-1342. Sur le voyage du
Calabrais, voir M. Jugie, Barlaam de Seminaria, dans Dict. d'Hist. et de Géogr.
eut., t. VI, col. 822 ; cfr aussi J. Meyendorff, Un mauvais théologien de l'unité,
dans L'Église et les Églises, II, 1955, p. 49-50.
4 Titres de ces traités inédits dans Fabricius-Harl.es, t. XI, reproduits dans
PG, CLI, 1249-1253 ; cfr Les débuts..., dans Byzantion, t. XXIII, 1953, p. 103.
* La plupart des manuscrits des traités inédits de Barlaam contre les Latins
contiennent cette prière qui a été publiée par G. Schirô {Archivio storico per la
Calabria e la Lucania, 1938, p. 155-166) ; des variantes très intéressantes, déno
tant les hésitations du Calabrais, sont signalées par M. Jugie, Barlaam est-il né
catholique? dans Échos d'Or., t. XXXIX, 1940, p. 122-123.
* Cfr supra, § 3.
TRIADE III, 1, 4 565

■JTicrrwaeTou to irpos i)p.âs àvvnoKptTov roîs irpos ckclvovs


€$€vrjveyfjL€Vois Xoyoïs, <fxiirj tiç âv ; 'AXX' r) 7rpoycypap.p.cvr)
TcXcvrcua tovtoiç cv)(T] ociKwow aùroû to ttjs fax*}5 àj8e-
fiaiov ' « IJapdSos » yap <f>r)ow « à(f>avurp.â> 7ravrcXcî tous
• TOtotrrous- Aoyouç, /loye Trpodvapxc, clircp ko! ck orov cent 5
» tÔ oot IIvevpM, cv aïrtov ko! puav dp)çqv oc tc koX tov
» ctÔv Flarepa cira.yop.cvov, ôircos p-rficvl Si' avrâiv tt/Xikov-
» tou KdKov aiTLoç ycvwp.ai, /cà/xè t^ç ToiaurTyç #ca*co§o-
» £taç 77pô tov tcAous à7raAAa£oi' ». TIoLu) Se >cat vûV Aoya»
/tcrà t^v à7r' cKcivaiv ôrai'oSoi' cv&vs rà roîs 'IraXoîç œç 10
àTroSeSewcrai awTfyopoCvra Treptcpytoç ovvtcBcIkci avyypdp.-
/iara, »cai TaûV' e£ IraXlas, a»? airrôç cv irpooip.la) ypd(j>ci, || |f-i99»'
irpos to Karà MaaaaXtavœv ypdtj>€iv KeKi.v7jp.evos, cl p.r)
KCÙ TOVTO VTTÔKpUTlÇ, S Kdl CLVTOS la)(Vpl^CTai .

CVSL
566 GRÉGOIRE PALAMAS

Barlaam est -il un 5. — Tous ses discours ne sont donc


orthodoxe ? que fiction ; ils bafouent et raillent nos
doctrines. L'Église, le sacré et saint
synode, qu'il mentionne ici, apparaissent comme étant ceux des
Latins ! On pourrait prouver, en effet, qu'il préfère toujours
penser selon l'Église des Latins par le fait qu'il n'a reçu de notre
Église presqu'aucune sacrement qui aurait lavé les impuretés qui
proviennent de là-bas ; et pour ne mentionner que cela, depuis
le temps où il est arrivé chez nous, personne ne l'a vu communier
à la très sainte Eucharistie ; et faut-il parler de la prière ou de
l'épiclèse sacrée, ou du sceau cruciforme dans les cheveux et des
autres symboles si importants de l'initiation monacale 1, sans
lesquels nous autres, qui obéissons aux règles des saints Pères,
nous ne pensons pas qu'il y ait de moine ? Cet homme, en effet,
n'a pas même demandé la prière sacrée qui introduit dans le
sacrement du monachisme 2 : il s'est fait moine lui-même ; bien
plus : c'est un faux moine ! On reconnaît l'arbre à ses fruits 3,
est-il dit en effet ; que ceux qui l'entendent de leurs propres
oreilles lui répètent donc les paroles mystérieuses sur le jugement
qui l'attend *. Quant à moi, tous ces faits me font soupçonner que
ce n'est pas par ignorance qu'il déclare que la grâce déifiante de
l'Esprit est créée, mais bien par malveillance. Mais si c'est par
ignorance, puisqu'il condamne ceux qui possèdent la connais
sance, en ajoutant la témérité à son ignorance dans ce domaine,
sa faute est, je crois, encore plus lourde, car toutes les doctrines
abominables ont surgi d'une source pareille à celle qui aujourd'hui
a fait apparaître cet homme comme un défenseur d'hérésies
malignes et diverses, comme notre traité le montrera plus loin.

1 Cfr Ps.-Denys, De eccles. hier., VI, 3 (PG, III. 533 AB).


1 C'est-à-dire la forme byzantine du noviciat (cfr Ps.-Denys, ibid.).
3 Matth., XII, 33.
* Cette dernière phrase sur les fiuartKol Xàyoi a été interprétée comme se
rapportant au projet d'union des Églises proposé par Barlaam au Synode de
Constantinople (C. Gianelli, Un progelto di Barlaam per l'unione délit Chiese.
dans Miscellanea G. Mcrcati, III [Studi e Testi, 123], Città del V'aticano, 1946.
p. 171 ; l'auteur cite les Triades d'après le Vat. gr. 1711). Le sens littéral de la
phrase ne permet pas, à mon avis, cette interprétation et se rapporte au contexte
évangélique de Matth., XII, 33, c'est-à-dire aux paroles du Christ sur le péché
contre l'Esprit (Matth., XII, 32).
TRIADE III, 1, 5 567

5. Toiyapovv o-ktjvt) nâs 6 Xôyos aura), KU)p.a}8ovaa


xaî iraLl,ovoa rà r)p.éTepa, Kai ffv 'EKKXrjalav ckcZ ko! avvo-
8ov iepàv Kai àyiav <j>r]cn, rrjv tcôv Aarivcov êoïKe Xeyeiv.
"On yàp èv nâai p,âXXov Kar èKeivrjv <f>poveî TeKpvqpnoaaiT'
âv tic Kai ru) p.r]8 ovtivovv o~x^86v àyiaap.ov àno rfjs ^f^€- 5
repas 'EkkXtjoÎcls ■npoo~t]KaaQai, tovs cKeîdev <X7ro//.aTTOVTa
oirîXovs, Kai 'va râXXa irapœ, Toaovrov 17877 xpôvov àtf?
oSirep i7re8rjp,T)cr€v ~qp.lv, ov8eis èatpaKev avrov ttjs àynurà-
■njs evxapioTias èv p.e9é£ei yev6p.evov ' ri xP*) Xéyeiv evxjjv
77 èTrÎKXqoiv iepàv 77 rqv èv dpi£i aravpoeiSrj o<f>payî8a tcal 10
tÔAA' ocra ovp.fioXa p.ovaxiKTJs TeXeiwaecos , cov âvev p.ova-
Xov eivcu -nap "fjp.lv ov vop,l£eTai roîs tcôv àyiaiv iraréptov
6eap.o6eoîais îmeiKovaiv ,' Ovtos yàp ov8' ctt' elaayatyfj
p.ovaxtKOv p,vo"rqplov ei>xyv yovv iepàv èTretjjrriaev , aXX'
avrô-uXacrrôs èari p.ovaxôs, ov ttoXv 8 eirreîv «rai èTrnrXaar- 15
tos ' « 'Ek Ton/ KapTîdv » yàp <pi]ai « to 8év8pov èmyivioa-
» Kerai ». Tovs ye pvr\v irepi p.eXXovo~qs KoXdaews pjvari-
kovs avrcp Xôyovs XeyeTcoaav oi avrrjKooi. 'Eyih 8' e*c tov-
toiv Kai tcôv T010VTCJV ovx vn7 àyvoias, àAA' îrno KaKovoias ,
KTio-rqv avrov anocfraiveadai ttjv deoiroiov virevôrjoa X^-PIV 2°
toû IJvevp.aTos ' et, S' àp1 vit* àyvoias, èrrei KaraXoyoypacf>eî
tcôv etSoTCov, airôvoiav rfj irepl rà roiavra ovÇevtjas àyvoia,
X^îpov (Ls eyâ>p.ai to êyKXrjp.a ' Soy/xa yàp àTrorpôiraiov
àirav eK Toiavrrjs àveppàyq irr]yrjs, à<f>' rfs Kai vvv oSros
■jrpooTaTrjs irovT\pûiv re Kai iroXXwv aipéoeiov àva7ré<prjvev , ^5
ws ô Xôyos Set^et irpoïœv.

CVSL
ICI 0(f>payîba S [[ 15 Kai om. C.
568 GRÉGOIRE PALAMAS

Barlaam rejette la 6- — Maxime, le sage dans les choses


grâce. divines, conformément aux paroles du
grand Macaire et de tous les autres saints,
et comme nous l'avons exposé dans les traités publiés par nous
sur la lumière divine *, affirme que les prémices de la promesse
qui doit s'accomplir, la grâce de l'adoption, le don déifiant de
l'Esprit sont une lumière de gloire supraindicible, contemplée
par les saints, une lumière hypostasiée, incréée, Etre éternel et
provenant de l'Etre éternel, manifestée inintelligiblement dès
maintenant d'une façon partielle à ceux qui en sont dignes, et
plus parfaitement dans le siècle à venir, et, par elle-même, leur
faisant voir Dieu *. Ce philosophe, voyant bien qu'il était étran
ger à une telle lumière, puisqu'il n'avait pas le moins du monde
suivi le chemin qui y mène, ne put le supporter : il n'ajouta pas les
œuvres à la foi, pour atteindre ainsi la contemplation ; au contrai
re, il repoussa la foi elle-même et dans ses traités fit preuve de
mépris envers ceux qui ne l'ont pas repoussée, mais ont été élevés
par elle ; son but était de paraître supérieur à eux aux yeux de
la multitude ; il rejette donc la grâce, blasphème contre le Seigneur
de la grâce et traite avec dédain à la fois tous les saints, tous ceux
qui ont pu apprendre par l'expérience et donner un enseignement
sur la lumière de la grâce.

Le cas du « Bla- ?• — Mais, lorsqu'il crut devoir se


chemite». lancer dans cette audacieuse entreprise,
il n'habitait pas parmi des Scythes et ne
faisait pas un tour chez les Arabes, mais se trouvait dans l'Église
même du Christ, aujourd'hui surtout, alors qu'elle garde mieux
que jamais la parole de vérité 3; il a donc recours à une grande
ruse et lance ses traités contre les saints dans l'ombre la plus
épaisse et en se cachant le mieux possible, comme si, en
faisant une telle révolution, il ne faisait que combattre pour
l'Église du Christ elle-même et ses dogmes pieux. En évitant de
nommer aucun saint, il mit en avant un certain Théodore, origi-

1 Le Tr. I. 3 et le Tr. II, 3.


* Voir notamment les citations de Maxime dans Tr. 1, 3, 20, 37 ; Tr. II, 3, 37,
etc.
» Chinim., U.15.
TRIADE III, 1, 6-7 569

6. '0 fièv yàp ao<j>6ç rà deîa MdÇipœs, avvwSà tû fieydXw


MaKapla) Kal toîs dXXots âiraaiv àyiois, KaOâvep èv toîs
irepl tfxoTos delov è£evT)veyp,évois r)p.îv Xéyots 77poefe0€/u.e0a,
tov àppafiwva rfjs ueXXovcrrjS èTrayyeXlas, ri]v X^PIV T^s
vloOtaLaç, ttjv OeotTotov 8œpeàv tov Ilvevp,aTos, <f>â>s eîval 5
tfyqoiv VTrepapprjTov 86£t)s toîs àyiois èiroTTT€v6p.evov , <f>œs
èwirôoraTOV , aKTiOTOv, àei ov €K tov àcl ovtôs Kal àveiri-
VOrfTUiS VVV fL€V €K fJ.€pOVS, ètrl 8è TOV fléXXoVTOS alâjVOS
TeXearrépoJS <f>av€povp.evov toîs a£iois kcu tov Oeôv avroîs
81' iavrov <f>av€povv. 'O 8è <f>iX6oo<f>os oStos Çèvov èavrov 10
TOV TOLOVTOV OWOpâlV (ftOJTOS, <Î)S TTJS TTpOS O.VTO <f>€pO VOTjS
p.rj8è irpos oXiyov i)up,èvos, (f>épeiv oîôs tc œv ov8ap,tùs,
où tj morei ttjv irpâÇw rrpooèOr]K€V , Iva SV avrrjs irpos
eKeivr/v <f>ôdo"r) rqv deœptav, àXXà Kal ttjv ttlotiv àirapvrf-
oâp.evos Kal tovs p.r] Tavnjv Tjpvr)p.évovs , aXXà Kal 8C avrfjs >5
àvriyuèvovs, ojs VTrkp avrovs toÎs ttoXXoîs avros 8o£ai, || M- 199»
toîs Xéyots èÇovSevojaas, àdereî p.èv tt)v ^âpiv, ftXao<fyqp,€Î
8c els tov rfjs x^PlTOS Kvpiov, aTi/iaÇct 8è Kotvrj 7ravras
tous aytovs, 0001s èÇeyeveTO 8tà netpas ptadeîv T€ Kat SiSa-
Çai irepl tov <f>a>TOS ttjs ^a/HTOç. ^o

7. 'Eirel Se rotavra ToXp.rjoat 8eîv eyvaiKev, ov EKvdats


ivoïKiôv, 0118' Ayaprjvoîç èvoTpe(f>6p,evos , àXX' èv pLeoj) tjj
tov XpioTov 'EKKXrjola, Kal ravra vvv eiirep ttotc « tov Xéyov
» ttjs àXrjdçias opdoTop.ovo-r) », ttoXXw xpiJTai tô> 8éXcp
Kal ovveoKiaofji.évoJS dyav Kal uer è7riKpvifjeais ôVi irXelorrjs -5
tovs /carà TtDv àyltuv irpoTiOeTai Xôyovs, <ôs înrèp avrrjs
ttjs tov XpioTov 'EKKXrjaias Kal tû>v Kar' aîiTTjv cvoefiœv
hoyjxâTOjv 6 ravra TTepLTpéiraiv àyujvtl^op.evos . 'Acfrels
Toiwv irâoav iravTos àyiov èirwvvp.Lav, TparreÇovvTiov Tiva
0e68a>pov els uéaov TTporjyayev, 8s irpoéoTH] p.èv tôjv 3°
BXaxepvojv , Ta MaooaXiavœv S' i<f>top<i9r] voaâiv ' tovtov
Tolvvv TTporjveyKev virkp iavTov 8ijdev àiToXoyovp.evov /cai

CVSL
570 GRÉGOIRE PALAMAS

naire de Trébizonde, qui présidait aux Blachernes 1 et fut con


vaincu de Messalianisme. Barlaam proclama donc que cet homme,
lorsqu'il se défendait, disait clairement qu'il ne considérait pas
que le Mystère suressentiel était aujourd'hui visible, comme il
l'était auparavant 2, mais que sa gloire était visible ; cette gloire
de Dieu, selon lui, était une lumière hypostasiée, incréée, revêtue
des noms de Divinité et de Théarchie et simplement de tous les
noms que les saints ont appliqués dans leurs écrits au don déi
fiant de l'Esprit 3.

Denys, Maxime, 8. — En effet, le grand Denys l'a


Cbrysostome et SOUVent appelée dans ses traités Théar-
asi e" chie, Principe du Bien et Divinité, parce
qu'elle est le principe de la divinisation. Mais Dieu, dit-il,
est au-dessus d'elle, parce qu'il est Celui-qui-est-plus-que-Dieu
et dépasse tous les principes *. Quant au divin Maxime, il ap
pela cette Divinité « déification » et, en définissant la déifica
tion, il a dit qu'elle était un éclat hypostasié, incréé de par son
origine et apparaissant incompréhensiblement dans ceux qui
en sont dignes 5 ; et il ajouta ce que nous avons cité un peu
plus haut. Nous avons, par ailleurs, entendu le grand Ba
sile dire que ce qui se déversait sur nous par le Fils était incréé s.
Et Jean à la langue d'or, qui se rapproche de Basile par la vi
gueur de ses paroles, fait honte aux Latins et renverse les ma
chinations perfides de cet esprit frivole en disant que ce n'est
pas Dieu, mais la grâce qui s'est déversée 7. Avant le Père à la
parole d'or, le prophète Joël le fait aussi, ou plutôt Dieu en
parlant par le prophète : il ne dit pas « je déverse mon Esprit »,
mais je déverse de mon Esprit 8. Donc, si l'Esprit ne se divise pas

1 Ce curé de l'église des Blachernes, à Constantinople, condamné sous Alexis


Comnène, est mentionné par Anne Comnène dans VAlexiade, X, i, éd. Leib
(dans Collection Budé), t. II, p. 189. Cfr Introd., p. XXI.
• Sans doute au moment de l'Incarnation.
» Cfr surtout Ps.-Denys, Epist., II (PG, III, 1068-1069).
« Cfr Epist., II (PG, III, 1068-1069).
• Ad Thaï., LXI, schol. 16 (PG, XC, 644 D).
• Ps.-Basile, Contra Eunom., V (PG, XXIX, 772 D) ; cfr supra, Tr. III, 1. 2.
' Ad TU. hom., VI, 5 (PG, LXII, 696).
• Joël, II, 28 ; cfr Actes, II, 17.
TRIADE III, 1, 7-8 571

Aéyovra aaxf>û>s uij rfjv vnepovoLOV KpvfyUmyra. vvv Kadâirep


trpoTepov ôparrjv SoÇcLÇew tov Oeov, àXXà i-r)v 8o£av, 8o£av
8' eîvat <f>d(jKOVTa Oeov <f>û>s èvxynôararov kox àyévqTov ko!
ideÔTtyra'» icai «deapxlav* 6vop.aC6p.evov, koI aTrXœs ocra irepl
TT/s deo-noiov Sojpeâs tov fIvevp.aTos oi âytoi oweyp6.tfia.VTO.

8. « Seapxiav » yàp Tavr-qv Kal « àyadapxiav » *cai « deo-rrj-


» ra », tî>s ùpX7lv T**>v Oeovp.éva)v oZaav, voXXaxov twv X6ya>v
6 p.éyaç Aiovvatos irpoaeÎTrev , « rys- eW/ceiva » (fyrjaiv « etvcu
» tov 0eo»' ô»? xmépdeov ovra ko! îmepâpxiov ». Ma£ip,os
Se ô ôeîos « déwatv » ttjv deorrjTa 7rpoorjyopevae tclvtt)v ' 10
ttjv Se ôécoow ôoiÇduevoç, « èvim6o~rarov » e?7rcv « éXXap.-
» i/tiv, /^ êxovaav yéveoiv, àXX' àveirivôrjTOV èv toîç 6J;lois
» <f>avépwoiv », 7rpoadels Kal toÀÀ ocra fiLKpov àvayrépai
irpodévTes ë<f>0r]pev. BaoiXeLov Se toO p.ey6Xov àK7]KÔap.ev
ewrovToç âKTiorov to Scà toû Ytoû èç4' ij/xâç eKxeôp.evov. 15
Iœavvqs Se, d tt/v yAcÔTTav xpvcrovs, tû> BaaiXecov KpàWet
TÔ)V Xôyutv ovva<f>9eîs, tovç tc Aarivovs alaxvveî Kal rà
SoXepà tov Kev6(f>povos tovtov KaTaXvoei p,r)xavrfp,aTa,
« p.rj tov Oeov » Ae'ycav, « àÀAà ttjv X(*PIV eKxeîodai ». Kal
■npo tov X.pvooppj)p.ovos narpoç 6 ■npo<$>ryrt)<; 'IojrfX, ficiXXov 20
Se 8ià tov Trpojyryrov 6 ©eos cIttojv ' ovk « e/c^etô to Tïvevp.6
» p,ov », àAA' « c/c^ecô arro tov IJvevp.aT6s /nou ». El toLwv
to I7vevp,a prj tfaTa/cep/zaTi^eTCu, ti to e»c toû TIvevp.aTOS
tov Oeov vtto Oeov kot1 èrrayyeXlav eçi' rjp,âç eKxe6p.evov
Tlvevpa,' rAp oi>x t] tov IJvevp.aTOS X^-P15 T€ Ka* évépyeia, 25

èvépyeia ovaa tt)s 0 votas tov IJvevp.aToç ,' '^4AAà tÔ napà


tov ©eov i(f> rjp.âç i^eôp-evov Tlvevp.a ovk eKTiorai Karà
tov p.éyav BaolXeiov. "Aktigtos tj X^-PIS (¥)a> Il Ka' tout' |f. 2oor
ioTiv ô Kal SiSoTai Kai irep-ireTai /cai xaPiC€Tai irapà tov

CVSL
572 GRÉGOIRE PALAMAS

en petites parts, quel est cet Esprit que Dieu déverse sur nous,
selon sa promesse, en le prenant à l'Esprit de Dieu ? N'est-ce
pas la grâce et l'énergie de l'Esprit qui est une énergie de l'essence
de l'Esprit ? Mais l'Esprit que Dieu déverse sur nous n'a pas été
créé, selon le grand Basile. La grâce est donc incréée et c'est
cela que le Fils donne, envoie et accorde à ses disciples ; ce n'est
pas l'Esprit lui-même ; et c'est là le don déifiant qui est une éner
gie non seulement incréée, mais inséparable du très saint Esprit.
Écoute encore le grand Basile dire : La vie que l'Esprit envoie
à une autre hypostase ne se sépare pas de lui l. Et pour que personne
ne considère que Basile parle ici de notre vie naturelle (bien qu'il
dise que l'Esprit l'a « envoyée », et non créée, et même qu'il
l'« envoie », ce qui est un terme aussi significatif qu'« incréé »
et «sans commencement »), pour qu'on ne croie pas cependant
qu'il parle d'une réalité naturelle, il ajoute : Et ceux qui y par
ticipent vivent d'une façon qui convient à Dieu, ayant acquis une
vie divine et céleste 2.

L'énergie « hypos- 9. — Une telle vie divine et céleste,


tasiée ». qui appartient à ceux qui vivent d'une
façon convenable à Dieu en participant
à la vie inséparable de l'Esprit, comme Paul vivait lui aussi, selon
l'expression du divin Maxime, d'une vie divine et éternelle qui
appartenait à Celui qui était venu habiter en lui 3, une telle vie
existe toujours ; elle existe dans la nature même de l'Esprit,
dont la nature est de déifier, de toute éternité. Elle est justement
appelée « Esprit » et « Divinité » par les saints, en tant que don
déifiant * qui ne se sépare jamais de l'Esprit qui la donne. Elle
est une lumière, accordée dans un éclat mystérieux et reconnue
seulement par ceux qui en ont été dignes. Elle est « hypostasiée »,
non parce qu'elle possède une hypostase propre, mais dans la
mesure où l'Esprit l'envoie dans l'hypostase d'un autre 5, c'est

1 Ps.-Basile, Contra Eunom., V (PG, XXIX, 772 B).


• Ibid.
» Ambiguorum liber (PG, XCI, 1144 C) ; cfr Cap., V, 85 (PG, XC, 1384 D)
(cfr Gai., Il, 20) ; ce paragraphe et le précédent sont très proches, par leur
contenu et leurs expressions, du texte de la troisième lettre à Akindynos (édit.
Meyendorff, dans ©«oAoyi'a, t. XXIV, 1953, p. 579)
« Cfr Ps.-Denys, Epist., II (PG, III, 1068-1069).
» Ps.-Basile, Contra Eunom., V (PG, XXIX, 772 B).
TRIADE III, 1, 8-9 573

Ylov rots fiadrjraîs, àXX' ovk avTo to IIvevp,a, Kal tout


iarl tÔ Sœpov tÔ OzottoiÔv, èvépyeta ov ovk &ktiotos p.6vov,
cLÀAà Kal à^cupiCTToç tov iravayiov IJvevfiaTOS- "Akovgov
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tov Aeyeiv ^om^v, /caiVoi « irpoéadai » <f>dp.evov, àXX' où^i
KTiaat, p,âXXov 8è « npoteaBai », o /i€T<x toû « cuctio-tou »
icaî toû « àvâpxpv » 77a>? èp.<j>avTiKorr€p6v coriv, ôpuos ?va
/xi^ 80^7? <J>volk6v ti Àe'yeiv €7T^veyice " « /Cai oî p.€Téx<>VT€S '°
» aÛToû £tûo-i deoirp€7Tws , Çwrjv deiav Kal ovpaviov KeKTr/-
» puévoi ».

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£ajfjs, (Loirep Kal 6 TJavXoç èt,rj « ttjv tov èvoiKTjoavTos 15
» 0eiav Kal àîSiov » /ca/rà tov Oeîov Md£ip.ov « Çœrjv », 17
Toiavrq Toiyapovv t,wrj, àel /xéV eori, <j>vaiKâ>? èvvirdpxovaa
tw Tlve.vp.aTi, deoTTOLcîv e£ àïStov ttc^vkotl, « Tïvevp.d » Te
/cat « QeÔTrjç » irpoaayope.ve.Tai St/cataiç irapà twv àyiojv,
axe. Sajpeà 6eoiroi6s, tov oioovtoç TJvevp.aToç TJKioTa XœPl~ 2°
£,op.évr], (f>ws Se èoTt, 81 àiropprjTov èXXdpnjjeais xoP7)yov~
p.évt] Kai toÎç TjÇioûpevois eyvajo-pLevr/ p.6vois, èwirôoTarôs
ye p-T\v, oi>x ^s avdvTruoTaToç , aXX eirei « etç aXXov VTrôoTaatv »
to TIvevp.a « TTpoîeTai avrrjv », èv fj Kai OeaipeÎTai. Toiovtov
yàp to Kvpiœs èvinrôaraTov , ov Kaô' èavTo, ov8' èv tt} ovoia, >-$
àAA' èv Tjj VTTooTaoei. Oeœpovpevov. El 8è Kal èrepos èoTt.
rpoTTOS 8l' ov èwirôoTaToç KaXeîrai Trapà tôjv àyiaiv, èpov-
pLev TTpoïôvTes- 'YTrépKeiTai 8è ttjs èv avTÔ> Kal è£ avrov

CVSL

IO i-n-qvcyKïv CL.
574 GRÉGOIRE PALAMAS

dans cette dernière qu'elle peut être contemplée. C'est là, en effet,
ce que l'on appelle proprement « enhypostaton » : ce qui est
contemplé non pas en soi, ni dans l'essence, mais dans l'hypostase.
Et s'il y a une autre manière selon laquelle les saints l'appellent
« hypostasiée », nous le dirons plus loin 1. Mais l'Esprit Saint
dépasse la vie déifiante qui est en lui et qui provient de lui,
car elle est sa propre énergie naturelle, qui lui est semblable, mais
pas d'une façon exacte. Car il est dit : Nous ne voyons aucune
déification, ni aucune vie qui soit exactement semblable à la Cause
qui dépasse toutes choses dans sa sublime transcendance -. Elle est
donc semblable, mais pas exactement. Mais l'Esprit ne la
dépasse pas seulement en tant que cause, mais aussi dans la
mesure où ce que l'on reçoit n'est toujours qu'une partie de ce
qui est donné : celui qui reçoit la divine énergie ne peut la con
tenir tout entière. Voici donc les diverses manières selon lesquelles
Dieu transcende une telle lumière, un tel éclat incréé, une telle
vie et ce qui leur est semblable. Tel est l'enseignement du grand
Basile.

La gloire divine du ^- — Syméon, le divin Métaphraste,


Christ. a lui aussi composé, à partir du premier
livre du grand Macaire, des traités divisés
en chapitres, au sujet de cette lumière et de cette gloire et il en
donne une interprétation détaillée, harmonieuse et claire. On
ne saurait trouver rien de meilleur que de présenter ici quelques-
uns de ces chapitres, en les abrégeant et raccourcissant dans la
mesure du possible, pour bien contribuer au sujet qui nous occupe
et rendre, en même temps, service aux lecteurs. Dans le chapitre
62, il dit : Le bienheureux Moïse, par la gloire de l'Esprit qui
resplendit sur son visage et qu'aucun homme ne pouvait fixer du
regard, montra par ce signe comment, lors de la résurrection des
justes, les corps des saints seront glorifiés ; cette gloire, les âmes
fidèles des saints sont jugées dignes de la recevoir dès maintenant,
dans l'homme intérieur ; car, dit-il, nous contemplons la gloire du
Seigneur le visage découvert 3, c'est-à-dire dans l'homme intérieur,

1 Cfr infra, § 18.


1 Ps.-Denys, De div. nomin., II, 7 (PG, III, 645 B).
5 II Cor., III, 18.
TRIADE III, 1, 9-IO 575

dcovpyov ÇcorjS' to IIvevp.a ro âyiov, ws otK€ias €p.<f>vrov


ivepyelas, rjrtç xal èp,<f>€prj^ Iotiv eKelvip, el /cai prf à/cpij8â)s '
« OùSe/Ai'av » ydp <f>rjoiv « ôpwptv déwaiv 77 £a>rjv, tJtis ài<pi-
» Pcôs èp,<f>ep-qs ion rfj irdvrwv V7T€pK€ip.4vr] Karà irâoav
» xm€po\r]v alriq. » ' œore ip,<f>eprjs p.év, àXX' ovk àKpij3â>s.
0v\ ù)S aïriov oè uôvov VTrépK€t.Tai ro I7vevp,a to âyiov,
dXXà ko.1 8ià to ttoXXootov tov oôp.a.TOS àel to Xrjp.p.a eîvai,
p.rj to irâv rfjs 6elas èvepyeîas xa,P°^VTOS T°v Xap.f$dvovTOÇ .
OvTOl TToXvTpÔTTWS VTtèp TO TOIOVTOV <f>Û>S KO.1 TTjV TOiaVTt]V
S.KTIOTOV éXXap,ipîv T€ Kdl Çarqv ko.1 rà napanX-rjoia vrrdp-
%ei o Se6ç. TavTa p.èv ovv 6 p.éyas BaolXeios.

10. Uvpiewv oè 6 evOeos MeTa(f>paoT-^s , itcrov npwTov fiifiXîov


rov p.eydXov MaKapiov ovvTaÇdpevos K€<paXaid)oeis Xôyovs
trf.pi tov (ftojToç tovtov /cat rrjs oôÇrjs TavTTjs, epfieXtos ap.a
kcu ivapycôs i^rjyeîrai oiet;ooiKU>T€pov. Ovoèv S' oîov ko.1 Tiva '5
eç ai)Tœv eus olôv re ovveXovTa kcli VTTOTep.6p.evov ivTavôoî
TrpoOeîvai |[ irpàs râ> péya ti tû> irpoK€tp.eva> Xôyœ ovvTeXeîv, ||f. 200V
OVOeV fjTTOV XvOLTçXoVVTd KO.1 TTpOÇ TTjV TCOV èvTVy\av6vTOJV
ù><f>éXeiav. 'Eu yovv tôj èÇrjKoorû) oevrépœ K€<f)aXalu) <f>fjoi'
« Mwoijs ô fxaK<xpioç VTréoeiÇe tvttov 81a ttjç tÛ> Trpooœ- 10
» 770J avTov i7TLXap.7Tovor)ç tov TJvevparos oôÇrjç, fj ov-
» oelç âvupaiTTœv arevicai rjOvvaro, rrwç iv rfj tû>v oiKaiœv
>> dvaoTaoei ra ocopara ho^aoBrjoerai râ>v àyluiv, r)v 86£av
» ano tov vvv ev tô> €Ooj dvôpcÔTTto at ttlotoI tÔ)V aytojv
>> é)(€iv Kara^LoCvrai, ^)v\ai ' rj/J.eîç ydp » (jyrjoiv « dva.K€- 15
» KaXvp.jJ.€V(X> —pOOWTTU), TOVtÎoTL TU) €OU) dv6pâ)7TO), TTjV
» oà£av Kvpiov KaToiTTpc^ôueda, ttjv avrrjv eu<6va /xera-

CVSI.
576 GRÉGOIRE PALAMAS

transfigurés de gloire en gloire selon la même image l. Et dans le


chapitre 63 : La gloire, dont s'enrichissent, dès à présent, comme il a
été dit, les âmes des saints, revêtira et couvrira les corps nus, lors
de la résurrection, et les entraînera aux deux, recouverts par la
gloire de leurs bonnes actions et par celle de l'Esprit, la gloire que
les âmes des saints ont reçue dès à présent en partage, comme je
l'ai dit; ainsi glorifiés par la divine lumière, les saints seront pour
toujours avec le Seigneur 2. Voilà pourquoi cette lumière, selon
le grand Denys, illumina les apôtres choisis sur la montagne.
Lorsque nous deviendrons incorruptibles et immortels, dit-il en
effet, et lorsque nous parviendrons à la destinée conforme au Christ
et bienheureuse, nous serons toujours avec le Seigneur, conformé
ment à l'Écriture 3, remplis, dans de très pures contemplations, de
sa théophante visible qui nous illuminera de ses très lumineux
rayons, comme elle illumina les disciples lors de la très divine Trans
figuration *. C'est donc là la lumière de Dieu, comme Jean l'a
dit dans l'Apocalypse 6, et telle est l'opinion de tous les saints.
Et Grégoire le Théologien dit : A mon avis, il viendra avec son
corps, tel qu'il apparut ou fut manifesté aux disciples sur la mon
tagne, la Divinité triomphant des caractéristiques de la chair *.

Il n'y a plus de H- — Mais, dit-il, cette lumière était


symboles ! une lumière sensible, visible par le moyen
de l'air ; elle apparut alors pour produire
de la frayeur et disparut immédiatement; on l'appelle Divinité,
parce que c'est un symbole de la Divinité. Quelle nouveauté !
On nous parle d'une Divinité qui ne dure qu'un jour, sensible
et créée, qui apparaît un jour pour disparaître le même jour.

1De elev. mentis, 1 (PG, XXXIV, 889 C) ; paraphrase de XHomélie, V, 11 (PG.


XXXIV, 516 BC).
• De elevatione mentis, 2 (PG, XXXIV, 892 AB) ; cfr Philocalie, édit. de Venise,
p. 719-720 (texte plus complet) ; paraphrase de la même homélie de Macaire,
§ 12 (ibid., 517 AB).
• I Thessal., IV, 17.
*De div. nomin., I, 4 (PG, III, 592 BC).
• Cfr Apoc. XXI, 23-24 ; XXII, 5.
*Epist. CI, ad Cledonium (PG, XXXVII, 181 AB).
TRIADE III, 1, IO-II 577

» p,op<f>ovp.evoi àno 86£r)s eîs 86£av ». Kac iv t& f^Tj/cooTÔ)


rpiTO) " « Ttjp 86£av rjv ivrevOev ws eïprjTai. ttXovtovoiv ai
» rûw ayuuv ijivxal, iKelirq KaXviftei Kal àp.<f>ida€i rà yvpvà
» aôip.ara iv rij àvaorâoei Kal elç ovpavovç àvâpiraara
» TTOirfcrei, Trepi^e^X-quiva rfj twv àyadiôv epyojv Kal rfj tov 5
» TTvevfj.aTOS 86ijr), fjv èvrevdev ojs è(f>T]v al rwv àylatv êXa-
» \ov êx€LV ^v^al' Kal ovtoj 8o£ao6ivres ol âyioi delà» <J>ojtI
» avv t<S Kvpla» oia7ravrds ëaovrai ». Tout' âpa ro <f>ws
eKeîvo, Karà tov p.éyav Aiovvatov, S tovç tcôv àirooTÔXojv
€KKpiTOVS TrepiéXap.i(i€V irrl tov Spovs ' « "Otov » ydp <j>r)oiv 10
« â<f)dapTOi, Kal àOâvaTOi yevœueda Kal tt)s x/HoroeiSoûs'
» Kai p.aKapta>râ.T7]s i<j>iKwueda XrfÇeojs, irdvTOTe avv Kvplip
» Kœra ro Xoyiov ioôp.eda, ttjs p.èv ôpaTrjs avrov 6eo<f>aveias
» ev iravdyvois deojpiais à7roirXr)povp.evoi <f>avoTa.Tais aap-
» p.apvyaîs ij/xâç ireptavyaÇovoTjs , œç tovs uadr/ràs iv iKeivrj 15
» ttj deioTaTT) p.erap.op<f)â)0€L ». Tout* âpa Ocïkov iari to
<f>ws, d>s Kal 'Ia>âwT)s iv tt) 'ATTOKaXviftei e<f>r) Kal toîs âylois
nâai crw8oKeî. Fprjyopios 8è ô rfjs OeoXoyîaç i-irojvvp.os
« îjÇei p.év » <f>-qat « uerà acouaroç, ojs o iuos Xoyos, toiov-
» tos 8è oloç œ<f>0ir] toîs p.a6r)Taîs iv rœ opei rj 7rapeSet^077 20
» Vn€pVLKWOT)S TO OapKLOV TTJÇ OeOTTjTOS ».

11. « 'AXX' alaOrjrov tJv » <f>rfoi « tÔ <f>û>s iKelvo Kal


» 81 àipos âpaTov, totc yeyovos npos €KTrXrj^i.v Kal evOvs
» àiroyevôuevov , Kal 9e6rrjs Xéyerat. a»? ovp.fioXov deÔTi)TOS ».
Trjs KaLvo4>ojvlas ' jJKOVGTac Kal av6r/p.epi.vrj OeoTTjs, aladT]- 25
TTj Kal yevrjTrj, i<j>' r/fiépav yivofiévrj Kal e^' rjuipav <f>6ei-
pop,ivrj, Karà rà KaXovp.eva râ>v Çcutov « i(f>ijp.epa », uâXXov
8è Kal Tovroiv SXiyoxpoviajTepa, avdojpov yivo/xévrj T€ Kal
Xvop.évrj, fiâXXov 8è «■ycvouévrj p.év ttotc, ovaa 8è oùSeVore ».
ToiaVTT) OVV deÔTTjS VTTepvÎKTjOe T7fV TTpOaKVVrjTTfV iKCLVrjV 3°
Kal ép.6deov oâpKa, 17 p.-q ovaa OeoTTjs oùScVoTe/ MâÀXov

CVSL
10 TTfpUXXanipcv C jt I 2 èi*nKa}fi.ida Xrf^tws '■ A^fcajç €tj>iK co^icda L.
578 GRÉGOIRE PALAMAS

à la façon des animaux que l'on appelle « éphémères » ; et elle


existe même moins longtemps qu'eux, puisque son apparition
et sa destruction se produisent au cours d'une seule heure ; il
vaudrait mieux dire qu'elle apparaît parfois, mais n'existe jamais l.
Est-ce là la Divinité qui, sans jamais être une Divinité véritable,
triompha de cette chair adorée et semblable à Dieu * ? Et il ne
faut pas dire qu'elle en triompha un moment, mais qu'elle en
triomphe continuellement, car il n'a pas dit « ayant triomphé »,
mais triomphant, triomphant non seulement dans le présent,
mais aussi dans le siècle à venir. Que dis-tu ? Est-ce à une Divi
nité de ce genre que le Seigneur sera attaché et est-ce elle qui en
triomphe pour des siècles infinis ? Et pour nous Dieu y remplacera
toutes choses, suivant les paroles des apôtres et des Pères *,
alors que pour le Christ la Divinité sera remplacée par une lu
mière sensible ? Suivant ces mêmes paroles, nous n'y aurons
besoin ni de l'air, ni de l'espace, ni de rien de semblable *, mais
nous verrons la Divinité par l'intermédiaire de l'air ? Comment
y aurions-nous encore des symboles de ce genre, encore des mi
roirs, encore des énigmes, comment la vision face à face y serait-
elle encore du domaine de l'espérance 5 ? Ou plutôt, s'il y a encore
là-bas des symboles, des miroirs et des énigmes — ô ruse et
trahison ! —, nous avons été trompés dans nos espérances, bernés
par des sophismes : en pensant que la promesse nous y fera acqué
rir la Divinité, nous n'accédons même pas à la vision de la Divi
nité ; une lumière sensible la remplace, une nature absolument
étrangère à la Divinité ! Comment cette lumière peut-elle être
un symbole ? Et si elle l'était, pourrait-on l'appeler « Divinité » ?
Le dessin d'un homme n'est pas l'humanité et l'apparition sym
bolique d'un ange n'est pas la nature angélique elle-même !

1 Expression du Timée de Platon (27 d, édit. A. Rivaud, dans la Coll. Budc,


p. 140) que Barlaam appliquait aux visions des hésychastes (cfr supra, Tr. II,
3. 55)-
* Expression de s. Grégoire de Nazianze (voir § 10).
* Cfr Col., III, 11 et s. Grégoire de Nysse, De anima et résurrection* (PG,
XLVI, 104 C).
4 S. Grégoire de Nysse, ibid.
* Passage inspiré d'un texte de s. Jean Chrysostome, Ad Theod. lapsum, I, 11
(PG, XLVII, 292) sur la Transfiguration : KaroTrrtvav i( g ràv flaoïXéa. avrôv,
ftijif/rt iv alvlyy.a.Ti, ftr/Si Si' iooTrrpov, àXXà irpéocvnov irpôs ■npoowmv. Cfr Nom
bres, XII, 8 ; I Cor. XIII, 12.
TRIADE III, 1, II 579

Se ovx vrrtpvlK"f)oi irore, àXX' vvipviKâ |] Si^vcictôs'. Où yàp |f. 2oir


elnev a vnepvi.Kr)odo~r)s », dXX, « xmepvLKÛjcrqs », *<ù où* cm
toû TTopôvros p.6vov, àXXà #càm toû p.éXXovros alwvos. TL
<f>jjs ', ToiavTT) dcôrrjTi ovvr)p.p,évos carrai Kal wrepviKw-
p.evoç €is aTretpovs alœvas o Kvptos,' Kal tûri Trdvrutv 5
p.kv rjfiîv iiceî, Karà ras àTTOoroXiKàs Kal irarpLKas <f>ajvds,
cotcu 6 Oeôç, rœ Xpurrw 8è àvrl deôrqTos <f>û>s -npoaiarai
aiadrjTÔv ,' Kal « àépos /u-èv iccu tottov Kai tû~>v toiovtojv »
Karà ràs aura? <fxovàs * ov Serjoépieda ôceî », 81' àépos Se
àt/jôfieda ttjv deôrqTa ,' riais 8e Kai roiavra crvfifioXa €K€t, 10
irâXiv ëaoTrrpa, irdXtv alviyp,aTa, ttoXiv èv éXirloiv 17 irpos
Trpôoamov Béa', MôlXXov Se et Kal totc -oiavra ovp,f$oXa Kal
ecroirrpa Kal alvlyp.aTa, <f>ev toû SôXov Km rrjs aira-r^s,
€ifi€vodT)p.ev râ)v éX-niScov, KaTcao<f>ladr]p.€v, OeorTjTa Si'
éirayyeXlas K-rqaeodai 7rpocr8oKnyoavT€S , ov8' ISeîv deôrrjTa 15
crvyxwpovp.eda, <p"à~>s S' ala-OrjTov àvr €K€lvtjs, <f>vaiv àXXo-
TpuoTdrrjv deôrrjTOS. IIws Se Kal ro tolovto avp.fioXov ', Eïyc
Kal Toiovrov fy, « deô-rqs » àv KXrjdelrj / OvSè yàp àvQpamô-
tï]s o yeypap.p.€Vos dvdpamos, oiîS' àyyeXôr-qs tÔ <j>avkv
avp.f3oXov àyyéXov. 20

CVSL
I Sljjv(kwç : Stà -navras L | 15 Kryoaodcu L.
580 GRÉGOIRE PALAMAS

Exégèse de textes 12. — Quel saint a jamais dit que


sur la lumière du cette iurriière était un symbole créé ?
ia M>r Grégoire le Théologien dit : La Divinité
apparue aux disciples sur la montagne était une lumière l.
Donc, si la lumière n'était pas véritablement la vraie Divinité,
mais son symbole créé, il fallait dire non pas la Divinité apparue
était une lumière, mais « la lumière qui fit apparaître la Divinité » ;
et le terme « SeîÇav » aurait mieux convenu que « -n-apaSetfav »,
car le préfixe « napa », désigne clairement une manifestation in
distincte du mystère divin. Voilà pour celui qui a la théologie
pour nom propre 2. Quant au théologien à la Bouche d'or, il dit :
Le Seigneur se monxra plus resplendissant, lorsque la Divinité ma
nifesta ses rayons. Voici, là encore, le préfixe « napa » pour désigner
clairement la manifestation da Mystère ; remarque aussi l'article :
il n'a pas dit « une divinité », mais « la Divinité », la vraie. Et
comment s'agirait-il de « rayons de la Divinité », si la lumière
n'était qu'un symbole de Divinité, formé d'une nature étrangère ?
Et le grand Basile, après avoir montré que le Dieu adoré dans
trois hypostases est une lumière unique, parle de Dieu qui habite
une lumière inabordable 3 ; car l'inabordable est nécessairement
vrai et le vrai est inabordable, puisque les apôtres sont tombés,
incapables de fixer leurs regards sur la gloire de la lumière du
Fils, parce qu'il était lumière inabordable ; et l'Esprit est aussi
lumière : Celui qui, est-il dit, a brillé dans nos cœurs par l'Esprit
Saint *. Donc si l'inabordable est vrai, et cette réalité était
bien inabordable, la lumière n'était pas un simulacre de Divi
nité, mais véritablement une lumière de la véritable Divinité,
non seulement de la Divinité du Fils, mais aussi de celle de l'Es
prit et du Père. Voilà pourquoi, tous en commun, nous chantons
au Seigneur, lorsque nous accomplissons la fête annuelle : Dans
ta lumière apparue aujourd'hui au Thabor, nous avons vu le
Père comme lumière et aussi l'Esprit comme lumière 5, car tu as

1 Hom., XL, 6 (PG, XX XVI, 365 A).


* Grégoire le « Théologien ».
» / Tim., VI. 16 ; Ps. -Basile, Contra Euh., V (PG, XXIX, 640 AB).
* // Cor., IV, 6.
* Exapostilarion chanté aux matines de la Transfiguration (6 Août).
TRIADE III, 1, 12 58l

12. 7Y? 7TOT6 T&V àyîiOP OVfJ.fioAoV KTIOTOV TO <f>â>S €K€LVO


dire ; rprjyopioç 6 0eoX6yos « <f>û>s * <f>r)at.v « r) 7rapa8ei;\;0eÎCTa
» deàrqs irrl tov opovs toÎs p.a9rjTaîs ». El ovv p.r) àXrjdi-
vov VJv kcÙ àXrfdœs deôrqs, àXXà ktiotov ovp.fioXov avrfjs,
ovk ISci <f>dvcu « <j>œs r) 7rapa8etx&eîo-a Oeorrjs », àAAà « ^â>ç 5
» tÔ napa8eî£av OeôrtjTa », »cat oùSè to « TrapaûeîÇav »,
ôAAà tÔ « Seî^av », cVei to « 7ra/>a » ovirqpr-qpiévov àp.v8pàv
€K<f>avotv tov Kpv(f>iov rfjs OeoTrjros aa<j>â)S imSeiKPvcnv.
Ovtcj fièv ovv 6 tt)v OeoXoyiav oiKeiav i7ra)vvp.lav KTTjcrd-
ptevoç. 'O 8è Xpva6oTop.os deoXôyos « Xap^nporepôs » $r\o~w 10
« èavTov i<f>alveTO o Kvpcos, rfjs OeorqTOs 7rapa8ei£a.or]s
» ràç aKTÎvaç avrfjs ». "Opa Kavravda to « irapa » irpoa-
KelfLevov kclI oa<J>â>s €K<f>aîvov tov Kpv<j>Lov rfjv €K<j>avoiv,
àAAà p.rj8è rf/v tov àpdpov irapa8pâp,rfs irpood-qK-qv , ov yàp
« deérrjTOÇ » cÎttcv, àAAà <( r^ç deôrqTOS », eKelvr/s rrjs àXrj- 15
Oivrjs. IIws 8è *cat to c£ àAAoTpi'aç <j>vaeats deôrqTos ovp.-
fioXov vtt&pxov <f>ws aKTÎves âv eîcv rfjs deôrrjTos ,' 'O 8è
fj.éyas Ba.alXei.os SeiKviis êv <f>ws tov èv Tpialv viroardaeai
irpoaKwovp.cvov 0eàv, « ô &eôs » <$>r\oi « <f>ô>s oIkcov airpo-
» aiTov » ' to yàp àirpéatrov irâvrws ko.1 àXrj9iv6v, «rai to 20
âA'jj&ivôv à-npoCTiTOv " 07TOT6 xal TT€TTT(I)KaoLv ol ànôaToXot
tjj 86£r) toû <f>a>TOS tov Ylov àTeviaai /xt) SwqOévres 8ià
to eivai aÛTÔV àirpôaiTov <f><Ls ' <f>â>s 8è /cat to IIvevp.a '
« "Oç » <f>T)at.v « iXXap.9pev èv raïs Kap8iat.srjp.iov || 8ià ITv€vp,a- |f. 2010
» toç ayiov ». El towvv to àirpôonov àXrjOivov, àirpôoi/rov 25
8' eKcîvo r)v, ov\ VTTOKpicris r)v OeoTr/Tos to <f>â>s eKeîvo, àXX'
œs âXrjOœs <f>â>s àXqOivijs OeôrqTos, ov ttjs tov Ylov p.6vov,
àAAà »cai toû IIvevp,aTOS *cat toû Tlarpôs. ^10 Koivrj -navres
tû> Kvpia) tftdXXop,ev rr\v e-nértiov TeXovvres ioprrjv ' « 'Ev
» t<3 <f>avévTi if>ojTL aov or)p,epov iv @af3iopl(p, <f>œs eï8op.ev 30
» tov TlaTepa, <f>ws Kal to FIvevp.a », « ttjs yàp arjs BeoTr/TOS
» àp.v8pàv Traptyvpvwoas avyr/v ». 'EvravOa yovv ov\ r)

CVSL
27 fiôvov I /l'iral' L.
582 GRÉGOIRE PALAMAS

dévoilé un éclat indistinct de ta Divinité 1 ; ici, ce n'est donc pas


seulement le préfixe, mais le sens même du terme employé qui
révèle la manifestation du Mystère. Donc, puisque tous les saints
sont»; d'accord pour appeler cette lumière Divinité véritable,
comment oses-tu la considérer comme étrangère à la Divinité,
en l'appelant réalité créée et sensible et symbole de Divinité, en
déclarant qu'elle est inférieure à notre intellection ?

La théologie sym- 13- ~ Maxime, le sage dans les choses


bolique de Maxi- divines, qui a l'habitude de voir en
me. toute chose un symbole, raisonnant par
analogie dans ses allégories, ne désigne pas toujours l'infé
rieur comme symbole du supérieur, comme tu le crois, toi le
sage universel, mais parfois le supérieur comme symbole de
l'inférieur : il dit ainsi que même le Corps du Maître, élevé
sur la croix, est devenu symbole de notre corps cloué aux
passions et que Joseph, interprété comme « attache », est un sym
bole de vertu et de foi. Ces dernières, dit-il en effet, lorsqu'elles
s'attachent à ceux qui auparavant étaient entravés par les passions,
les en déclouent, comme Joseph a décloué le Seigneur de la croix -.
C'est donc en parlant par allégorie que Maxime a dit que cette
lumière était un symbole des théologies cataphatique et apopha-
tique 3 ; il parlait d'une réalité supérieure, symbole des inférieures,
d'une réalité qui contient en elle-même la connaissance de la
théologie et qui en est la source. Maxime n'a-t il pas dit encore
que Moïse était symbole de la prévoyance et Élie, celui du juge
ment 4 ? En tirera-t-on la conséquence qu'eux non plus n'étaient
pas là réellement et que tout n'y était qu'hallucination et
simulacre ? Qui d'autre que ce bon Barlaam aurait jamais osé
dire cela ? Et il a dit que cette lumière était une nature étrangère
à la Divinité, un simulacre de Divinité ; pourtant le chœur des
divins théologiens, à peu près unanime, s'est gardé pour cette
raison d'appeler simplement « symbole » la grâce de cette lumière,
afin que, trompé par le double emploi de ce terme, on ne croie

1 Dernière stichirc des aposticlies aux vùpres du 7 Août.


* Cfr Ambiguorum liber (l'G, XCI, 1376 CD, ad setisum).
• Cfr ibid., (IV,, XCI, 1165 BC).
« Ibid. (PG, XCI, 1168 C).
TRIADE III, 1, 12-13 583

TTpôdecns p.6w~ -n-pooKeifiév-q, àXXà Kai r/ crrjfAacna tov ovofia-


ros tov Kpv<f>lov ti)v eK<f>avaiv iK<f>aivei. Koivfj toivvv rravTCJV
Ttôv àyicov àXr-divrjv BeÔTtyra to <f>œs eKeîvo -npoaayopevov-
tckv, irais avros èn-qpBrjs àXXoTpicôaai tovto ttjs deôrrjTOS,
«ktmjtov kclI aladrjTovt) Kal toiovto «cru/i./JoAov» upooenrùiv « deô- 5
>> tj-tos » avro Kal xelpov ttjç ko.8 rjp.âç vo-qaews à7TO<f>-qvdp:evos ,'

13. '0 piévToi ao<f>os rà deîa Ma£ip.oç, eWepov èrépov ovp.-


fioXov €ia)6ù>s Xéyeiv àvaXoyias Xôycp Kara ras dXXrjyopiaç ,
OV TO ëXaTTOV TOV flCL^OVOÇ àcl TTOieÎTai CTU/X/SoÀoV, â)S CLVTOÇ
WTJdrjs o rà iracra ao<f>6s, dXX' ëo~9 ôVe Kai to p.eît,ov tov i«
iXaTTovos, wcmep koI to heoiroTiKov eKeîvo oœp.a, avrjcopr]-
fxévov eVi tov OTavpov, ovp,f$oXov yevéoOai Xéyei tov irpoar]-
Xwp.évov toÎç TrdQeoi owpiaTOS r)p.â>v, tov 8è Ia>crr)<f> « irpôo-
» Oeaiv » epp.rjvev6p.evov àpeTTJç Kal TrlcrTeœç ovp.f$oXov.
<< TavTa » ydp <f>rjoi « 7Tpoo~Ti.Qep.eva toÎç rrddeai irpÔTepov 1 ï
» èviax'rjp.é'vois, dTTOKaOrjXovaiv avTcôv eKeivovs, eus 6 'Iaiarj-p
» tov OTavpov tov Kvpiov ». Ovros tolvvv KaTatpaTiKrjs Kal
àTTo-fiaTiKrjç QeoXoyias ovp.fioXov àXX-qyopcôv to <f>â>s eKeîvo
Trpocrqyôpevoev , a>ç p.eît,ov èXaTTÔvœv koI (bç èv iavrôi ttjv
ttjs deoXoyîas yvwoiv exov Kal rrapeKTiKov ai)Trjs virdpxov. 2»
Ti Se ', Ovyi Kal tov Mœvorjv ovtos ttjs npovolas o~vp.f$oXov
ente Kai tov liAiav ttjç Kpiaecos . Zip ovv ovd ovtoi aArj-
6eus Traprjoav, àAAa <j)aap.aTa irdvT eKelva Kal VTroKpiois
■Tjv ; Kal Ttç àv tovt eiTrelv ToXp.fjaai tôjv â.Tra.VTu>v on p.rj
o KaXos BapXaap., 6 Kai to (fxZç eKeîvo àXXorptav OeoTJjToç -*î
<f>vo~Lv elprjKtôç, vTTOKpLvopiévrjv ôeÔTTjTa. KatTOL o^eSov iras
o X0P°S T(àv èvdécov OeoXôyojv tovtov X^Piv ovp,f$oXov àirXœs
è-ftvXâÇavTo ttjv tov <f>mToç èxeivov X^-Piv TTpooenreîv , "va
fJ.T] TLÇ, VTTO TOV TOLOVTOV TTpoapf] fiaTOÇ 8là TTJV 6p.U)VVfxLaV
èKTpatreis, ktlotov Kai aXAÔTpcov vapiior) QeoTrjTOS to BeiOTa- ,jo
tov eKeîvo (f>œç ' enei «ovtxfioXov deÔTrjTOS» Xey6/.ievov Te Kal

CVSL

16 (vtoXT)H-îvoiÇ ^ Ij 18 àXtjynpwv CS.


584 GRÉGOIRE PALAMAS

que cette très divine lumière est une réalité créée et étrangère à
la Divinité ; alors que l'expression symbole de Divinité, sagement
et sainement comprise, ne peut absolument pas être considérée
comme opposée à la vérité.

Les différentes sor- 14- — Admettons, en effet, qu'elle est


tes de symboles, symbole de Divinité, comme tu le crois.
Tu ne nous convaincras pas d'erreur pour
cela et tu ne nous priveras pas, sache-le bien, de notre très bien
heureuse espérance. Tout symbole, en effet, provient de la nature
de l'objet dont il est symbole ; sinon, il appartient à une tout
autre nature. Lorsque le soleil doit se lever, l'aurore est un sym
bole naturel de sa lumière ; de même, la chaleur est un symbole
naturel de la puissance caustique du feu. Quant aux signes non
naturels, ils possèdent une existence propre et sont parfois
considérés comme symboles, comme par exemple les feux quand
l'ennemi attaque ; s'ils ne possèdent pas d'existence naturelle
propre, ils peuvent servir, comme une sorte d'hallucination, à
désigner l'avenir et le symbole ne consiste qu'en cela ; tels sont
les signes que les prophètes ont montré d'une façon sensible et
en guise de simple figure : la faux de Zacharie \ les haches
d'Ézéchiel 2 et d'autres signes de ce genre. Le symbole naturel
accompagne donc toujours la nature qui lui donne l'être, car il
lui est naturel ; quant au symbole qui provient d'une autre nature,
ayant une existence à elle, il ne peut absolument pas accompagner
constamment l'objet qu'il symbolise : rien ne l'empêche d'exister
avant et après cet objet, comme toute réalité possédant une
existence propre ; enfin, le symbole qui ne possède pas d'existence
propre n'existe ni avant, ni après, car cela est impossible : aussitôt
apparu, il va immédiatement au non-être et disparaît complète
ment. Donc, puisque la lumière au Thabor est un symbole, c'est
un symbole soit naturel, soit non naturel ; si elle n'est pas un
symbole naturel, elle possède une existence propre, à moins de
n'être qu'une hallucination inexistante ; mais s'il ne s'agit que
d'une hallucination inexistante, le Christ n'était pas réellement
tel qu'il est apparu, il ne l'est jamais et ne le sera jamais ! Et

1 Zachakie, V, 1-2 (Sept.).


* ÉZÉCH., IX, 2.
TRIADE III, 1, I3-I4 585

voovp.evov aweTwç kcii vyiws, kclt ovSèv àv ÏSots rfj aXrj-


deiq. Trpocrio~rdp.evov .

14. "Eorœ yàp Kal ovp,fioXov deô-rr/Toç, Kaddrrep || 81- |f. 202c
Kaioîç avrôç. Ovo' ovrwç r/fiâs alpr/aeis, ovo" àTroo-rqcrets
efi ïadt. TTJs p.aKapio~rf}s eArnSos. Ilâv yap avp.poXov rj e#c 5
rfjs <f>vaeœs eoriv ot? ovp.f$oX6v icrriv, rj <f>vo~ea>s irepaç
■na.VT6.-na.aw virâp^t. Kal yàp, rjXîov p.éXXovTOS àvcaxeiv, tov
icar' avTov <f>a)Toç <f>voiKov ovp.f$oX6v eariv d SpÔpos, Kal
rfjç tov rrvpoç KavoTiKrjs Svvàp.e<os 17 8épp.rj <f>voiKov avp.^o-
X6v èori. To 8è p.r) <f>vatKov 7} /<a0' éavTO rre^vKOS îxp'eoTrj- 10
K€i>ai ylveral rrore rrapà tovs x/aco^eVou? GVfifloXov, d>s 6
Trvpaos iiriovTwv rroXep,iwv, r) ko.t' oIkclov p.èv <f>voiv oi>x
v(f>eo~T7)K€, ylverai 8 olôv ti <f>dop.a Karà xpeiav rrjç irpo-
volas, S Kal tout' aiiTo p.6vov ovp,f3oX6v ecm. Toiavra 8e
cCTTt Ta rots TTpo<f>rjTais aladrjTÛis Kal èv ayr)p.aTi heiKvvp,eva. 15
oiov to tov Za^apcov Spérravov Kal al rreXéKeis tov 'Ie^eKirjX
/cat et ti tovtojv rrapaTrXrjoiov . To p.èv ovv (bvoiKov àel
crvveoTi rfj <f>vo~ei irap' r)s to elvai ê^ei, <f>vaLKov yàp' to 8'
e£ crêpas <f>vo-ea>s Kad' èavrrjv v(f>eoT7jKvias àel o-vveîvai
tô> o~qp.aivoiu.evw twv àhvvaTOiV navraTTaoïv VTrâpyei ' KœXvei 20
8è ovSèv elvai. irpoTepov rj varepov eKeîvo, o ti 7rore Ka6'
eavrô èoTi' ro 8è p.rj Kad* iavro vcfyeaTrjKÔç, ovre Trpôrepov ,
ovô' varepov îmâpxei, tovto yàp àovvarov, eV 'ôXlyov oè
cjxxvév, eiT evdvç rrpoç to prj ov ^aipeî Kal à^avi^erat rrav-
TtXTraoLV. Errei tolvvv avp.fioXov to iv TÔJ ®(Xj8a>pta> <f>Ô)Ç, -'5
t) <$>volk6v ioriv, T) ov <f>vaiKov' Kal el p.7] (bvuiKov, rj Kad*
êcLVTO v<f>eoT7]K<)ç, rj <f)dapa jjlovov àw-nôuTarov ' àXX el
<faa.o-jjt.a povov aw-nomaTov , ovre r)v, ovre éarw , ovre carrai
ecrael toiovtoç 6 Xpior6<;. "On 8' earat ioael toiovtoç 6
Xpiorôs, Kai o eç Apeiov rrdyov Atovvoios Kal Ppr/yôpioç 6 3°

CVSL
I ■tSïjf S [j 24-25 àcbavL^ÇTat TTavrâ-naoïv : -navra-naaiv àtffai'îÇtTai !..
586 GRÉGOIRE PALAHAS

pourtant Denys l'Aréopagite, Grégoire le Théologien et tous ceux


qui attendent qu'il vienne du ciel avec gloire, affirment clairement
que le Christ sera tel qu'il est apparu pour l'éternité, comme
nous l'avons montré un peu plus haut l. Cette lumière n'était
donc pas simplement une hallucination sans consistance.

Lumière éternelle. 15. — Et certes, non seulement le


Christ sera tel dans l'avenir pour l'éter
nité, mais il fut tel avant de monter sur la montagne. Écoute
Damascène, le sage dans les choses divines : Le Christ se transfigure,
non pas en revêtant une qualité qu'il ne possédait pas, ni en se
changeant en ce qu'il n'était pas auparavant, mais en manifestant à
ses propres disciples ce qu'il était, en leur ouvrant les yeux et en
leur donnant la vue, à eux qui étaient aveugles ; car tout en demeu
rant lui-même identique à ce qu'il était auparavant, il apparut aux
disciples dans sa splendeur ; il est, en effet, la vraie lumière, l'éclat
de la gloire 2. Le grand Basile le montre lui aussi : Sa puissance
divine, dit-il en effet, apparut comme une sorte de lumière à
travers une pellicule de verre, c'est-à-dire à travers la chair du
Seigneur qu'il nous emprunta, la puissance qui illumine ceux qui
ont purifié les yeux de leur cœur. Et les chants annuels de l'Église
n'affirment-ils pas qu'il était tel auparavant ? Ce qui apparaît
aujourd'hui était caché par la chair et la beauté originale et supra-
lumineuse est dévoilée aujourd'hui 3. D'autre part, la transforma
tion de notre mélange humain, sa déification et sa transfigu
ration n'ont-elles pas été accomplies (en Christ), dès le commence
ment, au moment même où il l'a assumé ? Il était donc tel aupa
ravant, mais il plaça, lors de sa Transfiguration, une puissance
divine dans les yeux des apôtres et leur permit de lever leur
regard et de voir. Cette lumière n'était donc pas une hallucina
tion ; elle restera pour l'éternité et existait dès l'origine.

1 Cfr supra, §§ io-ii.


• Hom. in Trdnsfig., 12-13 (PG, XCVI, 564 C-565 A).
3 Cfr la troisième stichère de la lilé des vêpres du 6 Août.
TRIADE III, 1, I4-15 587

OeoXôyos Kal Traire? ôaoi tovtov è£ ovpavov ucrà SôÇrjs


■fjÇovra TrpoaSexovrai, Kadàirep Kal pnKpov àvarrépo) SéSetKTCu,
■napixnâaiv ivapyôts ' ovk âpa <j>dap.a pxtvov àvvnôaraTOV ro
<f>ws €K€Îvo t)v.

15. Kal p.r)v ov fiovov iirl tov p.éXXovTos es direipov 5


toujûto? iarai, aAÀa Kai irpo ttjs eiri to opos ava/Saaeat?
tomjûto? V7rrjpxev 6 Xpiorôs. ''Akovgov tov Ta 8eta ao<j>ov
AapxLOKrjvov ' « Mcrap,op<f>ovTai. Xpiorôs, ov\ ô ovk fy
» TTpoaXa.fi6p.evos , ovSè els ôirep ovk ■fjv p,€TafiaXX6p.€vos ,
» àAÀ' ôirep ?Jv toi? oIkcioiç p.aOrjTals €K<f>aiv6p.evos , 8ta- 10
» voiyow toxjtojv rà op.p.ara Kai €K TV<f>Xwv epya£6p.evos
» fiXéirovras ' p.€va>v yàp avros iv TaùroTijTt irapo to trp'iv,
» toî? p.adrjTaîs étopâro <f>aiv6p,evos ' avros ydp eWi to
» tf>â>S to àXrjdivôv, to ttjs hô^TjS <hpaiop.a ». Tovro heiKwai
Kai 6 p.éyas BaalXeios ' <i Aie<f>aiV€TO » ydp <f>r)aiv « ofov ti 15
» <J>â>s 8tà veXivcov vfievtov, Tovréari Sià ttjs cf rjp.<x>v aap-
» ko? tov Kvpiov, r) 0eîa 8vvap.is avrov BiavydÇovaa || toi? |f. 20»»
» e)(ovai tovs ô<f>9aXp,ovs ttjs KapSias K€Kadapp.€VOVS ».
'AXXà Kal Ta eTTjCTt'coç €77' 'EKKXrjaîas àSo/z.eva, « to yàp xmo
» tt]v aapKa K€Kpv<j>9ai to vvv TTapa8eiKvvp.evov » Kal « to 20
» àp)(€TV7Tov Kal vvép^wTov koXXoç to vvv trapayvpvov-
» p.evov », ti aAAo TrapiOTrjoiv r) oti Trpoimrjpxe / Ti 8c Kal
■q p.eTaaToixeiuiO'is toû r/fieTépou (f>vpdp.aTos Kal r) Kar' aùrô
Beovpyia Kai 7) deÏKrj avap.6pcf>œais ', vAp> oi>x â/xa rfj irpoaXrj-

tfiei ttjv àpxty cùdvs iTeXeo-iovpyrjÔT] ; Toiyapovv eKeîvos 25


p.€V TOIOVTOS r)v Kal TTpOTepOV , TOÎ? 8è TÔ)V àirooTÔXœv
ô/xuaat Tore deiav b~vvap,iv èvdelç, àvaj3Ae</rai Kal ISeîv avrovs
■neTToirjKcv . Ovk dpa <j>dap.a rjv to <f>û>s eKeîvo, Kal yàp iaael
Te Icttcu Kal rjv e/c ttjç àpxrjs.

CVSL
<j fieTa^a^ôfieyos C.
588 GRÉGOIRE PALAMAS

Le Christ resplen- 16. — Mais si le Christ était tel et


dit encore au- je restera pour l'éternité, il est encore
^our u ' tel aujourd'hui. Il serait, en effet, ab
surde de croire qu'il était tel jusqu'à cette très divine vision
au Thabor et qu'il reste tel pour toujours dans le siècle futur,
mais qu'il devient différent dans le temps intermédiaire, en
écartant cette gloire. Aujourd'hui encore il est assis dans la
même splendeur, à la droite de la majesté divine dans les lieux
très hauts l ; il faut que tous suivent et obéissent ici à celui qui
dit : Venons, montons sur la montagne sainte, céleste, contem
plons l'immatérielle Divinité du Père et de l'Esprit, qui resplendit
dans le Fils unique 2. Et si l'on ne croit pas devoir se laisser con
vaincre par un seul saint, qu'on obéisse à deux d'entre eux, ou
plutôt à tous. Le bienheureux André, ce flambeau raisonnable
et sacré, qui se servit de la Crète comme d'un porte-flambeau,
le dit en effet, en chantant la lumière qui resplendit au Thabor :
L'ordonnance intelligible, en célébrant immatériellement cette lu
mière, nous donne une preuve de l'amour que nous porte le Verbe 3.
Le grand Denys dit à peu près la même chose en chantant les
sublimes ordres des esprits supracosmiques : ils ne communient
pas seulement à la gloire de la Trinité et ce n'est pas elle seule
qu'ils contemplent, mais aussi la lumière de Jésus ; rendus dignes
de cette contemplation, ils y sont initiés, car Jésus est, lui aussi,
lumière déifiante : Ils s'en approchent réellement et acquièrent la
participation première à la connaissance de ses lumières théurgi-
ques *. Quant au grand Macaire, auquel le sage Syméon sert de
langue, ou plutôt qui se sert de deux langues pour exprimer plus
clairement la vérité, il dit : Le Seigneur a fait asseoir le mélange
de la nature humaine, assumé par lui, à la droite de la majesté
divine dans les deux 6, dans une plénitude de gloire, non plus seule
ment sur le visage, comme pour Moïse, mais sur le corps tout
entier 6. Le Christ possède donc immuablement cette lumière,

1 Hêbr., I, 3.
* S. Jean Damascène dans le second Canon du 6 Août (ode IX, tropaire 2).
» In Transfig. homil., VII (PG, XCVII, 933 C).
'De coeksti hierarchia, VII, 2 (PG, III, 208 C).
« Hébr., VIII, 1.
• Ce passage déjà cité plus haut (TV. 1, 3, 29) ne se trouve pas dans le texte
publié de la paraphrase de Syméon.
TRIADE III, 1, l6 589

16. El 8è Jjv kclI corai iaael, Kal vvv iari roiovros âpa. Ttôv
yàp droTTatrdratv p.iypi fièv rrjs deiordrrjs iv Oafiàjp iKeivrjs
déas Kal iaael roiovrov elvai Karà rov p.éXXovra aiœva, rov
8è p,era£v %p6vov r)XXoicoo6ai, rrjv Sofav ravrrjv àrrodépievov.
"On 8è Kal vvv « iv 8e£iâ rrjs p.eyaXaiavvr]s iv vtprjXols » ovtco 5
Xdfiirwv Kdôrjrat, 8eî p.èv navras eireodal re «ai ireldeoBai
tô> XéyovTL " « Aevr inl ro opos àvafiâvres ro âyiov to irrov-
» pdviov, 6tfiop.eda deérrjra âvXov IJarpos Kal IJvevp.aros
» iv Ylcp piovoyeveî ànaaTpœiTTOvaav ». El Se tis eVi /litj
8eîv eiKeiv oïerai, rreidap-^elroo toîs 8wri, p.âXXov 8è nâai 10
roîs àylois. 'O yàp àvrl Au^vi'aç rfj Kprjrrj ypr)adp.evos, ola
Xvxyos XoyiKos Kal lepôs, 'Av8péas 6 p,aKa.pios, i£vp.vâ>v
ro iv Qaficopicp Xdpiiftav <j)û>s, « rovrô » §r\aiv « 17 votjttj 81a-
» Koopvqois àvXojs èoricop.évrj reKpvqpiov riderai rrjs rrepi
» r)p.âs toû Aôyov <f>iXavdpajTrlas ». Tovr' avro o^eSôv «rat 15
ô piéyas Aiovvoios Xéyei, ràs dvcordroj rdÇeis tcDv xmepKoa-
filwv vowv i£vp.vâ>v ■ où yàp rrjs rpia8iKrjs , 4>t]al, SoÇtjç piàvrjs
fiéroxoi ylvovrai Kal decopol, àXXà Kal rrjs 'Irjaov <f>toro<j>a-
veias' pivovvrai yap rrjs décuplas Karr]£ia>p.évai ravrqs,
Oeovpyov <f>û>s ôvra Kal avrôv, « lus àXr)9û>s avrû> nX-rjoid- 20
» t,ovaai Kal rrjs yviooecos rœv deovpywv avrov <f>cora)v iv
» irpoorr) p.erovala yivôp.evoi ». 'O 8è p.éyas MaKapios, ola
yXcùrrrf xp<I>p.evos rôt ao<f>â> Evp.e<Jjvjj, p.â.XXov 8è arvyxpco-
pievos, aiç àpa 8val yXœrrais rpavôrepov àvaKrjpv^rj rrjv
àXrjôeiav, « ro <j>vpap.d » tfrqoi « rrjs àvOpœnlvrjs <f>vaea>s, 25
» orcep ô Kvpios âvéXaftev, e'/ca^iaev iv 8e£iâ rrjs p,eyaXœ-
» avvrjs iv oipavoîs, rrXrjpes 86£rjs, où/ceVi p,6va) râ> rrpo-
» acoTTip, <1)S ô Mœvarjs, aXX oXœ râ> aoop.an ». Tmyapovv
dvaXXolairov e^ei to (f>œs iKeîvo 6 Xpiarés, p.àXXov 8è Kal
aei eî^e «rai àel ë^et Kal del e£ei rovro ovv avrâ>. El 8' r)v 3°
Kal eon Kal earai, ovk rjv âpa <f>dapia ro <f>ws Kad' S eXap,-
tftev iirl II rov opovs o Kvpios, ovS' avro rovro p.6vov àvvrrô- |f. 2031-
ararov ovp.fïoXov.

CVSL

7 ôfûr' : SeÛTç V.
59° GRÉGOIRE PALAMAS

ou plutôt, il l'a toujours possédée, la possède toujours et la gardera


toujours avec lui. Mais si elle était, si elle est et si elle sera, la
lumière qui fit resplendir le Seigneur sur la montagne n'était pas
une hallucination, ni même seulement ce symbole sans consis
tance.

Lumière propre 1^. — Et si l'on dit que cette lumière


du Christ. est une réalité indépendante, séparée de
la nature de celui qu'elle désigne, qu'elle
n'a fait que lui servir de symbole, qu'on nous montre où est cette
réalité et quelle est-elle, une réalité qui, à l'expérience même,
est apparue comme inabordable, et pas seulement inabordable aux
yeux — les disciples, est-il dit en effet, tombèrent à terre, la tête
la première l —, une lumière qui ne brilla manifestement de nulle
part ailleurs que du Visage et du Corps adorés ! Autrement,
si elle était une réalité indépendante, tout en accompagnant
éternellement le Christ dans les siècles à venir, le Christ y serait
composé de trois natures et de trois essences : l'humaine, la divine
et celle de cette lumière. Il est donc évident et il est clairement
démontré que cette lumière n'est ni une réalité indépendante,
ni une réalité étrangère à la Divinité. Arrivés à ce point de notre
traité, il nous faut maintenant expliquer pourquoi les saints
désignent cette grâce déifiante, cette lumière divine, comme
« hypostasiée ».

Que signifie « hy- 18- — Il est clair que ce terme ne leur


postasiée » ? sert pas pour affirmer qu'elle possède une
hypostase propre : jamais ils ne parlent
d'une hypostase propre, comme nous l'avons déjà dit ailleurs 2 ;
cela est devenu encore plus évident grâce à la distinction que nous
avions proposée. Par contre, puisqu'on appelle « anhypostasié »
non seulement le non-être, non seulement l'hallucination, mais
aussi toute réalité qui se désagrège et s'écoule rapidement, qui
disparaît tout de suite et cesse immédiatement d'exister — telle
est, par exemple, la nature de l'éclair et du tonnerre, et aussi

1 Première stichère des Laudes du 6 Août et, aussi. Canon du même jour, par
Cosmas de Maîouma (Ode IX, tiop. i).
* Cfr supra, § 9.
TRIADE III, 1, 17-18 591

17. El 8e tiç <f>air] TÔ)V Kad' iavro p,èv v^ar^KÔrœv


eîvcu, tîjs tov <rr^fj.atvofi€Vov àireo~)(0(.viap.€vov <f>vaeois, avp.-
fioXov S' èicelvov xarà XPV<TIV yeyovés, Sépara* ttov Kal
iroîôv cctti tovto, Kal Tavra ht avrijs rrjs irelpaç TT€(f>r)vos
àirpôonov Kal oi>x aTrAcD? op.p.aatv àirpôotrov, « irpTjveîs » 5
ydp <f>r)oiv « 6? yrjv tireoov ol p.a.Qryra.L », Kal p,T)v oiihaptôdev
âXXodev, Sri p.rj e#c tov irpoaKvvryrov p,6vov T7)Xavyws àirt^a-
rpatpe -npoaûynov Te Kal aa>p.aros ' âXXws Te, et twv Ka0'
eavro pÀv îxfxa-rqKOTajv etr], crwéarai 8è tû> Xpicrrâ) htrj-
veKÛ>s èv tols alwat toÎs €TT€pyop.4vois , e'/c rpiôjv <f>VO~€(DV 10
Kal ovotwv avvOeros curai 6 Xpicrros e/ceî, àvdpumLvT]S re
Kal detas Kal rrjs tov <J>ojt6s eKelvov. Za<f>ès âpa yéyove
Kai aTToSéSeiKTai Xap.Trpû>s <*>s ovre tô>v Kad' iavro v<f>€OT-q-
kotwv Kal Ttjs OeÔTTjTOS ovk aXXÔTpiôv èoTt to tf)â)s e/ceîvo.
Ael p.évToi vvv et77-eîv, eVrav^a tov Xôyov yevop.évots, ttôjs '5
ttjv deovpyôv Tavrqv ^aptv, to Beîov tovto hrjXovoTt <j>ws,
« €WTr6o~TaTovy> ol âytol <f>aotv.

18. 'Qs p.èv ovv ov)(i TO avdvTrôaraTov htà tov toiovtov


irpoaprjp.aTOS avrâ> ■npoop.apTvpovot, hrjXov p.èv Kal àrro tov
p.7]8eTTOT€ avTovç enreîv èv thla. v-nooTâoci tovto, Kadârrep 20
Kai èv aXXotç irpôrepov ei.priKap.ev, èKhrjXérepov 8è Kal Sià
r-fjs ■7Tporedetp.évrlç àvecbâvrj htatpéaeats- 'Errel 8è àwirôara-
tov où to psq ov [iévov Aéyerai, ovSè to (f>âap.a pôvov, àXXà
Kal to ra)(v hiaTrirrrov Kal irapappéov , èv râ> <f>9elpea8al Te
ytv6p.evov «rat Trerrav^evov evOvs yevôpevov, ottolov àarpa- 25
tttjç re Kal Ppovrrjs <f>vo~is, àXXà Srj Kal 6 r/aérepos Xôyos Kal
to vo-yaa, ro p.6vip.ov e'/ceîvoi Set/cvwre? tov é>a>Tos e'/cei'vou

CYSL
592 GRÉGOIRE PALAMAS

notre parole et notre pensée —, ils ont bien fait d'appeler cette
lumière « hypostasiée », pour montrer la permanence et la stabi
lité de cette lumière, puisqu'elle demeure et ne fait qu'effleurer
ceux qui la voient à la manière d'un éclair, d'une parole ou d'une
pensée. Quant à cet homme très sage, avant de connaître la signi
fication de ce terme « hypostasié », il attaque ceux qui l'emploient
pour dire qu'ils sont tombés dans l'impiété ; pourtant, s'il
s'était tenu à l'écart de ceux qui l'employaient correctement, s'il
n'avait inventé des fictions pour interpréter contre eux leurs pro
pres paroles, s'il avait préféré dire que cette lumière n'est pas' hy
postasiée, en ce sens qu'elle ne possède pas d'hypostase propre, ou
bien s'il les avait accusés, mais sans les traiter d'hérétiques,
aucun de nous n'aurait jugé bon de parler contre lui. Mais en
voilà assez. Nous avons déjà dit qu'il y avait un deuxième sens,
pieux et correct, de ce terme « hypostasié » ; il nous faut mainte
nant revenir à la suite de notre démonstration.

Symbole naturel de 19- — Si cette lumière, qui resplendit


la Divinité du Fils, du Sauveur sur la montagne, est un sym
bole naturel, elle ne caractérise pas les
deux natures qui sont en lui. Les caractères naturels de chacune
sont en effet différents. Elle ne peut appartenir à sa nature
humaine, car notre nature n'est pas lumière, surtout une lumière
telle que celle-là. Le Seigneur n'est pas monté alors sur le Thabor,
en emmenant les disciples choisis, pour leur montrer qu'il était
un homme. Depuis trois ans déjà, ils le voyaient vivre avec eux,
partager leur genre de vie ; pour parler comme l'Écriture, il se
trouvait réuni 1 à eux ; il y est monté pour leur montrer, comme
nous le chantons, qu'il était l'éclat du Père 2. En face de cette évi
dence, ni toi, ni aucun homme plus hardi que toi, s'il en apparais
sait, ne pourriez dire que c'est là un symbole de son humanité :
c'est un symbole de sa Divinité. S'il s'agit donc d'un symbole
naturel et si ce symbole ne relève pas de la nature humaine,
cette lumière est un symbole naturel de la Divinité du Monogène,
comme le divin Jean de Damas nous l'a clairement enseigné :

1 Actes, I, 4.
* Kontahion de la fête de la Transfiguration.
TRIADE III, 1, 18-I9 593

Kai KaOeorr/Kos, èvvrrôoTaTOv TrpoaeiprjKaoïv avro koXôjç,


oiov vTropévov Kai pi) ào-Tparrrjç SÎktjv r) Xôyov r) vorjp,aTOS
TTaparpiyov tovs ôpœvraç. *0 8è cro<f>u)Ta.TOS ofiros, irplv r)
yvdvai ttjv tov ivvrroarârov tovtov crqp.aai.av, toîç elprjKo-
mv côç r/ae/HriKooiv iiriTideTai ' Katroi tû>v koAcûç eiprjKÔTOiv S
àTrexôpevoç Kai pr) toÎs oIkclois àva7rXaop.oîs rà eKelvœv
KaT itcelviov i^rjyovpevos , ehrep pr) èvimôararrov tov9*
ovrœ Xéyeiv oStoç TTporjpeÎTO rrapà to pr) vrràoTaaiv ISlav
e^eu/, r) KaTrjyôpei peu, ÔAA' ovx wç alpeTiKojv, ovhels àv
r)p.û>v rjÇluxTev àvTiXéyeiv rrpos avrôv. MAAà rovrœv p.èv ôAi? " 10
ôVi Se Kai oevrepov erepov orjpaiv6p.ev6v èoTi tov ivwroara-
tov tovtov, evaefiws Te Kai KaXâ>s ^Xov> ^<f>9r)p.ev ^irôvres '
vvv S' irraveXdeîv Séov eîç t<x étjrjç ttjs irpoKeip-évr/ç ànohei-
fecoç.

19. El TOLWV <f>VOlKOV 0~Vp/3oX6v è(TTl TO (jiOJS €K€ÎVO, TO 15


Xapiftav irr' ôpovs àrro tov ZojTrjpoç, ovk àp<f>OTepœv tôjv
ev avTÔ) <f>vo~eœv èoTi <J>voik6v. Aiâcfjopa yàp eKaTepaç tov-
tuw |] cotI Ta (ftvoïKa.. Trjs yovv àvdpcoTrîvrjs eïvai <j>voe<ns ![£. 2030
aSvvarov " ov yàp <f>œs rjp.iv 17 <f>voiç Kai Taî>#' olov r)v eKeîvo '
Kai p.r\v oùS' àvéflrj totc to 0af$a>piov tovs CKKpiTovs eVo- 20
yôpievos ô Kvpios tôjv paOr/Tcùv , îva 8eî£r) dvQpamos vrrâpyoyv-
TpieTtav yàp 17877 eajoâro ovvSiaiTwpevos Kai ovprroXiTevô-
ptevos Kai, Karà tÔ Xôyiov elnelv, « avvaXil,6p.evos » avroîs,
àXX' "va oei^r/, tcarà ro àhôpevov, « oti avTos èoTi to tov
» Flarpos airaxjyao-pa ». ITpdç 8è tovtolç, ovSè ai) àv avToç, 25
ovh" et tiç ToXprjpôrepos ava<f>aveîrj aov, ovpfioXov tout' àv
Trjç àv6pœTTÔTr]TOS <f>aLTj, àXXà Trjç deoTr/TOS. El tolvvv (f>voi-
kov 0-vp.fioXàv eo~TL, tt^ç 8è (f>vaeu>s ttjs àvOpcoTrîvrjs ovk eoTL,
<f>votKov àpa ovppoXov ro (f>œs eKelvo ttjs tov Movoyevovs
deoTrjTos vTrâpxti-, Kadà Kai 6 e/c AapaaKov Oelos 'Iaxivvrjs 3°
àpib~r)Xa)s iSiSaçev r)pâs " « ' Avdpxws » yàp <f>rjoiv « 6 Ylos
» e/c tov IlaTpos yevvrjdeîs, tt)v <f>voiKr)v à/CTÎva àvapxov

CVSL
31-32 o Ylos eV rov /7arpôç : e*K tov /7orpoç d Yïôç VS.
594 GRÉGOIRE PALAMAS

Le Fils, dit-il, engendré éternellement du Père, possède le rayon


naturel et éternel de la Divinité; mais la gloire de la Divinité devient
aussi gloire du corps l. Elle n'est donc pas apparue, elle n'a pas
commencé, elle n'a pas eu de fin, car les symboles naturels accom
pagnent toujours la nature dont ils sont les symboles. Ce ne sont
pas toujours des symboles, mais ils l'accompagnent toujours,
puisque Maxime, si riche en choses divines, dit : Toutes les réalités
qui par essence sont contemplées autour de Dieu n'ont ni commence
ment, ni fin 2. Mais comme, selon lui, ces réalités contemplées
par essence autour de Dieu sont nombreuses et ne portent aucun
tort au concept de simplicité, d'autant plus ce symbole de lu
mière, qui est une de ces réalités, ne lui causera aucun dommage .

L'image du feu. 20. — Nous apprenons à de nombreuses


autres sources que cette lumière est une
des réalités contemplées par essence autour de Dieu, surtout
d'après les chants annuels de l'Église ; un seul suffira à le prouver :
Sur la sainte montagne, ô Christ Bienfaiteur, lu montras, en les
illuminant, aux disciples qui t'accompagnaient, l'éclair de ta beauté
divine et essentielle, cachée sous la chair 3. Par ailleurs, Maxime,
le sage dans les choses divines, en disant que, par amour des hom
mes, il était devenu son propre symbole *, a montré que cette lumiè
re était un symbole naturel. Dans le domaine des symboles non
naturels, un objet peut être le symbole d'un autre, mais non pas
le sien propre. Mais lorsque le symbole par nature tire son être
même de l'objet dont il est le symbole, nous disons qu'il est son
propre symbole. La puissance caustique du feu, qui a pour sym
bole la chaleur accessible aux sens, devient son propre symbole,
puisqu'elle est toujours accompagnée de cette chaleur, mais
demeure une et ne subit par là aucun dédoublement, tout en
employant la chaleur comme symbole naturel chaque fois que
se présente un objet capable de recevoir cette dernière. De même,
la lumière du soleil levant a pour symbole la clarté de l'aurore et

1 Hom. in Transf., 12 (PG, XCVI, 564 B).


* Cfr Cent, gnost., I, 48 (PG, XC, 1100 D). Sur ce texte de saint Maxime,
considéré comme particulièrement favorable à la thèse palamite, voir P. Shbr-
wood, Maximus and Origenism, Berichte zum XI. Byzantinisten-Kongress, III, 1,
Munchen, 1958, pp. 25-26.
* Cathisme après le polyélion aux matines du 6 Août.
4 Ambiguorum liber (PG, XCI, 1165 D).
triade ni, 1, 19-20 595

» K€Krryrai. Ttjs dcôrrjTOS ' r) 8è rrjs OeôrrjTos 86£a Kal 86£a


» tov otôfiaros ylveTCu ». Toiyapovv ov yéyovev, ov8' rjpÇaTO,
ov8' eX-rjÇe ' rà yàp <f>voiKà ouiijSoAa avveariv àel rfj <f>voei
fjs ovfifioXci ioriv " ovk àel fièv ôWa avfipoXa, awovra Se
àei, ènel Kal 6 noXvs rà deîa Md£ip.os « àvap^a Kal àreXev- 5
» ttjtci » <f>T]ot « iràvra rà -nepl Qeov ovcruoSws 8ea>pov-
» fieva ». IloXXœv 8' Svrwv kclt airrov rœv Tiepl Qeov ovcruo-
Scôs' 6eu>povp.évoiV Kal t<3 Aoyaj ttjs anXoTqTOS TjKLara Auiiax-
VOp,€VOiV, TToXXtiû /iâAAoV TO <f>O>T0ei8ès €K€lVO CTUiljSoAoV, €V
aùreôv virâpxov, ov8h> inoiaei /JAa/îoç. 10

20. "Otl 8c twv 77€pt ©fôv oùoicuSaiç dewpovuévwv ko!


tovtÔ èori to <f>û>s, (.k ttoXXwv uèv koX dXXcov, iioAiora 8è ex
TÎùv €7r' 'EKKX-qaias è-neTeUns tftaXXop.évwv 8t8ao~K6p.e8a, <Lv
ev els ■nrapdoTaaiv àpKeaei ' « Trjv KeKpvp.p.évr\v àarpairrjv
» xmo rr)v odpKa rrjs ovaiu>8ovs crov, Xpiaré, Kal Bêlas 15
» eimpeneias èv àylw îmé8et£as opei, evepyéra, toîs avp.vap-
» ovaiv €KXdp.ifias p.adrjTaîs ». Ov p.-r)v àXXà Kal ô ao<f>6s
rà deîa MdÇiuos, « avrov èavrov ovp.fioXov yevéadai Sià
» (ftiXavOpoiTriav » elprjKœs eKeî, <f>vaiKOV cSet^e ou/x.j8oAov
toutÎ to <f>â>s. 'Eitl p.èv yàp tov ftrj <f>vaiKov, âXXov àXXo 20
avp.po\ov eartv, aAA ovk avro ti èavrov ore oe to avp.po-
Xov è£ eKeivov ov rvy)(6.v€L <f>vaiKws 06 ovp.fioX6v iariv,
avro iavrov ovp.fioXov yiveadal <f>ap.ev. 'H yàp KavoriKrj
tov Twpos 8vvap.is, ttjv aladrfaei. p,edeicrr)v Qipp.t)V avpfioXov
kavrr\s irpo^aXXopévi) , ylvcTai avp,poXov avr-r) 8r)irov iavrrjs, 25
exovaa p.èv Tavrrjv àel p.ed' èavrrjs, p.ia 8' 5p.ios ovoa Kal
8tirX6rjV ov8' rjVTivaovv v<f>io~Tap.évri 8C avrrjv, ypoip.ivT] 8'
œs o~vp.f$6Xu> TavTji (ftvaiKÛts, "t)vLk âv Trapfj to Scktlkov.
'QoavTios Kal to toû tjXlov <f>â>s p.éXXovTOS àvloxew, || ou/a- \i.2o^r
fioXov TrpoflaXX6p.evov to Karà tov SpOpov T-qXavyés , avro 30
èavrov ovp.floX6v èoTi yiv6p.evov. "Iap.ev 8è Kal to t/Xiov <f>ws '

CVSL

22 TVyxâroi VS.
596 GRÉGOIRE PALAMAS

devient son propre symbole. Nous connaissons aussi la lumière


du soleil ; elle aussi est accessible à la vue qui nous permet égale
ment de percevoir le crépuscule ; pourtant absolument personne
ne peut regarder en face le disque solaire et son éclat est à peu
près invisible. En ce qui concerne le toucher, il perçoit la chaleur
du feu ; quant à la puissance caustique, dont la chaleur, avons-
nous dit, est un symbole, le toucher n'en possède pas la moindre
connaissance, bien qu'il sache que c'est bien elle ; il n'en connaît
ni la qualité, ni l'intensité ; il périrait, en effet, en se transfor
mant tout entier en feu et en cessant d'être le toucher, s'il essayait
par lui-même d'apprendre ce qu'est la puissance caustique qui
provoque la chaleur ; c'est pourquoi s'il risque une fois de s'y
appliquer, il se retire immédiatement et fuit en déroute, se repen
tant amèrement de sa curiosité. La chaleur, puissance du feu, est
donc accessible au toucher, mais sa causticité demeure totale
ment imparticipable *.

Participation et 21. — S'il en est ainsi, comment pour-


transcendance, rait-on dire que la Divinité, transcen
dante dans son mystère, devient connais-
sable dès le moment où son symbole naturel est connu ? Quoi
donc ? Si l'aurore, symbole de la lumière du jour, demeurait ina
bordable aux yeux humains, aussi bien que le soleil et même plus
que le soleil, les yeux verraient-ils le jour et pourraient-ils con
templer d'autres objets à la lumière du jour ? Comment pour
raient-ils savoir de quelle lumière est fait le soleil, alors qu'il
correspond par analogie à ce jour ? D'autant plus les choses
divines sont-elles reconnues par la seule participation, bien que
personne, même les sublimes esprits supracosmiques, ne sache
ce qu'elles sont dans leur fondement et leur principe ; nous
sommes donc loin, quant à nous, de le savoir.

Anticipation escha- 22- — Cependant, les disciples n'ont


tologique. pas simplement vu ce symbole : ils ont
d'abord reçu des yeux qu'ils ne possé
daient pas auparavant ; aveugles, ils commencèrent à voir, selon

1 L'image du feu est empruntée au Ps.-Denvs, De coelesti hierarchia, XV,


2 (PG, III, 328 D-329 C).
TRIADE III 1, 20-22 597

KaKeîvo yàp X-qirTÔv èart, rij Si/jet, 81 fjs Kal tov XvKavyovs
àvriXap.fidv€odai Tre<f>VKauev ' 6 8e tov -qXiov 81okoç ov8è
■npooiZelv oXœs ovyxojpeî -riva Kal ro Xapurpàv aura o~xe8ov
àdéarov KadéarrfKe. Trjs tc Oépp.T)ç tov 7rvpos àvTtXap.fia-
vop,€VT) 17 à<f>rj, rfjs KavariKrjs 8wdp.eojs, ■fjs ovp.fioXov tlvai 5
ttiv 0epp.r]v e<pr)p.€v, Tavnjç ovv etSrjocv ovb" rjvrivovv ex€l
r/ àxprf, ttM)v ocrov eioevai Tairrqv ovaav, aAÀ ov% 01a, ovo
Sa?) tic €(ttl ' <f>6daeie yàp dv, irvp SXtj yevop.€V7] Kal to à<prj
eîvai à7roj3aAAo/u,€VTj, 7reipojp.évrj p.adeîv 81' eavrrjs rî to
kovotikov èoriv S irpofidXXeTai, ttjv 0épp.r)v, 8to Kal npoofia- 10
Xeîv 7tot€ ToXp.-qaaaa, irapavTa 7raXiv8pop.eî Kal ■npoTpoird-
8rjv <f>evyei, rrjç irpos to p.adeîv 6pp.rjs àÇv p.eTdp.eXov Xaflovoa.
MedeKTT/ fxkv ovv dxpfj Trvpoç 8vvap.is, 17 dépp.rj, navr-p 8
àp,éO€KTos 17 KaVOLS-

21. El yovv inl tovtohv ovtoj, ttôjs dv tiç <^aiTj yvœorrjv 15


yiveadai ttiv èv à7TOKpv<f>oiç V7rcpavi8pv/j.€vr)v OeôrrjTa, yvojo-
ôévros tov <f>voiKov avp.fi6Xov TauTTjç," Ti ydp ', Ei to
kot' ôpdpov ovp.f3oXov rjp.epLvov (fxoToç àirpôoiTov oifieoiv
VTTTJpxev, ov p.aXXov r} 6 rjXios, pâXXov 8è KaKelvov p.âX-
Xov, Jjv dv aurai? rr/v rjfiépav CKeivrjv Oedoaodat rj Oeâodai 20
yovv dXXo tl KO.T avT-f\v ,' TlG>s ovv àv tov àvaXôyojs
KaTdXXrjXov r)Xiov eKelvqç rrjç r)p.épas yvôjvai é8vvrf0rjoa.v
oîov <f>â)Ç ioTiv ; Ovtoj Kal TToXXœ p.âXXov t<i 6eîa p.6vaiç
raîç p.€TOXO.ÎS èiriywôjaKeTai, aiirà 8k /caTa i~qv iavTœv
lopvolv Te Kal dpxTjv oîd ttot4 cotiv ov8elç oî8ev, ov8è twv 25
ev toîs VTT€pKOop.Lois avoiTOTOiv vôosv , ovkovv Soa y€ r)p.âs
ctSevai.

22. Ov p,r)v ov8è to avfi^oXov tov9* dirXcùs ewpdKaoïv


ol tov Kvplov p,a0T)Tal, p,ij npÔTipov ô<pQaXp,ovs Àa/3ovrc?
ovs ov Trpôrepov cî^ov, ws « £k TV<f>Xôjv yevéodai fiXéirovras », 3°
/carà tov ck Aap.aoKov Oeîov 'Iajdwrjv, Kal ISeîv to aKTiorov
€K€Îvo <f>ù~JS, âtarre ei Kat 6<f>9aXp.oîs èyéveTo X-qiTTÔv, âAA'

CVSL
598 GRÉGOIRE PALAMAS

le divin Jean de Damas \ à contempler cette lumière incréée ;


cette lumière devint ainsi accessible aux yeux, mais à des yeux qui
voyaient d'une façon supérieure à celle des yeux et qui avaient
acquis la puissance spirituelle de la lumière spirituelle. Cette
lumière mystérieuse, inaccessible, immatérielle, incréée, déifiante,
éternelle, cet éclat de la nature divine, cette gloire de la Divinité,
cette beauté du Royaume céleste est accessible aux sens, tout
en les dépassant. Une telle réalité t'apparaît donc comme un
symbole étranger à la Divinité, sensible, créé et visible par l'air *?
Mais écoute le Damascène, le sage dans les choses divines, te dire
à nouveau qu'elle n'est pas étrangère, mais naturelle à la Divi
nité : La splendeur de la grâce divine ne provient pas du dehors,
à la façon dont Moïse la possédait, mais provient de la nature même
de la gloire et de l'éclat divins 3. Et encore : Dans le siècle à venir,
nous serons toujours avec le Seigneur *, en contemplant le Christ
resplendissant dans la lumière de la Divinité; cette lumière a rem
porté la victoire sur tout ce qui est nature 5. Et encore : // prend
avec lui les coryphées des apôtres, comme témoins de sa propre
gloire et de sa Divinité; il leur révèle sa propre Divinité 6, qui dépas
se tous les êtres, l'unique Divinité, déjà parfaite et anticipant sur
la fin. Par ailleurs, le grand Denys et tous ceux qui avec lui l'ap
pellent lumière du siècle à venir 7, du siècle où selon eux nous n'au
rons plus besoin d'air, nous montre qu'elle n'est pas visible par
l'intermédiaire de l'air. Le grand Basile dit d'autre part qu'elle
est visible aux yeux du cœur. Le fait qu'elle n'est pas visible
par l'air nous montre aussi qu'elle n'est pas une lumière sensible.
D'ailleurs, lorsqu'elle resplendit sur le Thabor plus fort que le
soleil, les gens du voisinage ne la virent même pas ! Ne blasphèmes-
tu pas manifestement et consciemment contre Dieu en t'opposant
à de si grands saints qui glorifient cette lumière avec autant
d'éclat ?

1 Hom. in Transftg., \i (PG, XCV1, 564 C).


1 Cfr texte de Barlaam cité plus haut, § 10.
"Hom. in Transftg., 10 (PG, XCVI, 561 D).
• / Thess., IV, 17.
• Hom. in Transftg., 15-16 (ibid., 569 AB).
• Ibid., 7 (PG, XCVI, 557 C).
' Cfr De div. nomin., I, 4 (PG, III, 592 BC).
TRIADE III, 1, 22 599

xrnkp ô<f>OaX/j.ovs yey€VT)p.évoLS Kal 7rvevp.aTiKrj 8vvàp.et tov


•nvevp.aTi.Kov <f>WTOS àvrt\ap.fiavop.évois ■ Ovrœ /car' aïodr/-
aw Kal vrrkp aïadrjaiv ro <f>â>s ckcivo to àrrépp-qTov, to àirpô-
ctitov, to âvXov, ro o-ktiotov, to OeoTTOiôv, to àî8iov, 17 Aa/i-
npÔTTjs T-fjs deiaç <f>voeu>s, 17 86£a ttjs deoTrjTOS, 17 ttjs ovpa- 5
vi'ou fiaotXelas ç.\rnpérteia. To tolovto toIvw àXXôrpLÔv 001
8ok€Î deô-njTOS, aladrjTÔv tc kox ktiotov ovpfioXov xal «St*
» àépos âparov» ; '^4AA' œs p.èv ovk àXXÔTpiov, àXXà <j>vatKOV
ôeàrrjTOS, avûis aKOvaov tov rà deîa oo<pov Aapaaicqvov
Xéyovros ' « Ovk €ttIkt7)tov, ojs ô Mœvoijs ea^e, to ttjs Oelas 10
» 86£rjs œpdïap.a, àXX' ck ttjs ép.<f>vrov ttjs delaç 86£r)s t€
» koL Xap-irporr/Tos » ' || Kal ttoXiv ' « 'Ev alcôvi tô> péXXovrt | i. 204e
» 7râ.VTOT€ avv Kvpioj èoôfieda, XpiOTOv âpôjvres tô> <J>ojtI
» àarpâ.TTTOVTa ttjç OcôrqTOS ' tovto to <f>û>s, Karà TT&o~qs
* <f>vo€œs e^ei rà VLK-qrqpia »' Kal itÔXlv ' « Tous Kopv<f>alovs 15
» tô»v à-noarôXoiv Trpoo~Xap,f$dv€Tai p.dpTvpas ttjs ol/celas
» 86£r)s Te Kal OeÔTfjTOS ' àiroKaXvTTTet. Se avroîs tt)v oî/cet'av
» QeÔT-qra », Trp> àirdvTCJV èrréKeiva, ttjv uovtjv Kal vrrepTeXij
«ai ■RpoTeAet.ov. Utl de ovàe ot aepoç oparov, oeiKVvow
6 p.éyas Alovvoios Kal ooot /xer' avrov tov péXXovros 20
alœvos <f>û>S tovto ovopdt,ovoiv , oVe ovk àépos ■qp.ïv corai
Xpeia KaT avTovs- IJpos 8è tovtois Kal ô p.éyas BaoîXeios
toÎs 6<f>6aXpoîs ttjs Kap8îas tovto Xéytov opa-roV. "On 8è
ov8' aloQrjTov, eori awiSeîv Kal tô> prf 8t' àépos eîvai opa-
rôv. 'AXXà Kàv ro) 0af3a)pîw Xàptfiav virkp rjXiov ov8è tols 25
nXrjO u>x<jijpois uiiTTai. Ei) Se tooovtois ko.1 éirl tooovtov
e^vp-vovoi. to toiovto <j>û)s avTiKeîfj.€vos àyiois , ap' ov 8ijXos
et f3Xao<pT]p.wv eKwv els tov Oeov ;

CVSL
ÔOO GRÉGOIRE PALAMAS

Essence et carac- 23. — Ne cesseras-tu donc pas, ô hom-


tères essentiels, me, de proclamer que la lumière de la
beauté divine et essentielle est non seule
ment sensible et créée, mais aussi inférieure à notre intellection ?
O terre et ciel ! Tous ceux qui voient en eux-mêmes la lumière
du divin Royaume, la beauté du siècle à venir, la gloire de la
nature divine, se trouvent-ils donc aussi au-dessous de l'intellec-
tion ? Cette lumière que les apôtres virent, en s'écartant de toute
perception sensible et intellectuelle, ayant reçu, selon le divin
André de Crète, la faculté de voir réellement par le fait de ne rien
voir et ayant acquis la sensation du surnaturel par le fait de subir le
Divin 1 ! Quoi donc ? Dans ce domaine, l'extase inférieure à l'in-
tellection n'est-elle pas démoniaque ? C'est donc une extase
démoniaque, ô parole inouïe, qu'ont subie les initiés du Sei
gneur ! Pourtant, notre tradition nous enseigne à dire en com
mun au Christ : Les apôtres préférés furent rendus différents par
l'extase divine sur la montagne, en contemplant l'irrésistible flux
de ta lumière et de ton inabordable Divinité 2. Ne pourrait-on
te prendre sur le fait à dire que Dieu est une créature, puisque tu
déclares que ses énergies essentielles sont créées ? Aucun homme
intelligent ne se risquera en effet à admettre que la bonté et la
vie essentielles sont l'essence suressentielle même de Dieu !
Le caractère essentiel, en effet, n'est pas l'essence qui possède les
caractères essentiels. D'autre part, selon le grand Denys, lorsque
nous appelons Dieu, ou vie, ou essence, le Mystère suressentiel,
nous n'avons pas autre chose en vue que les puissances providentiel
les produites par le Dieu imparticipable 3. Ce sont donc là des
puissances essentielles ; quant au Suressentiel, ou plutôt le
suressentiellement Suressenliel-en-soi *, c'est la réalité qui possède
ces puissances en les rassemblant dans l'unité ; ainsi, cette lumière
déifiante est, elle aussi, essentielle, mais elle n'est pas elle-même
l'essence de Dieu.

1 Cfr Unm. VII in Transfig. (PG, XCVII, 949 C).


* Troisième slichère des apostiches des vêpres du 6 Août.
*De div. nomin., II, 7 (PG, III, 645 A).
•Cfr Ps.-Denys, ibid., V, 2 (ibid., 916 C).
TRIADE III, 1, 23 ÔOI

23. Ov TTavcrr) Toiyapovv, a> âvdpume, to <j>â>s ttjs Oelas


kcÙ ovoloj8ovs eimpeireLas , ovk aloOrjTov p.6vov Kai ktlotov,
dXXà Kai )(€Îpov rfjç rjfjLeTepas vorjaeojs àiro<f>aLv6p.evos ,'
Xeîpov vorjoea>s, a» yfj Kai ovpavé, Kai navres ol èv avToîs
to <f>â>s épœvres rrjs Oeias jSacriActaç, ttjv KaXXovqv tov 5
p.éXXovros aliôvoç, ttjv 86tjav rrjs (f>vo~ews ttjs Bêlas ', &â>s
S ko-t* c/ccrraCTiv Trdarjs alodr/rfjs Kai voepâs àvTLXrjifieojs ol
àVooroÀoi, /carà tov Kpr/Tr/s OeonéoLOV 'AvSpeav, eï8ov,
« tû> p.rj86Xa)s épâv to 5vra>s âpâv elo8e8eyp.évoL Kai tû>
» Trdcrxelv T<* Gela tûsv îmèp (f>votv ttjv aïadr/oiv irpooLép.evoL »/ 10
Tl ydp ,' Ov 8aLp.ovLcô8rjs r) ^eipoiv hiavolas èirl tô>v tolovtojv
eKOTacris ,' Aaip.oviwb'r] toLvvv eiradov eKOTaoLV, w ttjs
àvTjKovorov aKorjs, ol tov Kvpiov p.voTai. KaiToi Koivfj
Xéyeiv TrapeXdf$op.ev -npos tov XpiOTov otl « to âox^Tov ttjs
» orjs <f>ojTO)(yaLas Kai anpôaiTov ttjs OeoTr/TOS 9eao~dp.evoL 15
» TÔiV àlTOOToXojV Ol TTpÔKpiTOl €TTL TOV ÔpOVS , TTJV OeLOV
» r)XXoLoj8rjoav eKOTaaiv ». IJœs S' ovk àv àXolr/s Kai KTiop,a
Xéywv tov &eov, 6 ràç ozîcricuSetç èvepyelas ainov KTicrràç
àrro(f>aiv6p.evos ,' Ov yàp aV tovto (f>alrj tlç vovv ê^œv otl r)
ovolojStjs dyadoTr/s Kai Çojrj, rj virepavoLos ovoia tov 0eov 20
€Otlv ' ov yàp to ovoLtoSes, r) rà ovolojStj e^ovaa ' Karà Se
tov p,éyav Alovvolov « otov ttjv vnepovaLov Kpv<f>LOTrjTa
» Oeov r) t,ojr)v r) ovoiav 6vop.doojp.ev, ovSèv eTepov voovp.ev
» r) Tas eKSiSouévas e/c 0eov tov dp.ede.KTov irpovorjTLKàs
» 8vvdp.eis ». Avvdueis || p.èv ovv aurai ovoiojSeLS, vrrepov- 25 Jf. îo^r
aLov 8é, p,àXXov 8è Kai « avQvTTepovoLœs virepovaLov » to
ravras ràç 8vvdp.eLS ovv€LXrjp.p,evojs Te Kai èvLalcos ë^ov '
ovtoj tolvvv Kai to Qeovpyov e/ceîi/o <f>â)s ovoLÛ)8és ioTiv,
àÀÀ' ovk avTo ovaia tov Qeov.

CVSL
7 nla&TjTTJs : iilathjTitajs C.
Ô02 GRÉGOIRE PALAMAS

« Nous ne sommes 24- — Ce Philosophe, pourtant, ne s'ar-


pas dithèistes ». rête pas là ; il continue et déclare que
toute puissance et toute énergie de Dieu
est créée ; les saints disent, cependant, avec clarté que tous les
caractères naturels, toute puissance et toute énergie d'une nature
incréée sont incréés, alors que ceux d'une nature créée sont
créés. Mais comment se fait-il, demande-t-il, qu'une réalité qui
dépasse les sens et l'inteUection, qui est l'Etre par excellence, éternel,
immatériel, immuable et que, pour cette raison, vous appelez
« enhypostaton », ne soit pas l'essence suressentielle de Dieu, puis
qu'elle porte les caractères du Maître, puisqu'elle dépasse toute créa
ture visible et intelligible? Pourquoi dites-vous que l'essence de
Dieu dépasse une telle lumière ? Et il ne dit pas cela d'une manière
dubitative, en voulant trouver un moyen de clarifier tout ce qui
est obscur ou de résoudre les difficultés, mais il pense nous réfuter,
ou plutôt il s'est proposé de nous réfuter, puis, furieux de son im
puissance, il fait éclater contre nous son arrogance, tantôt en affir
mant outrageusement que la faculté de jugement de notre âme
est dérangée, tantôt en disant que nous sommes semblables et pi
res que ces hérétiques d'autrefois, les Messaliens, ou, d'autres
fois, que nous sommes impies et polythéistes ; il ne s'est même pas
privé de dire, en effet, que nous n'avions ni foi, ni Dieu et de nous
appeler « criminels ». Par ses écrits et ses paroles, il affirme et an
nonce à tous que l'appellation qui nous convient mieux que toute
autre est celle de « dithéiste » l, bien que, sans qu'il le veuille, ses
propres paroles nous lavent de tout reproche : en effet, puisqu'il
reconnaît que, selon nous, il n'y a qu'une seule réalité qui dépasse
toutes choses et que cette réalité est la Suressentialité, il témoigne
que nous n'avons qu'un Dieu et que, selon nous, cette lumière
n'est pas une essence, mais une énergie de l'Essence divine, au su
jet de laquelle nous disons qu'elle est unique et dépasse toutes cho
ses, dans la mesure où elle agit en tout. Et même si nous affirmons
que cette énergie est inséparable de l'essence unique, la Suressen
tialité ne sera pas pour cela composée ; il n'y a aucun doute, en
effet, qu'il n'existerait aucune essence simple, s'il en était ainsi,
car on chercherait en vain une essence naturelle sans énergie.

Cfr la troisième lettre à Akindynos, dans 6to>oyia, t. XXIV, 1953, p. 569.


TRIADE III, 1, 24 603

24. *0 Bè <f>iX6ao<f>os ovros rrpoïwv, ov tovto p.6vov, àXXà


Kal irâaav Bvvap.iv Kal èvépyeiav 0eov ktiottjv elvai àno-
<f>alveTcu, kclItoi twv àyiwv Xeyovrwv <f>avepâ>s ôrt ttjs aKTia-
tov <f>vo~eats Kal rà <f>vaiKa navra Kal irâoa Bvvap.is Te koi
ivépyeia (Lktiotos èariv, worrep ko! rà ttjs ktio-tt/s <f>vaea>s 5
KTtard. « 'AXXà vœs » (frrjoiv « ovk êarw r) înrepovoios ovaia
» tov Oeov, eïirep BeoirortKOVS <f>épet ^apa/o-fjpaç, et wdoTjs
» ôpwfiévrjs tc Kal voovp.évrjs KTtoeœs èireKeiva, to vtrep
» aïaOrjaiv , ro virèp vôr/aw, to KVpuos ôv, to aet ov, to âvXov,
» to àvaWoiutTov Kal ravra rrap" vpwv èvvnôoTaTov Xeyô- 10
» pevov ,' liais Bè tov tolovtov <f>a>Tos ttjv ovotav tov Oeov
» eVc/ceiva <f>are / » Tavra Bè ov SiaTroprjTiKÛis ckcivos Xéyei,
TToOœv rrapâ tov tû»v àtiâvrwv evKpivetav tôjv àoa<f>â>v rj
Xvaiv TÔiv ànôpoiv, àÀÀ' r)p.âs e^eXey^ei., œs vop.i£ei, p.âXXov
Bè irpodép.evos iXéyxeiv, eW â>s p.r) Bvvâp.evos pxiveis, è£v- 15
fipiÇei KaO' r)pœv, vvv pèv àdXia>s 8ie<f>6àp6at to KpvriKov rrjs
tfjV)(f}s lo'Xypl^Ôp.€VOS , VVV Bè Ttôv TTœiTOTe alp€TlKWV €K€l-
vwv MaaaaXiavcùv loovs Te Kal %ei.povs Xéyatv, âXXoTe Bvaae-
jSeî? Kal TToXvdéovs , àXXà yàp ov8' àoefieîs Kal àdéovs Kal
■navrâ-naaiv àXnt]piovs KaXe.lv TraprjTrjaaTO . « AïOeîrac » Bé 20
èoTiv, ws avros Kal Bià ypap.pa.TOiv Kal Sià OTop.aTOS lo~xy-
pi^erai Kal rrepiayyéXXet rrâaiv, r) p.aXXov rœv âXXatv r)p.îv
èrroivvpia TTpoarjKovoa, /ccutoi nap avTÔJV tô>v vt? ai)Tov
Xeyopévatv Trâcrqç r/pâs aKtov eÇaipeÎTai p.épifteojs ' èirel ydp
<fyqoiv ev ij/^tâç Xeyeiv ro etreKeiva rravTOJV Kal tovto ttiv 25
tmepovoiÔTTqra eKelvrjv, eva Oeov r)p.âs Xéyew fxaprvpeî, to
8è <f>â)s €Keîvo ovk ovaiav, àXXà ttjs ovaîas èKetvrjs èvép-
yeiav, rjv ovaiav fiiav Te ovaav enrop.ev Kal èiréKeiva iravraiv,
œs TrâvTa ivepyovcrav. 'AXX ovo' el ttjv èvépyeiav Tavrnv
rrjs p.iâs èKeiwjç o votas (frai.rip.ev à^aiptcrToi/, ovvOeTOS r) 30
VTrepovaLÔTi]s eK€LVT) irapà tovto éorai ' ry yàp àv ovSepta
rjv ànX-f) ouata, eîye tovto t)v ovaiav yàp <j>vaiKrjs âvev

CVSL.

31 irapà : Karà L.
6 04 GRÉGOIRE PALAMAS

Comment, par ailleurs, la lumière déifiante ne porterait-elle les


caractères du Maître, la lumière que toi-même, contraint par
l'évidence des faits, tu appelas symbole de Divinité 1 ? Et puisque
les saints parlent ici de réalité « hypostasiée », mais non pas
d'une hypostase particulière, comment s'agirait-il d'une essence
indépendante et comment y aurait-il un deuxième Dieu, sans qu'il
possède une existence propre ? Et si tes sages conjectures te
conduisent à fabriquer un autre Dieu, sous prétexte que cette
énergie est sans commencement, incréée et inintelligible, tu nous
fabriquerais tout aussi bien un autre Dieu à partir de la volonté
de Dieu, puisque le vénérable Maxime dit : La nature divine, la
nature trihypostatique est tout entière sans commencement, incréée,
inintelligible, simple et sans composition; de même en est-il de sa
volonté *. Et tu pourrais dire la même chose à propos de toutes
ses énergies naturelles.

Barlaam cite De- 25. — Mais, dit-il, l'imitation de Dieu


nys. est un don déifiant; c'est l'état de la nature
intellectuelle et raisonnable, qui existe dès
la première édification du monde et trouve son aboutissement dans
les êtres raisonnables les plus élevés, puisque le grand Denys lui
aussi (Barlaam l'interprète un peu) dit: Dieu dépasse la Théar-
chie, si l'on considère comme Divinité la réalité même du don
déifiant et l'inimitable imitation de Celui qui est plus-que-Dieu et
plus-que-le-Bien *. Mais, mon bon, tout d'abord, le saint a ajouté
à « imitation » l'adjectif « inimitable » ; ce n'est donc pas plus
une imitation qu'une impossibilité d'imiter ; pourquoi veux-tu
que l'on te croie, alors que tu omets une partie de ce qu'il a dit ?
Ensuite, il a distingué deux choses : le don déifiant et l'imita
tion inimitable ; à mon avis, voici ce qu'il nous apprend ainsi :
bien que l'homme ne puisse se déifier lui-même, en devenant
semblable au Dieu inimitable par imitation, il lui faut pourtant
imiter l'inimitable ; c'est ainsi, en effet, qu'il pourra recevoir le
don déifiant et devenir Dieu par position *. Alors que le grand

1 Ci'r texte de Barlaam, supra, § io.


• S. Maxime, Opusc. theol. et pol. (PG, XCI, 268 D).
» Cfr Ps.-Uenys, Epist., II (PG, III, io68-I069).
« Cfr S. Maxime, Opusc. theol. et pol. (PG, XCI, 33 C) ; Cent, gnost., II 21
(PG, XC, 1133 D), etc.
TRIADE III, 1, 24-25 605

èvepyeiaç ovS' tjvtivovv dv ÏSots. Acottotikovs Se 7iâ>s ovk


dv <f>épj) xapaKrfjpaç to Beorrotov <f>ôJs, 5 «rai avros vno
rfjs rœv TTpaypÀTtov àXqôelaç avvojadels «fleôVrçTOÇ» irpooeîneç
» ovp,fioXovi> ; 'EvimôoTaTOV Se, ov to avQvnôaraTOV , èvravOa
Xeyôvrtov tÔ)v dylojv, irws dXXrj tis ovaia kcl9' avr-qv, t) 5
rriôç erepos Sevrepos 0e6s ô p,r) vrrapÇiv ISiav extov '• Il El lf.205»
Se 8ià rô avapyov eîvai /cat ravrrjv rrçv ivépyeiav, âicTia-
tov t€ #cat direptvôrjTOV , 0e6v aXXov àVapTi^eiç cv raïs
<ruv€Taîs aov îmovoùais Kal to toû 0eov 6éXrjp.a 0eov r)p.îv
dXXov ànapTiaets , tov aeirrov Ma£ip.ov Xéyovros ' « "ûarrep 10
» r) 6eia <j>vms r) rpitruTTÔararos , dvapxos, aKTioros, drrepi-
» votjtos, àirXrj Kal dovvBeToç oÀott^ti vrrdpxei, ovtoj kœl
» to TaÙTTjs' deXrjp.a ' to avro 8' âv cnroiç /cat em Traoâjv
» TÔiV <j)votKwv ivepyeiœv avrrjs ».

25. « '.*4ÀÀà Oeoiroiôv » ^770-1 « 8<ûpdv eWiv 17 toû @eoû 15


» p.Lpvr]OLS, e£is oiïoa rrjs voepâs Kal XoyiKrjs <f>vcrea)S, dira
» Ttjç TTpwT-qs SiaKoop-rjoetos dpxop.évrj ko.1 toîs ioxô-Tois
» tcôv XoyiKÔJV irepa.Tovp.evr) , èirel Kal 6 p.éyas Aiovvaioç » —
èpp.rjvevtov vtos — « v-irèp Qeapxiav 6 0e6s ioTiv, et deoTTjTa,
» <f>rjoî, vorjoais to xprjp.a tov deorrotov Sojpov Kal to dp.lp.rj- 20
» tov p.ip.rjp.a tov virepOéov Kal VTrepayddov ». MAÀ' to
yadé, irptÔTOv p.èv 6 dytos toi p.ip.r]p.aTi to dp.lp.rjTov npoa-
édrjKeV ov p.àXXov oui' p,tp.r]ot,s r) ap.ip.TjOla ' ttu~js ovv evira-
pâ8e/CT0Ç ai/Toc éorj, daTepa pepl8i p.6i>r) Trpoo9ép.evos ,' "Ettcit
€K€Îvos 8vo eîne, to Te Oeoirotov 8â>pov Kal to àp.ip,rjTov 25
p.lp.rip.a, èp.ol o~OKt.lv toû0' r)p.âs SiSacK-cuv d>ç el Kal nap'
éavTov Oetodrjvai avdpwiTov aS vvarov, à<f>wp.ot.ojp.évov Ttô
àp.ip.rjT(p 0€W 8ià p,ip.-qo€aJS , àAAà Set pip.eîo6ai tov àp.lp,rj-
tov ' ovtoj yàp dv tv^ol tov Stopov tov Ôcottoiov Kal 0e6ç
« déoei xPrHLar'-a€LC *■ Avo tolvvv tov p.eydXov Ta TrapeKTiKa 30
<j>ap.évov ttjs decôoetoç, aîiToç QaTepov i^€KOif/aç, irapa^a-

CVSI.

2 tf>'pv : <btfi t L ! 1 3 tinjjs S.


6o6 GRÉGOIRE PALAMAS

saint parlait de deux réalités qui procurent la déification, c'est


toi qui en retranchas une, en falsifiant le texte au lieu de l'expli
quer ; c'est toi qui effaças la conjonction, ajoutas le pronom et
décidas de lire le texte que nous avons cité de la manière sui
vante : Si l'on considère comme Divinité et Bonté la réalité du
don déifiant, l'imitation inimitable même de Celui qui est plus-
que-Dieu.
La déification est- 26. — D'autre part, tu affirmes que la
elle le développe- grâce de la déification est un état naturel,
ment d'un état na-
c , est-a-dire
. , ,.
1,, activité
.. ... , , _ -t i„4.- _
et la manifestation
turel ? ,. „
d une puissance naturelle ; sans le savoir,
tu es réellement tombé ainsi dans l'erreur des Messaliens, car
l'homme déifié serait nécessairement Dieu par nature, si la
déification dépendait d'une puissance naturelle et était comprise,
par nature, parmi les lois de la nature ! N'attribue donc pas tes
propres errements à ceux qui sont sûrs de leur position et n'es
saie pas d'infliger un blâme à ceux dont la foi est irréprochable,
en modelant les autres sur ta propre infamie à l'égard de la
vérité, ou plutôt en élevant contre eux, sans aucune honte, cette
calomnie. Mais apprends toi-même, auprès de ceux qui le
savent ou auprès de leurs disciples, que la grâce de la déification
est parfaitement gratuite et ne possède au sein de la nature aucune
faculté capable de la recevoir 1. Car si elle n'était plus une grâce,
mais une manifestation agissante de cette faculté naturelle, il
n'y aurait rien d'étonnant à ce que la déification se produise à
la mesure de la faculté réceptive de la nature ! La déification
serait, en effet, une œuvre de nature, et non un don de Dieu,
et l'homme déifié pourrait être Dieu par nature et recevoir le
nom de « Dieu » au sens propre ; la puissance naturelle de chaque
être n'est pas, en effet, autre chose qu'une mise en mouvement
constante de la nature 2. Mais je ne puis comprendre pourquoi
la déification fait sortir de lui-même l'homme déifié, si elle est
elle-même soumise aux lois de la nature.

1 S. Maxime, Quaesl. ad Thaï. XXII (PG, XC, 324 A), passage paraphrasé
dans Cap., I, 75 (PG, XC, 1209 C).
* Tout ce développement se trouve dans la ligne de pensée de s. Maxime sur
l'être et le mouvement (cfr H. Urs von Balthasar, Liturgie cosmique, Paris,
1947. P- 94 ss)-
TRIADE III, 1, 25-26 607

pdÇas, dXX' ovk i^r/yrjodpevos , Kai àiro£4oas pÀv tov ovv-


8eop.ov, àvr* avrov 8è Trpooypdifias ttjv àvTu>vvp.lav, ovtoj
tÔ prjTov rjfj.LV 8rj6ev 8ievKpivô>v dvéyvojs ' « El deôrrjTa ko!
» àyadôrrjTa vofjoeiç ro xpfjp.a tov de.oirot.ov 8wpov, avro
<> ro àp.ip.rjT0V p.lp.r<p.a tov vrrepdéov ». 5

26. I7poç Se tovtois, Kai <f>vaiKr)v êÇiv Xéyecs tt)v X°LPIV


ttjs deojoeatç, rovréoTi 8vvdp.eajs <f>votKr}ç ivTeXéxetdv T€ ko.1
<f>avépajoiv , d<f>' ov ttj tôjv MaaaaXiavôjv ovrats, œs ovk
oloda, 7repi7T€TTTCuKaç d-naTr] ' <f>voei yàp êorai KaTa rrâaav
dvdyKt]v @eos 6 deoi'ipevos, et KaTa <f>voiKr)v 8vvaiJ.1v 17 déœais 1°
«ferrai Kai toîs Spots Trjs (fjvaeajç èp.7TepiXap.fïdveo~0at. 7ré<f>VKC.
Mr) Toivvv ttjv aavTOV TrepirpoTr-qv tôjv ao(f>aXô>s €otojtujv
Ae'ye, p.rj8è pôjpov toÎç dpojprjTois tt/v ttLotiv eVi^et/jet
TrpooTpîifiaaûai, rà irpos aXrjdeiav aier^i? oà tocs âXXois
a-no/xarro/jlcvos , pâXXov 8 dvai.8ôJs eVeivcuv ttiç toiovtojv 15
KaTatftev86p.evos. 'AXXà Kai avTos 8i8do-Kov rrapà tôjv
eiSoraiv r] Trapà tôjv im' eKeîvœv 8e8i8ayp.évoJV (Ls aer^erés
eerri TiavTaTtaaw r/ ttjç Oeœaeœs ^apiç, j] ovk exonéra ttjv jf. 2o6r
otavovv « 8eKTLKrjv iavTrjs iv ttj ç^vcret 8vvap.1v »" irrel ovkIti
XuPls £OTlv, dÀÀà Trjs Karà ttjv <f>voLKr)v 8vvap.1v ivepyelaç 20
<f>avepwo-is , Kai où8è Trapà8o£ov terrai to yevôpevov et KaTa
8eKTiKr)v 8vvap.1v <f>vaeajç r/ OétooLÇ etrj ■ <f>voeojç yàp âv
€U<6ra)S ëpyov, aÂÀ' où ©eov Sôjpov, r) Bécocris ehj Kai 8vv-
rjO€Tai Kai <f>vaei Geôç 6 tolovtos elvat Kai Kvpiojs irpoaayo-
peveodai' oùSe yap àXXo n KadéoTr/Kev r) /carà (f>vciv tôjv 25
Ôvtojv f.i<âarov Swa/xiç r/ rjjvacojs rrpoç ivépyeiav àrrapâ^aTOÇ
kLvtjoiç. Hôjs oc kgl sÇicrrr/aw éavTov tov deovpevov r)
Oéiooiç. el toÎç opois ttjs <f>voeojs aiirq 7TepielXrj7rTai, ovvi-
beîv ovk é'^w.

CVSI.
608 GRÉGOIRE PALAMAS

Nature et Surna- 27. — La grâce de la déification dépasse


turel. donc la nature, la vertu et la connais
sance et, selon saint Maxime, toutes ces
choses lui sont infiniment inférieures 1. Toute vertu et l'imitation
de Dieu qui est à notre portée mettent, en effet, celui qui les pra
tique dans des dispositions favorables pour l'union divine,
mais la grâce accomplit l'union mystérieuse elle-même ; par elle.
Dieu tout entier vient habiter dans l'être tout entier de ceux qui
en sont dignes 2 et les saints tout entiers habitent avec leur être
tout entier en Dieu tout entier, en se saisissant de Dieu tout entier
et en ne recevant pas d'autre récompense pour l'ascension qu'ils
ont accompli pour monter vers lui, que Dieu seul ; il s'attache
à eux, comme l'âme est attachée au corps, comme à ses propres
membres *, et il juge bon de demeurer dans ce corps par l'adoption
hypostasiée, selon le don et la grâce du Saint-Esprit. Donc, lorsque
tu entendras dire que Dieu demeure en nous par la pratique des
vertus ou que nous le voyons s'établir en nous par la mémoire *,
ne crois pas que la déification s'identifie simplement avec la
possession de ces vertus ; elle réside dans l'éclat et la grâce de Dieu
qui viennent par les vertus. C'est ainsi que le grand Basile dit
de son côté : Une âme qui a accru ses impulsions naturelles par une
ascèse personnelle et le concours de l'Esprit devient digne, selon le
juste jugement de Dieu, de l'éclat accordé aux saints par la grâce
de Dieu. L'éclat accordé par la grâce de Dieu est lumière ; tu
l'apprendras de celui qui dit : L'éclat qui en provient sera une
lumière pour ceux qui sont purifiés, lorsque les justes resplendiront
comme le soleil B ; Dieu se tient au milieu d'eux *t en déterminant
et distribuant les dignités de la béatitude, parce qu'ils sont dieux et
rois. Personne ne contredira qu'il s'agit là de réalités supracélestes
et supracosmiques, et certes pas celui qui dit : II est possible de
recevoir la lumière supracéleste parmi les promesses de bienfaits.
Salomon, de son côté, dit à ce même sujet : La lumière luit toujours
pour les justes 7 ; et l'Apôtre : Rendant grâces à Dieu qui nous a
rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière •.

1 Cfr S. Maxime. Ambiguorum liber (PG, XCI, 1240 A).


• Cfr ibid., 1076 C.
» Cfr ibid.. 1088 BC; 1320, B.
• Cfr S. Basile. Epist., I, 4 (PG., XXXII, 229 B)
• Matth., XIII, 43. « Cfr Ps., LXXXI (LXXXII), 1.
' Prov., XIII, 9. ' Col., I, 12.
TRIADE III, 1, 27 609

27. 'Yirèp <f>vcnv roiwv Kal àperfiv Kal yvâxriv r) rfjs


deuxreœç X*Ptç KaL * direipats rà Toiavd' attavra » Karà
tov âyiov Mdfjipov « Tavrqs àîroSeî )> ' àperi) p,èv yàp Trâoa
Kal r) i(f>' rjp.îv tov 0eov plprjais irpos tt)v delav êvœoiv
€7TlT7j8et.OV 7TOl€ÎTat TOV KCKTTJpévOV, r) Se X^P1^ av^rr]v TcAc- 5
aiovpyei tt\v àiTÔpprjTOV ivwoiv " Si' awr^s yàp « oÀoç /xcv
» oXois toZs â^ioiç o 6>eôç » irepi^ajpeî, 5Xtp 8e ôÀoi irepi)(a>-
povaiv oXikcùs ol âyioi tu» 0eû>, SXov àvriXa/Hôvres iavrœv
tov 0c6v Kal Trjs irpos avrov àvafidoecos olov êiradXov avrov
fiôvov KT7)odp,€voi tov 0e6v, « tfjvxfjs irpos oâjpa TrepL^vvra 10
» Tpôirov, <Ls olkcIois piXem », Kal iv avTÔJ eïvat KaTa£ia>-
aavra hià rfjs IwirooTarov Karà hatpeàv Kal \dpw tov àylov
TIv€vp.aTOÇ vlodeoîaç. "Orav ovv aKovarjs ivhrjp.eîv rjpîv
8ià twv àpeTwv tov &eôv rj Stà rfjs p.vrjp.r)s ivihpvp.ivov êx€tv
tovtov iv éavTOÎs, pr) tov9' aTrAtùç vôpuÇe Oiwaiv, ttjv twv 15
àpeTwv KT-fjmv, dXXà Trjv Si' àpcTwv ■trpoayivopivryv tov
0eov Aa/x.7rpoTTjTa Kal \dpw, Kadanep Kal 6 piyas <f>r)ol
BaaiXeios Sri « <ftvXV T^-s <j>vcn.Kàs ôppàs oiKeia ré àcr/ojcret
» Kal tjj fiorjOeîa tov TJvevpaTOS ovvav^rfaaoa, àfi'a ylverai
» iv tjj hiKala tov 0eov Kpiaei Trjs ydpvri tov 0eov 8e8o- 20
» p.evr)s XafnrpoTrjTos toîs àyiois ». "On 8è <f>â>s r) ■)(dpiTL
tov 0eov hi.hop.ivT] Xap.TTpÔTi]s , padr/oj) rrapà tov Xiyovros '
« 0û>s 17 iKeîOev XapTTpôrqs toÎs ivTavda KeKadappevois ,
» rjviK âv iKXdptpwoiv ol StVaiot ws ô rjXios, wv ïoTaTai
» o 0eos iv piow, 8eœv 6vtu>v Kal fiaaiXiwv , StaaTe'AAcuv 25
» Kal hiaipwv raç à^t'aç Trjç iKeîdev jU.a/capioTTjToç ». "On
8è îmepovpavLov iam tovto Kal virepKoopiov, ovhels àvT€-
peî, ovkovv octtiç « to VTTepovpaviov » <f>r)OL « (f>â>s iv raîç
» tcûv àyadwv eVayyeAîaiç e/cScxerai », Trepl ov Kal £0X0-
fidn1 Xiyei ' « 0â>s biKaiois htaiTavTÔs », Kal 6 ''AttÔotoXos ' 3°
« EvyapiaTovvTes tw 0eâ> toj iKava>aavTi rjpâs iv tjj
» p.eplhi tov KXripov twv àyioiv iv tû> <J>u>tI ».

CVSL
6lO GRÉGOIRE PALAMAS

Témoignage de 28. — Nous disons bien pourtant que


Maxime. la sagesse vient dans l'homme par le
labeur et l'étude, mais nous ne disons pas
pour cela que la sagesse n'est que labeur et étude, mais qu'elle
en est le résultat. Le Seigneur séjourne dans les hommes de ma
nières différentes et variées, suivant la dignité et la conduite
de ceux qui le recherchent : il apparaît d'une certaine façon à
l'homme actif, d'une autre au contemplatif, d'une autre encore
à celui qui possède la vision ; les zélateurs le reçoivent d'une
certaine manière, et ceux qui déjà sont devenus des dieux, d'une
autre. Il y a de nombreuses différences dans la vision divine elle-
même ; parmi les prophètes, certains ont vu Dieu en rêve, d'autres
en état de veille, par l'intermédiaire d'énigmes et de miroirs, mais
à Moïse il est apparu en face, et non en énigmes 1. Mais lorsque tu
entends parler de la vision de Dieu en face, et non en énigmes,
rappelle-toi celui qui dit : La déification, c'est l'illumination
hypostasiée et directe, qui n'a pas de commencement, mais apparaît
inintelligiblement en ceux qui en sont dignes ; c'est l'union mystique
à Dieu, dépassant toute intelligence et tout raisonnement, dans le
siècle où les êtres ne connaîtront plus la corruption, l'union grâce
à laquelle les saints, en observant la lumière de la gloire cachée
et plus qu'indicible, deviennent, eux aussi, capables de recevoir,
avec les puissances célestes, la bienheureuse pureté; c'est aussi
l'invocation du grand Dieu et Père, symbole de l'adoption hyposta
siée et réelle, selon le don de la grâce du Saint-Esprit, grâce à laquelle
les saints deviennent fils de Dieu par la venue de la grâce et le
resteront tous 2.
Dieu se laisse voir 29- — Le grand Denys, qui par ailleurs
en face. appelle cette lumière rayon supralumineux
et théurgique 3, l'appelle aussi don déi
fiant et principe de la Divinité*, c'est-à-dire de la déification.
A celui qui lui demandait comment il peut se faire que Dieu
dépasse la Théarchie, c'est-à-dire le principe même de la Divinité,

1 Nombres, XII, 8 ; cfr Tr. II. 3, 59.


* Passage de s. Maxime (cfr Tr. I, 3, 20 ; III, 3, 13) que nous n'avons pu
identifier.
» Cfr De coelesti hierarchia, III, 3 (PG, III, 165 A).
*Epist., II (PG. III, 1068-1069).
TRIADE III 1, 28-29 6ll

28. Ov firjv àXXà Kal 8ià oirovèrjs xal pteXér-qs iyytveodat


to) Il <ro<f>iav Xéyovres, ovk aùro tovto rr)v OTTovSrjv 77 ttjv |f. 2060
pteXérrjv oo<plav <f>ap,év, àXXà rô 8' avrwv irpoayev6p.evov.
"AXXcoç tc Kal 8ta<f>6pœs èv8rjp.wv èort toîs àvdpœirots 6
Kvptos, Karà rr)v àÇtav ko! tov rpôtrov twv ^TyrovvTœv avrov 5
€T€pa>s ptèv yàp T(ô irpaKTtKw, crépus 8è t<3 6etopr]TiKw
Kat tû> èiroirriKÔ) âAAcus", Kal aAAai? ptèv f/ àv8pa>7rots ottov-
Salois, €T€pœs 8è deoîs tJStj yeyovôatv. *AXXà Kal kot avrfjv
ttjv 6etav èiroiplav TroXXal 8ta<f>opat ' Kal toîs irpo^rats
ydp, t<ô ptèv ovap, tw 8' vrrap, 81' atvtypuiTœv ptévrot ko! 10
iaoïrTpwv, tô> 8è Mwvafj «èv e?8et Kal ov 8t' atviyp.âT(ovi>
a><f>0r]. Oeov 8è opaxrtv o.kovojv èv eiSec ko! ov Si' alvtyptaTiov ,
àvap.vrjadr]Ti tov Xéyovros ' « Oétoatv, tt)v kot eîSos èvvirôoTa-
» tov êXXapufnv, tJtiç ovk e^ei yéveatv, àAÀ' àve-ntvô-qTov
» èv toîç àft'otç <f>avépa>otv , ko! ttjv vnèp vovv Kal Xôyov 15
» èv TÔ» à<p6âpTU> twv ovrwv alœvt p.vortK'qv êvwotv rrpos
» tov 0e6v, KaO' fjv rô <f>â>s rfjs â<f>avovs Kal vnepappr)TOV
» SoÇtjs ol aytot €7ToiTTevovT€s , tîjs ptaKaptas fiera tô>v
» âvu> 8vvdpte(ov Kal avrol 8eKTtKol ytvovrat KaOapôrqTOS ,
» Kat ttjv tov pteydXov Oeov Kal Tlarpos èirlKXrjotv, ovp.f3o- 20
» Xov oSoav rrjç èwiroorârov re Kal èvv—âpKTOV Karà 8a)peàv
» Kat. X°LPLV TO" àycov IJvt vp.aros vlodt crias, Kad' fjv rfj
» em^JoiTijnei rfjs ^âpuros viol Oeov xp'.^tarl^ovcrl tc ko.1
» êaovrat navres ol aytot ».

29. Tovto toIvvv 6 ptéyas Atovvatos , àÀAa^oû p:èv « a\p%l- 25


» <f>u)TOV aKTÎva Kal OeovpyiKov » KaXéaas <f>û>S, èvravOa 8è
« OeoTTOiov hœpov Kat àpxr)v OcÔttjtos », 81^0.817 dewcrecos,
Tipos tov eparrrjoavTa ttôjs îmèp deap-^lav, rovréoTiv îmèp
àpxr)v QeÔTTjTos, VTrâpxei 6 &eôs, airoKpi.v6p.ev6s <f>r)otv <hs
et Oeov aKovœv 6pû)p.evov « èv eïSet, Kal ov 8t' aîviy/xaTaiv », 30

CVSL

19 IfKTIKOl : 8«<CToi V.
6l2 GRÉGOIRE PALAMAS

il répond : tu entends que Dieu se laisse voir en face, et non en


énigmes*, qu'il s'attache à ceux qui en sont dignes comme l'âme
est attachée au corps, comme à ses propres membres, qu'il s'unit
à eux jusqu'à venir habiter tout entier en eux tout entiers, si
bien que, de leur côté, ils habitent tout entiers en lui, que par le
Fils, l'Esprit se répand en abondance sur nous 2, sans qu'il soit
pour cela créé, que nous y communions et qu'il parle par nous,
tu entends tout cela ; tu ne considères pourtant pas que Dieu se
laisse voir dans son essence suressentielle, mais selon le don déi
fiant et selon son énergie, selon la grâce de l'adoption, la déifica
tion incréée, l'éclat direct hypostasié ; tu considères que c'est
là le principe de la Divinité, le don déifiant, celui auquel on peut
surnaturellement communier, que l'on peut voir et auquel on
est uni ; eh bien, l'Essence supraprincipielle de Dieu dépasse
ce principe là. Cette grâce, en effet, est une relation, bien qu'elle
ne soit pas naturelle ; et en même temps elle n'a point de relations,
non seulement parce qu'elle est surnaturelle, mais en tant qu'elle
est elle-même relation : comment, en effet, une relation aurait-elle
une relation ? Quant à l'essence de Dieu, elle n'a point de rela
tions, non parce qu'elle est elle-même relation, mais parce qu'elle
transcende les relations surnaturelles elles-mêmes. La grâce est
attribuée à tous ceux qui en sont dignes, d'une façon qui est
propre et particulière à chacun, tandis que l'essence de Dieu
transcende tout ce qui est participable.

La déification n'est 30- — Celui <lui dit <lue le don déifiant


pas un don naturel, est un état de perfection de la nature raison
nable, qui existe dès la première édifica
tion du monde et trouve son aboutissement dans les êtres raison
nables les plus élevés 3, s'oppose manifestement à l'Évangile
même du Christ. Si la déification ne fait que perfectionner la
nature raisonnable, sans élever au-dessus de cette dernière ceux
qui ont l'aspect de Dieu, si elle n'est qu'un état de la nature
raisonnable, puisqu'elle ne se met en activité que par une puis
sance naturelle, les saints déifiés ne transcendent pas la nature,

1 Nombres, XII, 8.
» Tite, III, 6.
• Cfr § 25.
TRIADE III, 1, 2g-30 613

Kal ifwxfjs irpos awp.a rpôirov toÎç àÇîots <Ls oiKetoiç p.éXeat
TT€pt<f>v6[JL€VOV Kal KO.TCL TOOOVTOV €VOVfJL€VOV CLVTOÎÇ WÇ
5Xov fièv avrov 77-epi^copeîv ixelvotç SXotç, ôXovs Se avToi>s
aSOis ÔXikws eKelvu), Kal << FJvcvp.a Si' Yîov nXovolœs i<f>'
» rjfiâs xeôfievov » , àXX ov KTiZ,op.€vov, Kal p.€TaXap.f$avôp.evov s
rjixîv Kal 8V 17/x.tôv ÀaAoû»', raûra towvv aKovatv, ei pA] Karà
rfjv ôvepovaiov ovaiav vofiLoeis opâadai tov 0e6v, àAAà
fcaTa rfjv Oeoiroiov Seopeàv Te »cat èvépyetav avrov, rr/v X^-Pw
rrjs vlodeolas , ttjv àyévrjTov Oéœaiv, rr)v /car' eîèoç èvvrrôoTa-
tov cAAa/i^riv, €i tovto vorjaeis OeôrrjTOS àpxrjv, tÔ deoTroiov to
oœpov, to p.€T€xôp.evov Kal ôpâ>p.evov Kal èvovp.evov vrrep-
<pvws, vvèp tt)v àpxi7v TaVTT]v iarlv rj virepdpxtos ovola
tov Oeov. 'EkcIvt] jiièv yàp axéoiç, et Kal p,r) <pvaiK-q, Kal
âo~x^TOS, o\>x W VTrep<pvr)S \16vov, àAAà #cai â»ç cr^ecrtç • || \i. zo-jr
irœç yàp rj o-^eo-i? axéaiv aufliç ê£ei ; 'H Se ovaia tov 15
Oeov oi>x <*>s oxéois ào-%eToç, àAA' œs Kal avTÛtv tôiv i-nep-
<f>vœv o~xéoea>v èireKeiva. KaKeîvr) p.èv eicàaTa» twv rj^twp.evuiv
olkéuvs Te Kal KaraXX-qXœs irâai jnéreoTiv " r) Se ouata tov
Oeov Kal ■nâ.VToiv twv p.e6eKTÛ>v VTrepeÇrjprjTaL.

30. 'O oc « rô OeoTTOiov Sœpov ê£iv » Xéyojv « TeXeiu>TiKT)v 20


» Trjç XoyiKrjs <f>voeti)s àno TTJs vpœTrjç htaKoop.'qaeœs
» àpxop-évrjv Kal roî? co^à-roiç tô)»' XoyiKwv TtepaTovp.évr\v »,
Kal tô> tov XpiOTov evayyeXicp SrjXôs èaTiv àvTiTaTTop,evoç .
El yàp rj détoois reXeioî ttjv XoyiKr)v <f>vo~iv, àAA' oi>x vrrèp
TavrrjV TTOieÎTai toi)? 9eoei8eïs, c£iç ovoa Trjç XoytKijç 25
<f>vo-eu>s, à>ç e/c <f>vaiKr)s 8vvdp.€cjs TTpoeXdovo~qç eîç èvep-
yeiav, oi>x vnèp (f>vatv yivovTai ol âyiot 6eovp.evot., 0Ù8'
« ck &eov yevvwvTai », oùSè << IJvevp.d elatv, d>s e/c IJvevp,a-
» tos ytyevirqp.è'voi », oùSè /liovoiç « toîç 77-iCTTeuouCTiv et?

CVSVL
614 GRÉGOIRE PALAMAS

ils ne naissent pas de Dieu 1, ils ne sont pas Esprit, parce que nés
de l'Esprit % et le Christ, en venant dans le monde, n'a pas donné
le pouvoir de devenir enfants de Dieu à ceux-là seuls qui croient
en son nom 3 ! La déification était le propre de tous les peuples,
même avant sa venue, puisqu'elle est naturellement comprise
dans l'âme raisonnable, même aujourd'hui, chez tous ceux qui
aujourd'hui n'ont ni foi, ni piété ! Par ailleurs, si la déification
n'est que l'achèvement de la nature raisonnable, les Hellènes
n'étaient pas parfaitement raisonnables, ni même les anges
déchus ; on ne peut donc leur reprocher un mauvais usage
de leur connaissance, mais ils se trouvent privés de l'état naturel
de cette connaissance. En quoi seraient-ils réellement coupables ?
Par ailleurs, les sages du dehors disent eux-mêmes qu'une essence
ne peut être plus ou moins essentielle. Comment alors des anges
ou une âme pourraient-ils être plus ou moins raisonnables ? Car
l'imperfection, chez ceux qui n'ont pas atteint l'âge parfait,
ne réside pas dans la nature de l'âme, mais dans celle du corps.
La déification s'identifierait-elle donc avec l'âge qui donne la
pensée raisonnable ? Nous considérons, d'autre part, qu'une plus
ou moins grande aptitude à connaître ne provient pas de la nature
de l'âme, mais de la constitution du corps. La déification serait-
elle donc cette constitution parfaitement naturelle ? Mais nous
savons que la perfection naturelle est, elle aussi, un don de Dieu,
tandis que la connaissance n'est pas seulement un don de Dieu,
mais un état de perfection de la nature raisonnable ; mais cet
état, n'étant pas surnaturel, n'est pas un don déifiant, tandis
que le don déifiant est surnaturel. Mais soit : absolument tous les
hommes et tous les anges sont plus ou moins des dieux ; dans ce
cas, la race des démons est, elle aussi, composée de dieux impar
faits et de demi-dieux ! Cet état n'est donc pas la déification ;
en effet, quel que soit l'état dans lequel la nature raisonnable
atteint la perfection, que ce soit une connaissance, une constitu
tion, une perfection naturelle du corps et de l'âme, qu'il provienne
du dehors ou du dedans, il peut rendre vraiment raisonnables
ceux qui le possèdent, mais il ne peut en faire des dieux.

1 Jean, I, 13.
» Jean, III, 6.
3 Jean, I, 12.
TRIADE III, 1, 30 6l5

» to ôvo/xa avrov reKva Qeov yevéadai » o Xpicrros « ètjov-


» nlav ëSaJKCV » €7tiStjju.tjo-o.ç ' <cat tt/jo ttjç eViS^/itaç yàp
aùroû 7râaiv ivvTrrjpxev edveaiv, eï ye <f>votKÔ>s èVeori ttj
XoyiKjj tpvxfj kcli vvv toÎç iw hvaoe^éat. tc kcÙ àoefiéoiv
âiraotv. "En evnep r) déœais l£i? corî TeXeiœnKrj rfjç Xoyi- 5
ktjç <f>vo€U)Ç, oi "EXXrjves XoyiKol TeÀei'ouç où/c tfoav, àXX'
0Ù8' ot ii<7reo6vT€s âyyeXoc Tocyapovv ov KaKÔJs rfj yvwaei
Xpâvrai, ttjç Se /car' aùrrjv (f>voiKr)s ëÇeœs ioTéprjvTai. IJœs
ovv Si/caicoç vnevdvvoi ,' Kal /xtjv oiÎk eîvai /xâÀAov ovcrîaç
ovaiav kcu oi e£a> ^>aat ao(f>oL TIws ovv âyyeÀoi àyye'Àcuv 10
XoyiKol /xâAAov r) ifjvxV ^XV5 > 0'L Y®-P o/reXelç ttjv ijÀi/aav,
ovk h> ttj <j>voei ttjç faxVS' àÀÀ' ev ttj tov a(vp,a.Tos I^oucti
tÔ àreXés. "'Ap' ovv Béwais rj to <j>poveîv SiSoûo-a ijÀi/cia/
Kcù yvuMJTiKODTépovç 8è /xâÀÀov aAÀous' âÀAouv, où irapà
ttjv ttjç ijjvxfjs <J)volv Tr€(f>vi<évcu Xoyit,6p.eda, rrapà. 8è ttjv 15
tov <rœp.a.Toç Kpàotv. TAp' ovv déœcriç rj TeÀeo-Ti/oj irpôç

ei><f>vîav Kpâais ,' Kal ttjv €V(f>vtav 8è 8œpov ovaav ïap.ev


@eov, ttjv Se yvGtoiv ov jiôvov ©eov Sœpov, àXXà Kal TeXetco-
tik-tjv ttjç Aoyi/cTjç (f>vaeu>ç ê£iv , ov 8wpov 8è deoTTOiôv, ov
yàp VTrep<f>vés , èxelvov ovtoç vvcp (f>vcriv. Elev 8' âv «rai 20
•n-avreç ol jLtèv jLiâÀÀov, ol 8' t^ttov, 6eol 8' 6'/xa>ç â7ra£â7ra.VTeç
dvdpanroi Kal âyyeXoL ' àel 8è âTeÀeîs' deol Kal Tj^u'#eoi to
Sat^iôvtov <f>vXov. Ovk dpa déa>o~is rj HÇls avrrj ' tjtiç yap ttot
âv €L-q TeÀeia»Tt/<7j ttjî XoyiKrjs (f>voea>s c^tç, être yvcôai?,
être Kpâcris, elre eixjjvîa acôfiarôç Te Kal ipvxîjs, Bvpadev r) 25
oiKodev ■npoaywop.évr), XoyiKovs aKpt.fiâ>s olç âv èmyévoiTO
reXioeiev , àÀÀ' où^t. Kal deovs.

CVSL
6l6 GRÉGOIRE PALAMAS

La déification, éner- 31 • — Mais> comme nous l'avons prouvé


gie de Dieu. plus haut, les saints disent clairement
que cette adoption, devenue réalité agis
sante par la foi, ce don déifiant, est « hypostasié » x ; mais lui, il
affirme que l'imitation de Dieu, qu'il est seul à considérer comme
étant la Théarchie et le don déifiant, n'est pas hypostasiée ; elle
est donc distincte de la déification que possédaient et connais
saient les Pères. Pourtant Maxime le divin n'a pas seulement dit
qu'elle était hypostasiée, mais aussi qu'elle n'avait pas de com
mencement, qu'elle était non seulement incréée, mais indescrip
tible et supratemporelle ; ceux qui l'obtiennent deviennent ainsi
incréés, sans commencement et indescriptibles, bien que, de
par leur propre nature, ils proviennent du néant 2. Cet homme,
en envahissant un domaine qu'il ne connaît pas, affirme que la
déification est créée et naturelle, qu'elle est soumise au temps ;
manifestement, il la crée à sa propre mesure et, avec elle, ramène
clairement Dieu au niveau d'une créature. Selon les Pères, la
déification est, en effet, une énergie essentielle de Dieu ; et l'essen
ce dont les énergies essentielles sont créées est elle-même nécessai
rement créée. Voilà l'absurdité dans laquelle ce malheureux, on
peut le voir, est tombé de différentes manières et à plusieurs
reprises ! Il ne rougit pas, en effet, en déclarant que toutes les
puissances et toutes les énergies naturelles de Dieu sont créées,
bien que notre foi nous enseigne que chaque saint est temple de
Dieu par la grâce qui habite en lui ! Comment le réceptacle d'une
créature serait-il un temple de Dieu ? Comment chaque saint
serait-il incréé par la grâce, si cette grâce est créée ? Voici ce qui
me cause un grand étonnement : pourquoi admet-il lui-même que
la lumière qui jaillit au Thabor est appelée par les Pères lumière
« théurgique », mais ne supporte pas ensuite qu'on l'appelle
don déifiant ? Pourtant, puisque le don déifiant de l'Esprit est
une énergie de Dieu, puisque d'autre part les appellations de Dieu
proviennent de ses énergies, car sa Suressentialité n'a point de
nom, Dieu ne devrait pas s'appeler « Dieu », puisque la déifica
tion consiste seulement en vertu et en sagesse ! Il est pourtant

1 Cfr supra, §§9, iS.


* Cfr Ambiguorum liber (PG, XCI, 1140 A, 1144 C).
TRIADE III, 1, 31 617

31. 'AXXà ydp, ôirep àvairépo) Se'Set/CTat, ttjv p,ev ck ma-


tcojç etç èvépyeiav TTpof$âaav vlodeolav Kal tt)v Oïottolov || || f■ 2071
hutpeàv ravTrjv ol âyioi o~a<f>â)S Iwirôararôv <f>ao~iV ovtoç
8è ttjv 6eop.t.p.r)olav, fp> deapxiav kcli Qeorroiov hôjpov p.ovos
àffâvTtov îmevorjoev , ovk ivimôaraTOV eivat Sita^u/at^erai ' 5
roiyapovv crêpa iarl napà ttjv roîs rrarpâcnv eyyeyevrj-
p.évr)v T€ Kal €yvu>ajj.évt)v ôécocnv. MdÇtp-os Se ô 6eîoç ovk
ivvTr6<jTa.Tov jxôvov elrre touttjv, àXXà Kai àyévrjTov, kui
ovk clktiotov p.6vov , àXXà KoX aTTeptyparrrov Kal v7T€pxpovov ,
d)S Kal rovs avrrjç eù/iotpTj/coTaç 81' avrrjv aKTiOTOVS , avap- 10
)(ovs Kal àirepiypàiTTovs TeAe'crat, KatVot Stà ttjv oiKeiav
<f>voiv i£ ovk ovtojv yeyovoras. Ovtos 8è <x p.r) iwpaKev
ipL^arevojv, ktictttjv Kal <f>voiKr)v Kal viro xpôvov wr^upiÇcTai
ttjv Oéinaw etvat, aa<bws rrap' èavrov Srjpnovpyœv avrrjv,
à^' -fjs Kal tov 0eov StjÀoç eortv et? KTiop.a KaraoïTtùv. H 15
p.èv yàp Qéajois, #carà tovs Trarepas, oÙcticuSt/ç eorîv evepyeta
Qeov' tj*ç Se ovGias al oûotcuSetç ivépyetai KTiorai, ktujttj
Kal axrrrj e£ àvdyKrjs. Tavrrj 8è ttj àrorria rroXvrpoiTOJS
âv Ttç ÏStj Kal iroXXaKis tov TaXanruipov tovtov ■mpvninrovTa '
où yàp ipvdpiâ, irdoas ràç ejx^vTovs tov 0eov 8vvdp.eis Te 20
Kal eVepyet'aç /cTtoràç àiro<f>aiv6p.€vos , Katroi vaov ©eov
i^côvtos rœv àyicjv eKaorov elvai 7reiriOT€VKap.cv Stà ttjv
ivoLKOvoav xàpiv ' irais ovv vaos ©eov to tov KTiop-aTOS
OlIOJTTJplOV ,' n<jJS 8è TOVTCJV ÉKaOTOS O.KTIOTOS Sltt TTJV X"Ptv»
et ktiottj ," 'Ekélvo 8e' /xoi Kai At'av 6avp.d£eiv eTretat, ttws -5
Kal cvtos 0eovpyiKov Xéyœv vtto tôjv irarépcuv KaXeîodai
to iv tÔ) OafîajpLO) Xdpifjav (f>â)S, etr' avros Oeorroiov hwpov
tov 10 Xéyeiv ovk ave'^eTat. Ov ;lt)v àXX eVetS?) r) Osottolos
oaipeà tov rivevjJiaTOç ivépyetd e'crrt ©eov, 6 8è ©eos cbrô
tcûv evepyeiwv e^et Ta? e—(jjvvp.t.as, r) yàp VTrepovoLOTrjs 3°
dv(l>vvp.6s ecrrtv avTov, eïirep i£ àpeTrjs [lôvrjs Kal oo4>las r)
Oéœois imrjpxev, ovk àv Qe6s, a»? h\a>v QeoTrotov eVe'pyetav,

CVSL
6l8 GRÉGOIRE PALAMAS

appelé Dieu du fait de son énergie déifiante l, or c'est la sagesse


et la vertu qui manifestent cette énergie ! Il ne devrait pas non
plus être appelé « plus-que-Dieu » à cause de sa transcendance
par rapport à cette divinité : il lui suffirait, en effet, d'être nommé
* plus que sage », « plus que bon » et ainsi de suite. La grâce et
l'énergie de la déification sont donc différentes de la vertu et
de la sagesse.

Accessible à l'ex- 32- — Ne tenant aucun compte des


périence. insultes que nous adresse ce bon Barlaam
(elles ne tombent pas sur nous, en effet,
mais sur les Pères ; ce sont leurs doctrines qui sont outragées ;
ou plutôt, il ne les touche pas non plus ; car, selon le dicton, celui
qui crache vers le ciel ne l'atteint pas, mais reçoit lui-même son
crachat), méprisant ces impudents blasphèmes, nous lui répon
dons comme si, étant dans l'incertitude, il nous avait demandé
ce qu'est la déification ; nous y répondons selon la force que nous
a allouée le Seigneur. Lorsque tu entends parler, ô le meilleur
des hommes, de l'énergie déifiante de Dieu et de la grâce théur-
gique de l'Esprit, ne te presse point, ne cherche pas pourquoi
elle est ceci ou cela et pourquoi elle ne l'est pas ; sans elle tu ne
pourras être uni à Dieu conformément aux Pères qui nous en
ont parlé ; tiens-toi plutôt aux œuvres qui te permettront de
l'atteindre ; c'est alors, en effet, que tu la connaîtras selon tes
possibilités, car, selon le grand Basile, celui-là seul connaît les
énergies de l'Esprit, qui a appris ce qu'elles sont par l'expérien
ce 2 ; quant à celui qui recherche la connaissance avant les œuvres,
s'il a confiance en ceux qui ont l'expérience, il obtient une certaine
image de la vérité ; mais s'il cherche à la concevoir par lui-même,
il se trouve privé de l'image elle-même ; ensuite, il se gonfle

1 Les Pères grecs affirment souvent que le mot 6t6ç ou flfénjç désigne une
énergie de Dieu et non son essence; voir notamment s. Basile, Epist., 189, 8
(PC, XXXII, 696), s. Grégoire de Nysse, Epist. ad Ablabium quod non sint 1res
dii (I'G, XLV, 121 D-124 A), s. Grégoire de Nazianze, Hom., XXX, 18 (PG,
XXXVI, 128 A), Ps.-Denys, De div. nomin., XII. 2 (PG, III. 969 C), Scholie 4
sur le degré I de la Scala de s. Jean Climaque (PG, LXXXVIII, 645 AB), etc.
' Il est probable que Palamas a ici en vue non pas s. Basile, mais un passage
similaire de s. Jean Chrysostome qu'il cite plus bas (7>. III, 3, 3), sans indiquer
le nom de l'auteur (In Is., I, PG, LVI, 14).
TRIADE III, i, 31-32 619

€Ka\eÎTO 6 Oeos, T-fjç cro<f>îas Kai àpeTtjs Tatrrrjv avrov 8-qXr)v


iroiovoTjs rrçv ivépyeiav. 'AXX' oi8' àv îmépdeos î]Kovev,
ws TavTTjç ttjs OeôrqTos €TT€K€tva vnapxatv ' ànexp^ae yàp
av aurai vnépooifrov Kai virepdyadov Kai rà TOiaûra Xéyeadai.
Toiyapovv âXXo irapà tt/v dpe-rqv Kai rqv ao<f>lav 17 X^f-S 5
»cat r/ èvépyeia rfjs ôewaews icrri.

32. Tœv tov koXov to'iwv BapXaàp. els rjp.âs XoiZopiâtv


àXoy^cravres —- ov yàp els rjp-âs, àXX* els tovs Trarépas
àva<f>épovrai ' TOVTatv ydp eloi rà vfipiOfiéva 86yp,œra ' p,âXXov
8è ov8è eKe'ivojv âiTTeTai ' tttvwv yap tiç, ë <f>aoiv, els ovpa- 10
vôv, ov tov ovpavôv, àXX' iavrov \\ noieî ko.t6.tttvotov — Jf. 2o8r
ovkovv 17/xeîç wap' ov8èv ràç {$8eXvpàs ravras f$Xao<pr)pîas
rj-yqo'dp.evoi, à>s àv el 8iairoprqTiK<I>s yperà Ti ttot' âpa 6éa>-
ais èoriv, àiroKpivovpeda irpos tovto Karà ttjv €TTip.eTpr}-
Oeîaav rjp.lv irapà Kvpiov 0vvap.1v. Evépyeiav Oeov 15
Beoiroiôv, a> fiéXriOTe, aKOVwv Kai I7vevp.aTOS X<*-PIV
deovpyôv, prj TroXvirpaypôvei, pvq8è £77x61 ttcûs p.èv tovto,
ncôs 8' e/ceîvo, TTÔJç 8e pvf\, Kai Tavra ravnjs âvev
p.rj yevqaeadai péXXcov iv ©eû>, /carà tovs vepi avrrjs C'Vov-
Taç, àAAà tôjv epyatv êxov> ^l' ">v ^Kelvrjs TevÇr) ' totc yàp 20
Kai Tavr-qv eiar) Kara to èy%wpovv ' povos yàp 6 rreipa. p.a0tov
ol8e ràs ivepyeias tov IJvevpaTos, Karà tov péyav BaalXeiov .
'O 8è Trpo tÛ)v êpywv ttjv et8rjaiv Çtjtwv, TOÎS TT€7T€ipap.€V0lS
pèv ttiotcviov, Xap.f3d.vei ti ttjs àXrjdeias tvSaAua, rrap
èavTOV 8è 8iavoovp.evos, Kai tov lv8dXp,aTOS 8ia7reoa>v, eW* 25
d)S evprjKOJS péya <f>vaaTai Kai ttoXvs Karà tû>v "ne-neipa-
p,évu>v ws TTenXavr]p.eva>v -nvel. Mr\ TToXvirpayp.6vei toLwv,
àXX ê-rrov tols ireireipauevois, paXiara p,èv epyoïs, el 8è prj
tovtois, toîs Xoyoïs yovv, apKovpevos Tatç irapa8eiypa-
TiKaîs eK(j)avoeaiv avTrjç " rj yap Oéaiais VTrepwvvp,os. Ato 30
Kai rjpeîs iroXXa -rrepi rjav^ias ovyypaiftdpevoi, vvv pèv tGïv

CVSL

26 (ftvaaâTat. L.
Ô20 GRÉGOIRE PALAMAS

d'orgueil, comme s'il avait trouvé, et souffle sa colère contre les


gens d'expérience, comme s'ils étaient dans l'erreur. Ne te presse
donc pas, mais suis les hommes d'expérience, par tes œuvres, ou
au moins par tes paroles, en te contentant des manifestations
extérieures de la grâce ; la déification, en effet, est au-dessus de
tout nom. Voilà pourquoi, nous qui avons beaucoup écrit sur
l'hésychie, tantôt sur l'exhortation des Pères, tantôt à la demande
des frères 1, n'avons jamais osé écrire sur la déification. Mais
aujourd'hui, puisqu'il faut parler, nous parlerons ; nous dirons
des paroles pieuses, par la grâce du Seigneur, mais impossibles à
démontrer ; car même exprimée en paroles, la déification reste
indicible : pour parler comme les Pères, on ne peut lui donner
un nom que d'après les hommes qui l'ont reçue.

L'Esprit en nous. 33. — La Divinité par nature, le Prin


cipe de la déification, l'Origine impartici-
pable dont les déifiés tirent leur déification, la Béatitude elle-
même, transcendante à toutes choses et suprêmement théarchique,
n'est donc en elle-même accessible à aucune sensation et à aucune
intelligence, à aucun être incorporel ou corporel ; ce n'est que
lorsque l'un ou l'autre de ces êtres sort de lui-même et acquiert
un état supérieur qu'il est déifié ; car ce n'est qu'à une intelli
gence et à un corps unis à elle dans leur hypostase même que,
selon notre foi, la Divinité est et devient visible, bien que cette
vision ne soit pas du domaine de leur nature propre. Seuls ces
êtres unis à elle se sont trouvés déifiés par la présence totale de
Celui qui les oint 2 ; ils ont reçu une énergie identique à celle de
l'Essence déifiante 3, ils la possèdent dans sa totale plénitude et
la révèlent par eux-mêmes. Et en effet, selon l'Apôtre, en Christ,
habite toute la plénitude de la Divinité, d'une façon corporelle *.
Voilà pourquoi certains saints, après la venue de Dieu en chair,
ont vu cette lumière comme une mer sans limite, s'écoulant extra-

1 La première Triade est tout entière rédigée sous forme de réponses à des
questions posées par des frères brimés par Barlaam.
« S. Grégoire db Nazianzb, Hom., XXX, 21 (PG, XXXVI, 132 B).
* Cfrs. Maxime, Ambig. liber (PG, XCI, 1076 BC) : mort ctvtu plav KaX fuSnp>
810 nâvTiuv Mpytiav roO 0(ov Kal râv à(imv avrov.
* Col., II, 9-
TRIADE III, 1, 32-33 621

TTarépœv npoTpefpapévwv , vvv Se rœv àScÀ^cùv aLTrjaapévwv ,


ovoapov irepl dewaewç àvaypaufjai redapprjKapev ' vvv 8'
ôretVcp àVay/cij Xéyeiv, ipovpev, evcjefïrj fièv rfj tov Kvpiov
yâpiTL, TrapaoTTJaat, oè ov% iKavâ' ko! Xeyopévrj ydp, àpprjros
ckcIvt) pévei, pavois èrrwvvpos, /carà tovs iraripas <f>âvai, 5
toîs eùpoipr/KÔaiv avrrjç.

33. 'H <f>voei Toiyapovv deôi-rjs, r) àpyr} rr]s Oewaewç,


i£ r)ç <1)S alrîaç àpedéxTOV to OeovoOai roîs ôeovpévoiç iarlv,
avrrj roivvv r) rrâvTwv iireKeiva Qc.apyiKOi76.TT) paKapioTr^ç
àôparôç ecrri ko.9' iavrrjV aloOrjoei re /fat vâ>, àawpaTW re 10
Km owpari avvSeSepdvw ' kclv €KOTfj iavTov ti tovtwv ôrî
to tcpeÎTTOv, dewdév ' povw yàp tû> ko.6' VTrôaraoiv rjvwpévip
vw kclI oojfjLari eîvai Te /cat yevéaOai dea.Tr) tt tore uerai,
et ko.1 pr) xaTa ttjv oî/cetav <J)volv iavTwv. Môva yàp e/ceîva
« rrapovola tov \plovTos oXov » idewdrjoav ko.1 rr)v ïarjv 15
evepyeiav ttj Oeovorj ovula TrpooeXâfiovTo , rrâoav avrr)v
àvcXXiTTÔJS xaipijoavTa ko! Si' iavTwv €K<br>vavTa ' /cat yàp
« iv toi XptOTÛ) 77 âV to -n-Xijpwpa ttjç OeoTrjTOÇ awp.aTi.Kws »
/tara tov ' AitootoXov « ot/cet ». A16 /cat tcôv àyiwv elalv oî
perà ttjv Stà aapi<àç tov ©eov èmorjpiav olôv Tt rréXayos 1°
àirepiôpicrTov to (f)6jç ei<eîvo etôov, e£ evos oIokov, tov rrpoa-
KwrjTov otjXovÔti ocôparoç, rrapaSô^ws \\ rrpo\€6p€vov , aiç ||f. 208V
xai oî àuôoToXoi eVt tov opovs. Ovtw pèv ovv rj àrrapyr)
TeOéwTUi tov rjpeTepov (pvpaparoç. 'H 8è tgôv Tedewpévwv
àyyéXwv tcal àvdpwnwv déwais ovy "Q vircpovaiôs ioTiv -'.5
ovaia tov Qeov, àXXà tt^ç vtrepovaiov ovaiaç tov 0eov ivép-
yeta, tolç Tedewpévois ivvrrâpyovaa, ovy ws rj Té^vr/ iv

CVSL
622 GRÉGOIRE PALAMAS

ordinairement d'un soleil unique 1, le corps adoré, de la même


façon que les Apôtres le virent sur la montagne. C'est donc ainsi
que les prémices 2 de notre mélange humain sont déifiées. Mais
la déification des anges et des hommes déifiés n'est pas l'essence
suressentielle de Dieu ; elle ne se manifeste pas dans ces êtres
déifiés, comme l'art se manifeste dans l'objet d'art, car c'est
ainsi que la puissance productrice se manifeste dans les objets
créés par elle, universellement visible et même se réfléchissant
en eux ; la déification se manifeste dans ces êtres, selon le grand
Basile, comme l'art dans celui qui l'a acquis 3. C'est pourquoi les
saints sont des instruments du Saint-Esprit, ayant reçu la même
énergie que lui. Pour preuve certaine de ce que je dis, on peut
citer les charismes de guérison, l'accomplissement des miracles,
la prescience, la sagesse irréfutable que le Seigneur appela même
Esprit de votre Père * et aussi la transmission sanctifiante de
l'Esprit, que reçoivent d'eux et par eux ceux qui sont sanctifiés
avec eux ; Dieu dit, en effet, à Moïse : Je prendrai de l'Esprit qui
est sur toi et je le poserai sur eux 5; de même, lorsque Paul imposa
ses mains sur les douze Éphésiens, l'Esprit Saint vint sur eux;
et à l'instant, ils parlaient en langues et prophétisaient 6. Donc,
lorsque nous considérons la dignité propre de l'Esprit, nous le
voyons égal au Père et au Fils ; mais lorsque nous pensons à la
grâce qui agit sur ceux qui y participent, nous disons que l'Esprit
est en nous, qu'il s'écoule vers nous, mais n'est pas créé, qu'il nous
est donné, mais n'esr pas tiré du néant, qu'il nous est accordé, mais
n'est pas produit 7 ; pour parler encore comme le grand Basile, il est
présent en ceux qui sont encore imparfaits, de façon à ce qu'ils
puissent seulement en disposer, car leur opinion n'est pas stable;
par contre, chez ceux qui sont plus parfaits, il est présent en vertu
d'un état qu'ils ont acquis et même, chez certains, comme un état

1 Cfr s. André de Crète, Hom. VII in Transfig. (PG, XCVII, 933 C), et un
texte attribué à s. Basile (cité plus haut Tr. I, 3, 29) que je n'ai pu identifier.
• Le Christ comme ôirapxij dans I Cor., XV, 20, 23.
• De Spir. Sancto, XXVI (PG, XXXII, 180 C ; édit. Pruche, dans Sources
chrétiennes, Paris, 1945, p. 226).
4 Matth., X, 20.
• Nombres, XI, 17.
• Actes, XIX. 6.
7 Ps.-Basile, Contra Eunom., V (PG, XXIX, 772 D).
TRIADE III, 1, 33 623

tû> Teyyyyrâ) — ovra> yàp toîs 8rjp.iovpyi.Kios irporjyfiévois


evecmv r) npoayayovaa raûra 8vvap.is, iiri<f>awo[iévr] rrâoiv
r) Kal èp.<j>aivop.évj) — , àAA' « wç r) Te^vi? èv tô> àyaÀajSôvTi
» avrrjv », Karà tov p,éyav BaalXeiov. A10 Kal opyavd eloi
tov âyiov IJvevp.aTos ol àyioi, rr/v avTr)v eKeivœ npooeiÀrj- 5
<f>ÔT€S èvépyeiav ' Kal t) t&v Xeyop.éva>v ttLotis è.Tolp.1] rà
\apiap,aTa twv lap-ârcov, rà ivepyr)p.aTa t&v 8vvdp.eœv', r)
irpôyvœats , r) p.r) àvTtXeyop,€VT) ao(f>la rjv Kal « IJvevp,a tov
» IJarpos r)p.â>v » ô Kvpios Trpocrrjyôpevaev , ov p,6vov 8é,
dXXà Kal r) tov IJvevp.aTos àyiaoTiKi) /xeraSotuç, ef avrœv 10
Kal 8i' aÙTÛv )(opr)yovp.évT} toîs âyiat,op.évois p,eT avTovs '
« Arji{top.ai. yàp àVô toO IIvevp.aTOS tov iirl aè Kal drjau> èir'
» avrovs », rrpos tov Mùjvotjv elitev 6 &eôs, Kal « tov IlavXov
» tcLç %€Îpas èiridévTos » toi? 8c*ca8uo 'E<f>eotois « i)X6e to
» TIvevp.a to âyiov è-n avrovs, iXdXovv Te» irapavTa «yXiôo- 15
» aais Kal TTpoe<j>r)Tevov ». Ovkovv ôVav p.èv tt)v oiKelav
à£lav tov IIvevp,aTOS ivvoû>p.ev, p.erà TlaTpos avTO Kal
Ylov Oea>povp.ev , orav 8è T7jv els tovs p-eTÔ^ovs èvepyov-
p.évrjv x<*-P',v èvOvp,rjdâ>p.ev, èv r)p.îv eîvat to IJvevua Xéyo-
p.ev, « eK^eôp-evov irpos r)p.âs, où KTi£,6p.evov, 8i86p.evov r)p.îv, 20
» ov iToi.ovp.evov, xapi£o/xevov, ov 8rjp.10vpyovp.evov » ' èvvrr-
apxov toîs p.èv aTeXéoiv ert, Karà tov p.éyav avdis <f>dvai
BaoïXeiov, worrep tiç 8iddeats «Sià to ttjç yvœp.rjs àvl8pv-
» tov», toîs 8è TeXewTcpois aiç c'^tç èn'iKT~i]TOS , eaTi S' e^' <5v
èveppit,u>\iévr\, ical TavTrts pâXXov ' « '^3ç yàp 7) 8vvapls » 25
<^>ry<rt « rov ôpâv ev tû> vyiatvovTi oéQaXpw, ovtcds t; èvép-
» yeta toû FJvevp.aTos èv tt) i<eKa9app.évr) ipvxf} ».

CVSL
ïo aytaoTLKTj : iivotiki) V [J 17 toû /ïos/ /ifrà rt(W. V.
624 GRÉGOIRE PALAMAS

enraciné, et même plus que cela : L'énergie de l'Esprit est dans


l'âme purifiée, comme la faculté visuelle dans un œil sain, dit-il
en effet l.

Le Christ, Dieu par 34. — Le don déifiant de l'Esprit ne


essence, et les ^oit donc pas être assimilé à l'essence
hommes déifiés. suressentielle de Dieu: il est l'énergie
déifiante de l'essence suressentielle de Dieu ; il n'est pour
tant pas la totalité de cette énergie, bien qu'elle soit indivisible
en elle-même. Quel être créé pourrait en effet recevoir toute
la puissance infiniment puissante de l'Esprit, en dehors de
Celui qui fut porté dans le sein d'une Vierge, parce que l'Esprit
Saint était venu et la puissance du Très-Haut l'avait couvert de
son ombre 2 ? C'est pourquoi il reçut toute la plénitude de la
Divinité 3 ; quant à nous, nous avons tous reçu de sa plénitude *.
L'essence de Dieu est donc partout, car il est dit : l'Esprit remplit
tout 6, selon son essence ; la déification est également partout,
indiciblement présente dans l'essence et inséparable d'elle, en
tant que puissance naturelle de l'essence. Mais, de même qu'on
ne peut voir le feu, lorsqu'il n'y a ni matière, ni organe sen
sible qui reçoive son énergie lumineuse, de même on ne peut
contempler la déification, s'il n'y a pas de matière prête à rece
voir l'apparition divine. Mais lorsqu'elle saisit une matière con
venable, libre de tout voile — toute nature raisonnable purifiée,
ne portant pas le voile de diverses infamies —, alors elle devient
elle-même visible comme une lumière spirituelle, ou plutôt elle
transforme ces êtres en lumière spirituelle. Le prix de la vertu,
est-il dit, est de devenir Dieu, d'être illuminé de la plus pure des
lumières, en devenant fils de ce jour qu'aucune obscurité n'inter
rompt; car c'est un autre soleil qui donne ce jour, un soleil qui
luit de la vraie lumière ; une fois qu'il nous illumine, il ne se cache
plus à l'occident, mais enveloppe toutes choses de sa puissance
lumineuse, donne une lumière éternelle et continue à ceux qui en
sont dignes et transforme en autres soleils ceux qui communient à

1 De Spir. Sancto, XXVI (PG, XXXII, 180 CD ; édit. Pruche, p. 226-227).


* Cfr Luc, I, 35.
» Col., II. 9.
4 Jean, I, 16.
* Cfr Sagesse, I, 7.
TRIADE III, 1, 34 625

34. Toiyapovv oi>x rj xmepovaios ovala tov Oeov iariv


r) Qeanoios owpeà tov IJvevpaTos, aXX rj Trjs vnepovcnov
ovalas tov Oeov BeoiroLos ivépyeta Kal ovoè avrrj rrâaa,
cl kcÙ Kad' iavrrjv àuépioros €K€ivrj. Tls yàp rœv ktiotwv
Xoprjaai Suvcut' âv oXrjv rqv dneipoSvvapov ovvapw tov 5
IJv€vp.aTos , wXrjv tov Kvrjdévros iv irapdeviKrj vr/om, irapov-
CTta IJvevfiaTOS àylov Kal rfjs tov 'Yiplorov ovvduews èm-
o■Ki6.au; Alo ko! «7râv» uèv ovros ixaiprjae «to irXrjputpa rfjs
» ^cotjjtoç», « €K 8è tov irXrjpwpaTOS avrov r/fiets navres
» iXdfiouev ». IlavTayov pèv o$v rj ovala tov Oeov' « to yàp 10
» flvevpd » (f>r/ai « irXrjpoî rrâvra » || *carà tt)v ovalav ' Travraxov \ f- ioqt
8è Kal r) Oéioais, ivimdpxovaa d<f>pdarœs Tavrr) Kal àxiôpia-
tos eKelvTjs ovaa, are <j>vaiKrj oiivapis avrrjs. '^4AA' worrep
to TTvp à<f>aves eo-Ti prj irpoKeipévrjs vXr/s r) ala6r]Tt)pU>v tov
X<x>povvTOS rqv <pwTiaTiKr)v ivépyeiav avrov, ovrat 8-q koI 15
r) déœais àdediprjTÔs iart prj ■npoK(.ipivr]s vXrjS rfjs x<opov-
ot)s rqv Belav ip.<f>dveiav rjviKa 8' dv èmrrfieias vX-qs àirepi-
KaXvTTTuts €xovot]s €TnXdf$r)Tai , roiavrq 8e iari irâaa
XoyiKr) KCKadappévT) <f>vaiç to rfjs TroXveioovs KaKias ovk
€iri.<f>epop€mri KaXvppa, rqviKavra Kal avrq <f>ô>s ■nvevp.a.Ti- 20
kov ôpârai, pâiXXov oè KaKelvovs <f>â>s rroieî irvcvp.aTi.Kov.
« *A6Xov » ydp <f>rjai.v « dperfjs &eov yevéoBat Kal tû> KaOa-
» pœrdrcp <f>a>rl KaraarpdiTTeadai, Trjs rjpépas €KelvrjS vlov
» yevôpevov rj pr) 8ia*co7TT€Tai £,6<f>u> ' aAAoç yàp Tavrqv
» iroieî rjXios, ô to àXrjOivov cf>â>s arTaorpâmoiV , os èrreio'àv 25
» dirai; èm^avar] rjplv, ovkcti cV ovapals KpvirTerat,, àXXà
» irdvTa Trj (f>a)TiOTiKrj iavToC ovvdutt. irepiiTTV^dpevos ,
» 8n7vc/cèç Kal àStaSo^ov toîs délais to <f>œs ipiroieî Kal
» ai>Tovs tovs peTexovTaç tov <(>wtos eKelvov dXXovs rjXiovs
» àirepyaÇôuevos ». Tore yàp Kal « oî SiVatot €KXdpAJiovaiv y>

CVSL

22-23 KaOapoTaTiit L || 2b rm^avaet V.


626 GRÉGOIRE PALAMAS

cette lumière 1. Alors, en effet, les justes resplendiront comme le


soleil 2. Quel soleil ? Celui-là, sans aucun doute, qui apparaît,
alors comme aujourd'hui, à ceux qui en sont dignes.

Dieu agissant dans 35- — Vois-tu qu'ils acquerront 1 ener-


l'homme. gie même du Soleil de Justice ? C'est
pourquoi différents signes divins et la
communication de l'Esprit Saint s'accomplissent par leur inter
médiaire. Il est dit, en effet : De même que cet air qui est autour
de la terre, poussé vers le haut par le vent, devient lumineux, parce
qu'il est transformé par la pureté de l'éther, de même l'esprit humain
qui quitte cette vie bourbeuse et sale: s'il devient lumineux par la
puissance de l'Esprit et s'il se mêle à la pureté véritable et sublime,
il brille lui-même dans cette pureté, devient tout rayonnant et se
transforme en lumière, selon la promesse du Seigneur qui proclama
que les justes resplendiront comme le soleil s. Nous voyons se pro
duire sur terre le même phénomène avec un miroir ou de l'eau * :
en recevant le rayon du soleil, ils produisent eux-mêmes un autre
rayon. Et nous aussi, si nous nous élevons, en abandonnant les
ténèbres terrestres, nous deviendrons lumineux, à condition de
nous approcher de la vraie lumière du Christ ; et si la vraie
lumière, celle qui luit dans les ténèbres 5, descend jusqu'à nous,
nous serons nous aussi lumière, comme le Seigneur le dit quelque
part à ses disciples 6. Ainsi le don déifiant de l'Esprit est une
mystérieuse lumière et transforme en lumière ceux qui reçoivent
sa richesse ; il ne les remplit pas seulement de lumière éternelle,
mais il leur accorde une connaissance et une vie qui convient à
Dieu. Ainsi Paul, selon le divin Maxime, ne vivait plus d'une vie
créée, mais d'une vie éternelle qui appartenait à Celui qui était venu

1 Texte affectionné par Palamas (cfr Troisième lettre à Akindynos, dans 8to\oyia,
t. XXIV, 1953, P- 572) et attribué à s. Basile, notamment dans un florilège
patristique inédit, composé par le docteur hésychaste lui-même ou par un de ses
collaborateurs, au moment de la controverse (Paris, gr. 970, fol. 325").
« Matth., XIII, 43.
* Matth., XIII, 43. Texte non identifié, mais dont l'idée se trouve chez s.
Grégoire de Nysse, In Hexaem. (PG, XLIV, 88).
* Image très familière à Grégoire de Nysse.
8 Cfr Jean, I, 5.
* Cfr Matth., V, 14.
TRIADE III, 1, 34-35 627

» ws 6 rjXios ». 'Qs iroîos rjXtoç ; 'Qç ckcîvos hrjirovdev o


totc Kai vvv toîs ai; lois (j>atvo(j.evos-

35. 'Opâs ottws avrrjv ■npoo~KT&VTai rrçv ivepyeiav tov


■qXiov rfjs oiKatoarvvTjs ,' A10 Kai deooTjfjiîai 8id(f>opoi Kai X0PV'
yla TIv€V(j,o.tos ày'iov TeXeîrai Si' aùrcDv. 'Qs yàp o irepi- 5
» yeiôs » <f>rjaiv « oStoç drjp, àvœoOels vno rrjs jSiaç tov
» IIvcvu.aTos, <f>wToei8r)s yîverai, tw Kadapœ tov aldepos
» eVaÀÀoiou/zcvoç, outco Kai ô vovs 6 àvdpûyrnvos , KaTaXnrùtv
» tov OoXepov tovtov Kai avxp-a)8r] jStov, eVeiSàv ttj 8vvdp,ei
» tov TIvevp.aTOS <f>WTO€i8rjs yévTjrai Kai èu.p,ixdfj Tjj àXr)- 10
» divfj Kai vtjrrjXfj KadapÔTTjTi, 8ia<f>alv€Taî ttws koL auras
» iv eKelvr) Kai aKTÎvwv €u,TrLirXaTai Kai <f>â>s yîverai icaTa
» ttjv tov Kvpiov vTrÔG)(ecnv, Sç tovs SiKaiovs Xâpapeiv <î>s
» o rjXios €TTrjyyeî.XaTO ». Tovto Kai cm yrjs opâ>p,ev yivo-
pievov èvl KaTO-mpov tj v8aros ' 8e(jdp,€va yàp ttjv tov r/Xiov 15
aKTÎva, dXXrjv à<f>' iavTwv aKTÎva iroi€Î. Kai rjfieîs TOtvvv,
€?T€ KaTaÀi7TovTC? to Treplyeiov okotos dvco yevolp.e9a,
<f>mTO€i8eîs yevr)o6p.e6a, tû> dXrjdivw <^>u)tI tov XpiaTOv
€/x7reAao-avTeç, cire to <f>ws to dXrjOivov, « to eV tjj ctkotio.
» Xdp.7Tov >>, Kai p.é)(pis rjp-wv KaTafialrj , Kai rjp.eîç <f)â>s ^°
io~6p.eda KaOd rroi <f>r]oi toîs p.a6r]Taîs 6 Kvpios. Ovtojs
rj deowoios 8topeà tov Ilvevp.aTOS <f>û>s iariv àiropprjTov
Kai <f>â)s TTOieî Oeîov tovs 7rXovTrjoavTas atrrryv, où <f>u)Tos
p,6vov TrXrjpœaaaa tovtovs àï8îov, àXXà Kai yvwoiv Kai
Çcorjv 6eoTTp€Trfj xaPl(TafJb*vr) ■ Ovtojs || o IlavXos où/ceVt ttjv ^s|f. 209»
ktiott)v X^mrfv, àÀÀà « T7)V tov evoïKrfaavTOS àtSiov Çœrjv »
/carà tov deîov e£,rj MdÇifiov ' ovtcoç 01 irpo<f>rJTai û>s ovra
èœptov Ta [irjTraj yeyovora ' ovtcds etSc tov Qeov ootiç ovk
aXXoTpito, àÀÀà <f>voiKÔ> ovp,fi6Xœ irv€vp.aTiK<x)s eœpaKev
avTÔV ov (f>vaiKov Se Xéyco ovfifioXov 0eov, o Kai tout' 30
airrô \16vov avp.fioX6v cotiv, ônep dv alaOr/aei fj alaO-qaei
/3À€7T7jTai Te r) aKOvrjTai Kai 81 dépoç ivepyrJTai' inel ôrav

CVSL
628 GRÉGOIRE PALAMAS

habiter en lui l. Ainsi les prophètes ont contemplé l'avenir comme


un présent. Ainsi celui qui a contemplé Dieu non par l'intermé
diaire d'un symbole étranger, mais dans un symbole naturel, a
vu Dieu ; je ne considère pas comme un symbole naturel de
Dieu ce qui n'est qu'un symbole ordinaire, visible ou audible
par les sens, en tant que sens, et agissant par l'intermédiaire de
l'air, car lorsqu'un œil, en regardant, ne voit pas comme un œil
ordinaire, mais comme un œil ouvert par la puissance de l'Esprit,
il ne voit pas Dieu par l'intermédiaire d'un symbole étranger * ;
c'est là ce que nous appelons « sensation dépassant les sens ».

Grâce et conscience 36. — On reconnaît cette lumière lors-


humaine, que l'âme cesse de s'adonner aux mauvais
plaisirs et aux passions, lorsqu'elle ac
quiert la paix et l'apaisement des pensées, le repos et la joie spi
rituelle, le mépris de la gloire humaine, l'humilité jointe à une
jubilation cachée, la haine du monde, l'amour des choses célestes,
ou plutôt l'unique amour du Dieu céleste. De plus, si alors on
couvre les yeux de celui qui voit, même si on les lui arrache, il
ne voit pas la lumière moins clairement. Comment pourrait-on
se laisser persuader par celui qui déclare que cette lumière est
visible par l'air et qu'elle n'est pas du tout utile à l'âme raison
nable 3, dans la mesure où elle ne convient qu'aux sens corporels ?
Mais ce contemplateur, tout en comprenant qu'il ne voit pas par
les sens en tant que sens, peut penser qu'il voit par l'intelligence ;
une recherche et un examen attentif lui font cependant découvrir
que cette lumière ne provoque pas l'activité de l'intelligence ;
et c'est là ce que nous appelons intellection dépassant l'intellec-
tion, en voulant dire par là qu'un homme, possédant une intel
ligence et des sens, voit, mais d'une façon transcendante à l'une
comme aux autres. En entendant le grand Denys dire à Timothée
d'abandonner les sens et les activités intellectuelles et de s'élever vers
l'Etre véritable *, n'en tire pas la conclusion que l'homme ne peut

1 Ambiguorum liber (PG, XCI, 1144 C) ; cfr Cap., V, 85 (PG, XC, 1384 D) ;
cfr Gai., II, 20.
* Sur la distinction entre un symbole « naturel » et un symbole ordinaire, voir
supra, §§ 13-14, 19-20.
* Cfr citations de Barlaam aux §§ 11 et 25.
* Cfr De myslica theologia, I, 1 (PG, III, 997 B).
TRIADE III, 1, 35-36 629

6<f>daXp,6s ôpœv, oi>x <*>s 6<f>6aXp.ôs ôpâ, àXX' œs rij Swâ/xei


tov IlvevfiaTOS SiavotxOels , ovk aXXoTplu) ovp.fiô'Xu) tov
Geov ôpâ, Kal tovO* r/p.€Îs Halodrjaiv vrtkp alaO-qaiv» <pap.ev.

36. rvâ)ptap.a p.évrot. tov (Jxjjtos ixeivou, KaTcnravois


TÛ>v p.7] KaXâ>v ■f]8ovô>v re Kal iradwv kyyivop.ivr\ rfj ipvxfj, 5
Xoyiop.œv elp-qvrj Kal KarâcrTaoïs , avairavoLÇ Kai XaPa 7TV€V~
p,aTiKij, TT€pi<f>p6vr)OLS àvôpœirtov So^tjç, TGLTrelvœois àyaXXid-
<T€i àTropprjTLp avvr)p,p.€VT], Koap,ov p,îoos, ovpaviwv ëpœç,
p.âXXov 8è p,6vov tov Qeov tô>v ovpavtôv ' irpôs 8è tovtois,
et Kal tovs ô<f>6aXp.ovs tov jSAcVovtoç ov 7repiKaAui/<eie tls i°
Tt]ViKavTa p.6vov, aXXà Kal iÇopvtjeiev, oùSèv JJttov rrjÀau-
yâ>s opâ tÔ (f>œç. TIôjs âv ovv TrtioQeLr) tis tû> Si' aépoç opaTov
tovto a7ro<f>at.vop.éva> Kal Karà p.rjh'kv XoyiKjj faxH Aucti-
TeXés, ws Taîs craip-ariKaîs aladr/oeoL irpoafjKov ', ''AXX' ô
OeaTr/s eKeîvos, voœv ù>s ov tj\ alod-qoei fj aloOrjoeL 9ed>p.e- 15
vos ècrri, vu) oïerai ôpâv e£eT<x£a>v Se Kal àvaoKO-rrovp:€vos,
ovb" €K€Ïvov evpioK€L irepl t6 (f>â>ç eKeîvo kvepyovvTa ■ Kal
tovt kaTiv S «vôrjoiv virkp vérjolv)) cf>ap.ev, tovto Sià tovtoïv
XeyovTeç côs o êx<jjv vovv Kal alaQrjotv ôpâ, vrrkp raÛTa Se
àp.<f>6Tepa. Mtj p,evToi tov p,eyâXov Aiovvaiov irpôs Tip-ôOeov 20
XéyovTOS aKovœv, œs « ràç alad-qaeis KaTaÀi7re Kal Tas
» voepàs ivepyeias Kai 7rpos to 5vto>s ov àvaTadr/Tt », p.rj
hvvaadai Xoyiarj t6tc tov âvdpcoTTov Stavoeîodat rj ôpâv' ov
yàp àirofioXrjv 77aa^ei tovtcov tûjv Svvdjxeœv, el /atj /car'
eKTrXrj^LV ' tov Se Karà ttjv êvioow <f>u>Tos Kal ttjs KaTa tovto 25
èvepyelaç ràç voepàs èvepyetaç TravranaoLV ànoXip,TTâveadaL

CVSL
12 av ovv '. ovv âv L || 21 KartAi-rrc V || 23 Xoyta-rj : Xoyiov V.
630 GRÉGOIRE PALAMAS

alors ni raisonner, ni voir ! Il ne perd pas, en effet, ces facultés,


sinon par épouvante 1 ! Mais enseigne que les activités intellec
tuelles sont absolument dépassées par la lumière de l'union et
l'action de cette lumière. Et ce fait est clairement montré par
Pierre, le coryphée et le fondement de l'Église : à l'heure de la
sainte Pentecôte, lorsqu'il fut gratifié de la mystérieuse et divine
union, il voyait ceux qui étaient illuminés comme lui, il contem
plait ceux qui, avec lui, étaient entourés de lumière, il entendait
ce qu'ils disaient, il avait conscience du moment de la journée.
C'est la troisième heure du jour, dit-il en effet *. Lorsque l'énergie
du Saint-Esprit recouvre l'intelligence humaine, il n'est pas vrai
que ceux qui sont l'objet de cette activité aient l'esprit troublé,
car cela serait contraire à la promesse de présence divine que nous
avons reçue. Celui qui reçoit Dieu ne perd pas les sens ; il a, au
contraire, le moyen de devenir semblable à celui qui est devenu
fou par l'Esprit de sagesse ; car cette lumière est aussi la Sagesse
de Dieu, présente dans l'homme déifié sans se séparer de Dieu.
Par elle, est-il dit en effet, toute connaissance est révélée et Dieu
se fait connaître réellement à l'âme qu'il aime 3 ; la justice, la
sainteté et la liberté s'y révèlent aussi. Écoute Paul : Là où est
l'Esprit du Seigneur, là est la liberté *. Et encore : Celui qui de par
Dieu a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemp
tion 6. Écoute le grand Basile : Ce qui a été mis en mouvement par
l'Esprit est devenu mouvement éternel, être vivant et saint; lorsque
l'Esprit vient habiter en lui, l'homme reçoit la dignité d'un prophète,
d'un apôtre, d'un ange de Dieu, lui qui auparavant n'était que terre
et poussière 8. Écoute Jean à la langue d'or : La bouche par laquelle
Dieu parle est la bouche de Dieu ; de même, en effet, que cette bouche-
ci est la bouche de notre âme, bien que l'âme ne possède pas de
bouche, de même la bouche des prophètes est la bouche de Dieu.
Écoute le Seigneur qui met son sceau sur cette vérité ; après
avoir dit : Je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle

1 Cfr s. Maxime : 6 rov Xpiorov vovç..., ov Karà orépyjoiv tîjç cV ypîv voepâç &uvâ-
ixtuis (îriyivfTat, Cent, gnost., II, 83 (PG, XC, I164B).
* Actes, II, 15.
* Macaire-Syméon, De liberlate mentis, 23 (PG, XXXIV, 957 B).
♦ // Cor., III, 17.
• I Cor., I, 30.
• Ps.-Basile, Contra Eunom., V (PG, XXIX, 769 B) ; cfr Gen., XVIII. 27.
TRIADE III, 1, 36 631

8i8doKov. Kal tovto SetKvvot. acuf>â>ç 6 Kopv<f>aîos kcli dep,€-


Xios rfjs ' EkkXtjoUis Tlérpos ' Karà yàp Tr)v wpav rfjs lepâs
TrevTrjKoarfjs iKelvrjv, Kad* rjv ttjs àiropprfrov Kal delas rjtji-
ovro èvœoeœç, Kal tovs crvp.Tre<f>atTiop,évovs J)8ei. Kal tovs
avveiXeyp.€vovs èœpa Kal twv irpos avrwv Xeyop.evujv r/Kpo- 5
âro Kal tov Si.ao^r-qp.aTos || rfjs r)p.épas iirrjaddveTO ' « Tpirrj » |f. 2ior
ydp (fyqaîv « iartv œpa rfjs r)p,€pas ». To yàp irnKaXvTTTO-
p.évov tov àvdpormvov vov irapà rfjs èvepyetas tov ayu>v
Ilvevp.aTos iÇeo-njKOTOS tovs èvepyovp.évovs ylveoQai Trapà
tt)v èrrayyeXîav corî rfjs delas iTn.8rjp.ias. Ov yàp €K<f>pa>v 'o
ylverai ô 9e6XrjTTTOS ' SXœs 8e Tiva Xôyov êxct *K T°û rfs
ao<f>las TIvevp.aTos /zc/atjvoti TrapairXfjaiov yiveodai ' to <f>â>s
yàp tovto Kal ao<f>la èari ©eov, iyyivop.évrj tû> Te9eajp.évu>
Kal p.r) xwpiÇop.évr) tov ©eov' «Ai avrov » yâp <j)rjoi.
« Trâaa yvâxiis àTTOKaXvrrTeTai Kal ©eos rrpos àXrjdeuav rfj 15
» <f>iXovp,€vr) tpvxf} yvojpLÇeTai », àAAà Kal oiKaioovvr) Kal
àyiàrr)s Kal èXevdepla. ''Akovoov IJavXov ' « "Ottov to TJvevp.a
» Kvpiov, ckcî iXevOeplaf)' Kal TrdXiv «"Os iyevrjdrj rjp.lv
» ao<f>ia arro ©eov Kal SiKaioavvrj Kal ayi.aap.os Kal arro-
» XvTpœcris ». "Akovoov tov p.eyâXov BaaiXeîov ' « To Kivrj- 20
» Bèv vtto IJvevi-iaTOS àyiov kIvtjoiv àtoiov, t,û)ov âyiov
» eyevero ' ca^e oè à£lav âvdpwTros , IJvevaaTOS elaoïKiodév-
» tos ev avTw, irpocfrrJTOV , àrrooTÔXov, àyyéXov ©eov, œv
>> rrpoTepov yrj Kal airohôs ». "Akovoov tov xpvoov tt)V
yXœTTav 'Iioâwov ' « To OTop,a 5V ov ô ©eos (pdéyyeTai. -\s
» OTOjLia eori ©eov ' Kanarrep yap tovto to OTou.a ttjs ^vyrjs
» r)p.âtv èoTi, koltol ipvxfjs ovk ixovorjs OTop.a, ovtw Kal
» to OTop.a Twv irpo<j)TjTœv OTOfjia iarl ©eov ». "Akovoov
eiTLO<f)payi^opéi'ov raûra tov Kvpiov ' /Liera yàp to elrreîv
« 8u)(Jaj vp.lv (TToifa i<al aoi^iav fj où b'vvijoovTai àvTevneiv 30
» oùoè àvTioTrjvat navrez ol àvriKeip.ei")L ôpîv », èir-qvey-

CVSL

I St&âaKov V D 5 oiÎTÔiv : avrov S.


632 GRÉGOIRE PALAMAS

aucun de vos adversaires ne pourra résister ou contredire l, il ajouta :


Car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui
parlera en vous 2.

La pratique des 37. — Il n'est pas possible de faire


commandements. un mauvais usage de cette sagesse-là.
Et pourquoi parler d'un mauvais usage ?
Il n'est même pas possible d'en acquérir le début, à moins de se
purifier au préalable par la pratique des commandements. C'est
là ce que dit le sage Salomon : La sagesse n'entrera pas dans une
âme fourbe et n'habitera pas dans un corps grevé par le péché 3 ;
car même si elle commence par venir habiter en nous, parce que
nous pratiquons correctement les vertus initiales, elle s'envole
dès le moment où nous nous tournons vers le mal. L'Esprit Saint
éducateur s'éloignera des pensées dépourvues d'intelligence, dit en
effet le même Salomon *. Un homme de mauvaise conduite peut
lui-même acquérir la sagesse qui provient de la nature et de
l'étude ; il s'en servira conformément à cette conduite, comme
il se sert de sa nature. Cette sagesse-là est donc aussi différente
de la sagesse spirituelle que la nature l'est de l'Esprit. Où sont
donc ces gens qui disent que nous acquérons par l'étude la sagesse
des prophètes et des apôtres ?

La vie divine don- 38- — Par cette lumière la sagesse


née à l'homme. spirituelle est donnée également ; écoute
deux Pères 6 qui sont d'accord pour
l'affirmer : La lumière qui illumina le bienheureux Paul sur la
route 6 et par laquelle il fut aussi élevé jusqu'au troisième ciel pour
y entendre des mystères inexprimables n'était pas une illumination
de la pensée et de la connaissance, mais un éclat hypostasié du bon
Esprit dans l'âme; les yeux de la chair, ne pouvant supporter la
surabondance de cette lumière, furent aveuglés; par elle toute con
naissance est révélée et Dieu se fait réellement connaître à l'âme qui

1 Luc, XXI 15.


* Matth., X, 20.
* Sagesse, I, 4.
* Ibid., I, 5.
* Macaire et son « interprète » Syméon Métaphraste.
* Actes, IX, 3.
TRIADE III, 1, 36-38 633

K€V « Où yàp ifieîs èore ol XaXovvreç, àXXà to Hvevp.a tov


» Ilarpos Vfuvv to XaXovv iv vpÂv ».

37. Tavrj) yovv rfj oo<f>la xPVaacr^ai «okcHs ovk evi '
K<d ti Xeyo) xprjaaadcu ,' Kal yàp oioè KTTjaaodat Tavr-qv
êvi ttjv apyr\v, pJt] itpoKaQt]pâp.evov oià irpdÇeœs ' Kal tovto 5
eori to rrapà tov o~o<f>ov ZoXop.wvros Xeyôp.evov ôVt « eiç
» KaKÔreyyov iftvxty OVK ^loeXevoeTai o~o<f>la, ov8è ko.toikt\-
» oei èv aœp,ari KaTa^péu) âfiaprias » ' el yàp Kal <f>6doei
Tt)v àpxqv r)pîv iva>KLop.€vr), raîç elaayojyiKaîs KaXws
K^xp^ip-îvots àperaîs, p.eTafïaXX6vTOJV r)(j.wv em to yç.ipov, 10
à^wrraTGU. « I7vevp,a yàp âyiov 7rai8ei'as ditavao-rr\aeTai
f> cwro Xoyiop.ojv dovveTOJV », Karà tov aiiTOV EoXop.â>vra.
Tr)v o' €K <f>vo~eu>s Te Kal p.adrjoea>s oro<f>iav, KTTjoaiT âv
tiç Kat twv tovs TpôiTovs TTovTfpwv Koi, xprjaaiT av TaVTJ]
KaTaXXrjXwS TOLÇ TpOTTOLÇ, œ(T1T€p Kal Tjj <j>VO€t. ToOOVTO 15
yovv avTTj ttjs 7rvevp.aTiKrjs oo<f>ias àwoSeî, Ôttooov Kat
tov I7vevjj.aTos r) <j>voiç. IJov Toiyapovv eloiv ol Xéyovres
Sri 8ià p.adr)oea>s Trjv Tœv 7rpo<f>r)Tœv Kal àirooToXœv oo<f>iav
KTOJfieda ;

38. "Oti Se Sià tov <I>ojtos iKelvov Kal r) 7Tvevp.aTiKrj oo<f>îa 20


StSorat, Il ovvSvo Karà Tavrov Xeyôvrœv aKovoov. « Tâ> |f. 21c
» yàp p,aKapiat » <j>7]ol « IJaiiXw to èXXdfjafjav iv Trj 6Sw
» <f>û>s, Si' ov Kal as TptTov ovpavov r)prai Kal \LVOTf]p'uov
» aXaXr\TU)v aKovoT-qs iyéveTO, ov vorjp,d.TU}V ti? Kal yvœ-
» oeojç <f>coTiop.6s rjv, àXXà b'vvdp.eœs tov àyadov Tlve.vp.a- 25
» tos KaO viTooTaoïv ev Trj iftvxfj eXXaptf/is, ov ttjv xmep-
» f$oXr)v T-fjs Xap.TTpÔT-qTos ol ttjs oapKos à<f>6aXp.ol p.7)
» SieveyKÔvTes àireTvfiXojBTjaav , Si' ov irâoâ Te yvœoiç
» àTTOKaXvTTTeTai Kal 0e6ç rrpos àXr)9etav Trj à£lq Kal <J>lXov-
» p.év7) >pvxfj yvcupcÇeTai ». Tovto to <f>û>ç Kal ^tuij èoriv 3°

CVSL
2 ificùv '■ rinwv V jj 8 afiaprCais L || 21 tqwto S.
634 GRÉGOIRE PALAMAS

en est digne et qu'il aime l. Cette lumière, c'est aussi la vie éternelle,
entrée dans l'homme déifié, sans se séparer de Dieu. C'est ainsi
que Paul disait : Je ne vis plus, mais c'est le Christ qui vit en moi *.
Ainsi Maxime dit au sujet de Paul : II vivait de la vie divine et
éternelle qui appartenait à Celui qui était venu habiter en lui s.
Ainsi Basile le Grand a dit : La vie que l'Esprit transmet à l'hypos-
tase d'un autre être ne se sépare pas de lui; comme dans le feu il
faut distinguer sa chaleur propre et celle qu'il communique à l'eau
ou à un autre corps, ainsi l'Esprit possède la vie en lui-même, bien
que les hommes qui, participent à lui vivent eux aussi d'une façon
divine, ayant acquis une vie divine et céleste *. Cette vie, il l'a appe
lée par ailleurs mouvement spirituel et éternel et il a dit qu'elle don
nait la sainteté à celui qui y participait, lui qui n'était auparavant
que terre et poussière 5. Où sont alors ces gens qui disent que la
grâce théurgique de Dieu est créée et que rien n'est éternel,
en dehors de la Suressentialité ?

S. Basile sur la 39. — Mais quelqu'un dira peut-être


lumière. qu'il parle de vie éternelle, mais non de
lumière éternelle ? Pourtant ceux qui par
lent d'éclat éternel et de gloire visible et éternelle veulent certes
parler de lumière éternelle accessible à la participation des seuls
saints. Et si tu prends en mains son Hexaemeron, tu seras convain
cu que le grand Basile savait qu'une lumière intellectuelle, anté
rieure et transcendante au monde, est participable aux saints.
Raisonnons, dit-il en effet : s'il y avait une réalité quelconque avant
l'édification de ce monde sensible et corruptible, elle était certainement
dans la lumière; en effet, ni les dignités angéliques, ni toutes les
milices supracélestes, ni ces êtres nommables ou innommables qui
se trouvent parmi les natures raisonnables et les esprits préposés
au service de Dieu, ne séjournaient dans les ténèbres 6. C'est pour
quoi le même Basile prie avec nous en disant : Puisse le Père

1 Macaire-Syméon, De libertate mentis, 23 (PG, XXXIV, 957 AB).


» Gai., II, 20.
• Ambiguorum liber (PG, XCI, 1 144 C) ; cfr Cap., V, 85 (PG, XC, 1384 D).
« Ps.-Basile, Contra Eunom., V (PG, XXIX, 772 B).
• Ibid., 769 B ; cfr Gen., XVIII, 27.
• Hom. Il in Hexaem., 5 (PG, XXIX, 40 C).
TRIADE III, 1, 38-39 635

àîSios, èviep,évrj t<3 TeBeœpévœ /cal p.r) x^P^t1^7) T°v


&eov' ovtcds ô TlavXos iXeye' « Zû> Se ov/ceri èy<ô, £77 8è
» èv èfiol Xpiorôç ». Ovrco -nepl tov IJavXov Md^t/xàç <\rt\oiv
d>$ « tt)v tov ivoïKrjaavTos é£r) delav kclI dtSiov Çwrjv ».
Ovrio BaolXeios ô fiéyas eîirev " « *Hv £a>r)v els êrépov xmôara- 5
» aiv irpoterai to IJvevfia, ov xœpLÇeTai avrov, àAA' wovep
» irvpôs, to p-év ècrnv r) avvovoa 9cpp,6rr)s , to Se r)v irapéx^i
» tô> ÔSciti r) èrépu) tivi tcDv Toiovrœv, ovroi Kai avro
» /cal èv êavrcp e^ei ttjv t,oir\v ko! ol p.€TexovT€S avrov Çœoi
» deoTrpcTTÎôs, t,u>r)v Oeiav Kai ovpdviov KeKrqpévot, ». Avrrj io
èarlv r) Çœr) rjv ovros ôAAaxoû « kIvtjctiv » irpoaehre « irvev-
» p.aTiKTjv Kai àîh'iov », /cal tov /icrao^ovra TavTr/s dyvov
TeXéoai « yr\v ovra /cal tttjXov irpoTepov ». TIov elaiv ol Xé-
yovreç ktiott)v rfjv deovpyov x®Plv T°v Oeov Kai p-qhkv
irXr)v Trjç îmepovoiÔTrjTOS avrov dîBiov ; 15

39. 'AAA' ipeî tiç Çcutjv Xéyeiv tovtov dî8iov, àAA' où^l
<f>ws ; 'AXX' ol XéyovTeç eXXapupiv àîSiov Kai Sofav ôparrjv
aî8u>v <f>ws StJttov Xéyovoiv dîSiov toÎs àyiois pavois pedeK-
t6v. "Oti Se Kai 6 p-éyas BaolXeios <f)â)S olSe toîs toiovtois
p,e6eKTOv voepôv, -npoKoop-iôv Te Kai xmepKoopiov , eïo-r) oatfiâjs 20
rrjv EÇarj p.epov aîiTov p.€Ta ^eî^aç XafSwV « AoyiL6p.edai>
ydp <f>rjoiv « oti eïirep ti fp> irpo ttjs tov aloBr/Tov tovtov /cal
» (pdaprov Kocrpov ovoTaoeœs , èv <pu>Tl àv r)v hrjXovoTi ' ovre
» yàp ai tcûv àyyéXwv à^i'ai, ovtc irâaaL al eTrovpdviai OTpa-
» Tiai, ovre ôXœs et ti eoTiv d>vop,aop.évov r) à/carovo- 25
» p.aoTOV tcov XoyiKwv <f>vaea>v /cal tcôv XeiTovpytKœv irvev-
» p.aTœv, èv okotcû Sirjye » ' Sto Kai r)pîv 6 aiiToç èire^x^Tat,
e/ceî Xéytov ' « '0 IlaTrjp tov dXrjdivov (JhvtÔs, 6 tt/v r)p.épav
» Kooprjoas tû> ovpavlcp cfxuTi, 6 ttjv vu/cra <f>aio'pvvas raîç
» avyaîs tov irvpôç, o tov p,eXXovTOS alojvoç ttjv dvditavaiv 30
» evTpeTTioas tû> voepcô /cai a-navoTco (Jhdtl, (frajTiaeiev r/pcôv
» ràç /capStaç iv è-myvcooei, ttjç àXrjdelas ».

CVSL

12 tôv : tô V I 23 1}» : jj C.
636 GRÉGOIRE PALAMAS

de la lumière véritable, lui qui a embelli le jour avec la lumière


céleste, qui a paré la nuit avec les rayons du feu, qui a préparé le
repos du siècle futur avec sa lumière intellectuelle et inextinguible,
illuminer nos cœurs dans la connaissance de la vérité l.

Le feu divin. 40. — Et Grégoire qui porte le nom de


la Théologie a clairement déclaré que cette
lumière intellectuelle, antérieure au monde et inextinguible, était
Dieu lui-même ; Dieu, dit-il en effet, qui, par sa volonté, a édifié ce
monde-ci, est lui-même lumière pour les êtres éternels, et rien d'autre
ne leur sert de lumière ; quel besoin auraient-ils, en effet, d'une autre
lumière, alors qu'ils possèdent la plus grande ? 2 Cette lumière est
aussi un feu divin et immatériel dont la nature est d'illuminer les
âmes. Cette lumière, pour parler encore comme le grand Basile,
agissait dans les apôtres, lorsqu'ils parlaient avec des langues de
feu 3. Lorsqu'elle illumina Paul, elle obscurcit la sensibilité de sa
vue *, mais éclaira les yeux de son cœur ; la vue charnelle ne sup
porte pas, en effet, la puissance de cette lumière. C'est ce feu qui
apparut à Moïse dans le buisson B ; c'est lui qui prit l'aspect d'un
char pour enlever Élie de la terre 6 ; c'est en recherchant l'action
de ce feu que le bienheureux David disait : Mets-moi à l'épreuve,
Seigneur, et soumets-moi à la tentation, brûle mes reins et mon
cœur 7. C'est ce feu qui réchauffait le cœur de Cléopas et du disci
ple qui l'accompagnait, lorsque le Sauveur leur parlait après sa
résurrection d'entre les morts 8. Les anges et les esprits préposés
au service de Dieu participent eux aussi à ce feu, comme il est
écrit : Celui qui fait de ses anges des esprits et de ses serviteurs des
flammes de feu 9. Ce feu brûle la poutre qui est dans l'œil 10 et réta
blit la pureté de l'esprit humain, afin que, retrouvant la vue
qui leur est propre par nature, il ne voie plus la paille dans l'œil

1 Hom. Il in Hexaem., 8 (PG, XXIX, 52 B).


xHom., XLIV, 3 (PG, XXXVI, 60g BC).
• Actes, II, 3-4.
• Actes, IX, 8.
• Exode, III, 2.
• IV (II) Rois, II, 11.
» Ps., XXV (XXVI), 2.
• Luc, XXIV, 32.
• Ps., CIII (CIV), 4.
10 CfrMATTH., VII, 3-5 ; Luc, VI, 41-42.
TRIADE III, 1, 40 637

40. "On 8c ro voepov tovto /cal irpoKÔopiov /cal âTravarov


<f>ws clvt6s icmv 6 Qeôs, j| Tpr^yôpios o rtjs BeoXoylas [f.mr
€Tra)Vvp.os oa<f>â>s iijeÎTre " « BovXr/dels » yap <f>r)<nv a ô 0eos
» tovSc tov Koapov ovoTrjoacrda.1., toîs /xèv àïSioiç avros
» eori ^cSç /cai oû/c âAÀo " ti yàp cSci (fxoTOS irépov toîs 5
» tÔ p.iyi<jTov e^ovat,,' » Tovro Stj to ^â»? /cal ttû/> «m
6eîov /cal aûÀov, xfivyàç tfnoTÎ^eiv ire<f>VK6s. Tovro ydp, /cara
tov p.éyav aufliç (fxivai BaaiXeiov , /càv toîs àrrooToXois evrjp-
yrjaev, rjviKa iXâXovv rrvpivais yXwaaais, ô /cal IJavXov
irepiXâpupav , rrjv pev aiovrjmv ttjs oifteajs avTov r)pavpwa€, 10
toÙç oè 6<j>9aXpoi>s ttjs KapSias i<f>u)Tioev " ov yàp XœPe^ °~aP~
kÔç opaoïs è/cetVou toû <f>a>TOS ttjv Sûva/xiv ' tovto to ttû/>
w<f>8r) Matvafj iv rfj fîaTto ' tovto iv eîSet ôxTjju.aToç tov
'HXiav e/c ttjs yrjs avrjpTraae ' tovtov tov irvpos Tr)v ivep-
yeiav Çtjtwv 6 paK<ipi.os Âavio êXeye ' « AoKÎpaaôv p,e, Kvpie, 15
» /cal Tif.ipa.a6v pe, Trvpœoov tovs vefipovs p.ov /cal ttjv /cap-
» Si'av pov ». Tovto to Trvp ttjv /capSi'av KXeoTra /cal toû aùv
atÎTtô idéppave, XaXovvTos tov UioT-fjpos cliitoîs perà tt)v
e/c veKpwv àvdoTaaiv. Kac 01 ayyeXoi Se /cai T<i XetTovpyiKa.
rrvevpaTa tovtov tov irvpdç peTixovai kolto. to ye.ypapp.i- 20
vov « 'O Ttoiwv tovs àyydXovs avTOv rrvevpaTa Kal tovs Aei-
» Tovpyovs avTOv vvpos <f>Xoya ». Tovto to 7rûp ttjv iv tû>
6<f)daXpû> ookov KaTaKalov , KaOapov tov vovv a.TTOKadioTrjcnv ,
ïva to Karà (f>voiv àTroXafiojv 8iopa.TiKov prj to iv tû> o<f>6aXpû)
tov àoeXcfrov K<£p(f>oç ôpcl, àÀÀà SLTjveKws to toû ©eoû 6av- 25
pdata KaTavofj /caTa tov ÀcyovTa' « 'ATTOKaXvipov tovs 6(f>6aX-
» p,ovs p-ov Kal KaTavo-qaw to. Oavpdaia e/c toû vôpov aov ».
Tovto to Trvp 8aip.6va>v ccttI <f>vyaoevTr)pi,ov /cal xatclas

CVSL

13 Mutvatl L. |[ 17 KXeanra 5 J| 18 €0épfiaiv€ S.


638 GRÉGOIRE PALAMAS

de son frère, mais observe constamment les miracles de Dieu,


comme il est dit : Enlève le voile de mes yeux et j'observerai les
miracles qui proviennent de ta Loi l. Ce feu met en fuite les dé
mons et supprime tout mal ; il supprime le péché ; il est une
puissance de résurrection et une énergie d'immortalité, une illu
mination des âmes saintes et une conjonction de puissances
raisonnables. Prions nous aussi qu'il vienne à nous, pour que
nous marchions dans la lumière •, sans jamais trébucher, même
légèrement.

Témoignage de 41. — Le théologien Chrysostome, ex-


8. Jean Chrysos- pUquant ce qu'est la lumière qui poindra
comme l'aurore pour celui qui a pitié 3,
dit : Ce n'est pas là une lumière sensible, mais une autre, bien
meilleure, qui nous montre le ciel, les anges et les demeures
royales ; si tu te rends digne de . cette lumière et si tu vois ces
choses, tu seras délivré de la géhenne et tu en seras loin ; il n'y a
là ni douleur, ni chagrin; grande est la joie qui y règne, la
paix et l'amour; là est la vie éternelle, la gloire indicible et la
beauté inexprimable; supportons donc toutes choses paisiblement,
pour recevoir le vêtement du Royaume des deux et cette mystérieuse
gloire *. Mais amenons notre discours à un nouveau point de dé
part et revenons aux paroles du grand Macaire ; en même temps,
nous mettrons en avant pour les réfuter les principes et les pré
misses des traités élaborés par cet esprit frivole, dont il croit tirer
des conclusions contre nous et la vérité.

» Ps.. CXVIII (CXIX), 18.


» Cfr Épkés., V, 8.
• Is., LVIII, 8.
* Le commentaire publié de s. Jean Chrysostome sur Isaïe ne se rapporte qu 'aux
premiers chapitres du prophète. Ce passage ne s'y trouve donc pas.
TRIADE III, 1, 4O-4I 639

irdorjs àvaXtoTiKov, àfiaprlas àvaupcTucôv , àvaoTaoeœs Svva-


fits Kal àdavaotaç èvépyeia, ipvxâ>v àyiwv <f>a>Tiop.6s Kal
XoytKWV OVvdfl€U)V OVOTO.OIS. ToVTO Kal TffJL€ÎS €V$d>(JL€da
<f>ddaai. Kal elç •fffMâç, ïva trâvrore èv rôt <f>a>Tl TrepiiraTovvres ,
fLTfoîlTOTÇ KO.V 77pOCTj3pa^Ù TTpOaKÔ^HO[l.€V .

41. 'O 8è XpvaôaTOfMOs OcoXôyos oiodo-Ka>v ti èori to


<f>û>s ô « pay^aerat irpwïfxov » tû> èÀeoûVn, « où toûto *
<f>rjacv « èori to alodrjTov, àXX' erepov ttoXXû> jScÀtiov, o
» rôv ovpavov rffiîv Seiiawai Kal tovs dyyéXovs Kal ràs
» aiîAàç Ta? j3aaiAi/caç " àv yàp tov <f>a>Tos toutou KaraÇut)- 10
» Ojjs Kal TaÛTa 5ifi€t, Kal diraXXayqo~7f yeéwrjs Kal àire-
» Xevarj ' evda ànéSpa oovvt) Kal Xvirrf, ëvda TroXXrf ff Xa/>°-
» Kai rj eiprfvrf kœl if ayairq, evoa Qcoif aiutvios Kai ooça
» appijTOS Kal koXXos a<f>paoTov ' trama roivvv <f>eptop.€V
» evKÔXœç, ïva tov ivSvfiaTOS iiTiTvxcop.€v rfjs fîaoïXelas 15
» tôjv ovpavwv Kal rrjs àrropprJTOV SôÇrfs eKelvTjs ». 'AXXà
yap ci? apxyv irépav àvayayôvreç tov Xôyov, iTravéXdwpev
€is Ta toû fieydXov MaKaplov, oîs ovvrffifiévui? ràs apxàs Kal
npordoeis twv tov K€v6<f>povos Xôyœv, || d<f>' d>v oleral Tt |f. 21™
Ka6' rjp,û>v Kal Trjs àXrjdelaç ovfnrepaîveiv npoOévres els fié- 20
oov àireXéyÇofiev.

CVSL

16 ànoppyrov : àppyrov L Jj IO Kaivô<f>povos VS.


DU MÊME
LISTE DES ABSURDITÉS QUI PROVIENNENT DES PRÉMISSES
ADMISES PAR LE PHILOSOPHE
DEUXIÈME TRAITÉ CONTRE SON DEUXIÈME ÉCRIT

La doctrine du *• — Un novice cherchait à savoir si


grand Macaire. un homme pouvait subsister dans l'état
décrit plus haut. Syméon, à la fois habile
et riche en paroles, le doux et divin Interprète, répond à la ques
tion en parlant, pour ainsi dire, au nom du grand Macaire :
La grâce n'abandonne jamais l'homme qui l'a reçue: elle est présente
en lui comme son bien naturel, enraciné en lui; bien qu'elle soit
unique, elle dirige l'homme comme elle le veut, de différentes façons,
-pour le conduire à ce qui lui est utile ; la lumière brille parfois plus
fort, mais parfois elle diminue, bien que le flambeau brûle sans
jamais s'éteindre; et lorsque son éclat devient plus fort, l'homme lui
aussi entre dans un état de plus grande ivresse par amour envers
Dieu 1. Dans le chapitre 74 il écrit encore : l'âme qui a retrouvé
la pureté de sa propre nature contemple la gloire de la vraie lumière
avec des yeux nets et découverts ; de tels hommes, tout en supportant
le fardeau de la chair, possèdent la certitude de l'espérance, grâce
aux arrhes de l'Esprit; ils ne doutent aucunement qu'ils régneront
avec le Christ et vivront dans la plénitude et la surabondance de
l'Esprit; dès aujourd'hui, en effet, ils sont saisis par le siècle futur
et voient ses beautés et ses miracles; en effet, de même que l'œil
corporel, s'il ne souffre pas et se porte bien, fixe avec confiance les
éclats du soleil, de même ces hommes se servent de leur intelligence
illuminée et purifiée pour contempler constamment les éclats im
pénétrables du Seigneur 2. Et il dit encore : Un tel éclat de l'Esprit,
comme il a été dit, n'est pas seulement comme une révélation de
concepts, ou une illumination de la grâce, mais c'est un éclat stable
et continu dans les âmes d'une lumière hypostatique ; des expressions

» De charitate, 9 (PG, XXXIV, 916 BC) .


* De elev. mentis, 13 (PG, XXXIV, 901 AB, l'ordre des propositions est mo
difié).
TOY AYTOY
KATAAOrOE TQN 'EKBAINONTQN 'ATOIIQN
'EK TQN TOY QIAOZOQOY nPOTAEEQN
AOrOE AEYTEPOE KATA âEYTEPQN

1. "Hperô tiç TÔiv elaayopivœv et 8vvar6v àvdpœna) tjj 5


TTpoetpr]fi€vr) StapKeîv Karaordaei.. Uvpewvrjs toIvvv 6 irepi,-
SiÇios Kal ttoXvs àp.<f>ÔT€pov , r/Svs T€ Kal evdeos MeTa<f>paa-
T-qs, ô)S €K TrpoowiTov tov peydXov Ma.Ka.plov irpos rov epojTrj-
aavrd <f>rjoiv ' « 'H pèv X^PIS OVK cortv otc pvq avveoTt Kat à>s
» tpvaiKÔv ti koI Treirrjyos iyylveTai tô> àvOpwirœ d> avvecm ' 10
» pua Se ovoa, 7roXvTp6irws à>s iOiXeu irpos to tov avQpcoirov
» avp<f>ipov olKovopeî koI to <f>ws iori pkv erre fiâWov
» €/cAa/x7rei, eori 8' ôre Kal ovoréWeTai, jccutoi ye rfjs Xap-
» 77aSoç dofieoTa Kai.op.ivqs ' otov 8è (f>ai8pvv6fj irXiov, totc
» KaOdirep iv pidrj irXelovi Trjs tov &eov dydTrqs xat. o dvdput- 15
» nos e£eTa£eTcu ». 'Ev 8è tô> ifib'op.rjKOOTœ TeTâprcp K€<f>a-
Xaiœ irdXiv <f>rjolv ' r\ KaOapàv ti^v iSi'av ànoXafiovoa <f>voi.v
ipvxr) « Tpavoîs Kal àv€TTiKcoXvToi.s 6<f>9aXp.oîs ttjv 86£av
» tov àXrjOtvov <f>a>Tos KaTomivei » ko\ oi toiovtol dvdpœirot. ,
« KaiToi to jSapoç rrepiKelpevoi tt)s aapKÔs, àAA' ovv 8ià tov 20
» àppafHâjva tov FIvevpaTos iv tôj àa<j>aXeî avroîs /ceîrat
» Ta tû>v iXmb'œv Kal on ovpfiao-iXevaovo-t, tû> XpiGTw Kal
» iv irXiovaapû) Kal rrepiovoia FIvevpaTos êaovTai oi)8èv
» avTols to ivooiaÇôpevov ' aÙToflev yàp T)hrj irpos iKeîvov
» àpTraÇ,ovTai tov alwva koI Ta e/<eî KdXXrj Kal Oavpara 25
» KaOopwai ' KaOdirep yàp ô ampariKos S<f>6aXp6s , àiraOœs
» ré «rai vytâis ê\wv, Tais -qXiaKaîs avyaîs OappovvruiS
» ivaT€vit,€i, ovtoj Kal ovtol, <j>oiTet,vâ> xpâipevoi Kal 81a-

CVSL

I tov avTov ont. S || 3 cf>t\oo6<l>au '. BapXaâ^i L avrov S || BapXaàfi post t^tXooo^ov
add. C | BapXàt fi. in marg. V || 4 tcû>- pos/ koto adrf. VS || 17 àiroXapovaa
ifrvoii- : <j>vaiv à-noXafiovoa VS.
642 GRÉGOIRE PALAMAS

comme :
La lumière brille du sein des ténèbres, celui qui a fait briller
la lumière dans nos cœurs, pour faire resplendir la connaissance
de la gloire du Christ 1; et:
Illumine mes yeux, afin que je ne m'endorme jusqu'à la mort *,
c'est-à-dire afin que l'âme, après la perte de la chair, ne soit pas
obscurcie par le voile de la mort, du mal; et aussi:
Enlève le voile de mes yeux, et j'observerai les miracles qui vien
nent de ta Loi 3 ; et :
Envoie ta lumière et ta vérité : elles me guideront et me conduiront
à ta sainte montagne et à ta maison 4 ; et aussi :
La lumière de ta Face nous a marqués 6,
relèvent du même ordre d'idées*. Et il dit aussi : La lumière
qui brilla aux yeux du bienheureux Paul sur la route 7, cette lumière
Par laquelle il fut élevé jusqu'au troisième ciel et y entendit des
mystères inexprimables 8, n'était pas une illumination de ses con
cepts et de sa connaissance, mais un éclat hypostatique dans son
âme de la puissance du bon Esprit ; les yeux de la chair ne purent
supporter la surabondance de cette lumière et furent aveuglés: par
cette lumière, toute connaissance se révèle et Dieu se fait réellement
connaître à l'âme qui en est digne et qu'il aime9.

Encore Macaire. 2. — Il en est donc ainsi. Et il n'y a


rien d'étonnant à ce que les saints, en
donnant une explication à leurs paroles et en nous transmettant
un enseignement en accord avec la capacité de leurs auditeurs,

1 // Cor., IV, 6.
» Ps., XII (XIII), 3.
» Ps., CXVIII (CXIX), 18.
• Ps., XLII (XLIII), 3.
• Ps., IV, 6.
• De libertate mentis, 22 (PG, XXXIV, 956 D-957 A).
' Actes, IX, 3.
• // Cor., XII, 2.
• De libertate mentis, 23 (ibid., 957 AB).
TRIADE III, 2, 1-2 643

» K€KadapfL€Vw tô> vu, ràs àhvrovs avyàs Kvplov BunravTOS


» €7T01TT€V0Vai ». Ko! irdAlV ' « 'H TOUIVTI) » <j>rjol « TOÛ TIv€V-
» paTos ëXXapu/tLs ov\ ofov vor)p,dTa>v \l6vov à-TTOKaXvtftts
» €OTl ICaî <fnttTI.OfJ.OS yapiTOS , lOOTTep €iprjTCLl, àAA' VTTOOTa-
» riKov <f>arros èv raïs ^ru^ai? j3cjSata icaî 8irjV€Kr)s cAAa/z^uç " 5
» to yà/> elireîv ck okotovs <f><ôs Xdpjfjai ôç êXap,ipev èv rats
» icapSiaiç Tjfiô>v irpos <jxoTi.ap.6v tt\s yvwaeojs tt)s ooÇtjs
» TOÛ XpiOTOV, Kal TO " 0<J)Tl<JOV TOVS 0<f>9aXp.0VS pX>V , pVqiTOTi
» vttvuxto) els B6.vq.tov, tovtIotw "va p.i) Xvop.évrjs rfjs aapKÔs,
* 17 faxi ÈiriffKOT^Tai tw toû dava/rov rrjs KaKias KaXvp.p,a- 10
» rt, tt/joç Se /<ai to " ' ArroKdXvtJ/ov tovs 6<f>9aXp.ovs p.ov Kal
» KaTavorjaœ Ta 9avp.daia €K toû vôp.ov oov, Kal to " 'E£a-
» 7roCTTeiAov to ^cô? orou || Kal ttjv àATjfleiàv <rou, aura p.e |f.2i2r
» ôbijy^aovai Kal âtjovoiv els opos âyiôv aou /cai eiç Ta
» a/CTjvcouaTa aou, àAAà utjv /cai to " 'Earjp.eia)9rj è<f)' r)p.âs 15
» tÔ ^tôç toû Tcpoaôynov oov, Kvpie, ttjv airr/v <XKoXov9iav
» toû okottov 7Tapl<jrr)ot ». Kal « Tt3 p.aKapitp Se » <^TJCTt
« IJavXa) to èXXdp.ipav iv ttj ôoœ <f>û>s, Si' 0$ Kal cls Tpirov
» ovpavov ffprai Kal p.voTT)plu)v àAaATjTtov aKovo-rrjS eyé-
» veto, où vor]p.dTa>v tis Kal yvœaeojs <f>ojTiap.os rjv, àAAà 20
» 8vvdp.ea>s toû àyadov Ilvevp.aTOS Kad' virôaTaoLV èv rfj
» fpvxfj éXXap.tfiis oS ttjv vTrep^oXrjv ttjç Xap.TTpoTrjTOS ol
» ttjs aapKOs 6<j)daXp.ol p.r) SieveyKovres à7TeTV<f>Xùj9r)oav ,
» Si' ov -nâad Te yvâJuis aTTOKaXvTTTeTai Kal @eos Trpos
» àATjfleiav ttj à£ia Kal <faXovp.èvrj tpvXV yvoipt^erai ». 25

2. TavTa p,èv TauTTj " 9avp.aaTov Se oiiBév, et èv Kpioei


TOVS XÔyOVS OlKOVOp,OVVT€S OL àyiOt Kal TT) TÔ)V àKpoojp.éva>v
8vvâp.ei avp.p-i.Tpov ttjv ot,oaoKaXlav à77o8iSoi'Tes' iroXvTpô-
ttojs Tàç ôpdoets Tavras 8cepp.rjvevovaiv. 'O ue'vToi deîos Kal
ttiotos êpp.Tjvevs Uvp.ecôv, e'/c toû 8ià nelpas koXôjs cISotos 3°
ràs /Auori/càç Kal TeXeartKas èvepyeias toû TIvevp.aTOS P-vrj-

CVSL
30 €pfii]V€vs : èpfiTjvfvr-^s VS.
644 GRÉGOIRE PALAMAS

interprètent ces visions de différentes façons. Syméon, l'Inter


prète divin et fidèle, initié par celui qui a bien connu, par l'expé
rience, les énergies mystiques et consécratoires de l'Esprit, dit
encore, comme si Macaire parlait lui-même : Lorsque nous enten
dons la parole sur le Royaume et sommes amenés à verser des larmes,
ne nous arrêtons pas à ces larmes, ni à notre ouïe, sous prétexte que
nous avons bien entendu, ni à nos yeux, parce que nous avons bien
vu, et ne considérons pas que nous nous suffisons à nous-mêmes;
car il y a d'autres oreilles, d'autres yeux et d'autres lamentations,
de même qu'il y a une autre raison et une autre âme : c'est l'Esprit
lui-même, l'Esprit divin et supracéleste, qui entend et qui pleure,
qui prie, qui connaît et qui accomplit en vérité la volonté de Dieu l.
Cela devient clair et évident à ceux qui ont atteint le plus haut degré
de vertu et dont l'action de la lumière intellectuelle a illuminé les
cœurs. La nourriture solide, dit en effet le bienheureux Paul, est
Pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par
l'usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal 2 ; et le divin Pier
re dit: Vous possédez la parole prophétique, à laquelle vous faites
bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu
obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du
matin se lève dans vos cœurs 3.

Qu'est-ce que le 3. — Mais Barlaam a méprisé tout


Messalianisme ? cela. Il a même ajouté que cela relève
de la doctrine des Messaliens. Il l'attribue
en bloc à leur chef, le Blachernite *. Il déclare clairement lui-
même que ceux qui considèrent comme éternelle autre chose
que l'essence de Dieu sont des impies et il attribue à ce Blacher
nite la prétention de voir la gloire éternelle de Dieu. Mais n'a-t-on
pas découvert que le Blachernite considérait l'essence de Dieu
comme visible, et non la gloire étemelle ? Car, s'il avait parlé
de la gloire, en revenant à la pieuse doctrine, nous l'aurions
acquitté de toute accusation, puisque Etienne lui-même vit la

1 Passage ne se trouvant pas dans le texte publié de Macaire-Syméon.


• Hébr., V, 14.
» II Pierre I, 19 ; De libertate mentis, 27 (PG, XXXIV, 960 C).
«Cfr supra, Tr. III, 1,7.
TRIADE III, 2, 2-3 645

9els, ô)S an' itceivov irâXiv <f>rjoiv ' « 'Akovovtcs rov Xôyov
» ttjs fiaoïXeias Kal rrpos oaKpva Karayôp.evoi, prj roîs
» -qp-erépoLS tovtoiç evanop.elvwp.ev 8â.Kpvcn, p/r/Sè rij ■qp.wv
» d/coij, <Ls koXws aKovaavres, p.Tjoè roîs ô<pOaXpoîs, <ôç
» koXws ISôvres, kcu àpKovvrws e^eiv èavrovs Xoyi.awp.eda ' 5
» Kal yàp elolv crêpa wra kcu êrepoL à<f>daXp.ol Kal KXavd-
» pol êrepoi, <Lç Se Kal oiâvoia Kal tffvxfj crêpa, oirep iarlv
» aura ro deÏKOv TIvevp.a Kal èirovpdviov , ro aKOvôv re Kal
» KXaîov, ev^ôp-evôv re Kal yivâ>OKOv Kal ro rov 0eov déXrjpa
» èv àXr)0eia rroiovv ' rots p.évroi rrjv àperrjv aKpois Kal <Lv 10
èvepyws ro voepov <f>ô>s raïs /capSiaiç èvéXapifiev eTrlb'rjXa
ravra Kal Kara<f>avr} yiverai. TeXeiwv ydp, 6 paKapiôs
<f>7)Oi IlavXos, r) arepeà rpo^rj, rû>v 8ià rr)v l£iv rà aloOrf-
rrjpta yeyvpvaopévwv rrpos rrjv rov koXov re Kal kokov
SiaKpiaiv ' àAAà Kal 6 deîos Flérpos <fyr)UL' Kat vp.eîs 15
ê^ovres rov 7rpo(f>T)riKov Xôyov, w koXws rroieîre npoaé-
Xovres, (*>s Xvyyw <f>alvovrt èv avxpvrjpw rôrrw, êœs ov
r)p,épa oiavyâorj Kal <f>wocf>ôpos àvareXeî èv raïs /capSt'aiç
vpâ>v ».

3. 0 8è BapXadp,, rà rotavra ndvra irap' ovoèv 6ép.evos, 20


àAAa «rai irpodépevos cûç rov MaoaaXiavwv VTrdpxpvra 8ôy-
p.aros, rov rrpoordrov rovrwv BXaxepvirov TTOteîrai ctuÀAtjjS-
8rjv avrravra Kal àoefieîs avros <f>avepws airocf>7)vdp.evos etvai
rovs àtSiov dXXo ri rrapà rrjv ovoiav rov 0eov Xéyovras ro
rr)v àîhtov 8ô£av rov 0eov ôpâv râ> BXaxep\\i'îrrj tout eu 25 |f. 212»
<j>épwv xapl^erai. Tlov yàp eKeîvos evprjrai pr) rr)v ovoiav
ôparrjv Xéywv rov 0eov, àÀÀà ttjv euSiov 8ô£av ; El yàp
tout' elirev, ai? perapadôvra rrjv evoéfîeiav, Trdorjs âv r/pelç
tovtov aTTeXvaapev atriaç, irrei Kal Eré<f>avoç rrjv VTrepov-
pdviov «eïSe $6£av rov 0€ov». Tls yàp rjv XPeta «rovs ovpavovs 3°
» 8tavoiyrjvai», eu prj rrjv virèp avrovs So^av ô dearrjs avrrjs
eKeîvos êpeXXev ôpâv; 'AXXà Kal roîç ô(j>6aXpoîs el8ev

cvsl
646 GRÉGOIRE PALAMAS

gloire supracéleste de Dieu. Pourquoi les deux se seraient-ils


ouverts, si ce contemplateur ne devait pas voir la gloire qui est
au-dessus des deux ? Il la vit, pourtant, de ses yeux : 77 fixa ses
regards, est-il dit en effet, et il vit 1 ; mais c'est d'une manière
suprasensible qu'il la voyait : quelle force visuelle pourrait, en
effet, s'élever jusqu'aux réalités supracélestes ? Et Grégoire le
Théologien, en disant que les anges contemplent une gloire éter
nelle 2, n'était-il pas lui aussi un Blachernite de Trébizonde ?
Tu n'aurais aucune difficulté à dire, je pense, que les anges du
ciel sont eux-mêmes tombés en erreur, puisque tu as osé inclure
parmi les hérétiques ceux qui sur terre ont choisi de vivre comme
les anges, qui chantent la très monarchique Trinité, parce qu'elle
produit une gloire qui lui est naturelle et coéternelle, et qui dési
rent voir son indicible éclat. Les compterons-nous donc aussi
parmi les Messaliens ? Et ceux qui souhaitent être illuminés
par le rayon essentiel de Dieu et recevoir ainsi cet éclat, source de
lumière, quel est le rayon et quel est l'éclat qu'ils désirent ?
Car la connaissance, qui est seule, selon toi, à être une lumière
divine, n'est pas un rayon essentiel de Dieu. Et ceux qui virent
l'éclair de la beauté essentielle du Christ, cachée sous la chair,
quel éclair virent-ils, selon toi ? La lumière sensible n'est pas,
en effet, une beauté essentielle de Dieu. Comment, d'autre part,
la lumière essentielle de la sublime Trinité serait-elle créée ?
Pourquoi donc, ô homme, attribues-tu cela aux Messaliens et
pourquoi t'y opposes-tu avec de si nombreuses et si graves
paroles ? Veux-tu affirmer que les Messaliens sont orthodoxes
ou que les orthodoxes sont des Messaliens infâmes? On pourrait,
en effet, tirer l'une et l'autre conclusion de tes paroles. Et toi-
même, dans quel camp te placerons-nous ? Mais laissons cela :
nous y répondrons plus loin avec assez de clarté.
La vraie doctrine 4- — Voici, en effet, la substance des
orthodoxe. traités du Blachernite, dit-il, et il leur
arrive d'être en contradiction avec les
dogmes presque les plus évidents de l'Église: tout d'abord, alors
que nous confessons fermement et disons qu'une seule réalité n'a ni

» Actes, VII, 55-56


« Hom., XXVIII, 31 (PG, XXXVI, 72 C).
TRIADE III, 2, 3-4 647

H 'ArevUxas ydp » <f>r)criv « €Î8ev ». 'AXXà #ccù vrrèp aïaOrjaiv


iœpaKCV avrr)v rrola yàp otfieojs lo~xi>s p,ixpi.s avr&v iXOeîv
rœv mrepovpaviœv SwrjôelT] âv ; Tpr\y6pios 8è 6 rrjs ÔeoXo-
ylas irTœwp.os Xiyœv rrjs « aiSlov 86£r)s » rovs àyyiXovs
« deœpovs », p.r) ko! avros TpaireÇovvrios ô BXaxepvirrjs r)v ,' 5
'PaSlœç 8' âv avros otfiai kox rovs iv ovpavoîs àyyiXovs
vjto rrjs ttX6.v7]s àXœvai <f>air)s, o rovs xar ckcivovs iv yfj
fiiovv rjprjuivovs iyKplvai roîs ko.ko86£ols roXurjoas, rovs
ye ur)v ifjvp,vovvras rr)v uovapxiKœrdrrjv Tpid8a œs <f>voi-
ktjv awaî8u>v BôÇav rrpo^aXXoaivqv Kai imrrodovvras rr)v <o
âxfrdeyKTOv IBeîv avyrjv ' r) p,r)v kclI rovrovs rois MaooaXta-
voîs ivapidp,r}aœp.ev ; Tous 8' irrev^op-ivovs vtto rrjs ovoiœ-
8ovs aïyX-qs Karavyaodrjvai rov Oeov ko! rv\elv ovrœ rrjs
<f>œro86ri8os avyrjs, iroias ipovuev avrovs aïyXrjs xal avyrjs
ipâv ; Ov yàp r) yvœois, rjv ov p,6vr)V Xiyeis Oelov <f>œs, '5
ovoiu)8r)s aïyXrj rov Oeov ioriv. 01 8' I86vres rr)v KCKpvp,-
p.ivr\v àorparrrjv vtto rr)v oàpKa rrjs ovotœ8ovç evirpeTrelas
rov Xpicrrov, riva 001 8okovoiv àorpairrjv I8eîv ; Ov yàp
8r) ro alaOrjTov <j>œs ovoiœ8r)s ioriv eimpirreia Oeov. TTœs
8è Kai Krtorov ro rrjs àvœràrœ TpuL8os ovoiœ8es <f>œs ,' -°
Ti roivvv fïovX6p.evos MaaoaXiavœv rà roiavra ypd<J>eis
elvai Kai rooovrois re ko! rrjXtKOvrois dvriXiyeis, âvdpœire ',
*Apa rovs MaooaXiavovs ôpOoSôÇovs r) rovs ôpdoSôÇovs
a7ro<f>rjvai MaooaXiavovs Kai p.voapovs ', Kai yàp €*c rœv
oœv Xôyoyv iicdrepov ixflalr) âv. 2Jè 8rj irov %opov rdijouev 25
r)p.eîs ', ''AXXà rovro p.èv d<f>œp.ev " p.iKpov yàp ooov eorai
<f>avep6v.

4. « 01 p.èv yàp rov BXa)(epvirov Xôyoi » <f>r)olv « œs iv


» Ke<f>aXalœ roiovroi ' oufi^aîvei 8è rovrovs roîs <f>avepa>-
» rdrois cr^cSov rœv rrjs EKKXrjoias 8oyp.ârwv ivavrltDS 3°
» êx€tv rrpwrov fxèv yâp, ôvros op.oXoyovp.ivov fiefialuts

CVSL

7 6 tovç : Sri V O 12 iva.pidiLrjoou.tv L.


648 GRÉGOIRE PALAMAS

commencement, ni fin, l'essence du Dieu créateur de l'univers, que


tout ce qui n'est pas cette essence relève d'une nature créée et qu'il
n'existe aucune autre entité entre l'essence de Dieu et les créatures,
cet homme osa mettre quelque chose entre elles. Quelle ignorance que
de croire que c'est là un dogme de l'Église, confessé fermement !
Quelle folle témérité que d'espérer tromper les gens sensés avec
de telles paroles, alors que le grand Denys dit clairement que les
éclats que Dieu produit dans les puissances supracosmiques
sont eux aussi sans commencement, ni fin l ; en accord avec lui,
Grégoire le Théologien a dit, lui aussi, que la gloire de Dieu,
visible aux anges, était éternelle 2. Et pourtant ce nouveau
théologien, initié par je ne sais qui, dit que l'essence de Dieu
est seule à être sans commencement ni fin et que toute réalité qui
n'est pas cette essence relève d'une nature créée, c'est-à-dire qu'elle
est créée, qu'elle possède un commencement et qu'il y avait
un temps où elle n'existait pas ! Les réalités qui sont autour de
cette nature, ô bienheureux, ne sont certes pas cette essence,
car elles sont autour d'elle ; aucune réalité se trouvant autour
d'elle n'est donc sans commencement, selon tes paroles, mais il
y avait un temps où aucune de ces réalités, sans aucune exception,
n'existait ! Car, selon toi, l'essence est seule à être sans commence
ment. Il y avait donc un temps où Dieu n'était pas Père, car la
Paternité n'est pas l'essence, mais une réalité différente de l'es
sence, puisqu'elle est autour de l'essence. Si pourtant Dieu est
Père de toute éternité et si son caractère inengendré n'a point
de commencement, si d'autre part, comme tu le dis, l'essence
de Dieu est seule à être sans commencement, ce caractère inen
gendré est lui-même l'essence de Dieu : c'est là la principale des
doctrines hérétiques d'Eunome ! Il en est de même du caractère
engendré : de deux choses l'une, ou bien il y eut un moment où
le Fils l'a acquis, un moment où il ne possédait pas d'existence
engendrée, et il y aura un temps où il ne la possédera plus, comme
le dirait aussi Sabellius, ou bien, si le caractère engendré n'a
pas en lui de commencement, ce caractère est son essence même,
puisque l'essence est seule à ne pas avoir de commencement ;
le Fils n'a donc pas la même essence que le Père, mais une essence

1De dtv. nomin., IV, 8 (PG, III, 704 D).


*Hom ., XXVHi, 31 (PG, XXXVI, 72 C).
TRIADE III, 2, 4 649

» êv eîvcu fiôvov avapxov Ka* àTeXevrrjTov rr/v ovaiav tov


» Ta -navra. neiroisqKÔTOs Seov, rà 8è napà ravrqv navra
» yemjTrjç elvai. <f>voea>ç, Kal p.rj8ep.lav dXXrjV ôvTOTTjTa cîrai
» /mctcUJ'Ù 1-779 ovulas tov 0€ov Kal t&v yevTjTGJV, ouroç ctoÀ-
» /i7j(re fACTaÇv ti flcîvai ». *42 rrç? àfiadias, eïnep || oterai slf.aiy
tout' efvai 8dy/ia ttjç 'EKKXrjalas /Sej3aia»s 6p.oXoyovp.evoV
ai T77S à7rovoi'aç, ciTrep rjXncaé riva rœv vovv èxôvrœv 8ià
tô>v toiovtojv ànaTTjueiv prjp.aTwv, Kal ravra tov p.eydXov
Aïowoiov « àvapxouç *<" aTeÀeuT^TOUÇ » StapprjSrjV <pda-
kovtoç Kal ràç U7TÔ toû @eoû èyytvop.évas Taîç vnepKoap,ioi,s '«
8vvdp.eaiv èXXdp.tfiets , a> ovvœoà Kal rp-qyôpios ô fleoAdyoç
tt)i/ ôparrjv dyyéXois 8dfav toû Oeoû « àiSiov » 77poo-€Î7r€V.
'./1ÀÀ' out-os1 d «aivàç fleoÀdyoç, oùic oî8' odev p,vrjdels, * êv»
^770-1 « pôvov avapxov Kal àTeXevTTjTov, 17 ovula tov Oeov '
» Ta 8è napà Tavrrjv ndvTa yevrjrfjç êori <f>vaea>s », tout- 15
cari ktiotci eCTTt Kal dpXTfV «r^e *ai î^v ot€ ovk fjv. Ta yovv
nepl ttjv ovolav Tavrtjv, œ p.aKÔpie , napà ravrrjV Sr/novueV
nepl avTrjv ydp elatv. Ovkovv ovokv Tœv nepl avrrjv avapxov
Karà tovç aovç Xôyovç, àAA' r)v ore ovk t)v rà TOiavra ndvd
ànaÇanXcùs ' p-ôvov yàp avapxov rj ovoia Karà ai. Ovkovv 20
tJv ore ovk rjv 6 &eoç IJaTrjp' ovk ovoia yàp tovto, àAAà
napa rijv ovaiav, nepi ttjv ovoiav ov. JtLi de eç aïoiov eori
ITaTrjp Kal âvapxôv ecrriv avril) tÔ àyevvrjTov , p.6vov 8è Karà
oè avapxov rj ovoia tov @çov, tout' aiiTO ioTi tÔ àyévvrjTov
ovoia tov &eov, S Ttùv Evvop.lov KaKoBoÇœv 8oyp,aTœv èorl 25
tÔ K€(f>d\aiov. 'AXAà Kal tÔ yevvrjTov, rj ovk àvap^aiç êxel
6 Ylos Kal fy ot€ ovk fjv yevvTjTœs Kal eoTai otc p.r\, wç Kal
£afié\\i.os av enrev, rj eïnep avapxov avrâ) to yewrjTov,
tovt avTO eoTiv avrov ovoia, p.ovrjs avdpxov ttjç ovoias

CVSL
16 Ta yovv 7TC/>i tt)v ovaiav ravrrjv, <o itaKiipie, 'napà ravrqv h"quov6tv' Titpl aiîr^v
yâp eiaiv. Ovkovv ovoèv twv ntpl qiÎt^v avapxov Karà tous aovs Xôyovs. àAA* i}v
ÔT€ OVK TfV pOSt OVK JjV add. C |J l^ yCVVT}TÛtÇ '. yfVVTJTOS VS.
650 GRÉGOIRE PALAMAS

qui lui est opposée. On pourrait dire la même chose du Saint-


Esprit, et comme Barlaam est apparu auparavant comme un
partisan de ceux qui nient la divinité du Fils, ainsi il apparaîtra
maintenant comme un partisan des pneumatomaques. C'est
donc là le dogme manifeste et reconnu de l'Église, un dogme dont
proviennent, comme d'une source mauvaise, toutes les hérésies !
L'essence de Dieu n'est donc pas seule à être sans commence
ment ; toutes les réalités que l'on définit autour d'elle sont,
elles aussi, sans commencement : les hypostases, les relations,
les distinctions et, plus simplement, toutes les manifestations
de la Théogonie suressentielle ; c'est cela que nous confessons,
et non cet autre dogme. Cela est si bien confessé que, depuis
l'apparition divine dans la chair, personne n'a jamais osé dé
clarer, même parmi les tenants des mauvaises hérésies, ce que
cet homme a admis aujourd'hui, en disant que seule l'essence
de Dieu est sans commencement : à savoir que toutes les hypos
tases et tous les caractères hypostatiques de la sublime Trinité
sont créés.

Essence et proprié- 5- _ Je me ferai une Joie de dénian


te de l'essence. der à cet homme, pour lequel l'essence
de Dieu est seule sans commencement,
tandis que ce qui n'est pas cette essence relève d'une nature
créée, s'il considère ou non que cette essence est toute-puissante.
C'est-à-dire, possède-t-elle les facultés de connaissance, de pres
cience, de création, réunit-elle en elle-même toutes les causes,
possède-t-elle la providence, la déification, et en un mot, toutes
les facultés de ce genre ou non ? Car si elle ne les possède pas,
cette essence, seule à être sans commencement, n'est pas Dieu ! Si
par ailleurs elle possède ces facultés, mais les a acquises ulté
rieurement, c'est qu'il y avait un temps où elle était imparfaite,
c'est-à-dire n'était pas Dieu. Et si elle possédait ces facultés de
toute éternité, c'est que l'essence de Dieu n'est pas seule à être
sans commencement, mais chacune de ses puissances l'est aussi.
Toutefois, il n'y a qu'une essence sans commencement, c'est
l'essence de Dieu ; aucune de ces puissances qui sont en elles
n'est une essence ; toutes sont nécessairement et toujours dans
l'essence de Dieu ; pour employer une image obscure, elles sont
TRIADE III, 2, 4-5 651

ovatjs' ov ttjs avrrjs dp' ovalas 6 Ylos xmdpxet. T<p IJarpl,


dXXà Kal rfjs àvTLK€i(jiévT)s. Tovs avrovs 8' dv tiç <f>alr) Xoyovs
xal irepl tov àyiov TIvevp.aTos Kal ajarrep €K€Î toîs àderovai
ttjv tov Ylov deônyra, ovrws hnavda toîs 7rvevp.aTop.dxois
àva<J>avrjor) avvi.aTap.evos. Tovro toivvv <f>avepov Kal àvu>- 5
p.oXoyrjp.évov 86yp.a tt)s 'EKKÀrjolas, irap* 0$ irâaa alpeats
dveÎTai, Kaddirep dira rrovrjpâs tivos Tnjyîjs. Ovk dpa êv
p.6vov avapyov r) ovaia tov Oeov ' Kal yàp Kal tÔ irepl avrrjv
à<f>opiZ,6p.eva irdvTa dvap\d èoTiv, oîov al îrnooTdaeis, al
axéoets, al otaKpîoeis Kal àirXws al ttjs vrrepovolov deoyo- 10
via? è.K<f>ava€is arraoai ' #cai tovto cotiv ap.oXoyovp.evov,
dXX' ovk eK€Îvo. Kal Toaovro tov6' 6p.oXoyovp.ev6v ioTiv
ù)S ucrà ttjv Sià aapKos delav em^dVeiav , prjSéva iru> toX-
p.rjaai aTro<j>rp>aa9aL, p.rj8è tû>v alpéaeai ■nf.pnreaôvTUïV iroviy
paîs, S 8tà tov Xéyeiv ofiros êv pôvov dvap\ov tt]v ovaiav 15
tov Oeov Trapeiarjyayev àpriais, ô)Ç al vTrooTaoeis Te -nâaai.
Kal rà VTToaTaTLKa ttjs àvuiTàru> TpiaSoç diravra KTiard.

5. Kal p.r)v èpoiprjv âv r)8écos tov Xdyovra êv eîvac p,6vov


dvapxov tt)v ovaiav tov Oeov, rà Se irapà TavTr/v yevrjTtjs
<f>va€CJS, 7ravToovvap.ov \\ r/yelrai TavTr/v r) ov ; Oîov Tt Xéyw ,' 20IL213»
"Ex^i. to yvcûOTiKov, to TrpoyvœaTiKov , to 8rjp.u>vpyiKov,
to ow€ktik6v , to TTpovorjTiKov , to OeovpyiKov Kal a77'Acùs'
irdvTa rà roiaûra, rj ovk l^ei / El pev yàp ovk €^ei, ov8è
Oeàs ion Xonrov t) pôvrj avrr) àvapxos ovaia. El 8è eye*-,
el p.èv varepôv ttotc rauTaç rà? 8vvdp.eis irpooeKTrjoaTO, 25
Xonrov Jjv ot€ aTeXr)s r)v, rairrov 8 enreîv ov8è &eôs, El
8' i£ àï8iov €i)(€ TavTas ràs 8vvapeis, ov% êv p.6vov dvap
xov 7) ovaia tov 0eov, àXXà Kal tôjv TavTrjs 8vvdp.€wv eKaarr)
tovtcov. Mia Se dvap%os ovaia, r) ovaia tov &eov' tîùv yàp
èv avTjf tolovtojv 8vvdpea>v ov8epia €otIv ovaia' 7râcrai 30
8'e^ àvdyKTjs êvevaiv àet ttj ovaia. tov Oeov, a»ç Si' dp.v8pâs

CVSL
2 icai Otn. C d 5 ài'a^avija jj : àva.tf>avi} V.
652 GRÉGOIRE PALAMAS

dans l'essence divine, comme les puissances sensitives sont dans


ce qu'on appelle la sensation commune de l'âme. Voilà le dogme
évident, sûr et reconnu de l'Église, et non pas l'autre, attention !
Par ailleurs, de même qu'il n'y a qu'une seule essence sans com
mencement, l'essence de Dieu, alors que les essences autres que
celle-ci relèvent d'une nature créée et sont venues à l'existence
par le fait de cette unique essence sans commencement, unique
productrice d'essences, de même il n'y a qu'une seule puissance
providentielle qui soit sans commencement, celle de Dieu, tandis
que les puissances autres que celle-ci relèvent d'une nature
créée ; et il en est de même pour toutes les autres puissances
naturelles de Dieu. Il n'est donc pas vrai que l'essence de Dieu
soit la seule réalité sans commencement et que les réalités autres
que celle-ci relèvent d'une nature créée.

Oeuvres préexls- 6- — Mon discours, guidé par la Na-


tantes de Dieu. ture absolue qui, de toute éternité, pré
cède tous les êtres, m'amène à préciser que
non seulement les puissances de Dieu, que les saints Pères,
comme tu pourras le trouver, appellent aussi souvent « énergies
naturelles », mais aussi les œuvres de Dieu sont sans commence
ment, et à montrer brièvement aux incrédules que les Pères l'af
firment tout aussi nettement. Quoi donc, n'était-il pas besoin de
l'œuvre de la providence, même avant la création, pour faire
venir à temps du non-être chacun des êtres créés ? N'était-il pas
besoin d'une connaissance divine pour connaître avant de choisir,
même en dehors du temps ? Et la prescience divine a-t-elle un
commencement ? Pourrait-on imaginer un commencement de la
contemplation de soi et y a-t-il eu un moment où Dieu com
mença à être poussé vers cette contemplation de soi ? Jamais.
Il n'y a donc qu'une seule providence sans commencement : c'est
celle de Dieu et elle est une œuvre de Dieu ; et les providences
différentes de celle-là relèvent d'une nature créée ; toutefois, la
providence n'est pas l'essence de Dieu ; l'essence de Dieu n'est
donc pas seule sans commencement. Il n'y a qu'une seule pres
cience sans commencement et incréée, celle de Dieu, tandis
que les presciences différentes de celle-là, celles que nous pos
sédons par nature, ont toutes eu un commencement et sont
créées. Il n'y a qu'une seule volonté sans commencement, celle
TRIADE III, 2, 5-6 653

el-neîv cIkovos, KaOdirep al rœv aladrjoeojv ovvduets èv rfj


Xeyop,ivr) Kowfj Karà ipvxty o^oOijoei ' Kal tovto iart to
<f>avepov Kal da<f>aXès Kal àva)p.oXoyrjp.évov Soy/xa ttjs 'EkkXt)-
aiaç, ÔAA' ovk eKeîvo, àiraye. Kal yàp eus pla dvapxos ovaia,
r) ovaia tov Qeov, al 8è irapà Tavrrjv ovaiat, yevrjTrjs eiai 5
<f>vaea>s, Trapà ttjs uôvrjs àvdpxov Kal p.6vrjs ovaioirotov
ovaias yeyovvîai, tov laov rpô-nov Kal p.ia irpovor)Ti.Kr) ovva-
p.i.S dvapxos, r) tov Qeov, al 8e irapà TavTijv yevrjTrjs <f>vaeœs
xmâp\ovai, Kairl twv dXXwv âiraawv tov Qeov (pvaiKwv
ovvdp.€U}v œaavTios. Ot>x êv âpa p.6vov dvapxov 1) ovaia tov 10
Qeov, Ta Se irapà ravrrjv yevrjTrjs <f>vaews vrrdpxci.

6. BovXeTai Se p.01 6 Xôyos, viro ttjs avToreXovs Kal rà


•navTa TrpoeiXrjc/)vias i£ aireipov <f>vaeu>s âhr/yo vp.evos, ov
ovvduet.s p.àvov, as Kal « <f>vaiKas èvepyeias » evprjoets iroXXa-
Xov toîs âytois iraTpdai KaXovp,évas, àXXà Kal épya tov 15
Oeov dvapxa oiaoacfcrjaai. Kal tovs iraTepas âpicrra Kal tout
eiirelv <Ls èv fïpaxeî tols àireidovai oeîÇai. Ti ovv ', Ovk é8ei
tov epyov ttjs irpovoias Kal irpo KTiaeœs, (Sot' els Kaipov
ÉKaOTOV TÛ)V KTIOTWS OVTU)V €K TOV UT) OVTOS ITpOeXOeîV ,'
Ovk éSeï 8è yvcôaeœs deoirpeirovs, wotc yvôvTa irpoTepov 20
eireira iXéodai, kolv ur) xpoviKws ,' Tl Se r) tov Qeov irpôyvœ-
ats, dp' eoTiv ot€ rjpÇaro ; Tr)s Se avTOirTiKrjs eKeivqs deœ-
pias èwor)oeié ris àv àpxrjv Ka-l fy °Te rjpÇaro 6 Qeos Kiveîa-
dai Tjj eavTov décupla; Ovuevovv. Mia rotyapovv irpovoia
dvapxos, r) tov Qeov, ëpyov ovaa tov Qeov ' al Se Trapà TavTfjv 15
irpôvoiai, yevrjTrjs elai <f)Voeu>s' ovk ecrri Se r) rrpôvoia ovaia
tov Qeov' oi>x êv dpa uôvov to dvapxpv r) ovaia tov Qeov.
Kal fila irpôyvioais dvapxôs Te Kal aKTiaroç, r) tov Qeov '
ai Se Trapà TavrrjV Karà (f)vaiv rjuîv ivvTrdpxovaat Trpoyvcj-
aeis dpxr)v eaxov "nâoai Kal KTLorai elat. Kal uia 6éXrjais 3°
dvapxos, r) tov Qeov, ai 8è irapà TavTtjv OeXr/oeis dpxr)v

CVSL
654 GRÉGOIRE PALAMAS

de Dieu, alors que les volontés autres que celle-là ont toutes
eu un commencement ; personne cependant n'oserait dire que
l'essence de Dieu est une volonté, pas même ceux qui ont dit
que le Verbe de Dieu était un fils de la volonté 1 ; quant aux
prédéterminations, leur nom même désigne leur existence avant
les créatures, et si quelqu'un voulait nier leur existence avant
les siècles, il sera réfuté par Paul qui dit : comme Dieu l'a déter
miné avant les siècles 2.
L'essence sures- 7. — Voici manifestement des œuvres
sentielle et les ^e j)[eu saxis commencement et anté-
nerg es. rieures aux siècles : la prescience, la
volonté, la providence, la coritemplation de soi et tout ce
qui leur est semblable ; mais si la contemplation, la provi
dence, la prescience, les prédéterminations et la volonté sont
des œuvres de Dieu sans commencement, la vertu en est une
également ; chacune de ces œuvres est, en effet, une vertu ;
mais l'entité en est une également, puisque l'entité précède non
seulement l'essence, mais tous les êtres, car elle est l'existence
première ; à sa suite, la volonté, la prédétermination ne sont-elles
pas des vertus ? Maxime, si riche en choses divines, a donc raison
de dire que l'entité, la vie, la sainteté et la vertu sont des œuvres
de Dieu, bien qu'elles n'aient pas de commencement dans le temps 3 ;
et il ajoute, pour que personne ne considère que tout cela relève
du siècle, même dans un sens intemporel : En effet, il n'y a jamais
eu un temps où la vertu, la bonté, la sainteté et l'immortalité n'exis
taient pas * ; et il ajoute ce raisonnement contre ceux qui pour
raient croire que, selon lui, ces vertus n'ont pas de commence
ment en nous : Les choses qui ont un commencement existent
et s'expriment par participation à celles qui n'ont point de commence
ment; Dieu est, en effet, le créateur de toute vie, de toute immor
talité, de toute sainteté et de toute vertu 5, si l'on parle de celles
qui nous sont propres par nature. Il parle ainsi dans le chapitre
50 de sa première Centurie. Dans le chapitre 48 de la même,

1 Les Ariens.
• Cfr I Cor., II, 7.
• Cent, gnost. I, 48 (PG, XC, 1 100 D ; cfr supra, p. 594, note 2.
4 Ibid., 50 {ibid., 1101 B).
*Ibid.
TRIADE III, 2, 6-7 655

eoyav àrraoai' déXr/aiv 8è \\ rfjv ovaiav tov Oeov ovB' ol |f. 2141-
QeXrjoeœs vlov elnôvreç tov Aôyov tov Oeov eT6Xu.rjoav
elrrelv • ol 8è vpoopiou.ol kolL àir' avrov tov ôvop.aTos ip.<f>ai-
vovoi tt/v npo TÔiv KTiofiaTtûv vrrapÇiv avriôv ' et Se tiç e#e-
Xr)aei p.r) Kai TTpoaiwvlovs tovtovs Xéyeiv, iÇeXeyxdrjoeTai 5
rrapà tov IJavXov Xéyovros ' KaOwç « rrpoœpiae rrpo tô>v
» alwvmv o Oeôs ».

7. 'y4AAà raûra /xèv oa<f>â>s âvap-^a épya toû Oeoû Kat


npoanvvia, olov r) Trpoyvwais, rj déXrjoiç, r) irpovoia, rj avro-
ifiia /cal e? Tt tovtoiç iraparrXrjoiov ' ei 8 77 detopia Kai 77po- 10
vota »cai irpôyvœais, Trpoopiop,oi re /cal OeXrjcns àvap^a
êpya tov Oeov iori, Kai r) àpeTrj âpa, koX yàp àpeTrj tovtcjv
ÎKaoTov ioTiv, àXXà Kai 17 ovtÔttjs, irrel p.rj ttjs ouata? u.6vrjs,
àXXà Kai iravroç ôvros rrporjyeiTai r) ÔvtÔttjç, irpûiTov yap
eariV efra àpe-rq ioriv r) BéXrjoiç r) 7rpoopiop.6s ,' KaXws âp 15
6 TToXiiç rà delà Afa{fi/zds <f>r)oiv ôVi « r) ovtÔttjs Kai r) ^cotj
» <cai r/ àyiÔTr/s Kai r) àpe-rr) êpya tov Oeov eloiv, ovk rjpyu.e-
» va xpoviKwç » " Kai "va u,r\ Ttç iv alwvi raûr' elvai vop.lorj,
Kav p,r) xpoviKœç, irr-qyayev « Ovk r)v ydp ttotc ôVe ovk r)v
» aperr) Kai àya96rrjs Kai àyiÔTTjs Kai àOavaala ». IJdXiv *o
Se "va p.rj tiç ol^delrj Ta iv r)p,îv tovtov Xéyeiv àvap^a, irrà-
yei oTi « rà r)pyu.éva tt\ p.eTO)(jj t<2>v ovk r)pyp.éva)v Kai eiol
» Kai Xéyovrai ' Tràor/ç yàp £0177? Kai àOavaalas , ayiOTijTÔs
» te Kai àpeTrjç », SijXaSrj rrjs <f>voiK<x>s r)p.îv èvvTrapxovorjS ,
« brjp.iovpy6s èoTiv 6 0e6ç ». Tavra p.èv ovv iv TrevTTjKOOTÛ) ^5
K€<f>aXaluj ttjs TTpwTTjs 'Ek oto t'TaSo ç eïprjKev, iv 8è tô>
TeaoapaKoaTÛ) oy86(p ttjç avrrjç <( ovoicoBœs irepl tov Oeov
» airra » (f>r]ai « ÔeiopeîaOai » Kai avTa eîvat rà peOeKTa,
c'oi> ji€Téxovai Ta ovra /iCTe'^ot'Ta Kat rjpyjiiva epya xpoviKws ,
àvâp^tov ëpyun' €K(.iviov ovtcov ' « Ov ydp ttot€ » <f>rjai « rrpeo- 3°
» fivrepov àpeTrjç to ovk rjv, ovSé tivoç àXXov tô>v elprjuévwv,

CVSl.

10 5' : bè !..
656 GRÉGOIRE PALAMAS

il dit : Ces vertus sont contemplées essentiellement autour de Dieu


et on peut y participer ; les êtres participants et les œuvres
ayant un commencement temporel y participent, car ces vertus
sont des œuvres sans commencement 1. Le non-être, en effet,
continue-t-il, n'est absolument pas antérieur à la vertu, ni à aucune
des réalités mentionnées, puisqu'elles ont Dieu pour générateur
éternel ei absolument unique de leur être 2. Et pour que personne ne
croie qu'il parle de la Suressentialité à laquelle notre raison par
vient, après avoir écarté tous les êtres, il écrit immédiatement
après, dans le chapitre 49 : Dieu transcende une infinité de fois
ces vertus participables 3, cette bonté, cette sainteté et cette vertu,
qui sont certes sans commencement, c'est-à-dire incréées. Donc,
ni la bonté incréée, ni la gloire éternelle, ni la vie et les choses sem
blables, ne sont simplement l'essence suressentielle de Dieu,
car Dieu les transcende, en tant que cause. Nous disons
pourtant qu'il est Vie, Bonté et autre chose semblable, en lui
donnant ces noms à cause des énergies révélatrices et des puis
sances de cette Suressentialité, puisque, selon le grand Basile, la
garantie de l'existence de toute essence est son énergie naturelle
qui élève l'esprit jusqu'à la nature même 4 ; et selon le divin
Grégoire de Nysse et tous les autres Pères, l'énergie naturelle,
c'est la puissance qui manifeste toute essence; le non-être seul en
est privé; car l'être qui participe à une essence participera
aussi certainement à la puissance qui manifeste naturellement cette
essence. Mais comme Dieu est présent tout entier dans chacune
des divines énergies, chacune lui sert de nom ; il en résulte
aussi qu'il les transcende toutes. Comment, en effet, devant
le grand nombre des énergies divines, pourrait-il être tout entier
dans chacune, sans se diviser aucunement, comment chacune
le manifesterait-elle tout entier et lui servirait-elle de nom,
grâce à sa simplicité indivisible et surnaturelle, s'il ne les sur
passait pas toutes ?

1 Cfr ibid., 48 (PG, XC, 1100 CD).


1 Ibid. (ibid., 1100 D-iioi A).
* Ibid., 49 (ibid.. 1101 A).
♦ Cfr Epist., 189, 6-7 (PG, XXXII, 692-696).
TRIADE III, 2, 7 657

» oîa tov Geov i^ovra tov elvai fiovarrarov àïolajs yewrf-


» ropa ». Kal ïva \vr\ tivl 8o£tj tt)v vnepovaiÔTT)Ta €Keîvqv
Xéyetv, fj Karà rrp/ àirôXvoiv irdvrojv rfj Siavotq. €-nifiàXXop.iv ,
iv tu» T€<jaapa.K0OT(à èvârœ ifcÇijs evdvs ypdtfxov etnev
on icat « r&v p.edeKTÛ>v àneipâKiç àirelpœs 6 Oeos virepeÇrj- 5
» pijTai », Trjs àvdp%ov SijXaSrj, Tavrov 8' clttcÎv aKTiOTOV,
€K€ivr]s âyaOÔTTjTOS Kal àytôrrjTOS Kal àpcTrjs. Ovkovv
TavB* àirXûs 17 \me.povoix>s ovaia tov Qeov iortv, ovO' r\
aKTixrros àyaOôrrjs, ovre iy àîoioç Sofa t} Çwr) Kal rà TOiavra.
Kal tovtojv yàp ws ainoç 6 &eoç VTrepeÇrjpTjTat.. Zuyrpt Se io
Xéyop.€V avrov Kal àyadÔTrjTa Kal rà roiavra, KaXovvres
aùrô»' à77-à tû>v irapaoTaTiKwv || ivepyeiwv re Kal ovvdp.ewv M- 214*
rfjç v7T€povaiÔTr]TOS €K€ivrfS , èirel, Karà tov p.éyav Baai-
Xeiov, 7UOTa»<7iç irdarjç ovalas 17 Karà <f>vot,v KadéoT7]K€
Tavrrjs èvépyeta, tov vovv iirl ttjv <f>vaw àvdyovaa ' Karà 15
Se tov Nvao~r)s Oeîov Fp^yôptov Kal tovs àXXovç iraTipas
aTravraç, « evepyeui ecrrt <f>vot.Kr), 17 h-qXwriKTi nao-qs ouatas
» ovvapuç, ■fjç p.6vov ioT€pr)Tai to /lit) ov " rô yàp ôv, ovaias
» TtVOS p.€T€)(OV, Kal TTJS 8t/À0UCTT7Ç aVTTjV <f>VOtKù~JS p.€0é{J€l.
» Travratç ovvdfxews ». 'AXXà Kal œs oXov iv eKaarT) ôVra 20
tGïv 0€O7Tp€irâ>v èvepyeiœv , à(jS' eKaaT-qs ovop,d£op.€V ainôv,
à<f>* oiî 8ia8ei'*ci>UTai Kal to Traawv Tovrœv vnepe^rjpTJadai.
IJâ>s yàp ttoXXwv ovowv OtoTrpeirôJv èvepyeiœv, ôÀoç èv €*caerj-Ti
navrdiraaiv àp.epLOTOJS ivv7rrjpxev âv Kai à<f>' e/faoTTjç ôXoç
èaipârô Te Kal €koXéÎto 8ià to ttjç ap.epovs àirXÔTTjTOS \mep- 25
<f>vcs, cl prj tovtwv àiraaœv VTrepaveaTr/Ke ;

CVSL

22 vTT€pc£r]pfjadai : VTT€^rjpi)a6aA V.
658 GRÉGOIRE PALAMAS

Les énergies ayant 8. — Il y a pourtant des énergies de


un commencement Dieu qui ont eu un commencement et
une fin et tous les saints pourront le
confirmer. Cet homme, en effet, qui semble tout savoir exacte
ment, considère comme créé, tout ce qui possède un commen
cement, c'est pourquoi lorsqu'il a dit qu'une seule réalité était
sans commencement, l'essence de Dieu, il ajouta, en qualité
d'affirmation opposée : Ce qui n'est pas cette essence relève d'une
nature créée 1 ; même si cet homme considère ainsi que tout
ce qui a un commencement est créé, nous n'en savons pas
moins que les énergies de Dieu, qui toutes sont incréées, ne sont
pas toutes sans commencement. En effet, sinon la puissance créa
trice elle-même, du moins son application pratique, c'est-à-dire
l'acte créateur, a eu un commencement et une fin. Moïse l'a mon
tré, en disant : Dieu se reposa de toutes ses œuvres qu'il avait
commencées à faire 2. Comment cette Suressentialité ne serait-elle
donc pas différente de sa propre énergie ? Mais, dira-t-il, les éner
gies sans commencement s'identifient à elle ? Il y en a pourtant
parmi elles qui ont eu une fin, sinon un commencement, comme
le grand Basile l'a dit à propos de la prescience de Dieu 3. L'es
sence suressentielle de Dieu ne s'identifie donc pas avec les éner
gies, même avec celles qui sont sans commencement ; il en ré
sulte qu'elle n'est pas seulement transcendante à n'importe
quelle énergie, mais qu'elle leur est transcendante une infinité
de fois, comme l'a dit Maxime, si riche en choses divines *.

Témoignages pa- 9- — Quant au bienheureux Cyrille, il


tristiques. appelle énergie et puissance divines,
le fait que Dieu est partout, qu'il con
tient toutes choses, sans se laisser contenir par rien. Le fait
d'être partout n'est donc pas la nature divine, puisque notre
nature à nous ne consiste pas non plus uniquement dans le fait

1 Voir supra, § 4.
» Gen., II, 3.
» Référence probable à Contra Eunom., I, 8 (PG, XXIX, 528 B) où s. Basile
inclut la ■npoyvwais parmi les énergies distinctes de l'essence.
« Cent, gnost., I, 7 (PG, XC, 1085 B) ; I, 49 (ibid.. 1 101 A) ; Ad Thaï., LXIII
(PG, XC, 673 D), etc.
TRIADE III, 2, 8-9 659

8. Kal fir)v elolv aï r&v rov Oeov èvepyeiûv àpxrjv koli.


Xfj^iv êcr^ov, wç Kal tovto navres oi âyioi avp,p.apTvpr]oovai.v.
El yàp Kal 6 irdvra Sokwv aKpifiœç yivœoKew oôroç to
àpxfjv e^ov âirav Kal ktuttov rjyeÎTai, Siô Kal êv etvai (fyrjaas
âvapyov ttjv ovolav tov Oeov èirqveyKev ws avn.81rip7jp.e- 5
vov, « rà 8è irapà Tavrrfv yevqrrjs virdpxei (ftvcreojs *, et yovv
eKeîvos rà àpxfjv \af$6vra Kal KTiarà âiravra 8o£dt,et, aXX
r)p,eîs irdaas p.èv ràs tov Oeov ivepyelas aKTlarovs virap-
Xovoas o"8ap.ev, où irdaas 8è àvdpxovs. El yàp Kal p.r) rfjs
8rip.iovpyt.Krjs 8vvdp,eu>s, a\Xà rfjs Karà ravr-qv irpdijeojs, IO
8r)\a8r) Trjs Karà rà 8e8rjp.10vpyqp.eva ivepyelas, yéyovev
àpyr) Kal ré\oç Kal tout' é8ei^ev 6 Mojvorjs elirojv ' « Kare-
» iravoev 6 Oeos àvo Trdvrojv rtôv epycov, u>v rjpÇaTo irot.rjoai. ».
Ilws ovv ovk âXXo irapà ràs oiKelas ivepyelas r) virepovaiô-
rrjs âv eKelvT) elrj ; 'AW èpeî ràs àvdpxovs èvepyelas rai- 15
tov eKeivr) elvai; 'AXX' elolv aî tovtùjv réXos eo^ov, et Kai
p.r) àpxtfv> ô Kal rrepl trjs tov Oeov rrpoyvojoeojs o p.éyas
eîprjKe BaolXeios. Ovk âpa Tavrov oùSè raîç àvdpxois ivep-
yeiais rj virepovaios ovola rov Oeov, 81' wv Kal âri irdo~qs
evepyeias oiao8rjiroToûv ov p.6vov vTrepeÇrjpriixévT) 8elKvvrai 20
eKeivrj, aÀÀà Kal « àireipaKis direlpojs » /carà tov 7roÀùv rà
deîa MaÇifiov.

9. '0 Se p.aK<Lpios KvpiXXos, ivépyeid (f>r)oi 6eoirpeirr)s


Kal 8vvap.ls ion to elvai iravra^fj Kal ^wpelv p,èv 8ià irdvrojv
tov Oeôv, ^copcÎCT^ai Se tm' ovSevôs. Ov toIvvv tovto (pliais 25
Oeov to elvai iravraxov, elirep p.rj8è ■qp.îv <j>vois ion tovto
p.6vov to elvai vov. To yàp p.ij8ap.ws ovala ov, || itùjs àv |f-2iy
■r)p.œv ovola elrj ; Ovk dpa ravrov iravrâiraoïv èirl Oeov ovola
Kal evépyeia, et. Kal oXos èv eicaorTj èvepyela SelKwrat. 8ià
to Trjs ovolas àp.epés- 'Iojdwr/s oè 6 Xpvoopprjp.ojv ovaiwhi] 30

CVSL

2 ws ifai... ovfjLpapTVprioovoiv ont. VS |j 20 vircpçÇjiptifiévTj : virf^prrjfiévrj V.


6ÔO GRÉGOIRE PALAMAS

d'être quelque part ; comment, en effet, notre essence consiste


rait-elle en un fait qui n'est nullement une essence ? L'essence
et l'énergie ne s'identifient donc pas totalement en Dieu, bien
qu'il apparaisse tout entier dans chacune des énergies, son essence
étant indivisible. Jean à la Bouche d'Or dit pour sa part que
l'énergie essentielle de Dieu consiste à n'être nulle part : ce
n'est point là le non-être, mais une faculté de surpasser le lieu,
le temps et la nature 1. Tu te dépêcheras donc de déclarer non
pas que le fait de n'être nulle part est une propriété de l'essence,
mais qu'il est l'essence de Dieu, toi qui ne reconnaît aucune
différence entre l'essence et l'énergie ! Quant au grand Basile,
il demande : N'est-il pas ridicule de dire que la faculté créatrice
est une essence, que la providence est de nouveau une essence, aussi
bien que la prescience, et de prendre ainsi simplement toute énergie
pour une essence ? 2 Et le divin Maxime dit de son côté : La
bonté et tout ce que le mot bonté implique, absolument toute vie,
toute immortalité et tout ce que l'on contemple essentiellement autour
de Dieu, sont des œuvres de Dieu et n'ont pas eu de commencement
temporel ; le non-être n'est pas, en effet, antérieur à la vertu, ni à
aucune des réalités mentionnées ci-dessus, bien que ceux qui y
participent aient commencé à exister en elles dans le temps 3. Rien
de tout cela n'est l'essence de Dieu : ni la bonté incréée, ni la
vie sans commencement et éternelle ; tout cela, en effet, existe
non pas en lui, mais autour de lui.
Les noms divins. 10. — Par ailleurs, les saints Pères
affirment unanimement que l'on ne peut
trouver de nom qui manifeste la nature de la Trinité incréée,
mais que les noms s 'appliquent aux énergies. « La Divinité »
désigne aussi une énergie, le fait de se mouvoir ou de contempler
ou de brûler *, ou bien elle indique la déification-en-soi 8. Mais
ce qui dépasse tout nom n'est pas identique à ce que l'on nomme ;
l'essence et l'énergie de Dieu ne sont donc pas identiques. Mais
1 Ce passage est compris dans la série de textes patristiques qui sert d'appendice
aux Opusc. iheol. de s. Maxime (PG, XCI, 281 BC).
* Contra Eunom.. I, 8 (PG, XXIX, 528 B).
* Cent, gnost.. I, 48 (PG, XC, 1100 D).
« S. Grégoire de Nazianze, Hom., XXX, 18 (PG, XXXVI, 128 A) : ».
Grégoire de Nysse, Ad A blabiutn quod non sint 1res dii (PG, XLV, 121 D-124 A);
Scolie 4 sur Scala I de s. Jean Climaque (PG. LXXXVIII, 645 AB).
* Cfr Ps.-Denys, De div. nomin., XI. 6 (PG, III, 956 A).
TRIADE III, 2, 9-10 66l

ivépyeidv <f>T)ot ©eov to p/qhap.ov etvai, ov to p.r) elvai, àAAà


to îmepeîvai to7tov ko.1 xPovov Kc" <f>vaeœs ■ £i> Toiwv Taxa
Kai to firjhafiov elvai ov tîjs oiiaiaç, àAA' ovaiav tov ©eov
èpeîs, 6 p.rjoep.lav 8ia<f>opàv elbois ovaias re Kai èvepyeias.
'0 8e p.éyaç BaaiXeios « tû>s où KaTayéXaarôv » <f>rjai « tÔ 5
» 8rjp.iovpyiKov ovaiav elvai Xéyeiv, to irpovorjTtKOV irdXiv
» ovaiav, to TrpoyvoiariKov waavrojs Kai àiraÇaTTXœs trâaav
» èvépyeiav ovaiav tiQeadai ; » Md£ip,os 8è 6 deîos « r) àya-
» dôrrjs » ^ijaî « *aî 7ràV e? ti àya6oTT]Tos epvnepié)(eTai X6y<p
» #cai à^Aâi? irâaa £0)77 Kai àdavaaia Kai oaa irepl tov 10
» @eoy oùcricoSoDç OeojpeÎTai ëpya ©eov elai Kai ovk r)pyp.éva
» XpovtKws ' ov ydp 770T€ TTpeofivrepov àperfjs to ovk t]v,
» ovoé tlvoç âXXov Tœv elprjp.éva>v, Kav rà [leTe^ovra avrojv
» kot* avrà tfpKTai tov elvai xpoviKws ». OvSèv âpa tcov
toiovtojv ovaia tov ©eov iariv, ovre 17 à/CTioroç àyaOôrqs, 15
ovre rj âvap%os Kai àîoios £0*77 ' ov yàp €K t&v kot avrov,
àAA' è/c tcôv irepl avTov Ta TOiavra trâvr èariv.

10. "Eti, Koivfj -rrdvreç ol dyioi iraTepes iirl -rfjs aKTia-


tov <f>aal Tpidooç ovk èoTiv evpeîv ovop.a ttjs <j>vaea>s orjXaj-
tikÔv, tùjv Se èvepyeiwv iari Ta 6v6p.ara. Kai yàp « 17 deoTTjç » 20
èvepyeias eori St^Xoitikov, tov déeiv r) tov OeâaOai t] tov
aWeiv r) ttjv «avTodéataiv)) StjXovV Tavro 8è t<3 ôvop.aÇop.é'vùj
to vTTepœvvpov ovk eoTiV ov Tavro âpa ovaia ko.1 ivépyeia
©eov. El 8è r) tov ©eov deoTrjs Kvplcos ttjv tov ©eov ivép
yeiav orjXoî, KTioTal Se elaiv aurai /carà ai, ktiottj coti tcaTa 25
aè Kai r/ deoT-qç tov ©eov. '/4AA' où p,6vov Ô.ktiotos, àAAà
Kai âvapxos ' ov yap rjpÇarô noTe tov deâaOai Ta ovTa d
elSojç Ta iravTa Trpw yeveaecoç avTcôv " v-n-épKeiTai 8' o/xcoç

CVSL
25 eart : verrai ^r.
662 GRÉGOIRE PALAMAS

si la Divinité de Dieu désigne l'énergie de Dieu par excellence et


si, d'autre part, les énergies sont, selon toi, créées, la Divinité
de Dieu, selon toi, sera aussi créée ! Pourtant elle n'est pas seule
ment incréée, mais sans commencement : car Celui qui connaît
toutes choses avant leur création n'a pas commencé dans le temps
à contempler les êtres. L'essence de Dieu, dépassant tout nom,
surpasse aussi cette énergie-là, dans la mesure où le sujet de
l'action surpasse son objet et la réalité qui est au-dessus de tout
nom dépasse ce qui reçoit un nom par le fait de cette action.
Mais tout cela ne s'oppose aucunement à la vénération d'un Dieu
unique et d'une Divinité unique, puisque le fait d'appeler le
rayon « soleil » n'empêche pas de concevoir un soleil unique et sa
lumière comme unique. Vois-tu dans quel strict accord nous nous
trouvons avec les saints ?

Énergies incréées. 11. — O toi pour qui tout ce qui est


participable est créé, pour qui toutes les
œuvres, mais aussi toutes les puissances et les énergies de Dieu,
possèdent un commencement et une fin temporels, — ô quelle
démence et quel emportement, qui ne craint pas de tout oser ! —
toi qui accuses d'impiété et voues à l'excommunication et à
l'anathème les saints qui glorifient Dieu selon son essence au-
dessus des énergies incréées elles-mêmes, puisque cette essence
dépasse toute affirmation et toute négation, toi qui dis et qui
penses ces choses, as-tu le moyen de montrer que tu n'es pas
l'un de ces hérétiques, apparus dès le commencement des siècles,
tout en déclarant que non seulement toutes les énergies et toutes
les œuvres de Dieu, mais les puissances même de cette nature
suressentielle-en-soi sont créées ? Et pourtant, ce nom même
d'« essence » désigne en Dieu l'une de ces énergies ! Denys l'Aréo-
pagitc dit en effet : Si nous appelons le Mystère suressentiel
« Dieu » ou « Vie » ou « Essence » ou « Lumière » ou « Verbe », nous
ne pensons à rien d'autre qu'aux puissances déifiantes, substanti-
fiantes, vivifiantes et donnant la sagesse, qui en procèdent et viennent
à nous 1. Donc lorsque tu dis toi que seule l'essence de Dieu est une
réalité sans commencement, tu nous permets seulement de consi
dérer qu'une seule puissance de Dieu est sans commencement,

lD$ div. nomin., II, 7 (PG, III, 645 A).


TRIADE III, 2, IO-II 663

«ai rrjç ivepyeiaç ravrrjç r) \mepojwp.oç ovaia rov Oeov,


Kadôaov ro ovtwç ivepyovv rov ivepyovp.évov Kal ro virepw-
wpu>v rov Karà rovrov tov rpôirov ovop.aCop.evov. 'AXXà
rà roiavra Oeov êva aéfieiv Kal deôrrjTa piav ovSapws irpoa-
iararai, i-nel p/rfi* rjXiov eva Kal <f>ws êv avrov vop.d,eiv,
ro Kal rr)v âicTÎva « rjXiov » KaXeîadai. 'Opâs Sirœs r)p.eîç
à/cpt/Stôç 6puoXoyovp,ev roîç ayiotç ,'

11. Si) 8c ô rà pedeKrà Xéyuiv KTtarà Kal oî>xl rà cpya


7ravTa pÀvov, àAÀà Kaî ràs Suva/xetç *al ivepyeiaç -naaaç
rov Oeov apx^v exeiv XP°VLK7)V ko! réXoç, <x> rijç Trapa-nXi)- 10
£i'aç Kal rfjç -navra roXp.d>ar)Ç àSeœç àirovoias, àaefieîç
â.TTO<f>aiv6p.evoç Kal à<f>opio~p,œ Kal àva9ép.ari || KaBvTrofïaXXtov M-2I5"
tovs Kal rœv à.KTiaToyv ivepyeiœv ineKeiva Kar ovaiav
tov Qeov ho£à%ovras àyiovs, iirel Kar* avrr)v iraor/ç virép-
Keirai Qéaeœç Te Kal d<f>aipéaeœs , ai) roivvv roiavra Xéywv Kal 15
<f>povœv, é)(eis ottojs 8ei£r)s p.r) rois an-' alœvos KaKohôÇois
ivapidp.ios ôtv, Kal Taûr' oi>xl ràs ivepyeiaç p.6vov irdaas
Kal rrâvra rà épya tov Oeov, aAAà Kal ràs 8vvdp.eiç rrjç
avdvnepovaiov <f>vaea)s eKelvTjç KTiaràç àiro(f>aiv6p.evos ,' Kairoi
rovvop.a rovro « 77 ouata », p.iâs râ>v roiovroiv hvvdp,ewv 20
arjpavriKÔv iariv irrl &eov. 0rjal ydp o iè, 'Apeiov rrdyov
Aiovvaios • « El ttjv vnepovaiov Kpvtj>i6rr)Ta Qeov r/ Çojrjv rj
» ovaiav r/ <f>û>s rj Xôyov 6vop.daop.ev, oi>8èv ërepov voovp.ev
» rj ràs eis r)pâs e£ avrrjç rrpoayop.évas Svvdpeis iK0ea>Ti-
» /cas r) ovoiottoiovç r) Çœoyôvovs r) ao<f>o8d)povs ». "Orav 25
ovv auras Xéyrjs êv elvai pôvov âvap^ov rr/v ovaiav tov Oeov,

CVSL
2 Kcilom. V II 12 àvadcpaot V | 1 5 rà post roivvv add. L.
664 GRÉGOIRE PALAMAS

la puissance substantifiante, tandis que les autres appartiennent


au domaine temporel. Mais pourquoi la puissance substanti
fiante de Dieu serait-elle sans commencement, alors que la puis
sance vivifiante possède un commencement temporel, aussi
bien que la puissance qui féconde et donne la sagesse ? Ou bien,
toute puissance divine est sans commencement, ou bien aucune !
Et toi, si tu dis et si tu imagines qu'une seule d'entre elles
est incréée, tu rejettes les autres du domaine incréé, et si tu
déclares que toutes sont créées, tu rejettes aussi cette unique
incréée ! Une telle contre-vérité est pleine d'inconséquence et
se crée à elle-même des pièges ; et en effet pour être fausse et
funeste à son propre point de vue, elle se combat elle-même et
s'attribue à elle-même des mensonges !

« Je suis Celui qui 12> — Mais. dira-t-il, c'est « de par


est ». son essence » que l'on dit de Dieu qu'il
possède en lui-même, d'une façon unique
et unifiante, toutes ces puissances ? Mais, d'abord, il fallait
appeler cela « Dieu », car c'est ce terme que nous avons reçu
de l'Église pour le désigner. Dieu, lorsqu'il s'entretenait avec
Moïse, n'a pas dit : « Je suis l'essence », mais : Je suis Celui
qui est 1. Ce n'est donc pas Celui qui est qui provient de
l'essence, mais l'essence provient de Celui qui est, car Celui
qui est embrasse en lui-même l'Etre tout entier 2. Ensuite,
si, au lieu de parler de 1' « essence », il avait employé le mot
« Dieu », il aurait fallu dire aussi « par nature », et cela à cause
de la grâce et des « dieux par la grâce » que les saints appellent
sans commencement et incréés par la grâce 3, lorsque leurs pa
roles portent sur ce sujet. Il fallait donc dire : Il y a un seul
Dieu par nature sans commencement. Mais lui a remplacé le mot
« Dieu » par un autre et a laissé de côté « par nature » ; il a
parlé pour tromper, dans la mesure du possible, ses auditeurs
et il n'a pas dit que la seule réalité sans commencement est

1 Exode, III, 14.


* Réminiscence d'un passage de s. Grégoire de Nazianze, Hom., XX.V, 3
(PG, XXXVI. 625 C) et d'un autre du Ps.-Denys, De div. nomin., V, 4 (PG,
III, 817 C), très proches l'un de l'autre.
* Cfr s. Maxime, Ambiguorum liber (PG, XCI, 1144 C).
TRIADE III, 2, 11-12 665

plav fjiôvrfv SiSaiy 17/xîv voeîv Oeov 8vvap.iv âvapxov, rr)v


ovoioiroiôv, ràs 8è wapà ravrrjv xmo \pôvov. Flœs ovv r)
jxcv ovoumotoç tov Oeov 8vvapis âvapx°s, 17 8è £a>07jmôç
l£ei xpovucr)v àpxrjv, i) Te ^cooydvoç #cai 17 ao<f>o86ris ,' 'H
yàp nâaa âvapx°s delà 8vvap.is èariv, r) ov8ep.la. Uii 8è t^v 5
piav fiôvtjv Xéyajv koI Ka.TaoK€VcL£,u)v 5.ktkjtov, ràs âAAaç
eicjSaAAets tov àKTtoTov ' irâaas Se KTio-Ta? àiro<f>aiv6p.evos,
oweic/îaAAeis *aî t^v piav. Totovrov yàp to tpev8oç kch
èavTW àvaKÔXovdôv èari icaî avTeirLfïovXov ' eiKOTœs Iva fj
kclI Trpos êavro iftev8éç Te Kal Xvp.avriKov, avro e<£' cauTÔ 10
Xopovv Kal avro èavTov 81 èavTov Ka.Tcupev86p.evov.

12. 'j4AA' èpeî 8ià ttJç oùaïaç eKeîvo Xéyeiv to /x.ova^tôç


»caî êvialœs éyov ev iavrœ Trdaas ràs 8vvdp.eis Ta irraç /
'ylAAà irpôiTov p,ev Oeov ê8ei tovto ovop.doat. ' TavTrjv yàp
tt\v <fxovr)v vtto rfjç 'EkkXtjoIols €7r' eKeivov TTapeXa.pop.cv 15
»cai tû Ma>vo~f\ 8è xPrllMaT^U)V ° 0eôç où/c ehrev « èyto ei/xt
» 77 ouata », aAA' « èyât elpi o a>v » ■ ov yap e/c t^ç oùoxaç ô
aJf, aAA' eK tov ovros 17 ovaia * aÙToç yàp 6 œv oXov èv èavTÛ>
ovvet.Xr)<f>e tÔ elvai. "E-nena el Kal àvTi ttjs « ovoîaç » tjj
« 0e6s » c'xp^o-aTO <f>wvfj, éSeï -npoayjp-qaaaQai tw « <f>voei », 20
Kai TaÛTa 7rcpi t/Jç ^aptToç Kai tcùv « xdpiTi 0ecDv ». oûy
Kai « xdpiTi àvàpxovs Kal q\ktiotovs » 01 âyiot <f>aai, ttjç
vnodéoeajs tô>v Xôycov ovarjs.. "E8ei tolvvv Xéyeiv ' « Els 6
» <f>vaec âvapxos 0e6s ». Outoç Se «rat tÔ « @eàç » àpeCipas
Kal to « <j>vo-ei » KaTaXmwv , <hs evrjv KXéipai tovs aKovovTas -5
7rporjveyKe tov Xôyov, ovk ckclvo Xéyœv p.6vov âvapxov to
iviaiœs Ta navra ovvexov /cai 7rpoéxov ' e' yàp tovto eXeye,
TTws S.V Ta? iv aÙT<3 Suva/xeiç «^uoxicàç 8eLKVveiv || ea7roiî8a^€ ||f. 2i6r
/CTioraç ,"

CVSL

26 Ac'ytf»' /iovoy : \iôvov X( yu>v L | 28-29 SciKvt/cti' eairouSa^e kticttciç : çaîrouSaÇc


KTlCTTaÇ SctKCl/Ctl' L.
666 GRÉGOIRE PALAMAS

celle qui maintient l'univers d'une façon unifiante et qui le


surpasse ; s'il avait parlé ainsi, pourquoi aurait-il mis tout ce
zèle pour démontrer que les puissances naturelles qui sont en
elle étaient créées ?

Participation aux 13. — Cet homme considère bien que


éclats de Dieu. les puissances de Dieu sont créées !
Écoute ses propres paroles, parfaitement
claires. Il met en avant les expressions du grand Denys : Les
puissances providentielles produites par le Dieu imparticipable sont
l'Etre-en-soi, la Vie-en-soi et la Bonté-en-soi ; dans la mesure où les
êtres y participent selon le mode qui leur est propre, on dit qu'ils
sont des êtres, des êtres vivants et des êtres divins, c'est pourquoi on
dit que le Bon les a établies l. Voici le raisonnement que
Barlaam en tire : La Divinité-en-soi et les autres réalités,
que le grand Denys a clairement appelées ici puissances, ne sont
pas éternelles, mais le Bon leur donne à elles aussi l'existence. Et
encore : Quelqu'un a dit qu'il y a une Théarchie et une Divinité
transcendées par le Principe de l'univers, mais il n'a pas dit
qu'elles étaient éternelles, puisque la Cause universelle leur donne
à elles aussi l'existence. Et aussi : Il y a la gloire imparticipable
de Dieu, réalité éternelle, donc identique à l'essence; et il y a la
gloire participable, différente de l'essence de Dieu: elle n'est donc
pas éternelle, car la Cause universelle lui donne à elle aussi l'exis
tence. Comme je l'ai dit plus haut, celui qui a dit des anges qu'ils
contemplent la gloire éternelle 2, a montré qu'il était faux d'iden
tifier la gloire éternelle de Dieu avec l'essence de Dieu imparti
cipable ; nous avons là aussi une preuve que la gloire éternelle
de Dieu est participable, car ce qui, en Dieu, est variable d'une
quelconque manière est aussi participable. Mais le grand Denys
dit lui aussi : Les divins esprits se meuvent d'un mouvement cycli
que, unis aux éclats, sans commencement ni fin, du Beau et du
Bon 3. Comment donc ces éclats sans commencement ni fin ne
seraient-ils pas autres que l'essence imparticipable de Dieu et
différents, bien qu'inséparables, de l'essence ?

iDediv. nomin., XI. 6 (PG, 111,053 D-956 A).


' S. Grégoire de Nazianze, cfr supra, § 3.
* De div. nomin., IV, 8 (ibid., 704 D).
TRIADE III. 2, 13 667

13. "Oti 8* ovroç ràs Suvà/ieis KTtcrràs iJycÎTCu toû Seov,


aKovaov <paveptôs avrov tovto Xéyovros. IJpoeveyKwv yàp tov
fiéyav ûuovvouov <f>daKovra « p.eOeKTâ>s avToeîvai Kal avro-
» ^unjv Kal avToOeôrrjra, ràç eKo'ib'op.évas 4k &eov tov
» à/jiedcKTov 7rpovor)Tt.Kàs 8wdp.€ts, a>v ra ovra oiKeiaiç 5
» éavroîs ix€T€Xovra kolL ovra Kal poivra Kal èvdea Kal iari
» koI Xeyerai, 8w> /cat irptJTtos avriôv ô àyados VTToaTdrqç
» Xéyerai elvai », o~vXXoyit>6p.€VOS €K tovtojv ètpetjrjs ovros,
« ovkovv » <f>T)<jiv « r) evravBa avToOeorrjs Kal râAAa à" oa<j>û>s
» Swàuctç ô fiéyas o>v6p.aaev , ovk aei eiciv, aÀAa <cai 10
» toutcov VTToarârris èorlv 6 àyadôs » ' kcu 7raAiv ' « "E<frq p.év
» tiç deapxîa-v eîval riva Kal OeôrrfTa, ^s è£r)pr}adai rffv
» irdvroiv àpyrjv, àel 8è oùSa/zcDç ehrev avrrfv ' eZvcu yàp kcu
» rarrrqs vtto<tt6.tiv ttjv Trdvrwv alriav » " kcÙ 7ràAiv ' « 'H p.èv
» dpédeKTOS 8o£a toû ©eoû, àiSiov pev, où p.r\v êrepov rrjs '5
» ovolas, r/ oè peOeKT-q, êrepov pkv tt}s ovoias tov 0eov,
» ov prjv àîSios ' Kal Tavrrjs yàp v-noaraTis iarlv r/ rravTOiV
» alria ». "Oti p.ev ovv i/ieûSoç èariv àW 17 àiSioç 8o£a toû
Qeov rj ovaia tov 0cov èariv -q dpédeKTos, eSeifev ô deat-
povs 86^r]s aCSiov tovs àyyéXovs apyjKœç S Kai avœrépa) 20
eïirov, Si' ov Kal ai? 17 àiSio? toû @eoû So£a peOeKTrj avva-
TroSeLKVvrai. ' tÔ yàp toû @eoû opaTÔv ÔTrojahrjTTOTe Kal p.€-
OcktÔv. 'AXXà Kal 6 p,éyaç Aiovvaios « kvkXikcôs » (farjoiv
« oi deîoi. KLVOvvrai vôes, evovp.evoi Tatç àvdpxois Kal àre-
» AeuTi^TOiç iXXdpu/jeoL tov KaXov Kal dyadov ». IIws ovv 25
aï dvapxoL Kal areXevTrjTOi €XXdpipet.s auTat oi>x crêpai
eloL Trjç ap.eQe.KTOv ovoias toû Qeov, 8ia<f>opàv irpos TavTrpi
éxovaai, el Kal a^tupto-TOt avTrjç etoi / IJpwTov pèv yàp

CVSL

20 5Ô^t;s âtStou : àïSiov èô^rjs L.


668 GRÉGOIRE PALAMAS

Tout d'abord, l'essence est une, tandis que ces éclats sont
multiples : ils sont envoyés par analogie et selon le mode propre
à ceux qui y participent ; ils se multiplient selon les variations
de la puissance réceptive de ces derniers; c'est ainsi, en effet,
qu'il y a des parts de l'Esprit Saint selon Paul l. D'autre part
elle est une essence suressentielle et personne, je crois, ne pourra
contredire le fait que ces éclats n'en sont que les énergies ou
l'énergie et qu'ils sont participables, tandis que l'essence ne l'est
pas.

Les éclats visibles 14- — Par ailleurs, toute union sup-


de Dieu. pose un contact : sensible dans le do
maine sensible, intellectuel dans le do
maine intellectuel ; puisqu'on peut s'unir à ces éclats, c'est
qu'on peut aussi entrer en contact avec eux, intellectuellement,
ou plutôt spirituellement. Quant à l'essence de Dieu, elle est, par
elle-même, en dehors de tout contact. D'autre part, cette union
avec les éclats, est-elle autre chose qu'une vision ? Ces éclats
sont, par conséquent, visibles à ceux qui en sont dignes, alors
que l'essence de Dieu est absolument invisible ; et ce sont ces
éclats sans commencement ni fin qui sont une lumière sans com
mencement ni fin. Il existe donc une lumière éternelle, autre
que l'essence de Dieu ; elle n'est pas elle-même une essence —
attention ! —, mais une énergie de la Suressentialité. Cette
lumière n'ayant ni commencement ni fin n'est donc ni sensible
ni intelligible, au sens propre de ces termes ; elle est spirituelle
et divine, distincte dans sa transcendance de toutes les créatures ;
et ce qui n'est ni sensible ni intelligible ne tombe pas sous les
sens, en tant que sens, ni sous la faculté intellectuelle, considérée
en elle-même. Cette lumière spirituelle n'est donc pas seulement
l'objet de la vision, mais elle est aussi la faculté qui permet de
voir ; ce n'est ni une sensation ni une intellection, mais une
puissance spirituelle, distincte, dans sa transcendance, de toutes
les facultés cognitives créées et rendue présente par la grâce
dans les natures raisonnables purifiées.

> Hébr., II, 4.


TRIADE III, 2, I3-I4 669

€Keiv7f êv, al 8è iXXdpupeiç avrai TrXelovç, àvaXôycos Kal toîç


ficré^ovaiv oiKeûoç iviépevai Kal tj} 8ia<popa> tovtojv Szktikt)
SvvdfjLO. ■nXt)dvvôp,€vaC Kal yàp ovrw Kal « IJvev/xaTOS ayiov
» fjLepKjfiol », Karà tov TlavXov ' eireir' eKelurj fièv ôirepovoios
ovula Tavrrjç 8' etvai ràç iXXdp.ipets ravras ivepyelas r) 5
ivépyeiav, ovSéva olpai dvrepelv, ÔAA ovb" Sri fiedcKTai.
claiv, eVeiVr/ç ovarjs àpLeôeKTOV.

14. Kal p.rjv nâaa evwaiç Si €Tra<f>r\ç, alaOrjTrjç p.èv eVî


TÛ)v alodrjTwv, voepâs 8' ctti tû>v voepwV erret 8 evwais
tort tcùv iXXdpufjewv itcelvtov, Kal ina^rf âpa, 8t)Xov6ti voepa, 10
p.âXXov 8è TTvevp.aTiK-q. 'H 8è ovula tov Qeov dvéira<f>os
Kad* lavrr]v. "En, rj npôç ràs èWâpufteis êVoiCTiç ti ye âXXo
r) opaolç 6CTTiv / 'Oparal dp' €«hi> e/ceû'cu ai iXXajjujfeis toîç
rj£(.a>p.€vois ' r) Se ovala tov 0eov àépaToç ioTi TravTa-naai'
/cai p.ev 8rj al dvapxpi Kai àVeAetn-r/Toi iXXdpt,tfj€iç §û>s 5
cicrtv avapyov || /cat aTeÀeuTTjTov. "Eotiv âpa <f>â>ç dîSiov l|f. 216»'
dXXo irapà tt/v ovalar roO Oeov, ov^l ovala kcÙ avro virdpxov,
airaye, aÀ/Y ivépyeia ttjç {nrepoviTiÔTrjToç iKelvrjç. 'Enel 8'
avapxpv iari Kal dTeXevTrjrov tovti to <f>û)ç, oirre alaBnrôv
eoriv. ovre votjtov i<vpla>s, àÀÀà TTvevfMaTiKov Kal OeÏKÔv. J"
TU)V KTIOTÛ1V 7T(lvTUiV VTTépOXlKWÇ è^TJprjpél'OV ' TO Se pïjTt
aloOrjTov, p.rjTe votjtÔv . 01)8 aloOrjoei fj aladrjaei {moTrlrrrei,
oi)8è roepâ Svvdp.ei Ka6' avTrjv. Ovkovv ov p.6vav to 6pû>-
pevov, àXXà Kal r) ôpœaa ovvapus to 7TvevpaTtKov eKeîi'o
<f>œç, ovt aladrjOLS èoTiv, ovtc vârjois, àAÀà nvevparLK^ -i
tiç SuvajLttç, Tœv ktlotôjv a-naacùv yvtooTiKwv Svvdpeœv
virepoxt-Kcûs i^rjprjp.evrj Kal raïs XoyiKaîç Kaôapaîç <f>vaeoiv
iyyivop.évr) ^apiri.

CVSL

2jT) ycuaTU'iiM' Sfru/ictor : oui Uftcwv yvtoOTiKtJjv L.


670 GRÉGOIRE PALAMAS

La vision est tou- 15. — Pour cette raison, Grégoire, le


jours une grâce, grand Théologien, n'a pas seulement
même pour les an- ,.. , , ., ,
dit que les bons anges contemplent une
gloire éternelle, mais qu'ils la contemplent
éternellement, en montrant que ce n'est pas une faculté créée,
naturelle et intellectuelle qui permet aux anges de contempler
la gloire éternelle de Dieu, mais une puissance éternelle, spiri
tuelle et divine, non pas, dit-il, pour que Dieu en soit glorifié,
car on ne pourra rien ajouter à la Plénitude et au Bienfaiteur
des autres, mais pour que les natures premières après Dieu ne
cessent jamais de recevoir ses bienfaits l. Vois-tu qu'ils ne pos
sèdent pas par nature la vision éternelle de la gloire étemelle,
mais qu'ils reçoivent cette puissance et cette contemplation
comme un bienfait de la Nature étemelle, de même que les
saints ? Selon le grand Basile, en effet, ce qui a été poussé par
l'Esprit Saint est devenu mouvement éternel, vivant, saint; lorsque
l'Esprit est venu habiter en lui, l'homme a reçu une dignité de
prophète, d'apôtre, d'ange de Dieu, lui qui auparavant n'était
que terre et poussière 2. C'est par une telle puissance que les esprits
célestes eux-mêmes possèdent, dit-on, leur vision : cette lumière
est ainsi au niveau de l'esprit, tout en le dépassant ; on dit aussi
qu'ils se voient eux-mêmes ; cette lumière, en effet, est visible
par elle-même : inaccessible à la faculté cognitive créée, elle est
contemplée par ceux qui en sont dignes.

Les anges ne voient 16. — C'est pourquoi, le grand Denys


pas Dieu par na- a ^jt que les esprits suivent un mouvement
lure" cyclique, lorsqu'ils s'unissent aux éclats
sans commencement ni fin 3. Et il faut remarquer que ce Père,
qui parle toujours avec la plus parfaite précision, n'a pas dit
simplement que les esprits suivent un mouvement cyclique
lorsqu'ils s'unissent aux éclats sans commencement, mais qu'tïs
reçoivent l'ordre de suivre ce mouvement ; il veut dire par là,
selon moi, que cette union ne leur est pas naturelle, bien que,
dès le commencement, ils se trouvent être cohéritiers de la

1 Hom. XXVIII, 31 (PG, XXXVI, 72 C).


• Ps.-Basile, Contra Eunom., V (PG, XXIX, 769 B) ; cfr Gen., XVIII, 27.
*Dc div. nomin., IV, 8 (PG, III, 704 D).
TRIADE III, 2, 15-16 67I

15. Aià tovto Kal rpjyyôpios 6 fiéyas dcoXôyoç ov pwvov


« Oecupovç 8o£tiç àïolov » tovs àyadovç àyyéXovs eïprjKev,
àXXà Kal « âïSlwç », SeiKvvs ô)S ov ktiott), <f>vaiKJj Kal votpâ
8wdp,ei Trfv àîSiov Sôïjav ol dyyeXot deœpovai rov Qeov,
cLAAà 8wdp.et àt'Si'a», nvevp:aTiKfj Kal deÏKrj, « ov-% ïva 8o£ao~6f\ 5
» &€os » <f>r)cnv, « ov yàp èoriv o TTpooT(.Qr)aeTai tô> rrXrjpei,
» Kal toîs âXXois xopyyQ T^)V KaXGiv, àAÀ' ïva p.rj Xeinr) to
» €V€py€T€Îo9ai Kal rat? Trpa>Taiç p.erà &eov <f>vo€o~iv ».
'Opâs ô)S ovk àiro <f>vcreœs clouai tÔ ttjv àiStov 8o£av àïSiœs
ôpâv, àXX' vtto rrjs àïSt'ou <f>vaeu>s €vepyeTovp.evot. ttjv 8vva- 10
p.a> ravTTfv Kal tt)v deœptav TrpoaXap.f$6.vovTai, Kadarrep Kal
01 âyioi ; « T6 yàp Kivrjdèv vtto FJvevp.aTOS àyiov Kwqmv
» àî&iov, £cùov, âyiov iyévero » /carà tov p.éyav BauiXeiov '
« «r^e Se âv9pwiros , 77veù/xaToç elooiKioOévros cv aurai,
» à£îai' TTpo<f>r]rov , aTrooTÔXov, àyyéXov 0eov, wv Trpôrepov 15
» yij /cat (777080? ». ToiavTrjs 8r) 8vvdp.eœs ol vôeç eù/xot-
povvres, ai/Toi Xéyovrai ôpâv " oûrai /carà voûv /caî vttc/> voûv
èort rô ^tùç e/ceîi/o ' àÀAà /cat iavTovç Xéyovrat, ôpâv' avrorr-
tikov yap e/ceîvo èari to (f>â>s, irrel yva>o~TiKfj KTiorfj 8vvdp.ec
aXrjTTTov, ôparov Se toîç à^t'otç. 20

16. Aià tovto ô p.éyas Aiovvoios « kvkXlkcôç » eîve


« Kiveîoôai tovs vôas, ivovp.évovs raïs dvdp)(ocs /cat àVeÀcu-
» TijToiç iXXdp.ifjecnv ». ' ETnoTTJoai Se /cat toûto ^/jt) à»?
oiî^ aTrXws ô Trdvff virèp ârravras rjKpi^wp-évoç oStoç kvkXl-
kcôs tov? voas e'iprjKe KLveîcrOat Taîç àvdpyoïs ivovp.évovs -5
iXXdp-ijjeoiv , aAAa « XéyeoQat » /ctveta^at, VTToarjp,aiv(jjv , cbç
iyœp.ai, to p.rj <f>vo~t,KT)v avToîç elvac tt)v ToiavTTjv evojow,
et Kal 8tà to p.o\vo~p.ov Treîpav oùSeVoTe Xafieîv ovyKe-
KXr)pojp.évoi Tvyydvovaiv i£ àpxrjç tj} ^aptrt. "On 8è rà

CVSL

7 Xcitttj : Xfind V.
672 GRÉGOIRE PALAMAS

grâce, n'ayant jamais fait l'expérience de la souillure. On admet,


d'autre part, que leur plus grand ennemi peut aussi nous procurer
un témoignage, très digne de foi, que cette lumière et la puissance
qui permet de la voir n'appartiennent pas à la nature des anges
supracosmiques : la race des démons qui en a été bannie se
trouve, en effet, privée de la lumière et de la puissance qui permet
de la voir, sans être privée de leurs caractères naturels. Cette
lumière et cette vision ne sont donc pas naturelles aux anges.
La race des démons n'est pas privée non plus d'intellection :
les démons sont des intelligences et n'ont pas perdu leur être.
Ils disent : Je sais qui tu es : le Saint de Dieu 1. Et lui ne permettait
pas aux démons de dire qu'ils savaient qu'il était le Christ *.
C'est pourquoi, le Théologien a dit : Tu ne crois pas à la Divinité?
Les démons eux-mêmes y croient 3. Et s'ils connaissent la Divinité,
ils savent nécessairement qu'elle ne s'identifie avec aucun être
créé.

II ne s'agit pas 17. — Cette lumière n'est pas une


d une connais- connaissance, on ne l'acquiert ni par des
affirmations ni par des négations. Chaque
ange mauvais est une intelligence, mais, pour parler comme
les prophètes, une intelligence « assyrienne » qui fait un mauvais
usage de la connaissance ; or il est impossible de faire un mau
vais usage de cette lumière ; elle quitte sur le champ celui
qui penche vers le mal et laisse loin de Dieu celui qui se
soumet à la perversité. Cette lumière et cet éclat ne sont donc
pas une intellection, à moins qu'on ne les appelle ainsi par
homonymie, surtout parce que c'est l'intelligence qui les re
çoit ; comme on les appelle aussi « Divinité », à cause de Celui
qui met en action cette grâce mystérieuse ; il s'agit, en effet,
d'un acte déificateur, qui ne se sépare absolument pas de l'Esprit
qui agit. L'homme illuminé par la pureté possède un commence
ment, en tant qu'il a reçu l'illumination — les Pères, pour cette
raison appellent cette dernière « pureté » —, mais la lumière et
l'éclat n'ont point de commencement. Et cela nous le voyons

1 Marc, I, 24.
«Marc, I, 34 ; Luc. IV, 41.
» S. Grégoire de Nazianze, Hom., XLV, <j (PG, XXXVI, 661 A).
TRIADE III, 2, l6-I7 673

toiovto <f>â)Ç Kai r) ôptôaa tovto hvvapiis ov <f>votKÛ>s 1 f. «17»-


toÎç {nrepKoarp.ioiç eveariv àyyéXois Kai rrapà tov iydiarov
tovtois évi p.apTvplav afiOiç àÇioTrioTorépav , 5 <f>ao~i, iropia-
aadai ' to yàp (.K-matrov èxeivcuv Kai haip,6viov <f>vXov,
tov p.ev (froJTOS Kai rrjs ôpaxrrjç tovto Suva/xea»? eaTeprjTai, 5
ovBevdç 8è tcov <f>vaiKÛ>v ' ovk âpa cftvaiKov, ovre to <f>û>s,
ovtc r) opaaiç eKeîvr). Kai p.r)v ovoè vorjoeœs io-TeprjTai to
8aip.6viov cfivXoV vôeç ydp eloi Kai to elvai ovk àirofiefiX-q-
Kaai Kai « olSd ae tlç ef» <f>aoiv « 6 âyios tov &eov », 8s
Kai ovk rjcf>Ui rà ?>aip.6via XaXeîv « on rjheiaav tov XpiOTOV 10
» aÙTov elvai ». Alo Kai o BeoXôyos eîrrev <i 'Amarris ttj
>> QeoTrjTi', Tovto oùSè ol haîp.ov€<; ». El Se OeoTTjTa ïaaat,
Kai tovt' elSévai avTovs àvdyKrj Sri tôjv ktiotwv ovSév
€otiv iKeivrj.

17. Ovk apa yvcûaîç iaTi to <f>œs €K€Îvo, ovre rj Sià /cara- 15
cj)doecov, ovre rj 81' œno^âaeoiv Trpooyevop,évrj. Kai p.èv 8ij
vovç pév ioTi Tihv TTOvrjpâiV eKaoToç dyyéXœv, dXX' « àaavpios » ,
rrpocf)rjTiKtos €iTT€iv, /ca/ctôç ^piô/xevoç TTj yvœaei' TW 8è
(f>a)TL €K€Lvœ xpfjo-0aî Tiva KaKiôç ovk eut ' Trpos yàp rà X€LPCJ
vevaavros evOvç à^nVrarai , /cardÀiTrôV êprjp.ov 0eov tov 20
rrovrjpâ xprjo-âfievov avyKaTaOéaei. Toiyapovv to <f>â>s e/ceîvo
Kai r) eXXaptpiç vôijat1; ovk êaTiv, et p.rj 6p.covvp.wc XéyoïTO,
p.aXiOTa 81a tov evfioipovvTa vovv, mo-nep Kai « deoTrjs »
Sià tov èvepyovvTa ttjv ànopprjTov X^-PIV Qcottoios ydp èonv
ivépyeia, tov evepyovvToç [Jv€vp.aToç TjKio~Ta ^cuptÇo/xeVr^, 25
rjpyp.€VOV p.èv tov Sià KadapoTrjTa TT€cf>tvTiap.évov Kai /car'
aura to irecf>atTiadaL, Stô Kai KaQapÔTrjç tovto irapà Ttùv
TTaTepcov ovopdÇerat,, tov Se <£o>tÔç Kai ttjs iXXdp.ifieaiS
àvdpxov ovorjs. Kai tovto Set'/cvimu p.âXXov iirl TÛtv àvOpoj-
ircvv, 8r)Xa8rj tôjv àyye Xikujç ire<f>u)Tio~p.éva>v Kai €ttitvx6vto)V 30

CVSL
! TOiovTOv VS |j 3 âÇioTTitjTtpav C jl 13 tout' : tovto V S \\ IJ àa vpios V.
674 GRÉGOIRE PALAMAS

surtout sur les hommes qui ont été illuminés à la façon des anges,
et qui ont reçu la déification : selon Maxime, si riche en choses
divines, en contemplant la lumière de l'invisible et supraindicible
gloire, ils reçoivent eux aussi, avec les puissances d'en haut, la bien
heureuse pureté.
Puissances in- 18. — Et si nous recherchons la cause
créées de Dieu. qui a poussé ce novateur à imaginer
que la grâce déifiante de l'esprit, ou
plutôt toutes les puissances de Dieu, sont créées, nous n'en
trouverons pas d'autre que cette mauvaise source d'hérésie,
réfutée par nous plus haut 1, et aussi les paroles du grand Denys,
selon lesquelles Dieu a établi ces puissances 2 ; mais ce mot
ne désigne que leur existence et non le mode de cette existence ;
on pourrait donc l'appliquer aux êtres qui proviennent de Dieu,
aussi bien suivant le mode créé que suivant le mode incréé.
Le grand Basile s'est, en effet, servi de ce terme à propos du
Fils, en disant : Celui qui a produit des masses d'eau 3, n'a-t-il pas
établi aussi bien ces masses que le Fils ? 4 Et à propos du Saint-
Esprit : // est l'Esprit de la bouche de Dieu 8, pour que tu ne le
prennes pas pour un objet venant du dehors et pour une créature,
mais pour que tu considères que son hypostase vient de Dieu •.
Et encore : Voici le signe propre de son hypostase : apparaître
par le Fils et être établi par le Père 7. Grégoire le Théologien appelle
aussi souvent « établissement » la génération du Fils avant les
siècles. Tu pourras donc nous prouver rapidement, à partir
d' appellations de ce genre, que le Fils ou l'Esprit Saint sont des
créatures, puisque la seule raison qui te pousse à déclarer que
les divines puissances sont créées réside dans le fait que la Cause
universelle les a, elles aussi, « établies ». Tu n'as même pas re

1 dix supra, § 4.
» Cfr De div. nomin., XI, 6(PG, III, 953 B).
» Job, XXXVIII, 28.
* Contra Eunom., II, 23 (PO, XXIX, 624 A). Ce texte de s. Basile, repris
dans le Tome Synodal de 1351 (PG, CLI, 744 B), présente dans certains manus
crits la variante k-KKvuiaa.ro pour ûnwnjoaTo, ce qui permettera à Nicéphore
Grégoras d'en contester la valeur probante. Palaraas rédigera, vers 1356, un
traité sur ce sujet (voir notre Introduction à l'élude de Grimoire Caiamos, Paris,
1959).
» Ps., XXXII (XXXIII), 6.
• Hom. in Ps. XXXII, 4 (PG, XXIX, 333 B).
' Epist., XXXVIII, 4 (PG, XXXII. 329 C).
TRIADE III, 2, 17-18 675

rfjs deœaeœs, oî Karà rov ttoXvv rà delà MdÇi/xov « ri}s


» d<f>avovs Kal îmepapp-qrov 86£r]s ro <f>œs iiroirrevovres,
» -rrjç fiaKaplas fiera rœv dvœ hwdp.eœv Kal avrol ScktikoI
» yIvovrai Kadapdrqros ».

18. El Se Kal ttjv alrlav è£erdaop.ev, Si' fjv 6 Kaivo<pdirqs 5


oSros rr\v deoiroiov Sœpeàv rov TIvevp.aros, p.âXXov 8è irdaas
ràs 8wdp,eis rov Oeov, KTiaràs elvai KareoKevacre , p.erà
rrçv rrovr)pàv eKelvnqv rœv alpéoeœv rr-qyqv, fjv àvœrépœ àrrr)-
Xéy^ap.ev, ovb~ep.lav evprjoopev èrépav fj Sri rov Oeov « vtto-
» arrjaai » Tauraç ô péyas è<j>7) Aiovvaios ' rovro 8è vnapl-w 10
SrjXoî pâvov, àAA' ovxl Kal rov rpôirov rfjs vnapi-eœs ' roiyap-
ovv Kai cm rœv Kriarœs ovrœv Kal ètri rœv aKriarœs ovrœv
ck Geov prjdeir] av. 'O yàp p.éyas BaolXetos ènl re rov Ylov
èyprf]aaro rfj XéÇei ravrr] elirœv «'O yàp reroKœs fiœXovs
» hpôaov, Il oi>x ôpolœs rds re fiœXovs Kal rov Ylov vne- i5|f.2i7w
» o~rr\aaro ; »' Kairl rov àylov Ilvevparos " « IIvevp,a » ydp
<pT)o~i « ar6p,aros Oeov, Iva p,rj rœv éÇœQév ri Kal rœv
» KTiapidrœv avro Kplvrfs, àAA' œs e/c Qeov rrjv vnôaraaiv
» êyov &o£d£r)s » ' Kal 7rdXiv ' « Tovro rrjç Karà rrjv virôaraoïv
» ÎSiottjtoç arjpeîov éxet> TO ^l<* T°^ Ylov yvœpl^eadai Kal 20
» ck rov TJarpos îxfiecrrdvai ». 77oAAa^oû Se Kal rp-qyôpios
6 QeoXoyos « virôaraoïv » ovop.dt,ei rrjv rov Ylov irpoaiœviov
yevvrjaiv. Zv roivvv rdx dv fjpïv otà rà roiavra irpoapr]p.ara
Kal rov Ylov f) Kal rà IJvevpa ro dyiov àiroSeUJTjS Krlapa, o
81' oiioèv erepov ràs delas Bvvdpeis Krioràs efvat àîro^at- 25
v6p.evos y Sri Kal rovrœv viroordris larlv r) ndvrœv airla'
Kal ovSè rovro ovveœpaKaç œs eVeî ravraç ràç 8vvdp.eiç
KaO' VTrepoxrjV p.r) ovoas eoeiÇev o p-éyas Aiovvoios " elirœv
yàp « ràç €KOioo/xévas e/c Qeov rov d(j.e6eKrov vpovor^riKàs
» Svvdp.€iç », èirrjyayev ' « œv rà ovra peré^ovra Kal ovra 30
» Xéyerai, iràvrœç œs rœv hvvdpeœv eKelvœv ovaœv îmèp

CVSL

5 jcaivo<j>avrjs VSL || 14 jSdAous C || 15 j8ôAouî V || 24 àiroSeifas S.


676 GRÉGOIRE PALAMAS

marqué que le grand Denys a montré ici même que ces puissances
relèvent du non-être par transcendance : en parlant des puissances
providentielles émises par le Dieu imparticipable, il ajouta en
effet : Les êtres qui y participent sont appelés êtres, dans la mesure
où ces puissances dépassent les êtres 1. Et Maxime, sage dans les
choses divines, tout en disant que les êtres participants ont un
commencement, affirme que ce qui est participable n'a pas de
commencement 2.
Barlaam est po- 19. — Les puissances qui proviennent
lythéiste ! du Mystère suressentiel et qui donnent
déification, substance ou sagesse, crois-
tu qu'elles appartiennent aux participants ou à ce qui est parti
cipable ? Si elles appartiennent aux participants, il faudra chercher
d'autres puissances identiques, auxquelles elles participent.
Vois-tu que les puissances appartiennent nécessairement à ce
qui est participable et non aux participants ? De plus, puisque la
puissance déifiante a besoin d'une autre puissance déifiante —
car ce n'est qu'ainsi qu'elle serait « participante » et non parti
cipée — cette dernière aura besoin elle aussi d'une autre et,
par conséquent, d'une autre encore, et ainsi on ira à l'infini !
La puissance déifiante est donc ce à quoi on participe et elle n'est
pas participante. D'autre part, puisque l'on peut participer
à Dieu, on participera soit à son essence, soit à sa puissance,
soit à son énergie. Mais voici qu'on ne participe pas à la puis
sance et à l'énergie puisque, selon ta sagesse, elles sont elles aussi
participantes et créées ! On participera donc à l'essence de Dieu,
ce qui est absurde ! De plus, ces puissances elles-mêmes, si, au
lieu d'êtres participées, elles sont participantes, à quoi participe
raient-elles, sinon à l'essence suressentielle de Dieu ? Certaine
ment pas, en effet, à d'autres puissances semblables ! Il en résul
terait deux absurdités : d'une part, l'essence de Dieu serait
participable et, d'autre part, les puissances deviendraient essences,
et non seulement des essences, mais des essences de Dieu ! Car
la puissance devient énergie et l'énergie conduit à un résultat,
tandis que l'essence, pour cette même raison, est participée
et cette participation fait que les participants acquièrent la

1 Cfr De div. nomin.. XI, 6 (PG, III, 956 AB).


5 Cfr Cent, gnost., I, 48 (PG, XC, 1100 CD).
TRIADE III, 2, 18-19 677

»> tÙ Svra >>. Kal p.r/v 6 oo<f>os rà de îa Md£ip.os r\pyp.eva


Xéyuiv rà peréxovra, ovk ■qpyp.éva <f>T)ol rà pedeKrd.

19. Tàç yow eV ttjç vTrepovalov Kpv<pi6ri)ros Trpoïovaas


ovvdpeis €K0€<DTiKàç fj ovolottoiovs fj oo<f>o8u>povs, rwv
perexôvrœv eîvai vop.l£,eis 77 rwv p.e0eKrû>v / '^4AA' et rwv 5
perexôvnov , herjoei ovvdp.eis 6p.olas £tit€Îv crêpas (ov p.edé-
^ovaiv. 'Opâç û>s al 8vvdp.eis è£ àvdyKfjs râ>v peOeKrœv,
àAA' ov rwv perexôvrwv elai ', IJpos Se, eïirep rj iKOewnKt]
ovvapuç crêpas iKdewriKrjs oeîrat, Kal yàp ovrw p.eréj(ov,
aAA' ov fiedeKTov âv eïr/, KaKelvr] oerjoei àAAîjç Kal ravrrj 10
irdXiv trépas Kal rovro en àireipov. 'H iKÔewriKr) âpa
oévapis peOeKrôv, àAA' ov peréxov èariv. "En, eTTeihrjTrep
eiol rà peréxovra Qeov, rj rrjs ovolas avrov pedéÇovaw r\
rrjs Svvdpews r) rrjs èvepyeias. MAAà rrjs Svvdpews Kal
ivepyelas ov p,e9é£ovoi " peré\ovra yàp Kal ravrd elai Kal 15
Knorà Karà rrjv or)v oo<f>lav ovkovv rrjs ovolas rov 0eov
p.eOi£ovoiv, onep àroirôv ion. Tïpooén Kal aurai al Svvdpeis,
ei pr) rwv neQeKTcôv, àAAà twv pere^ôvrœv eïev, nvos ye
dXXov pedéÇovuw rj rrjs vnepovolov ovolas rov 0eov ', Ov
yàp 8111'dpecov è-épœv rrdXiv ôpolwv . Avo roivvv rà arorra -!<>
ovpfit'joerai ' ro re peBeKrrjv elvai rrjv ovolav rov Qeov Kai
ro ràs èvvdpeis nvolas yeyevfjoOai Kal oi>x àrrXws ouatas,
àAA' ovolas 0eov ' r) pèv yàp 8vvapis irpôecoiv els ivépyeiav
Kal iK rrjs ivepyelas ro àrroréXeopa ylverai " r) 8è ovoia
rovr avrô ion perexopév-q Kal rrjs avrrjs oiiocas \\ Kara ^5lf-2l8r
p.eroxr)v Trotelrai rà peré^ovra. 'Opâs rrjv dro-niav ôo~qv
Kal â)s o Xéyœv rrjv perexôvrwv elvai ràs 8vvdpei.s Kat ktio-
rds, KaOdrrep ovros, Ôvrcos TToXvdeôs ionv, oiî^t puav eivai
oeiKVvs rrjv ovalav rov ©eov, àAAà 77oAAàç Kal otacpopovs ',
CVSI.
I 1 tout' S.
678 GRÉGOIRE PALAMAS

même essence. Vois-tu l'absurdité ! Celui qui dit, comme cet


homme, que les puissances sont des participants et des réalités
créées est réellement un polythéiste, puisqu'il déclare que l'essence
de Dieu n'est pas unique, mais qu'il y en a beaucoup et de diffé
rentes !

Ses sophismes. 20. — Nous qui adorons un Dieu


unique et tout-puissant, nous savons, con
formément aux saints, que les puissances de Dieu sont participa-
bles et qu'aucune n'a eu de commencement ; je ne veux pas dire
par là qu'aucune n'a commencé à agir, mais qu'aucune n'a com
mencé à exister ; aucune cependant n'a d'existence propre : elles
sont, en effet, participâmes parce qu'elles préexistent en Dieu,
comme l'a dit le grand Denys 1. Selon le divin Maxime, les puis
sances participâmes n'ont jamais commencé à être et le non-être
ne leur est pas antérieur, mais, éternellement, elles proviennent de
Dieu, Être éternel ; elles sont toujours inséparablement autour de
lui et existent en lui coéternellement 2. Nous ne craindrons pas,
en effet, les sophismes de ton art frivole, ton dithéisme, ton poly
théisme et tes dieux composés, que tu lances contre nous et
contre les saints comme des épouvantails 3 ; tu ne fais pas peur,
sache-le bien, aux hommes d'âge mûr, mais aux enfants, et tu
nous accuses faussement de maladies dont tu souffres toi-même ;
comme je l'ai montré à plusieurs reprises, tes propres paroles
réduisent à néant tes arguments et tu cherches, hélas, à entraîner
les autres dans ta chute, afin de les écarter par la ruse des vrais
dogmes en les capturant avec des finesses de langage.

D'après Barlaam, 21. — Il dit : Dans la mesure où vous


Palamas est po- affirmez qu'il y a plusieurs réalités éter
nelles et incréées, des énergies descendantes
et la réalité qui les surpasse, vous reconnaissez plusieurs dieux;
et dans la mesure où vous croyez qu'elles ont été établies par
Dieu sans se séparer de lui, que le même Dieu possède d'une part
une gloire visible et d'autre part une essence invisible et qu'il pos
sède l'une ou l'autre éternellement, vous rassemblez ces deux dieux

1 Cfr De div. nomin., XI, 6 (PG, III, 956 A).


• Cfr Cent, gnost , I, 48 (PG, XC. 1100 D).
* Cfr le paragraphe suivant.
TRIADE III, 2, 2Q-2I 679

20. 'Hfieîs ovv ol Oeov êva TrpooKvvovvres rravroSvvafiop ,


twv fj.e6eKTwv elvat ràs hwâp.eis Icrfiev tov Oeov, avp.<f>wvœs
roîs àyiois, Kal ovSéiroTC r)pyp.évas miaas, ov\ à>s ivepyeîv,
ÔÀÀ' ws VTrapyeiv, ei Kal p.rj Kad iavrds ' p,e6eKTas fièv ydp,
<î>S èv @eâ> TTpovTrapxpvoas , 6 p.éyas ê<f>r) Alovvovos. Ta 8e 5
p,e6eKTa ov8éiroT€ rjptjaTO, Karà tov delov MdÇip.ov, tov
eîvai, ov8 êoTi « irpeafivTepov aùrcDv to ovk t)v », àAA' cUi
eloiv €K toû àel ovtos &eov, irepl avrov à^aiplcrrcos àel ôvra
Kal iv aurai ivvTrdpxovTa crvvaïSiios. Ov yàp o~r) <fx>fÏ7)07)<j6-
p.edà oov rà ttjs p-aTaioTe^vias oo<f>lop.aTa ko! ràs BiOeîas IO
Kal TroXvdeîas Kal tovs ovvdérovs Oeovs, a av KaQàirep nvà
p.opp.oXvKia Kad' r)p.wv Kal tùjv àyicov npo^âXÀr), SeStTTO-
p.evos p.r) tovs iv rjXtKÎa ev loOt,, àXXà rà vrpna, Kal 81' J>v
a av Trao~xeiç r)p.â>v KaTaipevoj), rots aeavrov XôyoLS a>?
TToXXdKLs SetKWTai 7rep1.Tpe7r6p.evoc Kal aavrw avyKara- 15
airaaai tovs dXXovs <f>ev i7Ti)(eipû)v , ws tû>v àpdwv 8oyp.aTœv
o-wa7rayayoi.s SoXIcdç, 7T€pi{$6XXa)v toîs £k tû>v \6ytuv T€%-
vàap.aaw .

21 . « rH p.èv yâp » <f>rjOLV « àiSta Kal â/cncrra 7roAAa

^are, vj>eip.iva Te Kal to tovtùjv VTrepKeip.evov , 7ToXXoi>s -°


XéyeTe Qeovs, f) Se p.r) oirjprjp.évajs vtto tov ©eov v<f>ean)-
KOTa Kal tov avTov 0eov to p.èv b~6£av ôpaTrjv, to Se
ovaiav àôpaTOV, tic exovTOS àïotcos Kal àp.<f>ÔTepa, tovs
860 6eovs els êva avvayeTe ovvdeTOV 0e6v ». IJpos nva
01 tolovtol Xoyoi /cai T) ao^eTos KaTa<f>opa /cai ra aTrrjyo- 25
pevpuéva raûVa èyK\r]p.aTa, p.âXXov Se \r)prjp.aTa ; *H ttôloi
SrjXov, Kav r)p.eîs p.rj Xéya>p.ev ; 'AKrjKoaTe yàp tG>v elprj-

CVSL
680 GRÉGOIRE PALAMAS

en un seul Dieu composé 1. A qui adresses-tu un tel langage,


ces coups intolérables, ces accusations accablantes, ou plutôt
ces radotages ? N'est-ce pas évident pour tous, même si nous
ne le disons pas ? Car vous avez entendu les saints qui ont dit
que les puissances participâmes étaient nombreuses, que toutes
étaient sans commencement, que Dieu leur était supérieur un
nombre de fois infini et inconnaissable 2 ; vous avez entendu
ceux qui ont dit que la gloire visible de Dieu était éternelle et
coéternelle à Dieu. Nous parlerons donc brièvement pour dire
la façon dont il faut l'exprimer, car nous aussi nous sommes en
accord avec les saints.

Dieu et les éner- 22. — Nous disons, ô le meilleur des


gies. hommes, que Dieu possède tout cela,
ou plutôt, pour parler comme le grand
Denys, qu'il surpasse et transcende tout cela 3, incomparablement,
en résumant et unifiant tout en lui*, de même que l'âme possède
en elle-même, d'une façon simple, toutes les facultés prévoyantes
du corps 5. De même que l'âme, lorsque les yeux sont arrachés
et que les oreilles n'entendent plus, n'en possède pas moins les
facultés prévoyantes du corps, de même lorsque le monde n'exis
tait pas encore, Dieu possédait les facultés prévoyantes du monde ;
et de même que l'âme n'est pas simplement ces facultés, de même
Dieu ; et de même que l'âme demeure unique, simple et sans
composition, sans qu'aucune multiplicité ou composition n'entre
en elle à cause des facultés qui sont en elle et qui en proviennent,
de même Dieu ne se trouve pas privé de son unicité et de sa sim
plicité à cause des puissances qui sont en lui, lui qui ne possède

1 Ce texte (IcBarlaam, <]ui est à comparer avec une autre citation <lu Karà Maa-
aaXiavûiv dans la troisième lettre (le l'alamas à Akindynos (Gr.nXoyia, t. XXIV,
■953. P- 575). nous indique l'origine de la formule qui oppose une intpKtifUvif
fleônjs à une Stô-n/ç O^ti/i/ir; : il s'agit d'une interprétation par Barlaani
des idées de l'alamas. Ce dernier renie très énergiquement cette interprétation
dans sa lettre à Akindynos et dans ses œuvres postérieures, tout en acceptant la
transcendance de l'essence (inepKdnfvri oùaîa) par rapport aux énergies (cfi
ibid., p. 563-567)-
* Cfrs. Maxime, Cent, gnosl.. I, 49 (PG, XC, 1101 A).
* De div. nomin., V, 5 (PG, III, 820 B).
* Ibid., 6 (ibid., 820 D).
» Ibid., 7 (ibid., 821 B).
TRIADE III, 2, 21-22 68 1

kÔtoxv dyluiv rà pedeKrà 7roXXd re km trdvra dvapya Kai rov


Ocov dneipaKiç direlptos VTTepeÇrjpTjfiévov rovraw *aî rovs
ewrdvraç r-nv deœprjr-qv h6£av rov Oeov dî8iov Kai cruvaiSiov
avrw. Aœuev 8' op.œç r/ueîç 8ià f$pa.)(éa)V Xàyov Sinus ravra
Xéyerai, /cai yàp Kai r/aeis avva.80p.ev exeivoiç.

22. 'H/ieîç, t5 ^éXriare, Taûra -navra %X€lv rov ®*ôv


<f>ap.€V, uâXXov 84, Iva /carà tov p-éyav Zliovuaiov €Ïiru>p.ev,
« 7T/30€^eiv /<ai virepéxtiv àaxérœs Kai o-vveiXrjp.p,évwç Kai
» eviaîcoç», â»s 17 ^XV {{*Xei p.ovoei8ô>s iv éavrfj -ndaas ras
» irpovorjTiKas rov aœuaros ovvdp.ei.s »■ '£?? ouv tj •/'^X1? *°" IO
tûjv 6(f>6aXuû)v €KK€Kop.pévwv tj rûjv wtojv || iKK€KW<f)r)p.é- ji.tiSv
viov iv éavrfj €X€l /car' oùSè^ fjrrov ras TTpovorjriKas rov
oa>p.aros 8vvdp,eis , ovrco Kai rov Koap.ov priynu) ovros Tas
irpovorjriKas rov Koap.ov 8vvdp.eis eîxev ° @eos, K-aî oûç ry
iJjvx7) ovk ëoriv ànXiôs al TTpovor]riKal 8vvdp.eis, àXXd hvvd- 15
p.eis €X€t' ov"™ °V Kat ô &eôs, Kai œs r/ ipvX*} M"1 Ka' ànX-fj
Kai dovvderôs ion, p.T)8ap.â>s Sià ràs ev avrfj Kai i£ avrrjs
8vvdp.eis TToXXaTTXacna^op.évrj 77 ovvndepiévr], ovrœ Kai 6
&e6s, où voXv8vvap.os p.6vov, aXXà Kai Travro8vvap.os virdp-
XuiV> ^ta T^S iv aura) 8vvdp,eis rov ivialov Kai rr\s a-nX6rr)- -o
ros ovk eKxajpeî. I7oXXà S' dv rrjs ^XÎ^ Kat *PYa Karà
aeavrov iÇerd£,a>v Karaaddois, â Kai rov oœuaroç 8ie£euy-
uévr] €^£1 Kai râ> aaj/xari rovrwv /xeTaSi'Scuen ovve^evyp.évr) .
Ov p,r)V dXXà rrjv « avroiÇ,ajr]v » Kai « avroOéœoiv » Kai rà roiavra
rûyv ôvratv dp^às Kai irapa8eiyp.ara Xiywv è p.iyas Aiovvoioç, 25

CVSL
4 Adyov : Aôyaiv L |l 14 rov Koopov Svvâfitis : Suvâ/xcc toO k6o)iov L || 18 avvriBt-
tifvTJ .- ouvredctuévr] V.
682 GRÉGOIRE PALAMAS

pas seulement plusieurs puissances, mais qui est tout-puissant.


Tu admettras aussi, après examen, que plusieurs des facultés de
l'ime sont des œuvres qui lui sont propres, même lorsqu'elle
est séparée du corps, et qu'elle communique au corps, lorsqu'elle
est attachée à lui. De toute façon, lorsque le grand Denys parle
de la vie-en-soi, de la déification-en-soi et de choses semblables
comme de principes et de modèles des êtres, ne dit-il pas que
Dieu les posséda avant la création x ? Comment donc auraient-
elles un commencement si Dieu les posséda avant la création ?
Et s'il les propose comme des dons, comment pourrait-il donner
ce qu'il n'a pas ? Et si le même Père appelle ces réalités prédé
terminations et volontés divines 2, comment ces prédéterminations
et ces volontés divines auraient-elles un commencement et
seraient-elles créées ? Est-il donc reconnu de tous que seule
l'essence divine n'a pas de commencement, tandis que ce qui s'en
distingue relève d'une nature créée et a eu un commencement dans
le temps 3 ? Quel est le saint qui a dit cela ? Et si aucun ne l'a
dit, est-ce « reconnu de tous » ?

Quelle est l'entité 23- ~ U ajoute à cela une autre


des êtres ? affirmation également « reconnue de
tous » : Il n'existe aucune entité entre l'es
sence de Dieu et les créatures *. Si, ici encore, il appelle « essence »
la puissance de Dieu participable et substantifiante, que le
grand Denys appelle aussi substantification-en-soi s, il ne fallait pas
dire simplement qu'il n'y a rien entre l'essence de Dieu et toutes
les créatures, mais seulement « entre l'essence de Dieu et les es
sences créées » ; en effet, les êtres vivants, dans la mesure où ils
vivent d'une vie sensible, raisonnable ou intellectuelle, ne sont
pas créés par la puissance substantifiante de Dieu, mais par sa
puissance vivifiante, comme les êtres sages sont créés par la puis
sance qui donne la sagesse, les êtres déifiés, par la puissance
déifiante ; c'est pourquoi ce Mystère suressentiel et unifiant, nous

lDe div. nomin., XI. 6 (PG, III, 956 A).


1 De div. nomin., V, 8 (ibid., 824 C).
» Cfr texte de Bariaam cité au § 4.
* Cfr ibid.
'De div. nomin., XI, 6 (PG, III, 956 A).
TRIADE III, 2, 22-23 683

où irpoéxeiv tov ©eov avrd (fyrjoi.; IJws oôv â irpoéx^t 6


©eos àpKrd ; El 8è »cai côs owpeàs irpofidAAeTai, irœs Scoocîtcu
â ovk e\ei; El 8è Kal « irpoopiap.ovs » Kal « Oeîa flcAij/zaTa »
Ta avrà ravra 6 aùrds <f>T)oi, itôjs 01 Trpoopujp,ol Kal to. Oeîa
8eXrjp.aTa ovk avap^a Kal âicnora icrri,' IIws o$v ôpoAo-
yovfiévcos « êv p,6vov avapyov 1) ouata tov ©eov, t<x 8è 77-apà
» ravr-qv yevjjrfjs ion, fivaews Kal àpyy)v ecr^e \povuci\v » ;
Tls iTore tovto twv àyUov ehrev ; El 8è firjoels, irais ôpxt-
XoyeÎTai /

23. Zvvelpei 8è tovto» koX eTepov tô>v waavrcos âfioXo- 10


yovp.évojv « urj8ep.lav âXX-qv elvai ovTOTTjTa p,eTa£i> ttjs
» ovalas tov ©eov Kal tû>v yevr)Twv ». El p.èv ovv ovalav
Kavravda Xeyei ttjv 0vvap.1v tov ©eov ttjv uedeKTTfv Kal
ovaioiroiov , tjv Kal « avToovolojoiv » ô fiéyas 6vop.o%et, A10-
vvaios, ovk ëoei (fxii'ai ttjs ovalas tov ©eov Kal tcDv yevrjTwv 15
ànXws TîâvTixiv urjèèv eivai p,era£v, àXXà tojv yevrjTÙJV p.6vov
ovoitov, iirel tôjv Çwvtcuv fj £<ovto>v, alodrjTiKœs t) XoyiKOJS
f) voepws, ovx f] ovaiovoios tov ©eov ovvapis ttoitjtiktJ,
àXX' rj Çutoiroiôs, Kai tujv oo<f>i£,op.évojv -r) ao<f>o-rroi6s , Kal
TÛ>v deovpévœv t) Oeo-rroiôs, à(f>' u>v Kal ©eov Kal ao<f>lav 20
Kal t,ui7)v, a\XX ovk ovalav povov voovp.év Te Kal ovop.o%op.ev
ttjv virepovaiov Kal êviaiav KpvcfrioTTjTa eKelvqv. El 8' eKelvqv
ai>TrjV ttjv virepovaiov , KavTavda Kal àuéôeKTov, Kpv<f>tÔTT)Td
<f>r]ai, T-qv èv àiroKpv(f)Ois VTrepiSpvuévTjv , rjv Kal àvwTepa)

CVSL
16 yfvvqTœv L.
684 GRÉGOIRE PALAMAS

l'appelons et nous le concevons comme Dieu, Sagesse et Vie, et non


pas seulement comme une Essence x. Mais s'il parle du Mystère
suressentiel, et par là même imparticipable — Celui qui est éta
bli dans le Secret s et dont il affirmait plus haut qu'il était seul à
être sans commencement —, s'il en parle en le dépouillant perfi
dement de ses puissances et de ses énergies coéternelles, ou plutôt
de ces œuvres parfaitement divines qui n'ont jamais eu de com
mencement, si c'est de cela qu'il parle et affirme qu'il n'y a
aucune entité entre ce Mystère et les créatures, il en résulte que
pour lui l'essence suressentielle de Dieu est elle-même l'entité
des créatures, puisqu'elle est participable. Il l'affirme avec d'au
tant plus de clarté qu'il a nié l'existence de toute autre entité :
s'il n'y en a pas d'autre, c'est bien celle-là. Toutes les créatures
participeront donc à l'essence imparticipable de Dieu. Comment,
en effet, aucune créature ne participerait-elle à aucune entité ?
Quelle réalité y aurait-il dans les idées de durée, de temps, de
lieu et dans les êtres qui se trouvent en eux, si ces êtres ne parti
cipent pas à l'être, c'est-à-dire à une entité ? Chacun de ces êtres,
qu'il soit ou non une essence, participera donc, dans la mesure
où il existera, à l'essence de Dieu ; il n'y en a pas d'autre, en
effet, mais elle seule, selon toi, est l'entité des créatures ! Et
ce qui est le plus absurde, c'est que des êtres, participant à une
essence, et même une essence divine, ne seront même pas des
essences !

Un Dieu 'ranscen- 24. — Mais si l'entité est un principe


liant» mais agis- ^e tout ce qui possède quelque existence,
comment Celui qui dépasse tout principe
ne la dépasserait-il pas elle aussi ? Et si tout principe dépasse
nécessairement les réalités qui en procèdent, comment l'entité
ne dépasserait-elle pas les êtres ? Et si l'entité dépasse ceux
qui y participent et si Celui qui dépasse tout principe la dépasse
elle aussi, comment l'entité participable ne serait-elle entre
les participants et la Suressentialité imparticipable ? Tous
ces principes ne sont rien d'autre que les raisons et les modèles
des êtres, participables aux êtres, tout en les transcendant,

1 Cfr Ps.-Dbnys, De div. nomin., V, 2 (PG, III, 816 C).


• Cfr Ps.-Denys, ibid.
TRIADE III, 2, 23-24 685

fiôvr]v âvapxov eîvai loxvplÇeTO, -nepieXwv avrrjs kcikws


ràs avvaïhiovs avrrjs 8vvdp.eis Te Kal evepyelas, p.âXXov 8è
rà deo-npe-néaTaTa CKeîva êpya, rà pvqhé-noTe ■fjpyp.éva, el
Toivvv ravrrjv Xéyei Kal Tavrr/s Kal t<ûv yevrjTwv p.-qb'ep.îav
aXXrjv eîvai p.era£i> Ôvtottjtci |[ <f>rjOiv, avrr)v Xonrôv <f>-qat 5 B *- 2I9*
tt)v vTre.povai.ov ovaiav tov Oeov ôvrôrrjTa tô>v yevrjTwv
ws uedeKTTjv îmdpxeiv ' tovto 8è avTO KaTa<f)avès Kal 8ià
tov urj8ep.îav oXXt)v <j>dvai -ne-no'njKev el yàp jxt) âXXrj, avri)
è£ àvdyK-rjs. MeÔéÇovoiv apa Ta yevryrà -navra ttjs dpedeKTOV
ouatas tov Qeov. IIws yàp ov p.edé£ei ttjs ovtÔttjtos e/caorov 10
tcôv yevrjrœv ; IJû>s 8è éarai -r) alœv rj %p6vos t) tottos Kal
Ta iv avroîs, ei p.r) tov e?va6, TaÙTÔv oè ei.-ne.lv ovtÔttjtos
/actc^ci," MedéÇei toLwv ei-nep ëarai tovtcdv eKaarov, oaa
Te ovaiai elal Kal oaa p.rj, rrjs ovaîas tov Oeov " ovk dXX-q
ydp, dXX' avTTj p.6v-q Karà oè twv yevqTCJV eariv ovtÔttjs ' I5
Kal to -ndvriov dro-n dùTarrov otl ovhè ovatai ëaovTat Ta ov-
aias p.eré)(OVTa Kal Tavra deias.

24. El Se Kal àpxT) èari tô>v ÔTTWoorj-noTe ovtiov t) ovtÔttjs,


ttws ov)(l Kat v-nèp avr-r/v èoTiv 6 virepdpxios ,' El 8' dpxf]
TÛtv i£ avT-fjs e£ dvdyK-qs vnepéxei, ttôjs ovx v-nèp rà ovTa 20
t) ovtottjs , Cii o avrrj p,ev v-nep Ta /xere^ovTa, o 0 v-nepap-
%ios v-nèp avrrjv, ttlûs ov p-craÇii tCjv p.eTey6vrinv Kal ttjs
dfiedéKTOv vTrepovaiorrjTOS rj p.eOcKTT] ovtottjs ,' Kal p.r)v
al roiavrai ânaaai ap%al ovoèv êrepôv elaiv r) ol Xôyoi t&v
ovtiov Kal rà 7rapaoeiyp.aTa, fiedeKTol p.èv rois ovoiv, eÇrjpr)- 25
p.évoi Se twv ôvroiv, ihs tôj 8r]p.iovpyiKÔ) vâ> èvvrrdpxovTes
Kal -npoiJTrdpxovTes , Kad ovs yéyove rà -ndvTa. I7ô>s ovv
ovk elalv ovtol p-eraÇù tov ap.edeKTOV Kai tû>v p.€T€)(6vTa)v ,'

CVSL
686 GRÉGOIRE PALAMAS

dans la mesure où ils existent et préexistent dans l'Intelligence


créatrice ; l'univers fut créé par eux. Comment donc ne seraient-
ils pas entre l'Imparticipable et les participants ? De toute
façon, puisque l'on peut participer à Dieu et puisque l'essence
suressentielle de Dieu est absolument imparticipable, il y a
quelque chose entre l'essence imparticipable et les participants,
qui leur permet de participer à Dieu. Et si tu supprimes
ce qui est entre l'Imparticipable et les participants — ô quel
vide ! — tu nous sépares de Dieu, en détruisant le lien et en
établissant un grand et infranchissable abîme entre Dieu d'une
part, et la création et le gouvernement des créatures de l'autre.
Il nous faut alors chercher un autre Dieu qui ne possède pas seule
ment en lui-même sa propre fin, sa propre énergie et sa propre
déification, mais qui soit un Dieu bon, car ainsi il ne lui suffira
plus d'exister seulement dans la contemplation de lui-même,
non seulement parfait, mais dépassant toute plénitude ; ainsi
en effet, lorsqu'il voudra, dans sa bonté, faire le bien, il le pourra :
il ne sera pas seulement immobile, mais se mettra en mouvement ;
il sera ainsi présent pour tous avec ses manifestations et ses
énergies créatrices et providentielles. En un mot, il nous faut
chercher un Dieu qui soit participable d'une façon ou d'une autre,
afin qu'en y participant chacun de nous reçoive, de la façon
qui lui est propre et par analogie de participation, l'être, la
vie et la déification.

Dieu participable 25. — Il y a donc une réalité entre


et imparticipable. les créatures et la Suressentialité imparti
cipable : non pas une seule réalité, mais
beaucoup, autant que d'objets participants. Mais elles n'ont pas
d'existence propre : je veux parler de ces réalités médiatrices.
Elles sont, en effet, des puissances de la Suressentialité qui,
d'une façon unique et unifiante, possède par avance et résume
en elle-même toute la multitude des réalités participâmes ;
grâce à cette multitude, elle se multiplie x dans ses manifestations
et toutes les créatures y participent, bien qu'elle demeure indi-

1 Cfr s. Maxime, Scholia in De divinis nominibus, XIII, 2 (PG, IV, 409 B) ;


cfr. De charit., I, 100 (ibid., XC, 984 A) ; Ambiguorum liber (ibid., XCI, 1289 B).
TRIADE III, 2, 24-25 687

Ov p.rjv àAA' iTretûrjTTCp elol rà /ACTe'^ovra &eov, 17 Se virep-


ovaios ovoia tov Qeov ■navrémaaiv api.Qe.KTOS, eariv âpa
ti fi.€Ta£v ttjs ap.i04.KTov ovaias Kai tôjv p,€T€)(6vrœv , Si
od ravra tov Oeov p,€Texovoiv. *Av 8è ai) àvéX-ps to p,€Ta£;v
tov àfieOeKTov Kal tôjv p,eTexôvrojv, ù\ ttjs £,rjp.ias, htéon)- 5
aas rjp,âs Oeov, to awSovv e*K péaov TToi7)oâp.evos Kal xào~p,a
péya Kai àSuLfiaTov /x.erafù 0ép,evos ckcivov koI ttjs yevé-
aeats Kai 8tot.K-qo€ù)s tû>v yevqTœv. Aeî 8rj ÇtjtcÎv r/p-âs
Oeov eTepov ovk ovra px>vov avroreX-fj, avrevépyrjTov , avrov
êavTOV Si' iavrov 0eojp.€vov, àAAà Kai àyaQôv, ovtoj yàp 10
ovk âpKeodrjoeTai Ktveîo~dai p.6vov ttj iavrov Qewpla, p.rf8'
àvevberj pôvov, àAAà Kai VTTepniXt\piaTaTov ' ovtoj yàp (iov-
X6p,evos, ojs àyadôs, tov ev iroieîv, ovk àovva.TOJS ê£ei, p.Tj8'
àKtvrjTov pôvov, àAAà Kai Ki.vovp.evov ' ovtoj yàp âiraoi irapio-
rai Tats SrfpiovpyiKaîç Kai ■npovotfTtKaîs irpoà8oi.s Te Kai 15
èvepyelais ' Kai âiiXâts 8e î t^Teiv rjp.âs &eov ovra ttojs p.e-
Ocktov, oS p€T€)(ovT€Ç €Kao~TOÇ oIkcÎojs iavrov Karà TTjV
ttjs p,edi£eojs àvaXoylav, ôvres Kai Çwvres Kai evdeoi £06-
peda.

25. "Eotiv âpa ri p.€Ta£i> tôjv yevrjTœv Kai ttjs àpedeKTOv 20


VTTepovaujTTjTos €K€Lvrjs, ov% êv p.6vov, àAAà Kai 77-oAAà Kal
Toaavra \\ ô-Trôaa 8rj Kal Ta /xere^ovra. Tavra 8' ov Kad* M-aiÇ»
eaurà, Ta péoa eVeiva 8rjXa8rj " 8vvdpeis ydp eloi ttjs irnep-
ovoiônyros eKeivr/s, pova)(œs Kai ivialœs Trpo€iXri<f)VÎas Kai
owet\T)<pvîas ttjv tcôv pedeKTtôv â-naaav ttXtjOvv, Si' fp> 25
Karà ràç TrpooSovs 7ToXvTTXaaiat,opévr] Kal peTexopivr] irapà
irâvrajv àveK(f>oiTT]TU)s é^erat tov àpcOeKTOv Kal ivôs. El
yàp to tov kvkXov Kevrpov, e^ov ttjv tov à<j>iévai Trap' iavrov
iraaas ràs tov kvkXov ypappàs Svvapcv iv éavTW, ov 8vo

CVSL
688 GRÉGOIRE PALAMAS

visiblement dans l'imparticipabilité et l'unité. Si, en effet, à par


tir du centre d'un cercle, on peut tracer tous les points de ce
cercle, sans qu'il se dédouble ou se multiplie, à bien plus forte
raison aucun dédoublement ne s'applique à Dieu, s'il possède par
avance en lui-même les puissances et les modèles des créatures.
De telles puissances et de tels modèles existent donc et pré
existent, mais non comme des essences, ni en ayant des hypos-
tases propres ; elles ne composent pas non plus l'être de Dieu,
car c'est lui qui leur donne l'existence 1 sans tirer d'elles son
existence à lui ; ce ne sont pas, en effet, les réalités qui entourent
Dieu qui sont l'essence de Dieu, mais il est lui-même l'essence
des réalités qui l'entourent. D'une part, il est lui-même une es
sence suressentielle, indicible, incompréhensible, inabordable et
imparticipable, mais d'autre part, il est l'essence des êtres, la vie
des vivants, la sagesse des sages, l'entité d'absolument tout ce
qui existe et la puissance créatrice du Beau : les créatures le
pensent, l'expriment et y participent. Si, en effet, d'après le
grand Denys, Dieu n'est pas seulement connu par V'inconnaissance,
mais aussi par la connaissance, puisqu'il peut être conçu intellec
tuellement, exprimé par la parole et la science, être objet de contact,
de sensation et d'opinion, être imaginé et nommé, et tout le reste 2,
c'est qu'on peut y participer, d'une part parce qu'il y a une intel-
lection, une sensation et un contact qui l'atteignent, d'autre
part parce que le moyen le plus total d'y participer nous a été
apporté ensuite 3. Le même Dieu est donc à la fois impartici
pable et participable : imparticipable, parce que suressentiel,
participable, parce que possédant une puissance et une énergie
substantifiante, modèle et source de perfection de tous les êtres.

Les modèles pré- 26- — Pythagore, Platon et Socrate *,


existants des êtres,
d'une façon basse et indigne de Dieu,
ont considéré ces modèles comme des
principes ayant une existence propre, causes des êtres à l'égal
de Dieu. C'est donc eux qu'il faut accuser de polythéisme :

1 Ps.-Dknys. Dz div. nomin., I, 7 (PG, III, 596 C).


*De div. nomin., VII, 3 (PG, III, 872 A).
* Dans l'Incarnation ; cfr notamment Tr. II, 3, 66-67.
4 Référence d'ordre général qui fait allusion à la théorie des nombres, attribuée
à Pythagore, et aux « idées • de Platon.
TRIADE III, 2, 25-26 689

rj rroAAà iori a7)p.eîa, ttoXXw p.âXXov 6 Qeos irâaav 8iirX6rjv


àiravalvercu, ràs 8wdp.€is iv éavrw Kal rà irapao'elyp.aTa
tJ>v yevrjrœv irpoéxcov. ' Yirâpyovaiv ovv al Toiaûrai hvvâ-
fteiç km rà iTapaoet.yp.aTa Kal -rrpoihrdpxovcnv , àAA' ov%
<î»s ovatai, ov8' iLs avdvrrôoTaTa, oùSéVi ravra avvreXov- 5
oa> els tÔ elvac tov 0e6v VTTOoràrqs yâp lariv avrùjv, àXX
ov% îmo tovtcjv v<f>éan)Kev avrôs' ov yàp rà irepl Oeôv
ioriv oiaia tov Qeov, àAA' avrôs iariv ovula tG>v rrepl avrév .
rH p.iv ioriv avros îmepovoios ovcrla, âpprjTÔs Te Kal àv-

€7tiv6t)tos, âox^Tos tc Kal àp,éd€KTOÇ, $ 8e èoTiv ovola t&v 10


ôvrayv Kal Çcor] rœv ÇœvTiov Kal oo<j>la rœv oo<j>d>op.évœv
Kal àirXœs rrâvrœv rdv âirœoovv ovtojv ovtÔttjs Kal 8vvap.is
KoXXoiroiés, Kal voelrai. Kal Xéyerai Kal /i€T€^€Tai napà
rôiv yevrjTwv. El yàp Karà tov p.éyav Avovvoiov « ov 81
» àyvutalas puôvov, àXXà Kal 8ià yvœaeajs 6 Oeos yivataKerai. 15
» Kal ecrnv avrov Kal voyais Kal Xoyos Kal i7rio~rrjp.r) Kal
» C7ra<fyfi Kal aiodrjois Kal 8o£a Kal <f>avTaaia Kal ovop.a Kal
» raAAa Trâvra », roiyapovv Kal p.é0e£ls èariv avrov, tovto
p.èv 8ià rà vôrjaiv avrov {nrdp)(et.v Kal aïoô-qaiv Kal tVai^f,
tovto 8è 8ià tov voTepov iirevT)veyp.évov avp.7repcXr]iTTi.Ka)Ta- 20
tov Xôyov. 'AfiéôeKTos dpa Kal p.€0€KTOS îmâp\ei. 6 avros
Qeôs, €K€Îvo p,èv (Ls îmepovoios, tovto 8è a>? ovolottolov
€xu>v hvvap.lv tc Kal e'vépyeiav irapa8eiyp,aTiK^v Kal reXi-
KTjV TWV TrâvTUiV.

26. *AXXà yàp Ta ToiaÛTa Trapaheiyp,aTa IJvdayôpas 25


p.èv Kal IlXaTcov /cai SoiKpârr)s TaiT€ivô>s Kal àvaÇLios tov
&cov avdvirâpKTOvs ihôÇaoav àpxâs, ouvaniovs tô> &eâ>.
Tovtovs ovv cuViaTeov a>ç iroXvOéovs, oÏtivcs /LtCTa^ù ttjs
VTT€poVaU3T7]TOS €K€LV7)S Kat TtûV yeVTjTÔjV 0€l.aS OVOU1S €T€-
pas ap%iKàs tô>v ovtcjv avTocrxeSidaavTes irap eavrcàv 30
vniart]aav , « as ovre avToi rjSeioav » Karà to Xoytov

CVSL
690 GRÉGOIRE PALAMAS

ils ont eu, en effet, la légèreté d'introduire, de leur propre chef,


entre la Suressentialité et les créatures, d'autres natures divines,
principes des êtres, que ni eux-mêmes ne connaissaient, ni leurs
pères, selon l'Écriture '. Mais nous et nos Pères ne croyons pas
qu'aucun d'eux ait une existence propre, ou n'ait point de cause,
ni qu'il soit avec Dieu cause des êtres ; voilà pourquoi nous les
appelons prédéterminations, presciences et volontés de Dieu.
Nous disons qu'elles existaient en Dieu avant les créatures —
comment en serait-il autrement ? — et que les créatures furent
produites ensuite conformément à ces modèles. Il est écrit : //
dit, et cela fut 2 et sa pensée était déjà œuvre et tout ce qu'il désira,
il le ftt 3. Donc, même si nous refusons de dire qu'il y ait plusieurs
essences suressentielles, principielles et créatrices des êtres, si
nous affirmons que l'Un est étranger à toute dualité, qu'il pro
duit les objets multiformes et divisibles dans sa simplicité unique,
unifiante et supraunitaire, nous n'en savons pas moins que cet
Un est Tout-puissant et qu'il résume tous les êtres, parce que,
avant la création, il possédait tout en lui-même. En effet, pour
parler comme le grand Denys-*, si l'unique soleil possède en
lui-même, d'une façon unifiante, les causes de nombreuses
participations, combien plus faut-il admettre que les modèles
de tous les êtres préexistaient dans la Cause de ce soleil et de
l'univers entier, en une seule union suressentielle.

L'empereur ter- 27. — La prédétermination, la presci-


restre, image de ence, la providence et les autres choses
semblables existent donc ; elles existent
toujours, au sens propre de ces termes, et sont inséparablement
unies à Dieu, tout en étant distinctes de la Suressentialité et
bien qu'elle les dépasse. Comment en serait-il autrement ? Quoi
donc, puisqu'elles possèdent éternellement une certaine existence
et puisque Dieu existe aussi éternellement, y aurait-il deux
ou plusieurs dieux ? Et notre Dieu serait-il composé, du fait
qu'elles lui sont inséparablement unies ? Serions-nous des créa-

» JâRÉMIE, xvi, 13.


» Cfr Ps., XXXII (XXXIII), 9.
» Ibid., CXIII, 11 (CXV, 3).
«Cfr De div. nomin., IV, 4 (PG, III, 697 CD).
TRIADE III, 2, 26-27 691

« ovtc ol Trarépes avrôjv ». 'H[tels 8è Kal ol irarépes 17/icùv


oùSèv tovtodv avdvTTapKTov 8ofa£o/xev, ovb" àvaîriov, oùSè
(Twaîriov Oew, Bio Kal irpoopiopovs Kal irpoyvwaeis ravra
(pap.ev Kal deX-qp-ara Seov, ovra p.kv irpo rô>v KTiap.ârwv || | t. mot
iv avrœ — ttôjs yàp où; — irporjyp.évùjv 8 varepov twv Krio~p.a- 5
toiv kot avrd. « Elire » ydp (pr/ai « Kal iyévero » Kal to
€w6rjp.a ipyov ■Jjv Kal « irdvra Saa r/deXrfaev iiroirjaev ». El
yovv Kal p.7) iroXXdç <f>ap.ev virepovaiovs àpx'-xds re Kal
TTOiTjTiKàs tôjv yeyovôriov ovoias, aXX ev irâaav bnrXorjv
àiravaivôp.€vov Kal Karà p.lav iwoetSrj Kai vireprjvœp.évTjV 10
àirXôrqTa rà iroXveiSrj Kal pepiarà vpodyov, àXXà iravro-
Bvvap.ov tovt ïapev Kal ovvcktikov àirdvTwv, <bs iv iavrœ
rà irdvra e\ov Kal 7rpô KTiaeœs. El yàp 6 eîs yjXioç, Karà
tov p.éyav Aiovvoiov <f>dvai, rà? tCjv ttoXXôjv peroywv atriaç
êv cavTÔi piovoeiSws rrpoeiXrj<f)€ , ttoXXô> p.âXXov cm tt)ç 15
avrov Kal irdvrtov alrlas TTpov<p€ardvai rà TîdvTwv tcûv
ôvratv 7rapao€iyp,aTa Karà piav tnrepovaiov êvwaiv ovyx<*>-
pT)T€OV.

27. "Eotiv ovv Kal àeî ioTi Kal Kvplœç ecrrl irpoopiopos
Kai irpôyvwois Kal rrpôvoia Kal rà Toiavra, Kal àSiaipércus -°
yjvwvTat. tû> 0eâ) Kai rfjs iTrepovoioTTjTos eKeivr/s crêpa
cari Kai virèp avrd iariv e'/ceîvrç ' itwç yàp ov ; Ti ovv, eVeî
ravra Kard riva viraptjiv iozlv aei, éori 8è Kal 6 &eos àei,
ovo 7} ttoXXoI eaovrai Oeoi ,' Aioti 8' avrcô ravra îjvojvrai
àSiaipérws , ovvderos eorai 6 Geos rjpîv ,' "On 8' au Kar* ->.s
aura yeyôvapev, ov tov 0eov, àXX* érépcov -noiriparâ iopev ;
*H ttov o~i> Kal tov iirl yrjs ck 0eov T)pïv VTrrjpypévov fiaoïXéa
hvo 7rot^cretç /SacriAe'aç Kal ck 8vo fiaoïXeiwv ovvOeTov àiro-
hel^eis to flaolXeiov aurai Kal âAAoi' Srj riva Kal ovk aiÎTor

CVSL
5 wporiyiiÀvtav . nporjyoufit^iov Y.
692 GRÉGOIRE PALAMAS

tures d'un autre que Dieu, puisque nous sommes venus à l'être
par elles ? Transformeras-tu aussi en deux empereurs l'empe
reur unique que Dieu a établi pour nous sur la terre? Démon
treras-tu que son Empire est composé de deux Empires?
Diras-tu qu'un autre que lui est maître des décisions impériales,
parce que les projets sont établis conformément à sa décision
et à sa volonté propre et que sa décision acquiert une auguste
renommée et devient axiome pour chacun des hauts person
nages ? Car là aussi, entre celui qui ordonne et ceux qui
obéissent, il y a nécessairement l'ordre. Mais personne ne dirait
non plus que notre empereur ne possède pas la puissance
avant d'agir et, d'une certaine manière, aussi la prescience,
bien que chez lui cette puissance et cette prescience ne soient
ni universelles, ni totales. Est-ce que nous considérerons cette
décision elle-même sur le même plan que le Sénat, sous prétexte
que la décision n'est pas la royauté, comme toi ici tu considères
comme créées les puissances participâmes, sous prétexte qu'elles
ne sont pas l'essence de Dieu ? C'est à partir de tels principes,
sur lesquels on serait ainsi « d'accord », que tu as montré que les
orthodoxes étaient dithéistes et polythéistes !
TRIADE III, 2, 27 693

ipeîç t&v àÇiiop-ârtov irpvraviv, Sri 6ptap,û> tcai deXrjp.ari ol-


Keîw rà ayrifiara ttomîtcu i:al 6 ôpiofios avrœ ylverai aeirrov
ovofia T€ /cai à£c'a>/ia CKaorat rœv iv tcÀci/ Kàvravda yap
pLeraÇv tov irrirârTovros kclI râ>v vrraKovôvrojv i£ àvâyKrjs
ToviriTayfia eariv. Am ovoe ro ovvaauai ris av ctiroi p.r]
npoé^eiv TjpLÎv tov /3aaiÀea, «rri 8' ômy #cai rô TTpoeihlvai, et
kcli p.rj où 7râai Kaî 8tà -navras. *Apa 8è /cal tov épiofxov
avrov fiera rijs ovyKXrjTov drjoop.€v, Sri u^ fiaoïXela èorîv ô
~ t
opiap.às, KaOavrrep €K€Î av rà p.edeKra ktioto., Sri p.7] ravr
cariv 77 ovata tov Qeov ,' 'Ek toiovtwv apxœv #caî ovtws 6p.o-
\oyovp.éviov Sideîras #cat iroXvdeîras ê8ei£as rovs opdohôÇovs

CVSL
DU MÊME
LISTE DES ABSURDITÉS QUI PROVIENNENT DES
CONCLUSIONS DU MÊME PHILOSOPHE
TROISIÈME TRAITÉ CONTRE SON DEUXIÈME ÉCRIT.

Un vrai hérétique. 1. — Voici donc jusqu'où il est allé,


voici le degré d'impiété où il est arrivé
dans son opposition à la vérité et au Dieu de la vérité, avec ces
principes et ces prémisses qui lui paraissent reconnus de tous
et qu'il a opposés à la vérité elle-même ! Sans qu'il le veuille, les
motifs qui l'amènent à ses conclusions témoignent eux aussi
contre lui ; c'est malgré lui, en effet, que ses écrits sont venus
entre nos mains ' et ont dénoncé la perfidie de leur auteur. Les
hérésies qui se manifestent dans ses écrits qui sont entre nos
mains ne s'écartent en rien de celles dont on l'accusait autrefois
verbalement *. En un mot, son erreur est tellement grande qu'il
en arrive à montrer que les prophètes agissent sous l'inspiration
de démons, tandis que les saints, ayant vécu selon l'Évangile de
Dieu, sont semblables aux hérétiques, à déclarer que la vertu des
prophètes, des apôtres et de leurs disciples n'est que méchanceté
et non vertu. Depuis le commencement des siècles, y a-t-il eu un
homme plus impie que l'auteur de tels traités ? Qui pourra s'indi
gner si l'on s'oppose à celui qui a écrit cela ? Si l'on approuve ces
écrits et si l'on condamne ceux qui ne les approuvent pas, pourra-
t-on être compté au nombre des saints ? Et qu'est-ce que cela
change s'il n'exprime pas ouvertement certaines de ces hérésies,
mais si ces abîmes de Satan, ces mystères du Malin, ne font que ré
sulter de ses paroles, lorsqu'il les chuchote aux oreilles de ceux qui
l'écoutent, sans élever le ton de la voix, mais en l'affaiblissant
et en cachant le venin de sa pensée ? Quant à nous, nous allons
brièvement montrer ici qu'il cherche bien à démontrer chacune

1 Cfr Tr. II, 1, 2, p. 228, note 3 ; Tr. II, 3, 78.


* La Première Triade est rédigée sur la base de plaintes verbales des moines
contre Barlaam.
TOY AYTOY
KATAAOrOS TQN 'EKBAINONTQN 'ATCMQN
'EK TQN TOY AYTOY GIAOZOQOY ZYMIIEPAZMATQN
KATA TQN AEYTEPQN 'O TPITOE

1. "A fj.èv ovv irpocrKpovet. rfj àXrjdeixi Kal t<3 tt}s aXr]- 5
Bêlas &eâ> 8ià tô>v avTtù \\ Sokovvtiov dva)p.oXoyr]p.évcjv {t.zzou
àpxwv Kal Trporâaewv , as ovros kott avrijs aXrjdetas irpoi)-
PdXXero, Toaavrd ècm Kal Totavra Kal els tovO r/Kovra
KaKo8o£las' â 8' i£ tSv oleTai crvpsnepaLvew , cCkoiv fiév, êav-
tov 8' ôfiœs avBis Tvyxdvei Karap.apTvpwv ' ckclvov yàp 10
ovx €k6vtos elvai rrpos ràs r/p-eTepas TjKei ^elpas ra eKeivov
<rvyypdp.p.aTa Kal tov avyypa<f>éa o<f>â>v oïa rrovr\pov waravel
rrpoorjyyeiXev " â tolvvv avBis €K tô>v /xerà ^eîpaç r)p,îv av-
tov avyypap,p,â.Tu>v dva<f>alveTai. KaKÔJs <f>povwv, /car oi58ev
a/waSeï tû>v rrepl avTOV rrpoeipr)p,évu>v CKeîvcov . "Exet Y**P '5
ws avveXôvTa <f>dvat Toaavrrp) KaKovolas vrrep^oXrjv <I>s tovs
fiev rrpo^ras irro Sai/xofajv èvepyeîadai SetKvvvai, tovs
Se Karà to tov 0eov evayyéXiov rroXiTevoap,évovs àylovs toîs
aipeTLKoîs ovvTeTdxBat, ttjv 8è rrpo<j>r)TÛ>v Kal àrrooTÔXœv
Kat, tû>v /car' aùrovs àpeTTjv /ca/a'av elvat Kal ovk dpeTTjv -:o
arrofiaiveodai. rApd tls yéyovev i£ alûivos tov tolovtovs
avvTioevTos Xôyovs KaKoho^oTepos ,' vApd tiç SvvrjaeTat
vepecrfjoai tô> rrpos tov tokxÛto. ovyypa<f>6p.evov àvriXeyovTi ,'
TApd tlvl p,€Ta TÛiv àyîojv eoTai p,epls Ta roiaûra avyypdp,p,a-

ra crrépyovTL Kal KaTrjyopovvTL Ttov pr) TavTa arepyôvToyv / -'5


l yap et p,r) (pavepws eartv a Aeyet tovtuiv , aAA eç cûv
Xéyet ovvdyeTai Totavra rà flaBéa tov Z'arai'â, rà tov
TTOvrjpov p.vaTT]pi.a, a toîs VTréxovoiv aura» rà tt>Ta ijji.dvpt£ei,
où xaXôJv Kal vTreKXvœv tov tovov ttjs <f>(Dvr)s, aXXd to jSÀa-

CVSL

I to» aÙTovom. S II 3 aÙToû ont. V || tf>iXoo6<j>ovom. S | BapXaâfi. posl <j>i\oaô$ov


add. V.
696 GRÉGOIRE PALAMAS

des hérésies que nous avons énoncées et, tout d'abord, nous
montrerons par quels arguments il cherche à montrer, hélas, que
les divins prophètes sont possédés du démon.

Blasphème contre 2. — Il démontre et déclare que leurs


les prophètes. visions sont inférieures à l'intellection,
parce que, bien que sensibles, elles pro
viennent de l'imagination \ pour montrer ainsi que la connais
sance leur est supérieure ; il continue pour dire que l'intelligence
devient ensuite passionnée ou démoniaque, si die agit selon une
énergie inférieure à l'intellection. Donc puisque les prophètes
ont vu par leur intelligence (la vision des prophètes, dit en effet
le grand Basile, n'est pas une vision sensible, mais elle est conçue
par l'intelligence, lorsque Dieu l'illumine 2 ; et encore : Les pro
phètes prévoyaient l'avenir parce que l'Esprit mettait son empreinte
sur la partie maîtresse de leur âme 3), puisque les prophètes ont
vu en Esprit par l'intelligence, mais usèrent en même temps
d'une énergie inférieure à l'intellection, comme l'a dit cet homme,
et puisque cette énergie-là est démoniaque, lorsque son action
ne concerne pas l'argent, les plaisirs et les opinions d'ici-bas,
n'en résulte-t-il pas que, selon celui qui parle ainsi, la vision
divine est démoniaque ? Mais que devient l'Esprit divin et la
lumière qui produisent cette vision ? Que le blasphème retombe
donc sur la tête de celui qui compose ces traités, ou plutôt qu'il
tombe à côté de sa tête, qu'il s'en aille aussi loin que possible
et se précipite dans le néant, lorsque cet homme aura fait péni
tence et réappris la vérité !

Il parle sans avoir 3. — Mais on pourrait se demander


l'expérience . comment il a fait pour tomber dans un
abîme aussi profond ? En examinant par
la raison et la philosophie naturelle ce qui dépasse la raison et
la nature, en restant sourd aux paroles suivantes des Pères :
// est impossible d'interpréter par la raison la manière de voir des

1 Cfr texte de Barlaam dans Tr. II, 3, 58.


• In Is., XIII (PG, XXX, 565 C).
» In Is., VII (ibid., 452 A) ; cfr proem. (ibid., 121 A ; 124 B).
TRIADE III, 3, 1-2 697

fiepov viroKpvrrrœv tov vorjfxaros ', 'Hfieîs 8' ôirœs eKaarov


rœv elprjfiéviov KaraoKevdoai, iretpâTai., Sià ftpayéujv èvravda
<f>avepœaofi€v Kal irpânov Stà tlviov 8aLp.ovt,œ8eis (f>ev tovs
èvdéovs rrpo(f>rjTas Selicwaiv 6 Xôyos aùr<3.

2. Tas ôpdueis tovtwv ^eipou? eîvat vor/aews Karaoïav- 5


a£ei Kal drro<f>alveTat ws (ftavracrias ovaas, et Kal aladr/rds,
"va rrjv yvwoiv vnepéyovaav tovtwv iiri8el£rj ' eîra rrpoïwv
aùroç <f>rjOL ttÔlXw « èp/rradr) Tvyxdveiv rj haip.ovi.whrj vovv,
» os âv èvepyoirj icarà X€'-P0) vorjoews èvépyeiav ». 'Errel
toLvvv 01 irpofifJTai. vu éwpwv — « où yàp aloOrjTrj tiç », 10
(j>r)olv 6 p.éyas BaoiXeios , r) tô)v rrpo^rjTwv ôpaais, « àAÀ'
» vtto tov vov KaTavoovjj,évrj , tov ©eov fywTiÇpvTos avrôv »'
Kal ttoXlv ' « [Jpoewpwv ol TTpo<f>rjTai rà p.eXXovTa, Tvrrovp,evoi
» rw TIvevp.aTt tÔ r)yep,oviKÔv » — , et yow vâ> ev Tlvevp.aTi
ewpwv onrpo<f>r)Tai, «èvepyeia Se ^et/jovi vo^o-ett)?», cô? ovtoç 15
eVnev, avrrj Se 8at,p.oviwSrjs , orav /rrç 7repi xprjp:aTa /cai Taç
koltw rjoovds Kal Sd^-aç èvepyrj, dp' ov xarà tov rà Toiaûra
XéyovTa 8aip.oviwhrjs rj Oeia ôpaais eKeivrj ; Ti Se to delov
rJvevjj,a Kat. to (f>ws ixeîvo, || to tt)v Spaoïv TavT-qv èjnroiovv / |f. 22ir
'^4AAa TperroiTo irrl ttjv Ke<f>aXr)v to toiovto fîXdo<f>r]p.ov tov ^o
toiovtovs Xôyovs awridévros, p.âXXov 8è Kal ttjs avTov
Ke<f>a\rjs Sianeaôv, a>? TroppwTdrw yivovro, rrpôs to p.r) ov
Xwprjoav, jj.erdiJ.eXov Xaflôvros Kal (xeTap,adôvTos rr)v dXrj-
deiav.

3. IJ66ev or) tô> ttjXikovtu) j368pw irepierreoev , eponô 25


tiç dv ; 'Errel Àdya» Kal <j)iXoao<jiia <f)vaiKrj rà v-rrèp Xôyov
T€ Kal (j)votv i^rjpevvrjoev, àrreidijoas roîs rrarpaoi Xéyov-
aiv ' « Où hvvarov èpp.T]vev6rjvai Xoytp tov Tporrov rrjs rrpo-
» <f>rjTLKTjs oipeœs , àAA' eKeîvos p.ovos otSe aa<f>ws, d rf)

CVSL

5. clvai ont. L.
698 GRÉGOIRE PALAMAS

prophètes; celui-là seul la connaît bien qui l'a apprise par l'ex
périence; si aucune raison ne peut souvent établir des actes et des
passions de la nature, à plus forte raison en est-il ainsi pour l'action
de l'Esprit 1. Et de nombreux saints qui ont vécu après le Christ
apportent le même témoignage. C'est devant de tels témoignages
qu'il traite de Messaliens les hommes qui affirment que ces choses
sont connues seulement par expérience ou qui prétendent les avoir
réellement connues par expérience ! N'est-il pas évident, comme
s'il s'agissait d'un corollaire géométrique *, qu'il n'a jamais
eu lui-même la moindre expérience du divin mystère ou de l'acti
vité de l'Esprit Saint ? Il ne se serait pas lui-même traité de
Messalien ! Celui qui a appris par expérience est donc seul à
connaître les activités de l'Esprit, mais lui n'a aucune expérience
et ne reçoit absolument pas l'enseignement de ceux qui en ont
une ! Qui doutera encore que tous ses bavardages sur l'énergie
déifiante de l'Esprit ne sont que mensonge ? Et il les a produits
contre ceux qui en ont eu l'expérience, sans savoir ni ce qu'il
disait, ni ce qui était l'objet de ses affirmations. Qui pourrait
expliquer ce qu'est la douceur du miel à ceux qui n'y ont pas goûté ?
dit en effet le proverbe ; mais ceux qui n'y ont pas goûté pour
ront-ils l'expliquer, dis-moi ? Et s'ils se mettaient à contredire
ceux qui y ont goûté, ne s'exposeraient-ils pas à la risée générale,
tout en se laissant ouvertement convaincre de mensonge ? A bien
plus forte raison, celui qui raconte de telles inepties au sujet
des énergies surnaturelles de l'Esprit est un menteur ridicule ;
comme le dit l'Apôtre, il entre dans ce qu'il n'a pas vu, gonflé d'un
vain orgueil par l'intelligence de sa chair 3. Voilà qui suffirait non
seulement pour le convaincre de mensonge, mais pour le condam
ner parce qu'il considère les saints comme hérétiques ; ce sont eux
qui affirment que seul celui qui a appris par expérience connaît
bien les énergies de l'Esprit ; mais lui, il affirme que parler ainsi,
c'est être hérétique. Cela suffisait donc pour le convaincre
d'être un accusateur des saints qui ont vécu après le Christ.
Mais il ne s'en contenta pas : il eut recours contre eux,

1 S. Jean Chrvsosto.me, In Is., I (PG, LVI, 14).


1 Expression familière à Palamas (cfr par exemple la première lettre à Akin-
dynos dans GtoXoyîa, t. XXV, 1954, p. 614).
» Col., II, 18.
TRIADE III, 3, 3 699

» Trelpa fiadiùv ' et yàp <f>vaews ëpya Kai TràOrj TroXXaKis oi)8els
» âv Trapacrnjoeie Xôyos, ttoXXw fiâXXov ttjs tov FtvevpiaTOS
» èvepyelas », 5 Kai toîs perà Xpiarov àylois 1801 ris àv
iroXXa)(ov fj.aprvpovp.evov . Tovto tolvvv touttov ovtcj Xeyôv-
tùjv, ainôs <f>rjaL MaaaaXiavovs eWi tous Trelpa 8eîv yivâta- 5
k€lv T) TTelpa èyvwKevai rà Totaûra Xéyovras. Ovkovv avros
â»? è#c yeœp.eTpiKov Troplap.aTos àva<f>aiverai Treîpav p.varrj-
plov delov t) I7vevp.aTos àylov ivepyelas ov8' rjoTivoaovv
XafHœv ; Ov yàp âv MaaaaXiavov èavrov àvcKrjpVTTev. El yovv
6 Trelpa fiaOàn' p.ôvos oî8e rà rfjs èvepyelas tov IJvevp.aTos, to
avros 8è irelpa ovk êyvwKe Kai tovs Trelpa yvôvras ov8ap,â>s
TrapaSéxerai, ris êr' àp,<j>iyvor]oei p.r\ tfievSoXoylav eîvai
■nâaav ttjv irepi ttjs Bcottoiov tov IIvevpiaTos èvepyelas avrœ
yeyevj)p,évqv à8oXecr)(lav , Kai ravra Karà tû>v èv Trelpa ravrqs
yeyovôrœv e£evT)veyp.évqv avrœ, p.rj8ap.â>s eiSoVi pvryre a 15
Xéyet, p-rjre trepl tIvojv Sia/?ej3aioÛTai ; « rXvKvrrjTa yàp
» p,eXiTos tis àvayyeXeî toîs p.Tj yevaap.èvois ) », t) irapoifiîa
<j>rjo~LV • ol Se p.rj yevaâp.evoi, ttcûs àvayyeXovaiv, ehré p.01 ;
El 8è Kai toîs yevoap,évois àvTiXéyoïev, dp' ov p.erà tov
tfjev8ôp.evoi 8rjXoi Tre<f>rjvévai ko.1 yéXwTa o<f)Xrjaovaiv ea^a- 20
tov; IJoXXâ) p.évT àv eî-q ipevh-qyôpos Kai KaTayèXaoTOS
p.âXXov o irepi ràs vTtep<j>veîs èvepyelas tov IJvevp.aTOS
ToiavTa Teparev6p.evos Kai Karà tov ' AttÔotoXov « â pst)
» èôipaKev èp.f5areva>v , eiK-rj <f>voiovp.evos vtto tov voos ttjs
» aapKos avTov ». "HpKei p.èv ovv tovtI p.6vov, ov p.ôvov 25
{fjev8oypâ(f>ov avTov à-neXéyÇai, -rrpôs 8è tovtco Kai toîs
aipertKoîs tous àytovs avvTaTTOVTa ' Kai yàp èKeivcov èorl
Xôyos «p.ôvov el8èvai aa<f>â>s tov Trelpa. p-adôvra» ràç èvepyelas
tov rJvevp.aTOS ' ô 8è tovs tovto XeyovTas alpeTiKoiis elvai
SiiCT^upt'^eTat. TovtI p.èv ovv rjpKei Kai tû>v /xerà XpiOTOv 30
âylcov KaTT\yopov avTov àfreXéy^ai ' tw 8è ovk àiré)(pT]aev ,
aXXà Kai 8evTepa Kai TpiTjj Kai en. irXeioai kot* avrcôv,
p.âXXov 8è Kad èavrov, p.e968ois è*xpT)oa.TO .

CVSL

7 Ttvos post ytuiittTpLKov add. V JJ 10 rà rrjs : Ta? CL | 20 wifcXyaovaiv CV.


700 GRÉGOIRE PALAMAS

ou plutôt contre lui-même, à un second artifice, puis à un troi


sième, puis à beaucoup d'autres.

Il oppose Grégoire 4. — Les saints, en effet, paraissent


de Nysse aux au- parf0iSj dans leurs écrits, être en
très Pères. désaccord. C'est ainsi qu'il prend parti
tantôt pour une expression de l'un d'entre
eux, tantôt pour celle d'un autre et, sans aucune honte, y trouve
un prétexte pour s'attaquer aux autres saints, les bannir et
les rejeter tout à fait, jusqu'à lancer contre eux excommuni
cations et anathèmes. C'est ainsi qu'il fit partir en guerre contre
les autres saints le divin Grégoire de Nysse, parce qu'il dit que
l'esprit, étant incorporel, n'est ni à l'extérieur, ni à l'intérieur
du corps *, alors que ces autres saints ont dit que l'esprit était
dans le cœur * ; il rangea immédiatement ces derniers parmi les
hérétiques, comme opposants à la vérité ! Quant à nous, nous
avons clairement démontré dans le Tome Hagiorétique 3, dirigé
contre ceux qui pensent comme lui, et dans le second traité
Sur la prière * que sur ce point, comme sur les autres, les
saints se trouvent en accord mutuel et que nous autres sommes
en accord avec eux. Mais écoute comment il rangea le même Gré
goire de Nysse parmi les hérétiques, sous prétexte qu'il dit à
propos d'Etienne, le premier martyr : Ce n'est pas en restant
lié à la nature et aux facultés humaines qu'il contemple le Divin,
mais en étant confondu avec la grâce du Saint-Esprit, car, selon
le témoignage de l'Écriture, toute chose se fait connaître par ce qui
lui est semblable ; si, en effet, la gloire du Père et du Fils était
accessible à la nature humaine, celui qui déclara que cette vision
était inaccessible n'est qu'un menteur; mais on ne peut à la fois
admettre qu'il ment et que l'Histoire soit vraie 5. Voici ce qu'il
dit clairement dans son éloge du divin Etienne. Mais Barlaam
s'efforce, par tous les moyens, de ranger le saint parmi les héré
tiques, à cause de la « grâce » et de la « confusion » ; il ne comprend

* Cfr.De opif., XII (PG, XLIV, 156 ss).


1 Le Ps.-Macaire, cfr Tr. II, 2, 27.
* PG, CL, 1232 AB. Comme dans sa troisième lettre à Akindynos (QtoXoyla,
XXIV, 1953, p. 581), Palamas se déclare ici l'auteur du Tome Hagiorétique.
* Tr. II, 2, 27.
*In s. Steph. (PG, XLVI, 717 B).
TRIADE III, 3, 4 701

4. Tojv yàp àyuvv iv toîs Kad' iavrovs avyypâp.p.aou> \\ 1 1*2211


êoTtv oS irpos àXX-qXovs Bokovvtojv 8ia<j>ojveîv, avros trore
fl€V TOVTOV, 7TOT6 8è €K€lVOV prjOei TTpOO~6ép.eVOS, Si €KCt,V7]S
toîs aAÀois àvaiSws innlQeTai Kal iKKtjpvKTOvs Kal àiro-
PXrjTovs TTOieîrai ■navrâ.Traaw ws Kal à<jx>piop.oîs îmofidXXetv 5
Kal àvadép,aoiv. Ovtoj tov Nvootjs deîov Fp-qyôpiov /*tjt'
€kt6s, p.rjTy ivros eîvai tov otopaTos Xéyovra tov vovv

Sià tÔ àoojpaTov, toîs àXXois ineorpaTevoev àytois, octoi


iv Tjj Kapota tov vovv elp^Kaoi Kai ws avriTeTaypevovs Tjj
aX-qdeiq. toîs alpeTiKOÎs ev0i>s ivr)pldp.rjoev. 'Hp.eîs 8' avToi>s IO
ovp.<f>ojvovs àAArjÀoiç icàv touto», ko! rfpâs avTovs avToîs, ev tc
tô> 'AyiopeiTiKw fcarà tû>v <f>povo vvtwv rà Toiavra to/iw
xàv TÔ) TJepl Trpooev)(rjs Bevrépo) Xôycp Tpavœs à-neoel-
£ap.ev. AXX' avôcs avrov tov Nvaorjs iïnœs toîs alpeTiKOÎs
avveTaÇev aKovoov, eiTiôvTa yàp irepl tov TrpojTop.dpTvpos T,Te- i .-
<f>avov œs « ovk iv tt\ avdpojTTivr) <f>voei Te Kal 8vvdp.et. pévœv
» to Oeîov jSAeVei, aXXa irpos ttjv tov àylov IJvevpaTOS X<*Piv
» ava.Kpa.6eis, 6Vi tô> op.oi.oj KaOopâodai rà opoia irapà ttjs
» rpa<f>rjs p.ep,apTvpt)Tai " et yàp àvdpumivrj <f>voei 17 tov
» IJaTpos Kal tov Yiov Sofa x^PV'V Kardorr), ijjevorjç 6 -'o
» àxojprjTOV àTTO<j>7]vâpevos elvai tÔ Oéapa ' aXXà p.rjv ov8è
>> CKeîvov ipevoeoQai Kai ttjv lOTopiav àÀ7]6eveiv iirâvayKes »,
TavTa tovtov iv TÔ) irpos tov deîov ZÏTi<f>avov iyKwpioj
oa<f>â>s ehrôvTa, iroXvTpoTrwç toîs alpeTiKOÎs iyKpivei tov
âyvov 8id re ttjv XaPlv Kal TVV àvaKpaaiV ov yàp ào<f>aXâ>s 25
avvopâ. TÔiV Xeyop.evwv ttjv 8vvap,iv, paXiOTa Se vâvTœv
iÇooTpaKÎÇet. tov x°P°û r^iV opdoSôÇcov tov Taux' etTrôvTa,
MaaoaXiavov Kat BXaxepvirqv iirl oiafioXfj vpoaayopevoas
Sià ttjv opaaiv, àvTtraÇas aùrô) tovs àôpaTov eîvai tov 0eov
Xéyovras. 30

CVSL
2Ï oùS' S I 22 eVa'iayyeç CV.
702 GRÉGOIRE PALAMAS

pas exactement la signification de ses paroles, et surtout il bannit


du cercle des orthodoxes celui qui parle ainsi ; pour le calomnier,
il l'appelle Messalien et Blachernite à cause de cette « vision »,
en lui opposant ceux qui disent que Dieu est invisible.

Dieu devient hom- 5- — Est'il vrai. demande-t-il, qu'un


me ! homme voit Dieu lorsqu'il s'élève au-dessus
des hommes ? Car alors il deviendrait
ange ! Or, le meilleur de nos théologiens est inférieur au dernier des
anges et même si nous admettions qu'il devienne ange, il n'en reste
pas moins que les anges eux-mêmes ne voient pas l'essence de
Dieu. Mais on peut lui répondre avec raison : « Tu es un disciple
des mauvais anges ! C'est eux qui t'ont appris à accuser les
saints ». Si l'empereur voulait faire à un soldat l'honneur de lui
parler personnellement, ce dernier n'en deviendrait pas sur le
champ général, et parce que ce soldat serait à ce moment la
personne la plus proche de l'empereur, il ne revêtirait pas pour
cela la dignité de général en chef. Mais, dit-il, l'homme ne peut
rencontrer Dieu, sinon par l'intermédiaire d'un ange, car nous
sommes soumis à la hiérarchie angélique. Que fais-tu, ô homme ?
Soumettrais-tu à des nécessités le Maître des nécessités, qui les
supprime lorsqu'il le veut et parfois les transforme entièrement ?
Dis-moi : quel était l'Ange qui dit à Moïse Je suis Celui qui est,
le Dieu d'A braham, d'Isaac et de Jacob l, sinon le Fils de Dieu,
comme nous le dit le grand Basile 2 ? Que signifient les paroles
écrites dans le livre de YExode d'Israël : Le Seigneur parla à
Moïse face contre face, comme on parlerait à son ami 3 ? Et Celui
qui parla à Abraham et jura par lui-même 4, s'il n'était qu'un
ange, comment l'Apôtre aurait-il pu dire qu't7 ne pouvait jurer
par un plus grand que lui 6 ? Mais si Dieu a bien voulu parler
lui-même aux Pères à l'ombre de la Loi, comment ne se mani
festerait-il pas par lui-même aux saints, lorsque la vérité est
apparue et la Loi de la grâce s'est manifestée, la Loi selon

1 Exode, III, 14-15-


• Contra Eunom., II, 18 (PG, XXIX, 609 B).
» Exode, XXXIII, II.
« Gen., XXII. 16.
» Hébr., VI, 13.
TRIADE III, 3, 5 703

5. « TL Se » <j>r)otv « on virèp âvdparrrov ô âv6pu>iros ye-


» yovœs, ôpâ tov 0e6v ; "AyyeXos yàp yévotr âv. 'AXX' 6
» KpâriOTOS Tcôv irap' -qpîv OeoXéywv àirohel tov tcDv ayye-
» Xœv iaxô-Tov " et 8è Kal âyyeXov yevéodai Sotry/xeV »
<f>r]ai.v, « cîAÀ' où8' âyyeAot ttjv ovaiav ôpwcrt tov 0cov ». 5
IJpos ov âv tis <j>aiy] hiKaiws ' « 'AyyéXœv Trovrjpwv Tralb'evp.a '
» Kal yàp èxeîdev pwjdels tôjv âyt'tov KaTr/yopoç yéyovas ».
'AXX ovh" OTO.V 6 jSaaiÀeùs èdeX-qa-rj ttjs /carà irpéawnov
o/xiÀtaç à^ieùcat tov aTpaTiojTrjv OTpaTTjyos âv elrj 81 avro
rrapavTa, 01)8' on iyyvTepos Tore TrapiaTarai vapà tovto 10
tÔ toû àpy\.GTpa.Tr\yov ayr\p.a. Traprp/eyKev. « '^4AA' où*c evt »
<$>t\o~w « €t /xtj Si' àyyéXov tov Oeov àvdpwirip owrar^eîv ' Si
» àyye'Acov yàp Upa.pxovp.e9a ». Tï 7roteîs, âvdpioire / 'Avdy-
/caç ewiTt^rj? tô» Kai tcùv àvay/ccùv Seo-rroTij, tô) kcÙ rauraç
rpt/c av eOéXrj Xvovtl, eVt'oTe 8é /ccù p.eTao~KevâtpvTi TeAe'a»? / '5
fîtVè S77 p.01 ' ti'ç 171/ àyyéXœv 6 tô> Mwvofj \\ elirtov « iyd> \ t m*
•> et/ii o àJi', o @eôç Appaàp, Kal '/rraaK «■ai 'IaKw^ » et
/LiT/ o roû htov Ylôç . dis «rat BaoîXeios o péyas Xéyei , Ti
Se Ioti to èv rfj tov 'loparjX '£"£ 08 ai yeypappévov on «e'AaA'rço'e
'> Kvpioç irpos Mcoar\v eVcuTTioç eVaim'a; , ai? et Ttç AaÀiycrei 2"
•> Trpos tov eaDToû (f)ÎAov » / 7<£ 8è ' Afipaàp. 6 ôpiXwv, r'jvtKa
« œpooe Ka0 eauTOÛ», eïye a'yyeÀoç vrrrjpxe, rrœs 6 ' AttoctoXÔs
<^>j]aiv <l>s « où/v' et^e kot' oùSevôç pe'CCftvos op.àoai » ; .fît 8'
€77i TTyç vopiKrjs OKiâs aî'roç o ©eôç evcÔKTjoev 6j.u.\rjo~ai
toîç "«.Tccîot. 77(.û? ttjç aXrjdeiaç chcéaveLOVS Kal tov ttjs -5
yapiToç vôp.ov rpavaidévroç, KaO ov ovk dyyeXoç, ovk âvdpœ-
T7o?, àXA' avroç 6 Kvpioç eotooev Tj/xâç koL avro to FJvevpa
toû ©eov Trâcrav ttjv àAvy^etav èhlou.Çzv Tj/Liàs". oi)k' ip.<f>avio9yj-

CVSL
704 GRÉGOIRE PALAMAS

laquelle le Seigneur lui-même et non pas un ange, ni un homme,


nous a sauvés 1 et l'Esprit même de Dieu nous a enseigné
toute la vérité * ? A-t-il dédaigné de devenir homme pour nous
sauver ? N'a-t-il pas supporté pour nous la croix et la mort,
alors même que nous étions encore des impies s, selon l'Apôtre ?
Dédaignera-t-il alors de faire sa demeure dans l'homme, de lui
apparaître et de lui parler sans intermédiaire, alors que cet homme
n'est pas seulement pieux, mais sanctifié, purifié par avance,
dans son corps et son esprit, par la garde des divins commande
ments, et transformé ainsi en un véhicule et un char propres à
recevoir le tout-puissant Esprit ? C'est bien ce que démontre le
divin Grégoire de Nysse lui-même qui, après avoir rappelé la
vision céleste et surnaturelle d'Etienne, demande : Était-ce là
le mérite de la nature humaine ? Était-ce un ange qui a exalté si
haut la nature qui gisait ici-bas ? Non; car il n'est pas écrit
qu'Etienne ait possédé des facultés exceptionnelles ou qu'il ait été
comblé par le concours des anges, lorsqu'il a vu ce qu'il a vu, mais
qu'Etienne, rempli de l'Esprit Saint, vit la gloire de Dieu et
le Fils Unique de Dieu 4, car il n'est pas possible, comme le dit le
prophète ', de voir la lumière sans voir dans la lumière '. Grégoire
de Nysse a donc eu ici en vue une vision accessible à l'Esprit
et non une connaissance ; c'est à ce dernier sens de connaissance
qu'il a appliqué l'expression personne n'a vu Dieu 7 et, l'ayant
opposé, sous forme de question, à la contemplation spirituelle
d'Etienne, nous a apporté la meilleure et la plus pieuse des solu
tions. Il n'a pas dit par ailleurs que l'essence était accessible et
visible, mais seulement la gloire du Père et la grâce de l'Esprit.

» Is., LXIII, 9.
» Cfr Jean, XVI, 13.
» Cfr Rom., V, 6.
* Actes. VII, 55-56.
» Cfr Ps., XXXV (XXXVI, 10).
• In s. Stephanum (PG, XLVI, 716 D-717 A).
' Jean, I, 18.
TRIADE III, 3, 5 705

CTCTai 81' iavTov toîç àyiois 6 Oeos ,' *H yevéadai p,kv dv6poj-
iroç St.' rjp.âs ovk àTTT)£la)cre kclL aravpov imécm) Kal OÔlvcltov
îmèp ■qp.âtv, K.a.1 Tavra « àoefiwv ovrwv êri » «rarà tov ''Attoo-
toXov, àvOpœirtû Se àp.éaois àiraÇiœaet. Kal èvoiKi)o~ai Kal
ip.(f)avi(Tdrjvai. Kal âp.iXrjo'ai Kal tout' ovk evoefieî p,6vov, 5
àAAà Kal r)yLao~p.€V(u Kal Sià ttjç tcDv Oetwv ivroXwv rqprîy-
aeu>s irpoKa6ripap,éva>, acô/xa re fcai voûv, /cai toû "navra
8vvap,évov TIve.vp.aTos ô^7j/xa /cal Çevyoç evcf>vès Taûr e£eip-
yaap.éva> ; Tovto 8rj Kal avToç 6 Nvao~qs Oeîos rprjyôpios
à7To8ecKvvs, /ACTa to p.vrjadrjvai ttjs ovpaviov Kal VTTep<f>vovs IO
€K€lvt]s tov ETtcpâvov décuplas, « àpâ » (f>r)0-iv « àv8p<o7rtvr)s
» <f>vo~e<us 7)v to KaT6p9oap.a ; rApâ tivos tû>v àyyéXcuv Trpos

» to vipos €K€Îvo tt]v kÔtlo K€ip.évT)v <f>vaiv àvafiifiâoavTos ;


» Ouk êcrrt toûto. " où yàp ovtco yéypainai Sri 2/re^avoç
» 1-77 Swa/iei 7toÀÙç ?} ttjs àyyeXiKrjs fio-qdelas nX-qp-qs y€v6- 15
» p.evos elbev â eîSev, àXX' ôVi ZJT€<f)avos TrX-qp'qs côv Ilvev-
» p.aToç àyiov eïBe ttjv Sôtjav tov ©eov Kal tov p,ovoyevij
» tov ©eov. Ov yàp cuti, Kadânep 6 TrpotyqT-qs dire,
» to <f>û>s 6(f>Qrjvat p.r] iv (fxorl Ka6opœp.evov ». "Opaaiv ovv
eWaûfl' élire -)(<x>p7]Tr]v Sià TIvevp.aTOS , àAA' où^î yvwoiv, 20
kgu to « ovhels £d>paK€ ©eov » iirl TauTTjç rij? o~qp.aoias
€/cAa/3d/xevoç /caî SiaTroprjTiKœs àvTidet.ç ttj 7rvevp.aTiKfj
tov Ere^âvov Oeiopîa, ttjv Xvaiv èirr\veyKe koXXiotÔ. Te /cat
evoefiéoTara. Ilpos Se tovtois, oùSè ttjv ovaîav ehre ^a>p7y-
rrçv rj ôpaT-qv, àÀÀà T17V So^av tov Tlarpos Kai rqv Xa/,t'' 25
toû FJvevpaTos.

CVSL
706 GRÉGOIRE PALAMAS

Énergies distlnc- ®- — Mais, dit-il, moi j'entends dire


tes de l'essence, que cette grâce et cette gloire sont surnatu
relles et semblables à Dieu; il est dit en
effet que le semblable est contemplé par le semblable I; voilà pour
quoi, puisqu'il s'agit d'une réalité incréée et sans commencement, je
dis qu'elle est l'essence de Dieu. Mais cela est impossible, ô théo
logien ennemi des saints ! Car, sache-le bien, tu ne pourras te
cacher devant ceux qui savent, même si, en omettant les noms,
tu mets ce soin minutieux à présenter la sainte pensée des saints
comme la pensée de tel hérétique 2 ! L'énergie divine ne peut
donc être ni surnaturelle, ni sans commencement, ni incréée,
ni semblable à Dieu, même si elle manifeste par elle-même Dieu
tout entier à ceux qui, dans l'Esprit, contemplent surnaturelle-
ment ? Attention, dit-il : seule l'essence de Dieu est incréée
et sans commencement , tandis que toute énergie divine est
créée. O impiété ! En effet : ou bien Dieu ne possède pas d'énergies
naturelles et essentielles, et celui qui parle ainsi est un athée
(cela équivaut, en effet, à nier ouvertement l'existence de Dieu,
car les saints Pères disent clairement, conformément au divin
Maxime 3, qu'aucune nature ne peut ni exister, ni être connue,
si elle ne possède une énergie essentielle), ou bien les énergies divi
nes ne sont ni essentielles, ni naturelles et ne sont donc pas Dieu,
ou bien, si ce sont des énergies divines, naturelles et essentielles,
mais créées, l'essence de Dieu qui les possède est également créée,
car l'essence et la nature, dont les énergies naturelles et essentiel
les sont créées, cette nature et cette essence, qui possède ces éner
gies, est elle-même créée et se fait connaître comme telle.

Argument tiré de 7. — Dis-moi : comment aurions-nous


la christologie de connu ie Christ en deux énergies et deux
! aSM,u>- natures, si les énergies naturelles de Dieu
ne sont pas incréées ? Comment le connaîtrions-nous dans ses
deux volontés, s'il ne possédait pas, en tant que Dieu, une

1 Cfr s. Grégoire de Nysse, In s. SUph. (PG, XLVI, 717 B).


• Palamas a ici en vue l'identification admise par Barlaam de la pensée hésy-
chaste avec le « messalianisme > du Blachernite.
• Cfr Epist. ad Nicandr. (PG, XCI, 96 B) ; Opusc. theol. et pol. (ibid., 200 C ;
205 AC); Dispul. cum Pyrrho (ibid., 340 D).
TRIADE III, 3, 6-7 707

6. « *AXX' èyœ » <f>T)ai « Tr/v X^PIV *a' TVV 8ô£av ravr-qv


» V7Tep<f)vfj Kai ôfioiav aKovœv Tœ 0€<ô, tw yàp ôfiolto,
» <f>7]ai, Kadopârai rà ôjuoia, 8io Kai S.ktl<jtov ovaav Kai
» àvap^ov, ovoiav ravn\v efvai Aeyco toû Oeov ». Kai où
Sùvarai eîvcu, c5 tcôi' âyia>v àvriKelp.eve OeoXôye ' A^o-eis 5
yàp eiî ?o-0i tous eiSôVaç oi58a^.<2ç, eî Kai rà ôvo/xara Kpvir-
rtov, rt]v àyiav rô>v àyuov Siavoiav tôç àWoTpi6<f>povos
rtvos irporeiveis veptépyws ' ov Sùvarai roiwv èvépyeia Oeov
îmep<f>injs , avapyés Te Kai â.KTtoros îmdpxeiv Kai 8tà ro tov
Oeov ô\ov <f>avepovv 8t' éavrfjç toîs vneptfavws èv I7vevp.aTi 10
ôpwoiv ôp.ola tô> Oeâ> ; « "Airayé » || <f>rjaiv, « êv yàp ciktict- |f.222r
» tov Te Kai dvapxov 17 ovaia tov Oeov, vâaa 8è èvépyeia
» avroO ktiottj ». TVjç àaefielas ' 7} yàp ouk è^ei <f>voii<às
Kai oùcuajSeiç èvepyelas 6 Oeos Kai âdeôs ècrnv 6 tovto Xéya>v
— tovto yàp àvriKpvs <j>7]Oiv Ôtc. oÙk êori Oeôs ' oi yàp àyiot 15
ira.T€pes <f>avepws Xéyovat, Karà tov deîov Md$ip.ov, /xijTe
eîvai, p,TJre yivœoKeodai, x<opi? ttjs ovoiœ&ovs avTÎjç èvep
yelas T17V oîavSi^TroTe <f>vaiv — , 77 ovv ovk elalv ovaiiôSeis Kai
<f>vcriKa.l Oeîai èvépyeiai Kai oùSè Oeôs èori Xonrôv , rj eïirep
eioiv èvépyeiai Qeîai, <f>vaiKal Kai ovotœSeis , ktiotoi Se' 20
eiaiv aurai, ktiottj eorai Kai rj rauras êxovaa ovaia tov
Oeov " -j^s" yàp ovaias Te Kai <f>vaea>s ai <f>vaiKal Kai ovaiœ-
8eiç èvépyeiai KTiarai, Kai aùrî) 17 Tariras exovaa <f>vais Kai
ouata ktiottj Kai èaTi Kai yiviôaKCTai.

7. -EÎ7T€ S77 /zoi " nôOev iv bvalv èvepyei'aiç Kai <f>vaeai.v 25


eyvcD/iev Xpiorôv, ci |xi^ ai toû Oeov <f>vaiKal ivépyeiai
aKTiOTOi eiai ; IJôdev 8è Kai ev Suai ^eA^jceai ywû>OKop.ev
aùrov, ei /^rj Kat et»? ©eôç BéXrjaiv eî^e <J>voikt)v Kai deiav ,'
Tl ovv to tov &eov8€\r)p.a, ovxl <j>vo-eu>s èaTiv èvépyeia &eov ;

CVSL
1 x°-f>lv <a' T4V Sôfav : Sô^ov Kai rijv x^Piv L | 4 rorfrijv flvai : efi/oi TatÎTijvL |
16 dctov : ayioi* VS.
708 GRÉGOIRE PALAMAS

volonté naturelle et divine ? Qu'est-ce que la volonté de Dieu,


sinon une énergie de la nature de Dieu ? La volonté de l'In-
créé serait donc créée ? Est-il donc soumis au temps et à un
commencement et a-t-il acquis une volonté qu'il ne possédait
pas avant les siècles ? Comment l'a-t-il acquise : par néces
sité ou par changement d'opinion ? Avec ses nouveautés,
ce malheureux diffame ainsi non seulement la nature divine,
mais aussi la venue dans la chair du Sauveur ; ayant voulu
accuser les chrétiens, il se rejeta lui-même de la pieuse pléni
tude des chrétiens et fournit, dans ses propres traités, la preuve
qu'il n'était qu'un monophysite et un monothélète, pire que
ceux qui apparurent autrefois ! En effet, toute énergie divine,
à la différence de l'essence de Dieu qui est le moteur premier de
l'univers, possède, selon ses paroles, un commencement dans le
temps et si, par voie de conséquence, toute énergie de Dieu est
nécessairement créée, le Christ ne posséda pas, selon ses natures,
à la fois des énergies créées et des énergies incréées, mais seule
ment des énergies créées ; il n'avait donc qu'une seule énergie,
laquelle n'était même pas divine, comme le disaient ces anciens
hérétiques, car toutes les siennes sont du domaine créé ; et s'il
n'avait qu'une seule énergie, il n'avait nécessairement qu'une
seule nature qui elle non plus n'était pas divine, comme le disaient
les anciens monophysites, mais créée ; car la nature dont l'énergie
est créée n'est pas incréée elle-même *.

L'homme déifié 8. — Par ailleurs, si Dieu ne possède


n'est pas Dieu par p^ d'énergies sans commencement, tout
en leur étant supérieur, dans la mesure
où tout ce qui agit ainsi est supérieur à l'objet de son action,
comment serait-il antérieur et supérieur à ce qui est sans
commencement ? De même, il ne serait pas plus-que-Dieu,
selon les termes du grand Denys, si la réalité du don déi
fiant n'était pas appelée Divinité 2, réalité qui, selon le
divin Maxime, provient éternellement de Dieu, être éternel s. S'il

1 L'argument de ce paragraphe est l'un de ceux que Grégoire emploiera le


plus souvent dans sa polémique ultérieure contre Akindynos.
•Cfr Epist. II (PG, III, 1068-1069).
»Cfr De char., III, 25 (PG, XC, 1024 C).
TRIADE III, 3, 7-8 709

*Ap* oSv ktujtov iari to tov âKTtoTov 6éXrjp.a ; TApa 8è

KOÙ VTTO XfK>VOV Kal âpX7?V c<rrl KaL OéXrjOlV €0%€V T/V OVK
etyc irpo alœvcov ; TL ovv, àvayKaoOels r) p,eTa^ovXev6els ,'
Ovtoj raïs Kaivotfxovlaiç 6 TaXatirojpos oStoç, ov rfj delà
(ftvcrei fiovov, àXXà Kal ttj Stà oapKos iTTth'rjp.la tov Uwrrjpoç 5
e-jTTjpeaÇei Kal xpiOTiavoKaTTJyopos édéXojv eîvat tov xPia~
Ttavtôv eôoefiovs ■nXrjpœp.a.TOS éavrov e£e/?aAe, p,ovo<pvolT7)s
tc Kai p,ovo6eXT)Ti)s Kal tôjv TT<îmoTe àva<f>avévTa>v \eipaiv
vtto tôjv oIkcIujv Xéywv itjeXeyxOelç. El yàp irâoa ivépyeia
Oeov, ^a>piç ttjs rà irâvra irpoiTUiS èvepyovorjs ovalas tov 10
Oeov, #carà tous iKelvov Xôyovs, xpovucijv ea^ev dpxrjv Kal
KTiOT-f] ioTiv i£ àvdyKTjS irâoa ivépyeia Oeov, Xoittov ovk
ef^ev ô Xpiaràs KTioràs Kal à/cTt'orouç ivepyelas <f>voriKÔ>s,
àXXà KTioràs p.6vov ' puas apa ivepyelas r)v Kal TavTi)s oi)
ôelas, ojs ol KaKoSoÇoi e/ceîvot éXeyov ' vtto yàp tÔ ktiotov 15
âiraaal elaiv " et 8e p-iâs r)v ivepyelas, Kal p,iâs <j>voea)s i£
àvdyKrjs r)v Kal Tavrrjç avOis ov Oelas, /carà tovs ndXai ttotc
p.ovo<f>vcrlTas , àXXà ktiottjs ' r)s yàp <j>voeojs r) ivépyeia KTio-rrj,
aKTioros avrr) ovk eoTi.

8. IJpos Se, et ur) àvàpxovs è^et ivepyelas 6 @eôs, tovtojv -jo


tôv e-n-éVetva, Kadôaov to ivepyovv ovtoj tôjv ivepyovp.évojv
V7repé)(€i, ttôjs rrpoâvapxos Kal îmepdvapxôç eartv / 'Qs yàp
« virépdeos » ovk av fjv, KaTa tov p.éyav Aiovvoiov, et p,rj
« deoTTjs » iXéyeTO « to XPVH-0, t°û G^ottoiov Swpov », o « aet
» eoTtv e/c toô àei ovtos Qeov » /carà tov Qeîov MdÇip.ov ' 25
eî yàp p.r) tovto Soir] tiç, ttjs tov 0eov <j>vaeois p.e6é£ovaiv
ol 0eovp,evoL Kal <f>voet || éoovTat deoi. 'Qs odv, et p.r) rj XaPlç lf-ïl3»'
ttjç dewoecos r)v, ovk âv « vrrépdeos » iKaXeÎTO 6 Geôs,
ovTa>s ovBè « imepdvapxos » KXrjOelr) âv, et p.rj, KaOarrep o

CVSL
7IO GRÉGOIRE PALAMAS

n'en est pas ainsi, les hommes déifiés participeraient à la nature


de Dieu et seraient Dieu par nature. Donc, de même que Dieu
ne serait pas appelé plus-que-Dieu, s'il n'y avait pas la grâce de
la déification, de même, il ne serait pas appelé supérieur-à-ce-qui
est-sans-commencement, si le divin Maxime n'avait pas raison
de dire : L'immortalité, l'infinité, l'entité et toutes ces réalités qui
par essence sont contemplées autour de Dieu sont des œuvres sans
commencement de Dieu 1. Comment, si la grâce n'est pas sans
commencement, l'homme, selon le même saint, en participant à
cette grâce, deviendrait-il « sans commencement », comme Melchi-
sédech, dont on dit que les jours n'ont pas commencé et la vie n'eut
point de fin 2, ainsi que tout homme qui, comme Paul, vit de la vie
divine et éternelle du Verbe habitant en lui 3 ?

Les yeux corporels 9. — Mais, dit-il, même si on s'accorde


voient la gloire de pour dire que les énergies divines sont
Dieu. •■ ■ . . .
mcreees, il n en reste pas moins que per
sonne ne les a vues, à moins qu'elles ne soient devenues créées.
Nous laisserons maintenant de côté la démonstration de ce
que jamais elles ne deviennent créées, mais que seuls sont
créés les participants, alors les réalités participables pré
existent en Dieu, et que s'il n'en était pas ainsi, les créa
tures participeraient à l'essence de Dieu, ce qui est la plus
grande des absurdités. Personne ne les a vues ? Mais nous
ne voyons pas non plus les objets éloignes comme s'ils étaient
sous nos yeux, ni l'avenir comme s'il s'agissait d'un présent :
nous ne connaissons pas la volonté de Dieu à notre sujet, avant
qu'elle ne se réalise ! Pourtant, les prophètes connurent le dessein
qui préexiste en Dieu avant les siècles avant qu'il ne se soit
accompli ! C'est ainsi que les disciples choisis, comme tu entends
l'Église le chanter (à moins que tes oreilles ne soient bouchées !),
virent au Thabor la beauté essentielle et éternelle de Dieu *, non
pas la gloire que Dieu retire des créatures, selon ta basse con

1 Cent, gnost.. I, 48 (PG, XC, 1100 D).


1 Hébr., VII, 3.
•Cfr s. Maxime, Ambiguorum liber (PG, XCI, 1144 BC) ; cfr Cap.. V, 85
(PG, XC, 1384 D).
* Cfr Calhisme après le polyéléon aux matines du 6 Août.
TRIADE III, 3, 8-9 711

€eîoç Kal tovto MâÇipôs <f>Tjaiv, « âvap\a epya tov &eov


» èoTiv r) àdavacrîa Kal r) àVetpi'a Kal r) ovtottjç Kai ocra
» TTf.pl tov Oeov ovaiwSws BeœpeÎTai ». Ilôts 8è *cat Karà
p-éôeÇiv rrjs Toiavrrjs xapt/ros, Karà tov avrov âyiov, « avap-
» ^o? ylveraL 6 âvdpœTros KaOârrep â MeÀ^tcreSeic, prjre 5
» àpx^jv rjpepwv, p.r)T€ £0177? tcÀo? kayr\K€vai p.aprvpov-
» p.evos », Kal « wâs 6 /tara FJavXov ttjv tov ivoïKrjoaVTOS
» Aôyov t,û>v dciav Kal dtStov Çair/v », et p.r) âvapyoç f] X^-PIS
eïrj ;

9. « '^4AA' eî Kai ris Soir/ » tftrjcrlv « eL/CTtarou? elvai ivep- 10


» yelas 6eias, oùSet? cwpaKev auras, et /at/ /crierai yeyd-
» vaati/ ». "Otl p.èv ovv ovhéiroTe è/ceîvai ylvovTai /CTic/rai,
àAÀà jLtova rà peTexovT<i eon ktioto., tû>v p.€deKTÛ>v irpoôv-
T(ov iv ©eu», Kal ai? et pr) tout' €117, ttjs oùcri'a? tov ©eov
rà KTiOfiaTa peOéÇovoiv, S rravros pSÀXov S.tott6v e'ori, 15
tovto pèv ovv à<f>œpev vvv. 'AXX' ovbe Ta Troppœ a»? vit
6<f)9a\povs rjpeîs ôpœpev, ov8e Ta p.éXXovTa ai? iveoTÛJTa,
ov8è tÔ rrepl rjpôjv OeXrjpa tov ©eov, et pr) è/cjSatry, yivwoKO-
p.ev rjpeîs ' ol Se Trpo<j>rjTai Kal ttjv iv @eû> Ttpo tô>v alwvwv
évvTrdpxovoav iyvôjKaoL jSouÀtjv, p-rynui àrroTeXeoBeîoav. Ovtoj 20
Kal ol eKKpiToi TÛiv padrjTœv, KaOdiTep aKoveis ipdXXovoav
T7]V 'EKKXr/cnav, et prj e/c/ce/ccoc^T/crat rà a>Ta, ttjv ovonôhr)
tov ©eov Kai àî8iov evirpéneiav eî8ov iv ©afîwp, ov ttjv
àrro TÔ)V KTiarpaTtuv 86£av tov ©eov, ai? avTOS Xa/iat^7î^a,5
VTre(.Xrj(/)as , aAA avT-qv ttjv vtrép^wTov tov àpx^Tvrrov koXXovs -5
Xap.TTpoT'qTa, avro ro avelhtov eîSos ttjs BeÏKrjç œpaiOT-qTOS ,
Si' o5 deovpyeÎTai /cat t^? Trpos irpéacurrov deîas ôpiXCag
KaTaÇiovTai 6 dvQpoirro? , avrrjv ttjv àtStot' /cat àStaSo^ov
^aaiXelav tov ©eov, avro to vrrkp vovv Kal àirpôoiTov <f>â>s,
<f>û)S ovpdvLov, ârrXeTov, âxpovov, àîSiov, <f>â>s àTraoTpaTrTov 30

CVSL
712 GRÉGOIRE PALAMAS

ception, mais l'éclat supralumineux lui-même de la Beauté


de l'Archétype l, l'invisible vision elle-même de la parure divine,
qui déifie l'homme et le rend digne de relations personnelles
avec Dieu, le Royaume même de Dieu, éternel et sans fin, la
lumière elle-même, supraintelligible et inabordable, la lumière
céleste, infinie, intemporelle, éternelle, la lumière qui fait jaillir
l'incorruptibilité, la lumière qui déifie ceux qui la con
templent ; ils virent, en effet, la grâce même de l'Esprit qui
vint plus tard habiter en eux2 ; car il n'y a qu'une grâce du Père,
du Fils et de l'Esprit, et ils la virent avec leurs yeux corporels qui
furent ouverts pour qu'ils puissent voir, eux qui étaient aveugles,
selon le divin Jean de Damas 3, et contempler cette lumière
incréée qui, même dans le siècle à venir, ne sera visible sans
cesse qu'aux seuls saints, selon les saints Denys * et Maxime.

Vision dans le dé- 10- — Vois-tu ? Ces divines énergies


passement de soi. sont en Dieu et demeurent invisibles
pour les facultés créées ; mais les saints les
voient, parce qu'ils se sont dépassés eux-mêmes avec l'aide de
l'Esprit. Il est dit, en effet : Celui qui a été digne de pénétrer en
Dieu connaîtra toutes les raisons des êtres préétablies en lui, selon
une connaissance simple et indivisible 5. Et encore : 77 n'y aura
plus de raison de diviser en de nombreuses parts l'âme pensante,
lorsque cette âme sera ramenée à elle-même et à Dieu, car sa tête sera
alors couronnée par le Verbe de Dieu, le premier, l'un et l'unique,
dans lequel, d'une manière unifiante, toutes les raisons des êtres
sont préétablies en une seule simplicité incompréhensible ; lorsqu'elle
fixera ses regards sur ce Verbe, qui ne sera pas en dehors d'elle,
mais tout entier uni à elle tout entière dans la simplicité, elle con
naîtra elle aussi les raisons des êtres, grâce auxquelles, avant d'entrer
en union nuptiale avec le Verbe Dieu, elle se laissait peut-être
pousser à se servir des méthodes de la distinction 8. Ne vois-tu pas
que les hommes unis à Dieu et déifiés, qui fixent divinement

1 Cfr troisième Stichire de la Mi aux vêpres du 6 Août.


* La vision du Thabor n'est qu'une anticipation de l'intimité du Christ avec les
fidèles dans la vie sacramentelle de l'Église. Cfr supra, Tr. I, 3, 38.
» Hom. in Transfig., 12 (PG, XCVI, 564 C).
« Ps.-Denys, De div. nomin., I, 4 (PG, III, 592 BC).
» S. Maxime, Cent, gnost., II, 4 (PG, XC, 11 28 A).
• S. Maxime, Myst., V (PG, XCI, 681 B).
TRIADE III, 3, 9-IO 713

à(f>6apalav , (j>â>s deovv tovs deatpiévovs ' aùrr/v yàp eîoov rjv
Kal evoikov kayy^Kaaw vorepov ttjv Xc¥>('v to^ TJvevp.aTOS '
fila yàp X^PIS Tlarpôs, Ylov Kal IJvevp.aT0S, rjv et Kal <ja>p,a-
TtKoZç eîSov 6<f>0aXp.oîs , dXXà oiavotyeîoiv , œs (.k TV<f>Xâ)v
yevéadai flXirrovras , Karà tov ck Aa/xaaKov detov 'Iœdwrjv, 5
Kal îSeîv to CLKTiaTov €K€Îvo <f>œs, S Kav rôt p.4XXovri alcôvi
toÎs àylois p.6vois aKaTaXrjKTWS tarai dearôv, Karà tovs
àyiovs Aiovvoiôv Te Kal Md£ip.ov.

10. 'Opâç Sri Tas KTtoT-fj $vvdp.ei àopciTovs iv tû> 0eâ)


Oelas ivepyelas 01 ayioi 8ià tov IIvevp,aTOS VTrepavafiàvres 1°
éavTovç ôpwGiv ; « '0 yàp àÇiœOels » <f>rjoiv « iv tû> 0eû>
» yeviaOai, rtâvTas etaercu tovs iv avTÛ> tû>v ovtcov TTpovff)-
» eaTcùraç Xôyovs Kad' àirXrjv riva Kal àStalpeTOV yvwoiv » '
«rat ttoXlv " || <( Trjv ijjvxr)v -rrpos èavTrjv Kal tov ©eov ovvaxdeî- || * - 223"
» oav, ovk ioTai 6 els iroXXà /car' irrlvoiav avTrjv en Siai- 15
» pwv Xôyos, Tœ irpojTip Kal p,6vœ Kal evl Aôyto Te Kal &eû>
» KaTeoTCjxixévr/V ttjv K€(f)aXrjv, iv ai «:arà p,iav aTrepivô-
» rjTOV àirXÔTrjTa irdvTes ol Ttôv ovtwv Xôyoi evoeiSiôs ~rrpov<f>-
» eaTTTjKaoïv, <L ivaT€vit,ovoa ovk e/crôç aiiTrjs ovtl, àXX'
» iv oXrj oXcu Kad' àirXrjV TrpoafioXjjv , etcrerat Kal aùrr) tovs 2°
» tû>v Ôvtu>v Xôyovs, Si ovs tu^ov, rrpiv vvp.cf>ev6i)vai tû>
» Aôyw Kal 0eâ>, raîç BiaipeTiKaîs vrrqyeTO /.te^oSoiç ».
'Opâs aiç où Kad' rj[j.âs opcùoiv ol iv ©eû> yevôp.evoi Kai
ôeœOévTes Kal npos aiiTov ivOéœs àrevi^ovreç / AloOijoei. yàp
rà virèp aïoOrjcriv Kal vâ> Ta virkp vovv ôpâjcru 8avp.aaiœs , 25
Tatç àvQpojTTLvais iÇeoiv iyyLVop.évrjs tt)s tov TIvevp.aTos
8vvdfieu>s , 8t' rjs ôpwoi rà virèp ly/xâç. 'Hp.œv ovv ttj alaôrj-
orei ovvaTTTOvTœv àet to virèp aïodrjcnv, âiç jucra tov virep-

CVSL
714 GRÉGOIRE PAL AMAS

leurs regards sur lui, ne voient pas comme nous ? Miraculeuse


ment, ils voient avec leurs sens ce qui dépasse les sens, et avec
leur intelligence ce qui dépasse l'intelligence, car la puissance
de l'Esprit pénètre leurs facultés humaines et leur permet de
voir ce qui nous dépasse. Alors qu'en parlant d'une vision par
les sens, nous ajoutons toujours qu'elle dépasse les sens, pour bien
montrer qu'elle n'est pas seulement surnaturelle, mais dépasse
toute expression, ce sophiste du mal, par des distinctions so
phistiques, pense s'opposer à nous et trompe les gens qui rai
sonnent comme des enfants, avec ses bavardages sur des hommes
qui considéreraient le Divin comme une réalité sensible. Il agit
comme quelqu'un qui, sous prétexte que Dieu est appelé « essence
suressentielle », séparerait l'essence du Suressentiel et n'aurait
pas honte de tenir les propos suivants : Puisque vous dites que
Dieu possède une essence, il en résulte que Dieu est soit une réalité
idéale, contemplée par le raisonnement pur, et n'existe pas réellement,
soit un corpuscule indivisible. On lui répondrait, comme nous
répondons justement à cet homme que l'on a raison d'appeler
« paganolatin » * : « Tu te connais en théologie comme un bœuf
et un âne en chant ; ainsi, lorsque nous parlons d'une réalité
spirituelle et supraintelligible, tu l'interprètes pour nous accuser
comme si elle était accessible aux sens et tu identifies ce qui se
rapporte à cette réalité avec ce qui possède une existence propre,
alors que l'un est très différent de l'autre, et tu considères tous
les phénomènes naturels qui peuvent se produire autour de
Dieu, comme ses attributs ».

Dieu est-il sem- 11. — Mais, dit-il, Dieu ne différerait


blable aux objets aucunement des choses visibles, si on pou
vait le voir d'après ce qui est autour de
lui; chaque chose visible, en effet, est visible non pas dans son être
propre, mais d'après ce qui est autour d'elle; ce n'est pas l'essence
du soleil que perçoit la vue mais ce qui est autour d'elle. Tout
d'abord, l'exemple que tu proposes montre que tu calomnies
volontairement Dieu et ses saints : on appelle en effet, soleil

1 Le sobriquet de AaiWAAijr, que Palamas reprendra encore plus bas (§16)


est destiné à souligner à la fois l'origine occidentale du Calabrais et sa prédi
lection pour les sciences helléniques.
TRIADE III, 3, IO-II 715

(pVOVS Kal TO VTTeptJVVUOV Sci^^Vat TTjÇ ÔpdoeœÇ €KelvT]S,


oiatpwv ao(f>iOTLKÔ>s o ttjs ica/aa? ao<f>ioTrjs oïerai ti Ka6*
•quâiv Xeyeiv Kal tous 7rai8apic68eiç rfjv otdvoiav iÇairaTÔ.,
KaTatf>Xvapwv rœv aiadrjTov Taxa to Oeîov olofiévwv, warrep
S.v el T6Ç rœv « ovaiav wrepovatov » Xeyàvratv tov 0e6v, 5
SicAa»' tov înrepovalov rr/v ovaiav, €?t' à<f>etoœç Kare<j>Xvd-
pet Xeyaiv cbç « èirel ovaiav é^eiv tov Oeôv <f>aT€, t) tùjv Kad-
» 6Xov tI iart iftiXi} p.ôvr) iTTivoia deatpovpevov Kal ovk
» eoriv àXrjOws, rj ti tô>v àropaiv ». 77pôç ov âv elirov ôrrep
Kal rjp.e'is irpos tov <pepœvvp.a>s XaTtvéXXrjva 8i#cai'a»ç tovtov 10
ai? « eoïKas ovra> tô>v irepl Oeov X6ya>v èiraîeiv a»ç /Joûs
» kcÙ ôVoç tcùv âSdVTcov. Ovru) yàp to 7rap' Tjp.wv irvevp.a-
» tikov Kal tmèp vovv Xey6p.evov û>s aiadrjrov Xeyôvrojv
» irapaKovaiv rjfiûjv KaTrjyopeîs, Kat Sia<f>opa)Ta.TOV ovros
» tov KaT avTov tov Ka9* avro, a»ç Tavrov avroç aKoveis 15
» Kat TÛ>v irepl Oeov ôoa <f>vaiKa, KaT ai)Tov r/yi) ».

11. « MAA' ovSevôs » (prjaiv « «forai hux<f>épa>v 6 0eos twv


» ôpwpévwv, el e#c tôV wepî aùrôv ôpârai " #cal yàp ê/caarov
» TOVTOIV Oj)/C C/C TCÔV KOT aÙTO, àXX €K TO)V TT€pL aVTO
» èaTiv ôpcôuevov r)Xlov yàp où ttJç ovalas àvTtAapjSavcrat 20
» 17 o</»is, àAAà tcDv irepl avr-qv ». TIpwTOV p.ev ow airo tov
aol irporeOévros irapaoelyparos uvKO<f>avTrjs eKœv ava-
<f>alv7) tov Oeov Kal tû>v àyliov avTov ' yXios yàp Kat rj aKTLS

CVSL
12-13 Trv€vnaTiK6v ont. S.
716 GRÉGOIRE PALAMAS

aussi bien le rayon que l'origine du rayon, et il ne s'en suit pas


qu'il y ait deux soleils. Il y a donc un seul Dieu, bien que l'on dise
que la grâce déifiante, qui provient de Dieu, est Dieu ; la lu
mière relève elle aussi de ce qui est autour du soleil : elle n'est
certes pas l'essence du soleil. Comment donc la lumière
qui provient de Dieu pour illuminer les saints serait-elle l'es
sence de Dieu ? La lumière du soleil apparaît-elle lorsqu'on la
voit ou existait-elle avant qu'on ne l'ait vue ? A plus forte
raison en est-il ainsi de la lumière qui déifie ceux qui la con
templent. Ensuite, si pour cette raison Dieu ne diffère en rien
d'aucun objet visible, pourquoi ni toi, ni ceux qui te ressem
blent, ni même des hommes bien meilleurs que toi, ne le voyez-
vous pas ? Que tes yeux, qui sont aveugles à cette lumière
contemplée par les saints, ferment donc aussi ta bouche qui
profère de tels blasphèmes contre cette divine lumière, en
t'enseignant qu'elle n'est ni naturelle, ni visible far l'air 1 !
En affirmant cela, tu ne te prives même pas d'insulter le siècle
futur : tandis que les hommes qui parlent en Dieu disent clai
rement que nous n'aurons alors besoin ni de l'air, ni de la
lumière qui passe par l'air2, tu déclares néanmoins que cette
lumière inaccessible aux facultés des sens, cette beauté du siècle
éternel à venir, est sensible et qu'alors aussi elle sera visible
par l'air !
Dieu se manifeste- 12. — Mais même si j'enveloppe cette
t-il à la seule in- iumière d'invisibilité, dit-il, j'ai tout de
8 même mes oreilles ouvertes pour entendre
celui qui dit : Dieu peut être figuré par la seule intelligence d'après
ce qui est autour de lui, car il illumine la partie maîtresse de
notre âme seulement lorsque nous sommes purifiés, autant que la
promptitude d'un éclair instable illumine la vue 3. Vraiment, tu
es semblable à un aveugle, auquel un voyant aurait appris ce
qu'est la lumière et qui avant d'écouter son maître jusqu'au
bout, dans une suprême folie, s'opposerait à lui, comme s'il
savait mieux lui-même et allait se mettre à enseigner ! Que dit

1 Cfr citation de Barlaam, Tr. III, 1, u.


* S. Grégoire de Nysse, De anima et resurrectione (pg, XLVI, 104 C).
* Citation de Barlaam se référant à s. Grégoire de Nazi anze, Hom., XLV, 3
(PG, XXXVI, 625 C - 628 A).
TRIADE III, 3, 11-12 717

KO.I ôdev i) àiCTiç KaXeÎTat. Kal ov 8vo irapà tovto rjXtoi '
Toiyapovv eîs Qeôs, et Kal 17 ck Oeov Oeoiroios OeoXoyeÎTat
Xapis' Kai tô>v irepl tov rjXiov èari to <f>â>s, ovkow ovaia tov
■fjXiov. IIws odv ovaia Oeov to ck Oeov tovs àyiovs iiriXdp.-
irov (ptôs ', TL 8è to tov r/Xlov <f>û)S ; 'Opa>p.evov yiveTai rf Kal 5
irpo tov ôpâadai i)v ; IIoXXw /lâAAov hrjirovBev to Oeovpyovv
tovs [| Oeu>p,évovs <f>ws. "Eirena et p.-q8èv irapà tovto p.rj8e- {i.zw
vos t<ôv ôpœpévwv 8ia<f>épei 6 0e6s, ttôjs àpa aoi re Kal
toÎs /carà aé, p.âXXov Se Kal toîs iroXXîp aov KpebrToaiv
àvdpwirots , ov\ ôpâTai ; 01 aot toivw ô<f>daXp.oi, TV<f>Xol 10
ovres irpos to toîs àytois <j>â>s iiroiTTev6p.evov , Kal to aov
ord/Lia ifuf>pa£dTù)aav rotaûra els to deîov <f>â>s eKeîvo fiXaa<frri-
p.ovv, 8t,8à£avres us ov <f>vaiKov, oùSc « 81 àépos » eKeîvo
«ôpaTov». "0 StajSejSaiou/xcvos' avrôs, ov8è tov p.éXXovra al&va
avetrrjpéaaTOV a<fyrJKas ' Ttùv derjyôpwv yàp aa<f>â>s Xeyovrwv 15
a>ç ovk àépos Kal tov 81 avrov <j>a>T0S Tore 8erja6p.eda, ov
to p.7) XrjTTTov alaOrjTiKjj 8vvàp.ei tovto <f>&s, ttjv KaXXovriv
tov péXXovTos Kal pévovros alœvos, aladrjTov àiro<f>alvi) Kal
81 àépos Kal tôt' cîvai ôpaTov.

12. « .i4AÂ ci Kai irpos to tolovto <f>û>s àopaalav irepl- *v


» Keiuai » (f>7]aiv, « àAA' àvecpypéva alra éyusv tov Xéyovros
» àKovco <l)s ck tÛ)V TTt.pl avTov va» fiovco oKiaypa<f>eÎTai 6
» &eôs, ToaavTa irepiXàpTraw tjuûv to rjyep,oviKov Kal raûra
» K€Ka6app.évœv 5aa Kal ôifiiv àoTpairrjs Ta)(os ov% lara-
» p.évrjs ». "Ovt<ds 'éoïKas TV<f>Xû> irapà tov Ttùv épwvrajv 25
irepl <J>wt6s 81.haaK0p.eva), 8s irplv Sia/coûom tov SiSaoxov-
tos, vtto ttjs vTTepfiaWovarjs àvovoias, <hs avTos KpeÎTrov
el8â>s Te Kal 8t,8dÇœv eVaytararai tû> 8i8aaKaXa>. Ti yàp
iTpoïœv <f>rjot.v 6 deoXôyos ovtos ', «/lia tovto irepiXàp/Trei

CVSL

23 mpiXa^TTOv codd.
7l8 GRÉGOIRE PALAMAS

plus loin ce Théologien ? C'est pourquoi, Dieu commence par


illuminer très faiblement la seule intelligence, afin d'attirer à
soi par ce qui en lui est saisissable et d'être admiré dans ce qui
est insaisissable, pour être d'autant plus désiré qu'il sera admiré
et pour purifier celui qui le désire 1. Qu'est-ce qui est purifié
par ce désir ? L'intelligence seule ? Non. Car, selon les Pères,
elle n'a pas besoin d'un grand effort pour être purifiée et en
même temps, par nature, elle s'écarte facilement de la pureté ;
c'est pourquoi, elle peut être purifiée sans le désir divin, comme
ce théologien l'a montré, et une telle purification convient aux
débutants. Quant au désir divin, en purifiant toutes les facul
tés et les puissances de l'âme et du corps et en procurant à
l'intelligence la purification qui dure, il rend l'homme réceptif
à la grâce déifiante. Voilà pourquoi le Divin purifie celui qui
le désire; par cette purification il crée des hommes ayant l'aspect
de Dieu, s'entretient avec eux, lorsqu'ils ont atteint ce stade, comme
avec ses familiers et, pour oser dire une chose hardie, étant Dieu,
il s'unit à des dieux et se fait connaître à eux, à peu près aussi
bien qu'il connaît lui-même ceux qu'il connaît 2. Où est-il le
« faible éclat »? Il dit en effet : Ils connaissent Dieu à peu près
aussi bien que Dieu les connaît. Comment ? Non par de faibles
contacts rationnels, dont il parlait au début de ce passage, mais
parce qu'en Dieu ils connaissent Dieu, parce qu'unis à lui, ils
ont déjà acquis l'aspect de Dieu et saisissent, par une puissance
divine, les très divines grâces de l'Esprit, sur lesquelles ceux qui
n'ont pas l'aspect de Dieu et qui recherchent par la seule intel
ligence ce qui est autour de Dieu ne peuvent fixer leur regard.

La déification se- 13. — Il est déjà devenu évident que


Ion Maxime. la connaissance de Dieu par expérience
provient de la grâce qui donne à l'homme
l'aspect de Dieu. Mais comment saurons-nous que cette grâce
est aussi lumière ? Par le même Père ou par un autre qui enseigne
également par expérience ? Qu'un autre vienne donc nous le
dire, pour augmenter le nombre des témoins. Le divin Maxime,
après avoir parlé de l'union avec le mystère de la divine simpli-

1 S. Grégoire de Nazianze, ibid. (ibid., 628 A).


» Ibid.
TRIADE III, 3, 12-13 719

» Aiav â/tuSpâ>ç t<3 vw p.6va> ttjv àp^r/v ô Oeos, îva t<3 Xtjtttw
» p.èv êXKrf irpos èavrov, tô> 8è àX-qm-œ 0au/za£irrat, davaa-
ÇojLievov 8è nodjjrai irXéov, Trodovfievov 8c Kaôaîpjj ». Tl
Kadaipei irodovfievov ; Tov vovv dpa \xxtvov ', Ov ' Kal yàp oSros
Karà tovs varépas ov TroXXrjs crrrovSrjs els rô KaOrjpaoOai 5
Sclrai, pâord re ttjç KadapÔTTjTos iré<f>VK€V €kitLttt€iv, Swj
Kal xatplç tov de tov irôdov Kadapdel-q dv, œs o deoXôyos ovtos
ISci^e, Kal toîç cloayofiévois 17 TOiavTq Kadaparis eori kcltoX-
XrjXos. '0 8è Beîoç irôdos, irâaav ZÇiv re Kal Svvapuv ipvxVs
tc Kal awfiaTOS Kadaipatv icat t<3 vw fioviparrepav airepyaod- 10
fxevos ttjv KÔBapaw, Scktikov ttjs deoiroiov xdpiros tov
dvdpajnov 77-oieîrai. «zJtà tovto to 6eîov irodovfievov KaBai-
» pet., KaOaîpov 8è OeoetSeîs àTrcpyaTjcTcu, toloijtois Bè
» yevop.€vot,s ù>s oIkcIois 17877 TrpooofiiXeî, roA/xâ tl vcavi-
» kov 6 Xéyos, 0eos deoîs èvovp.evôs t€ Kai yvœpi^opievos, l5
» Kal tooovtov ïoats, ôoov 77877 ytvwoK€t tovs yivwoKOfié-
» vovç ». IJov to àp.vo'pov èvravOa ttjs eXXdpuf/eœs ,' « Kadôoov
» ydp » <pr)oi « yai(î)(jK€i o Oeos avrovs, Karà tooovtov ïows
» Kal avToU <pT)oi «yivwoKovoi Oeov». Ilôts; Ov oiavoias
ap.v8paîs einfioXaîs, Kaddirep àp^ôp-evos tov Xoyov eîprjKev, -'o
àAA' èv 0eœ Geov ttSoreç || Kai Sià ttjs irpos avrov ivtoaews 1 f- «4"
OeoeiBeîs 77877 yeyovdTCS1 Kal deoeiSeî Svvdfiet raî? fleioTaTatç
C7Tij3aAAovT€ç xdpLOi tov IJvevp.aTos, aïs ivarevlÇeiv tovs fir)
deoeiSets Kal vû> p,6vu> ÇrjTovvTas Ta -nepl Qeov dp/qxavov'•

13. '^4AA' a>ç /ièv T77 ôeoeiSi) tov dvôpumov iroiovorj --5
xdpiri tov @€ov yivdjOKti 6 vadùiv 17877 yéyove aa<f>és.
fI66cv 8' on Kal <f>œs avTrj cotIv eloofieda ; IJapà tov avrov
irdXiv r/ Kal dXXov tov tû>v 8ià irelpas SiSaoKovrtov ,' TlapvTOj
Toivvv €T€pos, œs irXclovs elvai tovs avfxp,apTvpovvTas. Elirœv
yàp 6 deîos Mdi;ip.os ttjv yevrjaofiévrjv èirl tov fiéXXovros 30
attôi'os' tcôv âyt'cov êvwoiv Trpos to ttjs Oeîas ànXoTTjTOS Kpv<ptov,
iirdyet. ' « Kad' Sv ttjs d<f>avovs Kal îmepappTjTov 80^77? to

CVSL
720 GRÉGOIRE PALAMAS

cité qui attend les saints dans le siècle à venir, conclut : Alors,
en observant la lumière de ta gloire cachée et swprainaicible, ils
deviennent eux aussi capables de recevoir la pureté bienheureuse,
avec les puissances célestes. Mais comment savons-nous que cette
lumière est aussi déification ? Écoute le même Père. Après avoir
exprimé, autant qu'il est possible, la manière dont les hommes
déifiés s'unissent à Dieu — une union semblable à celle de l'âme
avec le corps, afin que l'homme tout entier soit déifié, divinisé par
la grâce du Dieu devenu homme —, il conclut : Il reste homme tout
entier par nature, dans son âme et son corps, et devient Dieu tout
entier, dans son âme et son corps, par la grâce et par l'éclat divin
de la bienheureuse gloire dont il est tout entier paré l. Vois-tu que
cette lumière est un éclat de Dieu ? L'éclat de Dieu serait-il
donc créé ? Mais écoute la suite : On ne peut rien imaginer de plus
lumineux et de plus sublime; car ceux qui sont dignes de la déifi
cation, que peuvent-ils désirer de plus ? 2 As-tu entendu que cet
éclat est la déification et que, pour ceux qui en ont été rendus
dignes, rien n'est plus sublime ? Mais veux-tu apprendre qu'elle
constitue aussi le lien par lequel Dieu est uni à ces hommes qui en
sont dignes ? Écoute encore ceci : Par elle, Dieu, uni à ceux qui
sont devenus dieux, fait dans sa bonté que l'univers devienne sien 3.
C'est donc là le don déifiant que Denys l'Aréopagite, flambeau
très lumineux d'Athènes, appelle « Divinité » tout en affirmant
que Dieu est au-dessus de ce don 4. Que deviennent alors ta
« connaissance », ton « imitation », ton « dépouillement », avec
lesquels tu cherches à te dépouiller de la multitude et à dépouiller
la connaissance, qui provient de la foi, de la vraie imitation de
Dieu qui nous dépasse ?

Transcendance ab- 14- — Mais> affirme Barlaam, même si


solue de Dieu. Denys a dit que Dieu dépassait cette Divi
nité-là, il n'a pas dit que Dieu dépassait
même le non-être par transcendance. Il ne te l'a pas dit à toi, cela
je le sais bien ! Ce n'est pas à tes oreilles qu'il parle, mais aux

1 Ambiguorum liber (PG, XCI, 1088 C).


*Ibid.
*Ibid.
'Epist. II (PG, III, 1068-1069).
TRIADE III, 3, I3-I4 721

» <f>œs iiT07TTevovT€s , ttjs 11a.Ka.pLas uerà tô>v dvio 8vvàp.ea>v


» Kal avroï 8cktikoI ylvovrai Ka0ap6n)Tos ». 'AXXà irôdev
on Kal Bernois tovtI to <f>G>s ', Tov avrov 7rdXw aKovaov '
elrrwv yàp tov rpôirov tôs i<f>iKrov ttjs tov 0eov irpos tovs
deo7Tot.ovp.€vovs évœoectis — tôs faxVS irpos aâ>p.a ylverat 5
rpôirov, Iv SXos âvdpwTTos deœdrj, rfj tov èvavdpanrrjoavros
0eov xapiTi.deovpyovp.ivos — èirdyei " d'OXos dvôptoiTOS p-évwv
» Karà i/fvj(T}V Kai aâ>p.a 81À ttjv <f>voiv Kal SXos yivô/xevos
» 0eos Karà fpvx*)v Kal aâ>p,a 8ià ttjv X'*PIV KC" TVV è/Mipe-
» trovaav aura) 8i6Xov Oelav ttjs uaKaplas 86£r)s Xauirpô- 10
» Ttyra ». EÎ8es tôs Xap.irp6rr)s tov 0eov ioTt, to <f>û>s ckcivo ,'
Ti ovv, r) XafjiTTpoTrjs tov 0eov ktiotov ,' \<4ÀAà rtàv iÇijs
aKOve ' « Mc6' rjv ovk eoriv eTTivorjoal ti XapmpoTtpov r) vifrrj-
» XoTepoV ti yàp Oetôaeats toîs àÇiois ipaoaiwTepov ,' »
"HKovaas Sri r) Xap.TTpoTr)s avTrj Oéwois ecrri Kal tôs oi8èv 15
toîs àÇiœOeîotv viprjXoTepov ttjs Oeœpias TavTtjs ,' 'AXXà
0eÀeiç p.adeîv ojs avTrj iarl Si' rfs toÎs àÇlois o 0eos cvovTai ,'
Tœv iÇrjs avOis aKovaov ' « KaO' rjv 6 0eos 9eoîs ycvop.évois
» ivovp.evos to irâv iavTov iroL€ÎTai 8l àyaQÔTtyra ». Tovr
âpa to OeoTTOiôv èoTt. 8â>pov, S « acérr/Ta » KaXéaas o i£ 20
'Apelov irdyov Ttov ''A6r)vû>v (fravôraTos <f>ojon]p eWe/ceiva
TavTTjs eîvat Xéyei tov 0e6v. Tlov 8r\ aoi r) yvwais Kai r]
p.ip.rjais Kal r) à(f>alpeais, Si' <ôv av oirevSeis à<f>aipeîo0ai
Tœv ttoXXwv Kal ttjv eK irloTeois yvâtoiv ttjs vrrkp rjp.âs
Kal ô^Tatç Oeofu^rjcrias ,' 25

. « AAA ou^i Kai. VTrep to Kau VTrepox'fjV p.rj ov tov


» 0e6v eïprjKe » <f>r)oiv, « et Kal irrèp TavT-qv ttjv deorrjTa
» TrpooeÎTre tovtov ». Soi ye ovk eïprjKev, ev ol8a' XaXeï
yàp ovk els Ta ad, dXX' els aira àKovôvrœv ' eori yap p.aKa-
pu>s. "OTav yàp Xéyrj tov 0e6v « virepovot.a>s *Xeiv T0 ^7TeP~ 3°

CVSL

2 Kal post àXXà adil. V [| 21 Atovvoios 6 post ndyov add. L || ^oiarrip : àoTTjp VS.
722 GRÉGOIRE PALAMAS

oreilles de ceux qui écoutent, car il est bienheureux. Lorsqu'il


dit, en effet, que Dieu possède suressentiellement le suressentiel 1,
ne dit-il pas simplement ceci : puisque le non-être par transcen
dance est suressentiel, Dieu est encore au-dessus, car il possède
suressentiellement le suressentiel. Mais quelle est ton attitude en
vers celui, ou plutôt envers ceux (car ils sont un, conformément
à la prière du Maître 2 et lorsque nous nous référons à l'un d'eux,
nous nous référons à tous les saints), envers ceux qui parlent
d'un Dieu infiniment transcendant à toute déification rendant
conforme à sa Suressentialité ? Que répondras-tu à celui qui affir
me que la transcendance de Dieu est au-dessus de toute affirma
tion et de toute négation 3 ? N'est-il pas au-dessus du non-être
par transcendance ? On dit aussi que Dieu est au-dessus de l'im
mortalité, de la vie et de la bonté incréées ; et pourtant, ne pou
vant fixer ton regard sur les cimes de leur solide théologie, tu as
ouvertement traité d'impies ceux qui parlent ainsi — ô hardiesse,
ô erreur dont tu es victime ! — et tu les as tous repoussés. Mais
eux, ne tenant aucun compte de ton opinion terre à terre et de
ta langue audacieuse, n'ont fait qu'ajouter à tout cela que
Dieu était transcendant une infinité de fois *, car ils savent que
sa transcendance est inexprimable par quelque pensée ou quel
que parole que ce soit. Mais en voilà assez sur ce sujet.

Transposition des 1^. — Il nous faut aussi montrer briè-


passions. vement que cet homme a transformé la
vertu en vice. Il appelle « impassibilité »,
l'état dans lequel la partie passionnée de l'âme se trouve à l'état
de mort : L'activité de cette partie passionnée de l'âme, dit-il,
plus que toute autre chose, aveugle et arrache complètement l'œil
divin ; il ne faut donc permettre à aucune de ses facultés d'entrer
en action 5. Oh ! La haine pour le mal, l'amour envers Dieu et
le prochain arrachent-ils l'œil divin ? Car ce sont là aussi des

1De div. nomin., II, 10 (PG, III, 648 D).


• Jean, XVII, 21.
• Ps.-Denys, De mystica theologia, V (PG, III, 1048 B, et passim).
♦S. Maxime, Cent, çnost., I, 7 (PG, XC, 1085 B), I, 49 (ibid., 1101 A); Ai
Thaï., LXIII {ibid., 673 D), etc.
• Cfr. texte de Barlaam cité plus haut, Tr. II, 2, 23.
TRIADE III, 3, 14-15 723

» ovaiov », tL ye dXXo Xéyet r) ôrt èirel virepovaiôv i<m to


Kad* \m€po)(7)v p.r) ov, vrrèp tovto 6 Geôs iariv, vTrepovaUtis
exo)v to vrrepovaiov ; TL 8è 6 Xéyœv, p,aXXov Se oi Xéyovres,
êv ydp elai Karà -rqv SecnroTiKTjv ev)(r)v Kal 81' évos Toits
àyLovs arravras || Trpoa.yop.ev, ri oSv ol Xéyovres Trjs xad' 511.225»-
VTrepovatOTTfTa Oeœoeœs àneipais e^T)p-qp.évov eîvac tov ©eôv ;
TL 8e o elirùiv 7rdo~qs Béaews Kai à<f>aipéo~ews èireKeiva elvat,
tt)v tov Geov vnepoxrfv ; *Ap' oi>x vrrèp to Kad' VTrepox^iv
p/r) 5v ; Kal VTrèp ttjv ô.ktiotov adavacriav Kal £,wr)v Kal
àyaOÔTrjTa <f>aaiv etvai tov 0e6v, et Kal ai) roiis tovto Xéyov- 10
ras npos to rrjs aù-rtôv àacfraXoGç OeoXoyias vipos aTeviÇeiv
ov 8vvdp.evos , <f>ev rrjs TÔXpvqs, <f>ev ttjs arraTTjs t\v €ttcttov-
dciç, àcrejSeîç Tpavœs rrpooeiprjKas Kal àireK-rjpvÇas a-rravras.
'AXX' eKeîvoi aov Kal ttjs oi)s xap-ai^r/Xoi) yvcôp.r]s Kai ttjs
TrâvTa ToXp.wo~T]S yXwTrqs p/q8éva Xéyov Trot.ovp.evoi , Kai to 15
« àrreipaKis à-nelpiDS » cttI tôjv toiovtoiv Trdvrwv ttj Oeiq.
TrpoaédrjKav virepoxfj, koivjj irdoais iwoLais Kal Trâoi pr]p.a-
olv â<f>paoTOV el8ÔTes aiiTTjv. 'AXXà tovtwv p.èv aAiç.

15. "Ottojs Se Kal TTp> àpeTrjv KaKiav ovtoç eTTolrjoev


ws èv [ipaxeî 8eiKTéov. ' A-ndôeiav elvai Xéyei ttjv tov TradrjTi- 20
kov Ka9' é£,iv v€Kpojoiv. « Ai yàp tovtov » <f>r)olv « èvépyeiai
» /xaAtara -ndvTœv eKTV<f>Xovoi Kal KaTopvrTovai to deîov
» ô/i.ju.a ' Set 817 Karà p.rj8ep.Lav êavTov 8vvap.1v tovto èvep-
» yov iâv ». Bafiai ' ttws KaTopvTTei to Oeîov 5p.p.a to vpos
Ta Trovrjpà pÂ.009 Kai rj npos tov ©eov Kal tov 7rXr]0-iov àryâirq ,' 25
Kal Tavra yàp tov TraOrjTiKov elaiv ivépyeiai ' TavTT] yàp rfj
8vvdp,et rrjs ipvx?}s àyaTTÔ>p.év Te Kal àTTOTpeir6p.eda, oiKetov-
p.e9d Te Kal àXXoTpiovpeOa ' p.€Tadeot.v toLvvv ol ipaoral
tôiv KaXœv TTOtovvTat ttjs Svvdpecus TavTTjs, àAA' où^î vé/cpto-

CVSL
6 8e wae tus '■ Séofajs CVL |) tov 6cov : rijv 8«ÔTijTa L.
724 GRÉGOIRE PALAMAS

activités de la partie passionnée de l'âme ! C'est en effet avec


cette faculté-là de l'âme que nous aimons et que nous nous détour
nons, que nous nous unissons ou demeurons étrangers. Ceux qui
aiment le Bien font donc une transposition de cette faculté et ne la
font pas mourir ; ils ne l'enferment pas en eux-mêmes sans lui per
mettre aucun mouvement, mais la font agir dans l'amour en
vers Dieu et le prochain, car, selon la parole du Seigneur, de
ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes l.
Mais si ces commandements arrachent l'oeil divin et soumettent
aux passions celui qui vit conformément à elles, quelle autre
vertu ne serait-elle pas vice ? Nous avons montré tout cela
dans nos traités antérieurs * et aussi dans ceux que nous proposons
aujourd'hui 3 ; nous avons aussi donné la liste et la réfutation
de tout ce qu'il a enfanté et exposé dans ses propres traités
contre nous et nos Pères ; nous tirons gloire d'être insulté en
commun avec eux, car nous communierons certainement ainsi
à la bénédiction qu'ils ont reçue.

La conclusion de 16- ~ Et voici la conclusion générale


toutes les hérésies, que nous pouvons tirer ; si l'on veut
considérer toutes les mauvaises hérésies,
apparues depuis le commencement des siècles jusqu'aujour
d'hui, comme un écrit de Satan, divisé en autant de chapitres
que d'hérésies suscitées à toutes les époques par ses ruses, le
livre de ce paganolatin en est l'épilogue ! Après avoir calomnié
l'Ancienne Alliance de Dieu, il n'épargna pas la Nouvelle ; ayant
péché contre la divine nature, il ne manqua pas d'insulter la
venue de Dieu en chair ; ayant outragé la contemplation spiri
tuelle, il ne se priva pas d'attaquer la pratique de la vertu ;
après s'en être pris à la vie des hommes bienheureux dans le
siècle présent, il mit la main à ceux du siècle à venir ; il a atta
qué tout ce qu'il y avait de beau, de sacré et de divin dans le
présent ou le passé, d'accessible ou d'inaccessible, tout ce que nous
espérons et tout ce que les hommes dignes reçoivent en qualité de
prémices, les saints qui vécurent avant ou après la Loi ; presque

» Matth., XXII, 40.


» Cfr surtout Tr. II, 2, 19, 22-24.
* Cfr supra, § 12.
TRIADE III, 3, I5-l6 725

atv, ovk àKtvrjTov KaTaKXeloavres èv éavroîs, àXX' èvepyov


Scî^avres èv ttj irpos tov Oeov koI tov irXrjatov àyaTrr), aïs
« 8valv èvroXaîs » Karà tov tov Kvpiov Xôyov « âwas ô
» vôpos Kal ol 7rpo<f>r}TCU Kpépavrai ». El 8' aurai rô deîov
6p.p,a KaTopvTTOVOL koX tov KO.T auras ÇcDvra èpTradrj ttoi- 5
ovol, tIs t&v aAAaiv àpeTœv ov Kcucia; Tovtojv fiev ovv
€Kaarov Sia Te twv irpoTeptov •qp.eTepojv Xôyatv icàv toîs
vvv T)pXv TrpoT€0€ip.€vot.s è8el£ap.ev, KaTaXéfjavres koli èije-
XéyÇavres Kal ôaa ko.0' r)p,â>v *cai twv €<j>* i)p.œv traTépojv
€VT€KOiV TOÎS oIkCLOIS XÔyOlS TtpOvdf]KeV , èyKaXXùJTTL^OpeVOl IO
t<3 KOtvojvol yevéoQai rfjs irpos tovs àylovs vfïpeojs ' ttclvtùjs
yàp Kal Trjç evXoyias Kotvoivqoop.€V avroîs.

16. 'Ekcîvo p,évTov TTpooTjKei ovvi8eîv dts et rtç èdeXrjaeie


aa.Ta.vi.Kov olov avyypappa ràç àV alwvos a-XP1 vvv irovrjpas
at.péo€is ovopâaai, Karà KetfydXaia 8ijjprjuevov etç ràs aXXoTe 15
âXXws vnofloXaîs èxelvov (f>vop.évas, èiriXoyov elvai roûra»/
àiraocùv to tov XarLvéXXrjvos tovtl flifiXiov. 0v8è yàp rfjs
iraXaiâs 8iadrjKrjs tov @eov KaTaipevoâp,evos , ttjs Kaivrjs
€<j>€toaTO, ov8è els ttjv Oeiav |[ <f>voiv âpapTOJV, ttjv 8ià oap- 11 f. 225»
kos tov Qeov eTTi.hrjp.iav eïaaev àveTrrjpéaaTov , oùS' eiç ttjv 20
TTV€Vu,aTLKr)v vfipiaas deojptav ttjv ttjç àpeTrjs Trpâ^tv àSia-
fiXrjTov KaTeXiTrev, ov8è rfj t<vv paKapiwv àv8pâ>v /carà tov
vvv alôjva èmOépevos £cotj toîs tov p.éXXovTOS acâjvos ovk
eVejSaAe ràs xe</>aç, à.XXà /carà TravTOS ô)s ehreîv kyôipr^ae
koXov ko.1 lepov Kal Oecov, TrapôvTOS Te Kal 7rapeX66vTOS , 25
e<^' r/p.îv re Ôvtos koi ovk è<f>' r/aîv, èXm^opévov Te Kal
àpTiojs ojs èv àppafiwvos p-épei xopr)yovp.évov toîs àÇlois,
toîs tc TTpo vôpov Kal toîs p.eTa vôp.ov àyiois, otv irpos oXi-
yovs eKaoTOS èv pépei tôjv raîç alpéoeoi irpoiOTap.lva>v àvre-

CVSL (a li ne a 24 déficit V usque ad ftnem tractatus).


726 GRÉGOIRE PALAMAS

tous, en effet, ont eu leur part dans le combat contre les tenants
des hérésies ; mais voici qu'aujourd'hui il s'est rangé en bataille
contre eux tous et publia cet écrit, plein de toutes sortes de
terribles hérésies, usant de tous les moyens pour attaquer tous
les saints et presque toutes leurs opinions : il nous est donc
facile, en proposant quelques citations de chaque saint et en
relisant ensuite cette mauvaise feuille, de montrer immédiate
ment à tous qu'il ne manque pas de traiter les auteurs de ces cita
tions d'hérétiques, d'impies, d'athées, de polythéistes et de crimi
nels. Donc, s'il reste un homme qui ne nous croit pas et veut voir
clairement la vérité, qu'il vienne chez nous et apprenne, car de
tels écrits sont à la libre disposition de tous ; mais si, à tort ou à
raison, il accepte de tolérer que l'on accuse les saints, il portera
lui-même, quel qu'il soit, le poids de sa condamnation.
TRIADE III, 3, l6 727

tÔ£o.to, Koivfj Tr5.au> oStos àvriTTapcLTaÇâfievos vvv, àvd-


irXeatv 77-aoTjs Seivfjs aîpeaeœs èÇevrjvoxe <jvyypap,p.a, irdv-
ra? tovs àylovs kcli Trdaas axeoov ras tovtcov o6£aç ttoXv-
Tpônws SiajSaAAov, â>s ev^epès etvai npodep-évovs "f/pâs crvX-
ÀajSàç àXlyas c/caorou rœv àyiœv, eîra, t^v Trovr/pàv raurr/v 5
oéXrov €7Tavayiva)(TKOVTas, aa<f>ès evdvç Troïfjoai iràavu <l»s
alperiKovs Kal ovooefieîs, àdéovç tc Kal TroXvdéovs Kal
aXïnjptovç tovs aÙTas' ypdtf/avras ov irapaiTeÎTai KaXeîv.
El p.kv ovv dmorâiv tiç Tjp.lv ivapyws ideXct. TàXrjdès tScîv,
ira» Trop r/p.âs Kal p,avdav€TO}, tGsv toiovtcov avyypap.p.aTOXV 10
TTpoTedévruiv <pavepwç ' el 8' evXôyios re Kal p,r) tov twv
àylwv KaTqyopov oripytw àirohé-)(€Tai, clvtos to iavrov
fiaordoet Kpip.a, Saris àv fj.

CSL
TABLES

TABLE DES CITATIONS

TABLE ALPHABÉTIQUE DES MOTS GRECS


DE SIGNIFICATION DOCTRINALE

TABLE DES NOMS PROPRES


ET GÉOGRAPHIQUES

TABLE DES AUTEURS MODERNES

TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Les Tables sont communes aux deux tomes. Les références


au Tome second commencent à la page 384.
I. - TABLE DES CITATIONS

I. — CITATIONS BIBLIQUES

Gen., II, 3 658 Num., XVI, 22 3io


15 20 XXII, 25, 406
IV, 7 58
VI. 4 92, 334 Deut., VI, 5 22
18 474 XV, 9 32,90,92
VII, 11 474
X, 10 260 Ios., X, 12-13 428
XI, 1-9 260
XVII, 5 474 Iud., XIII, 17-18 114
XVIII, 27 630. 634.
670 I Sam. (I Reg.)
XIX, 26 37o H.9 286, 326,
XXII, 9 474 352
16 702 XII, 21 266
XVII, 36 36
Exod., III, 2 636
5 494 / Reg. (III Reg.)
M-I5 664, 702 XVIII, 42-45 94
IV, 6 494 XIX, 12-13 162, 162,
V, 17 24 162
VII, 3 272
XII, 11 494 // Reg. (IV Reg.)
XIV, 14-15 348 II, 11 162, 448,
XVI, 14 ss 404 636
XX, 25-26 294 VI, 17 448
XXIV, 2 118 XX, 11 428
18 504. 508,
534 Iob, XXXVIII, 4, 6, 16,
XXV, 40 5i6 18 390
XXXIII, 11 702 28 674
XXXIV, 34-35 178, 404 XXXVIII-XLI 3io
XXXIX, 1 230
Num., XI, 17 622 XLII, 5 534
XII, 8 5°S, 510,
610, 612 Psalm., IV, 6 122, 642
732 TABLE DES CITATIONS

Psalm., V, 5 224 Psalm.. CXVIII (CXIX) f


VII, 10 92 103 180, 336
XII (XIII), 3 122, 642 CXXXVIII
XIII (XIV), 1 290 (CXXXIX), 12- 13 92
XIV (XV), 2 316 CXL (CXLI), 4 266
XVIII (XIX). 9 282
XXIII (XXIV), Prov., I, 2 24
1-2 248 7 22, 314,
7.9 444 356
10 444 11,5 82, 152
XXV (XXVI), 2 636 IX, 10 356
XXVII (XXVIII), XII, 13 364
7 336. 338 XIII, 9 608
XXXII (XXXIII), XXVII, 21 82
6 674
9 690 Eccle., I, 18 68
15 516 VIII, 17 3io
XXXV, 9 (XXXVI, X,4 92
10) 440, 704 XI, 5 3IG
XXXIX (XL), XII, 13 242
8 96
XLII (XLIII), 3 122, 642 Cant., I, 15 144
XLIV (XLV), 14 80 IV, 11 182
XLV (XLVI), 10 366 V, 2 286
XLVI (XLVII), 9 344
L (LI), 17 330 Sap., I, 4 239-240,
LXII (LXI1I), 1 74 632
5 180 5 46, 240,
LXXVII (LXXVIII). 250, 632
25 164 7 624
LXXXI (LXXXII), VII, 22 168
i 608
LXXXIII (LXXXIV), Eccli., XLV, 7 172
2 74. 336 LI, 11 172
LXXXIX (XC),
17 194 Is, VI, 2 554
CII (CIII), 1 100 5 222
18 364 XVI. 11 76, 96,
CIII(CIV),2 464 162
4 636 XL. 31 45°
CIX (CX), 1 .554 lui, 7 62
CXI II, 11 (CXV, LV. n 34
1 0) 690 LVI1I.S 638
CXV.i (CXVI, 10)206 LXIII, y 394, 480,
CXVIII (CXIX), 704
18 638, ( '■!-' LXVI, 8 236
CITATIONS BIBLIQUES 733
Ierem., X, ii 34 Matth., XI, 27 472
XVI. 13 690 XII, 32-33 566
XX, 8-9 162 XIII, 31-32 220
43 186, 524,
Baruch, III, 38 192 608, 626,
626
EZECH., I, I5-2I 448 52 226
IX, 2 584 XV, 11 80
X, 9-19 448 14 212. 386
18 448 19 80
XXII, 26 360 XVI, 3 26
7 304
Dan., VII, 9 448 18 284
VIII, 16 446 24 18
IX, 23 370 28 166, 496
X, 11, 19 370 XVII, 2 424
XIII 410 21 330
XVIII, 6 482
IOËL, II, 28 57° 10 450
XIX, 21 18
Ion., I, 9 394 XXI, 44 482
XXII, 30 188, 450
Habacuc, II, 15 ■34 36-38 22, 364
40 724
Zachar., V, 1-2 584 44 554
VI, 1-7 448 XXIII, 8 480
XII, 1 516 25 94
27 324
Malach., IV, 2 12H XXIV, 30 178
45-51 314
Matth., III, 16-17 528 XXV, 1 ss 314
V,4 1S2 41 128
8 126, 140
222, 518 Marc, I, 24 546, 672]
'3 322 34 672
M 322, 626 35 624
48 14 in. 5 330
VII, 3-5 636 VI, 52 330
6 150 VIII, 17 330
7 346 34 18
18 52 IX, 1 166, 496
VIII, 24 386 2-8 164
X, 16 290, 314 29 330
20 622, 632 42 482
XI, 11 16 XII, 25 188
25 53° 30 22. 370
734 TABLE DES CITATIONS

Marc,., XII, 36 554 Ioh., V, 39 40. 3"


XIII, 26 178 44 396
46 40. 312
VI, 45 478
Luc, I, II 444
VIII, 44 546
II, 8-IO 168, 442
58 16
13 462
X,5 64
IV, 41 672
9 472
41-42 636
XII, 26 554
VII, 28 16
40 272, 330
VIII, 32-33 284
XIV, 16 528
IX. 23 18
21 126, 140,
27 166, 496
424 3M. 420
32
420, 546
X, 16 70
23 M». 3H
21 53°
22 3M. 420
27
5i8, 546
XI, 13 164, 284
26 292
26 90
XVI, 13 480, 528
39 94
704
XII, 47-48 28, 314,
XVII, 5 418
546
21 524. 722
XVII, 2 482
22-23 116, 294,
21 82
418
XVIII, 1 284
24 116, 418
7 164, 284
418
13 94
XVIII, 37 16
XX, 36 188, 450,
XX, 29 472
524
42-43 554
Act., I, 4 592
XXI, 15 236, 292,
11 178
632
13 348
27 178
292, 348
XXII, 44 180
II, 1-4 348. 636
XXIV, 32 636
15 630
17 570
Ion. 1.5 394. 626 34-35 534
<> 18, 36,38 46 348
12 614 III. 15 472
'3 614 IV. 4 236
16 624 VI, 15 178. 342
18 140, 394, 404
448, 704 VII, 53 446
29 62 55-56 174, 440
111,6 334. 614 526. 554
IV, 23-24 288, 538 646, 704
CITATIONS BIBLIQUES 735
Ad., VIII, 17 346 / Cor., I, 20 (suite) 272, 318,
IX. 3 632, 642 360
8 636 21 18, 18, 30,
XIII, 9 62 42,48,50,
XVI, 17 32 272
XVII, 21 24 24 30, 500
XIX, 6 622 25 44
XXVI, 24-25 470 2<> 10,54,60
27 18, 274
Rom., I, 4 480 28 54. 274.
5 472 274
17 470 3° 18, 50,
20 534 234. 63»
21 42.50 H. I 28
il 26, 54, 2 28, 528
134. 272, 4 28,52
498 6 14, 26,
25 40,42 50. 54. 62
28 42, 272 7 30. 5°.
II. 5 224 262, 654
M 28, 246 8 50
M 476 9-10 58, 134.
IH,3i 40 142, 142,
V, .s 288 188, 280,
(> 704 464, 468,
VII, 14 76 486
18 76 1 1 142
23 76, 90 12-14 30,40,52,
24 76, 212 84. 134.
VIII, 2 76 134. 134.
II 94 142, 160,
35-39 522 160, 208,
IX, 2-3 364. 3°6 278-280,
X, 1 366 478
9 472, 476 15-16 34. 134.
XI, 34 10 136. H4.
XII, 1 3i8, 364 262, 480
XIV, 1 482 III, 19 548
4 220 VI. 17 M4. 524
XV, 1 288 19 74
XVI, 27 12 VIII, 1 10, 28,
328
I Cor., I, 17 28 X. /■ 46, 250
18 62 XI, 1 554
20 18,38,54, 31 92
54. 134. XII, 8 346
736 TABLE DES CITATIONS

I Cor., XII, 9 346 Gai. . II. 19 478


IO 346. 346 20 628, 634
28-30 338 III. 19 446, 448
3i 338 IV, 6 82
XIII, 12 126, 194, V,24 370
434 VI, 2 252
H 338
17 88 Ephes., I, 14 82, 130,
XIV 338 338
13 346 20-21 522
18 338 21 444
20 M 111,6 192
23 400 15 446
26 346 10 424
XV, 20, 23 622 IV, 13 206
28 186, 450 14 472
41 34° 22 30
44 188 V.5 396
8 482, 638
// Cor.. I, 12 10, 60, 32 528
160, 318 VI, 12 320
22 82, 130, 18 282
242. 338
III. 3 200 Philipp., II, 7 444
11 J32 8 212
16 132, 212 11 130
17 630 III, 14-15 M
18 120, 132, VI, 19 396
132. 574
IV, 6 78, 110, Col., I, 12 464, 608
120, 122, 28 M
580, 642 II. 8 54
7 78 9 192, 620
13 206 624
V.5 130, 338 18 10, 102,
VI, 7 288 698
16 74 III. 5 366
XI. 14 32, 196 0 30
15 32
29 364 I Thess., I, 2 366
XII, 2-4 62, 118, II. 13 366
Ï54. 3M. IV, 17 428, 434
332. 344. 576. 598
4°4> 434. V, 17 282, 366
460, 486,
5<>4. 642 / Tint., III, 7 60
CITATIONS BIBLIQUES
737
/ Tim., III, 16 478 Iac, III, 17
VI, 16 580

20 84 I Pétri, I, 12 446, 554
11,9 394
// Tim., I, 6 346 23 252
11,15 106, 320, III, 15 6
568
II Pétri, I, 16-18 164, 172,
TU., III, 5 9o, 356
424, 424
6 562, 612 19 18, 424,

Hebr., I, 3 426, 644


17^, 588
",4 IIO
13
554 •7 iro
11,2 446. 448 in, 5-7 476
4 668
17 500 I IOH., I, 2 480
111,6
74 5 126, 482
V.14 644 11,29 424
VI, 13 702 III, 2 482
VII, 3 710 IV, 8, 16 548
VIII, 1 588 19 362
XI, 1 468, 470 V, 1-2 362
3 472
4 474
6 470
12
474 lUDAS, 6 1 10
39-4° 468, 468 1 n IIO
XIII, 9 8
Apoc, II, 17 194, 282
Iac. I, 5 26 23 92
17 34. 34° XXI, 1 480
25 364
III. 1517 5 444
3o, 56, 23-24 576
264, 264 XXII, 5 576
738 TABLE DES CITATIONS

II. — RÉFÉRENCES PATRISTIQUES

Cet index comporte des références à tous les auteurs chrétiens antérieurs
au XIVe siècle et cités, explicitement ou implicitement, par Palamas.
Les numéros de pages en chiffres gras indiquent les références explicites
et certaines ; les numéros en chiffres ordinaires se rapportent à des réfé
rences implicites. N'ayant pu retrouver toutes les citations dans les éditions
existantes, nous signalons les citations non identifiées par des numéros de
pages placés, dans chaque cas, à la fin des références aux éditions. Ces
numéros indiquent aussi parfois des références formelles, mais trop géné
rales pour correspondre à un texte précis.

André de Crète Basile de Césarée

Hom. VII in Transfigurationem Contra Eunom. (PG, XXIX)


(PG, XCVII) I, 8(528 B) 658,660
(933 C) 116,588, II, 18 (609 B) 702
622 23 (624 A) 674
(937 A) 166
(949 C) 600 De Spiritu Sancto (PG, XXXII)
XXVI (180 CD) 622,622
Anonyme 624

Epist. (PG, XXXII)


54, 58, 176, 216, 246, 246, 288,
II, 2 (228 A) 84,142,
330, 330, 626
374
4 (229 B) 286,608
Athanase d'Alexandrie XXXVIII, 4 (329 C) 674
CLXXXIX, 6-7 (092-
Contra Arianos (PG, XXVI) 696) 656
I, 42 (100 B) 192 8(696) 618
II. 74 (3°5 A) 192 CCXXIII (824 AB) 25-26
256
Vita Antomi (PG, XXVI)
10 (860 AB) 526 Hom. (PG, XXXI)
36 (896 C) 108 , 314 XII (397 BC) 24,254,
256
Athanase I de Constantinople (401 A) 84
XXII (564 ss) 276
98
Hom. in Hexaem. (PG, XXIX)
Athanase Lépentrinos I, 10-11 (24-25) 380
II, 5 (40 C) 634
98 8 (52 B) 634-636
RÉFÉRENCES PATRISTIQUES 739
Hom. in Ps. (PG, XXIX) IV(i77B-i8i D) 446
XIV (256 BC) 64,138, 2 (180 AB) 340,442,
262,278, 446,504,
316,390 514
XXXII (333 B) 674 3 (180 D-181 A) 448
XLIV (400 CD) 166,204 4(i8iB) 442,442
(412-AB) 80-82 VII, 2 (208 C) 116,588
XLV (429 A) 24 VIII, i(237C) 512
XLVIII (449 C) 448 2 (240 C) 442
CXVI (485 C) 348 (241 A) 442-444,
444
In Isaiam, (PG, XXX)
(241 C) 446
prooem. (121 A) 696 XIII, 3 (300 C) 512
(124 B) 696 XV, 2 (329 AC) 124, 596
(124 C) 510 9 (337 CD) 448
VII (452 A) 696
(34° A) 180
XIII (565 C) 696
108, 108, 172, 204-206, 430, 580, De eccl. hier. (PG, III)
586, 598, 608, 618, 622, 626, I. 3 (376 A) 538-540
636 4(376B) 116
II. 1 (392 A) 14-16,64-
Basile (Pseudo-) 66,304,
390,416,
Const. Monast. (PG, XXXI) 542
II, 1(1340 A) 126 3 (397 D-400 A) 436
Contra Eunom. (PG, XXIX) V, 2 (501 C) 500
V (640 B) 580 VI, 3 (533 A) 292
(769 B) 630,634, (533 AB) 566, 566
670 (533 D) 296
(772 B) 572,572, (536 A) 294
634 (536 B) 292
(772 C) 398 b(537B) 504
(772 D) 562,570, VII, 2 (553 CD) 436
572,622
De div. nomin. (PG, III)
Cyrille d'Alexandrie I, 4 (592 A) 424
(592 BC) 116,166,
Comm. in Ps. (PG, LXIX) 166, 186,
(700 A) 66-68 204,428,
De ador. in spir. et verit. (PG, 434,450,
LXV1II) 488,508,
I (148 A) 562, 658 526,576,
586,598,
Denys l'Aréopagite (Pseudo-) 712
(593 B) 112,442
De coelesti hier. (PG, III) (593 BC) 164,452,
III, 3 (165 A) 610 456
74o TABLE DES CITATIONS

(593 C) 146 (997 AB) 502,502,


7(596C) 688 628
8 (597 A) 448,510 3 (1000 C) 332,488,
n. 7 (645 A) 600 496-498,
(645 B) 574,662 498,498-
11 (649 B) 158 500,502
III, 1 (680 B) 284 II, 10 (648 D) 722
(680 D) 456 III (1033 B) 150
IV, 4 (697 CD) 690 (1033 C) 150
5 (700 D) 112 V (1048 A) 418,460
6 (701 B) 110 (1048 B) 722
8 (704 D) 90,648, pist. (PG, III)
666,670 II (1068-1069 A) 160,460,
9 (7°5 AB) 84,84, 570,570,
84,88, 604,610,
294 708,720
11 (708 D) 152 V (1073 A) 148,486,
13 (712 AB) 212 490
19 (717 A) 38 VII (1080 A) 48
23 (725 B) 48 (1080 B) 48
27 (728 CD) 74
V, 2 (816 C) 600,684, 248,388,392,430,496,538
684
DlADOQUE DE PHOTICÉ
4 (817 Q 664
(817 D) 290
Capita (éd. E. des Places)
5 (820 B) 680
25 (P- 97) 236-238
6 (820 D) 680
40 (p. 108) 122
7 (821 B) 680
59 (p. 119) 108
8 (824 A) 158
69 (p. 129) 218
(824 C) 682
70 (p. 130) 352
VII, 1 (865 C) 152,208,
79 (P- 137) 80-82
486
97 (P- 159) 362
2 (868 C) 54
3 (869 CD) 530 *
Elie, hésychaste
(869 D-872 A) 534
98, 322
(872 AB) 530,532,
688
Élie L' Ecdicos
XI, 6 (953 B) 674 Cap. gnost. (PG, CXXVII)
(953 D-956 A) 4("49) 198
666,678
(956 A) 158,660 ÉVAGRE LE PONTIQOE
(956 AB) 676,682, (sous le pseudonyme de Nil
682 ou de Maxime)
XII, 2 (969 C) 618 Centuriae
VI, 22 138
De myst. theol. (PG, III) De mal. cogit. (PG, LXXIX)
I, 1 (997 A) 114,350 XVIII (1121B) 118,198
RÉFÉRENCES PATRISTIQUES 741
De oratione (PG, LXXIX) 6 (1088 B) 256
56(ii77D-n8o A) 206 22(11050) 260
57(1180 A) 208 XXIV, 11 (1181B) 330
58(1180 A) 286 XXV, 6 (1205 B) 230
62(n8oC) 218 XXVIII, 19 (XXXVI,
II3(lIQ2D) 112 52 B) 462
149(1200 A) 198 31 (72 C) 646,648,
Gnostikos (cité par Socrate) 666,670
M7 122 XXX, 18 (128 A) 618, 660
Practicos (PG, XL) 21 (132 B) 620
I, 70(1244 A) 118, 198,496 XXXVIII, 12 (324 C) 432
90 (1294 B) 122 38, 194.
Texte publié par Epifanoviè XL, 5 (364 B) 196
464 6 (365 A) 166,430,
4, 24, 126 580
31 (404 A) 356
Gabriel hésychaste XLI, 14 (448 C) 60
98
XLIII, 11 (509 A) 290
21 (524 C) 254
Grégoire d'Agrigente XLIV, 3 (609 BC) 38, 636
XI. V, 3(6250 664
In Ecoles. {PG, XCVIII)
(625 C-628 A) 716
I,i8 (796 CD) 68
(628 A) 718,718
Grégoire le Grand 11 (637 B) 404
26 (657 D) 250
Vita s. Benedicti (PL, LXVI) 27 (661 A) 672
(197 B) 156 674

Grégoire de Nazianze Grégoire de Nysse


AdNemesium (PG, XXXVII) De anima et resurr. (PG, XLVI)
(1554) 20 22, (104 C) 436,448,
288 466,578,
578 , 716
Epist. (PG, XXXVII)
CI, ad Cledonium (181 AB) De beat. hom. (PG, XLIV)
576,586 VI(i2Ô9B) 526,530

Hom. (PG, XXXV-XXXVI) De infant. (PG, XLIV)


IV, 100 (636 A) 288 (181) 254,258
VI, 5 (728 B) 288
VI, 6 (728 D-729 A) 288 De opificio hom. (PG. XLIV)
XVI, 2 (936 BC) 66,264 8(i45Q 376,378
(936 D-937 A) 324 12 (156 CD) 78,378,
4 (937 C) 348 700
XXI, 2 (1084 D) 128 15 (177 B) 376
742 TABLE DES CITATIONS

28 (232 A) 52 Hom. (éd. Théotoki)


30 (240 D) 64 31 (P- !97) 336
32 (p. 206) 118,154,
De vita Moysis (PG, XLIV) 154156
I, 58 (XLIV, 321 A) 502 72 (P- 4!5) 416-418,
II, io-ii (329 B) 235-236, 420,422,
256-258, 462
300,390, (P- 463) 58
494 85 (P- 498) 108
18 (332 BC) 494 (pp. 503504) 358
108 (357 B) 494
380
i62-i63(376D-377A)504
169 (380 A) 500
Jean Chrysostome

Epist. (PG, XLVI)


Ad Theodorum lapsum (PG.XLVII)
XI (1041 C) 64
I, 1 (292) 128, 578
Epist. ad Ablabium qnod non
Ad Tit. hom. (PG, LXII)
sint très dei (PG, XLV)
VI, 5 (696) 570
(121D-124A) 618,660
In Epist. II ad Cor. hom. (PG.LXI)
In Cant. hom. (PG, XLIV)
VIII, 3 (457) 120
I(78oC) 152
IV (833 CD) 144 In Isaiam (PG, LVI)
VII (920 BC) 144 I (14) 618, 698
XV(ni2C) 192
In Ioh. hom. (PG, LIX)
In Hexaem. (PG, XLIV) IV, 4 (50) 28
(88) 626
In Matlh. hom. (PG, LVII-LVIII)
In s. Stephanum (PG, XLVI) I, 4-5 (18-19) 66
(716D-717A) 174,440, LVI, 1 (LVIII, 549) 166
704
(717 B) 440,448, 164, 312, 530, 580, 630, 638, 660
700,706
Jean Chrysostome (Pseudo-)
24, 82, 126, 154 (?), 286 (?), 626,
656 In s. Stephanum (PG, LIX)
(701-702) 552-554
Grégoire de Nysse (Pseudo-)
(voir Grégoire d'Agrigente) Jean Climaque
68 Scala (PG, LXXXVIII)
I, scholie 4 (645 AB) 618, 660
ISAAC DE NlNIVE IV (696, D) 216
VI (796 B) 330
Epist. (éd. Théotoki) VII (804 AB) 332,356
(P- 576) 146 (813 B), 222,222
RÉFÉRENCES PATRISTIQUES
743
XXV (989 A) XVIII, 1-3 (633-636) 184
(1000D-1001) 90 XIX, 6-8 (648 BD) 218
XXVI (1013 A) 216
(1017 A) 18 24,i46,172,184,424,568
(1020 A) 82
(I033 B) Macaire (Pseudo-)
218
(1068 D) paraphrasé par Syméon Méta-
368
XXVII (1097 B) 86 PHRASTE
(1100 A) 286
De patientia (PG, XXXIV)
(1112C) 362, 372
(1116CD) 4 (868 CD) 112,120
108,246
XXVIII (1 129 A) 13 (876 D) 110,214
330
("32 C) 356 De elevatione mentis (PG, XXXIV)
(1132D) 456 1-2 (889C-892) 112, 120,
("33 B) 90 120-122,
("33 B) 90 574-576,
(1137AC) 108,178, 576
180 6 (893 C) 212
(1140 AB) 458 13 (901 AB) 640
XXVIII, scholie (1148 A) 198
De charitate (PG, XXXIV)
216,216,216,216,222 9(9i9BC) 640
21 (925 C) 430
Jean Damascène 24-26 (928-929) 184

Hom. in Transfig. (PG, XCVi) De libertate mentis (PG, XXXIV)


7 (557 C) 598 18-19 (949 D-952) 218
10 (561 D) 598 21 (956 A) 156,172
1 2(5646) 594 (956 BC) 112, 120,
12-13 (564 C-565 A) 586,598, 120-122,
712 130 132
15-16 (596 AB) 598 22 (956 D-957 A) 122-124,
396 398,
Macaike (Pseudo-) 640-642
23 (957 AB) 204,630,
Hom. (PG, XXXIV) 632-634,
V, 10 (516 AC) 120 122 642
11 (516 C) 120 24 (957 B) 204
(516 CD) 112,204, 25 (957 CD) 204
2Ï2..S74- 26 (960 A) 204
576. 576 27 (960 C) 644
XII, 14 (565 B) 116
XV, 20 (589 A) 172,588
198
(589 B) 80,200, Makc l'Ermite
372 , 376 ,
378, 700 Capita de Umperantia (PG, LXV)
XVI, 7 (617 D) 90 24 (1064 B) 200, 514
TABLE DES CITATIONS
744
De Uge spiri'uali (PG, LXV) II, 6 (985 B) 354
12 (908 A) 332 61 (1004 C) 354
III, 25 (1024 C) 708
Opusc. (PG, LXV)
II, 26 (933 D) 21* Centuria gnoslica (PG, XC)
1,7 (1085 B) 658,722
Maxime le Confesseur 22 (1092 B) 30
31 (1093 D) 212
v4<Z Thalassium (PG, XC) (1096 A) 122
XV (297 B) 392 (1096 D) 128
XXII (324 A) 606 48 (1 100 CD) 594,654,
LXI, scholie 16 (644 D) 656,660,
396-398, 676,678,
570 710
LXIII (673 D) 658, 722 (1100 D-iioi A) 656
Ambigua (PG, XCI) 49 (1101 A) 656,658,
(1076 BC) 118, 450, 680,722
532, 620 5o(iioiB) 654,654
(1076 C) 608 54(1101 A) 460,504
(1084 B) 516 II, 4(1128 A) 712
(1084 C) 194 21 (1133D) 604
(1088 BC) 608,720 26(1136 CD) 534
(1125D-1128B) 432,432 80 (1161 D) 198
(1140A) 616 (1161 D-1164 A 198
(1144C) 118,572, 82 (1164 A) 200,514
616,626- 83(1 164 B) 492,630
628,634, 88(1168 A) 190,436,
664,710 466
(1149B) 198
(iiôoss) 430-432 Capita (PG, XC)
(1165BC) 430,582 1,75 (1209 C) 606
(1165D) 594 V, 85 (1384 D) 118, 572,
(1168C) 432,582 606, 626-
(1200 B) 460,504 6a8, 634,
(1240 A) 608 710
(1241AC) 118, 460
(1289 B) 686 Disputatio cum Pyrrho (PG, XCI)
(1320 B) 608 (340 D) 706
(1344 C) 330
(1345 D) ï94 Epist. ad Nicandr. (PG, XCI)
(1376 CD) 582 (96 B) 706
(1413 AB) 212
Centuria de charitate (PG, XC) Mystagogia (PG, XCI)
I, 10 (964 C) 354 5 (681 B) 712
100 (984 A) 686 7 (688 B) 198
RÉFÉRENCES PATRISTIQUES 745
Opusc. theol. et polem. (PG, XCI) Origène
(12 A) 302
(33 C) 194. «H Contra Celsum (PG, XI)
(200 C) 706 I (749 AB) 152
(205 AC) 706
(268 D) 604 Hom. II in Cant. (éd. Rousseau)
append. (281 BC) 660 (p. 87) 144
Scholia in De div. nom. (PG, IV)
(97 A) 196 Selecta in Ps. (PG, XII)
(344 A) 208 (1432 C) 80
(409 B) 686
Philémon
4, 24, 138, 152,568,604, 606, 610,
674,712,720 108 SÉLIOTES
98,322
Maxime le Confesseur (Pseudo-) SOCRATE
voir Evagre Hist. eccl. (PG, LXVII)
464 (520 B) 122
Syméon Métaphraste
NlCÉPHORE L'HÉSYCHASTE Voir aussi la paraphrase de
Macaire
De cordis custodia (PG, CXLVII)
Vita s. Johannis Evang. (PG,
(945-966) 98,320-
CXVI)
322,324,
372,374, 1 (685 D) 166
376
Syméon
(955 A) 286
le Nouveau Théologien
(963 B-964 A) 372

86, 88 Centuriae (éd. Darrouzès)


I. 36 (p- 5°) 356
Nicétas Stéthatos
98
Vita Symeonis (éd. Hausherr)
98 Syméon
le Nouveau Théologien
Nil du Sinaï (Pseudo-)

Epist. (PG, LXXIX) Méthode d'oraison (éd. Hausherr)


I, 118 (129 B) 198
(p. 164) 88,90,
II, 74 (233 A) 114-116 372
III, 238 (493 D) 108
98,122,196-198,214 Synésius de Cyrène
368
Nil (Pseudo-)
voir Evagre Théodore Studite

Nil l'Italien Oral. (PG, IC)


98 XII (860 B) 404
746 TABLE DES CITATIONS

Théolepte de Philadelphie Vie de s. Marie


l'Égyptienne
98,ioo,322
AS, Aprilisll,
§ 15 (appendix, p. XVI) 178

III. CITATIONS LITURGIQUES

Office de l'Ascension 444 vêpres, apostiches, sti


chère 3 600
Office des défunts 170,172, matines, cathisme après
310 le polyéléon 594,710
kontakion 592
Office du Dimanche canon 174, 192,
4e ton, matines, canon, 588,590
hirmos 1 494 exapostilarion 580
laudes, stichère 1 590
Office du 26 Mars
vêpres, stichère 6 444 Office du 7 Août
vêpres, apostiches. dern.
Office du 6 Août stichère 580-582
vêpres, lité, stichère 3 586 , 712
IL - TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MOTS GRECS
DE SIGNIFICATION DOCTRINALE

àyâ-rrr) : état de la partie passionnée Dieu dépassé après l'Incarna


de l'âme, 77 „ ; 369-371 ; état tion, 527-529.
divin, 549,5- ,, ; origine de toute àvairvorq : 73, ; 87,,.
vertu, 29,, ; produit la patience, àirdOtia : sa nature, 361-362.
89,, ; purifie, I29j. aTTfiXiKptv7]fj.dvos : — vovs, 79 , : Ô7rei-
âyytXoi : leur médiation n'est plus XiKparqpÀvri ■npoatvxfi, 153, ;
nécessaire depuis l'Incarnation, 195 i-io-
443-449, 703-705 ; ne voient pas anoif>aois, à-rrcxf>aTiicj deoXoyia :
Dieu par nature, 671-673. moyen de connaître Dieu d'après
iyvoia : origine des passions d'après Barlaam, 521 ; dépassée par la
Barlaam, 29,, ; la lumière di vraie vision, 113,,-,,; 11510-!,;
vine en libère, nita_la ; 113 • i47i. ! I49i. ; 153.4-1. ; 201,,-,, ;
înrkp yvwoiv —, 203,, ; 453. 457-459 ; 485i-. ; 487 ; 491..-» ;
àyvwaia : n4_10 ; I4917 ; la foi 493-501 ; 507 ; appartient au do
agissant par 1' —, 475,, ; 477,. maine de la théologie naturelle,
a'o&rjois : recevant l'illumination, 527«.-.«-
io3 1 7I3««-j5 '• active dans la àÇiwfia : dignité humaine au para
prière, 349-351 ; inactive durant dis, 27,,.
la prière d'après Barlaam, 325,, ; avTooo<f>ia : 269, ; 271.
— votpd, 83,, ; 127,,; 153,, ; à<f>alpeoiç : 147 ; 149.0-1. ; Dieu
loi™; 177. • ; 18113 ; 1831.-14; est virip à<)>aîpt<jiv, 403,, ; 523 ;
l89î4-M ; 2II„-M. expérience positive de 1' —, 439.
axo6rp-qpLa : — rfjç fax^s, 6l,. à(j>rj : le plus grossier des sens,
aladr/Tos : lumière —, 105. 325u-M ; 327io ; affliction utile
aKTUTTos : les hommes déifiés sont qu'il procure, 329-331.
—, 6l710; 617, 4.
â/iapTi'a : obscurcit la connais yâ/xoç : image de l'union du Christ
sance de Dieu, 13, ; origine du et de l'Église, 529,,_„.
mal dans le corps, 77 ; le corps yvé(f>os : 149,,-,,; 195.0! 2IIi«;
peut s'en débarrasser, 329- 491 is ; 493.1 ; 5°' ; 5°3«. ; 5°57 ;
33i- 5i7i.; 535:-
avaKa.îvT]ois : — tov vov, 27, „. yvâioiç (souvent synonyme de
àvaXoyla : — moyen de connaître ao(f>ia ; v. par exemple 29, a_,,
748 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MOTS GRECS

= 63,s_14. D'après Barlaam : con èyKpdTaa : 77,, ; i8i„.


naissance naturelle, voie vers la eiKovoyvwcrrqs : 57,, ; 253,.
perfection, 5 ; 19 ; 25,,-,, ; 2yu-„ ; flanvaq : 87,, ; 373.
i°3i»-i<>; m»-i. ; i4ï»-#; 199- dK0é<ums '■ I47u-
203 ; 217,,-,, ; 299 ; 455 ; 467.1 : ÎKoraais : 147,4 ; 1491» ; I55n !
521 ; purifiel'âme, 29,-,,; 63,,-,,; 349i7 ! 349io : 439. ! 459. ; 471» ;
confère la similitude à Dieu, 509ii-».; 513»; 5i5i.; 6oi,.M.
29.4-1» ; 57i7-« ; 63,,-,, ; î8eo ivépyeia : manifestation d'une na
ttjs yvtîxjttos, 269,4-1,. — D'après ture créée, 57,-,; 151,, ; 209,,;
Palamas : faculté qui unit l'in 327n ; 347i4 ! 357i. î 493n ;
telligence aux créatures, 487, ; 613» ; 697,, ; activité des sens,
conduit parfois à Dieu, 49.- , ; i27,t; 32711! 329.; 369n; —
574-*; 4!7"42i ; 477-479 ; n'a cu<707jTurrj, 469, ; 505,0 ; — ifiv-
qu'une signification prélimi XÎS> 45 '» '• — T°û «Tcôitaros, 89,, ;
naire, 537,-1, ; dépassée par 207n ; 333m : 35 U ! 367m :
l'Incarnation, 479-483 ; ne con 371!*'- 45Ji ; — "oivh 'Inoâis
duit pas à la Vérité, n ; a- Kal atâ/jLaTOS, 325,, ; 34I1, ;
buse des facultés intellectuelles, 3434Î 343..; 359; 3651.-1.:
36i,0-„ ; origine du péché, 2i,_, ; 3671. ! — rov iraBrjriKov, 361,, ;
engendre l'orgueil, 29,, ; n'appor 723,, ; — tov Trvpôs, 625,, ; 637,4 ;
te pas le salut, 247,, ; opposition — yvcooTiKTJ, 493, ; 507,, ; —
des deux connaissances, 29-31 ; iyKapSios, 177,1 ; — tov vov
139. 53»-533 ! la vra>e con 83i.; M77-1.; 1494-.; 209,4-,,
naissance consiste à connaître 211. ; 359u ; 36911 ; 373..
la volonté de Dieu, 541-549 ; 375.i; 4851.; 49Il : 493i
connaissance et foi, 475-477 ; 5°3i. ; — votpâ, 189,^,0 ; 333,,
— rov Beov, 5,, ; 29,_5 ; 131,-, ; 3534; 353.: 399.; 459»; 465.
S'S-S1? ; provient de la lu 467,-, ; 469, ; 469,, ; 473,
mière, m-113, 517-519; dis 483. ; 485. ; 5051 ; 50511 ; 629»
tincte de l'union, 141,,.,,; 421- — tûiv ivToikSbv, 365,, ; — 8ou-
423 ; n'est pas une vraie con Ixovikt), 141,,,-,, ; — 7tJ? irpoocv-
templation de Dieu, 143,-4 ; X>js, 203, ; 283,, ; 283,0 ; 285, ;
149i« ; vnip ïvvoiav — , 203,5 ; — tov &eov. 133,0'. 617,,-,,;
commune à tous les croyants, 685, ; 687,, ; 689,, ; — tov
525i-j ; — iri>evfJia.TiKTJ, 533»-n- rivevfxaTos, 45io '< '35m ; 339i ;
ypa<f>rj : moines s'abstenant de lire 367.. : 5637 ; 571»-» : 575.:
l'Écriture, 105,; 109,- , ; 229,,-,,; 619,,; 631,-,; 699; — irvcvpa-
247- nicq, 183,, ; — -rrjs xôpVT°S'
335n : 379m : — rov tpuirôs, 629»;
Sdicpvov : i8i„ ; 183, ; 331,,-,, ; — àOavaoîas, 639, ; — ^vaueff,
nouveau baptême, 357-359. 467n : 603,, ; 653,4 ; — oùfft-
Sidfirai, SiOtta : 603,0 ; 679,5 ; coStjs, 601, , ; 617,,.,, ; 707 ; —
693n àxcôpioToç Tijs ovolas, 603,, ;
Sofa : gloire divine distincte de 673i» : — ""? TV ovolq., 62i„_„;
l'essence, 417-419 ; 525„_,0 ; 645- — âicTioTos, 603 ; 605, ; 663-
647 ; 667,,-, , ; 705, 4_„. 665 ; 707 ; 707-709 ; — âvapx°s,
TABLE ALPHAHKTIQUE DES MOTS GRECS 749
6o5i : 7°9io ! — ànôpprjTos. 345» • 321m ; 3457 ; 405. : 4»3ii ; 439. ;
— Ofoirows, 439n ; 613, ; OI7s» '. 443t : 495u ; 5I9m ; 619,1.
6l9n ; 673,, ; — tTjfe'tTts aoxcTos. TiavxdÇwv, Tjo-v^aoTTjs : 87,-,; 89,;
6i3j,_M ; — distincte de l'es i°3» : i<>3„ ; 107, ; 225,-, ; 227 ;
sence, 62i„-t, ; 625,- 4; G57- 247u-i»; 339,,; 345i.: 385. ;
659 ; 667-669 ; 677 ; 707 ; èvép- 401,,; 409,,; 41 1„.
yciai différant les unes des
autres, 619,-,. deoXoyia : dépassée par la decrmla,
èwirâoraTos , vttootcitikÔs : — tX- 201 ,,..,„ ; et par la dcutpia, 487,.
Xapu/iiç, 6i3,_10 ; —■ vlodeala, 0eof : invisible par nature, 127» ;
617, ; — déojais, 617, ; ivimô- i29is-i7 ; i45n-io ; 19110-u ;
crraTov Oeoirotàv Swpov, 617,; — 4°5n-i7 ; unique, 679; «Celui
<f>û>s. 123,0-3, ; 397i5-«i ; 4°3n ; qui est », 665 ; ne s'identifie pas
5697; 57i>: 573,.-, 7; 591-593- avec son essence, 1132,-31 ; 125,, ;
à>atois '■ — vTTtp<f>vtfs, 141,1 ; 53 1« ; 665 ; dépasse la lumière, 125,, ;
— delà, 629-631 ; — âptoos, I294 ; VTrocrrâTrjç de ses puissan
441,1 ; — ■npoç tÔ viTtpdev (/>û>ç, ces, 24 ; 689, ; et de la lumière,
'47,o : I6in ; — avec l' Incréé, 159 ; ovoîa tû>v nepl ainôv, 689, ;
453 ; but de la prière, 347,,-,, ; est Lumière, 197 ; est nommé
353,- ,; n'est pas une connais d'après ses énergies, 617,0 ;
sance, I53n-i, ; VTTtp yvmaiv — , °57m-i3 .' 661 ; sort de lui-même,
453u-m : vnèp vovv — , 20<)„_„ ; 213,- 3 ; en se révélant, manifeste
213»; 40722 ; 43<)a„ ; 507,0-,,. sa transcendance, 439 ; 508-509 ;
€Tri8i]fûa : présence du Verbe incar présent tout entier dans chaque
né, 27,, ; <)5,0 ; 207,, : 491,7 ; énergie, 637,0.,, ; apparaît com
62I20. me dans un miroir, 127,5-,,; ^e~
èTTioKOTnj : — rov vov. 772,>. vient Tête des chrétiens, 145,-, ;
èiTicrrï'jfiT] : voie vers la perfection leur époux, I4513 ; habite tout
d'après Barlnam, 15 entier en nous, 15913-n ; 6oo,_10 ;
ïptus : 121),, ; i7<i31 ; 21)7.,,, „„ ; 213., ; '"3a 1 ; présent dans les saints
3°9i, ; 620,. comme l'âme dans le corps,
eù)(apicma : 5 ' > 7 u 609,,-,,; 6i3,_, ; voir Dieu en
eî>xtf '■ moyen de s'unir an Clnist, Dieu, 403,-,; 533,; 719,0-si !
27to ; 9'i4 ; serrure de la contem ©côç Oéau., 605», ; T0770Ç toû
plation, 61,,-,,; purifie l'intelli Ocoû, 4075 ; puissances incréées
gence, 7Q.!-«; occupation unique de Dieu, 675-677 ; analogie de
des moines, 105™; 2 1 1 ,,, 20 ; feu l'empereur terrestre, 691-603.
de la prière, 109,, 2i ; 179,4-30- Oéaimç : 115,, ; 557, ; 721 ; s'étend
au corps, 34320_2S ; 467,, ; inac
£cutJ : — âxTiaros, 62755.,; 635; cessible sans la grâce, 005-607 ;
— âvapx"S K<il uioioç, 66l16. (>i 3 <>i 4.
Otiopln : contemplation de Dieu
T)av)(îa '■ moyen de purification, Uistim te de la connaissance, 421-
l9«i ; 89,, ; silence de l'esprit, 4-U
974 ; 99e ; 99,, ; i35n ; -'n,, ;
211,3 I 225,, ; 22o4 ; 309, ; 319,7 ; KaOapoT'qs, xadalptiv : purification
750 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MOTS GRECS

nécessaire à la vraie connaissance, 117 ; I45it-i. ; 209-211 ; 213,-, ;


i3i«; i9«- 28 1 , , ..i0 ; ëvb'ov tov ad)ftaTos è/t-
KapSîa : réceptacle de la grâce, TrcpiKÀeUtv tov vovv, 71,1-,, ;
9t! I9i7! 2it; 79,-,; 81 ; 119- 73i«-n ! 75 ; 79^-14 ; 83 ; 87,.,, ;
121 ; 147,, ; 17911-u ; I93.-10 ; 91, ; kvkXikt) kIvt)oi<; tov vov,
223 ! 373 ; 425m ; instrument 85 ; 91 < i crvvayaiyr) tov vov,
premier de l'intelligence, 79-81 ; 95it-i» '• crvvé\i£is tov vov, 295,.
377« ; 379-381 ; 701 ! premier
organe raisonnable, 377-379 ; or àyupaXôs : 9It-i« '. 95«7-
gane de la foi, 467,,-,,. ofL<f>a\oifivxia, ô/jupaXôijwxos '■ 95» ;
KoiÀL6t/w\os '■ 97i,. 227n-i« ; 229,, ; 231,, ; 253,-,.
Sv : être provenant de Dieu, 37i,-„.
Xcmv&Xrpi : 7i5l0 ; 7251»- ÔvtÔttjç : Dieu — des êtres, 683-
Xôyoi tô>v ôvrcov : présents dans 685.
l'intelligence divine, 5,, ; 11,,. Spaais : — âXrjirTos, 115, ; — avw-
wfios, ii5i0; — vo€pd, 14I1, ;
[ieTa.fiép<f>ajots : sens eschatologi- — nveviJia.Ti.Kn, 177,-1, ; dépasse
que, l93«-i- toute faculté naturelle, 149 ;
IxctoÇv : 683-687. 461 ; 705,,-,, ; — vnèp vârjoiv,
fieTefjulivxoiais : 334- 469 ; 483-485 ; 509-511 ; ni in
fivTjiJ.7) tov &€ov : 287,, ; 363, ; tellectuelle, ni sensible, 155, ;
369n J 371.; 609, ,. 449,,-,, ; — h> IJvtvfiaTi, 449-
fiovâÇovres, (lovoxpl : s'abstien 451 ; — KapSias, 469,, ; donne
nent de l'éducation profane, 5 ; la connaissance, 517-519 ; — rôHv
37,-,; 291-293; leur règle de ■npo^rifTÔtti, 697.
vie, 295-297 ; rites d'initiation, ovala : — tov vov, 83,, ; 375i ;
567 .-»• 375,, ; — rov Oeov, invisible,
IxovoOtXrfTTj^ : 709,. II3t»-M ; 469-471 ; impartici-
/ju>vcxfnxiÎTTjs : 709, ; 709,,. pable, 461,,-,, ; 465 ; 6i3„_„ ;
667-669 ; 683-685 ; 711, ,_„ ; Bar-
t^H"S : 79i ; 97i-« i !35ii-i»- laam reproche aux moines de
vrjTTTiKÔs '■ vrjTTTtÊcr) irpâÇis, 99,. dire qu'elle est sensible, 395,, ;
vôfios : loi mosaïque devenue meil 399,-, ; n'existe pas sans énergies
leure grâce à l'Incarnation, 4i14 ; naturelles, 603,, ; distincte de
loi chrétienne, 77-79. ces énergies, 6oi,,_t, ; 613,-,;
nous: vient de Dieu, 37i«-n: 55u-ii>; 651-653 ; distincte de ce qui est
— âiiXos. 195, ; domine le corps, « autour d'elle », 649-651.
189,0 ; subsiste en lui-même, 6<f>6aXfiôs : — awfiaTiKÔs, 713,-, ;
209M ; possède la faculté de se — TijsilwxnS'21"'' i83h-«i; 185,
dépasser, 113,,-,, ; 2O910_n; 485 ; — votpôs, 357,» ; — 7Tvtvfi.a.TiK6s,
s'élève vers l'Intelligence divine, 481, ; — tt)s KapSlas, 6371,.
183,,-,, ; reçoit la grâce avant le ô\f>tç : image désignant les philo-
corps, 183,,-,, ; reçoit la lumière ^ sophes, 35-37 ; 57,-,, ; 6x„_„.
une fois purifié, 121-123; 125,. î0 ; ôipts '■ — BcofiSrfs, 115,; — avfi-
127 ; 195,-!, ; 407-409 ; devient PoXikt), 115, ; — irvevfiaTiKT],
lumière, 1271,-1,; s'unit à Dieu, 185,0-
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MOTS GRECS 751

naBiyriKÔv : intermédiaire entre le Christ, 207M ; source de la lu


corps et l'intelligence, 367, , ; mière, 42<), ,._,,.
tourné vers le mal, i3t-«; oKipT[âw]û> : 105 ; 109,,.
d'après Barlaam, doit mourir <jcxf>ta (souvent employée dans des
durant la prière, 325,, ; ne doit expressions comme 1} ëÇai cro<f>la,
pas mourir, 37I14-14, mais se ■q kclO' 'EXXr/vas ao<f>ia, et prati
tourner vers Dieu, 367-369 ; quement synonyme de nouSela,
et lui être présenté comme sacri <f>iXoacxpta, p.6£rjp.a, tTna-njp.7)) :
fice vivant, 363-365. voie unique vers la perfection
TraXiyyeveaia : 91 „. d'après Barlaam, 5 ; l"5M; 27i»-14;
irelpa : 185 ; 281 ; 319 ; 699. 63i«-i»; I37n-n; 229,,; 255-
moris : 467-477. 261 ; 267 ; 299-305 ; 391 ;
irXârreotiai : 513-517. d'après Barlaam, conduit au
irvevfia : souffle humain, 39, ; mau même but que l'Écriture, 233-
vais esprit, 91 „ ; 93„; 105,; 237, 277 ; pleine de contradic
109,,. tions, 9, 261, 311 ; inspirée par
noXvdcos '■ 677,, ; 689,,. les démons, 45-46, 249-251 ; con
TroXvTrXacnacrpAs : — tov Geov, damnée par Dieu, 273-275 ; avor
l59io ; 687,,. ton de sagesse, 37,, ; 49.-» ;
npoopiu/iol. : 653-655 ; 681-683 • 55M ; disparue avec l'Incarna
691,; 691,,. tion, 41 ; incapable de voir
npooevxrj ■ chasse les mauvais es Dieu dans la création, 43 ; 53 4_, ;
prits, 109,,-,, ; unit à la grâce, combat l'Écriture, 45 ; on peut
I53»e-ai; purifie, 205,; oœpov s'y adonner, mais pas jusqu'i'i
ttis Trpooevxfjs, 285-287 ; — à- la vieillesse, 37,-,,; 237,, ,„ ;
SiâXftTTTos, 19,, ; iog6 ; 195, ; 257-259 ; 391 ; en tant que • na
283-285; 287,,; 287,,, ; — «'- turelle » provient de Dieu, mais
XiKpivtjs, 465,, ; 507,, ; 525,, ; — mal employée par les philo
IxovoXôyiaros , 109, ; — voepd, sophes, 55 ; 63 ; 251,,.,, ; 279 .
229.; 325^ 3273; 331»; 339.; opposition des deux sagesses.
35Jit ! 385s I — eVreiTJy, 181, ; 49-5i; 53ii-ii : 239-245; 633;
4I3« ! 5°7«7 i — xadapâ, I49i5-i« ; sagesse divine, 23 ; 27,, ; 49 ;
3°3« : 329si i 4I3«» : — àiretXi- 51 ; 57, ; 263, ; visible dans les
KpivrffiévT], 153, ; 195.-10 i — créatures, 61 4_,.
âiiXos. i53t : !95» ; 327i? ;4°9S-.; ovyKa.Ta.fiaLva), cwyKaTÔftaais : 1 29,, ;
5°7n : 525i3 i — ovvtovos, I79ts ; 213.; 213,; 213,,; 213,,.
— évoeioeo-répa, 35l«i ; — irvtv- ovpfioXov : différentes sortes de
p.aTiKrj, 2455 ; — £irip.oi'OÇ, 409,. symboles, 431-433. 583"587. 595-
■npoao^rj : — toû vov, 89, ; 9!i»-ii ; 597 ; image matérielle de l'im
>57u- matériel, 97,, ; 243,, ; 501-503 ;
nCp: io9i,_21; 125; 163; 179»; visions symboliques de l'Ancien
637- Testament, 119-121; 13310-1» ;
TTlÔpWOlÇ : 331 18- 535 ; dépassé par la vision, 117,-,;
579io ; — <f>vaiKÔv, 627lt_„.
crdpÇ '■ — fieTa.aKeva.Cop.4mr], 9321 ; owovcn\pw\û>, cruvovuiuxjis '■ 105, ;
— ôfiôBeos. 429.» ; 577»i : — du i°9i«.
752 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MOTS GRECS

avaaaj/xoç : I93i7- donne la vraie connaissance,


aw/xa : instrument de l'âme, 79,, ; iii„-„ ; 113,0-1, ; 627,4-,, :
n'est pas mauvais en soi, 75u-„ ; contemplée par les anges 117 ;
participe à la prière, 327la_„ ; 187,,-,, ; hypostatique, 123,,-,, ;
329-333 ; 335-339 ; 349-351 ; est 397«-ti î 4°3i4 ! 5Ô9t : 57»! !
présenté à Dieu en sacrifice, 573i ! 573ii-it ; 591-593: intellec
363-365 ; reçoit la grâce, 179 ; tuelle, 123-125, 131 ; accessible
181-183 ; 180 ; 341-345 : 4<>5»-n ; aux sens déifiés, 189-193 ; 207, ;
— rrvtvfiaTiKÔv, 467,, ; participe 437; 7ï3i-» : spirituelle 131,,;
à la vision, 621,,; participe à la 599t ; à la fois visible et invi
transmission des charismes, 345- sible, 143,,-, 7 ! 161 ; organe et
347 ; — du Christ, source de la objet de la vision, 459-461 ; est
Lumière, 115,, ; 187,- , ; i93tt-« ; ténèbres, 4911,-1,; éternelle, 587;
207T_,;43iu_M;59i;62i ; donné symbole naturel du Fils, 593-595 ;
en nourriture, 165,-, ; i93,,-i7 ; elle est ôeônjç, I59n ! 579"587 ;
présenté en sacrifice, 501,,. et 6 Oeôs, 161, , ; mais elle est
distincte de la nature divine,
VTTepdyvworos '■ H5i '• 5°5u-
159.-11; 161 4 ; 405»; 4" ; 717;
ÛTTCjpicei/iai : 573,, ; 575, ; 661 „.
âireipov ko! VTrepovpdviov, 157, ;
WToaraTiKÔs '■ v. iwirôararos.
ànXovv àtTvij/iâTioToi' vnep<f>vès
tfyavraaia : 511-513- VTrepovaiov, 433, <-„ ; aùroimitov,
<f>voiç, (pvaiKos (opposé à irvevfia 5°3ib ! 5°5i ! 67*i« ! Ocoirotâs.
et à x<V'î) : 61 .' i35i»-i» '• ï43»i ; 605, ; oùtritûSes, 647,0 ; irvevpa-
249 ; 275-277 ; 279,,-,, ; 357,, ; tikï) Svvafits, 669,5-,, ! à-npôaiTov,
47319; 53'i4-»«: 535«: 607; 711,,; ovpdviov ânAeTov â^povov
671-673 ; 717,,- àîBtov, 711,0 ; les anges comme
<f><às : lumière divine qui n'est pas <f><bra Seûrtpa,, 39io '• lumière dé
un ange, 405-407 ; ne possède moniaque, m,-,.
pas d'hypostase propre, 399-403 ;
573i«; 59iis; 605,; n'est pas ^âpiç : don de Dieu (opposé à
symbolique, 167,,-,, ; I75i«-it ! <f>v<jis), 61,,-,,; 505,; procure
4°3i«; 429-437; 581-583 ; n'est la connaissance du monde, 539 ;
pas l'essence de l'esprit, 407- appartient à l'homme spirituel,
409 ; n'est pas sensible en elle- 205,, ; présente dans le cœur pur,
même, I3ij; 167-175; 187; 79,_,; elle est deôrrjs, 561,,-,,;
I9iit-i»; 2ii„_„; 467; 579; (xktiotoç, 561-562; âvap\os, 711,;
599-601 ; diffère de la connais âaxfTos, 607,, ; — ttjs ivxmo-
sance, 1131,-,,; 119,; 125,-,; arârov vloBcolas, 609,,- ,,.
131»; i65,-10; 199-201; 409;
673-675 ; révélation de Dieu, i/mA/ui/Sta : 109,,.
131,4 ; grâce du Verbe incarné, ijwxri '■ possède les images des Xôyoi
ii5u_n ; 193 ; annonce la secon créateurs, uM; incréée d'après
de venue, 167,, ; i93s-io ; !95i-6 : les philosophes, 53i0-u ; Swouxiç
205„-,4 ; 463»e-i7 ; 5°9.-io ; ■rijs >l>vx7Jç, 187, ; etaoSoç ttjç
illumine les chrétiens de l'inté <pvxfjs -npos iavrrjv, 89,,-,, ; —
rieur, 105; I93n-n ! 4°7u-i<>; TOÛ KOUflOV, 53,.
III. TABLE DES NOMS PROPRES
ET GÉOGRAPHIQUES

Cet index ne comporte pas les noms bibliques et les noms cités dans
la Table des références patristiques.

'Ayafnjvôs, 569,,. Zeiis, 47u-


'AOfjvax, 255,4. Z-qvuJV, 67,!-
'ABrjvaîos, 25,.
"Ada>s, âyiov Spos, 997 ; 321,,; 'HoioSos, 45i«-
701,,.
AiyvTmos, 25,, ; 241, ; 255,, ; Ocô&wpos ô SAa^epvtVr/î, v. BXa-
257. ! 257.1 ; 277i4 ; 293,, ; 307,; XfpvÎTtjs-
307 „; 409,,; 545,.
'AXéÇavSpos, 107,,. 'IvSôs, 393 it-
"Apeios, 107,, ; 107,4. 'IovXiavôs, 291,.
'ApioroTéXTjs. 241 7 ! 39l>i ; 3954Î 'I-mrapxos, 395i-
4i5n 'iTTTTOKpdTTJS, 235,.
'AxtMcvç, 45„. 'IraXia, 563,, ; 565,,.
'ItoXÔs, 32 i„ ; 565,,.
BXaxtpvtT-qs (&(6huiposôTpaTTtt,ovv-
nos), 557n ; 5&9,,-,i ; 645,,; Aarîvos. 321,4 ; 561,, ; 563, ; 567, ;
645»; °47s ! 647,, ; 701,,. 57'iv-
BAa.)(fpvai, 569,1.
Mapîvos 6 Tvpios, 395i-
raXrjvôs, 235,. MaaoaXiavôs, 147, ; 557, ; 557,, ;
i"aAÀia, 563,,. 56511 ; 569« ; 603,, ; 607, ; 645,,;
647n ; 647,, ; 647„_,4 ; 699, ;
'EXikcjv, 47,. 699.; 701i.-
'EMt)v, 5,0 ; 10,, ; 33,, ; 37,, ; 49,1 ;
5ri; 55m : 241 1! 251,; 259,.; TVtVaia, 107,,.
261,,; 269,,-,,; 269,,; 271,; NIkt), 107,,.
273n ; 27711 ; 289,4 ; 307. ; 3°7u ; Novp.€vws, (33m)-
3°9i, ; 3'9i7 ; 473io ; 545i • 6l5«-
EvicXefoqs, 267,4 ; 391,1- "Op.T]pos, 45m! (395»-7)-
Evvôp. tos, 64g,,. Ovpavla, 47,i-
754 TABLE DES NOMS PROPRES ET GÉOGRAPHIQUES

/7aAcuoÀéyos, Mi^aijÀ, 321,,. ZafiiXkios , 649,,-


nâpdos, 393m Zavpofiâ-rqs, 393m-
niparqs, 393i4 : 393m \ 4°9i« '• S6ii*- ZxJdris, 3°7« i 393i« ! 4°9u ! 569»i-
rhepîa, 47|. ZkvXXo., 545,,.
IIUpos, 47»- EtwïkoL, i37n-
nXâraiv, 33M ; 45i4-u ; &7u ; 267i ; Loupai-ris, 45t, ; 689,,.
271M ; 391.1 ; 395i ; 415»» : 689m-
/ZroAe/xaîos-, 267,, ; 393t ; 393n > XaASaîoî, 25,, ; 241! ; 255,, ; 257, ;
4i5u- 293it-
Ilvdayôpas, 689 „.
rivOayôp€u>s, I37n.
IV. TABLE DES AUTEURS MODERNES
CITÉS DANS L'INTRODUCTION
ET LES NOTES

Allatius, L., 564. Gouillard, J., XXIV, XXX, XXXI,


Amand, D., 108. XXXIX, 70, 88, 372.
Arnakis, G. -G., 392. Grumel, V., XXI, XXXVI.
Athanase, XL. Guilland, R., XL.

Balthasar, H.-U. von, 606. Hausherr, L, XXVIII, XXIX,


Bois, J., XXVIII. XXX, XXXI, XXXIII,
Bréhier, E., 44, 240. XXXVIII, 88, 98, 138, 146, 208,
Bréhier, L., 538. 218, 286, 372, 404, 464.
Browning, R., XXXIX.
Ivanka, E. v., XXXI.
Candal, E., XIX.
Chambry, E., 230. Janin, R., XLI.
Cohn, L. 34. Jugie, M., IX, XI, XXIX, 230,
Colan, N., XXIX. 232. 564-

Daniélou, J., 152, 236, 253, 300, Kern, C, XXVIII. XXXIII.


390, 494, 502, 504. Krumbacher, XLI.
Darrouzès, J , XXXVII, 356.
Delehaye, H., XL, XLI. Lampros, S., XLV.
Des Places, E., 108, 122, 218, 338, Laurent, V., XXXIX, XLI.
352, 362. Legrand, F... XI.
Devreesse, R, XLVIII. T.eib, B., XN.I, 570.
Doukakis, XL. Loenertz, K.-J., XLV.
Lo Parco, XI.
Epifanovic, S. L., 138, 464.
Eustratiadès, S., XLII. Mandalari, XI.
Mazon, P., 46.
Fuchs, F., 538. Mercati, G., XXXIX. XLV.
Meyendorff, J., X, XI, XIII. XVII,
Gédéon, M., XLI. XX. XXXII, XXXV, XLIV,
Gennadios, XL. 32, 140, 304, 308, 486, 550. 558,
Gianelli, C, 566. 560, 562, 564, 572, 674.
756 TABLE DES AUTEURS MODERNES

Oikonomos, S., IX. 74, 96, 102, 104, 136, 226, 228,
Omont, H., XLV. 230, 234, 324, 412, 498, 550,
Ostrogorsky, G., XXVIII. 556. 564-
Sherwood, P., 594.
Papadopoulos-Kerameus, A., XIV, Spassky, Th., 162.
XL, XLI, 228. Stanilooe, D., IX, XI, XIX, XLV.
Papamikhaïl, G., IX, XII. Syrku, P.A., L.
Pargoire, S., XLI.
Pruche, B., 622, 624. Thédinga, F., 34.
Puech, H.-C, 104. Treu, M., XLI, XLII.

Rivaud, A., 44, 394, 502. Uspenskij, P., L.


Robin, L., 44. Uspenskij, Th., XVIII, XXII,
Roques, R., 294, 538. XXIII.
Rousseau, O., 144.
Vogel-Gardhausen, XL, XLVIII.
Salaville, S., XXXIX.
Schirô, G., XI, XII, XIII, XIV, Zakinthinos, D. A., XLV.
XV, XX, XXV, 4, 6, 10, 70, 72,
V. -TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Introduction vii
I. Le cadre historique vin
II. Les écrits de Barlaam xxrv
III. Nicéphore l'hésychaste et son traité De la garde du
cœur xxvm
IV. Les sources de Palamas xxxiv
V. Le plan et le style des Triades xliii
VI. Le texte xliv

TEXTES

SlGLES USITÉS DANS L'APPARAT CRITIQUE 3

PREMIÈRE TRIADE

Première question: On accuse les moines d'ignorance. Que ré


pondre ? 4
Première réponse. — Du très bienheureux archevêque de Thes-
salonique Grégoire, premier traité de la première série pour la
défense des saints hésychastes. Définitions des normes et des
limites dans lesquelles il est utile de s'adonner aux études .... 8
i. La sagesse des philosophes n'est que relative 8
2. Elle n'est pas la sagesse de Dieu io
3. Puissance maléfique du péché 12
4. Éducation profane et vie chrétienne 14
5. La sagesse rendue folle 16
6. Du bon et du mauvais usage des études profanes 20
7. Conditions de la vraie éducation 22
8. Le repentir de saint Basile 24
758 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

9. Sagesse hellénique et grâce divine 26


10. Le Connais-toi toi-même des philosophes 30
11. Serpents soumis à la dissection 32
12. Lumière et ténèbres 36
13. Loi de Moïse et sagesse hellénique 38
14. Rappel de Rom., 1 42
15. Les philosophes sont des possédés 44
16. Les philosophes se sont écartés de la vraie philosophie na
turelle 46
17. La sagesse naturelle et le Christ 48
18. Folie des philosophes 50
19. Mais rien de ce qui est n'est mauvais en soi 54
20. La vraie connaissance des créatures conduit à Dieu 56
21. Précautions à prendre 58
22. Le Christ notre seule philosophie 60
23. Témoignages patristiques 64

— II —

Deuxième question : La spiritualité des hcsychastes est critiquée.


Est-elle condamnable ? 70
Deuxième réponse. — Du même, traité deuxième; de la première
série pour la défense des saints hésychastes, montrant que ceux
qui ont choisi de concentrer leur attention sur eux-mêmes dans
la quiétude n'ont pas tort de chercher à garder leur esprit à l'in
térieur de leur corps 74
1. Le corps n'est pas mauvais en soi 74
2. L'être humain tout entier peut recevoir la grâce 76
3. Le coeur : siège de l'intelligence 78
4. Le retour en soi 80
5. Mouvement circulaire de l'esprit 82
6. Le Christ a revêtu la matière 84
7. Méthode spirituelle pour débutants 86
8. Le but de cette méthode 88
9. La chair peut être transfigurée 90
10. Le sobriquet « omphalopsyques » : une calomnie 92
11. Pourquoi pas des « coeliopsyques »? 96
12. Les maîtres de l'hésychasme 98
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 75g

— III —

Troisième question: Quels sont les vrais signes de la présence


divine ? 102
Troisième réponse. — Du même, traité troisième de la première
série pour la défense des saints hésychastes. Sur la lumière,
l'illumination divine, le bonheur sacré et la perfection en Christ 106
1. Les ruses du démon 106
2. Fraudes des accusateurs 108
3. Il y a deux connaissances 110
4. Visions au-dessus de la négation 112
5. Le dépassement supracéleste 114
6. L'Ancien et le Nouveau Testament 118
7. Lumière et connaissance 120
8. Le feu intellectuel 124
9. Fonctionnement de l'œil intellectuel 126
10. Le temps présent et l'achèvement final 128
11. La raison de la venue du Christ 130
12. L'homme psychique ne reçoit pas les choses de l'Esprit .. 132
13. Quelle parole peut contester la vie ? 136
14. Les connaissances profanes ne mènent pas nécessairement
au salut 138
15. En rejetant le Surnaturel, on rejette aussi le naturel .... 140
16. Esprit de Dieu et Corps du Christ 142
17. Dépouillement et vision objective 144
18. Communion réelle à Dieu 148
19. La théologie apophatique n'est qu'une image 150
20. « Union » et non « connaissance » 152
21. Vision de l'Invisible 152
22. La vision de saint Benoît 156
23. « Plus-que -Dieu » 158
24. Élie au mont Horeb 160
25. Préfiguration, réalité, anticipation 162
26. Le préambule de la Parousie 164
27. La lumière divine n'est pas sensible 166
28. Une réalité sensible peut-elle être incréée 170
29. ... et céleste ? 172
30. La vision d'Ktienne 174
31. Le corps reçoit lui aussi la grâce 176
32. L'amour divin 178
33. Transformation de la chair 180
760 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

34. Expérience de Dieu 182


35. La lumière du siècle à venir 184
36. Corps spirituels 188
37. Déification eschatologique 190
38. Nos corps communient au Corps du Christ 190
39. Expérience réelle 194
40. La vraie lumière 196
41. Vision supérieure à la connaissance 198
42. Connaissance des êtres et vision mystique 200
43. Nature eschatologique de la lumière 202
44. La voie de l'union .• . 206
45. Une faculté propre à l'esprit : trouver Dieu en lui-même . . 208
46. La voie de l'hésychasme 210
47. Condescendances divines 212
48. Vraies et fausses visions 212
49. Personne n'est infaillible 216
50. Les degrés de la perfection 216
51. Dieu est seul juge 220
52. La purification, condition de la connaissance 220

DEUXIÈME TRIADE

—I—

Du même, traité premier de la deuxième série, pour la défense des


saints hésychastes. Exposition et réfutation des écrits du philo
sophe Barlaam contre les saints hésychastes. De la connaissance
qui apporte vraiment le salut et que recherchent les vrais moi
nes; ou bien : contre ceux qui déclarent que c'est la connaissan
ce provenant de l'éducation profane qui apporte vraiment le
salut.
1. Barlaam et les moines 224
2. Les écrits de Barlaam 228
3. Modifications qu'il y apporte 230
4. Encore les deux sagesses 232
5. Deux aspects de la vérité 234
6. La philosophie inconciliable avec l'Évangile 236
7. Aristote et Plotin sont-ils semblables aux apôtres ? 238
8. Le vrai philosophe 240
9. Deux manières de penser 242
10. Réalités incomparables 244
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 761

11. De la manière de lire les Écritures 246


12. Nature et Grâce 248
13. Peut-on parler d'une sagesse « démoniaque »? 248
14. Barlaam, initiateur de la querelle 252
15. Erreurs des Égyptiens et des Chaldéens 254
16. L'exemple d'Athanase, de Basile, de Grégoire de Nysse . . 256
17. Barlaam a falsifié un texte de Grégoire de Nysse 258
18. La tour de Babel 260
19. Barlaam ne reconnaît pas qu'il y ait deux sagesses 264
20. La perfection selon Barlaam 264
21. Sagesse-en-soi et philosophie hellénique selon Barlaam' . . 268
22. Platonisme de Barlaam 270
23. La vraie sagesse mène à l'Église 270
24. Comment comprendre la « folie » de la philosophie ? .... 272
25. Grâce spirituelle et don naturel 274
26. Les Égyptiens possédaient-ils la grâce ? 276
27. C'est l'abus que nous condamnons 278
28. Esprit du monde et Esprit de Dieu 278
29. La foi, l'expérience et l'amour 280
30. La prière continue 282
31. Le don de la prière 284
32. Témoignages de s. Grégoire de Nazianze 288
33. Les moines et les sciences profanes 290
34. La voie monacale 290
35. Évangile et vie monastique 294
36. Erreurs de Barlaam 298
37. Citation de Barlaam 300
38. Les principaux commandements 302
39. Barlaam contredit Denys 304
40. Barlaam a l'esprit malade 306
41. Comment atteindre la vérité ? 308
42. La solution 310
43. La vraie sagesse est en Christ 312
44. Témoignage de s. Basile 314

— II —

Du même, traité deuxième de la deuxième série pour la défense


des saints hésychastes. De la prière.
1. La sagesse charnelle contre la prière 318
2. Nicéphore, maître de l'hésychasme 320
3.- Les disciples de Nicéphore 322
7Ô2 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

4. Spiritualisme de Barlaam 324


5. Toute sensation n'est pas à rejeter 326
6. La douleur physique amène à la prière 328
7. Sensations physiques liées à la prière 330
8. Choses vaines et choses utiles 332
9. Le corps peut devenir Esprit 334
10. Témoignages scripturaires et patristiques 336
11. Il y a des degrés dans l'union à Dieu 338
12. Contre l'anthropologie dualiste de Barlaam 340
13. Le corps participe à la transmission de la grâce 344
14. La prière n'est pas un détachement du corps 348
15. Fausse interprétation de Denys par Barlaam 350
16. Barlaam abolit la prière 352
17. Le baptême des larmes 354
18. Pour Barlaam, c'est une chose mauvaise 358
19. Qu'est-ce que l'impassibilité ? 360
20. Le sacrifice vivant 362
21. L'exemple de Paul 364
22. Seules les mauvaises passions doivent mourir 366
23. La passion de Dieu 368
24. Impassibilité n'est pas suicide 370
25. Critiques de Barlaam contre Nicéphore 372
26. Superficialité de Barlaam 374
27. Y a-t-il opposition entre Grégoire de Nysse et Macaire ? . . 376
28. Anthropologie de Grégoire de Nysse 376
29. Accord mutuel des Pères 378
30. Il y a d'ailleurs liberté de pensée dans le domaine de la
physiologie 380

— III —

Du même, traité troisième de la deuxième série pour la défense


des saints hésychastcs. De la lumière sacrée. /
1. Un aveugle conduisant des aveugles 384
2. Une file d'aveugles ! 388
3. En fait, Barlaam contredit les Pères 390
4. Le monothéisme universellement reconnu 392
5. Un Dieu suprasensible 394
6. La plus grande des calomnies 396
7. L'argument de Barlaam tombe à faux 398
8. « Plus-que-Dieu » 402
9. Dieu apparaît aux êtres créés 404
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 763

10. La lumière divine n'est pas un ange 404


11. Elle n'est pas l'« essence de l'esprit » 406
12. ... ni l'essence de Dieu 408
13. Barlaam, disciple, puis ennemi, des moines 410
14. Comment il traite la spiritualité monastique 414
15. Témoignage de s. Isaac 416
16. Connaissance par les êtres et vision directe 418
17. Connaissance et déification 420
18. Témoignage du Coryphée des apôtres 422
19. L'image du soleil 426
20. La lumière divine n'est pas un symbole 428
21. Témoignages patristiques 430
22. S. Maxime 430
23. Denys 432
24. L'expérience de s. Paul 434
25. Lumière invisiblement visible 436
26. Subir la transcendance divine 438
27. La vision d'Etienne selon Grégoire de Nysse 440
28. La médiation des anges n'est pas nécessaire 442
29. La hiérarchie angélique a été bouleversée par l'Incarna
tion 444
30. Le rôle des anges 446
31. Vision de l'Invisible 448
32. Vision de l'Incréé 450
33. Une réalité unique 452
34. Barlaam et sa philosophie de l'Etre 454
35. Théologie apophatique et union mystique 456
36. La lumière : organe et objet de la vision 458
37. Vision qui dépasse les anges et les hommes 460
38. La preuve de l'existence de Dieu 462
39. Lumière dépassant l'intellection 464
40. La foi 466
41. Vision de la foi et accomplissement eschatologique 468
42. La foi, faculté surnaturelle 470
43. Foi et connaissance 474
44. La connaissance de l'univers mène à Dieu 476
45. Mais nous avons la grâce 478
46. Le Christ, notre seul Maître 480
47. Barlaam nie la vision supraintellectueUe 482
48. Une faculté de l'intelligence 484
49. La théologie apophatique n'est qu'une parole 486
50. Barlaam abuse du Pseudo-Denys 486
764 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

51. Lumière et ténèbre chez Denys 490


52. « Dieu par la grâce » 490
53. Insuffisance de la théologie apophatique 492
54. La vision de Moïse 496
55. Réalité et symboles 500
56. Dépouillement, vision et transcendance divine 502
57. Expérience de l'incompréhensibilité divine 506
58. Les visions sont-elles inférieures à l'inteUection ? 508
59. Les deux imaginations 5IQ
60. Les puissances célestes « imaginent-elles » Dieu ? 512
61. Le modelage divin 512
62. Témoignages de l'Écriture 514
63. Vision, source de connaissance 516
64. Théorie de Barlaam sur la connaissance de Dieu 518
65. Deux conceptions de la théologie apophatique 519
66. Vision réelle de la gloire, mais non de l'essence 524
67. Connaissance immédiate de Dieu : il ne s'agit plus d'ana
logies 526
68. Encore les deux connaissances 528
69. La bonne interprétation de Denys 532
70. Des symboles à la réalité 534
71. Connaissance élémentaire de Dieu 534
72. Le monde sensible contemplé dans l'Esprit 536
73. La vraie doctrine de Denys 538
74. Le but de la « hiérarchie » selon Denys 542
75. La connaissance des êtres est une nourriture pour en
fants 542
76. La sagesse profane procure-t-elle le Christ ? 544
77. Ce n'est pas à Barlaam de corriger les autres 546
78. L'entrevue entre Palamas et Barlaam 550
Extrait de l'éloge de Chrysostome à Etienne, protomartyr 552

TROISIÈME TRIADE

—I—

Du même, réfutation des absurdités qui résultent du deuxième


écrit du philosophe ; ou : de la déification.
1. Contre les Messaliens 55&
2. Le devoir de défendre la vérité 558
3. Barlaam nous mène au Filioque 560
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 765

4. Sa mission en Italie et ses traités antilatins 562


5. Barlaam est-il un orthodoxe ? 566
6. Barlaam rejette la grâce 568
7. Le cas du « Blachernite » 568
8. Denys, Maxime, Chrysostome et Basile 570
9. L'énergie « hypostasiée » 572
10. La gloire divine du Christ 574
11. Il n'y a plus de symboles ! 576
12. Exégèse de textes sur la lumière thaborique 580
13. La théologie symbolique de Maxime ' 582
14. Les différentes sortes de symboles 584
15. Lumière éternelle 586
16. Le Christ resplendit encore aujourd'hui 588
17. Lumière propre du Christ 590
18. Que signifie « hypostasiée »? 590
19. Symbole naturel de la Divinité du Fils 592
20. L'image du feu 594
21. Participation et transcendance 596
22. Anticipation eschatologique 596
23. Essence et caractères essentiels 600
24. « Nous ne sommes pas dithéïstes » 602
25. Barlaam cite Denys 604
26. La déification est-elle le développement d'un état naturel ? 606
27. Nature et Surnaturel 608
28. Témoignage de Maxime 610
29. Dieu se laisse voir en face 610
30. La déification n'est pas un don naturel 612
31. La déification, énergie de Dieu 616
32. Accessible à l'expérience 618
33. L'Esprit en nous 620
34. Le Christ, Dieu par essence, et les hommes déifiés 624
35. Dieu agissant dans l'homme 626
36. Grâce et conscience humaine 628
37. La pratique des commandements 632
38. La vie divine donnée à l'homme 632
39. S. Basile sur la lumière 634
40. Le feu divin 636
41. Témoignage de s. Jean Chrysostome 638
766 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

— II —

Du même, liste des absurdités qui proviennent des prémisses ad


mises par le philosophe. Deuxième traité contre son deuxième
écrit.
i. La doctrine du grand Macaire 640
2. Encore Macaire 642
3. Qu'est-ce que le Messalianisme ? 644
4. La vraie doctrine orthodoxe 646
5. Essence et propriété de l'essence 650
6. Œuvres préexistantes de Dieu 652
7. L'essence suressentielle et les énergies 654
8. Les énergies ayant un commencement et une fin 658
9. Témoignages patristiques 658
10. Les noms divins 660
11. Énergies incréées 662
12. « Je suis Celui qui est » 664
13. Participation aux éclats de Dieu 666
14. Les éclats visibles de Dieu 668
15. La vision est toujours une grâce, même pour les anges .... 670
16. Les anges ne voient pas Dieu par nature 670
17. Il ne s'agit pas d'une connaissance 672
18. Puissance incréée de Dieu 674
19. Barlaam est polythéiste ! 676
20. Ses sophismes 678
21. D'après Barlaam, Palamas est polythéiste 678
22. Dieu et les énergies 680
23. Quelle est l'entité des êtres ? 682
24. Un Dieu transcendant, mais agissant 684
25. Dieu participable et imparticipable 686
26. Les modèles préexistants des êtres 688
27. L'empereur terrestre, image de Dieu 690

— III —

Du même, liste des absurdités qui proviennent des conclusions


du même philosophe. Troisième traité contre son deuxième écrit.
1. Un vrai hérétique 694
2. Blasphème contre les prophètes 696
3. Il parle sans avoir l'expérience 696
4. Il oppose Grégoire de Nysse aux autres Pères 700
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 767

5. Dieu devient homme ! 702


6. Énergies distinctes de l'essence 706
7. Argument tiré de la christologie de s. Maxime 706
8. L'homme déifié n'est pas Dieu par nature 708
9. Les yeux corporels voient la gloire de Dieu 710
10. Vision dans le dépassement de soi 712
11. Dieu est-il semblable aux objets visibles ? 714
12. Dieu se manifeste-t-il à la seule intelligence ? 716
13. La déification selon Maxime 718
14. Transcendance absolue de Dieu 720
15. Transposition des passions 722
16. La conclusion de toutes les hérésies 724

TABLES

I. Table des citations 731

I. Citations bibliques 731


IL Références patristiques 738
III. Citations liturgiques 746

IL Table alphabétique des mots grecs de signification doctri


nale 747

III. Table des noms propres et géographiques 753

IV. Table des auteurs modernes cités dans l'introduction et les


notes 755

V. Table analytique des matières 757


IMPRIMATUR
Lovanii, die 22» iunii 1959
H. Van Waeyknbbrgh,
Rect. Univ. deleg.
- DO NOT REMOVE
OR
MUTILATE CARD
I *

imprimerie frankie, louvain (Imprimé en Belgique)

^M

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