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ET DU NOUVEAU TESTAMENT
DANS LE RITE BYZANTIN
1. On pourra noter ici que le canon n'a que trois odes aux matines
du Grand Vendredi, dont le système de lectures est particulièrement
développé.
2. Le canon est aussi chanté aux complies et à l'office de minuit.
C'est peut-être la raison pour laquelle ces offices ne comportent
jamais de lectures bibliques dans la liturgie byzantine.
208 LA PRIÈRE DES HEURES
l
aujourd'hui encore très courante dans la piété popu-
laire, et qui voit dans les vêpres une figuration de
l'histoire sainte de l'Ancien Testament, et dans les
matines comme dans la << liturgie >) eucharistique celle
de la vie terrestre du Sauveur 2 •
Tels sont, brièvement esquissés, les faits et les
idées qui ont présidé à la formation du lectionnaire
byzantin ou qui ont accompagné son élaboration.
Comment, maintenant, se sont constitués les divers
cycles de lectures dont il est l'ensemble? Il comprend,
notamment, des lectures propres au temps et des lec-
tures propres aux fêtes. L'histoire de ce second cycle
de lectures serait trop longue à retracer dans les
cadres assignés à la présente étude: il s'agirait, en
somme, de refaire pour elles l'histoire de chaque fête
ou de chaque mémoire de saints dont elles relèvent.
Aussi bornerons-nous cette étude aux seules lectures
1. P. G., 91, 700.
2. L'exemple classique d'une telle interprétation est fourni pour
le cas de la liturgie eucharistique par Nicolas Gogol dans ses Médita-
tions sur la divine liturgie.
LES LECTURES DANS LE RITE BYZANTIN 209
II
1. Celles-ci comptent parmi elles en premier lieu un
cycle de onze leçons évangéliques que l'on lit tour à
tour aux matines des dimanches. Ces leçons sont ap-
pelées Évangiles de la Résurrection, parce qu'elles y
ont trait, ou bien Évangiles de l'aube (EÔIX'Y"(ÉÀ~IX &(J)ewci),
parce que le moment de leur lecture en principe doit
coïncider avec ce moment du jour. L'origine, sinon
de ce cycle, du moins de l'usage d'avoir à cet office
un Évangile de la Résurrection, est ancienne, puisque,
d'après Ethérie, à Jérusalem déjà au rve siècle, il Y1
avait une lecture de l'Évangile aux matines domini-1
cales 1 • Elle s'explique par le désir de l'Église de
revivre la Résurrection du Christ avec ceux-là mêmes
qui ont été ses témoins et au moment même où elle
avait eu lieu ainsi que d'en entendre la nouvelle dans
les paroles mêmes où elle avait été annoncée pour
la première fois. Aussi l'usage veut-il que ces Évan-
giles, à la différence des Évangiles de fêtes ou de
saints, soient lus non au milieu de l'église mais à
l'autel même, dans le sanctuaire, telle l'annonce de la If
Résurrection du Christ jaillissant hors du Tombeau.
Les onze péricopes qui composent ce cycle dans sa
forme définitive sont les suivantes :
1. Matthieu 28, 16-20 7. Jean 20, 1-10
2. Marc 16, 1-8 8. Jean 20, 11-18
3. Marc 16, 9-20 9. Jean 20, 19-31
4. Luc 24, 1-12 10. Jean 21, 1-14
5. Luc 24, 12-35 11. Jean 21, 15-25
6. Luc 24, 36-53
1. Peregrinatio Etheriae 24, § 10. Il est très possible que les
matines dominicales avec leur lecture évangélique aient servi de
modèle aux matines des fêtes qui, elles aussi, comportent à la même
place une lecture de l'Évangile.
210 LA PRIÈRE DES HEURES
Matines Mat. 21, ISA3 Mat. 22, 15l23, 30 Jean 12, 17-50 Luc 22, 1-30 Les 12 fu. 37
~vaniiles 1 Cor. 5, 5-8
de la Gal. 3, 13-14
Passion Mat. 27, 62-66
None Jér. Il et 12
Héb. 10, 19-31
Jean 18, 28 à
19, 37
Vêpres et Ex. 1, 1-20 Ex. 2, 5-10 Ex. 3, 11-22 Ex. 19, 10-19 Ex. 33, 11-23 La pnde
Uturgie Job 1, 1-12 Job l, 13-22 Job 2, 1-10 job 23, 1-23 et Job 42, 12-16 viiile
Mat. 24, 3-35 Mat. 24, 36 à 26, 2 Mat. 26, 6-16 42, 4-5 Is. 52, 13 à 54,1 pascale
ls. 50, 4-11 1 Cor. 1, 18 à 2,2
1 Cor. Il, 23-32 ~vaoiile
~vaniile composite de
composite la Passion
1
LES LECTURES DANS LE RITE BYZANTIN 217
1 Gen. 1, 1-3 x
2 Is. 60, 1-16. x
3 Ex. 12, 1-11 x
4 Jon. 1 à 4 x
5 Jos. 5, 10-15 x
6 Ex. 13, 20 à 14, 32 x
Chant du Cantique d'Ex. 15, 1-19
7 Soph. 3, 8-15 x
8 III Royaumes, 17,
8-23 x
9 Is. 61, 10-11 ; 62, 1-5 x
10 Gen. 22, 1-18 x
11 Is. 61, 1-9 x
12 IV Rois 7, 8-37 x
13 Is. 63, 11 à 64, 5 x
14 Jér. 31, 31-34 x
15 Dan. 3, 1-56 x
Chant du Cantique de Dan. 3, 57-88
A] La liste arménienne :
1. Gen. 1, 1-3, 24 (cf. la 1re lecture byzantine)
2. Gen. 22, 1-18
3. Ex. 12, 1-24 (cf. la 3e lecture byzantine)
4. Jon. 1, 2-4, 11 (cf. la 4e lecture byzantine)
5. Ex. 14, 24 à 15, 21 (cf. la 6e lecture byzantine)
6. Is. 60, 1-13 (cf. la 2e lecture byzantine)
7. Job 38, 1-41
8. Jos. 1, 1-9
9. Jér. 31, 31-34 (cf. la 14e lecture byzantine)
10. Éz. 37, 1-14
11. Dan. 3 (seulement le Cantique des Trois Enfants
dans la fournaise).
1. D'après les tableaux qui ont été établis par 1. KARABINov,
Postnaia Triod, Saint-Pétersbourg, 1910, pp. 56-57.
LES LECTURES DANS LE RITE BYZANTIN 219
1. Gen. 1, 1-3 et 22, 1-18 font aussi partie des lectures du Grand
Samedi dans les liturgies mozarabe et gallicane.
LES LECTURES DANS LE RITE BYZANTIN 225
15
226 LA PRIÈRE DES HEURES
III
Ce problème ne touche pas seulement la lecture du
livre d'Isaïe. Il se pose également à propos d'autres
lectures vétérotestamentaires. On a eu l'occasion de
le rencontrer au sujet des lectures néotestamentaires
de la << liturgie >) eucharistique.
1. Nous avons vu plus haut que la période de
l'année qui précède le Grand Carême est marquée
par des lectures dominicales tirées de l'Évangile de
Luc. Les péricopes y sont choisies dans l'ordre du
texte de cet Évangile, mais, juste avant le Carême,
il y a une sorte de retour en arrière et l'on voit même,
après, l'Évangile de Luc abandonné au profit de celui
de Matthieu, lequel était déjà utilisé immédiatement
après la Pentecôte. Si l'on se place au point de vue
du principe général adopté par l'Église byzantine dans
ses lectures relevant du propre du temps, il y a là,
évidemment, une anomalie. Elle peut être mise en
évidence par le tableau suivant :
26 6 dimanche : Luc 12, 2-21 (section liturgique 66) 1
27 6 Luc 13, 10-17 ( n n 71)
1. Les rubriques byzantines ignorent la division des livres saints
en chapitres et en versets. Aussi l'Église byzantine a-t-elle introduit
dans l'Evangéliaire et dans l'Apôtre, les deux livres qui sont l'objet
d'une lecture réellement continue, une division liturgique qui lui
est particulière. Dans l'Évangéliaire, ces sections liturgiques sont
comptées séparément pour chaque évangéliste ; dans l'Apôtre, le
numérotage des sections est établi pour l'ensemble du livre.
LES LECTURES DANS LE RITE BYZANTIN 227
1. Cf. KARABINOV, pp. 28-29. Cet auteur cite pour cette fête
en l'honneur des Prophètes un canon du patriarche Germain, mort
en 740, ce qui révèle le haut degré de solennité que cette fête avait
avant d'avoir été supplantée par celle qui a été instituée plus tard
pour le même jour en l'honneur de la victoire de l'Orthodoxie.
2. Le souvenir de certaines des lectures figurant dans ce tableau
se retrouve parfois dans le Triodion actuel. Ainsi, la parabole du
Bon Samaritain est évoquée plusieurs fois au cours de l'office du 4•
dimanche du Carême, celle du Riche et de Lazare dans le canon
du 5• dimanche, ainsi qu'au cours de certains offices de la 6• semaine.
3. Op. cit., pp. 25-26.
232 LA PRIÈRE DES HEURES
Le dimanche de la Tyrophagie :
1° Luc 12, 32-40 (ordre deveillerenatten-
dant leretourduMaître).
2o Mat. 6, 16-33 (sur le jeûne; cet Évan-
gile subsiste dans sa
première partie dans le
système actuel).
Le premier dimanche du Carême :
1o Mat. 7, 13-29 (la porte étroite et le
chemin resserré).
2o Mat. 6, 1-15 (l'aumône et le pardon
des offenses).
Le deuxième dimanche du Carême :
1o Mat. 22, 2-14 (Parabole des invités au
festin préparé pour les
noces du fils de roi).
2° Luc 15, 11-32 (Parabole de l'Enfant
prodigue).
Le troisième dimanche du Carême :
1o Mat. 20, 1-16 (Parabole des ouvriers
invités à travailler dans
la vigne).
2o Luc 18, 9-14 (Parabole du Pharisien
et du Publicain).
Le quatrième dimanche l\11 Carême :
1o Mat. 2,, 33-46 (Parabole des ouvriers
voulant s'approprier la
vigne de leur Maître).
2o Luc 10, 25-37 (Parabole du Bon Sama-
ritain).
Le cinquième dimanche du Carême :
1o Mat. 2.'3, 1-39 (Discours du Christ con-
tre les Scribes et les
Pharisiens).
2o Jean 9, 1-38 (Guérison de l'aveugle-
né à Jérusalem).
3o Luc 16, 19-31 (Parabole du Riche et
de Lazare).
4o Jean 11, 55-57 (Les grands prêtres et
les Pharisiens décident
l'arrestation de Jésus
qui vient de ressusciter
Lazare).
LES LECTURES DANS LE RITE BYZANTIN 233
1. Ibid., 30-31.
2. Cf. ibid.
3. Ce choix de l'Évangile de Marc pour les dimanches du Carême
s'explique dans le système de lectures constantinopolitain en partie
par l'influence de la leçon prise dans Mc 8,34 à 9, 1 qu'on lit le 3•
dimanche du Carême consacré à l'adoration de la Vénérable et Vivi-
fiante Croix. Cette solennité pourrait dater du règne de Justin I••
(518-527) ou de Justin II (565-578). Sur les origines de cette fête
et sur les raisons pour lesquelles elle a fini par être fixée au 3• diman-
che de la Sainte Quarantaine, cf. KARABINov, p. 33. ·
284 LA PRIÈRE DES HEURES
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1 242 LA PRIÈRE DES HEURES
***
Si nous revenons au lectionnaire byzantin pris dans
son ensemble, nous pouvons constater que, pour ce
qui est des lectures propres au temps, il comprend,
en premier lieu, deux grands ensembles de textes ré-
partis de façon à rendre possible au cours de l'année
liturgique, ou au cours du temps du Triode, la lec-
ture continue ou, tout au moins, quasi continue de
larges portions de la Bible. Il s'agit, tout d'abord,
de la lecture continue de tout le Nouveau Testament
qui se fait à la liturgie eucharistique depuis le diman-
che de Pâques jusqu'au dimanche des Palmes. Il
s'agit, ensuite, de la grande suite vétérotestamentaire
composée des péricopes de la Loi qu'on lit aux
Vêpres depuis le lundi de la première semaine du
Carême jusqu'au Grand Samedi. Cette suite relate,
on l'a vu, toute l'histoire de l'économie divine depuis
la Création et la chute, jusqu'à la première Pâque et
les faits qui l'ont accompagnée ou immédiatement
suivie. Il met en avant les grands thèmes de la Pro-
messe, de l'Élection, de l'Alliance et de la Pâque.
Ces thèmes se sont pleinement accomplis dans l'In-
carnation du Verbe Divin, dans sa mort et sa Résur-
rection. Il y a donc entre ces deux grands ensembles
de leçons scripturaires un rapport évident : l'un nous
montre Dieu définissant lui-même, tout au début de
l'Histoire sainte, les thèmes essentiels de ses rapports
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