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Southern California
SCHOOLOE THEOLOGY
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Claremont, Cal
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Aus der Bibl
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Walter Pauer
geboren 1877
gestorben 1960
Jules GROSS
Maître de Conférences Je
à la Faculté de Théologie Catholique
de l’Université de Strasbourg
———_—
LA DIVINISATION DU CHRÉTIEN
| D'APRÈS LES PÈRES GRECS
CONTRIBUTION HISTORIQUE
À LA DOCTRINE DE LA GRACE
PARIS
LIBRAIRIE LECOFFRE
1938
LA DIVINISATION DU CHRÉTIEN
D'APRÈS LES PÈRES GRECS
Jules GROSS
Maitre de on térerees
à la Faculté de Théologie Catholique
de l'Université de Strasbourg
= —
LA DIVINISATION DU CHRÉTIEN
D'APRÈS LES PÈRES GRECS
CONTRIBUTION HISTORIQUE
A LA DOCTRINE DE LA GRACE
PARIS
LIBRAIRIE LECOFFRE
1938
Nihil obstat :
A. GAUDEL,
cens. dep.
IMPRIMATUR :
Argentinae, die 8a Julii 1938.
Tu. Douvier,
vic. gen.
INTRODUCTION
INTRODUCTION | se ve
. Pour l'intelligence de la doctrine de notre élévation surnatu-
relle, it est donc de la plus haute importance de connaître l’ori-.
gine et le développement du thème de la divinisation. Cette
hastoire, c’est dans la tradition des Pères grecs qu’il faut sur-
tout la chercher. D'où l’objet et les limites du présent travail.
Assurément, le sujet n’est pas entièrement neuf. Depuis
longtemps, les historiens protestants du dogme l’ont mis en
évidence, non toutefois sans en minimiser la valeur religieu-
se (1). Chez nous, M. Rivière en a tracé les grandes lignes dans
ses rapports avec le dogme de la Rédemption (2). Mais à peine
quelques rares études ont-elles été spécialement consacrées à la
déification comme telle, dont les unes sont de simples monogra-
phies (3), Les autres, d'envergure générale, se réduisent à des
_ esquisses (4) ou restèrent inachevées (5).
_ Autant dire qu’il n’existe pas encore d’exposé d'ensemble de
la doctrine des Pères grecs sur la divinisation du chrétien.
C’est précisément cette lacune que nous nous sommes proposé
de combler.
Comme l’idée de déification a servi de lien entre l’hellénisme
et le christianisme, il était indispensable de commencer par sui-
vre les courants analogues qui se sont fait jour dans le monde
grec. En regard devaient prendre place les données bibliques
et judaïques. L'originalité des Pères grecs fut de meïtre en
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63-81,
201-214.
> ; BIBLIOGRAPHIR RE RU
LA PRÉPARATION
Il n’est pas douteux que les Pères grecs, comme tous les au-
tres, à l'instar de l’Église elle-même, ne voient dans les
Saints Livres, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, la
source divinement inspirée de toute vérité à laquelle ils ali-
mentent leur foi, la norme infaillible sur laquelle leur pensée
doit se régler d’une manière absolue. C’est dès lors dans la Bi-
ble surtout qu’il faut chercher les racines de leur enseigne-
ment,
Mais, tout fervents chrétiens qu'ils soient, ils sont nécessai-
rement aussi des enfants de leur temps et de leur milieu. Tous,
en effet, ont grandi, ont été formés dans les institutions, les
usages et l’ambiance de leur époque. Aussi ont-ils tous profité,
bien qu'à des degrés fort différents, de l’immense patrimoine
que la Grèce ancienne avait légué au monde gréco-romain.
Avant leur conversion, plusieurs d’entre eux avaient même
été des adeptes de la philosophie et, devenus chrétiens, ils ont
gardé le manteau du philosophe. D’autres et non les moindres,
bien qu’issus de familles foncièrement chrétiennes, ont fré-
quenté, avant leur baptême tardif (1), les écoles d'Athènes, de
Constantinople, de Césarée (2), où, sous la direction des rhé-
teurs païens les plus célèbres de l’époque, tels que Thémistius
et Libanius, ils ont bu «à larges traïîts dans la coupe de la
(1) On sait que saint Basile, saint Grégoire de Nazianze et saint Jean
Chrysostome, lorsqu'ils reçurent le baptême, avaient largement dépassé les
vingt ans.
(2) Cf. Gustave BaArDY, L'Église et l’enseignement au IV® siècle, dans
Revue des sciences religieuses, t. XIV, 1934, p. 525-549; t. XV, 1935,
p. 1-27.
4 LA PRÉPARATION
PREMIÈRE PARTIE
ANALOGIES HELLÉNIQUES
CHAPITRE PREMIER
LA LITTÉRATURE
(1) Cf. Helmut BERvE, Griechische Geschichte, 1'° partie : Von den
Aufängen bis Perikles (Collection Geschichie der führenden Vôlker, vol.
IV), Bribourg-en-Brisgau, 1931, p. 88. Voir aussi Louis GERNET-André Bou-
LANGER, Le génie grec dans la religion (Collection L'évolution de l’huma-
niîté, t. XI), Paris, 1932, p. 22-26. D’après ces derniers auteurs, les poèmes
dits homériques n’auraient « été constitués dans leur état définitif, ou à peu
près, qu'à une date assez tardive qui ne saurait être très antérieure à
l'époque de Solon ou des Pisistratides », c’est-à-dire au début du VI®
siècle. Ils reconnaissent pourtant que ces poèmes « ont été constitués avec
des éléments divers, transmis par une tradition plus ou moins ancienne»
(p.. 23-24).
6 ANALOGIES HELLÉNIQUES
merais mieux être sur terre l’esclave du plus indigent des la-
boureurs que de régner sur le peuple entier des ombres » (1).
= Dès lors la légende de la prairie élyséenne, séduisante vision
d’un lieu de délices sans fin, n’est-elle pas comme un rêve de
divinisation né de l’horreur que le cœur humain devait ins-
tinctivement éprouver en face de cette lugubre perspective de
l’Hadès homérique, né aussi et surtout de ses aspirations à une
survie illimitée dans la lumière et le bonheur ? Rien d’éton-
nant à ce que ce mythe ait exercé une si grande influence sur
le développement chez les Grecs de la foi à une vie d’outre-
tombe.
II
|
Leie Ibid, 152-155. . ne
A
er _@) Ibid, LOGATS ETS ARCS
LE). Ibid,Ar20t
12 ANALOGIES HELLÉNIQUES
III
P£ATO, Phaedo, 81 D. |
C’est ainsi qu'à Athènes, le soir de la fête des Antiestéries, on crie
a ne À la porte (fous), Kères, les Anthestéries sont De L»
Voir |E. ROHDE, op. cit, p. 196-197; W. F. Oro, op. cit., p. 50-52.
Re: 3) a ROHDE, op. cit., p. 188. ne" Behrioves mal peltroves est
16 ANALOGIES HELLÉNIQUES
LES MYSTÈRES
II
(1) Le fait est nié dans GERNET-BOULANGER, 09. cit. p. 126 et Fasroe |
GIÈRE, loc. cit., p. 211. ju pe
(2) Of. LAGRANGE, op. cit, p. 79-95. ; Ar
(3) HERoDOT., Histor., II, 81. Pour ut de ce passage, voir on
0p. cit. p. 351-352.
(4) ARisroPx., Ran., 1032. Les Grenouilles ont été ren en 405.
Voir encore dates témoignages en faveur de l'antiquité de l'orphisme
dans ROHDE, op. cit., p. 348-358; LAGRANGE, op. cit., p. 77-95.
(5) Le P. Prümm, op. cit., t. I, p. 355, opte pour l’opinion qui fait remon-.
ter le mouvement orphique au VII: siècle. Le P. Festugière, au contraire,
ne voit dans l’orphisme qu’un ensemble peu ancien de traditions littéraires
ainsi que de pratiques purificatoirés et magiques. Il conteste, en outre, que
l’orphisme ait jamais été inséré dans des mystères dionysiagues. De son
côté, tout en approuvant «la discrimination du P. Festugière » entre ces se
- derniers et l’orphisme, le P. Lagrange « prend résolument parti» pour les
origines anciennes de celui-ci ainsi que pour «ses attaches dionysiaques » Do
(L'orphisme, p. 7, 11-95, 97).
ie était consommée. Eee ka ce te adû être réduit. « à se
_ des libations et à des encensements de substances diverses, avec
l’oblation de végétaux » (2). En outre, les mystes observaient
Rscertains préceptes . ascétiques, tels que l’abstinence de tout ce
qui a vie, ainsi que des ne etc. (3). Tr S pe ils les
purs ou les saints (4).
_ Mais ce qui caractérise surtout l’orphisme, ce qui le distin-
S gue à la fois de la religion dionysiaque officielle et de tous les
autres mystères, c’est que, dans un «discours sacré» (lepos
… 4 Gyoe) (5), il alliait la religion avec une « spéculation semi-phi-
_ losophique » (6). Alliance qui lui permit de sortir d’un sen-
_timentalisme amorphe et inconsistant pour élaborer une sagesse
populaire portant spécialement «sur la nature double de
_ l’homme, sur la grandeurde l'âme en vertu de laquelle elle
est immortelle et divine » (7).
_ Faite pour vivre avec les dieux, l’âme, en punition d’une
faute antérieure dont la nature n’est pas précisée, est empri-
= sonnée dans un corpset condamnée à la vie terrestre. Dès Lors, |
son aspiration la plus profonde, son devoir le plus sacré est de
s'affranchir des liens corporels qui l’accablent, non pas, certes,
: Êpar la violence, mais par les mystères et une « vie orphique »
ie . ts et d’ascèse to
IIL
(1) Cf. HeRoDoOT., Histor., II, 42 : « Tous les Égyptiens n’honorent pas
les mêmes dieux de la même manière, à l’exception d’Isis et d'Osiris qu'ils
disent être Bacchus; ceux-ci, tous les honorent de même ».
(2) Franz Cumonr, Les religions orientales duns le pagurîisme romain,
3° édit., Paris, 1929, p. 121-122. Voir aussi Philippe VIREY, La religion de
l'ancienne Égypte, Paris, 1910, p. 310-313.
(3) Ibid. p. 126.
(4) Ibid., p. 154.
répandus dans le monde ee », en le rappro
particulier de ceux d’Éleusis (1). ess Fe as
De tous les mystères antiques, le rites secrets célébrés en
l’honneur du groupe Isis-Osiris sont les mieux connus, grâce
aux écrits d’Apulée (II° siècle) et de Plutarque. Voici comment
le héros des Métamorphoses d’Apulée, Lucius, décrit sa propre
initiation. re
Résolu d’entrer dans la «milice sacrée» (2) d’Isis, il fait
d’abord dans l’enclos du temple une sorte de noviciat, durant
lequel il observe l’abstinence, la continence et assiste aux offi-
ces (3). Chaque nuit, en songe, il voit la déesse. Malgré son brû-
lant désir d’être admis à l’initiation, il doit attendre l’appel
d’en-haut. Enfinle signe attendu est donné par Isis à la fois
_ au postulant et au prêtre initiateur. Après l’« ouverture »
(apertio) du sanetuaire, l'office et le sacrifice du matin achevés,
les cérémonies commencent (4). AD \ LE es
Le candidat est solennellement baptisé et reçoit‘du grand- me
prêtre des « instructions que la voix humaine ne peut rendre »I LPS
Ayant fait encore dix jours d’abstinence de viande et de vin,
. le néophyte, revêtu d’une robe de lin, est emmené au fond du
sanctuaire. Là, dans une veillée sainte, il voit et entend des
choses dont le secret juré ne lui permet de parler que d’une
manière très voilée.«J'approchai, dit-il, des limites du trépas £
et, après avoir foulé du pied le seuil de Proserpine, j’en revins
en passant par tous les éléments. Au milieu de la nuit, je vis
le soleil briller d’une lumière éblouissante. Je vis face à face
les dieux de l’enfer et les dieux du ciel, et je les adoraï de re =
près » (5). 4
Au matin, le myste est haussé sur une See devant l’iimage
Ge la déesse, revêtu «des douze tuniques sacrées », -enveloppé L
d’un manteau somptueux orné de figures symboliques et appelé
« étole olympique », un flambeau à la main droite, le front ceint 2
(D: Ibid., 24. Rohde, op. cit, p. 620, corrige : natalem sacrum ; cette
. “leçon. semble préférable.
_ (2) Ibid., 6. Sur l’ensemble de l'initiation, voir E. REITZENSTEIN, Die
ae D one iselen Mysterienreligionen, Leipzig, 1910, p. 7-9, 66-85.
= (8) Voir quelques essais d'explication dans B. He1Gr, Antike Mysterien-
_ religionen und Urchristentum, Munster-en-Westph., 1932, p. 43-44.
_ (4) P. LaveDAN, op. cit., p. 550-551. Cf. Albrecht DIETERICH, Hine Mi- 5
as| thrasliturgie, Leipzig, 1910, p. 162. ï
s (5) APUL., Metamorph., XI, 21 : « Mraditionem ad instar voluntariae
mortis..ne cb he quippe cum transactis vitae temporibus iam in ipso
_ finitae lucis limine constitutos.….. numen deae soleat elicere et sua ee
dentia quodam modo renatos-ad novae- reponere rursus salutis curricula.»
D Cf. ibid., 16 : <renatus quodam modo ». -
“ (6) F. Cumonr, 0p. cit, p. 156:
28 ANALOGIES HELLÉNIQUES
; V
Une espérance analogue faisait la force de la plus virile et la
plus noble des religions à mystères : le culte perse du dieu de
lumière Mithra, Plus que partout aïlleurs y étaient prêchés le
courage, la véracité, la maîtrise de soi, la lutte contre le mal,
non seulement extérieur, mais aussi intérieur à l’homme. Ces
qualités n’ont toutefois pas suffi pour vaincre l’aversion
qu'éprouvaient les Grecs pour tout ce qui venait des Perses,
leurs ennemis héréditaires, et « on peut dire d’une façon géné-
rale que Mithra resta toujours exelu du monde hellénique » (5).
Pour cette dernière raison, il suffira ici de dire que l’initia-
tion mithriaque à sept degrés semble avoir symbolisé l’ascension
de l’âme séparée de son corps à travers les sept sphères plané-
taires jusque dans la région du dieu-soleil et devant le trône
de Jupiter-Ormuzd, auprès de qui elle trouvera un jour l’im-
mortalité bienheureuse (6). « Les mithriastes ne croyaient pas,
comme les sectateurs de Sérapis, que le séjour des bienheureux
(1) HrPpor., Philosoph., V, 6; édit. de Berlin, t. III, p. 79-99.
(2) R. REITZENSTEIN, Poimandres, Leïipzig, 1904, p. 81-101.
(3) Hrppoxz., op. cit, p. 93, 12-14, 20-23; REITZENSTEIN, op. Cit., p. 83.
(4) Firmicus Maternus appelle le candidat à l'initiation un « moritu-
rus » : « In quodam templo, ut in interiores partes homo moriturus possit
admitti, dicit : De tympano mandueavi, de cymbalo bibi, et religionis
secreta perdidici ». Cf. A. DIETERICH, 0p. cit., p. 162-165.
(5) Franz CuMoNT, Textes et monuments figurés relatifs aux mystères
de Mithra, Bruxelles, 1899, t. I, p. 241. Cf. Ip., Les religions orientales,
p. 232-233. Ce n’est qu’au III° siècle après J.-C., période de son apogée,
que le culte de Mithra semble avoir pénétré dans les régions périphériques
du monde grec.
(6) Cf. ORIGEN., Contra Cels., VI, 22; P.@. t. XI, col. 1324-1325.
ANALOGIES HELLÉNIQUES
L'HERMÉTISME
De dE et III: sièeles de notre ère, période du grand syncré-
_ tisme, sans doute sous la menace du christianisme montant, un ,
&2-_ rapprochement s’est opéré entre les religions à mystères autre
: Le fois rivales,à tel point qu’on peut pe «d’une doctrine
>:
#4
commune » (1).
A la même époque apparaît, comme le fruit des mystères, ce
curieux mélange de doctrines égyptiennes et de spéculations hel-
Fe —léniques connu sous le nom d’hermétisme. Celui-ci, « expression
e littéraire plutôt que facteur déterminant du synerétisme, tenta,
_ par un dosage savant d'éléments grecs et orientaux, d’édifier
une théologie acceptable pour tous les esprits; mais il paraît
ne lavoir jamais été généralement adopté dans les mystères ale-
© xandrins qui lui sont antérieurs, et il ne put d’ailleurs échap-
_ per aux contradictions de la pensée égyptienne » (2).
ee L’hermétisme tire son nom d’un groupe d’ écrits qui se don-
: nent pour une révélation faite par le dieu-révélateur égyptien
fe Hermès Trismégiste, e ’est-à-dire trois fois grand, à son fils
_Tat surtout, qui est comme un dédoublement de sa propre per-
_sonne (3). Seuls nous intéressent les traités grecs et latins qui
_eontiennent des doctrines religieuses et philosophiques (4). On y
PEtRene trois groupes d écrits : le Corpus hermeticum propre-
AT TÉ
4
32 ANALOGIES HELLÉNIQUES
I
Voici comment sont conçus le salut et les moyens d’y parve-
nir dans le premier écrit du Corpus hermeticum, le célèbre Poi-
mandrès où « pasteur des hommes » (1).
« Le vovs, le premier, qui est vie et lumière (Cu xai pc),
étant bissexuel, enfanta un autre vo0:; celui-ci, le second, eréa
de feu et d’esprit sept administrateurs qui embrassent en cercle
le monde sensible ; et leur administration se nomme destin (etuap-
pévn). La nature fit produire aux éléments inférieurs les ani-
maux sans raison... Or le père de toutes choses, qui est vie et lu-
mière, enfanta un homme semblable à lui, dont il s’éprit comme
de son propre enfant : car il était très beau, ayant l’image (eixc-
va) de son père. et il lui livra toutes les créations» (2).
L'Homme, enfant du dieu suprême et frère du démiurge, était,
de par son essence, au-dessus du destin (3).
Mais cet Homme d’en haut, archétype de l’humanité, se pen-
chant vers la nature inférieure, «se refléta dans l’ eau et de-
vint, comme Narcisse, amoureux de sa propre image; mais
croyant l’embrasser, c’est à la nature qu'il s’unit» (4). En
effet, « ayant reçu celui qu’elle aimait, la nature (eUots) l’étrei-
gnit tout entière, et ils se sont mélangés, épris d’amour qu'ils
étaient » (5). Mais, en traversant les sphères des planètes,
l’homme reçut de celles-ci toutes les mauvaises passions. Pour
ces raisons, « parmi tous les animaux qui sont sur la terre,
l’homme est double, mortel à cause du corps, immortel à cause
de l’Homme essentiel. Car, bien qu'immortel et maître de tou-
tes choses, il souffre le sort d’un mortel, étant soumis au des-
(1) Titre bien choisi, puisque le traité se donne pour une révélation
de « Poimandrès, l'intelligence du pouvoir absolu » (6 vis abevtiæs voÿs)
(Corp. herm., I, $ 2; SCOTT, t. I, p. 114).
(2) Corp. herm., I, $ 9-12; Scorr, t. I, p. 118-120. — « On sait combien
était alors [au II° siècle] répandue la conviction que les astres déterminent
les événements d'ici-bas, le caractère et les actions des hommes ». Pierre
- DE LABRIOLLE, La réaction païenne, Paris, 1934, p. 158. De tout temps, les
conceptions concernant l’origine et les destinées de l’homme se trouvent
liées à l’idée qu’on se fait de l’univers.
Dans la cosmologie mythologique du Poimandrès, le P. Lagrange décou-
vre des réminiscences de la cosmologie bilbique (Loc, cît., t. XXXV, 1926,
p. 250).
(3) Ibid, $ 12; p. 120.
(4) LAGRANGE, loc. cit., t. XXXV, 1926, p. 244.
(5) Corp. herm., I, $ 14; p. 122.
ANALOGIES HELLÉNIQUES
tin. Étant au-dessus de l’harmonie [des sphères] (drepdvu ve
ov ras apuoyias), il est devenu esclave du destin. Quoique bis-
sexuel, issu d’un père bissexuel, et exempt de sommeil, issu
d’un [père] exempt de sommeil, il est vaincu par l’amour et g
l’oubli » (1). À
= Cependant seul le corps de Phone est soumis à la eipappévn.
Après la dissolution du Corps, l’homme qui a recu le voùs
«s’élance en hautà travers l’harmonie (6ou& ävw ÔLù This appo-
vkas). Chemin faisant, il se dépouille des vices contractés à sa
descente. Enfin, il entre dans la «huitième nature », l'oyêods
— royaume intermédiaire entre les sphères planétaires et celle
du dieu suprême (2) — monte même vers le père et, devenu
une puissance (duyduets yevduevot), pénètre en Dieu (êy (ETS YÉvoy- Æ
ra). « Tel est le bien, telle est la fin pour ceux qu ont eu la
gnose : la déification » (ToÙto £ort T0 dyahoy, roÙTo T0 Téos TOÙS
vrOTLY èsynxoot fewbrva) (3).
Aïnsi done, selon le Poimandrès, le salut de l’homme, sali-
bération de l’empire du destin, obtenue au moyen de la gnose,
est une véritable divinisation, ou mieux un retour à son état
divin primitif, Mais ce retour n’a lieu, la swrnola suprême
n’est atteinte qu'après « la dissolution du corps matériel » (4).
(1) Ibid. $ 13-15; p. 120-122. Voir Commentary, t. IT, p. 36-46.
On trouve des conceptions analogues dans Asclep. lat., I, $ Tb, $ 10-11.
SCOTT, t. I, p. 296-298, 304-306.
On reconnaît le thème traditionnel de la dualité dans Than Cf. R.
REITZENSTEIN, op. cit, p. 69.
A remarquer aussi à quel point l'hermétisme est tributaire de l’idée
qu’on se faisait alors de l’organisation de l'univers.
(2) Voir R. REITZENSTEIN, op. cit, p. 53-55.
(3) Corp. herm., T, $ 24-26; p. 126-128. Même si le mot Bewbñvat était
une glose postérieure, comme le pense Scott, l’idée d’une déification est
clairement exprimée dans le & 6e& yevésôat de la phrase précédente. Voir
Commentary, t. II, p. 67. è
REITZENSTEIN, 0p. cit., p. 336, I. 25, donne ewôtvat pour authentique.
Ce terme est, du reste, certainement employé dans Corp. herm.. X, $ 6;
p. 190 (voir note suivante): XIII, $ 10: p. 246. Voir plus loin, p. 36,
note 4.
(4) Même idée dans Corp. herm., X, $ 6: p. 190 : «Il est impossible,
mon fils, que l'âme soit déifiée Cantet) aussi longtemps qu’elle reste
dans le corps de l’homme; mais il faut qu’elle soit changée et alors divi-
nisée par la contemplation de la splendeur du Beau». :
Voir aussi Asclep. lat., I, $ 10-11, III, $ 37: Soorr, t. I, p. 304-308;
t. IIT (Commentary), p. 56, 225. Il y est également parlé d’une ascension
de l'âme au ciel après la mort de l'homme.
a comme se réalisant dès cette vie. C? est le cas=
ns le dibellus ei Ans se donne pour un < ou ue FE
| ce. quil désire savoir avant tout, c’est «de quel sein et de
_ quelle semence l’homme peut être régénéré ». Et le Trismégiste
le lui expliquer que « le sein est la sagesse (sogia) qui conçoit |
en silence et la semence le bien véritable », alors que ce qui les
fait fructifier est «la volonté de Dieu » ®.
Au cours du dialogue, petità petit, s’élevant au-dessus de
ui-même et entrant en extase, Tat est déifié. Bien que, par ses
_ remarques, il témoigne lui-même de la mystérieuse transfor-
mation
2 qui s’opère en lui, il ne s’en rend pas compte immédia-
tement et Hermès se voit obligé de l’en informer. « Ignores-tu,
er + à son fils ns ie tu esRe : dieuæ 5 de tie
ee
(1) Ibid, XIII, $ 7b-10; p. 242-246. Les douze vices, dus à l'influence
néfaste ds astres, correspondent aux douze signes du sons qui, selon
la tradition égyptienne, régissent le destin.
La décade a été considérée déjà par les Pythagoriciens comme un énbre
sacré, générateur d'âme ou de vie dans l’homme. Voir SCorr, t. II (Com-
mentary), p. 392-393; REITZENSTEIN, 0p. cît., p. 70-78.
(2) Cf. ibid, $ Tb; p. 244, où il est parlé d’un homme « auquel Dieu
a fait miséricorde » (Toÿ &hendévros Ümd toù Beob).
Corp. hermet., I, $ 32; p. 130, la gnose est appelée une «grâce» (ydou,
de Dieu.
(3) Ibid, $ 12; p. 246.
(4) Ibid, $ 10; p. 246. Ici l'emploi du terme Oewbñvat n’est pas dou:
teux. Cf. REITZENSTEIN, op. cit, p. 343.
(5) Ibid., I, $ 22, XIII, $ 2, 10; p. 126, 238, 246.
(6) Zbid., V, $ 11; p. 164 : Gtà tivos 8 vai Duvñou ce ; de éuautod dv,
be Éxuy tt lôtoy ; &s ŒX os © ; où ydp sl 6 Av D, où el D ày rod, où el D dv Xéyu.
(7) Voir, entre autres passages : Corp. herm., V, $ 11, XIII, $ 17-19;
p. 164, 250-252. Mais surtout Asclep. lat., $ 2a; p. 288 : « Non enim hoc
dixi, omnia unum esse et unum omnia, utpote quae in creatore fuerint
omuia, antequam cereasset omnia. Nee inmerito ipse dictus est omnia,
L'HERMÉTISME O1
ke
cuius membra sunt omnia. Huius itaque, qui est unus omnia, vel ipse est
creator omnium, in tota hac disputatione curato meminisse. » Cf. KELEIN-
KNECHT, art. 6e6ç,, dans KITTEL, Tl'heol. Würterbuch, t. III, p. 78.
(1) Voir Soorr, t. II (Commentary), p. 167-168, où l’on trouve quelques
_ références, entre autres, à des papyrus magiques.
Des exemples empruntés à ces derniers sont donnés dans REITZENSTEIN,
op. cit, p. 20-21, où se rencontre aussi la formule citée plus haut : où yào
Éy& Hal éy® où.
(2) Sur ce point, un beau passage du Poimandrès est particulièrement
révélateur : Mabeïy Béhu tà Ovra al voñaar Tv ToUTwy pÜoiv, al yvdvar Tôv Bedv
(Corp. hermet., I, 8 3; p. 114). On pourrait mettre ces mots comme devise
en tête du Corpus hermeticum.
(3) LAGRANGE, loc. cit., t. XXV, 1926, p. 263. Cf. FESTUGIÈRE, L'idéal
religieux des Grecs, p, 127-132.
_ divinité qu’une union A un
ue.
de protection. Les np de laFa un
| A
| | Toutefois. les premiers systèmes philosophiques élaborés par
le génie grec s'avèrent plutôt hostiles aux antiques croyances
et réfractaires à toute mystique religieuse.
= Au commencement du VI° siècle, on voit s’éveiller dans le
monde hellénique, d’abord dans les villes ioniennes qui étaient
alors à l'avant-garde de la civilisation grecque, la réflexion
A). Voir douard ZæLLERr, Die Philosophie der Griechen, t. I,re partie,
; & édit., Leipzig, 1919, p. 62.
: (2). Cf. ibid., p. 68-88. Voir aussi M. Louis, Doctrines Dore des
nÉ philosophes grecs, Paris, 1909, p. 3-50.
=
40 _ ANALOGIES HELLÉNIQUES
(1) E. ROHDE, op. cit., p. 381. Cf, E. ZELLER, op. cît., t. I, 1'° partie,
253-270.
(2) Cf. E. RoHDE, op. cit, p. 395-397.
(3) Ibid., p. 402.
(4) Ibid., p. 404-409.
(5) Ibid., p. 418-421.
LA PHILOSOPHIE DÉ L'ÉPOQUE CLASSIQUE 41
II
PO
DT
III
dont elle est «tirée» (1). Si l’âme n’est pas immuable comme
les idées, elle est du moins «simple» (2), absolument indis-
soluble ou à peu près» (3), «impérissable» et «immor-
telle » (4), De par sa propre nature, l’âme est vyods, pure fa-
culté de penser et de vouloir (5); les instincts et les passions
ne lui viennent que du corps et disparaîtront avec lui (6).
(1) Phileb., 30 A.
(2) Respubl., X, 612 A : uovosdfs. Cf. Phaed., 80 B.
(3) Phaed., 80 B.
(4) Phaedr., 245 CD. Cf. Phaed., 80 AB.
(5) Jbid., 247 C.
(6) Respubl., X, 611 B-612 A.
(7) Phaed., 114 C, 115 D.
(8) Ibid., 67 A.
(9) Zbid., 67 B.
(10) Ibid., 62 B. Cf. ibid., 67 D, Phaedr., 250 D; Crat., 400 C, où Platon
fait allusion au jeu de mots orphique : oôua-sfua (voir plus haut, p. 23) ;
Gorg., 493 A. |
(11) 10id., 66B : £us dv... cuurspusuévn À AUOV À JUYN HNTX ToOUToU 4aKOÛ.
(12) Ibid, 66 A.
(13) En ce qui concerne l'influence de l’orphisme sur Platon, voir
LAGRANGE, L'orphisme, p. 165-175.
46 ANALOGIES HELLÉNIQUES
D ON bi, A1 À.
2 (2) bit. 113 DE. -
(3) Phacdr., 249 AB. Cf. Respubl., X, 615 A.
(4) Phaed., 113A.
__ (5) Ibid. Cf. _Gorg, 525 C; Respubl., X, 615 C-616 A. D’après Phaedr.,
_ 249 B, au contraire, toutes les âmes coupables peuvent, après expiation,
_ «choisir une seconde vie ».
-_ Sur l’eschatologie de Platon, voir Jean ITHURRIAGUE, La croyance de
Platon à l’immortalité et à la survie de l'âme humaine, Paris, 1931, p.
77-99.
_ (6) CE:| GERNET-BOULANGER, op. cit., D.387-388.
48 ee ANALOGIES HELLÉNIQUES
Pt
LA PHILOSOPHIE
DE L'ÉPOQUE CLASSIQUE 49
IV
Toutefois l’impression immédiate produite par la philosophie
de Platon ne semble pas avoir été bien profonde ni bien durable.
Dès la seconde moitié du IV®* siècle, en effet, l’esprit grec
(1) Cf. W. D. Ross, Aristote, Paris, 1930, p. 18; EÆ. ROHDE, 09. Ci,
p. 506.
(2) A. BREMOND, loc. cit., p. 48.
(3) Æih. Nicom., X, 7: 1177 a 12-17.
(4) Tbid.; 1177 a 12-1177 b 6.
- dos » D.
Mais « pareille vie dépasse la nature humaine (koslrrwv À
cxar ” &ybpwmoy); l’homme ne pourra la vivre en tant que tel,
_ mais en tant qu'il a en lui un élément divin (Geïdy x). Si done, es
_ comparé à l’homme, le voùs est quelque chose de divin, la vie -
selon ce dernier est divine elle aussi par rapport à la vie hu- Ë
ee maine. Et il ne faut pas suivre ceux qui disent qu’étant hommes
_. et mortels nous me devons penser qu’à des choses humaines et
A mortelles ;nous devons, au contraire, nous immortaliser autant
_ qu'ilest possible et tout faire pour vivre en conformité avec ce re
qu’il y a de mieux en nous» (2).
_ En tant que contemplation, le bonheur humain est, en vérité,
«une certaine assimilation.» (ouoloux 71) à la béatitude di- |
_ vine elle-même, qui ne saurait consister que dans une «activité
contemplative» (3). C’est que, «Premier Moteur immobi- Ra
le » (4), qui « meut en tant qu’objet d'amour » (5), « Premier
Principe inengendré » (6), Acte pur (7), Dieu est à la fois in-
telligence et intelligible purs : ce qui revientà dire qu'il est FANS
«intellection subsistante du souverain bien subsistant » (8),
« pensée de sa pensée » (9). Aussi, « à condition que les dieux
prennent quelque soin des choses humaines, ce qui semble être
le cas », le sage qui vit de la vie du voÿs, sera-t-il « l’homme le
$plus aimé des dieux » (eoptkésTatos) (10).
(4) Ibid: 1177 b 24-25. | 4 2. PURE
(2) Zbid.; 1177 b 26-34. +
(3) Tbid., X, 8; 1178 b 20-32. . ne
Sur la conception aristotélicienne du bonheur, voir W. D. Ross, op. 11324
_ cit, p. 266-269, 323- 395 ; M. WITTMANN, Die Ethik des Aristoteles, Dans |
bonne, 1920, p. 7-42, 308-322. RE
(4) Phys, VII, 6; 258 b 11-12:sd rpôüroy xivoüv xiynrov. de
- (5) Met., XII (A), 7; 1072 b 3 : xiwei Gs épopevo. “E
(6) Ibid., IIT (B), 4; 999 b 7-8 : tù Ésyatov dyévnrov. : Fa ee
(7) Ibid, XII (A), 6; 1071 b 19-20 : Get äpa eivar épxv. TOLAU ENV: Îe SES
OÛoia évépyeta. Cf. 1072 b 8 : évepyeig ôv. ES
(8) Ibid. XII (A), 7; 1072 b 18-20 : à Gè vénois h xab” avé roù xab” }. RUES
| avroéÿ &plotou. 6
_ (9) Zbid., XII (A), 9 ; 1074 b 33-55. par
Sur la conception aristotélicienne de l’essence divine, voir Alfred BoExx, ae
Die Gottesidee bei Aristoteles auf ihren religiôsen Charakter untersucht,
Strasbourg, 1914, p. 88-103. 2
(10) Eth. Nicom., X, 9: 1179 a 22-32.
52 ANALOGIES HELLÉNIQUES
LA PHILOSOPHIE
DE L'ÉPOQUE HELLÉNISTIQUE
RNA
ANS
OT
ÀA Y
ne
que le bonheur consiste à « vivre comme un dieu Done les a
hommes » (1). :
Or, dans le système épicurien qui est basé sur J’atomisme :4
de Démocrite, les dieux, « êtres immortels et DORnree » (2), 3
(1) Errcur., Ad Menoec., dans H. USENER, Epicurea, Leipzig, 1887, p.
LEse
66, 1. 7-8 : Chose de Bedc èv avbpuro. e =. L
(2) Ibid.; p. 59, 16-17. Cf. Ad Herod.; p. 29, 3-4; Kipun 86tæ, Ii k
D TI, : +
EE
-
Ée
TEL
“ii
ct à
Fe. on Us ne s aie en effet, ni 4 ni des
hommes (2).
_ Pour devenir heureux comme eux, l'homme doit donc viser
en tout ce qu’il fait « à éloigner la souffrance et le trouble » (3).
_ Dans ce but, le sage doit s'appliquer avant tout à éliminer de sa
_ vie les vains espoirs et les vaines craintes. En premier lieu,
il s’affranchira de la crainte de la mort, qui, «privation de
_ toute sensibilité, n’est rien pour nous» (4). Et «la connais-
_ sance de cette vérité nous rendra capables de jouir de cette vie
_ mortelle, en supprimant la perspective d’une durée infinie et
en nous ‘enlevant le désir de l’immortalité » (5). Afin de par-
_ venir à «l’achèvement de la vie heureuse », il ne restera plus
au philosophe que d’acquérir « une connaissance exacte (Bswpla
_ dmlavñs) des désirs, capable de rapporter tout choix et toute
_ aversion à la santé du corps et à l’ataraxie de l’âme » (6).
Æ IT
_ Le même principe est à la base de la morale stoïcienne. C'est
ere que le stoïcisme, philosophie par excellence du monde hellénis-
_ tique, veut, lui aussi, être une école de sagesse et de vrai
_ bonheur.
Panthéisme le issu de la physique d’'Héraclite, la
__ doctrine de la Stoa voit le principe de l’univers dans «la ma-
tière primordiale, le feu éthéré, le souffle de feu qui se conserve
TITI
A leur modèle du sage les moralistes stoïciens finirent par
découvrir eux-mêmes un défaut capital : celui d’être pratique-
ment irréalisable (4). Aussi, vers le début du I siècle avant
Jésus-Christ, la déception causée par les morales courantes s’ac-
eentuant de plus en plus, de nombreux esprits se sentent portés
à admettre qu’une aide d’en-haut est indispensable pour réali-
ser l'idéal éthique. D'où ce revirement très prononcé en fa-
veur de la religion qui caractérise la dernière période de la
philosophie grecque, à tel point qu’on a pu l’appeler «la pé-
riode de la métaphysique religieuse » (5). Quelque grande qu'’ait
(1) Dioc. LAERT., VII, 119; H. VON ARNIM, 09. cit., t. III, N° 606.
(2) Cf. GERNET-BOULANGER, 0p. cît., p. 495-496; ZELLER, 0p. cit., t. III,
1'e partie, p. 205-206 ; G. KarTa-H. Ergz, Der Ausklang der antiken Phi-
losophie, Munich, 1928, p. 103-107.
(3) Cf. A. BREMOND, loc. cit, p. 49-53.
(4) Cf. FESTUGIÈRE, 0p. cit., p. 69.
(5) WINDELBAND-ROTHACKER, Lehrbuch der Geschichte der Philosophie
Tubingue, 1921, p. 177.
58 ANALOGIES HELLÉNIQUES
IV
(1) Cf. FESTUGIÈRE, op. cit, p. 73-85. Les citations qui précèdent sont
empruntées à cet auteur.
(2) WINDELBAND-ROTHACKER, 0p. cit, p. 179.
(3) M. é. Bréhier, La philosophie de Plotin, Paris, 1928, p. 23, a bien
mis en relief l’intime connexion de ces deux thèmes dans la pensée de
Plotin : « Découvrir le principe des choses, ce qui estle but de la recherche
philosophique, c’est en même temps, pour Plotin, la «fin du voyage»,
c'est-à-dire l’accomplissement de la destinée ».
D'après une vieille idée, «toutes choses sortent de l’un et rentrent en
lui». Voir H. DreLs, Doxographi Graeci, Berlin, 1879, p. 179.
(4) Othon KIEreR, Plotin, Hnneaden, Leipzig, 1905, t. I, p. XV. Cf.
pb XX: «Dans cet homme brûlait une nostalgie de la divinité, comme
on ne la constate chez aucun autre philosophe de l'antiquité ».
|
a
60 ANALOGIES HELLÉNIQUES
vie durante et agissante que Plotin eut l’audace d'évoquer avant que Berg-
son ne la magnifiât en élan vital. » Éd. KRAKOWSKI, Plotin et le paga-
nisme religieux, Paris, 1933, p. 287.
(1): -V, 1v, 2, 24-27.
() V, av, 2.
(3): LIT, vixx, 11, 32-38.
(4) V, v, 3. 3-4. Dans ce troisième chapitre, « tout empreint de la reli-
giosité des mystères hellénistiques », Plotin compare les degrés de la hiérar-
chie des êtres aux objets de plus en plus sacrés qui figuraient dans les
processions rituelles. Cf. BRÉHIER, Plotin, t. V, p. 85.
Sur la théodicée et les hypostases divines de Plotin, voir aussi Jacques
BARION, Plotin und Augustinus, Berlin, 1935, p. 53-58, 65-86, 89-98.
(5) V, x, 2, 1-2. Cf. V, 1, 7, 36-41.
(6) IV, virx, 5, 24-27.
(7) IV, 1v-vr. Cf. V, 11, 1 et V, 1, 7, 48, où il est dit que «les choses
divines (Tà Beia) s'arrêtent à l’âme ». :
(8) É. BRÉHIER, Histoire de la philosophie, t. TI, p. 459. Cf. ZELLER, 0p.
cit. t. III, 2° partie, p. 558-598. Pour Plotin, les âmes sont, au fond, des
forces cosmiques.
62 ANALOGIES HELLÉNIQUES
(1) V, xt, 17, 28-35. Pour Plotin, la sensation lumineuse se produit sans
intermédiaire par un contact de la lumière extérieure avec la lumière sup-
posée intérieure à l'œil. Voir BRÉHIER, La philosophie de Plotin, p. 162.
(2) R. ARNoOU, op. cit., p. 245; cf. p. 269-270; BRÉHIER, op. cit., p. 109.
(3) VI, 1x, 11; VozkMaNN, t. II, p. 524, 1-5. Dans le dernier membre
de la phrase, l’allusion à la « vision » qui couronnait les rites d'initiation
est manifeste.
(4) VI, vix, 35; Cf. ARNOU, op. cit., p. 241-258; ZELLER, op. cit., p. 666-
671. M. Bréhier, op. cit, p. 134, écrit de l’extase plotinienne : « Toutes
les relations morales et intellectuelles qui fondent une pensée et une per-
sonne se perdent dans cette contemplation ». Voir aussi KRAKOWSKI, 0p.
cit., p. 183-184.
(5) VI, vit, 34; VoLKMANN, t. II, p. 467, 1-2.
(6) VI, 1x, 9; VoLkMANN, t. II, p. 522, 17-18.
ANALOGIES HELLÉNIQUES
Y
L’antagonisme irréductible entre le néoplatonisme et le chris-
tianisme, dont Plotin avait déjà conscience (5), devait s’affir-
mer brutalement dans les écrits de ses continuateurs, Cepen-
4€ dant :les disciples de Plotin n’ont Se eu l’originalité de sa 7e
pensée (6) "°c:
Le «tyrien » Porphyre ( vers 303- 305),qui fut «le Fe.
risateur de la doctrine néoplatonicienne » (7), ennemi acharné
_ du christianisme, chez qui apparaît déjà la tendanceà faire
du plotinisme une religion, rêve d’une divinisation de l’homme
_au moyen d’un développement de la vie spirituelle sur la base
_ des « quatre éléments» qui sont «la foi, la vérité, l’amour,
l'espérance» (8).
- (D BP. DE LABRIOLLE, 0p. cit, p. 297.
2) 5R. ARNOU, Platonisme des Pères, dans Dict. de théol. cath., t. XII,
HO. 2OTT,. à ES
s (3) Ibid., col. 2282. }
= (4) Cf. ibid., col. 2368-2372. -
(5) Cf.A. BREMOND, loc. cit., p. 54-58.
. (6) Cf. KRAKOWSKI, op. cit., p. 282: « Proclus, Jamblique, Porphyre
dans l'essentiel
— dans la substance vitale — de leur pensée ne font guère
que répéter celle de Plotin. »
(7) L. VAGANay, Porphyre, dans Dict. de théol. cath., t. XII, col. 2562.
(8) Ad Marcell., 24; édit. NAUCK, Leipzig, 1886, p. 289. Cf. M. Lours,
0p. cit, p. 808 -818.
Î
68 ANALOGIES HELLÉNIQUES
%
CE
CHAPITRE PREMIER
ANCIEN TESTAMENT
- È NE
&.
(1) Maurice CRorser, Histoire de la littérature vrenaue) t. IV, p. 327; °4
TEES
LJ-pX
RL
26. Et Elohim dit : « Faisons [l’] homme à notre image selon
notre ressemblance, et qu’ils dominent (1), sur les poissons de
la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et
sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la
+ terre ». 27. Et Elohim créa l'homme à son image, à l’image |
d’Elohim il les créa. (2).
IT
(JO KDEACT TS IN 2 EX XD 0)
(2) Ps, LXXX, 16. Cf. Ps. LXXII, 15; Is., LXIV, 7-11. ;
(3) Deut., XIV, 1. À noter que jamais la formule bene elohim n’est
appliquée à des hommes. D’après Os., IL, 1, le nouvel Israël sera Appels
« fils du Dieu vivant ». Cf. Deut., XXXIL, 5, 20.
Aux textes signalés on aurait encore pu ajouter tous ceux où Saeh est
appelé le père d'Israël. Cf. J. HEMPEL, op. cit, p. 170-179.
(4) Voir notamment les oracles d’Osée et JER., XXXI, 22.
(@) Dans les langues sémitiques surtout, l’image de la filiation est d’un
| usage Courant pour traduire n’importe quel rapport d'appartenance (cf. Ps.
LXXXIX, 23 : «le fils de l’iniquité »), mais notamment celui qui unit
les fidèles à leur Dieu. Dans la Bible même, les Moabites Loue qualifiés de
fils et de filles de Chamos, leur dieu national (Num, XXE 29) ; les femmes
étrangères, avec lesquelles des juifs ont contracté mariage, sont appelées
les «filles d’un dieu étranger » (Mrcx., II, 11; Cf. JE, II, 27).
(6) Exod., XIX, 5. Cf. ibid., VI, 7.
: (7) Cf. ibid., XIX-XXIV, 8; XXXIV, 10, etc.
(8) Cf. ibid, XX, 1. S
(9) Zbid., XXIII, 22.
(0) Voir les promesses messianiques, surtout AM. IX, 11-15; Os.CLS E Et
Is, LIV, LVI-LXVI.
: d un d hs ceux qui vivent daprèsFe Dar F
Seigneuret «ceux dont le cœur marche à la suite de leurs
_ idoles». Seuls les premiers, les justes, appartiennent à Dieu,
alors que les impies sont reniés par lui (1); les saints qui au-
dErent part aux promesses divines ne seront qu'une minorité, un
« reste d'Israël» (2), qui subsistera après le châtiment puri-
| ficateur réservé à la nation adultère.
_ De la sorte, les prophètes s’efforcent de faire comprendre à
<ns compatriotes que l'appartenance à la race d'Abraham ne
DESuit pas pour fonder la filiation divine et donner droit au
_ bonheur promis ; qu'il faut en outre et avant tout l'élément
_ moralde la fidèle observation de la Loi divine, à laquelle
cn Yahweh lui-même a subordonné la réalisation de ses promesses.
= Celles-ci, du reste, ne dépassent pas le cadre de l’eschatolo-
_gie collective et terrestre (3) qui ne compte guère avec l’indi-
s vidu. Plus tard, dans le livre de Daniel et le deuxième des
e Macchabées, se manifeste l’espérance d’une résurrection qui
permettrait aux justes déjà disparus au moment de l’avène-
ment du royaume messianique d’y participer (4).
III
(1) Sap.A 3-5. On peut dire que la sagesse est « bien plus une récom-
pense qu’un don gratuit de Dieu ». P. VAN IMSCHOOT, Sagesse et Esprit
dans l'A. T., dans Revue biblique, t. XLVII, 1938, p. 49. :
(2) Ibid, VIII, 21. Cf. IX, 6-18; VII, 7.
(3) L'auteur de la Sagesse identifie la sagesse avec l'esprit de Dieu.
Cf. P. van Imscxoor, loc. cit., p. 44-46.
- (4) Zbid., VII, 25-26. Au verset 27, il est dit de la sagesse divine
:qu ?« à travers les Âges elle se répand dans toutes les âmes saintes ».
222 Ibid. VII, 27. Cf. VII, 4. Versets qui rappellent PLAT. . Leg., AV,
“0 uèy He Apoy 0eS wfdos. Voir plus haut, p. 46.
80 DONNÉES BIBLIQUES ET JUDAÏQUES
À
|
Entre la conception du salut qui se reflète dans la Sagesse
et l'idéal hellénique de divinisation l’analogie est évidente. En
effet, de part et d’autre, il y a assimilation de l’âme à Dieu au
moyen de la sagesse et de l’immortalité heureuse. Cependant
les dissemblances apparaissent plus grandes encore. La plus
importante consiste en ce fait qu’à l'encontre des grecs, qui
attendent tout de leur propre effort, l’auteur sacré voit dans
la sagesse et dans l’incorruptibilité des grâces divines.
Une seconde divergence saute aux yeux : pour le pseudo-
Salomon, la ressemblance divine n’est pas, comme pour les
grecs, le terme d’une ascension et d’une union mystiques. Chez
lui, pas de trace d’une mystique de divinisation : il a su résister
à la fascination du mysticisme hellénistique qu'’allait subir si
profondément son compatriote Philon.
Ce qui montre que, tout en s’ouvrant à l’hellénisme, le Sage
ne s’est pas laissé dominer par lui. Il n’en était que plus apte
à féconder les germes d’une doctrine de la déification contenus
dans les livres plus anciens de l’Ancien Testament et à prépa-
rer ainsi la révélation chrétienne.
À ne II
i\
RC 1 TA x |
5I . 0 j 4 NUE
L x : .
(1) Cf. ToBao, op. cit., p. 113- 118; F. FRLDMANN, Das Buch de. eiv k Bit
heit, Bonn, 1926, p. 13-15. TA
(2) J. BonSIRVEN, Le Judaïsme ur n. au temps ie.Jésus-Christ.
La théologie, Paris, 1934-1935, t. I, p. 144, 155-159. Cf.
She His-
toire du dogme de la Trinité, t. I, p. 146-147.
(3) Cf. ibid., t. I, p. 223-226. RAS
sens purementnn Deces Ro ne fait de doute
_ pour personne (1). Elles prennent même, dans la bouche des
rabbins, comme aussi le titre de « père» donné à Dieu et qui
_est absent des écrits pseudépigraphes, un accent personnel et
tendre qui rappelle la Sagesse (2). Ce qui n’empêche pas l’exé-
gèse rabbinique de s’évertuer à faire de la ressemblance divine
_ de l’homme, pourtant clairement affirmée dans la Genèse, une
« ressemblance de devant Yahweh » et, finalement, une ressem-
_ blance aux anges seulement (3).
A ce monothéisme ombrageux s'ajoute un culte excessif de la
Loi, considérée comme l’unique règle de sagesse et de justice,
à _ ainsi que des observances extérieures. Attitude qui, étouffant le
_ besoin d’implorer le secours d’en haut, engendre la suffisance et
Be paralyse tout élan mystique (4).
_ Le problème eschatologique, enfin, reçoit en Palestine des solu-
_ tions fort différentes de celle que lui donne le pseudo-Salomon.
_ Fidèles aux conceptions traditionnelles tout en les développant,
_ Jes juifs palestiniens rêvent d’une rédemption qui serait à la
7 fois le triomphe éclatant et définitif de leur nation et la vic-
_ toire décisive de l’unique vrai Dieu (5). Cette restauration
fe nationale, dans laquelle on fait au Messie une part plus ou
| moins importante, s’accomplirait soit dans le siècle présent qui
” serait censé continuer son cours (6), soit dans un monde mer-
veilleusement transformé (7). D’après le ZV® livre d’Esdras,
<« un des plus beaux et des plus touchants » des apocryphes juifs
et « qui de tous à joui de la plus grande diffusion » (8), le règne
_ (1) Voir, par exemple, IV Esdr., VI, 55-59. Cf. BONSIRVEN, 09. cit., t. I,
e 84-85. k <
…_ (2) Cf BonsIRVEN, op. cit, t. I, 138-139; LEBRETON, op. cit. t. I,
p. 143-146.
(3) Voir KOENI6, 0p. cit, p. 158.
(4) Of. BoNSIRYEN, op. cit., t. II, p. 158-162, 178-182, 314.
: (5) Le judaïsme tardif a encore renforcé le lien que, .de tout temps, les
£ juifs avaient établi entre les intérêts de leur nation et ceux de Dieu.
L- (6) Cf. Hen., X, 16-XI:; XC. Sauf indication contraire, nous donnons les
__ références d’après l'édition E. KauTzscx, Die Apocryphen und Pseudepigra-
e phen des Alien Testaments, 2 vol., Tubiugue, 1900.
ns (7) CE. ibid, XLV: XCI, 14-17.
(8) J.-B. Frey, Apocryphes de l'Ancien Testament, dans Dictionnaire de
; . 20e Supplément, t. I, col. 411. Cf. BONSIRVEN, 0p. cit., t. I, p. XIX-
84 DONNÉES BIBLIQUES ET JUDAÏQUES
IT
(1) IV Esdr., VIL 121-123; VIII, 52-54. Cf. Léon VaAganAy, Le pro-
blème eschatologique dans le IV® livre d'Esdras, Paris, 1906, p. 115.
Au sujet de l'imbroglio presque inextricable de conceptions messianiques
et eschatologiques que renferme la littérature juive extra-canonique, voir
surtout BONSIRVEN, 0p. cit, t. I, p. 307-541.
(2) IV Macch., I, 1 :7%6yos vtocogwratos. Nous citons d’après l’édi-
tion H. B. Swete, The Old Testament in greek, Cambridge, 1901-1903,
t. III, p. 729-762.
(3) Le P. Bonsirven, op. cit., t. I, p. 326, le qualifie d’« auteur stoïcien ».
(4) IV Macch., I, 7-9. Cf. I, 32-35: II, 6, 21-28, etc.
(5) Cf. ibid., I, 14-17. XIII, 16, l’auteur n'hésite pas de parler de «la
raison divine» (toÿ Gelou hoytsuoü). Of. XVII, 11 : dyùv Gstos.
(6) Ibid, VII, 7 : gudooge Bsiou Blou.
_ LITTÉRATURE JUIVE EXTRA-CANONIQUE 85
Sagesse, c’est le seul écrit juif de cette période qui emploie les
termes d’éfavastia ét d’äplaosia (1). Ce qui soutient les sept
frères Macchabées et leur mère dans leurs supplices atroces,
c’est l’espérance de la « vie éternelle selon la promesse divi-
ne» (2), «l'espérance d’un salut auprès de Dieu» (3). La
conviction de « l’immortalité de leurs âmes pieuses » rend les
frères « unanimes dans la résolution de mourir pour la piété ».
Ils courent au-devant d’une mort douloureuse, « comme s'ils
étaient sur le chemin de l’immortalité ». (4).
Aussi l’attente des martyrs n'est-elle pas trompée : leur
« victoire était l’incorruptibilité (&pfaosta) dans une vie de
longue durée (5). Avec ses fils, la mère héroïque «a dans le
ciel une demeure stable » (6) ; «ils sont près du trône divin et
vivent l’éternité bienheureuse » (7), «rendus dignes d’une
paït divine » (8).
Cette part divine est manifestement conçue comme une parti-
cipation à l’immortalité et à la gloire de Dieu dans laquelle
le pseudo-Salomon avait placé le salut suprême du juste.
IT ot
Plutôt mystique que philosophe, Philon d'Alexandrie, le plus
remarquable des Juifs qui se soient appliqués à marier leur foi
avec la civilisation hellénique, écrit surtout pour défendre la
“religion juive. À cet effet, il présente celle-ci, non seulement
comme la vraie sagesse qui contient, implicitement du moins, -
tout ce qu’il y a de bon dans la philosophie grecque (5), mais
(1) J. BONSIRVEN, op. cît., t. II, p. 159. En France, cette opinion est
soutenue par M. Adolphe Lods, Israël, Paris, 1930, p. 347, 513-520. Elle
pourrait se réclamer de Philon d'Alexandrie. Voir plus loin, p. 92, n. 1.
(2) Abraham Hescnez, Die Prophetie, Cracovie, 1936. Recension par
M. Dennefeld, Revue des sciences rel., t. XVII, 1937, p. 319-322.
(3) J. HEMPEL, op. cit., p. 104, 132, 273. Il est significatif que le pro-
testant Hempel se rencontre avec le juif Heschel pour dire que l'expérience
prophétique est le contraire d’une union mystique. Ê
(4) Cf. W. SANDAy, Bampton Lectures, 1893, p. 150 : « On ne connaît
pas d'exemple d’un prophète qui se soit offert spontanément pour sa mis-
sion. Cette mission leur est imposée comme une nécessité contre laquelle
ils luttent en vain pour s’y soustraire ». Cité dans CONDAMIN, Prophétisme
israélite, dans Dictionnaire apolog., t. IV, col. 424. Cf. ce HÉMPEL, 0p. cit.,
p. 96-99.
(5) Dans le but d'élever le judaïsme au-dessus du pasänisie: les juifs
hellénistiques ont imaginé la théorie du larcin, d’après laquelle Platon et
les autres philosophes grecs auraient puisé les meilleurs éléments de leurs
a tableRe ie de Vhumaiité » , séûle nshle de
la conduireà la science de Dieu et, par là, au salut. « Les préoc-
. cupations de Philon sont avant tout morales et concernent
l’ascension de l’âme vers la connaissance de Dieu» (2).
E _ s’explique dès lors l’impression produite sur lui par la mysti-
que hellénistique et son effort pour l’incorporer dans son sys-
tème (3) — si, toutefois, il est permis de donner ce nom à un
ensemble d’idées souvent incohérentes, exposées sans méthode |
“ et presque toujours au hasard d’une exégèse allégorique des
livres sacrés (4). :
+ Deux idées maîtresses commandent toute la théologie et,
par là-même, également la mystique philonienne : la transcen-
dance divine et la nécessité d’êtres intermédiaires entre Dieu
Fe 4
et le monde. £
_ doctrines dans les saints livres des Hébreux. Cette théorie a été adoptée
dans la suite par de nombreux auteurs chrétiens. Cf. Ad. SoeCcK, De fon-
tibus Clementis Alexandrini, Augsbourg, 1889; LAGRANGE, L’orphisme,
__ 187-189.
HE. BaRDy, Philon le Juif, dans Dict. de théol. cath., t. XII, col.
1444. |
y = 0) Etre BRÉHIER, Les idées philosophiques et religieuses de Philon
d'Alexandrie, Paris, 1908, p. 137.
(3) Sur Philon et la mystique hellénistique, voir Joseph PASCHER, ‘H
Basuhiuxh 606. Der Kænigsweg zu Wiedergeburt und Vergottung bei
Philon von Alexandria, Paderborn, 1931.
(4) Cf. É. BRÉMIER, Histoire de la Philosophie, t. I, Paris, re p. 438-
= 439. : à
. (5) De mutat. nom. 21; t. IL, p. 144. Nous citons d’après l’editio
Ÿ minor en An Ruvert, Berlin, 1896-1915. Le chiffre qui suit le
titre du traité indique le paragraphe du texte; les deux - autres chiffres
indiquent le tome et la page de l’édition mentionnée. {
Parmi les qualificatifs que Philon donne à Dieu, signalons les princi-
paux : « inengendré (äyévnroc), incorruptible (&yôæpros) et immuable L
_(àr
äroercoc)» (Leg. alleg., I, 51; t. I, p. 63) ; «le premier bien et le plus RP Pe-
parfait » (De special. leg., I, 277; t. V, p. 57). Voir la liste dressée par =
M. Drummond, Philo Judaeus, Londres, 1888, t. II, p. 63, reproduite dans
J. LEBRETON, Histoire du dogme de la Trinité, t. I, p. 190.
-88 DONNÉES BIBLIQUES ET JUDAÏQUES
(1) Voir surtout De spec. leg., I, 116; t. V, p. 24; De somn., II, 188-
189; t. III, p. 271-272.
(2) D’après Num., XX, 17 : Message de Moïse au roi d’Édom : « Laisse-
nous, de grâce, travérser ton pays nous suivrons la voie royale... ».
(3) De posterit. Caïni, 101-102 ; t. II, p. 22-23. Sur le Logos philonien,
‘ voir Ch. PRUEMM, op. cit., t. I, p. 245-248.
(4) Cf. 6. BRÉHIER, op. cit., p. 112-157; J. LEBRETON, op. cit., t. I, D.
198-209.
(5) De spec. leg., III, 83; t. V, p. 147. Cf. De opif. m., 69; t. I, p. 18.
(6) De opif. m., 25; t. I, p. 6.
(7) Gen. I, 26-27 et II, 7.
(8) De opif. mundi, 134; t. I, p. 38.
rique » (T0 us ävhowtoy) (,v « homme de > (où
105 avbowros) (2). ;
Toutefois, dans le même traité De sta mundi où il dis-
tingue si nettement entre l’homme spirituel et l’homme sensible,
Philon reconnaît implicitement que celui-ci est également à
l’image de Dicu. Il explique, en effet, que la ressemblance divine
de l’homme n’est pas à chercher dans son corps, « Dieu n'étant
pas anthropomorphe (&vfowrouoowos), ni le Corps humain
déiforme ( beoerdés) ». « Mais l’image est dite selon le vods,
pilote de l’âme », qui « est en quelque sorte un dieu (roomov zivà
eos wy) pour celui qui le porte» (3). C’est done «selon l’es-
prit (xati vTAy Ôtévotay) que tout homme entre en parenté
avec le Logos divin, étant devenu une empreinte ou un reflet
de la nature bienheureuse » (4). Cela était vrai surtout pour le
premier homme : formé par Dieu directement, il était « parfait
d’âme et de corps» au point de surpasser de beaucoup tous
ses descendants (5). €
L'élément divin que l’âme humaine porte en elle, par suite
de l’insufflation et du contact (fVaro) divin, la rend capable de
connaître Dieu. « Jamais, en effet, le vos humain n’aurait osé
s'élever jusqu’à la saisie de la nature de Dieu (bs &yrrhafBéotar
Beoù guet), si Dieu lui-même ne l’avait haussé vers lui, dans
la mesure où le yoùs humain pouvait l'être, et ne l'avait fa-
conné selon les puissances qui sont accessibles à la connais-
sance » (6). Aussi est-ce en utilisant les puissances comme au-
tant de degrés que progressivement l’homme parvient d’ordt-
naire à la science de Dieu, la plus précieuse qui soit, puisqu’en
elle l’homme trouve le comble de sa perfection et de son
bonheur (7). ES
(1) Leg. alleg., IX, 12-18; t. I, p. 81. Cf. Ibid., I, 31-43: p. 58-61. De
conf. ling., 114; t. II, p. 247, le xar’ sixdva &vÜpuros est identifié avec le
Logos.
(2) Ibid, X, 31; t. I, p. 58.
(3) De opif. mundi, 69; t. I, p. 18. Ici et au $ 135, p. 39, où il est dit que
ce que Dieu « a insufflé n’est autre chose qu’un esprit divin », Philon sem-
. identifier cet esprit avec le voÿc. Ailleurs, au contraire, exempli gra-
: Leg. alleg., I, 33-40; t. I, p. 58-60, il les distingue CRE puisque
voÿs y est présenté comme « receyant » l'esprit.
(4) Ibid, 146; t. I, p. 42.
(5) Ibid., 136-140 ; p. 39-40.
(6) Leg. alleg., I, 38; t. I, p. 59-60. \
(7) Cf. De spec. leg., I, 332: t. V, p. 69.
LE
“Ts
AE
1
|4 LITTÉRATURE JUIVE EXTRA-“CANONIQUE
(1) Quis rer. div. her., 264-265; t. III, p. 51. En cet endroit, Philon
met sur le même plan l’extase mystique et le saisissement prophétique.
De opif. mundi, 71; t. I, p. 19, Philon appelle l’extase une «ivresse
sobre » (uéôn vnoghoc).
(2) De sacrif. Ab. et Caïni, 8; t. I, p. 201, combiné avec De gigant., 54;
t. II, p. 52. Pour Philon aussi, l'initiation comporte un voyage symbolique
dans un monde nouveau. Cf. J. PASOHER, op. cit., p. 13-23.
(3) Quod Deus sit immut., 143: t. II, p. 82. Cf. ibid. 160; p. 86 : le
terme de la « voie royale », c’est « rencontrer le roi» (évruyeïiy t& Baorhet).
Voir encore Quod. deter. potior. insid. sol., 89: t. I, p. 259. se
(4) Quaest. et sol. in Æxod., II, 40, cité dans J. PASCHER, 09. cit.
p. 240.
(5) Ibid., II, 29; PASsonER, p. 249-150 : transmutatur in divinum, îta
ut fiat Deo cognatus vercque divinus.
LITTÉRATURE JUIVE EXTRA-CANONIQUE 193
D
NET
1e
CHAPITRE III
NOUVEAU TESTAMENT
Le
ee
‘D (e») Nous n'avons pas à entrer ici dans la discussion des problèmes
Re d'authenticité et, d’historicité soulevés autour des écrits du Nouveau Testa-
+ ment, discussion qui, par suite des travaux de MM. A. Loiëy (voir sur-
tout :Remarques sur la littérature épistolaire du Nouveau Testament,
_ Paris, 1935; Les origines du Nouveau Testament, Paris, 1936 et J. Tur-
mel (notamment : Les écrits de saint Paul, 4 vol., 1926-1928, publiés sous
le pseudonyme H. DELAFOSSE) ont connu en France un regain d'actualité.
Du reste, quelque grande que soit leur importance à d’autres points de vue,
ces questions ne sauraient toucher notre sujet que de très loin. En effet,
les écrits néotestamentaires nous intéressent ici non comme l’œuvre per-
< -sonnelle de tel ou tel auteur, mais comme des documents qui reflètent la
- foi des premières on chrétiennes. À
96 DONNÉES BIBLIQUES ET JUDAÏQUES
(4) Luc. X, 21. Cf. Marrx., VI, 25-34; VII, 7-11; Luc, XI, 9-13; XII,
22-31.
(2) Cf. Marru., XV, 21-28; Mo., VII, 24-30 : Entretien avec la Chana-
néenne, où, adoptant la manière de parler des Juifs, Jésus appelle ceux-ci
les «enfants» et les païens «les chiens». Voir aussi Marrx., VI, 7-8,
31-33, où les Juifs sont opposés aux païens et où Dieu est appelé le père
des premiers.
(3) Cf. Marre, VIITL, 11-13; Luc. XIII, 28-29.
(4) Voir surtout Luc. XV, 11-32 : la parabole de l'enfant prodigue;
ibid, XVIII, 9-14 : le pharisien et le publicain.
(5), Mo, LE 15. Cf. Marre, X, 7: Luo., X, 9, 11.
(6) Cf. Marrx., XIII, 37-39. Dans ce passage, «les fils du royaume »
sont les disciples du Christ qui pratiquent la justice (v. 43). Dans MATTH.
VIII, 11-12, au contraire, la même expression désigne les Juifs infidèles
qui seront « jetés dans les ténèbres extérieures >.
(7) MATTH., V, 44-48.
NOUVEAU TESTAMENT au 97
IT
C’est à saint Paul, en effet, que la révélation du mystère de
la déification doit son progrès le plus décisif. Pour s’en con-
(1) Marrx., XX V, 31-46. Cf. Mc. III, 35; Luc. VIII, 19:21; MATTH.
KA 2 EX INEITS 20;
(2) I.,, VI, 5-34; Luc, XII, 22-32.
(3) Ip., XXV, 34.
(4) Ip., XIX, 29; Mc. X, 30.
(5) Mc. X, 30; Luc., XVIII, 30.
(6) Marrx., XIII, 43, d’après DAN., XII, 3.
(7) Ip. VIIL, 11. Cf. Is, XXV, 6; MarrTx., XXII, 1-14: XX VI, 29;
Mc.; XIV, 25.
(8) Ip., V, 6-9. Cf. Sap, V, 5.
vaincre, il suffit de comparer la Dédications de Jésus sur le
salut d’après les Synoptiques avee la doctrine de saint Paul
sur le Christ-Sauveur. Tellement frappante est la différence
que d’aueuns ont voulu faire de l’Apôtre le créateur du « mMys-
tère chrétien » de la Rédemption (1). Mais, s’il n’en est pas. |
l’auteur, «il en fut certainement le plus ardent prédicateur et
le premier théologien » fe} En développant les données initiales
de la tradition primitive touchant l’économie de salut inaugurée
par Jésus, saint Paul a effectivement élaboré la première théorie
chrétienne du salut. Or l'élément le plus personnel de la soté-
riologie paulinienne est une mystique de déification dont le
Christ glorieux est le centre.
Comme toute doctrine de salut, celle de l’Apôtre est domi-
née par la conception du mal à vainere, 4n casu du péché, qui
en forme le point de départ. Non content de constater le fait
du péché, l’Apôtre en recherche l’origine historique, qu'il dé-
couvre dans le récit génésiaque de la désobéissance d'Adam. La
faute du premier homme, voilà la source de toutes les misères
physiques et morales qui accablent l’humanité, savoir l’ini-
mitié de Dieu, le péché personnel avec son esclavage humiliant,
la souffrance et, surtout, la mort. Ceci en vertu d’une mysté-
rieuse solidarité qui, de par une disposition divine, existe entre
Adam et tous ses descendants : Adam n’est pas seulement le
premier homme; il est le chef, le représentant de RARE
que, de ce fait, 1 entraîne dans sa chute.
Mais voici que, après l’avoir temporairement abandonnée à
sa propre faiblesse, sans toutefois la rejeter complètement,
quand vient la plénitude des temps, Dieu envoie à l’humanité
son Fils unique, revêtu d’une chair humaine, pour qu’il répare,
tel un nouvel Adam, l’œuvre de mort du premier. Adam et Jé-
sus sont ainsi, pour Paul, les deux pivots autour desquels gra-
vite l’histoire religieuse de l'humanité. Le premier, père de
l'humanité pécheresse, est, par antithèse, le type, la figure .
second qui est le père de l’humanité régénérée.
Cependant, s’il est vrai que Paul voit en Adam surtout le F4
je
ou
() Cf. F. PraT, La théologie de saint Paul, t. II, T° édit. Paris, 1993, L ENT
EAENES
AT
Fi
TAC
p. 25-32. L
4
(1) Phil, IV, 18.
(2) Gal., II, 20. À propos de ce Pr LEP. Lagrange parlé d’« explo-
sion de foi mystique ». L'orphisme, p. 198.
(3) Cf. Émile MERSOH, Le corps mystique du Christ, 2° édit. Paris, À
1936, t. I, p. 190-191. L'auteur tire la même conclusion de la doctrine 2 >
paulinienne du corps mystique. ne
(4) Voir A. WIKENHAUSER, 0p. cit, p. 58-59. EÆ. JACQUIER, re
paiens (les) et saint Paul, dans Dict. apol., t. III, col. 595-596. Assuré-
ment, il nous est difficile de concevoir l'union mystique préconisée par “ se
Ke
l'Apôtre. M. Wikenhauser croit en trouver des analogies : celles, par exem-
ple, de l’inhabitation dans l’âme du juste de. la Sagesse divine personnifiée |
(cf. Sap., VII, 27-IX) et de l’activité du démon dans les pécheurs (p. 52).
Quoiqu'il en soit, «la difficulté qu’il peut y avoir pour l’homme moderne
"7
Paul, est io.condition de notre salut, la mystique paulinienne est une union
au Christ et non à Dieu directement. Voir WIKENHAUSER, 0p. cit, p. 104.
(8) TI Cor. III, 16-17; VI, 19; II Cor., VI, 16; . II, 24.
(0) 7Cr Rom NET 14.
t
LES corporation a au Christ. est un « gage » Fe la es à venir »@,
de même le don de LeEsprit est pour le chrétien «une arrhe»
de l'héritage (2). |
= Dans ces conditions, on peut dire sans exagération que, tout
en étant christocentrique, la mystique paulinienne ne laisse pas
d’avoir comme principe actif l'Esprit divin. |
L'héritage auquel le chrétien a droit, et dont sa _condition
_ présente est comme une anticipation, est la vie éternelle. Là,
- son union au Christ et à Dieu, réalisée dès cette vie, sera portée
_ au maximum d'intimité : il sera « pour toujours avec le Sei-
gneur » (3). Celui-ci « transformera le Corps de notre humilia-
tion pour le rendre conforme au corps de sa gloire» (4). Re- |
vêtus d’« un corps pneumatique » (5) et devenus ainsi « incor-
_ruptibles » (äplaprot) (6), nous verrons Dieu « face à face » (7).
Alors notre assimilation au Christ glorieux, en d’autres ter-
mes notre divinisation, atteindra son point culminant. ù
III ÈS
€
EL (1) Ibid., I, 1
2) 10-114;
(3) Ibid, XI, 25.
no A) iid.; T9.
EME (6) Joan. I, 1
Mn = (6) Toid., IV, 9; Cf. Joan., IIL, 16; IV, 10-14.
Me (TS Jour: VI, 35.
Me (OS) Jbid., XV, 1-8. L'image de la vigne exprime Ja même idée Fe
_ union organique et vivifiante que l’analogie du corps chère à saint Paul.
OO) bu, D 29,86. 7 e. |
(10): Cf. TT X, 11-18. È
(11) I Joan. IL, 2; cf. IV, 10; Joan. III, 14- 17; XI, 51-52; Apoc.
"15:-Nil, 14; XXII, 14.
(12) Joan. VII, 39; XVI, 7-14; XX, 22-23.
(13) Ibid, III, 36.
(14) Ibid, III, 5; cf. I, 15.
(15) Ibid., XIII, 35.
(16) Ibid, XV, 14- 15.
-(7) Ibid. VI, 32-58. :
_ (18) Ibid. XIV, 15-23.
(19) I Joan. À, 3; IV, 7-21.
108 DONNÉES BIBLIQUES ET JUDAÏQUES
E
« Né de Dieu » (1) ou « d’en haut» (2), en possession d’une
«semence» ou d’un «germe de Dieu» qui «demeure en
lui» (3), le baptisé est « enfant (réxvoy) de Dieu » (4) au sens
étymologique de ce mot.
Mais, bien que les croyants possèdent dès maintenant la vie
éternelle ou « vie » tout court (5), ainsi que la filiation divine,
ces dons ne se manifesteront dans toute leur splendeur que
dans le « royaume de Dieu », c’est-à-dire au ciel. Là, les amis
de Jésus, non seulement seront toujours avec lui pour contem-
pler sa gloire (d0Eav) (6), mais, voyant Dieu « tel qu’il est », ïls
seront «semblables (éuotor) à lui» (7).
Ainsi, sous le vêtement d’analogies différentes, les écrits jo-
hanniques contiennent un enseignement sur la divinisation du
chrétien qui, dans ses lignes essentielles, se rencontre avec
celui de Paul : chez les deux apôtres, en effet, c’est par l’union
au Christ que l’homme est rempli de vie divine. Bien qu'il
en parle avec moins d’ardeur que l’Apôtre des Gentils, il n’est
_ pas douteux que le disciple bien-aimé ait, lui aussi, vécu de
cette union, que, pour lui aussi, «elle soit devenue une expé-
rience mystique. :
Chemin faisant, on aura peut-être remarqué que les concepts
accouplés de « vie et lumière » appliqués à Dieu, et aussi l’idée
d’une assimilation à Dieu, d’une déification par la vision de
Dieu qui s'exprime dans la première épître de saint Jean (8)
— pour ne signaler que les points de contact les plus impor-
IN
(1) Voir d’autres analogies encore dans BOUSSET, op. cit., p. 154-177.
(2) Cf. Corp. herm., I (Poimandres), $ 9, où Dieu est dit « être Gun xai
wc ». Voir plus haut, p. 33. Autres exemples dans BOUSSET, 0p. cit.
p. 174-175.
(3) E. Togac, loc. cit., col. 339.
(4) IT Petr., I, 3-4.
corrompu pour entrer « dans l'éternel royaume de notre Sei-
gneur et Sauveur diésus-Christ » (1) ? Cette dernière interpré-
tation semble préférable (2). .
Quel que soit le moment de sa réalisation, la : à
la nature divine apparaît clairement comme un don de Dieu,
entièrement gratuit, mais conditionné par d’effort moral de
l’homme, une grâce d’assimilation à Dieu. Il ne s’agit pas
d’une simple « conformité » (3) d’ordre moral seulement qui
résulte évidemment de l’imitation de Dieu. Pareille conformité :
est la condition indispensable, mais non l'essence de la parti-_
cipation à la nature divine. Celle-ci consiste, en effet, à faire
communier l’hommeà la « gloire éternelle » (4), à la vie même
de Dieu (5), c’est-à-dire à son incorruptibilité bienheureuse (6), -
brefà le déifier. Il est permis de penser qu ’avec Paul et Jean
notre écrivain voyait dans la divinisation définitive un effet de ,
la vision de Dieu. : Le
A-t-il admis, avec les mêmes apôtres, que, dès ici-bas, le chré-
tien possède, à l’état d’ébauche du moins, la participation à la
nature divine ? Pris en eux-mêmes, les écrits de saint Pierre ne
permettent pas de trancher cette question. Il ne semble pour-
tant pas téméraire de lui prêter une idée, fortement insinuée
par saint Paul et saint Jean, d’après laquelle la gloire céleste
n’est que l'épanouissement de la vie nouvelle dontle baptisé
est gratifié dès son existence terrestre (7). Il est done probable
que notre auteur, lui aussi, fait commencer la déification du
chrétien dès la vie présente (8).
(1) Jbid., I, 11.
(2) Cf. I Petr., I, 3-5, 15. :
(3) Cf. ibid., I, 14-15 : il faut se «conformer» (|svsynpatiopevor )
à Jésus-Christ. : ; -
(4) Ibid., V, 10.
(5) Cf. ibid, IV, 6. :
(6) Cf. ibid., I, 23, où il est dit que, dans le chrétien, la parole dise
. È un germe non corruptible, mais incorruptible ». Voir encore, I, 3-4;
£ ; #%
LIVRE D EUXIÈME
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LIVRE DEUXIÈME
14
de de la ue dans le paie + la Léa
avec saint |Cyrille d’Alexandrie, sur le terrain de la mystique
avec le pseudo-Denys. Le Damaseène, enfin, incorpore dans sa
ue
. les éléments essentiels de l’enseignement de ses pré-
décesseurs pour les transmettre à la postérité. ei
PREMIÈRE PARTIE
PÉRIODE DE FORMATION
CHAPITRE PREMIER
ÉBAUCHES PRIMITIVES
$ |. — Pères apostoliques
En passant du Nouveau Testament aux Pères apostoliques,
on constate que des conceptions sotériologiques de ces premiers
témoins non inspirés du développement qu'a pris la doctrine
chrétienne dans l’Église primitive se rattachent à celles des
Synoptiques et ne s'élèvent que rarement à la hauteur des vues
d’un saint Paul et d’un saint Jean. Cela tient sans doute à ce
qu'ils sont — à l’exception de saint Ignace — des esprits peu
spéculatifs, des moralistes plutôt que des théologiens ou des
mystiques.
Cependant tous font écho à la révélation néotestamentaire
où le salut offert par le christianisme consiste essentiellement
dans l’äplaosia ou àlavasia, termes synonymes de vie éter-
nelle. Or il y a là l'équivalent pratique d’une déification
— terme du reste absent de leur vocabulaire. De la mystique
paulinienne et johannique seul l’évêque d’Antioche se montre
sérieusement touché.
Cé n’est dès lors que virtuellement que l’idée d’une déifi-
cation de l’homme par le christianisme se trouve chez les
Pères apostoliques. L'un d’eux pourtant, Hermas, connaît un
cas de divinisation qui, pour être très spécial et exceptionnel,
ne mérite pas moins d’être signalé.
ÉBAUCHES : PÈRES APOSTOLIQUES 117
(1) Did. IX, 3; édit. F.-X. FunK, Patres apostolici, Tubingue, 1901, t.
I, p. 22. L'’indication de la page qui suit la référence se rapporte à cette
édition, dont le texte est reproduit dans H. HEMMER, Les Pères apostoli-
ques, 4 vol., Paris, 1907-1912. L'ouvrage de Funk a été réédité par Ch.
Bihlmeyer, Die apostolischen Väter, Tubingue, 1924.
(2) Ibid., X, 2-3; p. 22.
(3) Ibid., IV, 8; p. 12.
(4) Ibid, XNI, 6-8; p. 36.
(5) Barn., XVI,:7-8; p. 86-88. Cf. I Cor., III, 16-17.
(6) Zbid., XI, 11; p. 74,
“ts
chés »,
cœur » @) qui faità.nous Fe «fils de Die » (3)
« Ceux qui espèrent en Jésus, vivront éternellement » »> (4).
La vie éternelle sera inaugurée, après la résurrection (5),par >
le millenium que le Fils de Dieu viendra instaurer au septième É
millénaire. Après avoir régné mille ans, «il mettra fin à toutes
choses: ce sera le commencement du huitième jour qui mar"
quera l'avènement d’un monde nouveau » (6). sr.
Aïnsi, d’après le pseudo-Barnabé, la rénovation morale Fa É
chrétien ainsi que sa filiation divine aboutissent à une vie éter- S.
nelle conçue comme une existence interminable et heureuse
qui se déroulerait d’abord dans le monde actuel, puis dans un =
monde renouvelé. Nous voilà loin de 1idéal d’une assimilation
au ‘Christ « pneumatique » prêché par saint Paul. î exe
l
Il
Clément de Rome — qui, lui aussi, aime à citer l’Apôtre des
Gentils — est le premier parmi les Pères apostoliques qui in-
siste sur la ressemblance divine que HRerUrE reconnaît ee x
:
Adam. een
S’arrêtant volontiers à la contemplation de l’œuvre créatrice “S
et de la puissance divine qui s’y manifeste (7), ‘Clément me.| Sur
manque pas l’occasion de présenter l’homme comme le chef-_
d'œuvre des mains de Dieu et «comme une empreinte de son : :
image » : | <
(1) Ibid, VI, 11: p. 56. Cf. XVI, 8; p. 88. Cor JL Cor.v,
ŒU
Gal., VI, . Tât., TIL, o
(2) Ibid., VIII, 35 p. 62: bre E ge
(3) Ibid., IV,9; p. 48 | ET D
(4) Ibid. VIII, 5: p. 62. Cf. XI, 11: p T4 URL FRE TND
(5) Ibid., XXI, 1 ; p. 94. È Ras a
(6) Ibid, XV, 4- 8: p. 82. Dans les six jours de la création Barnabé
voit un symbole et une prédiction de la durée de ce monde :Eux ‘en six mille
ans, le Seigneur achèvera toutes choses ». |
(7) Voir notamment I Clem., XX-XXXIII ; édit. FUNK, Ne EU p. 126-140.
image. Car Dieu Pal ainsi : he « l'homme à
à notre image
et à notre ressemblance » (1).
#4“55
FE
"TE
à
vers les hauteurs des cieux; par lui, nous voyons comme dans
un miroir sa face immaeulée et noble; par lui, ont été ouverts
les yeux de notre cœur; par lui, notre intelligence lente et enté-
nébrée s’épanouit vers la lumière; par lui, le Maître a voulu
nous faire goûter à la gnose immortelle (rs d&ôavarou yvo-
ctws) (1).
(1) Ibid. XXXII, 4; p. 138 : & Xo. 1; XLIII, 1; p. 152 : év Xp., etc.
(2) Ibid, XXXNVIII, 1; p. 146 : Subéclu oùv Aywv OAov TÔ coua ëv
Xpioté ’Incoù. De ce texte, pourtant signalé par lui, le P. Mersch, 0p. cit.
t. I. p. 292, aurait peut-être pu tirer plus de profit.
(3) Ibid, XXXII, 4; p. 138. Of. XLVI, ; p. 158.
(4) Ibid., LXV, 2; p. 184.
(5) II Clem., XIX, 2; édit. FUNK, t. I, p. 208.
(6) Zbid., XX, 5; p. 210 : Tùv suripa rai apynyov this aplapaiac.
(7) Ibid., I, 1; p. 184.
(8) Ibid., I, 4; p. 184-186.
(9) Zbid., VI, 9; p. 190-192. Cf. VII, 6 et VIII, 6; p. 192 et 194,
— car «c’est . cette Ho que nous recevrons pe salaire as 7
III |
Bien différentes des écrits dont nous venons de parler, les
lettres de saint Ignace, ces « courts billets, rédigés à la hâte 5e
par un martyr qui marche à la mort » 6) révèlent laperson-
nalité originale et ardente d’un théologien doublé d’un mys-
tique. # Es
Pour l’évêque da comme pour saint Jean, l’aspect
positif de l’« économie de Dieu » (6) se résume dans les notions
de «vie» (7), « vie véritable » (8), « vie éternelle » (9), «in-
corruptibilité et vie éternelle » (10). Préparé par les prophè-
tes (11), ce « plan arrêté par Dieu » (12) a été réalisé par Jéésus-
Christ, au moyen de «sa passion et sa résurrection (A)
Le salut ainsi objectivement opéré par le Christ, l’homme
(1) Sauf erreur, Ignace ne parle du baptême qu’une seule fois, en passant,
one VI, 1; p. 292
_ (2) Sur la doctrine du corps mystique dans saint Ignace, voir MERSCH,
+ op. cit, €. I, p. 294-305 ; P. Barrrroz, L'Église naissante et le catholicisme,
9 édit, Paris, 1927, p. 157-170.
_ (3) Eph, XV, 3; p. 224-226.
(4) Ibid, XX, 2; p. 230. Cf. VILL, 2, X, 3, XI, 1; p. 220, 222.
#| id.
(5) Magn., XI; p. ‘240.
Eph., IX, 2; p. 220. e
(6)
(7) Ibid, LIL, 2; p. 216. ;
(8) Magn., I, 2; p. 232.
(9) Smyrn., VIT, 1; p. 280. Cf. Rom., VII, 3; p. 260.
àrohaveï,
(10)Eph., XX, 2; p. 230 : 24p#4%0) &bavaslas, àytiôoros 705 #à
no Li & ’Inso5 Xorsrd Là ravr6s.
(D Ibäid., IX, 2; p. 220. D’après la suscription des sept ler FPS
portait le surnom de beozpos.
(12) Phil, VIL 2; p. 270. …
- (13) Zvh, VIIL 1; p. 218-220: Ghotr üvres Bo.
d2) Magn, REV, L: D. 240 : Beod yéuzTe.
124 FORMATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
LA
ÉBAUCHES : PÈRES APOSTOLIQUES 125
IV
(1) Cf. A. LeLonG, Le Pasteur d'Hermas, Paris, 1912, p.. LXX VIII :
« Dans le Pasteur, on ne rencontre pas une seule fois le nom de Jésus ni
celui de Christ; le Sauveur y est ordinairement appelé le Fils de Dieu ».
(2) Sim., V, 5, 2-3; p. 538.
(3) Les efforts faits par certains auteurs, par exemple par M. Lebreton,
op. cît., t. II, p. 364-366, pour démontrer, d’après Sim., V, 2-3, la préexis-
tence de l’eselave préposéà la vigne, du moins sous la forme d’un ange,
ne paraissent pas convaincants. s
(4) IT Clem., I, 1, cité plus haut, p. 121. Il ne semble pas, cependant,
qu'Hermas ait été un isolé, puisque, du temps de saint Justin encore,
des chrétiens doutaient de la préexistence du Christ. Cf. Dial., XLVIIT; S
édit. OTro, t. II, p. 162-164.
(5) Sim., V, 6-7.
toute chair qui aura servi de demeure au Saint-Esprit etaura été
trouvée sans souillure ct sans tache recevra une récompense (1).
Le
$ 2. — Gnose hérétique
II
col. 1434-1467, surtout col. 1447-1453; Albert DHRHARD, Die Kirche der
Müriyrer, Munich, 1932, p. 164-168 ; E. DE FAYE, Gnostiques et gnosticis-
me, Paris, 1913, p. 436-439; J. P. Srerres, op. cit, p. 137-184; J. TIxE-
RONT, op. cît., t. I, p. 197-199. |
(D) Cf. IREN., Adv. haer., I, v, 5; P. G., t. VIL, col. 500 B.
(2) Ibid, I, v, 6; col. 501.
(3) Excerpt. ex Theod., 54; edit. Otto STAEHLIN, Clemens Alexandrinus,
t. III, Leipzig, 1090, p. 124-125 : 6 HV yotx6s éoTt & xaT’ elxOva », 6 à Vuyt-
%06 (xaÿ° Golwawvy» Beod, 6 à TVEUpartixdc xat ilav. L'expression xat' iôlav
— certains lisent : “art” l5éav — est divérsement rendue. Les uns, comme
Struker, op. cîit., p. 58, la prenant pour une locution adverbiale, traduisent :
« le pneumatique est un être à part». D’autres, par exemple W. Capitaine,
Die Moral des Clemens von Alexandrien, Paderborn, 1903, p. 131, commen-
tent : “at ldlav soil. oûclav. Cette interprétation semble préférable, parce
qu’elle permet de traduire la préposition xaté d’une manière uniforme dans
les trois cas où elle est employée, ce qui rend la phrase plus homogène. Du
reste, il est tout naturel qu’un gnostique, pour qui la semence spirituelle
déposée dans le pneumatique vient du plérome, dise du spirituel qu'il est
« fait selon la propre essence» de Dieu.
| ÉBAUCHES : GNOSE HÉRÉTIQUE ASE
_ des bêtes » (1). Caïn en est le représentant (2). L'homme fait
« selon la similitude du démiurge même est celui auquel il a
insufflé et inspiré quelque chose qui lui est consubstantiel
(omooüatoy rt adro) » (3). C’est l’homme psychique qui est dans
le hylique ; c’est «l’âme divine cachée dans la chair » et à la-
quelle l’âme hylique sert pour ainsi dire de chair (4) ; c’est une
« nature douée de raison et juste », à l’instar d’Abel (5). Aussi
les psychiques sont-ils peu nombreux (6). Le pneumatique, en-
fin, est l’homme rare qui «a la semence pneumatique semée
dans d’âme par la Sophia », semence qui rend «l'âme raison-
nable et céleste.., remplie de moëlle spirituelle » (7).
Il y a donc trois catégories d'hommes : les hyliques, les psy-
chiques et les pneumatiques. Les premiers — ce sont les païens
et les Juifs — bien qu'ils soient « près de Dieu ne lui sont pas
consubstantiels » (raparAñouov pèy, &AN oùy éuoobaroy T@ BG) (8) ;
« incapables de recevoir un souffle d’incorruptibilité », ils pé-
rissent fatalement, dévorés à la fin, avec la matière, par le feu
caché dans le monde. Lies psychiques — savoir les fidèles de la
grande Église — sont libres de se décider pour le hylique ou le
pneumatique; par une « foi nue » et une bonne vie, ils peuvent
se sauver, mais sans jamais obtenir «la gnose parfaite» (ray
rehclavyvooty), ni pouvoir pénétrer dans le plérome. A la con-
sommation des choses ils jouiront (ävamausecar) avec le dé-
miurge d’une béatitude inférieure dans le «lieu intermédiai-
re », c’est-à-dire situé entre le plérome et le monde matériel ;
« car rien de psychique n’entre dans le plérome » (9).
Les pneumatiques — c’est-à-dire les gnostiques — sont in-
corruptibles par nature : quoi qu'ils fassent, ils sont assurés
de leur salut. En effet, quelles que soient leurs « actions hyli-
) Ibid, 50; p. 123. Le terme &hoyos, « dénué de raison », veut dire ici
que le hylique se comporte dans l’ordre moral comme s’il n’avait pas de
raison. Il a un sens éthique.
(2) Ibid., 54; p. 124.
(3) Zbid., 50; p. 123.
(4) Ibid., 51; p. 128.
(5): Ibid., 54; p. 124.
(6) Ibid., 56; p. 125. où moddot 0è oi duyruoi,
(7) Ibid., 53; p. 124.
(8) Adv. haer., I, v, 5; col. 500 B.
(9) Ibid, I, vI-vix, 1; col. 504-513 A,
!
x
Ce qui frappe de prime abord dans la sotériologie gnostique,
c’est qu'elle nie l’universalité du salut : seuls les pneumatiques
obtiendront l’incorruptibilité bienheureuse. Du reste, dans les
systèmes gnostiques, l’immortalité n’est qu’un trompe-l’œil;
car rien de ce qui fait partie de la nature humaïne n’est rendu
incorruptible. En effet, c’est uniquement la semence ou l’étin-
celle divine tombée du plérome dans l’homme qui remonte dans
sa patrie pour y jouir d’une immortalité qu’elle n’avait jamais
perdue. Assurément, ce retour se présente comme une véritable
redivinisation de la «substance spirituelle» (ryevuartxr ÜTOoTAS LS)
cachée dans le pneumatique (4). Mais, du -point de vue gnos-
tique, il n’y à pas, il ne peut pas y avoir de déification de
l’âme humaine ;bien moins encore de l’homme tout entier, puis-
que, voyant dans la matière quelque chose d’essentiellement
mauvais, les gnostiques nient la résurrection de la chair.
Sur ce dernier point, nos auteurs restent dans la ligne tradi-
tionnelle de la philosophie grecque. Mais ils abandonnent cette
ligne, lorsqu'ils font de la rédemption un événement cosmique
$ 3. — Apologistes
Ne TC
était se au pouvoir de la mort et aan l’e erreur . on ne
chacun commettant le mal par sa propre faute » (2). De plus en
| “plus les démons _étendaient leur domination sur l'humanité
_ déchue surtout au moyen de 1 ‘idolâtrie (3).
Le hommes n’“étaient, Fhpendants pas abandonnés par Dieu.
in
l’âme, en soi, n’est pas immortelle, mais mortelle. Elle est cepen-
dant capable aussi de ne pas mourir. Elle meurt et se dissout
avec le corps, si elle ne connaît pas la vérité; elle ressuscite,
toutefois, à la fin du monde avec le corps, pour recevoir, en châ-
timent, la mort dans l’immortalité. Par contre, ne meurt plus,
fût-elle dissoute pour un temps (3), celle qui a acquis la con-
naîssance de Dieu. Par elle-même, en effet, elle n’est que ténè-
bres, et rien de lumineux n’est en elle. Et c’est bien là ce qui
a été dit: « Les ténèbres ne reçoivent pas la lumière ». Car
ce n’est pas l’âme qui a sauvé l'Esprit, mais elle a été sauvée
par celui-ci, et la lumière a reçu les ténèbres. Or la lumière de
Dieu n’est autre que le Logos; les ténèbres au contraire, sont
l’âme ignorante. C’est pourquoi, laissée à elle-même, elle penche
vers la matière en bas et meurt avec la chair. Celle, au contraire,
qui possède la syzygie de l’Esprit divin, n’est pas sans aïde;
elle monte vers les régions où la guide l'Esprit, car c’est en
haut que celui-ci a sa demeure, alors que l’âme a son origine
en bas (4).
SEE
ER
2SI
5
do 2 FORMATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
(1) Zbid., XV ; p. 70 $
(2) Pour Tatien, l’homme déchu non relevé n'est plus na ment
homme. Il s'élève, en effet, contre la définition donnée par des philosophes
«à la voix de corbeau» (xopaxégwvoi), d’après laquelle l’homme est un
« animal raisonnable, capable de recevoir intelligence et science ». Notre
auteur ne veut appeler homme que « celui qui, s’éloignant de l'humanité,
s’est rapproché de Dieu lui-même » (XV ; p. 68). Par une heureuse incon-
séquence, il maintient néanmoins, contre les fatalistes, la pleine liberté et
la responsabilité de l’homme déchu. Voir VII; p. 30-32.
(3) Orat., XIII; p. 62. Cf. XX ; p. 90.
(4) Ibid, XV ; p. 66.
(5) Ibid., V; p. 22.
(6) Zbid., XV ; p. 68-70.
(7) Ibid.; p. 70-72. Cf. XI: p. 50 : Amoôvnoxe T& noospuw..fñ0 ro 0e@.
(8) Ibid., XX ; p. 88.
(9) Ibid., XIIL ; p. 62.
(10) Cf. ibid.; p. 58-60.
(11) Tbid., XIV : p. 64. De ce passage il résulte qu’il y a une différence
entre avant et Tù à0d4varoy. Alors que l'immortalité peut être bonne
ou
| pilité,qu’
« elle soit. douée au premier er ou promise . :
chrétiens, c’est qu’elle est présentée comme un effet de la con-
naissance de Dieu, conditionnée à son tour par d’inhabitation |
de L'Esprit. Sur ce dernier point, notre apologiste se rencontre ;
avec l’auteur de l’homélie dite ZJ° épître de saint Clément, qui,
lui aussi, attribue l’immortalité de la chair humaine à la pré-
_sence du Saint-Esprit.
ÉT =
III
IV "e
À la différence d’Athénagore, Théophile d’Antioche est un
adversaire résolu de la philosophie. Sur l’immortalité qu’espè-
rent les chrétiens l’auteur des trois livres à Autolycos expose
des vues qui rappellent les conceptions de Justin et de Tatien.
Théophile insiste sur la ressemblance divine de l’homme.
Adam, dont la formation a été le seul ouvrage que le créateur
ait jugé digne de ses propres mains (1), a été fait « selon l’ima-
ge et la similitude >» de Dieu. Non seulement notre premier
père, mais tout hommé sans exception « est l’ouvrage et l’ima-
ge » de Dieu (2). Et, à la suite de saint Paul (3), notre apolo-
giste de citer le célèbre passage d’Aratos, d’après lequel « nous
sommes de la race de Dieu» (4). Mais il ne précise pas sur
quoi se fonde cette parenté.
Toutefois, à côté d’une ressemblance mal définie entre Dieu
et le premier homme, il y avait surtout cette différence que
celui-ci n’était pas immortel par nature. Dieu, au contraire,
« est sans principe parce qu’il est non produit (&vap'yoc dé sr,
ÔTt dÉVATOS ésttv) ; il est immuable, comme il est immor-
tel» (5); il n’a besoin de rien (6). Si donc Dieu avait fait
l’homme
(1) Ibid.
(2) 7h14; IL, 25: p. 12S8.
(3) Ibid., II, 29; p. 138.
(4) C£. TI Cor, XV, 50 : «la corruption n’héritera pas l'incorruptibi-
lité ».
(5) Ad Autol., II, 27: p. 134.
(6) ITbid., I, 7; p. 24. |
(7) Tatien emploie le terme de Beomouiv, lorsqu'il reproche aux Grecs de
« diviniser les éléments du monde ». Orat., XVIII; t. VI, p. 82.
ÉBAUCHES : APOLOGISTES |
à ;
voir, _est nettement eschatologique. Elle n’en suppose pas Es
une terrestre, qui consiste surtout dans l ac-
Î
CHAPITRE II
PREMIERS DÉVELOPPEMENTS
(1) Ado. haer., TITI, XvInt, 1; P. G., t. VIL, col. 932. Sauf indication
contraire, les écrits des Pères sont cités d’après Migne.
S
# 7 de ;
e £. Es Se Fe re F de x
F F1 = 5 L CANNES : ETEY ra 7 Se
k Ve L . A RES re PR LE
146 FORMATION DE LA DOCTRINE GRECQUE RIRE
+
sages oùil oppose ces deux mots l’un à l’autre avee une net-
teté qui exclut tout doute. C’est ainsi qu’en déerivant l’hom-
me parfait il enseigne :
IT RP ET
(1) Adv. haer., IV, xxxvIIt, 3-4; col. 1108-1109. Sur l’« enfance spiri-
tuelle » d'Adam, voir A. VERRIÈLE, Le plan du salut d'après saint Irénée,
dans Revue des sciences relig.,t. XIV, 1934, p. 515-518. €
(2) Cf. A. GAUDEL, Péché originel dans Dict. de théol. cath., L XII,
col. 325-326.
(3) Ado. haer., IV, x1,-2; col. 1011.
(4) Ibid, III, xIx, 1; col. 939-940. Cf. ibid. “XVII, 7; col. 937;
IV, XXXIN, 4; col. 1074. Dans ces textes, saint Trnes part de l’œuvre
.déifiante du Sauveur pour établir à la fois sa divinité et son humanité,
(5) Ibid., V, praef.; col. 1120,
Lorsque [le Fils de Dieu] s’est incarné et s’est fait homme, :
il a récapitulé en-lui-même la longue série des hommes (longam
homimim expositionem in seipso recapitulavit), nous donnant le
salut en bloc (in compendio), pour que nous retrouvions en
Jésus-Christ ce que nous avions perdu en Au savoir l’image
et la ressemblance de Dieu HS
Il unissait donc l’hommeàà Dieu. Si l'homme n'avait pas été
= uni à Dieu, il n'aurait pas pu avoir part à lincorruptibilité |
E (oùx à ävsie ueracyeiy ris &pbapoiac) (2).
S
De ces tés: on voit s’esquisser pour la première. nn une
_ conception physique ou mystique de la déification (3). D’ après
_ cette théorie — qui part de l’idée johannique du Logos, prin-
<cipe de vie — la nature humaine est immortalisée, done divini-
sée, par le fait même du contact intime que l’Incarnation éta-
blit entre elle et la nature divine du Verbe.
É Mais, si l’Incarnation joue ici le rôle principal, au point de
sembler suffire àà elle seule pour le salut, le docteur de Lyon ne
méconnaît nullement la valeur rédemptrice de la mort du
\ s Cane
4) Ibid, III, XVIII, 1; col. 932. Cf. ibid., xxI, 10- XX ; col. 954-960;
IV, XX, 4; col. 1034.
= (2): Ibid., TITI, xvux, 7: col. 937.
Le (3) Cf. J. TIXERONT, op. cit, t. I, p. 265; t. IT, 9e édit., 1931, p. 149;
L. RICHARD, Le dogme de la Rédemption, Paris, 1932, p. 84.
2 (4) Adv. haer., II, xx, 8; col. 778. Autres références dans J. RIVIÈRE,
_ Le dogme de la Rédemption. Essai d'étude histor., p. 123- 126. Cf. F. VER- …
Enr, Te dans Poennaire de théol. cath., t. VII, col. 2472-2474.
152 FORMATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
III
IV
(1) Cf. Adv: haer., V, vi, 1; col. 1137; III, vr, 1; col. 861; V, xt, 2;
col. 1152.
(2) Ibid, III, vi, 1; col. 861.
(3) Ibid, V, xxxVIII, 3; col. 1108.
(4) Ibid., V, vrrx, 1; col. 1141-1142.
(5) Cf. ibid., IL, xxIv, 2; col. 835; IV, xxxvIIT, 3; col. 1108 : rapx-
uovn dofapolas ÔGEX dyewvrou.
ee
. la
f te ee. . dune naissent de hi opolwots.
écupérée. , celle-ci ee seRue de oies 5 mes il a
É ABS 2 Il vaut mieux ne savoir absolument rien, pas même une seule
_ des causes de tout ce qui a été fait, et croire en Dieu et persé-
| vérer dans la charité, plutôt qu’enflé par cette science déchoir
_de l'amour qui vivifie l’homme; [mieux vaut] ne rechercher
aucune autre science en dehors de Jésus-Christ, Fils de Dieu,
_crucifié pour nous, plutôt que de tomber dans le bavardage et
Mimpiété, entraîné par la subtilité des questions (2).
(1) CLem. ALEX., Strom., II, xxit; P. G., t. VIII, col. 1080 B. Cf. ibid.,
I; col. 933 CD.
(2) J. LEBRETON, Le désaccord de la foi populaire et de la théologie
savante dans l’Église du ITI° siècle, dans Revue d'histoire ecclés., t. XIX, !
1923, p. 498. à
(3) Certains indices autorisent à penser que tel maître de Clément
déjà — peut-être Pantène — s'était efforcé d'élaborer une gnose chrétienne.
Cf. J. LEBRETON, loc. cit., p. 493-494: G. BarDpy, Aux origines de l'École
d'Alexandrie, dans Recherches de science religieuse, t. XXVII, 1937,
p. 72-77.
(4) Sirom., IT, xxu1; P. G., t. VIII, col, 1084-1085. L'äp0dç Adyos est la
— PREMIERS DÉVELOPPEMENTS : CLÉMENT D’ALEXANDRIE 161
I
En vertu de sa formation déjà, l’homme possède une certaine
similitude avec Dieu. En effet, d’après la Sagesse, « Dieu a
créé l’homme pour l’immortalité et il en a fait l’image de sa
propre nature » (1). Contrairement à ce que rêvent les gnos-
tiques, l’homme est donc une créature : il n’est ni une parcelle
de Dieu ni consubstantiel à lui. Image et ressemblance de Dieu,
l’homme ne l’est pas « dans son corps », mais « selon le voÿs et
la raison » (2). C’est que « le voùs humain est l’image de l’ima-
ge. l’image de Dieu étant le Logos divin et royal, l’homme
impassible (äyGownos àmalrne)» (3).
Clément signale la distinction qu’à son époque certains chré-
tiens faisaient dans l’homme entre l’image et la ressemblance
divines et que, manifestement, il fait sienne : « N’y en a-t-il
pas parmi nous qui pensent que l’homme a reçu l’image (ro
xar” ckx0va) de par son origine même, alors qu’il va recevoir la
ressemblance (ro 40° éuotwsty) plus tard par la perfection? » (4)
C’est qu’en effet Adam «n’a pas été créé parfait, mais apte à
acquérir la vertu: car l’aptitude à son acquisition porte vers la
raison droite des stoïciens, admise par Clément comme principe régulateur
de la morale. Cf. ibid., V, xiv:; t. IX, col. 140 B. Voir A. DE LA BABRE,
Clément d'Alexandrie, dans Dict. de théol. cath., t. III, col. 179-180.
La seconde phrase de notre citation reproduit Théétète, 176 B. Voir plus
haut, p. 46. ,
(1) Ibid, VI, xIT; t. IX, col. 317 C. Cf. Paed., I, 1x; t. VIIL, col. 257
AB; Æclog. prophet., fragm. 17; édit. STAEHLIN, du corpusde Berlin, t.
III, p. 141. Dans ce dernier texte, Clément nie expressément toute préexis-
tence de l’homme, done aussi de l’âme humaine. Cf. Jean HERING, Étude
sur la doctrine de la chute et de la préexistence des âmes chez Clément
d'Alexandrie, Paris, 1923, p. 28-34.
(2) Tbid., II, xr1x; t: VIII, col. 1045°B.
(3) Ibid. V, x1v; t. IX, col. 140. Philon déjà appelle l'homme «image
d'une image», savoir du «Logos divin». Voir plus haut, p. 89-90.
(4) Zbid., II, xxrr; t. VIII, col. 1080 C. Of. Paed., I, xt; t. VIIL, col.
368 B.
162 FORMATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
Ni
: NiRe Christ, c’est la déification: «“Le”L £
ÿ6%. F t. VIII, Fe 64 D.
Paed., I, xx1; t. VIII col. 368 AB.
_ (6) rom: VX, tx, eok ASIA" Re à
ee Paed., L IV; t.VIII, col. 286 À, Cf. 280 B : « Régénérés, nous
164 FORMATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
Il n’est done pas vrai que les uns soient des gnostiques, les
autres des psychiques dans le même Logos; mais tous ceux qui
se sont dépouillés des désirs charnels sont égauxet pneuma-
tiques aux yeux du Seigneur (3).
- III
.(4) Ibid, VII, x; t. IX, col. 481 À, cité plus haut, p. 163.
(5) Ibid, VII, XII ; col. B : à 0806 Basthuwr.
501 Expression manifes-
FRET empruntée à Philon. Voir plus haut, p. 89.
(6) Ibid, VII, x; t. IX, col. 477-484. Cf. IT, xx11; t. VIIL, col. 1084
1e
; V, x1: t. IX, col. 109 B; E. DE FAYE, op. cit., p. 285-286; In. Origène,
III, Paris, 1928, p. 207.
_ (7) J. Lægreron, loc. cit, p. 499-500. Cf. Strom., VI, 1x-xur; t. IX,
>col. 292-329. ÿ
(8) Strom., II, x1x ; t. VII, col. 1040 B.
_ (9) Zbid., VI, xr1; t. IX, col. 325 B. Of. II, xx11; t. VIIL, col. 1080 C;
VI, it; t. IX, col. 417 A.
(0) Ibid, VII, xrtr; t. IX, col. 516 A,
168 FORMATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
IV
V
z
k (1) Voir surtout Strom., VI, xI1; t. IX, col 395 AB ; IV, XVIII; t. VIII,
. 1325 A. Cf. A. DE LA BARRE, loc. cit., col. 162 et 190.
12) Strom., VI, XIT; Pix, col. 325 AB : 7apaureptariual TOLbTrTES. On
172 FORMATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
#=
k%
(1) Cf. À. DE LA BARRE, loc. cit., col. 159- 160 ; W. CAPITAINE, 0p. cit, mu
p. 104 et 334,
(2) FEsTUGIÈèRE, L'idéal religieux des Grecs et Pbpangile, p. 193.
(3) En ce qui concerne les expressions « mystère cultuel» et « mys- %
tère littéraire», voir plus haut, Pire re
Origène reprend,‘en effet, 1idée de Clément d’après laquelle
me 15us est unRS une gnose qui déifie Ho
Lu
: unehe propre. Le ne nouveau, e’est la cosmo-
4 logie de notre docteur qui, avec l’anthropologie qu’elle impli-
+ que, forme la base de sa sotériologie et partant de sa doctrine
“A de la déification. À
_ Pour Origène, les âmes humaines sont des esprits (yes)
É|créés purs par Dieu, mais dégradés par suite d’une défaillance
:ou, comme le suggère l’étymologie du mot grec duyr , « refroi-
nedis». « De ceux qui sont déchus de l’amour de Dieu, il faut
- dire sans hésitation qu'ils se sont refroidis de leur charité et
qu'ils sont devenus froids» (1). Pour avoir ainsi perdu « cette
# chaleur naturelle et divine et s’être refroidie de son état plus
< divin et meilleur », l’âme a reçu en grec le nom de Quyn (2).
__ Toutefois — et c'est là que s'affirme l’indestructible opti-
_ misme du docteur alexandrin — le mal, ce non-être (3), ne sau-
eeTrait triompher définitivement. En effet, la liberté est restée aux
o esprits déchus et par elle ils peuvent se rétablir dans l’état
_ de ferveur dans lequel ils se trouvaient au début (4). En vue
de ce> rétablissement, le « monde visible a été constitué » ce
les âmes sont entrées dans des corps appropriés et ont été
appelées hommes (1).
IT
(1) Zbid., I, vit, 4; col. 173. Pour Origène, les astres sont des esprits
déchus revêtus de matière lumineuse.
(2) Cf. In Terem., hom. II, 1; t. XIII, col. 277. Méthode d'Olympe cite
une série de textes scripturaires dans lesquels, grâce à son exégèse allégo-
rique, Origène aurait découvert sa théorie de la préexistence. Voir surtout
De resurr., I, 55-58: édit. BoNwerscx du corpus de Berlin, p. 313 sq.
(3) In Levit., VIII, 8; t. XIL, col. 496 À. Cf. In Luc., hom. XIV; t.
XIII, col. 1834 B; Contra Cels., VII, 50: t. XI, col. 1494.
(4) A. SLomkowskt, L'état primitif de l'homme dans la tradition de
l’Église avant saint Augustin, Paris, 1928, p. 54.
PREMIERS DÉVELOPPEMENTS : ORIGÈNE LT.
III
(1) Contra Cels., IV, 3; t. XI, col. 1032 C. Cf. De princ., 1, xx, 7; col.
135-136. Voir C. VeRFAILLIE, La doctrine de la justification dans Origène
d'après son commentaire de l'Épitre aux Romains, Strasbourg, 1926, p.
41-50.
2) De princ., I, 11, 7; col. 135 C.
(3) In Ioan., I, 42; t. XIV, col. 96-97. Séduit par le jeu de mots A6-
ae Omass semble ici oublier sa théorie de la préexistence, d’ après
laquelle les Âmes sont des vdec, donc intelligentes par nature.
(4) Ibid., XIX, 1; col. 524-537.
(5) on Opicisc tel aphelos
(6) Of. In Matth, XVI, 8; t. XIII, col. 1397B; In Rom., II, 13: t.
XIV, col. 911 C. Voir J. Rivière, Le dogme de la Rédemption. Études cri-
tiques et documents, Louvain, 1931, p. 165-212. D’après l’auteur, la « ran-
%
con » ne serait qu'une métaphore qui exprime le « mode onéreux de notre
Rédemption ».
(7) In Rom. IIT, 8: t. XIV, col. 946-950. Cf. In Num., hom. XXI,
1; t. XII, col. 756-759.
(8) Contra Cels., III, 62; t. XI, col. 1001 B. : RES RTE
le nature Lun ro An, non Snlenens ena ;
mais aussi en tous ceux qui, avec la foi, embrassent la vie
que Jé ésus a enseignée et qui conduit à l'amitié et à la commu-
nauté avec Dieu (1). SRE
_Cen
passage dans lequelon croit entendre un
t écho de la théo- |
ne» (1); elle est un don «que Dieu accorde à ceux qui se
sont rendus aptes à le recevoir » (2).
La connaissance du Père qui constitue «la gnose parfaite »
(ñ yrüous Tehela) est donc «le plus grand bien». C’est même
d'elle que vient au Fils toute sa gloire (8). À tel point que le
Logos «ne resterait pas Dieu, s’il ne persistait pas dans la
contemplation ininterrompue de l’abîme paternel » (4).
D'une manière analogue, « le yo9s qui s’est purifié et élevé
au-dessus de toutes les choses matérielles pour avoir une vision
nette de Dieu, est déifié dans sa vision (év oïç Üewpet, Geomouet-
rar) ». C’est ce qui est arrivé à Moïse lorsqu'il à conversé
avec Dieu. Car, si l’Écriture dit que sur sa figure reposait un
rayon de gloire, e’est là un trope pour indiquer que son vos
avait été divinisé (9).
Le ‘Logos est, dès lors, l’archétype de tout ce qui a été déifié
par une participation à la déité du « Dieu par soi» (To aÿxo-
eos) : il est l’archétype des « dieux qui sont formés d’après le
vrai Dieu, comme des images d’un prototype » (6).
Ce rapprochement établi entre «la participation à la divi-
nité» propre au -Noûs divin qui est le Logos et celle qui est
accordée au vos humain paraît difficilement défendable au
point de vue de l’orthodoxie. Loin d’aider à préciser la nature
%
*k 3
(1) De princ., praef., 5; t. XI, col. 118 AB. Of. III, vi, 6: col. 338-
340; Contra Cels., V, 17 sq.; col. 1205 sq.
(2) Cf. G. Barpy, loc. cit., col. 1546-1547. Sur ce point de la résurrec-
tion, l'influence de la foi sur la pensée origénienne est particulièrement
sensible, puisque la logique de son système devait pousser Origène à nier
toute résurrection corporelle.
(3) Cf. De princ., I, vi, 2; III, v, 4; t. XI, col. 166 B, 329 À, etc.
(4) Sur le sens de ce verset, voir J.-B. CoLoN, À propos de la « mys-
tique» de saint Paul, p. 345-349.
(6) Cf. In Ioan., I, 16; t. XIV, col. 49 C. L’apocatastase n’est pour
Origène qu’une conclusion de sa conception optimiste de la création. Il ne
peut admettre que l'harmonie primitive qui avait uni les créatures spiri-
tuelles à Dieu puisse être éternellement compromise par ce non-être qu'est
le mal,
SX
CHAPITRE IL : Le es ta * Pr"
ESSAIS DE SYNTHÈSE
_ l.— SaintHippolyte: = è
I : Faite
Dès les plus anciens temps, une loi fut imposée à l’homme
par le ministère d'hommes justes. Plus près de nous, par Moïse,
homme pieux et aimé de Dieu... une loi fut donnée pleine de
sainteté et de justice. Mais c’est le Logos de Dieu qui gouverne
tout; le Fils premier-né du Père, la voix qui, avant l’étoile du
matin, apporte la lumière. (1).
Ce Logos, le Père l’a envoyé plus tard. Nous savons qu’il a
pris un corps d’une vierge, a porté le vieil homme, après l’avoir
nouvellement formé (ô1à xaivñs mhécewc); il a traversé tous les
âges de la vie, afin de devenir lui-même la loi pour tout âge,
de proposer à tous les hommes comme modèle sa propre huma-
nité et de démontrer par lui-même que Dieu n’a rien fait de
mauvais, que l’homme est maître de soi, capable de vouloir et
de ne pas vouloir, ayant en son pouvoir l’un et l’autre (2).
IT
(1) CE. ibid, XXVI: p. 19, 3-4; col. 748 D; In Daniel. IT, o6Hete ra,
p. 112, 12-13; In Gen., XXIV; t. I b, p. 60, 9-12.
(2) Cf. ibid, LXI; p. 41, 17-42; col. 780-781. Voir aussi H. RAHNER,
loc. cit., p. 347-350.
(3) Of. Ipôc Baothiôa ivé, fragm. IV-VI; t. I b, p. 252.
(4) Cf. In Daniel., I, 14; t. I a, p. 24-89; Philosoph., IX, 122-L0LEE
p. 250: P. G., t. XVI, col. 3386-3387. 4
(5) Cf. A. D’Arès, La théologie de saint Hippolyte, Paris, 1906, p. 200-
901. Dans l’'Hadès d'Hippolyte, il n’y a pas de place pour un purgatoire.
(6) In Daniel., IV, 14; t. Ta, p. 229, 7-12. Ce texte donne l'impression
qu'Hippolyte s’est émancipé des rêves chiliastes que son maître Irénée
avait apportés d'Orient. Cf. A. D’ALES, 09. cit, p. 198 sd; É. AMANN,
loc. cit., col. 2511.
[1
Là les es Le dniotation arte nt en| quelques
traits rapides, Hippolyte trace un tableau saisissant dans d’ap-
pel éloquent adressé aux païens à la fin de ses Philosophoume-
nG : ; ce core
(1) Philosoph., X, 34; t. TIT, p. 292, 11-293, 15: P. G., t. XVI, col. 3454,
Fe
#
E..
à que Pelle du ire C’est ainsiÀ qu Eihpdire ne pa-
raît pas avoir envisagé l’existence dans l’âme du juste vivant
sur terre d’une ébauche de la déification céleste. En revanche,
il faut reconnaître qu'il a rapproché la conception d’Irénée de
_ celle des Apologistes et des Alexandrins, en attribuant un rôle
plus considérable à l'élément intellectuel dans le processus de
_ notre divinisation.
) Ibid., I, 35; p. 274, 4-5. Cf. Sympos., III, 3-4; p. 29-31; P. G., t,
XVIII, col. 64-68.
(2) Sympos., VI, 1; p. 64, 14-20; col. 112-113. Cf. De res., II, 24; p.
380, 45: De autez., XNI; p. 186, 11-13.
(3) De res., III, 15; p. 411.
(4) Ibid, I, 35; p. 275, 3-10. A noter au passage la conception bien
- chrétienne, suivant laquelle l’homme est le centre et la fin du monde, alors
que, pour les philosophes grecs, l’homme n’est qu'un détail du cosmos.
(5) Sympos., I, 4-5; p. 12, 20-13, 16; col. 44-48. L'auteur y écrit en
propres termes, imitant manifestement Platon (voir plus haut, p. 46) :
Opolwats yo 0e0û obop droguyf.
“4
monde. Les âmes, en effet, ressemblent le plus à leur Père
et
créateur, lorsqw’elles reflètent immaculée l’idée [faite] selon la
ressemblance (Tv xa0” Gômotuoiy 1déav) et les traits de cette.
vision que Dieu à contemplée, quand il les a créées avec une
forme immortelle et impérissable et qu’elles conservent ces qua-
lités (1). ; | =
erge :ne =
III
(1) Sympos., VIII, 8; p. 90, 12-14; col. 149 C. C'est la pensée centrale
du Banquet. Cf. H. RABNER, loc. cit., p. 359-364.
(2) Tbid., I, 4; p. 13, 2-11; col. 44 D-45.
(3) Ibid., VII, 3; p. 73-79; col. 116-117.
(4) Cf. ibid., I, 1; p. 8-9; col. 37 B-40; V, 4; p. 57, 9-58; col. 101-104;
De lepra, I, 2; p. 452.
(5) Ibid., X, 1; p. 122, 7-8; col. 193 A. Cf. TX, 4; p. 118-119 ; col. 185-
188.
(6) Cf. ibid., LIT, 14; p. 44-45; col. 84-85. À ceux qui, après avoir choisi
la virginité, se sentent incapables de l’observer Méthode conseille de se
marier.
(7) Ibid., V, 1-6; p. 53-60; col. 97-109.
(8) Ibid., X, 1; p. 121, 23-122, 15; col. 192-195.
(9) Ibid, VI, 2; p. 65, 8-17; col. 113-116.
(10) Jbid., IV, 2, 4; p. 46, 9-12, 49, 19-20; col. 89 A, 92 B,
;198 dE Le
ses
PÉRIODE D’APOGÉE
CHAPITRE PREMIER
(1) Contra gent. 2: t. XXV, col. 5 C-8B. Les spéculations que contient
ce passage rappellent certaines conceptions de Philon (voir plus haut, p.
89-90) .et trahissent É influences RÉAPAOR ASUS -
«comme un dieu, ainsi que la divine cn le dit. ».
_ dans le psaume LXXXII (T}e Pour lui done, L'état SRE
d'Adam comportait, comme le plus précieux des dons divins, la
_ ressemblance avec le Logos et, par celui-ci, avec Dieu, simili-
tude qui était pour notre premier père une source de connais-
sance de Dieu,de bonheur et d’incorruptibilité (2).
_ Une vingtaine d’années plus tard, dans ses controverses
avec les ariens, l’évêque d'Alexandrie, sans le dire formelle-
ment, apporte des modifications substantielles à sa HAE CO
de jeunesse relativeà l’état originel. \
. C’est ainsi que, dans ses Discours contre les ariens, il distin-
gue entre l’acte divin par lequel l’homme est créé et l’acte di-
vin par lequel il est adopté. A proposde Malachie, IT, 10 :« Un
même Dieu ne nous a-t-il pas créés ? N'y a-t-il pas un même
Re pour nous tous ? » (3), il écrit:
ET
[Le Logos] est devenu homme, pour que 1nous fussions divi-
nisés (3). PAU
[Le Fils de Dieu] est devenu nee afin de nous diviniser
en Jui (4). “ ge æ oi,
Se
| patriarche d'Alexandrie explique très clairement que
e ’est par le contact mtime que l’Incarnation réalise entre le 5
_ Logos divin et la mue humaine que celle-ci est déifiée: É
|
Le Logos n’est point du nombre des êtres créés, mais bien au
contrairele démiurge même de ceux-ci. C’est pourquoi il a pris
_le corps créé et humain, afin que, l'ayant renouvelé comme créa- SE
teur, il le divinisât en lui-même et nous introduisit ainsi tous à
pe dans le royaume des cieux, selon la ressemblance avec lui
(xa0” épouérn ra êxeivou). Uni à une créature, l’homme n’aurait
pas été de nouveau divinisé, si le Fils n’était pas vrai Dieu.
L’homme ne se serait pas rapproché du Père, si celui qui avait
revêtu le corps n'avait pas été son Logos naturel et véritable.
Et de même que nous n’aurions pas été délivrés du péché et
de la malédiction, si la chair revêtue par le Logos n'avait pas
été par nature une chair humaine — car nous n’avons rien de
; commun avec un être étranger — de même l’homme n’aurait
Er pas été déifié, si celui qui est devenu chair n’était pas issu du
Père par nature et son véritable et propre Logos. C’est pour-
= quoi le contact (ouvayt) s’est ainsi fait, afin qu'à la nature
_ divine fût unie la nature humaine et que le salut et la déifica-
_ tion (eoxofnow) de celle-ci fussent assurés. Ceux-là done qui
nient que le Fils est issu par nature du Père et qu’il est le
propre de son ‘essence, qu’ils nient également que le Fils a pris
une vraie chair humaine de Marie toujours vierge :(L),
“T
III
C’est par l’Esprit que nous sommes tous dits avoir part à
Dieu... Or, si par la participation de l'Esprit nous dévenons
participants de la nature divine, ce serait folie de dire que l’Es-
IV
V
Bien que notre docteur ne fasse nulle part:1’analyse du con-
cept de déification, les développements qu’il consacre au fait ets
aux modalités de celle-ci one d’en découvrir les princi-
paux éléments. ce RS
D) Cf. De incarn., 30; t. XXV, col. 148 B; 50-51; _col. 185-188, EE,
(2) A. HARNACK, op. cit. t. II, p. 162. , CR ne
(3) Contra arian., IL, 41; t. XXVL, col. 233 B. à
(4) De incarn., ve t. XXV, col. 120 D, Cf. Ad Berap., D Re 4 te
col. 581-584. Fe
(5) Contra arian., I, 34; t. XX VI, col. sa A. Cf. ibid, 33; col. 80-81;
Ad Serap., I, 19; col. 573 C-576 A.
(6) Ibid., III, 25; col. 376 C. c : LT
(7) Ibid, III, 18-22; col. 360-369. ns - RE
Saint eee semble avoir vu dans l’Eucharistie un moyen pour con- ;
server et affermir la grâce de la déification. Maïs, comme les passages où
il en parle (voir STRAETER, 09. cit, p. 184-191) sont très obscurs, il rest
préférable de ne pas en faire état. ee
(8) Cf. De incarn., 50-51: t. XXV, col. 185-188. #
" lu nettement n les Pères Rue saint has |
identifie divinisation et filiation divine. Il emploie comme syno-
nymes les termes feonouiv et viomoueiy, qui expriment l’assi-
_milation et l’union intime du chrétien à Dieu dues àla présence
à en lui du Logos et de son Esprit. Assimilation, non identifica-
tion, précise l évêque d'Alexandrie; car l’homme déifié est fils
_ de Dieu par adoption, par grâce seulement ;jamais il ne pourra
ur fils par nature comme le Logos incarné :
Un seul est Fils par nature; nous autres, nous devenons éga-
lement fils, non toutefois comme lui par nature et en vérité,
_mais selon la grâcede celui qui nous appelle. Tout en étant
DRE dE “hommes terrestres, nous sommes appelés dicux, non pas
S comme le Dieu véritable ou son Logos, mais comme l’a voulu
Dieu qui DE a conféré cette grâce (SRE
«) Cobr. arian., HE, 19 ; t. XX VI, col. 361 C-364 A. Cf. ibid., 24-25;
col. 373-376; De decret., 31; t. XXV, col. 473 CD.
(2) Epist. ad.epise. Ægvpt. et Lib. 1; t. XXV, col. 540 A.
. 216 APOGÉE DE LA DOCTRINE GRECQUE
VI
Au ciel, en effet, dont les portes ont été rouvertes par le
Christ ressuscité (6), la divinisation du chrétien trouvera son
couronnement.
(1) De incarn., 8: t. XXV, col. 109 CD. Cf. Contra arian., III, 33;
t. XX VI, col. 393-396. |
(2) JTbid., 27 ; col. 141 C.
(3) Ibid., 21; col. 132 C.
(4) Ibid., 27; col. 141 D.
(5) C’est l’idéal monastique que saint Athanase célèbre dans sa Vie de
saint Antoine, appelée à exercer une si profonde influence tant en Orient
qu’en Occident. Avec saint Méthode, notre docteur voit dans la virginité
une vertu spécifiquement chrétienne. Cf. De incarn., 51; t. XXV, col.
185 D-188 A; Vita sancti Anton., 79: t. XXVI, col. 953. Voir STRAETER,
op. cit., p. 180.
(6) Contra arian., I, 41; t. XXVI, col. 97 B. Cf. Æpist. heortast., V, 3;
t. XXV, col. 1380 D-1381 A,
x
| +
I
-_ Le Logos a créé l’homme « dans la surabondance de son
amour, afin de le rendre participant des biens divins » (1).
La PRE même de l’homme a été conçue par notre docteur
_ d’une façon très originale, qui ñe fut pas sans influence sur sa
doctrine de la déification. D’après lui — il a soin de prévenir
le lecteur qu’il émet une simple hypothèse —
Let
A
générique » de Philon (4) — ee diunere parfaite
subi un obscureissement dans l’homme historique. Celui-ci
garde cependant l’état d'image divine, puisqu'il participe Jui
aussi, bien qu’à un degré moindre, aux perfections divines:
. XL, col, 1169 AB. Cf. De hom. opif, VIII; t. XLIV, col. 145 C; De
virginit., XII: t. XLVI, col. 369 B. Dans ces deux derniers textes, l'homme
est défini hoyurèv Eüov.
_ (4) Tbid., XI; col. 161 CD.
_ (2) Le fait que notre docteur appelle le libre arbitre une grâce et qu ’ail-
see par exemple, De wirginit., XII; t. XLVI, col. 372 BC; De an. ct
àres.; t. XLVI, col. 148À, 369PB, il qualifie l’état originel considéré dans
son ensemble de « conforme à la nature» (xavtà œuüotv), montre combien
il est difficile de trouver chez lui nos catégories de naturel et de surna-
turel. Cf. TIxXERONT, op. cit., t. IL, p. 139.
(3) Or. cût., V; t. XLV, col. 24 CD. AR
(4) De hom. opif., V; t XLIV, col. 187 AB. RES à
224 APOGÉE DE LA DOCTRINE GRECQUE
II À ETES
III
(1)- Or. cat., VIII; t. XLV, col. 40 C. Cf. Contra Hunom., XII; t. XLWV,
col. 889 B; Adv. Apoll., LI; t. XLV, col. 1245 B.
(2) Ibid., XV ; col. 48 BC,
(3) Ibid, XXV ; col. 65 D. Les convenances de l’Incarnation sont expo-
sées aux chapitres XV-XXV.
(4) Ibid, XXXVIT; col. 97 B. A la place de la leçon suvarobewpnôñ
k de l'édition MIGNE, manifestement fautive (cf. XXXV: col. 85 D-88 A),
nous adoptons, d'après MÉRIDIER, op. cit., p. 182, celle de cuvaroeubf.
SYNTHÈSES DOCTRINALES : GRÉGOIRE DE NYS$SE 229
(1) Contra Eunom., V; t. XLV, col. 700 CD. Cf. col. 708; Or. cat.
XVI; t. XLV, col. 52 (dans ce passage, notre divinisation est attribuée
à la fois à l’Incarnation et à la Résurrection) ; In Cant. cant., hom. IT;
t. XLIV, col. 801 A; Adv. Apoll, XVI; t. XLV, col. 1153 A-C; In Chr.
resurr., or. L; t. XLVI, col. 601 B.
(2) Voir Lins haut, p. 206-208.
(3) R. ARNOU, Le platonisme des Pères, col. 2347. K. Holl, op. cit., p.
222-295, tout en reconnaissant que l’évêque de Nysse fait preuve d’un réa-
lisme excessif lorsqu'il veut établir l’unicité de l'essence divine, se refuse
à admettre que ce réalisme ait joué dans la conception grégorienne de
l’Incarnation. Grégoire se représenterait l'humanité comme une à la suite
de se idées sur la puissance divine et sur la Providence.
(4) A. HARNACK, op. cit., t. II, p. 166, à la suite de Herrmann, Gre-
gorü Nysseni sententiae de salute adipiscenda, Halle, 1875, p. 16-27 et de
Ritschl, Die christl. Lehre von der Rechtfertigung und Versühnung, 2°
édit, Bonn, 1882, p. 12-14. Parmi les catholiques, l'interprétation réaliste
et admise par F. Hilt, op. cit., p. 68,
Urostésets, Grégoire précise sa conceptionde l'essence généri-
É AE TOME
que. ;
Il écrit en substance : « Il faut confesser un seul Dieu selon de
le témoignage de l'Écriture», et non pas trois dieux, parce
que l’oùsta des trois personnes est unique (1). Comme est uni-
que aussi l'essence humaine; car dans les différents hommes,
«tels que Pierre, Jacques et Jean, il n’y a qu’un seul hom-
me » (2). Si néanmoins l’Écriture « permet de parler des hom-
mes au pluriel, c’est que, par cette figure de langage, per- Le
sonne n’est amené à supposer une foule d’humanités (xAñ0os
PE } ï | È y 2 =
IV
_ (1) Cf. Th. pe RÉGNON, Études de théologie positive sur la sainte Tri-
nité, t. I, Paris, 1892, p. 376-380; J. TIXERONT, op. cit., t. II, p. 86-87;
FE F. CAYRÉ, op. cit, t. I, p. 425; P. Goper, Grégoire de Nysse, dans
Dictionnaires de théol. cath., t. VI, col. 1851; O. BARDENHEWER, Ge-
ï schichte der altkirchlichen Literatur, t. III, Fribourg-en-Br., nt p. 212.
(2) A. HARNACK, 0p. cit., t. II, p. 166.
(3) Cf. Or. cat., XVI: t. XLV, col. 52. La mort du Christ y apparaît
_ comme une condition ou une occasion plutôt que comme un moyen de notre
salut, en tant qu’elle permet au Sauveur d’unir sens facon définitive ce
qu’elle avait séparé.
Pour les allusions contenues dans les autres écrits de Grégoire, consulter
J. Rivière, Le dogme de la Rédemption. Essai d'étude historique, p. 156-
159. À noter que le De occursu Domini est postérieur à l’évêque de Nysse.
_ Cf.O. BARDENHEWER, 0p. cit, t. III, p. 208.
232 APOGÉE DE LA DOCTRINE GRECQUE
c’est précisément ce corps qui s’est révélé plus fort que la mort
et qui à été pour nous le commencement de la vie. Comme un
peu de levain, selon la parole de l’Apôtre, s’assimile toute la
pâte, ainsi le corps rendu immortel par Dieu, une fois entré
dans le nôtre, le transforme et le change tout «entier en lui-
même, en sa propre nature (mpôs ty Éauroÿ quoi).
(1) Ibid.: col. 93 B-97 B. Cf. F. Hit, op. cit., p. 204-218. L'idée an-
cienne d’après laquelle le pain eucharistique est un péppaxov ris dfavaclæs
se trouve ainsi incorporée dans la doctrine grégorienne de la divinisation.
(2) Cependant, d’après Or. cat, XXXIIT; col. 84D — cité p. 232 —
c’est le baptême qui «fait passer à l’incorruptibilité la nature corrup-
tible », c’est-à-dire le corps humain.
(3) Or. cat., II-IIT; t. XLV, col. 17-20.
(4) De beatit., or. IV; t. XLIV, col. 1248 A. Cf. De instit. ehrist.; t.
XLVI, col. 296 C.
Par ie pratique progressive de la verts don du chré jen
avec Dieu doit sans cèsse croître en intensité jusqu ’à l°extase. ré
Dans son «ascension constante vers Dieu » (1), l’âme trouve
dans sa virginité un secours, sinon indispensable, du moins
inestimable. C’est qu’elle dégage l’âme « de tout ce qui lui est Z
étranger » et la ramène « à ce qui lui est propre età ce qui est
conforme à sa nature » (2), de sorte que «la beauté de l'âme
réapparaît » et, avec elle, l’image divine dans sa pureté origi-
nelle. En se contemplant elle- même, l’âme ainsi purifiée < voit
sans cesse le Bien immatériel » (3). %
Mais, non contente de cette connaissance médiate et analogi-
que de Dieu (4),à la suite de Moïse dont la vie symbolise l’as-
cension de l’homme vers Dieu:6), l’âme qui s'efforce de gra-
_vir «la montagne de la fhéognosie » (6), s'élève, passagèrement
du moins, aux cimes de la contemplation (7). Dans cette vi-
sion de Dieu elle ne se sert ni de ses sens, ni même de son intel-
ligence (8).
(1) In Cant. cant., hom. XII; t. KLIV, col 1025 D : à &rausros mpès
adTov |0edv] ropelx. :
(2) De virginit., XII; t. XLVI, col. 372C. Comme Platon et ou
Plotin, notre docteur conçoit la purification de l’âme comme une déposition
de ce qui lui est étranger et, dès lors, comme un retour de l'âme à elle-
même, à son état naturel. À
Avec saint Méthode, il voit dans la virginité SE de la perfection /
chrétienne. /
(3) Ibid. On retrouve chez saint Grégoire les images chères àPlotin de
Jâme miroir de Dieu qui, pour refléter son image, doit être pur: de l'œil
de l’âme qui, pour voir Dieu, doit être sain. =
(4) Il y a controverse sur la question de savoir si la «vue» de Dieu à
laquelle, d’après Grégoire, l'âme peut s’élévér dès cette vie est une connais-
sance médiate ou immédiate. Voir F. Dreramp, Die Gotteslehre des heili-
gen Gregor von Nyssa, Munster-en-Westph., 1896, p. 90-101; H. Kocx,
Das mystische Schauen beim h. Gregor von Nyssa, dans Theologische
Quartalschrift, t. LXXX, 1898, p. 397-420; J. SricLMayr, Die Schrift |
des Rl. Gregor von Nyssa « Ueber die Unsterblichkeit », dans Leitschrift
für Assese und Mystik, t. II, 1927, p. 346- 347 ; E. v. IVANKA, loc. cît., p.
163-195. PA PAS
Il nous semble que l’évêque de Nysse admet à la fois une connaissance
médiate (cf. De virginit., XII; t. XLVI, col. 372 C [texte cité plus haut];
De Veatit., or. VI; t. XLIV, col. 1269 CD, 1272 BC; voirre op. cit.
p. 38-44) ” une saisie mystique.
(5) L'influence de Philon est ici manifeste.
(6) De vita Moys.; t. XLIV, col. 372 D.
(7) Ibid.; col. 373 C.
(8) Ibid.; col. 373 D. Cf. col. 376 D-377 A.
« ue en esprit par la puissance 1 Pephit sortant pour en
_ ainsi dire d° elle-même, ravie en extase bienheureuse, [l'âme]
voit la Beauté inconcevable et incompréhensible» (1). Elle
_ «touche le Logos par une sorte de contact incorporel et spiri-
_tuei » (2). « Collée au Seigneur, elle devient un seul esprit avec
lui, d’après la parole de l’Apôtre » (3). Alors, avec l'épouse
_ du Cantique des cantiques, elle peut dire: «Je suis à mon
bien- aimé et mon bien-aimé est à moi» (4). Union extatique
_qui-est un véritable enivrement de l’âme, mais «une ivresse
divine et sobre» (el xat ynpdAros néfn) (5).
de Cependant cette saisie mystique est loin d’être une compré-
“hension de Dicu. Même dans l’ extase, « voir » Dieu, c’est « ne
_ pas le voir » : il reste à la fois « dans la lumière et dans l’ob-
securité », parce qu'il est vu sans être compris (6).
FLE
(SE
dar
ie
san Toujours est-il que, « sorti de soi-même et dégagé du monde
matériel », le mystique « retourne en quelque façon par l’im-
RARE passibilité au paradis», c’est à dire qu’il retrouve les perfec-
tions de l’état originel, qu’il est « assimilé à Dieu » ( épouwets
To (eo) (7), autant qu'il est possible en ce monde. En d’autres
termes, il atteint au plus haut degré de la déification.
f À
VI |
Cependant l’union inséparable avec Dieu, le don de l’incor-
_ ruptibilité effective sont « réservées pour le temps à venir » (8).
Lorsque le nombre des âmes prédéterminé par Dieu aura été
atteint, l’univers tout entier sera transformé en un instant. La
trompette retentira dont «le son éveillera comme du sommeil
Peu à
236 APOGÉE DE LA DOCTRINE GRECQUE
# |
LE
de,
ATTESTATIONS OCCASIONNELLES e.
Ce Le = ÉCOLE D’ALEXANDRIE De
>
SÈeS “autres grands ncens du IV® siècle qui représentent.
l'école d Alexandrie ou s’y rattachent sont d’accord avec Atha-
ae.nase et Grégoire de Nysse pour voir dans la divinisation la.
fleur du salut chrétien. Cependant, à la différence de ceux-ci,
chez lesquels cette doctrine s’épanouit en larges synthèses,
| ceux-là parlent de la déification en termes explicites, maïs
_d’ une façon occasionnelle seulement et sans utiliser la théorie
à phsiqe, 2 A
*
/
{
É
___ $ 1. — Saint Basile
z-;F:
Homme d'action pius que de spéculation, préoccupé avant
tout de la lutte contre l’arianisme, saint Basile n’hésite pas à
_laire sienne l’idée déjà traditionnelle de la divinisation; mais,
_ dans l emploi de la terminologie qui est spéciale à ce home il
semble faire preuve d’une certaine réserve. Ce qui s explique
_peut- être par le fait qu’il s’agit d’un vocabulaire non scriptu-
Dee raire.
__ À son tour, l’éévêque de Césarée place la fin de l’homme Ja
son assimilationà Dieu : « Nous assimiler à Dieu, autant qu'il
Re _est possible à la nature humaine, voilà ce qui nous est propo- FE
2_ sé» (1). Destinée sublime, mais fondée dans l’essence même de EE
l’homme. En effet, en tant qu ‘image de Dieu par son intelli-
=
() Cf. Hom. quod Deus non est auct. mal, 6; t. XXXI, col. 344 B:
Hom. in ps. XLVIII, 8; t. XXIX, col. 449 BC; Reg. fus, II, 3: t.
XXXI, col. 913 B.
(2) Reg. fus., II, 1: t. XXXI, col. 912 A.
(3) De Spir. $., VIIL, 18; t. XX XII, col. 100 C, combiné avec XVI, 38
et XIX, 49; col. 137 C et 157 À, où il est dit que la vie bienheureuse des
anges consiste dans la vision de la face du Père céleste et dans la fami-
liarité avec Dieu. Cf. Hom. in ps. XXXIII, 7: t. XXIX, col. 368-369.
(4): Hom. quod Deus, 6: t. XXXI, col. 344 B.
(5) Ibid., T; col. 344 C.
(6) IZbid.; col. 344 D-345 A.
(7) Ibid., 6; col. 344 B : sxaxtiôn 03 à Luyt, TAPATPATEÏSA TOÙ HATE Oo.
ATTESTATIONS OUCASIONNELLES : CAPPADOCIENS 241
(1) Ibid, IX, 22-23; col. 108 C-109 C. Pour la traduction de ce pas-
sage, nous nous sommes inspiré d'É. AMANN, Le dogme catholique dons
les Pères de l'Église, Paris, 1922, p. 176-177. d
(2) Tbid., XXVI, 61; col. 180 BC. |
(3) Cf. Peru, Dogmata theologica. De Trin., 1 VIIL, c. v, 14: édit.
FourNIALS, Paris, 1865, t. III, p. 475-476.
(4) Hom. in ps. VII, 4; t. XXIX, col. 237 B. Cf. Contra Bunom., II, 4;
t. XXIX, col. 580 B : « Les parfaits en vertus sont dignes de recevoir le k
4
2
qualificatif de dieu (tñs où 8eoû rpoonyoplac hEluvrat) ». s
(5) Ps. LXXXII, 6. E,
“
-
è ATTESTATIONS OGCASIONNELLES : . CAPPADOCIENS
disant seul, je désigne de de Die sainte et incréée » (1).
Alors que l’Esprit-Saint qui « déifie les autres» (to étépous
Gcororody) possède la déité par nature, l’homme «déifié par
grâce » (0 yäpurt Beorotouuevos) continue à « appartenir à la
nature soumise au changement qui, par négligence, aban-
donne parfois le bien » (2). Au contact avec l'Esprit divin,
l’âme est cependant en quelque sorte transformée en Dieu, un
peu comme le fer, placé au milieu du feu, par le contact le plus
intime avec lui, devient igné. Sans cesser d'être du fer, il
«reçoit en lui-même toute la nature du feu, se change en feu
quant à la couleur et quant à l’activité » (3).
Parmi les biens dont la participation divinise l’homme, l’évé-
que de Césarée semble avoir placé au premier rang la stabilité
dans l'être. D’après lui, « ceux qui, parla foi, ne sont pas unis
à Dieu, l’Être véritable », mais s’abandonnent au mensonge de
l’idolâtrie, « sont appelés inexistants » par l’Écriture. De ceux,
au contraire, qui, par la gnose, sont unis à Celui qui est, elle:
dit qu'ils «sont» au sens le plus fort de ce terme (4). C'est
qu’ils possèdent une existence semblable à celle de Dieu, étant
assurés de la vie éternelle, de l’immortalité bienheureuse (5).
_Le bonheur céleste consistera dans «la contemplation des
choses qui existent véritablement » (6), en premier lieu de « la
_ face du Père qui est dans des cieux » (7). Cette vision affermira
à jamais les élus dans le bien et dans la félicité (8). Après la
Se
Lu ATTESTATIONS OCCASIONNELLES : CAPPADOCIENS |
A LT
(1) Tbid., col. 324 C. Cf. Poem. dogm., VIII, 105-118; t. XXX VII, col.
454-455. L'influence de l'exégèse. origéniste est ici visible. Cf. plus haut,
p. 194, n. 6. Mais, comme il n’admet pas la préexistence des âmes, Grégoire
fait subir à l’opinion du maître une modification importante : les tuniques
de peau ne signifient pas la chair tout court — comme Origène l’a pensé —
mais un alourdissement de la chair que nos premiers parents possédaient
déjà.
(2) Ibid., 13; col. 325; répété Or. XLV, 9; col. 633 B-636 A. Cf. Poem.
moral., I, 117 sq; t. XXXVII, col. 531 sq.
(8) Æp. CI; t. XXXVIL, col. 181: To yap ômpéohnmtov Gfepéreuto
ü 0 Évutat T@ Be@, Toro al swbertat. Ce principe sotériologique revient
souvent chez Grégoire.
248 APOGÉE DE LA DOCTRINE GRECQUE
Devenir dieu, un dieu fait, il est vrai { 6edc erôc uév), mais
rempli de la lumière suprême, dont ici-bas nous ne goûtons que
(1) Cf. par exemple Poem. dogm., X, 5-9; t. XXXVII, col. 465:
« Lorsque Dieu s’est fait homme, l’homme est devenu dieu.…, pour que,
restaurant par ce qu’il a assumé ce qu'il avait donné, il levât toute la
condamnation et tuât l’homicide par celui qui est mort ».
(2). Voir J. RIVIÈRE, op. cit., p. 174-179. La même idée s'affirme souvent -
dans les poèmes, par exemple : Poem. dogm., IT, 1-2, 75 sq.; t. XXX VII,
col. 401, 407; VI, 75-78; col. 435-436; IX, 75-84: col. 462-465 ; Poem.
moral, I, 162 sq.; col. 535 sq.
(3) Or. XLI, 14; t. XXXVI, col. 448 B.
(4) Ibid., 11; col. 444 C.
(6) Or. XXXI (theol. V), 4; col. 137B : El tétauror uet” éuoù [rù Ilveÿ-
pa], müç EUÈ motet 0edv; À Tôc suvérrer OedTnrt ;
(6) Tbid., 28; col. 165 A. Cf. 29: col. 168 A.
(7) Or. XXXIV,-12; col. 252 C : Ei ph 0eùçs vo Hyebua &ytov, Bewriru
TpOTOV, xai oÙtw Üsoutu je Tdv OUéTULov.
(8) Cf. Or. XXI, 2; t. XXXV, col: 1084 C.
Ÿ ATTESTATIONS OCCASIONNELLES : CAPPADOCIENS 249
(1) Poem. moral., X, 140-143; t. XXXVII, col. 690. Cf. ibid., 97-99;
col. 454 : Au dernier jour, l’homme partira d'ici «un dieu vers Dieu ».
(2) Or., XI, 5: t. XXXV, col. 887 C. Cf. Or:, XIV, 23; col. 888 A.
(3) Of. Or. XXII, 11; t. XXXV, col. 1164 AB.
(4) Or. XVI, 9; col. 945 C.
(5) Or. XXIII, 11; col. 1164 B
(6) Or. VII, 21; col. 784 A.
(7) La même constatation s'impose pour plusieurs autres Pères du IV*
siècle, ainsi pour Eusèbe de Césarée et saint Cyrille de Jérusalem.
In ps. LXXXI, 6; P. G., t. XXIII, col. 988 B, Eusèbe explique que le
Dieu qui vient au milieu des juges est le Fils de Dieu qui, imitant la
générosité (&vwfovia) du Père, communique à tous sa divinité et les appelle
tous dieux et fils du Très-Haut. Ailleurs il insiste fortement sur la dis-
_tinction entre le vrai Fils de Dieu et la multitude de ceux qui sont appelés
«par surnom (ér{xAny) fils et dieux ». De eccl. theol., I, 10; édit, E,
APOGÉE DE LA DO
Sont appelés hommes ceux qui sont encore dominés par les
passions humaines. Celui, au contraire, qui s’est déjà élevé au-
dessus des désirs charnels et qui, à cause de la perfection de son |
_voÿs , s’est approché de la condition des anges, lorsqu'on parle
d'hommes, manifestement se distingue des autres. Est en
effet
véridique celui qui dit: « J’ai dit, vous êtes des dieux».
Sur-
_ tout, si pareille appellation convient à d’autres encore
qu'à
Éd Or est également « fils du Très-Haut » quiconque, pour
être intimement uni avec Dieu par la vertu, ne meurt pas
comme un homme, ayant en lui le Dieu vivant (3).
_@ De Trinit., III, 2; col. 801 D-804 A. Le terme « déifier >» ou ses me.
ie sé rencontrent encore ibid., II, 14; col. 716 A; III, 16; col
_ 868 BC; In psalm.: col. 1553 D, ete. rer
(2) Cf. ibid., II, 12; col. 680 AB; In psalm.; col. 1505 C.
(3) In psalm.; col. 1553 D. Cf. col. 1477 D, où l’auteur parle de ceux
qui sont « déifiés selon la vertu » (Toïs ar” Gperhy Oeorounbetoiv).
(4) De Trinit. I, 15; col. 304 B. Cf. II, 1, 12, 14; col. 453 A, 688 A,
716 A. Dans ce dernier passage, l’auteur dit du baptême qu’il «nous.
_immortalise et nous déifie » (2raflavatoi xai ärobeot Apäs).
(5) In psalm.; col. 1477 D, cité tout à l'heure. ;
_(6) Inne ; col. 1624 A. Cf. BARDY, 0p. cit, p. 156-160.
202 . APOGÉE DE LA DOCTRINE GRECQUE
celui qui connaît à celui qui est connu» (1), au point que
l’âme qui la possède devient l’ « épouse » du Christ (2).
C3
+
ATTESTATIONS OCCASIONNELLES
Il. — ÉCOLE D'ANTIOCHE
Le mysticisme intellectualiste et l’allégorisme des Alexan-
drins, nous l’avons vu, ont grandement favorisé le développe-
ment de la doctrine de la divinisation : le moralisme et le litté-
ralisme des Antiochiens ne les disposaient guère à entrer dans
ces vues. Néanmoins le thème de la fhéopoièse se retrouve chez
ces derniers pour le fond essentiel sous les analogies bibliques
de la ressemblance et de la filiation divines.
de ce qui est dans le monde ne lui est supérieur et que tout est
placé sous sa domination (1). Toutefois, il ne s’agit pas d’une
« dignité d'essence » (odotas GElax), mais d’une « similitude de
domination ». En effet, l’Écriture ne dit pas «selon l’image
de la forme», mais « selon la raison de la domination » ; c’est
pourquoi elle ajoute : « Et qu'ils dominent... » (2).
Combinant I Cor., XI, 7 : « L'homme ne doit pas se couvrir
la tête, parce qu'il est l’image de Dieu, tandis que la femme
est la gloire de l’homme», avec Gen. T, 26, notre orateur
montre que seul l’homme està l’image, lui seul étant fait pour
commander, alors que la femme doit lui être soumise (3). Mais
celle-ci participe à la domination de l’homme (4) ainsi qu’à sa
dignité (5). |
Jusqu'à leur péché, Adam et Êve « ans dans à paradis
comme des anges; ils ne brûlaient pas de désirs; ils n'étaient
point assiégés par d’autres passions, ni soumis aux nécessités
de la nature. Créés tout à fait incorruptibles et immortels, ils
n'avaient pas besoin non plus de l'enveloppe des |vête-
ments » (6). C’est que «la guerre des passions n’avait pas
encore éclaté » (7) et que «les membres du corps étaient au
service des énergies de l’âme et soumis à sa volonté » (8). Nos
premiers parents «ne savaient pas qu'ils étaient nus; aussi
n'’étaient-ils pas nus; car la gloire d’en haut les couvrait plus
que tout vêtement » (9). à
_ (1) Zbid.: col. 132. Cf. hom. XIV, 5; col. 116-117; hom. XV, 3-4; col.
122-124. « Peu de Pères grecs ont insisté avec autant de force que l’arche-
vêque de Constantinople sur la sagesse d'Adam». A. GAUDEL, Péché
originel, dans Dictionnaire de théol. cath., t. XII, col. 351.
(2) Ibid. Le terme déjà souvent rencontré de ræfénsix exprime l’assu-
rance que donne la conviction d’être en grâce auprès de Dieu. Dans son
étude sur Saint Jean Chrysostome, maître de perfection chrétienne, Paris,
1934, M. Louis Meyer y voit «le signe le plus constant d’un état surna-
turel avancé » (p. 182, 111-112, 197). Constamment l’auteur — dont le
livre n’est pas sans mérite — prête à Chrysostome nos catégories de nature
et de surnature. Ce faisant, ne s’expose-t-il pas lui-mêmeà la critique qu'il
adresse à un historien, d’après lequel Chrysostome placerait la perfection
dans l’amour de Dieu : « Cette interprétation de la pensée du grand ora-
teur gree nous semble commandée plutôt par la théologie actuelle que par
les textes de Chrysostome » ?
(3) Hom. IIT dicta prues. imper., 1; t. LXIIT, col. 474. Cf. In ps.
CXXX VE; ct. LV, col. 401.
? 18
256 APOGÉE DE LA DOCTRINE GRECQUE
Lun
[Le Logos] s’est fait fils de l’homme, tout en étant vrai Fils
de Dieu, afin de faire des fils de l’homme des enfants de Dieu (5).
oo Cf. P I Cor., hom. XXIV ; 6 EXT, col. 201;In Eph., hom. III, 4;
” + LXIT, col. 28.
(2) In Ioan., hom. XLVI, 3; t. LIX, col. 261-262. In Hebr., hom. XVI,
Lie t. LXIII, col. 125, notre orateur dit que le sang du Christ se mélange
à l'essence même de l’âme, «la rend forte et pure et la conduit à une
ineffable beauté». Ailleurs, In Æph., hom. LIL, 4; t. LXII, col. 28, il
à4:
neu
cu n'hésite pas à déclarer que le corps du Seigneur «se dissout complètement
en l'âme» (els éxelvny [puyhv] 6A6xAnpos dvahbetat).
-(8) Cf. In Gal., comment., IV, 1; t. LXI, col. 65. 124
_ (4) In Ioan., hom. III, 2 et hom. XXV, t. LIX, col. 39 et 154, -
RCEUr ee
6) Ps. EXREIE GE
260 APOGÉE DE LA DOCTRINE GRECQUE
III
qui rapproche de Dieu; toutes les autres vertus lui sont infé-
rieures, étant toutes propres aux hommes, tels que les combats
que nous livrons à la concupiscence, la guerre que nous sou-
tenons contre l’intempérance, l’avarice ou la colère. Aimer, au
contraire, nous est commun avec Dieu (3).
(1) In ps. CXXXIV, 7; t. LV, col. 398. Cf. In Matth., hom. LII, 4;
t. LVIII, col. 528.
(2) In Gal., comment., V, 6; t. LXI, col. 674. Pour notre auteur, la
vraie philosophie est la pratique de la vertu chrétienne. Cf. L, MEYER, op.
cit., p. 186-192.
(3) De laudib. s. Pauli, IIL; t. L, col. 483. Cf. In illud : Domine, non
est in via eius, 4; t. LVI, col. 159.
(4) L. MEYER, op. cit, p. 210-215.
(5) In II Tim., hom. VI, 3; t. LXII, col. 633-634 : Toùrd cri, à é-
to0Ùo0ar Ouvéuelx té Bei, SAseïv xat olutelpetv,
(6) In cap. I Gen., hom. IIE, 4; t. LIIL, col. 37.
(7) Cf. In Matth, hom. LII, 4; t. LVIII, col. 525,
En effet, dans «la vraie vie après Ja ie » , auciel
la résurrection, la compassion et la charité apostolique mexIis" > ;
teront plus; l’immortalité, l’impassibilité et l’union à Dieu, au. a
contraire, deviendront parfaites et définitives. Aussi est-ce ! à
grâce à ces dons que l’élu sera semblable à cette «nature in-
destructible et immuable », à cette « gloire invariable et inalté-
rable » qu'est Dieu (2).
CES 7
I
Toûs, les Pre étudiés jusqu ’à présent conçoivent la divini- è
AS en fonction d’un plan divin du salut à trois étapes. Ils
_ distinguent, en effet, l’état originel, l’état actuel et l’état futur ES.
de l’humanité. Chez tous on rencontre, en outre, l’idée fonda-
mentale d’après laquelle l’état primitif, considéré comme idéal,
a été rétabli par l’œuvre rédemptrice du Christ. On vient de
le voir, c’est nettement la perspective de saint Jean Chrysos-
tome.
Son ami Théodore, au contraire, à de l’économie “à salut
une conception très différente. Pour lui, l’histoire de l’hu-
manité ne comporte que deux grandes phases ou, comme il dit,
deux « catastases » (2).
(1) In Gen., III: t. LXVI, col. 640 C-641 A. Cf. In Gal. IE, 15-16;
SWETE, t. I, p. 25-32.
(2) Cf. In Gal, IX, 15-16; SWETE, t. I, p. 26; In Ep, I, 10; ibid.,
p. 126; In Rom., VIL, 14; t. LXVI, col. 813 B : « Par suite de sa mor-
talité, l'homme a un penchant très fort pour le péché ».
(3) MINGANA, t. V, c. 5, p. 56.
(4) Cf. In Gen., III, 7; t. LXVI, col. 640 AB. Pour l’Interprète,
l’état d’innocence ne semble avoir duré que quelques heures. Cf. Fragm.
dogm.; col. 1006, 1011. Voir DORNER, 0p. cit, p. 21.
(5) Voir KIEN, op. cit., p. 173-177.
D'autres conséquences néfastes S y:‘ajoutèrent, Me
du cosmos fut brisée:
l
(1) In Rom. VIIXL 19; t. LXVI, col. 825 B. Cf. In Eph., 1, 10;
SWETE, t. I, p. 129-131; In Col. n 16; SWETE, t. I, p. 267- 269 ;MINGANA, ;
REV sc lp 21 s
(2) Ibid. se PES
(3) Ibid, VII, 14, 17-18; col. 813 BC. Cf. In ph. ÏT,107 SEE, ee
& L'p AT, 5:
(4) In Col. I, 16; SWETE, t. I, p. 268. Of. In Rom., V, 18; t. LXNI,
col. 797 A. Pour notre exégète, la mort est la peine des péchés personnels.
Voir A. GAUDEL, loc. cit., col. 356; ne op. cit., t. IT, p. 209- 210; ;
KIHN, op. cit., p. 176- 178.
3
(5) Cf. MinGana, t. V, e. 5, p. 56 : « 1e péché est entré dans le monde
par l’homme et la mort y est entrée par le péché. Si le péché n'avait
pas été aboli, nous serions nécessairement restés dans la mortalité et nous
aurions péché dans notre mutabilité; et lorsque nous péchons, nous sôm-
VECtAb
mes sous la punition et, par voie de conséquence, le pouvoir de la mort
restera nécessairement ». Cf. ibid., t. VI, c. 2, p. 21. à ÿ 15 VOIE
(6) 7n Rom., VII, 7-8: t. LXVI, col. 809 B-812 B : Êrodslyuart xéyomn- ne
vai [6 Araroh<] vois mepl tv Abu... Toïs où ’Adau els GmoderEtw XÉYPNTAL | 7
TOY HOLVOV. SÉS ie :
_ négligence nous avons perdu l’honneur de ie image > Di Se
en échange, nous avons « accepté et complété l’image du dé- eu
# =
IT
III
de vivre selon sa loi dans l'espoir des biens fie que nouk
comptons partager avec lui à la résurrection » APT MERE
Dès cette vie, par la grâce de Dieu conférée dans le‘baptême, ss
nous récupérons l’honneur d’être l’image du créateur Ib} Nous
recevons, en outre, l’Esprit-Saint (3), appelé « Esprit de
vie», parce qu'il est «l’agent de la vie immortelle» en
nous (4). Ce même Esprit fait de nous des fils de Dieu et nous .
pousse à donner à Dieu le nom de père (5) ; non pas, certes, des.
fils par nature comme le Monogène, mais des fils « par grâce »,
-à l’exemple de l’homme Jésus (6). Au fond, l’adoption n’est
autre chose que le don de l’immortalité, puisque, pour saint
Paul, être fils de Dieu équivaut à être immortel (7).
Appliquant aux baptisés le verset 6 du psaume LXX XII :
« J'ai dit, vous êtes des dieux et fils du Très-Haut tous », iden-
tifiant, avec l’auteur sacré, les expressions « être des dieux»
et «être fils de Dieu» (8), Théodore montre que l'adoption
conférée par le Christ et l’Esprit-Saint est infiniment supé- Le
rieure à celle de l'Ancien Testament, précisément parce que les
juifs sont restés mortels, alors que les chrétiens « seront trans-
formés en une nature immortelle et incorruptible » (9). Toute-
fois, même en cet endroit où l’on s’y attendrait le plus, notre RE
exégète ne parle pas de divinisation. Ë
En attendant que l’incorruptibilité promise nous oi etfee-
tivement donnée, « nous occupons une situation intermédiaire
entre la vie présente et la vie future », puisque nous restons
mortels, soumis à la versatilité et exposés
au péché (10). C’est
(1) MiNGanNa, t. V, c. 6, p. 70. Volontiers l’Interprète s'arrête à la mys_
tique baptismale de saint Paul. Voir notamment ses catéchèses sur le bap- Lo.
tême, MINGANA, t. VI, c. 2-4, p. 16-70, ainsi que In Rom., VI, 17; t. 1
PRO
VE Éa -
col. 804 CD; 7n Gal, II, 15-16; SWETE, t. I, p. 30 : Baptisma Form
habet mortis et resurrectionis Christi. >
(2) Cf ibid., t. VI, c. 2, p.30.
(3) In I Tim., III, 6; SWETE, t. II, p. 112. ST SE
(4) In Rom., VIII, 2; t. LXVI, col. 817 C. l'A EN ENCR
(5) Ibid, VIII, 15; col. 821 D. Cf. col. 824 B. mes
(6) MInGaNA, t. V, c. 5, p. 51. Of. De incarn., XII; t. LXVI, col. 985. Cia
(7) In Rom., VIII, 19; t. LXVI, col. 825 CD : rhv vioBnotav tv dBava-
géav xakdv, émeuôh viüv elvar voulter Oeod rô àbavärous efvat. Of. In Gal., A, ;
26; SWETE, t. I, p. 55-56.
(8) Ibid.
(9) MINGANA, t. VI, c. 4, p. 66. Cf. ibid., e. 2, p. 21.
(10) In Gal, II, 15-16; SWeTe, t. I, p. 30-31. | | ETES
que notre flicationee est encore D ou D. Néanmoins, |
- bien que persiste l’inelination au péché, nous pouvons former :
notre vie à l'instar de l'existence future (2). D'autant plus
que, dans les dons eucharistiques, nous possédons, avec un re-
_ mède d’immortalité corporelle, une nourriture spirituelle
: adaptée àà la vie nouvelle reçue dans le baptême (3).
_ Pour le juste, la mort ne sera qu'un «long sommeil» qui
_ durera jusqu’à la résurrection (4). Alors aura lieu « cette
_ naissance par la grâce, d’après laquelle, à la résurrection, nous
naissons tous à la vie future », savoir à l’immortalité de nos
corps et à l’immutabilité de nos âmes, à la justice parfaite,
voire même à l’impeccabilité (5). Autrement dit, notre adop-
tion et notre translation dans le règne du Christ deviendront
parfaites (6). |
> Inséparablement unis au Christ glorieux et, en lui, à Dieu
| luimême, en Dieu, unis également à nos semblables et à toute
la création (7), «nous jouirons d’une parfaite liberté et d’un
bonheur complet » (8). Aïnsi « le lien de l’univers » sera réta-
_bhi et rendu à jamais indissoluble : l'harmonie (grhta) de la
on restera alors indestructible (9).
UM
RPO
#+
ee
PR
A
() In Rom. VIII, 15; t. LXVI, col. 826 A.
MANS
DR ) In Tit., IL, 13-14; SW&TE, t. II, p. 250. Cf. In Rom., VI, 12-15;
t. LXVI, col. 802 C-804 B.
à : (3) Cf. MINGANA, t. VI, c. 5 (catéchèse sur l’Eucharistie et la liturgie),
_ p.71-128. On y trouve la conception déjà souvent rencontrée d’après laquelle
Je corps du Christ, rendu immortel « par la vertu de l'Esprit vivifiant », est
devenu capable « de conférer l’immortalité également à d’autres ».
(4) Ibid., t. VI, ec. 4, p. 51.
(5) In Gal. IV, 24; SWEre, t. I, p. 77-79. Cf. ibid., II, 15-16; p. 28-31;
In Rom., IX, 32-33; t. LXVI, col. $44 CD ; MINGANA, t. VI, c. 5, p. 71-72.
(6) In Rom. VIII, 19; t. LXVI, col. 825 D. Cf. In Col. I, 13; SWETE,
t. I, p. 259- 260: MINGaNA, t. V, c. 7, p. 76-78; t. VI, e. 4, p. 69. La résur-
rection est appelée par notre auteur une « seconde naissance », la première
étant le baptême. Théodore distingue du reste également une double naïs-
+ sance naturelle : la première «du mâle dans la forme de la semence hu-
_
W"] maine », l’autre de la femme.
bé 2
re
AS (7) In Eph., I, 13-14, 22-23; SWETE, t. I, p. 134, 140-142 (en ce dernier
_ endroit, il est surtout question du corps mystique du Christ). Cf. In Col.
III, 14; SWETE, t. I, p. 308.
(8) MiINGANA, t. V, c. 7, p. 78.
11722 (9) In Rom. VIII, 19; t. LXVI, col. 825 OC. Cf. In Eph., I, 10; SWETE,
=. t I, p. 128- 191; In Col. I, 16; ibid., p. 267-269.
19
212 APOGÉE DE LA DOCTRINE GRECQUE
%k
k 4
$ 3. — Théodoret de Cyr
Penseur peu original, mais grand savant et compilateur re-
marquable, l’évêque de Cyr se montre plus respectueux de la
tradition que son maître Théodore. On ne sera, dès lors, pas
surpris de rencontrer dans ses écrits, non seulement l’idée, mais
aussi la terminologie de la fhéopoièse.
Assurément, sur la ressemblance divine de nos premiers pa-
rents, sur la perte et la restauration de cette similitude il
n'hésite pas à faire siennes les hardiesses de Théodore ; mais
il adoucit le naturalisme de celui-ci en accueillant plus d'’élé-
ments traditionnels.
Au sujet de l’état d'image divine que la Bible reconnaît
au premier homme, notre exégète fait une sorte de synthèse
de tout ce qui a été dit avant lui. L’homme est une image de
Dieu, écrit-il en substance, parce qu'il résume la création qui
est tout entière à son service; parce que, à l’exemple de Dieu,
il exerce un. pouvoir de domination sur les choses terrestres ;
parce qu'il erée, lui aussi, bien que non sans matière, instru-
ments et efforts ; parce qu'il règne et juge, etc. Dans l’homme
c’est notamment le voùs invisible, doué d'intelligence et de
puissance, qui est à l’image du créateur (1) et qui est « déi-
forme » (2).
Pour Théodoret, être qualifié d'image de Dieu équivaut à
être nommé dieu : « Ainsi l'homme a été nommé également
dieu, puisqu'il a été appelé une image de Dieu» par saint
Paul (8). « Mais, alors que le Dieu de l’univers possède la na-
4
> tien comme analogue à celle de l’homme Jésus (4) ; il la fait
_ consister essentiellement dans l’immortalité et l’impassibilité,
E conditions indispensables de la « vie spirituelle » qi attend les
4 justes après la résurrection (5).
_ C'est ce qui résulte avec évidence d’un passage du De incar-
2 _natione Domini, où l’évêque de Cyr ie à Notre-Seigneur le
langage suivant :
4
#= ë . os nature :assumée a obtenu la résurrection, grâce à l’inha-
À : bitation de la déité et à son union avec elle, et, après avoir
_ déposé la corruptibilité et les passions, elle a été promise à
Vincorruptibilité et à l’immortalité. De même vous autres, vous
_ serez délivrés de la dure servitude de la mort et, après avoir
déposé la corruptibilité avec les passions, vous revêtirez l’im-
pr (6).
LÉ
PÉRIODE DE CONSOLIDATION
CHAPITRE PREMIER
THÉOLOGIE DE LA DIVINISATION :
SAINT CYRILLE D’ALEXANDRIE
Avec Cyrille, la gloire et l'influence de l’école d'Alexandrie
ainsi que du siège patriarcal de cette ville atteignent leur point
culminant. Évêque de 412 à 444, ïl « reste, avec Origène, le
plus puissant théologien qu’ait possédé l’Église grecque, et,
avec saint Athanase, le docteur dont l'autorité fut la plus dé-
cisive pour la définition de la doctrine chrétienne » (1).
Défenseur victorieux, contre Nestorius, du dogme de l’unité
du Christ, Cyrille est devenu célèbre surtout comme docteur de
- l’Incarnation. Or — comme du reste tous les Alexandrins — il
expose « l’œuvre salvifique du Christ en partant du Logos di-
vin » (2), Conçue comme une déification, cette œuvre suppose
évidemment la divinité du Sauveur; et ainsi chaque nouvelle
affirmation de celle-ci fait progresser l’idée de la divinisation.
On peut faire la même constatation au sujet du Saint-Esprit,
dont la divinité a été également défendue par notre docteur.
Dans ces conditions, et compte tenu du culte de la tradition
qu il possède à un degré éminent (3), on ne sera pas surpris de
LE
(4) In Luc. V, 19; t. EXXIL col. 908 D-909 A. Cf. In Toan., XIV,
5-6; t. LXXIV, col. 192 B; De Trinit., dial. V; t. LXXV, col. 968 CD.
Cyrille subordonne la nécessité de l'Incarnation au fait du peche Voir
J. RIVIÈRE, op. cit., p. 188.
(2) In Ioan., I, ‘12: t. LXXIII, col. 153 B. Dans ce texte, le terme.
de püo ae d’abord la natureà l’état originel, puis la nature déchue.
Ailleurs Cyrille écrit : « Pour être appelés dieux, nous ne sommes pas :
élevés au-dessus de notre nature, toute chose restant dans sa nature pro-
pre ». De Trinit., dial. IV ; t. LXXV, col. 888 A-889 B. Cf. col. 908 CD;
In Ioan., I, 9; t. LXXIII, col. 128 C. Ces textes montrent que, chez notre
auteur, le mot pÜots est équivoque et qu’il est loin d’avoir le sens technique
\
de nature par oppositionà surnature qu'il recevra plus tard. À
(3) Joseph Man, La sanctification d'après saint Cyrille d'Alexandrie,
dans Revue d'histoire ecclés., t. X, 1909, p. 38.
(4) Cf, par exemple, Thesaur., ass. XX; t LXXV, col. 284, 383 -0
« Si le Logos de Dieu est une créature, comment sommes-nous unis à Dieu
et déifiés (Geoxotoüus0x) par l’union avec lui ? »
j AD; LSson onu sur ne en nous l’avons din en-
_ tendu -poser en principe que seule une participation
à la puis- |
LS sance vivifiante de Dieu qu'est le Logos pouvai
t rendre à
: l’homme r'incorruptibilité perdue (1). Or c’est dans
l’Incarna-
tion que s’est opérée cette communication de vie
divine qui.
déifie la nature humaine.
L
é Étant vie par nature (Cu xarà œüotv), [le Logos de Dieu]
, s’approprie un corps sujet à la corruption, afin de détruire
la puissance de la mortalité [qui se trouve] en lui et
Qu
ç de le
LA
1
e transformer en vue de l'incorruptibilité. Comme le fer, mis
CPAS
en
és Se contact intime avec le feu, prend immédiatement la couleur de
celui-ci, de même la nature de la chair, après avoir reçu en
Fr * elle le Logos divin, incorruptible ct vivifiant, ne resta plus dans
EE
RP
Le même condition, mais devint exempte de la corruption (2).
Bien que riche, il est devenu pauvre, nous procurant ses pro-
pres richesses, et, par la chair qu’il s’est unie, nous ayant tous
en lui-même (1).
Nous tous, nous étions, en effet, dans le Christ, et la nature
commune de l'humanité revit en lui (2).
Si [le Christ] n’était pas mort pour nous, nous n’aurions pas
été sauvés, la domination de la mort n'aurait pas été ibrisée
(1).
Le Logos s’est fait chair et habitait parmi nous uniquement
pour subir la mort de la chair et triompher par là des prinei-
pautés et des puissanecs, et réduire à néant celui-là même qui
tenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire Satan; pour enlever
la corruption, chasser avec elle également le péché qui nous
tyrannise, rendre ainsi inopérante l'antique malédiction que
subit la nature de l’homme en Adam comme dans le principe
(énapyñ) du genre et dans la racine première (2).
La mort du Christ est devenu eomme la racine de la vie, la
destruction de la corruption, la suppression du péché et la fin
dela colère (3).
La mort n'aurait pas pu être détruite d’une autre façon, si
le Sauveur n'était pas mort; il en est de même pour chacune
des affections (raôv) de la chair (4).
III
(1) Cf. In Ioan., VI, 47: t. pc col. 560 A, où la foi est ter « Le +
porte et la voie [qui conduisent]à la vie, le retour de la corruption à 3
l’incorruptibilité ». Ibid, VI, 70; col. 629 A; In Luc., V, 5; + ER ch
col. 832 B. Voir WEïrG@z, 0p. cit., p. 129-136. VE
(2) Cf. ibid, VII, 11; col. 649 C; XV, 1: t. LXXIV, col. 344 CD; ni 52
Luc., XIX, 2; t. LXXII, col. 865 C. a ‘ LICE
(2) Glaph. in Exod., IL: t. LXIX, col. 432 A. HE ET
(4) In Rom., I, 3; t. LXXIV, col. 776 A. Sur notre filiation divine
d'après saint Cyrille, voir L. JANSSENS, loc. cit.
(5) In Ioan., LIT, 5; t. LXXIII, col. 244 D-245 A. L'idée d’après laquelle,
par la bénédiction, l’eau baptismale est remplie de la vertu du Saint-Esprit
se manifeste nettement chez saint Basile qui écrit : « Si l’eau baptismale ,
possède en elle quelque grâce, elle ne la tient pas de sa propre nature, mais.
de la présence de l'Esprit (èx vis vo Iveüpatos tapouslas) ». De Spir. S.,
XV ; t. XXXII, col. 132 A. Dans la formule de bénédiction
des fonts ee
tismaux que donne l’'Euchologe de Sérapion, on demande à Dieu de «rem-
plir les eaux de l’Esprit-Saint », Funk, Didascalia et constitutiones apost., 4
t. II, p. 180-182. Les anciens sacramentaires, encore en usage, contiennent È
une formule analogue : Descendat in hanc plenitudinem fontis virtus Spiri- Re:
tus tui (ou Sancti). Voir L. DUOHESNE, Origines du culte chrétien, 5° édit, : : à
Paris, 1920, p. 330. va
L'eau baptismale] nous purifie de rue oral
de sorte
que:nous devenons un temple saint de Dieu et communiquons
de.
à sa divine nature ie la participation au Saint--Esprit (1).
: D.
S Ut L'action déifiante du baptême s’ajoute celle de la com-
à _ munion eucharistique ::
= ins que, dans le baptême, c’est l’âme surtout qui est rem-
\ plie de vie divine, la communion a pour effet spécial de vivifier
4 er le corps.
| , <
NX
288 CONSOLIDATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
IV
(1) Pour les références, voir J. MAÉ, Cyrille d'Alexandrie, dans Dic-
tionnaire de théol. cath., t. III, col. 2513. Cf. TIXERONT, 0p. cit., t. III,
p. 60-75; A. Gauper, La théologie de l’« Assumptus Homo », dans Revue
des sciences religieuses, t. XVII, 1937, p. 64-90.
(2) Union physique, par opposition à union morale.
(3) C£. Apol, contra Theodor., anathem. TIT; t. LXXVI, col. 408 C, où
«physique » est opposé à « non-réel et schétique », ce qui révèle une fois
de.plus l’imprécision du langage cyrillien.
CONSOLIDATION DE LA DOC
(1) In Ioan., XV, 1: t. LXXIV, col. 333 D-336 B. Cf. ibid., VI, 45: …
t. LXXIIL, col. 556 B-D. x a.
(2) J. MAHÉ, La sanctification d'après saint Cyrille d'Al, dans Revue 4
d'hist. ecclés., t. X, 1909, p. 480: 475-479. Cf. PETAU. op. cit, t. III, p.
445-450, 454, 485.
(3) Loc. cit. , É
:
ï.
__ synthèse ussa Fos sur jeto individuelle.
Dans son Thesaurus, après avoir rappelé que le Saint-Esprit
| sanctifie les esprits célestes, notre théologien continue : ’
Fa
(1j De Trinit., dial. VIT; t. LXXV, col. 1088 B-1089 D. Cf. col. 905 A.
(2) C’est, croyons-nous, en ce sens qu'il faut comprendre le P. Mahé,
lorsqu'il écrit, à propos du texte cité plus haut : « Ce que Cyrille repousse
ici, c'est une grâce qui serait distincte et séparée du Saint-Esprit », c’est-
à-dire, à la fois distincte et séparée. Voir J. MAHÉ, La sanctification
d'après saint Cyrille d'Alexandrie, loc. cit., p. 485.
En effet, pour Cyrille, l’hôte divin de Da. ie n'y est
pas inactif : par sa présence substantielle il opère en elle une
profonde transformation. Déjà les comparaisons que ne doc-
teur emploie pour décrire l'intimité de notre unionà l'Esprit
— celle du fer rougi par le feu, surtout — les métaphores sous
lesquelles l’artion de l'Esprit est présentée — celles de refor-
mation, de recréation, par exemple (1) — sont FR
sur ce point.
Mais ces allusions se précisent, ne. Cyrille exalte les
merveilleux effets que produit en nous le Saint-Esprit. Celui-ci
«nous fait conformes au Christ, savoir par la qualité [qui est]
dans la sanctification (Ô1à vis êv Pacte mouoTnTos ) » (2) ;
de telle sorte que le Christ « est gravé et reproduit en nous » (3).
Le même Esprit, « par la sanctification et la justice, introduit
en nous une certaine conformation divine ( Gelay Tiva uôo=
vwsty) » (4), nous imprime un sceau (5), et nous « fait passer à
une autre état » (els étépav vuvè pellornouv Etuy) (6).
Impossible d'identifier toutes ces conséquences de notre sanc-
tification avec la personne même de l’Esprit divin, qui, en effet,
ne saurait être une « forme », une « qualité », un habitus de
notre âme. [Il ne semble, dès lors, pas excessif de conclure que
Cyrille admet, à côté de la grâce incréée du Saint-Esprit sub-
stantiellement présent dans le chrétien, une grâce créée, dis-
tincte mais inséparable de la première (7). Il faut, toutefois,
reconnaître que, sur cette question, la pensée de notre théolo-
gien est loin d’être d’une clarté et d’une fermeté absolues, et
ce n’est que sous le bénéfice de cette réserve que Cyrille mérite
le titre du docteur par excellence de la grâce sanctifiante qui
lui a été décerné (8).
L%
(1) ANAST: SIN., Viae dux, T7; P. G., t. LXXXIX, col. 113,
CHapirre IL
ON
MYSTIQUE DE LA DIVINISATI fe ° EAP
St = Le pseudo-Benys = : h: p È LA
(1) De div. nom., I, 5; col. 593 AB. Pour établir la traduction des
extraits que nous citons, nous nous sommes inspiré de DarBoy, Saint
Denys l’Aréopagite, Paris, 1932, dont la traduction est, toutefois, plutôt
une paraphrase. Celle du P. Stiglmayr en langue allemande, au contraire,
est d’une fidélité exemplaire; mais elle ne donne que les deux hiérarchies.
(2) Tbid., IV, 1; col. 693 B-696 A. Cf. IV, 4: col. 697 CD, où le soleil
est appelé un «écho (ärfynux) du Bien ». Sur l’emploi du soleil comme
image de la bonté divine dans la philosophie grecque, voir Hugo Kook,
MYSTIQUE DE LA DIVINISATION 301
IT
(1) Zbid., III, 117, 11; col. 440 C-441 A. Cf. II, xt, 7; col. 436 CD;
De div. nom., VIII, 9; col. 897 AB. Avec la tradition, le pseudo-Aréopagite
distingue trois étapes dans l’histoire de notre salut.
(2) Ibid.; col. 441 AB.
(3) Ibid, III, 1x, 12; col. 444 AB. Cf. III, zx, 3; col. 429 A; Ep.
É
IV; col. 1072.
rieir de la Bin ion impression. qui se; précise D
sapprocher de la certitude, lorsque, dans le même écrit, or
cette phrase:
III
4 de - (1) Par séjour de Dieu notre mystique paraît entendre le monde intel-
ligible dont les anges supérieurs sont comme les sommets intelligents. Cf.
+ H. Kocn, op. cit., p. 168.
(2) De myst. theol., I, 3; col. 1000 C-1001 A. Of. IT; col. 1025; III:
: col. 1033 BC; Ep. I; col. 1065. A noter que l’auteur discerne dans la mon-
tée de Moïse trois étapes qui correspondent à la triple voie de l’ascension
_ mystique, savoir la purification, l’illumination et l’union.
(3) On aura déjà remarqué que très souvent Denys emploie l'adiectié
__ « mystique » au sens de révélé, caché, mystérieux.
7 (4) Cf. De div. nom., III, 1; col. 680 BC, où l’auteur reconnaît Ÿ la.
prière la vertu d’unir immédiatement l’âme à Dieu. Sur la théorie diony-
#
# sienne de la prière et ses sources néoplatoniciennes, voir H. KocH, op. cit.,
p. 178-190. Sur la prière dans le platonisme en général, cf. R. ARNOU, Le
_platonisme des Pères, dans Dictionnaire de théologie cath., t. XII, col.
AT 0-2372. 5
312 CONSOLIDATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
IV
(1) De div. nom., I, 4; col. 589 C. Cf. IV, 9; col. 705 AB; De coel.
hier, III, 3; col. 165 D-168 A. La parenté étroite entre la xädapois dio-
nysienne et celle des néoplatoniciens saute aux yeux. Cf. STIGLHAYR, loc.
‘cit, p. 192-193.
(2) Ibid., IV, 6; col. 701 AB. Cf. De eccl. hier. IV, 11; V, 1, 6; col.
473-485; 505 C-508 B.
(3) Ibid. TE, 111, 5; col. 401 A-C, combiné avec IV, It, 3: col. 477 AB.
(4) A la suite de Proclus, notre mystique emploie les termes 6eos:èns et
évostdhs comme synonymes. Cf. H. KocH, op. cit., p. 169.
(5) A noter la prédilection de notre docteur pour le langage des mystères,
dont aucun autre écrivain ecclésiastique ne s’est servi dans une mesure
aussi large. Cf. H. Koon, op. cit., p. 92-134.
(6) De eccl. hier., III, 1; col. 424 C-425 B. À remarquer le jeu de mots
avec ouûvait. Cf. II, tr, 5; col. 401 A-C. Voir encore V, ï…, 8; col.
A la triple étape par laquelle l'âme s'élève à Dieu— éb
che de la via purgativa, iluminativa et unitiva de la mystique
postérieure (1) — correspond le triple ordre des ministres sa
crés, « qui se distinguent en un ordre qui purifie, un ordre qui a cos
illumine et un ordre qui perfectionne » (2). &;
Le perfectionnement n’est autre chose que la divinisation. à Fr
Après avoir été lui-même « initié aux choses divines et déifié» É
«fait | $
(velcobnvar xacx Tù Be cor xal Gewbiva), l'hiérarque
participer également ses inférieurs, selon la dignité de chacun, Le
à la sainte déification (tsoäs febosws) qu'il a lui-même reçue de Me
Dieu ( Meofey) » (8). Mais, dès que ses fonctions le lui permets
tent, il se retire dans son £v pour S ’unir à Dieu :
SE
RD
Läbre de nouveau et non retenu par les choses inférieures,
sans avoir subi aucune diminution, [le pontife] retourne au
principe qui lui est familier et, ayant fait son entrée spiri-
tuelle dans son Év à lui (etc rd £v Éauroÿ vospày rornséuevos etoodov),
il voit clairement les raisons uniformes des [rites] accomplis,
faisant ainsi du terme de sa descente vers les choses subal-
ternes un retour plus divin vers les choses suprêmes (4).
V
Bien que traditionnelles pour le fond, les deux voies diony-
siennes de la divinisation — la voie hiérarchique surtout —
donnent l'impression du nouveau; moins peut-être à cause de Re
“leur cadre triadique qu’en raison de ce mystérieux £y de è
l'âme qui, chez Denys, se rencontre pour la première fois sous
une plume ecclésiastique. D'où vient ce concept et quelle en
est la signification exacte ? Là encore, on le devine, il s’agit
d’un emprunt fait au néoplatonisme, QE particulièrement à
Proclus. | F
Partant du vieux principe d’après lequel « le semblable est
partout connu par le semblable », ce philosophe — développant
2 idées esquissées déjà par Plotin (1) — pose en principe que
l’Un divin, qui est au-delà du Noûs (2), ne saurait être saisi
_ parl ’mtelligence humaine. Il admet, dès lors, dans l’âme l’exis-
tence d’un élément qui est, lui aussi, « supérieur au voÿs qui
est en elle », une sorte d’image ou de trace du “Ey suprême:
un £v humain, qui est comme la « fleur » ou le « sommet » de
_ notre essence, C’est « selon ce £y que nous sommes mis en Con-
tact arte avec le divin » (3). Pour être au-dessus je
-voÙs, le £v échappe à toute analyse (4).
L'identité du £ humain de Denys avec celui de Proclus
_ (1) Voir Pronn., Enn. LIL, vint, 9; V, 1, 1-8; VI, 1x, 4. Of. R. ARNOU,
loc- cit. col. 2282, 2381-2383.
(2) C'est-à-dire de la deuxième des trois hypostases LI nel
qui sont l’Un, l’Intelligence (Noûs) et l’Ame (Yuy4). Voir plus haut, p. 60-61.
(3) Voir les textes de Proelus dans H. Kook, op. cit., p.'154-156, 162 et
ZELLER, 0p. cit., p. 879-880. On sait que les mystiques parlent volontiers de
la pointe, de la cime, de l’âme, etc. Cf. STIGLMAYR, loc. cit., p. 192 ; ARNOU,
loc. cit., col. 2380.
(4) Pour la même raison, le £y humain ne saurait être «la pure cons-
cience de soi» (das reine Selbstbewusstsein) — comme le pensent Koch,
op. ‘cit., p. 154, et Zeller, op. cit., p. 879 — la conscience intellectuelle étant
une fonction de l'intelligence.
{
316 CONSCLIDATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
ee«
« principe, er et fin de tous Le is. à. ns antérieur
: au Christ eston de la préparation de l’Incarnation, le temps
@ De div. nom., VII, Fe col. 868 A; texte cité Hire haut, p. 309.
(2) Marcel VILLER, La DR des premiers siècles chrétiens, Paris,
2 OU D 12
(8) In, Aux sources de la spiritualité de saint Maxime. Les œuvres
d'Évagre le Pontique, dans Revue d'ascétique et de mystique, t. XI, 1930,
p. 158 et op. cit, p. 137. Cf. V. GRUMEL, Maxime de Chrysopolis ou ‘s
Maxime le Confesseur, dans Dictionnaire de théol. cath., t. X, is 450. (Es
(4. Cf. Maxim. Conr, Mystag., XXIV ; t. XCI, col. 716 BC. à
65) 9. BARDENHEWER, Geschichte der altkirchlichen Literatur, MeV,
É Fribotirg-en-Brisga, 1932, p. 30. |
1220
320 CONSOLIDATION DE LA DOCTRINE GRECQUE
II
(i) Zbid., XLI; col. 405 C-409 A, combiné avec LXI, col. 628 A.
(2) Quest. et dub., III; t. XC, col. 788 AB. Avec Grégoire de Nysse,
notre auteur écrit en cet endroit que «le dessein primitif de Dieu fut que
ous ne naissions pas de la corruption par l’union charnelle ( ôtà yauou) ».
Cf. Ad Thalass., LXI; col. 632 C. Même conception dans- saint Jean
Damascène, De fide crth., II, 30; t. XCIV, col. 976 BF.
(3) Ad Thalass, LXI; t. XC, col. 628 sq. Of. Lib. ascet., 1; t. XC,
col. 912. Voir A. GAUDEL, Péché originel, dans Dictionnaire de théol. cath.,
t. XII, col. 429.
(4) Ibid.; col. 632-636.
(5) A. GAUDEL, loc. cit. col. 429.
(6) Ad Thalass., LXI, col. 632 AB. Cf. Cap. quinq. cent., I, 62; t. XC,
col. 1204, où l’auteur écrit qu’en s'incarnant le Logos a déifié l’homme qu'il
s’est uni et que, de ce fait, il a donné « à la nature des hommes la ferme
espérance de la déification, (rñs moôs éxbéwoiy éAxidos) ».
322
résurrection surtout, il a aboli notre mort et notre S0t
france (1). : =
Ce texte ne contient-il pas une allusion assez netteà la théorie US
physique de la divinisation, voire même un intéressant essai
de la juxtaposer à la doctrine traditionnelle du salut par la. :
mort du Christ ? Par malheur, l’ingénieuse synthèse de notre nsa
moine repose sur une conception discutable de la coneupis- Fe
cence et de son rôle dans la génération ainsi quede ses rap-
ports avec le péché d'Adam, conception qui visiblement se 2
rapproche de la doctrine augustinienne PA A e
III
(1) In libr. de eccl. hier., IV, tx, 8; t. IV, col, 156 A : To évoeudé
pnou To rpùs Tr Ev, Hyouv Tèv to Belov 6povra adTov voÿv, dv xal évoUsar Te de
TpÔs aÜTd Tù ÉV, xal This toutou drorAnpoüobat évüceuws. =
(2) De div. nom., VIL, 1; t. IIL, col. 865 C. Voir plus haut, p. 309.
(3) In libr. de div. nom., VII, 1; t. IV, col. 344 A. Cf. VII, 3; col.
353 À; In libr. de myst. theol., I, 3; col. 421 A.
(4) Ce progrès semble dû, en bonne partie du moins,à l'influence pré- -
pondérante d’Évagre le Pontique, auquel Maxime emprunte «la char-
pente de sa spiritualité ». Cf. M. Vie, loc. cit., p. 260. |
Dans ce qui nous reste des écrits d’Évagre, on trouve quelques traces ou
thème de la divinisation. Comme Origène et Grégoire de Nysse, Évre 1
voit dans la gnose, qu’il conçoit comme une union immédiate, mystique
à Dieu, le terme de la vie chrétienne. Cf. J. Morsescu, Edéypros 6 Iovrixôs, ne
_ Athènes, 1937, p. 142-144. Or, parmi ceux qui sont parvenus à cette …
union eéontemplative, il n’y a plus ni maîtres ni disciples, « mais tous
sont des dieux» (&hAà mivres Osol slow). Cent. IV, 51; édit. W. FRANKENBERG, |
Euagrius Ponticus, Berlin, 1912, p. 293. Aïlleurs il précise que le gnostique
ne devient pas dieu par nature,mais par grâce : le voüs favorisé de la
contemplation de la Trinité «est même appelé dieu par grâce étant devenu
l'image parfaite de son créateur ». Cent. V, 81; édit. FRANKENBERG, p. 355. à
Cf. Spirit. sentent, XXIV; P.G. t. XL, col. 1269 : Yuyh xafapà era É +
fedv, Beôs. & RC
MYSTIQUE DE LA DIVINISATION 327
(1) De fide orth., II, 12; t. XCIV, col. 920 B. Cf. IV, 14; col. 1108 AB.
Nous verrons que le Damascène ne reste pas toujours fidèle à cette dis-
tinction.
(2) D’après De fide orth., IV, 13; col. 1137 B, Adam axsit reçu le don
du Saint-Esprit qui habitait en lui.
dr. ce qui a été a à. droit arbre de v A
En effet, la suavité de la participation divine confère ?
à +
_ qui la perçoivent une vie non 1 interrompue par la ue @).
A
(1) De fide orth., II, 11; col. 916 BC. Cf. II, 30: col. 976 C-977 A. £
(2) Ibid, IV, 4; col. 1108 B. À
(3) Cf GREG. Naz, Or. XXXVIIT, Het “RXXVL col. 324 A. Voir |
plus haut, p. 246. À noter que le Damascène ajoute immédiatement une
précision concernant la nature de la déification d'Adam. LE te
(4) De fide orth., II, 12; col. 924 À.
(5) Cf. ibid, II, 11; col. 917 CD; II, 30; col. 977 BC; IV, 4;eo.
1108 B.
(6) Cf. GREG. Naz., Or. XXXIX, 13; t. XXXVI, col. 349 AB.
(7) Cf. Ip. Or. XXVIII, 12; t. XXXVI, col. 324 C. |
(8) Expression rencontrée déjà chez Maxime le Confesseur. Voir plus |
haut, p. 320.
(9) De fide orth. III, 1; col. 981, où Fe résume GREG. Na, Or. Ë
XXXVIIIL 18; t XXXVI, col. 325. C£. Contra Manich., 31: t. XOI
col. 1437 D, où le Damascène parle du grand péché que commet la créature de
qui a la prétention de « dépasser sa propre nature » et de devenir dieu :
chose impossible pour tout ce qui a un -commencement -(48 UvaTov te EU
uh dvapyoy eivar Beby). : &
à l’homme « neDu au bien dre:>On. Mais tousces
se sont révélés insuffisants.
IT
| hé >.
soumis à la mort, qui restaurât la nature humaine et ensei-
se Li son de « la voie : la ous qui Has de la
(1) De fide orth., IV, 13; col. 1137 A-C. Cf. IV, 4: col. 1108.
(2) 11 manque dans notre texte le thème de la défaite du démon, que
l'auteur développe toutefois ailleurs. À la suite de l’évêque de Nazianze,
il rejette la théorie des droits du démon pour ne retenir que celle de l’abus
du pouvoir. Cf. De fide orth., III, 1, 27: col. 981 C-984 A, 1096-1097.
(3) De fide orth. IV, 11; col. 1128 D-1129 A. Cf. III, 25, 27; col. 1093,
1096 BC; IV, 4, 9; col. 1108 C-1109 B, 1120 C-1121 A. Voir J. RIVIÈRE,
Le dogme de la Rédemption. Essai d'étude histor., p. 206-209; M. JUGIE,
Jean Damascène, dans Dictionnaire de théol. cath., t. VIII, col. 737.
TERME DE LA PATRISTIQUE GRECQUE 333
de la passion et de la résurrection de Notre-Seigneur. En re-
vanche, cette terminologie réapparaît dès qu'il se met à décrire
les bienfaits de l’Incarnation comme telle. En même temps
réapparaît le réalisme générique qui est à la base de la théorie
physique de la divinisation.
re de la divinisation.
297- 299. ne
(@ De imag., ‘I, 21; t. XOIV, col. 1253 AR La den Ta
(1) A noter la synonymie d'elxwv et de. ôuolusy qui trahit ici l'in-
fluence de Cyrille. Voir plus haut, p. 280.
(2) Le corps apparaît ici comme le siège du péché !
(3) De fide orth., IV, 9; col. 1121 A. Avec de nombreux Pères, le Damas-
cène -admet que «par la prière et l’invocation, l'Esprit-Saint vient dans
l’eau ».
Sur la double naissance, voir encore #bid., IV, 13; col. 1137 D.
(4) Cf. De imag., I, 19; col. 1249 CD. Après la mort des saints, écrit
Jean, «la grâce du Saint-Esprit reste indissolublement unie et à leurs
âmes et à leurs corps dans les tombes, ainsi qu'à leurs figures et saintes
images; non selon l'essence, toutefois, mais par la grâce et la vertu
(LAputr wat évepyela) ».
6) De fide orth., I, 8: col. 821 C.
(6) Zbid.. IV, 9; col. 1124 A.
(7) Tbid., IV, 13; col. 1137 BC. Cf. IV, 15: col. 1164 A.
(8) De imag., I, 4; col. 1236 B.
- (9) De fide orth., IV, 13: col. 1137 B.
(10) Allusion à l’épiclèse.
(1) De fide orth., IV, 13; col. 1144-1145. Ibid., col. 1141 À, la trans
formation eucharistique opérée par l'Esprit est comparée à l’action de
celui-ci dans l’Incarnation.
td TERME DE LA PATRISTIQUE GRECQUE 337
sa
(1) De imag., I, 19; col. 1249 C. L'auteur se réfère à GREG. Naz, Or.
XXX, 4; t XXXVI, col. 108 C. Voir aussi De fide orth., IV, 15: col.
1164 AB, où les saints sont apelés « des dieux, des seigneurs et des rois»,
non toutefois par nature, mais par grâce.
CONCLUSION
II
d’un ae a Den es de ar HG te
l’homme immortalisé peut être appelé un dieu, il n’e
tant, pour Ps avecon qu'un « Dieu assumé >. ÿ
III
-vinisation de à % és à: ‘effort.moralda.suj
ie 1
l'usage des rites chrétiens. : =
NL
L'homme, qui parmi les êtres ne compte pour rien, qui est
poussière, herbe, vanité, une fois adopté pour fils par le
Dieu de l’univers, devient le familier de cet Être d’une excel-
lence et d’une grandeur telles qu’on ne peut ni le voir, ni
l’entendre, ni le comprendre, Quelles actions de grâces dignes
d’une telle faveur pourrait-on trouver ? Par quelle parole, par
digne de . êls de Dieu, il aura en Le la été a
Père enrichi de tous les biens paternels. O munificence du Sei-
gneur très . Qu'ils sont grands les “ee des trésors |
ineffables @! a KES Re NUS
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
Maxime le Confesseur (saint), 316, Philon, 81-82, 86-94, 147, 161, 167,
319-327, 330, 349. 181, 202, 264, 209, 222, 237, 310,
Mazon, F., 9-10. 340. :
Méridier, L., 219, 225, 228. Philostrate, 58.
Mersch, E., 102, 121, 123. Pierre (saint), 109-111, 341.
Méthode d’Olympe (saint), 176, 186, Pindare, 12, 15-16.
191-200, 216, 222, 226, 234, 343. Platon, 15,:19,/23,,24 4950557
Meunier, M., 58. 66, 68, 97, 134, 161, 168-169, 174,
Meyer, L., 255, 257, 260-261. 181-182, 192-193, 198, 204, 226,
Michée, 74-75. 234.
Michel, A., 284. Plotin, 59-67, 91, 94, 180-181, 220,
Mingana, A., 262. 234, 237, 245, 299, 310, 315, 318.
Mithra, 29-30. Poimandrès, 33-35, 37, 48, 93, 109.
Moïse, 74, 91, 181, 234, 310, 311. Porphyre, 66-67.
Moisescu, J., 326. Pourrat, P., 258, 323,
Morice, H., 101. Prestige, G. L., 334.
Moulard, A., 260. Preuschen, 180.
Mueller, H. F., 301, 306. Preuss, A., 318, 320.
Proclus, 68, 299, 309, 310, 313,
Naegele, A,, 258. 315, 317-318, 348.
Nauck, 67. Pruemm, K., 14, 17, 21-23, 89, 103-
Nestorius, 277. 104.
Noetscher, F., 75, 80. Puech, A., 16, 32, 134, 136-137, 139:
Nourry (le), N., 162. Pythagore, 40, 68.
Origène, 29, 160, 174-185, 191-192, Rahner, H., 100, 180, 189, 197, 312.
194, 197, 199, 200, 203, 218, 220, Randenborg (van), G., 105.
237-238, 244, 247, 303, 326, 343, Régnon (de), Th,, 231.
348. Reïitzenstein, R., 27, 29, 32, 34, 36,
Orphée, 21-22, 68. 37, 48.
Osée, 74. Richard, L., VII, 151.
Osiris-Sérapis, 25-27, 29. Ritschl, 229.
Otto (von), Th., 133. Rivière, J., VI, VIL 98, 135, 143,
Otto, W. F., 8, 15. 144-145, 151, 178, 191, 212-213,
231, 241, 248, 257, 282, 285, 332.
Pantène, 160.
Parménide, 41. Rohde, E., 7-24, 27, 40, 43, 50, 52
Parthey, G., 61.
56.
Pascher, J., 87-88, 91-93. Ross, W. D., 50-51.
Paul (saint), 97-106, 107-110, 116, Rousselot, P., VI.
118, 124-125, 141, 144, 153, 158, Rufin, 192.
183, 194, 203, 270, 309 322, 241, Salomon, 76.
342, Sanday, W. 86.
Pell, A., 209. Scheck, Ad., 87.
Pera, C., 299. . Schermann, Th., 252,
Petau, 242, 290, 294. Schmidt, W., V, 72-73, 76.
Philolaos, 40, Schuetz, R., 78, 80,
289. 298. 393.
He E., 78, 80, 82, 103, 10
Turmel, J., 95, 156.
Ueberweg-Heinze, : 41.
Usener, H.,. 54-55.
Vaganay, L., 67, 84.
Valentin, 129-130.
Verfaillie,
C., 178.
Vernet, F., 151, 158.
Verrièle, A., 150.
Vigouroux, 277
_Viller, M. 319, 323, 326.
| Virey, Ph 20:
_ Vliet (van der), J., 26.
Volkmann, R, 60.
eoo 140- 142, 342. Zeller, Ed., 39-44, 52, 56-58, 61,€
65, 68, 314-315. L'eEES
Ziegler, C., 28.
Zorell, Fr., 76.
TABLE DES PRINCIPAUX MOTS GRECS
LIVRE PREMIER
LA PRÉPARATION
Importance respective des analogies helléniques
et des germes bibliques pour la genèse de la doc-
trine patristique de la divinisation ............. 3
PREMIÈRE PARTIE
ANALOGIES HÉLLÉNIQUES
CHAPITRE I. — La littérature........................... 5-17
Idéal hellénique d’une certaine assimilation à
Dieu, 5. — I. Homère : exemples de divinisation;
mythe de la « prairie élyséenne », 6-9. —— II. Hé-
siode : « démonisation >» de certains morts; les
«iles des bienheureux », 9-12. —— III « Héroïsa-
tion >» d'hommes illustres, 12-14. — IV. Culte des
morts, 14-15. — Caractère authentiquement hellé-
nique de la croyance à une divinisation de sim-
ples hommes, 15-17.
CnapiTRe Il, — Les mystères...................... ne 18-30
Notions générales, 18-19. —— I. Mystères d’Éleu-
sis, 20-21. —II. Mystères de Dionysos, 21-22. L’or-
phisme : origine et destinée divines de l’âme, 22-
24. — IIL. Mystères d’Isis, 25-27. — IV. Mystères
d’Attis, 27-29, —— V. Mystères de Mithra, 29-30. —
But commun : assurer une survie semblable à
l'existence des dieux, 30,
”
DEUXIÈME PARTIE
LIVRE DEUXIÈME
PREMIÈRE PARTIE
PÉRIODE DE FORMATION
CuapirRE I. — Ébauches primitives........... ........ 116-143
$ 1. — Pères apostoliques, 116-128.
Caractère général, 116. — I, Didachè et lettre
de Barnabé : espérance d’immortalité, 117-118. —
IT. Clément de Rome : l’homme « empreinte» de RATES
l’image de Dieu, 118-119; le christianisme « gnose | :
TABLE DES MATIÈRES
3. — Apologistes, 133-143.
Effort en vue de pénétrer rationnellement la foi,
133-134. — I. Saint Justin : divinisation par le
don de l’incorruptibilité, 134-136. — II. Tatien:
assimilation à Dieu par l’immortalité, 136-139. —
III. — Athénagore : participation à la « perpé-
tuité » divine, 139-140. — IV. Théophile d’Antio-
che : l’homme appelé à devenir un <« dieu par as-
somption », 140-142. — Nature de la vie éternelle
offerte par le christianisme : immortalité partici-
pée, 142-143.
DEUXIÈME PARTIE
PÉRIODE D’'APOGÉE
CHAPITRE I. — Grandes synthèses doctrinales. 1. Saint
ATNANASE 405 SE RER 201-218
Le thème de la déification courant dans l’Église
d'Orient au IV° siècle, 201-202. —— I. Similitude
divine d'Adam due à l’inhabitation du Logos: elle
consiste surtout dans l’aphtharsia; détruite par la
LE 4e
TROISIÈME PARTIE
PÉRIODE DE CONSOLIDATION
CHAPITRE I. — Théologie de la divinisation : Saint Cyrille
d'Alexandnie. 2.40 Meet 271-291
Importance de Cyrille, 277. Cadre général de sa
doctrine, 278. — I. Double similitude d'Adam, 279-
280; perte de la ressemblance supérieure, 281. ——
IT. Restauration de l’aphtharsia par l’Homme-Dieu,
TABLE DES MATIÈRES 367
CONCLUSION .. 339-351
TABLE DES NOMS DE PERSONNES .. 353-357
TABLE DES PRINCIPAUX MOTS GRECS .. 358-359
TABLE DES MATIÈRES ., 360-368
ERRATA
Gross...
Bivinisation..,
THEOLOGY LIBRARY
SCHOOL OF THEOLOGY AT CLAREMONT
CLAREMONT, CALIFORNIA
LA
af PRINTED IN U.S.A,