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Cf. Manuel des indulgences, Normes et concessions, Edition du Jubilé, Paris, 2000, p.21. cf. Code du droit
canonique, can.992.
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les pénitentiels, ces manuels venus d’Irlande qui fixent pour chaque type de faute tant de jours
de mortification. Moins longue, l’indulgence tend à se substituer à la pénitence physique en
particulier pour les mourants.
Au milieu du XIè siècle, l’indulgence plénière apparaît. Elle est alors employée pour
encourager la croisade en Espagne.
Au début du XVè siècle, apparaît le commerce des indulgences avec l’antipape Jean
XXIII. Ses abus sont dénoncés par Jan Hus (1369-1415). En 1476, le pape Sixte IV décrète
que les indulgences peuvent s’acheter pour réduire le temps du purgatoire. Il est ainsi à
l’origine du commerce des indulgences à l’Eglise de Rome. C’est ainsi qu’on enregistrera
plusieurs dans l’Eglise. Parmi les abus, nous avons le cas de Johann Tetzel, chargé de vendre
les indulgences au nom d’Albert de Brandebourg. On lui attribue le slogan : « Aussitôt que
l’argent tinte dans la caisse, l’âme s’envole du purgatoire ». La pratique des indulgences est
donc de plus en plus perçue comme une forme de corruption au cours du XVIè siècle.
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2-1- Effets de l’indulgence
Selon la doctrine catholique, le péché est effacé par le sacrement du pardon
(confession). Mais ce sacrement n’enlève pas la peine temporelle due au péché, qui se traduit
généralement par un temps de purgatoire si elle n’est pas d’abord purgée sur la terre par des
actes de foi et de charité (actes de réparation). Cette peine temporelle peut être atténuée voir
effacée par l’indulgence. Les indulgences permettent aux fidèles d’obtenir pour eux-mêmes et
aussi pour les âmes du purgatoire, la rémission des peines temporelles suite à des péchés. Par
les indulgences, l’Eglise remet la peine temporelle due aux péchés en appliquant aux vivants,
par manière d’absolution, et aux défunts, par manière de suffrage, les satisfactions
surabondantes de la Vierge Marie et des saints, satisfactions qui constituent le trésor spirituel
de l’Eglise.
2-2- Forme de l’indulgence
Nous avons deux formes de d’indulgence. Il s’agit donc de l’indulgence temporelle ou
partielle et de l’indulgence plénière ou totale.
L’indulgence partielle se comptait traditionnellement en jours, en mois ou en années.
Cette durée ne prétendait pas correspondre à une remise directe de purgatoire équivalente.
Elle consiste à indiquer la remise de peine que voudrait une durée équivalente de pénitence
effectuée sous la loi des premiers canons de l’Eglise. Elle remet une partie de la peine
temporelle due au péché.
L’indulgence plénière est la « remise entière de la peine temporelle due au péché ; la
remise de la peine n’est pas la remise du péché, celle-ci étant le fruit du sacrement de la
Réconciliation ». Autrement dit, l’indulgence plénière remet toute la peine temporelle due au
péché. Pour gagner l’indulgence plénière, il faut :
- Etre baptisé et ne pas être excommunié (cf. code du droit canon 925 de 1917 ou can
996 de 1983);
- Avoir l’intention, au moins générale, de la gagner ;
- Accomplir intégralement les œuvres prescrites ;
- Etre en état de grâce, au moment du moins où l’on achève d’accomplir les œuvres
prescrites, et de plus, pour gagner entièrement une indulgence plénière, être détaché de tout
péché véniel.
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D’autres les méprisent comme le signe d’une spiritualité calculatrice. D’autres encore s’en
servent pour attaquer l’Eglise qui les marchandait afin de construire ses églises. La grande
majorité les ignore et vit sans en profiter.
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique consacre pourtant neuf numéros à ce point de
doctrine qui se trouve au confluent de plusieurs vérités importantes de la foi chrétienne : le
sacrement de pénitence, la réparation des péchés, la communion des saints, le purgatoire et la
médiation de l’Eglise. C’est pour cette raison qu’il semble important de mettre en valeur ce
don de la miséricorde divine à l’homme.
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Qui récite le Magnificat, prie l’Angelus ou le Regina caeli ;
Qui, par esprit de pénitence, se prive volontairement de quelque chose de permis (ce à
quoi il a droit et auquel il renonce) ;
Qui se met volontairement au service des autres, dans leur besoin ;
Qui récite la prière à l’Ange gardien.
L’indulgence plénière est accordée au fidèle :
Qui visite le Très Saint Sacrement et reste en adoration pendant au moins une demi-
heure ; au fidèle qui participe dévotement à la procession du Saint Sacrement en la
solennité du Corps et du Sang du Christ ;
Qui, le vendredi saint, participe dévotement à l’adoration de la croix ; au fidèle qui fait
le pieux exercice du chemin de croix ou s’unit dévotement au chemin de croix présidé
par le Pape et transmis par la radio ou la télévision ;
Qui récite le chapelet à l’Eglise ou dans un oratoire, ou en famille, ou en communauté
religieuse ou dans une association de fidèles etc. ; au fidèle qui s’unit à la récitation du
chapelet par le Pape, transmise à la radio ou la télévision ;
Au prêtre qui célèbre sa première messe en présence du peuple de Dieu et aux fidèles
qui y assistent ; et au prêtre en son 25ème, 50ème, 60ème et 70ème anniversaire de son
ordination sacerdotale et aux fidèles qui assistent à la célébration de la messe
jubilaire ;
Au fidèle qui lit la parole de Dieu dans un texte approuvé sous forme de lecture
spirituelle, pendant au moins une demi-heure. Si le temps de lecture est moins d’une
demi-heure, l’indulgence est partielle ;
Au fidèle qui, au jour mémorial d’un Saint récite une prière en son honneur, l’oraison
du missel ou toute autre prière approuvée par l’Eglise ;
Il est accordé l’indulgence plénière applicable seulement aux âmes du purgatoire, au
fidèle qui, dans les jours du 1er au 8 novembre, visite un cimetière et prie pour les
défunts, même mentalement ; au jour de la commémoraison de tous les fidèles défunts
ou à la solennité de tous les saints, visite pieusement une Eglise ou un oratoire et y
récite 1 Pater et 1 Credo ;
Le fait de recevoir la bénédiction Urbi et Orbi du pape, de renouveler les promesses
de son baptême le jour de la vigile pascale ou de visiter une basilique majeure de
Rome en récitant un Credo et un Pater. Il y en a donc de très ponctuels, mais certains
peuvent être posés tous les jours.
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Les indulgences plénières remettent la totalité de la peine due au péché. Les autres
indulgences sont partielles, c’est-à-dire remettent une partie de cette peine. Pour ces
indulgences partielles, l’Eglise parlait autrefois de « nombre de jours », indication qu’on peut
retrouver dans certains missels ou certaines chapelles. Elle ne parle plus que d’indulgence
partielle pour éviter que les fidèles croient qu’il s’agit de jours de purgatoire en moins et
tombent ainsi dans une vision comptable de la grâce.
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reconnaissant pécheur, nous croyons que l’Amour infini de Dieu est toujours le plus fort. Le
dialogue avec un prêtre est le signe efficace de la réconciliation avec Dieu et avec nos frères.
Le pardon de Dieu est exprimé par les paroles du prêtre : « Que Dieu notre Père vous montre
sa miséricorde ; par la mort et la résurrection de son Fils il a réconcilié le monde avec lui et
il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés : par le ministère de l’Eglise qu’il
vous donne le pardon et la paix ». Le pape François affirme dans ces termes : « le pardon
n’est pas le fruit de nos efforts, mais c’est un cadeau, un don de l’Esprit Saint, qui nous
comble dans le bain régénérant de miséricorde et de grâce qui coule sans cesse du cœur
grand-ouvert du Christ crucifié et ressuscité »4. Aussi, « les différentes formes du sacrement
de pénitence et de réconciliation gagnent à être déployées de manière complémentaire, et
même à constituer un système un système qui valorise la perception d’un Dieu de
miséricorde »5. Dans notre vie de foi, c’est au travers du sacrement de réconciliation en
particulier que nous percevons la miséricorde de Dieu. Dans le sacrement de la réconciliation,
Dieu nous appelle par notre nom, c’est-à-dire, pour une rencontre personnelle et intime. C’est
comme si Dieu voulait nous prendre à part pour un instant, comme de bons amis le font
souvent, et nous accorder sa pleine attention et sa miséricorde.
L’indulgence est indulgence de Dieu. Elle ne se mérite pas, elle est pur don gratuit de
la divine Miséricorde. Dans le sacrement du pardon, le péché est pardonné. Mais il reste le
désordre causé par le péché, désordre qui nécessite réparation, ce qu’on appelle la « peine »,
qui donne lieu à la « pénitence » que le pécheur pardonné accomplit après avoir reçu le
pardon sacramentel. Dans cette perspective, le Pape François fait remarquer en ces termes :
« Dieu est toujours prêt au pardon et ne se lasse jamais de l’offrir de façon toujours nouvelle
et inattendue…dans le sacrement de la réconciliation, Dieu pardonne les péchés, et ils sont
réellement effacés, cependant que demeure l’empreinte négative des péchés dans nos
comportements et nos pensées. La miséricorde de Dieu est cependant plus forte que ceci. Elle
devient indulgence du Père qui rejoint le pécheur pardonné à travers l’Epouse du
Christ(Eglise), et le libère de tout ce qui reste des conséquences du péché, lui donnant d’agir
avec charité, de grandir dans l’amour plutôt que de retomber dans le péché »6 . Ces
conséquences dues au péché, appelées peines temporelles, sont remises par la miséricorde de
Dieu que l’homme accueille et à laquelle il coopère par des actes de charité. C’est pourquoi le
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Pape François, audience générale, 19 février 2014.
5
Maison-Dieu, Miséricorde et réconciliation, cerf, paru en décembre 2018, n°294.
6
Pape François, Jubilé de la miséricorde, extrait de la Bulle, 2 décembre 2015, MV n°22.
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catéchisme dit : « Le chrétien doit s’efforcer, en supportant patiemment les souffrances et
les épreuves de toutes sortes et, le jour venu, en faisant sereinement face à la mort, d’accepter
comme une grâce ces peines temporelles du péché ; il doit s’appliquer, par les œuvres de
miséricorde et de charité, ainsi que par la prière et les différentes pratiques de la pénitence, à
se dépouiller complètement du vieil homme et à revêtir l’homme nouveau »7. Les indulgences
apparaissent donc comme un trésor qui a sa source dans le sacrifice du Christ et dont la
réparation a été remise à l’Eglise. Faire une démarche pour obtenir une indulgence n’est donc
pas un calcul mais un acte de confiance dans la miséricorde de Dieu, libre de donner ses
bienfaits comme elle le veut.
Conclusion
Au demeurant, du fait que l’indulgence est la remise devant Dieu de la peine temporelle due
aux péchés, certaines conditions sont nécessaires pour l’obtenir. Car, il n’y a pas d’indulgence sans
miséricorde et donc sans sacrement de pénitence. Trois conditions sont à remplir pour bénéficier d’une
indulgence : confession sacramentelle, communion eucharistique et prière aux intentions du Souverain
Pontife. De plus, la doctrine et la pratique des indulgences dans l’Eglise sont étroitement liées aux
effets du sacrement de pénitence. C’est pourquoi l’Eglise annonce la conversion et y invite. Cette
conversion est toujours le fruit du retour au Père riche en miséricorde. La connaissance authentique du
Dieu de la miséricorde, Dieu de l’amour bienveillant, est une force de conversion constante, non
seulement comme un acte intérieur d’un instant, mais aussi comme disposition permanente, comme
état d’âme.
7
Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1472.