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Le Trésor des Indulgences

« L'Eglise, aujourd'hui encore, invite tous ses fils à bien peser et considérer
la valeur de la pratique des indulgences ... »
(Constitution Apostolique - Indulgentiarum doctrina - Paul VI ,1967- chap. 9)
Une indulgence, qu’est-ce que c’est ?
L'indulgence dérange parce qu'elle rappelle une vérité qui ne nous est plus familière : Dieu pardonne tout et toujours, MAIS par la
grâce de Jésus Christ et jamais sans démarche ni engagement de notre part !!! Jésus n'a-t-il pas lui-même demandé par 3 fois à Pierre
son « Je t'aime » pour « effacer » son triple reniement ? Ce « Je t'aime » de Pierre, l'Eglise le propose à tous les fidèles sous la forme
d'une double démarche : confession et réponse d'amour. La confession, en effet, nous rétablit dans la communion avec Dieu ; le
mépris à son égard que redit chacun de nos péchés est totalement lavé et détruit; la grâce nous est rendue, bien plus grande encore
que celle qui avait été perdue ! Pour autant, cette grande oeuvre de Dieu dans notre âme nous laisse également une place : celle de
notre participation, de notre réponse à son amour ... Il reste dans notre âme des conséquences, des faiblesses qu'il nous appartient
de purifier. A vrai dire, ce n'est pas nous, car Dieu seul peut purifier notre âme; mais la Bible, la Tradition de l'Eglise et l'expérience
des chrétiens attestent que Dieu opère cette guérison progressive en nous si de notre côté nous nous efforçons de vivre dans la Foi,
l'Espérance et la Charité, toutes les trois opérantes et manifestées dans les actions bonnes de notre quotidien ( prières intérieures, élan
d'amour du coeur pour Dieu et le prochain, regrets véritables de nos péchés, actes de justice et d'amour, etc...). Ces actions
personnelles n'auraient que peu de valeur si elles ne portaient pas notre Foi, notre Espérance et notre Charité. Ces actions pétries
d'Esprit Saint, l'Eglise les appelle « les oeuvres ».Tout irait donc pour le mieux si chaque chrétien, bien que pécheur, vivait
pleinement de foi et plus encore d'amour ( car l'amour, selon le mot de Jésus lui-même, couvre une multitude de péchés ... ).
Malheureusement, nous constatons au fil des siècles la tiédeur des chrétiens que nous sommes ! Et pourtant, la vie, la passion, la
mort et la résurrection de Jésus ne l'emportent-elles pas sur la lourdeur de nos fautes ? Et tous ces saints, à commencer par la vierge
Marie, qui ont donné leur coeur et leur vie au Christ, l'amour de Dieu vivant en eux est-il sans valeur et sans effet ? Dans la grande
famille du peuple de Dieu, le surplus des uns ne pourrait-il venir en aide au dénuement des autres ? C'est l'admirable échange de la
Communion des Saints !!! Ce « pouvoir » de réaliser cet échange, c'est Jésus lui-même qui l'a donné à Pierre en personne : « Je te
donnerai les clés du Royaume des cieux ; tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux ... ». L'indulgence est donc
le moyen étonnant que l'Eglise propose aux fidèles pour pallier les conséquences de leur manque de repentir et d'amour, en
vue de leur purification pleine et entière, et d’une plus complète conversion.
Ainsi nous pouvons comprendre la définition de l'indulgence
donnée dans le Catéchisme de l'Église catholique (n. 1471) : « L'indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due
pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par
l'action de l'Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des
satisfactions du Christ et des saints ».

Font-elles partie de la Foi de l’Eglise ?


Oui, il s’agit d’une vérité « de foi », c’est-à-dire parvenue à un tel degré de certitude de l’Eglise que tout fidèle qui croit que l’Esprit
Saint conduit la barque de Pierre ne peut plus en douter. Concrètement, le Concile de Trente a défini 3 aspects à cette vérité :

• Les indulgences sont véridiques

• L’Eglise a le pouvoir de les accorder

• Leur usage est très salutaire au peuple chrétien.

En revanche, si le fidèle est tenu de croire en la véracité de ces 3 affirmations, il n’est pas tenu à la pratique des indulgences. Les
prêtres, pour leur part, sont tenus d’enseigner ces vérités aux fidèles.

Qui est concerné ?


Tout fidèle baptisé, non excommunié et en état de grâce.
Comment obtenir les indulgences en général ?

Pour qu'un fidèle reçoive des indulgences, il doit avant toute chose le vouloir ! Même s'il n'y pense pas systématiquement ou
consciemment le moment venu, il doit avoir dit « oui » avec son coeur à ce grand don qui lui est proposé et ne pas avoir changé
d'avis. C'est ce que l'Eglise veut dire quand elle dit qu'il faut avoir l'intention au moins générale de les acquérir. De plus, il faut
faire ce qui est demandé ( « l'oeuvre prescrite » ) dans le temps fixé et de la manière proposée .

L'indulgence est partielle ou plénière selon qu'elle comble en partie ou totalement ce que Dieu attendrait de notre propre effort pour
purifier notre cœur des résidus de nos péchés. L'indulgence plénière ne peut être acquise qu'une seule fois par jour ; l'indulgence
partielle peut l'être plusieurs fois.

Pour recevoir l'indulgence partielle, il suffit d'accomplir avec un coeur repentant l'oeuvre à laquelle est « attachée » cette
indulgence partielle. Il s'agit habituellement de prières, d'actes de charité ou de pénitence. Depuis le jubilé de l'an 2000, pour
promouvoir la nouvelle évangélisation, notre précédent pape Jean-Paul II a également indulgencié tout acte de témoignage de foi
rendu ouvertement et spontanément devant les autres.

Comment obtenir l'indulgence plénière en particulier ?


Selon le mot de Paul VI ( lettre Sacrosancta Portionculae 1966 ) l'indulgence est «cette forme sans pareille de la charité de
l'Eglise ». L'indulgence plénière est le fruit de plusieurs siècles de méditation de l'Eglise sur le mystère de la miséricorde divine et
sur son propre mystère. La disproportion est immense entre la valeur de ce qui est obtenu et le « peu » qui est demandé pour obtenir
l'indulgence. Cette indulgence plénière « à portée de coeur et de main » est une grâce pour notre temps. Nombreux sont nos
prédécesseurs dans la Foi qui nous l'auraient enviée, eux qui se rendaient à Jérusalem ou à Saint Jacques de Compostelle pour
l'obtenir....
A . 6 conditions ( 3 dispositions du coeur et 3 actes ) :
Ainsi il faut que le fidèle :

⚫ n'ait pas de péché grave non confessé ( « soit en état de grâce » );

⚫ veuille recevoir l'indulgence ( « ait l'intention au moins générale d'acquérir cette indulgence » );

⚫ ait le désir sincère de ne plus pécher (« possède la disposition intérieure du détachement complet du péché, même véniel » );

⚫ se confesse sacramentellemeпt de ses péchés

⚫ reçoive l'Eucharistie ;

⚫ prie aux intentions du pape ( un Notre Père et un Je vous salue Marie suffisent )

Pour la confession, elle peut avoir lieu 20 jours avant ou 20 jours après l’œuvre spécifique, de même que la communion et la prière
aux intentions du pape peuvent avoir lieu quelques jours avant ou après cette oeuvre. Il convient cependant que ces deux dernières
aient lieu le jour même.

B . Une « oeuvre », une action spécifique :


Le fidèle doit aussi faire une « œuvre ». C'est cette oeuvre qui varie selon les moments ou circonstances .

1. Indulgences plénières que l’on peut obtenir chaque jour :

• l’adoration eucharistique, pendant au moins une demi-heure

• ou la récitation méditée du chapelet marial ( les 5 dizaines d’affilée, dans une église ou un oratoire si on est seul, ou
n’importe où si on est à plusieurs) ou celle de l’hymne acathiste.
• ou l’exercice pieux du chemin de croix ( devant les stations légitimement érigées dans une église ou un oratoire )
• ou la lecture ou l’écoute pieuses de la Sainte Écriture, pendant au moins une demi-heure (aucune contrainte de lieu )
• ou la visite en forme de pèlerinage aux Basiliques Patriarcales de Rome .

2. Indulgences plénières accordées certains jours déterminés :


(à titre d’exemples figurent la récitation du Veni Creator (ou sa traduction) le 1er janvier pour confier la nouvelle année à
Dieu, et celle du Te Deum le 31 décembre pour lui rendre grâce en raison de l’année écoulée ; pour le reste, cf. la liste page
149 du Manuel des Indulgences ).

3. Indulgences plénières accordées en des circonstances particulières :


(à titre d’exemples figurent l’indulgence plénière à l’article de la mort, celle du jour anniversaire de son propre baptème,
celle de sa première communion (pour soi-même et ceux qui y assistent ), de même pour une première messe de prêtre ;
pour le reste, cf. la liste page 150 du Manuel des Indulgences ).

Pour qui ?
Les indulgences sont toujours reçues pour soi-même ou offertes pour la purification des âmes des défunts , mais elles ne sont pas
applicables à d'autres personnes vivant sur terre. Il est bon de recevoir d'abord pour soi l'indulgence plénière; mais l'Eglise rappelle
qu 'elle peut être reçue dans un esprit de service et de charité envers nos frères défunts.

En cas d'empêchement ?
Enfin, les malades ou les fidèles légitimement empêchés peuvent voir l’œuvre prescrite ou les conditions prévues pour l’acquisition
de l’indulgence plénière, suspendues ou commuées en une autre par le confesseur ou l’Ordinaire des lieux, à condition qu’ils aient le
cœur contrit et qu’ils aient l’intention de recevoir les sacrements demandés dès qu’ils le pourront.

Dans les autres cas, si une des conditions n'est pas remplie, l'indulgence ne sera que partielle.
Les indulgences, quelle importance ?
Dans la vie du chrétien, rien n’a plus d’importance que ce qui le relie directement à Dieu ; or ce sont la Foi, l’Espérance et la Charité,
traditionnellement appelées vertus théologales, qui jouent ce rôle. Elles nous sont invisiblement mais réellement conférées par les
sacrements, qui opèrent en nous le salut. Les sacrements sont donc ce que l’Eglise a de plus grand, et parmi eux l’eucharistie, source
et sommet de toute la vie de l’Eglise. L’écriture sainte, canal privilégié de la Foi, joue aussi un rôle prépondérant mais uniquement
lorsqu’elle est lue en communion avec l’Eglise qui seule reçoit la grâce plénière de l’interpréter. C’est à cette seule condition que
l’Ecriture devient Parole de Dieu et chemin véritable de salut. Bien qu’ayant déjà une efficacité en elle-même, la grâce conférée par
les sacrements et la Parole de Dieu se déploie ensuite dans l’âme à la mesure des dispositions de celle-ci. Pour favoriser ces
dispositions, l’Eglise propose divers moyens appelés sacramentaux qui viennent enrichir nos démarches et bonnes intentions en leurs
donnant la force de supplication de l’Eglise elle-même ( bénédictions, signe de croix, absoute …). Comme autres moyens de
sanctification et de purification, l’Eglise propose enfin les œuvres de piété, de pénitence et de charité. Dans ce contexte, les
indulgences agissent comme un sacramental tout en s’en distinguant. Stricto sensu, ce que l’indulgence nous obtient est une remise
de peine et une purification qui, bien que de très grand prix, valent moins que l’accroissement de grâce en notre âme consécutif à un
acte de foi ou de charité. Mais il faut considérer également la valeur propre de l’acte qui nous vaut cette indulgence. L’indulgence,
en effet, ne va jamais seule. Elle enrichit, elle couronne une œuvre déjà opérante en elle-même. Les indulgences, bien
comprises, ne remplacent pas la vraie conversion du cœur et n’éloignent pas des sacrements, des sacramentaux ou des bonnes
œuvres : elles y ramènent, comme des signaux multiples que l’Eglise a placés pour rappeler sans cesse ce qui est important et ce qu’il
faut rechercher en priorité. En bref, on pourrait presque dire que la pratique des indulgences est plus désirable que
l’indulgence elle-même, qui est pourtant déjà d’un grand prix.
Une mention toute spéciale doit être faite sur une indulgence très particulière : celle de l’article de la mort. Parmi toutes les
indulgences reçues pour soi-même, elle est la plus importante ; depuis le XIème siècle, elle a fait l’objet d’une réflexion particulière
par les papes successifs : en effet, l’aide aux mourants par l’indulgence plénière (que seul le pape peut accorder) est un aspect très
important de la mission unique du Vicaire du Christ auprès des baptisés. C’est pourquoi l’Eglise accorde aujourd’hui cette
indulgence à tout mourant par délégation au prêtre qui administre les derniers sacrements ; mais prévoyant le cas où le prêtre ferait
défaut, elle supplée elle-même aux 3 conditions habituelles requises pour l’indulgence plénière et la concède directement au mourant
« pourvu qu’il soit bien disposé et qu’il ait récité habituellement quelques prières durant sa vie ». Et comme pour insister encore sur
l’importance de cette faveur à l’égard des mourants, l’Eglise ajoute : « Dans l’enseignement catéchétique, il faut informer les fidèles
fréquemment et opportunément de cette salutaire disposition de l’Eglise ».

Tout ceci concernait la valeur des indulgences recherchées pour soi-même ;


La donne change dès lors que celles-ci ne sont plus appliquées par l’Eglise à nous-même mais à des défunts en cours de
purification avant le face-à-face éternel avec Dieu. Il suffit que la personne qui cherche à gagner l’indulgence pour eux en ait
l’intention et que ce soit un cas où l’Eglise le permet. Cela est fait par mode de suffrage et non par mode d’autorité. Ni l’Eglise
ni la personne qui a obtenu l’indulgence ne peuvent donc décider à quel défunt elle sera appliquée ; ce choix est réservé à Dieu
qui fait toujours tout pour le mieux ; en revanche, l’Eglise sait que sa prière sera entendue et qu’un défunt en bénéficiera
vraiment. Cette opportunité qui est proposée à tout fidèle de venir en aide à un frère dans le besoin et l’extrême dénuement est
une formidable occasion d’exercer la charité. Le service rendu à l’Eglise tout entière et aux pécheurs (qui gagnent ainsi un
nouvel intercesseur en la personne du défunt entré dans la gloire) est si grand que l’Eglise n’hésite pas à affirmer : « Si les
fidèles appliquent ensuite les indulgences en suffrage pour les défunts, ils exercent la charité au plus haut point et, tandis
qu’ils pensent aux choses d’en haut, ils ordonnent de façon plus justes celles de la terre. » ( chapître 8 de la IVème partie de la Constitution
Apostolique de Paul VI sur les Indulgences) et encore « C’est pourquoi la pratique des indulgences enflamme efficacement la charité, et
l’exerce de façon éminente quand on vient en aide à nos frères qui dorment dans le Christ. » » ( chapître 9 de la IVème partie de la
Constitution Apostolique de Paul VI sur les Indulgences). Dans la vie de l’Eglise, de nombreux saints étaient tellement conscients de la portée d’un tel service
qu’ils y ont consacré toute leur vie … C’est le cas par exemple de Sainte Marguerite-Marie Alacoque, et même de la petite Thérèse qui avait fait don
de tous ses actes méritoires en faveur des défunts afin qu’une fois glorifiés, ils prient en retour pour la conversion des pécheurs.

La pratique des Indulgences en faveur des défunts, loin de nous égarer dans l’anecdotique, nous fait œuvrer grandement à la gloire de
Dieu et au salut du monde dans le Christ Jésus.

Pour les simples chrétiens que nous sommes, quelle chance ! Quel honneur ! Quelle joie !

Pour aller plus loin :


Manuel des Indulgences – Normes et concessions – Edition du Jubilé – P. Lethielleux ( 10 euros )

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