Vous êtes sur la page 1sur 13

Initiation sacramentelle :

Du consumérisme à la communion

Réflexions pour un renouvellement de la pastorale sacramentelle

Préliminaire

"Tauta ho bios ", " Voilà, telle est notre vie ». Cette épitaphe grecque, trouvée dans
les catacombes romaines est éloquente pour condenser non seulement la « manière
de vivre » des chrétiens, mais surtout la VIE qui les a envahi.

Le Seigneur a déclaré : « je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles
l’aient en abondance » (Jn 10,10). Et « je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin
que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jn 15, 16).
Cette vie est un DON gratuit que le Père fait de lui-même en Son Fils Jésus-Christ.
En effet « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que
quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3,16). Cette
vie éternelle c’est « qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as
envoyé, Jésus-Christ. » (Jn 17, 3).

La vie que Notre-Seigneur Jésus-Christ est venu semer est un fruit de sa Passion-
Résurrection. Ainsi l’Incarnation est liée intimement à la Rédemption car « c’est pour
cette Heure », celle de la Passion que le Verbe s’est incarné (cf. Jn 12, 27) et la
Rédemption ouvre sur l’Effusion de l’Esprit : Elevé par la droite de Dieu, (Jésus) a
reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis, et il l’a répandu, comme vous le
voyez et l’entendez ». (Actes 2, 33)

Le don gratuit que fait le Père en son Fils n’est pas un bien extrinsèque à Lui. Le
Christ-Sauveur offre sa propre vie à travers l’immolation de son corps sur la Croix,
car il n’y a pas « de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »
(Jn 15, 13). Le Christ, véritable Agneau immolé, est notre Pâque qui n’a pas de
couchant. Du Corps du Christ, livré par amour, désormais seul vrai temple de l’Esprit,
s’écoule la vie comme un fleuve de cristal limpide jaillissant du trône de Dieu et de
l’Agneau (cf. Ap. 22,1).

C’est du côté ouvert du Sauveur qu’est née l’Eglise-Epouse, telle la nouvelle Eve, os
de ses os et chair de sa chair (cf. Gn 2,23). Elle est son Corps mystique, destiné à
recevoir l’Esprit de la promesse que le Christ a reçu du Père pour nous le
transmettre. En effet avant la glorification de Jésus, l’Esprit n’avait pas été répandu
(cf. Jn 7, 39). Du côté transpercé du Christ en croix s’écoulent le sang et l’eau (cf. Jn
19, 34). L’eau symbolise le baptême et le sang l’eucharistie. Ces flots signifient les
sacrements avec lesquels l’Eglise transmet aux croyants la plénitude de la vie divine
acquise par le sacrifice du Sauveur.
L’Eglise-Epouse est le Sacrement du salut par antonomase d’où coule la grâce
septiforme car le Corps Sacré de Jésus, livré pour nous, est la source sacramentelle
du chrétien, la VIE NOUVELLE que l’Eglise, en vraie mère, est appelée à lui
administrer.

La réalité de la pratique sacramentelle aujourd’hui

1
Les sacrements sont le fruit du sacrifice du Sauveur et de son union à Son Eglise et
ils font participer les fidèles à la plénitude de la vie divine par l’effusion de l’Esprit-
Saint, objet de la promesse et gage des biens à venir. Or la « pratique »
sacramentelle a sérieusement baissé dans l’Eglise universelle et, toutes proportions
gardées, dans notre Eglise particulière aussi. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un
faible pourcentage des membres de la paroisse participe à l’Eucharistie dominicale,
les jeunes sont parmi les plus touchés par le sentiment d’indifférence aux pratiques
religieuses. Les hommes adultes quant à eux, ont depuis longtemps, dans leur
majorité écrasante, abandonné la vie paroissiale. En famille on continue à respecter
les décès ou les mariages plutôt vécus comme des rencontres de solidarité sociale
ou de bienséance que comme des actes de culte.

De plus, si on aborde les « croyants » qui continuent à fréquenter l’église on


s’apercevra que la culture religieuse de la majorité est rudimentaire. Il s’agit en fait
de personnes qui, si elles sont « convaincues » de leur christianisme n’en ont pas
toutes les données, étant fidèles aux pratiques religieuses par tradition.

Au début de la prédication apostolique, l’adhésion du néophyte au christianisme


passait par une « métanoïa » personnelle qui revêtait pour chacun une forme
particulière d’après les vicissitudes de sa vie et les caractéristiques de sa
personnalité. Aujourd’hui encore un « converti » passe par une assimilation
personnelle salutaire du mystère du salut qui rend son expérience sacramentelle
authentique. Ce n’est pas toujours le cas pour les chrétiens « de souche » dont la
fréquentation des sacrements est routinière ou simplement sociale.

L’observation et l’accompagnement de beaucoup de personnes issues de diverses


couches de notre société, nous ont fait, au fil des ans, inventer un terme qui nous
semble adéquat pour décrire la démarche d’une grande majorité de fidèles
fréquentant l’église et les sacrements. Ce terme est « consumérisme sacramentel».

Le consumérisme des sacrements : définition du terme

Ce dont je vais parler peut sembler pessimiste et certains curés se sentiront blessés
dans leur zèle à animer leur paroisse ou dans leur amour envers leurs paroissiens.
Je présente à tous et à chacun mes excuses. Le but n’est pas de stigmatiser ni de
fustiger mais de regarder en face la réalité de « l’homo religiosis » de nos paroisses
afin de trouver les solutions adéquates pour que l’accompagnement et la formation
de chrétiens les aide à atteindre la plénitude de la taille du Christ.

Consumérisme est un terme que j’applique à la manière de s’approcher


routinièrement des sacrements. On « puise » dans ce dépôt ce qu’on veut et à
volonté. Celui qui « consomme » les sacrements les approche d’une manière
superficielle. Il cherche d’abord l’accomplissement du « devoir religieux » : le fidèle
se limite à « assister » au déroulement des rites qui sont bien sûr à charge du prêtre.
On appréciera dans l’assistance aux rites une appartenance sociale, une identité
culturelle, un dehors acceptable etc…. Le consumérisme routinier des sacrements
ne s’arrête pas là. Certains fidèles plus « dévôts » viendront y puiser un
épanouissement à leur « bien-être » spirituel. Cependant ils seront bien loin
d’appréhender les « mystères » célébrés et, par conséquent, méconnaîtront la grâce
de l’Esprit-Saint qu’il faut en attendre. Bien sûr, d’après la théologie catholique, le
sacrement comporte une grâce « ex opere operato », efficace malgré les vicissitudes

2
humaines contraignantes, cependant on est loin de la « communion à la vie divine »
qui est le but de tout sacrement. Pourquoi donc se contenter de « siroter » le fleuve
de vie alors que nous sommes appelés à nous y abreuver en plénitude ? Voyons de
plus près comment nous pouvons aider nos chrétiens à expérimenter la vie nouvelle
en Christ en sorte de jouir des fleuves d’eau vive qui jaillissent du sein de tout
croyant (cf. Jn 7,38).

I. Consumérisme des sacrements1

1. L’initiation chrétienne

a) néophytes adultes

Pendant longtemps, l’Eglise eut à former des catéchumènes ayant l’âge de raison
pour la réception du baptême et des autres sacrements de l’initiation chrétienne.
Nous savons qu’à Jérusalem au quatrième siècle, les enseignements étaient donnés
par l’Evêque durant le Carême à des catéchumènes adultes et aboutissaient la nuit
de Pâques à la grande célébration baptismale. De nos jours le baptême des adultes
est une éventualité passagère. Il n’est pas l’objet d’un intérêt particulier de la
hiérarchie. Cependant un nombre non négligeable d’adultes non chrétiens demande
le baptême, beaucoup d’entre eux sont des musulmans.

Quelles orientations et dispositions pastorales pour que curés et laïcs


puissent gérer l’accompagnement des « néophytes » ?

b) néophytes enfants
Dans notre société traditionnellement chrétienne, l’adhésion à la communauté des
croyants vient le plus souvent «d’elle-même ». On naît dans une famille chrétienne
qui demande à nous baptiser.

De la bonne préparation à l’initiation chrétienne dépend la transmission de la foi ou


« traditio ». Dans l’Eglise Orientale il a été de mise depuis les débuts d’administrer
ensemble les trois sacrements de l’initiation chrétienne aux catéchumènes et aux
enfants. Cependant nous notons un net décalage entre la préparation minutieuse
des anciens qui était une vraie « mystagogie » comme nous pouvons par exemple le
constater dans les protocatéchèses baptismales de Saint Cyrille de Jérusalem et
celle des enfants de nos jours 2. Concernant le baptême des adultes la procédure est
loin d’être

Nous ne contestons pas le baptême des petits enfants qui remonte à la plus haute
antiquité mais force est de constater que ce baptême demanderait une plus grande
préparation et participation des familles et que cela soit une condition préalable à sa
célébration. La cérémonie du baptême est souvent perçue comme une réunion
1
Rappelons quels sont les sacrements: ceux de l’initiation chrétienne (baptême, chrismation et
eucharistie), le sacrement de réconciliation, le mariage, le sacrement de l’Ordre, enfin l’onction des
malades avec les funérailles.
2
Dès le troisième siècle la période « canonique » du catéchuménat était de trois ans (cf la Tradition
Apostolique).

3
familiale festive indispensable au calendrier socio-culurel de chacun. Elle entre dans
le processus collectif de « consommation » des sacrements et se déroule dans un
désordre caractéristique. La famille s’amène avec le candidat, les bougies et la robe
blanche. Parents et parrains s’affairent autour de l’enfant : photos, câlins,
commentaires et potins. Tous ont confiance en ce que le prêtre fera « son travail » et
qu’il baptisera l’enfant. Bien sûr le curé donnera des explications sur la valeur du
baptême ou sur son déroulement mais ce moment qui ne dépasse pas les dix
minutes - car l’enfant fait entendre ses cris et le public devient nerveux – est-il
suffisant pour inculquer à la famille la portée de cet acte ?

c) la famille

Nous ne devons pas minimiser la force de la foi familiale, simple et solide, transmise
par les générations. Mais s’il est demandé à la famille d’être un milieu propice à
l’éclosion et au développement de la foi de l’enfant baptisé nous devrions concéder
que l’humus familial n’est plus suffisant pour la transmission d’une foi mûre. D’abord
les anciennes générations qui avaient une formation plus solide que les nouvelles
sont en voie de disparition. Les générations d’âge moyen ont le plus subi les
transformations sociales et technologiques de la dernière moitié du XXème siècle,
sans oublier les conséquences de la guerre civile libanaise. Peu de mères au foyer à
cause de l’intégration massive des femmes dans le secteur du travail rémunéré,
insécurité et précarité etc… sans oublier les foyers à problèmes : tous facteurs
d’instabilité familiale et de manque de cohésion dans le tissu familial.

Alternatives ? Quelques questions à soulever :

Comment les pères synodaux envisagent-ils de dynamiser la procédure


d’admission au baptême au niveau de l’individu (s’il est adulte) ou de la
famille ?
une catéchèse baptismale, sorte de vade mecum simple mais complet
à l’adresse des parents et des parrains-marraines ou des stages
cycliques de formation à l’adresse des parents et des parrains-
marraines ?
Renouvellement des promesses du baptême dans les moments-clés de
la vie ?

2. Le Sacrement de Réconciliation

On note une désaffection très grande de la pratique de ce sacrement qui est destiné
à restaurer les brèches dans l’âme du chrétien. L’initiation à ce sacrement a lieu au
moment où l’enfant atteint l’âge de raison, souvent à l’occasion de ce qu’on appelle
la « première communion ». Or l’initiation à ces moments-charnières de la vie
chrétienne est ponctuelle, limitée à la préparation à « la première communion » ou
« à la première confession ». L’enfant sort-il de cette préparation formé
convenablement à l’exercice d’une vie sainte ? Il apprend peut-être à se confesser
mais la formation éthique du baptisé ne saurait se limiter à ce qu’il assimile à l’âge de
sept ans ou à l’âge de dix ans.
Est-il prévu une continuité dans la formation chrétienne qui devrait
comporter une formation de la conscience ? Nous en parlerons plus
bas, dans le contexte de la formation globale.

3. L’Euchatistie

4
La célébration de l’Eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne. Dans
nos églises, elle rassemble les fidèles surtout les dimanches et les jours de fête.
L’assiduité à l’eucharistie dominicale est propre à quelques familles ou personnes
« pratiquantes » alors que la grande majorité des fidèles l’omet facilement. Or, la
Divine Liturgie, acte suprême du culte, est l’œuvre par excellence du baptisé, là où
arrive à consommation son être-chrétien à la fois royal, sacerdotal et prophétique. La
participation formelle à la Divine Liturgie est le summum du « consumérisme »
sacramentel, lorsque le « culte en esprit et en vérité » (cf. Jn 4,23) devient pur
ritualisme routinier.
Saint Paul porte un jugement sévère contre de tels « consommateurs » de
l’Eucharistie : « car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur,
mange et boit un jugement contre lui-même . » (Corinthiens 11,29). TOUT dans la
célébration eucharistique devrait avoir pour but de « discerner » le Corps Sacré du
Seigneur qui est offert au Père pour notre salut. Ce « Corps » n’est pas seulement le
pain et le vin consacrés mais nous-mêmes qui, en communiant aux saintes espèces,
devenons le Corps du Christ, l’Eglise.

A quoi est dû ce manque de « discernement » ? Enumérons quelques-unes des


causes :
 Initiation post-baptismale défectueuse
 Ignorance du sens des mystères célébrés, surtout la communion du Saint-
Esprit qui nous fait devenir UN en Christ dans l’Esprit.
 Perte du sens du sacré
 Eloignement de la Sainte Ecriture
 Inexistence de la prière personnelle ou
 démesure dans la pratique de la vie dévote (neuvaines, chapelet, dévotions
privées)
 Dichotomie entre la célébration et la pratique de la vie chrétienne, surtout la
charité. Après avoir communié le comportement des fidèles ne s’améliore pas.

L’initiation permanente des paroissiens au sens de la Divine Liturgie est une


nécessité paroissiale. Une fois initiés les fidèles participeront à la Divine Liturgie avec
des fruits durables et rendront gloire à Dieu.

Comment les pères synodaux envisagent-ils d’éduquer les fidèles au


« sens de la foi » d’abord puis « à la chaleur de la foi » ?
Comment donner aux chrétiens le sens des mystères célébrés, surtout
de la communion de l’Esprit-Saint ?
A quoi est dû l’éloignement général et l’ignorance de la Sainte
Ecriture ?
Comment apprendre aux fidèles la prière personnelle et intérieure
indispensable à tout culte en esprit et en vérité ?
Quelles orientations concernant la quantité toujours plus grande des
pratiques dévotes, surtout au moment de la Divine Liturgie ?
Comment harmoniser la proclamation du kérygme et sa priorité avec
les pratiques dévotes ?

5. Sacrement du mariage

5
Dans certains diocèses des efforts louables sont entrepris pour la préparation au
mariage. La réalité quotidienne cependant met en évidence de graves problèmes qui
émergent au sein du couple souvent dès les premiers instants de la vie conjugale.
On constate dans beaucoup de couples :
 Ignorance des principes fondamentaux de la vie conjugale chrétienne
 Absence de vertus morales, surtout chez les hommes qui sont éduqués à ne
jamais réfréner un désir
 Graves ignorances dans la pratique sexuelle
 Liens équivoques avec les familles réciproques qui mettent en danger la vie
du couple
 Manque de maturité affective
 Perturbations psychologiques
 Etc…

Or ceci est dû à un itinéraire défectueux qui n’a pas pu être détecté par le ministre du
sacrement. Il est dur mais nécessaire de constater que l’Eglise est souvent
responsable du naufrage de beaucoup de couples lorsque les ministres se
hâtent de célébrer le mariage. Souvent il s’agit d’une simple formalité
administrative, comme par exemple dans les cas de « khatifé ». Des mariages se
célèbrent en deux semaines, l’époux étant par exemple, un immigré qui a juste le
temps de venir en Orient pour une quinzaine de jours trouver une épouse qu’on lui a
déjà préparée.

L’administration du sacrement du mariage chrétien est un des moments les plus


solennels de la vie puisqu’il est indissoluble. Cet engagement a besoin d’une bonne
préparation et d’une enquête sérieuse. Il convient de se poser une question
fondamentale : Comment et pourquoi des chrétiens non pratiquants contractent
le sacrement du mariage ? Comment leur permet-on et pourquoi le font-ils ? Là
aussi le « consumérisme sacramentel » arrive à un comble de non-sens. Comment
un chrétien non pratiquant pourra-t-il « pratiquer » le mariage chrétien ? L’Eglise
devrait donner aux prétendants tous les éléments de discernement nécessaires
AVANT le mariage3. Car APRES le mariage, lorsque les problèmes surgissent et que
la séparation paraît le moindre des maux à envisager on se rend compte que la
mariage chrétien n’est pas aussi indissoluble qu’il ne paraît. En effet la casuistique
des avocats ecclésiastiques trouve toujours, si l’argent existe, les conditions
dirimantes au mariage4. La possibilité d’une annulation mensongère du mariage
fragilise la conception chrétienne du sacrement.
3
CIC.can. 1632. Pour que le " Oui " des époux soit un acte libre et responsable, et pour que
l’alliance matrimoniale ait des assises humaines et chrétiennes solides et durables, la
préparation au mariage est de première importance :L’exemple et l’enseignement donnés par les
parents et par les familles restent le chemin privilégié de cette préparation. Le rôle des pasteurs et de la
communauté chrétienne comme " famille de Dieu " est indispensable pour la transmission des valeurs humaines
et chrétiennes du mariage et de la famille (cf. CIC, can. 1063), et ceci d’autant plus qu’à notre époque beaucoup
de jeunes connaissent l’expérience des foyers brisés qui n’assurent plus suffisamment cette initiation :Il faut
instruire à temps les jeunes, et de manière appropriée, de préférence au sein de la famille, sur la dignité de
l’amour conjugal, sa fonction, son exercice : ainsi formés à la chasteté, ils pourront, le moment venu, s’engager
dans le mariage après des fiançailles vécues dans la dignité (GS 49, § 3).

4
J’ai entendu dire des femmes chrétiennes dont le mariage est en instance d’annulation que, tout
compte fait, le mariage musulman est plus juste puisqu’il prévoit le versement irrévocable du mahr
alors que l’annulation du mariage chrétien peut aboutir à ce que l’épouse soit entièrement dépouillée
de toute rémunération !

6
D’où l’importance des questions suivantes à soulever:
Une charte claire et complète des droits, des devoirs, des tenants et
des aboutissants du mariage chrétien ?
Discernement et accompagnement des prétendants ?
Formation au mariage chrétien ?
Pastorale des couples chrétiens ?
Qui se charge de vérifier que les tribunaux ecclésiastiques jouissent de
probité et d’une fidélité à toute épreuve aux valeurs évangéliques ?
Lorsque l’un des partenaires intente un procès d’annulation : donne-t-
on la priorité à la réconciliation du couple ?
Y a-t-il des limites à la demande d’annulation de mariage ? Par
exemple peut-on encore parler d’annulation de mariage après 40 ans
de vie maritale ? Peut-on envisager l’annulation du mariage lorsque l’un
des époux pratique l’adultère et voudrait ratifier ses nouvelles amours ?

6. Sacrement de l’Ordre

Il est de la plus haute importance que la formation dans les séminaires, préalable au
sacerdoce 5 ne se limite pas à une transmission de connaissances. Le candidat au
sacerdoce a besoin d’apprendre et de pratiquer au séminaire les normes ascétiques
et spirituelles qui lui permettront de construire son humanité à la ressemblance du
Christ, sous la direction d’un père spirituel compétent. On ne devrait pas ordonner un
prêtre s’il n’est pas exercé dans la vertu et s’il ne tend pas vers la sainteté. Souvent
on a l’impression que l’accès au sacerdoce se fait pour des raisons purement
matérielles ou de prestige. Le discernement incombe aux responsables des
séminaires et à la hiérarchie qui ne devrait pas rechercher tant le nombre que la
qualité.
De plus, il y a de moins en moins d’élan dans les familles pour « donner » leurs
enfants à Dieu et à l’Eglise. Ceci provient du manque de foi croissant.

Comment redonner aux familles confiance et estime envers la vocation


sacerdotale ou religieuse.
Quelles normes pour assurer la formation adéquate aux séminaristes ?
Que penses-t-on de nos séminaires et de nos instituts de formation ?

7. Onction des malades

Ce sacrement est mal compris et il est administré souvent lorsque la personne a déjà
perdu connaissance. Or ce sacrement n’est pas pour la mort mais il est d’abord pour
la vie puisqu’on y demande la guérison du malade et du mourant. Les fidèles ont
peur de ce sacrement et l’écartent jusqu’à la dernière minute, comme s’il allait faire
avancer l’heure fatidique. Là aussi la « consommation du sacrement » veut qu’on
appelle le prêtre en dernière instance pour que le mourant « accomplisse ses devoirs
religieux ». La famille est souvent absente ou inconsciente et laisse le prêtre « faire
son travail » avec peu ou point de fruits. Lorsque la mort survient en milieu
hospitalier on « abandonne » le défunt à la morgue sans penser à le soulager par
une bénédiction, un cierge béni allumé ou des prières.

Conclusion

5
précédée de celle du postulat et noviciat pour les religieux

7
Il convient de citer un facteur qui encourage le « consumérisme sacramentel » : c’est
la manière expéditive avec laquelle beaucoup de ministres sacrés célèbrent les
sacrements. Le prêtre, et combien plus le pontife, est le président de l’assemblée. Il
lui revient de guider les fidèles vers une attitude consciente et réceptive et de
célébrer les sacrements avec pause et dévotion. Souvent la célébration est prise
comme une fin en soi de sorte qu’il importe peu que les prières se récitent de
manière à être incompréhensibles et que les rites demeurent hermétiques.

Le « consumérisme » sacramentel est lié à notre faiblesse humaine et au manque de


transmission de la foi. Une solide formation, un accompagnement spirituel sérieux,,
un environnement familial et, à son défaut, paroissial proche et actif seront
susceptibles d’aider le baptisé à percevoir la plénitude de sa condition d’enfant de
Dieu et d’héritier du Royaume et à prendre part à la vie sacramentelle de l’Eglise en
connaissance de cause et avec abondance de fruits.

II.Transmission de la foi

Le tableau que nous avons brossé du « consumérisme sacramentel » nous introduit


nécessairement à poser la question de la manière dont se transmet la Foi dans
l’Eglise d’aujourd’hui en Orient.

Priorité à l’initiation chrétienne

Il n’est pas difficile de constater que la majorité des chrétiens souffre d’une grave
ignorance des choses de la Foi.
A notre humble avis, parmi les diverses charges pastorales qui leur incombent, les
pasteurs devraient donner la priorité à l’initiation chrétienne des enfants et des
jeunes et à la formation religieuse des adultes. En cela la paroisse occupe une place
privilégiée pour assurer l’évangélisation permanente des fidèles. Ici il faudrait attirer
l’attention que l’homélie dominicale n’est pas suffisante. Elle n’est d’ailleurs pas
assurée dans beaucoup de célébrations.

Dans la transmission de la foi nous sommes passés de la proclamation du kérygme


apostolique centré sur le salut en Jésus-Christ, à des « notions » sur la religion,
préparées « en conserve ». Il ne s’agit plus d’une traditio, d’une transmission, mais
de simples informations que les enfants assimilent tant bien que mal et souvent plus
mal que bien. De plus, dans les activités paroissiales l’accent est mis sur les
« dévotions populaires » : Sacré-Cœur, Vierge Marie, Saint Joseph, divers Saints.
Souvent ces dévotions viennent renforcer le « consumérisme » lorsqu’elles ne sont
pas pratiquées comme des moyens de renforcer la Foi adulte dans le salut qui est en
Jésus-Christ et l’union personnelle du chrétien à son Sauveur.

Les cours de catéchisme

Nous avons l’impression que la formation humaine et spirituelle des chrétiens est
bâclée aussi notons-nous une forte baisse dans la qualité de la vie chrétienne. Il est
difficile que la sainteté éclôt sans une éducation adéquate. Quel est le profil de
l’éducation religieuse dispensée autour de nous ?

8
 Les enfants baptisés reçoivent une initiation au christianisme à travers des
« cours de catéchisme » qui ont lieu soit à l’école soit en paroisse, le moment
culminant étant, pour beaucoup, la préparation à la « Communion solennelle »
à la manière latine dont la responsabilité a été dévolue aux paroisses après
qu’elle ait été durant longtemps l’apanage des écoles privées catholiques.

Nous aimerions souligner le fait que la transmission de la foi ne saurait être ramenée
à un « cours » d’une ou deux heures par semaine. La transmission de la foi exige
une authentique expérience de la foi de l’Eglise. Ceci nécessite une proclamation de
la Bonne Nouvelle et non pas sa réduction à un « cours ». Cette proclamation est
une initiation à la vie-en-Christ, un apprentissage de la sainteté.

Apprentissage des sacrements

 Aussi le « cours de catéchisme » devrait comporter des moments de pratique


spirituelle : Ces moments précieux ne devraient pas se limiter à une présence
« obligée » de l’élève mais devraient être des moments de véritable initiation à
l’approche des sacrements, à la Divine Liturgie et à la prière personnelle. Un
accompagnement spirituel continu tout au long de la formation est nécessaire
pour assurer la bonne assimilation des vérités de la foi et de l’agir chrétien.

Formation de la conscience

 Qu’il nous soit permis ici de souligner l’importance de la formation éthique de


l’élève : lui donne-t-on les éléments nécessaires pour bâtir en lui une
conscience droite qui distingue le mal du bien ? Lui apprend-t-on à exercer la
vertu ? Lui donne-t-on les moyens pratiques pour fortifier sa volonté et éclairer
son intelligence par la lumière des enseignements évangéliques. Comment
aide-t-on l’enfant et l’adolescent à assimiler les vérités de la Foi et à en vivre ?
Acquiert-il au catéchisme des données solides pour savoir comment agir par
rapport aux multiples séductions et sollicitations de la société de
consommation ? Plus tard, dans les cours à l’adresse des classes terminales,
quels éléments de discernement intellectuel et philosophique leur offre-t-on
pour avoir une immunité spirituelle par rapport aux dangers qu’ils
rencontreront dans les universités et dans la vie professionnelle de tous les
jours ?

Coordination avec les familles

Le rôle de la famille

La famille joue un rôle prépondérant dans la transmission de la Foi. Or les familles


chrétiennes elles-mêmes sont peu ou pas initiées aux mystères de la Foi. Il est de la
plus haute importance de donner aux parents une formation de formateurs. Nous
verrons aussi qu’il est important que la formation catéchétique se fasse en
coordination avec la famille.

 Quel que soit le mode de l’initiation chrétienne post-baptismale, qu’il nous soit
permis de souligner l’importance de la « continuité » entre la famille, l’école –
si elle est chrétienne- et la paroisse. Souvent les enfants qui commencent à
assimiler les principes de la vie chrétienne trouvent en famille une toute autre

9
atmosphère. Avec le temps, l’indifférence religieuse de la famille contribue au
refroidissement de la foi chez l’enfant chrétien. Aussi est-il important que la
famille prenne part à la formation chrétienne de ses enfants.

Formation des catéchistes

On ne saurait ici souligner assez le rôle des « catéchistes » et le soin à donner à leur
sélection et à leur formation spirituelle. Le manque de personnel pousse souvent à
accepter tous les candidats et à nous limiter à leur réclamer le « possible » qui est
souvent un « minimum ». Pourvu que le cours soit assuré matériellement ! Or, dans
la plupart des cas, ces cours ont peu ou pas d’impact sur les enfants et les jeunes.
Aussi est-il important de réviser, non seulement les méthodes pédagogiques, mais
surtout l’esprit avec lequel le catéchisme est donné. Le catéchisme est fait non
seulement pour être étudié mais surtout pour être vécu : comment faire passer dans
la vie des enfants et des jeunes, les principes évangéliques ? Il ne s’agit pas de
donner des informations mais de former à la sainteté. Un catéchiste devrait être un
apôtre et un pédagogue dans le Christ.

A notre avis, une fois que le catéchiste a obtenu son diplôme il aurait
besoin d’une habilitation spirituelle à l’évangélisation. Ne pourrait-on
pas créer dans notre Eglise ou au niveau de l’APECL un centre de
formation spirituelle de catéchistes qui ne sauraient exercer leur
profession avant d’avoir reçu un certificat de compétence spirituelle ?

Enfin, dans un monde en perpétuel changement et où les laïcs sont de plus en plus
éloignés de l’Eglise, voici quelques réflexions sur le rôle des curés et des agents
pastoraux :

Aller vers les brebis


 A l’instar du Christ Bon Pasteur, les Pasteurs en général et le curé avec les
agents pastoraux en particulier devraient aller vers les brebis et non pas
attendre que ces dernières viennent d’elles-mêmes.

Comment aller vers les brebis ? Comme Jésus et les Apôtres il faut visiter le
troupeau, le connaître, parler son langage et l’aider à porter ses fardeaux.

 La charge épiscopale ne saurait se limiter à l’administration matérielle ou


morale du diocèse mais à la sollicitude des âmes. Les pasteurs sont là
d’abord pour « paître » les âmes : pour leur donner leur nourriture spirituelle,
les encourager à marcher sur les chemins de la sainteté et du témoignage, les
aider et les encourager dans leur vie quotidienne.

 Retrouver l’importance de la paroisse.

 Le curé devrait pouvoir visiter toutes les maisons de sa paroisse et connaître


ses paroissiens. Là où la paroisse compte un trop grand nombre de fidèles, le
curé pourrait se faire aider par des diacres ou même des laïcs. L’important
c’est que le fossé qui existe entre les clercs et les laïcs, se résorbe par de
vrais ponts de sollicitude, d’écoute et de bienveillance envers les brebis.

10
Connaître les brebis
 Les moyens de communication facilitent l’inventaire des familles, de sorte que
le curé connaisse vraiment bien ses ouailles.
 Avec le contact et la connaissance mutuelle, le curé peut diriger les membres
de l’action paroissiale (jeunes et adulte engagés) vers tel ou tel membre en
difficulté.

Nourrir les brebis


 Profitons des médias chrétiens pour la formation permanente : Les paroisses
pourraient faire appel à Télé-Lumière ou à une autre chaîne chrétienne pour
diffuser à des heures précises des « sessions » d’initiation chrétienne
préalablement concertées et approuvées. Ces sessions devraient pouvoir
donner aux fidèles les outils nécessaires pour lire le monde actuel à la lumière
de l’évangile. A ces sessions pourraient participer respectivement les diverses
composantes paroissiales : enfants, jeunes ou adultes, encadrés par leurs
responsables.
 Favoriser la vie communautaire en paroisse : prendre exemple de la
communauté chrétienne primitive qui avait tout en commun.
 Lire l’Ecriture Sainte en paroisse, la commenter, apprendre à célébrer
ensemble d’une manière nouvelle et engagée la Divine Liturgie.
 Revivifier les mouvements paroissiaux ainsi que les confréries dévotionnelles
dans le sens d’une découverte en profondeur du mystère du salut et d’une
union personnelle, à travers la prière et l’engagement de vie.

Pour conclure nous dirons que la foi des chrétiens est, bien sûr, infusée au
baptême mais elle a besoin pour croître d’un environnement ecclésial sain dans
un monde en mutation perpétuelle et de plus en plus éloigné des valeurs
évangéliques.

III. La vie sacramentelle

La célébration sacramentelle est d’abord un moment sacré de prière ecclésiale dont


la Divine Liturgie constitue le sommet. Il est important que chacun participe en
« membre actif » du Corps qu’est l’Eglise et que, comme tel, il soit:
Initié aux mystères et préparé spirituellement à les recevoir
Solidaire avec l’assemblée
Conscient de son propre rôle à l’intérieur du sacerdoce commun des
fidèles
Prêt à recevoir le don de l’Esprit-Saint
Conséquent dans sa vie quotidienne avec les sacrements qu’il a reçus.

Il n’est pas possible que le chrétien passe du consumérisme sacramentel à la


Communion de l’Esprit-Saint sans s’engager dans :
 La prière personnelle et communautaire
 La lecture assidue de la Parole de Dieu
 La praxis évangélique (pratique des vertus, surtout de la charité
et de l’humilité).

11
Prière personnelle et communautaire
Le sacerdoce des fidèles

Il est providentiel que le nouveau catéchisme apprenne aux chrétiens à prier. Il est
tout à notre honneur que ce soit feu le Père Jean Corbon, prêtre grec-catholique, quii
ait rédigé en grande partie ces passages. Les chrétiens ont besoin d’être initiés à la
prière personnelle sans laquelle pas de «mystagogie » possible. Car c’est avec le
« cœur » que chacun devrait approcher Dieu et son mystère. Le chrétien est prêtre.
L’exercice du sacerdoce commun passe par une présence personnelle à Dieu qui ne
peut se développer que dans la prière du cœur.

Célébrons en sorte que le Seigneur ne nous dise pas : « Ce peuple m’honore des
lèvres mais son cœur est loin de moi ». Or le fidèle ne peut improviser au dernier
moment de tourner son cœur vers le Seigneur. La célébration sacramentelle fait
partie d’un cheminement relationnel avec le Dieu un et trine qui habite dans le cœur
du chrétien.

L’Orient est mystique. Notre Eglise est toute pétrie de la spiritualité des Pères.
Propageons les principes de la prière du cœur. Soulageons les fidèles d’une
approche religieuse moralisante et hypocrite. Apprenons aux fidèles qu’ils peuvent
s’approcher de Dieu et expérimenter l’Onction de l’Esprit-Saint. Donnons-leur les
éléments pour ce cheminement spirituel en les éduquant à renouveler le Don de
l’Esprit en eux, à exercer les charismes propres à la vie baptismale. Renforçons en
eux l’appartenance communautaire. Privilégions les groupes de prière où chacun
apprend à être solidaire des autres et prie à l’unisson avec ses frères et sœurs.
Favorisons l’esprit de louange et d’intercession.
Aidons nos fidèles à développer la prière personnelle, la récitation des psaumes, la
louange. Donnons-leur un bagage suffisant pour la lutte spirituelle. Que les pasteurs
soient les premiers à pratiquer la prière du cœur pour pouvoir l’enseigner aux fidèles.

La prière personnelle devrait se projeter dans la prière familiale qui a connu une
désaffection quasi-totale. Prier au début et à la fin de la journée, avant et après les
repas, rendre grâces, supplier etc… Les chrétiens ont oublié qu’ils sont eux-mêmes
des temples de l’Esprit-Saint et qu’ils peuvent à tout moment faire monter l’offrande
des lèvres pures. Enfin pourquoi, dans les entreprises gérées par des chrétiens,
oublie-t-on de prier ?

Lecture de la Parole de Dieu


Le chrétien est prophète

Comment le chrétien pourra-t-il participer avec fruit et en connaissance de cause aux


sacrements s’il ignore la Parole de Dieu ? La lecture de l’Ancien Testament est
nécessaire pour une bonne initiation à la pédagogie salvifique de Dieu. Nous avons
oublié que le chrétien est prophète. Il devrait pouvoir lire et comprendre intimement
la Parole de Dieu grâce à l’Esprit de Jésus qui est un esprit de prophétie. Etre
prophète c’est écouter et garder la Parole du Seigneur et reconnaître sa Venue en la
préparant en servant l’Unité de son Corps. Pour cela la Parole doit être proche de
nos lèvres et proche de nos cœurs.
 Comment apprendre aux fidèles à exercer leur prophétisme baptismal ?
 Comment sortir des célébrations liturgiques formelles et pointilleuses vers une
libération spirituelle de l’être baptismal ?

12
 Comment préparer la Seconde Venue du Christ dans la réconciliation et
l’Unité ?
 Comment tendre vers la parousie dans la plénitude de l’espérance ?

La praxis évangélique
Le chrétien est roi
Enfin quelle célébration sacramentelle serait fructueuse si, au sortir de l’espace
rituel, le chrétien agit contrairement à l’enseignement du Christ ? Cette dichotomie
est la base de la ruine de l’esprit chrétien et de la médiocrité des baptisés. Un
chrétien doit savoir comment se conduire à l’école, à l’université, au travail, dans le
monde. Certaines modes, attitudes ou agissements devraient être bannis dans une
société chrétienne or voici que ce sont les chrétiens qui les adoptent, les pratiquent
et les propagent !!!

Le chrétien est roi car il est appelé à hériter du Royaume de Dieu et comme tel à
combattre et à vaincre le péché qui le guette. Passons d’une conception « morale »
de la vie à une conception « nuptiale ». Le baptisé est un être qui est appelé à établir
une « alliance » avec Dieu, une alliance si intime qu’elle est « nuptiale » : c.a.d.
qu’elle implique le don mutuel illimité et la participation aux mêmes biens. La
« morale », comme la lettre, tue. L’Esprit vivifie. Là où est l’Esprit du Christ là est la
liberté : la liberté de recevoir l’Amour de Dieu et d’y répondre par une fidélité sans
cesse renouvellée.

Ainsi le chrétien prêtre, prophète et roi s’approchera dignement, au milieu de


l’assemblée ecclésiale, des sacrements qui lui transmettent l’Esprit de la promesse
pour le sceller du sceau du salut. Il recevra dès ici-bas la vie éternelle et connaîtra le
Dieu vivant et son envoyé Jésus-Christ dans l’expérience émouvante de la Foi vive.
« La chaleur de la Foi », dit le prêtre en versant l’eau chaude sur les espèces dans le
rite du Zéon. Puissions-nous être brûlants du désir de participer aux mystères divins
car Dieu aime l’homme de désirs : « que celui qui a soif s’approche, que celui qui a
faim vienne » (cf.Ap.22,17) .

Agnès-Mariam de la Croix

13

Vous aimerez peut-être aussi