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JOSEPH KENTENICH

Mûs par l'Esprit Saint

Textes choisis pour l'année de l'Esprit Saint1

1
Titre original, Joseph Kentenich, Vom Geist bewegt, Vallendar – Schoenstatt 1997.

La sélection des textes à traduire fut effectuée par P. Paul Zingg et la traduction vers la langue française a
été assurée par Herménégilde Ntabiriho, Mont Sion Gikungu, Bujumbura.

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Sommaire

1. Le christianisme comme une communication de la vie

2. Marie et le Saint Esprit

3. Là où le Saint Esprit trouve Marie …

4. Guérison et ennoblissement de la nature

5. Purification de la vie psychique inconsciente

6. La plus profonde transformation

7. Le courage de la foi

2
1. Le christianisme comme une communication de la vie2
Le christianisme est de façon primaire une révélation de la vie et nom de la vérité. Cette
thèse se trouve au commencement. Quand vous entendez cette thèse, vous devez laisser
cette parole faire effet sur vous: révélation. Ça peut être une révélation de la vérité et une
révélation de la vie. La révélation peut être un dévoilement des vérités et un dévoilement
de la vie. Le christianisme est de façon primaire une révélation de la vie et en deuxième
lieu seulement une révélation de la vérité, donc premièrement un dévoilement et une
communication de la vie et deuxièmement un dévoilement et une communication des
vérités.

Premièrement donc, une communication de la vie. Qu'est-ce que cela veut dire? La
religion catholique, le christianisme est d'abord une irruption de la vie divine dans la
personne du Christ, dans le terrestre, dans le temporel. Révélation de la vie! Qu'est-ce qui
est révélé? Qu'est.ce qui nous est donné? La vie divine dans la personne de Jésus-Christ.

Cela ne suffit pas encore. Un petit pas en avant! Cette irruption de la vie divine dans le
temporel est en même temps une union, une liaison, un mariage, si vous voulez, de cette
vie divine avec l'épouse du Christ, avec son Eglise ici sur terre.

Cela ne suffit pas encore. La vie que la religion représente est en même temps l'agir du
Christ qui se déploie constamment selon les lois du développement et le co-agir de son
épouse, de l'Eglise, pour dédiaboliser, purifier, diviniser et transfigurer le monde. Si nous
comprenions bien cette thèse, nous commencerions à y voir plus clairement.

Si vous voulez entrer en détails, alors il ne faut pas perdre de vue que chaque vraie vie,
chaque vie véritable suit les lois du développement, et ainsi de même la vie divine qui
nous a été apportée en Jésus-Christ. Et où sont les forces motrices qui sont actives,
vivantes et efficaces dans ce développement? Il me semble que nous devrions nommer
surtout les trois:

C'est d'abord la vie divine immanente elle-même. Ici le Christ est lui-même la force
motrice, le Dieu-Homme est dans sa personne une force extrêmement chargée. C'est
évident que cette force chargée ne peut pas se déployer tout d'un coup, tout simplement
parce que le vase, l'Eglise n'est pas capable de la contenir à la fois. Elle est constituée par
des hommes. Voilà une force motrice, c'est le Christ lui-même, la vie divine elle-même, et
l'immense plénitude qui a été donnée dans le Christ, cette personnalité chargée de force.

Et le deuxième élément qui indique la direction est: la capacité d'accueil des membres
de l'Eglise. Il ne faut pas le dédaigner ni lui donner peu de valeurs. Voyez-vous, le bon
Dieu s'accommode de façons diverses à la compréhension de l'esprit humain. Prenez si
vous voulez l'espèce germanique, comme elle a eu beaucoup de retentissement au
Moyen-âge avec la profondeur de coeur, comme nous le percevons encore chez le petit
peuple. Là-dedans se cache la faculté d'accueillir, à partir de la vie divine, à partir de la
plénitude du Christ, les vérités, les semences de la vie qui particulièrement, peuvent être
facilement accueillies par le coeur. C'est ainsi que ça s'explique pratiquement que dans
toute l'histoire de l'Eglise, le peuple était en tête dans le domaine de la mariologie. Voyez-
vous, la vie divine dans le Christ Jésus s'est déployée d'après la capacité d'accueil du
vase. Et puisque dans la mariologie il s'agit généralement des vérités, des relations de la
vie, des formes de la vie qui sont appréhendées par le coeur, pour cette raison – nous

2
Tiré de Joseph KENTENICH, Vom Geist Bewegt", 1997 p. 16–20.

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devons ainsi le concéder – le peuple germanique a été en tête dans la mariologie. (…)

Un troisième élément qui déploie la force de propulsion, la force motrice, ce sont les
besoins du moment. Voyez-vous, le bon Dieu veut aussi nous donner la vie divine en
Jésus-Christ pour surmonter les circonstances du moment, pour satisfaire aux besoins du
moment.

La religion catholique, le christianisme se tient devant nous à bon droit de façon primaire
comme une révélation de la vie, une révélation du mariage de la vie divine dans le Christ
avec son épouse, l'Eglise; un mariage, mais aussi un déploiement de cette vie divine
selon certaines régularités. (…)

Cette vie toute jaillissante que le Christ communique à son Eglise, il la déploie seulement
"par des doses" tout au long des siècles. Le plein déploiement, le plein déchargement des
forces chargées dans le Christ Jésus, vous ne le trouvez pas dans le christianisme primitif,
vous le trouvez dans les siècles suivants. Oui, c'est égal, où et comment et quand le
Christ veut déployer les forces vivantes chargées en Lui, que ce soit au 16e siècle ou au
début. Voyez-vous ce que c'est une conception universelle de l'église.

Certes, vous allez demander avec raison: est-ce qu'il n'y a pas de dangers là-dedans? Il y
a certainement des dangers. Voyez-vous, c'est justement le sensus fidei communis, le
sens de la foi, l'Esprit de Jésus-Christ qui nous dit qu'une force vivante divine, le Christ
comme une personnalité, est en action ici. "C'est l'Esprit qui vivifie" (Jn 6,63), qui témoigne
que le Christ est en action.

Voyez-vous le laïc doit se laisser corriger par l'autorité ecclésiastique officielle. Elle a en
fin de compte aussi à expliquer, si quelque chose qui est opérant comme esprit de foi,
découle réellement de l'Esprit du Christ ou si c'est un penchant subjectif préféré. (…)
Comme nous sommes maintenant fortement dépendants comme Eglise dans sa totalité
d'une direction supérieure. Et l'Eglise elle-même, par quoi est-elle conduite? Par la foi que
l'Esprit de Dieu est vivant et est en action dans l'Eglise, à travers la direction de l'Eglise.
(…)

Voulez-vous encore une fois le savoir, exprimé d'une autre manière? Prenez la vie divine
qui nous a été donnée dans le Christ Jésus. Prenez-la à titre de comparaison comme un
germe avec énormément beaucoup de forces embryonnaires. Voyez-vous, quand les
forces embryonnaires se déploieront-elles? Peu importe que ce soit aujourd'hui ou demain
ou après demain. Rien ne va se déployer qui ne soit là comme force embryonnaire.
D'autres parts: que suppose de foi dans l'Eglise, dans la direction de l'Eglise, de
dépendance vis-à-vis de la direction de l'Eglise! D'un côté, la science dogmatique, à
l'arrière-plan la direction de l'Eglise. (…)

Sentez-vous comment une dynamique, une mobilité vient dans l'Eglise? Entre
parenthèses: sentez-vous comment dans notre famille aussi l'esprit de foi est partout en
action et est compris de façon juste? C'est un grand acte de reconnaissance qui veut et
doit nous inonder. Dans tout ce que nous avons entrepris jusqu'à présent – ainsi pouvons-
nous dire – le Saint Esprit a été en tête. A partir de cela la déduction: nous pouvons aussi
nous attendre à ce que le même Esprit continue de nous conduire.

En somme le Christianisme se tient devant nous comme un organisme, comme une


irruption du divin au sein de l'Eglise. Voulez-vous encore une fois le savoir de manière
palpable, formulé autrement? Dois-je vous dire que le Christ a marqué à son Eglise une

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image de lui et de son corps mystique? L'image est marquée, mais combien de temps
cela prendra-t-il à l'Eglise jusqu'à ce qu'elle voit devant elle l'image dans tout son
déploiement. Comme l'image doit être souvent marquée, comme l'Eglise doit se déployer,
jusqu'à ce qu'elle soit capable de profiter en soi de chaque trait particulier !

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2. Marie et le Saint Esprit:
a. Le Saint Esprit Créateur de la vie
b. Le Saint Esprit dans la vie de la Sainte Vierge.

Marie doit "régner avec un pouvoir illimité et non seulement prendre une place, même si
elle est prédominante, dans le temple de la congrégation, dans le sanctuaire de notre
coeur." C'est ce qui fut décidé le jour de la fondation de la congrégation mariale. Dans le
premier mois de Marie de la congrégation, cette dernière avait accompli une bonne route
pour approcher du but. C'est pourquoi la dernière conférence de mai apporte une
certaine conclusion au développement des idées et un point d'appui: Marie et le Saint
Esprit:

Il convient très bien au Mois de Marie de faire place au Mois du Sacré-Coeur. Cette fois,
ce changement se produit à un jour de fête très important pour l'Eglise – au jour de la
Pentecôte. Le jour de la Pentecôte est le dernier jour de mai et le premier juin, en tant que
lundi de la Pentecôte continue sur cette lancée. D'où trois sujets qui s'imposent d'eux-
mêmes pour la conférence d'aujourd'hui: Marie, le Sacré-Coeur et le Saint Esprit. Nous
pouvons cette fois laisser de côté le Sacré-Coeur de Jésus car prochainement nous
aurons l'occasion d'y revenir plus longuement.Les deux autres sujets peuvent n'en faire
qu'un seul et on peut le formuler ainsi: Les rapports de notre Mère du Ciel avec le Saint
Esprit. Ainsi, ce sujet s'ajoute tout à fait naturellement à notre cycle de conférences. Nous
avons l'intention d'édifier en nous une cathédrale en l'honneur de Notre-Dame. Nous
avons déjà creusé les fondations à l'intérieur de notre coeur et nous les avons améliorées
dans certains cas. Ceci s'est fait en recherchant soigneusement dans le passé, à
commencer par notre situation spirituelle actuelle pour arriver jusqu'à toutes les grâces et
tous les dons que nous devons à la Vierge, en arrière jusqu'aux premières perceptions de
la grâce de notre vocation, oui, jusqu'aux premières perceptions de la grâce de notre
vocation, oui, jusqu'aux premiers tâtonnements de notre amour marial dans notre tendre
jeunesse. Après avoir trouvé et réparé ces murs de fondations, nous avons, tout un
chacun, vérifié si ces bases pouvaient supporter un édifice, puis nous avons fait un plan
de construction qui était orienté sur l'application concrète et la nécessité d'un degré très
élevé d'amour marial en vue de notre vie ultérieure de prêtre et d'apôtre. Je rappelle les
conférences sur les rapports de Marie avec l'activité apostolique et sacerdotale et les
résolutions et les plans qui en découlaient. Ces travaux préliminaires sont maintenant
terminés, maintenant on s'attaque à la construction. Ou bien est-ce que la fin du mois de
mai signifierait pour nous la fin de notre effort exceptionnel pour l'édification de la
cathédrale mariale en nous! Il eût mieux valu que nous n'ayons jamais commencé! Mais
non, en tant qu'hommes raisonnables et conscients de leur but nous allons achever
activement ce que nous avons commencé. Nous voulons poser pierre sur pierre, sans trou
et dans l'ordre et non pas prendre le premier matériau qui nous tombe sous la main sans
le choisir et sans respecter le plan. Car il s'agit d'édifier une oeuvre monumentale, capable
de résister aux tempêtes du temps et de la vie et ce avec succès. C'est pourquoi nous
voulons empoigner encore plus fort l'épée que nous avons saisie. Comme les Israélites
qui ont reconstruit leur temple après leur retour de l'exil la truelle dans une main, l'épée
dans l'autre, nous voulons lutter énergiquement contre les ennemis qui veulent nous
empêcher de continuer à construire et en même temps construire pour ne pas perdre de
temps; surtout. Chacun des murs, chacun des arcs, chaque pierre doit porter le
monogramme de Marie, c’est-à-dire sans métaphore: Dans la suite fidèle et l'imitation de
Marie nous voulons développer toutes nos qualités pour former un ensemble harmonieux,
tel qu'il nous est demandé à l'avenir par notre vocation de prêtres. Mais qui nous donnera

6
la force nécessaire de poursuivre ce labeur et de le terminer? Ce n'est personne d'autre
que le Saint Esprit à travers la Vierge Marie.

a) I. C'est le Saint Esprit qui éveille tous les bons germes qui sont en nous pour une vie
nouvelle, forte et prospère.

Pour nous en convaincre, il me suffit de rappeler ici les devoirs de la troisième personne
divine et son action le jour de la Pentecôte qui se répète au cours des siècles partout et
toujours et qui ne cesse de se répéter.

Dans le Credo, nous affirmons et croyons ceci: Credo in Spiritum sanctum, Dominum et
vivificantem. Je crois au Saint Esprit qui est Seigneur et qui donne la vie. La foi catholique
– et dans ce cas précis elle est, sans contredit, celle qui a à dire le dernier mot – la foi
catholique donc met le Saint Esprit en rapport étroit avec la vie. C'est lui qui fait, qui crée
la vie.

Spiritus Domini replevit orbem terrarum et hoc, quod continet omnia, scientiam habet
vocis3. C'est ainsi que commence l'introït de la messe de ce jour, c'est la prière que nous
disons pendant la semaine de la Pentecôte à midi et le soir avant les repas. L'Esprit du
Seigneur remplit l'univers et lui qui tient tout (qui embrasse tout) il a la science de la voix,
c’est-à-dire que devant lui tout est ouvert, même le plus petit mouvement de vie de sa
créature dans son être intérieur, la pensée prononcée et la pensée secrète (voir Reck,
Missel en tant que livre de contemplation, II2, p.2).

Spiritus Domini replevit orbem terrarum. N'est-ce pas un rappel évident, une répétition très
claire des paroles qui se trouvent tout au début de la Sainte Ecriture: Et Spiritus Dei
ferebatur super aquas – et l'Esprit de Dieu planait sur les eaux4 – sur les matières
fondamentales d'où serait formé tout ce qui est terrestre. Et effectivement, la Pentecôte
est en étroit rapport avec l'oeuvre de la création, la Pentecôte est un autre, un nouveau
jour de la Création. Le Saint Esprit descend du ciel sur la terre pour y entreprendre une
nouvelle création d'ordre spirituel et moral. Il va renouveler la vie morale et religieuse de
chaque individu. Nous reconnaissons cette vérité et nous prions pour qu'elle soit
confirmée en nous à chaque fois que nous joignons les mains pour prier: Emitte Spiritum
tuum, et creabuntur. Envoie ton Esprit et tout sera créé, à nouveau5. Tout le visage de la
terre doit être renouvelé par le Saint Esprit. Et renovabis faciem terrae6. Le Sauveur a
fondé son royaume sur terre: l'Eglise catholique. Le Saint Esprit doit maintenir ce royaume
et l'étendre jusqu'aux extrémités de la terre. Par lui, l'Esprit du Christ doit vaincre l'esprit
du monde, la domination des mauvais esprits doit faire place aux revendications
inaliénables de Dieu.

Telle est la tâche de Celui qui donne la vie: Renouveau moral et religieux de l'individu et
de l'ensemble de l'humanité.
Que le Saint Esprit soit capable d'accomplir cette tâche, son action et son influence le jour
de la Pentecôte en sont la preuve.

Humainement parlant, le Sauveur avec ses grands projets se salut du monde a abouti à
un fiasco. Lui, le grand connaisseur des âmes, lui qui conduit le coeur de l'homme comme
un ruisseau, il fut pendant trois ans le pédagogue, l'instructeur – le maître de novices de

3
L'Esprit du Seigneur remplit l'univers, et lui qui contient toutes choses, connaît toute parole. Voir Sg 1,7.
4
Gn 1,2.
5
D’après l’ancienne prière à l’Esprit Saint : Veni Sancte Spiritus.
6
Idem.

7
ses apôtres. Et le succès? Ils ne comprennent pas leur Maître, ils ne saisissent pas sa
doctrine. Entièrement plongés dans le terrestre ils n'arrivent pas à s'élever à la hauteur
d'une manière de penser surnaturelle. Leurs idées et leur action se limitaient à l'honneur et
le rang d'un royaume messianique terrestre. Chacun veut être le premier, le plus grand
dans ce royaume. Mais lorsque la dure réalité eut détruit leurs châteaux imaginés –
lorsque le Sauveur prit le chemin de la souffrance la plus cruelle et de la mort – alors ils
abandonnèrent leur maître, ils prirent la fuite. L'un des plus courageux d'entre eux qui, un
peu auparavant, avait encore tiré son glaive pour le Sauveur dans un élan de chevalerie
naturel, celui-là tremble comme feuille au vent devant le regard et les paroles d'une simple
servante.

Tels sont les hommes, les élus à qui le crucifié confie sa cause, sa mission. C'est à eux
qu'il confie une tâche aux dimensions du monde: Euntes in universum mundum praedicate
evangelium omni creaturae…7

N'est-il pas absurde d'attendre une issue heureuse de la cause du Christ dans des
circonstances pareilles? Patience! L'armure des apôtres n'est pas encore prêtre. Le Saint
Esprit doit mettre de l'ordre dans le chaos de leur coeur – car il est vide et dévasté comme
lors des six premiers jours de la Création. Il doit les instruire dans tous les détails de la
vérité et les encourager à porter des actes apostoliques courageux. C'est ce qu'avait
promis le Sauveur.

Avec un profond désir intérieur, les apôtres attendent la réalisation de cette promesse. Et
vraiment! Ce qu'on attendait arrive! La tempête et les langues de feu lui ouvrent le chemin.
Il descend sur chacun d'entre eux – et le miracle de la transformation s'accomplit.
Maintenant les Douze n'ont plus peur d'une servante. Ils reconnaissent clairement la
grandeur de leur vocation surnaturelle. Repleti sunt omnes Spiritu sancto8: Tous furent
remplis du Saint Esprit et par lui. Et coeperunt loqui – et ils se mirent à parler9. Toutes les
paroles que le Sauveur leur avait dites mais pendant longtemps étaient restées au fond de
leur âme trouvent maintenant un écho joyeux dans leur âme. Ils reconnaissent dorénavant
toute la grandeur de leur vocation surnaturelle. Et coeperunt loqui! Maintenant ils ne
craignent plus le sourire méprisant et moqueur d'une servante. Avec courage, ils affrontent
le monde entier, désireux de verser leur sang et d'offrir leur vie pour le Christ et son
royaume. Une force émane d'eux à laquelle on peut difficilement résister. C'est ainsi que
leur départ en compagne est une victoire qui se répète au cours de tous les siècles
chrétiens tant que le Saint Esprit trouve des coeurs humains désireux et ouverts dans
lesquels il peut descendre. Philipe Néri voulut tout mettre au service du royaume du Christ
avec dix autres prêtres, détachés du monde…
Et nous, mes chers membres de la congrégation mariale, que de fois avons-nous soupiré
dernièrement après le dispensateur de toutes grâces! Veni Sancte Spiritus – viens, viens
donc, ô Esprit Saint! Nous savons qu'il t'est facile de nous métamorphoser entièrement, de
développer victorieusement tous les bons instincts et toutes les forces qui sont en nous.
Viens! Remplis de la force de ta grâce le coeur que tu as créé.

b) II. Mais n'avons-nous pas déjà reçu plus d'une fois le Saint Esprit! Tous les ans, nous
fêtons la Pentecôte. Mais on ne remarque rien qui ressemble à une transformation
complète, à un renouveau moral et religieux. Cela se peut! Alors, la faute est à nous, et
non à l'Esprit Saint. Mais cette année, nous pouvons être sûrs d'un plus grand succès
dans ce domaine.

7
Cf. Mc (Vulgate) 16,15.
8
Cf. Ac 2,4.
9
Idem.

8
Cette fois, comme les apôtres au Cénacle, nous nous sommes préparés à sa venue. Et
erant omnes unanimiter perseverantes cum Maria, matre Jesu10. Autour de Marie et
rassemblés avec elle ils firent une neuvaine dans l'entente mutuelle pour attirer le Saint
Esprit et une grande quantité de grâces célestes. Marie a coopéré comme nulle autre
personne à l'oeuvre de l'Incarnation et du salut du monde le jour de la Noël et de Pâques,
et comme nulle autre personne, elle a participé au premier jour de la Pentecôte (Hilgers,
Brochure U, L, Fr., p. 272 sq.). De la même manière, nous nous sommes réunis dans la
congrégation mariale autour de Marie, nous avons uni nos prières aux siennes. Et pour
sûr, sa prière comme jadis aura de l'effet; elle aura autant de pouvoir sur le dispensateur
des grâces qu'elle a de poids pour lui, qu'elle a d'influence sur lui.

Mais la nature particulière de cette influence nous est évoquée dans la Sainte Ecriture et
la tradition de l'Eglise où Marie est présentée comme la fiancée du Saint Esprit. C'est
pourquoi il règne un amour réciproque et tendre entre eux, un désir joyeux de réaliser les
suppliques et les intercessions de l'autre. Le Saint Esprit se fait un honneur de répandre
ses grâces par sa fiancée, oui, il va jusqu'à devancer ses désirs, par amour. C'est à peine
qu'il l'a couverte de son ombre qu'il la pousse et la mène par les montagnes pour
communiquer à la maison de Zacharie ses dons. Elisabeth est remplie de l'Esprit Saint et
son enfant – Jean le précurseur du Seigneur – reçoit la grâce de la justification. Mais pour
qu'il n'y ait pas malentendu dans cet événement et pour que son amour de Marie soit
clairement exprimé, il chante par la bouche d'Elisabeth les louanges de la Vierge, sa
fiancée. Par là, nous reconnaissons une loi qui a une valeur irréfutable dans l'ordre
surnaturel:
La vénération et la louange mariales ne plaisent pas seulement au Saint Esprit,
bien plus, c'est lui qui en est la cause – et Marie ne peut pas être chantée dignement sans
sa lumière et sa force à lui. Plus l'amour marial est grand, plus riche et plus incessant sera
le courant de grâces, déversées par l'Esprit Saint et vice-versa plus quelqu'un est rempli
de l'Esprit Saint plus son amour marial est ardent.

Heureux les apôtres que se sont assuré la faveur de la Vierge Marie et ont supplié le Saint
Esprit de descendre sur eux. Le succès correspondait à leur attente.

Heureux sommes-nous de nous être rapprochés étroitement et intérieurement de Marie,


de lui avoir confié nos intentions, d'avoir mis à ses pieds nos désirs et nos prières et
requêtes au Saint Esprit.

Justement, aux jours de la Pentecôte, l'apôtre s'enthousiasme davantage. Il voit l'idéal de


sa vocation dans les Apôtres remplis de l'Esprit Saint et partis à la conquête du monde.

La conscience, le sentiment de l'incapacité, de la faiblesse et de la médiocrité


personnelles n'en sont que plus désagréables et douloureux. Et ceci d'autant plus qu'au
dehors nous entendons la tempête faire rage et de grands incendies brûler. Ce ne sont
pas des tempêtes ni des incendies de la Pentecôte. Ce sont les tempêtes qui menacent
de renverser les piliers de l'Eglise et de tout ordre, ce sont les feux des passions
pécheresses qui brûlent dans les coeurs de milliers de personnes, qui jaillissent dans les
coeurs de milliers de personnes, qui jaillissent dans les yeux de milliers et de millions de
personnes. Notre supplique se fait d'autant plus insistante et intérieure de nos jours: Veni
Sancte Spiritus: Viens, viens donc enfin Esprit Saint, avec ton feu sacré et ton pouvoir de
tempête ! Balaie de notre intérieur, brûle tout ce qui est pourri en nous, ce qui ne doit pas
vivre, ce qui ne te plaît pas.

10
Ac 1,14.

9
Lava quod est sordidum11 – Lave en nous ce qui n'est pas pur, ce qui est souillé. Riga,
quod est aridum12 – Envoie la rosée rafraîchissante à notre âme que le vent de la tentation
n'atteint pas. Da tuis fidelibus, in te confidentibus, sacrum septenarium13: Donne-nous, à
nous qui avons confiance en toi, tes sept dons sacrés.

Da virtutis meritum, da salutis exitum, da perenne gaudium14.

11
Cf. Veni Sancte Spiritus.
12
Idem.
13
Ibidem.
14
Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Cf. Veni Sancte Spiritus.

10
3. Là où le Saint Esprit trouve Marie…15
Et maintenant, laissons-nous une fois attirer l'attention sur une régularité particulière dans
le royaume de Dieu. Un saint vénérateur de Marie, dont le nom est Grignion de Montfort,
nous a une fois expliqué de façon très compréhensible une loi du royaume. Il dit ainsi:
Quand le Saint Esprit découvre dans une âme son épouse, la Mère de Dieu (…), alors le
Saint Esprit entre dans cette âme avec sa richesse infinie. Donc il forme auparavant la
Mère de Dieu en nous. De nouveau – et quand il découvre la Mère de Dieu en nous, un
reflet de la Mère de Dieu, alors il n'est pas rare, alors il n'est pas réservé; il vient dans
cette âme avec sa richesse infinie, et il donne ses dons, ses grâces, il apporte ses
cadeaux en proportion de ce que l'âme est devenue un reflet de la bonne Mère de Dieu.
Est-ce que ce ne sont pas là des contextes merveilleusement beaux et profonds? (…)

Maintenant Grignion de Montfort dit: nous trouvons aujourd'hui très peu de figures idéales
parmi les chrétiens par lesquelles le bon Dieu, le Saint Esprit opère des merveilles de la
transformation spirituelle. Et pourquoi? Parce que le Saint Esprit forme et façonne
seulement quelque chose d'héroïque, là où il trouve son épouse inséparable. Donc le
Saint Esprit veut seulement pénétrer profondément dans l'âme où il retrouve son épouse,
qui lui est liée de façon inséparable. Par conséquent quand il ne découvre pas en moi
Marie, quand il ne découvre pas aucune figure mariale, aucune attitude mariale, aucun
reflet de la bonne Mère de Dieu, alors il n'a aucun intérêt d'accomplir en moi quelque
chose de grand.

Oui, ici nous devrions en soi nous arrêter un peu. Et si nous creusons plus profondément
alors cette grande loi veut nous dire – nous nous souvenons de ce que nous prions dans
le credo – : Et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine (par le Saint Esprit, il a
pris chair dans le sein de la Vierge Marie). Qu'est-ce que cela signifie? Comment, par
quelles voies, de quelle manière le Fils de Dieu a-t-il pris chair, et incarnatus est? La
réponse – nous le prions vraiment beaucoup de fois – : par le mariage du Saint Esprit
avec la Mère de Dieu, de Spiritu Sancto ex Maria Virgine; du fait que le Saint Esprit a pris
possession de la Mère de Dieu, a mis en mouvement pour ainsi dire la semence
maternelle: Et verbum caro factum est (et le verbe s'est fait chair), et incarnatus est (et est
devenu homme). C'est la même loi, comme nous devons de nouveau renaître – par quel
moyen se fait cela? Du fait que le Saint Esprit se remarie – ex Maria virgine. Celui qui doit
accepter la figure du Christ, celui qui veut être façonné du Christ, qui doit être un alter
(autre, deuxième). Christ – et c'est vraiment le sens même du christianisme: nous devons
devenir d'autres Christ – oui, comment le devenons-nous? Comment le devenons-nous de
façon plus complète? Du fait que le Saint Esprit découvre en nous la Mère de Dieu et qu'il
façonne à présent le Christ de nouveau en nous, dans et à travers son épouse.

15
Tiré de Joseph KENTENICH, Vom Geist bewegt" p.38 – 39.

11
4. Guérison et ennoblissement de la nature16
Tenez-vous fermement: dans la mesure où le Saint Esprit tient le sceptre dans l'âme,
notre nature est protégée, de même l'originalité de la nature. C'est une très grande
erreur de croire que notre nature devrait se briser sous le sceptre de la grâce. Ce qui
devrait être brisé, c'est seulement le malade, le vicieux, non ce qui est sain. Ça deviendra
encore plus sain sous le sceptre du Saint Esprit. Le Dieu qui a créé notre nature, sait
mieux ce dont nous avons besoin. Pour cette raison, prier chaque fois: «Veni, Sancte
Spiritus… – Viens, Esprit-Saint!» (…)

Rappelez-vous, s'il vous plaît, ce que nous avons dit une fois de la nature malade. Si vous
n'êtes pas convaincus de la très grande et profonde faiblesse de notre nature, vous ne
pourrez jamais naturellement estimer de façon juste l'activité de Dieu dans l'oeuvre du
salut. Justement parce que notre nature est si faible, ça ne suffit pas que le bon Dieu
travaille avec la nature à travers les «vertus infuses»17. Il doit pour ainsi dire se retrouver
lui-même. Son activité dans l'acte du salut doit devenir transcendante. Nous ne pourrons
pas de nous-mêmes guérir la nature. Vous vous souvenez peut-être de comment
j'appelais le mot: gratia medicinalis. La grâce est aussi réellement la médecine pour la
nature malade. Dans l'état d'avant le péché originel, on ne connaissait pas de gratia
medicinalis.

Vous vous rappelez comment nous pouvions nous représenter la nature humaine comme
une sorte de nature pure. Par le péché originel, ce ne sont pas seulement les dons
exceptionnels qui se perdirent, mais aussi la nature a eu en quelque sorte des points de
côté.

Si la nature doit être guérie, alors l'activité de Dieu dans l'oeuvre du salut doit devenir tout
à fait transcendante. Celui qui n'est pas convaincu du poids du péché originel, pourra
naturellement à peine prendre avec toute l'ardeur du coeur les dons et les grâces du Saint
Esprit. C'est pourquoi nous faisons aussi l'observation que quand le bon Dieu veut s'attirer
un coeur humain, toujours il lui révèle d'abord ses difficultés, petitesse, sa dépendance. La
raison pour cela: l'homme ne peut autrement s'étendre vers Dieu. Dieu attire de façon
exceptionnelle seulement, ceux qui reconnaissent de fait leur petitesse. «Et exaltavit
humiles» Et il élève les humbles ( Lc 1,52).

Je peux dire aussi une troisième fois l'autre pensée: là où l'âme reçoit une relation intime
avec le Saint Esprit, Dieu est actif de la manière dont je l'ai exposé plusieurs fois. Là où
une relation personnelle à l'Esprit Saint est en train de devenir, nous remarquons aussi
dans l'attitude spirituelle cette façon héroïque en train de s'établir, mais nous devons
chaque fois tenir fermement à ceci: sans que la nature devienne dénaturée. C'est que je
peux bien m'imaginer que quelqu'un qui entend pour la première fois, ce que je considère
comme l'effet des dons du Saint Esprit, peut secouer la tête et dire: dans ce cas, nous
devons être fous. Non, nous devons tous être attirés vers le haut. Mais si vous savez
comment j'ai présenté la relation entre la nature et la grâce, alors vous êtes tout d'abord
sûrs que le fait d'être rempli par l'Esprit Saint ne dénature pas. Vous trouverez chaque fois
que là où le Saint Esprit souffle dans les voiles avec puissance la nature devient
proportionnellement plus pure, plus saine, plus généreuse et plus noble.

16
Tiré de Joseph KENTENICH, Vom Geist bewegt" p. 93 – 95.
17
eingegossenen Tugenden.

12
Nous devons avoir clairement cela dans l'ascèse comme un but devant nous. La Sainteté
est à mettre au même rang qu'une humanité noble. Il ne faut pas vouloir mettre au
même rang la Sainteté avec la destruction de la nature. Sans les dons du Saint Esprit,
sans l'activité divine transcendante, nous ne pourrons jamais remplir ces abîmes dans
notre nature malade, jamais pouvoir anoblir, ennoblir, développer de l'intérieur vers le haut
la nature.

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5. Purification de la vie psychique inconsciente18.
Aujourd'hui on voit dans la nature humaine beaucoup plus fortement l'irrationnel, le
subconscient ou l'inconscient. Et ce qui est vrai est sans aucun doute – c'est ainsi chez
nous tous –, ce que nous voulons inconsciemment, nous le faisons sensiblement de
préférence et plus que ce que nous voulons consciemment. C'est pourquoi notre
éducation dépend beaucoup, même pour notre éducation surnaturelle, que ça nous
réussit de purifier, de transfigurer, de diviniser la vie psychique inconsciente, de
même notre propre vie spirituelle. Le dogmatique a prévu depuis longtemps pour cela une
place, mais qui est si surnaturelle que la plupart de fois, elle n'est pas bien comprise: c'est
le sens des dons du Saint Esprit. Ils s'emparent de la vie psychique inconsciente. (…)

C'est justement ainsi, les dons du Saint Esprit sont pour nos instincts malades – je dis
intentionnellement: instincts malades, oui, nous avons aussi des instincts normaux cachés
en nous – le contrepoids et l'antidote. Ce sont des instincts surnaturels. Un jeu de mots:
des instincts naturels de type naturel, mauvais de manière élémentaire, peuvent être
seulement maîtrisés, peuvent être seulement moralisés, peuvent être seulement divinisés
si les instincts surnaturels comme contrepoids sont de façon élémentaire vivifiés, activés.

Mais ici aussi, il ne faut pas perdre de vue que la grâce, de même les dons de l'Esprit
Saint comme forces motrices ne s'accrochent pas dans l'air. Par conséquent, ce n'est
donc pas comme si la nature et le surnaturel seraient séparés l'un de l'autre. Certes, le
dogmatique sépare théoriquement les deux l'un de l'autre quand par exemple il simule:
voici un homme purement naturel et voilà un homme purement surnaturel. Mais quand
nous réunissons les deux, comme c'est le cas en réalité, alors ça signifie, tout le
surnaturel, qu'il s'agisse de l'ordre de l'être, des facultés ou des grâces actuelles,
s'enracine dans la nature de l'homme. Par conséquent les dons de l'Esprit Saint ne
s'accrochent pas dans l'air. Les forces motrices surnaturelles s'attachent aux forces
motrices naturelles.

Qu'est-ce qu'on en déduit? Il ne faut pas laisser agir seul les dons du Saint Esprit, nous
devons aussi employer les moyens naturels pour que les forces motrices élémentaires
inconscientes se relâchent et se détendent pour aller, pour ainsi dire, à la rencontre de
l'activité du Saint Esprit.

18
Tiré de Joseph Kentenich, Vom geist bewegt, p.96–97.

14
6. La plus profonde transformation19
Je crois, mais si nous questionnons l'expérience, alors nous allons pouvoir dire: une
transformation en profondeur, comme à peu près jusqu'à la proximité du changement de
structure – je dis: jusqu'à la proximité – on pourrait l'accepter d'après l'expérience sous
trois points de vue ou peut-être sous une triple hypothèse. Nous voulons ici aussi
questionner de nouveau la vie.

C'est premièrement, quand une très grande souffrance touche notre âme. Chers
confrères, je crois qu'avec de telles considérations, nous devons absolument nous arrêter
volontiers; des considérations qui nous communiquent profondément le sens de la croix et
de la souffrance. Une grande souffrance. Je ne sais pas, vous pouvez peut-être penser à
vous-mêmes, quand une très grande souffrance vous a intérieurement empoigné. (…)
S'il vous plaît, voyez ce que nous avons pu souffrir dans la famille des années durant sous
ce point de vue: si déjà une très profonde transformation – et je peux certifier cela – a été
atteinte dans beaucoup d'âmes, alors je crois, nous devrions historiquement constater
fidèlement, tout cela serait impensable sans cette souffrance spirituelle profondément
incisive, sous laquelle, oui, énormément beaucoup d'âmes, surtout les plus nobles,
saignent. Ça c'est un aspect.

Alors deuxièmement, un tel profond tournant, donc qui atteint, qui touche les profondeurs
de l'âme est possible, quand un très profond repentir nous inonde intérieurement. Mais
ça doit être un repentir qui, ma foi, n'est pas seulement un repentir universel de la volonté,
mais plutôt un repentir poignant.

Pour me permettre de nouveau un regard de côté – nous savons: quand la grâce de la


contemplation inonde l'âme, elle ne veut pas être comprise seulement comme une lumière
béatifique, mais aussi comme une lumière intérieurement mordante, une lumière
dévorante. Qu'est-ce qui est ici dévoré? C'est quelque chose de poignant. Un repentir
extrêmement profond, presque sanglant, peut alors s'emparer de l'âme et l'inonder à
cause de petits et de moindres écarts.

Evidemment, nous sentons tout de suite: de nouveau ce n'est pas possible, sans que le
don du Saint Esprit – spécifiquement et spécialement dans ce cas-ci, le don de la crainte –
inonde l'âme. Ce sont naturellement des univers dont nous sommes très peu au courant,
mais des univers dont nous devrions tôt ou tard nous efforcer de connaître ou y parvenir
en mendiant. Sinon, nous ne comprendrons justement pas toute la richesse de la vie
intérieure. (…)

Ensuite un troisième moment: Quand un jour un grand amour exceptionnellement


immense, profond, nous empoigne intérieurement.

Donc tenez-vous fermement: Quels processus de la vie peuvent-il avec le temps s'élever
dans notre vie psychique inconsciente et y produire des transformations profondes?
Observé psychologiquement: une grande souffrance, un grand repentir, un grand amour.
Mais tout cela n'est pas possible à ce degré sans une profonde activité des dons du Saint
Esprit. Le Saint Esprit doit toujours être actif en nous. Mais là où son activité spéciale doit
être suppliée, c'est là où il s'agit de ce genre de transformation spirituelle dans la vie de
l'individu et dans la vie de la communauté.

19
Tiré de Joseph Kentenich, Vom Geist bewegt, p. 110–111.

15
7. Le courage de la foi20
Nous tenons donc fermement: c'est l'Esprit Saint qui doit déployer en nous le habitus fidei
(l'attitude de la foi) jusqu'à la pleine maturité, afin que nous puissions dire que nous avons
un exceptionnel et surnaturel flair et sens de la réalité, un flair exceptionnel pour le
surnaturel. Je pense que les expressions seraient si concrètes que nous puissions tous
les comprendre. Il n'existe justement pas un monde seulement spirituel, mais aussi un
monde spirituel surnaturel que nous ne pouvons pas, ma foi, voir avec nos pauvres yeux
naturels, pas même avec notre seule raison naturelle. Ici nous avons besoin d'un autre
organe de vision, et même d'un exceptionnel organe de vision, comme l'appelle l'apôtre
Paul: «Justus autem meus ex fide vivit. – Le juste vivra par la foi». (Ha 2,4; Rm 1,17; He
10,38). C'est comme si nous pouvions dire: ceux qui sont passés par notre école, ont cet
exceptionnel sens surnaturel de la réalité. «Justus autem–»

C'est la grande maladie de l'époque actuelle: nous pouvons aujourd'hui rassembler autour
de nous des gens enthousiasmés, mais on aura très peu qui iront avec nous, quand nous
devons, en vertu de notre flair surnaturel, faire le saut de la mort pour la raison, le
coeur et la volonté. Sans le saut de la mort, cela ne va pas. L'homme d'aujourd'hui
voudrait avoir des assurances, des assurances purement humaines, et comme il aimerait
être assuré dans les choses économiques, de même il veut avoir le plus possible
d'assurances dans ses décisions. Et cela ne va pas. C'est bien l'essence de la foi que
l'objet de la foi soit voilé, et qu'il est aussi voilé, même si ici et là il est plus ou moins
éclairé de lumière. Ce n'est pas pour rien si Paul dit que la foi est ce fait de tenir pour vrai
ce qu'on ne peut pas voir, ce qu'on ne peut pas voir avec les yeux naturels, avec nos yeux
déficients, physiques, avec la raison purement naturelle (cf. He 11,1). Ici il y a un tas de
choses, considérées de façon purement humaine, qu'on ne peut pas comprendre. On doit
recevoir un autre organe de perception. Qu'est-ce que c'est ça? C'est la foi.

Il ne faut pas vous imaginer que la foi, même si elle est portée par ce que Saint Thomas
appelle lumen propheticum (une lumière prophétique), luit toujours dans une lumière la
plus claire. Sinon elle ne serait pas une foi dans les dimensions correspondantes
méritoires. Eh bien non, il existe des sauts de la mort. Et celui qui n'est pas prêt à ces
sauts de la mort dans l'abîme, ne doit pas se mêler d'une oeuvre qui s'élève si haut dans
le monde de l'au-delà. Ça ne va pas sans saut de la mort. Pourquoi? Parce que le monde
surnaturel, même s'il est dans une lumière claire, renferme constamment en soi tout un
tas d'obscurités. La foi est argumentum non apparentium (un argument pour ce qui ne se
manifeste pas).

20
Tiré de Joseph Kentenich, Vom Geist bewegt, p. 151 – 152.

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