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Catéchèse du pape François sur les

sacrements de l'Initiation

Première catéchèse du Pape


François sur le baptême
Chers frères et sœurs, bonjour ! Nous commençons aujourd’hui une série de
catéchèses sur les sacrements, et la première concerne le baptême. Par une
heureuse coïncidence, nous célèbrerons dimanche prochain la fête du baptême
du Seigneur.  Le baptême est le sacrement sur lequel se fonde notre foi et qui
nous greffe, comme membre vivant, sur le Christ et son É glise. Avec l’Eucharistie
et la Confirmation, il forme ce que l’on appelle        « l’initiation chrétienne » :
celle-ci est un grand et unique événement sacramentel qui nous configure au
Seigneur et fait de nous un signe vivant de sa présence et de son amour...
Mais nous pouvons nous demander : le baptême est-il vraiment nécessaire pour
vivre en chrétiens et suivre Jésus ? N’est-ce pas, au fond, simplement un rite, un
acte formel de l’É glise pour donner un nom au petit garçon ou à la petite fille ?
C’est une question qu’on peut se poser. Et ce qu’écrit l’apô tre Paul à ce propos est
éclairant : « Ne le savez-vous donc pas : nous tous, qui avons été baptisés en
Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême
dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous
menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-
puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts. » (Rm 6,3-4). Ce n’est donc
pas une formalité ! C’est un acte qui touche notre existence en profondeur. Un
enfant baptisé ou un enfant qui n’est pas baptisé, ce n’est pas la même chose. Ce
n’est pas la même chose, une personne baptisée, ou une personne qui n’est pas
baptisée. Par le baptême, nous sommes immergés dans cette inépuisable source
de vie qu’est la mort de Jésus, le plus grand acte d’amour de toute l’histoire ; et
grâ ce à cet amour, nous pouvons vivre une vie nouvelle, non plus à la merci du
mal, du péché et de la mort, mais dans la communion avec Dieu et avec nos
frères.
Beaucoup d’entre nous n’ont pas le moindre souvenir de la célébration de ce
sacrement, et c’est normal, si nous avons été baptisés peu après notre naissance.
J’ai déjà posé cette question deux ou trois fois, ici, sur la place : que ceux d’entre
vous qui savent la date de leur baptême lèvent la main. C’est important de
connaître le jour où j’ai été immergé dans ce courant de salut de Jésus.
Aujourd’hui, chez vous, cherchez, demandez la date de votre baptême et comme
cela vous saurez bien quel est le jour si beau de votre baptême. Connaître la date
de notre baptême, c’est connaître une date heureuse. Si on ne le sait pas, on
risque de perdre la conscience de ce que le Seigneur a fait en nous, du don que
nous avons reçu. Nous finissons alors par le considérer seulement comme un

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événement du passé – et même pas par notre volonté mais par celle de nos
parents – et qui n’a donc plus aucune incidence sur le présent. Nous devons
réveiller la mémoire de notre baptême. Nous sommes appelés à vivre notre
baptême tous les jours, comme une réalité actuelle de notre existence. Si nous
réussissons à suivre Jésus et à rester dans l’É glise, malgré nos limites et nos
fragilités, et nos péchés, c’est précisément grâ ce au sacrement dans lequel nous
sommes devenus de nouvelles créatures et avons été revêtus du Christ. C’est en
effet en vertu du baptême que, libérés du péché originel, nous sommes greffés
sur la relation de Jésus avec Dieu le Père, que nous sommes porteurs d’une
nouvelle espérance, parce que le baptême nous donne cette espérance nouvelle :
l’espérance de marcher sur la route du salut, toute notre vie. Et rien ni personne
ne peut éteindre cette espérance, parce que l’espérance ne déçoit pas. Souvenez-
vous : l’espérance dans le Seigneur ne déçoit jamais. Grâ ce au baptême, nous
sommes capables de pardonner et d’aimer même ceux qui nous offensent et qui
nous font du mal, nous parvenons à reconnaître dans les derniers et dans les
pauvres le visage du Seigneur qui nous visite et se fait proche. Le baptême nous
aide à reconnaître le visage de Jésus dans celui des personnes démunies, des
personnes souffrantes, et aussi dans celui de notre prochain. Tout cela est
possible grâ ce à la force du baptême !
Un dernier élément important. Je pose la question : est-ce qu’on peut se baptiser
soi-même ? Personne ne peut se baptiser soi-même ! Personne. Nous pouvons le
demander, le désirer, mais nous avons toujours besoin de quelqu’un qui nous
confère ce sacrement au nom du Seigneur Parce que le baptême est un don qui
est fait dans un contexte de sollicitude et de partage fraternel. Toujours, dans
l’histoire, une personne baptise une autre, une autre, une autre… c’est une
chaîne, une chaîne de grâ ce. Mais, moi, je ne peux pas me baptiser tout seul ; je
dois demander le baptême à un autre. C’est un acte fraternel, un acte de filiation
vis-à -vis de l’É glise. Dans la célébration du baptême, nous pouvons reconnaître
les traits les plus authentiques de l’É glise qui, comme une mère, continue à
engendrer de nouveaux enfants dans le Christ, dans la fécondité de l’Esprit-Saint.
Demandons alors de tout cœur au Seigneur de pouvoir expérimenter toujours
davantage, dans notre vie de chaque jour, cette grâ ce que nous avons reçue par le
baptême. Qu’en nous rencontrant, nos frères puissent rencontrer de véritables
enfants de Dieu, de véritables frères et sœurs de Jésus-Christ, de véritables
membres de l’É glise.
Et n’oubliez pas le devoir pour aujourd’hui : chercher, demander la date de votre
baptême. De même que je connais la date de ma naissance, je dois connaître
aussi la date de mon baptême, parce que c’est un jour de fête.

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Deuxième catéchèse du Pape
François sur le baptême
 
Chers frères et sœurs, bonjour ! Mercredi dernier, nous avons initié un cycle,
court, de catéchèses sur les sacrements, en commençant par le baptême. Et je
voudrais m’arrêter encore aujourd’hui sur le baptême, pour souligner un fruit
très important de ce sacrement : il fait de nous des membres du Corps du Christ
et du peuple de Dieu ...
... Saint Thomas d’Aquin affirme que celui qui reçoit le baptême est incorporé au
Christ presque comme son propre membre, et agrégé à la communauté des
fidèles (cf. Somme théologique, III, q.69, art.5 ; q.70, art.1), c’est-à -dire au peuple
de Dieu. À l’école de Vatican II, nous disons aujourd’hui que le baptême nous fait
entrer dans le peuple de Dieu, qu’il fait de nous des membres d’un peuple en
chemin, un peuple en marche dans l’histoire.
En effet, de même que la vie se transmet de génération en génération, ainsi la
grâ ce se transmet aussi de génération en génération, à travers la renaissance sur
les fonts baptismaux, et le peuple chrétien chemine dans le temps avec cette
grâ ce, comme un fleuve qui irrigue la terre et répand dans le monde la
bénédiction de Dieu. À partir du moment où Jésus a dit ce que nous avons
entendu dans l’É vangile, les disciples sont allés baptiser ; et depuis ce moment-là
jusqu’à aujourd’hui, il y a une chaîne dans la transmission de la foi, à travers le
baptême. Et chacun de nous est un maillon de cette chaîne ; un pas en avant,
toujours ; comme un fleuve qui irrigue. C’est la grâ ce de Dieu et c’est notre foi,
que nous devons transmettre à nos enfants, transmettre aux petits enfants, pour
que, une fois devenus adultes, ils puissent eux-mêmes la transmettre à leurs
enfants. C’est cela le baptême. Pourquoi ? Parce que le baptême nous fait entrer
dans ce peuple de Dieu qui transmet la foi. C’est très important. Un peuple de
Dieu en marche et qui transmet la foi.
En vertu du baptême, nous devenons des disciples missionnaires, appelés à
apporter l’É vangile dans le monde (cf. Exhort. apost. Evangelii gaudium, 120). «
Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’É glise et le niveau d’instruction
de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation… La nouvelle évangélisation doit
impliquer que chaque baptisé soit protagoniste d’une façon nouvelle. » (ibid.),
tous, tout le peuple de Dieu, que chaque baptisé soit protagoniste d’une façon
nouvelle. Le peuple de Dieu est un peuple disciple – parce qu’il reçoit la foi - et
missionnaire – parce qu’il transmet la foi. Et cela, c’est le baptême qui le fait en
nous : il nous donne la grâ ce et transmet la foi. Dans l’É glise, nous sommes tous
des disciples, et nous le sommes toujours, pour toute la vie ; et nous sommes tous
des missionnaires, chacun à la place que le Seigneur lui a assignée. Tous : le plus
petit est aussi missionnaire ; et celui qui semble le plus grand est disciple. Mais
parmi vous quelqu’un va dire : « les évêques ne sont pas des disciples, les
évêques savent tout ; le pape sait tout, ce n’est pas un disciple ». Non, les évêques
et le pape aussi doivent être des disciples, parce que s’ils ne sont pas disciples, ils

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ne font pas de bien, ils ne peuvent pas être missionnaires, ils ne peuvent pas
transmettre la foi. Nous sommes tous disciples et missionnaires.
Il existe un lien indissoluble entre la dimension mystique et la dimension
missionnaire de la vocation chrétienne, l’une et l’autre étant enracinées dans le
baptême. « En recevant la foi et le baptême, les chrétiens accueillent l’action de
l’Esprit-Saint qui conduit à confesser que Jésus est le Fils de Dieu et à appeler
Dieu « Abba », Père ! Tous les baptisés et toutes les baptisées d’Amérique latine
et des Caraïbes sont appelés à vivre et à transmettre la communion avec la
Trinité, puisque l’évangélisation est un appel à participer à la communion
trinitaire » (Document final d’Aparecida, n.157).
Personne ne se sauve tout seul. Nous sommes une communauté de croyants,
nous sommes le peuple de Dieu et, dans cette  communauté, nous goû tons la
beauté de partager cette expérience d’un amour qui nous précède tous mais qui,
en même temps, nous demande d’être des « canaux » de la grâ ce les uns pour les
autres, malgré nos limites et nos péchés. La dimension communautaire n’est pas
seulement un « cadre », un « contour » ; elle fait partie intégrante de la vie
chrétienne, du témoignage et de l’évangélisation. La foi chrétienne naît et vit
dans l’É glise et, dans le baptême, les familles et les paroisses célèbrent
l’incorporation d’un nouveau membre au Christ et à son corps qu’est l’É glise (cf.
ibid. n.175b).
À propos de l’importance du baptême pour le peuple de Dieu, l’histoire de la
communauté chrétienne du Japon est exemplaire. Elle a subi une violente
persécution au début du XVIIème siècle. Il y a eu de nombreux martyrs, les
membres du clergé ont été expulsés et des milliers de fidèles ont été tués. Il n’est
resté aucun prêtre au Japon, ils ont tous été expulsés. La communauté est alors
entrée dans la clandestinité, en conservant la foi et la prière tout en étant cachée.
Et lorsqu’un enfant naissait, le papa ou la maman le baptisait parce que, dans des
circonstances particulières, tous les fidèles peuvent baptiser. Lorsque, environ
deux siècles et demi plus tard, 250 ans après, les missionnaires sont retournés au
Japon, des milliers de chrétiens sont sortis et se sont fait connaître et l’É glise a pu
refleurir. Ils avaient survécu par la grâ ce de leur baptême ! Que c’est grand ! Le
peuple de Dieu transmet la foi, il baptise ses enfants et il avance. Et ils avaient
maintenu, même dans le secret, un esprit missionnaire fort, parce que le baptême
avait fait d’eux un seul corps dans le Christ ; ils étaient isolés et cachés, mais ils
étaient toujours membres du peuple de Dieu, de l’É glise. Nous pouvons beaucoup
apprendre de leur histoire ! Merci.

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Catéchèse du pape François sur la
confirmation
 
Chers frères et sœurs, bonjour ! Dans cette troisième catéchèse sur les
sacrements, nous nous arrêtons sur la Confirmation, qui doit se comprendre
dans la continuité du baptême, auquel elle est liée de manière inséparable...
Ces deux sacrements, avec l’Eucharistie, forment un unique événement
salvifique, l’« initiation chrétienne », dans lequel nous sommes insérés en Jésus-
Christ, mort et ressuscité, et nous devenons de nouvelles créatures et membres
de l’É glise. Voilà pourquoi, à l’origine, ces trois sacrements étaient célébrés en un
moment unique, au terme du chemin catéchuménal, normalement pendant la
Vigile pascale. Ainsi se scellait le parcours de formation et d’insertion graduelle
dans la communauté chrétienne, qui pouvait parfois durer plusieurs années. On
avançait pas à pas jusqu’au baptême, et ensuite à la Confirmation et à
l’Eucharistie.
 
On parle en général [en italien] du sacrement de la « Cresima », mot qui signifie «
onction ». Et, en effet, à travers l’huile dit « saint chrême », nous sommes
conformés, dans la puissance de l’Esprit, à Jésus-Christ qui est l’unique et
véritable « Oint », le « Messie », le Saint de Dieu.
Le terme de « Confirmation », nous rappelle aussi que ce sacrement fait croître la
grâ ce baptismale : il nous unit plus fermement au Christ ; il porte à son
achèvement notre lien avec l’É glise ; il nous accorde une force spéciale de
l’Esprit-Saint pour diffuser et défendre la foi, pour confesser le nom du Christ et
pour ne jamais avoir honte de sa Croix (cf. Catéchisme de l’É glise catholique,
n.1303).
C’est pour cela qu’il est important de veiller à ce que nos enfants, nos
adolescents, reçoivent ce sacrement. Nous nous préoccupons tous de les faire
baptiser, et c’est bien, mais peut-être que nous ne nous préoccupons pas assez de
les préparer à la Confirmation. De cette façon, ils vont rester à mi-chemin et ils
ne recevront pas l’Esprit-Saint qui est si important dans la vie chrétienne, parce
qu’il nous donne la force d’avancer. Que chacun de nous réfléchisse un peu :
avons-nous vraiment le souci que nos enfants, nos adolescents, reçoivent la
Confirmation ? C’est important, cela ; c’est important ! Et si, chez vous, vous avez
des enfants, des adolescents, qui n’ont pas encore été confirmés et qui sont en
â ge de l’être, faites tout votre possible pour qu’ils achèvent leur initiation
chrétienne et qu’ils reçoivent la force de l’Esprit-Saint. C’est important !
Naturellement, il est important d’offrir aux confirmands une bonne préparation
dont l’objectif est de les conduire à une adhésion personnelle à la foi dans le
Christ et de réveiller en eux le sens de leur appartenance à l’É glise.
La Confirmation, comme tous les sacrements, n’est pas l’œuvre des hommes,
mais de Dieu, qui prend soin de notre vie en nous modelant à l’image de son Fils,

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pour nous rendre capables d’aimer comme lui. Dieu fait cela en répandant en
nous son Esprit-Saint, dont l’action envahit toute la personne et toute sa vie,
comme cela se manifeste à travers les sept dons que la Tradition, à la lumière de
l’É criture sainte, a toujours mis en avant. Ces sept dons : je ne vais pas vous
demander si vous vous souvenez des sept dons. Peut-être que vous les savez
tous… Mais je vais le dire à votre place. Quels sont ces sept dons ? La sagesse,
l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu. Et ces
dons nous sont précisément donnés avec l’Esprit-Saint dans le sacrement de la
Confirmation. J’ai l’intention de leur consacrer les catéchèses qui prolongeront
celles sur les sacrements.
Lorsque nous accueillons l’Esprit-Saint dans notre cœur et que nous le laissons
agir, le Christ lui-même se rend présent en nous et prend forme dans notre vie ; à
travers nous, c’est lui, le Christ lui-même, qui va prier, pardonner, donner
l’espérance et la consolation, servir nos frères, se faire proche des personnes
démunies ou des derniers, créer la communion, semer la paix. Vous voyez
comme c’est important : par l’Esprit-Saint, le Christ lui-même vient réaliser tout
cela au milieu de nous et pour nous. C’est pour cela qu’il est important que les
enfants et les adolescents reçoivent le sacrement de la Confirmation.
Chers frères et sœurs, souvenons-nous que nous avons reçu la Confirmation !
Tous ! Souvenons-nous en, avant tout pour remercier le Seigneur de ce cadeau, et
ensuite pour lui demander de nous aider à vivre en véritables chrétiens, à
toujours marcher dans la joie selon l’Esprit-Saint qui nous a été donné.

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Catéchèse du pape François sur
l'Eucharistie

Première catéchèse du Pape


François sur l'Eucharistie
Chers frères et sœurs, bonjour ! Aujourd’hui, je vais vous parler de l’Eucharistie.
L’Eucharistie est au cœur de «l’initiation chrétienne», avec le baptême et la
Confirmation, et elle constitue la source de la vie même de l’É glise. En effet, de ce
sacrement de l’amour, jaillit tout chemin authentique de foi, de communion et de
témoignage.
Ce que nous voyons lorsque nous nous rassemblons pour célébrer l’Eucharistie,
la messe, nous fait déjà pressentir ce que nous allons vivre. Au centre de l’espace
destiné à la célébration, se trouve l’autel, qui est une table recouverte d’une
nappe et cela nous fait penser à un banquet. Sur la table, il y a une croix pour
indiquer que, sur cet autel, on offre le sacrifice du Christ : c’est lui, la nourriture
spirituelle que l’on y reçoit, sous les signes du pain et du vin. À cô té de l’autel, se
trouve l’ambon, c’est-à -dire le lieu d’où l’on proclame la Parole de Dieu : cela
indique que l’on se rassemble là pour écouter le Seigneur qui parle à travers les
Saintes É critures, et donc la nourriture que l’on reçoit est aussi sa Parole.
La Parole et le pain de la messe deviennent une seule chose, comme au « dernier
repas », quand toutes les paroles de Jésus, tous les signes qu’il avait faits, se sont
condensés dans songeste de rompre le pain et d’offrir le calice, en anticipation du
sacrifice de la Croix, et dans ces paroles : « Prenez et mangez, ceci est mon
corps… Prenez et buvez, ceci est mon sang ».
Le geste que Jésus a accompli lors du « dernier repas » est le remerciement
extrême adressé au Père pour son amour, pour sa miséricorde. « Remerciement
», en grec, se dit « eucaristia ». Et c’est pour cela que ce sacrement s’appelle
l’Eucharistie : c’est le remerciement suprême adressé au Père, qui nous a tant
aimés qu’il nous a donné son Fils par amour. Voilà pourquoi le terme «
Eucharistie » reprend tout ce geste, qui est le geste de Dieu et de l’homme
ensemble, le geste de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.
La célébration eucharistique est donc bien davantage qu’un simple banquet :
c’est vraiment le mémorial de la passion de Jésus, mystère central du salut. «
Mémorial » ne signifie pas seulement « souvenir », un simple souvenir, mais cela
veut dire que chaque fois que nous célébrons ce sacrement, nous participons au
mystère de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ. L’Eucharistie
constitue le sommet de l’action du salut de Dieu : en effet, en se faisant pain
rompu pour nous, le Seigneur Jésus reverse sur nous toute sa miséricorde et son

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amour, renouvelant ainsi notre cœur, notre existence et notre manière d’être en
relation avec lui et avec nos frères. C’est pour cela que l’on dit communément,
lorsqu’on s’approche de ce sacrement, que l’on « reçoit la communion », on « fait
la communion » : cela signifie que, dans la puissance de l’Esprit-Saint, la
participation au repas eucharistique nous conforme au Christ de manière unique
et profonde ; elle nous donne déjà un avant-goû t de la pleine communion avec le
Père, qui caractérise le banquet céleste où , avec tous les saints, nous aurons la
joie inimaginable de contempler Dieu face à face.
Chers amis, nous ne remercierons jamais suffisamment le Seigneur pour le don
qu’il nous a fait de l’Eucharistie ! C’est un don tellement grand, et c’est pour cette
raison qu’il est si important d’aller à la messe le dimanche. Aller à la messe, non
seulement pour prier, mais pour recevoir la Communion, ce pain qui est le corps
de Jésus-Christ qui nous sauve, nous pardonne, nous unit au Père. C’est beau de
vivre cela !
Et tous les dimanches, nous allons à la messe parce que c’est précisément le jour
de la résurrection du Seigneur. C’est pour cela que le dimanche est si important
pour nous. Et avec l’Eucharistie, nous sentons justement notre appartenance à
l’É glise, au Peuple de Dieu, au Corps de Dieu, à Jésus-Christ. Et nous n’aurons
jamais fini d’en saisir toute la valeur et la richesse.
Demandons-lui alors que ce sacrement puisse continuer à maintenir vivante sa
présence dans l’É glise et à façonner nos communautés dans la charité et la
communion, selon le cœur du Père. Et cela, on le fait pendant toute sa vie, mais
on commence à le faire le jour de sa première Communion. C’est important que
les enfants se préparent bien à la première Communion et que tous les enfants la
fassent, parce que c’est le premier pas de cette appartenance forte à Jésus-Christ,
après le baptême et la Confirmation.

Deuxième catéchèse du Pape


François sur l'Eucharistie
Chers frères et sœurs, bonjour ! Dans la dernière catéchèse, j’ai mis en lumière le
fait que l’Eucharistie nous introduit dans la communion réelle avec Jésus et son
mystère. Maintenant, nous pouvons nous poser quelques questions sur le
rapport entre l’Eucharistie que nous célébrons et notre vie, en tant qu’É glise et
personnellement, en tant que chrétiens. Demandons-nous : comment vivons-
nous l’Eucharistie ? Lorsque nous allons à la messe le dimanche, comment la
vivons-nous ? Est-ce seulement un moment de fête, est-ce une tradition bien
établie, est-ce une occasion de nous retrouver ou de nous sentir en règle, ou bien
est-ce davantage ?...
...Il y a des signaux très concrets qui nous permettent de comprendre comment
nous vivons cela, comment nous vivons l’Eucharistie ; des signaux qui nous
disent si nous vivons bien l’Eucharistie, ou si nous ne la vivons pas très bien.

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Le premier indice est notre façon de regarder et de considérer les autres. Dans
l’Eucharistie, le Christ réalise, d’une manière toujours nouvelle, le don qu’il a fait
de lui-même sur la Croix. Toute sa vie est un acte de partage total de lui-même
par amour ; c’est pour cela qu’il aimait être avec ses disciples et avec les
personnes qu’il avait la possibilité de connaître. Cela signifiait pour lui partager
leurs désirs, leurs problèmes, ce qui agitait leur â me et leur vie. Et nous, lorsque
nous participons à la messe, nous nous retrouvons avec des hommes et des
femmes de toutes sortes : des jeunes, des personnes â gées, des enfants, des
pauvres et des personnes aisées, des gens du coin ou des étrangers, en famille ou
seuls… Mais l’Eucharistie que je célèbre me porte-t-elle à les voir tous vraiment
comme des frères et sœurs ? Est-ce qu’elle fait grandir en moi la capacité de me
réjouir avec celui qui est dans la joie et de pleurer avec celui qui pleure ? Est-ce
qu’elle me pousse à aller vers les pauvres, les malades, les personnes
marginales ? Est-ce qu’elle m’aide à reconnaître en eux le visage de Jésus ?
Nous allons tous à la messe parce que nous aimons Jésus et que nous voulons
partager, dans l’Eucharistie, sa passion et sa résurrection. Mais est-ce que nous
aimons, comme le veut Jésus, ces frères et ces sœurs plus démunis ? Par exemple,
à Rome, ces derniers jours, nous avons vu beaucoup de malaises sociaux, à cause
de la pluie, qui a provoqué beaucoup de dégâ ts dans des quartiers entiers, ou en
raison du manque de travail qui est la conséquence de la crise économique dans
le monde entier. Je me pose la question, et chacun de nous peut se la poser : moi,
qui vais à la messe, comment est-ce que je vis tout cela ? Est-ce que je me
préoccupe d’aider ceux qui sont touchés par ces problèmes, de m’approcher
d’eux, de prier pour eux ? Ou bien est-ce que je suis un peu indifférent ? Ou alors,
peut-être que je préfère les cancans : tu as vu comment elle est habillée, celle-là ,
ou tu as vu celui-là , comment il est habillé ? C’est parfois ce qui se passe après la
messe, et il ne devrait pas en être ainsi ! Nous devons nous préoccuper de nos
frères et sœurs qui sont dans le besoin à cause de la maladie ou d’un problème.
Cela nous fera du bien, aujourd’hui, de penser à nos frères et sœurs qui ont ces
problèmes, ici, à Rome : à cause de la tragédie provoquée par la pluie, ou des
problèmes sociaux et de travail. Demandons à Jésus, que nous recevons dans
l’Eucharistie, de nous aider à les aider.
Un second indice, très important, est la grâ ce de se sentir pardonné et prêt à
pardonner. Parfois, on entend cette question : « Pourquoi faudrait-il aller à
l’église, puisque ceux qui participent habituellement à la messe sont pécheurs
comme les autres ? » Combien de fois avons-nous entendu cela ! En réalité, celui
qui célèbre l’Eucharistie ne le fait pas parce qu’il se considère ou qu’il veut
apparaître meilleur que les autres, mais précisément parce qu’il reconnaît qu’il a
toujours besoin d’être accueilli et régénéré par la miséricorde de Dieu faite chair
en Jésus-Christ. Si l’un de nous ne sent pas qu’il a besoin de la miséricorde de
Dieu, ne sent pas qu’il est pécheur, il vaut mieux qu’il n’aille pas à la messe ! Nous
allons à la messe parce que nous sommes pécheurs et que nous voulons recevoir
le pardon de Dieu, prendre part à la rédemption de Jésus, à son pardon.
Ce « je confesse » que nous disons au début n’est pas « pour la forme », c’est un
véritable acte de pénitence ! Je suis pécheur et je le confesse, c’est ainsi que
commence la messe ! Nous ne devons jamais oublier que le Dernier repas de
Jésus a eu lieu « la nuit où il était livré » (1 Co 11,23). Dans ce pain et ce vin que

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nous offrons et autour desquels nous sommes rassemblés, se renouvelle chaque
fois le don du corps et du sang du Christ pour la rémission de nos péchés. Nous
devons aller à la messe humblement, comme des pécheurs, et le Seigneur nous
réconcilie. Cela exprime au mieux le sens le plus profond du sacrifice du Seigneur
Jésus, et élargit à son tour notre cœur au pardon des frères et à la réconciliation.
Un dernier et précieux indice nous est offert par la relation qui existe entre la
célébration eucharistique et la vie de nos communautés chrétiennes. Il faut
toujours garder présent à l’esprit que l’Eucharistie n’est pas quelque chose que
nous faisons nous-mêmes ; nous ne faisons pas une commémoration de ce que
Jésus a dit et fait. C’est véritablement une action du Christ ! C’est le Christ qui agit
ici, qui est sur l’autel. C’est un don du Christ, qui se rend présent et nous réunit
autour de lui, pour nous nourrir de sa Parole et de sa vie même. Cela signifie que
la mission et l’identité même de l’É glise jaillissent de là , de l’Eucharistie, et c’est
là qu’elles prennent forme. Une célébration peut être impeccable du point de vue
extérieur, très belle, mais si elle ne nous conduit pas à la rencontre avec Jésus,
elle risque de n’apporter aucune nourriture à notre cœur et à notre vie. À travers
l’Eucharistie, au contraire, le Christ veut entrer dans notre existence et
l’imprégner de sa grâ ce de sorte que, dans toute communauté chrétienne, il y ait
une cohérence entre la liturgie et la vie.
Notre cœur est plein de confiance et d’espérance en pensant aux paroles de Jésus
qui nous sont rapportées dans l’É vangile : « Qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour » (6,54). Vivons
l’Eucharistie dans un esprit de foi et de prière, de pardon, de pénitence, de joie
communautaire, de préoccupation à l’égard des personnes démunies et des
besoins de tous nos frères et sœurs, avec la certitude que le Seigneur accomplira
ce qu’il nous a promis : la vie éternelle. Ainsi soit-il !

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