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Approfondir avec l’Église

Les sources non chrétiennes sur Jésus


À cette époque vivait un sage qui s’appelait Jésus. Sa conduite était juste et on le connaissait pour
être vertueux. Et un grand nombre de gens parmi les Juifs et les autres nations devinrent ses
disciples. Pilate le condamna à être crucifié et à mourir. Mais ceux qui étaient devenus ses disciples
continuèrent de l’être. Ils disaient qu’il leur était apparu trois jours après sa crucifixion et qu’il était
vivant : ainsi, il était peut-être le Messie au sujet duquel les prophètes ont raconté des merveilles.
Jusqu’à maintenant encore, le groupe des chrétiens, ainsi nommé à cause de lui, n’a pas disparu.
Flavius Josèphe (v. 37-100), Antiquités juives, XVIII, n°s 63-64

Toute leur faute ou toute leur erreur, ont-ils confessé, s’est bornée à se réunir habituellement à date
fixe, avant le lever du jour et de chanter entre eux un hymne à Christ comme à un Dieu ; ils
s’engageaient aussi par serment non pas à accomplir tel ou tel crime, mais à ne point commettre
de vols, de brigandage ni d’adultère, à ne point revenir sur une foi jurée, à ne pas nier un dépôt
réclamé.
Lettre de Pline le Jeune (v. 61-114) à Trajan, à propos des chrétiens, n° 96

[Chrétien,] ce nom leur vient de Christ que, sous le principat de Tibère, le procureur Ponce Pilate
avait livré au supplice.
Tacite (v. 55-120), Annales, n°s 15, 44

La foi en la divinité du Christ

La foi des chrétiens est la divinité du Christ !


Ce premier acte de foi, précisément parce qu’il a lieu dans le cœur, est un acte « singulier », que l’on
ne peut faire que tout seul, dans une totale solitude avec Dieu. Dans l’Évangile de Jean, nous
entendons Jésus poser sans cesse la question : « Crois-tu ? » (Jn 9, 35 ; 11, 26) ; et chaque fois, cette
question suscite dans le cœur le cri de la foi : « Je crois Seigneur ! » Le symbole de la foi de l’Église
commence également ainsi, au singulier : « Je crois », et non « Nous croyons ».
Nous devons accepter nous aussi de passer par ce moment, de subir cet examen. Si à la question
de Jésus : « Crois-tu ? », on répond tout de suite, sans même y penser : « Bien sûr que je crois » et
qu’on trouve même étrange que cette question soit posée à un croyant, un prêtre ou un évêque,
cela signifie probablement qu’on n’a pas encore découvert ce que signifie réellement croire, qu’on
n’a jamais éprouvé le grand vertige de la raison qui précède l’acte de foi. La divinité du Christ est le
plus haut sommet – l’Everest – de la foi. Croire en un Dieu né dans une étable et mort sur une croix !
C’est beaucoup plus exigeant que de croire en un Dieu lointain que chacun peut dépeindre à sa
guise. […]

SÉANCE 1 // LE FILS DE DIEU // APPROFONDIR AVEC L’ÉGLISE


Saint Augustin disait : « C’est peu de croire que le Christ est mort : les païens, les Juifs, les impies le
croient aussi. Tous croient qu’il est mort ; la foi chrétienne consiste à croire en sa résurrection. » Et il
concluait : « Telle est la foi en la résurrection du Christ. » On doit dire la même chose de l’humanité
et de la divinité du Christ, dont la mort et la résurrection sont les manifestations respectives. Tous
croient que Jésus est un homme ; ce qui fait la différence entre croyants et non-croyants, c’est de
croire qu’il est aussi Dieu. La foi des chrétiens est la divinité du Christ !
Père Raniero Cantalamessa, 2e prédication de Carême, 5 mars 2021

Une grâce de « révélation »


Seule la foi professée par Pierre, et avec lui par l’Église de tous les temps, conduit au « cœur »,
atteignant la profondeur du mystère : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16, 16).
Comment Pierre est-il parvenu à une telle foi ? Et que nous est-il demandé, si nous voulons suivre
ses traces d’une manière toujours plus convaincue ? Matthieu nous donne une indication éclairante
dans les paroles par lesquelles Jésus accueille la confession de Pierre : « Ce n’est pas la chair et le
sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux » (Mt 16, 17). L’expression « la chair et le
sang » évoque l’homme et le mode commun de connaissance. Dans le cas de Jésus, ce mode
commun ne suffit pas. Une grâce de « révélation » qui vient du Père (cf. ibid.) est nécessaire. Luc
nous offre une indication qui abonde dans le même sens lorsqu’il note que ce dialogue avec les
disciples se déroula tandis que, un jour, Jésus priait à l’écart (Lc 9, 18). Ces deux indications
convergentes nous font prendre conscience que nous n’entrons pas dans la pleine contemplation
du visage du Seigneur par nos seules forces, mais en laissant la grâce nous prendre par la main.
Seule l’expérience du silence et de la prière offre le cadre approprié dans lequel la connaissance la
plus vraie, la plus fidèle et la plus cohérente de ce mystère peut mûrir et se développer. L’expression
de ce mystère culmine dans la proclamation solennelle de l’évangéliste Jean : Et le Verbe s’est fait
chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils
unique, plein de grâce et de vérité (1, 14).
Le Verbe et la chair, la gloire divine et sa tente parmi les hommes ! C’est dans l’union intime et
indissociable de ces deux polarités que se trouve l’identité du Christ, selon la formulation classique
du concile de Chalcédoine (451) : « Une personne en deux natures. » La personne est celle du Verbe
éternel, Fils du Père, et elle seulement. Les deux natures, sans aucune confusion, mais aussi sans
aucune séparation possible, sont la nature divine et la nature humaine.
Nous sommes conscients du caractère limité de nos concepts et de nos paroles. La formule, quoique
toujours humaine, est cependant soigneusement pesée dans son contenu doctrinal et elle nous
permet d’accéder, d’une certaine manière, à la profondeur abyssale du mystère. Oui, Jésus est vrai
Dieu et vrai homme !
Saint Jean-Paul II, lettre apostolique Novo millennio ineunte, n°s 19, 20 et 21

La foi de l’Église
L’événement unique et tout à fait singulier de l’Incarnation du Fils de Dieu ne signifie pas que Jésus
Christ soit en partie Dieu et en partie homme, ni qu’il soit le résultat du mélange confus entre le divin
et l’humain. Il s’est fait vraiment homme en restant vraiment Dieu. Jésus Christ est vrai Dieu et vrai
homme. Cette vérité de foi, l’Église a dû la défendre et la clarifier au cours des premiers siècles face
à des hérésies qui la falsifiaient.
Parce que dans l’union mystérieuse de l’Incarnation « la nature humaine a été assumée, non
absorbée », l’Église a été amenée au cours des siècles à confesser la pleine réalité de l’âme humaine,

SÉANCE 1 // LE FILS DE DIEU // APPROFONDIR AVEC L’ÉGLISE


avec ses opérations d’intelligence et de volonté, et du corps humain du Christ. Mais parallèlement,
elle a eu à rappeler à chaque fois que la nature humaine du Christ appartient en propre à la
personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée. Tout ce qu’il est et ce qu’il fait en elle relève « d’Un
de la Trinité ». Le Fils de Dieu communique donc à son humanité son propre mode d’exister
personnel dans la Trinité. Ainsi, dans son âme comme dans son corps, le Christ exprime
humainement les mœurs divines de la Trinité (cf. Jn 14, 9-10) : Le Fils de Dieu a travaillé avec des
mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a
aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout
semblable à nous, hormis le péché.

Catéchisme de l’Église catholique, n°s 464, 470

L’émerveillement de Noël
Pourquoi la crèche suscite-t-elle tant d’émerveillement et nous émeut-elle ? Tout d’abord parce
qu’elle manifeste la tendresse de Dieu. Lui, le Créateur de l’univers, s’abaisse à notre petitesse. Le
don de la vie, déjà mystérieux à chaque fois pour nous, fascine encore plus quand nous voyons que
Celui qui est né de Marie est la source et le soutien de toute vie. En Jésus, le Père nous a donné un
frère qui vient nous chercher quand nous sommes désorientés et que nous perdons notre direction ;
un ami fidèle qui est toujours près de nous. Il nous a donné son Fils qui nous pardonne et nous relève
du péché.
Pape François, lettre apostolique Admirabile signum, n° 3

Jésus et son Père


Sur les lèvres de Jésus de Nazareth
Il n’y a peut-être pas de terme qui exprime davantage l’autorévélation de Dieu dans le Fils que le
mot « Abba », Père. « Abba » est une expression araméenne qui a été conservée dans le texte grec
de l’Évangile de Marc (14, 36). Elle apparaît précisément là où Jésus s’adresse au Père. Et si cette
parole est traduisible dans toutes les langues du monde, sur les lèvres de Jésus de Nazareth elle
permet aussi de mieux comprendre son contenu unique, qui ne peut se répéter.
En effet, « Abba » exprime non seulement la traditionnelle louange de Dieu : « Je te bénis, ô Père,
Seigneur du ciel et de la terre » (cf. Mt 11, 25), mais dans la bouche de Jésus elle révèle aussi la
conscience de la relation unique et exclusive qui existe entre le Père et lui, entre lui et le Père. Elle
exprime la même réalité à laquelle Jésus fait allusion de façon si simple et si extraordinaire par les
paroles conservées dans le texte de l’Évangile de Matthieu (cf. 11, 27) et dans celui de Luc (10, 22) :
« Nul ne connaît qui est le Fils si ce n’est le Père, ni qui est le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le
Fils veut bien le révéler. » C’est-à-dire le mot « Abba » manifeste non seulement le mystère du lien
réciproque entre le Père et le Fils, mais résume aussi d’une certaine façon toute la vérité de la vie
intime de Dieu dans sa profondeur trinitaire : cette connaissance réciproque du Père et du Fils, d’où
provient l’éternel amour.
Le mot « Abba » appartient au langage de la famille et témoigne de cette communion particulière
des personnes qui existe entre le Père et le Fils qu’il a engendré, entre le Fils qui aime le Père et qui
est aimé par lui. Lorsque, pour parler de Dieu, Jésus se servait de ce mot, il devait stupéfier et même
scandaliser ses auditeurs. Un Israélite ne l’aurait même pas utilisé dans la prière. Seul, celui qui se
savait Fils de Dieu au sens propre pouvait parler ainsi de lui et à lui comme Père. « Abba », c’est-à-
dire « mon Père », « Papa » !
Saint Jean-Paul II, Je crois Jésus Christ le Fils de Dieu, p. 116

SÉANCE 1 // LE FILS DE DIEU // APPROFONDIR AVEC L’ÉGLISE


« Je suis »
Quand Jésus dit « Je suis », il adopte cette histoire et la rapporte à lui-même. Il manifeste son unicité.
En lui, c’est le mystère du Dieu unique qui est personnellement présent. « Moi et le Père sommes un »
(Jn 10, 30). Heinrich Zimmermann souligne à juste titre qu’avec ce « Je suis », Jésus ne se situe pas
à côté du Je du Père, mais qu’il renvoie au Père. Or c’est justement comme cela qu’il parle aussi de
lui-même. Il s’agit précisément du fait que le Père et le Fils sont indissociables. Parce qu’il est le Fils,
il peut reprendre à son compte la présentation que le Père fait de lui-même : « Celui qui m’a vu a vu
le Père » (Jn 14, 9). Parce qu’il en est ainsi, il peut reprendre à son compte en tant que Fils la parole
de révélation du Père.
Toute la discussion dans laquelle s’insère ce verset tourne justement autour de l’unité du Père et du
Fils. Pour bien comprendre, nous devons avant tout nous souvenir de ce que nous avons observé à
propos du titre « le Fils », de son ancrage dans le dialogue entre le Père et le Fils. Nous avions vu
que Jésus est entièrement « relationnel », qu’il n’est, dans tout son être, que relation au Père. C’est à
partir de cette nature relationnelle qu’il faut comprendre la formulation du Buisson ardent et d’Isaïe.
Le « Je suis » se situe totalement dans la nature relationnelle entre le Père et le Fils.
Pape Benoît XVI, Jésus de Nazareth, tome I, p. 376-377

Il est temps avec nous et éternité avec Dieu


Or l’éternité n’est pas ce qu’il y a de plus ancien, ce qui était avant le temps, mais ce qui est tout
autre ; elle est pour chaque moment du temps qui passe l’aujourd’hui, elle est pour lui présent ; elle
n’est pas enfermée entre un “avant” et un “après”, elle est au contraire puissance du présent en tous
les temps. L’éternité n’est pas du côté du temps, sans rapport avec lui, elle est la force créatrice qui
porte tout le temps, qui englobe le temps qui passe en son unique présent et lui permet d’être. Elle
n’est pas absence de temps, mais domination du temps (Zeitmächtigkeit). Et parce qu’elle est
l’aujourd’hui “contemporain" à tous les temps, elle peut aussi agir dans le temps, à chaque moment.
L’incarnation de Dieu en Jésus Christ, par laquelle le Dieu éternel et l’homme temporel se rejoignent
dans une unique personne, n’est pas autre chose que la réalisation ultime de la domination de Dieu
sur le temps. En ce point précis de l’existence humaine de Jésus, Dieu a saisi le temps et l’a attiré en
Lui-même. La domination du temps se tient pour ainsi dire corporellement devant nous en Jésus
Christ. Celui-ci est réellement, selon l’expression de l’Évangile de Jean, la « porte » entre Dieu et
l’homme (10, 9), le médiateur (1 Tm 2, 5) en qui l’Éternel se trouve avoir un temps. En Jésus nous
pouvons, nous hommes temporels, trouver un interlocuteur temporel, notre “contemporain” ; et en
lui qui partage avec nous la temporalité, nous touchons en même temps l’Éternel, parce qu’il est
temps avec nous et éternité avec Dieu.
Hans Urs von Balthasar a mis en lumière avec beaucoup de pénétration, quoique dans un ordre
d’idées quelque peu différent, la signification spirituelle de ces perspectives. Il rappelle d’abord que
Jésus, durant son existence terrestre, n’était pas au-dessus du temps et de l’espace, mais vivait à
plein de son temps et dans son temps : l’humanité de Jésus qui le situait au milieu de ce temps, se
manifeste à chaque ligne de l’Évangile ; nous la distinguons aujourd’hui de façon plus nette et plus
vivante à bien des égards qu’à d’autres époques. Mais cette “situation dans le temps” n’est pas
simplement un cadre culturel historique qui resterait extérieur, et derrière lequel se trouverait
quelque part et sans en être affectée la réalité supra-temporelle de son être véritable ; elle est plutôt
un fait anthropologique, qui détermine profondément la forme d’être de l’homme.

Pape Benoît XVI, La Foi chrétienne d’hier et d’aujourd’hui, p. 225-226

SÉANCE 1 // LE FILS DE DIEU // APPROFONDIR AVEC L’ÉGLISE


Credo

Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant,


créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible.

Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,


le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècle :
Il est Dieu, né de Dieu,
lumière, née de la lumière,
vrai Dieu, né du vrai Dieu,
Engendré non pas créé,
consubstantiel au Père,
et par lui tout a été fait.
Pour nous les hommes, et pour notre salut,
il descendit du ciel ;
Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.
Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,
Il souffrit sa Passion et fut mis au tombeau.
Il ressuscita le troisième jour,
conformément aux Écritures, et il monta au ciel ;
il est assis à la droite du Père.
Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts ;
et son règne n’aura pas de fin.

Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ;


il procède du Père et du Fils ;
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ;
il a parlé par les prophètes.

Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique.


Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.

Amen.

Credo de Nicée-Constantinople

SÉANCE 1 // LE FILS DE DIEU // APPROFONDIR AVEC L’ÉGLISE

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