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Vie nouvelle dans le Christ

Manifestation de la
gloire de Dieu
Vie nouvelle dans le Christ

François Kibwenge El-Esu

Édition Foi Rayonnante


Ottawa 2017

www.francoiskibwenge.com

1
Vie nouvelle dans le Christ

NIHIL OBSTAT : P. Léo Laberge, o.m.i.


Censor deputatus,
Ottawa, le 18 novembre 2011

IMPRIMATUR : Terrence Prendergast, s.j.


Archevêque d’Ottawa, Canada,
Ottawa, le 8 décembre 2011

Du même auteur

- Douze secrets pour prier comme un enfant


du Roi, Éditions Foi Rayonnante,
Ottawa, 2006
- Les enfants sorciers en Afrique. Perspectives
théologiques, L’Harmattan, Paris, 2008
- Vie nouvelle dans le Christ. Reflet de sa
gloire, Foi rayonnante, 2010
- Ne pleure plus. C’est le temps de la grâce,
Foi Rayonnante, Ottawa, 2013

2
Vie nouvelle dans le Christ

Dédicace

À mon frère Luc Kibwenge,


décédé abruptement lors d’sun accident de la route
le 19 février 2009,
quelque temps après avoir fait l’expérience joyeuse
de la nouvelle vie en Christ.

Je dédie à titre posthume ce livre

3
Vie nouvelle dans le Christ

D
epuis le jour où nous avons entendu
parler de votre vie dans le Christ, nous
ne cessons pas de prier pour vous.
Nous demandons à Dieu de vous
combler de la vraie connaissance de sa volonté, en
toute sagesse et intelligence spirituelle. Ainsi,
votre conduite sera digne du Seigneur, et capable
de toujours lui plaire : par tout ce que vous ferez
de bien, vous porterez du fruit et vous
progresserez dans la vraie connaissance de Dieu.
Vous serez puissamment fortifiés par la puissance
de sa gloire, qui vous donnera la persévérance et
la patience. Avec joie, vous rendez grâce à Dieu le
Père, qui vous a rendus capables d’avoir part,
dans la lumière, à l’héritage du peuple saint. Il
nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a
fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé,
par qui nos péchés sont pardonnés.

(Colossiens 1, 9-14)

4
Vie nouvelle dans le Christ

PRÉFACE

Q
u’est-ce qui fait la grandeur d’un être
humain? Nous sommes souvent portés
à regarder les exploits, les mérites, les
succès au niveau du travail, ses
relations bien entretenues, sa popularité, son
prestige et bien d’autres aspects extérieurs. Ceux-
ci ne sont pas en soi des maux, mais s’ils ne sont
pas animés par un cœur libre, vrai, droit, un jour
ou l’autre ces aspects extérieurs ne rendront pas la
personne humaine profondément heureuse.

« Notre cœur est fait pour Dieu et il ne peut


se reposer tant qu’il ne repose pas en Lui » disait
St Augustin. En parcourant ce livre de l’abbé
François Kibwenge, cette phrase m’est revenue
au cœur. En nous faisant parcourir les écrits de
l’Ancien et du Nouveau Testament sur le temple

5
Vie nouvelle dans le Christ

et la gloire de Dieu, il nous invite à refaire le


chemin de nos pères dans la foi. Chacun et
chacune de nous, avons un jour ou l’autre à nous
remettre en face de notre vie de Chrétien. Qu’as-
tu fait de ton baptême ? disait le pape Jean-Paul
II. Être baptisé, vivre de la vie du Christ,
l’accepter comme sauveur, cela n’est pas
seulement une manière de dire, mais c’est une
affirmation qui nous renvoie à nos choix, nos
priorités dans notre façon de vivre notre
quotidien.

Sous forme d’interpellation et par le


témoignage, mon frère dans le sacerdoce nous
montre bien que ce que nous avons reçu
gratuitement de la grâce de Dieu, il nous
appartient de le faire fructifier. Parfois ce sera par
un long processus, la conversion est l’affaire de
toute une vie, mais se dégage de ce livre
l’assurance qu’avec la grâce de Dieu, nous
pouvons accueillir le salut dans notre vie et

6
Vie nouvelle dans le Christ

devenir en Église, signes de la miséricorde et de


la patience de Dieu qui veut le bonheur de ses
enfants.

Puisse ce livre ouvrir le cœur de beaucoup


de frères et sœurs à la puissance d’Amour que le
Christ a manifestée au travers une Église toujours
en chemin de sainteté dans ses membres humains
fragilisés, mais enracinés dans l’Amour.

Michel Vigneau O.SS.T


Granby, QC

7
Vie nouvelle dans le Christ

8
Vie nouvelle dans le Christ

INTRODUCTION

La foi a besoin de témoins, des témoins crédibles, des


témoins qui fascinent, en étant à la fois bien dans leur
temps, à l’aise dans la culture actuelle, mais aussi habités
d’une puissance intérieure, d’une confiance en Jésus-
Christ intégrée dans leur vie.1

O
ù est Dieu ? Où le trouver ? Cette
question au cœur de la vie chrétienne
mérite une réponse de la part de ceux et
celles qui disent le connaître, en
occurrence les chrétiens. La Bible déclare que
personne n’a jamais vu Dieu. Toutefois, si Dieu a
choisi de créer l’être humain à son image et à sa
ressemblance, c’est que c’est en l’être humain
avant tout qu’il y a plus de chances de retrouver le

1
GINGRAS, Gabriel, dans Présence Magazine, (décembre 2007),
S-1

9
Vie nouvelle dans le Christ

reflet le plus vivant de ce Dieu. Pourtant, à cause


du péché, l’être humain a été privé de la gloire de
Dieu (Rm 3, 23), comment dès lors révéler sa
présence ? Étant donné que cette privation n’est
pas une fatalité, mais un choix, celui qui veut
manifester cette présence glorieuse de Dieu doit
faire un nouveau choix dans sa vie : celui de
revêtir le Christ, le Fils unique de Dieu, et de se
laisser renouveler par son Esprit. Telle est la vie
nouvelle que le Christ donne à ceux et celles qui
l’accueillent, et que l’évangile de Jean assigne
comme l’essentiel de la mission de Jésus : « Je suis
venu pour que les hommes aient la vie et l’aient
en abondance »2.

Le titre original de ce livre était la gloire du


deuxième temple. Suite à une suggestion du
professeur Léo Laberge, exégète, que nous tenons
à remercier ici, nous l’avons modifié, sachant qu’il

2
Jean 10, 10

10
Vie nouvelle dans le Christ

s’agit avant tout d’une exhortation spirituelle et


non d’une exégèse au sens fort du terme. À
l’exemple du Christ, tout chrétien est appelé à
refléter l’amour et la gloire de Dieu dans tous les
aspects de sa vie humaine. Or, certaines études
révèlent que plusieurs personnes, qui se
considèrent pourtant comme des chrétiens, n’ont
jamais changé, même s’ils ont adhéré à une Église
quelconque. Pourtant, les Évangiles portant sur le
baptême se fondent sur la même et unique
exigence : le changement de comportement3 c’est-
à-dire le développement en soi du caractère de
Dieu4. Un tel changement n’est possible que si on
prend en compte, non seulement l’Esprit de Dieu,
mais aussi sa Parole qui procure la connaissance.
Et comme l’a rappelé Benoît XVI : « Notre relation
personnelle et communautaire dépend de
l’accroissement de notre familiarité avec la Parole

3
Lire Matthieu 3, 1-12 ; Marc 1, 1-3 ; Luc 3, 3-14.
4
Cf. 1Pierre 1, 15-16

11
Vie nouvelle dans le Christ

divine »5. Peut-il encore prétendre être disciple et


prétendre à la gloire de son maître, celui qui
refuse d’entendre sa Parole ? C’est pourquoi celui
qui se rend sourd à la Parole de Dieu ignore le
Christ et devient incapable de parler en vérité.

Selon l’évangile de Jean, être enfant de


Dieu est une dignité, un statut que l’on reçoit
lorsqu’on accepte d’établir une relation
personnelle avec Jésus comme Seigneur et
Sauveur de sa vie et qu’on accepte de naître de
nouveau. Loin d’être le résultat d’une décision
éthique, cette vie nouvelle, comme l’a souligné le
Pape Benoît XVI, est la conséquence d’une
rencontre personnelle avec Jésus, « qui donne à la
vie un nouvel horizon et par là son orientation
décisive »6, de sorte que, celui qui a rencontré
Jésus et l’a reçu dans sa vie, fait preuve d’une

5
Verbum Domini, &124
6
Deus Caritas est, Lettre encyclique du 25 décembre 2005, no.1

12
Vie nouvelle dans le Christ

entière soumission au Dieu Créateur, afin que la


vie divine puisse se manifester dans la sienne.

Pourquoi se soumettre au Christ ? C’est


parce que, lorsqu’il vit en nous, il devient alors
possible avec le temps de développer en nous le
caractère ou l’empreinte de Dieu. C’est lui qui a
placé en nous sa véritable nature, grâce au Saint-
Esprit, en nous créant à son image et à sa
ressemblance, dans l’espoir que nous soyons
capables de la refléter dans tous les aspects de
notre vie. Ce faisant, nous nous distinguons
comme enfant de Dieu dans un monde de plus en
plus indifférent aux vérités spirituelles, et
glorifions Dieu par toute notre vie.

Le « premier temple » auquel nous faisons


allusion dans ce livre réfère à une vie chrétienne
non assumée pleinement, qui ne repose que sur la
foi des autres, les rites et rituels extérieurs. Il y a
reflet de la gloire de Dieu à partir du moment où

13
Vie nouvelle dans le Christ

on se décide de rompre avec une vie chrétienne


médiocre pour une vie d’excellence, dont le critère
est la capacité de produire 60, 80, 100 fois plus : «
Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous
produisiez beaucoup de fruits »7. La vie nouvelle
en Christ est celle qui rend gloire à son créateur.
Puissent ces quelques pages aider à expérimenter
une autre dimension de votre foi jamais explorée à
ce jour !

Méthodologie

Dans son livre sur l’interprétation des


Écritures, le professeur Walter Vogels fait
remarquer que l’un des défis majeurs dans les
études bibliques en notre temps consiste à savoir
comment approcher la Bible. D’autant plus que
notre époque, plus que les autres, est témoin
d’une explosion de différentes méthodes sur

7
Jean 15, 8

14
Vie nouvelle dans le Christ

l’interprétation de la Bible8 et cela crée


naturellement beaucoup de confusion. Puisque,
ajoute l’auteur, toutes les méthodes se complètent,
nous procéderons quant à nous par l’actualisation
des textes sous forme d’exhortation. Ce qui, par
moment, pourra faire recours à herméneutique.
Pourquoi ce choix ? Robert Grant9 décrit
suffisamment bien ce qui semble être notre
approche. Il note tout d’abord que « les textes de
la Bible ont été normalement écrits dans des
circonstances très particulières pour répondre à
des besoins particuliers » et que « la signification
universelle et permanente de maints passages des
Écritures ne semble pas avoir été expressément
voulue par les auteurs ». Par conséquent, conclut-
il, étant donné que « les besoins de la situation

8
Voir VOGELS, Walter, Interpretation Scripture in the Third
Millenium. Author, Reader - Text, Novalis 1993, p. 7. La
traduction française est mienne.
9
GRANT, Robert M, L’interprétation de la Bible des origines
chrétiennes à nos jours, Paris, Seuil, 1967, p. 7.

15
Vie nouvelle dans le Christ

contemporaine se révèlent tout à fait différents de


ceux du passé lointain, il faut alors absolument
trouver une manière de rétablir le contact entre ce
livre d’autrefois et la pensée et la vie d’une
époque plus récente. Tel est précisément le rôle de
l’herméneutique »10.

Dans cette étude, nous voulons justement


montrer la dynamique de la vie chrétienne à la
lumière de certains concepts bibliques tels que le
temple, la gloire et la vie nouvelle, concepts que
nous examinerons tant dans leur évolution que
dans leur signification pour le chrétien
d’aujourd’hui. Nous ferons recours par-ci par-là à
la théologie sacramentelle pour montrer comment
les sacrements nous associent, dès à présent, à la
plénitude de vie vers laquelle nous sommes
destinés et comment la vie du Christ en nous doit
refléter la gloire de Dieu.

10
Ibidem

16
Vie nouvelle dans le Christ

Nous tenons à exprimer notre gratitude à


monsieur Gaston Cadieux et son épouse ainsi que
madame Ginette Lacelle qui ont accepté de
corriger ce texte. Notre remerciement s’adresse
aussi à Louise Lamy qui a accepté volontiers la
mise en page de ce livre, ainsi qu’au Grand
chevalier Lucien Carrière qui nous a aidé pour sa
publication. Merci enfin à tous ceux et celles qui se
feront le porte-parole de ces écrits dont la visée
n’est rien d’autre que la conscientisation et à
l’éveil des enfants de Dieu.

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Vie nouvelle dans le Christ

18
Vie nouvelle dans le Christ

PREMIÈRE PARTIE
La gloire de Dieu :
mise en perspective

Une voix crie dans le désert : préparez à travers le désert


le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une
route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées, les
passages tortueux deviendront droits et les escarpements
seront changés en plaine. Alors, la gloire du Seigneur se
révélera. (Isaïe 40, 3-5)

Qu’est-ce que la gloire ?

L
a Bible se sert de plusieurs manières
différentes pour exprimer la « gloire de
Dieu ». Cette expression renvoie tantôt à

19
Vie nouvelle dans le Christ

la majesté, tantôt au rayonnement, tantôt à l’éclat, à


la splendeur ou à l’honneur. C’est pourquoi on peut
parler aussi bien de la gloire du roi que de celle du
temple. Pour exprimer la manifestation visible de
la présence de Dieu, les Juifs se sont servis du
terme Shekinah. Or, là où Dieu se manifeste, il le
fait toujours avec gloire. C’est pourquoi on peut
parler ici de la présence glorieuse de Dieu. Étant
donné que personne ne pouvait voir Dieu et
vivre11, tout ce qu’on pouvait voir de sa majesté et
de son immense gloire était uniquement son
ombre : Moïse a vu cette gloire comme une nuée
de colonnes et de feu ; Ézéchiel l’a vue s’élever et
quitter le temple à cause de l’idolâtrie ; Élie l’a vue
comme un éclair ; les bergers l’ont reconnue à la
naissance de Jésus-Christ ; les apôtres l’ont vue
lors de la transfiguration12. Dans le temps qui est

11
Cf. Exode 33, 18-23
12
Cf. Exode 13, 21 ; 2Chroniques 7, 1 ; 1Samuel4, 4; Ézékiel 10,
4 ; Jean 1, 14 ; Luc 2, 9 ; Matthieu 17, 2

20
Vie nouvelle dans le Christ

le nôtre, bien que sa gloire semble de moins en


moins perceptible pour le commun des mortels, la
bible déclare que toute la terre en est remplie13.
Celle-ci se révèle dans sa présence amoureuse et
miséricordieuse ainsi que dans sa puissance
spirituelle, dont les diverses manifestations du
Saint Esprit sont sa plus noble expression. Parmi
ces manifestations glorieuses, nous pouvons
relever : les conversions profondes, les
bénédictions spirituelles, les bénédictions
matérielles, la prospérité, le succès, les provisions,
les miracles, la santé, la vie, etc.

Un autre mot hébraïque, pour exprimer la


gloire, est Kabôd. Ce mot implique l’idée de « ce
qui est lourd, pesant », et par conséquent, qui a de
la valeur. « Le poids d’un être dans l’existence
définit son importance, le respect qu’il inspire, sa

13
Isaïe 6, 3; Habacuc 2, 14

21
Vie nouvelle dans le Christ

gloire »14. Or, parce qu’elle a de la valeur, la gloire


de Dieu mérite l’attention des humains. En
d’autres mots, elle invite tout enfant de Dieu à ne
plus se contenter des réalités terrestres, mais à
découvrir de nouvelles dimensions de vie de foi,
non encore explorées et dans lesquelles Dieu se
révèle. Cela requiert une telle profondeur pour
découvrir et expérimenter la gloire de Dieu.

Selon le commentaire du Dictionnaire de


théologie biblique15, même si l’être humain est
couronné de gloire, la Bible souligne cependant sa
dimension éphémère : « Ne crains pas, quand
l’homme s’enrichit, quand s’accroît la gloire de sa
maison. A sa mort, il n’en peut rien emporter,
avec lui ne descend pas sa gloire » (Ps 49, 17s). A
cause de cela, le livre de proverbes établit un lien
entre la gloire et les valeurs morales et religieuses

14
LÉON-DUFOUR, Xavier (dir), Vocabulaire de théologie
biblique, Paris, Cerf, 1981, p. 504.
15
Lire surtout les pages 505 et 509

22
Vie nouvelle dans le Christ

(Pr 3, 35 ; 20, 3 ; 29, 23). Le livre des Nombres


stipule même que l’obéissance à Dieu prime toute
gloire humaine (Nb 22, 17s). En Dieu est le seul
fondement solide de la gloire (Ps 62, 6.8 ; Ps 73,
24s). Il en sera de même pour Jésus dans le récit de
la tentation : quand Satan lui propose tous les
royaumes du monde et leur gloire, Jésus refuse,
car c’est Dieu seul qu’il faut adorer (Mt 4, 8ss). La
conscience d’une telle gloire doit engendrer chez
le chrétien le sentiment de dignité et d’honneur.
La grandeur d’Israël reposait justement dans le
fait d’être le peuple à qui Dieu a révélé sa gloire.
En retour cela l’a engagé à une fidélité teintée
d’un sens religieux de l’honneur. Telle doit être
l’attitude des chrétiens au milieu d’une génération
qui a perdu le sens de la gloire de Dieu : ils
doivent vivre en sorte qu’en voyant leurs bonnes
œuvres, les gens rendent gloire à Dieu (Mt 5, 16).

23
Vie nouvelle dans le Christ

La gloire dans l’honneur

Personne ne peut servir deux maîtres à la fois ; ou bien il


haïra l’un et aimera l’autre ; ou bien il s’attachera à l’un
et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et
Mammon. (Matthieu 6, 24)

Les journaux aiment rapporter les


controverses et les scandales, et rarement des
choses honorables. Cela fait maintenant partie
intégrante de notre environnement culturel.
D’aucuns s’étonnent avec impuissance des méfaits
que cela a entraîné dans la vie de plusieurs jeunes
qui, faute de modèles de valeurs, sombrent
souvent dans les antivaleurs. Il semblerait que
notre monde est actuellement piégé par des gens
qui ne respectent ni ne croient en Dieu.
Malheureusement, les chrétiens eux-mêmes n’y
comprennent rien et se laissent influencer par ces
personnes qui n’honorent pas Dieu ou par
d’autres paroles que sa Parole. De sorte que,

24
Vie nouvelle dans le Christ

aujourd’hui, nous appartenons à une génération


chrétienne qui a perdu le sens de l’honneur : elle
ne sait pas la différence entre adorer, respecter et
honorer.

Je n’oublierai jamais ces paroles de sagesse


que mon frère aîné m’a adressées, au nom de mes
parents, le jour de mon ordination à la prêtrise : «
François, tu as choisi librement de devenir
serviteur de Dieu. En dépit de cela, tu continueras
à porter le nom familial. Si ton ministère s’avère
partout source de bénédiction, nous nous en
réjouirons tous, car c’est ce que nous te souhaitons
; par contre s’il ne fait que porter le mal, nous tous
serons dans la honte»16. Ces paroles m’ont
toujours habité, accompagné et guidé dans les
choix et la qualité de ma vie consacrée. Mais cette
vérité concerne tout enfant dans sa relation avec
ses parents.
16
Cette ordination a eu lieu le 4 décembre 1988 au diocèse de
Kikwit en RDC.

25
Vie nouvelle dans le Christ

Être parent est tout à la fois une grâce et


une responsabilité. Cela peut s’avérer à certains
moments comme une source de bonheur, mais
parfois comme une source de souffrance intense.
Tout dépend de la qualité de la relation que les
parents entretiennent avec les enfants et vice
versa, mais aussi de la manière dont ces derniers
honorent leurs parents. Honorer ses parents, voilà
ce qui leur procure joie et fierté.
Malheureusement, de nos jours souvent, les
enfants ne savent plus honorer leurs parents parce
que, entre autres, à cause d’une trop grande
familiarité, ils les considèrent davantage comme
des amis que comme des parents. Par ailleurs,
nombre d’enfants sont tellement remplis d’eux-
mêmes qu’ils préfèrent s’apprécier eux-mêmes
[ego] plutôt que de respecter les autres. Dans ce
contexte, comment peuvent-ils apprendre à aimer
Dieu et à l’honorer quand ils ne savent plus
honorer leurs parents ni les autorités ? Comment

26
Vie nouvelle dans le Christ

peuvent-ils honorer Dieu sans honorer sa Parole


face aux décisions qu’ils prennent ou aux actions
qu’ils posent ?

Quand nous parlons de la gloire, il est


question de manifestation, de conduite,
d’honneur. Cela concerne notre façon d’être
enfant de Dieu, de dire la vérité, de nous acquitter
de notre devoir, bref de gérer ou de rendre
compte de ce que nous avons reçu dans tel ou tel
domaine précis. Ainsi, dans la parabole des
talents17, lorsque le maître remet aux trois
serviteurs de l’argent à fructifier selon les mérites
de chacun, celui qui l’a le plus honoré est celui qui
a su produire le plus avec ce que le maître lui
avait confié. Le maître l’a ainsi reconnu comme un
bon et fidèle serviteur, parce qu’il a su répondre à
ses attentes. Il en est de même pour chacun de
nous : à travers nos talents, notre excellence ou

17
Voir Matthieu 25, 14-30

27
Vie nouvelle dans le Christ

notre obéissance, Dieu peut nous élever en


reflétant sa gloire sur notre vie. Ce fut le cas
d’Abraham, Isaac, Joseph, Moïse, Daniel, Ruth,
Esther, David, Paul, etc.

Dieu est notre Père, mais il est aussi notre


Maître. En nous envoyant sur terre, il nous a
confié la gestion de la création. Nous sommes les
seuls à être créés à son image. Il attend de nous
que nous nous comportions, non comme des
animaux qui se contentent de manger et de se
multiplier, mais comme des dieux. Ce faisant,
nous manifesterions sa gloire. Saint Irénée ne
disait-il pas que la gloire de Dieu c’est l’homme
vivant ? En d’autres termes celui qui porte et
manifeste la vie de Dieu en lui, c’est celui-là qui le
glorifie. Le contraire est de paraître vivant alors
qu’on est mort en soi18. Ainsi, devant le Seigneur,
ce n’est pas la durée de notre vie sur terre qui

18
Voir Apocalypse 3, 1

28
Vie nouvelle dans le Christ

importe, mais sa qualité. On peut avoir vécu cent


ans, mais peut-être avoir véritablement existé
devant son Dieu pendant trois ans seulement.

Qui est l’homme pour qu’il porte la gloire de


Dieu ?

L’être humain peut-il expérimenter la


gloire de Dieu ? C’est la question que le psalmiste
pose à Dieu en ces termes : « Qu’est que l’homme
pour que tu t’intéresses à lui ? Qu’est-ce qu’un
être humain pour que tu t’occupes de lui ? Or tu
l’as fait presque l’égal des anges, tu le couronnes
de gloire et d’honneur. Tu le fais régner sur tout
ce que tu as créé : tu as tout mis à ses pieds »19.

19
Psaume 8, 5-6 ; Ps 144, 3

29
Vie nouvelle dans le Christ

L’être humain a quelque chose d’éternel en


lui ; c’est sa nature spirituelle. Il est le seul de
toutes les créatures à avoir été créé à l’image et à
la ressemblance de Dieu lui-même : « C’est dans le
Christ, image du Dieu invisible (Col 1, 15), que
l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance du
Créateur. C’est dans le Christ, rédempteur et
sauveur, que l’image, altérée dans l’homme par le
premier péché, a été restaurée dans sa beauté
originelle et ennoblie de la grâce de Dieu »20. Dieu
a voulu que l’homme porte sa gloire sur la terre
comme lui-même est glorifié dans les cieux. À
l’instar de Moïse quand il sortait de la présence de
Dieu ; ou encore de Josué et ses hommes dont l’«
aspect » fut remarqué21. C’est pour cette raison
qu’il l’a honoré en le plaçant au-dessus des anges
pour l’introduire à la dignité d’enfant de Dieu :

20
Catéchisme de l’Église Catholique, Ottawa, Éditions de CECC,
1993 (pour la traduction française), no 1701 Voir aussi
2Corinthiens 4, 4
21
Voir Josué 2, 11

30
Vie nouvelle dans le Christ

« Mes bien aimés, voyez comme il est grand


l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu
que nous soyons enfants de Dieu, et nous le
sommes. Voilà pourquoi le monde ne peut pas
nous connaître »22.

La loi de l’honneur est gouvernée par celle


de l’amour. Dans le concept de l’amour, il y a une
idée de l’honneur qui y est attachée et qui en est
l’objectif. Faire des choses par amour – tant dans
le mariage, la vie familiale, les relations avec les
parents, le travail, l’application à l’école que dans
le respect du bien commun – c’est le faire avec
honneur. En ce sens, nous ne pouvons dire que
nous aimons Dieu si sa Parole n’a aucune valeur
pour nous. Dieu donne sa Parole et la place dans
notre vie avec toute sa valeur, si elle demeure
extérieure de notre vie, nous mourrons
spirituellement. Honorer Dieu, l’élever au-dessus

22
1Jean 3, 1-2

31
Vie nouvelle dans le Christ

de tout, le glorifier, c’est accepter que sa Parole


soit solide23 et qu’aucune autre parole ne puisse
nous empêcher de l’aimer véritablement. Et pour
s’en rendre compte, il suffit de vérifier jusqu’où sa
Parole importe dans notre vie et influence tout ce
que nous entreprenons.

Nous rendrons gloire à Dieu lorsque nous


lui donnerons l’autorité de diriger tous les aspects
de notre vie. Nous le glorifierons chaque fois que
nous l’honorerons en accordant à Sa Parole de
l’importance, la première place dans notre vie,
c’est - à - dire en faire une priorité. Il y a une
conséquence, un impact, lorsque Dieu prend ou
non la première place dans notre vie. Si les choses
premières [essentielles] ne sont pas en première
position selon cet ordre prioritaire, rien ne pourra
tenir dans notre vie. L’honneur de Dieu ici
consiste à mettre de l’ordre : qu’est-ce qui est

23
Voir 2Timothée 3, 16

32
Vie nouvelle dans le Christ

prioritaire dans notre vie ? Quelles sont nos


valeurs fondamentales et comment nous les
positionnes dans ta vie ?

Lorsqu’Isaac avait fait l’expérience de la


bénédiction que Dieu lui avait promise, il a posé
un geste significatif qui suggère clairement l’ordre
de ses priorités. Tout d'abord, il bâtit un autel
[Dieu], ensuite il dressa une tente [sa famille],
enfin il creusa un puits [son travail]24. De nos
jours, cet ordre des priorités est en perte de vitesse
même chez les chrétiens. Notre société a perdu
l’habitude de placer en priorité ce qui est essentiel.
Dans la perspective du Royaume de Dieu, par
exemple, le JE [Self, Ego] n’est pas synonyme du
premier. La priorité est ce qui prend la première
place et la première importance dans ta vie. Ce
sont toutes ces choses que tu places comme les
meilleures valeurs. D’où l’impératif de les

24
Genèse 26, 25

33
Vie nouvelle dans le Christ

repositionner dans ta vie selon le bon ordre. «


Préoccupez-vous d’abord du Royaume de Dieu et
de la vie juste qu’il demande, et Dieu vous
accordera aussi tout le reste par surcroît »25.

Voici à titre d’exemple un tableau qui


suggère l’ordre prioritaire pour tout enfant de
Dieu, à la lumière de deux références bibliques :

Décalogue : Ex 20, 1-17 Prière du Seigneur : Mt 6,


9-13

DIEU d’abord DIEU d’abord

→ (adorer) un seul Dieu → (sanctifier) le nom de


→ (ne pas prononcer en Dieu
vain) le nom de Dieu → (faire advenir) le règne
→ (respecter) le jour du de Dieu
Seigneur → (faire) la volonté de
Dieu

25
Matthieu 6, 33

34
Vie nouvelle dans le Christ

Le PARENT ensuite NOUS-MÊMES ensuite

→ (honorer) ton père et ta → (Don de) notre pain


mère quotidien
→Force dans la tentation

Le PROCHAIN enfin
Le PROCHAIN enfin
→ (ne pas commettre) :
meurtre, adultère, vol →Pardon de Dieu et du
médisance, envie prochain
→ (ne pas prononcer de)
faux témoignage
→Ne rien convoiter
d’autrui : maison, femme,
serviteur, servante, bœuf,
âne.

Chacun des textes commence toujours par les


réalités célestes (Dieu, son royaume) et finit par le
prochain. On ne peut rendre la gloire à Dieu sans

35
Vie nouvelle dans le Christ

respecter cette volonté de Dieu transmise à Moïse


ou celle enseignée par Jésus lui-même.

Jusqu’à ce que la gloire de Dieu se manifeste

Frères, vous avez appris de nous comment vous


devez vous conduire pour plaire à Dieu. Certes,
vous vous conduisez déjà ainsi. Mais maintenant,
nous vous le demandons au nom du Seigneur Jésus :
faites mieux encore [faites des nouveaux efforts].
(1Thessaloniciens 4, 1)

Dès qu’on ouvre le dernier livre de la Bible,


les trois premiers chapitres26 portent sur le
message du Vivant aux sept Églises d’Asie. De
prime abord, il sied de constater que toutes les
églises concernées ont réalisé beaucoup de bonnes
choses. Dans notre langage d’aujourd’hui, on

26
Révélation ou Apocalypse 1-3

36
Vie nouvelle dans le Christ

dirait qu’elles ont un bilan positif. Pourtant,


l’Esprit les invite à se convertir sur des points
précis qui empiètent sur leur amour, leur joie et
leur gloire du début. Faute de quoi, elles sont
menacées de mourir. Mourir en dépit de tout ce
qu’elles ont réalisé en bien ?

Il nous a fallu aller jusqu’au dernier


chapitre de l’Apocalypse27 pour comprendre le
pourquoi de cette invitation menaçante de la part
du Vivant : c’est pour que ces églises œuvrent
jusqu’à ce que la gloire de Dieu se manifeste dans
tous les aspects de leur vie. « Que celui qui fait
[…] le bien […] et que celui qui se sanctifie
continue dans la sanctification » (Ap 22, 11). Dieu
veut que tous les aspects de notre vie soient
imprégnés de sa vie et que nous adoptions un
nouveau caractère qui nous distingue en toutes
choses comme enfant de Dieu.

27
Apocalypse 22, 11b

37
Vie nouvelle dans le Christ

Dieu t’a tout donné en te donnant son Fils


Jésus ; il attend de nous que le sacrifice de son Fils
ait un impact sur notre vie et que nous
produisions davantage : « celui à qui on a
beaucoup donné, on demandera davantage », dit
Jésus. Voilà pourquoi Dieu attend de chacun de
nous trente, soixante et cent pour un seul talent
reçu28. Ces talents sont souvent enfouis dans les
choses ordinaires dont la gloire de Dieu se
manifeste dans la façon extraordinaire de les
accomplir. À l’opposé, dans la médiocrité et la
corruption il n’y a ni gloire, ni bénédiction, ni
miracle. Le Catéchisme de l’Église catholique souligne
ici l’importance des sacrements dans la
participation à la nature divine29 et la rentabilité
de nos talents :

Par les sacrements qui les ont fait renaître », les


chrétiens sont devenus « enfants de Dieu » (Jn 1, 12;

28
Marc 4, 20
29
2Pierre 1, 4

38
Vie nouvelle dans le Christ

1Jn 3, 1), « participant de la nature divine » (2 P 1, 4).


En reconnaissance dans la foi leur dignité nouvelle,
les chrétiens sont appelés à mener désormais une
« vie digne de l’Évangile du Christ » (Ph 1, 27). Par
les sacrements et la prière, ils reçoivent la grâce du
Christ et les dons de son Esprit qui les rendent
capables.30

30
CEC, no 1692

39
Vie nouvelle dans le Christ

DEUXIÈME PARTIE
Du « premier temple » au
« deuxième temple » :
Essai de clarification

Seigneur, qui peut être reçu dans ton temple et prendre


place ainsi sur ta montagne sainte? C’est celui qui est
irréprochable, qui fait ce qui est juste et pense vraiment ce
qu’il dit. (Psaume 15, 1-2)

D
ans un commentaire du Dictionnaire de
théologie biblique sur le concept de «
temple », il est écrit :

Dans toutes les religions, le temple est le lieu sacré


où la divinité est censée se rendre présente aux
hommes pour recevoir leur culte et les faire
participer à ses faveurs et à sa vie. Sans doute, sa
résidence ordinaire n’appartient pas à ce monde-ci;
mais le temple s’identifie en quelque sorte avec elle,

40
Vie nouvelle dans le Christ

si bien que, grâce à lui l’homme entre en


communication avec le monde des dieux. Ce
symbolisme fondamental se retrouve dans l’Ancien
Testament où le temple de Jérusalem est le signe de
la présence de Dieu parmi les hommes. Mais il ne
s’agit que d’un signe provisoire auquel se
substituera, dans le Nouveau Testament, un signe
d’une autre sorte : le corps du Christ et son Église. 31

Tout en souscrivant au rôle du temple dans


toutes les religions y compris dans l’Ancien
Testament, il nous semble important de préciser, à
toutes fins utiles, que l’idée de substitution, au
sens où le temple dans l’Ancien Testament serait
déprécié par celui du Nouveau Testament et par
ce fait, le christianisme se substituerait au
judaïsme, a été rejetée par Vatican II. Celui-ci
considère que Jésus n’a pas aboli la loi du Sinaï;
mais il l’a menée à son accomplissement parfait
pour le salut des humains.

31
Dictionnaire de théologie biblique, p. 1266

41
Vie nouvelle dans le Christ

Jésus, comme les prophètes avant Lui, a professé pour le


Temple de Jérusalem le plus profond respect. Il y a été
présenté par Joseph et Marie quarante jours après sa
naissance. À l’âge de douze ans, il décide de rester dans le
Temple pour rappeler à ses parents qu’il se doit aux
affaires de son Père. Il y est monté chaque année au moins
pour la Pâque pendant sa vie cachée; son ministère public
lui-même a été rythmé par les pèlerinages à Jérusalem
pour les grandes fêtes juives. Jésus est monté au Temple
comme au lieu privilégié de la rencontre de Dieu. Le
Temple est pour Lui la demeure de son Père, une maison
de prière, et il s’indigne de ce que son parvis extérieur soit
devenu un lieu de trafic. S’il chasse les marchands du
Temple, c’est par amour jaloux pour son Père : ne faites
pas de la maison de mon Père une maison de commerce…
Après sa Résurrection, les apôtres ont gardé un respect
religieux pour le Temple.32

Ceci étant, il est clair pour nous qu’il n’y


pas d’opposition entre la notion du premier et du
deuxième temple, mais une idée de progression.
Comme le stipule Jésus lui-même : il n’est pas

32
CEC, no 583-584.

42
Vie nouvelle dans le Christ

venu abolir la Loi, mais l’accomplir (Mt 5, 17), « en


fournissant de manière divine son interprétation
ultime : ’vous avez appris qu’il a été dit aux
ancêtres (…) moi je vous dis’ (Mt 5, 33-34). Avec
cette même autorité divine, il désavoue certaines
traditions humaines (Mc 7, 8) des pharisiens qui
‘annulent la Parole de Dieu’ (Mc 7, 13) »33.

En parlant du temple en termes d’édifice et


de tout son complexe, une remarque s’impose : les
Hébreux de l’époque patriarcale ne connaissaient
pas le temple, bien qu’ils eussent des lieux sacrés
pour invoquer le nom de Yahvé. Ils se sont servis
de maison comme Bethel, Sichem; d’un lieu sacré
comme le Sinaï; d’un sanctuaire portatif tel qu’à
Gilgal, Sichem ou Silo; d’un tabernacle; d’une
tente. C’est sous le règne de Salomon qu’intervient
la construction du temple. « Désormais, sans
rendre encore caducs tous les autres sanctuaires,

33
CEC, no581.

43
Vie nouvelle dans le Christ

le temple de Jérusalem sera le centre du culte de


Yahvé. On y vient en pèlerinage de tout le pays
pour contempler la face de Dieu (Ps 42, 3), et il est
pour les fidèles l’objet d’un amour touchant »34.
On ne peut donc parler de l’histoire d’Israël sans
faire allusion à l’importance du temple de
Jérusalem et surtout de sa reconstruction après la
ruine. Nous allons nous en tenir à des moments
pivots de cette histoire : tout d'abord la
reconstruction du temple sous le règne de
Zorobabel35. Ensuite celui de la reformation c’est-
à-dire de la primauté de la Loi36. Enfin celui de la
reconstruction des murailles37.

34
Dictionnaire de théologie biblique, p. 1268.
35
Esdras 1-6
36
Esdras 7-10
37
Néhémie 1-13

44
Vie nouvelle dans le Christ

Le culte du temple dans 1 et 2 Chroniques38

D’un point de vue général, le premier et


deuxième livre des Chroniques ont été écrits dans
un temps où le temple et le culte avaient retrouvé
leur place au sein de la vie nationale d’Israël. D’où
l’intérêt que leur accordent ces livres en vue de
présenter aux Juifs de la restauration, en tant que
peuple de Dieu par l’Alliance, les vrais
fondements spirituels de la foi et du culte.
D’autant plus que la vie dudit peuple dépendait

38
D’après le commentaire de la Bible en français courant, les
deux livres des Chroniques sont issus du même milieu d’Israël et
constituent un même ouvrage qui raconte à sa manière l’histoire
du peuple de Dieu depuis ses origines jusqu’à l’exil à Babylone.
L’importance de David y est soulignée par le fait que c’est lui qui
a conquis Jérusalem, devenue plus tard la ville sainte grâce au
temple; c’est lui qui a dirigé la vie politique et organisé la vie
religieuse d’Israël. L’apport du règne de son fils Salomon
consistera à apporter une splendeur particulière au temple de
Jérusalem.

45
Vie nouvelle dans le Christ

de sa fidélité à Dieu, une fidélité qui s’exprimait


par l’obéissance pieuse à la Loi et au culte.

Soumettre le peuple de l’Alliance à


l’obéissance et à la fidélité passait aussi par
l’établissement d’une théocratie. Et, à ce titre, c’est
au roi David qu’il faut donner le mérite d’avoir
organisé la vie politique et religieuse d’Israël.
Cette nouveauté dans le règne du peuple
d’alliance visait à lui apprendre à vouer sa vie à ce
Dieu en abandonnant toutes sortes de désordre,
lequel ouvrait la porte aux invasions païennes. Or,
chaque invasion des païens profanait et repoussait
constamment l’établissement du règne de Dieu
[théocratie]. En ce sens, le culte était une façon
pour les serviteurs de Dieu de faire mémoire
[anamnèse] de Dieu par des cantiques
accompagnés au son de la musique ; et des
louanges. Ce culte trouva son point culminant
sous le règne du roi David. C’est lui qui organisa

46
Vie nouvelle dans le Christ

les diverses classes de desservants destinés à y


officier : prêtres, lévites, chantres, portiers, etc.

C’est en raison du caractère spirituel


attribué au temple que justement sa
reconstruction prend toute la place sous le règne
de Salomon : huit chapitres sur neuf y sont
consacrés, car ils veulent souligner la mise en
valeur de la maison de Dieu qu’il convient
d’édifier à l’image de ce qui est dans le ciel c’est-à-
dire de sa majesté. À en croire à l’allusion faite par
le roi Salomon lors de sa prière de consécration du
temple, la splendeur qu’il donna au temple visait
à amener toutes les autres nations à reconnaître
que Yahvé est le seul vrai Dieu et à venir l’adorer.
Malheureusement, en s’appropriant
exclusivement ce Dieu de l’Alliance, le [premier]
temple, en tant que maison de Dieu, a failli à sa
mission première d’enseigner et de ramener tous
les peuples à la reconnaissance et à l’adoration de
Yahvé.

47
Vie nouvelle dans le Christ

Puisque les deux derniers versets de


l’ouvrage font le lien avec les livres d’Esdras et de
Néhémie, c’est qu’il nous invite à y poursuivre la
lecture de l’histoire du peuple d’Israël. L’intérêt
que présentent pour nous ces deux livres sacrés
est que ce sont eux qui font mention de l’édit du
roi Cyrus qui permit aux Juifs d’aller reconstruire
le temple de Jérusalem.

De l’enseignement au légalisme selon Esdras


et Néhémie

Les livres d’Esdras et de Néhémie (445-400


av. J.C.) constituent la suite des livres des
Chroniques. Ils soulignent la nécessité d’une foi et
d’une vie pures. Le livre d’Esdras relate le courage
et la détermination dont l’auteur, un prêtre
réformateur, a dû faire preuve pour rétablir la

48
Vie nouvelle dans le Christ

piété d’Israël. C’est en effet lui qui ranima et


reforma la vie religieuse à Jérusalem (chap. 7-10).
Quant à Néhémie, fonctionnaire [gouverneur]
auprès du roi de Perses, il obtient la permission
d’aller à Jérusalem pour réparer les murailles de la
ville sainte.

Le livre d’Esdras (1, 1-4) commence avec


l’édit du roi Cyrus (538) permettant aux Juifs de la
diaspora d’aller reconstruire le temple de
Jérusalem qui était assiégé et détruit lors de la
deuxième déportation (588-587)39. Cette
reconstruction a eu lieu entre 520-515 av. J.C à
l’époque des prophètes Aggée et Zacharie.
Pourquoi cette importance accordée à la
reconstruction du temple ? C’est que, d’une part,
une telle reconstruction était une démonstration
de la fidélité de Dieu à sa Parole. Et d’autre part,

39
Rappelons que la première déportation a eu lieu vers 598-597
par le roi Nabuchodonosor de Babylone, à l’époque du prophète
Ézéchiel.

49
Vie nouvelle dans le Christ

le temple était la maison de l’enseignement40 pour


que le peuple de Dieu ne meure par manque de
connaissance41. L’enseignement permettait aussi
de ramener le cœur des pères à leurs enfants et
celui des enfants à leurs pères42. C’est ce que
Esdras, puis Néhémie ont fait : « enseigner » et
rétablir la vie quotidienne des Israélites selon la
Loi43. Celle-ci était la norme que chacun devait
suivre strictement et inconditionnellement.
Malheureusement, faute d’équilibre, l’orientation
qu’a prise la vision du premier temple sous Esdras
et Néhémie posera des problèmes, notamment
celui du légalisme : la Loi prit de plus en plus

40
À l’époque de premières communautés juives, la synagogue
était appelée maison d’études. On y enseignait chaque jour
l’Écriture.
41
Osée 4, 6
42
Malachie 4, 6
43
Selon Biblia : « l’ensemble des lois s’inscrit sur l’arrière-fond
d’une bonté originelle et sur la reconnaissance d’un Dieu désireux
de donner à l’homme les moyens d’entrer en relation avec lui »
(Biblia 31, août-septembre 2004, p. 5)

50
Vie nouvelle dans le Christ

d’importance, donnant naissance à un


mouvement considérable dont la forme la plus
connue est celle des pharisiens.

Ce principe de l’intégralité de l’observance de la Loi,


non seulement dans sa lettre, mais aussi dans son
esprit, était cher aux pharisiens. En le dégageant
pour Israël, ils ont conduit beaucoup de Juifs du
temps de Jésus à un zèle religieux extrême. Celui-ci,
s’il ne voulait pas se résoudre en une casuistique
hypocrite, ne pouvait que préparer le Peuple à cette
intervention de Dieu inouïe que sera l’exécution
parfaite de la Loi par le seul Juste à la place de tous
les pécheurs44.

Pour mieux apprécier la teneur des méfaits


du légalisme, il suffit pour nous aujourd’hui de
nous référer, par exemple, à l’un de groupes
religieux influents à l’époque de Jésus, à savoir
les pharisiens. Les Évangiles rapportent
fréquemment comment ce groupe s’évertuait à

44
CEC, no 579

51
Vie nouvelle dans le Christ

suivre Jésus, non pour l’écouter, mais pour l’épier


et voir s’il s’insurgerait contre la Loi. Jésus sera
d’ailleurs condamné à mort au nom de cette Loi45.
Les pharisiens vont donc faire de la Loi la pierre
d’achoppement de leur époque, en insistant sur la
lettre du texte sacré et en imposant aux autres son
observance stricte et scrupuleuse. Cette mise en
perspective faisait croire au peuple qu’il pouvait
mériter son salut par les œuvres de la Loi.

Or, une telle interprétation de la loi pour la


loi ne peut conduire qu’à la ruine. « Jésus fait une
mise en garde solennelle au début du Sermon sur
la Montagne où il a présenté la Loi donnée par
Dieu au Sinaï lors de la Première Alliance à la
lumière de la grâce de la Nouvelle Alliance :
N’allez pas croire que je suis venu abolir la Loi ou
les prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais

45
Jean 19, 7

52
Vie nouvelle dans le Christ

accomplir (…) (Mt 5, 17) »46. C’est par souci de cet


accomplissement de la Loi qu’il s’en prend aux
pharisiens à propos du sabbat, par exemple : « le
sabbat a été fait pour l’homme ; l’homme n’a pas
été fait pour le sabbat. Voilà pourquoi le fils de
l’homme est maître même du sabbat »47. Avec
une telle injonction, Jésus désavoue certaines
traditions humaines (Mt 7, 8) des pharisiens
contraires à la Parole de Dieu. L’apôtre Paul
renchérit dans le même sens, en opposant la Loi à
la Grâce : « Vous qui cherchez à être reconnus
juste aux yeux de Dieu par la loi, vous êtes séparés
du Christ ; vous êtes privés de la grâce de Dieu
»48.

Comme il est dommage de voir


qu’aujourd’hui encore, dans certaines églises, de
soi-disant chrétiens sont prêts à sacrifier l’amour

46
CEC, no 577
47
Marc 2, 27
48
Galates 5, 4

53
Vie nouvelle dans le Christ

de leurs frères et sœurs au nom d’un certain


légalisme, comme si Jésus était mort en vain. Que
de haine, de division, de médisance et d’exclusion
de tel groupe social, d’âge, de race, etc. parce que
leur apparence, look, habillement n’entrent pas
dans notre vision des choses. Une loi qui écrase ou
tue n’a rien à voir avec le Dieu de la nouvelle
Alliance.

La gloire de Dieu et le temple dans le livre


d’Ézéchiel49

Plusieurs prophètes soulignent l’ambiguïté


du signe du temple :

À l’époque royale, tout en jouant ce rôle essentiel


dans le culte d’Israël, le signe du temple n’est

49
Je me réfère ici à La bible et son message. Ézéchiel: la lutte et la
gloire, 52 (avril 1971), pp. 6-7. 12

54
Vie nouvelle dans le Christ

cependant pas dénué d’ambiguïté. Pour des


hommes au sens religieux superficiel, les cérémonies
qui s’y déroulent tendent à devenir des gestes vides
[…] Ces déviations expliquent l’attitude nuancée
des prophètes à l’égard du temple […] Isaïe, Jérémie
ainsi qu’Ézéchiel dénoncent le caractère superficiel
du culte qui s’y déroule (Is 1,11-17 ; Jr 6, 20; 7, 9ss),
voire même des pratiques idolâtriques qui s’y
introduisent (Ez 8, 7-18). Finalement, ils envisagent
l’abandon par Yahvé de cette demeure qu’il avait
choisie, et ils annoncent la destruction, en punition
du péché national (Mi 3, 12 ; Jr 7, 12-15 ; Ez 9-10)50.

Arrêtons-nous un moment sur la façon


dont Ézéchiel explique le départ de Yahvé du
temple. Ézéchiel était prêtre du temple de
Jérusalem lors de la déportation des Israélites à
Babylone en 597 av. J.-C., après la première prise
de Jérusalem par Nabuchodonosor. Il nous
intéresse ici non seulement parce qu’il accorde
une très grande importance au temple, mais

50
Dictionnaire de théologie biblique, p. 1268

55
Vie nouvelle dans le Christ

surtout – c’est là une nouveauté – parce qu’il


affirme que la présence de Dieu, et donc sa gloire,
loin d’être réduite au sanctuaire de Jérusalem,
habite son peuple : même à l’étranger Dieu
n’abandonne pas son peuple. De ce fait, le
prophète rompt avec la tradition juive. Cette mise
en perspective d’Ézéchiel trouvera plus tard écho
dans le récit de la rencontre de Jésus avec la
femme samaritaine, notamment lorsque celle-ci lui
demande :

Nos ancêtres ont adoré Dieu sur cette montagne,


mais vous, les Juifs, vous dites que l’endroit où l’on
doit adorer Dieu est Jérusalem. Jésus lui répondit :
crois-moi, le moment vient où vous n’adorerez le
Père ni sur cette montagne ni à Jérusalem […] Mais
le moment vient, et il est déjà là, où les vrais
adorateurs adoreront Dieu en esprit et en vérité ; car
tels sont les adorateurs que veut le Père51.

51
Jean 4, 20-24

56
Vie nouvelle dans le Christ

Revenons maintenant sur la façon dont


Ézéchiel présente la question du temple.

Tout d’abord, la présence glorieuse de


Yahvé [shekina] quitte le temple : à cause des
méfaits et abominations du peuple, la glorieuse
présence de Dieu abandonne le sanctuaire (Ez 10,
4), s’arrête un instant au seuil du temple (Ez 10,
18-19), sort de la ville (Ez 11, 23) et se pose
d’abord sur la montagne à l’Orient de Jérusalem
(Ez 11, 23), c’est-à-dire sur le mont des Oliviers.

Ensuite, la présence glorieuse de Yahvé


[shekina] est avec les exilés (Ez 1-3). C’est là une
preuve que Dieu n’abandonne pas son peuple
même en temps de déportation : « je suis pour les
dispersés un sanctuaire » (Ez 11, 16).

Enfin, au terme de l’exil, au moment où le


peuple va pouvoir rentrer dans sa terre, cette
présence glorieuse de Yahvé [shekina] revient à

57
Vie nouvelle dans le Christ

Jérusalem dans le temple après que celui-ci ait été


purifié (Ez 43, 1-7).

Lorsque le prophète Ézéchiel en extase fait


le tour du temple de Jérusalem souillé par les
péchés du peuple (8, 3ss) il voit l’étrange attelage
emporter la gloire de Yahvé et quitter le
sanctuaire (9, 3 ; 10, 1-22 ; 11, 22-23) ; lors de la
vision sur le Temple reconstruit, la gloire de
Yahvé revient sur son char pour prendre
possession de l’édifice (43, 1-4).

Le prophète Ézéchiel prophétise la fin des


temps sous forme de lutte engageant les nations
entières d’une part contre Jérusalem d’autre part ;
et l’aboutissement de cette lutte est la délivrance
de Jérusalem, symbolisée par la fin de l’exil, et le
retour de la gloire de Dieu dans le temple d’où
elle était partie. Le prophète conditionne
cependant le retour de cette gloire par
l’observance de la Loi de la part aussi bien des

58
Vie nouvelle dans le Christ

prêtres, des princes que du peuple. Seule une telle


observance peut les vivifier par le culte rendu,
dans le temple, au Dieu vivant.

En conclusion, nous pouvons retenir


positivement, comme le résume si bien le
document de Pastorale-Québec, que « le temps de
l’exil [aujourd’hui on dirait le temps de crise] a été
pour les Juifs une grande créativité. C’est en ce
temps-là qu’est apparu le premier récit de la
création en Genèse. C’est pendant cette période
qu’on a appris à vivre de la Parole proclamée et
célébrée plutôt que des sacrifices et des offrandes :
on a ainsi développé une foi qui répond à un
appel et qui conduit à une relation personnelle
avec Dieu. Durant l’exil, on a développé la
théologie du sabbat en mettant l’accent sur le
temps sanctifié plutôt que sur l’espace, le lieu

59
Vie nouvelle dans le Christ

comme le temple […] Bref, ce fut un temps de


maturation de la foi juive52 ».

Il en ressort donc que ce n’est pas le temple


en tant que tel qui pose le vrai problème ici, mais
la pratique qui y est faite. Lorsque le mal devient
la « norme » dans la maison de Dieu, celle-ci perd
en quelque sorte sa raison d’être.

Quand le mal entre dans le temple de Dieu

Vous appartenez au peuple de Dieu, par


conséquent, il ne convient pas qu’une forme
quelconque d’immoralité, d’impureté ou d’envie
soit mentionnée parmi vous. Il n’est pas convenable
non plus que vous prononciez des paroles
grossières, stupides ou sales. (Éphésiens 5, 3-4)

52
Voir Document de Pastorale-Québec, août 2006 concernant une
enquête menée par les diocèses de Québec sur la pratique
religieuse et l’identité chrétienne. P. 5

60
Vie nouvelle dans le Christ

Parmi les raisons qui poussent plusieurs


personnes à ne pas adhérer au message du Christ
comme Bonne Nouvelle, il y a le contre
témoignage des chrétiens en général et des
serviteurs de Dieu en particulier. En témoigne la
crise de pédophilie qui, en impliquant des
serviteurs de Dieu, a dernièrement secoué
plusieurs églises chrétiennes ; les guerres
engendrées ou soutenues au nom de la religion à
travers différentes époques de notre histoire ; le
racisme, le tribalisme au sein des communautés
religieuses ; l’esprit de ripailles et le refus de
pardon dans les communautés ecclésiales et entre
chrétiens, etc., et ce, en dépit du fait qu’au cœur
de la Bonne Nouvelle il y a un message d’amour.
De façon générale, le mal fait plus de tort quand il
est commis par ceux et celles qui s’évertuent à le
dénoncer dans l’espace public. Dans la Bible, les
prophètes n’ont cessé de dénoncer la présence du

61
Vie nouvelle dans le Christ

mal chez les serviteurs de Dieu et dans le temple.


Ce fut le cas du prophète Jérémie :

Le pays est rempli de gens qui commettent


l’adultère. Ils se précipitent vers le mal, ils sont
pleins de courage pour des pratiques inadmissibles.
Par une malédiction la terre est en deuil, tout est sec
dans les pâturages du pays. Prophètes aussi bien
que prêtres, tous sont des crapules. On trouve
jusque dans mon temple les traces de leurs méfaits,
déclare le Seigneur53.

Dans le même ordre d’idées, Jésus s’en


prend à ceux qui détournent la maison de Dieu de
sa mission première. C’est à cause de cela qu’il
s’est insurgé contre les marchands au temple de
Jérusalem et, du coup, a donné une nouvelle
signification au temple. Jésus reconnaît que le
scandale se produira fatalement. Mais il met en
garde celui par qui cela arrive54. Le contre-

53
Jérémie 23, 10-11
54
Matthieu 18, 6-7

62
Vie nouvelle dans le Christ

témoignage, comme l’hypocrisie, ferme la porte à


d’autres de croire en Dieu :

Malheur à vous, maîtres de la loi et pharisiens,


hypocrites! Vous fermez la porte du Royaume des
cieux devant les hommes ; vous n’y entrez pas vous-
mêmes et vous ne laissez pas entrer ceux qui le
désirent […] Malheur à vous, maîtres de la loi et
pharisiens, hypocrites ! Vous voyagez partout sur
terre et sur mer pour gagner un seul converti, et
quand vous l’avez gagné vous le rendez digne de
l’enfer deux fois plus que vous55.

Quelque temps après Jésus, l’apôtre Paul


dénonce avec la même énergie le mal dans l’Église
c’est-à-dire aussi bien l’immoralité que le procès
contre des frères auprès des païens, la discorde, la
souillure du mariage ou encore la communion aux
idoles, pour ne citer que cela. Aux chrétiens de
Corinthe, il écrit :

55
Matthieu 23, 13 et 15

63
Vie nouvelle dans le Christ

On entend dire partout qu’il y a de l’immoralité si


grave que même les païens ne s’en rendraient pas
coupables […] Je voulais vous dire de ne pas avoir
de contact avec quelqu’un qui, tout en donnant le
nom de chrétien, serait immoral, envieux, ivrogne
ou voleur. Vous ne devez même pas partager un
repas avec eux56.

Une étude menée aux États-Unis par un


magazine révèle que, sur 10.000 personnes
interrogées, plus ou moins 80% pensent que la
religion est importante dans leur vie et se
réclament chrétiens. Pourtant, parmi eux : 60%
vivent en cohabitation ; 45% ont fait des
avortements ; 42% ont commis l’adultère ; 38%
regardent des films pornographiques ; 30% ont
pratiqué l’impureté avant le mariage ; 36% ont
profané ; 90% de chrétiens mentent régulièrement.
Est-on en droit de s’inquiéter avec le psalmiste
lorsqu’il dit : « Seigneur, au secours! Les fidèles

56
1Corinthiens 5, 1. 11

64
Vie nouvelle dans le Christ

sont en voie de disparition, il n’y a plus de gens


dignes de confiance. Chacun n’a que des
calomnies à raconter ; les lèvres flattent, mais le
cœur joue double jeu. »57 À cause de ce mal,
l’Église vit donc un temps de crise, mais aussi un
temps favorable pour revenir à l’essentiel de sa
mission : faire des disciples du Christ. Étant
donné que le mot disciple a la même racine que le
mot discipline, il y a lieu de conclure que le
disciple du Christ est celui qui marche dans ce
monde dominé par le mal en suivant la discipline
du Christ, son maître. Partout où il passait, il
faisait le bien, selon le témoignage des apôtres.

57
Psaume 12, 2-3

65
Vie nouvelle dans le Christ

Le temple doit être détruit pour entrer dans


une nouvelle dimension

Les gens d’Israël s’adonnent à des pratiques


vraiment abominables pour m’éloigner de mon
sanctuaire » (Ézéchiel 8, 6)

Lorsque la présence glorieuse de Dieu


abandonne sa demeure profanée, tel qu’annoncé
par le prophète Ézéchiel, peut-on y prédire la fin
du signe du temple ?

Malgré cet attachement au temple de pierre, un


nouveau courant de pensée a commencé de
s’affirmer depuis la fin de l’époque prophétique. Les
menaces de Jérémie contre le temple (Jr 7), puis la
destruction de l’édifice et surtout l’expérience de
l’exil, ont contribué à mettre en évidence la nécessité
d’un culte plus spirituel, correspondant aux
exigences de la religion du cœur prônée par le
Deutéronome et Jérémie (Dt 6, 4ss; Jr 31, 31…). En
terre d’exil, on réalise mieux que Dieu est présent
partout où il règne, partout où il est adoré (Ez 11,

66
Vie nouvelle dans le Christ

16) […] Aussi voit-on certains prophètes mettre les


Juifs en garde contre un attachement excessif au
temple de pierre (Is 66, 2) […] L’existence d’un tel
courant explique que, peu avant la venue du Christ,
la secte essénienne puisse rompre avec le culte d’un
temple qu’elle estime souillé par un sacerdoce
illégitime, et se considérer elle-même comme un
temple spirituel où Dieu reçoit une adoration digne
de lui.58

On sait par les Écritures que Jésus a été


présenté au temple à sa naissance, qu’il l’a
fréquenté lors de grandes fêtes religieuses, qu’il y
a chassé les marchands en rappelant la fonction
du temple : être la maison de Dieu, une maison de
prière. Pourtant, cela ne l’a pas empêché
d’annoncer sa ruine. À la question qui lui est
posée : « Quel miracle vas-tu faire » ? Jésus
répond : « Détruisez ce temple et en trois jours je
le rebâtirai »59. Pourquoi faut-il détruire le temple

58
Dictionnaire de théologie biblique, pp. 1269-1270
59
Jean 2, 19

67
Vie nouvelle dans le Christ

? Et de quel temple s’agit-il ? Dans un premier


sens, et de façon symbolique, Jésus voulait parler
de son corps qui allait subir la mort et qui allait
ressusciter trois jours après, dans un corps
glorieux. Pour preuve, après la résurrection, les
apôtres se rappelèrent de cette phrase et ils
crurent aux Écritures et aux paroles que Jésus
avait dites60. En annonçant la destruction du
Temple qu’il a vénéré comme lieu de la rencontre
avec son Père, Jésus manifeste par là sa propre
mise à mort corporelle et l’inauguration d’un
nouvel âge de l’histoire du salut, où son Corps
préfigure le temple définitif61.

Cependant, dans un autre sens, le mot


temple renvoie au lieu saint, contrairement aux
parvis que Jésus a purifiés. Rappelons ici que dans
l’Évangile de Matthieu (24, 1-2), alors que Jésus

60
Jean 2, 21-22
61
cf. CEC, no 586

68
Vie nouvelle dans le Christ

sort du temple, ses disciples se mettent à admirer


sa beauté ; et Jésus prit la parole et leur dit : « Ce
que vous admirez, je le déclare et c’est la vérité, il
ne restera plus que pierre sur pierre; tout sera
renversé [détruit] »62. De même que lorsque le
temple de Jérusalem était privé de l’Esprit c’est-à-
dire lorsqu’il ne manifestait plus la gloire de Dieu
[shekina], il était détruit ; de même en est-il de
l’Église d’aujourd’hui, si elle n’est plus au service
de la gloire que Dieu reçoit dans le salut de son
peuple, alors elle est vouée à la mort. Il en est de
même pour tout chrétien, temple de l’Esprit, qui
ne glorifie pas Dieu par sa vie. Il s’avère donc
clairement que, en se détournant de sa mission
première, le [premier] temple n’a plus sa raison
d’être. Il n’est plus le lieu privilégié pour adorer
Dieu. Dieu se fait adorer en esprit et dans la

62
Matthieu 24, 2

69
Vie nouvelle dans le Christ

vérité63. Cette mise en perspective souligne le


caractère authentique du culte qui doit primer sur
le signe matériel, soit-il sacré. Quelle que soit sa
splendeur, un temple qui ne favorise pas la piété
sincère est voué à la destruction. « Si la loi et le
temple de Jérusalem ont pu être occasion de
contradiction de la part de Jésus pour les autorités
religieuses d’Israël, c’est son rôle dans la
rédemption des péchés, œuvre divine par
excellence, qui a été pour elles la véritable pierre
d’achoppement »64 (Cf. Lc 20, 17-18; Ps 118, 22).

63
Pourtant, Jésus chasse les marchands du temple et leur dit : « Ne
faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic ». (Jean
2, 16) En fait, en chassant ces marchands, Jésus ne fait rien de
nouveau. En annonçant la venue du Messie, les prophètes
voulaient révéler par-là que c’est qui rétablirait le temple et la
communion de son peuple avec Dieu. On peut donc comprendre
que, par ce geste, Jésus purifiait les parvis des païens pour que
ceux-ci accèdent à la bénédiction de Dieu. Mais aussi pour
montrer que Dieu veut plus des sacrifices qui occupaient la
majeure partie du culte (Jérémie 7, 1-23)
64
CEC, no 587

70
Vie nouvelle dans le Christ

Lorsqu’Adam et Ève ont péché, ils ont été


privés de la gloire de Dieu et ils ont connu la
mort65. Lorsque le fils prodigue a demandé de se
séparer de son père, il avait perdu sa gloire de fils,
il était comme mort66. Tant que nous vivons dans
le péché, nous sommes privés de la gloire de
Dieu67, même si nous paraissons vivants68.
Revenir à Dieu de tout son cœur est une invitation
à détruire le temple qui n’a plus la présence
glorieuse de Dieu, pour que, par la conversion,
Dieu en rebâtisse un nouveau spirituel. Il est un
Dieu fidèle qui fait toutes choses nouvelles. Le
réveil ne vient jamais à l’identique de ce qui a
existé avant. Pour preuve, toutes les alliances de
Noé, Abraham, Moïse, David sont différentes les
unes des autres. Seul l’Esprit de Dieu peut
renouveler toutes choses ; c’est en lui qu’il faut

65
Genèse 3, 19
66
Luc 15, 24
67
Romains 3, 23
68
Apocalypse 3, 1

71
Vie nouvelle dans le Christ

donc accueillir les choses nouvelles. C’est aussi


par la puissance de cet Esprit que la gloire du
nouveau temple resplendira, à l’instar de la
nouvelle Jérusalem qui « n’aura plus besoin de
soleil, car la gloire de Dieu l’illuminera »69.
Cependant, sommes-nous prêts aux choses
nouvelles dans notre vie ?

69
Apocalypse 21, 22-27

72
Vie nouvelle dans le Christ

Le chrétien : temple de l’Esprit et reflet de la


gloire de Dieu

Nous tous, le visage découvert, nous reflétons la


gloire du Seigneur ; ainsi, nous sommes transformés
pour être semblables au Seigneur et nous passons
d’une gloire à une gloire plus grande encore.
(2Corinthiens 3, 17-18)

Dans sa lettre aux Éphésiens70, l’apôtre


Paul rappelle que, dans la mort et la résurrection
du Christ, l’Église est devenue le temple de Dieu
et nous, chrétiens, le temple [habitation] de
l’Esprit.

« Justifiés par le nom du Seigneur Jésus-Christ et par


l’Esprit de notre Dieu » (1Co 6, 11), « sanctifiés et
appelés à être saints » (1Co 1,2), les chrétiens sont
devenus « le temple de l’Esprit Saint » (cf. 1 Co 6,
19). Cet esprit « Esprit du Fils » leur apprend à prier
le Père et, étant devenu leur vie, les fait agir pour

70
Éphésiens 2, 22

73
Vie nouvelle dans le Christ

« porter les fruits de l’Esprit de l’esprit » (Ga 5, 22)


par la charité en œuvre. Guérissant les blessures du
péché, l’Esprit Saint nous « renouvelle
intérieurement par une transformation spirituelle »
(Ep 4, 23), il nous éclaire et nous fortifie pour vivre
en « enfant de lumière » (Ep 5, 8) par « la bonté, la
justice et la vérité » en toute chose (Ep 5, 9)71.

Lorsque les croyants sont rassemblés parce


qu’ils sont habités par le même Esprit, alors ils
forment l’Église. Autant la préoccupation de
chaque Église devait consister à savoir comment
rendre gloire à Dieu, autant chaque chrétien
devait mener sa vie de manière à ce que Dieu en
soit glorifié. Les Actes des Apôtres72 nous donnent
un éclairage sur la manière dont l’Église primitive
rendait cette gloire : ils étaient tous ensemble,
chaque jour. Ils persévéraient dans

71
CEC, no 1695
72
Actes 2, 42-47

74
Vie nouvelle dans le Christ

l’enseignement, la communion fraternelle, le repas


de la fraction du pain et les prières.

Lorsqu’on réalise que le manque de


connaissance empêche de rendre gloire à Dieu,
l’importance du rassemblement ecclésial n’est
plus à négliger, dans la mesure où il s’avère le lieu
où l’on peut enseigner, s’exhorter, s’encourager et
se fortifier dans le Seigneur. L’Église de Dieu doit
faire grandir dans la relation et la conscience du
Saint-Esprit. Quand dans l’Église on trouve du
mensonge, de l’hypocrisie, alors les membres ne
se sentent plus en sécurité, car la confiance
réciproque est mise en défi. Par contre, à partir du
moment où la confiance s’installe dans l’Église,
une confiance basée sur la vérité, alors on se sent
bien de vivre avec les autres73. Une Église, temple
de Dieu, ne peut permettre en son sein tout ce qui

73
Romains 12, 9-12

75
Vie nouvelle dans le Christ

la déforme. Voici ce que dit l’apôtre Paul à ce


propos :

N’allez pas vous placer sous le même joug que les


incroyants, d’une manière absurde. Comment, en
effet, ce qui est juste pourrait-il s’associer à ce qui est
mauvais ? Comment la lumière pourrait-elle s’unir à
l’obscurité? Comment le Christ pourrait-il
s’entendre avec le diable? Ou bien, qu’est-ce qu’un
croyant peut avoir en commun avec un incroyant ?
Quel accord peut-il y avoir entre le temple de Dieu
et les idoles païennes? Car nous sommes, nous, le
temple du Dieu vivant, comme Dieu lui-même l’a
dit : Je demeurerai et je marcherai avec eux, je serai leur
Dieu et ils seront mon peuple. C'est pourquoi vous
devez les quitter et vous séparer d’eux. 74

C’est à cette condition que les chrétiens


peuvent refléter la gloire de Dieu. La
manifestation de la gloire est un des signes qui
authentifient et révèlent les vrais fils et filles de

74
2Corinthiens 6, 14-17

76
Vie nouvelle dans le Christ

Dieu. La Bible dit qu’à son retour, le Christ


viendra chercher une épouse glorieuse c’est-à-dire
qui opère dans la gloire ou qui manifeste cette
gloire dans sa vie75. Cela exige de nous d’être
connectés à sa Parole et de demeurer en sa
présence. Nous refléterons la gloire de Dieu
quand nous nous approcherons, comme Moïse, de
plus en plus de la présence de Dieu et que nous
entrerons dans son intimité.

Connaître Dieu, croître dans cette


connaissance, apprendre à l’aimer et demeurer en
sa présence, vivre selon la discipline de Jésus-
Christ, voilà ce qui permet d’avoir un impact de la
vie divine dans la vie des chrétiens. Un tel impact
fait de ces derniers de gens cohérents et différents
dans ce monde ; différents dans l’excellence, c’est-
à-dire dans la façon noble de faire les choses
ordinaires. Et comme l’a souligné l’évangile de

75
Éphésiens 5, 27

77
Vie nouvelle dans le Christ

Jean : « Voici comment se manifeste la gloire de


mon Père : quand vous portez beaucoup de fruits
et vous vous montrez ainsi mes disciples »76. C’est
pourquoi, renchérit l’apôtre Paul, « quoi que vous
fassiez, disiez et pensiez, faites-le pour la gloire de
Dieu ». Tout ce que nous faisons doit porter la
signature de sa magnanimité. Nous sommes le
sanctuaire de Dieu à travers lequel il doit être
glorifié. Nous sommes destinés à porter son
empreinte ; il nous faut par conséquent porter une
grande attention à la qualité de notre présence
dans le monde.

76
Jean 15, 8

78
Vie nouvelle dans le Christ

79
Vie nouvelle dans le Christ

TROISIÈME PARTIE :
Des passages obligés
pour manifester
la gloire du 2e temple
« Ainsi, la splendeur du nouveau temple
surpassera celle du premier ».
(Aggée 2, 9)

C
ette prophétie d’Aggée, ci-haut citée,
concerne le cheminement et la destinée de
tout enfant de lumière. Le premier temple
est appelé à entrer dans une autre
dimension pour manifester la gloire. Jésus a dit de
ne pas craindre ceux qui tuent le corps, mais ne
peuvent tuer l’âme, mais plutôt de craindre ceux
qui peuvent tuer tout à la fois le corps et l’âme77.

77
Matthieu 10, 28

80
Vie nouvelle dans le Christ

Pourquoi ? Parce que, comme l’a explicité l’apôtre


Paul, le corps physique est destiné à la mort tandis
que le corps spirituel est appelé à la gloire de la
résurrection. C’est pourquoi, dans la vie du
chrétien, la gloire de Dieu se révèle lorsque la
dimension spirituelle commence à diriger la
dimension naturelle. Remarquons qu’il n’y a pas
opposition ici, mais progression jusqu’à
l’accomplissement total.

Du premier Adam au deuxième Adam, le


Christ

Vous vous êtes approchés de Jésus, l’intermédiaire


de l’alliance nouvelle, et son sang répandu qui parle
d’une manière plus favorable que celui d’Abel.
(Hébreux 12, 24)

Avez-vous déjà remarqué une certaine


coïncidence dans la Bible qui ne peut laisser l’œil

81
Vie nouvelle dans le Christ

vigilant indifférent. Ce sont des textes révélateurs


de ce que nous explicitons dans cette étude. On
peut facilement constater une grille de lecture qui
ramène au schéma avant | après, premier | second
[temple]. Vérifions-le ensemble dans les récits ci-
après :

La Bible fait mention de deux «Adam» : le «


premier » par qui le péché est entré dans le monde
et qui a été privé de la vision béatifique de Dieu
ainsi que de sa gloire78, et, le
« deuxième », le Christ qui a été obéissant jusqu’à
mourir sur une croix. Dieu a exalté son nom et a
fait de lui la source du salut79.

Ainsi, la faute d’un seul être, Adam, a entraîné la


condamnation de tous les humains; de même,
l’œuvre juste d’un seul, Jésus-Christ, libère tous les
humains du jugement et les fait vivre. Par la
désobéissance d’un seul, une multitude de gens sont

78
Romains 3, 23
79
Cf. Philippiens 2, 6-11 ; Romains 5, 12-21

82
Vie nouvelle dans le Christ

tombés dans le péché ; de même, par l’obéissance


d’un seul une multitude de gens sont rendus justes
aux yeux de Dieu.80

Là où le « premier Adam » a été privé de la


gloire de Dieu, le « second » l’a manifesté : « Moi,
je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre
que tu m’avais confiée. Toi, Père, glorifie-moi
maintenant auprès de toi […] »81.

Selon le récit biblique de la Genèse, Adam


et Ève ont eu deux fils : Caïn et Abel. Le premier
fut un cultivateur tandis que le second, un berger.
La Bible rapporte que l’offrande du premier, Caïn,
ne plût pas à Dieu, mais qu’il agréa celle de son
frère Abel,82 car ce dernier avait présenté les
meilleurs morceaux des agneaux premiers-nés de
son troupeau. Là encore, c’est l’offrande du

80
Romains 5, 18-19
81
Jean 17, 4-5
82
Genèse 4, 3-5

83
Vie nouvelle dans le Christ

deuxième et non du premier fils qui a honoré


Dieu.

Abraham, notre père dans la foi, a eu


officiellement deux enfants : le premier Ismaël, et
le second Isaac. Lorsque Abraham a conçu un
enfant avec sa servante, sur la proposition de sa
femme alors stérile, il pensait ainsi réaliser la
promesse que Dieu lui avait faite, celle de devenir
le père de la multitude. En effet, son âge avancé en
plus de la stérilité de sa femme commençait à
semer le doute en eux. C’est alors que Sara lui
proposa de coucher avec sa servante Agar.
Lorsqu’Ismaël naquit de cette union, en dépit de
la bénédiction que Dieu lui assura, il dit
néanmoins à Abraham qu’il n’était pas l’enfant de
l’Alliance :

Je vais te bénir et te donner par elle un fils. […]


Abraham se jeta le visage contre terre et il rit, car il
se disait : « comment pourrais-je avoir un enfant,
moi qui ai cent ans, et comment Sara qui est en a

84
Vie nouvelle dans le Christ

quatre-vingt dix pourrait-elle devenir mère ? » Il dit


alors à Dieu : «Pourvu qu’Ismaël vive et que tu
t’intéresses à lui, je n’en demande pas plus». Dieu
dit : « Non! Ta femme Sara te donnera un fils que tu
appelleras Isaac. Je maintiendrai mon alliance avec
lui. Ce sera une alliance pour toujours. De plus, j’ai
entendu ta demande en faveur d’Ismaël : je le
bénirai, je le rendrai fécond, je lui donnerai un très
grand nombre de descendants. Il sera le père de
douze princes et l’ancêtre d’un grand peuple. Mais
mon alliance, je la maintiendrai avec Isaac, le fils que
Sara va te donner à cette époque l’an
prochain ». 83

Il fallait attendre des années après pour que


l’enfant de la promesse naisse en la personne
d’Isaac. On le voit, la promesse ici se réalise non
avec le premier, mais avec le deuxième fils.

Isaac lui-même a eu des jumeaux : l’aîné


était Esaü, et le cadet Jacob. Dans la tradition
juive, la bénédiction du père était transmise au fils

83
Genèse 17, 16-21

85
Vie nouvelle dans le Christ

aîné. C’est donc Esaü qui était censé devenir


l’héritier de la bénédiction d’Isaac. Pourtant, ce ne
fut pas le cas : un jour, alors qu’il revenait très
affamé de la chasse, il trouva son frère cadet avec
un bol de soupe qui sentait très bon. Suppliant son
frère pour qu’il la lui donne, celui lui demanda sa
bénédiction en échange. C’est ce qu’il fit. La suite
des événements montre qu’Isaac bénit
effectivement Jacob à la place d’Ésaü. Et Dieu lui
s’est révélé à Moïse en respectant cette
bénédiction : « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de
Jacob »84. Ce récit montre lui aussi comment la
bénédiction passe du premier au deuxième fils.

Jacob a épousé deux sœurs : l’aînée Léa et


la cadette Rachel. En effet, Jacob aimait Rachel. Il a
offert ses services pour la marier. Mais les jours
des noces, on l’enivra et on le laissa coucher avec
Léa, l’aînée. Car la tradition ne permettait pas de

84
Genèse 25, 23-33 ; Exode 3, 15

86
Vie nouvelle dans le Christ

marier la cadette tant que l’aînée ne l’était pas


encore. Puisque le cœur de Jacob était pour
Rachel, il travailla d’autres années
supplémentaires pour marier Rachel. La Bible
rapporte que Léa avait les enfants de Jacob, mais
c’est Rachel qui avait son cœur, et Léa en était
jalouse. Ce récit aussi met aussi en vedette la
deuxième fille contre la première.

Lorsqu’Israël eut été structuré selon le


système théocratique c’est-à-dire où le roi règne
au nom et à la place de Dieu, le livre de Samuel
rapporte l’histoire de deux rois : le premier Saül et
le second David. À cause de ses pratiques
abominables, notamment la nécromancie, Dieu
rejette le roi Saül et se choisit lui-même un
nouveau roi, en la personne de David, un jeune

87
Vie nouvelle dans le Christ

berger85. Il dit : « J’ai trouvé David l’homme selon


mon cœur »86.

Dans le Nouveau Testament, on notera


surtout le passage de Képhas à Pierre ; et celui de
Saul le persécuteur de l’Église à Paul le défenseur
de l’Église. Le premier, Pierre, avait d’abord renié
Jésus ; mais après la Pentecôte, il est allé jusqu’à
donner sa propre vie pour son maître. Quant à
Saul, en bon pharisien, il persécuta les chrétiens
jusqu’à ce qu’il fasse son expérience sur le chemin
de Damas. Cette expérience transforma toute sa
vie : « Ce que je tenais comme prestige [gain], je le
considère maintenant comme une perte à cause
du Christ »87, dira-t-il.

Pour résumer, il y a en chacun de nous un


premier Adam, un premier temple, l’homme

85
1Samuel 16, 1
86
Actes 13, 22
87
Philippiens 4, 7-9

88
Vie nouvelle dans le Christ

charnel qui à lui seul ne peut rendre gloire au


Créateur. Comme aux noces de Cana, pour que le
meilleur vin, le deuxième, séduise les invités plus
que le premier vin, il faut réunir certaines
conditions : la disponibilité des vases, l’eau,
l’obéissance, etc. Ainsi en est-il de la vie de tout
disciple qui veut honorer son Maître.

Tableau récapitulatif

Interprétation symbolique Interprétation symbolique


du 1er temple du 2e temple

→ 1er Adam → Christ : 2e Adam


→ Caïn → Abel
→ Ismaël → Isaac
→ Esaü → Jacob
→ Élie → Élisée
→ Moïse → Josué
→ Saül → David
→ Léa → Rachel
→ Homme charnel → Homme spirituel

89
Vie nouvelle dans le Christ

→ Képhas → Pierre
→ Saul → Paul
→ 1er vin (noce de Cana) → 2e vin (noce de Cana)

Essai d’interprétation

De ce qui précède, faut-il conclure que le


fait d’être aîné d’une famille prive
automatiquement de la gloire à Dieu ? Interpréter
notre tableau de cette manière serait le réduire à la
lettre de la Parole au lieu de pénétrer son esprit.
Le tableau récapitulatif nous aide à comprendre
que ce n’est pas nécessairement par la condition
généalogique qu’on peut rendre gloire à Dieu,
mais par le changement de position spirituelle.
Notre condition n’a rien à voir avec notre position
spirituelle. La condition est ce qui permet
d’atteindre la position spirituelle adéquate. Nous
sommes un peuple en marche et le but de cette
marche est le Royaume de Dieu ainsi que sa

90
Vie nouvelle dans le Christ

gloire. Lorsque nous nous occupons de ce but,


alors Dieu s’occupe de nos besoins. Il nous faut
rechercher d’abord la gloire de Dieu, car Dieu ne
veut pas être en seconde position. Il est le
commencement de toute chose, l’Alpha et
l’Oméga. Lorsque nous mettons la charrue avant
le bœuf, alors nous ne pouvons manifester ni la
vie de Dieu ni sa gloire. Et par conséquent, nous
ne pouvons en être le reflet.

Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?


Le projet de Dieu, c’est que l’homme soit son
image, sa résonnance sur la terre et qu’il domine.
Voilà pourquoi, après la chute du premier Adam,
Dieu suscite un nouvel Adam de qui devait naître
un nouveau prototype afin de continuer et de
réaliser le projet de Dieu. Là où le premier Adam
a désobéi dans le jardin d’Éden, le second a tout
accepté au jardin de Gethsémani. Le second

91
Vie nouvelle dans le Christ

Adam, Jésus, a été obéissant jusqu’à la mort88. Sur


la croix sont sortis l’eau et le sang de son côté,
symbole de vie. Le projet de Dieu n’a pu être
accompli que par Jésus-Christ. Tout son ministère
a rendu gloire à son Père. Ce n’est donc qu’en
Christ que jaillit l’homme nouveau.

Manifestons-nous cette vie de fils et de


filles de Dieu en nous ? C’est pourtant ce que le
monde attend de nous chrétiens. Si nous sommes
fils et filles de Dieu, c’est que nous portons la
semence de Dieu. Un enfant porte la semence de
son père. Il y a certains facteurs qui peuvent
empêcher que se manifeste la divinité en ta vie. De
même que la semence suit un processus de
maturité pour se manifester : cultiver la terre, la
labourer souvent, semer, entretenir ; de même, sur
le plan spirituel, il faut mettre de l’ordre dans
notre vie. Si nous ne prions pas ou si nous vivons

88
Philippiens 2

92
Vie nouvelle dans le Christ

dans le péché, comment voulons-nous que la vie


de Dieu se manifeste en nous ? La vie de Dieu,
c’est son Esprit en nous. Or, si nous contristons le
Saint Esprit89, comment peut-il se manifester ?

Dieu n’a pas oublié son projet. Il veut que


nous ressemblions à son image c’est-à-dire que
nous reflétions sa gloire. En tant que projet de
Dieu, nous avons un but car nous sommes des
hommes ou des femmes de destinée90. Il faut
retrouver le modèle en Jésus et marcher comme
lui. Mais dans cette marche, nous pouvons
rencontrer l’adversité. D’où l’importance de faire
attention aux alliances que nous faisons et qui, à
l’instar de celle de Samson avec Dalida, risquent
de nous détourner de notre destinée. À l’opposé, il
faut marcher par la foi c’est-à-dire dans la Parole.

89
Éphésiens 4, 30
90
Éphésiens 1, 3

93
Vie nouvelle dans le Christ

Ce qui donne la victoire dans le monde,


c’est la foi. C’est pour cette raison que la bible
déclare que le juste vivra par la foi91. Car « sans la
foi, personne ne peut plaire à Dieu »92. La Parole a
été donnée pour susciter la foi. C’est par la foi que
nous saisirons la Vérité. Il faut donc nous assurer
que notre vie n’est guidée par rien d’autre au
monde sinon que par la Parole et que celle-ci
constitue notre sécurité. Bien entendu, le
problème aujourd’hui n’est pas celui de croire,
mais de continuer à croire à chaque instant de ta
vie.

C’est grâce à cette Parole que nous pouvons


recevoir Jésus et entrer dans une nouvelle alliance.
Sa venue sur la terre nous a introduits dans cette
nouvelle alliance. Désormais, le critère d’élection
n’est plus l’appartenance juive, mais la foi en

91
Habacuc 2, 4
92
Hébreux 11, 6

94
Vie nouvelle dans le Christ

Jésus. C’est pourquoi la bible déclare : « À ceux


qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir
enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés de la
volonté d’un homme, ni du sang, mais de Dieu
»93. Recevoir Jésus, c’est naître de Dieu par une
soumission sincère et personnelle, dans l’esprit et
dans le cœur, à la volonté de Jésus-Christ, afin
qu’il puisse vivre sa vie en nous94 et que nous lui
permettions ainsi de refléter sa véritable Nature
en nous.

93
Jean 1, 12
94
Galates 2, 20

95
Vie nouvelle dans le Christ

Du péché à la sanctification

Tous ont péché et ont été privés de la gloire de Dieu


(Rm 3, 23)

La sanctification est une exigence pour


manifester la gloire de Dieu. En effet, chaque être
humain est une créature de Dieu appelée à lui
ressembler. En marchant à la suite de Jésus et en
accueillant sa Parole, tout enfant de Dieu choisit le
chemin de la sanctification. Jésus est la racine de
toute sanctification. De même que nous ne
pouvons devenir chrétiens sans une relation avec
le Christ, de même, en dehors de lui, nous ne
pouvons être ni sanctifiés, ni justifiés, ni bénis, ni
sauvés. Par conséquent, nous ne pouvons avoir
accès à son royaume. C’est à travers Jésus que
Dieu nous honore et nous bénit95 puisqu’il est le
seul reconnu devant le Père. La seule voie à

95
Éphésiens 1, 3

96
Vie nouvelle dans le Christ

travers laquelle nous pouvons être à notre tour


reconnus devant Dieu, ce ne sont pas nos œuvres,
mais la qualité de notre relation avec le Christ
Jésus. Car, en vainquant le monde, il nous a
sauvés du péché et nous a justifiés. C’est pourquoi
nous devons le déclarer comme notre Seigneur et
Sauveur. Le manque de connaissance sur notre
identité à travers le Christ fait que plusieurs
demeurent dans le péché au lieu de prendre le
chemin de la sanctification.

Vous avez été ramenés de la mort à la vie avec le


Christ. Alors, recherchez les choses qui sont au ciel,
là où le Christ siège à la droite de Dieu. Préoccupez-
vous de ce qui est là-haut et non de ce qui est sur la
terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée
avec le Christ en Dieu. Votre véritable vie, c’est le
Christ, et quand il apparaîtra, alors vous apparaîtrez
aussi avec lui en participant à sa gloire. Faites donc
mourir tout ce qui est terrestre en vous :
l’immoralité, l’impureté, les passions, les mauvais
désirs et l’avarice. Ce sont de telles fautes qui
attirent la colère de Dieu sur ceux qui s’opposent à

97
Vie nouvelle dans le Christ

lui. Voilà comment vous vous conduisiez autrefois


quand votre vie était dominée par ces péchés. Mais
maintenant, rejetez tout cela : la colère, l’irritation et
la méchanceté. Qu’aucune insulte ou parole
grossière ne sorte de votre bouche. Ne vous mentez
pas les uns les autres, car vous avez abandonné
votre vieille nature avec ses habitudes et vous vous
êtes revêtus de la nouvelle nature : vous êtes des
êtres nouveaux que Dieu, notre Créateur, renouvelle
continuellement à son image, pour que vous le
connaissiez parfaitement.96

Le résultat de la sanctification est triple.


Tout d’abord, étant donné que le péché produit la
culpabilité, la culpabilité attaque la confiance en
Dieu et en sa Parole ; la sanctification a l’habilité
de rétablit cette confiance. Ensuite, le sang de
Jésus nous purifie de tous nos péchés, toutefois il
nous revient de chercher comment demeurer dans
cet état de purification. Enfin, Jésus devient le
fondement de notre victoire, notre bénédiction,

96
Colossiens 3, 1-10

98
Vie nouvelle dans le Christ

notre pardon et notre justification, mais à


condition de l’accepter dans notre vie. Le résultat
de la sanctification est qu’on devient juste devant
Dieu et devant les hommes. Le juste est celui qui
s’ajuste à Dieu en faisant sa volonté, en épousant
ses mœurs, son langage, son regard, afin de lui
ressembler. C’est pourquoi celui qui renonce au
mensonge, à l’orgueil, à la rébellion contre Dieu,
bref au péché, recherche la justice de Dieu et
devient juste devant Lui. Voici quelques éléments
qui tracent l’itinéraire spirituel conduisant à cette
justice :

La crainte de Dieu. Quand nous parlons de


la crainte, il ne s’agit nullement de la peur, mais
bien de l’amour de Dieu. Un amour qui jaillit de
l’écoute attentive de la Parole de Dieu et qui
suscite le respect. Dans cette perspective de
l’amour, la crainte de Dieu est le commencement

99
Vie nouvelle dans le Christ

de la sagesse97. Une telle crainte fait que la


présence de Dieu dans notre vie nous rappelle la
nécessité de ne pas nous éloigner de lui et de sa
Parole, de peur de mourir. Nous sommes appelés
à être des flambeaux dans le monde. Il y a des
choses que Dieu veut et d’autres pas parce
qu’elles ne peuvent refléter sa gloire. Le monde
est attiré par la lumière qui brille et éclaire. Dans
le cas contraire, nous ne pourrons attirer les gens
au Christ : « Que votre lumière brille devant les
hommes ! En voyant le bien que vous faites, ils
rendront gloire à Dieu »98. Lorsque la sagesse fait
défaut, il nous faut, à l’instar de Salomon, la
demander à Dieu lui-même.

La repentance. C’est une décision que nous


prenons après avoir réalisé, grâce à la crainte de
Dieu, que nous avons blasphémé Dieu et que nous

97
Psaume 111, 10
98
Matthieu 5, 16

100
Vie nouvelle dans le Christ

avons le désir de ne plus recommencer. Sans la


repentance, nous pouvons connaître les versets
bibliques, prêcher, assister aux assemblées
chrétiennes, chanter pour Dieu, prendre part aux
comités de l’église, mais sans jamais refléter la
gloire de Dieu. Nul ne peut marcher
consciemment dans le péché et prétendre servir
Dieu. Mentionnons ici quelques facteurs qui
empêchent souvent certains chrétiens et serviteurs
[servantes] de Dieu de se repentir : ce sont en
général les dettes morales envers quelqu’un, les
mauvaises compagnies qui corrompent les justes,
le manque d’accueil de la Parole de Dieu, la
référence aux choses du monde, c’est-à-dire le
péché, l’amour de l’argent, les compromissions
dans les petites choses, la peur d’être différent,
indexé, marginalisé, etc.

La conversion. Puisque la repentance nous


conduit au changement, la conversion est une
action qui consiste à produire des œuvres qui

101
Vie nouvelle dans le Christ

témoignent de ce changement. Ce changement se


démarque par un avant et un après : un peu plus
de Jésus vit en nous maintenant et un peu moins
de nous-mêmes prend le dessus. Cela signifie que
nous avons maintenant épousé les mœurs de
Dieu, car il est difficile et impossible de devenir
juste sans adopter le style de vie de Jésus dévoilé
dans les évangiles. Plus nous sommes
transformés, plus nous sommes bénis, remplis,
changés dans notre mentalité, nos paroles et nos
actions, plus nous coopérons à ce que Jésus révèle
quelque chose à ce monde à travers nous. En
voyant la magnificence de la gloire du Christ
briller dans notre vie, le monde peut venir à Jésus.
Dans la perspective de la théologie sacramentelle,
cette conversion est accomplie et exprimée par
l’acte du baptême. Le baptême vise effectivement
à se détourner du mal, mais aussi à s’engager à la
suite de Jésus jusqu’à épouser les valeurs de

102
Vie nouvelle dans le Christ

l’Évangile et qu’une nouvelle façon de vivre en


découle.

La glorification. Lorsque le changement a


produit un impact dans notre vie, nous reflétons
alors l’image de Dieu et manifestons sa gloire.
Lorsque s’éclabousse notre caractère qui faisait
obstacle à Dieu, l’onction et la bénédiction de Dieu
s’accumulent en nous. Alors, nous rendons gloire
à Dieu c’est-à-dire Il devient satisfait de notre vie
parce que notre comportement l’honore. Notre vie
imprime maintenant le caractère des enfants du
royaume ainsi que l’empreinte de Dieu.

L’adoration. Elle devient possible et


agréable quand nous avons accepté de mettre de
l’ordre dans notre vie, car notre Dieu est un Dieu
d’ordre. Toute l’œuvre de création est le résultat
d’une mise en ordre de différents éléments
cosmiques. Lorsque notre vie a remis Dieu en sa
position première, alors il n’y a plus d’idoles qui

103
Vie nouvelle dans le Christ

lui font concurrence. Plus nous adorons Dieu dans


l’ordre, plus nous marchons dans la crainte du
Seigneur. Tel est le processus de la sanctification :
il conduit de progrès en progrès, de l’éveil en éveil
de la conscience.

De l’homme charnel à l’homme spirituel

Lorsqu’on considère le cours de l’histoire


de la foi, on peut distinguer deux types de
chrétiens : ceux qui sont demeurés naturels et
ceux qui sont devenus spirituels. Selon l’apôtre
Paul, l’« homme naturel » est le premier homme
qui est né du sang, élevé dans une coutume
donnée, gouverné par les pensées reçues de ses
parents, par ses émotions et ses sens. Il a beau
regarder mais sans vraiment voir, entendre, mais

104
Vie nouvelle dans le Christ

sans vraiment comprendre99. À quoi sert-il alors


d’entendre les meilleures prédications, si cela ne
change rien dans notre vie ? Une telle attitude
charnelle face à la Parole de Dieu a des
conséquences, comme le souligne l’apôtre Paul
dans son exhortation aux Éphésiens : « ne vous
conduisez plus comme des païens que leurs
pensées mènent au néant. Ils refusent de
comprendre ; ils n’ont aucune part à la vie qui
vient de Dieu, parce qu’ils sont complètement
ignorants et profondément endurcis »100.

D’après l’Évangile de Jean nul ne peut


entrer dans le Royaume de Dieu « s’il ne naît de
l’eau et de l’Esprit » (Jn 3,5). « Naître de l’eau »
d’abord est une symbolique très riche qui évoque
la purification et la vie. L’eau, on le sait, peut faire
vivre, mais elle peut aussi causer la mort. Dans le
cadre du sacrement de baptême, la plongée dans
99
Marc 4, 12
100
Éphésiens 4, 17-19

105
Vie nouvelle dans le Christ

l’eau et la remontée signifient la mort au péché et


le don de la vie nouvelle avec le Christ, mort et
ressuscité pour nous. Le chrétien plonge donc
dans la mort du Christ pour ressusciter avec lui
(Rm 6, 1-11). En ce sens, le baptême ne marque
pas seulement la nouvelle naissance, mais il
procure aussi une nouvelle vie, une nouvelle
identité de filles et fils de Dieu ainsi que de
membres de l’Église.101

Ensuite et de façon concomitante, « naître


de l’Esprit » renvoie à ce que la Bible désigne par
l’« homme spirituel » c’est-à-dire la conséquence
de « naître de l’eau ». Celui-ci a épousé les pensées
du Christ, il a renoncé à sa conduite d’autrefois,
s’est débarrassé de sa vieille nature qui menait à la
ruine ; il s’est laissé complètement renouvelé dans

101
Voir Jean 3, 5; Romains 6, 1-11. Je suggère au lecteur la
conférence du professeur N. PROVENCHER sur Les sacrements
dans la vie de l’Église, fascicules inédits, Ottawa, Université saint
Paul, 2007, pp. 8-10.

106
Vie nouvelle dans le Christ

son cœur et dans son esprit, en revêtant la


nouvelle nature, créée à la ressemblance de Dieu
et qui se manifeste dans la vie juste et sainte
qu’inspire la vérité102. Selon cette mise en
perspective, l’« homme naturel » est opposé à l’«
homme spirituel » : « L’homme qui ne compte que
sur ses facultés naturelles est incapable
d’accueillir les vérités communiquées par l’Esprit
de Dieu : elles sont une folie pour lui ; il lui est
impossible de les comprendre, car on ne peut
juger que par l’Esprit. L’homme qui a l’Esprit de
Dieu peut juger de tout, mais personne ne peut le
juger »103.

L’« homme spirituel » est celui qui né de


nouveau. La nouvelle naissance est une recréation
à l’image de Dieu. C’est aussi quelqu’un qui a
renouvelé ses pensées par la Parole de Dieu sans
lequel renouvellement il perd sa saveur de sel de
102
cf. Éphésiens 4, 22-24
103
1Corinthiens 2, 13-15

107
Vie nouvelle dans le Christ

la terre et son éclat de lumière du monde. Si on


n’est pas né de nouveau, on peut aller à l’église,
prier, lire la Bible tous les jours, mais sans jamais
manifester la vie divine qui est en-soi104. On
devient alors spirituellement mort, car il n’y a pas
de vie chrétienne véritable sans cette nouvelle
naissance. Bien sûr que par soi-même on ne peut
pas changer, par contre, on peut désirer le
changement. Car, comment peut-on manifester la
gloire de Dieu sans d’abord être libre et libéré du
mal. Et comment peut-on poser en homme libre si
on est prisonnier des chaînes, du péché, de la
haine, de la colère, etc. ? Voici ce que l’apôtre Paul
affirme à ce sujet : « L’être humain que nous
étions auparavant a été mis à mort avec le Christ
sur la croix, afin que notre nature pécheresse soit
détruite et que nous ne soyons plus les esclaves

104
1Pierre 1, 3

108
Vie nouvelle dans le Christ

du péché. Car celui qui est mort est libéré du


péché »105.

Celui qui est né de nouveau à la nature


divine en lui et cherche à plaire au Seigneur.

C’est ce que devrait produire le sacrement de


baptême dans la vie des chrétiens : « incorporés au
Christ par le Baptême, les chrétiens sont « morts au
péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rm 6,
11), participant ainsi à la vie du Ressuscité. À la
suite du Christ et en union avec Lui, les chrétiens
peuvent « chercher à imiter Dieu comme des enfants
bien-aimés et suivre la voie de l’amour » (Ep 5, 1), en
conformant leurs pensées, leurs paroles et leurs
actions aux « sentiments qui sont dans le Christ
Jésus » (Ph 2, 5) et en suivant ses exemples. 106

Pour ceux qui sont sous le règne de la Loi,


quand ils n’y obéissent pas, cela conduit à la
condamnation. Comment savoir qu’on est né de

105
Romains 6, 6-7
106
CEC, no 1694

109
Vie nouvelle dans le Christ

nouveau ? Dans sa lettre aux Galates, l’apôtre Paul


nous trace un schéma que nous allons reprendre
ici qui marque non seulement la différence entre
les œuvres de la chair [l’homme naturel, charnel]
et celles de l’Esprit [l’homme spirituel], mais aussi
leur opposition : « notre propre nature a des désirs
contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit a des désirs
contraires à ceux de notre propre nature : ils sont
complètement opposés l’un à l’autre […] »107.

Voici le schéma opposant les œuvres de la


chair à celles de l’Esprit dans la lettre aux
Galates108 :

107
Galates 5, 17
108
Galates 5, 19-23

110
Vie nouvelle dans le Christ

L’homme charnel L’homme spirituel

→ immoralité → amour
→ impureté → joie
→ vice → paix
→ culte d’idolâtrie → patience
→ magie → bienveillance
→ haine → bonté
→ querelles → fidélité
→ jalousie → douceur
→ colère → maîtrise de soi
→ rivalités
→ division en groupes
opposés
→ envie
→ ivrognerie
→ orgies

Ce tableau, qui peut servir de grille


d’évaluation personnelle, suggère en même temps
des passages obligés qui tracent une ligne de
démarcation entre l’avant et l’après dans notre
progression et relation avec Jésus. Chacun peut

111
Vie nouvelle dans le Christ

vérifier là où il se situe en examinant simplement


ce qui gouverne ou domine sa vie : est-ce les
œuvres de l’homme charnel ou celles de l’homme
spirituel ?

De gloire en gloire

Nous tous, le visage découvert, nous reflétons la


gloire du Seigneur ; ainsi, nous sommes transformés
pour être semblables au Seigneur et nous passons
d’une gloire à une autre gloire plus grande encore.
(2Corinthiens 3, 18)

L’apôtre Paul commence par situer la


deuxième gloire à la lumière de la première. Selon
lui, si la gloire de Dieu a pu resplendir dans une
loi gravée sur des tablettes de pierre, alors que
cette loi mène à la mort, combien plus glorieuse
doit-être la fonction exercée par l’Esprit et qui vise
la justification des justes! S’il y a donc eu gloire

112
Vie nouvelle dans le Christ

passagère dans le passé à cause de la loi, cette


gloire doit disparaître devant la splendeur de celle
de l’Esprit c’est-à-dire la lumière du Christ109. Or,
l’Église est le Corps du Christ et nous, chrétiens, le
temple de l’Esprit. En tant que tels, nous sommes
appelés à refléter la gloire du Seigneur en passant
de gloire en une gloire plus resplendissante
encore.

Passer de gloire en gloire exige de notre


part une métamorphose de cœur, un changement
de mentalité et de nature. Passer de gloire en
gloire révèle l’idée de progression dans la qualité
de notre vie de foi. Cela exige de notre part
beaucoup d’efforts. Exerce-toi110 afin d’être un
modèle en paroles et en conduite pour les autres,
affirme l’apôtre Paul. Comment s’exercer sinon
par la pratique ? Il y a des choses que l’on saisit
dans son esprit, mais c’est l’exercice qui fait
109
2Corinthiens 3, 7-14
110
1Timothé 4, 8

113
Vie nouvelle dans le Christ

avancer, réussir. C’est exactement comme dans les


choses naturelles : il y a pour chaque enfant un
commencement, une progression et une évolution.
Dès le commencement, l’attention est portée à
l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur. Mais à force de
s’exercer, la puissance de Dieu jaillira de
l’intérieur et se manifestera ensuite à l’extérieur.
Nous ne pourrons refléter la gloire de Dieu que
dans une telle intériorité, en contemplant - telle la
lune face au soleil - sa gloire, jusqu’à ce qu’elle se
révèle. C’est le reflet visible, le sceau de sa gloire
qui se manifeste en nous. Nous cessons alors de
marcher dans les ténèbres, car nous prenons
conscience que nous sommes la lumière du
monde et que notre lumière doit briller autour de
toi. Elle brillera lorsque nous nous engagerons à
établir les habitudes, le caractère, les principes du
royaume de Dieu dans notre vie et autour de
nous. Car partout où Dieu règne, il règne en
gloire. Il nous faut rechercher donc ce règne avant

114
Vie nouvelle dans le Christ

tout, car Dieu nous a rachetés d’une part pour


régner et, d’autre part, pour établir son règne dans
ce monde, de sorte que le monde apprenne à
l’adorer en vérité et à marcher en sa présence.

Moïse passe 40 jours et 40 nuits dans la


présence de Dieu. Dieu n’est pas assujetti au
temps111. Quand nous entrons en sa présence,
alors nous sommes dans sa gloire. C’est là où le
Seigneur nous veut. Lorsque Moïse était sur la
montagne, l’Éternel est descendu. La présence du
Seigneur que nous expérimentons est une grâce à
travers laquelle Dieu veut toucher et changer
notre vie. Quand quelqu’un est rayonnant de la
gloire de Dieu, l’onction coule dans tous les
aspects de sa vie. Voilà pourquoi le « diable »
l’empêchera par tous les moyens d’être en contact
avec la gloire de Dieu.

111
Exode 33, 5-9

115
Vie nouvelle dans le Christ

En tant que le lieu de gouvernement de


Dieu sur la terre, l’Église de Jésus-Christ a la
mission d’établir les signes visibles de son règne
ici sur terre et, ce faisant, d’attirer la gloire de
Dieu sur nos vies. Lorsque la gloire de Dieu
remplira toute la terre, le monde la reconnaîtra.
Comme ce fut le cas dans l’Ancienne Alliance où
des peuples païens ont été confondus et ont
reconnu l’Éternel devant différentes
manifestations de sa gloire : en témoigne le récit
du duel entre les prophètes du dieu Baal et Élie112.

112
1Rois 18

116
Vie nouvelle dans le Christ

Des récits pour témoigner

Tous ces récits ont été mis par écrit pour nous servir
d’exemple. (1Corinthiens 10, 11)

Qu’il nous soit permis maintenant de


mettre en lumière tout ce que nous venons de
développer en nous appuyant sur quelques
témoignages. Pour de raisons pratiques, nous en
avons seulement retenu trois.

Dieu peut restaurer tout ton passé

On connaît très bien l’histoire du pasteur


David WILKERSON113, ce pasteur américain de la
Pennsylvanie touché et interpelé dans le plus
profond de l’être de son existence par un groupe
de jeunes Newyorkais, appartenant à un gang
d’adolescents accusés du meurtre brutal d’un

113
Nous nous référons ici au récit du pasteur tel que raconté dans
son livre La croix et le poignard, éditions Vida, Miami, 1980, 203
p.

117
Vie nouvelle dans le Christ

autre adolescent, en 1958. En effet, deux groupes


rivaux faisaient la démonstration gratuite de leur
violence afin de prendre le contrôle d’un territoire
à New York, mais aussi pour marquer la
supériorité de l’un par rapport à l’autre. Pour y
arriver, le poignard était l’arme privilégiée. La
conséquence était des bagarres interminables et
un nombre incalculable de tueries dans les rues.

Par le pouvoir de l’Évangile, ce pasteur a


changé la vie de ces jeunes délinquants. « Des
chefs de gang habitués au crime s’agenouillèrent
dans les rues pour prier, des enfants effrayés
pleuraient sur leur solitude et leur colère, les
esclaves de l’héroïne trouvaient le courage de
rompre leurs liens avec la drogue »114.

Qu’est-ce qui s’était passé au fait ? Ils


venaient de donner leur vie à Jésus et renonçaient
par conséquent à leur passé. Là où régnait le
114
La croix et le poignard, p. 3

118
Vie nouvelle dans le Christ

poignard, ces délinquants ont reçu la croix sur


laquelle le Christ a donné sa vie pour les
pécheurs. Certains d’entre eux sont devenus des
pasteurs d’âme. Comme on peut s’en rendre
compte, c’est dans la deuxième phase de la vie de
ces délinquants, à partir du moment où ils ont
pris librement la décision de donner leur vie à
Jésus et se sont détournés du mal, que Dieu a été
glorifié.

On peut travailler pour Dieu sans travailler


avec Dieu

Le second récit concerne un couple que le


Seigneur a mis sur mon chemin et dont le
témoignage a été à la base de mon cheminement
de conversion. Il s’agit de Marc et Sarah115, un
couple suisse que j’ai connu en Belgique à
l’occasion d’un rassemblement d’évangélisation.

115
Afin de garder la confidentialité des témoins, nous avons choisi
de les appeler par le pseudonyme de Marc et Sarah.

119
Vie nouvelle dans le Christ

Marc était un commerçant de métier, mais comme


chrétien il assumait la responsabilité de sacristain
dans son église paroissiale. Et de ce fait, il s’était
lié d’amitié avec le curé de sa paroisse. Les
différents rendez-vous qu’imposait son commerce
a fait qu’il fasse la rencontre d’une autre femme
qui, par la suite, était devenue sa maîtresse. Marc
gérait bien sa double vie jusqu’au moment où il
commença à accuser beaucoup d’irrégularités
dans son ménage. À plusieurs reprises Sarah est
allée voir le curé pour s’en plaindre, dans l’espoir
qu’il puisse aider le couple, mais tout ce qu’elle
obtenait du curé était une promesse de prière.
L’allure que prenait l’affaire, qui ne faisait
qu’empirer, a fait douter Sarah quant à la piété et
la sincérité du curé.

Les années ont passé jusqu’au jour où Marc


reçut l’invitation d’un autre paroissien en vue de
participer à une retraite dont le prédicateur était le

120
Vie nouvelle dans le Christ

Père Émilien Tardif116, de triste mémoire. Même si


cela ne rejoignait pas ses convictions profondes, il
accepta d’y aller, et ce, à un double titre : tout
d’abord en tant que sacristain, puisque la retraite
avait lieu dans leur église paroissiale, ensuite,
pour faire plaisir à son ami. Mais Dieu saisit
toutes opportunités pour toucher des vies
entières, parfois au moment où on s’y attend le
moins. Dès les premiers enseignements, Marc dit
avoir eu l’impression que le prédicateur parlait de
sa vie ; cela l’avait tellement interpellé qu’il a
décidé de continuer la retraite jusqu’à la fin. Au
dernier jour, le prédicateur a fait un « rite
d’appel » qui consiste à inviter les gens qui
désirent donner leur vie à Jésus, à se lever et à
avancer vers le prédicateur. Quand Marc a vu des
gens respectables se lever et s’avancer, il ne

116
Le Père Tardif était un grand évangélisateur reconnu pour ses
charismes de guérisons miraculeuses. Il est décédé lors d’une
retraite des prêtres en Amérique latine, alors qu’il attendait pour
présider la messe.

121
Vie nouvelle dans le Christ

pouvait s’empêcher à son tour de faire pareil. Et


l’inattendu arriva.

Après la prière de clôture, Marc retourna


chez lui et, dans son enthousiasme, commença à
raconter à sa femme ses sentiments vis-à-vis de la
retraite. Il expliqua à sa femme comment dès le
départ il pensait que quelqu’un avait parlé au
prédicateur de sa vie. C’est alors qu’il venait de se
trahir devant sa femme. Le Seigneur avait permis
cela pour que commence le processus de guérison
dans ce couple. Lorsque Sarah a su la vérité, elle
s’est mise en colère contre Marc ainsi que contre le
curé, à cause de sa complaisance. Mais, avec le
temps, les amis de Marc sont venus prier avec
eux, puis ils les ont invités à rejoindre leur groupe
de prière. En acceptant leur invitation, ils
prenaient le chemin qui allait changer tout le reste
de leur vie. Leur assiduité à ce groupe leur a
permis de se demander mutuellement pardon
devant le Seigneur, puis de s’engager à mettre

122
Vie nouvelle dans le Christ

leur expérience au service d’autres couples en


difficulté.

Depuis lors, ils sont invités par-ci par-là


pour donner leur témoignage de foi, afin de dire
au monde les merveilles que le Seigneur a
accomplies dans leur vie. Leur témoignage est
devenu aujourd’hui une occasion de rendre gloire
à Dieu. Pour conclure, on peut distinguer
clairement deux moments dans la vie de Marc et
Sarah : le premier [avant, premier temple] est celui
pendant lequel ils étaient guidés et dominés par la
chair et ses impulsions ; et le deuxième [après,
deuxième temple] est celui où Marc d’abord, puis
Sarah ont donné leur vie à Jésus jusqu’à refléter sa
gloire.

Parce que tu n’es ni chaud ni froid, je vais te


vomir

Il n’est pas aisé de faire sa propre apologie.


Loin de moi la prétention d’avoir atteint le but,

123
Vie nouvelle dans le Christ

puisque je poursuis ma course, néanmoins il


apparaît clairement que je peux aujourd’hui
retracer dans ma vie un avant et un après. Mon
intention ici est de montrer dans mon propre vécu
comment j’ai pu réaliser tant soit peu ce passage.

Mon histoire personnelle s’inscrit aussi


dans la perspective de mort et de résurrection. J’ai
connu une enfance difficile, ayant perdu ma mère
très tôt, à l’âge de trois ans. Pour avoir souvent été
brimé, j’avais développé une timidité excessive :
prendre la parole devant les gens, passer un
examen oral, lire en public, etc. était pour moi tout
un calvaire et en soi un obstacle à l’excellence. Je
me contentais du minimum. C’est avec ce
minimum que j’ai avancé par la grâce de Dieu
jusqu’à ma consécration presbytérale.

Deux ans après mon ordination, j’ai été


victime d’un accident grave de circulation. Cet
accident a été en même temps un processus de

124
Vie nouvelle dans le Christ

mort et de renaissance spirituelle. Les soins que


j’ai poursuivis en Belgique, grâce à la générosité
de ma tante, ont été une opportunité qui m’a
permis la rencontre qui allait changer la direction
de ma vie spirituelle. Pendant toute la période de
convalescence, deux laïcs profondément chrétiens
ont été pour moi comme deux anges du Seigneur.
Bien que j’aie été déjà prêtre, ce sont eux qui m’ont
aidé à entrer dans une autre dimension de ma
relation avec le Christ. Depuis cet événement
qu’ils m’ont fait vivre dans la prière et la Parole,
ma vie et l’exercice de mon ministère n’ont plus
été le même. Je réalise le progrès que j’ai fait et je
suis reconnaissant envers le Seigneur : du timide
que j’étais, je ne cesse de voyager aujourd’hui
pour annoncer la Parole de la miséricorde de Dieu
à son peuple. Dieu seul sait combien de personnes
ont donné leur vie à Christ grâce à ce message.
Alors que dans mon premier temple, j’étais
quasiment un prêtre fonctionnaire, dans le

125
Vie nouvelle dans le Christ

deuxième, j’essaie tant bien que mal de devenir


un pasteur au cœur de Jésus. Et cela n’est possible
que quand on établit clairement un avant et un
après dans sa vie.

En conclusion, Dieu permet à certaines


personnes de vivre certaines expériences en vue
d’éduquer, de corriger ou d’instruire d’autres
personnes. Personne ne peut vivre l’expérience
d’un autre ; il peut tout au plus en apprendre
quelque chose pour son propre compte. Et
comme le souhaite l’apôtre Paul, puissions-nous
comprendre la largeur, la longueur, la hauteur et
la profondeur de l’amour que le Christ a pour
nous!117

117
Éphésiens 3, 18

126
Vie nouvelle dans le Christ

CONCLUSION

À ceux qui s’appliquent à faire le bien et recherchent


ainsi la gloire, l’honneur et la vie immortelle, il
donnera la vie éternelle. (Romains 2, 7)

L
a Bible déclare que « la création attend
avec un désir ardent la révélation des fils
de Dieu »118. Cette révélation passe par la
manifestation de la gloire de Dieu dans la vie de
ses enfants, à l’instar de Jésus en qui le monde a
contemplé cette gloire119. En nous considérant
comme le temple de l’Esprit, nous affirmons que
là où Dieu habite, il y habite avec sa gloire. C’est
ce qui caractérisait la présence de l’Éternel parmi
son peuple dans l’Ancien Testament (nuée, feu,
Arche, etc.)

118
Romains 8, 19
119
Jean 1, 14

127
Vie nouvelle dans le Christ

Dieu ne choisit pas toujours des gens


capables ou excellents pour atteindre ses buts.
Cependant, quand il nous choisit, c’est pour nous
faire passer d’un état de stérilité à un état de
fécondité, d’un état de pauvreté à un état de
prospérité, de la poussière à l’élévation. Ainsi a-t-
il choisi Abraham et Sarah qui étaient stériles,
Esther qui était esclave et orpheline, Gédéon qui
tremblait, David qui était berger, Jérémie qui avait
peur et il a même choisi Paul qui était un
persécuteur. Aujourd’hui c’est peut-être vous qu’il
choisit pour que vous soyez utile à son œuvre, que
vous portiez des fruits et que beaucoup de vies
soient changées et transformées par l’amour de
Dieu agissant au travers de vous. Mais il vous
pose une question : êtes-vous prêt à donner ta vie
pour sa cause ? Jusqu’où peut aller ton amour
pour votre créateur ? Car plusieurs personnes
recherchent la gloire de Dieu, mais refusent la
croix qui vient avec.

128
Vie nouvelle dans le Christ

Jésus-Christ est le modèle que Dieu a


donné aux hommes pour qu’ils puissent l’imiter et
ainsi marcher selon leur destinée. La
transfiguration de Jésus révèle que Dieu a mis la
gloire dans l’être intérieur. Ce qui apparaît en
Jésus était au-dedans de lui. L’être humain se
diffère de l’être animal du simple fait qu’il a été
créé à la ressemblance de Dieu et, par conséquent,
qu’il est appelé à manifester la gloire de Dieu ici
sur la terre comme elle lui est rendue au ciel. Le
baptême, l’onction, la bénédiction lui sont donnés
pour manifester cette gloire. De même que Jésus a
cherché en toutes circonstances par toute sa vie à
rendre gloire à son Père, de même tout chrétien
est appelé à rendre cette même gloire à travers
tous les aspects de sa vie. Mais cela n’est possible
que s’il accepte de mourir en lui-même pour
permettre à la vie de Dieu d’imprimer son
caractère sur sa vie. Ce faisant, il peut rayonner de
cette vie nouvelle opposée au péché et qui cherche

129
Vie nouvelle dans le Christ

avant tout à honorer Dieu, c’est-à-dire une vie


fixée sur ce qui est vrai, juste, agréable, vertueux,
digne.120

Si la vie du premier temple ne dépend pas


de notre choix, parce qu’elle a été subie, celle du
deuxième temple, à même de refléter la gloire de
Dieu, dépend de notre décision personnelle face à
l’invitation de Jésus à naître de nouveau121 pour
entrer dans le royaume de gloire, c’est-à-dire le
choix décisif de ne plus se laisser dicter avant tout
par la coutume, la culture ambiante, la famille, les
parents, mais par Dieu et ainsi mener une vie qui
s’inspire des valeurs de son royaume122. Il y a
donc un lien entre la vie nouvelle inspirée de
valeurs de l’Évangile de Jésus-Christ et la gloire
de Dieu. L’une reflète l’autre.

120
cf. Philippiens 4, 8
121
Jean 3
122
Jean 1, 12

130
Vie nouvelle dans le Christ

BIBLIOGRAPHIE
- BENOÎT XVI, Verbum Domini, Exhortation
apostolique postsynodale à l’issue de la XIIe
Assemblée générale ordinaire des évêques
(octobre 2008), Rome, 30 septembre 2010.
- BENOÎT XVI, Deus Caritas est, Lettre encyclique
du 25 décembre 2005
- Biblia 31, août-septembre 2004
- Bible en français courant (dont sont tirées toutes nos
références)
- BIANCHI, Enzo, La différence chrétienne, Paris,
Bayard, 2009
- Catéchisme de l’Église Catholique, Ottawa, Éditions
de CECC, 1993
- GINGRAS, Gabriel, dans Présence Magazine,
décembre 2007
- GRANT, Robert M., L’interprétation de la Bible des
origines chrétiennes à nos jours, Paris, Seuil, 1967

131
Vie nouvelle dans le Christ

- La Bible et son message : Ézéchiel : la lutte et la gloire,


52, avril 1971
- La Bible Esprit et vie, 2006
- LÉON-DUFOUR, Léon (dir), Vocabulaire de
théologie biblique, Paris, Cerf, 1981
- PASSELECQ G. et POSWICK, F., Table pastorale de
la bible. Index analytique et analogique, Paris, Dessain
et Tolra, 1974
- Pastorale –Québec, revue pastorale du diocèse du
Québec, août 2006
- VOGELS, Walter, Interpreting Scripture in the Third
Millennium, Ottawa, Novalis, 1993
- WILKERSON, David, La croix et le poignard,
éditions Vida, Miami, 1980

132
Vie nouvelle dans le Christ

Table des matières

Q U ’ EST - CE QUE LA GLOIRE ? 19

L A GLOIRE DANS L ’ HONNEUR 24

Q UI EST L ’ HOMME POUR QU ’ IL PORTE LA GLOIRE

DE D IEU ? 29

J USQU ’ À CE QUE LA GLOIRE D E D IEU SE

MANIFESTE 36

L E CULTE DU TEMPLE DA NS 1 ET 2 C HRONIQUES 45

D E L ’ ENSEIGNEMENT AU LÉGA LISME SELON

E SDRAS ET N ÉHÉMIE 48

133
Vie nouvelle dans le Christ

L A GLOIRE DE D IEU ET LE TEMPLE DANS LE LIVRE

D ’É ZÉCHIEL 54

Q UAND LE MAL ENTRE DA NS LE TEMPLE DE D IEU

60

L E TEMPLE DOIT ÊTRE DÉT RUIT POUR ENTRER

DANS UNE NOUVELLE DIMENSION 66

L E CHRÉTIEN : TEMPLE DE L ’E SPRIT ET REFLET DE

LA GLOIRE DE D IEU 73

D U PREMIER A DAM AU DEUXIÈME A DAM , LE

C HRIST 81

E SSAI D ’ INTERPRÉTATION 90

D U PÉCHÉ À LA SANCTIF ICATION 96

D E L ’ HOMME CHARNEL À L ’ HOMME SPIRITUEL 104

134
Vie nouvelle dans le Christ

DE GLOIRE EN GLOIRE 112

D ES RÉCITS POUR TÉMOI GNER 117

135
Vie nouvelle dans le Christ

136

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