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Jean-Marie Hyacinthe QUENUM1, SJ

Dans la deuxième décennie du quatrième siècle, un


prêtre, savant et vertueux d’Alexandrie, Arius (256 env-336),
disciple de Lucien d’Antioche et grand communicateur, enseigna
que Jésus le Christ n’est pas égal au Père.

Pour Arius, Jésus le Christ est plus qu’un homme et


moins que l’unique Dieu, incréé, inconnaissable, infini,
immuable, sans commencement et sans origine.

Le Dieu unique ne peut communiquer avec le cosmos que


par l’intermédiaire du Fils qu’Arius identifie au Logos, un Dieu
secondaire créé et subordonné à l’unique Dieu, perçu par Arius
comme principe premier.

Cette doctrine d’Arius plus philosophique que biblique


suscita une crise dans l’Église avec des partisans d’Arius comme
Eusèbe, évêque de Nicomédie et les défenseurs de la foi reçue
des Apôtres comme Athanase d’Alexandrie.

Constantin, devenu empereur et soucieux de maintenir


l’unité de ses sujets, convoqua en 325 le premier concile

1
Jean-Marie Hyacinthe QUENUM est professeur visiteur de christologie à
l’Institut de Théologie de la Compagnie de Jésus (ITCJ) à Abidjan en Côte
d’Ivoire.
2

œcuménique de Nicée pour résoudre la crise arienne et fixer une


date unique pour la fête de Pâques.

Après des débats du premier concile œcuménique de


Nicée sur la doctrine d’Arius, il fut condamné comme hérétique
et exilé.

La règle de foi sur la divinité du Fils de Dieu fut


proclamée et célébrée par le crédo légèrement rectifié d’Eusèbe
de Césarée.

Pourquoi l’arianisme est -il une doctrine inacceptable


pour la foi reçue des Apôtres ?

Quelle est la condition humaine du Verbe fait chair selon


les controverses christologiques qui ont pavé le chemin au
dogme christologique de Chalcédoine?

Quelle est l’actualité de la christologie de


Chalcédoine face au dialogue interreligieux ?

1) L’Arianisme, une doctrine inacceptable pour


la foi reçue des Apôtres

Saint Paul, un des premiers auteurs du Nouveau


Testament dans les années 50-60, décrit dans son épître aux
Galates Jésus le Christ comme l’envoyé du Père qui à la
3

plénitude des temps est né d’une femme (Galates 4,4). L’envoyé


du Père est coéternel avec le Père. Il n’est pas une puissance
créée mais une figure de salut qui révèle le Père qui adopte dans
l’Esprit Saint les membres de l’humanité comme des enfants de
Dieu.

Jésus le Christ tout au long de l’évangile de Jean affirme


son égalité avec le Père : Qui m’a vu, a vu le Père (Jean 14, 9).

Le prologue de l’évangéliste Jean présente le Verbe


coéternel au Père (Jean 1, 1). Jésus le Christ était toujours auprès
du Père et il est Dieu.

Il n’eut aucun temps où Jésus le Christ n’était pas avec le


Père. Le Verbe, selon l’évangéliste Jean n’est pas un
intermédiaire entre Dieu et la création.

Arius par préjugé philosophique identifie le Fils de Dieu


engendré éternellement non pas créé, au Logos de la pensée
Grecque.

Jésus le Christ n’est pas le démiurge de la pensée


Grecque. Il reçoit du Dieu unique, son être, sa vie et les œuvres
de salut qu’il opère dans l’Esprit Saint comme une personne
distincte en communion avec les deux autres personnes
distinctes de la Sainte Trinité, le Père et l’Esprit Saint.
4

Jésus le Christ est ainsi une personne divine, distincte du


Père et de l’Esprit Saint ayant en commun avec le Père et l’Esprit
Saint une nature divine.

Du point de vue de la révélation chrétienne, Jésus le


Christ est selon la métaphore de saint Irénée de Lyon, l’une des
deux mains du Père pour créer et sauver l’humanité. Il est
l’unique Fils de Dieu en qui, Dieu le Père se révèle et sauve
l’humanité. Jésus le Christ n’est pas subordonné à un Dieu
créateur. La création est l’œuvre du Père et du Fils dans l’Esprit
Saint.

Venant de Dieu et de même essence que le Père, Jésus le


Christ partage la gloire de Dieu et reçoit la même adoration que
le Père et l’Esprit Saint. C’est ce que croient les disciples de celui
qui est Dieu de Dieu et qui s’est incarné pour le salut de
l’humanité (Confession de Nicée-Constantinople).

Jésus, le Christ est le véritable Dieu dans la chair qui


apporte le salut à l’humanité. Parce qu’il est le véritable Dieu
dans la chair, il pardonne les péchés (Marc 2, 1-12). Plus grand
que les prophètes, il est le Fils éternel, Image parfaite du Père
décrite par l’épître aux Hébreux et aux Colossiens 2, 9. Tout
pouvoir lui est donné au ciel et sur terre (Mattieu 28, 18). Jésus
le Christ est le Fils de Dieu auquel croient ceux qui mettent leur
5

confiance en lui à travers les signes qu’il a opérés pour révéler


sa véritable identité de Fils unique de Dieu et égal à Dieu, le Père
(Jean 20, 28-29 ; Romains 9, 5 ; 1 Corinthiens 2, 7-8).

Le cardinal Albert VANHOYE2 dans son commentaire


de l’épître aux Hébreux, en exégète rigoureux, montre que
l’auteur du sermon attribue la filiation divine préexistante au
Christ.

Le Christ est plus grand que les anges. Il a une relation


filiale d’engendrement éternel au Père et il est solidaire de la
condition de l’humanité. Successivement auprès de Dieu et
auprès de l’humanité, le Fils participe à la gloire divine du Père.
Le christ a toujours été Fils de Dieu.

Mais Arius affirme « qu’il y eut un moment où le Fils de


Dieu n’était pas ». Le concile de Nicée va fermement affirmer
que le Fils de Dieu est engendré éternellement par le Père. Il n’est
donc pas une créature comme la figure de sagesse du livre des
Proverbe 8, 22 : « Le seigneur m’a créée la première, avant
toutes les choses qu’il a faites ». Le Fils de Dieu, selon le concile
de Nicée en 325, est une figure du salut consubstantiel,

2
Albert VANHOYE, Situation du Christ. Hébreux 1-2, Paris, Cerf (Lectio
DIVINA, 58), 1969.
6

HOMOOUSIOS au Père. Le Fils de Dieu est saint par nature en


tant que Dieu.

La crise arienne poussa l’Église à une réflexion


christologique plus approfondie sur le Verbe de Dieu fait chair.

2) La condition humaine du Verbe fait chair et


les controverses christologiques aboutissant à
une herméneutique régulatrice de toutes
christologies

Apollinaire de Laodicée (310-390) avait affirmé que le


Christ n’a assumé que la chair. Le Christ n’aurait pas assumé
l’esprit humain. Le Verbe divin aurait tenu en lui la place de
l’esprit. Cette forme de docétisme fut condamnée par le synode
local d’Alexandrie en 362. Le synode reconnaît au verbe fait
chair l’usage d’une âme raisonnable et spirituelle. Pour sauver
l’humanité, le Verbe fait chair s’est approprié les passions du
corps et de l’esprit. Aussi le Verbe fait chair est un homme
véritable et authentique.

Après des controverses entre Nestorius, patriarche de


Constantinople et Cyrille d’Alexandrie, la christologie de Cyrille
fut confirmée par le concile d’Éphèse en 431 : « la nature divine
et la nature humaine du Christ sont unies en une seule personne,
7

celle du Fils unique de Dieu, dans laquelle elles ne sont ni


confondues ni séparées 3»

La christologie de Cyrille d’Alexandrie permet


d’affirmer avec l’Écriture que le verbe de Dieu est né de Marie
qui est THEOTOKOS. Le Verbe de Dieu a souffert, est mort et
ressuscité.

Le concile de Chalcédoine en 451 maintient la foi définie


au concile de Nicée en 325 et de Constantinople en 381. La
formule, Jésus Christ est une personne divine en deux natures
devient régulatrice de toutes christologies dans l’Église.

Le Père Bernard SESBOÜÉ a écrit dans Recherches de


Science Religieuse, un magnifique article qui fait le point sur
« Le procès contemporain de CHALCÉDOINE. Bilan et
perspective 4».

En effet, le dogme christologique de Chalcédoine va au-


delà d’une lecture monophysite 5dans l’unique personne de Jésus

3
Michel Feuillet, Vocabulaire du christianisme, Presses Universitaires de
France, Paris, 2000. p.77.
4
Bernard SESBOÜÉ, « Le procès contemporain de CHALCÉDOINE. Bilan
et perspective », dans Recherche de Science Religieuse, 1977. P. 45-80.
5
« Doctrine professée par Eutychès au Vème siècle qui nie la présence dans
le Christ incarné de deux natures, humaine et divine et affirme la seule nature
divine »
8

Christ. Le dogme christologique fait de Jésus Christ, le seul


médiateur entre Dieu et les hommes (La première épître à
Timothée 2, 5 ; Actes 4, 12). Vraiment Dieu et vraiment homme,
Jésus Christ, qui est l’union de l’homme à Dieu peut réunir
l’homme et Dieu. La perspective d’un médiateur unique dans la
personne de Jésus Christ montre que Dieu a pris gratuitement
l’initiative de pardonner l’humanité pécheresse en le libérant de
sa finitude créée et pécheresse pour lui faire le don du salut. Jésus
Christ, vrai Dieu et vrai homme, est l’unique trait d’union entre
Dieu et l’humanité.

Jésus Christ nous sauve en nous faisant ses frères et


sœurs, fils et filles de son Père. (Romains 8, 15, 23 ; Galates 4,
5 ; 1Jean 3, 1-2). Jésus Christ nous communique ainsi la vie
divine (2 Pierre 1, 4). Jésus christ nous fait grâce de l’amitié de
Dieu en pardonnant nos désordres qui nous éloignent de Dieu en
nous enfermant dans les idoles du monde opposé à Dieu.

Le salut peut être pensé comme une nouvelle relation du


Dieu descendu vers nous pour nous offrir son amitié et son
adoption filiale en Jésus Christ, le seul médiateur entre Dieu et
l’humanité.
9

Cette médiation descendante thématisée par Yves de


MONTCHEUIL 6donne le primat de l’initiative du salut à Dieu
qui vient éveiller en l’humanité le désir de conversion essentiel
pour une relation ajustée au dessein bienveillant de Dieu.

Les conciles christologiques ont été convoqués pour


éclairer le mystère du Christ, Fils de Dieu fait homme pour le
salut de l’humanité. Les conciles christologiques par leurs
déclarations, anathèmes et définitions dogmatiques ont renforcé
la communion ecclésiale en dénonçant les erreurs et en clarifiant
la position de l’Église qui confesse, proclame et célèbre sa foi.

Le principal acteur des conciles christologiques est


l’Esprit Saint qui parle à travers les pasteurs de l’Église. Les
conciles christologiques sont des moments solennels dans la vie
de foi de l’Église. Instruments providentiels de gouvernement
pastoral de l’Église, les sept premiers conciles œcuméniques ont
enrichi l’intelligence de la foi sur le mystère trinitaire de Dieu et
balisé la route pour les adeptes de la voie du salut inaugurée par
le Christ, Fils de Dieu fait homme pour libérer et délivrer
l’humanité de ses idoles.

6
Yves de MONTCHEUIL, Leçons sur le Christ, Édition de l’Épi, Paris, 1949.
10

Le concile de Nicée en 325 réagit contre la doctrine


d’Arius et le SUBORDINATIONISME ambiant et le manque
d’articulation intellectuelle entre l’union du divin et de l’humain
en Jésus Christ.

Le concile de Nicée affirme que Jésus Christ, le Verbe


fait chair, est consubstantiel au Père. Cette affirmation de foi du
concile de Nicée a des conséquences sotériologiques. Le
merveilleux échange entre Dieu et l’humanité n’est possible que
si Jésus Christ est vraiment Dieu. Il l’est en prenant la chair de
l’humanité, en souffrant, en mourant et en ressuscitant pour la
réconciliation définitive et la recréation du monde et de
l’histoire.

Le concile d’Éphèse va résoudre la question d’identité de


Jésus Christ. Si Jésus Christ est vrai Dieu et vrai homme,
comment articuler intellectuellement l’union de ces deux réalités
en sa personne.

Le concile de Nicée avait fermement établi que Jésus


Christ est vrai Dieu. La question d’identité de Jésus Christ au
concile d’Éphèse peut se formuler ainsi : Comment comprendre
que Jésus Christ qui est vrai Dieu devient-il vrai homme ?
11

La fameuse lettre de Cyrille d’Alexandrie à Nestorius


donne une réponse à la question d’identité de Jésus Christ : « Par
son union hypostatique, le Verbe s’est uni à l’humanité de Jésus,
sans changer de nature divine, le Verbe assume personnellement
la chair humaine de Jésus ».

Ainsi l’échange merveilleux du divin et de l’humain,


s’opère dans la personne de Jésus Christ qui est Dieu humanisé.
En tant que Dieu humanisé, Jésus Christ étend la vie divine au
sein de la bonne création de Dieu et sanctifie la vie humaine et
l’histoire.

Le concile de Chalcédoine en 451 clarifiera le problème


des deux natures de Jésus Christ.

Cyrille d’Alexandrie dans ses discussions avec Jean


d’Antioche est parvenu à une déclaration commune : Jésus
Christ s’est uni deux natures en une personne. Cette formule dite
d’union et Le tome de saint Léon à Flavien serviront de
fondement à la définition dogmatique de Chalcédoine : Il y a en
Jésus Christ, une personne divine, unissant deux natures, l’une
pleinement humaine, l’autre pleinement divine.

Par contre, le moine Eutychès enseigne que Jésus Christ


a deux natures, la divine et l’humaine. Après son union
12

hypostatique, la nature humaine de Jésus Christ est partiellement


absorbée par la nature divine si bien que Jésus Christ n’est pas
réellement un membre de l’espèce humaine.

Le concile de Chalcédoine rejette le monophysisme


d’Eutychès comme un mythe inacceptable. Il confesse Jésus
Christ comme Fils de Dieu et Seigneur, parfait en divinité et
parfait en humanité.

Le concile de Chalcédoine est le sommet des conciles


christologiques. Il devient le point de départ de toutes
clarifications christologiques.

Le concile de Chalcédoine affirme la pleine humanité de


l’individu en qui le Fils de Dieu s’est uni.

Le Fils de Dieu en prenant la nature humaine sans


l’absorber montre la grandeur et la dignité de la nature humaine.
Par l’incarnation, Le Fils de Dieu, la seconde personne de la
sainte Trinité, devient un authentique homme.

Selon Karl Rahner, Jésus Christ dans son humanité est


radicalement homme. Jésus Christ en tant qu’individu de
l’espèce humaine, se tient devant le Père, comme le plus libre
des membres de l’humanité et sans confusion, il est constitué
comme l’auto-communication de Dieu à l’humanité.
13

Par l’incarnation, la seconde personne de la sainte Trinité


devient un homme et continue de l’être après sa résurrection
d’entre les morts.

Dès l’instant de l’incarnation, l’humanité est associée à


la vie divine. La génération éternelle du Fils est désormais liée à
la manière humaine d’être.

Le concile de Chalcédoine a consacré la dignité de


l’humanité unie à la seconde personne de la sainte Trinité.

La lettre du pape Léon à Flavien le 13 juin 449 donne la


substance de la doctrine du concile de Chalcédoine.

« Le Fils de Dieu entre dans ce bas monde,


descendant de son trône céleste sans abandonner la
gloire de son Père, engendré dans un nouvel ordre,
par une nouvelle naissance. Nouvel ordre, parce
qu’invisible en ce qui lui est propre, il s’est fait visible
en ce qui est nôtre ; incompréhensible, il a voulu être
compris : subsistant avant les temps, il a commencé
d’être dans le temps : Seigneur de l’univers, il a pris
la forme d’esclave, voilant d’ombre l’immensité de sa
majesté …De nous en effet il tient l’humanité,
inférieure au Père, du Père la divinité égale au
Père.7».

7
Saint Léon, Lettre de Léon à Flavien, trad. P. Th Camelot, Éphèse et
Chalcédoine, édition de l’Orant, Paris, 1962. P. 219-220.
14

Le texte grec de la définition de Chalcédoine est traduit


de DENZINGER par Michel FEDOU en ces termes :

« Suivant les Saints Pères, nous enseignons tous


d’une seule voix à reconnaître : un seul et le même
Fils , Notre Seigneur Jésus Christ de même parfait en
divinité et le même parfait en humanité, le même Dieu
vraiment et le même homme vraiment ( fait) d’une
âme raisonnable et d’un corps consubstantiel au Père
selon la divinité et consubstantiel à nous selon
l’humanité, semblable à nous en tout hors le péché,
engendré du Père avant les siècles quant à sa divinité
mais aux derniers jours , pour nous et pour notre
salut (engendré ) de Marie la vierge la Mère de Dieu
quant à son humanité, un seul et même Christ, Fils,
Seigneur, Fils unique , que nous reconnaissons en
deux natures sans confusion, sans changement, sans
division, sans séparation, la différence des natures
n’étant nullement supprimée par l’union, mais bien
plutôt les propriétés de chaque nature restant sauves,
et se rencontrant en une seule personne et une seule
hypostase, non pas (un fils) partagé ou divisé en deux
personnes, mais un seul et le même Fils, Fils unique,
Dieu, Verbe, Seigneur, Jésus Christ, comme autrefois
les prophètes l’ont dit de lui, comme le Seigneur Jésus
Christ lui-même nous en a instruits, et comme le
symbole des Pères nous l’a transmis »
Le Concile de Constantinople III en 681 clarifiera la
distinction de personne et de natures en Jésus Christ. Les Pères
15

du concile de Constantinople III rejettent l’opinion monothélite


contraire à la véritable humanité de Jésus Christ. Jésus Christ en
tant que membre de l’humanité a connu des difficultés inhérentes
à la condition humaine. Il a exercé sa volonté humaine dans
l’esprit filial (Marc 14, 36). De même, l’homme Jésus a exercé
sa volonté libre pour manifester sa loyauté au dessein du Père en
étant le nouvel Adam qui brisa la spirale de la désobéissance. En
réhabilitant la volonté humaine de se soumettre au dessein du
Père, l’homme Jésus ouvre à l’humanité, le chemin du salut.

Le concile de Constantinople III affirme l’orientation de


la volonté humaine de Jésus Christ vers la réalisation de la
volonté de Dieu. Les croyants sont invités à imiter Jésus Christ
dans l’orientation profonde de sa volonté humaine d’embrasser
la volonté de Dieu en transformant le monde et l’histoire en
règne de Dieu.

Le Fils éternel du Père, apparu sous les traits d’un homme


authentique, est le Christ un et indivisible qui apporte à
l’humanité le don du salut par sa manière d’être avec les hommes
dont les récits évangéliques sont les témoins. C’est à travers les
récits évangéliques que nous comprenons que le salut est :
guérison, libération, délivrance, conversion, appel à la décision,
16

intimité avec Dieu, pardon, relation de confiance et vivre au-delà


de la mort.

3) L’actualité de la christologie de Chalcédoine


face au dialogue interreligieux

Le dialogue interreligieux s’impose aujourd’hui dans


notre monde plurireligieux. Or la christologie de Chalcédoine
présente Jésus Christ comme l’unique médiateur entre Dieu et
les hommes en suivant l’Écriture (Actes 4, 12).

Dans un monde comme le nôtre acquis au pluralisme, que


dire de l’unicité du Christ ? Comment peut-on envisager le
dialogue interreligieux ?

Certains disciples exclusivistes de Jésus Christ rejettent


le dialogue interreligieux. Pour eux, la foi chrétienne est une
réponse à une révélation qui dévoile le dessein bienveillant de
Dieu sur l’humanité et la création à travers le Fils unique du Père,
seul chemin pour se reconcilier avec Dieu.

Les disciples exclusivistes de Jésus Christ ne donnent pas


une valeur positive aux religions considérées comme des œuvres
humaines perverses et pécheresses.
17

Par contre les disciples inclusivistes de Jésus Christ font


attention aux valeurs positives présentes dans les religions en les
considérant à la manière de saint Justin, comme des semences du
Verbe disséminées dans le monde,

La déclaration du concile Vatican II NOSTRA AETATE


va dans ce sens.

En 2000, L’Église Catholique précisa par une


déclaration8 l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus Christ
et de l’Église.

La situation nouvelle du pluralisme religieux est l’un des


signes des temps qui exige de l’Église une attitude d’ouverture,
de modestie et d’humilité pour les enjeux sociétaux et
civilisationnels de paix, de justice, de cohésion sociale et
d’écologie.

Le dialogue interrreligieux est incontournable dans un


monde qui se fait à travers des échanges à l’échelle globale à
travers le mouvement des personnes, des idées et des religions.

8
Déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Dominus Jesus.
Sur l’unicité et l’universalitésalvifique de Jésus-Christ et de l’Église, DC
2233 (2000), p.812-822.
18

Jésus Christ, par l’excellence humaine de sa vie, est le


modèle de l’homme de dialogue. On le voit dialoguer avec
Nicodème, le chef des pharisiens. On le voit dialoguer avec les
groupes religieux du judaïsme du premier siècle. On le voit
dialoguer ave la femme Samaritaine. On le voit durant son procès
romain dialoguer avec Ponce Pilate.

Le dialogue est aujourd’hui la forme d’évangélisation qui


respecte l’altérité des autres religions. Le dialogue peut
contribuer au vivre ensemble dans la paix, la fraternité, la justice,
la concorde en préservant le monde de l’extrémisme religieux et
du fondamentalisme.

Remarques conclusives :

Le christianisme est une manière de vivre. Cette manière


de vivre est inspirée par le scandale de l’incarnation du Fils de
Dieu qui s’est fait homme.

Avec l’Incarnation du Fils de Dieu dans notre histoire


humaine, l’union du divin et de l’humain est possible, sans
mélange, sans confusion, sans changement et sans séparation.

La belle définition dogmatique de Chalcédoine est la


règle de foi qui permet de construire les christologies adaptées
aux signes des temps en les enracinant de préférence dans les
19

récits évangéliques plus proches de l’excellence humaine de


Jésus Christ en qui l’union du divin et de l’humain est une
réussite.

La christologie adaptée à notre temps est celle du


dialogue pour sauver notre planète qui se dégrade de la
destruction. Seule la sagesse de l’union du divin et de l’humain
en Jésus Christ peut nous aider à construire des sociétés justes,
fraternelles, paisibles et écologiques fondées sur l’amour et la
promotion du bien commun de notre maison commune.

Le Verbe incarné n’est pas un météore. Il veut rassembler


ses semences disséminées dans les religions du monde pour
constituer une famille unique d’enfants de Dieu différents mais
complémentaires.

Une christologie dialogale est une chance pour l’Église


dans la réunion spirituelle de l’humanité pour une ecclésiologie
de communion.
20

BIBLIOGRAPHIE

 VANHOYE Albert, Situation du Christ. Hébreux 1-2,

Paris, Cerf (Lectio DIVINA, 58), 1969.

 FEUILLET Michel, Vocabulaire du christianisme,

Presses Universitaires de France, Paris, 2000.

 SESBOÜÉ Bernard, « Le procès contemporain de

CHALCÉDOINE. Bilan et perspective », dans

Recherche de Science Religieuse, 1977. P. 45-80.

 Yves de MONTCHEUIL, Leçons sur le Christ, Édition

de l’Épi, Paris, 1949.

 Saint Léon, Lettre de Léon à Flavien, trad. P. Th

Camelot, Éphèse et Chalcédoine, édition de l’Orant,

Paris, 1962.

 Déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi,


Dominus Jesus. Sur l’unicité et l’universalité salvifique
de Jésus-Christ et de l’Église, DC 2233 (2000), p.812-
822.
21

INDEX

Arius ......................................................................... 1, 2, 3, 5, 10

Concile d’Éphèse ........................................................... 7, 10, 11

Concile de chalcédoine ............................................ 7, 11, 12, 13

Concile de Nicée ........................................................ 5, 7, 10, 11

Cyrille d’Alexandrie ........................................................ 6, 7, 11

Verbe incarné ........................................................................... 20


TABLE DE MATIERES

1) L’Arianisme, une doctrine inacceptable pour la foi reçue des

Apôtres ....................................................................................... 2

2) La condition humaine du Verbe fait chair et les controverses

christologiques aboutissant à une herméneutique régulatrice de

toutes christologies ..................................................................... 6

3) L’actualité de la christologie de Chalcédoine face au

dialogue interreligieux ............................................................. 16

Remarques conclusives : .......................................................... 18

BIBLIOGRAPHIE ................................................................... 20

INDEX ..................................................................................... 21

TABLE DE MATIERES ......................................................... 22

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