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Les rites funéraires

en Islam

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Mostafa Brahami

Les rites funéraires


en Islam

‫ﺣﻜﺎ ﳉﻨﺎﺋﺰ  ﻹﺳﻼ‬

Tawhid

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Maquette et mise en page par Mostafa B.
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction réservés
pour tous pays
© Tawhid, 2005
ISBN : 2-84862-065-X
Imprimé en U.E.

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Table de translittération

Noms Formes isolées Transcription


hamza  ’
alif  â
bâ  b
tâ  t
thâ  th (anglais)
jim  j
hâ  h (point en dessous)
khâ  kh
dâl  d
dhâl  dh
râ  r
zîn  z
sîn  s
shîn  sh
sâd  s (point en dessous)
dâd  d (point en dessous)
tâ  t (point en dessous)
zâ  z (point en dessous)
‘ayn ! ‘
ghayn " gh
fâ # f
qâf $ q
kâf % k
lâm & l
mîm  m
nûn ' n
hâ ( h
waw ) w, û
yâ * y, î

– Les trois voyelles longues : â, î, û, sont transcrites avec accent circonflexe.

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Notes préliminaires

﴾ Certes, Dieu et Ses anges bénissent le Prophète. Ô


croyants ! Bénissez-le et adressez-lui vos salutations. ﴿
(Coran 33/56)
D’après al-Husayn, le Prophète (‫ )ﷺ‬a dit : « L’avare, c’est
celui qui ne prie pas sur moi quand mon nom est prononcé en sa
présence. » (Ahmad, at-Tirmidhî, an-Nasâ’î)
Ce verset et ce hadith sont sans doute à l’origine de la
formule consacrée : « salla llâhu ‘alayhi wa sallam », et qui
signifie « que Dieu le bénisse et lui accorde le salut ». Elle est à
la fois un vœu et un témoignage de respect formulés par le mu-
sulman, chaque fois que le nom du Prophète Muhammad (‫)ﷺ‬
est mentionné, que ce soit verbalement ou par écrit.
Nous avons préféré, comme de nombreux confrères, faire
figurer la calligraphie (‫ )ﷺ‬de la formule arabe. Le lecteur fran-
cophone comprendra intuitivement, grâce à ces quelques expli-
cations, sa signification et les raisons de sa présence après le
nom du Prophète (‫ )ﷺ‬dans cet ouvrage comme dans tous les
ouvrages religieux.

L’éditeur

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à la mémoire de mon frère libérien Ali B.

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: ‫ﻳﻘﻮ ﷲ ﺗﻌﺎ ﻋ ﻟﺴﺎ ﻳﻮﺳﻒ‬

‫ﻴﺎ‬-+ ‫ﻟﺪﻧ‬
‫ ﱡ‬ 2 ‫ ﱢـﻴﻲ‬2‫)ﻟ‬+ ‫ﺖ‬-
+ ‫ﻧ‬+  2 - ‫ﻷ‬ + - )+ 
2 ‫ﻮ‬+ ‫ﻤـ‬+ ‫ﺮ ﻟﺴ‬2 ‫ﺎﻃ‬
9 ‫ﱠ‬
2 ‫ﻓ‬+ ﴿
2 2‫ﺎﻟﺼﺎﻟ‬
‫ ﱠ‬2‫ﻲ ﺑ‬2‫ﻨ‬-‫ﺤﻘ‬2 ‫ﻟ‬- + )+ ‫ﻤـﺎ‬ 2 2 2 2 -
﴾ ‫ـﺤﲔ‬ G ‫ﺴﻠ‬- ‫ﻣ‬I ‫ﻮ ﱠﻓﻨﻲ‬++ ‫ ﺗ‬L‫ﺮ‬+ ‫)ﻵﺧ‬+

(101 ‫)ﻳﻮﺳﻒ‬
﴾ [Toi] Le Créateur des Cieux et de la Terre, Tu es mon maître
en ce monde et dans l’au-delà, fais-moi mourir en musulman et
fais-moi rejoindre les vertueux. ﴿ Coran (12/101)

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Pourquoi ce livre ?
En 2003, j’ai été appelé par l’aumônerie d’un hôpital
pour assister un musulman (un jeune du Libéria) Ali B.,
qui était mourant.
Arrivé à l’hôpital, la responsable de l’aumônerie me fit
part de sa perplexité quant à son ignorance de la conduite à
tenir dans les cas de Musulmans mourrants ou morts et des
nécessités à observer. Elle me dit qu’elle avait beau chercher
dans certaines librairies, ou auprès de personnes de con-
fession musulmane, ce par quoi elle assumerait ses devoirs
dans le cas des Musulmans, elle n’avait rien trouvé. Ce qui
me plongea dans un malaise troublant. Mais ce n’était que
le début de mon trouble et de mon malaise.
Lorsque je suis entré dans la chambre du jeune Libé-
rien, je l’ai trouvé agonisant, et à côté de lui se tenaient un
ami guinéen et une jeune fille africaine, vêtue de blanc,
avec un foulard blanc couvrant ses cheveux, infirmière de
son état, en train de lire quelques lignes d’une traduction
du Coran.

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12 Les rites funéraires en Islam

Après quelques instants, la jeune infirmière s’excusa


pour partir. Quel ne fut mon bouleversement quand elle
me dit qu’elle n’était pas musulmane, mais que l’état du
malade et ses dernières souffrances l’avaient tellement
ébranlée qu’elle vint à son chevet. Lorsqu’elle apprit qu’il
était Musulman, elle ne sut que faire. Elle chercha un Co-
ran qu’elle trouva dans une traduction française, et elle se
mit à lire quelques lignes, ne sachant que faire d’autre !
Cela m’ébranla si fortement que mes yeux se rempli-
rent de larmes devant ce désastre dans lequel un très grand
nombre de Musulmans se trouvent, lors des derniers ins-
tants de leur vie, lors des premiers moments de douleur de
la mort, lors de cette transition si pénible vers l’autre vie !
Je me suis alors demandé combien de Musulmans
mouraient ainsi dans l’indifférence quasi générale de leurs
« frères » en religion (si on peut les appeler ainsi !) ? Com-
bien sont morts sans que la communauté des croyants leur
rende leurs derniers droits prescrits par Dieu ? Combien
d’entre eux ont été inhumés puis jetés dans l’oubli total,
sans assistance et sans prière ? Combien ont été incinérés
dans l’incognito général.
Je reçus ensuite une troisième leçon. Une nombreuse
assistance (arabe et africaine) était venue à l’enterrement,
grâce à la circulation de l’information. Juste après la mise
en terre du cercueil, l’ami Guinéen du défunt se leva et dit
à l’assemblée : « Celui qui est mort n’est pas un de mes proches,
mais un ami ! Et je vous dis solennellement : que celui qui
a une quelconque créance envers le défunt s’adresse à moi. Je
prends sur moi toutes ses dettes ! »

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Introduction 13

De ma vie (cinquante ans), je n’avais entendu un tel


engagement ! Et pourtant une telle fidélité à l’amitié n’est
pas étrangère à notre culture ! Je me suis alors remémoré
que le compagnon Abû Bakr avait pris le même engage-
ment public, lors de la mort de notre Prophète (‫)ﷺ‬, par
amour et fidélité à son très cher et bien-aimé ami.
Je pris alors la décision de réaliser cet ouvrage, essayant
de combler un vide terrible, et aidant, par ce faire, l’accom-
plissement des droits de nos morts.
Mon espoir, à travers ce modeste travail, est que les frè-
res de nos frères malades ou mourant puissent y trouver des
éléments de réponse à leurs questions quant à leurs respon-
sabilités et leurs devoirs de présence, d’accompagnement
et d’accomplissement des rites funéraires, actes ô combien
méritoires, auprès de Dieu et des hommes.

Mostafa Brahami
Le 8 février 2005.

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Introduction

Dans la vie des Hommes, il est trois grands moments


chargés religieusement et pendant lesquels la relation à
Dieu est amplifiée et renouvelée : la naissance, le mariage
et la mort. Si les deux premiers évènements se font dans la
joie en ouvrant les portes de la vie ici-bas, le troisième est
à leur opposé.
En effet, la mort clôt une vie de manière toujours dra-
matique. C’est la séparation d’un proche doublée de sa dis-
parition. Et il est si difficile de se séparer.
D’un autre côté, la mort ouvre une autre porte et rap-
proche ce qui semblait indéfini, si loin. Elle ouvre la porte
de l’au-delà et de tous ses mystères auxquels nous croyons
sans les avoir vus ou sentis. Et telle est l’expression dans
al-ghayb, c’est-à-dire l’inconnu, ce qui ne nous est pas in-
telligible. En fait, il est tant de choses en ce monde aux-
quelles nous croyons sans que nous ayons forcément des

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16 Les rites funéraires en Islam

explications suffisantes et/ou plausibles. La mort rapproche


de manière extraordinaire de ce Jour où nous devrons ren-
dre compte de nos actes ici-bas à Celui qui sait tout, l’Om-
niscient, le Juste, le Généreux, le Miséricordieux. C’est un
jour terrible pour celui qui ne s’y est pas préparé, celui qui
n’a pas été enveloppé par l’immense Miséricorde divine.
Comment affronter l’Examen, alors qu’il n’y a plus de
retour possible dans la vie ? Comment réparer alors qu’il n’y
a plus de souffle de vie ? Comment réengager sa vie dans
une autre voie, celle de la piété, de la bonté, de l’obéissance
à Dieu et Son Prophète, alors que le terme est arrivé ?
Tout cela, et bien plus encore, donne à la mort une
signification extraordinaire, une charge singulièrement pro-
fonde, devant laquelle personne ne peut rester insensible.
Pour les Musulmans, la mort se prépare bien avant,
durant toute une vie. Mais les derniers instants sont fon-
damentaux, car c’est le retour sur soi, c’est l’implacable in-
trospection. Mais de quoi se souvenir alors ? Des moindres
péripéties de la vie enfouies sous les décombres des heures,
des jours et des années ? Ou de quelques grands moments
de foi, d’obéissance ou à l’inverse d’incrédulité, de dissipa-
tion ou bien plus grave d’insubordination à Celui qui nous
a créés, a envoyé Ses Messagers pour rappeler l’être humain
à sa meilleure destinée, celle d’être le lieutenant de Dieu
sur terre (khalîfatu l-lâhi fil ard) ? De quoi se souvenir en
ces instants, si longs et si courts, et que peut-on faire ?
Mais tout n’est pas encore perdu. Car, à celui (celle)
qui peut encore témoigner de l’Unicité de Dieu en ces
moments-là, du plus profond de son cœur, en regrettant

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Introduction 17

le mal commis, le temps dissipé, les occasions ruinées, le


gâchis de tout ou partie de la vie ; celui-là (celle-là) qui
peut encore dire : lâ ilâha illa l-lâh, Muhammad rasûlu l-
lah (Il n’y a de dieu que Dieu, et Muhammad est Son Pro-
phète) dans un dernier souffle, dans une dernière sincère
repentance, dans un ultime engagement, celui-là (celle-là)
pourra être sauvé(e) par la Miséricorde divine.
Cet ultime et final témoignage, et donc ce passage tant
redouté, peut être facilité par une vie pieuse, généreuse, par
l’amour de Dieu et de Son Prophète (‫)ﷺ‬.
Lorsque la mort arrive petit à petit, que les membres
deviennent si lourds jusqu’à se figer, que la langue devient si
pesante qu’il devient difficile de parler, et que les yeux sui-
vent le long et patient travail de l’ange de la mort extrayant
la vie de tous les recoins du corps, dans ces moments diffi-
ciles, le mourant a besoin qu’on l’aide afin que ses dernières
paroles soient justement cet ultime témoignage.
Une fois éteint le dernier souffle de vie, le mort nous
laisse, nous vivants, face à nos obligations envers lui.
En effet, nous devons préparer son corps pour sa ren-
contre avec Son Créateur en le lavant et l’habillant du plus
simple vêtement possible, un tissu blanc.
Nous devons aussi accomplir la prière (salât) en de-
mandant à Dieu de lui pardonner, de l’accepter parmi les
vertueux, et de le compter parmi la communauté du pro-
phète Muhammad (‫)ﷺ‬.
Enfin, nous devons l’honorer mort comme il avait été
honoré vivant en enterrant son corps dignement, et en

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18 Les rites funéraires en Islam

l’orientant vers La Mecque, comme il s’y était orienté du-


rant toute sa vie.
Ce sont donc quatre obligations envers le mort musul-
man qui incombent à la communauté. Quatre obligations
très simples dans le fond et la forme, mais qu’une partie,
plus ou moins grande, de la communauté musulmane se
doit d’accomplir sous peine de désobéir à Dieu et à Son
Prophète. Celui qui les accomplit ou y participe effectue
des actes méritoires de très grande valeur auprès de Dieu.
Par contre, si un musulman meurt sans trouver quiconque
pour s’occuper de sa dépouille et lui rendre ces obligations,
par négligence ou ignorance, alors toute la communauté
est en faute, faute de n’avoir pas pris les dispositions néces-
saires pour enseigner et former des personnes dans ce fiqh
al-janâ’iz, les rites funéraires.
Ce livre vise donc un objectif prioritaire, celui de
participer au rappel et à l’explication des rites funéraires
dans l’Islam, leurs obligations et leurs mérites, aux musul-
mans, hommes ou femmes, jeunes ou moins jeunes, afin
qu’ils puissent honorer leurs morts fidèlement à la Volonté
divine.
Dans un premier chapitre, nous expliquons la concep-
tion de la mort en Islam et l’accompagnement du mourant
jusqu’au dernier souffle.
Dans le deuxième chapitre, nous traitons en détail les
quatre rites funéraires, en dégageant l’aspect obligatoire,
c’est-à-dire le minimum à faire, et l’aspect surérogatoire
« sunna », c’est-à-dire recommandé par le prophète Mu-
hammad (‫)ﷺ‬. En effet, nous avons voulu, dans cet ouvrage,

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Introduction 19

dépouiller ces rites des différentes traditions et coutumes


locales des peuples musulmans qui n’ont aucun lien avec
l’enseignement prophétique, et qui ont été ajoutées. Notre
volonté était donc de restituer leur pureté originelle à ces
rites, en nous attachant autant à la lettre qu’à l’esprit des
enseignements coraniques et prophétiques.
À cet égard, nous avons pris comme références des li-
vres connus pour leur attachement à la sunna du prophète
Muhammad (‫ )ﷺ‬et leur profondeur dans le traitement des
questions funéraires. Ces livres sont les suivants : Ahkâm
al-janâ’iz de Cheikh Nasr ad-Dîn al-Albânî, Fiqh as-Sunna
de Cheikh Sayyid Sâbiq et Al-fiqh ‘alâ l-madhâhib al-arba‘a
de Cheikh Jazîrî, en plus d’autres illustres auteurs plus an-
ciens (Chawkânî, Nawawî...)
Nous avons pris le soin d’indiquer les numéros des ha-
diths dans les compilations authentiques que nous avons
utilisées afin de les (hadiths) retrouver plus rapidement.
Nous nous référons, pour cette numérotation, à celle géné-
rée par la base de données des hadiths :
http://hadith.al-islam.com.
Enfin, au troisième chapitre, que nous avons voulu de
portée pratique, nous reprenons les différentes dispositions
de l’accompagnement du mourant et des quatre rites afin
de réaliser un guide pratique, après avoir expliqué les objec-
tifs et cité les sources dans les deux premiers chapitres.
D’un autre côté, nous avons sollicité le concours de
notre imam, Cheikh Yusuf Ibrâm, directeur du Centre isla-
mique de Zurich, aux fins d’authentifier aussi bien les sour-
ces utilisées que les avis rapportés des différents savants, et

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20 Les rites funéraires en Islam

de donner son avis sur un certain nombre de points. Ce


qu’il fit avec la rigueur et le professionalisme que nous lui
reconnaissons.
Nous le remercions de tout notre cœur pour sa dis-
ponibilité et son travail. Et nous demandons à Dieu qu’Il
l’agrée et en fasse un disciple et un aimé du prophète Mu-
hammad (‫)ﷺ‬. Âmîn.

Mostafa Brahami
Février 2005

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CHAPITRE 1

La mort et la vie

‫ﺔ‬G ‫ﺿ ﱠﻴـ‬2 ‫ﺮ‬- ‫ﻣ‬+ ‫ﺔ‬G ‫ﻴ‬+ ‫ﺿ‬ 2 ‫ ﱢﺑ‬+ ‫ﻟﻰ‬+ 2S ‫ﻌﻲ‬2 ‫ﺟ‬2 2 ، ‫ﺔ‬I ‫ ﱠﻨـ‬2‫ﻤﺌ‬+ ‫ﻄ‬- ‫ﻟﻤ‬
2 + ‫ﻚ‬ +
9 - I ‫ﺲ‬ I ‫ﻔ‬- ‫ﻬﺎ ﻟ ﱠﻨ‬+ ‫ﺘ‬I ‫ـﺄ ﱠﻳـ‬9 ‫ﻳ‬+ ﴿
﴾ ‫ﻲ‬2‫ﺟ ﱠﻨـﺘ‬+ ‫ﻠﻲ‬2 ‫ﺧ‬I - )+ ، *‫ﺎ‬ 2 ‫ﻋﺒ‬2 ‫ﻓﻲ‬2 ‫ﻠﻲ‬2 ‫ﺧ‬I - ‫ﻓﺎ‬+ *
+

﴾ Quant à toi, ô âme apaisée ! Retourne auprès de Ton


Seigneur, satisfaite et agréée ! Sois désormais du nombre de
Mes serviteurs, et sois la bienvenue dans Mon Paradis ! ﴿
Coran (89/27)

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Abû Shumâma, le compagnon du prophète Muham-
mad (‫)ﷺ‬, nous raconte les derniers instants de vie de son
ami, le compagnon ‘Amr Ibn al-‘Âs :
« Nous étions auprès de ‘Amr Ibn al-‘Âs alors qu’il était
mourant sur son lit. Il pleura longtemps, puis se tourna
vers le mur. Voyant cela, son fils lui dit : “Ô mon père, le
Prophète (‫ )ﷺ‬ne t’a-t-il pas donné la bonne nouvelle en
telle et telle chose ?”
‘Amr se tourna vers lui et lui dit :
“La meilleure chose que nous pouvons préparer [pour
la mort] est l’attestation qu’il n’y a de dieu que Dieu et que
Muhammad est Son Envoyé. Je suis passé par trois étapes
[dans ma vie]. J’étais celui qui haïssait le plus le prophète
Muhammad (‫)ﷺ‬. Et s’il m’avait été donné, en ce temps, de
le rencontrer et de le capturer, mon plus grand désir aurait
été de le tuer. Si j’étais mort dans cet état, il est sûr que
j’aurais été parmi les habitants de l’Enfer.
Puis Dieu a insufflé la foi en mon cœur. [Je suis alors
allé voir l’Envoyé de Dieu (‫ ])ﷺ‬et je lui ai dit : ‘Donne-

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24 Les rites funéraires en Islam

moi ta main afin que je te fasse allégeance.’ Lorsqu’il me


tendit la main droite, je retirai la mienne. Il me dit alors :
‘Que t’arrive-t-il, ô ‘Amr ?’ Je lui ai répondu : ‘Je veux poser
des conditions !’ Le Prophète me dit tout étonné : ‘Mais
quelles conditions ?’ Je lui dis alors : ‘Que Dieu me pardon-
ne !’ Le Prophète me dit alors : ‘Sache ô ‘Amr, que l’Islam
absout tous les péchés antérieurs, que l’hégire [l’exil vers
Médine] détruit tous les péchés antérieurs, et que le hadj
fait de même.’ [Je lui tendis alors ma main].
Ô mon fils, à partir de cet instant, je n’ai aimé aucune
autre personne autant que le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬,
et aucune personne ne fut plus chère à mes yeux que lui,
à tel point que je ne pouvais emplir de lui mes yeux, par
déférence et respect envers lui. Et si quelqu’un me deman-
dait aujourd’hui de le décrire, j’en serais incapable. Si j’étais
mort dans cet état, j’aurais espéré être parmi les habitants
du Paradis.
Puis nous avons vécu des temps difficiles, et je ne sais
aujourd’hui dans quel état sera reçue ma personne.
Lorsque je mourrai, je ne veux point être suivi par les
pleureuses [qui crient], ni par le feu. Lorsque vous me met-
trez dans la tombe, jetez sur moi de la terre petit à petit.
Ensuite, restez auprès de ma tombe quelques instants – le
temps que l’un d’entre-vous égorge un ovin, et qu’il en dis-
tribue la viande – afin que, par votre présence, je ne prenne
pas peur, et que je sache quoi répondre aux envoyés [les
anges] de Dieu.’’ » (Rapporté par Muslim 173)

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La mort et la vie 25

1. LA MORT, PASSAGE OBLIGÉ


La mort est un passage obligé vers la « vraie vie ». Elle
est inéluctable, personne ne saurait y échapper. C’est une
des Lois de Dieu dans Sa création. À ce titre, les croyants
doivent s’y préparer pour eux-mêmes, et préparer leurs pro-
ches et amis. Dieu dit en effet :
﴾ Sachez que la vie présente n’est que jeu, amusement, ap-
parat, une course à l’orgueil entre vous et une rivalité dans
l’acquisition des richesses et des enfants. Elle est en cela pareille
à une pluie qui fait pousser une végétation qui, après avoir
charmé les cultivateurs, se fane, jaunit et tombe en débris. ﴿
Coran (57/20)

 ‫ﻳ ﻨ ﺔ " ﺗ ﻔ‬%$ " ‫ﻌ ﺐ "  & ﻮ‬$ ‫ﻟﺪﻧ ﻴﺎ ﻟ‬


‫ﺎﺧ ﺮ ﺑ ﻴ ﻨ ﻜ ﻢ‬   ‫ﱠﻤـﺎ‬
‫ ﱡ‬- ‫ﻮ‬. ‫ﳊ ﻴ‬ 
 ‫ﻧ‬5 ‫ ﻋ ﻠ ﻤﻮ‬$7 ﴿
 ‫ ﻋ ﺠ ﺐ  ﻟ ﻜ ﱠﻔ‬5 ‫ﺚ‬ > ‫ﻞ ﻏﻴ‬$ ‫ ﻛﻤﺜ‬D$ ‫ﻻ‬   "   H
$ ‫ﻷ ﻣ ﻮ‬
‫ﺎ< ﻧ ﺒﺎﺗ ﻪ ﺛ ﱠﻢ‬    " ‫ﻷ‬ $ ‫" ﺗ ﻜﺎ ﺛ ﺮ‬
(20 ‫ﻣﺎ ﴾ )ﳊﺪﻳﺪ‬J ‫ﻮ ﺣ ﻄﺎ‬  $Q
 ‫ﻳ ﻪ ﻣ ﺼ ﻔ ﱠﺮ ﺛ ﱠﻢ ﻳ ﻜ‬. N ‫ﻴﺞ ﻓ‬
Dieu dit aussi :
﴾ Puis quand vient leur terme, ils ne pourront ni le retarder
d’une heure, ni l’avancer. ﴿ Coran (16/61)

 ‫ﺪ ﻣ‬$ ‫ﻻ ﻳ ﺴ ﺘﻘ‬


﴾ ‫ﻮ‬  " ‫ﺔ‬J ‫ﺎﻋ‬  ‫ﺨ ﺮ‬$ ‫ﻻ ﻳ ﺴ ﺘ ﺌ‬
 ‫" ﺳ‬  ‫ ﺟ ﻠ ﻬ ﻢ‬5 W ‫ ﺟﺂ‬Y $‫ﻓﺈ‬$ ﴿
(61 ‫)ﻟﻨﺤﻞ‬
Entre la vie de ce monde et l’autre vie, la vraie vie, la
mort n’est pas une simple destruction ; elle constitue la
transition obligée. En effet, la mort n'est pas appréhendée
dans l'Islam en tant que fin définitive et absolue, mais au
contraire en tant qu'accès à un autre monde, al-âkhira.

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26 Les rites funéraires en Islam

La mort est une certitude partagée entre tous les êtres


humains. Pour cette raison, elle constitue une station où
se posent les questions existentielles : d’où vient-on, pour-
quoi et comment cette vie ? La mort constitue le rappel
par excellence lorsqu’on se noie dans le quotidien et les
trépidations de la vie, dans ses meilleurs moments comme
dans ses difficultés. La mort est là pour nous faire prendre
conscience de la vanité de cette vie, de la fin dernière de
toute vie ici-bas.
C’est en ce sens qu’il faut comprendre la parole de
l’imam ‘Ali lorsqu’il dit : « Que parmi les bienfaits de ce
monde, l’Islam te suffise comme présent. Et que parmi ses pré-
occupations, les actes pieux te suffisent comme occupation. Et
que parmi ses sujets de méditation, la mort soit pour toi un
objet de réflexion bien suffisant.1 »
La mort ne devrait pas être redoutée par les croyants
musulmans, mais plutôt envisagée comme une étape néces-
saire du devenir humain. Cette acceptation de la mort en
tant que telle permet au musulman de ne pas la nier mais
de l’assumer pleinement. Tel est le sens des paroles pro-
noncées par le musulman en cette occasion (et en d’autres
aussi) lorsqu’il dit :
 C’est ce que Dieu a prescrit, et ce qu’Il a voulu, Il l’a
fait. »

* ‫ ﻓ ﻌ ﻞ‬W ‫ﺎﺷﺎ‬   < ‫* ﻗ ﱠﺪ‬


 ‫ﷲ " ﻣ‬

1. Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Sagesses musulmanes, p. 29, Lyon, Éd. Tawhid,


2004. Infra : Sagesses.

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La mort et la vie 27

Le croyant ne se révolte pas contre la Volonté divine. Il


l’accepte, et retourne à Dieu en disant :
« C’est à Dieu que nous appartenons et c’est à Lui que nous
retournons. » Coran (2/156)

$ < ‫ﻪ‬$ ‫ ﻟﻴ‬7 ‫ﻧﱠﺎ‬7 " $‫ﷲ‬$ ‫ﻧﱠﺎ‬7 ﴿


 ‫ﺟ ﻌ‬
(156 -‫ﻮ ﴾ )ﻟﺒﻘﺮ‬ 
Le croyant peut-il d’ailleurs un seul instant penser se
révolter contre la Volonté divine ? Loin de lui une telle idée
et une telle entreprise.
Non point qu’il faille s’enfermer dans des réflexions
morbides, ne voir dans le monde rien qui vaille la peine de
vivre, ou de broyer du noir au point de cultiver le pessimis-
me comme philosophie de vie. Non point qu’il faille fuir
la vie, se retirer en quelque grotte ou ermitage, ne point
rencontrer les humains. Non, car telle n’est pas la voie pré-
conisée par notre prophète Muhammad (‫)ﷺ‬. Au contraire,
l'Islam confère à la vie terrestre une dimension autre parce
qu'il place le fidèle dans une perspective de vie éternelle.
En effet, trois des compagnons de notre prophète
Muhammad (‫ )ﷺ‬ayant questionné une de ses femmes sur
ce qu’il faisait chez lui, avaient pris la décision de se séparer
de ce monde par trois voies différentes, pensant ainsi se
rapprocher bien plus de Dieu. Le premier dit : « Moi, je
jeûnerai jour et nuit » ; le deuxième dit : « Quant à moi, je ne
connaîtrai plus le sommeil, je passerai mes nuits en prières » ;
et le troisième dit : « Quant à moi, je ne prendrai aucune
femme comme épouse ».

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28 Les rites funéraires en Islam

Le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬, ayant été informé de


leurs décisions, les réunit avec d’autres Compagnons et leur
tint ce discours :
« Par Dieu, je suis celui d’entre-vous qui craint le plus Dieu.
Et avec cela, je jeûne et je me restaure, je prie [la nuit] et
je dors aussi, et je prends épouses. Que celui qui ne suit pas
ma voie (sunna) sache qu’il n’est pas des miens. » (rapporté par
Bukhârî 4675, et Muslim 2487)

Ainsi le Prophète marque-t-il bien une limite à ne pas


dépasser, à ne pas approcher, celle de vouloir soumettre son
corps à ce quoi il n’est point destiné, et auquel il n’est point
obligé : vouloir étouffer, éradiquer et annihiler les instincts
placés en nous par notre Créateur, effacer toute trace de vie
dans notre corps, dans notre quotidien.
Lorsque notre prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬dit :

$ ‫ﺮ ﻫ‬$ ‫ﻛ‬Y$ ‫ﻣ ﻦ‬$ "‫ﺮ‬$‫ﻛ ﺜ‬5 »


$ ‫ ﻟ ﱠﻠ ﺬ‬h$ Y‫ﺎ‬
(‫ "ﺑﻦ ﻣﺎﺟﻪ‬b‫ﻣﺬ‬N‫ﺪ "ﻟ‬d5 e"<) «.g 
« Rappelez-vous souvent le destructeur des voluptés » (rap-
porté par Ahmad 7584, Tirmidhî 2384 et Ibn Mâja 4248)
en désignant la mort, il nous trace une autre limite, un autre
extrême dont il nous faut nous éloigner : celui d’oublier
Dieu, Ses lois, Ses ordres, suivre et cultiver ses passions dans
ce monde, celui de se noyer dans les délices et les sensualités
de ce monde en dehors de toute limite, au-delà de tout re-
père, de toute morale, loin de toute obligation envers Dieu
et Sa création.
Parfois, il y a une volonté de cacher la mort, de ne pas
la voir ni la montrer, sauf à quelques très proches parents.

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La mort et la vie 29

La mort est dissimulée, on cultive alors un modèle de vie


où les sens et les instincts sont constamment valorisés, am-
plifiés, assouvis au-delà de toute raison, mis à rude épreuve.
Alors les gens vivent comme s’il n’y avait pas de mort. Ils ne
vivent que pour cette vie et oublient la mort, comme s’il n’y
avait que cette vie à vivre. Et lorsqu’elle frappe un proche,
elle n’a plus cette force de persuasion, car les cœurs se sont
fermés. Et les morts sont enterrés sans que cela ne suscite ce
retour à Dieu. Comme si la mort pouvait être oubliée, alors
qu’elle n’oublie personne. Toute personne passera entre ses
mains, à l’heure décidée, et non pas à un autre moment. La
mort frappe aux portes, à tout âge, en tout lieu. Dieu dit :
﴾ Toute personne (nafs) goûtera à la mort. Mais c’est seulement
au jour de la Résurrection que vous recevrez votre rétribution.
Quiconque sera écarté du Feu [l’Enfer]et introduit au Paradis
aura réussi. ﴿ Coran (3/185)

،‫ﺔ‬$ ‫ﻟﻘ ﻴﺎ ﻣ‬


$ h ‫ ﺟﻮ< ﻛﻢ ﻳﻮ‬5  ‫ ﺗﻮﻓﱠﻮ‬k‫ﻧ ﱠ‬$7" ،g
    
$ ‫ ﻘ ﺔ  ﻟـﻤﻮ‬$‫ﺋ‬mY ‫ﺲ‬
  > ‫﴿ ﻛ ﱡﻞ ﻧ ﻔ‬
(185 ‫ ﻋﻤﺮ‬m) ﴾ %‫ﳉ ﱠﻨ ﺔ ﻓ ﻘ ﺪ ﻓﺎ‬  ‫ﺧ ﻞ‬$ D 5 " <$ ‫ﻦ ﻟ ﱠﻨﺎ‬$ ‫ ﻋ‬q ‫ﺰ‬$ ‫ ﺣ‬% ‫ﻓ ﻤ ﻦ‬
Il faut souligner que la mort, chez les Musulmans, ne
saurait être appréhendée ou vécue comme un évènement
strictement individuel. Au contraire, c’est tout le groupe, la
famille, les proches, les amis, les voisins qui la vivent avec
le mourant. La mort est placée ainsi au cœur du groupe
social.
La mort permet de remettre à l’heure les pendules trop
enclines à dépasser les espaces permis. Elle permet de re-
mettre les choses à leur juste valeur, à leur juste place dans

Rites_Book_vF.indb 29 06.03.2005 12:07:17


30 Les rites funéraires en Islam

les nécessaires hiérarchies de ce monde. La mort permet


d’attribuer aux choses de la vie leur véritable valeur, leur
véritable poids. Au contraire de la vie qui a tendance à
inverser les valeurs, en donnant la prééminence à la satis-
faction de l’ego, en cultivant le narcissisme jusqu’à établir
l’individualisme en valeur centrale, et en prônant la satis-
faction première des intérêts privés et personnels sur ceux
de la communauté, de la société. L’être humain a toujours
tendance à faire confiance à la vie lorsqu’elle lui sourit.
Alors parler de la mort, non pour vivre abattus, sans
forces, ou se morfondre dans des climats et des pensées mor-
bides, mais pour ne pas fuir la réalité du monde, pour en
prendre les leçons et en tirer les nécessaires conséquences.
Tout un chacun, en oubliant la mort, vit comme s’il
avait une garantie sur la vie : celle de ne pas mourir de-
main, la semaine prochaine ou l’an prochain. Mais qu’en
savons-nous effectivement ?
Pour cette raison, notre Prophète (‫ )ﷺ‬a dit :
« Profitez de cinq choses avant l’arrivée de cinq autres : de vo-
tre jeunesse avant la vieillesse, de votre santé avant la maladie,
de votre richesse avant la pauvreté, de votre vie avant la mort
et de votre temps libre avant d’être trop occupé. » (rapporté par
Ibn Abî ad-Dunyâ)

Alors, le croyant ne ferait-il pas siennes ces paroles de


‘Uthmân qui dit :
« Le croyant est en permanence l’objet de six craintes :
 il redoute que Dieu lui ôte sa foi,

Rites_Book_vF.indb 30 06.03.2005 12:07:17


La mort et la vie 31

 que ses anges [gardiens] écrivent à son encontre ce qui l’hu-


miliera au Jour du Jugement,
 que le diable l’induise en erreur et que le mérite de ses bon-
nes actions soit annulé,
 que l’Ange de la mort prenne subitement son âme alors qu’il
est distrait,
 que ce bas monde le séduise au détriment de l’autre,
 et que sa famille et ceux dont il a la charge le préoccupent
au détriment du rappel d’Allâh. »2
Lorsque le sage Ibrâhim ibn al-Adham fut interrogé
au sujet du verset : Invoquez-Moi, Je vous exaucerai. »
(Coran 60/40), des personnes lui dirent : « Nous invoquons
et nous ne sommes pas exaucés ! » Il leur répondit :
« Vos cœurs sont devenus amorphes pour dix raisons :
 vous connaissez vos devoirs envers Dieu, mais vous ne vous
en acquittez pas comme il convient ;
 vous lisez le livre de Dieu, et vous ne l’appliquez pas ;
 vous prétendez détester Satan (Iblîs), mais vous le prenez
comme comparse ;
 vous prétendez aimer le Messager, mais vous ne vous inspi-
rez pas de ses mérites et de sa Tradition ;
 vous prétendez désirer le Paradis, mais vous n’œuvrez pas
pour le mériter ;
 vous prétendez redouter l’Enfer, mais vous ne renoncez pas
à commettre des péchés ;

2. Sagesses, p.107.

Rites_Book_vF.indb 31 06.03.2005 12:07:17


32 Les rites funéraires en Islam

 vous prétendez être convaincus que la mort est une réalité,


mais vous ne vous y préparez pas ;
 vous vous préoccupez des défauts des autres, mais vous ne
regardez pas les vôtres ;
 vous consommez la subsistance que Dieu vous octroie, mais
vous ne Le remerciez pas ;
 et vous enterrez vos morts sans que cela ne suscite chez vous
la moindre réflexion. »3
N’est-il pas dit : « Celui qui se rappelle souvent la mort,
Dieu lui accordera trois choses : une repentance (tawba) hâ-
tée, un cœur serein et une ardeur dans l’adoration (‘ ibâda).
Et celui qui oublie la mort sera éprouvé par trois choses : une
repentance à chaque fois reportée, un refus d’agréer ce qui lui
suffit et une paresse dans l’adoration » ?

 ‫ﺔ " ﻗ ﻨ‬$ ‫ﻴﻞ ﻟ ﺘ ﻮ ﺑ‬


‫ﺔ‬$ ‫ﺎﻋ‬ $ ‫ﺠ‬$ ‫ ﺗ ﻌ‬: s > ‫ﻼ‬  ‫ ﺜ‬$‫ﷲ ﺑ‬  ‫ﻛ ﺮ ﻣ ﻪ‬5 g$ ‫ﺮ ﳌﻮ‬$ ‫ﻛ‬Y$ ‫ﻣ ﻦ‬$ ‫ﻛ ﺜﺮ‬5 ‫) ﻣ ﻦ‬
 
‫ﻳﻒ‬ $ ‫ﻮ‬$ ‫ ﺗﺴ‬: s > ‫ﻼ‬
 ‫ ﺜ‬$‫ ﺑ‬v
 $ ‫ ﺑ ﺘ‬g ‫ ﳌ ﻮ‬w $ $ $ x‫ﺎ‬ > ‫ﺐ "ﻧﺸ‬ $ ‫ﻟ ﻘ ﻠ‬
  $ ‫ " ﻣ ﻦ ﻧ‬.-D ‫ ﻟﻌ ﺒﺎ‬H
( -$ D ‫ﻟﻌ ﺒﺎ‬
$ H $ ‫ﻞ‬$ ‫ﺎﺳ‬ $  $‫} ﻟﺮ { ﺑ‬$ ‫ﺔ "ﺗﺮ‬$ ‫ﻟ ﺘﻮ ﺑ‬
 ‫ َ"ﻟ ﺘ ﻜ‬z‫ﺎﻟﻜ ﻔﺎ‬ ‫ﱢ‬  
Aime qui tu veux, la mort t’en séparera. Fais ce que
tu veux, la mort te rapprochera du moment où tu devras
rendre compte.
Le souvenir de la mort éloigne la personne des interdits,
comme elle rend les cœurs plus sensibles, car la compétition
matérielle dans ce monde endurcit les cœurs. Le rappel de

3. Sagesses, p. 177.

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La mort et la vie 33

la mort amoindrit beaucoup d’évènements malheureux et


tristes en les ramenant à leur juste échelle et leur petitesse.
Puisque la mort ne s’annonce pas, il est important pour
le croyant de ne pas être dans un état de désobéissance lors-
qu’elle survient, ce serait alors la mauvaise et détestable fin
dont notre Prophète (‫ )ﷺ‬nous met en garde, sû’ al-khâtima.
Comme le précise Cheikh Abû Hâmid al-Ghazâlî4,
dans son dernier chapitre de l’Ihyâ’ qu’il consacre à la mort,
le pire est, qu’aux derniers instants, le cœur soit rempli de
doute ou d’incrédulité, ce qui forme un voile entre Dieu et
l’homme pour toujours. La conséquence en est l’éloigne-
ment perpétuel et la punition sans fin.
Le moindre est celui où, au moment de la mort, le
cœur est rempli de l’amour des choses de ce monde ou
d’une passion qui le domine et le préoccupe totalement, de
sorte que son désir est tourné vers le monde. Et quand son
visage est ainsi détourné de Dieu, le voile s’interpose entre
lui et Dieu, ce qui signifie la punition.
Pour beaucoup de gens, la mort est une punition car,
pour eux, le seul objet de leur amour, le monde, leur est ôté.
Par contre, pour celui qui, durant sa vie, a aimé Dieu et Lui
seulement, le tombeau devient un jardin du Paradis et la
mort hâte sa rencontre avec Dieu.
Pour ces raisons, que la mort arrive alors que tu es
en prière, ou en jeûne, ou faisant quelque bonne action.
Qu’elle survienne alors que ta langue, ton cœur, ton corps

4. Abû Hâmid al Ghazâlî, Ihyâ’ ‘ulûm ad-dîn, IV, p. 157. Infra


Ihyâ’.

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34 Les rites funéraires en Islam

évoquent (dhikr) Dieu, qu’ils soient dans le souvenir du


prophète Muhammad (‫ ; )ﷺ‬que tu vives dans le licite, que
ton cœur soit vivant par le rappel, par les noms de Dieu.
Voilà la véritable réussite et le meilleur couronnement de la
vie du croyant, husn l-khâtima, la belle fin.
Il est important pour le croyant de ne pas reporter la
repentance (tawba) lorsqu’il lui arrive de faire une erreur ;
au contraire, il doit en prendre conscience sur-le-champ et
implorer le pardon de Dieu. Car, peut-il être garant qu’il
survivra encore quelques instants après ce moment ? Le
prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬ne dit-il pas :
« Hâtez-vous de faire des [bonnes] actions avant que vous
ne soyez occupés : attendrez-vous une pauvreté qui vous fe-
rait oublier [vos devoirs], ou une opulence qui vous rendrait
orgueilleux (insolents), ou une maladie qui vous affaiblirait,
ou une vieillesse qui vous ferait radoter, ou l’Antéchrist, quel
détestable absent à attendre, ou l’Heure [Dernière], alors
que l’Heure Dernière est encore plus terrible et plus amère ? »
(Tirmidhî)

‫ﺎ‬J ‫ﺴﻴ‬$ ‫ﺮ ﻣ ﻨ‬J ‫ﻻ ﻓﻘ‬‫ ﱠ‬$7 " ‫ﻈ ﺮ‬$ ‫ ﻓ ﻬ ﻞ ﺗ ﻨ ﺘ‬.‫ ﺗﺸ ﻐ ﻠﻮ‬5 ‫ ﻗ ﺒ ﻞ‬$ k ‫ﺎﻷ ﻋ‬ $ ‫» ﺑ‬
 $‫ <" ﺑ‬D‫ﺎ‬
"$ 5 J ‫ﺎ € ﱢﻬﺰ‬J ‫ " ﻣ ﻮﺗ‬5 J ‫ﺪ‬$‫ﺎ ﻣ ﻔﻨ‬J ‫ " ﻫ ﺮﻣ‬5 J ‫ﺴﺪ‬$ ‫ﺎ ﻣ ﻔ‬J ‫ " ﻣ ﺮﺿ‬5 ‫ﺎ‬J ‫ﻐﻴ‬$ ‫ﻨﻰ ﻣ ﻄ‬ $ 
J ‫ " ﻏ‬5
« .‫ ﻣ ﱡﺮ‬5 " ‫ ﻫﻰ‬D 5 ‫ﺎﻋ ﺔ‬  ‫ﺎﻟﺴ‬‫ﺎﻋ ﺔ؟ ﻓ ﱠ‬  ‫ﻟﺴ‬ 
‫" ﱠ‬$ 5 ، ‫ﺐ ﻳ ﻨ ﺘ ﻈ ﺮ‬> $‫„ ﻏﺎﺋ‬  ‫ﻟﺪ ﱠﺟ‬
‫ ﻓ  ﱡ‬، ‫ﺎ‬ ‫ﱠ‬
( b‫ﻣﺬ‬N‫ ﻟ‬e"<)

En effet, celui qui pense que la mort est très lointaine,


retardera les bonnes œuvres et en fera si peu dans l’attente
d’un lendemain toujours reporté. Cependant, celui qui se

Rites_Book_vF.indb 34 06.03.2005 12:07:18


La mort et la vie 35

dit que la mort peut être très (trop) proche, s’empressera


de bien faire.
Dieu, en parlant de Pharaon et de ses soldats, lorsqu’ils
furent engloutis, dit :
﴾ Ni le ciel ni la terre ne les pleurèrent, et ils n’eurent
aucun délai. ﴿ Coran (44/29)

 ‫ﺮ‬$ ‫… " ﻣﺎ ﻛﺎﻧﻮ ﻣ ﻨ ﻈ‬


﴾ ‫ﻳﻦ‬  " W‫ﻬﻢ ﻟﺴ ﻤ ﺂ‬$ ‫ ﺑ ﻜ ﺖ ﻋ ﻠﻴ‬k ‫﴿ ﻓ‬
 < ‫ﻷ‬ ‫  ﱠ‬
(29 ‫)ﻟﺪﺧﺎ‬

Le commentateur du Coran, Ibn Kathîr, dans son exé-


gèse dit, concernant ce verset :
« Ils n’ont point fait de bonnes actions, ni n’ont érigé de
lieux pour adorer Dieu l’Unique, pour que le ciel et la terre
les pleurent. (…) Mujâhid 5 dit : “Lorsque meurt le croyant,
le ciel et la terre le pleurent quarante jours durant”. Il fut
alors questionné : “La terre pleure-t-elle vraiment ? ” Il répon-
dit alors : “Tu t’étonnes, et pourquoi la terre ne pleurerait-elle
pas sur un être humain alors qu’il la remplissait de prières et
de prosternations [à Dieu] ? Et pourquoi le ciel ne pleurerait-il
pas sur l’être dont les invocations et les glorifications exhalaient
un bourdonnement tel celui des abeilles ? ” »
Alors, suivrait-on le conseil de ‘Abdallah ibn ‘Omar
lorsqu’il dit : « Si tu survis au matin, n’attends pas le soir, et
si tu survis au soir, n’attends pas le matin. Prends de ta santé
pour ta maladie, et de ta vie pour ta mort. » (rapporté par

5. C’est un tâbi‘î, c’est-à-dire un Successeur et un disciple des


compagnons du prophète Muhammad (‫)ﷺ‬.

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36 Les rites funéraires en Islam

Bukhârî 5937). Au sens où le croyant ne doit pas reporter à


plus tard le bien qu’il peut faire maintenant, car comme dit
l’adage : « plus tard est déjà un peu trop tard ». Les voies du
bien sont innombrables, incommensurables. Il faut vouloir
le bien par le cœur et l’acte.
Le croyant doit savoir qu’après la mort, il y aura un ju-
gement. Alors comment se retrouver demain – ce demain
si proche, ne nous trompons point – face à Dieu, alors
que malgré nos déclarations, notre foi est si faible, notre
adoration à Dieu si futile et si chancelante ? Comment se
retrouver face à Dieu, alors que malgré notre foi et notre
adoration (salât, zakât, hadj etc.), nous avons été si mauvais
dans nos relations avec les autres par le mensonge, la médi-
sance, l’individualisme, l’injustice, l’iniquité, la brutalité ;
alors que notre nourriture, nos boissons, nos vêtements,
notre gîte, tout en nous exhale l’illicite, le harâm ?
Il ne s’agit pas, répétons-le encore une fois, de se mor-
fondre dans un climat morbide, de ne voir la vie qu’en noir,
d’ériger le pessimisme en philosophie de vie. Non, car le
croyant est aussi porté par une immense espérance, une
grandiose attente, celle de l’infinie miséricorde de Dieu :
﴾ Dites : ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à vo-
tre propre détriment, ne désespérez point de la miséricorde de
Dieu. Dieu pardonne tous les péchés. Il est Le Pardonneur, le
Très Miséricordieux. ﴿ Coran (39/53)

،$‫ﺔ ﷲ‬$ d
  < ‫ﻣ ﻦ‬$ ‫ﻻ ﺗ ﻘ ﻨ ﻄﻮ‬
 ‫ﻬ ﻢ‬$ ‫ﺴ‬$ ‫ﻧ ﻔ‬5  ‫ﺬ‬$ ‫  ﱠﻟ‬b D‫ﺎ‬
  5 ‫ﻳﻦ‬
.  ‫ˆ ﻓﻮ ﻋ‬ $ ‫ﻌﺒ‬$ ‫﴿ ﻗ ﻞ ﻳـ‬
 .
(53 ‫ﻴﻢ ﴾ )ﻟﺰﻣﺮ‬ $ <‫ﻧ ﱠﻪ ﻫﻮ  ﻟﻐ ﻔﻮ‬$7 ،‫ﺎ‬J ‫Šﻴﻌ‬ $  ‹‫ﻮ‬ ‫ﻔ ﺮ ﱡ‬$ ‫ﷲ ﻳﻐ‬
  ‫ﱠ‬$7
 ‫ﻟﺮﺣ‬ ‫ ﱠ‬   ‫ﻟﺬﻧ‬

Rites_Book_vF.indb 36 06.03.2005 12:07:19


La mort et la vie 37

L’existence de la foi et conséquemment la confiance


en la miséricorde de Dieu confèrent à l’inéluctabilité de la
mort une autre dimension, celle de la soumission (en fait
islam) et de l’acceptation, mais aussi celle de l’espérance.
Pour peu que le croyant soit sincère dans la reconnais-
sance de ses fautes, dans sa repentance à Dieu, dans sa vo-
lonté de s’éloigner du mal, il trouvera Dieu l’attendre avec
davantage de miséricorde que lui, humain, n’aura fait de
fautes.
Al-Ghazâlî dit : « Après la mort, il ne restera à l’homme
que trois qualités : la pureté du cœur, c’est-à-dire son exemption
de toute souillure, sa familiarité avec le dhikr et son amour de
Dieu (…) Ces qualités sont celles qui sauvent et qui aident
après la mort. »6
Il précise enfin cet amour qui doit porter le croyant le
long de sa vie, avant la mort :
« Le plus heureux dans l’au-delà est celui dont l’amour
pour Dieu est le plus fort. Car l’au-delà signifie le rappro-
chement de Dieu et le fait d’atteindre la félicité que procure
sa rencontre. »7
Le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬nous trace la voie à sui-
vre, l’amour de Dieu, lorsqu’il déclare :
« Celui qui aime rencontrer Dieu, Dieu aimera le rencon-
trer ; et celui qui déteste rencontrer Dieu, Dieu détestera
sa rencontre. » (rapporté par Muslim 4847, Bukhârî 6027)

6. Ihyâ’, III, p. 64.


7. Ihyâ’, IV, p. 284.

Rites_Book_vF.indb 37 06.03.2005 12:07:19


38 Les rites funéraires en Islam

  e ‫ﺮ‬$ ‫ ﻛ‬$‫ ﷲ‬W ‫ ﻘﺎ‬$‫ ﻟ‬e ‫ﺮ‬$ ‫ " ﻣ ﻦ ﻛ‬،e W ‫ ﻘﺎ‬$‫ﷲ ﻟ‬


‫ﷲ‬   ‫ ﺣ ﱠﺐ‬5 $‫ ﷲ‬W ‫ ﻘﺎ‬$‫ ﺣ ﱠﺐ ﻟ‬5 ‫» ﻣ ﻦ‬
(b<‫ ﻣﺴﻠﻢ "ﻟﺒﺨﺎ‬e"<) « .eW ‫ ﻘﺎ‬$‫ﻟ‬

2. LA MALADIE ET LES INSTANTS AVANT LA MORT

2.1. LA MALADIE ET LA MORT


Notre Prophète (‫ )ﷺ‬a détesté au croyant de se sou-
haiter la mort pour cause de pauvreté, maladie ou autre
épreuve ou malheur, et lui a interdit de la demander. En
effet, il dit :
« Qu’aucun d’entre-vous n’implore la mort pour une maladie
en lui. Mais s’il veut implorer la mort, alors qu’il dise : Ô Sei-
gneur, fais-moi vivre pour autant que la vie m'est d'un quel-
conque bien, et fais-moi mourir si la mort m'est d'un quelcon-
que bien. » (Bukhârî 5874 et Muslim 4840)
Si, par contre, il a peur d’être éprouvé dans sa foi, alors
seulement il peut implorer la venue de la mort, suivant la pa-
role du prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬dans son invocation :
« Ô Seigneur, je te demande [de m’aider à la réalisation] des
bonnes œuvres, l’éloignement des mauvaises actions, l’amour
des pauvres, que Tu me pardonnes et M’enveloppes de Ta
Miséricorde, et si Tu veux éprouver une communauté, alors
prends-moi sans que je sois troublé. Je Te demande Ton amour,
l’amour de ceux qui T’aiment, l’amour de toute action qui
rapproche de Ton amour. » (Tirmidhî 3159)

Rites_Book_vF.indb 38 06.03.2005 12:07:19


La mort et la vie 39

$ ‫ "ﺗﺮ }  ﻟـﻤ ﻨ ﻜﺮ‬g $ Œ‫ﳋ‬ $


‫ " ﺣ ﱠﺐ‬g        ‫ ﺳ ﺄ ﻟ ﻚ ﻓ ﻌ ﻞ‬5 ‫ ﱢ‬$7 ‫» ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬
‫ﻲ‬$‫ ﻓ ﺘ ﻮﻓﱠﻨ‬h> ‫ ﻗ ﻮ‬H$ ‫ﺔ‬J ‫ﻓ ﺘ ﻨ‬$ g D < 5  Y$7" ،‫ﻲ‬$‫ﻨ‬d $ ‫ﻔ ﺮ‬$ ‫ ﺗﻐ‬5 " ،‫ﲔ‬
  ‫’ "ﺗ ﺮ‬ $ ‫ ﻟـﻤﺴ‬
$ ‫ﺎﻛ‬  
‹ ‫” ﱡﺒ ﻚ " ﺣ ﱠﺐ ﻋ ﻤ >ﻞ ﻳ ﻘ ﱢﺮ‬ $  ‫ ﺳ ﺄ ﻟ ﻚ ﺣ ﱠﺒ ﻚ " ﺣ ﱠﺐ ﻣ ﻦ‬5 " .‫ﻮ‬ > ‫Œ ﻣ ﻔ ﺘ‬   ‫ﻏ‬
 ‫  ﺣ ﱢﺒ‬$7
(b‫ﻣﺬ‬N‫ ﻟ‬e"<) «.‫ﻚ‬

On peut demander à Dieu de nous faire mourir à Mé-


dine ou à La Mecque. En effet, l’imam Bukhârî (nous rap-
porte que ‘Omar, en présence de sa fille Hafsa, demanda :
« Seigneur, fais-moi mourir en martyr dans Ta voie, et fais
que je meure dans la ville de Ton Prophète (‫)ﷺ‬. » Hafsa, tout
étonnée lui demanda : « Comment cela ? » Il lui répondit :
« Dieu, par Sa volonté, m’exaucera. »
Il est important que le malade évoque l’immensité
de la miséricorde de Dieu, et qu’il ait une bonne attente
de Dieu (espérance, husnu z-zanni bi l-lâhi), au sens où
Dieu est d’abord Pardonneur, Généreux, Miséricordieux,
Aimant, Grand, Bon ; que l’être humain fasse précéder la
miséricorde de Dieu sur Son châtiment, l’espoir sur le dé-
sespoir. En ce sens, le compagnon Jâbir dit :
« J’ai entendu le Prophète (‫ )ﷺ‬dire, trois jours avant
sa mort : “Que ne meure aucun d’entre vous sans qu’il ait
une bonne attente (espérance) de Dieu”. » (Muslim 5125, Abû
Dâwûd 2706)

C’est-à-dire que le croyant attend de Son Seigneur le


pardon, l’absolution des péchés, Son immense miséricorde,
Sa générosité.

Rites_Book_vF.indb 39 06.03.2005 12:07:20


40 Les rites funéraires en Islam

Dans ces derniers instants, et tant que le mourant est


encore conscient, il est important qu’il se rattache à Dieu, à
Son pardon, à Sa large miséricorde, et qu’il ne soit pas trou-
blé par l’arrivée de la mort et ses difficiles instants. Nous
reportons ci-après quelques passages qu’a écrite l’imam
Nawawî dans son célèbre ouvrage (Al-Adhkâr)8 :
« Il est recommandé à celui qui sent que sa fin approche
de faire de nombreuses lectures du Coran et des évocations de
Dieu (dhikr). Il n’est pas préféré pour lui d’avoir peur plus que
de raison, ainsi que le mauvais comportement, les disputes, les
altercations dans ces instants.
Il est plutôt recommandé pour lui de louer Dieu par son
cœur et sa parole. Qu’il prenne conscience que ces moments
sont les derniers de sa vie ; alors qu’il les finisse par la meilleure
issue, et par le pardon qu’il adresse lui-même à ses proches : son
conjoint (e), parents, enfants, ainsi que ses voisins et amis, et à
toute personne avec laquelle il a été en relation.
Il faudrait aussi qu’il laisse des recommandations concer-
nant ses enfants [jeunes], ainsi que sur d’éventuelles affaires
qu’il n’a pu finaliser sur le champ, des dettes contractées par
exemple. Il faut qu’il ait une bonne attente de Dieu (husnu
z-zanni bi l-lâhi), qu’Il lui fasse miséricorde.
Qu’il médite sur le fait qu’il ne compte pour rien dans la
création, et que Dieu n’a besoin ni de sa punition ni de son
adoration et que lui, être humain, est Son serviteur, et qu’il ne
doit demander pardon et magnanimité et largesse que de Lui.

8. Imam Nawawî, Al-Adhkâr, p. 166. Infra Adhkâr.

Rites_Book_vF.indb 40 06.03.2005 12:07:20


La mort et la vie 41

Il serait bon pour lui de lire les versets de miséricorde et


d’espérance, ou à défaut, qu’il demande à ce qu’on les lui lise
et qu’il les entende, le cœur ouvert. De même pour les hadiths
sur les mêmes thèmes d’espérance. (…)
Qu’il fasse attention à ce que ces derniers moments ne soient
empreints de négligence ou de laxisme envers les obligations de
Dieu ou Ses recommandations. Qu’il fasse attention à ne pas
suivre ceux, parmi les présents, qui seraient portés à lui faire
oublier ou négliger les recommandations précédentes. (…)
Il lui est aussi recommandé de conseiller ses proches et
amis de s’armer de patience lors de sa maladie, et qu’ils ne lui
tiennent pas rigueur de ce qu’il pourrait proférer. De même, il
leur conseillera d’être patients lorsque arrivera la mort, qu’ils
ne pleurent pas plus que de raison. (…) Comme il leur re-
commandera de ne point dévier de la pratique du prophète
Muhammad (‫ )ﷺ‬lors des funérailles, et de s’éloigner de toutes
les pratiques interdites en pareille occasion. »
Notre Prophète (‫ )ﷺ‬entra dans une maison où un jeu-
ne était en train de vivre ses derniers instants, et lui dit :
« Comment te sens-tu ? » Le jeune répondit : « J’espère en
Dieu, et j’ai peur pour mes erreurs. »
Le Prophète dit alors : « Lorsque ces deux sentiments9 se con-
juguent en même temps dans le cœur d’un croyant, alors Dieu
lui donnera ce qu’il a espéré, et l’épargnera de ce dont il a
peur. » (Ibn Mâja 4251, Tirmidhî 905)

9. L’espoir et la peur.

Rites_Book_vF.indb 41 06.03.2005 12:07:20


42 Les rites funéraires en Islam

Dieu voudrait que le croyant, qui a vécu dans l’obéis-


sance, l’amour de Dieu et de Son Prophète, que ce croyant
aborde cette transition, certes pénible, par une certaine sé-
rénité, lorsqu’Il envoie ce message :

﴾ Ceux qui disent : “Notre Seigneur est Dieu” et qui se tien-


nent sur le droit chemin, les Anges descendent sur eux [et
leur disent] : N’ayez pas peur et ne soyez point affligés. Ayez
plutôt la bonne nouvelle du Paradis qui vous était promis. ﴿
Coran (41/30)

‫ ﻜ ﺔ‬$‫ﻼﺋ‬  ‫ﻬ ﻢ  ﻟ‬$ ‫ﺳ ﺘ ﻘ ﺎﻣﻮ ﺗ ﺘ ﻨ ﱠﺰ  ﻋ ﻠ ﻴ‬


 ‫ـﻤ‬  ‫ﷲ ﺛ ﱠﻢ‬  ‫ﺬ‬$ ‫ﱠ  ﱠﻟ‬$7 ﴿
  ‫ﻳﻦ ﻗﺎ ﻟﻮ < ﱡﺑ ﻨﺎ‬
﴾ "  ‫ﻲ ﻛ ﻨ ﺘ ﻢ ﺗ‬$‫ﺔ  ﱠﻟﺘ‬$ ‫ﺎﳉ ﱠﻨ‬
 ‫ﻮﻋ ﺪ‬   $‫„" ﺑ‬  $ ‫ ﺑ‬5 " ،‫ﻻ  ﲢ ﺰﻧﻮ‬  " ‫ﻻ  –ﺎ ﻓﻮ‬ ‫ ﱠ‬5
(30 ‫)ﻓﺼﻠﺖ‬

2.2. LES DERNIERS INSTANTS


Parce que la mort est un évènement fondamental, le
mourant se doit d’être accompagné. La culture musulmane,
de par ses sources (Coran et Sunna), imprègne la mentalité
musulmane face à la mort, et l’encadre par un enseigne-
ment religieux précis. Le temps de la mort et des funérailles
est un temps spécial pour les musulmans, un moment où
tout acte peut prendre une importance considérable. C’est
ce que nous voulons souligner dans cette partie.
Les derniers instants de vie sont très éprouvants pour
l’agonisant. C’est pourquoi il faut l’aider à les traverser. C’est
ce que nous enseigne notre prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬lors

Rites_Book_vF.indb 42 06.03.2005 12:07:20


La mort et la vie 43

de ses derniers instants. En effet ‘Âïcha, son épouse, rap-


porte ces paroles :
« Lorsque le Prophète était à l’agonie, il avait demandé un
récipient d’eau dans lequel il plongeait sa main et la repassait
ensuite sur son visage. Il disait : “Mon Dieu, aide-moi à sup-
porter les affres de la mort et ses souffrances.” » (Tirmidhî 900)
$ ‫  ﻟـﻤﻮ‬g
«g $ ‫ "ﺳ ﻜﺮ‬g $ ‫ﻋ ﱢﻨﻲ ﻋ  ﻏﻤﺮ‬$ 5 ‫» ﻟ ﱠﻠ ﻬﻢ‬
$ ‫  ﻟـﻤﻮ‬g
        ‫ﱠ‬
(b‫ﻣﺬ‬N‫ ﻟ‬e"<)

En effet, ce sont des moments très difficiles pour le


mort, et très pénibles pour ceux qui l’assistent. Cette per-
sonne chère est en train de mourir, et la mort est si difficile.
Si le mourant est encore conscient, et qu’il peut dire l’invo-
cation suivante, qu’il le fasse, en suivant l’exemple du Pro-
phète (‫ )ﷺ‬qui la répéta dans ses derniers instants (Bukhârî
4086, Muslim 4474, Mâlik 501, Thirmidhî 3418) :

« Seigneur, pardonne-moi, fais-moi miséricorde et fais-moi


parvenir au Rafîq al-a‘lâ »

$ ‫ﻓ‬$ ‫ﺎﻟﺮ‬
  ‫ﻴﻖ‬
b<‫ ﻟﺒﺨﺎ‬e"<) «  ‫ﻷ ﻋ‬ ‫ ﱠ‬$‫ﺑ‬ $‫ﻲ‬$‫ﳊﻘﻨ‬
$  5 " ‫ﻲ‬$‫ﻨ‬d $ ‫ﻔ ﺮ‬$ ‫» ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ‬
  < " ’
(b‫ﻣﻴﺬ‬N‫"ﻣﺴﻠﻢ "ﻣﺎﻟﻚ "ﻟ‬
Allâhumma ighfir lî wa-rhamnî wa alhiqnî bi-r-rafîqi l-a‘lâ.

Ou bien : « Seigneur, ar-rafîq al-a‘lâ »

(‫ ﻣﺴﻠﻢ‬e"<) «  ‫ﻷ ﻋ‬ $ ‫ﻓ‬$ ‫ﻟﺮ‬


  ‫ﻴﻖ‬
‫" » ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﱠ‬5
Allâhumma ar-rafîqi l-a‘lâ.

Rites_Book_vF.indb 43 06.03.2005 12:07:20


44 Les rites funéraires en Islam

Le Rafîq al-a‘lâ a été diversement interprété :


 Dieu dans Son Immensité,
 l’endroit (rafîq, murtafaq) le plus haut du Paradis ;
 ou encore le meilleur accompagnateur parmi les Pro-
phètes et les Envoyés de Dieu10 ;
 la compagnie suprême, c’est-à-dire celle des prophètes,
des envoyés, des martyrs et des sincères.
Il est bon aussi pour le mourrant, s’il le peut, de pro-
noncer l’invocation suivante :
« Seigneur, aide-moi à traverser les affres de la mort et ses souf-
frances. » (Tirmidhî 900)

$ ‫  ﻟـﻤﻮ‬g
«g $ ‫ﻋ ﱢﻨﻲ ﻋ  ﻏﻤﺮ‬$ 5 ‫»ﻟ ﱠﻠ ﻬﻢ‬
$ ‫  ﻟـﻤﻮ‬g
$ ‫ "ﺳ ﻜﺮ‬g
        ‫ﱠ‬
(b‫ﻣﺬ‬N‫ ﻟ‬e"<)

Allâhumma a‘innî ‘alâ ghamarâti l-mawti wa sakarâti


l-mawti.
Lorsque l’on voit que la maladie de la personne est en
train de la conduire à la mort, il serait alors souhaitable que
des personnes pieuses puissent être présentes afin d’évoquer
Dieu, et de l’aider à le faire si elle n’y parvient pas.
Les personnes présentes doivent alors s’éloigner de
toute dispute, polémique ou mots déplacés. Notre mère
Oum Salama rapporte que le Prophète (‫ )ﷺ‬a dit :

10. Chawkânî Muhammad, Tuhfatu dh-dhâkirîn, p. 286. Infra


Tuhfatu.

Rites_Book_vF.indb 44 06.03.2005 12:07:21


La mort et la vie 45

« Si vous assistez aux derniers instants de la vie d’une person-


ne, dites du bien, car les anges disent “âmin” sur ce que vous
dites. » (Muslim 1527, Ibn Mâja 1437)
Dans le même hadith, notre mère Oum Salama relate,
après qu’elle eut informé le Prophète (‫ )ﷺ‬de la mort de son
mari Abû Salama : « Le Prophète est entré chez Abû Salama
alors que les yeux de ce dernier étaient grands ouverts re-
gardant le ciel. Le Prophète les a alors fermés et dit : “Lors-
que l’âme est prise, les yeux la suivent ”. »
Elle continue en disant : « Lorsque Abû Salama mou-
rût, je suis venu dire au Prophète :“Ô Prophète, Abû Salama
est mort. ” Il me dit alors : “Dis : Ô mon Dieu, pardonne-
moi et pardonne-lui, et fais-moi suivre de cette tristesse ce
qui en est meilleur.” Elle dit : “Alors Dieu m’a donné encore
mieux que ce qu’Il m’a pris, le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬.” »
(Muslim 1528)

La famille proche du défunt se lamenta alors avec


grand bruit. Le Prophète (‫ )ﷺ‬leur dit alors :
« Ne faites pour votre personne que des invocations de bien,
car les anges disent “âmîn” après vos invocations. » Puis il
ajouta : « Ô Seigneur, pardonne à Abû Salama, élève son rang
parmi les bien-guidés, et remplace avantageusement son ab-
sence parmi ses proches vivants. Pardonne-nous ainsi qu’à lui.
Ô Maître des mondes ! Et fais de sa tombe un endroit spacieux
et lumineux. » (Muslim 1528, Ahmad 25332 et Abû Dâwûd 2711)

H  " ، ‫ﺪ ﱢﻳﲔ‬$ ‫ ﳌ ﻬ‬H


$ ‫ﺧ ﻠ ﻔ ﻪ‬ $ ‫ < ﺟ ﺘ ﻪ‬D ‫ " < ﻓ ﻊ‬،‫™ ﺳ ﻠ ﻤﺔ‬
$ ‫ﻷ‬  $ ‫ﻔﺮ‬$ ‫» ﻟ ﱠﻠ ﻬﻢ ﻏ‬
 ‫ﱠ‬
$ ‫ "ﻓ ﺴ ﺢ ﻟ ﻪ‬،‫ﲔ‬  $ ‫ﻟﻌﺎﳌ‬ $  ‫ﻳﻦ‬ $ ‫ﻪ‬$ $‫ﻘﺒ‬$ ‫ﻋ‬
 ‫ﺮ‬$ $‫ ﻟﻐ ﺎﺑ‬H
H  ‹‫"ﻏ ﻔ ﺮ ﻟ ﻨﺎ " ﻟ ﻪ ﻳﺎ < ﱠ‬،

Rites_Book_vF.indb 45 06.03.2005 12:07:22


46 Les rites funéraires en Islam

$ ‫ﻓ‬$ ‫ "ﻧﻮ< ﻟ ﻪ‬،e$ ›


(D"D ‫ﺪ "ﺑﻮ‬d5" ‫ﺧﺮﺟﻪ ﻣﺴﻠﻢ‬5) « .‫ﻴﻪ‬ $  ‫ﻗ‬
‫ﱢ‬
Allâhumma ghfir li abî salama, warfa‘ darajatahu fil
mahdiyyîna wakhlufhu fî ‘aqibihi fil ghâbirîna, waghfir lanâ
wa lahu yâ rabba-l-‘âlamîna, wa-fsah lahu fî qabrihi, wa
nawwir lahu fîhi.
La bonne attitude est alors celle qui rappelle, d’abord
au mourant, puis ensuite aux présents, ce qu'il y a d’essen-
tiel dans la foi, l’attestation de foi en un Dieu Unique (la
shahâda). La conduite à tenir devant le mourant vise deux
objectifs primordiaux :
 Le premier est de faire en sorte que la dernière parole du
mourant, dans la mesure du possible, soit l’attestation
de foi musulmane.
 Le second est que, tant que le mourant est conscient, il
puisse vivre la mort avec sérénité, apaisement et foi.
Pour cela, il est recommandé (sunna) de faire les
choses suivantes :
►Si le mourant est capable de dire l’attestation de foi

il n’y a de dieu que Dieu  ‫ﻻ‬


‫ﷲ‬ ‫ ﱠ‬$7 ‫ـ ﻪ‬. ‫ ﻟ‬$7 ‫ﻻ‬
lâ ilâha illa l-lâhu.
l’encourager à la prononcer, car il peut l’oublier à cause
des douleurs de la mort ou de la maladie. S’il ne parvient
pas à le faire, l’y aider très doucement en lui dictant mot
à mot cette attestation. Attention de ne pas être brutal
dans ses gestes et paroles afin de ne pas provoquer de
rejet de la part du mourant, ce qui serait très domma-
geable pour lui.

Rites_Book_vF.indb 46 06.03.2005 12:07:22


La mort et la vie 47

C’est ce que nous enseigne notre Prophète (‫ )ﷺ‬dans le


hadith dans lequel le compagnon Abû Sa‘îd al-Khudrî
dit :
« Le Prophète nous a dit : “Dites et faites dire à vos morts : il
n’y a de dieu que Dieu.” » (Muslim 1524, Abû Dâwûd 2710 et
Tirmidhî 898)

Dans un autre hadith, le Prophète (‫ )ﷺ‬dit :


« Celui dont les dernières paroles sont : Il n’y a de dieu que
Dieu, entrera au Paradis. » (Ahmad 21024, Abû Dâwûd 2709)
►Si le mourant la prononce, alors ne pas lui demander
de la refaire, du moment qu’il ne parle pas après cette
attestation. S’il parle à nouveau, lui demander de répéter
l’attestation de foi, toujours aussi délicatement et avec
douceur, de façon à ce que sa dernière parole soit l’attes-
tation de foi.
►Si l’agonisant ne peut la prononcer, ceux qui sont près
de lui la diront d’une voix calme, suffisamment enten-
due de la part du mourant afin qu’il puisse s’en souvenir
et la dire, même en son for intérieur. Cela devrait l’aider
sûrement.
On peut se suffire de cette seule attestation, même s’il
est préférable d’y ajouter, dans la mesure du possible, la
deuxième attestation (et Muhammad est Son Messager,
wa muhammadun rasûlu-l-lâhi), selon certains savants.
►Diriger, dans la mesure du possible, le mourant en di-
rection de La Mecque, c’est-à-dire couché sur son côté
droit, ses yeux regardent vers La Mecque, selon le hadith
rapporté par Bayhaqî et al-Hâkim.

Rites_Book_vF.indb 47 06.03.2005 12:07:22


48 Les rites funéraires en Islam

L’imam Ahmad rapporte que Fâtima, la fille de notre


Prophète (‫)ﷺ‬, à sa mort, a été ainsi orientée. L’imam
Shâfi‘î rapporte aussi une autre posture : le mourant se
mettant sur son dos, ses pieds vers La Mecque, la tête
légèrement surélevée regardant vers La Mecque. Mais la
première position est celle admise par la majorité des
savants. C’est aussi la position du mort dans sa tombe.
Il est aussi conseillé les choses suivantes :
►Évoquer Dieu (dhikr) et faire des invocations (du‘â) à
Dieu en ces moments est très important et réconfortant.
Ce sont des moments où l’être humain ressent le plus
la présence divine, la vanité de la vie et de ses biens en
dehors des actes pieux qui l’accompagneront dans son
chemin vers Dieu.
►Éviter absolument les cris, les gémissements et
les lamentations.
►Tout au contraire, un climat d’apaisement devrait être
instauré, du moins dans la chambre du mourant, pour
qu’il ne soit pas distrait dans la prononciation de l’attes-
tation de foi et dans ses invocations à Dieu.
►S’abstenir absolument de parler des affaires de ce mon-
de, de se disputer dans ces moments, d’élever la voix.

2.3. APRÈS LE DERNIER SOUFFLE DE VIE


Lorsque le dernier souffle de vie aura quitté le corps,
la meilleure parole à dire est la suivante, tirée du verset
coranique :

Rites_Book_vF.indb 48 06.03.2005 12:07:22


La mort et la vie 49

« C’est à Dieu que nous appartenons et c’est à Lui que nous


retournons. » Coran (2/156)

$ < ‫ﻪ‬$ ‫ ﻟﻴ‬7 ‫ﻧﱠﺎ‬7 " $‫ﻧﱠﺎ ﷲ‬7 ﴿


 ‫ﺟ ﻌ‬
(156 -‫ ﻟﺒﻘﺮ‬-<‫ﻮ ﴾ )ﺳﻮ‬ 
Innâ lillâhi wa innâ ilayhi râji‘ûn.
Après cela, procéder à ce qui suit.

2.3.1. Les premiers gestes


1. Fermer les yeux du mort en disant l’invocation suivan-
te (sunna) :
« Seigneur, pardonne à (dire le nom du défunt), élève son
rang parmi les personnes guidées, et remplace-le auprès des
membres de sa famille encore en vie. Pardonne-nous ainsi qu’à
lui. Élargis sa tombe et illumine-la. » (Muslim 1528, Ahmad
25332, Abû Dâwûd 2711)

H $ ‫ﺧ ﻠ ﻔ ﻪ‬
 " ‫ﻴﻦ‬  ‫ﺪ ﱢﻳ‬$ ‫  ﻟ ﻤ ﻬ‬H
$ ‫ < ﺟ ﺘ ﻪ‬D ‫ﻔ ﺮ ) ﻟﻔﻼ( " < ﻓ ﻊ‬$ ‫» ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ‬
e$ ›
$  ‫ ﻗ‬H ‫ـﻤﲔ "ﻓ ﺴ ﺢ ﻟ ﻪ‬ $ ‫ﻟﻌﺎ ﻟ‬
 ‹‫ﺎ< ﱠ‬
$
 ‫ﻳﻦ "ﻏ ﻔ ﺮ ﻟ ﻨﺎ " ﻟ ﻪ ﻳ‬  ‫ﺮ‬$ $‫ ﻟﻐ ﺎﺑ‬H ‫ﻪ‬$ $‫ﻘﺒ‬$ ‫ﻋ‬
(D"D ‫ﺑﻮ‬5" ‫ﺪ‬d5 " ‫ ﻣﺴﻠﻢ‬e"<) « .‫ﻴﻪ‬ $ ‫ﻓ‬$ ‫"ﻧﻮ< ﻟ ﻪ‬
‫ﱢ‬
Allâhumma ghfir li (prononcer le nom de la personne morte),
wa-rfa‘ darajatahu fil mahdiyyîna wa-khlufhu fî ‘aqibihi fil
ghâbirîna, wa-ghfir lanâ wa lahu yâ rabba l-‘âlamîna, wa-
fsah lahu fi qabrihi, wa nawwir lahu fîhi.
2. Couvrir le mort (sunna) afin de ne pas exposer et éta-
ler la transformation du corps au regard des gens (rap-
porté par Bukhârî 5367 et Muslim 1566).

Rites_Book_vF.indb 49 06.03.2005 12:07:23


50 Les rites funéraires en Islam

3. Il est permis d’embrasser le mort entre ses yeux, le Pro-


phète l’ayant fait à son cher compagnon ‘Uthmân fils
de Maz‘ûn, et Abû Bakr l’ayant fait au Prophète (‫)ﷺ‬.
Dès que la mort est certifiée, les rites funéraires (lavage
mortuaire, linceul, prière et enterrement) devront se faire le
plus rapidement possible, et cela par dignité envers le mort.
Notre prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬dit en ce sens à Ali :
« Ô Ali, trois choses ne doivent pas être retardées : la prière
lorsque vient son temps, le rite funéraire (janâza) lorsque la
mort survient et la femme sans mari [lorsqu’elle trouve un de
son niveau]. » (Ahmad 787, Tirmîdhî 156)

2.3.2. Rendre les dettes et dépôts


Parmi les urgences, il faut s’occuper aussi des dépôts
des gens qui étaient confiés au mort, de son vivant, et qu’il
faut rendre à leurs ayants droit.
Il faut aussi rembourser ses dettes. On peut demander
aux personnes présentes s’ils avaient des créances ou des
dépôts auprès du défunt.
Il est toujours préférable, dans la mesure du possible,
de rendre les créances (sur les biens laissés par le défunt)
ainsi que les dépôts le plus rapidement possible.
Cela indique l’importance fondamentale pour le
croyant de consigner par écrit, sinon oralement en préve-
nant ses proches, de tout dépôt ou dette afin de leur fa-
ciliter la tâche. Il est très inconvenant pour le croyant de
mourir en emportant avec lui ses secrets.

Rites_Book_vF.indb 50 06.03.2005 12:07:23


La mort et la vie 51

2.3.3. Faire des invocations


Il est aussi recommandé (sunna) de faire des invoca-
tions lorsque survient la mort, tel que nous l’enseigne le
prophète Muhammad (‫)ﷺ‬.
Oum Salama rapporte qu’elle a entendu le prophète
Muhammad (‫ )ﷺ‬dire :
« Tout croyant atteint par l’épreuve de la mort et qui dit :
“Nous appartenons à Dieu, et c’est à Lui que nous revenons.
Seigneur, rétribue-moi dans mon épreuve, et remplace-la par
meilleur qu’elle”, sera récompensé par Dieu pour avoir sup-
porté cette épreuve et se verra octroyer par Lui ce qui en est
meilleur. » (Muslim 1525, Ahmad 15751)

’$ ‫ﻒ‬  " ‫ﻲ‬$‫ﺼ ﻴﺒﺘ‬$ ‫ ﻣ‬H $ ‫ ﺟ ﺮ‬5 ‫ ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬،‫ﻮ‬


 ‫ﺧ ﻠ‬ $ < ‫ﻪ‬$ ‫ ﻟﻴ‬7 ‫ﻧﱠﺎ‬7" $‫ﷲ‬$ ‫ﻧﱠﺎ‬7 »
 ‫ﺟ ﻌ‬ 
$
(‫ﺪ‬d5" ‫ ﻣﺴﻠﻢ‬e"<) « .‫ ﻣ ﻨ ﻬﺎ‬J Œ ‫ﺧ‬
innâ lillâhi wa innâ ilayhi râji‘ûn. Allâhumma-’jurnî fî
musîbatî wa-khluf lî khayran minhâ
Oum Salama continue sa narration et dit :
« Lorsque Abû Salama [c’est-à-dire son mari] mourut, j’ai ré-
pété ce que m'a enseigné le Prophète (‫)ﷺ‬. Alors Dieu m’a grati-
fiée de meilleur que ma perte : le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬. »
(Muslim et Ahmad)

Dans un autre hadith, le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬


dit :
« Lorsque vient à mourir le fils de l’un d’entre vous, Dieu dit
aux anges : “Vous avez pris la vie du fils de Mon serviteur.”
Les anges disent alors : “Oui.” Il leur dit ensuite : “Vous avez

Rites_Book_vF.indb 51 06.03.2005 12:07:23


52 Les rites funéraires en Islam

pris ce qu’il aime le plus au monde ?” Les anges répondent :


“Oui”. Il leur dit : “Et qu’a dit Mon serviteur ? ” Ils répon-
dent : “Il T’a loué et a dit : ‘Nous appartenons à Dieu, et c’est
à Lui que nous revenons’ ”. Dieu dit alors : “Édifiez pour Mon
serviteur une demeure au Paradis et appelez-la la demeure de
la Louange.” »(Tirmidhî 942)
Commentant le verset cité (Nous appartenons à Dieu,
et c’est à Lui que nous revenons), appelé en arabe istirjâ‘,
(œ‫ﺟﺎ‬N‫ﺳ‬7), le compagnon du Prophète et célèbre commen-
tateur du Coran, ‘Abdallah Ibn ‘Abbâs, dit :
« Dieu nous informe que le croyant [atteint par l’épreuve
de la mort], s’il consent et accepte la décision de Dieu, revient à
lui et dit ce verset au moment de l’épreuve, alors Dieu lui pres-
crit trois mérites de bien : une prière de Sa part, la miséricorde
et la confirmation dans la voie de la guidance. »

2.3.4. Informer les proches


Enfin, il est recommandé d’informer les parents, pro-
ches et amis du défunt ainsi que les personnes pieuses (ha-
dith rapporté par Bukhârî et Ahmad). Cela doit être fait
par les moyens normaux de la communication, en évitant
absolument les cris de désespoir aux portes des mosquées,
ou du haut des chaires (minbar) des mosquées ou encore
des roulements de tambour ou autres instruments.

2.3.5. Pleurer la perte du proche


Tous les savants sont unanimes à déclarer licite le fait
de pleurer les morts. Notre prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬lui-
même pleura lors de la mort de son très jeune fils Ibrâhîm

Rites_Book_vF.indb 52 06.03.2005 12:07:23


La mort et la vie 53

et répondit à l’un de ses Compagnons qui s’étonnait de


ces larmes :
« Les yeux pleurent, le cœur s’attriste, et nous ne disons que ce
qui plaît à Dieu, notre Seigneur. Et nous sommes, par ta sépa-
ration, Ô Ibrâhîm, très attristés. » (Bukhârî 1220)
Notre Prophète (‫ )ﷺ‬décrit plutôt les pleurs comme
une miséricorde divine déposée par Dieu dans le cœur des
êtres humains lorsqu’il dit : « Les pleurs sont une miséricorde
placée par Dieu dans le cœur de Ses serviteurs, et Dieu enve-
loppe de Sa miséricorde ceux qui sont miséricordieux parmi
Ses serviteurs. » (Tabarânî)
Les pleurs constituent un apaisement du cœur et tra-
duisent une grande sensibilité.
Cependant, il ne faudrait pas que les pleurs et la tris-
tesse soient accompagnés par des hurlements ou d’autres
pratiques répréhensibles (élever la voix, se griffer le visage,
se frapper les joues, se frapper fortement les cuisses, se ti-
rer les cheveux ou les raser, se découvrir, déchirer ses vête-
ments, etc.). Ces pratiques de la jâhiliyya (l’ignorance et
paganisme) portent atteinte au mort dans sa tombe (hadith
rapporté par Bukhârî et Muslim) et l’indisposent, car l’âme
du mort entend ce qui se passe autour d’elle. Le Prophète
(‫ )ﷺ‬précise ainsi :
« Quatre actions dans ma communauté appartiennent à la
jâhiliyya (ignorance, paganisme) : l’orgueil par les parents
[ascendants], la calomnie des parentés, l’astrologie et les la-
mentations [à voix forte] » (Muslim 1550 et Ahmad 21837)

Rites_Book_vF.indb 53 06.03.2005 12:07:24


54 Les rites funéraires en Islam

De même l’enseignement suivant du Prophète (‫)ﷺ‬


est à suivre absolument lorsqu’il dit : « Ne sont pas des nô-
tres ceux qui se frappent les joues, déchirent les encolures de
leurs vêtements et profèrent des invocations de la jâhiliyya. »
(Bukhârî 1215, Muslim 148)

La sérénité et l’apaisement, l’acceptation de la mort et


les louanges adressées à Dieu sont les qualités essentielles de
tout musulman lorsque la mort ravit l’un des siens.
Parfois la peine est très grande, l’information de la
mort de l’un des proches arrive comme un tremblement
de terre, mais c’est dans ces moments qu’est éprouvée la foi
du croyant. Est-il rattaché effectivement à Dieu dans les
moments doux comme dans les moments les plus difficiles.
Ou bien suffit-il qu’un évènement tragique lui fasse perdre
la raison, la foi ou fasse chanceler ces dernières ?
En effet, comme le recommande le prophète
Muhammad (‫ )ﷺ‬: « C’est dans les premiers instants que l’on
se révèle patient. » (Muslim 1534 et Bukhârî 1219)
Une femme, à qui la mort avait ravi l’un de ses pro-
ches, commença à proférer des paroles graves. Le prophète
Muhammad (‫ )ﷺ‬s’adressa à elle pour la ramener au calme.
Mais ne l’ayant pas reconnu, elle ne voulut pas revenir à
la raison. Quelque temps après, venue s’excuser auprès de
lui, il lui dit : « La patience est véritable au premier choc ! »
(Bukhârî 6621, Muslim 1535)

2.4. AIDER LA FAMILLE DU DÉFUNT


Le Prophète (‫ )ﷺ‬nous enjoint d’aider la famille du dé-
funt par toutes les attentions et notamment par l’envoi de

Rites_Book_vF.indb 54 06.03.2005 12:07:24


La mort et la vie 55

repas préparés afin qu’elle ne s’occupe que de son épreuve


(Abû Dâwûd 2725, Tirmidhî 919, Ibn Mâja, Bayhaqî et Ahmad).

Ceci est un devoir induit par les droits et obligations


du voisinage et de la parenté.
L’imam Shâfi‘î11 dit à ce propos : « L’une des meilleures
choses à faire aux parents du défunt est de leur préparer à
manger durant les jours de deuil ; c’est une recommandation
prophétique et c’est l’action des personnes de bien. »

2.5. PRÉPARER SON LINCEUL ET SA TOMBE AVANT SA


MORT

Le croyant peut, de son vivant, préparer son linceul12,


en l’achetant. De même qu’il lui est permis d’acheter un
morceau de terrain pour y être enterré, s’il le désire.
Par contre, il lui est déconseillé de préparer sa tombe13
de son vivant.

3. LES RITES FUNÉRAIRES

3.1. RÉSUMÉ DES RITES FUNÉRAIRES


Les rites funéraires obligatoires concernant le musul-
man sont les suivants :

11. Sayyid Sâbiq, Fiqh as-sunna, p. 508, Éd. Dâr al-kitâb al-‘arabî. 7e
édition, Tome 1. Beyrouth, 1985. Infra Fiqh. Ainsi que Al-Albânî
Nasr ad-Dîn, Ahkâm al-janâ’iz, point 113, Éd. al-Sunna, Bruxelles,
2003. Infra Ahkâm.
12. Fiqh, p. 509.
13. Ahkâm, point 110.

Rites_Book_vF.indb 55 06.03.2005 12:07:24


56 Les rites funéraires en Islam

1. Laver le corps du défunt : l’obligation étant de laver le


corps avec de l’eau, une fois.
2. L’envelopper dans un linceul : l’obligation étant d’en-
velopper le corps entièrement dans un tissu propre.
3. Faire la prière pour le mort. Cette prière a été définie
par le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬lui-même.
4. L’enterrer : l’obligation étant de préserver la dignité du
mort en le mettant dans une tombe.
Ces quatre rites funéraires sont dus à tout musulman
mort, homme ou femme, adulte ou enfant, par quelque
mort que ce soit, suicide (même si le suicide est formelle-
ment interdit par l’Islam), exécution capitale ou autre.
L’enterrement du mort est aussi dû à tout être humain,
par-delà sa religion, de par la dignité originelle octroyée par
Dieu à l’être humain dans le verset suivant :
﴾ Certes, Nous avons honoré les enfants d’Adam. ﴿
Coran (17/70)

(70 Wˆ‫ ﻹ‬-<‫ ﴾ )ﺳﻮ‬h D m ‫ﻲ‬$‫﴿ " ﻟ ﻘ ﺪ ﻛ ﱠﺮ ﻣ ﻨﺎ ﺑﻨ‬

Il existe cependant des spécifications aux trois premiè-


res obligations concernant certaines catégories, que nous
traiterons plus loin.
Ces obligations sont d’ordre collectif (fard kifâya). Il
incombe donc aux croyants vivants de procéder à ces rites
funéraires.
On distingue deux types d’obligations en Islam :

Rites_Book_vF.indb 56 06.03.2005 12:07:24


La mort et la vie 57

 Les obligations individuelles (fard ‘ayn) qui incombent


à tout individu majeur : prière, zakât, jeûne, hadj…
Chaque individu en est personnellement responsable.
 Les obligations collectives (fard kifâya) qui concernent
la collectivité des croyants, au sens où si un groupe ac-
complit cette obligation, cette dernière s’éteint pour les
autres.
Cette obligation concerne en fait toute la communauté,
cette dernière se doit donc de prévoir ces rites, de for-
mer des personnes et de prendre les mesures nécessai-
res au meilleur accomplissement de ces obligations.
De nombreuses recommandations prophétiques ac-
compagnent ces quatre rites. Nous les détaillerons dans le
chapitre suivant.

3.2. LE CAS DU SUICIDÉ


Sur la question du suicidé, un certain nombre de sa-
vants ont eu une lecture littéraliste du hadith invoqué (« Je
ne ferai pas la prière sur lui ! », Muslim 1624, Abû Dâwûd 2770,
Ahmed 19945) et ont, par conséquent, interdit la prière des
morts sur le suicidé. Mais l’immense majorité des savants
ne l’ont pas compris ainsi. L’imam Nawawî dans son com-
mentaire du Sahîh de Muslim explicite textuellement ce
hadith : « L’avis de Omar Ibn ‘Abd-al-Azîz et de Awzâ‘î est de
ne pas faire la prière sur celui qui se suicide. Mais al-Hasan,
Nakh‘î, Mâlik, Abû Hanîfa, Shâfi‘î et la majeure partie des
savants disent qu’il faut accomplir pour lui la prière des morts.
Ils comprennent du hadith que le Prophète (‫ )ﷺ‬s’est abstenu
de l’accomplir lui-même pour que les gens saisissent la gravité

Rites_Book_vF.indb 57 06.03.2005 12:07:25


58 Les rites funéraires en Islam

de cet acte ; mais les Compagnons ont effectué cette prière sur le
suicidé en question. (…) Le qâdî ‘Iyâd dit :“La voie suivie par
tous les savants est d’accomplir la prière funéraire pour tout
musulman, qu’il soit mort par exécution ou par suicide.” »
C’est aussi l’avis rapporté par le commentateur de Abû
Dâwûd, Abû at-Tayyab Shams al-Haqq dans son monu-
mental ‘Awn al-ma‘bûd sharh sunan Abî Dâwûd pour ce
hadith (n°2770), en insistant sur le fait que l’abstention
du Prophète (‫ )ﷺ‬doit être comprise comme une mesure
de réprimande et de dissuasion. Cheikh al-Albânî (Ahkâm,
point 59) relève que l’imâm Ahmed Ibn Hanbal a dit : « Ce
n’est pas à l’imam [de la communauté] de diriger la prière
faite pour lui, mais aux autres de le faire », toujours dans cet
esprit de montrer la gravité de l’acte et d’en dissuader ceux
qui seraient tentés de le faire.

3.3. LES EXCEPTIONS POUR LES RITES FUNÉRAIRES


Il y a des cas spécifiques où les trois premiers rites ne
sont pas obligatoires. Ce sont les suivants :
 le martyr mort au combat,
 l’enfant impubère et l’enfant mort-né,
 le pèlerin mort en état d’ih râm (sacralisation).

3.3.1. Le cas du martyr


La notion de martyr est utilisée en Islam selon deux
catégories : celui mort au combat, et une autre catégorie
bien plus large que nous verrons plus loin.

Rites_Book_vF.indb 58 06.03.2005 12:07:25


La mort et la vie 59

A. Le martyr tombé au combat


Le martyr tombé au combat sera enterré sans lavage
rituel, même s’il était en état d’impureté obligeant par
ailleurs le ghusl. Lorsque le compagnon Handala fut tué,
il fut enterré tel quel par le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬. En
effet, notre Prophète (‫ )ﷺ‬dit concernant les martyrs : « Ne
les lavez pas. Car toute plaie et tout sang exhaleront une odeur
de musc le Jour Dernier. » (Ahmad 13674)
Il n’est donc pas permis de lui enlever les vêtements
dans lesquels il est mort. Il sera enterré avec ses vêtements.
Si les vêtements ne couvrent pas tout le corps, on ajou-
tera un morceau de tissu pour couvrir les parties encore
découvertes. On peut toujours ajouter un linceul sur ses
vêtements.
Quant à la prière des morts, il y a accord quasi una-
nime des savants pour les enterrer sans prière rituelle14, au
sens où la prière n’est pas obligatoire. Cependant, aucune
gêne ne doit être ressentie si elle est accomplie.
C’est ainsi que notre Prophète ordonna d’enterrer les
martyrs de la Bataille de Uhud avec leurs plaies et leur sang,
non lavés, afin que leurs blessures et leur corps témoignent
de leur martyre et de leur engagement pour la foi.
C’est aussi le cas des blessés au combat contre l’en-
nemi incroyant lorsque, encore vivants sur le champ de ba-
taille, ils meurent des suites de leurs blessures dans un délai
court.

14. Ahkâm, point 58.

Rites_Book_vF.indb 59 06.03.2005 12:07:25


60 Les rites funéraires en Islam

Par contre, si le blessé se remet partiellement, et vit


encore quelque temps avant de mourir, il se verra appliquer
les quatre rites funéraires.

B. Les autres martyrs


La notion de martyr a été étendue par notre
Prophète (‫)ﷺ‬, par miséricorde de sa part, aux catégories
suivantes : les morts par la peste, par noyade, par mala-
die interne au ventre, par maladie interne à la poitrine, le
brûlé, le mort sous les décombres, la femme morte lors de
son accouchement.
De même est compté parmi les martyrs : celui qui
meurt en défendant ses biens, sa vie, sa foi ou sa famille
(Muslim 202, Ahmad 1565, Abû Dâwûd 4142, Nasâ’î 4026, Tirmidhî
1341 selon plusieurs variantes). Pour tous ces martyrs, les quatre
obligations funéraires sont dues.

3.3.2. L’enfant impubère


Concernant l’enfant impubère ou l’enfant mort-né (ou
fœtus mort), il n’y a pas d’obligation de leur appliquer les
trois rites (lavage, linceul, prière).
On peut toutefois les faire sans aucune gêne. Le pro-
phète Muhammad (‫ )ﷺ‬n’a pas accompli la prière mortuai-
re sur son fils Ibrâhîm, mais il l’a faite pour d’autres enfants
(Muslim, Nasâ’î, Ahmad)15.

15. Ahkâm, point 59.

Rites_Book_vF.indb 60 06.03.2005 12:07:25


La mort et la vie 61

3.3.3. Le pèlerin
Le pèlerin qui meurt en état de sacralisation (ih râm)
sera lavé, mais non parfumé, ni mis dans un autre linceul
que les draps de l’ihrâm qu’il portait.
On ne devra pas lui couvrir la tête lorsqu’on le met
dans la tombe. L’obligation de la prière mortuaire reste va-
lable pour lui dans ce cas.

3.3.4. Le non-musulman
Il faut faire remarquer que pour les non-musulmans,
l’obligation est de les enterrer16, comme nous l’avons
souligné plus haut. Les autres rites (lavage, prière et lin-
ceul) de la tradition islamique ne sont pas à observer.

16. Fiqh, p. 51.

Rites_Book_vF.indb 61 06.03.2005 12:07:25


62 Les rites funéraires en Islam

3.4. TABLEAU RÉCAPITULATIF DES OBLIGATIONS


FUNÉRAIRES

Lavage Linceul Prière Enter-


rement

Croyant oui oui oui oui


Martyr mort selon le
non non oui
au combat besoin
Autres
oui oui oui oui
martyrs

oui (mais avec ses


Pèlerin en
pas de vêtements oui oui
ihrâm
parfum) d’ihrâm

Enfant
non non non
impubère oui
obligatoire obligatoire obligatoire
ou mort-né

Rites_Book_vF.indb 62 06.03.2005 12:07:26


La mort et la vie 63

Rappel des références du chapitre premier

Rappel des symboles des notes utilisées :


● Fiqh renvoie à Sayyid Sâbiq, Fiqh as-sunna.
● Ah kâm renvoie à Nasr-ad-Dîn Al-Albânî, Ah kâm al-janâ’iz.
● Madhâhib renvoie à Abdarrahmane Al-Jazîrî, al-fiqh ‘alâ l-
madhâhib al-arba‘a, tome 1, chapitre « Rites funéraires ».

Les références complètes se trouvent en fin de livre.

Rites_Book_vF.indb 63 06.03.2005 12:07:26


Rites_Book_vF.indb 64 06.03.2005 12:07:26
CHAPITRE 2

Les rites funéraires


obligations, recommandations,
interdictions

2 + ‫ﻳﻮ‬+ ‫ﻛﻢ‬I ‫ﻮ‬


‫ﺔ‬2 ‫ﻣ‬+ ‫ﻴﺎ‬+ ‫ﻟﻘ‬ I 2
- - + ‫ﺟ‬I  +'‫ﻮ‬- ‫ﻮ ﱠﻓ‬I+ ‫ﱠﻤﺎ ﺗ‬+ ‫ﻧ‬2S)+ * ‫ﻮ‬- ‫ﻤ‬+ ‫ﻟ‬-  ‫ﺔ‬I ‫ﻘ‬+ ‫ﺋ‬d+ ‫ﺲ‬
2 e ‫ﻔ‬- ‫ﻧ‬+ ‫ﻛ ﱡﻞ‬I ﴿
﴾ +‫ﻓﺎ‬+ ‫ﺪ‬- ‫ﻘ‬+ ‫ﻓ‬+ ‫ﺔ‬2 ‫ﻟﺠ ﱠﻨ‬
+ ‫ﻞ‬+ ‫ﺧ‬2 - I )+ 2 ‫ﻦ ﻟ ﱠﻨﺎ‬2 ‫ﻋ‬+ + ‫ﺰ‬2 ‫ﺣ‬- I ‫ﻦ‬- ‫ﻤ‬+ ‫ﻓ‬+ *

﴾ Toute âme goûtera la mort. Mais c’est seulement au Jour


de la Résurrection que vous recevrez votre entière rétribution.
Quiconque donc est écarté du Feu et introduit au Paradis, a
certes réussi. ﴿ Coran (3/185)

Rites_Book_vF.indb 65 06.03.2005 12:07:26


Rites_Book_vF.indb 66 06.03.2005 12:07:26
Nous abordons dans ce chapitre les quatre rites funé-
raires en Islam, à savoir le lavage mortuaire, la mise en lin-
ceul, la prière pour le mort et enfin l’enterrement, de façon
plus détaillée. Nous essayerons de dégager les aspects obli-
gatoires qu’il ne faut pas perdre, les aspects recommandés
par notre prophète Muhammad (‫)ﷺ‬, que l’on s’efforcera
d’appliquer au mieux, les aspects permis, et enfin les as-
pects interdits dont il faut absolument s’éloigner.
Nous citons les principales références, au cas où il y
aurait besoin d’y revenir pour plus de détails.

1. LE LAVAGE MORTUAIRE

1.1. INTRODUCTION
L’immense majorité des savants considère le lavage
mortuaire comme obligation collective (fard kifâ’i), au
sens où cette obligation incombe à la collectivité des mu-
sulmans (à la différence du fard ‘aynî où l’obligation est
individuelle). Si un ou plusieurs musulmans accomplissent
l’obligation, alors l’obligation n’incombe plus aux autres.

Rites_Book_vF.indb 67 06.03.2005 12:07:26


68 Les rites funéraires en Islam

Le lavage rituel de tout mort musulman, à l’exception


du martyr tombé sur le champ de bataille et de l’enfant
impubère (ainsi que le fœtus), est donc une obligation col-
lective suite à l’injonction du prophète Muhammad (‫)ﷺ‬.
Pour rappel, les autres types de martyrs doivent être la-
vés, de même que le pèlerin mort en état de sacralisation
(ihrâm).
Le Prophète (‫ )ﷺ‬dit : « Celui qui lave un croyant et
n’en dévoile rien, Dieu lui pardonnera quarante fois. Celui
qui aura creusé la tombe pour un croyant et l’y introduit, aura
la même récompense que s’il l’avait abrité jusqu’au Jour de la
Résurrection. Et celui qui l’aura mis dans un linceul, Dieu le
revêtira au Jour de la Résurrection d’habits de soie fine et de
brocarts du Paradis. » (Al-Hâkim, Bayhaqî, Ibn Mâja 1451)

1.2. CONDITIONS ET RECOMMANDATIONS DU LAVAGE


MORTUAIRE

Le lavage doit être précédé, de la part de celui qui y pro-


cède, de l’intention. Cette intention est double : l’intention
de procéder au lavage rituel tel que Dieu l’a demandé, mais
aussi l’intention de plaire à Dieu en n’attendant aucune
récompense de la part des êtres humains pour cet acte. Il
n’est pas obligatoire de prononcer l’intention à voix haute,
il suffit de la faire en son for intérieur.

L’obligation
L’obligation dans le lavage mortuaire est de répandre
sur tout le corps du défunt de l’eau propre une seule fois,
même si le défunt était en état d’impureté rituelle lors de
sa mort.

Rites_Book_vF.indb 68 06.03.2005 12:07:26


Les rites funéraires : détails des rites 69

La recommandation (sunna) est d’accompagner le


passage de l’eau par la main sur le corps, c’est-à-dire frotter
très légèrement durant le passage de l’eau.
Les éléments suivants rendent le lavage obligatoire :
 que le défunt soit musulman ;
 qu’il y ait partie ou totalité du corps du défunt ;
 que le défunt ne soit ni un fœtus (enfant mort-né), ni
un enfant impubère, ni un martyr ;
 et que le corps du défunt puisse supporter le lavage.
De cette simple obligation, il faut relever les cas
suivants :
 Si le corps du défunt ne peut supporter un lavage com-
plet, ou si la peau, les membres ou des morceaux de
chair risquent de se détacher du corps, il faut se suffire
d’un simple mouillage du corps, sans passer la main.
 Dans le cas où même ce mouillage poserait problème, le
corps étant en état de décomposition avancée par exem-
ple, ne pas le laver et procéder comme suit :
 Faire le tayammum (ablutions sèches) à la place du
lavage, si on le peut.
 Si le tayammum est lui aussi impossible à pratiquer,
alors se suffire d’envelopper le corps du mort directe-
ment dans un linceul.
Le tayammum (ablutions sèches)
Pour effectuer le tayammum (ablutions sèches), on
procède comme suit (Bukhârî 326 et Muslim 552) :

Rites_Book_vF.indb 69 06.03.2005 12:07:27


70 Les rites funéraires en Islam

1. Prendre l’intention d’effectuer le tayammum à la place


des ablutions à l’eau. (obligation)
2. Sur une pierre naturelle ou du sable, le laveur fait pas-
ser ses deux mains.
3. Ensuite, il les passe soigneusement sur le visage puis
sur les mains du défunt jusqu’aux poignets, en com-
mençant par la main droite.
Le laveur peut faire passer une seconde fois ses mains
sur la pierre ou le sable avant de les passer sur les mains.

Les recommandations (sunna)


Il existe un certain nombre de recommandations pro-
phétiques (sunna) que le croyant s’efforcera de suivre dans
la mesure du possible. Leur non-observation n’entraîne
aucun problème ni gêne.
Les recommandations1 (sunna) sont les suivantes :
 Laver le corps du défunt trois fois, c’est-à-dire ajouter
deux lavages après le lavage obligatoire.
 Le corps du défunt devra être entièrement dévêtu, à
l’exception de ses parties intimes (du nombril aux ge-
noux) qui doivent être recouvertes d’un morceau d’étof-
fe afin qu’elles ne soient pas dévoilées, ceci étant une
obligation.
 N’assistent au lavage mortuaire que le minimum de per-
sonnes nécessaires.

1. Fiqh, p. 514 ; Ahkâm, point 29 et Madhâhib, p. 460. Elles sont


tirées pour l’essentiel du hadith rapporté par Bukhârî (162) et
Muslim (1561) et d’autres tradionnistes.

Rites_Book_vF.indb 70 06.03.2005 12:07:27


Les rites funéraires : détails des rites 71

 Les personnes à charge du lavage devront connaître les


règles du lavage (quant aux obligations, recommanda-
tions et interdictions) afin de l’accomplir parfaitement.
Elles seront choisies parmi les personnes pieuses et de
confiance, selon le hadith dans lequel le Prophète (‫)ﷺ‬
dit : « Que lavent vos morts les personnes dignes de con-
fiance. » (Ibn Mâja 1450)
À cet égard, ces personnes ne devront rien dire s’il leur
arrive de voir certaines manifestations désagréables et
pénibles du corps du défunt ; par contre, ils peuvent
toujours informer la famille et les proches de bonnes
visions du corps du défunt, telles que la shahâda par son
doigt, le sourire, etc.
 La personne en charge du lavage sera elle-même en état
de pureté rituelle (wudû’ ). Si elle ne l’est pas, qu’elle
l’accomplisse avant de procéder au lavage mortuaire.
 Procéder d’abord à la pureté rituelle du défunt (wudû’ et
ghusl).
 Procéder au lavage obligatoire, en commençant par la
partie droite et haute, puis la partie haute gauche, puis
la partie droite basse, puis la partie gauche basse. (Muslim
1561, Bukhârî 162)
 Terminer le lavage avec de l’eau parfumée. Ce sera donc
le troisième lavage, si on en fait trois, ou le cinquième
si on en fait cinq, en tous les cas toujours la dernière.
(Muslim 1559, Bukhârî 1179)

Rites_Book_vF.indb 71 06.03.2005 12:07:27


72 Les rites funéraires en Islam

1.3. AUTRES QUESTIONS


1.3.1. Le corps du défunt n’est pas entier
Si le corps du défunt n’est pas entier, il y a divergence
entre les savants quant à l’obligation du lavage des restes
du corps :
 Selon les imams Shâfi‘î, Ahmad Ibn Hanbal et Ibn
Hazm, les restes doivent être lavés rituellement, enve-
loppés dans un linceul et la prière doit être faite, des
compagnons du prophète Muhammad l’ayant fait (Abû
Ayyûb, Omar), à la condition que ce ne soit pas un mar-
tyr comme précisé plus haut.
 Les imams Mâlik et Abû Hanîfa précisent que si les res-
tes constituent plus de la moitié du corps, il est alors
obligatoire de les laver, de les mettre dans un linceul et
d’accomplir la prière des morts. Autrement, ces obliga-
tions sont annulées.
1.3.2. Maquillage et autres
La très grande majorité des savants préconise de ne pas
couper les ongles du défunt, ni de raccourcir ses mousta-
ches ou sa barbe, ni d’enlever les autres poils du corps, des
aisselles ou du pubis. Il est interdit de procéder au ma-
quillage du défunt ou de lui enfiler des habits autres que
le linceul.
1.3.3. Nouvelles souillures après le lavage
Dans le cas où de nouvelles souillures d’urine ou de
selles apparaissent à nouveau sur le corps du défunt du-
rant le lavage ou après avoir fini, le minimum est d’enlever

Rites_Book_vF.indb 72 06.03.2005 12:07:27


Les rites funéraires : détails des rites 73

la souillure et de laver à nouveau les parties souillées. Des


savants préconisent de refaire le wudû’ seulement. D’autres
recommandent de refaire le lavage complet.
Si ces souillures apparaissent alors que le défunt est
déjà enveloppé dans le linceul, on essayera de les enlever
dans la mesure du possible, sinon laisser en l’état.

1.4. CEUX QUI PROCÈDENT AU LAVAGE RITUEL


Une grande faveur divine revient à ceux qui procèdent
à l’accomplissement du lavage mortuaire, ainsi qu’aux au-
tres obligations funéraires, comme nous l’avons vu dans le
hadith plus haut (au début du premier chapitre).
Les règles suivantes sont à observer concernant ceux
qui accomplissent cette obligation :
 Les hommes ne peuvent laver que les hommes, et les

femmes ne peuvent laver que les femmes.


 Cette interdiction n’est pas valable pour les enfants en

bas âge (jusqu’à 7 ou 8 ans) qui peuvent être lavés indif-


féremment par des femmes ou des hommes.
 Il y a très large accord2 parmi les savants sur la licéité
(halâl) que l’épouse lave son défunt mari, même si des
hommes présents peuvent le faire (hadiths rapportés par
Ahmad, Abû Dâwûd et Al-Hâkim). Trois écoles juris-
prudentielles (mâlikite, shâfi‘ite, hanbalite) sur quatre
permettent à l’époux de laver son épouse morte même si
des femmes présentes peuvent le faire (hadith rapporté
par Ibn Mâja 1453 et 1454).

2. Madhâhib, p. 458.

Rites_Book_vF.indb 73 06.03.2005 12:07:27


74 Les rites funéraires en Islam

 Dans le cas où il n’y a que des hommes pour laver une


femme, ils ne sont tenus de procéder qu’au tayammum,
c’est-à-dire une toilette sèche. De même, s’il n’y a que
des femmes en présence d’un homme mort qui n’est pas
mahram pour l’une d’elles, il faut effectuer le tayammum.
Un mahram pour une femme est tout homme qu’elle ne
peut épouser (le père, le frère, le fils, l’oncle...).
Après avoir fini le lavage rituel du mort, il est recom-
mandé (sunna) à ceux qui y ont procédé de refaire leurs
ablutions rituelles (wudû’).
Certains savants préconisent de procéder aux grandes
ablutions (ghusl) mais cela n’est l’avis que d’une minorité
de savants. Le choix est donc laissé au croyant, comme le
faisaient les compagnons du prophète Muhammad (‫)ﷺ‬3.

1.5. DANS LA PRATIQUE


On peut tiédir l’eau pour le lavage en cas de néces-
sité. Aucune obligation ou recommandation n’existe pour
ce faire.
Dans la pratique, le lavage peut se faire de la manière
suivante, en soulignant entre parenthèses les obligations
et les recommandations. Si rien n’est spécifié, cela ressort
alors du domaine du permis (licite).
 Après avoir placé le défunt sur une table surélevée par
exemple (voir schéma 1, p. 75), faire l’intention du la-
vage (obligation), le dévêtir tout en laissant couvertes
ses parties intimes (obligation).

3. Ahkâm, point 31.

Rites_Book_vF.indb 74 06.03.2005 12:07:28


Les rites funéraires : détails des rites 75

schéma 1 : déposer la dépouille sur un banc, en lui enlevant tous


ses vêtements, et en lui couvrant ses parties intimes.

schéma 2 : commencer par presser légèrement son ventre, puis


le laver comme indiqué.

Pour rappel, ces parties, pour l’homme, vont du nom-


bril à mi-cuisse, et pour la femme, de la poitrine aux
genoux.
 D’abord presser légèrement le ventre et le bas-ventre du
défunt afin de faire sortir des restes, qui risqueraient de
souiller le linceul une fois le lavage terminé (voir schéma
2 ci-haut).

Rites_Book_vF.indb 75 06.03.2005 12:07:28


76 Les rites funéraires en Islam

 Laver ensuite les parties intimes en mettant sur sa main


un gant de toilette (obligation) afin que la main nue ne
touche pas les parties intimes du défunt. Il s’agit d’enle-
ver toute trace de souillure (excréments, urine, sang…).
Utiliser tout savon et shampoing nécessaires.
 Laver ensuite toute saleté ou souillure (sang, etc.) sur le
corps.
 Effectuer pour le défunt les petites ablutions (wu-
dû’) comme pour la prière s alât (sunna).
 Procéder ensuite au lavage rituel (ghusl) comme pour un
vivant (sunna)4.
 Après cela, procéder au lavage rituel du corps : une fois
(obligation) avec de l’eau propre (sans savon ni par-
fum selon l’imam Mâlik5, avec savon et parfum selon
les autres, pour qui le désire), en commençant (sunna)
par la tête, puis la partie droite du buste et le mem-
bre supérieur droit, puis la partie gauche du buste avec
le membre supérieur gauche, puis le membre inférieur
droit, et enfin le membre inférieur gauche.
 S’il y a nécessité de laver encore, on peut ajouter, en plus,
deux lavages (donc trois au total, sunna), avec du savon
si l’on veut, ou quatre (donc cinq au total), ou autant
que nécessaire pour enlever toute trace de souillure ou
salissure, en utilisant du savon s’il y a nécessité.
Veiller à ce que le nombre total de lavages soit impair
(sunna) dans la mesure du possible, sinon aucune gêne
ne devra être ressentie.
4. Madhâhib, p. 462.
5. Madhâhib, p. 461.

Rites_Book_vF.indb 76 06.03.2005 12:07:28


Les rites funéraires : détails des rites 77

 Utiliser de l’eau parfumée pour le dernier lavage (sun-


na), si possible.
Attention : pour le pèlerin en état de sacralisation
(ihrâm), ne pas utiliser de parfum dans la dernière eau !
(Bukhârî 1187, Muslim 2093)

 Si le défunt est une femme qui portait des cheveux tres-


sés, défaire les tresses, bien laver les cheveux, faire trois
nattes et les mettre derrière la tête (pas sur la poitrine,
sunna).
 Après avoir fini le lavage, sécher le corps avec du linge
propre, afin d’envelopper le corps avec le linceul.
 Mettre du parfum, du musc sur les parties de proster-
nation du corps (front, nez, mains, genoux, pieds) dans
la mesure du possible, ainsi que sur les autres parties du
corps, comme le faisaient certains compagnons du Pro-
phète (‫)ﷺ‬.

2. LE LINCEUL (KAFAN)
La mise en linceul (kafan) du croyant et de la croyante
est une obligation collective pour les musulmans.
Le hadith rapporté par Bukhârî (1197) relate ainsi :
« (…) Parmi les morts [de Uhud] se trouvait Mus‘ab Ibn
‘Umayr, tué lors de la bataille de Uh ud. Nous n’avons rien
trouvé pour couvrir son corps, si ce n’était un manteau (bur-
da). Si nous en couvrions la tête, les pieds restaient découverts,
et si nous en couvrions les pieds, la tête restait découverte. Le
Prophète (‫ )ﷺ‬nous demanda alors de couvrir sa tête et le haut

Rites_Book_vF.indb 77 06.03.2005 12:07:29


78 Les rites funéraires en Islam

du corps par le manteau, et de couvrir ses pieds par des feuilles


de l’idkhir [plante ayant une bonne senteur]. »
De même, les narrateurs des hadiths prophétiques rap-
portent que le Prophète fit un prêche, et relata qu’un de ses
compagnons décéda, puis fut enveloppé dans un linceul
trop court et enterré de nuit. Le Prophète (‫ )ﷺ‬blâma le
fait qu’il eût été enterré de nuit jusqu’à ce que l’on prie sur
lui, sauf si l’on y est contraint. Il dit ensuite : « Lorsque l’un
d’entre vous met le corps de son frère dans un linceul, qu’il le
fasse de la meilleure façon. » (Muslim 1567, Abû Dâwûd 2737,
Ahmad 14463)

2.1. OBLIGATIONS ET RECOMMANDATIONS


L’obligation de la mise en linceul est double ici :
 que le défunt soit enveloppé dans un tissu suffisamment
grand, afin de couvrir entièrement le corps une seule
fois, pour la femme comme pour l’homme,
 que ce tissu soit propre, au sens où il ne doit pas être
entaché de souillures (urine, excréments, vin, sang...).
Il n’est pas nécessaire que le tissu du linceul soit neuf.
Un certain nombre de recommandations (sunna) con-
cernant le linceul existent :
 Qu’il soit suffisamment grand pour couvrir tout le corps
(hadith rapporté dans les quatre sunans6, notamment

6. Les quatre sunans, c’est-à-dire les traditions rapportées par Abû


Dâwûd, Ibn Mâja, Tirmidhî et Nasâ’î. Voir en fin de chapitre les
explications sur ce sujet.

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Les rites funéraires : détails des rites 79

Tirmidhî 916, et Ahmad 14463) : « Si l’un de vous s’oc-


cupe de son frère, qu’il prenne soin de son linceul. »
 Qu’il soit blanc de préférence, selon le hadith : « Portez
de vos habits les blancs, car ce sont les meilleurs, et envelop-
pez-en vos morts. » (Abû Dâwûd 3539 et Tirmîdhî 915) Si l’on
ne trouve pas de tissu blanc, tout autre tissu peut être
utilisé.
 Que le linceul soit parfumé.
 Que le linceul comporte trois tissus pour le défunt et la
défunte, sans différence selon Cheikh Albânî7. Chaque
morceau de tissu est appelé lifâfa.
 Ainsi un seul morceau ample de tissu suffit si l’on n’en
trouve pas deux, deux suffisent si l’on n’en trouve pas
trois.
Les bras et les mains du défunt peuvent être allongés le
long du corps, ou la main gauche déposée sur la poitrine,
et la droite posée sur la gauche.
Rappel pour le martyr et le pèlerin
Nous rappelons les éléments suivants concernant ces
deux catégories :
 Le martyr mort au combat : il ne lui sera pas retiré les
vêtements dans lesquels il a été tué. Il est recommandé
(sunna) de lui ajouter un linceul par-dessus, si des par-
ties de son corps sont à découvert8.

7. Ahkâm, point 43.


8. Ahkâm, point 39.

Rites_Book_vF.indb 79 06.03.2005 12:07:29


80 Les rites funéraires en Islam

 Le pèlerin (hadj ou ‘omra) mort en état de sacralisation,


après avoir été lavé, sera remis dans ses vêtements de
sacralisation. On veillera aussi à lui dénuder la tête une
fois le corps mis dans la tombe. De même, on ne par-
fumera pas sur son corps ni son linceul. (Bukhârî 1187,
Muslim 2093)

Autres questions
 Si le linceul est trop court et qu’on ne peut y remédier
sur le champ en trouvant un autre linceul plus large et
plus long, il faut alors couvrir la tête et ce qui suit du
corps. Le reste du corps peut être recouvert de plante
dans des cas extrêmes (guerres, catastrophes ...).
 Cela sera aussi le cas si l’on est en présence de nom-
breux morts et qu’il n’y a que peu de tissu pouvant servir
de linceul, on partagera alors ce dernier entre les morts
dans la mesure du possible s’il couvre chacun d’eux. Si-
non, on l’utilisera pour certains seulement.
2.2. CONCERNANT LES HOMMES
Certains savants laissent le choix, pour le linceul des
hommes, entre trois tissus, ou deux tissus et le troisième
formant un qamîs (par l’adjonction d’une ouverture au mi-
lieu du tissu lui donnant ainsi la forme d’un qamîs) ouvert
sur le côté.
On peut mettre un morceau d’étoffe, du coton ou tout
simplement une serviette hygiénique pour enserrer les par-
ties génitales, afin d’empêcher la sortie d’urine ou d’excré-
ments après le lavage.

Rites_Book_vF.indb 80 06.03.2005 12:07:30


Les rites funéraires : détails des rites 81

On peut utiliser l’une des trois façons suivantes pour


la mise en linceul.
1. On peut utiliser tout simplement les trois tissus (li-
fâfa), en procédant comme suit (voir schéma 3, ci-
bas) :
Envelopper le corps comme suit : mettre le pan droit
(qui se trouve à la droite du corps du défunt) du pre-
mier tissu autour du corps, puis le pan gauche ; en-
suite procéder de la même façon pour les deux autres
tissus.
Les tissus doivent dépasser la tête et les pieds.

schéma 3 : dans le cas d’utilisation de 3 tissus, envelopper le


corps tour à tour par les trois tissus, en commençant par le pan
droit, puis le pan gauche du premier tissu ; et ainsi de suite pour
les deux tissus restants.

Rites_Book_vF.indb 81 06.03.2005 12:07:30


82 Les rites funéraires en Islam

2. Si on veut utiliser un qamîs (voir schéma 4, ci-bas) :


 Pour le qamîs : plier un morceau de tissu en deux, prati-
quer une ouverture sur le pli latéral ;
 procéder à l’introduction du qamîs ;
 envelopper ensuite le corps comme suit : mettre le pan
droit (qui se trouve à la droite du corps du défunt) du
premier tissu autour du corps, puis le pan gauche ; en-
suite procéder ainsi pour le tissu restant.
Les deux derniers tissus doivent dépasser la tête et les
pieds.

schéma 4. dans le cas d’utilisation d’un qamîs, fabriqué


sommairement : introduire le qamîs d’abord, ramener le pan droit
puis le pan gauche du premier tissu, ensuite faire de même avec
le deuxième tissu.

Rites_Book_vF.indb 82 06.03.2005 12:07:30


Les rites funéraires : détails des rites 83

3. On peut aussi utiliser un izâr et un ridâ’ (voir schéma


5, ci-bas) :
 Utiliser un morceau de linceul pour couvrir le bas du
corps à partir de la poitrine (izâr) ;
 utiliser un second pour couvrir le haut du corps (ridâ’) ;
 enfin terminer en enveloppant le corps avec le troisième
tissu comme suit : mettre le pan droit (qui se trouve à
la droite du corps du défunt) du dernier tissu autour du
corps, puis le pan gauche.
Ce dernier tissu doit dépasser par la tête et les pieds.

schéma 5. Dans le cas d’utilisation d’un izâr et d’un ridâ’ : entourer


la moitié basse du corps par un tissu (izâr) puis la partie haute
par un deuxième tissu (ridâ’) ; terminer ensuite en enveloppant
tout le corps par le tissu restant en commençant par le pan droit
puis le pan gauche.

Rites_Book_vF.indb 83 06.03.2005 12:07:31


84 Les rites funéraires en Islam

2.3. CONCERNANT LES FEMMES


Pour la femme, on utilisera trois tissus de la même
manière que pour l’homme (schéma 3 page 81). On pour-
ra, si on le désire, ajouter une bande large de tissu pour
maintenir la poitrine en cas de besoin.
Si l’on veut utiliser cinq tissus comme le préconisent
certains9, en plus d’une large bande de tissu pour maintenir
la poitrine en cas de besoin, procéder comme suit :
 un premier morceau de tissu pour couvrir le bas du
corps à partir du ventre (izâr),
 un deuxième tissu pour couvrir la tête (khimâr),
 un troisième tissu sous forme de qamîs,
 enfin deux autres morceaux de tissu, chacun envelop-
pant tout le corps de la défunte, en commençant par le
côté droit puis gauche.
Envelopper le corps comme suit : mettre le pan droit
(qui se trouve à la droite du corps de la défunte) du premier
tissu autour du corps, puis le pan gauche ; ensuite procéder
ainsi pour le tissu restant. Ces deux derniers tissus doivent
dépasser la tête et les pieds.
Dans tous les cas, homme ou femme, on peut utiliser
des bandelettes de tissu (voir schéma 6 ci-contre, p. 85)
que l’on nouera autour du corps, au niveau du ventre ou
des hanches, en bas des pieds, et plus haut que la tête, et
ceci pour empêcher que le linceul ne se délie et fasse ap-
paraître le corps. Ces nœuds devront être déliés lorsque le

9. Madhâhib, pp. 466 et suivantes.

Rites_Book_vF.indb 84 06.03.2005 12:07:32


Les rites funéraires : détails des rites 85

schéma 6 : on peut maintenir le linceul avec des bandelettes


nouées autour du corps, qu’il faudra dénouer une fois le corps
mis en terre, ou déposé dans le cercueil.

corps sera déposé dans la tombe ou lorsqu’il sera mis dans


le cercueil.

2.4. LE TISSU DU LINCEUL


Il est blâmable de choisir un tissu cher pour le linceul,
tout comme d’en utiliser plus que nécessaire, car cela serait
assimilé à de la dilapidation, alors que les vivants auraient
bien plus besoin de cet argent.
De même qu’il est interdit d’utiliser de la soie pour lin-
ceul, sauf si l’on ne trouve point d’autre tissu. Concernant
la femme, certains savants le considèrent licite (h alâl), tout
en préconisant de ne pas le faire.
Il est important que le linceul soit payé avec l’argent
propre du défunt, s’il en possède. Autrement, il incombe
à ceux qui en avaient la charge (époux, parents, enfants)
de le faire. En cas d’impossibilité, alors tout croyant peut
l’acheter pour le défunt et lui en faire don.
Par ailleurs, le croyant peut, de son vivant, préparer
son linceul (voir chapitre 1, § 2.5.).

Rites_Book_vF.indb 85 06.03.2005 12:07:32


86 Les rites funéraires en Islam

3. LA PRIÈRE POUR LE MORT


La prière du mort est une obligation collective envers
le défunt parmi les musulmans, procédant de l’ordre pro-
phétique et de sa pratique courante. Aucun musulman ne
doit être enterré sans qu’une prière des morts ne soit accom-
plie sur lui. Il suffit qu’un groupe de musulmans l’accom-
plisse pour que l’obligation s’éteigne.
Rappelons que la prière du mort n’est pas obligatoire
dans les cas suivants : l’enfant impubère, l’enfant mort-né
et le martyr mort au combat (Abû Dâwûd 2772, Ahkâm, points
57 à 59). Toutefois, la prière peut être accomplie pour eux
sans aucune gêne. Seul le caractère obligatoire n’est pas af-
firmé dans ces cas.
3.1. LE MÉRITE DE CETTE PRIÈRE
Une très grande rétribution est réservée à celui qui ac-
complit la prière du mort, suit le convoi funèbre et assiste
à l’enterrement.
En effet, notre Prophète (‫ )ﷺ‬dit : « Celui qui suit le
convoi funèbre du musulman, poussé par sa foi et désirant la
rétribution de Dieu [auprès de Lui] jusqu’à ce qu’on prie sur
le mort, aura comme récompense le poids d’un qirât, et celui
qui reste jusqu’à ce qu’on l’enterre aura comme récompense le
poids de deux qirât. »
On lui demanda alors : « Ô Messager de Dieu, que sont
les deux qirât ? » Il dit : « C’est l’équivalent [du poids] de
deux grandes montagnes. » (Bukhârî 1239, Muslim 1570, les qua-
tre sunans et Ahmad 8841).

Rites_Book_vF.indb 86 06.03.2005 12:07:33


Les rites funéraires : détails des rites 87

Et dans une autre version : « Le plus petit des qirât pè-


sera le poids de [la montagne] Uhud. »
3.2. SES CONDITIONS PREMIÈRES
Les conditions pour accomplir cette prière sont celles
de toute prière rituelle salât en plus de certaines spécifici-
tés, à savoir :
► Pour le priant (communes à toutes les prières) :

1. Pureté rituelle du corps (ghusl) et les ablutions (wudû’ )


pour le priant.
2. S’orienter vers la qibla, La Mecque.
3. Se couvrir les parties obligatoires du corps (satr al-
‘awra), [pour l’homme, du nombril aux genoux ; pour
les femmes, tout le corps sauf le visage et les mains].
4. Propreté des vêtements (pas de souillures : excréments,
urine, sang …) et du lieu de prière.
► Pour le mort :

5. Le mort doit être lavé rituellement.


6. La dépouille du défunt doit être placée devant l’imam
et les priants derrière ce dernier.
7. La position du corps du défunt sera telle que, posé sur
le côté droit, il regarde vers La Mecque (sunna).
8. Si le mort est un homme, l’imam se mettra au niveau
des épaules du défunt ; si c’est une femme, l’imam
se mettra au niveau du milieu du corps de la défunte
(sunna, Bukhârî 1245, Muslim 1602).

Rites_Book_vF.indb 87 06.03.2005 12:07:33


88 Les rites funéraires en Islam

Le schéma 7 (page 89) indique la position de l’imam.


Quant aux autres spécificités de la prière sur le mort, il
y a lieu de mentionner les éléments suivants :
 La dépouille peut être déposée sur un banc ou à même
le sol.
 La prière peut être accomplie à tout moment de la jour-
née ou de la nuit.
 Elle peut être accomplie plusieurs fois par différents
groupes de personnes, ou des individus seuls pour le
même mort.
 La prière se fait en général à voix basse pour chaque in-
dividu, y compris l’imam, à l’exception du takbîr (les
quatre fois) et le salâm à voix haute pour l’imam et les
priants. Toutefois, l’imam peut élever légèrement la voix
dans certains cas afin de laisser entendre à ceux qui sont
derrière lui ce qu’il faut dire, suivant en cela un hadith
du prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬rapporté par Muslim10.

3.3. SES OBLIGATIONS ET RECOMMANDATIONS


Les obligations (rukn) de la prière funéraire sont les
suivantes :
 L’intention d’accomplir la prière pour le mort dont la
dépouille est présente. S’il y a plusieurs morts, l’inten-
tion se fait pour l’ensemble.
 L’accomplir en position debout, sauf en cas de force
majeure (vieillesse, maladie, handicap), on peut alors

10. Hadith de ‘Awf Ibn Mâlik, rapporté par Muslim (1600).

Rites_Book_vF.indb 88 06.03.2005 12:07:33


Les rites funéraires : détails des rites 89

schéma 7 : Position de l’imam lors de la prière

l’accomplir en position assise. Il n’est pas permis de l’ac-


complir en étant sur une monture.
 Réciter quatre fois la formule du takbîr (Allahu Akbar),
séparée par des lectures dont les détails suivent. Le pre-
mier takbîr est fait pour entrer en prière.
 Lire la première sourate (al-Fâtiha) à voix basse, après le
premier takbîr.
( Faire le salut et la prière sur le Prophète Mohamed après
le deuxième takbîr. (recommandation))
 Faire des invocations (du‘â) après le troisième takbîr.
Toute invocation pour le mort est suffisante pour ac-
complir l’obligation.
 Procéder enfin au salâm pour clore sa prière, par la for-
mule « As-salâmu ‘alaykum », en tournant sa tête vers la
droite seulement.

Rites_Book_vF.indb 89 06.03.2005 12:07:34


90 Les rites funéraires en Islam

Nous mentionnons plus bas les invocations recomman-


dées et/ou pratiquées par le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬.
Les recommandations (sunna) sont les suivantes :
1. Lever les mains au début de la prière, jusqu’au niveau
des oreilles, prononcer le takbîr, puis les ramener vers
la poitrine.
2. Poser la main gauche sur le bas de la poitrine, et la
main droite sur la gauche.
3. Faire la prière sur le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬après
le deuxième takbîr. On peut choisir l’une des nom-
breuses variantes agréées par les savants.
4. Que les priants se placent sur trois rangs au moins,
sinon plus. La recommandation (sunna) est de former
au moins trois rangs alignés (si le nombre de priants est
faible) (Abû Dâwûd 2753, Tirmidhi 949), sans pour autant
disposer un seul individu par rang.
5. Bien que la prière des morts est une obligation col-
lective, la recommandation prophétique (sunna) est
d’avoir le plus grand nombre de priants possible lors
de son accomplissement (Ahmad 2379, Muslim 1577, Tir-
mîdhî 950 et Abû Dâwûd 2756).

6. Faire des invocations (du‘â) juste après la prière.


On peut faire des invocations (du‘â) après le quatrième
takbîr, c’est-à-dire avant la fin de la prière11.
La prière pour le mort peut être accomplie plusieurs
fois, y compris lorsque le mort est enterré. Mais ceci n’est
11. Fiqh, p. 526, et Ahkâm, point 83.

Rites_Book_vF.indb 90 06.03.2005 12:07:35


Les rites funéraires : détails des rites 91

valable que pour ceux (ou celles) qui ne l’avaient pas ac-
complie auparavant12.

3.4. DANS LA PRATIQUE


La prière sur les morts se fera ainsi :
1. Dire le premier takbîr (Allahu Akbar), en levant les
mains jusqu’à hauteur des oreilles (obligation), puis
les ramener vers la poitrine.
2. Poser ensuite la main droite sur la main gauche à hau-
teur de la poitrine (sunna).
3. Lire la sourate al-Fâtiha (obligation).
4. Après le deuxième takbîr, faire la prière pour le pro-
phète Muhammad (‫( )ﷺ‬sunna).
5. Après le troisième takbîr, faire des invocations à Dieu
pour le défunt (voir plus bas), ainsi que pour soi-même
et les croyants (es) (obligation).
6. Après le quatrième takbîr, un silence ou encore des
invocations13.
7. Puis terminer la prière en tournant le visage vers le côté
droit, par la formule salâm :

* ‫ " ﺑ ﺮ ﻛﺎﺗ ﻪ‬$‫ ﺔ ﷲ‬d


  < " ‫ ﻋ ﻠ ﻴ ﻜ ﻢ‬h ‫ﻟﺴ ﻼ‬
‫* ﱠ‬
As-salâmu ‘alaykum wa rahmatu llahi wa barakâtuhu.

12. Madhâhib, p. 479.


13. Madhâhib, p. 472.

Rites_Book_vF.indb 91 06.03.2005 12:07:35


92 Les rites funéraires en Islam

3.5. LES DIFFÉRENTES INVOCATIONS PROPHÉTIQUES


Toute invocation doit être faite avec la plus grande
sincérité, et du plus profond du cœur. Autrement, elle ne
serait que vaines paroles, n’ayant aucun bénéfice ni pour soi
ni pour le mort.

3.5.1. La prière sur le Prophète (‫)ﷺ‬


Parmi les très nombreuses variantes de la prière sur le
prophète Muhammad (‫)ﷺ‬, nous citons l’une des plus usi-
tées (Bukhârî 3119) :
« Seigneur, bénis Muhammad ainsi que ses proches, comme Tu
as bénis Ibrâhîm et ses proches, et accorde le salut à Muham-
mad ainsi que ses proches, comme Tu l’as accordé à Ibrâhîm et
ses proches ; Tu es Digne de louanges et de glorifications. »

$ > $ >
 ‫ﺑ ﺮﻫ‬7  ‫ ﺻ ﱠﻠ ﻴ ﺖ ﻋ‬k ‫ ﱠﻤﺪ ﻛ‬  m  ‫ ﱠﻤﺪ " ﻋ‬   ‫» ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﺻ ﱢﻞ ﻋ‬
‫ﻴﻢ‬
 ‫ﺎ<ﻛ ﺖ ﻋ‬ > $
$  ‫ﻤ >ﺪ " ﻋ‬   ‫< } ﻋ‬$ ‫ " ﺑﺎ‬،‫ﻫﻴﻢ‬ $
 ‫ ﺑ‬k ‫ ﱠﻤﺪ ﻛ‬  m ‫ﱠ‬  ‫ﺑ ﺮ‬7 m  ‫" ﻋ‬
$  ‫ﻴﺪ‬d $  ‫ﻧ ﱠﻚ‬7 ‫ـﲔ‬$ ‫ ﻟﻌﺎﳌ‬H $ $ $
« . ‫€ﻴﺪ‬  $ ‫ﻴﻢ‬  ‫ﺑ ﺮﻫ‬7 m  ‫ﻴﻢ " ﻋ‬
 ‫ﺑ ﺮﻫ‬7
Allâhumma salli ‘alâ muhammadin wa ‘alâ âli muhammadin
kamâ sallayta ‘alâ ibrâhîma wa ‘alâ âli ibrâhîm, wa bârik
‘alâ muhammadin wa ‘alâ âli muhammadin kamâ bârakta
‘alâ ibrâhîma wa ‘alâ âli ibrâhîma fil-‘âlamîna innaka
hamîdun majîd.
Remarque : La phrase en langue arabe

(‫ ﱠﻤ >ﺪ‬   ‫)ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﺻ ﱢﻞ ﻋ‬

Rites_Book_vF.indb 92 06.03.2005 12:07:35


Les rites funéraires : détails des rites 93

est rendue très imparfaitement par sa traduction littéraliste:


« Ô mon Dieu, fais la prière sur (ou pour) Muhammad » !
Elle est plutôt rendue par le sens plus proche : « Ô mon
Dieu ! Bénis Muhammad. »

3.5.2. Les invocations pour le mort


Parmi les invocations prophétiques à dire pour le mort,
nous citerons les suivantes :
1. « Ô Dieu ! Accorde-lui pardon, miséricorde et préserve-le.
Efface ses péchés, accueille-le avec générosité et facilite-lui l’ac-
cès [au Paradis]. Fais qu’il soit purifié par l’eau, la neige et la
grêle ! Fais qu’il soit nettoyé de ses péchés comme est lavé le vê-
tement blanc des souillures ! Offre-lui une demeure meilleure
que la sienne, une famille et une épouse meilleures que les sien-
nes. Fais-le entrer au Paradis et préserve-le du supplice de la
tombe et du châtiment de l’Enfer. » (Muslim 1600, Nasâ’î 1957,
Ibn Mâja, Bayhaqî et Ahmad 22850)

‫ " " ﱢﺳ ﻊ‬.‫ ﻧ ﺰ ﻟ ﻪ‬h ‫ﺮ‬$ ‫ﻛ‬5 " ‫ﻪ " ﻋ ﻒ ﻋ ﻨ ﻪ‬$ ‫ﺎﻓ‬$ ‫ ﻪ " ﻋ‬d   < " ‫ﻔ ﺮ ﻟ ﻪ‬$ ‫ » ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ‬.1
‫ ﻳ ﻨﻘﱠﻰ‬k ‫ﳋ ﻄﺎ ﻳﺎ ﻛ‬   ‫ﻣ ﻦ‬$ ‫ﻪ‬$ ‫ " ﻧ ﱢﻘ‬، D$ ›‫ﻟ‬ $ $
  " $‫ "ﻟ ﱠﺜ ﻠﺞ‬W‫ﺎﳌﺎ‬$‫ " ﻏ ﺴ ﻠ ﻪ ﺑ‬. ‫ﻣ ﺪ ﺧ ﻠ ﻪ‬
J ‫ ﻫ‬5 " ،e$ <$ D ‫ﻣ ﻦ‬$ J Œ ‫ ﺧ‬J <D ‫ﺪ ﻟ ﻪ‬$ ‫ ﺑ‬5 " ، ‫ﺲ‬
‫ﻼ‬ $ ‫ﻟﺪﻧ‬ ‫ﻣ ﻦ ﱠ‬$ ‫ﺾ‬  ‹ ‫ﻟﺜﱠﻮ‬
 ‫ﻷ ﺑ ﻴ‬ 
‫ﻣ ﻦ‬$ e ‫ﻋ ﺬ‬$ 5 " ‫ﳉ ﱠﻨ ﺔ‬  ‫ﺧ ﻠ ﻪ‬$ D 5 " ،‫ﻪ‬$ ‫ﺟ‬$ " % ‫ﻣ ﻦ‬$ J Œ ‫ﺎ ﺧ‬J ‫ "ﺟ‬%" ‫ﻪ‬$ ‫ﻠ‬$ ‫ ﻫ‬5 ‫ﻣ ﻦ‬$ J Œ ‫ﺧ‬
‫ ﻣﺴﻠﻢ "ﻟﻨﺴﺎﺋﻲ "ﺑﻦ ﻣﺎﺟﻪ‬e"<) « .<$ ‫‹ ﻟ ﱠﻨﺎ‬ $ ‫ﻣ ﻦ ﻋ ﺬ‬$ " › $  ‫‹ ﻟ ﻘ‬$ ‫ﻋ ﺬ‬
(‫ﺪ‬d5" ‫"ﻟﺒﻴﻬﻘﻲ‬

Allâhumma ghfir lahu, wa rh amhu, wa ‘âfihi, wa ‘fu ‘anhu,


wa akrim nuzulahu, wa-wassi‘ mudkhalahu, wa-ghsilhu bi-

Rites_Book_vF.indb 93 06.03.2005 12:07:36


94 Les rites funéraires en Islam

l-mâ’i wa-th-thalji wa-l-baradi, wa-naqqihi mina l-khatâyâ


kamâ yunaqqa th-thawbu l-abyadu mina d-danasi, wa abdilhu
dâran khayran min dârihi wa ahlan khayran min ahlihi wa
zawjan khayran min zawjihi, wa adkhilhu l-jannata, wa
a‘idhhu min ‘adhâbi l-qabri wa min ‘adhâbi n-nâr.
2. « Seigneur ! Pardonne à nos vivants ainsi qu’à nos morts,
aux présents comme aux absents, à nos jeunes et à nos vieux,
à nos hommes ainsi qu’à nos femmes. Seigneur, celui parmi
nous à qui Tu as destiné de vivre, accorde-lui de vivre en mu-
sulman, et celui à qui Tu as destiné de mourir, fais-le mourir
croyant. Seigneur, ne nous prive pas de sa rétribution et ne
nous égare pas après lui. » (Ahmad 8453, les quatre sunan dont Ibn
Mâja 1487)

‫Œﻧﺎ‬$ ‫ﻐ‬$ ‫ " ﺻ‬، ‫ ﻨﺎ‬$‫ﺒ‬$‫ﺪﻧﺎ " ﻏﺎﺋ‬$ ‫ﺎﻫ‬ $ ‫ " ﺷ‬، ‫ ﻨﺎ‬$‫ﳊﻴ ﻨﺎ " ﻣﻴﺘ‬
‫ﱢ‬
$ $
‫ » ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ ﻔ ﺮ  ﱢ‬.2
،$h‫ﻼ‬  ‫ﻹ ﺳ‬$   ‫ﻪ ﻋ‬$ $‫ﻣ ﱠﻨﺎ ﻓ ﺄ ﺣﻴ‬$ ‫ ﺣ ﻴ ﻴ ﺘ ﻪ‬5 ‫ ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻣ ﻦ‬.‫ ﻧﺜﺎﻧﺎ‬5 " ‫ﺮﻧﺎ‬$ ‫ ﻛ‬Y " ،‫Œﻧﺎ‬ $ $‫" ﻛﺒ‬
$ ‫ﻻﺗ‬
‫ﻀ ﱠﻠ ﻨﺎ‬  ‫ ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬، $ k‫ﻹ ﻳ‬
 " e ‫ ﺟ ﺮ‬5 ‫ﺮ ﻣ ﻨﺎ‬$ ‫ﻻ  ﲢ‬ $   ‫ﻣ ﱠﻨﺎ ﻓ ﺘ ﻮﻓ ﱠﻪ ﻋ‬$ ‫" ﻣ ﻦ ﺗ ﻮﻓ ﱠﻴ ﺘ ﻪ‬
(‫ﺻﺤﺎ‹ ﻟﺴﻨﻦ‬5" ‫ﺪ‬d5 e"<) « .e ‫ﺑ ﻌﺪ‬

Allâhumma ghfir li h ayyinâ wa mayyitinâ, wa shâhidinâ


wa ghâ’ibinâ, wa saghîrinâ wa kabîrinâ, wa dhakarinâ wa
unthânâ. Allâhumma man ah yaytahu minnâ fa ah yihi ‘alâ l-
islâm, wa man tawaffaytahu minnâ fa-tawaffahu ‘alâ l-îmân.
Allâhumma lâ tah rimnâ ajrahu wa lâ tud illanâ ba‘dahu.
3. « Seigneur ! Ce croyant, [donner le nom s’il est connu]
est sous Ta grâce et Ta protection, préserve-le du tourment de
la tombe et du châtiment du feu. Tu es Digne de loyauté et de
louange. Pardonne-lui et fais-lui miséricorde, Tu es certes le

Rites_Book_vF.indb 94 06.03.2005 12:07:36


Les rites funéraires : détails des rites 95

Pardonneur, le Miséricordieux. » (Ibn Mâja 1488, Abû Dâwûd


3787, Ibn Hibbân et Ahmad 15443)

‫ﻪ‬$ ‫ﻘ‬$ ‫ ﻓ‬،} <$ ‫ﺟ ﻮ‬$ ‫ﻞ‬$ ‫ " ﺣ ﺒ‬، ‫ ﻚ‬$‫ ﱠﻣﺘ‬Y$ H$ (> ‫ﻼ‬  ‫ﱠ ) ﻓ‬$7 ‫ » ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬.3
 ‫ﻼ  ﺑ ﻦ ﻓ‬
‫ﻔ ﺮ ﻟ ﻪ‬$ ‫ ﻓﺎﻏ‬، ‫ﳊﻖﱢ‬ " W‫ﺎ‬$ ‫ ﻫ ﻞ ﻟﻮ ﻓ‬5 ‫ﻧ ﺖ‬5 " ،<$ ‫‹ ﻟ ﱠﻨﺎ‬
 $ ‫› " ﻋ ﺬ‬$  ‫ﺔ  ﻟ ﻘ‬$ ‫ﻓ ﺘ ﻨ‬$ ‫ﻣ ﻦ‬$
‫ "ﺑﻦ‬D""D ‫ﺑﻮ‬5 " ‫ ﺑﻦ ﻣﺎﺣﻪ‬e"< ) « .‫ﻴﻢ‬ $ <‫ﻧ ﺖ  ﻟﻐ ﻔﻮ‬5 ‫ﻧ ﱠﻚ‬$7 ،‫ ﻪ‬d
 ‫ﻟﺮﺣ‬ ‫ ﱠ‬   < "
(‫ﺪ‬d5" ‫ﺣﺒﺎ‬

Allâhumma inna [donner le nom s’il est connu] fî dhimmatika


wa habli jiwârika, fa-qihi min fitnati l-qabri wa ‘adhâbi n-
nâri, wa anta ahlu-l-wafâ’i wa-l-haqqi. Fa-ghfir lahu wa-r-
hamhu, innaka anta l-ghafûru r-rahîm.

4. « Seigneur ! [Il est] Ton serviteur, fils de Ton serviteur et


de Ta servante ; il a besoin de Ta miséricorde, alors que Tu
n’as pas besoin de le punir. S’il était bienfaisant, alors accrois
ses hasanât, et s’il était malfaisant, passe outre ses erreurs. »
(Al-Hâkim, at-Tabarânî) [hasanât = rétributions des bonnes actions]

، ‫ ﻚ‬$‫ﺘ‬d  <  $7 £‫ﺎ‬ $ $


 ‫ ﺣ ﺘ‬$7 ‫ ﻣﺘ ﻚ‬5 ‫ » ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻋ ﺒ ﺪ } " ﺑ ﻦ ﻋ ﺒﺪ } " ﺑ ﻦ‬.4
 ‫ ﻛ‬$7" ، ‫ﻪ‬$ $‫ ﺣ ﺴ ﻨﺎﺗ‬H$ e D ‫ﺰ‬$ ‫ﺎ ﻓ‬J ‫ﺴﻨ‬$    ‫ﺎ‬
‫ﺎ‬  ‫ ﻛ‬$7 ، ‫ﻪ‬$ $‫ ﱞﻲ ﻋ ﻦ ﻋ ﺬﺑ‬$‫ﻧ ﺖ ﻏﻨ‬5 "
(›‫ ﳊﺎﻛﻢ "ﻟﻄ‬e"<) « .‫ ﻋ ﻨ ﻪ‬% "‫ﺎ‬  ‫ﺎ ﻓ ﺘ ﺠ‬J ‫ﺴﻴﺌ‬$ ‫ﻣ‬
Allâhumma ‘abduka wa-bnu ‘abdika wa-bnu amatika, ih tâja
ilâ rah matika, wa anta ghaniyyun ‘an ‘adhâbihi. in kâna
muh sinan fa-zidhu fî hasanâtihi, wa in kâna musî’an fa
tajâwaz ‘anhu.

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96 Les rites funéraires en Islam

5. « Ô mon Dieu, ne nous prive pas de sa [le défunt] récom-


pense, et ne nous expose pas à des épreuves après sa mort. Et
ne nous égare pas après lui.. » (Ibn Mâja 1487, Mâlik 479, Abû
Dâwûd 2786)

 " e ‫ ﱠﻨﺎ ﺑ ﻌﺪ‬$‫ﻻ ﺗ ﻔﺘ‬


$ ‫ﻻﺗ‬
« .e ‫ﻀ ﱠﻠ ﻨﺎ ﺑ ﻌﺪ‬  " e ‫ ﺟ ﺮ‬5 ‫ﺮ ﻣ ﻨﺎ‬$ ‫ﻻ  ﲢ‬
 ‫ » ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬.5
(D"D ‫ﺑﻮ‬5" ‫ ﺑﻦ ﻣﺎﺟﻪ "ﻣﺎﻟﻚ‬e"<)
Allâhumma lâ tahrimnâ ajrahu wa lâ taftinnâ ba‘dahu wa lâ
tud illanâ ba‘dahu.
6. Lorsque le mort est un enfant, on peut dire :
« Seigneur, fais de cet enfant un prédécesseur pour ses parents,
une réserve [de bien], une exhortation, une réflexion et un
intercesseur pour eux. Alourdis par lui leur mesure, fais des-
cendre la patience dans leurs cœurs, ne les soumets pas à la
tentation après lui et ne les prive pas de sa rétribution14. »

J <‫ ﺒﺎ‬$‫ﺔ " ﻋﺘ‬J ‫ﻋ ﻈ‬$ " J ‫ ﺧﺮ‬Y " ‫ﺎ‬J ‫ﻪ " ﺳ ﻠﻔ‬$ ‫ﻷ ﺑ ﻮ ﻳ‬ $ ‫ﺎ‬J ‫ﺟ ﻌ ﻠ ﻪ ﻓﺮﻃ‬
  ‫ » ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬.6
k ‫ ﻨ ﻬ‬$‫ﻻ ﺗ ﻔﺘ‬
 " k $§‫ﻮ‬
$ ‫› ﻋ  ﻗ ﻠ‬ $ $
‫ ﱠ‬$¨‫ﺮ‬$ ‫ ﻓ‬5 " k ‫ﻳ ﻨ ﻬ‬%$ ‫ﻪ ﻣ ﻮ‬$‫ " ﺛ ﱢﻘ ﻞ ﺑ‬،‫ﻴﻌﺎ‬J ‫" ﺷﻔ‬
  ‫ﻟﺼ‬
« .e ‫ ﺟ ﺮ‬5 k ‫ﺮ ﻣ ﻬ‬$ ‫ﻻ  ﲢ‬
 " e ‫ﺑ ﻌﺪ‬
Allâhumma ij‘alhu fartan li abawayhi wa salafan wa
dhukhran wa ‘izatan wa-‘tibâran wa shafî‘an. Wa-thaqqil
bihi mawâzinahumâ wa afrighi s-sabra ‘alâ qulûbihimâ wa
lâ taftinhumâ ba‘dahu wa lâ tahrimhumâ ajrahu.
Ces invocations peuvent être faites après le troisième
takbîr, ainsi qu’après la prière sur les morts. On peut les
14. Nawawî , in Fiqh, p. 525.

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Les rites funéraires : détails des rites 97

schéma 8 : Position de
l’imam lors de la prière
dans le cas où il y a
plusieurs morts.

faire toutes ou quelques-unes seulement, dans cet ordre ou


non. Une grande liberté est ainsi laissée au croyant. Il peut
aussi en ajouter d’autres.

3.6. PLUSIEURS MORTS EN MÊME TEMPS


S’il y a plusieurs morts en même temps, hommes et/ou
femmes, adultes et/ou enfants, ils seront rangés l’un à la
suite de l’autre entre l’imam et la qibla (direction vers La
Mecque, voir schéma 8 page 97 ci-haut). L’imam procède
ensuite à une seule prière pour tous les morts en même
temps. L’ordre des morts étant le même que celui de la
prière normale : les hommes seront les plus proches de
l’imam, puis les enfants, enfin les femmes.

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98 Les rites funéraires en Islam

3.7. À QUI EST DUE LA PRIÈRE DES MORTS


Rappelons que la prière pour les morts, telle qu’ensei-
gnée par notre prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬est due à tout
musulman, homme ou femme, jeune ou adulte, qu’il ait
été pieux durant sa vie ou non, de quelque manière que sa
mort soit arrivée.
Si la prière sur le mort n’a pas été accomplie aupara-
vant, elle devra être effectuée même après l’enterrement de
ce dernier, et à tout moment, dès l’information du décès
certifiée. Pour certains savants15, elle peut être accomplie
directement auprès de la tombe, en plaçant cette dernière
entre le priant et la qibla.
Celui qui n’a pas pu participer à la prière avant l’en-
terrement, peut l’accomplir en se mettant au niveau de la
tombe, comme le fit le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬.
Si quelqu’un arrive en retard à la prière du mort, et n’y
participe qu’en partie, il suivra l’imam, terminera avec lui
et ne rattrapera pas son retard, selon l’avis quasi majoritaire
des savants. Il peut encore la refaire seul.

Les exceptions
Rappelons les exceptions déjà détaillées plus haut :
 l’enfant mort-né et l’impubère : il y a large accord en-
tre les savants pour déclarer non obligatoires aussi bien
la prière des morts que le lavage et le linceul pour ces
deux catégories, le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬ne l’ayant

15. Fiqh, p. 536.

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Les rites funéraires : détails des rites 99

pas faite pour son fils Ibrâhîm ; il s’était contenté de


l’envelopper dans un morceau de tissu. Si ces rites sont
accomplis, aucune gêne ne doit être ressentie.
L’enterrement, par contre, demeure toujours exigé.
Lors de la prière pour ces deux catégories, on fait des invo-
cations plutôt pour leurs parents que pour eux (voir plus
haut l’invocation prophétique).
 Pour le martyr mort au combat, la prière des morts n’est
pas obligatoire. Dans ce cas aussi, l’obligation est levée.
Mais si la prière est accomplie, elle est valable.

3.8. LA PRIÈRE POUR L’ABSENT (S ALÂT-AL-GHÂ’IB)


C’est la prière pour les morts en cas d’absence de la dé-
pouille du défunt. Elle est accomplie en cas d’enterrement
d’un musulman dans une contrée où la prière des morts n’a
pas été accomplie pour lui16. Le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬
l’a effectuée lorsqu’il apprit la mort du Négus d’Éthiopie.
Elle s’accomplit exactement comme la prière sur les
morts, sauf que le corps n’est pas présent, l’intention étant
d’accomplir ce devoir pour le mort désigné (ou les morts).
En principe, si la prière mortuaire a déjà été accomplie,
la prière de l’absent n’a pas à être faite.

3.9. AUTRES RÈGLES CONCERNANT LA PRIÈRE


La prière pour le mort peut être accomplie à l’intérieur
de la mosquée, pour autant que l’on soit assuré que cette

16. Ahkâm, point 59.

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100 Les rites funéraires en Islam

dernière ne serait pas souillée par des impuretés provenant


de la dépouille du défunt. Même si la préférence est plutôt
de la faire à l’extérieur de la mosquée, selon l’avis d’Ibn
al-Qayyim17.
Selon l’imam Ahmad et d’autres imams, on peut ac-
complir la prière sur les morts dans les cimetières au milieu
des tombes sans gêne aucune, car le compagnon Abû Hu-
rayra l’a faite sur notre mère ‘Âïcha au sein du cimetière de
Médine Al-Baqî‘.
Cependant, les savants préconisent de ne pas accom-
plir les autres prières rituelles au milieu des tombes, car le
Prophète a déconseillé ce faire.
Les femmes peuvent procéder à la prière des morts soit
de façon individuelle comme elles l’ont fait sur le prophète
Muhammad (‫)ﷺ‬, soit en groupe avec les hommes, en se
plaçant derrière eux, comme dans la prière ordinaire.

4. L’ENTERREMENT
Nous parlerons successivement du convoi funèbre,
puis de l’enterrement.

4.1. SUIVRE LE CONVOI FUNÈBRE


Suivre le convoi funèbre est très méritoire auprès de
Dieu. C’est l’un des droits du défunt vis-à-vis de ses frères.
En effet, le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬dit :
« Les droits du musulman sur le musulman sont au nom-
bre de cinq : rendre le salut, visiter le malade, suivre le convoi

17. Fiqh, p. 535.

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Les rites funéraires : détails des rites 101

funèbre, répondre à l’invitation et lui souhaiter la bénédic-


tion de Dieu lorsqu’il éternue. » (Bukhârî 1164, Muslim 4023,
Ibn Mâja 1425)

Dans une autre version, un sixième droit est énon-


cé : « Lui prodiguer le conseil (nasîha) qu’il soit présent ou
absent. »
De même le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬conseille :
« Visitez le malade et suivez les convois funèbres, cela vous
rappelle le Jour Dernier. » (Ibn Mâja 1558, Ahmad 10848)
Nous avons rapporté plus haut (paragraphe 3.1) la pa-
role du prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬concernant le mérite de
suivre le convoi funèbre.
Les recommandations (sunna) sont les suivantes :
 Il est permis de porter sur ses épaules le corps du défunt,
qu’il soit mis sur une planche (na‘sh) prévue à cet effet,
ou dans un cercueil.
 Aller d’un pas pressé vers le cimetière, sans pour autant
provoquer des troubles dus à une précipitation inappro-
priée. L’objectif est de ne pas trop s’attarder ou de mar-
cher à pas lent dans un but ostentatoire. À moins que les
personnes ne soient âgées, le rythme de marche devrait
être un peu plus rapide que celui d’une promenade.
 La meilleure attitude, en suivant le convoi funèbre, est
de le suivre en silence, en invoquant Dieu ou en lisant
le Coran dans son cœur, sans élever la voix. Ce sont des
moments de grande sérénité et de méditation que ne
doit pas perdre le croyant.

Rites_Book_vF.indb 101 06.03.2005 12:07:39


102 Les rites funéraires en Islam

Autres règles :
 Il est permis aux femmes de suivre le convoi funèbre.
Certains savants préfèrent plutôt le déconseiller, sans
toutefois que cela ne soit une interdiction absolue18, du
moins pour celles qui sont atteintes directement par le
deuil. L’imam Mâlik le permet, ainsi que toute l’école
médinoise.
 Il est permis de se placer derrière ou devant, à droite ou
à gauche du corps du défunt durant le trajet.
 Suivre la dépouille d’un mort sur une monture est dé-
conseillé, sauf si l’on ne peut faire autrement.
À l’inverse, il est déconseillé de faire les choses suivan-
tes en suivant le convoi funèbre :
 Élever la voix, serait-ce par la lecture du Coran ou
du dhikr.

18. Fiqh, p. 542. L’imam Ibn Hajar al-‘Asqalânî, dans son commentaire
du hadith n°1199 du Sahîh Bukhârî, explique que c’est plutôt du
domaine du makrûh faible plutôt que de l’interdiction. Il cite l’imam
Mâlik ainsi que toute l’école médinoise qui permettent aux femmes
de suivre les convois funèbres, se basant sur d’autres hadiths. L’imam
Mâlik préconise aux seules jeunes filles de ne pas suivre le convoi
funèbre, sans pour autant le leur interdire. La deuxième explication
dans ce commentaire fournit une autre interprétation du mot utilisé
par le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬dans ce hadith (wa lam ya‘zim
‘alaynâ) dans le sens où : « il ne nous (les femmes) a pas incitées à
suivre les convois comme il l’a fait pour les hommes. » L’imam Nawawî,
dans son commentaire du hadith, donne la même interprétation à
ce hadith, rapporté par Muslim (1556), en insistant sur le fait que
cela n’est pas expressément interdit.

Rites_Book_vF.indb 102 06.03.2005 12:07:40


Les rites funéraires : détails des rites 103

 Se servir de flambeaux (sauf pour s’éclairer si on procède


à l’enterrement de nuit), ou autres coutumes contraires
à l’Islam.
 S’asseoir avant que la dépouille du défunt soit posée à
terre.
 Rire, discuter des choses de ce bas monde.
Selon les imams Ibn Hazm, Ahmad et Nawawî, il est
permis de se lever au passage du convoi funèbre, même
celui d’un non-croyant19.
D’autres savants ne le préconisent pas du tout, en le
plaçant plutôt dans le domaine du blâmable (makrûh).
Ceux qui l’autorisent ou le préconisent insistent pour dire
que le fait de se lever est une marque de déférence pour Ce-
lui qui a pris la vie après l’avoir donnée, tel que l’explique
l’imam Ahmad20.

4.2. L’ENTERREMENT

4.2.1. Généralités
Les savants sont unanimes pour déclarer obligatoire la
mise en terre de la dépouille de tout mort musulman. C’est
une obligation collective.
La sagesse induite par l’enterrement de l’être humain
est que, de la terre il a été créé, et en son sein il retournera.
Dieu dit dans Son Livre, le Coran : ﴾ C’est d’elle [de la
terre] que Nous vous avons créés, et en elle Nous vous re-

19. Fiqh, pp. 540-541.


20. Fiqh, p. 541.

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104 Les rites funéraires en Islam

tournerons, et d’elle Nous vous ferons sortir une fois en-


core. ﴿ Coran (20/55)
L’enterrement du mort est dû à tout être humain, par-
delà sa religion, de par la dignité originelle octroyée par
Dieu à l’être humain dans le verset suivant : ﴾ Certes, Nous
avons honoré les Enfants d’Adam. ﴿ Coran (17/55)
C’est aussi une pratique du Prophète et de ses compa-
gnons. Il s’agit aussi, subsidiairement, de soustraire le corps
du défunt aux animaux.
L’enterrement vise donc à la préservation de la dignité
de l’être humain mort, comme il l’était de son vivant. On a
même vu le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬ainsi que ses com-
pagnons enterrer les bêtes mortes par respect de la vie qui
les habitait.
La sunna est que l’enterrement doit avoir lieu dans un
cimetière21. À l’exception des martyrs qui peuvent être en-
terrés sur le lieu de leur mort.
L’enterrement peut se faire de jour comme de nuit,
comme cela a été le cas de Fâtima, la fille chérie du Prophè-
te (‫)ﷺ‬, de son épouse ‘Âïcha, des compagnons Abû Bakr,
‘Uthman et ‘Abdallah Ibn Mas‘ûd.
L’enterrement de nuit peut avoir lieu lorsque l’on
craint une décomposition avancée du corps ou pour une
raison impérieuse, et pour autant que les droits du mort
(l’ensemble des quatre rites funéraires) soient assurés con-
venablement.

21. Ahkâm, point 90.

Rites_Book_vF.indb 104 06.03.2005 12:07:40


Les rites funéraires : détails des rites 105

Si l’on ne craint pas une décomposition du corps, il


faut éviter (karâha) de procéder à l’enterrement aux trois
moments suivants : le lever du soleil (shurûq), lors de son
coucher (ghurûb), et lorsqu’il est au zénith (zawâl).

4.2.2. Forme de la tombe : lahd et shaqq


Il y a deux façons, en particulier, de procéder au creu-
sement de la tombe (voir schéma 9, page 106) qui se prati-
quaient au temps du Prophète (‫ )ﷺ‬:
 Le lahd : qui consiste à évider latéralement le fond de la
tombe creusée de telle façon à y placer le corps du mort
enveloppé de son linceul. Cette pratique permet à la dé-
pouille de ne pas recevoir directement sur elle la terre
lorsque l’on comble la tombe.
 Le shaqq : qui consiste à évider longitudinalement le
fond de la tombe. Une fois qu’on y met la dépouille, on
pose sur les bords de cet évidement de grandes pierres
naturelles ou des plaques préfabriquées ; là aussi, pour
éviter que la terre ne tombe directement sur le corps du
défunt.
Ces deux façons de faire sont valables, même s’il y a
une préférence pour la première (lahd). Les deux types de
tombes laissent de l’air autour du corps, ce qui permet à ce
dernier une décomposition bien plus rapide que si la terre
recouvrait directement le corps.

L’utiisation de cercueils
L’utilisation de cercueils est déconseillée (makrûh) dans
le principe par toutes les écoles jurisprudentielles, sauf en

Rites_Book_vF.indb 105 06.03.2005 12:07:40


106 Les rites funéraires en Islam

schéma 9 : les deux façons de creuser la tombe, en cas de non-


utilisation de cercueils.

cas de nécessités, telles qu’une terre trop humide, le corps


du défunt étant trop abimé, ou des contraintes majeures
(telles des lois de pays non musulmans)22. Dans tous ces
cas, aucune gêne ne devra être ressentie si l’on est amené à
y procéder.

22. Madhâhib, p. 486. L’école mâlikite a un avis un peu plus nuancé,


elle dit que l’utilisation du cercueil est contraire au principe, sans
pour autant le déclarer makrûh (même référence). De même l’imam

Rites_Book_vF.indb 106 06.03.2005 12:07:40


Les rites funéraires : détails des rites 107

Cependant, des conditions sont posées, à savoir que le


bois utilisé soit commun, qu’il ne soit pas décoré et que son
prix soit modeste.
Le mort est alors mis à plat dans le cercueil, sans
coussins.
Tout comme le linceul, les sommes investies dans des
cercueils coûteux seraient bien plus profitables aux vivants.
Et il ne sert en rien aux morts d’avoir des linceuls et des
cercueils onéreux, l’essentiel étant ailleurs : comment ren-
contrer et répondre aux envoyés de Dieu dans la tombe ?
Dans le cas d’utilisation de cercueil (imposée par cer-
tains pays), la tombe peut ne pas correspondre aux deux des-
criptions relevées plus haut, sans que cela pose problème.

4.2.3. Introduction de la dépouille du défunt dans


la tombe
Il est recommandé (sunna) d’introduire la dépouille
d’abord par ses pieds, sinon le faire comme on le peut.
S’il y a nécessité qu’une ou plusieurs personnes descen-
dent dans la tombe pour aider à placer le corps convena-
blement (orienter le corps vers La Mecque, dénouer les fils,
bandelettes…), aucun problème ne se pose. Cependant, il
faut veiller à ce que ceux qui descendent dans la tombe
soient des gens de la famille du mort connus pour leur
piété (sâlihûn) d’abord, sinon l’imam, ou à défaut, d’autres

as-Sarkhasî (dans al-mabsût) ne voit aucun mal à l’utilisation du


cercueil. De même la fatwâ du 07/01/2002 par le comité des fatwâs
sur le site islamonline.net le déclare autorisé sans problème aucun.

Rites_Book_vF.indb 107 06.03.2005 12:07:41


108 Les rites funéraires en Islam

personnes pieuses. Telle avait été la demande faite par notre


Prophète à ceux qui étaient descendus dans la tombe pour
y porter sa fille Oum Kalthûm23. Il faut donc veiller à ce
que ne descendent pas dans la tombe des personnes peu ou
pas du tout en relation avec l’Islam et ses obligations.

4.2.4. Orienter le mort vers La Mecque


Orienter la dépouille du mort vers La Mecque (qibla)
est une obligation prophétique24 considérée comme telle
par la pratique prophétique sans exception aucune, par le
fait qu’il y a eu consensus des Compagnons et des savants
après eux sur cette question, et par le hadith suivant rap-
porté par Abû Dâwud (2490) : « [La Mecque] est votre qi-
bla durant votre vie et lors de votre mort. »
On peut orienter la dépouille vers La Mecque de trois
façons différentes, la première étant celle préconisée par
tous les savants. La troisième est à utiliser en dernier res-
sort, si l’on ne peut utiliser les deux premières :
1. Mettre la dépouille dans la tombe de telle façon que,
placé sur son côté droit, le visage du mort regarde vers
la direction de La Mecque.
2. Mettre la dépouille, les pieds dirigés vers La Mecque,
de telle façon qu’en se levant, son regard se dirige vers
la ville sainte (préconisée par l’imam Shâfi‘î).
3. Mettre la dépouille sur le côté gauche de telle façon
que les yeux du défunt regarde vers La Mecque.

23. Ahkâm, points 100 et 102. Hadith rapporté par Bukhârî (1205) et
Ahmad (12904).
24. Ahkâm, point 104. Et hadith rapporté par Abû Dâwûd (2490).

Rites_Book_vF.indb 108 06.03.2005 12:07:41


Les rites funéraires : détails des rites 109

4.2.5. Invocations à faire


Celui qui procède à la position du corps dit l’invoca-
tion suivante (utiliser l’une des trois variantes, rapportées
par Ahmad 4581, Ibn Mâja 1539, Abû Dâwûd 2798, ...) :
« Au nom de Dieu, et sur la foi (la confession) de
l’Envoyé de Dieu. »
$ ‫ﺔ < ﺳ‬$ ‫ﻣ ﱠﻠ‬$  ‫ " ﻋ‬$‫ ﷲ‬$‫ﺴﻢ‬$‫» ﺑ‬
« (‫ )ﷺ‬$‫ﻮ ﷲ‬ 
Bismi l-lâhi wa ‘alâ millati rasûli l-lâhi ‫ﷺ‬

ou « Au nom de Dieu, et sur la voie (sunna) de l’Envoyé de


Dieu. »
$ ‫ﺔ < ﺳ‬$ ‫ " ﻋ  ﺳ ﱠﻨ‬$‫ ﷲ‬$‫ﺴﻢ‬$‫ " » ﺑ‬5
« (‫ )ﷺ‬$‫ﻮ ﷲ‬ 
Bismi l-lâhi wa ‘alâ sunnati rasûli l-lâhi ‫ﷺ‬

ou « Au nom de Dieu, par Dieu et sur la foi de l’En-


voyé de Dieu. »
$ ‫ﺔ < ﺳ‬$ ‫ﻣ ﱠﻠ‬$  ‫ " ﻋ‬$‫ﺎﷲ‬$‫ "ﺑ‬$‫ ﷲ‬$‫ﺴﻢ‬$‫" » ﺑ‬5
« (‫ )ﷺ‬$‫ﻮ ﷲ‬ 
Bismi l-lâhi wa bi l-lâhi wa ‘alâ millati rasûli l-lâhi ‫ﷺ‬

4.2.6. Autres dispositions relatives à l’enterrement


Nous rappelons que :
 Il ne faut pas oublier de défaire les nœuds du lin-
ceul, une fois le corps mis dans la tombe. Dans le cas
d’utilisation du cercueil, les nœuds seront dénoués en
principe avant la fermeture du cercueil.

Rites_Book_vF.indb 109 06.03.2005 12:07:42


110 Les rites funéraires en Islam

 Si le mort était en état d’ihrâm, ne pas oublier de décou-


vrir sa tête dans la tombe.
Il faut éviter de mettre un tissu, un oreiller ou autre
chose à l’intérieur de la tombe pour y déposer ensuite la
dépouille, ainsi que sous la tête du défunt s’il est mis dans
un cercueil.
Par contre, il est recommandé (sunna) de déposer la
tête du mort sur un petit tas de terre (ou une petite pierre),
ainsi que de tourner le corps sur le côté droit (sunna). S’il
y a nécessité de placer un peu de terre pour aider le corps à
rester dans la position requise (orienté vers La Mecque), ne
pas hésiter à le faire25.
Lorsque le corps est enfin placé dans la tombe, il est
recommandé (sunna) à toute personne ayant assisté à l’en-
terrement de jeter dans la tombe trois poignées de terre
comme l’a fait notre prophète Muhammad (‫( )ﷺ‬rap. par
Ibn Mâja 1554). Ce faisant, ne rien réciter d’invocations
ou du Coran, aucun récit authentique n’ayant été rapporté
du prophète Muhammad (‫)ﷺ‬.
Après avoir fini de combler la tombe, il est aussi recom-
mandé de faire des invocations (du‘â’ ) pour le mort, en de-
mandant à Dieu de l’affermir dans ses réponses aux anges.
En effet, notre Prophète (‫ )ﷺ‬avait coutume de marquer un
temps d’arrêt après la fin de l’enterrement, et disait :
« Demandez à Dieu de pardonner à votre frère et de l’affermir
[dans ses réponses], parce que maintenant il est en train d’être
questionné. » (Abû Dâwûd , Al-Hâkim)

25. Fiqh, p. 546.

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Les rites funéraires : détails des rites 111

On peut donc dire, à la suite de ce hadith, à titre


d’exemple :
« Seigneur, pardonne-lui, fais-lui miséricorde. Seigneur, raf-
fermis-le dans ses réponses. »

$ ‫ﻋ ﻨﺪ ﻟﺴ ﺆ‬$ ‫ ﻟ ﱠﻠ ﻬﻢ ﺛﺒ ﺘ ﻪ‬،‫ ﻪ‬d


*    < " ‫ﻔ ﺮ ﻟ ﻪ‬$ ‫* ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ‬
‫ﱡ‬ ‫ﱠ ﱢ‬
Allâhumma ghfir lahû wa-rh amhu. Allâhumma thabbit-hu
‘inda s-su’âl.

De même, on peut répéter les invocations précédem-


ment citées.
Il est recommandé (sunna) d’élever la tombe de l’ordre
d’une dizaine de centimètres afin de la montrer aux gens
pour qu’elle ne soit pas piétinée (commentaire de l’imam
Nawawî du hadith rapporté par Muslim 1608).
On peut, juste après l’enterrement, rappeler aux pré-
sents la vanité de la vie et l’importance de la mort et du
retour à Dieu, exalté soit Son Nom26.
Il est permis d’indiquer la tombe à l’aide d’une pierre
tombale (ou une pièce de bois)27, car il est interdit de piéti-
ner les tombes ou de s’y asseoir.
Il faut absolument éviter d’élever les tombes plus d’une
vingtaine de centimètres en y mettant des murets ou de
bâtir sur les tombes des coupoles ou autres constructions,

26. Ahkâm, point 106. Hadith rapporté par Abû Dâwud (2812) en
particulier.
27. Hadith rapporté par Abû Dâwûd (2791) ; et Ahkâm, point 107.

Rites_Book_vF.indb 111 06.03.2005 12:07:42


112 Les rites funéraires en Islam

comme il est absolument illicite de construire des mos-


quées sur les tombes.
De même, il est interdit :
 de mettre des tissus, des bandeaux, des drapeaux et
autres emblèmes sur les tombes ;
 d’allumer des cierges et/ou bougies sur les tombes ;
 de sacrifier des bêtes sur les tombes ou en l’honneur des
morts ;
 d’y déposer des fleurs, des arbustes ou des plantes.

4.3. CAS SPÉCIFIQUES RELATIFS À L’ENTERREMENT


Nous verrons dans cette partie les réponses à certaines
questions, telles que la possibilité d’enterrer plus d’une per-
sonne dans la même tombe, le cas où le mort se trouve dans
une embarcation, ainsi que le transport de la dépouille
d’un pays à un autre.
Les autres cas, spécifiques aux terres non-musulma-
nes, tels que l’incinération ou crémation, l’exhumation des
corps, seront vus plus loin dans le paragraphe 9.
4.3.1. Enterrement de plusieurs personnes dans
la même tombe
En principe, toute personne morte sera ensevelie seu-
le dans une seule tombe, sauf cas exceptionnels (guerre,
catastrophes…) ou nécessité vitale (darûra) où il est alors
permis de mettre plusieurs défunts dans la même tombe
(comme cela s’est fait après la bataille de Uhud, hadith rap-
porté par Bukhârî 1257 et Abû Dâwûd 2731). Les savants

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Les rites funéraires : détails des rites 113

permettent aussi d’ensevelir, dans les mêmes cas, hommes


et femmes dans la même tombe28.

4.3.2. Le mort dans une embarcation


S’il arrive qu’une personne meure dans une embar-
cation et qu’il y ait risque de décomposition avancée du
corps avant l’arrivée sur terre, les obligations qui lui sont
dues sont les suivantes :
 qu’il soit lavé ;
 qu’il soit mis dans un linceul ;
 que l’on prie sur lui ;
 qu’on le mette ensuite à l’eau, en ayant pris soin aupara-
vant de mettre du lest accroché à ses pieds afin qu’il ne
puisse flotter.

4.3.3. Lire le Coran sur la tombe


Les avis sont partagés entre les savants sur la lecture
du Coran (ou quelques chapitres) sur la tombe, que ce soit
juste après l’enterrement ou lors de visites ultérieures.
Les imam Mâlik, Abû Hanîfa ainsi que certains de leurs
disciples, et beaucoup d’autres, considèrent cette pratique
blâmable (makrûh), voire interdite. C’est ce qui semble être
l’avis majoritaire des savants.

4.3.4. Transporter la dépouille


Les avis des savants sont partagés sur ce point :

28. Fiqh, p. 556. Aussi Ahkâm, points 94 et 96.

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114 Les rites funéraires en Islam

1. Les imams Mâlik, Abû Hanîfa et Ahmad sont pour la


permission de déplacer la dépouille, avant sa mise en
terre, d’un endroit à un autre, pourvu qu’il y ait une
raison valable : proximité familiale, etc.
2. L’imam Shâfi‘î par contre, n’est pas pour le déplace-
ment de la dépouille, sauf pour nécessités impérieuses29
(darûra).

4.4. APRÈS LA MORT : LE QUESTIONNEMENT


Les savants musulmans sont unanimes pour déclarer
que tout défunt, quelle que soit sa mort, enterré ou non
(dévoré par une bête par exemple), sera questionné après
sa mort. Dès lors, il connaîtra et verra sa place, au Paradis
ou en Enfer. Deux anges viendront lui poser les questions
suivantes : quel est ton dieu, quel est ton prophète, quelle
est ta religion.
En effet, Bukhârî (1252) et Muslim (5115) rapportent
que le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬a dit :
« Lorsque l’être humain est déposé dans sa tombe et que ses
proches se sont éloignés, le défunt entend leurs pas. Alors vien-
nent à lui deux anges, qui le font asseoir et lui disent : “Que
disais-tu de cet homme [c’est-à-dire de Muhammad] ? ” Le
croyant répondra alors : “J’atteste qu’il est le serviteur de Dieu
et Son Messager.” Ils disent : “Contemple ta place en Enfer [si
tu n’avais pas dit cela], Dieu te donne en échange une place
au Paradis.” Et il perçoit alors les deux places. Quant à l’in-

29. Fiqh, p. 561.

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Les rites funéraires : détails des rites 115

croyant et l’hypocrite, ils seront questionnés : “Que disais-tu


de cet homme ? ” Chacun d’eux répondra : “Je ne sais pas.”
Les anges leur diront alors : “Que tu ne saches point et que tu
ne dises point ! ” Ils seront alors frappés d’un coup si vigoureux
qu’ils pousseront un cri tel que tous leurs semblables [les morts]
autour d’eux les entendront, à l’exception des vivants. »
Il est recommandé de rester près de la tombe quelques
instants après avoir fini l’enterrement, et d’adresser des
invocations à Dieu afin qu’Il pardonne au mort et qu’Il
lui fasse miséricorde. Telle est la demande qui a été faite
par le compagnon ‘Amr Ibn al-‘Âs à son fils ‘Abdallâh et
ses amis dans le hadith que nous avons relaté au début de
l’ouvrage.
C’est aussi l’enseignement que l’on peut tirer du ha-
dith dans lequel le Prophète (‫ )ﷺ‬dit à ses compagnons,
après l’enterrement d’un Compagnon, en se tenant près de
la tombe :
« Invoquez le pardon de Dieu pour votre frère et deman-
dez à Dieu de l’affermir, car en ce moment même il est inter-
rogé. » (Abû Dâwûd 2804 et Bayhaqî)
Ces moments sont tellement importants et si terribles
que le Prophète répétait à chaque prière [avant le salut fi-
nal] l’invocation suivante :
« Seigneur, je me réfugie auprès de Toi contre l’incroyance
et la pauvreté. Seigneur, je me réfugie auprès de Toi contre le
tourment de la tombe. » (Bukhârî 789, Ahmad 19514, Nasâ’î 1330,
Abû Dâwûd 4426)

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116 Les rites funéraires en Islam

$ ‫ﻣ ﻦ ﻋ ﺬ‬$ ‫ ﻚ‬$‫ ﺑ‬Y‫ﻮ‬


‹  ‫ﻣ ﻦ‬$ ‫ ﻚ‬$‫ ﺑ‬Y‫ﻮ‬
 ‫ ﻋ‬5 " ‫ﺮ‬$ ‫ﺮ "ﻟ ﻔ ﻘ‬$ ‫ﻟﻜ ﻔ‬  ‫ ﻋ‬5 ‫ ﱢ‬$7 ‫» ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬
$  ‫ﻟ ﻘ‬
(D"D‫ﺑﻮ‬5" ‫ﺪ "ﻟﻨﺴﺎﺋﻲ‬d5" b<‫ ﻟﺒﺨﺎ‬e"<) « .›

Allâhumma innî a‘ûdhu bika mina l-kufri wal faqri, wa a‘ûdhu


bika min ‘adhâbi l-qabr

5. LES CONDOLÉANCES ET LE DEUIL

5.1. PORTER LE DEUIL


Comme souligné précédemment, il est permis de pleu-
rer son proche disparu. Le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬l’a
fait lorsque son fils Ibrâhîm mourût, et lorsque l’un des
Compagnons s’enquit de cela, le Prophète lui répondit :
« Le cœur certes s’attriste, les yeux pleurent, mais nous ne di-
sons que ce qui agrée Dieu. »
Les larmes sont une miséricorde divine, car elles per-
mettent d’apaiser les cœurs et atténuent la tristesse.
Il est permis à la femme, comme à l’homme, de porter
le deuil de l’un de ses proches durant trois jours au maxi-
mum (sunna). (Abû Dâwûd 1954, Nasâ’î 3447...)
Le deuil consiste en le fait de ne pas se parer de bi-
joux, de parfums raffinés (sauf déodorants), de ne pas se
maquiller ou teindre ses cheveux durant ce délai légal.
La famille proche peut porter le deuil avec une durée
maximale de trois jours, durant lesquels on présente ses
condoléances à la famille du défunt. Porter le deuil veut
dire par exemple ne pas s’adonner au commerce, délaisser
les promenades, ne pas s’adonner à des activités ludiques.

Rites_Book_vF.indb 116 06.03.2005 12:07:43


Les rites funéraires : détails des rites 117

Durant ces trois jours de deuil, il ne s’agit pas de porter


des vêtements noirs (le noir, en Islam, ne constitue aucune-
ment la couleur du deuil), ni de ne pas cuisiner des plats,
ou au contraire de cuisiner des plats spécifiques à cette
occasion. Tout cela constitue des innovations contraires à
l’Islam.
Comme nous l’avons dit précédemment, la tradition
prophétique préconise plutôt et incite à ce que les voisins et
autres amis de la famille endeuillée leur préparent les repas,
afin de les décharger de ce fardeau.
L’imam Shâfi‘î dit qu’il serait très méritoire pour les
voisins et tout croyant d’aider la famille du défunt, en les
déchargeant de la préparation des repas, afin que leur suf-
fise leur peine30.
Un certain nombre de coutumes accolées au deuil et
largement pratiquées sont contraires à l’Islam. Elles n’ont
pas été pratiquées par le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬duquel
nous tirons nos enseignements, ni par ses Compagnons.
Ce sont notamment :
 le fait de célébrer ou d’inviter à manger le quarantième
jour, ou lire spécifiquement le Coran en ce jour, ou tou-
te autre journée spécifique (par exemple une année, une
semaine…).
 De même le fait de spécifier un jour précis (ou une pé-
riode précise) pour la visite du tombeau du défunt, tel le
troisième jour, le septième, le quarantième…

30. Fiqh, p. 508, et Ahkâm, point 112.

Rites_Book_vF.indb 117 06.03.2005 12:07:44


118 Les rites funéraires en Islam

5.2. LA PÉRIODE DE VIDUITÉ (‘IDDA) DE LA VEUVE


L’épouse, devenue veuve, devra porter le deuil durant
quatre mois et dix jours. C’est une période de deuil pour
la perte du mari. Durant cette période, la veuve ne devra
pas porter de vêtements attirant les regards, et ne sortir de
chez elle sans nécessité. Et ceci par fidélité envers son mari
défunt31.
Par nécessité, on peut comprendre le travail que fait la
femme à l’extérieur de son foyer, les courses nécessaires (pas
le shopping), les visites médicales et familiales ; en résumé
ce dont a besoin la femme pour elle-même ou ses enfants.
C’est le superflu qui est visé ici.
$ , ‘idda) ensuite,
C’est une période de viduité (-‫ﻟﻌ ﱠﺪ‬
c’est-à-dire le délai pendant lequel on s’assure qu’elle ne
porte pas de bébé en son sein (même si les techniques ac-
tuelles permettent de le savoir sur-le-champ !).
Le Prophète (‫ )ﷺ‬précise ce deuil dans le hadith sui-
vant (rapporté par les quatre sunans, sauf Tirmidhî) :
« La femme ne doit pas porter le deuil pour un défunt plus
de trois jours sauf sur son mari, alors dans ce cas, elle le porte
durant quatre mois et dix jours : elle ne porte pas de tissus de
parure, ne met pas de kohl, ni de parfums, ne se teint pas les
cheveux, n’arrange pas sa coiffure jusqu’à ce qu’elle se purifie. »
(Abû Dâwûd 1959, Nasâ’î 3478, Ahmad 19864)

Si la femme est ménopausée, cette période d’attente


est la même (selon de nombreux savants), bien que certains
savants préconisent une période de trois mois seulement.

31. Fiqh, p. 508.

Rites_Book_vF.indb 118 06.03.2005 12:07:44


Les rites funéraires : détails des rites 119

S’il s’avère que la veuve est enceinte, alors son délai


de viduité (‘idda) va jusqu’au jour de l’accouchement.
Pour un grand nombre de savants, et s’appuyant sur un
hadith authentique (rapporté par Bukhârî n°4906, ain-
si que d’autres), l’accouchement, même s’il se produit
avant les quatre mois et dix jours, libère la femme de
toute contrainte32. Pour plus de détails, on pourra se repor-
ter aux avis des savants.
Il est aussi interdit de demander clairement en mariage
la veuve astreinte à la période de viduité, avant que ce délai
ne soit dépassé.

5.3. PRÉSENTER SES CONDOLÉANCES


Présenter ses condoléances est une recommandation
importante du prophète Muhammad (‫)ﷺ‬.
Elles ont pour objectif de faire armer de patience les
proches du défunt et de les consoler quant à la perte de leur
proche et diminuer leur tristesse. De même, les condoléan-
ces visent à inciter les proches du disparu au consentement
et à la patience. Tel est le sens des condoléances rapporté
par les paroles du prophète Muhammad (‫)ﷺ‬.
Elles seront dites à toute personne atteinte par le deuil,
musulmane ou non, jeune ou moins jeune, femme ou hom-
32. Hadith rapporté par Bukhârî (4906) : une femme de la tribu de
Aslam avait perdu son mari. Un Compagnon, Abû s-Sanâbil Ibn
Ka‘k l’a demandée en mariage ; elle refusa dans l’attente de son
accouchement qui se produisit dix jours après la mort de son mari.
Elle alla voir alors le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬qui l’autorisa à se
marier. Aussi dans Mannâ‘ al-Qattân, Târîkh at-tashrî‘ al-islâmî,
p. 148.

Rites_Book_vF.indb 119 06.03.2005 12:07:44


120 Les rites funéraires en Islam

me, avant ou après l’enterrement. Si certains savants préco-


nisent de ne pas les présenter après trois jours, d’autres n’y
voient aucun inconvénient, en s’appuyant sur le fait que
notre prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬les présenta bien après ce
délai à la veuve de son oncle Ja‘far, tué lors de la bataille de
Mu’ta (contre les Romains, an 8H) (rapporté par Ahmad,
Nasâ’î et Abû Dâwûd).
Toute parole attentionnée peut être utilisée. Les sa-
vants rapportent les paroles suivantes du Prophète dites à
l’occasion de condoléances :
« À Dieu appartient ce qu’Il a pris, et à Lui appartient ce qu’Il
a donné. Toute chose a un terme déterminé auprès de Lui. Sois
patient et attends en retour la rétribution divine. » (Bukhârî
6163 et Muslim 1531)

،‫ﻤﻰ‬ª ‫ ﺄ ﺟ >ﻞ ﻣ ﺴ‬$‫ ﺑ‬e ‫ﻋ ﻨﺪ‬$ W> ¬


  ‫ " ﻛ ﱡﻞ‬. ‫ ﻋ ﻄﻰ‬5 ‫ ﺧ ﺬ " ﻟ ﻪ ﻣﺎ‬5 ‫ ﻣﺎ‬$‫ﷲ‬$ ‫ﱠ‬7 »
$
(‫ « )ﻣﺘﻔﻖ ﻋﻠﻴﻪ‬.‫ﺐ‬  $ ‫ﻓ ﻠ ﺘ ﺼ‬
 ‫› " ﻟ ﺘ ﺤ ﺘﺴ‬
inna li-l-lâhi mâ akhadha, wa lahu mâ a‘t â, wa kullu shay’in
‘indahu bi-ajalin musammâ. fa-l-tas bir, wa l-tah tasib
Il peut dire aussi : ou
* }   ‫ ﺣ ﺴ ﻦ‬5 *
 ‫ﷲ ﻋ ﺰ‬ * } ‫ﺟ ﺮ‬5
 ‫ﷲ‬  ‫* ﻋ ﱠﻈ ﻢ‬
« Que Dieu te fasse « Que Dieu te rétribue lar-
bonne consolation. » gement »
Ahsana l-lâhu ‘azâk ‘azzama l-lâhu ajrak

Ou dire aussi l’invocation évoquée plus haut :

Rites_Book_vF.indb 120 06.03.2005 12:07:44


Les rites funéraires : détails des rites 121

« Ô Seigneur, pardonne à [le nom du mort], élève son rang


parmi les bien-guidés, et remplace avantageusement son ab-
sence parmi ses proches vivants. Pardonne-nous ainsi qu’à lui.
Ô Maître des mondes ! Et fais de sa tombe un endroit spacieux
et lumineux. » (Muslim 1528, Abû Dâwûd 2711..., aussi Ahkâm,
point 112)

 " ، ‫ﺪ ﱢﻳﲔ‬$ ‫ ﳌ ﻬ‬H


‫ﺧ ﻠ ﻔ ﻪ‬ $ ‫ < ﺟ ﺘ ﻪ‬D ‫ " < ﻓ ﻊ‬،(H‫ﺳﻢ ﳌﺘﻮ‬7) ‫ـ‬$‫ﻔ ﺮ ﻟ‬$ ‫» ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ‬
$ ‫ "ﻓ ﺴ ﺢ ﻟ ﻪ‬،‫ﲔ‬  $ ‫ﻟﻌﺎﳌ‬ $  ‫ﻳﻦ‬ $ ‫ﻪ‬$ $‫ﻘﺒ‬$ ‫ ﻋ‬H
 ‫ﺮ‬$ $‫ ﻟﻐ ﺎﺑ‬H
H  ‹‫"ﻏ ﻔ ﺮ ﻟ ﻨﺎ " ﻟ ﻪ ﻳﺎ < ﱠ‬، $
« .‫ﻴﻪ‬$ ‫ﻓ‬$ ‫"ﻧﻮ< ﻟ ﻪ‬، $ $ ‫ﻗ‬
 ‫  ﱢ‬e› 
Allâhumma ghfir li [le nom du mort], wa-rfa‘ darajatahu fil
mahdiyyîna wa-khlufhu fi ‘aqibihi fil ghâbirîna, wa-ghfir lanâ
wa lahu yâ rabba-l-‘âlamîna, wa-fsah lahu fî qabrihi, wa-
nawwir lahu fîhi.
Les condoléances peuvent être présentées sans aucune
gêne aux non-musulmans, parmi les « gens du Livre ».

6. LA VISITE DES TOMBES ET DES CIMETIÈRES


La visite des cimetières est recommandée pour les
hommes (Muslim 3651 et Ahmad 13000 en particulier), selon un
hadith dans lequel le Prophète (‫ )ﷺ‬dit : « Je vous avais in-
terdit la visite des cimetières auparavant ; visitez-les plutôt,
car ils vous rappellent l’autre vie. »
En effet, la visite des cimetières avait été interdite aux
premiers temps de l’Islam à cause des nombreux rites païens
et coutumiers qui l’accompagnaient. Lorsque l’Islam a pris

Rites_Book_vF.indb 121 06.03.2005 12:07:45


122 Les rites funéraires en Islam

le devant dans la culture des musulmans, alors le Prophète


l’a de nouveau autorisée, voire conseillée.
Pour les femmes, la visite est autorisée de même, dans
les limites du respect du lieu : ne pas procéder aux inter-
dits énumérés plus haut tels que hurler, élever la voix par
des cris, se griffer le visage, se frapper les joues, se frapper
fortement les cuisses, se tirer les cheveux ou les raser, se
découvrir, déchirer ses vêtements, etc., toutes des pratiques
de la jâhiliya – l’ignorance –. Le hadith précise aussi que
cela ne devrait pas être une pratique assidue33.
En arrivant au cimetière, le visiteur dira l’invocation
suivante :
« Que la paix soit sur vous, ô vous les habitants de ces de-
meures, croyants et musulmans. Que Dieu fasse miséricorde à
ceux qui nous ont précédés et ceux qui vont les rejoindre. Et
nous vous rejoindrons, si Dieu le veut. » (Muslim1620 et Nasâ’î
2013, parmi d’autres)

$$  $‫ﻣﻨ‬$ ‫ﻟﻤ ﺆ‬ $


  ‫ﻴﻦ " ﻳﺮ ﺣ ﻢ‬
‫ﷲ‬   ‫ﻟﻤ ﺴﻠﻤ‬  " ‫ﻴﻦ‬  ‫< ﻣ ﻦ‬$ ‫ ﻫ ﻞ ﻟﺪﱢ ﻳﺎ‬5 ‫ ﻋ ﻠ ﻴ ﻜﻢ‬h ‫ﻟﺴ ﻼ‬
‫» ﱠ‬
 ‫ﺣﻘ‬$ ‫ ﻜ ﻢ ﻻ‬$‫ﷲ ﺑ‬
« .‫ﻮ‬  ‫ﺮ‬$ ‫ﺧ‬$ ‫ﻟﻤ ﺴ ﺘ ﺄ‬
  W ‫ ﺷﺎ‬$7 ‫ﻧﱠﺎ‬$7" ‫ﻳﻦ‬ $  ‫ﻣ‬$ ‫ﺪ‬$ ‫ﻟﻤﺴ ﺘﻘ‬
 " ‫ﻴﻦ ﻣ ﱠﻨﺎ‬  
(‫ﺣﻤﺪ‬5" ‫ ﻣﺴﻠﻢ "ﻟﻨﺴﺎﺋﻲ‬e"<)

as-salâmu ‘alaykum ahla d-diyâri min al-mu’minîna wa l-


muslimîn. wa yarhamu l-lâhu l-mustaqdimîna minnâ wa l-
musta’khirîn, wa innâ in shâ’a l-lâhu bikum lâhiqûn.
Ou dans une version plus longue :

33. Ahkâm, point 117, 118. Voir aussi hadith n°1264 dans Bukhârî.

Rites_Book_vF.indb 122 06.03.2005 12:07:45


Les rites funéraires : détails des rites 123

Que la paix soit sur vous, ô gens de ces demeures, croyants


et musulmans ! Que Dieu accorde Sa miséricorde aux prédé-
cesseurs parmi nous ainsi qu’à ceux qui suivront ! Certes, et
conformément à la volonté de Dieu, nous vous rejoindrons.
J’implore Dieu de nous accorder, ainsi qu’à vous, Sa protec-
tion ! Vous êtes nos devanciers [dans l’au-delà], et nous sommes
vos successeurs. Ô Dieu ! Ne nous prive pas de leur récom-
pense et ne nous égare pas après leur départ. » (Nasâ’î 2013,
Ibn Mâja 1536)

‫ " ﻳ ﺮ ﺣ ﻢ‬، ‫ﻤﲔ‬$ ‫ﻠ‬$ ‫ـﻤ ﺴ‬ $ $ ‫ﻣ ﻦ  ﻟ‬$ <$ ‫ ﻫ ﻞ ﻟﺪﱢ ﻳﺎ‬5 ‫ ﻋ ﻠﻴ ﻜﻢ‬h ‫ﻼ‬
 ‫ـﻤ ﺆﻣﻨﲔ " ﻟ‬      ‫ﻟﺴ‬‫» ﱠ‬
‫ ﻜ ﻢ‬$‫ﷲ ﺑ‬   W ‫ ﺷﺎ‬$7 ‫ﻧﱠﺎ‬$7" ،‫ﻳﻦ‬  ‫ﺮ‬$ ‫ﺧ‬$ ‫ـﻤ ﺴ ﺘ ﺄ‬ $ $$
 ‫ـﻤ ﺴ ﺘﻘﺪﻣﲔ ﻣ ﱠﻨﺎ " ﻟ‬  ‫ﷲ  ﻟ‬ 
$ ‫ﷲ ﻟ ﻨﺎ " ﻟ ﻜﻢ  ﻟﻌ‬
‫ "ﻧ ﺤ ﻦ ﻟ ﻜ ﻢ‬،x ‫ ﻧ ﺘ ﻢ ﻟ ﻨﺎ ﻓ ﺮ‬5 ،‫ﺎﻓ ﻴ ﺔ‬  ‫ﺣﻘ‬$ ‫ﻻ‬
   ‫ ﺳ ﺄ‬5 ‫ﻮ‬ 
 
‫ ﻟﻨﺴﺎﺋﻲ‬e"<) « .‫ﺑ ﻌﺪ ﻫ ﻢ‬ ‫ﻀ ﱠﻠ ﻨﺎ‬  " ،‫ ﺟ ﺮ ﻫ ﻢ‬5 ‫ﺮ ﻣ ﻨﺎ‬$ ‫ﻻ  ﲢ‬
$ ‫ﻻﺗ‬  ‫ ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬.‫ﺗ ﺒ ﻊ‬
(‫"ﺑﻦ ﻣﺎﺟﻪ‬

as-salâmu ‘alaykum ahla-d-diyâri min al-mu’minîna wa-l-


muslimîn. wa yarh amu l-lâhu l-mustaqdimîna minnâ wa l-
musta’khirîn, wa innâ in shâ’a l-lâhu bikum lâh iqûn. as’alu
l-lâha lanâ wa lakumu l-‘âfiyata. antum lanâ fart un, wa
nah nu lakum taba‘un. allâhumma lâ tah rimnâ ajrahum, wa
lâ tud illanâ ba‘dahum
Comme le montre Ibn al-Qayyim, lorsque le
Prophète (‫ )ﷺ‬visitait les cimetières, il le faisait afin d’im-
plorer Dieu pour les croyants, enterrés en cet endroit, en
Lui demandant de les envelopper par Sa miséricorde et de
leur pardonner. La visite des cimetières a aussi pour objectif
de méditer en se rappelant la mort et l’au-delà.

Rites_Book_vF.indb 123 06.03.2005 12:07:45


124 Les rites funéraires en Islam

Il faut savoir, en outre, qu’il est absolument interdit


de s’adresser aux morts pour leur demander des faveurs ou
leur intercession ; le Seul à qui nous devons nous adresser
et demander Ses faveurs est Dieu l’Unique.

7. APRÈS LA MORT, DETTES ET ACTIONS

7.1. LES DETTES RITUELLES DU DÉFUNT


Dans le principe, la mort arrête les actions du défunt
comme elle a arrêté la vie. De même si un croyant n’a pu
accomplir à terme ses obligations de hadj et/ou ‘omra, jeû-
ne du mois du ramadan, il ne lui en sera pas tenu rigueur.
Toutefois, ces bonnes actions non accomplies peuvent
être considérées comme des dettes rituelles, dont ses pro-
ches peuvent s’acquitter dans les cas suivants, sans que cela
ne soit considéré comme une obligation :
 Si le défunt n’avait pu accomplir le pèlerinage (ou la
‘omra pour de nombreux savants) pour une raison ou
une autre, l’un de ses proches peut les accomplir en son
nom (après les avoir accomplis pour lui-même d’abord).
(voir hadith rapporté par Tirmidhî n°850)34
 Si le défunt n’avait pu accomplir ou terminer son mois
de jeûne durant lequel il est mort (maladie, menstrues,
couches...) un ou plusieurs de ses proches peuvent
accomplir à sa place les jours manquants, sans pour

34 . Tel est le point de vue, à partir de ce hadith, des imams Shâfi‘î,


Ahmad, Thawrî. Quant à l’imam Mâlik, il précise que l’enfant (ou
le conjoint) peut accomplir le hadj pour le mort si ce dernier a laissé
une demande en ce sens.

Rites_Book_vF.indb 124 06.03.2005 12:07:46


Les rites funéraires : détails des rites 125

cela que ce soit une obligation ((hadith rapporté par


Bukhârî 1816 et le commentaire de Ibn Hajar al-‘Asqa-
lânî sur ce hadith, ainsi que Muslim 1935. Aussi Ahkâm
point 117).
 Quant à la prière manquante, le Prophète n’a pas laissé
de recommandations spécifiques à ce sujet. Il n’y a donc
rien à faire dans ce cas.
 Si le défunt avait voulu, avant sa mort, procéder à une
aumône générale ou particulière, ses proches peuvent
honorer sa promesse. (Hadith rapporté par Bukhârî
2554 et Muslim 1672)
7.2. LES ACTIONS QUI PEUVENT PROFITER AU MORT
Comme on le sait, trois choses accompagnent le mort
jusqu’à sa tombe : ses proches, ses biens et ses actions. Une
fois mis en terre, les proches et les biens reviennent sur
leurs pas, alors que les actions accompagnent le mort dans
son dernier voyage. C’est avec elles qu’il va à la rencon-
tre d’abord des anges envoyés de Dieu, puis de Dieu Lui-
même. En effet, le Prophète (‫ )ﷺ‬dit :
« Trois choses accompagnent le mort, deux s’en retournent
[après l’enterrement], une seule reste avec lui. Ceux qui l’ac-
compagnent sont sa famille, sa fortune et ses œuvres. Sa famille
et sa fortune font retour. Ses œuvres restent avec lui. » (Bukhârî
6033 et Muslim 5260)

La mort mettrait-elle donc un terme aux actions de


l’homme, bonnes ou mauvaises ?
Le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬, par la grâce de Dieu,
ouvre d’autres portes de bien. Il dit en effet :

Rites_Book_vF.indb 125 06.03.2005 12:07:46


126 Les rites funéraires en Islam

« Lorsque le fils d’Adam meurt, ses actions s’arrêtent sauf


dans trois cas : une aumône qui profite encore, une science
utile, ou un enfant pieux qui lui fait des invocations. » (Mus-
lim 3084 et Abû Dâwûd 2494)

C’est ainsi que l’on comprend le verset suivant :


﴾ Et ceux qui sont venus après eux disent : “Seigneur, par-
donne-nous ainsi qu’à ceux qui nous ont précédés dans la foi,
et ne mets dans nos cœurs aucune rancœur pour ceux qui ont
cru. Seigneur, Tu es Compatissant et très Miséricordieux.” ﴿
Coran (59/10)

$ ‫ﺎﻹﻳﻤ‬
‫ﺎ "ﻻ ﺗ ﺠ ﻌ ﻞ‬  $‫ﻳﻦ ﺳ ﺒﻘ ﻮﻧﺎ ﺑ‬  ‫ﺬ‬$ ‫ ﻨﺎ  ﱠﻟ‬$‫ﻹ ﺧ ﻮﻧ‬$ " ‫ﻔ ﺮ ﻟ ﻨﺎ‬$ ‫﴿ < ﱠﺑ ﻨﺎ ﻏ‬
﴾ ‫ﻴﻢ‬ $  ­< ‫ﻧ ﱠﻚ‬7 ‫ ﻣ ﻨﻮ < ﱠﺑ ﻨﺎ‬W ‫ﻳﻦ‬  ‫ﺬ‬$ ‫ ﱠﻠ‬$‫ﻼ ﻟ‬
ª ‫ﻏ‬$ ‫ ﻨﺎ‬$‫ﻓﻲ ﻗ ﻠﻮﺑ‬
 ‫ <ﺣ‬z"
(10 ‫ ﻟﺤﺸﺮ‬-<‫)ﺳﻮ‬
Dans un autre hadith, le Prophète (‫ )ﷺ‬élargit d’avan-
tage cette ouverture au travers des actes de dévotion qui
profitent encore au défunt après sa mort (appelés sadaqa
jâriya, c’est-à-dire des aumônes continues) :
« Parmi ce qui parvient encore au croyant de bonnes actions
après sa mort, il y a : une science qu’il a transmise et diffusée,
un enfant pieux qu’il a laissé derrière lui, une copie du Coran
qu’il a laissée en héritage, une mosquée qu’il a construite, une
demeure qu’il a édifiée pour ceux qui sont dans le besoin en
cours de voyage, une source [d’eau] qu’il a donnée [ou forée],
ou une aumône qu’il a donnée de ses biens alors qu’il était
encore en bonne santé et en vie. [Le bénéfice de ces] actions lui
parvient après sa mort. » (Ibn Mâja 237)

Rites_Book_vF.indb 126 06.03.2005 12:07:46


Les rites funéraires : détails des rites 127

Une autre forme d’actions courantes existe aussi, mais


à double tranchant, lorsque le Prophète (‫ )ﷺ‬dit :
« Celui qui institue en Islam une bonne pratique 35 (sunna
hasana) reçoit la récompense de son action ainsi que celles de
tous ceux qui auront emprunté 36 cette pratique jusqu’au Jour
Dernier, sans que leurs récompenses ne soient en rien dimi-
nuées. Et celui qui institue en Islam une pratique mauvaise
(sunna sayyi’a) reçoit la sanction de son action ainsi que celles
de tous ceux qui auront emprunté cette pratique jusqu’au Jour
Dernier, sans que leurs sanctions ne soient en rien diminuées. »
(Ahmad 18406, Ibn Mâja 203, Tirmidhî 2599)

En conséquence, le défunt, malgré la fin de sa vie et de


ses œuvres, peut encore recevoir des rétributions.
Parmi les actions méritoires qui peuvent parvenir au
défunt dans sa tombe, en plus de ce que nous avons men-
tionné, nous pouvons citer ce qui suit :
 Des supplications à Dieu en Lui demandant Son par-
don pour le mort, le verset (Coran 59/10) cité plus haut
l’indique clairement.
 Faire des dons d’aumône en prenant l’intention que cet
acte soit dédié à un tel (mort). Il faut veiller à ne pas
faire cela lors de l’enterrement, ni dans les cimetières.
 Faire le pèlerinage hadj et/ou la ‘omra pour le défunt
qui n’a pas pu les accomplir, ou même s’il les a déjà ac-
complis auparavant.

35. Une nouveauté pour la vie des hommes.


36. Qui ont utilisé cette nouveauté.

Rites_Book_vF.indb 127 06.03.2005 12:07:46


128 Les rites funéraires en Islam

 Lire le Coran et demander à Dieu d’attribuer Sa rétribu-


tion au défunt. L’imam Ahmad Ibn Hanbal dit : « Toutes
les actions de piété arrivent au mort si elles lui sont desti-
nées 37. » Ceci n’est valable que si le lecteur du Coran
n’est pas payé pour sa lecture.
Bien entendu, l’intention d’offrir ces actes pieux doit
être faite avant l’acte ou de manière concomitante, et non
après.
Ainsi, les bonnes actions, de manière générale, sont de
deux sortes : celles dont l’utilité est restreinte à celui qui les
accomplit (prière salât, jeûne, lecture du Coran), et celles
dont l’utilité profite plutôt aux autres (aumône...).
Le savant Ibn al-Qayyim précise que les meilleurs ac-
tes de dévotion à offrir à un défunt, comme à soi-même
et qui sont les plus méritoires, sont ceux qui profitent à
la communauté : libérer des esclaves est le meilleur acte
pieux, puis l’aumône est encore meilleure que le jeûne. Il
ajoute encore que le meilleur acte pieux à offrir est celui qui
correspond au besoin de qui en profite ici-bas, et qui per-
dure dans le temps, à l’exemple du forage d’un puits dans
une région qui a un besoin d’eau, de la construction d’une
école, d’une mosquée ou d’un dispensaire (par exemple),
ou d’une simple contribution à ces bonnes œuvres par ce
que l’on donne : argent, science, expertise, aide, etc.
Le minimum à offrir est de demander à Dieu de par-
donner au défunt et de le faire entrer dans Son immense
miséricorde.

37. Ibn Qudâma, Al-Mughnî, in Fiqh p. 569.

Rites_Book_vF.indb 128 06.03.2005 12:07:47


Les rites funéraires : détails des rites 129

7.3. LES DETTES MATÉRIELLES DU DÉFUNT


Comme souligné plus haut, il est important que la fa-
mille du défunt puisse connaître les créances sur le défunt
et les dépôts laissés en sa confiance, afin qu’elle puisse les
rendre à leurs ayants droit.
Avant de procéder à toute succession, les créances de-
vront absolument être restituées.
C’est la raison pour laquelle, il est nécessaire que
tout(e) croyant(e) inscrive sur papier, ou oralement auprès
de ses proches, toute information contenant des détails sur
des créances ou des dépôts laissés en sa compagnie. Car il
est important et fondamental que le (la) croyant(e) puisse
rencontrer Dieu sans rien devoir aux êtres humains.

8. CE QU’IL FAUT ABSOLUMENT ÉVITER DE FAIRE


Nous rappelons ici quelques-unes des traditions contrai-
res à l’Islam lors des deuils, et que le croyant devra éviter :
 Maquiller le mort, homme ou femme, est contraire aux
prescriptions islamiques.
 Préparer des plats spécifiques pour le deuil, ou en délais-
ser spécifiquement.
 Construire sur la tombe des mausolées, mosquées ou
autres.
 Faire sortir de la maison du défunt celui qui est en état
d’impureté majeure (janâba) ou la femme en période de
menstrues ou de couches.

Rites_Book_vF.indb 129 06.03.2005 12:07:50


130 Les rites funéraires en Islam

 Le fait que la famille délaisse la nourriture jusqu’à la fin


de l’enterrement ou après trois jours.
 Laisser une bougie ou des cierges allumés auprès du dé-
funt la nuit de son décès ou les nuits suivantes jusqu’au
matin.
 Couvrir les miroirs et les lustres.
 Suivre le défunt avec un brûle-parfum.
 Mettre un coussin sous la tête du défunt dans la tombe.
 Célébrer ou inviter à manger le quarantième jour, ou
lire spécifiquement le Coran en ce jour, ou toute autre
journée spécifique (par exemple une semaine, une an-
née, etc.)
 Spécifier un jour précis (ou une période précise) pour
la visite du tombeau du défunt, tel le troisième jour, le
septième, le quarantième, etc.

9. ÉLÉMENTS SPÉCIFIQUES EN TERRE NON


MUSULMANE

Des questions spécifiques se posent quant aux rites fu-


néraires islamiques lorsque l’on se trouve dans des pays non
musulmans.
Ces questions ont trait aux éléments suivants :
 L’utilisation obligatoire de cercueils.
 Le problème de l’orientation vers La Mecque.
 L’enterrement au milieu de tombes non musulmanes,
(notamment) chrétiennes.
 L’utilisation de la même tombe pour plusieurs morts.

Rites_Book_vF.indb 130 06.03.2005 12:07:51


Les rites funéraires : détails des rites 131

 Parfois, au bout de 25 ans, les tombes sont complè-


tement retournées.
 Lorsque la personne décède de maladies fortement con-
tagieuses, le corps est mis parfois dans un sac plastique,
sans qu’il soit possible de l’ouvrir. Il y a donc impossi-
bilité de laver le mort. Il arrive aussi que le corps soit
incinéré.
 Exhumer le corps d’un musulman à des fins d’enquête,
par exemple.

9.1. L’UTILISATION DE CERCUEILS


Dans certains pays, l’utilisation de cercueils est obli-
gatoire. Il faut aussi savoir que dans certaines villes et ré-
gions, l’utilisation de cercueils ne procède pas d’une obliga-
tion juridique, mais plutôt d’un aspect pratique largement
observé dans ces villes et régions.
Il faut savoir que cette utilisation ne pose aucun pro-
blème particulier pour les morts musulmans, hommes ou
femmes (cf. § 4.2.2 plus haut). Les savants posent comme
conditions le fait de n’utiliser que du bois commun (qui ne
soit pas onéreux) et qu’il ne porte aucune inscription ou or-
nement particulier. On peut donc sans aucune gêne utiliser
des cercueils en cas de besoin ou de nécessités.

9.2. L’ORIENTATION VERS LA MECQUE


Il est très difficile dans certains pays ou régions qui
ne disposent pas de cimetières ou de carrés musulmans
dans des cimetières communs d’orienter le mort vers La
Mecque.

Rites_Book_vF.indb 131 06.03.2005 12:07:51


132 Les rites funéraires en Islam

On a vu plus haut que l’orientation vers La Mecque


de la dépouille est une obligation prophétique. Nous avons
souligné plus haut (§ 4.2.4) les trois méthodes possibles
pour procéder à cette orientation.
On essayera de s’y conformer dans la mesure du possi-
ble, et notamment en élargissant la tombe de façon à pou-
voir orienter le mort vers La Mecque autant que faire se
peut, même s’il y a nécessité de disposer le corps dans la
diagonale de la tombe.

9.3. L’ENTERREMENT AU MILIEU DE TOMBES NON MUSUL-


MANES

De même, dans certains pays ou régions qui ne dispo-


sent pas de cimetières musulmans ou de carrés musulmans,
les musulmans ne savent que faire de leurs morts. Doivent-
ils les rapatrier, et à quel prix ? Ou les enterrer au milieu de
tombes non musulmanes ?
Dans le principe, il est interdit d’enterrer un mort mu-
sulman dans un cimetière non musulman, ou au milieu
de tombes non musulmanes38. C’est dans ce cadre qu’il est
fait obligation aux croyants d’essayer par tous les moyens
légaux de faire aboutir leurs revendications de cimetières
musulmans ou, à tout le moins, de carrés musulmans dans
des cimetières publics, comme cela existe dans tous les pays
musulmans.
Cependant, et dans l’attente, il est permis, au vu du
principe de la priorité des nécessités vitales (darûrât) sur les

38. Cheikh Jâd Al-Haq, Égypte, fatwa n° 07.05.2003, www.islam-on-


line.

Rites_Book_vF.indb 132 06.03.2005 12:07:51


Les rites funéraires : détails des rites 133

interdits (al-mahzûrât), d’enterrer les musulmans au milieu


de tombes non musulmanes.

9.4. IMPOSSIBILITÉ DE LAVER LE CORPS POUR CAUSE DE


MALADIE SPÉCIFIQUE

Un autre problème se pose lorsque le défunt musul-


man a été atteint d’une maladie contagieuse et/ou grave,
et que les autorités médicales et/ou publiques interdisent
tout contact physique avec le corps du mort. Il y a donc
impossibilité de laver le corps.
Nous rappelons tout d’abord l’obligation générale de
laver le corps du mort avant de faire la prière sur lui et de
l’enterrer.
Dans ces cas particuliers et exceptionnels seulement, la
règle à appliquer est celle qui préconnise que les nécessités
vitales (darûrât) suspendent les interdits (al mahzûrât). En
foi de quoi, on ne procèdera pas au lavage du mort, mais
l’obligation de faire la prière demeure39.
Durant l’épidémie du SRAS en Chine et à Hong-Kong,
on a brûlé les corps des morts afin de prévenir toute propa-
gation de l’épidémie. Dans ce cas extrême, la même fatwa
dit que si on peut éviter l’incinération, on le fera ; autrement,
on laissera faire.
Les obligations de lavage et d’enterrement du corps du
défunt ne sont donc pas possibles dans ce cas. Cependant, on
doit accomplir la prière du mort.

39. Un groupe de savants, fatwa n° 23.04.2004, www.islam-on-line,


parmi eux Abdal Khâlaq Charîf.

Rites_Book_vF.indb 133 06.03.2005 12:07:51


134 Les rites funéraires en Islam

Il faut savoir que ces cas sont absolument exceptionnels,


et on ne saurait les prendre comme références ni les utiliser
pour des cas différents.
9.5. EXHUMER OU DÉPLACER LES DÉPOUILLES
S’il s’est passé un temps suffisamment long après la
mise en terre d’un corps, on ne doit pas, en principe, exhu-
mer ou déplacer des dépouilles. De même qu’il est interdit
de retourner et défricher la terre qui contient des corps jus-
qu’à ce qu’il ne reste plus d’os visibles.
Cependant, les savants envisagent des cas extrêmes,
qui permettent de lever cette interdiction :
 Cas de nécessités impérieuses (darûrât) telles que néces-
sité d’expertises médicales, par exemple.
 Cas d’utilité publique véritable (maslaha mu‘tabara)
tels que décrits par Cheikh Qaradâwî :
o Si le mort subit ou est susceptible de subir un dom-
mage, tel qu’un risque d’éboulement ou de glissement
de terrain sous lequel reposent des morts, et qui pour-
rait emporter les dépouilles, ou que le terrain soit de-
venu la destination d’immondices, par exemple.
o S’il y a des droits humains en rapport avec la tombe,
tel que le fait que la tombe se situe dans un terrain
usurpé à ses ayants droit, ou qu’il y ait des biens de
valeur dans la tombe.
o S’il y a un intérêt public relatif à l’utilisation du ter-
rain, tel que la nécessité de construire une mosquée
dans l’endroit.

Rites_Book_vF.indb 134 06.03.2005 12:07:51


Les rites funéraires : détails des rites 135

Les savants40 permettent dans ces cas d’ouvrir les tom-


bes, de déplacer les corps des défunts, d’exhumer les corps,
même si cela se passe des années après la mise en terre.
Les savants insistent cependant sur l’interdiction pro-
phétique concernant le fait de briser les os des morts. En ef-
fet, le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬, dans un hadith authen-
tique l’interdit formellement, en disant :
« Briser les os d’un croyant mort est comparable au fait de les
lui briser alors qu’il était vivant. » (Abû Dâwud 2792, Ibn Mâja
1606 et Ahmad 23545)

Si une personne a été enterrée sans que le rituel funé-


raire n’ait été accompli, on ne doit pas déterrer le corps. Il
suffit alors de faire la prière pour le mort, sur sa tombe.

9.6. PLUSIEURS PERSONNES DANS LA MÊME TOMBE


Sur la question d’enterrer plusieurs personnes dans la
même tombe, en même temps ou bien après le premier
mort, les savants41 rappellent la position de principe qui est
la suivante : il est blâmable (makrûh) d’enterrer plus d’une
personne sans raison valable.
Parmi les raisons valables qui lèvent cette interdiction,
on peut citer notamment :
 s’il y a impossibilité individualiser les tombes pour cause
d’exiguïté du cimetière ;

40. Ibn Qudâma, Chawkânî, Ibn Taymiyya, Ibn Hajar Al-‘Asqalânî


dans fatwa n° 01.10.2002, www.islam-on-line.
41. Jâd Al Haq, Égypte, fatwa n° 04.04.2001, www.islam-on-line.

Rites_Book_vF.indb 135 06.03.2005 12:07:52


136 Les rites funéraires en Islam

 s’il y a une pénibilité extrême, comme par exemple lors


d’un conflit42, d’une catastrophe naturelle avec un grand
nombre de morts, d’une terre très dure à creuser.
Dans tous ces cas, il est permis d’enterrer plusieurs
personnes dans une même tombe, même si les moments
d’enterrement sont très éloignés.
On peut enterrer les femmes avec les hommes, ou des
femmes entre elles, ou des hommes entre eux.
Si les moments d’enterrement sont très éloignés,
il faut faire attention à ne pas briser les os des morts les
plus anciens.

9.7. INCINÉRATION-CRÉMATION
L’incinération de la dépouille du croyant est proscrite
en Islam. Il faut absolument qu’elle soit mise en terre.
Aucun savant, à quelque moment que ce soit, ne l’a
permise pour quelque motif que ce soit, hormis les cas ex-
trêmes soulignés plus haut en § 9.4.
Ces cas sont exceptionnels. Ils ne sauraient valoir de
références pour des cas moindres. Et cela, même si le corps
n’est pas entier.

9.8. ASSISTER À L’ENTERREMENT DE NON-MUSULMANS


Il est permis43 au musulman d’assister à l’enterrement
d’un non-musulman, si celui-ci est un proche, un des père

42. Comme l’a pratiqué le prophète Muhammad (‫ )ﷺ‬après la bataille


de Uhud.

Rites_Book_vF.indb 136 06.03.2005 12:07:52


Les rites funéraires : détails des rites 137

et mère ou un frère. Mais il ne lui est pas permis de partici-


per aux rites religieux spécifiques à leur religion.
D’après un hadith authentique, Ali Ibn Abî Tâlib a
dit : « J’ai dit au Prophète (‫ )ﷺ‬: “Ton vieil oncle non musul-
man (dâl) (c’est-à-dire son propre père, Abû Talib) vient de
mourir. Qui va l’enterrer ” ? »
Le Prophète (‫ )ﷺ‬lui dit : «Va enterrer ton père. »
Ali lui répondit : « Je ne l’enterrerai pas puisqu’il est mort
idolâtre. »
Le Prophète lui répéta l’ordre : « Va l’enterrer. Et puis ne
fais rien d’autre avant de revenir auprès de moi. »
Ali dit : « Je suis allé l’enterrer. Ensuite, je suis retourné
auprès de lui (‫ )ﷺ‬avec des traces de sable sur moi. Il me de-
manda d’aller me laver et a fait pour moi des prières qui me
sont plus précieuses que tout ce qu’il y a sur la terre. » (Nasâ’î
1979, Abû Dâwûd 2799)

Zakariyya al-Ansârî dit à propos de ce hadith : « Il est


permis au musulman de participer à l’enterrement d’un infi-
dèle, compte tenu de ce qui a été rapporté. »

9.9. ENTERREMENT DE PARENTS NON MUSULMANS


Toujours à propos du hadith de Ali Ibn Abî Tâlib, cité
précédemment, Cheikh Al-Albâni dans son commentaire
du hadith, dit : « Il est institué que le musulman s’occupe de

43. Cheikh Muhammad Sâlih Al-Munajjid (www.islam-qa.com).


Question n° 2278 du 2000-11-09. On peut le tirer aussi de Ahkâm
point 88.

Rites_Book_vF.indb 137 06.03.2005 12:07:52


138 Les rites funéraires en Islam

l’enterrement de son proche idolâtre, car cela ne l’empêche pas


de détester l’idolâtrie. »
Il ajoute : « Il me semble que l’enterrement du père ou
de la mère idolâtre est la dernière façon de faire preuve de la
bonne compagnie à leur égard. »44

9.10. PRÉSENTER SES CONDOLÉANCES À UN NON-MU-


SULMAN

Il est permis45 en cas de décès de leur présenter des


condoléances comme il est permis de se rendre au chevet de
leurs malades et de les consoler en cas de malheur.
D’après Anas, le Prophète (‫ )ﷺ‬se rendit (une fois) au
chevet de son domestique juif malade, s’assit près de sa tête
et lui dit : « Convertis-toi. » Le malade regarda son père qui
se tenait à ses côtés, et ce dernier lui dit : « Obéis à Abû-
l-Qâsim ! ». Le Prophète (‫ )ﷺ‬quitta les lieux en disant :
« Louange à Dieu qui le sauva de l’Enfer ! » (cité par Bûkharî
1268).
o-o-o

44. Cheikh Muhammad Sâlih Al-Munajjid (www.islam-qa.com).


Question n° 10679 du 2003-02-14, tiré du commentaire de Cheikh
Al-Albânî concernant ce hadith dans son livre As-Salsila as-sahîha,
n° 161.
45. Cheikh Dr. Abd al-Wahhab at-Tarîrî, (www.islam-qa.com), Ques-
tion 14229 – du 2003-03-10.

Rites_Book_vF.indb 138 06.03.2005 12:07:52


Les rites funéraires : détails des rites 139

Ainsi se termine ce chapitre qui a détaillé les rites funé-


raires dans leurs différents aspects.
Dans le chapitre suivant, nous reprenons ces aspects,
mais dans une forme pratique, dépouillée des citations et
des commentaires, dans l’intention que celui qui veut di-
rectement appliquer les rites ne soit pas perdu dans les dé-
tails mis en exergue dans ce chapitre.

Rites_Book_vF.indb 139 06.03.2005 12:07:52


140 Les rites funéraires en Islam

Rappel sur les notes du chapitre deuxième

Rappel des symboles des notes utilisées :


● Fiqh renvoie à Sayyid Sâbiq, Fiqh as-sunna.
● Ahkâm renvoie à Nasr-ad-Dîn Al-Albânî, Ah kâm al-janâ’iz
● Madhâhib renvoie à Abdarrahmane Al-Jazîrî, al-fiqh ‘alâ l-
madhâhib al-arba‘a, tome 1, chapître Rites funéraires.

Concernant les livres des hadiths :


Les compilations des hadiths authentiques du prophète
Muhammad (‫ )ﷺ‬sont classées et désignées par les concepts
suivants :
● Les deux, appelées aussi mutaffaqun ‘alayhi, ou ash-shaykhân,
c’est-à-dire les hadiths rapportés par Bukhârî et Muslim.
● Les quatre sunans, c’est-à-dire les traditions rapportées par Abû
Dâwûd, Ibn Mâja, Tirmidhî et Nasâ’î.
● Les six : Bukhârî, Muslim et les quatre sunans.
● Al-jamâ‘a : ce sont les six auxquels on adjoint Ahmad Ibn Hanbal
(appelé plus communément Ahmad) ainsi que l’imam Mâlik.

Rites_Book_vF.indb 140 06.03.2005 12:07:53


CHAPITRE 3

Les rites funéraires en


pratique

﴾ +'‫ﻨﻮ‬I ‫ﻣ‬2 ‫ﺆ‬- ‫ﻟﻤ‬ I o‫ﺮ‬+ ‫ﻴ‬+ ‫ﺴ‬+ ‫ﻓ‬+ ‫ﻠﻮ‬I ‫ﻤ‬+ ‫ﻋ‬- 2  ‫ﻞ‬- ‫ﻗ‬I )+ ﴿
I )+ ‫ﻪ‬I ‫ﻟ‬I ‫ﺳﻮ‬I + )+ ‫ﻢ‬- ‫ﻜ‬I ‫ﻠ‬+ ‫ﻤ‬+ ‫ﻋ‬+ ‫ﷲ‬

﴾ Et dis : “Œuvrez, Dieu appréciera votre œuvre, ainsi que Son


messager et les croyants”. ﴿ Coran (9/105)

Rites_Book_vF.indb 141 06.03.2005 12:07:53


Rites_Book_vF.indb 142 06.03.2005 12:07:53
Dans ce chapitre, nous ne ferons que souligner les as-
pects pratiques des rites funéraires, en indiquant entre pa-
renthèse l’aspect obligatoire (obligation, fard - wâjib) ou
recommandable (sunna). S’il n’y a aucune indication, cela
relèvera alors du domaine du permis (licite - halâl). Nous
ne traiterons pas des cas particuliers dans cette partie. En
cas de besoin, revenir au chapitre deuxième.
Le chapitre est structuré ainsi :
1. les gestes et paroles devant le mourant ;
2. le lavage mortuaire ;
3. la mise en linceul ;
4. la prière mortuaire ;
5. suivre le convoi funèbre ;
6. l’enterrement ;
7. présenter les condoléances.
Toutes les références utilisées dans ce chapitre, et prin-
cipalement les narrateurs des hadiths, sont celles des deux
chapitres précédents, nous ne les répéterons pas ici.

Rites_Book_vF.indb 143 06.03.2005 12:07:53


144 Les rites funéraires en Islam

1. AUPRÈS DU MOURANT
1.1. LE MOURANT
Assister le mourant vise deux objectifs principaux :
● Le premier est que la dernière parole du mourant soit
l’attestation de foi musulmane, dans la mesure du
possible.
● Le second objectif, tant que le mourant est conscient, est
qu’il puisse vivre la mort avec sérénité, apaisement et foi.
▼ Si le mourant est encore conscient :
Rites par la pratique

► et qu’il peut dire l’invocation suivante, qu’il la récite


(sunna) :
« Seigneur, pardonne-moi, fais-moi miséricorde et fais-moi
parvenir au rafîq al-a‘lâ »

$ ‫ﻓ‬$ ‫ﺎﻟﺮ‬
  ‫ﻴﻖ‬
*  ‫ﻷ ﻋ‬ $ $  $   <" ’
‫ ﱠ‬$‫ ﺑ‬$‫ ﳊﻘﻨﻲ‬5" ‫ﻨﻲ‬d
$
 $ ‫* ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ ﻔ ﺮ‬
Allâhumma ighfir lî wa-rh amnî wa alh iqnî bi-r-rafîqi-l-a‘lâ
Ou bien : « Seigneur, ar-rafîq al-a‘lâ. »
  ‫ﻓﻴﻖ‬$ ‫" * ﻟ ﱠﻠ ﻬﻢ ﻟﺮ‬5
*  ‫ﻷ ﻋ‬ ‫ﱠ ﱠ‬
Allâhumma ar-rafîq al-a‘lâ
► qu’il évoque l’immensité de la miséricorde de Dieu (ra-
h matu l-lâh) (sunna) ;
► qu’il ait une bonne attente (h usna ath-thanni bi-llâhi)
de Dieu, au sens qu’il attend de Lui le pardon, la géné-
rosité, la miséricorde, la bonté plutôt que le châtiment
ou le désespoir (sunna) ;

Rites_Book_vF.indb 144 06.03.2005 12:07:53


Les rites funéraires en pratique 145

► qu’il répète l’attestation de foi autant de fois qu’il le


peut jusqu’à être sa dernière parole (sunna) :
« J’atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu et que Muhammad est
Son Envoyé. »

* (‫ )ﷺ‬$‫ﻮ ﷲ‬  ‫ﷲ‬


 ‫ < ﺳ‬J ‫ ﱠﻤﺪ‬  ‫ﱠ‬5" ‫ ﱠ‬$‫ـ ﻪ إ‬. ‫ ﻟ‬$7 ‫ ﱠﻻ‬5 ‫ﺷ ﻬ ﺪ‬5 *
 ‫ﻻ‬
Ash-hadu an-lâ ilâha illa l-lahu, wa anna muhammadan
rasûlu l-lâhi.

► Si le mourant est capable de dire l’attestation de foi,


qu’il la dise, sans rien dire après cela, si ce n’est la répéter.

Rites par la pratique


Il peut aussi se suffire de la première attestation.
« Il n’y a de dieu que  ‫ﻻ‬
*‫ﷲ‬ ‫ ﱠ‬$7 ‫ـ ﻪ‬. ‫ ﻟ‬$7 ‫* ﻻ‬
Dieu »
lâ ilâha illa l-lâh.

▼ S’il éprouve des difficultés :


► qu’il essaye de dire l’invocation suivante, ou qu’un des
présents la lui dicte, ou la lui murmure afin qu’il se rap-
pelle :
« Seigneur, aide-moi à traverser les affres de la mort, ainsi que
ses souffrances. »

$ ‫  ﻟـﻤﻮ‬g
*g $ ‫ﻋ ﱢﻨﻲ ﻋ  ﻏﻤﺮ‬$ 5 ‫*ﻟ ﱠﻠ ﻬﻢ‬
$ ‫  ﻟـﻤﻮ‬g
$ ‫ "ﺳ ﻜﺮ‬g
        ‫ﱠ‬
Allâhumma a‘innî ‘alâ ghamarâti l-mawti wa sakarâti l-
mawt.

Rites_Book_vF.indb 145 06.03.2005 12:07:53


146 Les rites funéraires en Islam

▼ Si les difficultés sont trop grandes :


► qu’il répète l’attestation de foi autant de fois qu’il le
peut jusqu’à être sa dernière parole (sunna) :
« J’atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu et que Muhammad est
Son Envoyé. »

* (‫ )ﷺ‬$‫ﻮ ﷲ‬  ‫ﷲ‬


 ‫ < ﺳ‬J ‫ ﱠﻤﺪ‬  ‫ﱠ‬5" ‫ ﱠ‬$‫ـ ﻪ إ‬. ‫ ﻟ‬$7 ‫ ﱠﻻ‬5 ‫ﺷ ﻬ ﺪ‬5 *
 ‫ﻻ‬
Ash-hadu an-lâ ilâha illa l-lahu, wa anna muhammadan
rasûlu l-lâhi.
► Sinon, il peut se suffire de la première attestation,
Rites par la pratique

« Il n’y a de dieu que Dieu »  ‫ﻻ‬


*‫ﷲ‬ ‫ ﱠ‬$7 ‫ـ ﻪ‬. ‫ ﻟ‬$7 ‫* ﻻ‬
lâ ilâha illa l-lah

1.2. LES PERSONNES PRÉSENTES


▼ Si le mourant n’est pas capable de dire l’attes-
tation de foi, ou oublie de le faire :
► l’encourager à la dire, l’y aider très doucement
(sunna).
► S’il ne parvient pas à la dire, ceux qui sont près de lui la
diront à voix basse, suffisamment entendue de la part du
mourant afin qu’il puisse s’en souvenir et la prononcer,
même en son for intérieur.
► S’il la prononce, alors ne pas la lui faire répéter, sauf s’il
parle d’autre chose.
Attention : ne pas être brutal dans ses gestes et paro-
les afin de ne pas provoquer de rejet de la part du mourant,
ce qui serait très dommageable pour lui.

Rites_Book_vF.indb 146 06.03.2005 12:07:54


Les rites funéraires en pratique 147

► Diriger, dans la mesure du possible, le mourant en direction


de La Mecque, c’est-à-dire étant couché sur son côté droit,
ses yeux regardent vers La Mecque (sunna).
Veiller aux éléments suivants :
► La lecture du Coran est possible ainsi que les diffé-
rentes invocations (du‘â’) et évocations de Dieu (dhikr)
pour le mourant et les présents.
► Éviter absolument les cris, les gémissements et les la-
mentations.
► S’abstenir absolument de parler des affaires de ce mon-

Rites par la pratique


de, de se disputer dans ces moments, d’élever la voix.
► Tout au contraire, il faut plutôt un climat d’apaisement
pour ne pas distraire l’agonisant, afin qu’il prononce
l’attestation de foi et adresser ses supplications à Dieu.

1.3. APRÈS LE DERNIER SOUFFLE DE VIE


Et lorsque le dernier souffle de vie aura quitté le
corps :
▼ Procéder à ce qui suit :
► Réciter (sunna) le verset suivant (istirjâ‘ ) et le dire
aux autres (Coran 2/156) :
« C’est à Dieu que nous appartenons et c’est à Lui que nous
retournons. »

$ < ‫ﻪ‬$ ‫ ﻟﻴ‬7 ‫ﻧﱠﺎ‬7 " $‫ﷲ‬$ ‫ﻧﱠﺎ‬7 *


 ‫ﺟ ﻌ‬
* ‫ﻮ‬ 
Innâ lillâhi wa innâ ilayhi râji‘ûn

Rites_Book_vF.indb 147 06.03.2005 12:07:54


148 Les rites funéraires en Islam

► Fermer les yeux du mort en disant l’invocation suivante


(sunna) :
« Seigneur, pardonne-lui (le nom du défunt), élève son rang
parmi les personnes guidées, et remplace-le auprès des membres
de sa famille encore en vie. Pardonne-nous ainsi qu’à lui. Élar-
gis sa tombe et illumine-la. »

‫ﻪ‬$ $‫ﻘﺒ‬$ ‫ ﻋ‬H  " ‫ﺪ ﱢﻳﲔ‬$ ‫ ﳌ ﻬ‬H


$ ‫ﺧ ﻠ ﻔ ﻪ‬ $ ‫ < ﺟ ﺘ ﻪ‬D ‫ﻔ ﺮ ﻟ ﻪ " < ﻓ ﻊ‬$ ‫* ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ‬
e$ ›
$  ‫ ﻗ‬H ‫ـﻤﲔ "ﻓ ﺴ ﺢ ﻟ ﻪ‬ $ ‫ﻟﻌﺎ ﻟ‬
 ‹‫ﺎ< ﱠ‬
$  ‫ﺮ‬$ $‫ ﻟﻐ ﺎﺑ‬H
 ‫ﻳﻦ "ﻏ ﻔ ﺮ ﻟ ﻨﺎ " ﻟ ﻪ ﻳ‬
* ‫ﻴﻪ‬$ ‫ﻓ‬$ ‫"ﻧﻮ< ﻟ ﻪ‬
‫ﱢ‬
Rites par la pratique

Allâhumma ghfir lahu (prononcer le nom de la personne


morte), wa-rfa‘ darajatahu fil mahdiyyîna wa-khlufhu fi
‘aqibihi fil ghâbirîna, wa-ghfir lanâ wa lahu yâ rabba l-
‘âlamîna, wa-fsah lahu fî qabrihi, wa nawwir lahu fîh.
► Couvrir le mort afin de ne pas exposer et étaler la trans-
formation du corps (sunna).
► Les proches parents peuvent dire (sunna) :
« Nous appartenons à Dieu, et c’est à Lui que nous retournons.
Seigneur, rétribue-moi dans mon épreuve, et remplace-la par
meilleure qu’elle. »

 " ‫ﻲ‬$‫ﺼﻴ ﺒﺘ‬$ ‫ ﻣ‬H $ ‫ ﺟ ﺮ‬5 ‫ ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬، ‫ﻮ‬


 ‫ﺧ ﻠ‬
’$ ‫ﻒ‬ $ < ‫ﻪ‬$ ‫ ﻟﻴ‬7 ‫ﻧﱠﺎ‬7" $‫ﷲ‬$ ‫ﻧﱠﺎ‬7 *
 ‫ﺟ ﻌ‬ 
$
* ‫Œ ﻣ ﻨ ﻬﺎ‬ J  ‫ﺧ‬
innâ lillâhi wa innâ ilayhi râji‘ûn. Allâhumma ’ajurnî fi
musîbatî wa akhlif lî khayran minhâ

Rites_Book_vF.indb 148 06.03.2005 12:07:54


Les rites funéraires en pratique 149

► Il est permis d’embrasser le mort entre les yeux.


► Veiller à informer les parents, proches et amis du dé-
funt ainsi que les personnes pieuses.

▼Ce qu’il faut éviter absolument (pratiques de la


jâhiliyya) :
► que les pleurs et la tristesse soient accompagnés par des
hurlements ;
► d’autres pratiques répréhensibles : se griffer le visage,
frapper fortement ses cuisses, se tirer les cheveux, se dé-

Rites par la pratique


couvrir, etc. ;
► déchirer ses vêtements ;
► proférer des invocations de la jâhiliyya.

Rites_Book_vF.indb 149 06.03.2005 12:07:54


150 Les rites funéraires en Islam

2. LE LAVAGE MORTUAIRE

2.1. L’OBLIGATION.
► L’obligation dans le lavage mortuaire est de répandre
sur tout le corps du défunt de l’eau propre une seu-
le fois.
► L’intention est une condition indispensable qui doit
précéder le lavage : celui qui y procède doit formuler
l’intention spécifique. Il suffit de la faire mentalement.
► La recommandation (sunna) est d’accompagner le pas-
Rites par la pratique

sage de l’eau par la main, en frottant très légèrement.

2.2. LES ÉLÉMENTS SUIVANTS RENDENT LE LAVAGE OBLI-


GATOIRE :

1. que le défunt soit musulman ;


2. que le défunt ne soit ni un martyr tombé au combat,
ni un enfant mort-né ou un enfant impubère ;
3. qu’il y ait partie ou totalité du corps du défunt ;
4. et que le corps du défunt puisse supporter le lavage.
Remarque : l’enfant impubère ou mort-né peut tou-
jours être lavé. C’est le caractère obligatoire qui n’est pas
souligné dans ce cas. Par le contre, le martyr ne devra pas
être lavé.

2.3. SI L’UTILISATION DE L’EAU POSE PROBLÈME :


► Si le corps du défunt ne peut supporter un lavage com-
plet, ou si la peau, les membres ou des morceaux de chair

Rites_Book_vF.indb 150 06.03.2005 12:07:54


Les rites funéraires en pratique 151

risquent de se détacher du corps, il faut alors se suffire


d’un simple mouillage du corps, sans frotter la peau.
► Dans le cas où même ce mouillage poserait problème,
le corps étant en état de décomposition avancée par
exemple, ne pas le laver et faire ce qui suit :
o Procéder au tayammum à la place du lavage, si on
le peut.
o Si le tayammum est lui aussi impossible à pratiquer,
alors se suffire d’envelopper le corps du mort directe-
ment dans un linceul.

Rites par la pratique


2.4. LE TAYAMMUM
► S’il y a manque d’eau, ou si le corps du défunt ne peut
la supporter (voir plus haut), procéder au tayammum
comme suit :
1. Prendre l’intention d’effectuer le tayammum à la place
des ablutions à l’eau. (obligation)
2. Sur une pierre naturelle ou du sable, le laveur fait pas-
ser ses deux mains.
3. Ensuite, il les passe soigneusement sur le visage puis
sur les mains du défunt jusqu’aux poignets, en com-
mençant par la main droite.
Le laveur peut faire passer une seconde fois ses mains
sur la pierre ou le sable avant de les passer sur les mains.

2.5. INTERDICTIONS
► La très grande majorité des savants préconise de ne pas
couper les ongles du défunt, ni de raccourcir les mous-

Rites_Book_vF.indb 151 06.03.2005 12:07:55


152 Les rites funéraires en Islam

taches ou la barbe, ni d’enlever les autres poils du corps


sous les aisselles, ou le pubis par exemple.
► Maquiller le défunt est absolument interdit par
l’Islam.

2.6. CEUX QUI PROCÈDENT AU LAVAGE RITUEL : RÈGLES À


OBSERVER

1. Les hommes ne peuvent laver que les hommes, et les


femmes ne peuvent laver que les femmes (obligation).
2. Les enfants en bas âge (jusqu’à 7 ou 8 ans) peuvent être
lavés indifféremment par des femmes ou des hommes.
Rites par la pratique

3. L’épouse peut laver son défunt mari, même si des hom-


mes présents peuvent le faire, comme l’époux peut la-
ver son épouse défunte, même si des femmes présentes
peuvent le faire.
4. Choisir pour le lavage des personnes connues pour leur
piété et leurs connaissances des rites du lavage.
5. Être en état de purification rituelle (wudû’ ) pour ceux
qui procèdent au lavage.
6. À ceux qui ont procédé au lavage mortuaire : refaire
leurs ablutions rituelles (wudû’ ) suffit (obligation).
7. On peut tiédir l’eau pour le lavage en cas de nécessité.

2.7. DANS LA PRATIQUE


Dans la pratique, le lavage peut se faire de la ma-
nière suivante (voir schéma 1 page 153 ci-contre) :
1. placer le défunt sur une table (ou un banc) surélevée ;

Rites_Book_vF.indb 152 06.03.2005 12:07:55


Les rites funéraires en pratique 153

Rites par la pratique


2. formuler l’intention du lavage mortuaire
(obligation) ;
3. le dévêtir entièrement (sunna) et couvrir ses parties in-
times avec un tissu ou autre (obligation). Pour rappel,
ces parties pour l’homme vont du nombril aux genoux,
et pour la femme, de la poitrine aux genoux ;
4. d’abord presser légèrement le ventre et le bas-ventre
du défunt afin de faire sortir des restes qui risque-
raient de souiller le mort et le linceul une fois le lavage
terminé ;
5. laver ensuite les parties intimes en mettant sur sa main
un gant de toilette afin que la main nue ne touche pas
les parties intimes du défunt (obligation), ce qui est
défendu. Il s’agit d’enlever toute trace de souillure (ex-
créments, urine, sang…) ;
6. de même, laver toute saleté ou souillure (sang, etc.,) sur
le corps. On peut utiliser du savon et du shampoing si
besoin ;

Rites_Book_vF.indb 153 06.03.2005 12:07:55


154 Les rites funéraires en Islam

7. ensuite, opérer pour le défunt les petites ablutions (wu-


dû’ ) comme pour la prière s alât (sunna) dans l’ordre :
► laver les mains du défunt,
► essuyer la bouche, essuyer extérieurement le nez (puis-
qu’on ne peut le moucher),
► laver le visage,
► puis les avant-bras,
► faire passer les mains mouillées sur sa tête (cheveux),
puis essuyer ses oreilles,
► remettre à plus tard le lavage des pieds avec le ghusl.
Rites par la pratique

Veiller à ne pas faire pénétrer de l’eau dans la bouche


du défunt ou dans ses narines. Il suffit de faire passer
le doigt sur les dents du mort et sur son nez.
8. Procéder au lavage rituel (ghusl) comme pour un vi-
vant (sunna) :
► faire passer de l’eau en l’accompagnant par la main,
en commençant par les cheveux et la tête ;
► puis le haut du corps (partie droite, puis gauche) ;
► puis le bas du corps (droite, puis gauche) en termi-
nant par le lavage des pieds.
9. Si le défunt est une femme, défaire les tresses, bien la-
ver les cheveux (sunna).
10. Après cela, procéder au lavage rituel mortuaire du
corps : une fois (obligation) avec de l’eau propre
(sans savon ni parfum selon l’imam Mâlik, avec savon
selon les autres pour qui le désire), en commençant
(sunna) :

Rites_Book_vF.indb 154 06.03.2005 12:07:56


Les rites funéraires en pratique 155

► par la tête,
► puis la partie droite du buste et le membre supérieur
droit,
► puis la partie gauche du buste avec le membre supé-
rieur gauche,
► puis le membre inférieur droit,
► puis le membre inférieur gauche.
11. S’il y a nécessité de laver encore le corps, on peut donc
ajouter, en plus de ce premier lavage :
► deux autres lavages (trois au total, sunna), avec du

Rites par la pratique


savon si l’on veut.
► ou quatre autres lavages (cinq au total, sunna), avec
du savon si l’on veut.
► ou autant de fois que nécessaire pour enlever toute
trace de souillure ou salissure. Veiller à ce que le nom-
bre total de lavages soit en nombre impair (sunna)
dans la mesure du possible. Sinon, aucune gêne ne
devra être ressentie.
► On peut utiliser de l’eau parfumée pour le dernier la-
vage (sunna).
Attention : pour le pèlerin en état de sacralisation
(ih râm), ne pas utiliser de parfum ni de musc dans la der-
nière eau, ni sur le linceul ou sur le corps !
12. Si le défunt est une femme, après avoir lavé ses cheveux
(point 9, plus haut), et si les cheveux sont longs, les
tresser à nouveau en trois et les mettre derrière la tête
(pas sur la poitrine, sunna).

Rites_Book_vF.indb 155 06.03.2005 12:07:56


156 Les rites funéraires en Islam

13. Après avoir fini le lavage, il faut alors sécher le corps


avec du linge propre ou des serviettes de papier, puis
l’envelopper dans le linceul.
14. Mettre du parfum, du musc sur les parties de pros-
ternation du corps (front, nez, mains, genoux, pieds)
dans la mesure du possible. On peut en mettre sur les
autres parties du corps (sunna).
2.8. NOUVELLES SOUILLURES APRÈS LE LAVAGE
Dans le cas où de nouvelles souillures d’urine ou
d’excréments apparaissent à nouveau durant ou après le
Rites par la pratique

lavage :
► le minimum est d’enlever la souillure et de laver à nou-
veau les parties souillées.
► refaire les ablutions wudû’ seulement.
► si ces souillures apparaissent alors que le défunt est déjà
enveloppé dans le linceul, on essayera de les enlever dans
la mesure du possible, sinon laisser en l’état.

Rites_Book_vF.indb 156 06.03.2005 12:07:56


Les rites funéraires en pratique 157

3. LINCEUL
La mise en linceul du croyant et de la croyante est une
obligation collective pour les musulmans.

3.1. L’OBLIGATION
L’obligation du linceul est double :
► d’abord que le défunt soit enveloppé dans un tissu suf-
fisamment grand, afin de couvrir entièrement le corps
du défunt une seule fois, pour la femme et l’homme ;
► ensuite que ce tissu soit propre, au sens où il ne doit

Rites par la pratique


pas être entaché de souillures (urine, excréments, vin,
sang...).

3.2. LES RECOMMANDATIONS


Les recommandations prophétiques (sunna) concer-
nant le linceul sont les suivantes :
► Qu’il soit suffisamment grand pour couvrir tout
le corps.
► Qu’il soit blanc de préférence. Si l’on ne trouve pas de
blanc, tout autre tissu peut être utilisé.
► De parfumer les tissus du linceul (sauf pour le pèle-
rin).
► Que le linceul comporte trois tissus aussi bien pour
l’homme que la femme.

Remarques :
► Il n’est pas nécessaire que le tissu du linceul soit neuf.

Rites_Book_vF.indb 157 06.03.2005 12:07:57


158 Les rites funéraires en Islam

► Interdiction d’utiliser de la soie comme linceul pour les


hommes. Sauf si l’on ne trouve pas d’autre tissu pour ce
faire.
►Un seul morceau ample de tissu suffit si l’on n’en trouve
pas deux, deux suffisent si l’on n’en trouve pas trois.
► Les mains et les bras du défunt peuvent être allongés
le long du corps, ou la main gauche déposée sur la poi-
trine, et la droite posée sur la gauche.
3.3. RAPPEL POUR LE MARTYR ET LE PÈLERIN
► Le martyr mort au combat peut être enterré sans autre
Rites par la pratique

linceul que ses vêtements. Les vêtements dans lesquels


il a été tué ne lui seront pas ôtés. Il est recommandé
(sunna) de lui ajouter un linceul par-dessus, à fortiori si
des parties de son corps sont à découvert.
► Le pèlerin (hadj ou ‘omra) mort en état de sacralisation
(ih râm), après avoir été lavé, sera remis dans ses vête-
ments de sacralisation. Ne pas lui dénuder la tête une
fois le corps mis dans la tombe. Ne pas mettre de par-
fum sur son corps ou son linceul.
3.4. CONCERNANT LES HOMMES
Utilisation de trois tissus. Choisir l’une des trois for-
mes suivantes pour le linceul de l’homme.
1. En utilisant les trois (3) tissus :
► Après avoir mis un morceau d’étoffe de manière longi-
tudinale pour enserrer les parties génitales (large serviet-
te hygiénique par exemple), afin d’empêcher la sortie
d’urine ou d’excréments.

Rites_Book_vF.indb 158 06.03.2005 12:07:57


Les rites funéraires en pratique 159

Utilisation de 3 tissus.

Rites par la pratique

► Envelopper ensuite le corps comme suit :


o Le premier tissu : mettre le pan droit (qui se trouve à
la droite du corps du défunt) autour du corps ;
o puis le pan gauche ;
o ensuite procéder ainsi pour les deux autres tissus.
► Les tissus doivent dépasser la tête et les pieds.

Rites_Book_vF.indb 159 06.03.2005 12:07:57


160 Les rites funéraires en Islam

2. Si on veut utiliser un qamîs :


► Après avoir mis un morceau d’étoffe de manière longi-
tudinale pour enserrer les parties génitales (large serviet-
te hygiénique par exemple), afin d’empêcher la sortie
d’urine ou d’excréments,
► façonner le qamîs comme suit : sur un morceau de tissu
assez long (deux fois la longueur épaule – jambes du
mort) pratiquer une ouverture avec des ciseaux au mi-
lieu du tissu. Ne rien coudre.
► Procéder à l’introduction du qamîs.
Envelopper ensuite le corps comme suit :
Rites par la pratique


o mettre le pan droit (qui se trouve à la droite du corps
du défunt) du premier tissu autour du corps, puis le
pan gauche ;
o ensuite procéder de même pour le tissu restant.
► Les tissus doivent dépasser la tête et les pieds.

Utilisation d’un qamîs.

Rites_Book_vF.indb 160 06.03.2005 12:07:57


Les rites funéraires en pratique 161

3. Si on veut utiliser un izâr et un ridâ’ :


► Après avoir mis un morceau d’étoffe de manière longi-
tudinale pour enserrer les parties génitales (large serviet-
te hygiénique par exemple), afin d’empêcher la sortie
d’urine ou d’excréments,
► mettre un morceau de linceul pour couvrir le bas du
corps à partir de la poitrine (izâr),
► un second tissu pour couvrir le haut du corps (ridâ’ ),
► enfin terminer avec le tissu restant en enveloppant le
corps comme suit : mettre le pan droit (qui se trouve à la

Rites par la pratique


droite du corps du défunt) autour du corps, puis le pan
gauche.
► Ce dernier tissu doit dépasser la tête et les pieds.

Utilisation d’un izâr et d’un ridâ’.

Rites_Book_vF.indb 161 06.03.2005 12:07:58


162 Les rites funéraires en Islam

Remarque :
On peut utiliser des bandelettes de tissu, aussi bien
pour les hommes que pour les femmes, que l’on nouera sur
le corps, au niveau du ventre ou des hanches, en bas des
pieds, et plus haut que la tête, et ceci pour empêcher que
Rites par la pratique

le linceul ne se délie et fasse apparaître le corps. Ces nœuds


devront être déliés lorsque l’on dépose le corps ainsi enve-
loppé dans la tombe ou lorsqu’on le met dans le cercueil.

3.5. CONCERNANT LES FEMMES


Pour la femme, on utilisera trois tissus de la même ma-
nière que pour l’homme.

Utilisation de trois tissus :


On pourra procéder comme suit, après avoir déposé le
corps sur les trois tissus :
► Mettre un morceau d’étoffe ou de coton (large serviette
hygiénique par exemple) de manière longitudinale pour
enserrer les parties génitales, afin d’empêcher la sortie
d’urine ou d’excréments.
► Utiliser une large bande de tissu pour maintenir la poi-
trine en cas de besoin.

Rites_Book_vF.indb 162 06.03.2005 12:07:58


Les rites funéraires en pratique 163

► Envelopper ensuite le corps comme suit :


o Le premier tissu : mettre le pan droit (qui se trouve à
la droite du corps de la défunte) autour du corps,
o puis le pan gauche ;
o ensuite procéder ainsi pour les deux autres tissus.
► Les tissus doivent dépasser par la tête et les pieds.

Utilisation de cinq tissus :


Si l’on veut utiliser cinq tissus comme le préconisent
certains, on peut procéder comme suit :

Rites par la pratique


► Mettre un morceau d’étoffe ou de coton (large serviette
hygiénique par exemple) de manière longitudinale pour
enserrer les parties génitales, afin d’empêcher la sortie
d’urine ou d’excréments.
► Utiliser une large bande de tissu pour maintenir la poi-
trine en cas de besoin.
► Utiliser un premier tissu pour couvrir la tête (khimâr).
► Utiliser un deuxième morceau de tissu pour couvrir le
bas du corps à partir du ventre (izâr).
► Façonner le qamîs comme suit : sur un morceau de tis-
su assez long (deux fois la longueur épaule – jambes de
la défunte), pratiquer une ouverture avec des ciseaux au
milieu du tissu. Ne rien coudre. Introduire le qamîs
par la tête.
► Les deux autres morceaux de tissu restants : chacun va
envelopper l’entièreté du corps de la défunte, de la ma-
nière suivante :

Rites_Book_vF.indb 163 06.03.2005 12:07:58


164 Les rites funéraires en Islam

o Le premier tissu : mettre le pan droit (qui se trouve à


la droite du corps de la défunte) autour du corps,
o puis le pan gauche ;
o ensuite procéder de même pour le tissu restant.
► Ces deux derniers tissus doivent dépasser par la tête et
les pieds.

3.6. DANS LE CAS D’UTILISATION DE CERCUEILS


o Veiller à déposer le corps à plat dans le cercueil. Enle-
Rites par la pratique

ver coussins, lit, etc.


o Défaire les nœuds éventuellement présents sur le
linceul.

Rites_Book_vF.indb 164 06.03.2005 12:07:58


Les rites funéraires en pratique 165

4. LA PRIÈRE MORTUAIRE
► La prière du mort est une obligation.
► Aucun musulman ne doit être enterré sans qu’une priè-
re des morts ne lui soit accomplie.
► Rappel : la prière du mort n’est pas obligatoire pour
l’enfant impubère et le martyr mort au combat. Toute-
fois, elle peut être accomplie pour eux sans aucune gêne.
C’est son caractère obligatoire qui n’est pas affirmé dans
ces cas.

Rites par la pratique


4.1. SES CONDITIONS PREMIÈRES
Les conditions premières pour accomplir cette prière
sont les suivantes :
► Pour le priant :
1. Pureté rituelle du corps (ghusl) et celle de la prière
ablutions (wudû’ ) pour le priant ;
2. S’orienter vers la qibla, La Mecque ;
3. Se couvrir les parties obligatoires du corps (satr al-
‘awra), [pour l’homme, du nombril aux genoux, les
femmes, tout le corps sauf le visage et les mains] ;
4. Propreté des vêtements (pas de souillures : excréments,
urine, sang…) et du lieu de prière.
► Pour le mort :
5. Que le mort ait été lavé rituellement,
6. Que la dépouille du défunt soit placée devant l’imam,
déposée sur un banc, ou à même le sol, puis les autres
priants derrière.

Rites_Book_vF.indb 165 06.03.2005 12:07:59


166 Les rites funéraires en Islam

4.2. SPÉCIFICITÉS DE LA PRIÈRE SUR LE MORT :


► La position du corps du défunt sera telle que, posé sur
le côté droit, il regarde vers La Mecque (sunna).
► Si le mort est un homme, l’imam se mettra au niveau
des épaules du défunt ; si c’est une femme, l’imam
se mettra au niveau du milieu du corps de la défunte
(sunna).
► Elle peut être accomplie à tout moment de la journée
ou de la nuit.
► Elle peut être faite plusieurs fois par différents groupes de
Rites par la pratique

personnes, ou des individus seuls pour le même mort.


► La prière se fait entièrement à voix basse pour chaque
individu, y compris l’imam, à l’exception du takbîr (les
quatre fois) et du salâm qui se font à voix haute.
Toutefois, l’imam peut élever légèrement la voix dans
certains cas afin de laisser entendre à ceux qui sont der-
rière lui ce qu’il faut dire.
► La prière sur le mort peut être faite à l’intérieur de la
mosquée (s’assurer que cette dernière ne soit pas souillée
par des impuretés provenant du corps du défunt) ou à
l’extérieur (préférable).
► Les femmes peuvent procéder à la prière des morts
soit de façon individuelle, soit en groupe avec les hom-
mes, en se mettant derrière eux, comme pour la prière
ordinaire.

Rites_Book_vF.indb 166 06.03.2005 12:07:59


Les rites funéraires en pratique 167

4.2. OBLIGATIONS ET RECOMMANDATIONS

Obligations :
► L’accomplir en position debout, sauf en cas de force
majeure.
► Faire des invocations (du‘â). Toute invocation pour le
mort est suffisante pour accomplir l’obligation.
Certaines recommandations (sunna) :
► Que les priants se placent sur trois rangs au moins, si-
non plus. La recommandation est de former au moins

Rites par la pratique


trois rangs alignés (si le nombre de priants est faible),
sans pour autant disposer un seul individu par rang.
► Même si la prière des morts est une obligation collec-
tive, la recommandation prophétique est d’avoir le plus
grand nombre de personnes possible lors de son accom-
plissement.

4.3. DANS LA PRATIQUE


La prière sur les morts se fera ainsi :
1. Se mettre debout (obligation).
2. Formuler l’intention (obligation).
3. Dire le premier takbîr, Allâhu Akbar (obligation), en
levant les mains à hauteur des oreilles (sunna).
4. Poser ensuite la main droite sur la main gauche à hau-
teur de la poitrine (sunna).
5. Lire la sourate al-Fâtiha (obligation).

Rites_Book_vF.indb 167 06.03.2005 12:07:59


168 Les rites funéraires en Islam

6. Après le deuxième takbîr, faire la prière sur le prophète


Muhammad (‫( )ﷺ‬sunna), voir (A) dans le § 4.4.
suivant.
7. Après le troisième takbîr, prononcer des invocations à
Dieu pour le défunt (obligation), ainsi que pour soi-
même et les croyants (sunna) voir plus bas en (B).
8. Après le quatrième takbîr, un silence ou encore des in-
vocations (sunna).
9. Puis terminer la prière en tournant le visage vers le côté
droit, par la formule (obligation) :
Rites par la pratique

« Que la paix soit sur vous ainsi que la miséricorde de Dieu et


Sa bénédiction. »

* ‫ " ﺑ ﺮ ﻛﺎﺗ ﻪ‬$‫ ﺔ ﷲ‬d


  < " ‫ ﻋ ﻠ ﻴ ﻜ ﻢ‬h ‫ﻟﺴ ﻼ‬
‫* ﱠ‬
As-salâmu ‘alaykum wa rah matu llâhi wa barkâtuhu.

4.4. LES DIFFÉRENTES INVOCATIONS (SUNNA)


Toute invocation doit être faite avec la plus grande
sincérité, et du plus profond du cœur. Autrement, elle ne
serait que vaines paroles, n’ayant aucun bénéfice pour le
priant et pour le mort.

A. La prière sur le prophète Muhammad (‫)ﷺ‬


Parmi les variantes de la prière sur le prophète Mu-
hammad (‫)ﷺ‬, nous citons :
1. « Seigneur, bénis Muhammad et ses proches, comme Tu as
béni Ibrâhîm et ses proches, accorde le salut à Muhammad et

Rites_Book_vF.indb 168 06.03.2005 12:07:59


Les rites funéraires en pratique 169

ses proches, comme Tu l’as accordé à Ibrâhîm et ses proches ; Tu


es Digne de louanges et de glorifications. »

$ > $ >
 ‫ﺑ ﺮﻫ‬7  ‫ ﺻ ﱠﻠ ﻴ ﺖ ﻋ‬k ‫ ﱠﻤﺪ ﻛ‬  m  ‫ ﱠﻤﺪ " ﻋ‬   ‫* ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﺻ ﱢﻞ ﻋ‬.1
‫ﻴﻢ‬
 ‫ﺎ<ﻛ ﺖ ﻋ‬ > $
$  ‫ﻤ >ﺪ " ﻋ‬   ‫< } ﻋ‬$ ‫ " ﺑﺎ‬،‫ﻫﻴﻢ‬ $
 ‫ ﺑ‬k ‫ ﱠﻤﺪ ﻛ‬  m ‫ﱠ‬  ‫ﺑ ﺮ‬7 m  ‫" ﻋ‬
$  ‫ﻴﺪ‬d $  ‫ﻧ ﱠﻚ‬7 ‫ـﲔ‬$ ‫ ﻟﻌﺎﳌ‬H $ $ $
* ‫€ﻴﺪ‬  $ ‫ﻴﻢ‬  ‫ﺑ ﺮﻫ‬7 m  ‫ﻴﻢ " ﻋ‬
 ‫ﺑ ﺮﻫ‬7
Allâhumma s alli ‘alâ muh ammadin wa ‘alâ âli muh ammadin
kamâ s allayta ‘alâ ibrâhîma wa ‘alâ âli ibrâhîm, wa bârik
‘alâ muh ammadin wa ‘alâ âli muh ammadin kamâ bârakta

Rites par la pratique


‘alâ ibrâhîma wa ‘alâ âli ibrâhîma fil-‘âlamîna innaka
h amîdun majîd.

B. Les invocations prophétiques pour le mort


Parmi les invocations prophétiques, nous citerons
les suivantes :
2. « Ô Dieu ! Accorde-lui pardon, miséricorde et préserve-
le. Efface ses péchés, accueille-le avec générosité et facilite-lui
l’accès [au Paradis]. Fais qu’il soit lavé par l’eau, la neige et la
grêle ! Fais qu’il soit nettoyé de ses péchés comme est lavé le vê-
tement blanc des souillures ! Offre-lui une demeure meilleure
que la sienne, une famille et une épouse meilleures que les sien-
nes. Fais-le entrer au Paradis et préserve-le du supplice de la
tombe et du châtiment de l’Enfer. »

‫ " " ﱢﺳ ﻊ‬.‫ ﻧ ﺰ ﻟ ﻪ‬h ‫ﺮ‬$ ‫ﻛ‬5 " ‫ﻪ " ﻋ ﻒ ﻋ ﻨ ﻪ‬$ ‫ﺎﻓ‬
$ ‫ ﻪ " ﻋ‬d
  < " ‫ﻔ ﺮ ﻟ ﻪ‬$ ‫* ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ‬.2
‫ ﻳ ﻨﻘﱠﻰ‬k ‫ﳋ ﻄﺎ ﻳﺎ ﻛ‬   ‫ﻣ ﻦ‬$ ‫ﻪ‬$ ‫ " ﻧ ﱢﻘ‬،D$ ›‫ﻟ‬ $ $
  " $‫ "ﻟ ﱠﺜ ﻠﺞ‬W‫ﺎﳌﺎ‬$‫ "ﻏ ﺴ ﻠ ﻪ ﺑ‬.‫ﻣ ﺪ ﺧ ﻠ ﻪ‬
J ‫ ﻫ‬5 " ،e$ <$ D ‫ﻣ ﻦ‬$ J Œ ‫ ﺧ‬J <D ‫ﺪ ﻟ ﻪ‬$ ‫ ﺑ‬5 " .‫ﺲ‬
‫ﻼ‬ $ ‫ﻟﺪﻧ‬‫ﻣ ﻦ ﱠ‬$ ‫ﺾ‬  ‹ ‫ﻟﺜﱠﻮ‬
 ‫ﻷ ﺑ ﻴ‬ 

Rites_Book_vF.indb 169 06.03.2005 12:08:00


170 Les rites funéraires en Islam

  ‫ﺧ ﻠ ﻪ‬$ D 5 " ،‫ﻪ‬$ ‫ﺟ‬$ " % ‫ﻣ ﻦ‬$ J Œ ‫ﺎ ﺧ‬J ‫ "ﺟ‬%" ‫ﻪ‬$ ‫ﻠ‬$ ‫ ﻫ‬5 ‫ﻣ ﻦ‬$ J Œ ‫ﺧ‬
‫ﻣ ﻦ‬$ e ‫ﻋ ﺬ‬$ 5 " ‫ﳉ ﱠﻨ ﺔ‬
* <$ ‫‹ ﻟ ﱠﻨﺎ‬ $ ‫ﻣ ﻦ ﻋ ﺬ‬$ " › $ ‫ﻋ ﺬ‬
$  ‫‹ ﻟ ﻘ‬
Allâhumma ghfir lahu, wa-rh amhu, wa ‘âfihi, wa-‘fu ‘anhu,
wa akrim nuzulahu, wa wassi‘ mudkhalahu, wa-ghsilhu bi-
l-mâ’i wa-th-thalji wa-l-baradi, wa naqqihi mina l-khatâyâ
kamâ yunaqqa th-thawbu l-abyad u mina d-danasi, wa abdilhu
dâran khayran min dârihi wa ahlan khayran min ahlihi wa
zawjan khayran min zawjihi, wa adkhilhu-l-jannata, wa
a‘idhhu min ‘adhâbi l-qabri wa min ‘adhâbi n-nâr.

3. « Seigneur, pardonne à nos vivants ainsi qu’à nos morts,


Rites par la pratique

aux présents comme aux absents, à nos jeunes et à nos vieux,


à nos hommes ainsi qu’à nos femmes. Seigneur, celui, parmi
nous, à qui Tu as destiné de vivre, donne-lui de vivre en mu-
sulman, et celui à qui Tu as destiné de mourir, fais-le mourir
croyant. Seigneur, ne nous prive pas de sa rétribution et ne
nous égare pas après lui. »

‫Œﻧﺎ‬$ ‫ﻐ‬$ ‫ " ﺻ‬، ‫ ﻨﺎ‬$‫ﺒ‬$‫ﺪﻧﺎ " ﻏﺎﺋ‬$ ‫ﺎﻫ‬ $ ‫ " ﺷ‬، ‫ ﻨﺎ‬$‫ﳊﻴ ﻨﺎ " ﻣﻴﺘ‬
‫ﱢ‬
$ $
‫ *ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ ﻔ ﺮ  ﱢ‬.3
، h$ ‫ﻼ‬  ‫ﻹ ﺳ‬$   ‫ﻪ ﻋ‬$ $‫ﻣ ﱠﻨﺎ ﻓ ﺄ ﺣﻴ‬$ ‫ ﺣ ﻴ ﻴ ﺘ ﻪ‬5 ‫ ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻣ ﻦ‬. ‫ ﻧﺜﺎﻧﺎ‬5 " ‫ﺮﻧﺎ‬$ ‫ ﻛ‬Y " ، ‫Œﻧﺎ‬ $ $‫" ﻛﺒ‬
$ ‫ﻻﺗ‬
‫ﻀ ﱠﻠ ﻨﺎ‬  ‫ ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬، $ k‫ﻹ ﻳ‬
 " e ‫ ﺟ ﺮ‬5 ‫ﺮ ﻣ ﻨﺎ‬$ ‫ﻻ  ﲢ‬ $   ‫ﻣ ﱠﻨﺎ ﻓ ﺘ ﻮﻓ ﱠﻪ ﻋ‬$ ‫" ﻣ ﻦ ﺗ ﻮﻓ ﱠﻴ ﺘ ﻪ‬
* e ‫ﺑ ﻌﺪ‬
allâmumma ghfir li h ayyinâ wa mayyitinâ, wa shâhidinâ
wa ghâ’ibinâ, wa saghîrinâ wa kabîrinâ, wa dhakarinâ wa
unthânâ. Allâhumma man ah yaytahu minnâ fa ah yihi ‘alâ l-
islâm, wa man tawaffaytahu minnâ fa-tawaffahu ‘alâ l-îmân.
Allâhumma lâ tah rimnâ ajrahu wa lâ tud illanâ ba‘dahu.

Rites_Book_vF.indb 170 06.03.2005 12:08:00


Les rites funéraires en pratique 171

4. « Seigneur, [ce croyant, donner le nom s’il est connu]


est sous Ta grâce et Ta protection, préserve-le du tourment de
la tombe et du châtiment du feu. Tu es Digne de loyauté et de
louange. Pardonne-lui et fais-lui miséricorde, Tu es certes le
Pardonneur, le Miséricordieux. »

‫ﻪ‬$ ‫ﻘ‬$ ‫ ﻓ‬،} <$ ‫ﺟ ﻮ‬$ ‫ﻞ‬$ ‫ " ﺣ ﺒ‬، ‫ ﻚ‬$‫ ﱠﻣﺘ‬Y$ H $ (> ‫ﻼ‬  ‫ﻼ  ﺑ ﻦ ﻓ‬ ‫ﱠ ) ﻓ‬$7 ‫ * ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬.4
‫ﻔ ﺮ ﻟ ﻪ‬$ ‫ ﻓﺎﻏ‬، ‫ﳊﻖﱢ‬ " W‫ﺎ‬ $ ‫ ﻫ ﻞ ﻟﻮ ﻓ‬5 ‫ﻧ ﺖ‬5 " ، <$ ‫‹ ﻟ ﱠﻨﺎ‬
 $ ‫› " ﻋ ﺬ‬ $  ‫ﺔ  ﻟ ﻘ‬$ ‫ﻓ ﺘ ﻨ‬$ ‫ﻣ ﻦ‬$
* ‫ﻴﻢ‬ $ <‫ﻧ ﺖ  ﻟﻐ ﻔﻮ‬5 ‫ﻧ ﱠﻚ‬$7 ، ‫ ﻪ‬d
 ‫ﻟﺮﺣ‬ ‫ ﱠ‬   < "

Rites par la pratique


Allâhumma inna [donner le nom s’il est connu, sinon ‘abdaka]
fî dhimmatika wa h abli jiwârika, fa-qihi min fitnati l-qabri wa
‘adhâbi n-nâri, wa anta ahlu l-wafâ’i wa l-haqqi. Fa-ghfir
lahu wa-r-h amhu, innaka anta l-ghafûru r-rah îm.

5. « Seigneur, [il est] Ton serviteur, fils de Ton serviteur et de


Ta servante ; il a besoin de Ta miséricorde, alors que Tu n’as pas
besoin de le punir. S’il était bienfaisant, alors accrois ses hasa-
nât, et s’il était malfaisant, passe outre ses erreurs. »

، ‫ ﻚ‬$‫ﺘ‬d  <  $7 £‫ﺎ‬ $ $


 ‫ ﺣ ﺘ‬$7 ‫ ﻣﺘ ﻚ‬5 ‫ * ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻋ ﺒ ﺪ } " ﺑ ﻦ ﻋ ﺒﺪ } " ﺑ ﻦ‬.5
 ‫ ﻛ‬$7" ، ‫ﻪ‬$ $‫ ﺣ ﺴ ﻨﺎﺗ‬H$ e D ‫ﺰ‬$ ‫ﺎ ﻓ‬J ‫ﺴﻨ‬$    ‫ﺎ‬
‫ﺎ‬  ‫ ﻛ‬$7 ، ‫ﻪ‬$ $‫ ﱞﻲ ﻋ ﻦ ﻋ ﺬﺑ‬$‫ﻧ ﺖ ﻏﻨ‬5 "
* ‫ ﻋ ﻨ ﻪ‬% "‫ﺎ‬ ‫ﺎ ﻓ ﺘ ﺠ‬J ‫ﺴﻴﺌ‬$ ‫ﻣ‬
Allâhumma ‘abduka wa-bnu ‘abdika wa-bnu amatika, ihtâja
ilâ rahmatika, wa anta ghaniyyun ‘an ‘adhâbihi. In kâna
muhsinan fa-zidhu fî hasanâtihi, wa in kâna musî‘an fa-
tajâwaz ‘anhu.

Rites_Book_vF.indb 171 06.03.2005 12:08:00


172 Les rites funéraires en Islam

6. « Ô mon Dieu, ne nous prive pas de sa [le défunt] ré-


compense, et ne nous expose pas à des épreuves après sa mort.
Pardonne-lui ainsi qu’à nous. »

* ‫ﻔ ﺮ ﻟ ﻪ " ﻟ ﻨﺎ‬$ ‫ "ﻏ‬e ‫ ﱠﻨﺎ ﺑ ﻌﺪ‬$‫ﻻ ﺗ ﻔﺘ‬


 " e ‫ ﺟ ﺮ‬5 ‫ﺮ ﻣ ﻨﺎ‬$ ‫ﻻ  ﲢ‬
 ‫ * ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ‬.6
Allâhumma lâ tahrimnâ ajrahu wa lâ taftinnâ ba‘dahu wa-
ghfir lahu wa lanâ.

Lorsque le mort est un enfant, on peut dire :


7. « Seigneur, fais de cet enfant un prédécesseur pour ses pa-
rents, une réserve [de bien], une exhortation, une réflexion et
Rites par la pratique

un intercesseur pour eux. Alourdis par lui leur mesure, fais


descendre la patience dans leurs cœurs, ne les soumets pas à la
tentation après lui et ne les prive pas de sa rétribution. »

$ $ $  $ ‫ﺎ‬J ‫ *ﻟ ﱠﻠ ﻬﻢ ﺟﻌ ﻠ ﻪ ﻓﺮﻃ‬.7


J ‫ﺔ " ﻋﺘ ﺒ‬J ‫ﺮ "ﻋ ﻈ‬J ‫ ﺧ‬Y " ‫ﺎ‬J ‫ﻷ ﺑ ﻮ ﻳﻪ " ﺳ ﻠﻔ‬
<‫ﺎ‬    ‫ﱠ‬
k ‫ ﻨ ﻬ‬$‫ﻻ ﺗ ﻔﺘ‬
 " k $§‫ﻮ‬
$ ‫› ﻋ  ﻗ ﻠ‬ $ $
‫ ﱠ‬$¨‫ﺮ‬$ ‫ ﻓ‬5 " k ‫ﻳ ﻨ ﻬ‬%$ ‫ﻪ ﻣ ﻮ‬$‫ " ﺛ ﱢﻘ ﻞ ﺑ‬،‫ﻴﻌﺎ‬J ‫" ﺷﻔ‬
  ‫ﻟﺼ‬
* e ‫ ﺟ ﺮ‬5 k ‫ﺮ ﻣ ﻬ‬$ ‫ﻻ  ﲢ‬
 " e ‫ﺑ ﻌﺪ‬
Allâhumma ij‘alhu fartan li abawayhi wa salafan wa
dhukhran wa ‘izatan wa-‘tibâran wa shafî‘an. wa thaqqil
bihi mawâzinahumâ wa afrighi s-sabra ‘alâ qulûbihimâ wa
lâ taftinhumâ ba‘dahu wa lâ tahrimhumâ ajrahu.
Remarque : Ces invocations peuvent être faites après
le troisième takbîr, ainsi qu’après la prière sur les morts. On
peut les réciter toutes ou quelques-unes seulement, dans
cet ordre ou non.

Rites_Book_vF.indb 172 06.03.2005 12:08:01


Les rites funéraires en pratique 173

Une grande liberté est ainsi laissée au croyant. Il peut


en ajouter d’autres aussi.

4.5. PLUSIEURS MORTS EN MÊME TEMPS


►Les ranger l’un à la suite de l’autre entre l’imam et la qi-
bla (direction vers La Mecque). L’ordre des morts étant
le même que celui de la prière normale : les hommes
seront les plus proches de l’imam, puis les enfants, enfin
les femmes.
►L’imam procède ensuite à une seule prière pour tous les
morts en même temps.

Rites par la pratique


4.6. LES EXCEPTIONS
Rappelons que la prière des morts n’est pas obligatoire :
► pour le martyr mort au combat ;
► pour l’enfant mort-né et l’enfant impubère ;
► Pour ces deux dernières catégories (enfant mort-né et
impubère), lors de la prière, on fait des invocations plu-
tôt pour leurs parents que pour eux (voir plus haut l’in-
vocation prophétique) ;
► Si la prière est accomplie dans tous ces cas, aucune gêne
ne sera ressentie.

Rites_Book_vF.indb 173 06.03.2005 12:08:01


174 Les rites funéraires en Islam

5. LE CONVOI FUNÈBRE
► C’est une recommandation prophétique (sunna) que
de suivre le convoi funèbre.
► Il est permis de porter sur ses épaules le corps du dé-
funt, qu’il soit mis sur une planche prévue à cet effet
(na‘ sh), ou dans un cercueil.
► Il est permis de se placer derrière, devant, à droite ou à
gauche du corps du défunt durant le trajet.
► Aller d’un pas empressé vers le cimetière (sunna), sans
pour autant provoquer des troubles dus par une précipi-
Rites par la pratique

tation inappropriée.
► Suivre en silence le convoi funéraire, en invoquant
Dieu ou en lisant le Coran en son for intérieur, sans
élever la voix (sunna).
▼ Il est déconseillé en suivant le convoi funéraire :
► d’élever la voix, serait-ce par la lecture du Coran ou
du dhikr,
► de s’asseoir, jusqu’à ce que la dépouille du défunt soit
elle-même posée à terre,
► de discuter des choses de ce bas monde, de rire...
Il est absolument interdit de faire suivre le convoi fu-
néraire par des pleureuses, de la musique, ou d’utiliser par
exemple des flambeaux (sauf pour s’éclairer si on procède
à l’enterrement de nuit), ou autres coutumes contraires à
l’Islam.

Rites_Book_vF.indb 174 06.03.2005 12:08:01


Les rites funéraires en pratique 175

6. L’ENTERREMENT

6.1. OBLIGATIONS
► C’est une obligation d’enterrer le musulman.
► L’objectif est d’enterrer de manière suffisamment pro-
fonde le corps par respect de la dignité humaine.
► L’incinération (crémation) des corps est absolument
interdite en Islam.

6.2. LES RECOMMANDATIONS

Rites par la pratique


Les recommandations prophétiques (sunna) sont les
suivantes :
►L’enterrement se fait dans un cimetière. À l’exception des
martyrs qui peuvent être enterrés sur lieu de leur mort.
► Introduire la dépouille d’abord par ses pieds (sunna).
Sinon, on peut le faire autrement sans aucune gêne.
►Des personnes peuvent descendre dans la tombe pour
aider à la mise en terre s’il y a nécessité. Veiller à ce que
ceux-ci soient des gens de la famille du mort connus
pour leur piété (sâlihûn), sinon l’imam ; ou à défaut,
d’autres personnes pieuses peuvent le faire.
► Mettre la dépouille dans la tombe en l’orientant vers La
Mecque (obligation). Nous rappelons les trois disposi-
tions possibles, en veillant à appliquer la première, sinon
la seconde, à défaut la troisième :
1. Mettre la dépouille dans la tombe de telle façon que,
placé sur son côté droit, le mort regarde en direction
de La Mecque.

Rites_Book_vF.indb 175 06.03.2005 12:08:01


176 Les rites funéraires en Islam

2. Mettre la dépouille, les pieds dirigés vers La Mecque,


de telle façon qu’en se levant, son regard se dirige vers
la ville sainte.
3. Mettre la dépouille sur le côté gauche de telle façon à
ce que les yeux du défunt regardent vers La Mecque.
► Une fois le corps mis dans cette position, faire les in-
vocations suivantes (sunna), en utilisant l’une des trois
variantes :
Au nom de Dieu , et sur la foi de l’Envoyé de Dieu.
Au nom de Dieu, et sur la voie de l’Envoyé de Dieu.
Rites par la pratique

Au nom de Dieu, par Dieu et sur la foi de l’Envoyé de Dieu.

$ ‫ﺔ < ﺳ‬$ ‫ﻣ ﱠﻠ‬$  ‫ " ﻋ‬$‫ ﷲ‬$‫ﺴﻢ‬$‫* ﺑ‬


*(‫ )ﷺ‬$‫ﻮ ﷲ‬ 
$ ‫ﺔ < ﺳ‬$ ‫ " ﻋ  ﺳ ﱠﻨ‬$‫ ﷲ‬$‫ﺴﻢ‬$‫ " * ﺑ‬5
* (‫ )ﷺ‬$‫ﻮ ﷲ‬ 
$ ‫ﺔ < ﺳ‬$ ‫ﻣ ﱠﻠ‬$  ‫ " ﻋ‬$‫ﺎﷲ‬$‫ "ﺑ‬$‫ ﷲ‬$‫ﺴﻢ‬$‫ " * ﺑ‬5
* (‫ )ﷺ‬$‫ﻮ ﷲ‬ 
Bismi l-lâhi wa ‘alâ millati rasûli l-lâhi.
Bismi l-lâhi wa ‘alâ sunnati rasûli l-lâhi.
Bismi l-lâhi wa bi l-lâhi wa ‘alâ millati rasûli l-lâhi.
► Il est recommandé (sunna) de déposer la tête du mort
sur un petit tas de terre (ou une petite pierre), ainsi que
de tourner le corps sur le côté droit (sunna). S’il y a
nécessité de placer un peu de terre pour aider le corps à
rester dans la position (orienté vers La Mecque), ne pas
hésiter à le faire.

Rites_Book_vF.indb 176 06.03.2005 12:08:02


Les rites funéraires en pratique 177

Rappel :
► Ne pas oublier de défaire les nœuds du linceul, une
fois le corps mis dans la tombe. Dans le cas d’utilisation
d’un cercueil, les nœuds auraient été déjà dénoués en
principe avant la fermeture du cercueil.
► Si le mort était en état d’ih râm, ne pas oublier de dé-
couvrir sa tête dans la tombe.

6.3. CE QUI EST LICITE ET CE QU’IL FAUT ÉVITER

Ce qui est licite :

Rites par la pratique


► L’enterrement peut se faire de jour comme de nuit.
L’enterrement de nuit peut avoir lieu pour autant que
les droits du mort (l’ensemble des quatre rites funérai-
res) aient été assurés convenablement.
► Dans le cas d’utilisation de cercueil, le mort est alors
mis à plat sans coussin.
Ce qu’il faut éviter :
► Éviter (makrûh) de procéder à l’enterrement aux trois
moments suivants : le lever du soleil (shurûq), lors de
son coucher (ghurûb), et lorsqu’il est au zénith (zawâl),
sauf en cas de nécessités impérieuses.
► Éviter de mettre un tissu, un oreiller ou autre chose
à l’intérieur de la tombe pour y déposer ensuite la dé-
pouille, ainsi que sous la tête du défunt s’il est mis dans
un cercueil.

Rites_Book_vF.indb 177 06.03.2005 12:08:02


178 Les rites funéraires en Islam

6.4. APRÈS AVOIR MIS LE CORPS DANS LA TOMBE


Lorsque le corps est placé dans la tombe :
► Il est recommandé (sunna) à toute personne ayant as-
sisté à l’enterrement de jeter dans la tombe trois poi-
gnées de terre. Ne rien lire de Coran ou d’invocations.
► Après avoir fini de combler la tombe, il est aussi recom-
mandé (sunna) de faire des supplications (du‘â) pour le
mort, en demandant à Dieu de l’affermir dans ses ré-
ponses aux anges. C’est le moment du grand et terrible
questionnement.
Rites par la pratique

On peut donc dire, à titre d’exemple :


« Seigneur, pardonne-lui, fais-lui miséricorde. Seigneur, raf-
fermis-le dans ses réponses. »

$ ‫ﻋ ﻨﺪ ﻟﺴ ﺆ‬$ ‫ ﻟ ﱠﻠ ﻬﻢ ﺛﺒ ﺘ ﻪ‬،‫ ﻪ‬d


*    < " ‫ﻔ ﺮ ﻟ ﻪ‬$ ‫* ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ‬
‫ﱡ‬ ‫ﱠ ﱢ‬
Allâhumma ghfir lahû wa-rh amhu. Allâhumma thabbit-hu
‘inda s-su’âl.
►De même, on peut répéter les invocations précédemment
citées. Toute autre invocation de bien est permise.
►Il est recommandé (sunna) d’élever la tombe de l’ordre
d’une dizaine de centimètres afin de la montrer aux gens
pour qu’elle ne soit pas piétinée.
►Il est permis d’indiquer la tombe à l’aide d’une pier-
re tombale (ou une pièce de bois), sans ornements
superflus.

Rites_Book_vF.indb 178 06.03.2005 12:08:02


Les rites funéraires en pratique 179

7. PRÉSENTER SES CONDOLÉANCES


►Présenter ses condoléances est une recommandation im-
portante du prophète Muhammad (‫)ﷺ‬.
►Elles peuvent être présentées à toute personne atteinte
par le deuil, musulmane ou non, jeune ou moins jeune,
femme ou homme, avant l’enterrement ou après.
►Toute parole attentionnée peut être utilisée. Les savants
rapportent les paroles suivantes du Prophète, dites à
l’occasion de condoléances :
« À Dieu appartient ce qu’Il a pris, et à Lui appartient ce qu’Il

Rites par la pratique


a donné. Toute chose a un terme déterminé auprès de Lui. Sois
patient et attends en retour la rétribution divine. »

،‫ﻤﻰ‬ª ‫ ﺄ ﺟ >ﻞ ﻣ ﺴ‬$‫ ﺑ‬e ‫ﻋ ﻨﺪ‬$ W> ¬


  ‫ " ﻛ ﱡﻞ‬،‫ ﻋ ﻄﻰ‬5 ‫ ﺧ ﺬ " ﻟ ﻪ ﻣﺎ‬5 ‫ ﻣﺎ‬$‫ﷲ‬$ ‫ﱠ‬7 *
* ‫ﺴ ﺐ‬$ ‫› " ﻟ ﺘ ﺤ ﺘ‬
 $ ‫ﻓ ﻠ ﺘ ﺼ‬
inna li-l-lâhi mâ akhadha, wa lahu mâ a‘tâ, wa kullu shay’in
‘indahu bi-ajalin musammâ. fa-l-tas bir, wa l-tah tasib.

On peut prononcer aussi l’une des deux formules :

*}   ‫ ﺣ ﺴ ﻦ‬5 *
 ‫ﷲ ﻋ ﺰ‬ * } ‫ﺟ ﺮ‬5
 ‫ﷲ‬  ‫* ﻋ ﱠﻈ ﻢ‬
« Que Dieu te fasse « Que Dieu te rétribue lar-
bonne consolation. » gement
Ahsana l-lâhu ‘azâk ‘azzama l-lâhu ajrak

Rites_Book_vF.indb 179 06.03.2005 12:08:03


180 Les rites funéraires en Islam

Ou dire aussi l’invocation citée plus haut, en pronon-


çant le nom du mort si on le connaît, sinon dire, par exem-
ple, ‘abdaka :
« Ô Seigneur, pardonne à [le nom du mort], élève son rang
parmi les bien-guidés, et remplace avantageusement son ab-
sence parmi ses proches vivants. Pardonne-nous ainsi qu’à lui.
Ô Maître des mondes ! Et fais de sa tombe un endroit spacieux
et lumineux. »

 " ، ‫ﺪ ﱢﻳﲔ‬$ ‫ ﳌ ﻬ‬H


‫ﺧ ﻠ ﻔ ﻪ‬ $ ‫ < ﺟ ﺘ ﻪ‬D ‫ " < ﻓ ﻊ‬،(H‫ﺳﻢ ﳌﺘﻮ‬7) ‫ـ‬$‫ﻔ ﺮ ﻟ‬$ ‫* ﻟ ﱠﻠ ﻬ ﱠﻢ ﻏ‬
$ ‫"ﻓ ﺴ ﺢ ﻟ ﻪ‬،  $ ‫ﻟﻌﺎﳌ‬ $ $ ‫ﻪ‬$ $‫ﻘﺒ‬$ ‫ ﻋ‬H
 ‫ﺮ‬$ $‫ ﻟﻐ ﺎﺑ‬H
H  ‫ﲔ‬  ‹‫ "ﻏ ﻔ ﺮ ﻟ ﻨﺎ " ﻟ ﻪ ﻳﺎ < ﱠ‬،‫ﻳﻦ‬ $
Rites par la pratique

* ‫ﻴﻪ‬ $ ‫ﻓ‬$ ‫"ﻧﻮ< ﻟ ﻪ‬، $ $ ‫ﻗ‬


 ‫  ﱢ‬e› 
Allâhumma ghfir li [le nom du mort], warfa‘ darajatahu fil
mahdiyyîna wa-khlufhu fi ‘aqibihi fil ghâbirîna, wa-ghfir lanâ
wa lahu yâ rabba-l-‘âlamîna, wa-fsah lahu fî qabrihi, wa
nawwir lahu fîhi.

Rites_Book_vF.indb 180 06.03.2005 12:08:03


Conclusion

Ainsi se termine ce livre en espérant qu’il pourra con-


tribuer, un tant soit peu, à aider des musulmans à com-
prendre certains aspects de leur religion, et à accomplir
leurs devoirs vis-à-vis de leurs coreligionnaires défunts.
La mort nous côtoie chaque jour, et les devoirs induits
sont fondamentaux pour assurer et tisser davantage le lien
social qui nous unit. Il est donc vital pour nous de contri-
buer, chacun de sa part, à assurer la prise en charge de ces
obligations envers nos morts.
Certains savants placent la connaissance des rites fu-
néraires comme faisant partie de ce socle de connaissances
indispensables à tout musulman (al-ma‘lûm mina d-dîn bi-
ddarûra), comme le fait de connaître la prière, le jeûne du
mois Ramadan, etc.
En plus de cela, qui d’entre nous ne chercherait pas à
plaire à Son Créateur et récolter les fruits de ce qu’Il a pro-
mis comme rétributions à ceux qui participent de près ou
de loin à ces rites ?
Si nous avons fait quelque bien à travers cet écrit, c’est
par la grâce et l’aide de Dieu uniquement. Si nous avons
commis des erreurs, c’est entièrement de notre faute, et
nous demandons pardon à Dieu.
Comme nous Lui demandons d’accepter ce travail et
de le rendre utile.

* ‫* ﺗﻢ ﺑﺤﻤﺪ ﷲ ﺗﻌﺎ "ﺗﻮﻓﻴﻘﻪ ﻟﻜﺮﻳﻢ‬


‫ﻟﻪ‬m ‫ "ﺣﺒﻴﺒﻲ ﻣﺤﻤﺪ "ﻋﻠﻰ‬b‫ﺻﻞ "ﺳ ﱢﻠﻢ "ﺑﺎ<} ﻋﻠﻰ ﺳﻴﺪ‬
‫* ﻟﻠﻬﻢ ﱢ‬
* ‫ﺟﻤﻌﻴﻦ‬5 ‫"ﺻﺤﺒﻪ‬

Rites_Book_vF.indb 181 06.03.2005 12:08:03


Rites_Book_vF.indb 182 06.03.2005 12:08:03
Références bibliographiques

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W‫ ﳉﺰ‬، ‫ ﻟﻄﺒﻌﺔ ﻟﺴﺎﺑﻌﺔ‬، ™‫< ﻟﻜﺘﺎ‹ ﻟﻌﺮ‬D ، ‫ ﻓﻘﻪ ﻟﺴﻨﺔ‬،‫ﻟﺴﻴﺪ ﺳﺎﺑﻖ‬
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Abdarrahman Al-Jazîrî, Al-fiqh ‘alâ-l-madhâhib al-arba‘a, tome


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1999.
‫< ﻟﻜﺘﺐ‬D ،‫ ﻟﻔﻘﻪ ﻋ ﳌﺬﻫﺐ ﻷ<ﺑﻌﺔ‬،b‫ﻦ ﳉﺰﻳﺮ‬d
. ‫ﻟﺸﻴﺦ ﻋﺒﺪ ﻟﺮ‬
.1999 ،g"Œ‫ ﺑ‬،‫ﻟﻌﻠﻤﻴﺔ‬

An-Nawawî Muhyiddîn Ibn Sharaf ad-Dîn, Al-Adhkâr, Éd. Al-


Maktaba al-‘asriya, Beyrouth, 1989.
،‫ ﳌﻜﺘﺒﺔ ﻟﻌ¯ﻳﺔ‬، <‫ﻛﺎ‬Y‫ ﻷ‬،b"‫ ﻟﺪﻳﻦ ﻟﻨﻮ‬z° ‫ﻴﻲ ﻟﺪﻳﻦ ﺑﻦ‬  h‫ﻹﻣﺎ‬
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Chawkânî Mohamed Ibn ‘Ali, Tuhfatu adh-dhâkirîn, Éd.


Mu’asasatu al-kitâb ath-thaqâfiya, Beyrouth, 1991.
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.1991 ،g"Œ‫ﺑ‬

Nasir ad-Dîn Al-Albânî, Ahkâm al-janâ’iz, Éd. as-Sunna,


Bruxelles, 2003.
2003 .-D‫ ﻣﺘﻌﺪ‬g‫ ﻃﺒﻌﺎ‬، ‫ ﳉﻨﺎﺋﺰ‬h‫ﺣﻜﺎ‬5 ،‫ ﻟﺪﻳﻦ ﻷﻟﺒﺎ‬±‫ﻟﺸﻴﺦ ﻧﺎ‬

Rites_Book_vF.indb 183 06.03.2005 12:08:03


Al-Ghazâlî Abû Hâmid, Ihya’ ‘ûlûm ad-dîn.
.‫ ﻟﺪﻳﻦ‬h‫ ﻋﻠﻮ‬W‫ﺣﻴﺎ‬7 ،’‫ﺑﻮ ﺣﺎﻣﺪ ﻟﻐﺰ‬5 ‫ﻟﺸﻴﺦ‬

Al-Qattân Manâ‘, Târikh at-tachri‘ al-islâmî, Éd. Mu’asasatu


ar-risâla, Beyrouth, 1997.
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.1997

Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Sagesses musulmanes, Traduction


Mohamed Benchili, Éd. Tawhid, Lyon, 2004.
Malika Dif, La maladie et la mort en Islam, Rites et comporte-
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Rites_Book_vF.indb 184 06.03.2005 12:08:04


TABLE DES MATIÈRES

POURQUOI CE LIVRE 1
11
INTRODUCTION 1
15
CHAP. 1 : LA MORT ET LA VIE 2
21

. La mort, passage obligé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 


. La maladie et les instants avant la mort . . . . . . . . . . 
2.1. La maladie et la mort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .38
2.2. Les derniers instants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42
2.3. Après le dernier souffle de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48
2.3.1. Les premiers gestes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49
2.3.2. Rendre les dettes et dépôts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50
2.3.3. Faire des invocations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .51
2.3.4. Informer les proches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52
2.3.5. Pleurer la perte du proche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52
2.4. Aider la famille du défunt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .54
2.5. Préparer son linceul et sa tombe avant sa mort . . . . . . . . . .55
. Les rites funéraires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
3.1. Résumé des rites funéraires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .55
3.2. Le cas du suicidé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57
3.3. Les exceptions pour les rites funéraires . . . . . . . . . . . . . . . .58
3.3.1. Le cas du martyr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58
3.3.2. L’enfant impubère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60
3.3.3. Le pèlerin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61
3.3.4. Le non-musulman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61
3.4. Tableau récapitulatif des obligations funéraires . . . . . . . . . .62

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186 Les rites funéraires en Islam

CHAP. 2 : LES RITES FUNÉRAIRES 65


6

. Le lavage mortuaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
1.1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67
1.2. Conditions et recommandations du lavage mortuaire . . . .68
1.3. Autres questions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .72
1.3.1. Le corps du défunt n’est pas entier . . . . . . . . . . . . . . .72
1.3.2. Maquillage et autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .72
1.3.3. Nouvelles souillures après le lavage . . . . . . . . . . . . . . .72
1.4. Ceux qui procèdent au lavage rituel . . . . . . . . . . . . . . . . .73
1.5. Dans la pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .74
. Le linceul (kafan). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
2.1. Obligations et recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .78
2.2. Concernant les hommes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .80
2.3. Concernant les femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .84
2.4. Le tissu du linceul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .85
. La prière pour le mort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
3.1. Le mérite de cette prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .86
3.2. Ses conditions premières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .87
3.3. Ses obligations et recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . .88
3.4. Dans la pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91
3.5. Les différentes invocations prophétiques . . . . . . . . . . . . . .92
3.5.1. La prière sur le Prophète (‫ )ﷺ‬. . . . . . . . . . . . . . . . . . .92
3.5.2. Les invocations pour le mort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .93
3.6. Plusieurs morts en même temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .97
3.7. À qui est due la prière des morts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .98
3.8. La prière pour l’absent (s alât-al-ghâ’ib) . . . . . . . . . . . . . . .99
3.9. Autres règles concernant la prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . .99
. L’enterrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
4.1. Suivre le convoi funèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .100
4.2. L’enterrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .103
4.2.1. Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .103
4.2.2. Forme de la tombe : lahd et shaqq . . . . . . . . . . . . .105
4.2.3. Introduction de la dépouille du défunt dans la tombe107

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Table des matières 187

4.2.4. Orienter le mort vers La Mecque . . . . . . . . . . . . . . .108


4.2.5. Invocations à faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .109
4.2.6. Autres dispositions relatives à l’enterrement . . . . . . . .109
4.3. Cas spécifiques relatifs à l’enterrement . . . . . . . . . . . . . . . .112
4.3.1. Enterrement de plusieurs personnes dans la même
tombe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112
4.3.2. Le mort dans une embarcation . . . . . . . . . . . . . . . . .113
4.3.3. Lire le Coran sur la tombe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .113
4.3.4. Transporter la dépouille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .113
4.4. Après la mort : le questionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . .114
. Les condoléances et le deuil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
5.1. Porter le deuil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .116
5.2. La période de viduité (‘idda) de la veuve . . . . . . . . . . . . .118
5.3. Présenter ses condoléances. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .119
. La visite des tombes et des cimetières . . . . . . . . . . . 
. Après la mort, dettes et actions . . . . . . . . . . . . . . . . 
7.1. Les dettes rituelles du défunt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124
7.2. Les actions qui peuvent profiter au mort . . . . . . . . . . . . . .125
7.3. Les dettes matérielles du défunt. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .129
. Ce qu’il faut absolument éviter de faire . . . . . . . . . 
. Éléments spécifiques en terre non musulmane . . . . 
9.1. L’utilisation de cercueils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .131
9.2. L’orientation vers La Mecque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .131
9.3. L’enterrement au milieu de tombes non musulmanes . . .132
9.4. Impossibilité de laver le corps pour cause de maladie
spécifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .133
9.5. Exhumer ou déplacer les dépouilles . . . . . . . . . . . . . . . . .134
9.6. Plusieurs personnes dans la même tombe . . . . . . . . . . . . .135
9.7. Incinération-crémation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136
9.8. Assister à l’enterrement de non-musulmans . . . . . . . . . . . .136
9.9. Enterrement de parents non musulmans . . . . . . . . . . . . . .137
9.10. Présenter ses condoléances à un non-musulman . . . . . . .138

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188 Les rites funéraires en Islam

CHAP. 3 : LES RITES FUNÉRAIRES EN PRATIQUE 14


141

. Auprès du mourant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 


. Le lavage mortuaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
. Linceul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
. La prière mortuaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
. Le convoi funèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
. L’enterrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
. Présenter ses condoléances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 

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