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PAUL DE CLERCK
I.
LES DEUX COMPRÉHENSIONS THÉOLOGIQUES
DE LA TRANSFORMATION DES DONS
8
Nec ... corpus Christi et sanguinem dicimus; sed illud tantum quod ex
fructibus terrae acceptum et prece mystica consecratum rite sumimus ad
salutem spiritualem in memoriam pro nobis Dominicae passionis: quod cum
per manus hominum ad illam visibilem speciem perducatur, non sanctifica-
tur ut sit tam magnum Sacramentum, nisi operante invisibiliter Spiritu Dei...,
AuGUSTIN, Traité sur la Trinité III, 4, 10: PL 42, 874; Bibl. aug. 15, Desclée de
Brouwer, Paris 1991 2 , 290-291.
9
« ... cum eiusdem beatae passionis ad altare memoria replicatur cum
panis et uini creatura in sacramentum camis et sanguinis eius ineffabili
spiritus sanctificatione transfertur ... » (quand est renouvelée à l'autel la
mémoire de sa bienheureuse passion, lorsque le pain et le vin de la création
sont transférés dans le sacrement de sa chair et de son sang par la sancti-
fication ineffable .de l'Esprit): Homélies I, 15: PL 94, 75; .ed. D. Hurst CCL 122,
Brepols, Turnhout 1955, 106.
10
« Peto clementiam tuam [deus] ut descendat super panem et calicem
plenitudo [tuae benedictionis et santificatio] tuae diuinitatis. Descendat etiam
domine illa sancti spiritus tui inuisibilis incomprehensibilisque maiestas,
sicut quondam in patrum hostiis descendebat, qui et oblationes nostras cor-
pus et sanguinem tuum efficiat... » (Je prie ta clémence, o Dieu, pour que
descende sur le pain et la coupe la plénitude [de ta bénédiction et la sanc-
tification] de ta divinité. Que descende aussi, Seigneur, la majesté invisible et
incompréhensible de ton Saint Esprit; comme jadis il descendait sur les
offrandes de nos pères, qu'il fasse aussi de nos oblations ton corps et ton
sang... ): prière attribuée à saint Ambroise, mais écrite par Jean de Fécamp
(t 1078), voir A. WILMART, « L'oratio sancti Ambrosii du Missel Romain », dans
Revue bénédictine 39 (1927), 317-339, repris dans IDEM, Auteurs spirituels et
textes dév6ts au moyen age latin, Bloud et Gay, Paris 1932 (Études Augusti-
niennes, Paris 1971 2 ), 101-125.
11
SAINT THOMAS o'AouIN, Somme de théologie, 18 rrae, qu. 112, a. 1, sol. 2.
12
On peut citer aussi une préface.du 5e dimanche après la « théophanie »
dans le Supplément d'Alcuin au sacramentaire grégorien: « [Hostia] Quae
LMES DES NOUVELLES PRii3.RES EUCHARISTIQUES DU RITE ROMAIN 193
LBS tPI C
:>,
4
galica Voir par exemple J. PINELL, « Anamnesis y Epiclesis en el antiguo rito
15 dans Didaskalia 4 (1974/1), 3-130.
chrétie BROISE DE MILAN, Des sacrements IV, 14-15, éd. B. Botte (= Sources
nnes 25 bis), Ed. du Cerf, Paris 1961, 83.
194 PAUL DE CLERCK
« Le Christ est là ... En effet ce n'est pas un homme qui fait que les
oblats deviennent corps et sang du Christ, mais c'est le Christ lui-meme,
qui a été crucifié pour nous. Le pretre se tient là, remplissant un role
(crxfiµa 1tÀ11péi>v) et prononçant ces paroles, mais la puissance et la grace
sont de Dieu. Il dit "Ceci est mon corps". Cette parole transforme les
oblats. Et de meme que cette parole "Croissez et multipliez-vous, et
remplissez la terre" (Gn 1,28), qui a été prononcée une seule fois, donne
en tout temps force à notre nature pour engendrer des enfants, de meme
cette autre parole, prononcée une seule fois, réalise le sacrifice parlait
à chaque table dans les églises, depuis lors jusqu'à aujourd'hui et jusqù'à
son retour » 17 •
16
Saint Basile est un témoin privilégié de cette réflexion. Dans son Traité
du Saint Esprit, il mentionne explicitement l'épiclèse parmi les « coutumes
non écrites », ceuvre de la tradition apostolique, dont la négligence porterait
cependant atteinte à l'Evangile: eh. 27, 66 (= Sources chrétiennes 17bis),
Ed. du Cerf, Paris 1968, 481.
17
JEAN CttRYSOSTOME, Homélie sur la trahison de Judas, I, 6: PG 49, 380;
citée par P.-M. GY, « L'eucharistie dans la tradition de la prière et de la
doctrine ,;, dans La Maison-Dieu 137 (1979), 89, n. 15.
,....---
LES ÉPICLÈSES DES NOUVELLES PRIÈRES EUCHARISTIQUES DU RITE R0MAIN 195
20
Texte dans Prex eucharistica, 347 ss.
21
E. MAZZA, L'anafora eucaristica. Studi sulle origini(= Bibliotheca Ephe-
merides Liturgicae - Subsidia 62), Ed. Liturgiche, Roma 1992, 219.
22
Voir A. KAvANAGH, « Thoughts on the New Eucharistic Prayers », dans
Worship 43 (1969/1), 2-12; R. ALBERTINE, « The Problem of the (dou_ble)
Epiclesis in the New Roman Eucharistic Prayers », dans Ephemerides Lìtur)
gicae 91 (1977), 193-202; IDEM, « The Post-Vatican Consilium's (Coetus XI
Treatment of the Epiclesis Question », dans ibidem 100 (1986), 489-507 et lOZ
11111
I'épiclèse
, demande
, . , la venue du Saint Esprit. Il faut pourtant faire
•
l
pace a une ep1c1ese non pneumato1ogique, comme dans le cas d
canon romain et du Quam oblationem, avec ses adjectifs bene~
dictam et surtout rationabilem; 25 on la trouve aussi dans les PE
pour enfants, nn. 1 et 3. Du point de vue du but de la demande
l'épiclèse invoque la descente de l'Esprit sur les oblats, mais aussi
sur les participants à l'action liturgique, cette demière finalité
ayant beaucoup de chance d'etre historiquement la plus ancienne·
la scission de l'épiclèse dans les nouvelles PE romaines pourrai~
11
meme mettre cette invocation sur l'assemblée en relief particulier.
Signalons enfin que le mouvement de l'épiclèse est descen-
dant, à la différence de la demande d'acceptation du sacrifice qui
est portée par un mouvement ascendant.
II.
CONSÉQUENCES THÉOLOGIQUES DE L'INTRODUCTION
DES ÉPICLÈSES
viennent de l'adage lex orandi, lex credendi, qui attire l'attention sur le fait que
la liturgie est un des véhicules de la foi chrétienne. On peut lire à ce propos
P. DE CLERCK, « Lex orandi, lex credendi. Sens origine} et avatars historiques
d'un adage équivoque», dans Questions liturgiques 59 (1978/4), 193-212.
30
C':st tout l'objet du Traité sur le Saint Esprit de saint Basile. Sur les
doxolog1es, on trouve une documentation abondante dans J.-M. JIANSSENS, La
liturgie d'Hippolyte. Ses documents, son titulaire, ses origines et son caractère,
(= Orientalia Christiana Analecta 155), Pontificio Istituto Orientale, Roma
1959, 343-370.
LES i:,PICLÈSES DES NOUVELLES PRIÈRES EUCHARISTIQUES DU RITE ROMAIN 201
31 Y.-M. CoNGAR, le crois en l'Esprit Saint, t. 3, Ed.- du Cerf, Paris 1985, 304.
32
PE dite de Lima, par exemple dans Notitiae 19 (1983), 643.
•
33
Cette perspective fait timidement son entrée dans la réflexion théolo-
gique. Ainsi le texte théologique préparatoire au congrès eucharistique de
Lourdes, Jésus Christ, pain rompu pour un monde nouveau, Centurion, Paris
19 ~0, r~nge les questions concemant la présence réelle dans son eh. 5 intitulé
« L,Éghse fait appel à l'Esprit Saint» (p. 56 ss.); le 4e sous-titre porte meme:
;: L ~sprit Saint et la présence réelle », 58-59. De meme, le Catéchisme de
"Églzse catholique range les nn. 1373-1381 sous le titre: « La présence du
202 PAUL DE CLERCK
b) L'actualité du mystère
« Que nous tous qui participons à l'unique pain età l'unique calice,
nous soyons unis les uns aux autres, dans la communion de l'unique
Esprit Saint, et qu'aucun parmi nous ne participe au_ saint c~rps et sang
de ton Christ pour son jugement ou sa condamnat~on, ma~s que ?ous
trouvions miséricorde et grace avec tous les samts qm depms le
commencement te furent agréables » 38 •
c) La transfiguration de l'univers
On peut encore observer ceci. Au moins dans la structure
syrienne occidentale que suivent nos prières eucharistiques récen-
tes, l'épiclèse est suivie immédiatement par les intercessions, qui
se font aussi bien pour les personnes que pour les biens de la
création. Il n'est pas indu d'établir un lien entre cette suite de
prières, et de voir dans les intercessions comme une extension de
38
Prex eucharistica, 238-239.
39
Anaphore syriaque des Douze apòtres, texte latin dans Prex eucharis-
ti~a, 267; text~ français dans A. HAMMAN, Prières eucharistiques des premiers
siècles à nos Jo_urs, 101. Cette épiclèse, comme celle de l'anaphore de Jean
Chrysoston:ie c1tée ~lus haut,. montrent que la formulation actuelle des épi-
clèses du nte romam pourra1t etre enrichie, comme certains critiques l'ont
souhaité.
LES ÉPICLÈSES DES NOUVELLES PRIÈRES EUCHARISTIQUES DU RITE ROMAIN 205
40
Le 11,3.
41
Col 1,16. Les textes d'Ambroise aussi bien que de Chrysostome cités
plus haut font tous deux allusion à la parole créatrice du Christ dans leur
explication de la transformation eucharistique des oblats.
42
J.M.R. TILLARD, « Bénédiction, sacramentalité, épiclèse », 132.
43
Prex eucharistica, 236-237.
206 PAUL DE CLERCK
44
J. DruscoLL, « Anamnesis, Epiclesis and Fundamental Theology », dans
Ecclesia Orans 15 (1998/2), 224. Cet article, intéressant du point de vue
théologique,
45
ne mentionne jamais l'épiclèse sur l'assemblée. "
Sur l'origine de la formule, on peut lire P. DE CLERCK, « Les origines de
la formule baptismale », dans P. DE CLERCK - E. PALAZZO, dir., Rituels. Mélan-
ges offerts au Père Gy, op, Ed. du Cerf, Paris 1990, 199-213. La formule
deviendra la matrice de toutes les formules sacramentelles ultérieures.
L
LES ÉPICLÈSES DES NOUVELLES PRIÈRES EUCHARISTIQUES DU RITE ROMAIN 207
46
JEAN CHRYSOSTOME, Huit catéchèses baptismales, éd. A. Wenger (= Sour-
ces chrétiennes SObis), Ed. du Cerf, Paris 1970, 147-148. L'éditeur signale en
note « un détail curieux: un scribe postérieur a senti que ce passage de
Chrysostome pouvait fournir un argument contre la formule du bapteme en
usage dans l'Église latine: il a écrit deux fois dans la marge: Ceci est contre
les Latins: ica:tà. Aa.tlvrov ».
47
Pontificai romain L'Ordination de l'éveque, des pretres, des diacres,
Desclée-Mame, Paris 1996, 97 pour l'ordination des pretres; celle de l'éveque
et des diacres se fait par une épiclèse semblable.
208 PAUL DE CLERCK
III.
CONCLUSION
48
Voir J. LECUYER, « "Et avec votre esprit". Le sens de la formule chez les
Pères de l'Église d'Antioche », dans Mens concordet voci, pour Mgr A.G. Mar-
timort, Desclée, Paris 1983, 447-451. J'ai développé la signification du souhait
et de sa réponse dans mon livre L'Intelligence de la liturgie (= Liturgie 4),
Ed. du Cerf, Paris 1995, 96-102.
49
Voir G. FILIAS, « L'épiclèse eucharistique dans les liturgi es de Basile le
Grand et de Grégoire de Nazianze » , dans "la Nouvelle Revue Théologique 119
(1997/1), 37-48, spécialement 39-41.