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LA TOUR DE DAVID

« Pour le règne des saints Cœurs de Jésus et de Marie unis dans le Saint-Esprit
sur la France et par la France sur le monde.»
Esto nobis, Domine, turris fortitudinis, a facie inimici

N° 67 – Septembre 2023
Parution irrégulière

Les rites de passage dans l’Église catholique

La crise de la paternité a précédé la crise de la masculinité, car c’est la fonction du père de


transmettre cette conscience de la masculinité chez ses garçons à travers des rites de passage qui
marquent les étapes importantes du développement de l’enfant vers l’homme adulte. Ces rites de
passage qui étaient déjà présents dans les civilisations « primitives » sont tombés dans l’oubli le plus
noir, et cela depuis très longtemps. Nos pères ne comprenaient donc plus les rites catholiques qui ont
repris la même structure que ces rites communs à toute l’humanité. Ils n’ont trouvé aucune objection
à ce qu’on change tous les rites après le conciliabule de « vatican d’eux » parce qu’ils n’en
comprenaient plus le sens et n’avaient plus de références humaines de ces rites. Ce n’est pas pour
autant qu’ils ne désiraient pas les retrouver inconsciemment. C’est pourquoi ils se sont précipités
dans des succédanés de rites de passage comme la totémisation scoute d’essence païenne, ou les
bizutages en tous genres, plus ou moins violents et vulgaires, comme l’enterrement de vie de garçon
qui est souvent l’occasion de beuveries et de débauches.
Alors que de la naissance à la mort, les rites de passage sont nombreux, sérieux et
nécessaires pour le développement et l’épanouissement des individus. Ils viennent renforcer et
fortifier les rites surnaturels des sacrements. La vie personnelle consiste à passer successivement
d’une tranche d’âge à une autre (chaque tranche est une période de sept ans, de 0 à 84 ans) et d’une
occupation ou situation sociale à une autre. Ce passage s’accompagne d’actes spéciaux, de discours
solennel, et de remise d’un objet symbolique qui ait un sens pour l’individu (pas un simple cadeau
sans intérêt), et d’un repas festif. Tout l’univers est rythmé par des passages marqués : pleine lune,
équinoxes, solstices, Jour de l’An, saisons, etc.… L’Église a surnaturalisé ces rites qui célébraient la
nature en les remplaçant par le baptême, la confirmation, la profession de foi, le noviciat, les
fiançailles, le mariage, les relevailles, l’extrême-onction, l’adoubement, le sacre des rois et des
reines, etc.
1. Passage matériel
Tous les rites de passage font traverser un lieu matériel symbolique : pour l’étranger, c’est
une frontière, pour le voyageur ce sont des péages, pour un religieux, c’est la clôture, pour le
catéchumène, c’est la porte ou le portail de l’église, pour l’étranger à la famille c’est la porte de la
maison, pour l’habitant d’une autre ville, c’est la porte de la ville, seul lieu d’entrée possible d’une
ville entourée de remparts. Clôture, remparts, portes, marquent la séparation entre le monde
extérieur, profane, et l’intérieur, sacré, saint, intime. Tout cela a été abondamment illustré par les
sculptures des portails de nos cathédrales. Les gargouilles en forme de démons sont là pour nous
rappeler que le diable règne dans le monde extérieur et qu’il faut y renoncer pour entrer dans le
Temple de Dieu.
2. Passages symboliques : les sacrements
a) Le Baptême
La cérémonie commence à l’extérieur de l’église pour exécuter les rites d’exclusion que sont
les exorcismes. Cela signifie que le catéchumène ou l’enfant est en dehors de l’Église et sous
l’emprise du diable. C’est le pouvoir sacerdotal exorciste qui va délivrer le candidat, et ensuite le
catéchumène ou le parrain du bébé va prendre l’étole du prêtre avec la main droite pour être
introduit dans le Temple sacré en passant la porte de l’église.
Une fois entré dans l’église, le candidat reste devant la porte pour compléter les rites
d’exorcismes. Le prêtre va procéder aux interrogations qui sont autant d’épreuves ou de tests et que
l’Église primitive appelait les scrutins. Pour un baptisé adulte, l’Église exige la connaissance du
catéchisme avec les interrogations qui sanctionnent les acquis. La dernière question, la plus
importante, consiste à demander au candidat ou à son parrain de renoncer au monde, à Satan, à ses
pompes et à ses œuvres. Une fois cette séparation effectuée devant l’assemblée des fidèles, le
candidat peut adhérer au Credo et réciter le Notre Père. Il va ensuite être agrégé à l’Église, au Corps
mystique du Christ.
En faisant couler l’eau baptismale sur le front du candidat, le prêtre lui imposera un ou
plusieurs prénoms, des prénoms français de saints patrons reconnus par l’Église catholique, pour les
citoyens français. Evidemment, les saints eux-mêmes ne sont pas forcément français, mais leur nom
doit être francisé. Saint François d’Assise s’appelait Francesco en italien, mais un petit français sera
baptisé sous le nom de François. Avec le rite du baptême lui-même, le prêtre impose au candidat un
vêtement blanc et un cierge allumé. Le tout se termine à la maison par un repas de fête avec toute la
famille.
b) La Première Communion à 7 ans (première tranche de vie)
De nouveau, l’enfant passe par des épreuves de catéchisme et les premières confessions qui
viennent sanctionner l’âge de raison. L’enfant revêt une aube blanche de premier communiant et
vient recevoir son Seigneur en premier entouré de ses parents à la sainte Table. De nouveau un repas
de fête est organisé pour honorer cet enfant de Dieu qui peut participer au banquet sacré de la sainte
communion avec les adultes de la Chapelle. C’est la première occasion pour le père de famille de
faire un court discours à son fils en public pour l’encourager sur la voie de la sainteté et de l’amour
de l’Église en fidélité à Jésus-Hostie et à la Sainte Messe. Ne pas hésiter à lui rappeler l’horreur de
la communion sacrilège. La solennité du moment marquera encore son jeune esprit. Il est très
important que l’enfant entende que son père l’aime, qu’il est fier de lui, et lui exprime sa joie de
pouvoir désormais communier à côté de lui. Ne pas oublier de terminer le discours par la
bénédiction de l’enfant par son père, selon la formule que vous trouvez dans certains missels : « Que
vos saints anges, Seigneur, habitent dans cette maison. Qu'ils en écartent les tentations et nous
gardent dans la paix et la concorde. Que la bénédiction du Seigneur descende sur N... + et y
demeure à jamais. Ainsi soit-il ! »
c) La Confirmation à 11/ 14 ans (deuxième tranche de vie)
Ce sacrement va armer l’enfant soldat de Jésus-Christ pour défendre sa Foi contre Satan et
ses serviteurs dans le monde qui conspirent contre l’Église et contre le Christ Roi d’Amour. Il est
donné au moment où l’enfant entre en 6ème, où sa vie au collège va être profondément différente.
Les professeurs vont le responsabiliser par la gestion de son emploi du temps, de son travail scolaire,
et d’autres détails qui vont faire réaliser à l’enfant qu’il est devenu un « grand ». Pour être prêt à
recevoir ce grand sacrement, l’enfant doit de nouveau apprendre des leçons de catéchisme. Il est
vivement recommandé durant cette période que l’enfant fasse partie de la Croisade Eucharistique
pour vivre sa dévotion eucharistique dans un esprit de combat pour la Foi, dans un esprit de …
Croisé ! En parallèle, le père devrait ajouter des épreuves physiques, psychologiques, adaptées à son
jeune âge et à son milieu social. C’est l’âge où il faut lui apprendre à vaincre sa peur du noir, à faire
avec lui une courte marche de nuit avec observations de la forêt, des étoiles, etc.
Le jour de la confirmation, l’évêque va imposer un nouveau prénom à l’enfant qui doit être
impérativement différent de celui du baptême. Ce prénom doit parler à l’enfant et lui signifier qu’il
n’est plus l’enfant qui portait le prénom précédent. Dans certains pays, les parents n’appelaient plus
leur enfant avec le prénom de baptême, mais uniquement avec le prénom de confirmation.
Aujourd’hui, changer son prénom à la mairie est une simple formalité qui dure un mois.
Le choix du parrain de confirmation doit être fait avec soin. C’est le rôle du mentor dans les
civilisations primitives. Il doit être le collaborateur du père dans la formation du jeune. A l’âge où
l’enfant commence à chercher son indépendance vis-à-vis de son père, le parrain peut prendre
avantageusement le relais.
Ici encore, le sacrement sera marqué par un repas de fête familiale où le père fera un discours adapté
et ciblé pour reconnaître publiquement qu’il accepte de voir son fils accéder au rang de soldat du
Christ, qu’il est digne à ses yeux de confiance et qu’il est fier de lui. La bénédiction paternelle
conclura heureusement ce discours.
d) La Profession de Foi : 11/14 ans
La Profession de Foi est une étape très importante dans la formation du petit homme, et il ne
faut surtout pas la négliger. Elle se fait après la confirmation, sans attendre trop longtemps entre les
deux cérémonies car elles sont très liées. Elle marque vraiment l’entrée dans la vie adulte et
correspond à la cérémonie de la bar-mitsva à 12 ou 13 ans chez les Juifs, c’est à cette occasion que
le Seigneur Jésus est resté dans le Temple pour enseigner les Docteurs d’Israël.
Elle est précédée d’une petite retraite de deux jours dans le silence et la méditation prêchée
par un prêtre, sur le pan spirituel. Mais il ne faudrait pas négliger le côté naturel la veille de la
cérémonie, par exemple, les pères pourraient organiser une journée d’épreuves physiques dont une
marche-pèlerinage, et le soir, une veillée d’armes autour d’un feu avec des flambeaux. Chaque père
remettrait solennellement à son garçon son prénom de confirmation, pour accompagner le geste de
l’évêque. Il peut transmettre un objet symbolique ayant appartenu à un ancêtre ou à lui-même
pouvant lui servir de référence dans sa vie d’adulte. C’est le moment ou jamais de lui remettre le
livre de famille qui lui raconte toute l’histoire de sa famille et de ses aïeux. Un court enseignement
sur la vie, les codes, les principes, surtout envers les femmes : galanterie, esprit chevaleresque, aussi
envers la société, amour et service du bien commun.
La cérémonie religieuse le dimanche consiste à jurer fidélité à Dieu et à l’Église en public
devant toute la chapelle avant le Credo de la Messe, la main droite sur les saints Evangiles. Chaque
enfant renouvelle les promesses de son baptême, qu’il fait siennes en tant qu’adulte responsable.
L’enfant pourra lire un court extrait de l’Evangile, Parole de Dieu qui est l’épée des chevaliers de
Jésus-Christ : Ephésiens, chapitre 6 : « prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel
vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin ; prenez aussi le casque du salut, et l'épée
de l'Esprit, qui est la parole de Dieu. » Hébreux, chapitre 4 : « Car la parole de Dieu est vivante et
efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu'à partager âme
et esprit, jointures et moelles ; elle juge les sentiments et les pensées du coeur. »
Tout cela se termine, comme toujours par un repas de fête en famille, avec de nouveau un discours
circonstancié du papa, et une bénédiction paternelle.
e) Il n’y a pas de cérémonie religieuse pour la majorité à 21 ans (3x7, troisième tranche d’âge), mais
ce passage est vraiment important, car le jeune devient adulte autonome et responsable. Il peut tout
entreprendre sans l’autorisation paternelle, il doit être prêt à se débrouiller tout seul. Entière liberté
est laissée au père pour organiser ce rite de passage.
f) Le rite religieux suivant est le mariage.
Le rite d’exclusion qui précède, la renonciation à toutes les autres femmes, s’appelle les fiançailles.
L’objet symbolique remis est la bague de fiançailles. Ce temps de fiançailles est un temps
d’épreuves pour se mieux connaître et apprendre la doctrine catholique du mariage avec la
Catéchèse du Père Barbara. Il ne doit pas excéder un an, un an et demi. Une retraite de saint Ignace
est vivement recommandée durant ce temps avec une confession générale. Dans cette préparation
catholique, point n’est besoin de rite de passage supplémentaire, « genre » enterrement de vie de
garçon, de vie de jeune fille ! Ils appellent ça EVG et EVJF ! C’est pour éviter ces débordements
mondains que l’Église encadre le mariage de préparation sérieuse. Le rite d’agrégation est le
mariage lui-même avec l’échange d’un objet symbolique : l’alliance en or. Lié au mariage, comme
rite de reconnaissance, il y a les relevailles après chaque naissance. Comme le baptême, le rite
commence à l’extérieur et le prêtre fait entrer la maman dans la chapelle en lui faisant tenir par la
main droite son étole. Il y a une remise d’un objet symbolique, le cierge allumé.

g) Enfin le dernier rite de passage est l’extrême-onction accompagnée du saint Viatique, suivie de la
cérémonie des funérailles avec bénédiction de la tombe au cimetière. Là encore un repas est servi
pour accompagner le défunt et garder sa mémoire. Un discours des membres de la famille peut très
bien se dérouler à ce moment plutôt qu’au cimetière. Ils viendront compléter l’homélie du prêtre.
L’enregistrer pour les générations futures serait une excellente chose !
Conclusion
C’est en terminant sur le rite de la mort offerte et sacralisée par le sacrement et le saint
Sacrifice de la Messe, que nous achevons cette présentation du rôle paternel dans les rites de
passage. Être père, c’est donner la vie en même temps que des raisons de vivre. Mais peut-il y avoir
des raisons de vivre s’il n’y a pas de raisons de mourir ? En attendant d’offrir sa vie au Père comme
Jésus-Christ sur sa Croix, le père de famille doit donner des objectifs pour offrir sa vie chaque jour
au Père par Notre-Seigneur et par la Très Sainte Vierge Marie. Aimer, c’est se donner et se donner
soi-même. C’est la nature même de Dieu le Père que le père de famille doit s’efforcer de reproduire
devant ses enfants. Telle est la grande dignité de la paternité. Elle est surnaturelle et humaine tout à
la fois. Elle accompagne à chaque étape le prêtre et les sacrements de l’Église pour faire gravir les
échelons du développement humain complet. Le prêtre ne pourra jamais remplacer le père de
famille, s’il ne fait pas sa part, l’enfant sera toujours handicapé par ce manque. Inutile de préciser
que nous sommes tous handicapés par l’absence des pères, moi le premier. Est-ce une raison pour ne
rien faire et continuer de subir ce châtiment ? Non, donnons aux futures générations tout ce que
nous pouvons leur donner de meilleur, même si nous n’avons pas reçu autant. Se donner, c’est
s’oublier soi-même.
Abbé Xavier ROLLAND

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