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UNIVERSITÉ SAINT-ESPRIT DE KASLIK

FACULTÉ PONTIFICALE DE THÉOLOGIE

Recherche approfondie sur le thème :


« Parrains et marraines de baptême »

Préparée par :
Mirab SLEIMAN EL HAKIM
Maroun NADDAF
Georges AZAR

Présentée au
R.P. Augustin MEHANNA
Dans le cadre du cours :
Initiation chrétienne

KASLIK-LIBAN
2008-2009
PLAN :

1- Origine et évolution des parrains de baptême :


a- Rôle primitif du parrain de baptême
b- Transformation du rôle du parrain après le IV e siècle
jusqu’au concile Vatican II

2- Signification du parrain de baptême dans l’Eglise actuelle


(après le concile Vatican II) :
a- Les parrains dans le baptême des adultes
b- Mise en valeur du rôle des parents dans le baptême des
enfants
c- Place des parrains dans le baptême des enfants

2
1- Origine et évolution des parrains de baptême :

a- Rôle primitif du parrain de baptême


Le baptême en tant que premier des sacrements est celui qui fait entrer
dans l’Eglise, dans la communauté chrétienne : il est la porte de l’Eglise.
Cela suppose évidemment que celui qui va être baptisé se trouve auparavant
en dehors de l’Eglise, et c’est ce qui justifie l’existence, dans ce cas, d’une
fonction particulière et spécifique : celle d’un intermédiaire entre le candidat
au baptême et la communauté chrétienne dans laquelle le baptême le fera
entrer, intermédiaire susceptible tout à la fois de témoigner devant la
communauté chrétienne du sérieux et de la valeur de la démarche du
candidat d’une part, et de témoigner auprès de ce candidat de ce qu’est la
communauté chrétienne où il va entrer. C’est ainsi que saint Hippolyte de
Rome décrit les choses dans la Tradition apostolique : « Ceux qui se
présentent pour la première fois… seront amenés devant les docteurs…
Ceux qui les ont amenés témoignent à leur sujet s’ils sont capables
d’entendre la parole… »1. Il s’agit probablement de la personne qui a
introduit à la foi le futur baptisé, Hippolyte ne lui donne pas de titre
particulier. Mais, à la même époque, Tertullien fait allusion aux personnes
jouant ce rôle, les nommant « garants ».
La responsabilité du parrain ne se limite pas à introduire le futur chrétien
auprès de la communauté uniquement, mais, elle continue tout au long de la
formation catéchuménale du futur baptisé. Tertullien suppose que le rôle des
« garants » ne porte pas seulement sur le passé des candidats, mais qu’il
s’étend après leur entrée en catéchuménat.
Près de deux siècles plus tard, saint Jean Chrysostome écrit : « […] par leurs
admonestations personnelles, ils mènent ceux qui leur sont confiés dans la
voie de la vertu… il est coutume de les appeler « pères spirituels », afin
qu’ils apprennent quelle tendresse ils doivent leur témoigner pour les
instruire dans les choses spirituelles. S’il est beau d’inspirer la foi à ceux qui
ne dépendent pas de nous, à combien plus forte raison devons-nous le faire à
l’égard de celui qui nous recevons à titre de fils spirituel. » 2 Ainsi, nous
pouvons déduire qui dans les premiers siècles du christianisme les parrains
1
Tradition apostolique, n˚15, éd. Botte, Paris, Éd. du Cerf, S. chr. 11 bis, 1968, p.68-69.
2
Huit catéchèses baptismales, II, 16, Éd. Du Cerf, 1970, p.142-143.
3
sont responsables de l’avancement des futurs baptisés dans l’apprentissage
de la vie chrétienne.

b- Transformation du rôle du parrain après le IVe siècle


Après la paix constantinienne et l’établissement d’une situation de
chrétienté, les baptêmes d’enfants vont se multiplier jusqu'à devenir peu à
peu la situation normale avec l’exclusion du baptême des adultes. Cela a
retentit sur le rôle du parrain de baptême. Quand il s’agit d’un petit enfant, il
n’y a aucune raison que quelqu’un soit auprès de lui le témoin de la
communauté chrétienne dans laquelle il va entrer, ni même qu’il soit le
garant de sincérité de la démarche et de la valeur morale et spirituelle du
candidat au baptême. Normalement, ce sont les parents qui demandent le
baptême pour leur enfant et ils sont eux-mêmes les garants de leur propre
démarche.
Par suite, le rôle des parrains dans la célébration baptismale va prendre de
nouvelles dimensions :
D’une part, c’est le parrain (ou la marraine) qui retire le baptisé de la piscine
baptismale ou le reçoit au sortir de celle-ci. Quand se généralisera le
baptême par simple infusion d’eau sur la tête, c’est le parrain – ou plus
généralement la marraine – qui tiendra l’enfant dans ses bras pendant toute
la célébration, en particulier, au moment du baptême proprement dit.
D’autre part, jusqu'à Vatican II, le rituel maintiendra la fiction de s’adresser
directement aux enfants pour leur demander de renoncer a Satan ou de
professer leur foi, en effet, c’est au parrain que sera dévolu le rôle de
répondre au lieu et place de l’enfant.
Le seul point sur lequel le rôle des parrains demeurera à peu près semblable
à ce qu’il était à l’origine est leur responsabilité dans le développement de la
vie chrétienne de leur filleul après son baptême. Le parrain exerce la
responsabilité à l’égard de la catéchèse de l’enfant à mesure qu’il grandit.
Saint Thomas compare le parrain à un éducateur, un pédagogue, un père
spirituel. Mais, il est évident que ce rôle des parrains vient en quelque sorte
doubler celui des parents, premiers responsables de l’éducation de leurs
enfants à tous les niveaux, y compris religieux. Généralement, l’influence
des parrains sera rarement aussi décisive que celle des parents eux-mêmes.
Plus on s’avance vers la structure de la société contemporaine, plus la vie
4
réelle se concentre de façon exclusive sur la famille nucléaire, les autres
acteurs (parrains, grands-parents…) ne jouant qu’un rôle épisodique ou
exceptionnel. L’idée des parrains s’est développée jusqu'à devenir des
substituts aux parents au cas de défaillance de ceux-ci, par exemple s’ils
venaient à mourir.

2- Signification du parrain de baptême dans l’Eglise actuelle :


Le concile Vatican II, tenant compte des données nouvelles de la situation
contemporaine, s’est efforcé de mieux définir la place et la signification des
parrains tant dans le baptême des adultes que dans celui des enfants.

a- Les parrains dans le baptême des adultes


Vatican II a constaté que la situation missionnaire de l’Eglise actuelle
dans le monde contemporaine a redonné, après une éclipse quasi-totale de
plusieurs siècles, une importance nouvelle aux baptêmes d’adultes.
Le Rituel de l’Initiation chrétienne des adultes3 prévoit le rôle du (ou des)
garant (s) qui connaît le candidat et peut témoigner de sa foi,
l’accompagnant au moment de sa demande d’entrée en catéchuménat. Il est
indiqué que le parrain est choisi par le catéchumène et, en même temps,
délégué auprès de lui par la communauté chrétienne, avec l’accord du prêtre
célébrant4. Le rituel insiste sur le caractère amical de la relation entre le
parrain et le catéchumène. Il doit l’aider dans l’évangélisation de sa vie
privée et sociale, dans ses doutes et ses inquiétudes et veiller à la croissance
et à la fidélité de sa vie baptismale. Normalement, chaque candidat a
seulement un parrain (ou une marraine), selon l’antique prescription du pape
saint Léon, mais, il peut avoir à la fois un parrain et une marraine5.

b- Mise en valeur du rôle des parents dans le baptême des enfants


La constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium de Vatican II sur la
liturgie a demandé que le rituel pour le baptême des enfants soit adapté à la
situation réelle des tout-petits et que les rôles respectifs des parents et des
parrains soient mis en évidence6. En même temps, le Rituel du baptême des
petits enfants met en valeur le rôle propre des parents dans le baptême de
3
Ordo initiationis christianae adultorum, éd. Typica, Vatican 1972, n˚42, p.25; trad. fr. révisée, n˚45, p.22.
4
Ibid., n.43 ; trad. fr. n˚46, p.22.
5
Code de droit canonique de 1983, n˚873 : ancien code (1917), n˚764
6
Sacrosanctum Concilium, chap. 3, n˚67.
5
leur enfant, annonçant dès le départ qu’ « en vertu de l’ordre même de la
création, ce ministère et cet office des parents l’emporte en valeur sur celui
des parrains7 ».
Il est très important que les parents soient préparés au baptême de leur
enfant : visites, rencontres avec le prêtre et avec d’autres parents,
catéchismes appropriés …
Plus encore, la présence et la participation active des parents a la célébration
du baptême est nécessaire. Il leur appartient de demander publiquement le
baptême de leur enfant, de faire sur lui le signe de la croix à la suite du
célébrant, de renoncer à Satan et de proclamer la foi, de porter l’enfant sur
les fonts baptismaux…
Après le baptême, c’est encore aux parents en premier lieu qu’appartiendra
de faire grandir la foi dans le cœur de leur enfant.

c- Place des parrains dans le baptême des enfants


Il est clair que la révision du rituel du baptême des petits enfants et la
revalorisation du rôle des parents ne peuvent que modifier profondément la
place des parrains dans le baptême des enfants. Plusieurs des fonctions
propres à eux lors de la célébration baptismale sont désormais réservées aux
parents eux-mêmes. Pourtant l’existence d’un parrain (ou d’une marraine)
est maintenue : « Même pour le baptême des enfants, qu’il y ait un
parrain8… » Comme pour les adultes, un seul parrain (ou marraine) est
requis, même si on tolère qu’il y ait un parrain et une marraine, ce qui, de
fait est le plus fréquent.
Les conditions pour être parrain demeurent extrêmement précises et
exigeantes9. Le parrain (ou la marraine) est choisi par les parents. Il doit
avoir l’intention de remplir cette charge et il doit y être apte.
Quant aux aptitudes requises, il doit avoir la maturité voulue (seize ans
accomplis) ; il doit être de religion catholique, avoir été baptisé, confirmé et
avoir reçu l’eucharistie ; il doit mener une vie conforme a la foi et a la
fonction qu’il assume ; il doit être distinct des parents de l’enfant.
Enfin, reste la question du rôle ou de la signification du parrain ou de la
marraine. Il peut arriver en certains cas, que le parrain puisse exercer auprès

7
Praenotanda au Rituel du baptême des petits enfants, n˚5, éd. typique, Vatican, 1973, p.16.
8
Praenotanda generalia à l’initiation chrétienne, n˚8, éd. Typique, Vatican, 1972, p.9.
9
Code de droit canonique de 1983, n˚874 : ancien code (1917), n˚765.
6
de son filleul un rôle décisif, tant au plan humain qu’au plan religieux, par
exemple, si à l’adolescence le jeune chrétien éprouve le besoin de se confier
à un adulte autre que ses parents. Mais, les conditions pour que cela se
produise ne sont pas toujours réunies car d’une part, il se peut que la
personnalité du baptisé et celle du parrain ne s’accordent pas du fait le
parrain est choisi alors que le futur baptisé est encore un petit enfant. D’autre
part, le choix des parrains par les parents n’obéit pas le plus souvent à des
critères proprement religieux. Bref, le rôle privilégié d’aîné ami et proche
joué par le parrain (ou la marraine) auparavant peut être joué par n’importe
qui d’autre qui se trouve dans les conditions appropriées.
Il faut donc chercher la signification des parrains dans une ligne un peu
différente. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique dit des parrains : « Leur
tâche est une véritable fonction ecclésiale », ajoutant aussitôt : « Toute la
communauté ecclésiale porte une part de responsabilité dans le déploiement
et la garde de la grâce reçue au baptême 10». Ainsi, cela peut signifie que les
parrains sont les représentants de la communauté chrétienne auprès de la
famille de l’enfant baptisé. Dans un autre sens, renouant avec l’un des
aspects essentiels du rôle des parrains aux origines dans le baptême des
adultes, les parrains sont les intermédiaires entre la communauté chrétienne
et le candidat au baptême.

10
Voir n.1255: IIe partie, 2e section, chap.1, art.1, IV, éd. fr., Paris :1992, p.272-273.
7
Bibliographie :

- Catéchisme de l’Eglise catholique, IIe partie, 2e section, chap.1, art.1,


n˚1213-1284.
- Jean-Philippe REVEL, Traité des sacrements, Tome 1 : Baptême et
sacramentalité, livre 2 : don et réception de la grâce baptismale, éd.
Cerf, Paris : 2005, p.301-311 ; 354- 405.
- Sacrosanctum Concilium, chap.3, n˚ 64-70.
- Codex luris Senior, code de droit canonique de 1917, livre III, 1ère
partie, 1, chap.4, n˚ 762-769.
- Codex luris Canonici, code de droit canonique de 1983, livre IV, 1ère
partie, titre 1, n˚ 849-878.
- Rituel de baptême des petits enfants, suivant l’église romaine, 1984.

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