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INTRODUCTION
Déjà le Concile Vatican II avait ouvert une brèche quant à la mission des
laïcs dans l’Eglise, mission qui est d’exercer leur sacerdoce dans le monde dans
lequel ils vivent, ils seront comme ferment d’Esperance auprès de leurs frères et
sœurs qui sont dans le monde en leur annonçant et en vivant l’Evangile. Mais à
côté de cette responsabilité séculière, il leur est reconnu des ministères spécifiques
au sein de la communauté ecclésiale. Ils peuvent être appelés à certaines charges
pastorales. Cependant, il y aurait un risque de confusion dans cette ouverture, du
moins pensent certains théologiens et ministres ordonnés qui n’arrivent pas encore
à concevoir le fait dans le sens d’une synodalité dans la mission. Risque d’autre
part pour les laïcs eux-mêmes, qui pensent plutôt que le fait d’exercer un
ministère dans l’Eglise, fait d’eux des clercs au même titre que les ministres
ordonnés. Et par conséquent, de nombreux prêtres peuvent se poser la question de
savoir que deviendra donc le ministère ordonné ? Question légitime puisqu’il faut
y penser. Serait-ce une forme de cléricalisation des laïcs ? Et nous pourrons
reprendre ici à notre compte ce questionnement de Luc Forestier : comment
concilier alors le fait de confier ces responsabilités ecclésiales à des laïcs et la
vocation proprement séculière de leur baptême ? Comment différencier ce qui
relève vraiment du ministre ordonné et ce qui tient à l’activité quotidienne d’un
chrétien dans l’Eglise ?1
1
l’Eglise, il ne devrait souffrir d’aucune suspicion. Au contraire, il engendre entre
pasteurs et autres fidèles, une communauté de rapports au service d’une même
mission »3.
C’est donc le peuple tout entier ici qui est visé non pas seulement une
partie, mais l’ensemble des baptisés. Nous sommes d’abord tous appelés à
répondre de l’espérance que nous avons reçue au matin de Pâques chacun selon sa
condition. Cela relève d’une responsabilité commune en Eglise. Le texte
conciliaire parle justement d’une considération baptismale qui elle-même,
comporte deux dimensions à savoir : la dimension cultuelle et celle du
témoignage.
3
RIGAL J., Découvrir les ministères, Desclée de Brouwer, Paris, 2002, p. 140
4
LG n. 10
2
unique et il n’existe aucune inégalité dans le Christ et dans l’Eglise 5. Bien sûr que
le Peuple de Dieu n’est pas une masse et donc, il inclue pour tous les baptisés, la
commune dignité d’être membres, la commune grâce d’être fils de Dieu et la
commune vocation à la sainteté. Tout ceci constitue de façon organique ce que
nous pouvons appeler selon le Concile « le sacerdoce commun des fidèles ». Et le
même Concile indique sa source dans le sacrement du baptême et l’onction du
Saint Esprit, la mission prophétique, sacerdotale et royale du Christ.
5
Cf. SEMERARO M., Mistero, Comunione e missione. Manuale di ecclesiologia, EDB, Bologna,
1996, p. 59
6
Ibidem, p. 61
7
LG 34
3
Et justement cela se traduit dans toutes leurs actions, leurs prières, leurs
initiatives apostoliques ainsi que leur vie conjugale et familiale, tout leur travail
journalier, leurs loisirs, s’ils sont vécus dans l’Esprit Saint 8. Il faut le dire tout de
suite que cette participation n’est pas seulement celle des laïcs, mais c’est la base
et la condition pour n’importe quelle autre consécration qui pourrait être
développée à travers la participation du sacerdoce du Christ. Les fidèles sont
appelés à participer au sacerdoce du Christ. Et cette participation, nous l’avons dit,
s’accomplit dans divers modes et démontre que dans l’Eglise qui est une seule, il
y a la diversité de charismes des vocations. Ainsi, puisque l’Eglise est Une, aussi
le sacerdoce est un seul, parce que le Christ Jésus n’est pas divisé selon les paroles
de saint Paul aux Corinthiens « le Christ est-il divisé ? » (1Co1,13).
8
Cf. BRULIN M., « La vocation baptismale initiée et soutenue par les sacrements » in Revue de
pastorale des vocations, Eglise et Vocations, la vocation baptismale, n. 11, aout 2010, Trimestriel,
pp. 21-29
9
Cf. RIGAL J., Découvrir les ministères, op. cit. p. 24
10
LG n. 30
4
spécificité des charges à l’intérieur de l’Eglise. Et Bernard Sesboue souligne cette
réalité en ces termes : « mais comme tout le monde ne peut pas tout faire, on
constate une spécialisation de certains membres dans telle ou telle fonction en
raison de leur charisme »11. C’est finalement toute la communauté qui est en
service d’évangélisation dans le monde. Et puisque la ministérialité qui est en
d’autres termes, responsabilité, c’est le fait de l’Eglise tout entière. Elle est
solidaire de la mission et de l’apostolicité, de la sacramentalité et du prophétisme
de l’Eglise entière12.
11
SESBOUE B., L’organisation des ministères dans l’Eglise in La Croix https://www.la-croix.com
juin 2017
12
Ibidem
13
Ibidem
14
JEAN CHRYSOSTOME, Homélie du 2e Epitre aux Thessaloniciens, 4, PG 62, 415
15
Cf. RIGAL J., Découvrir les ministères, op. cit. p. 25
16
LG 32
5
révérence due aux pasteurs et en tenant compte de l’utilité commune et de la
dignité des personnes 17.
C’est donc dire qu’il y a dans l’Eglise, une synodalité dans la ministérialité.
Cela nous plonge inéluctablement dans ce que le Concile a bien voulu appeler le
« sensus fidei », le sens de la foi qui habite le peuple chrétien tout entier18,
Le sens de la foi du peuple chrétien lui vient de son baptême et peut donc
s’élargir à l’ensemble des fidèles et comme le dit si bien Jean Rigal, « devient alors
sensus fidelium »20. Cela se vit en effet, non pas individuellement mais en
communion ecclésiale. C’est en communion avec tout le peuple des baptisés. Déjà
Joseph Ratzinger soulignait déjà cet aspect en ces termes : « la foi de l’ensemble de
l’Eglise est à chaque moment l’étalon valable de la Vérité catholique : en effet, la
vérité n’est pas le privilège de la hiérarchie, elle est l’apanage de l’Epouse du
21
Christ » . C’est donc à ce niveau précis que se joue toute la profondeur de
l’exercice des responsabilités ecclésiales. Il s’agit notamment de penser aux valeurs
de dialogue et de participation dans la vie ecclésiale. Il est tout d’abord question de
17
Can. 212,3
18
Cf. LG 12
19
LG 12,1
20
RIGAL J., Découvrir les ministères, p. 29
21
RATZINGER J., Le nouveau peuple de Dieu, Paris, Aubier-Montaigne, 1971, p. 77
6
service qui devrait être l’attitude des ministres une manière d’être qu’une tache à
accomplir, dira Jean Rigal22. Ce service doit le dire, c’est d’abord se mettre au
service du Christ dans son amour pour les hommes, ce qui dépasse la simple
solidarité humaine. C’est une responsabilité exercée en vue de la croissance et de
l’édification du Corps du Christ qui se vit avec le Peuple de Dieu et pour lui
seulement. Comme le soulignait d’ailleurs Ratzinger plus haut, la seule supériorité
qui devrait primer est celle de l’amour (1Co 13, 13) non pas un ordre de valeur et
de sainteté des chrétiens23.
Les fidèles du Christ sont ceux qui, en tant qu’incorporés au Christ par le
baptême, sont constitués en Peuple de Dieu et qui, pour cette raison, faits
participants à leur manière à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du
Christ, sont appelés à exercer chacun selon sa condition propre, la mission que
Dieu a confiée à l’Eglise pour qu’elle l’accomplisse dans le monde 26.
22
Cf. RIGAL J., Services et responsabilités dans l’Eglise, Col. Foi vivante, Cerf, Paris, 1987, p. 11
23
Cf. Ibidem, p. 12
24
LG n. 1,9 ; GS n 42, 43 ; SL n. 5 ; AG 1,5
25
RIGAL J., Services et responsabilités dans l’Eglise, op. cit. p. 22
26
Can. 204, 1
7
C’est donc à partir du baptême que nous sommes habiletés à participer à la
fonction sacerdotale qui consiste pour nous à faire de nos vies avec le Christ, une
offrande spirituelle. Par le baptême nous sommes appelés à devenir serviteurs de la
Parole de Dieu en témoignant d’abord par nos vies et par les paroles. Il nous donne
en même temps d’être appelés à travailler à ce qu’advienne le Règne de Dieu.
« Voila ce qui fonde sacramentellement la coresponsabilité de tous les chrétiens.
Voila pourquoi les sacrements de l’initiation chrétienne constituent le fondement
sacramentel des différents services charges ecclésiales, ministères institués »27.
8
pour la vie ecclésiale et non comme une force parallèle. Et en retour, les fidèles
laïcs ne devraient pas comprendre la hiérarchie de l’Eglise comme une force qui
avilie.
31
SUENENS J., La coresponsabilité dans l’Eglise aujourd’hui, Desclée de Brouwer, Paris, 1968, p.
29
32
BENOIT XVI, Message à l’occasion de la VIe Assemblée Ordinaire du Forum International
d’Action Catholique, Castel Gandolfo, le 10 aout 2012
9
La réalité des ministères dans l’Eglise doit se comprendre comme une
action ecclésiale. L’Eglise elle-même étant une communion, communion des
communautés, donc l’inscription des particularités au sein d’une réalité commune.
Dans cette veine, les ministres ordonnés sont spécifiquement appelés à exercer ce
ministère de communion. Ils doivent faire exister ensemble et se rencontrer pour
un dialogue fructueux et un objectif commun, des chrétiens qui vient des
expériences différentes et des richesses complémentaire33.
33
RIGAL J., Découvrir les ministères, op. cit. p. 180
34
Ibidem, p. 181
35
BAPTEME, EUCHARISTIE, MINISTERE, 1982-1990. Rapport sur le processus « BEM » et les
réactions des Eglises, Cerf, Paris, 1993
10
15). Ainsi, toute la communauté ecclésiale est don de Dieu et réponse à un appel.
Toute vie pleinement saisie par le Christ s’enracine dans la communauté de ses
disciples, qui, par le don de l’Esprit se reconnaissent convoqués par le même Père.
Alors que l’Instruction romaine de 1997 sur « La collaboration des fidèles laïcs au
ministère des prêtres » manifestait la crainte que les laïcs prennent trop de place
dans l’Eglise et viennent se substituer aux prêtres, le pape Jean Paul II, dans son
Exhortation Apostolique, Novo Millenio Ineunte, a présenté avec force une vision
diversifiée des ministères dans une Eglise qui est communion. Il dit en effet :
11
prendre conscience de leur responsabilité active dans la vie ecclésiale. A
coté des ministres ordonnés, d’autres ministères, institués ou simplement
reconnus, peuvent fleurir au bénéfice de toute la communauté, la soutenant
dans ses multiples besoins ; de la catéchèse, à l’animation liturgique, de
l’éducation des jeunes aux expressions les plus diverses de charité 39.
Dans son livre intitulé, L’heure des laïcs, Agnès Desmazieres pose le
problème en ces termes : « missionarité et coresponsabilités sont vouées à se
conjuguer. Elles sont deux facettes d’une même vocation. L’approfondissement
récent de la coresponsabilité de tous les baptisés répond à une perception accrue
de la commune dignité de tous les baptisés »40. En effet, il existe une
responsabilité commune dans l’Eglise pour l’annonce de l’Evangile. Chacun
cependant selon son statut mais la mission demeure commune à tous, car tous en
effet élèvent leurs voix : que ton règne vienne.
39
JEAN PAUL II, Novo Millenio Ineunte au terme du grand jubilé de l'an 2000, le 6 janvier 2001, n.
46
40
DESMAZIERES A., L’heure des laïcs. Proximité et coresponsabilité, Salvator, Paris, 2021, p.
12
La communion et la mission sont profondément unies entre elles,
elles se compénètrent et s’impliquent mutuellement, au point que la
communion représente la source et tout à la fois le fruit de la mission :la
communion est missionnaire et la mission est pour la communion. C’est
toujours le même et identique Esprit qui appelle et unit l’Eglise et qui
l’envoie prêcher l’Evangile « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8) 41.
Le Concile a insisté sur la symbiose qui doit régner dans l’exercice des
responsabilités de chacun dans l’Eglise :
41
JEAN PAUL II, Exhortation Apostolique post-synodale Christifeles Laici, sur la vocation et la
Mission des Laïcs dans l'Eglise et Dans le Monde le 30 décembre,1988, n. 32
13
Il y’a dans l’Eglise diversité de ministère, mais unité de mission. Le
Christ a confié aux apôtres et leurs successeurs la charge d’enseigner, de
sanctifier et de gouverner. Mais les laïcs, rendus participants de la charge
sacerdotale, prophétique et royale du Christ, assurent dans l’Eglise et dans le
monde leur part dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier 42.
Par ailleurs, il est à comprendre de façon claire que la mission des laïcs
dans le monde ne les exempte pas des responsabilités à l’intérieur de la
communauté ecclésiale. Bien plus, la participation aux fonctions sacerdotale,
prophétique et royale est fondamental indépendamment de leur mission dans le
monde. Et d’ailleurs le même Concile propose à cet effet une forte implication des
laïcs dans ce sens :
42
LG 31
43
Ibidem
44
AA 10
14
plus grande gloire de Dieu. Ici, les réticences et les peurs constituent un blocage à
l’action de l’Esprit.
15
se représente d’abord le ministère ordonné. Certes, dans ce cas précis, les pasteurs
jouent un rôle de guide de la communauté et médiateur mais en fait c’est toute
l’Eglise elle-même qui est en mission. Et précisément le Concile souligne à cote
du ministère ordonné, la présence d’autres ministères « il y a dans l’Eglise
diversité de ministères mais une unité de mission »48. Chacun selon sa catégorie
exerce un ministère dans la communauté.
Dans notre contexte, le cas des laïcs nous interpelle précisément au regard
de toutes les revendications et les appels à la reconnaissance de ce qui convient
d’appeler « ministères laïcs ». Avant d’entrer dans les considérations
profondément théologiques, il faudra préciser que les baptisés sont tous appelés à
œuvrer pour la vie de l’Eglise et le sacrement de Baptême est de confirmation les
constituent déjà comme ministres du sacerdoce universel. Et comme tels, ils
doivent se sentir en situation de mission et coresponsables avec les autres
ministres de la vie ecclésiale.
Un second modèle est celui dit dualiste, qui crée cette crise entre les
prêtres et les fidèles laïcs aujourd’hui. Simplement la répartition des
responsabilités et des taches a été mal vécu. D’une part on reconnait aux ministres
ordonnés la responsabilité de la vie spirituelle et pastorale et aux fidèles laïcs, la
responsabilité de la vie séculière. Cependant, pour rétablir un équilibre et une voie
raisonnable, il a fallu reconsidérer la communauté ecclésiale comme point de
départ de cette mission. Ainsi, en paraphrasant le Concile, Rigal dit « Le laïc
48
AA 2
49
Cf. RIGAL J., Découvrir les ministères, op. cit. p. 138
16
exerce pour sa part, dans l’Eglise et dans le monde, la mission qui est celle de
toute l’Eglise. La vocation séculière n’est pour personne, une exclusivité »50.
c’est Lui (Le Christ) qui a donné certains comme apôtres, d’autres
comme prophètes, d’autres comme évangélistes, d’autres enfin comme
pasteurs et chargés de l’enseignement, afin de mettre les saints en état
d’accomplir le ministère pour bâtir le Corps du Christ…Et c’est de lui que le
Corps tout entier, coordonné et bien uni grâce à toutes les articulations qui le
desservent, selon une activité repartie à la mesure de chacun, réalise sa
propre croissance pour se construire lui-même dans l’amour ( Ep 4, 11-
12.16).
17
effet, il signifie que tous sont responsables dans l’Eglise mais pas au même titre,
mais chacun selon son état51. C’est selon les mots de Rigal, une sorte de
communion missionnaire dans laquelle chacun exerce un ministère selon la nature
de sa vocation mais collaborant pour l’édification du Corps du Christ52.
51
Cf. RIGAL J., Horizons nouveaux, Cerf, Paris, 1999, p. 18
52
Cf. Idem
53
Ibidem, p. 91
54
RIGAL J., Horizons nouveaux, op. cit. p. 94
18
apparaitre la spécificité du ministère des prêtres, sur le plan théologique et
sur le plan pastoral, et que nos efforts pour éveiller, préparer, appeler,
ordonner des prêtres auront un écho dans le peuple chrétien 55.
Evidemment que cette charge est surtout celle des pasteurs selon le can.
145, cependant, les fidèles laïcs le font au nom de leur dignité baptismale, les
pasteurs le font au nom de l’Eglise. En réalité, il est à noter tout de suite que selon
55
ASSEMBLEE EPISCOPALE DE LOURDE 1973
56
JOMBART E., “Charge d’âmes” in Catholicisme 2, Col. 953-954
57
Cf. BORRAS A., Communion ecclésiale et synodalité, Cahiers de la Novelle Revue de Théologie,
Paris, 2022, p. 116
19
une note juridique et sacramentelle, la charge pastorale ne se partage pas,
contrairement au langage commun. C’est une charge dont le curé seul est le
titulaire et les autres fidèles laïcs, en raison de leur foi et en vertu de leur baptême,
peuvent participer à l’exercice de celle-ci. Alphonse Borras en donne le contenu
en ces termes :
CONCLUSION
Notre recherche sur le lien ecclésial nous montre en définitive que nul n’est
indispensable dans l’Eglise. Les divers ministères et leur harmonie constituent en
fait, la communion de la communauté. La vie de l’Eglise tient de la communion
de ses fidèles, laïcs et clercs, tous sont ordonnés au service de la communauté des
frères. Tous en en effet sont coresponsables de la vie ecclésiale. C’est le baptême
qui donne à tous les droits et les devoirs d’exercer une responsabilité même si
cette coresponsabilité varie selon les conditions particulières de chaque baptisé.
Nous le disions déjà plus haut, c’est toute l’Eglise qui est ministérielle, c’est-à-
dire, en service, en mission. Et cette mission découle de notre baptême. Elle est
celle du Peuple de Dieu tout entier. Le mandat d’annoncer la Bonne Nouvelle
incombe à tous les baptisés. Cependant, à certains membres de l’Eglise, il a été
donné la charge de prendre soin de ce Peuple. Toutefois, pour que cette mission
soit fructueuse, il est important de construire un ministère relationnel qui lui
ouvrira la porte au dialogue. C’est d’ailleurs ce que le prochain synode appelle de
tous ses vœux : la culture du dialogue qui est l’âme de la synodalité. Et pourtant,
58
BORRAS A., Communion ecclésiale et synodalité, op. cit. p. 129
20
si l’on parle de synodalité, c’est qu’on convoque l’idée que l’on chemine
ensemble dans le sens de l’accueil et de l’ouverture : c’est un chemin de
conversion. Nous sortirons de cet affront malheureux laïcs-clercs, nous entrerons
dans la dynamique d’une communion missionnaire.
En fait, les laïcs ne sont pas opposés à l’autorité ecclésiale, mais à la manière donc
cette autorité est exercée. Ils ont juste besoin d’une reconnaissance et d’ouverture
et d’accueil. A côté du ministère ordonné, les autres formes ministérielles doivent
être valorisées et reconnues et même accueillies. Toutes ces formes nouvelles
participent avec le ministère ordonné, à la mission que le Christ a confiée à son
Eglise. Le succès dans cette mission passera inéluctablement par la collaboration
et le respect des vocations. Alphonse Borras fit cet appel en ces termes :
les laïcs, dont le pôle spécifique, mais non exclusif, la sécularité, rappelle à
tous l’engagement de l’Eglise dans l’histoire des hommes ; les fidèles
engagés dans la vie consacrée dont le pole spécifique rappelle à toute
l’Eglise l’urgence du Royaume et la radicalité de l’Evangile ; et enfin, les
ministres de l’Eglise et par excellence ceux qui ont été ordonnés au ministère
apostolique, dont le pole spécifique est le service de l’Eglise, signifiant de
manière éminente par l’ordination qu’elle se reçoit de Dieu 59.
59
BORRAS A., Communautés paroissiales, Cerf, Paris, 1996, p. 239
21
construction, et si nous avons à nous accueillir les uns les autres, c’est non
seulement parce que nous sommes frères dans le Christ, mais parce que « nous
travaillons ensemble à l’œuvre de Dieu » (1Co 3, 9) »60. C’est une véritable
conversion à laquelle l’Eglise est appelée pour témoigner pleinement du Christ.
60
RIGAL J., Horizons nouveaux pour l’Eglise, op. cit. p. 95
22