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« Ô temps, suspends ton vol » (le poète Lamartine) « Time is money » « Le temps,
c’est l’argent » Le temps dans la création biblique du monde. Je n’ai pas le temps. Tu
tues le temps. Tu me perds le temps. Mon temps est compté. Quelle heure est-il ? Le
temps perdu ne se rattrape jamais. Le calendrier grégorien. Calendes grecques…
I- Temps objectif
Par temps objectif, il faut entendre le temps qui existe hors de nous, en dehors de
la conscience que nous en avons. Ce temps objectif est ce en quoi tout se passe
Il s’agit ici de montrer que le temps n’est nullement ce que nous croyons à la suite
de la pensée vulgaire, à savoir une réalité objective, une réalité située hors de nous et à
laquelle nous avons affaire sans qu’il y ait entre elle et nous la moindre relation
ontologique. Il s’agira de montrer que pour certains penseurs, le temps objectif n’existe
pas du tout, que sans le sujet qui le vit en tant que conscience observante, en tant que
seule réalité historique, il n’y a pas de temporalité. Un nouveau regard sur le temps
scientifique et même sur le temps cosmologique paraît inévitable. Kant est le premier
philosophe contemporain à avoir nié l’existence objective du temps.
Peut-on appréhender les objets de notre expérience sensible autrement que dans
le temps ? Question à laquelle Kant répond dans l’Esthétique transcendantale (science de
tous les principes de la sensibilité a priori) de la Critique de la raison pure. Le temps n’est
pas un concept empirique qui serait tiré d’une quelconque expérience. Ce n’est pas nous
qui produisons le temps comme on produirait une table. « Le temps n’est pas quelque
chose qui subsisterait pour soi-même ou qui serait inhérent aux choses comme une
détermination objective » Kant critique les empiristes pour qui nous produisons le temps
à travers la simultanéité et la succession, c’est-à-dire que c’est à partir de la succession
perçue et de la simultanéité saisie dans l’expérience que nous construisons le temps.
Kant pense tout à fait le contraire puisque la simultanéité de deux événements signifie
que ces deux événements ont lieu dans le même temps. Par ailleurs, la succession de
deux événements signifie que l’un se produit dans un temps différent dans lequel l’autre
se produit. Nous ne pouvons comprendre la succession et la simultanéité que si nous
supposons l’existence du temps. Sans l’existence du temps, nous ne pouvons pas penser
le simultané et le successif. Le temps est donc antérieur aux idées de succession et de
simultanéité.
Pour Kant, le temps et l’espace sont des représentations nécessaires a priori qui
servent de fondement à toutes nos intuitions. Ce sont des formes a priori de la
sensibilité. Pour Kant, « le temps n’est autre chose que la forme du sens interne, c’est-à-
dire de l’intuition que nous avons de nous-mêmes et de notre état intérieur.» En d’autres
termes, c’est par et à travers la conscience que nous percevons et pensons le temps. Il
est donc subjectif. « Il n’a de valeur objective que par rapport aux phénomènes, parce
que ce sont des choses que nous admettons comme objets de nos sens. Le temps n’est
rien sans le sujet pensant. Par rapport aux choses qui peuvent se présenter à nous dans
l’expérience, par rapport aux phénomènes, le temps est nécessairement objectif. Mais
par rapport à nous et en nous-mêmes, il n’est plus objectif. Parce que forme pure de
notre intuition sensible, il devient nécessairement subjectif. L’intuition est donc la
condition de la représentation du temps, condition de la représentation de l’objet dans le
temps. C’est à travers cette intuition que nous percevons les changements réels qui se
produisent dans le temps, que nous percevons les mouvements qui supposent la
mobilité. Ce n’est pas le temps qui change, mais quelque chose qui est dans le temps,
quelque chose qui tombe sous l’expérience. Mais qu’est-ce donc que l’intuition qui est au
cœur de l’Esthétique transcendantale ?
L’intuition est simple présence de l’esprit à l’être. Elle constitue par-là la
connaissance au sens plénier du terme. C’est le mode par lequel une connaissance se
rapporte immédiatement aux objets.
2°) Irréversibilité : le temps est orienté et irréversible. Ce qui a eu lieu fait pour toujours
partie du passé et ne pourra être modifié. Impossible de revenir en arrière. Certaines
expériences rendent particulièrement douloureuse cette irréversibilité du temps :
regrets, remords, le deuil.
Caractère tragique du temps : passé irréversible, irrévocable, irrémédiable.
Exemples : on ne construit pas une maison deux fois ; on ne peut empêcher une
disputer qui a déjà eu lieu. On ne peut que la regretter et éviter une nouvelle.
L’irréversibilité et l’irrémédiabilité du temps sont aggravées par la brièveté de la vie.
Des cas irrémédiables de la vie courante : je n’ai pas écrit à un ami la lettre qu’il
attendait impatiemment. Entre-temps, il est mort : il est irrémédiablement trop tard. La
bibliothèque d’Alexandrie brûlée n’aura jamais son pareil.
Le péché originel ne peut jamais être effacé.
Chez Aristote, le temps est défini comme le nombre du mouvement. C’est le temps
mathématisé, le temps mesure. Ce temps n’existe que dans l’esprit, dans l’âme. Il
n’existe pas en dehors de l’esprit.