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Fiches Philosophie Moderne

Introduction : qu’est-ce que la philosophie moderne ?


1) Deux œuvres représentatives d’une façon de penser.
D’une part l’Odyssée chanté par Homère, le passé est source de Salut. Ulysse
parvient à rentrer chez les siens après dix ans de péripéties parce qu’il reste attaché à ses
souvenirs, Pénélope et Télémaque figurent la fidélité. Ainsi malgré les nombreuses
tentations qui se présentent à lui (Calypso, l’île des Lotophages, le voyage dans l’Hadès)
Ulysse, parce qu’il se souvient, résiste et parvient à rentrer chez lui. De l’autre côté,
Andromaque de Racine, le passé est source de mort. Les différents personnages tels que
Hermione, Oreste, Andromaque sont comme englués dans leur passé et ils ne peuvent en
sortir. Seul Pyrrhus, tente de se dégager du passer (il ne respecte pas son serment vis-à-vis
des grecs en n’épousant pas Hermione, il veut épouser la femme de l’ennemie d’hier etc…)
Ainsi, deux « solutions » s’offrent à l’homme dans le théâtre de Racine, soit le personnage
est fidèle à son passé et meurt (Oreste, Hermione, Andromaque et Astyanax dans une
certaine mesure) soit il essaie de rompre avec le passé mais il est malgré tout anéanti
comme Pyrrhus qui est assassiné. Deux fausses solutions.
Le passé c’est le père, il vient avant nous et c’est lui qui nous fonde, soit le père tue le fils,
soit le fils tue le père. Caractéristique de la pensée moderne. Si je ne me défends pas mon
passé va m’étouffer et ainsi je dois rompre avec lui.

2) Le Kosmos chez les Anciens


Selon Pythagore le Kosmos est un tout ordonné et ses parties sont hiérarchisées. Dans Le
traité du Ciel d’Aristote, l’univers est divisé en deux parties Sublunaire et Supralunaire.
Le Supralunaire se caractérise par sa perfection, entre les étoiles fixes et les mouvement
circulaire (desquels nous pouvons considérer une certaine immobilité, on revient au
même point) le mouvement au sens large est absent. C’est le domaine des dieux. Le
monde Sublunaire, quant à lui, est caractérisé par tout type de mouvement (corruption,
vie et mort etc.) ce monde est imparfait, mais il est protégé par le domaine Supralunaire
qui est parfait, car il héberge l’homme, créature incomparable, joyaux du mon
Sublunaire. Donc nous avons un système géocentrique et en même temps
anthropocentrique, la nature créée pour l’homme et au service de l’homme.
Ptolémée (IIe siècle ap J-C) avec son commentaire du traité du Ciel va inscrire l’idée des
Anciens dans le temps, il va faire perdurer cette vision des choses en y associant la
Révélation (cf 1er chapitre de la Genèse).
3) L’entrée dans la Modernité
A partir de 1543 l’humanité bascule dans la modernité. A cette date, le système de Copernic
(encore hypothétique) est rendu public (il demande de le rendre public à sa mort) : c’est
l’héliocentrisme. Kepler va suivre quelques années plus tard (1571-1630) avec la découverte
de l’ellipse et il affirme l’infini de l’univers. Puis Galilée affirme que l’on peut d’écrire
l’univers en terme mathématiques. Dans le message céleste : « Elle est (la lune) de même
nature que la terre »
C’en est fait des « deux mondes » !
Les 3 grands impacts de la révolution scientifique :
- Le monde n’est pas comme il nous apparaît : l’incertitude que l’on peut mettre dans
nos sens (externe), blessure profonde…
- La révolution scientifique permet l’émergence d’une nouvelle autorité qui est elle
aussi source de vérité, la science ! : bouleversement de l’autorité de l’Eglise.
« L’intention du Saint Esprit est de nous enseigner comment aller au ciel et non
comment va le ciel » (Galilée à son procès). La place de la philosophie se trouve
remise en cause.
- Où est l’homme ? si la terre n’est plus au centre où sommes-nous ? : la sensation de
vertige. « Le silence éternel de ses espaces infinis m’effraie » Pensées (Pascal).

4) La naissance de la science et la « libération » de l’Homme (annexe1 le roseau


pensant)
La révolution scientifique est le fruit de l’esprit humain, l’homme a peut-être perdu sa place
au centre mais il la reprend d’une certaine manière par son esprit. Ainsi l’homme est peut-
être tout petit face à l’univers qui le domine de toute sa froide éternité mais lui, il pense, en
cela « il est plus noble que ce qui le tue » (Le roseau pensant annexe 1). Il est le seul à
comprendre par sa raison l’univers, il est le miroir du monde.
2 raisons fondamentales à la naissance et au développement de la science :
- La mathématisation de notre vision du monde. « Le livre de la nature est écrit en
langage mathématique » L’essayeur (Galilée 1618). Ainsi usons des maths pour
comprendre la nature mais ce qui n’est pas mathématisable est donc inconnaissable.
Le scientifique mesure dorénavant le réel.
- La science devient expérimentale. L’homme agit sur la nature, par la violence il lui
arrache ses secrets. De l’observation, où le sujet qui observe ne perturbe pas l’objet
observé, on passe à l’expérimentation, où le sujet provoque le phénomène qu’il veut
observer dans l’objet. Claude Bernard (XIXe) dans son Introduction à la médecine
expérimentale : « l’expérimentateur force la nature à se dévoiler, en l’attaquant, en
lui posant des questions. » La nature n’étant plus perçue comme bienveillante
puisqu’elle nous trompe en ne semblant pas être ce qu’elle est, on cesse de la
respecter et on la considère avec froideur.
Ainsi, l’homme moderne perd le sens de la nature, elle existe que par lui, ainsi peut-il agir sur
elle comme sur lui à son aise. Pour l’homme moderne rien n’existe hors de lui, il se fait lui-
même (un anti-Ulysse, un Pyrrhus, il se réinvente lui-même sans cesse). La vérité en est
touchée, le moderne ne croit plus en l’essence (l’Eidos) des choses, il ne rejoint pas l’essence
des choses c’est lui qui la donne d’une certaine manière, il n’y a plus l’adéquation entre mon
intellect et la chose (res et intellectu) (définition de la vérité) mais niant l’essence de la chose
la vérité lui est soumise, il décide de ce qu’elle est, la vérité n’est plus transcendante.
Le moderne se débarrasse d’un passé pesant, il tue le père, pour se façonner ex nihilo. Un
écho au péché originel…
Chapitre I : Le sujet d’abord, le tournant de la modernité
A) De moi à Dieu, St Augustin (354-430)
Les Confessions, œuvre inclassable, biographie, œuvre de philosophie, de théologie etc.
Saint Augustin pose une démarche profondément moderne. Pourquoi a-t-il une dimension
moderne ?
La question essentielle de st Augustin est « quelle place y a-t-il en moi où viendrai mon
Dieu ? »
Question qui trouve une partie de sa réponse dans la mémoire, ainsi st Augustin va
développer dans le livre X la première idée qui est que la mémoire nous ouvre à l’infini du
passer et du futur. Ainsi être c’est avoir un passé m’ouvrant sur l’avenir. La 2ème grande idée
du livre X c’est le mystère du désir de Dieu en moi et le lieu qu’il occupe en moi. St Augustin
ne regarde pas le ciel mais en lui ! Voilà le caractère moderne de l’œuvre. A la fin du lire X st
Augustin considère la mémoire comme un « Pharmakon » le remède qui nous permet de
rejoindre Dieu et de nous rejoindre mais aussi un poison, (la mémoire peut être déviante
faussée, elle peut nous empêcher de voir nettement.
Le Livre XI s’ouvre sur cette 1ère interrogation : que faisait Dieu avant la création ? comment
un être de toute éternité peut il agir dans le temps ? Saint Augustin va tenter de répondre à
la question de ce qu’est le temps. (Annexe 2) Conclusion -> l’être du temps c’est qu’il tend à
ne pas être. En effet, Saint Augustin distingue : 3 temps
1er temps : Passé ; 2ème temps : présent ; 3ème temps : futur. Ces 3 temps existent en moi.
« Un présent où il s’agit du passé (le souvenir), un présent où il s’agit du présent (la vision),
et un présent où il s’agit du futur (l’attente). » Ce sont les 3 temps de l‘âme. Selon st
Augustin le temps est une sorte d’étirement. « Ma vie se trouve étirée, souvenir pour ce que
j’ai dit, attente pour ce que je vais dire. » Ainsi selon st Augustin et en reprenant les mots du
professeur, « nous vivons multiples, dans le multiple, à travers le multiple » : on est partout
et nulle part à la fois. Alors que Dieu nous voit comme 1, non pas étiré mais il nous voit dans
l’unité. Ainsi Dieu en créant a créé le temps, il le peut étant lui-même hors du temps. Moi je
possède le temps (les 3 temps de l’âme) ainsi le temps sauve l’homme mais le sépare
également de Dieu. IL faut que l’homme cesse de « s’étirer » et qu’il redevienne un, tel que
Dieu le voit. Donc l’homme doit tendre vers l’unité en « oubliant » (d’une certaine manière)
son passé -> avoir un rapport plus léger avec son passé, restreindre le poids du passé et ne
pas se laisser piéger par l’inquiétude du futur, de ce qui sera. Il faut vivre selon st Augustin
comme si tout était concentré en nous, ici et maintenant (être un point et non plus une
ligne) -> ramasser son passé et épouser l’avenir, c’est cela qui nous permet de vivre libre et
la prière nous permet de tendre à cette unité et donc de tendre à vivre en homme libre,
vivre dans le temps mais de manière non temporelle (cf. parole de l’Evangile : à chaque jour
suffit sa peine).
B) Du Cogito aux certitudes métaphysiques. Descartes, le père de la philosophie moderne.
Descartes (1596-1650), Les méditations métaphysique (1641)
1ère méditation : Elle porte sur le doute.
Il doute de tout, il applique le doute méthodique avec 2 principes fondamentaux :
1) Il faut traiter de la même manière ce qui est absolument faux et ce qui n’est pas
absolument certain.
2) Ce qui nous a trompé une fois ne doit plus être cru par nous. (-> les sens externes)
Contexte : Descartes arrive après la révolution scientifique, démarche non naturelle de
remise en cause de tout même de ce qu’il a appris pendant ses études mais compréhensible
dans le contexte de l’époque.
Ainsi met-il en œuvre « l’Epokhé » principe venant des sceptiques (Pyrrhon, Sextus
Empiricus) : il s’agit de la suspension du jugement, mais attention Descartes n’est pas un
sceptique, il croit en la certitude.
2ème méditation : l’esprit humain plus capable de connaître que le corps.
Il fonde sa 1ère certitude : celle du cogito. « Cogito ergo sum » (apparaît dans le discours de la
méthode mais pas dans les méditation métaphysiques) Attention « ergo » est de trop.
➔ Je suis sûr que je pense, je peux douter de tout sauf du fait de penser que tout est
douteux. Ainsi je suis certain en moi de l’existence de la pensée : « je suis, j’existe,
cela est certain mais pour combien de temps (concernant la certitude) à savoir autant
de temps que je pense. »
Pour Descartes l’homme est donc une chose pensante : une « res cogitans » contrairement
aux choses ayant une étendue une « res extensa ».
La pensée est absolue ou je pense ou je ne pense pas, elle est indivisible contrairement aux
choses extérieures, les corps qui sont divisibles : les res extensa.
Annexe 3 : le morceau de cire.
Rappel : les 4 causes d’Aristote :
- cause matérielle (de quoi la choses est faite, sa matière)
- cause efficiente (d’où vient la chose)
- cause formelle (ce que la chose est fondamentalement)
- cause finale (ce pourquoi la chose est faite)
La substance, le sujet des accidents, c’est ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est malgré
ce qui lui arrive.
Pour Descartes, il réduit la cire à sa cause matérielle et il nie les autres ainsi ce qui permet de
dire que c’est la même cire qui demeure c’est la pensée, la pensée se substitue à la
substance de la chose. Il y a une énorme différence entre le fait d’affirmer que je rejoins le
réel de la chose par son essence, le point de départ c’est l’objet, la quiddité de la chose alors
que pour Descartes c’est l’esprit qui est premier, sans la pensée il n’y a pas de substance. La
res cogitans est au principe de la res extensa.

3ème méditation : de Dieu qu’il existe.


Preuve « a postériori » -> on s’inspecte sois même pour voir que l’on a en nous l’idée d’un
être parfait infinie d’où cette pensée peut elle bien venir car je suis moi-même un être fini et
imparfait, Dieu a mis cette idée en moi ! « Cette idée est comme la marque de l’ouvrier
emprunte sur son ouvrage. » C’est la 2ème certitude.
4ème méditation : de la vérité et de l’erreur :
Dieu étant parfait ne peut me tromper d’où vient l’erreur ? Pour Descartes : il y a distorsion
entre la volonté et l’entendement. La volonté, étant chez l’homme, infinie je veux au-delà de
ce que je sais -> donc erreur.

5ème méditation : de l’essence des choses matérielles et derechef de Dieu qu’il existe.
La preuve « a priori » : Emprunté à saint Anselm sans le citer Descartes considère que
l’existence de Dieu est contenu dans son essence -> Dieu ne serait pas Dieu s’il n’existait pas.

6ème méditation : sur l’immortalité de l’âme.


Thèse de l’animal machine, le corps vivant est considérant selon Descartes comme une
machine, ainsi l’homme est un composé : d’une part machine par son corps et pensée par
son esprit (différent de chez Aristote où l’esprit est principe de vie) -> c’est le dualisme
cartésien, l’homme est l’union de deux choses différentes.
3 arguments :
1) Ce que perçoit le corps s’impose à moi, le corps m’affecte sans que je le veuille. A
l’inverse j’ai une grande maîtrise de mon esprit et donc de mes pensées. La pensée
est plus autonome que le corps.
2) Ce que mon corps éprouve est toujours plus vif que ce que mon esprit conçoit (il
conçoit avec plus de froideur).
3) La divisibilité du corps, il est divisible comme n’importe qu’elle chose étendue (res
extensa) alors que la pensée est une réalité absolue indivisible.
Pour Descartes les animaux ne sont que des machines sans âmes (âmes au sens aristotélicien
-> âme végétative et sensitive). Il développe 3 raisons à cela :
1) Les animaux ne sont pas doués de paroles (pas de paroles à-propos)
2) La réussite extérieure de l’action (faire son nid, faire une toile) est une action
mécanique : par ressort.
3) Par la raison l’homme est apte à tout.
Ainsi l’homme est immortel, la vie ne se termine pas ici-bas et si l’homme se pense
effectivement immortel alors l’immortalité est source de vie vertueuse. Descartes n’a pas
fait de vraie morale il a seulement composé une morale provisoire, sa morale se fonde sur le
fait que l’homme se sachant immortel tendra à vivre vertueusement. Avec Descartes nous
tombons dans une philosophie du sujet, le subjectivisme de la philosophie -> on ne peut se
fier qu’à soi-même. Il y a une certaine transcendance dans la philosophie de Descartes mais
sa vision de Dieu laisse entre voir un Dieu froid, mathématique. Dieu ne se révèle pas par
amour pour sa créature, c’est la créature qui le découvre par sa seule pensée…
Chapitre II : Le sujet chez Jean-Jacques Rousseau

(JJR : 1712-1778)
A) Le sujet en politique
Du contrat social et Emile ou de l’éducation (1762 pour les deux œuvres)
« L’homme est né libre et partout il est dans les fers. » (Début du Contrat social)
Être gouverné ce n’est pas être libre, alors comment gardé sa liberté en restant libre ?
Ne pas faire comme selon Hobbes dans son Léviathan, renoncé à sa liberté c’est déchoir de
son humanité. JJR établie le Contrat social pour tenter de répondre à cette question. Chacun
doit gagner en sécurité et en liberté en promettant d’agir dans l’intérêt général. L’intérêt
général se substitut au bien commun d’Aristote et de STA, l’intérêt général est plus vague
alors que le bien commun est un épanouissement de tous.
- « L’impulsion du seul appétit est esclavage et l’obéissance à la loi qu’on s’est
prescrite est liberté. » (Livre I, chapitre 8)
Être libre c’est choisir les lois auxquelles on obéit. Ainsi le peuple devient souverain pour
qu’il puisse garantir sa liberté (liberté est un but absolu et non plus un moyen pour atteindre
le bonheur comme chez les anciens). Le souverain étant le peuple il choisit les lois qui
doivent diriger la société et ainsi doit il se réunit régulièrement, et choisit son gouvernement
qui des lois choisir par le peuple souverain en fera des décrets (simple exécutant). Mais ici
l’idéal démocratique de JJR se heurte à son caractère pratique (infaisable).
2 remarques : d’une part le bien commun ayant été substitué en faveur d’un intérêt général
plus flou, JJR abandonne le bonheur comme horizon de la politique, elle n’est là que pour
donner à chacun les conditionner d’une liberté sauvegardée. D’autre part, Avec cette pensée
on entre dans la modernité politique. Ainsi comme la science en son temps a fait sécession la
politique aussi prend son indépendance. Pour JJR « la loi est l’expression de la volonté
générale » et donc de nos libertés ainsi elle devient indépassable. Les lois positives (pour le
bien du peuple), les lois naturelles (pour le bonheur de l’homme) énoncées par Aristote et
enfin les lois spirituelles (pour le salut de l’âme) ajoutées par STA sont niées. La politique n’a
pas le monopole de la loi donc par les autres sources de loi (vu ci-dessus) on peut la
contrecarrée.
Pour JJR ce sont les hommes qui font la loi, on ne la tire plus de la nature ni de Dieu, mais de
nous-même. La sphère politique est devenue par son fait parfaitement autonome.
B) Le sujet de la religion
Dans Emile ou de l’éducation JJR s’imagine en précepteur d’un enfant appelé Emile.
Les principes d’éducation de JJR sont simples : laisser l’enfant libre, le laisser découvrir, il a
en lui les savoirs nécessaires pour bien se conduire.
Livre 4 : « la profession de foi du vicaire savoyard » sur l’éducation religieuse.
A travers son personnage du vicaire savoyard, JJR, fait l’éloge de la sensation, c’est elle qui
est fondamentale, les sens ne nous trompent pas, mais c’est quand je pense ce que je sens, à
savoir quand j’use de mon entendement, que je suis sujet à l’erreur : la raison induit en
erreur, ne se fier qu’aux sentiments. Ainsi la croyance religieuse est avant tout sensible, le
sentiment religieux. Il use de 3 arguments pour prouver le primat de la sensation sur la
raison :
- Le sentiment est antérieur à ma raison, la sensation étant première elle est
forcément pure -> elle est la marque de ma liberté.
- La sensation agit de manière immédiate, elle me fait rejoindre un objet de manière
direct et donc authentique.
- La sensation est ordonnée à la vie.
Selon JJR je ne suis pas soumis à un passé, une tradition, un héritage etc…je ne dois compter
que sur ce que ma sensibilité rejoint.
Les 3 grands piliers de la religion naturelle :
- « Je crois qu’une volonté meut l’univers et anime la nature. » j’ai en moi la sensation
de mouvement alors ma sensibilité m’indique qu’il a une cause à ce mouvement.
- « Si la matière mue me montre une volonté, la matière mue selon certaines lois me
montre une intelligence. » Tout cela il le trouve en interrogeant ses sens il ne peut
rien démontrer. La sensation est source de certitude absolue et indémontrable.
- Le problème de l’existence du mal, ainsi JJR, aboutit à l’immortalité de l’âme et à la
rétribution des justes « la vie avenir, le bonheur des justes et le châtiment des
méchants. »
La vision de la religion naturelle selon JJR n’est pas fausse mais il la cantonne au domaine
naturelle et exclue la Révélation (toutes religions de types révélées).
La profession de foi du vicaire savoyard se conclue en affirmant que Dieu parle directement
dans le cœur de l’homme en s’adressant à sa sensibilité. Dieu ne passe pas par des
intermédiaires. JJR accepte malgré tout l’Evangile (il y reconnait l’esprit de Dieu) mais refuse
l’esprit de l’Eglise. Selon lui pas de culte extérieur (public) le seul vrai culte est intérieur. Pas
de religion révélée, la religion est universelle parce que naturelle, parce que sensible. On
n’entre pas en relation avec Dieu ce n’est pas un ami, on ne va pas à Dieu pour aller à Dieu
mais pour mieux revenir à moi. La religion naturelle de JJR est anthropocentrée.
JJR refuse les religions révélées et considère que la diversité des cultes engendre intolérance
et violence. Tout ce qui est un dogme, parce que venant de l’extérieur, est néfaste. Dieu qui
est en nous est au service de notre bien vivre, il aide la société à avoir une vie morale. La
religion naturelle est donc pour JJR un moyen pour la morale. La morale n’est pas transmise,
elle n’est pas acquise, mais elle est innée. Paradoxalement cette profession de foi n’est pas
une profession de foi comme on pourrait s’y attendre mais plutôt une profession de foi
inversée, il s’agit de croire en nous même !
3 raisons pour lesquelles la religion naturelle est au service de la morale :
- Permet selon JJR de ne pas tomber dans l’hubris, ne pas sortir de nous même (ce que
la raison à tendance à faire).
- Permet la transparence du cœur (car Dieu nous regarde à tout instant mais avec
bienveillance).
- Au nom du 3ème dogme (rétribution des justes, châtiment des méchants) : le
rétablissement de l’ordre.
La religion naturelle de JJR est donc nécessaire pour préserver l’ordre et donc la morale dans
la cité. JJR voit une bonté naturelle incontestable dans le cœur de l’homme.
Bilan : gros impact de JJR dans la pensée contemporaine d’une part en politique où celle-ci
se fonde sur la légitimité du peuple et d’autre part en religion où chacun croit en ce qu’il
veut refusant, pour la majorité, un contenu révélé.
JJR réduit la liberté à l’indépendance.
Fin chapitre 2
Chapitre III : La « métaphysique » de Kant

A) De l’immanence à l’immanence. La métaphysique critique.


La critique de la raison pure (CRP) porte sur la connaissance et répond à la question : que
puis-je connaître ?
La métaphysique chez Kant est ce qui permet de connaître. Pour Kant, l’objet se soumet au
sujet (et non l’inverse) le sujet est prédominant dans l’acte de la connaissance. L’esprit
humain est constitué de tel sorte qu’il lui est possible de connaitre a priori (avant
l’expérience, condition de l’expérience).
Ainsi est il constitué de 2 choses (+ une 3ème) :
- La sensibilité (rend possible la sensation), elle est constituée des formes a priori (de la
sensibilité) que sont l’espace et le temps (car nous rejoignons les choses comme les
unes à côté des autres et se succédant les unes aux autres). Aussi appelé esthétique
transcendantale.
- L’entendement (permet que les sensations soient pensées et ainsi il y a
connaissance) aussi appelé logique transcendantale.
ATTENTION : Rien n’est transcendantal chez Kant, pour lui est transcendantal ce qui est au
principe, au fondement.
Sensibilité (espace et temps) + Entendement (les catégories de l’entendement) =
Connaissance (sensations pensées)

L’entendement est composé des catégories de l’entendement. Il y a 12 grandes catégories,


ce sont des concepts que nous possédons avant l’expérience (a priori), ils nous permettent
de penser et de juger ce que l’on rejoint par les sens.
Kant éveillé à la philosophie pour contrer Hume (empiriste, l’expérience sensible source de
connaissance. Duel Kant-Hume) -> ex : la causalité : pour Hume, parce que nous faisons
l’expérience de la causalité entre deux choses par induction nous savons que la causalité
existe. Pas pour Kant, selon lui l’idée de causalité est une des catégories de l’entendement,
ainsi avons-nous cette idée a priori en nous qui nous permet de faire l’expérience de la
causalité.
La dialectique transcendantale : La raison est ce qui est en nous, une puissance qui cherche
la totalité de la connaissance mais elle ne connaît pas, elle poursuit l’œuvre de
l’entendement, elle n’est rien sans lui. Ainsi, elle se trouve hors champ. La raison travaille à
partir du connu et va concevoir des idées. Ces idées sont appelées : antinomies (des
difficultés que la raison ne peut résoudre : elle entre en conflit avec elle-même).
4 antinomies :
1) Le début du monde.
2) L’idée de substance (donc d’immortalité).
3) La liberté.
4) L’existence de Dieu. (Kant réfute les arguments de Descartes)
(Pour plus d’informations sur ces antinomies -> cf. cours)
Kant distingue ce que « pense » l’entendement et ce que « pense » la raison : je peux penser
une chose (que le monde a un début, que mon âme est immortelle, que la liberté existe :
une cause indépendante, que Dieu existe) mais je ne peux pas le savoir.
La critique chez Kant est ce qui permet de délimiter le champ d’action, dans la CRP il s’agit
de délimiter le champ d’action de la raison. Mais Kant considère la raison comme ce qu’il y a
sublime en l’homme car elle dépasse l’entendement. Kant borne le champ de la raison pour
faire place à la croyance et ainsi pouvoir vivre moralement (pour lui croire c’est vivre
moralement).

B) La morale. Les postulats de la raison pure pratique


(Annexe, texte 7 sur la bonne volonté)
Pour Kant la loi morale est déjà inscrite en nous, l’homme les détiens dans sa raison, comme
la loi morale est immanente il n’en donne pas le contenu.
Définition du bonheur pour Kant : bien être complet et le contentement de son état.
Petit rappel : selon Aristote (puis STA) le jugement moral consiste en 3 choses :
- La matière de l’action, l’acte : ce que l’on fait.
- Les circonstances (peuvent aggraver ou atténuer), elles font écho à l’intention.
- L’intention, la forme de l’acte (ce qui me pousse à poser cet acte).
Ainsi l’action se trouve encadrée par l’intention et par les circonstances.
Kant dit quelque chose de révolutionnaire ! la morale chez Kant réside uniquement dans
l’intention. « De ce qu’il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors
du monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n’est seulement
une bonne volonté. » (Les fondements de la métaphysique des mœurs, section 1, page 1 ;
Kant)
2 types d’action :
- L’action conforme au devoir : l’action est en accord avec la loi morale innée. L’action
est donc jugée « bonne » car en conformité avec la loi, mais elle n’est pas « morale »
(amorale).
- L’action par devoir : elle n’est motivée que par le respect de la loi morale donc elle
est considérée comme morale.
De plus Kant distingue deux impératifs :
- Impératif hypothétique : je fais tel acte pour obtenir tel chose, impératif individuel
qui ne peut pas être universalisé donc il n’est pas moral (amoral).
- Impératif catégorique : Il faut par ce qu’il faut, impératif du devoir (seul impératif
moral), la loi morale étant innée chez Kant, elle a une valeur objective, partagée par
tous donc universalisable donc seul impératif moral.
(Cf. annexe, texte 8 sur le menteur)

Kant réduit la morale à la seule intention droite, elle n’est plus ordonnée au bonheur car si
j’agis pour être heureux alors mon acte est privé de moralité. Ainsi, agir moralement c’est
être libre (autonome, indépendant) car le sujet est détaché de tout il est autonome donc
libre. Ainsi l’action morale est par définition une action autonome donc libre mais nous ne
sommes toujours pas capables de faire l’expérience de la liberté.
L’homme fait parti du monde sensible (un corps, des intérêts, des penchants, des passions
etc…) ainsi il n’est pas un être moral de nature car il n’est pas indépendant, il agit toujours
en vu d’une chose (hétéronomie différente d’autonomie). Kant considère que l’on ne peut
pas non plus prouver qu’il y ait déjà eu dans le monde des actes moraux car il faudrait que la
personne qui les pose dise dans qu’elle intention elle les pose et ainsi si intention il y a alors
l’acte perd sa moralité. On ne peut pas non plus entrer à l’intérieur du sujet qui pose un acte
pour savoir donc c’est indémontrable. Cela ne ruine pas la morale de Kant car, en fin,
l’homme fait aussi parti du monde intelligible il doit ainsi toujours tendre vers davantage de
moralité. Il possède en lui des idées morales et il est capable de les respecter pour ce
qu’elles sont. Notre Humanité nous vient de cette appartenance au monde intelligible ainsi
nous devons nous comporter en tant comme en agissant moralement, agir en homme c’est
agir moralement. Il faut réaliser notre nature non pas pour être heureux mais par devoir.
Ce qui pousse l’homme à être moral c’est le souverain bien, qui est selon Kant : l’union de la
vertu et le contentement de soi-même. Il s’agit d’un sentiment intellectuel éprouvé après
avoir poser un acte moral. Lorsque l’homme agit moralement sa raison ne peut s’empêcher
de postuler 3 des 4 idées de la raison (la liberté, l’immortalité et Dieu). Alors selon la raison
la liberté est possible donc une vie morale est possible également s’en suit alors que la
raison postule un monde où ma volonté adhérera pleinement à la loi morale donc la raison
postule de l’immortalité de l’âme et de l’existence de Dieu.
Ainsi pour Kant l’homme moral, sans en avoir conscience tente de devenir comme Dieu en
respectant la loi qui se trouve en lui, Dieu est un être absolument moral. « il est moralement
nécessaire d’admettre l’existence de Dieu ». Ainsi la morale est première et la religion y est
contenue.

Du Souverain Bien (vertu + contentement de soi-même) découle la liberté, l’immortalité de


l’âme et l’existence de Dieu…Tout se passe en nous et vient de nous, moi, moi, moi…
C) L’esthétique kantienne
De l’expérience du beau et du sublime (annexe : textes 9,10 et 11).
Aisthesis (grec) = la sensation ; pour Kant, donc, le beau est d’abord un jugement esthétique
(fruit d’une émotion). -> Rien en soi est beau.
Deux manières de juger :
Jugement déterminant : le sujet pense quelque chose de l’objet.
Jugement réfléchissant : l’objet produit dans le sujet quelque chose.

D’une part le jugement esthétique est, chez Kant, un jugement réfléchissant et d’autre part
un jugement désintéressé. Pourquoi désintéressé ? Car lorsque j’éprouve la beauté d’une
chose je n’ai pas d’intérêt (sensible ou intellectuel) à son existence. C’est mon imagination
(liée au sensible) et mon entendement qui sont touchés. Mais si je commence à penser la
chose belle alors je cesse de la voire comme tel et mon jugement désintéressé devient
« impur » : d’une part sur déterminé par mon entendement (cette salle de classe est belle
d’autant plus qu’elle est pratique pour faire cours) et d’autre part sur représenté par mon
imagination (ce levé de soleil qui est magnifique et ces rayons qui me réchauffent). Si mon
entendement ou mon imagination y trouvent un avantage alors le jugement esthétique
devient impur. De plus le beau n’est pas universel (donc il est subjectif) mais il a une
prétention à l’universel (contrairement à l’agréable qui est seulement subjectif et donc non
universalisable parce que jugement particulier) ; par l’origine mystérieuse du beau j’ai
l’impression que tout le monde devrait trouver ça beau. Enfin le beau est caractérisé par « la
finalité sans fin ». La nature ne fait pas exprès d’être belle et par cela elle est d’autant plus
belle qu’elle ne le cherche pas. La beauté est surprenante ! Ainsi l’art est moins bien placé
que la nature pour nous faire éprouver le beau, d’autant que l’art est impropre pour rendre
le jugement esthétique pur.
Conclusion sur le beau : 3 grandes caractéristiques du jugement esthétique :
- Il est désintéressé : « le beau est le symbole du bien moral »
- Il a une prétention à l’universalité malgré sa subjectivité : « est beau ce qui plaît
universellement sans concept » (définition du beau par Kant).
- Il a une finalité sans fin.

Le sublime est le fruit d’un jugement réfléchissant, désintéressé et subjectif (comme le beau
rien est en soi sublime). C qui est touché ici c’est mon imagination (qui retient les sensations)
et ma raison. Il est de deux espèces :
Le sublime mathématique : il désigne la sensation que l’on éprouve face à quelque chose
que l’on ne peut pas appréhender dans sa totalité (ex de Kant la basilique Saint-Pierre de
Rome) par notre raison nous voulons tout connaître, tout appréhender mais nous n’y
pouvons pas (cette frustration est aussi source de plaisir) alors il y a une sorte de sensation
d’un plaisir déplaisir.
Le sublime dynamique : on y perçoit la force et la puissance de la nature (tempêtes et autres
phénomènes terrestres), ainsi nous nous sentons tout petit et en même temps cette
« humiliation » nous fait éprouver l’immortalité de notre âme donc notre « supériorité ». la
sensation de peur en est exclue.

Bilan critique de la pensée de Kant

- La réalité est réduite à ce que le sujet en pense ;


- Les idées de la raison sont des exigences internes à mon esprit ;
- Le devoir moral se réduit en un accord entre moi et … moi ;
- Le beau et le sublime sont d’abord causés dans notre esprit (par l’entendement et la
raison).
Kant à réduit toute transcendance à néant et l’homme n’est en relation qu’avec lui-même, il
ne cherche personne d’autre que lui-même.
Non content d’avoir ruiné la métaphysique, Kant ruine également la morale. La morale chez
Kant n’a plus de contenu car elle est innée, elle n’est plus que formelle (accord entre soi et
soi) tant que je suis en accord avec moi-même je suis moral. La réalité est ce que j’en fait,
l’homme donc s’illusionne en suivant les principes de Kant.
La vérité rend heureux, elle est féconde, vivre dans l’illusion est sanctionné par le réel. Le
beau est l’expérience sensible du vrai.

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