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Sentroul Ch. La vérité dans l'art. In: Revue néo-scolastique. 15ᵉ année, n°57, 1908. pp. 12-47;
doi : https://doi.org/10.3406/phlou.1908.2143
https://www.persee.fr/doc/phlou_0776-5541_1908_num_15_57_2143
I.
LA QUESTION.
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IL
l) Nul doute, que toutes choses seraient belles — sauf celles qui
seraient mauvaises absolument — si nous avions le regard intellectuel
assez pénétrant et assez pur (pur signifiant ici la sérénité d'une
contemplation tout esthétique et désintéressée). Mais, en toute hypothèse,
le beau n'est pas un transcendantal distinct, croyons-nous, parce qu'il
est un composé hybride du vrai et du bien : II provoque un plaisir^ ce
qui le rattache au bien ; et un plaisir de contemplation, ce qui le rattache
au vrai.
!) R. Néo-Scolastique, 1896, pp. 130 et 183.
34 C. SENTHOUL
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et de nous raconter
Ce que disent entre eux les loups et les moutons.
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que cette émotion n'est pas vécue 1). Elle est revécue en
ordre réflexe pour le plaisir qu'il y a à la connaître, mais
non pour te plaisir ou le déplaisir qu'il y aurait à la sentir
^Ile-même. Ainsi conçoit-on le plaisir qu'il y a à voir au
théâtre et dans le roman, et à éprouver de la sorte toute
•espèce de sentiments pénibles2), crainte, effroi, mélancolie,
du moment qu'on les voit en artiste ou du moins en
spectateur d'oeuvre d'art.
C'est ce qui nous explique aussi pourquoi les spectateurs
d'un drame se sentent ridicules d'être émus jusqu'aux larmes
d'une scène touchante, ridicules surtout s'il leur arrive de
se fâcher tout haut contre l'acteur meurtrier ou traître qui
tient la scène. Il y aurait là comme un signe d'hallucination.
Il n'en va pas de même du rire, auquel on peut s'abandonner
librement, ou que du moins on ne retient jamais pour la
même raison que les larmes qui montent ; car le rire et
le sourire sont, entre autres choses, la manifestation directe
du plaisir esthétique ; ils témoignent qu'on apprécie d'une
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Ch. Sentroul.
(La fin an prochain numéro.)