Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Le sujet nous interroge sur l'art en général, ou plus précisément sur l'expérience que nous
pouvons faire de ce dernier. Une expérience spécifique, irréductible, qui se donne à tout
individu avec plus ou moins d'intensité. En effet, il faut faire attention à l’ambiguïté entre le
mot « art » désignant un ensemble de signes et de matériaux mis en forme par un esprit
créateur et l'expérience que nous pouvons faire de cette mise en œuvre, dont la beauté
nous procure une satisfaction, un plaisir.
Ainsi, l'art nous apprend-il quelque chose à nous, spectateurs ? Or, l'art peut envoyer à une
réalité naturelle comme à une création de l'humain. Est-ce en ce sens qu'il nous apprendrait
quelque chose ? L'artiste serait-il alors un maître de savoir qui transmettrait une vérité à
travers ses œuvres ? Autrement dit, est-ce le but de l'art que d'enseigner une réalité que
nous ne percevons pas par l'intermédiaire d'autres formes de pensée ou d'activités de notre
esprit ? Effectivement, on pense à l'éducation artistique, qui signifie bien souvent l'histoire
des oeuvres d'art, mais alors y apprend-on véritablement quelque chose en dehors de
l'histoire elle-même ? N'est-ce pas, à l'inverse, condamner l'œuvre d'art que de penser
qu'elle ne nous apprend rien ?
Pour résoudre ce problème, qui était déjà celui de Platon à l'origine de la philosophie, nous
verrons dans un premier temps ce qui définit la particularité de l'art. Nous nous
demanderons ensuite en quoi cette activité s'oppose à des disciplines qui auraient le
privilège de l'apprentissage, pour enfin montrer que son but dépasse le simple apprentissage
compris dans une utilité immédiate et nous procure un plaisir désintéressé.
Si la valeur de création dépasse la valeur didactique, il reste à savoir ce que l'œuvre peut
nous apporter en dehors de l'apprentissage de connaissances.
L'art nous apprend-il quelque chose ? Dire qu'il ne nous apprend rien est polémique dans le
sens où il n'aurait aucune utilité. Il ne s'agit pas de revenir à la condamnation platonicienne
de l'art en en faisant une copie dégradée de la réalité, ni d'exclure les artistes de la
République idéale. Il est plutôt question de comprendre que ce que l'art peut nous apporter
en dehors de toute connaissance dépasse le cadre utilitaire et l'objectif d’apprentissage.
Toute œuvre d'art comprend en elle-même une connaissance, en ce qu'elle est une création
originale et inédite de ce qui n'existe pas dans la réalité la plus quotidienne. Mais ce n'est
pas son but, qui dépasse l'objectif didactique et les intentions-même de l'artiste pour offrir
au spectateur un univers différent de celui qui l'inspire.
EXPLICATION DE TEXTE
A. Éléments d’analyse
1. À partir de l’exemple du début du texte, expliquez pourquoi une conduite négligente peut
être, aux yeux de la loi, « presque l’équivalent d’un dessein malveillant ».
● Une conduite négligente peut être, aux yeux de la loi, « presque l’équivalent d’un
dessein malveillant » dans la mesure où les conséquences pourtant plutôt
conscientes peuvent potentiellement être les mêmes : c’est-à-dire, le mal fait à
autrui, volontairement ou non.
2. En quoi la situation est-elle différente lorsque la négligence tue « accidentellement » ?
● Les facteurs qui influencent naturellement notre évaluation de la gravité d’un acte
sont (fin du texte) :
○ la « sympathie » : on comprend ce que l’autre pourrait ressentir ;
○ l’« indignation » : voir le mal que l’autre commet, volontairement ou non,
nous scandalise ;
○ l’« équité » : il faudrait peut-être une justice proportionnelle au méfait.
B. Éléments de synthèse
● Faut-il sanctionner une faute involontaire au même niveau et au même degré qu’une
faute volontaire ? Peut-on dire : « je n’ai pas fait exprès » et être pardonné ?
3. En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l’idée principale du texte.
● Il est peut être illogique et même injuste de condamner avec la même sévérité une
faute volontaire et une faute involontaire, mais le faire relève en nous d’un
sentiment naturel et bien compréhensible.
C. Commentaire
● On ne peut rendre la justice sans faire intervenir les sentiments : pour Rousseau, la
justice est d’abord un sentiment naturel, subjectif mais fiable (Discours sur l’origine
et les fondements de l’inégalité parmi les hommes).
● On ne peut rendre la justice en faisant intervenir les sentiments : pour Kelsen, la
justice est d’abord une norme légale, objective, et tout sentiment doit être mis de
côté (Théorie pure du droit).