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Le temps est la succession des changements dans la réalité. Tout ce qui existe porte la marque du
temps. Ex : dans de nombreuses toiles de l’époque baroque, Cf. Les vanités où l’on trouve des objets
qui signalent discrètement l’avancée du temps. Cette succession peut être appréhendée
subjectivement par l’expérience ou mesurée de manière objective par des instruments. Ce sentiment
de l’écoulement du temps se traduit par la conscience du présent, elle-même reliée au passé et au
futur. Exemple d’un voyage qui n’est pas qu’un déplacement dans l’espace mais aussi une
expérience qui dure dans le temps. Les êtres humains ont développé des techniques de plus en plus
précises pour mesurer les effets du temps et pour organiser la vie sociale. Ex : nous devons en
permanence respecter des horaires. Ex : dans Les vanités toujours, on trouve souvent des instruments
de mesure du temps. Cette succession est aussi l’objet d’une expérience spécifiquement humaine.
Si le temps caractérise l’ensemble de la réalité, les êtres humains ont une conscience développée de
son écoulement. Ex : Les vanités encore qui manifestent la conscience que les individus ont de leur
mortalité.
Une des difficultés les plus importantes tient dans la dualité des manifestations du temps. D'une
part, le temps paraî t être une réalité objective, indépendante des sujets qui y évoluent et qui
tentent de la connaî tre. D'autre part, il constitue une réalité vécue subjectivement, et sans laquelle
il nous serait impossible d'exister (ou de penser le temps). On sépare canoniquement le temps dit
objectif (milieu homogène) et le temps subjectif (non homogène). Toutefois parler de temps pris
comme extérieur au sujet ou pris comme intérieur au sujet serait plus exact. Parmi les images
associées au temps, deux sont particulièrement prégnantes :
Nous constatons que les réalités matérielles subissent des changements. Et pour avoir conscience
du temps qu’elles impliquent, il faut que nous ayons la représentation du passé immédiate et du
futur proche. Il est donc difficile de savoir si le temps existe vraiment dans les choses ou s’il découle
de la conscience que nous en avons.
Il suffit d’observer le mouvement d’un corps ou des changements qui l’affectent pour constater la
réalité du temps. Ex : un avion se déplace progressivement dans le ciel et un fruit se décompose
lentement. Aristote affirme que c’est par le mouvement des choses que la réalité du temps nous est
donnée et qu’elle peut être observée. Le temps n’est pas le mouvement lui-même mais une
dimension de celui-ci, cette dimension peut être mesurée et comparée. Nous mesurons d’ailleurs le
temps en nous référant à des mouvements réguliers.
Pourtant, il semble qu’un corps en mouvement est immobile si on l’envisage à un instant précis.
C’est le sentiment de la continuité entre le passé le présent et le futur qui donne sa dimension
temporelle à la réalité. Ex : lorsqu’une aiguille se déplace sur un cadran, elle n’occupe qu’un point
à la fois mais j’ai conscience qu’il va d’un point à un autre. C’est pourquoi pour Augustin la réalité
du temps se réduit plutôt dans la succession continue des états de conscience. La réalité du temps
découle d’une expérience intérieure. Dans ce passage des Confessions, Augustin s’interroge sur la
nature du temps. Il cherche à en donner une définition et surtout, à savoir s’il est un être ou un non-
être (question ontologique, portant sur l’être et le mode d’être de quelque chose).
Au XVIIIe siècle, Newton suppose pourtant qu’il existe un temps commun à l’ensemble de
l’univers. Il serait alors possible de comparer tous les événements qui se produisent sur une même
échelle du temps. Mais la physique contemporaine, à la suite des travaux d’Einstein notamment,
remet en cause cette hypothèse. La vitesse des corps en mouvement et l’énergie qui les caractérise
modifie le temps. Celui-ci ne s’écoule pas à la même vitesse partout. Exemple le temps ne s’écoule
pas tout à fait à la même vitesse à l’intérieur d’un train en mouvement et on chaque lieu où le train
passe. Le film Interstellar, de Christopher Nolan, met en scène ces implications de la physique
contemporaine sur l’expérience humaine du temps.
II - POUVONS-NOUS ECHAPPER AU TEMPS ?
Chacun éprouve les effets du temps sur lui-même, à travers le vieillissement par exemple. Mais
surtout, la conscience et la peur de la mort constituent une expérience fondamentale de la vie
humaine. Les individus cherchent des moyens pour affronter cette réalité.
Les souvenirs que nous conservons pourraient constituer une manière de résister au temps qui passe.
Ex : nous gardons des photos ou des objets pour nous souvenir. Mais nous rappeler des événements
passés nous donne aussi conscience qu’ils ne sont plus. Rousseau entres autres, insiste sur ce flux
continuel des êtres et des choses que la mémoire renforce plus qu’elle ne l’enraye.
3. La peur que suscite l’avancée du temps n’est pas qu’une question individuelle
Les sociétés humaines offrent une protection collective aux angoisses intimes des individus à propos
du temps. Exemple : de nombreuses croyances religieuses laissent espérer une vie après la mort.
Hannah Arendt analyse les activités que les civilisations humaines engagent pour donner un cadre
durable à leurs actions. Selon elle, les œuvres que les êtres humains bâtissent donnent ainsi une
réponse collective à la mortalité naturelle de chacun.
Le temps à une dimension insaisissable. Son existence nous paraît évidente, indiscutable, mais nous
éprouvons aussi les difficultés à exprimer sa réalité et ses effets sur nos vies.
Le temps est un paramètre constant dans l’organisation de la vie sociale comme dans les
raisonnements scientifiques. Ex : nous segmentons le temps et nous avons de multiples instruments
pour le mesurer. Cela nous éloigne paradoxalement du temps puisque nous n’en éprouvons plus la
réalité même. D’après Bergson, les habitudes et le langage joue un rôle majeur dans cet éloignement
de la réalité du temps.
Nous avons tendance à enfermer les expériences que nous vivons dans les représentations figées.
Exemple : le mot désigne de manière fixe une émotion un sentiment alors que les mots évoluent en
permanence. Une photo conserve une trace instantanée d’un moment de vie. D’après Bergson,
l’écoulement du temps donne à la réalité et à notre vie intérieure toute leur richesse.
Il faudrait pouvoir retrouver le flux spontané de nos impressions et sentiments, ce que l’écrivain
littéraire cherche à faire (cf. cours sur le langage).
Dès que nous cherchons à représenter le temps, nous risquons de le figer et d’en faire quelque chose
sans vie. Certaines œuvres d’art parviennent pourtant à nous fait ressentir la réalité du temps. C’est
ainsi que Maurice Merleau-Ponty analyse ainsi comment le mouvement peut être suggéré en
peinture. Celle-ci dispose pour cela de plus de ressources que la photographie.
CONCLUSION
Le temps est une " réalité " subjective, qui définit notre condition humaine. Mais il n’est pas
subjectif au sens de propre à chaque individu. Il est subjectif au sens de " propre à l’être humain "
et au rapport qu’entretient l’homme avec le monde. Il n’est donc ni simple cours objectif des
choses, ni simple forme subjective. Il a pourtant aussi une objectivité puisqu’il est une forme à
priori de la sensibilité.
La liberté individuelle semble impliquer que chacun fait ce qu’il veut de son temps. Mais les
exigences de la vie sociale rendent en partie illusoire cette hypothèse. Pour le sociologue
Dominique Méda, il revient à l’État, notamment par la législation sur le travail, d’organiser la
coexistence des différentes activités sociales et le temps que les individus y consacrent. À tout
instant le volume de travail réalisé dans un pays est réparti sur la population en âge de travailler.
Il y a simplement différentes manières de le redistribuer plus ou moins volontaires. Dans notre
société certains travaillent trop et font des burn out et d’autres aimeraient travailler davantage.
Le temps ne serait-il pas ce que l’on s’autorise ?