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Si cette maxime se présente sous forme d’ordre, cela doit signifier qu’il est
possible de réaliser cela. Autrement, cela n’aurait aucun sens, d’utiliser
ainsi l’impératif.
« Voici quelques raisons qu'on pourrait alléguer pour prouver que le temps
n'existe pas du tout, ou que s'il existe c'est d'une façon à peine sensible et
très obscure.
Ainsi, l'une des deux parties du temps a été et n'est plus ; l'autre partie doit
être et n'est pas encore. C'est pourtant de ces éléments que se composent et
le temps infini et le temps qu'on doit compter dans une succession
perpétuelle.
Or, ce qui est composé d'éléments qui ne sont pas, semble ne jamais
pouvoir être regardé comme possédant une existence véritable.
Ajoutez que, pour tout objet divisible, il faut de toute nécessité, puisqu'il est
divisible, que, quand cet objet existe, quelques-unes de ses parties ou même
toutes ses parties existent aussi. Or, pour le temps, bien qu'il soit divisible,
certaines parties ont été, d'autres seront, mais aucune n'est réellement ».
Supposons même que le présent soit une réalité, que l’idée d’ « instant
présent » soit une notion qui ait un sens. Cela ne change rien : il est
impossible de profiter de cette réalité évanescente.
Mais si l’on prend le temps au sens de la durée vécue, le temps subjectif tel
qu’il apparaît à chaque homme, alors le présent prend tout son sens. En
effet la durée vécue, subjectivement est différente pour chaque homme.
Pour les uns, qui s’amusent, un intervalle de temps paraîtra se dérouler très
vite. Pour d’autres, qui s’ennuient, cela paraîtra passer lentement.
Et la conscience vit au présent une longue période de temps quand elle est
heureuse.Vivre au présent serait de ce fait profiter de ces périodes où le
temps semble s’arrêter, où l’on n’a
Nous rappelons le passé; nous anticipons l'avenir comme trop lent à venir,
comme pour hâter son cours, ou nous rappelons le passé pour l'arrêter
comme trop prompt, si imprudents que nous errons dans des temps qui ne
sont point nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient [...].
Que chacun examine ses pensées. Il les trouvera toutes occupées au passé
ou à l'avenir. Nous ne pensons presque point au présent, et si nous y
pensons, ce n'est que pour en prendre la lumière pour disposer de l'avenir.
Le passé et le présent sont nos moyens; le seul avenir est notre fin. Ainsi
nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et nous disposant
toujours à être heureux il est inévitable que nous ne le soyons jamais ».
Devenir sage et cueillir la rose du jour, ce serait faire un travail sur soi pour
échapper à l’agitation de la vie quotidienne, cesser ainsi de se laisser happer
par le passé et l’avenir, et profiter du moment présent.
De ce fait, cette expérience serait rare, et ne serait accessible qu’au sage, à
la suite d’un long travail de méditation intérieure.
Telle est l’expérience que nous décrit Rousseau dans les Rêveries du
promeneur solitaire :
Conclusion
« Mais s'il est un état où l'âme trouve une assiette assez solide pour s'y
reposer tout entière et rassembler là tout son être, sans avoir besoin de
rappeler le passé ni d'enjamber sur l'avenir ; où le temps ne soit rien pour
elle, où le présent dure toujours sans néanmoins marquer sa durée et sans
aucune trace de succession, sans aucun autre sentiment de privation ni de
jouissance, de plaisir ni de peine, de désir ni de crainte que celui seul de
notre existence, et que ce sentiment seul puisse la remplir tout entière ; tant
que cet état dure celui qui s'y trouve peut s'appeler heureux, non d'un
bonheur imparfait, pauvre et relatif tel que celui qu'on trouve dans les
plaisirs de la vie, mais d'un bonheur suffisant, parfait et plein, qui ne laisse
dans l'âme aucun vide qu'elle sente le besoin de
remplir.
Tel est l'état où je me suis trouvé souvent à l'île de Saint-Pierre dans mes
rêveries solitaires, soit couché dans mon bateau que je laissais dériver au
gré de l'eau, soit assis sur les rives du lac agité, soit ailleurs au bord d'une
belle rivière ou d'un ruisseau murmurant sur le gravier ».
Notre monde sensible n’est qu’un reflet de celui-ci. C’est par exemple en
participant à l’Idée d’Homme en soi que Socrate est homme. Une bonne
action (dans ce monde sensible) l’est parce qu’elle participe à l’Idée de
Bien (dans le monde intelligible).
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Voici une idée exprimée par le roi Salomon dans l’Ancien Testament : «
rien de nouveau sous le soleil » :
C’est l’idée que Nietzsche expose dans le Gai savoir en ces termes :
« Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y
a rien de nouveau sous le soleil. S'il est une chose dont on dise: « Vois ceci,
c'est nouveau! » cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont
précédés. On ne se souvient pas de ce qui est ancien; et ce qui arrivera dans
la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard ».
“Et si un jour ou une nuit, un démon se glissait furtivement dans ta plus
solitaire solitude et te disait: « Cette vie, telle que tu la vis et l’a vécue, il te
faudra la vivre encore une fois et encore d’innombrables fois ; et elle ne
comportera rien de nouveau, au contraire, chaque douleur et chaque plaisir
et chaque pensée et soupir et tout ce qu’il y a dans ta vie d’indiciblement
petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la même succession et le
même enchaînement – et également cette araignée et ce clair de lune entre
les arbres, et également cet instant et moi-même. Un éternel sablier de
l’existence est sans cesse renversé, et toi avec lui, poussière des poussières !
»
– Ne te jetterais-tu pas par terre en grinçant des dents et en maudissant le
démon qui parla ainsi ? Ou bien as-tu vécu une fois un instant formidable
où tu lui répondrais : « Tu es un dieu et jamais je n’entendis rien de plus
divin ! » Si cette pensée s’emparait de toi, elle te métamorphoserait, toi, tel
que tu es, et, peut-être, t’écraserait ; la question, posée à propos de tout et
de chaque chose, « veux- tu ceci encore une fois et encore d’innombrables
fois ? » ferait peser sur ton agir le poids le plus lourd ! Ou combien te
faudrait-il aimer et toi-même et la vie pour ne plus aspirer à rien d’autre
qu’à donner cette approbation et apposer ce sceau ultime et éternel ?”
5/ Pour Sartre, l’homme est le seul être qui existe. L’existence est le
privilège de l’homme. Les objets ont une essence définie : une fonction, un
aspect, une matière. Ils ne peuvent en sortir. L’homme est liberté, c’est-à-
dire qu’il n’est à l’origine rien, et peut décider de ce qu’il va devenir. Il peut
choisir son métier, le pays où il va vivre, etc.