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Bonheur et temps font-ils toujours bon ménage ?

Introduction, plan détaillé (arguments et références à développer) et conclusion

PB : comment le bonheur qui est un état de satisfaction durable, un état de plénitude


où nous sommes comblés et où nous n’éprouvons pas de manque et de souffrance de l’esprit
et du corps, peut-il s’accorder ou être en harmonie avec le temps qui est, quant à lui, une
succession d’instants éphémères, évanescents, et dont le cours incessant ne peut être arrêté ni
renversé?

Thèse : Ne faudrait-il pas dès lors s’attacher à la qualité du temps vécu, utiliser notre
temps à bon escient, avec sagesse, à se l’approprier en se consacrant à des activités qui nous
sont vraiment utiles, afin de trouver l’ataraxie?

(plan détaillé en trois parties)

1- L’écoulement du temps est vécu et perçu comme obstacle à notre bonheur

- Le temps nous rapproche de la mort, passe trop vite et nous empêche de satisfaire tous nos
désirs, nous renvoyant à notre finitude et à notre condition mortelle. Plainte des hommes
d’avoir une vie trop courte (Lamartine, Le lac, Ô temps suspend ton vol ; La vieillesse
ennemie dans Le Cid de Corneille ; Lavelle, , Le temps et l’éternité; corpus)
- Il apparaît comme la marque de notre impuissance, comme ce qui ne peut que renvoyer au
tragique de l’existence, étant irréversible et nous empêchant d’agir pour changer le passé
révolu (Lavelle, Le temps et l’éternité; corpus)
- Le temps est synonyme de déception, de blessure, le passé douloureux n’est pas effacé et
anéanti mais conservé par la mémoire ou dans notre inconscient et il peut ressurgir dans nos
rêves ou sous forme de symptômes pathologiques et névrotiques (poids du passé évoqué par
Freud et la psychanalyse ; textes pp399-401 manuel scolaire) ;
(autre référence et argument : le présent aussi nous blesse, il déçoit nous attentes et n’est
pas ce que nous avions imaginé ou bien il nous surprend par imprévisibilité et nous prend de
court, nous obligeant à s’adapter à lui (Pascal Les pensées; corpus texte 1).

Mais l’homme ne peut-il se résoudre au malheur et ne doit-il pas tenter d’être heureux en
oubliant le temps qui passe ou en fuyant le présent ?

2- Il faudrait faire alors abstraction du temps pour vivre heureux.

- En remplissant son existence pour ne pas avoir l’impression d’arriver à la fin de sa vie sans
en n’avoir rien fait. Tel est le but des activités diverses des hommes, aussi bien des
occupations sérieuses que des amusements qui les divertissent, c’est-à-dire les détournent de
l’angoisse de la mort. (Pascal dans les Pensées (corpus texte 2) explique que les hommes ne
savent pas rester chez eux et tenir en place ; même un roi qui possède tout ce qui peut le
combler, serait malheureux sans divertissement car il ne pourrait supporter l’ennui et
l’angoisse de la mort).
- Mais on peut alors atteindre l’ataraxie en apprenant à dissiper les craintes qui nous troublent
et celle de la mort en considérant qu’elle n’est rien pour nous. (Epicure, Lettre à Ménécée;
corpus ; tant que notre mort n’est pas encore venue, nous n’avons pas à la craindre puisqu’elle
ne représente rien pour nous, rien dont nous avons la sensation. Et une fois mort, nous ne
sentons plus rien puisque le corps s’éteint et nos sensations avec lui).
- L’oubli du passé est aussi source de joie et de liberté, il permet à la conscience de pouvoir
élaborer de nouvelles pensées, de libérer notre esprit de tout ce qui l’encombre et l’empêche
de se consacrer à l’avenir (Nietzsche, Généalogie de la morale ou Considérations inactuelles;
corpus; l’oubli n’est pas un « vis inertiae » mais une force libératrice, une faculté active qui
permet à la conscience de fermer de temps en temps « les portes et les fenêtres » de la
conscience, sans lequel nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance et nulle jouissance de
l’instant présent ne pourraient exister).
- (autre argument possible) C’est également en se détournant de la réalité décevante pour
trouver refuge dans l’imaginaire qu’on peut trouver le bonheur car notre imagination et le
« pays des chimères », comme dit Rousseau dans Julie ou la nouvelle Héloïse; (corpus), nous
console de la déception du réel.

Toutefois, ne peut-on accorder le bonheur et le temps en changeant notre rapport au temps et


en apprenant à l’utiliser à bon escient pour nous rendre heureux ?

3- Bonheur et temps peuvent faire bon ménage quand ils sont bien vécus, avec sagesse. C’est
la sagesse qui nous permet de trouver le bonheur en donnant un but sérieux à notre existence,
en vivant pleinement et en donnant à notre temps une valeur qualitative.

- Au lieu d’espérer être heureux et de remettre le bonheur à plus tard en ne se consacrant


vainement qu’à des temps qui ne sont plus nôtres (Pascal, Les Pensées; corpus), l’avenir qui
n’est pas encore en l’anticipant de façon incertaine ou le passé qui n’est plus et que l’on
ressasse inutilement, il faut prendre conscience du seul temps qui nous appartient : le présent,
afin de le vivre pleinement en lui accordant toute notre attention et nos actions pour saisir
l’occasion qui se présente, l’instant nouveau qu’il nous offre, de façon à préparer réellement
l’avenir par l’action présente dans laquelle on s’investit pleinement et pour n’avoir aucun
regret dans la mesure où nous aurons pleinement vécu l’instant et pourrons en conserver un
souvenir agréable.
- Mais la sagesse consiste aussi à prendre conscience de notre finitude, non pour s’en plaindre
et déplorer la brièveté de la vie mais pour utiliser le temps qui nous est imparti à bon escient,
sans le gaspiller. Sénèque (De la brièveté de la vie; corpus, texte 1) montre bien comment
s’approprier notre temps, le vivre au lieu de faire passer le temps soit en étant trop occupé et
esclave des affaires, des charges auxquelles nous nous consacrons sans relâche, soit en
s’adonnant à ses passions ou à ses vices, soit en restant dans l’indolence et la passivité. La vie
n’est pas trop courte mais bien assez longue pour celui qui sait apprécier l’instant et le vivre
qualitativement, qui prend par exemple le temps de méditer et qui prolonge le plaisir des bons
moments vécus par le souvenir.
- En outre, le sage stoïcien ne connaît qu’un temps qualitativement vécu, non seulement parce
qu’il l’emploie à la méditation, à la pratique de la vertu qui sont des activités qui le comblent
durablement. (Sénèque, De la brièveté de la vie ; corpus, texte 2)

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