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In Memoriam de Marc Jimenez Par Hugues H
In Memoriam de Marc Jimenez Par Hugues H
Hugues HENRI.
Au siècle dernier, Theodor Adorno (1903-1969) s'impose comme l'un des rares
penseurs à oser prendre parti en faveur de l'art moderne et des avant-gardes.
Marc Jimenez, August Wilhelm Schlegel, La Doctrine de l’art, Conférences sur les
belles lettres de l’art.
Pour que le débat sur l'art actuel paraisse moins confus ou réservé aux seuls
initiés, il est nécessaire d'exposer les enjeux artistiques nés avec le XXe siècle.
Elaborée dès le début des années 20, riche de l'expérience de l'art moderne et
des avant-gardes, la Théorie esthétique de T.W. Adorno représente un moment
décisif dans l'histoire.
« S'il est vrai que la pensée philosophique est bloquée parce qu'elle est incapable
de penser la catastrophe qui l'obsède, il est temps de découvrir l'autre médium qui
permet de voir clair en nous-mêmes ».
« Plutôt que de saisir le réel, ils ont choisi d'investir la réalité de manière
provocante, incongrue et pour certains choquante. Et ces démarches qui visent,
avec plus ou moins de succès, à prendre place dans le réel, à faire irruption dans
l'espace public et dans la société, constituent l'un des tournants majeurs de la
création artistique lors de son passage de l'art moderne à l'art contemporain. »
« Est dit "contemporain" un type d'art qu'on ne peut assimiler totalement à aucun
des mouvements et courants antérieurs à la modernité, ou aux avant-gardes de la
fin des années 60, par exemple à l'art conceptuel, au pop art, au land art, ou au
body art, etc..
L'art qui s'impose, dans les années 80, sous le qualificatif de "contemporain",
tente de se définir sans référence explicite au passé. Il n'y parvient
qu'imparfaitement. »
L’auteur insiste également sur le fait que ces parti pris sont essentiellement
utilisés en France, dans les années 90, comme des « théories de substitution ».
Les thèses développées par Jean-Marie Schaeffer, par Gérard Genette et par
Yves Michaud contre ce qu’ils nomment la « théorie spéculative de l’art » lui
paraissent ainsi valoriser une approche descriptive et non évaluative des œuvres,
ce qui « entraîne la disqualification de notions telles que le jugement, les critères,
l’évaluation, le partage de l’expérience esthétique »). Pour Marc Jimenez, au
contraire, la problématique du jugement esthétique (et donc des critères),
autrement dit la question de la dimension évaluative de l’art, ne sont pas
devenues obsolètes. Face aux chantres du pluralisme (« L’assimilation du
pluralisme culturel à la démocratie libérale est acceptée tel un postulat », note-t-il),
voire du « relativisme absolu », l’auteur persiste à penser, en évoquant la
pertinence du positionnement défendu par Rainer Rochlitz (par exemple, dans
Subversion et subvention. Art contemporain et argumentation esthétique, Paris,
Gallimard, 1994 et dans L’art au banc d’essai. Esthétique et critique, Paris,
Gallimard, 1998), que la « nécessité d’une argumentation esthétique » reste
d’actualité.