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Article

« Réseaux transnationaux, familles immigrantes et deuils »

Lilyane Rachédi, Josiane Le Gall et Véronique Leduc


Lien social et Politiques, n° 64, 2010, p. 175-187.

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Réseaux transnationaux, familles immigrantes et


deuils

Lilyane Rachédi, Josiane Le Gall et Véronique Leduc

En voulant étayer le croisement de cet événement-clé du cycle de take actions, make decisions, and
entre immigration et deuil, nous vie, suscitent encore peu d’intérêt. feel concerns, and develop identi-
avons rapidement constaté un Pourtant, l’introduction du trans- ties within social networks that
manque majeur dans la littérature nationalisme dans les études re- connect them to two or more
canadienne. À notre connaissance, monte au début des années 1990. societies simultaneously » (Glick-†

peu d’études ont été menées au À cette époque, les anthropolo- Schiller et al., 1992 : 1-2).

Québec et au Canada sur la réalité gues Glick-Schiller, Basch et Blanc-


migratoire croisée à la mort et au Szanton ont dégagé cette notion Il existe donc peu de repères
deuil. L’Europe est tout autant en réaction aux visions tradition- scientifiques sur ce croisement
silencieuse par rapport à ces che- nelles de l’incorporation des mi- entre l’immigration, le deuil et les
vauchements. En effet, Clavendier grants, où l’accent est placé exclu- liens transnationaux. Compte tenu
(2009) souligne et déplore le man- sivement sur la relation entre ces de ce fait, nous souhaitons souli-
que de recherches systématiques derniers et le pays hôte. Les gner la complexité de cette inter-
sur la mort et les immigrants auteures donnent la définition section. D’abord, parce qu’il existe
même si, déclare-t-elle, les études suivante du transnationalisme : †
une littérature abondante sur cha-
vont « se pencher sur d’autres
† « We have defined transnational-

cun des concepts lorsqu’ils sont
objets que la mort, même si le ism as the processes by which traités de manière isolée. Ensuite,
retour au pays (Chaïb, 2002 ; Petit, † immigrants build social fields that parce que plusieurs aspects de ces
2002) et les carrés musulmans link together their country of ori- concepts ne sont pas propres ni
(Aggoun, 2004 ; Chaïb, 2003) s’im-
† gin and their country of settle- exclusifs aux immigrants. Par
miscent parfois dans les discus- ment. Immigrants who build such exemple, le vieillissement de la
sions » (2009 : 228). Plus encore,
† † social fields are designated “trans- population, les solidarités intergé-
lors de décès dans le pays d’ori- migrants”. Transmigrants develop nérationnelles et la ritualisation
gine ou dans le pays d’accueil, les and maintain multiple relations, du deuil s’inscrivent dans des ten-
questions des liens entre les familial, economic, social, organi- dances générales. Enfin, cette
membres du pays d’origine et zational, religious, and political complexité nous oblige à mainte-
ceux du pays d’accueil, à la suite that span borders. Transmigrants nir un regard dynamique, orienté

Lien social et Politiques, 64, Les réseaux familiaux transnationaux : nouvelles familles, nouveaux espaces de citoyenneté ? Automne 2010, pages 175 à 187.
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LIEN SOCIAL ET POLITIQUES, 64 sociaux et de la santé. Dans une de la population, de 24,5 % à †

deuxième section, au sein des rites 27,2 % » (Statistique Canada 2007 :


† † †

Réseaux transnationaux, familles


immigrantes et deuils locaux et transnationaux, nous 12). Désormais, la mobilité et le
insisterons sur la place des liens vieillissement constituent deux
transnationaux au moment du tendances prononcées de nos
deuil et nous verrons qu’ils occu- sociétés contemporaines. Mais
pent des fonctions importantes qu’en est-il spécifiquement de la
dans le processus de deuil. Enfin, diversité au Canada ? †

dans une dernière section, nous


nous attarderons sur le deuil vécu La diversité au Canada
dans la famille, deuil qui a des
conséquences sur la dynamique C’est véritablement à partir des
176 familiale, les rôles et la place de années 1990 que le Canada con-
chacun. Ceci nous permettra de naît une diversification des pays
montrer que les familles et les de provenance des immigrants.
vers les liens dans la société d’émi- Bhimani et Acorn (1998) ont éta-
réseaux transnationaux ont une
gration et d’immigration, au cœur bli un « top 5 » des pays d’origine
fonction essentielle dès l’annonce † †

de l’événement de la mort et du des immigrants. Ainsi en 1967, les


du décès et dans le deuil.
deuil. Notre logique s’inscrit dans personnes immigrantes au Canada
la perspective de Diminescu (2002), Immigrations, religions, rituels étaient principalement originaires
qui insiste sur la participation des et deuils de Grande-Bretagne, d’Italie, des
migrants à une variété de réseaux États-Unis, d’Allemagne et de
sociaux, nationaux et transnatio- La mobilité et l’immigration Grèce. En 1995, elles provenaient
naux, et nous supposons que le sont une tendance planétaire. plutôt de Hong-Kong, d’Inde, des
moindre « accident », qu’il ait lieu
† † Nous savons que des couloirs spé- Philippines, de Chine et du Sri
ici, là-bas ou ailleurs, aura un cifiques se dessinent dans les pays Lanka. Depuis le milieu du 20e
impact sur les liens. pourvoyeurs d’immigrants et dans siècle, le Québec, quant à lui,
ceux qui accusent un exode de connaît une vague d’immigration
À l’instar de plusieurs sociétés, leurs nationaux. Ces mouvements tout autant diversifiée et « sans †

au Canada, les immigrants consti- migratoires sont très sensibles à la précédent, diversité qui s’ampli-
tuent un pourcentage important de mondialisation de l’économie et fiera autour des années 1980 » †

la population. L’immigration est aux conflits politiques. Ils se carac- (Legault et Rachédi, 2008 : 13). La

familiale, permanente et amenée à térisent aussi par une diversifica- nouvelle migration provient essen-
vieillir. Par ailleurs, une diversité tion des populations au sein des tiellement d’Asie du Sud, de
religieuse semble aussi, en partie, sociétés dites « homogènes ». À
† †
Chine, des pays arabes ou d’Eu-
« importée » dans les sociétés d’ac-
† †
cette tendance s’ajoute une autre rope de l’Est. Elle s’inscrit dans un
cueil. Ces aspects feront l’objet réalité mondiale, celle du vieillisse- contexte de mondialisation et de
d’une première section qui permet- ment des populations. Au Canada, changement social rapide (Olaza-
tra de dresser un bref portrait pour le nombre d’aînés « devrait passer

bal et al., 2010).
contextualiser notre sujet. Pour de 4,2 millions à 9,8 millions entre
illustrer la diversité qui touche 2005 et 2036, et la part des aînés En 2008, le Québec a accueilli
les sociétés contemporaines, nous dans la population devrait pres- 45 264 personnes immigrantes,
prendrons l’exemple du Québec. que doubler, soit de 13,2 % à † soit plus de 11,5 % de la popula-

Dans cette même section, nous sou- 24,5 % […]. Le vieillissement de la


† tion totale du Québec, la propor-
lignerons la place des religions et population se poursuivra entre tion la plus forte jamais constatée
plus spécifiquement la part des 2036 et 2056, mais à un rythme dans l’histoire de la province.
rituels dans le processus de deuil. moins rapide. Au cours de cette Cette proportion était de 9,9 % au

Nous nous questionnerons alors période, le nombre d’aînés devrait recensement de 2001 (MICC,
sur la prise en compte du religieux augmenter de 9,8 millions à 11,5 2009). La région de Montréal
dans les programmes des services millions et leur part de l’ensemble continue de regrouper la grande
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majorité des immigrants résidant interne de la pluralité chrétienne ailleurs, les quelques travaux em-
au Québec, soit 86,9 % (ibid.).
† au Canada » (p. 14). Actuellement,
† piriques sur les pratiques, croyan-
D’après les dernières prévisions les tendances observées indiquent ces et rituels de groupes religieux
démographiques, cette tendance que le judaïsme, qui était la pre- implantés au Québec depuis les
va en s’accentuant. mière religion non chrétienne au années 1960 soulignent la perti-
Canada jusque dans les années nence de la religion comme sym-
Cette augmentation et cette 1960, a perdu du terrain au profit bolique significative, mobilisatrice
diversification de l’immigration d’une expansion de l’islam, de de liens sociaux et comme dimen-
entraînent plusieurs enjeux so- l’hindouisme, du bouddhisme et sion identitaire pour de nombreux
ciaux et transformations sociales. par la suite du sikhisme (ibid). Au natifs et migrants (Fortin et al.,
D’abord, un vieillissement de la Québec, c’est surtout sur l’île de 2008 ; Le  Gall, 2005 ; Lemieux,
† †

population, un death boom (St- Montréal que les chiffres sont plus 2002 ; Mossière et Meintel, 2010).

Onge, 2004) qui n’est pas que le éloquents : « à Montréal, comme


† † Pour faire suite à ce bref portrait 177
fait des baby-boomers, mais aussi dans l’ensemble du pays, les démographique et religieux, nous
celui des personnes immigrantes musulmans n’ont dépassé les juifs pouvons maintenant nous ques-
qui parviennent au seuil de la qu’au cours de la dernière décen- tionner sur leur lien ou leur rap-
mort. Ainsi, au Canada, « en 2001,

nie, à la faveur d’une augmenta- port avec la mort et le deuil.
28,6 % des personnes âgées de 65

tion rapide des adeptes de l’Islam
à 74 ans et 28 % de celles âgées de

et d’une diminution graduelle de Religion et rituels : leur part dans

75 à 84 ans étaient des immigrants la population juive. Les hindous et le processus de deuil
[…]. Cette proportion était de les bouddhistes voient leur effectif
21,3 % dans le groupe d’âge de 25

augmenter également » (Beyer,

Afin de préciser la pertinence
à 45 ans » (Statistique Canada,

2005 : 27). De plus, dans l’ensem-

de considérer la religion et la
2007 : 23). Quant au Québec, il

ble, les immigrants sont générale- mort, nous devons fournir quel-
compte 12,1 % d’aînés qui sont

ment plus pratiquants que les ques définitions. La religion nous
des immigrants. Dans ce pourcen- natifs, bien qu’on y observe une intéresse dans la mesure où elle
tage, comme le soulignent Ola- grande diversité au niveau de la distingue le profane du sacré.
zabal et al. (2010), il est très religiosité. Ainsi, nous associons la religion
important de bien différencier les aux rites et rituels, en ce sens que
personnes âgées qui ont vieilli Cela dit, il convient de préciser la pensée religieuse intègre « les

dans la société d’accueil de celles que le processus migratoire peut croyances et les rites. Les cro-
qui étaient déjà âgées et qui ont modifier le rapport à la religion et yances religieuses sont des repré-
été parrainées par leur famille. aux croyances. En effet, dans un sentations qui expriment la nature
pays donné, les connaissances sur des choses sacrées et les rapports
Ajouté au fait que les immi- les pratiques culturelles ou reli- qu’elles soutiennent, soit les unes
grants vieillissent, nous assistons à gieuses s’avèrent largement insuf- avec les autres, soit avec les choses
l’émergence d’une configuration fisantes pour comprendre les pra- profanes. Les rites sont des règles
religieuse différente, due en partie tiques des personnes immigrantes, de conduite qui prescrivent com-
à cette immigration, car le plura- d’autant plus que chacun a un rap- ment l’homme doit se comporter
lisme religieux n’est pas le seul fait port différent aux pratiques cultu- avec les choses sacrées » (Segalen,

de la migration. En effet, le Québec relles ou religieuses. Ainsi, dans 2009 : 16). Par rite ou rituel, nous

contemporain, comme le Canada, une recension récente des écrits entendons « un ensemble d’actes

se caractérise par un dynamisme sur la religion et les immigrants, formalisés, expressifs, porteurs
religieux inédit (Therrien, 2005). Cadge et Ecklund (2007) insistent d’une dimension symbolique. Le
Ainsi, Beyer (2005) déclare : « l’aug-
† † sur la nécessité de comprendre rite est caractérisé par une confi-
mentation du pluralisme religieux comment les individus vivent leur guration spatio-temporelle spéci-
au Canada accuse la présence religion à l’extérieur des contextes fique, par le recours à une série
croissante de religions non chré- religieux et ils constatent le man- d’objets, par des systèmes de com-
tiennes. Par ailleurs, l’immigration que d’études sur ce qu’elles nom- portements et de langages spéci-
modifie également la composition ment « la religion vécue ». Par
† † fiques, par des signes embléma-
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LIEN SOCIAL ET POLITIQUES, 64 sur les rites funéraires ont mis en cerne la possibilité de respecter
évidence trois fonctions essen- des rituels religieux dans une
Réseaux transnationaux, familles
immigrantes et deuils tielles de ce type de rites : « accom-
† † société dite laïque.
pagner le corps et l’esprit, l’âme
du défunt durant ces périodes Services gouvernementaux
transitoires incertaines et péril- et religion : des associations

leuses de la mort et de l’immédiat positives et possibles ?


après-mort jusqu’au repos éternel,


aider les survivants endeuillés, et La liberté de religion est un
surtout les proches, dans l’expres- droit garanti par la Charte cana-
sion de leur douleur et enfin res- dienne des droits et libertés et par
souder la cohésion sociale mise en la Charte québécoise des droits et
178 cause par la disparition d’un de libertés de la personne. Le cadre
ses membres » (Hanus, 2000 : 21).
† †
légal reconnaît aussi « le droit

Dans le processus de deuil, em- pour la communauté religieuse de


tiques dont le sens codé constitue construire et de posséder un lieu
preint de souffrance complexe et
l’un des biens communs d’un de culte pour se réunir et prati-
durable, le rite aurait une fonction
groupe » (Ibid : 25-26). La théorie quer les rites de ses croyances reli-
thérapeutique (Thomas, 2000).
† †

des rites de passage de Van Gen- gieuses » (Therrien, 2005 : 77).


Plusieurs auteurs pensent aussi † †

nep montre comment, du berceau L’adaptation des services sociaux


que les croyances religieuses et
au tombeau, les rites accompa- « les rites funéraires peuvent faci-

et de santé à la diversité religieuse
gnent l’individu pour passer d’un liter le parcours du deuil » (Hétu,

fait partie intégrante de la législa-
état à un autre. Pour ce qui est de 1989 : 199). Pour Hétu (1989),

tion canadienne et québécoise. Au
la mort, les études montrent que cette facilitation du deuil s’expri- Québec, les établissements, dans
les rituels religieux ont une fonc- merait de plusieurs façons. Les leur ensemble, ont pour fonction
tion essentielle avant le décès, au rites invitent les survivants à inté- « d’assurer la prestation de ser-

moment du décès et dans le pro- grer la réalité du corps mort vices de santé ou de services
cessus de deuil. « L’enjeu des rites,

(exposition du corps, cortège vers sociaux de qualité qui soient
rites traditionnels mais également le cimetière, etc.). Ils ont des fonc- continus, accessibles, sécuritaires
rites profanes de la quotidienneté tions d’exutoire (expression de la et respectueux des droits des per-
(Javeau, 2000), est de mettre la peine, douleur, etc.) et ordonnent sonnes et de leurs besoins spiri-
mort à distance en lui conférant ce le « chaos » (par l’évocation du sou-
† †
tuels, qui visent à réduire ou à
statut d’altérité (Baudry, 1999a). venir du défunt lors de l’homélie). solutionner les problèmes de
Ils instituent cet écart indispen- Enfin, ils soutiennent les endeuil- santé et de bien-être et à satisfaire
sable entre vivants et morts, lés (rassemblement, solidarité, les besoins des groupes de la
dotant les vivants de la charge de entraide, par exemple dans le par- population » (LSSS, 2006). Parce

séparation » (Clavandier, 2009 :


† †
tage du repas après la cérémonie, qu’ils adhèrent aux principes
212). En ce sens, Thomas déclare avec les mots de réconfort). Le énoncés dans les chartes des
que le propre du rituel « est de †
sens des rituels dans le deuil est droits et libertés qui s’appliquent
créer une mobilisation autour donc fondamental. On compren- au Québec, ils doivent également
d’un projet vécu collectivement dra aussi que le rite ne peut pas respecter les droits garantis par
(avant et après la mort) qui être la pratique exclusive des celles-ci et prodiguer des soins et
conduit à sa mise en œuvre effec- immigrants. des services accessibles et conve-
tive. Par la voie de la symbolisa- nant à tous, dans une perspective
tion, le rite a pour fonction de ras- Suite à ce survol du rôle des d’équité et de justice sociale
surer » (cité dans Clavandier,

rituels dans la mort et le deuil, des (CSSS de la Montagne, 2007).
2009 : 204).

préoccupations émergent dans le Dans le domaine du service social,
champ des programmes des ser- l’obligation des établissements de
De nombreux anthropologues vices sociaux et de la santé, plus respecter la liberté d’expression
et sociologues qui se sont penchés particulièrement en ce qui con- religieuse de leur clientèle ne pose
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pas de problème et très peu de l’enquête sociale et de santé de tion universitaire en pastorale de
litiges se judiciarisent (Azdouz, Santé Québec consacrée à la reli- la santé : « L’Association cana-
† †

2007). Toutefois, la grande diver- gion (Lacombe et al., 2002). Dif- dienne pour la pratique et l’édu-
sité des mandats des organisa- férentes explications ont été avan- cation de la pastorale (ACPEP)
tions, des orientations de l’établis- cées pour expliquer le meilleur est confrontée à un grand défi,
sement ou encore des politiques état de santé des personnes celui de développer des normes
publiques et enfin celle des cro- croyantes ou pratiquantes, y com- scolaires et cliniques afin d’accueil-
yances et des pratiques religieuses pris les attitudes positives, les lir des intervenants provenant de
des clientèles, interdit une appro- réseaux de soutien et des compor- religions non chrétiennes » (Ga- †

che uniforme des services sen- tements prohibés ou encouragés riepy, 2005 :162).

sibles à la diversité religieuse. (Chatters, 2000). Par contre, dans


Au-delà du religieux, du rôle et
certaines circonstances, la religion
D’autres études, principale- du sens des pratiques, de leur 179
peut aussi représenter un facteur
ment aux États-Unis, témoignent place au sein des services de santé
de risque pour la santé (Chatters,
de l’impact des croyances reli- et des services sociaux dans la
2000). De plus, la diversité reli-
gieuses sur la décision d’accepter société d’accueil, que savons-nous
gieuse de la population se mani-
des soins de santé, et sur les des rituels en immigration ? Quel †

feste par de multiples conceptions


modes d’utilisation et l’accessibi- est leur sens et leur rôle ? Sont-ils

religieuses de la santé, de la mala-


lité des services, tant chez les transformés, etc. ? †

die et de la souffrance, des besoins


populations natives que chez les
et des attentes de santé spécifiques.
immigrants (entre autres, Koenig Rituels et immigration : de la

Celles-ci renvoient à des rites de


et al., 2001). Par exemple, la reli- nécessité de se pencher sur le
guérison propres à chaque religion
gion influencerait la façon dont transnational
qui ont amené de plus en plus de
les immigrants consultent les insti-
chercheurs à étudier ces pratiques Les études sur les rituels prati-
tutions socio-sanitaires publiques
dans les sociétés occidentales (Bar- qués par les immigrants dans le
et leurs prises de décision en
nes et Sered, 2005). Toutes ces pays de résidence ont souligné les
matière de santé (Barnes et Sered,
études, soulignant les multiples sens multiples que peuvent revêtir
2005), ce que tendent à montrer
liens entre la religion, la santé et le ces activités. Les rites de passage
les résultats préliminaires d’une
bien-être, témoignent une fois de (naissance, mariage, mort) sont des
étude en cours sur l’utilisation des
plus de la possibilité que le reli- moments importants dans le pro-
services de santé en périnatalité
gieux traverse nombre d’institu- cessus d’installation des migrants.
(Fortin, Le Gall et al., IRSC).
tions socio-sanitaires, notamment Ces rituels permettent de rassem-
Par ailleurs, plus particulière- autour de la maladie et de la mort bler amis et parents, mais aussi de
ment dans le domaine des institu- des individus. La mort et le deuil, créer un sens d’appartenance à
tions sanitaires, il est intéressant événements majeurs de l’existence une communauté. Quelques étu-
de souligner qu’au Québec peu de humaine, révèlent généralement des sur la pratique des rituels reli-
chercheurs se sont penchés sur le une dimension existentielle. Si la gieux en contexte migratoire mon-
lien entre la religion et la santé quête de sens a souvent été relé- trent comment ces rituels sont
(Battaglini, 2005). Toutefois, on sait guée exclusivement aux domaines l’occasion d’augmenter la sociabi-
que lorsque la dimension religieuse spirituel et religieux, ces derniers lité des fidèles et de renouer les
est incluse dans les recherches en sont appelés à être intégrés aussi liens entre les migrants. Par
santé, principalement aux États- dans le réseau de la santé et des exemple, les fréquentations à la
Unis, elles examinent surtout son services sociaux. Il y a également mosquée encouragent les ren-
influence et soulignent le plus nécessité de prévoir des pro- contres et augmentent la solida-
souvent le lien favorable entre la grammes de formation des profes- rité dans le groupe (Andezian,
pratique religieuse et le bien-être sionnels et du personnel qui tra- 1989). Certains auteurs ont mon-
des personnes (entre autres, Chat- vaillent auprès des populations tré comment, pour les migrants,
ters, 2000 ; Cochrane, 2006), ce que
† diversifiées. En ce sens, Gariépy les rituels pouvaient « réconcilier »
† †

confirment les données de 1998 de insiste, quant à lui, sur la forma- le passé et le présent dans la nou-
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LIEN SOCIAL ET POLITIQUES, 64 rituels dans le pays d’origine a été Bretagne, Gardner (2002) montre
beaucoup moins étudiée. Pourtant, comment ces rituels nous en
Réseaux transnationaux, familles
immigrantes et deuils les nouvelles technologies permet- apprennent sur la conceptualisa-
tent des échanges au-delà des fron- tion de l’espace et de l’apparte-
tières et entraînent la délocalisa- nance. Quant à Salih (2002), elle
tion des rituels. analyse la célébration de mariages
dépendant des vacances au pays
Quelques travaux ont porté sur
d’origine de migrants marocains
la participation des migrants à des
vivant en Europe. Elle suggère
fêtes et à des cérémonies dans leur
que ces rituels sont un moyen de
pays d’origine au cours de leurs
comprendre la formulation et la
vacances estivales ou lors de leur
construction des identités par les
180 retour définitif (Charbit et al.,
migrants : « Migrants operate in a
† †

1997 ; Gardner, 1993 ; Mand, 2002 ;


† † †

transnational division of ritual


Salih, 2002). L’établissement de
velle société (Andezian, 1986 ; Wer- space, which involves a distribu-

liens transnationaux au cours de
ber, 1986). Les recherches ont éga- tion of symbolic and economic
rituels n’implique pas nécessaire-
lement souligné le rôle des rituels resources across countries through
ment un va-et-vient entre les fron-
dans la construction de l’identité practices that construct Morocco
tières. Les fêtes et les cérémonies
des migrants, alors que les célé- and Italy as simultaneously crucial
en contexte de migration servent
brations constituent des occasions in the cultural and political eco-
également de prétexte à des con-
de réaffirmer et d’éprouver son nomy of migrants’ lives ».
tacts avec des personnes dans le

appartenance au groupe. Elles sont pays d’origine, renforçant ainsi ce Maintenant, concernant plus
autant de ressources symboliques lien. En fait, à l’occasion de ces spécifiquement la mort et le deuil,
mobilisées pour signifier l’exis- événements, les migrants télépho- quelles seraient alors les spécifici-
tence de ce groupe et de sa culture nent aux membres de leurs famil- tés de la mort à distance en rap-
(Hily et Meintel, 2000). En dépit les et à leurs amis dispersés dans port avec les pratiques funéraires ?

de la centralité de ces rituels dans le monde. Ces rituels donnent


la vie des migrants, il n’en de- généralement lieu à des rassem- La mort d’un proche de
meure pas moins qu’il existe peu blements familiaux qui facilitent l’immigrant au pays d’origine et
d’études approfondies sur leur les échanges. la mort de l’immigrant au pays
signification. d’accueil : des rites aux
Des auteurs insistent sur la †

fonction identitaire de ces dépla- funérailles transnationales


Émergence des rituels
transnationaux en contexte cements et sur leur rôle dans l’ap- Les rituels entourant le décès
migratoire partenance des migrants. Les fêtes d’un migrant ou celui d’un mem-
et les cérémonies, notamment en bre de sa famille au pays d’origine
Les travaux portant sur les raison de leur nature publique, ap- ou ailleurs se trouvent affectés par
rituels pratiqués par les immi- paraissent comme un des moyens les liens transnationaux. Les ri-
grants dans le pays de résidence les plus appropriés pour marquer tuels peuvent ainsi se dérouler à la
n’accordent pas d’attention aux l’appartenance à plusieurs socié- fois dans le pays d’origine et dans
liens transnationaux tissés à l’oc- tés. Pour Gardner et Grillo (2002), le pays hôte, d’où leur caractère
casion de ces événements ni au l’étude des rituels transnationaux multisite.
sentiment d’appartenance au pays offre une avenue importante pour
d’origine. Gardner et Grillo (2002), comprendre la relation entre l’es- Des auteurs qui se sont intéres-
dans un numéro spécial sur les pace, la culture, l’ethnicité et le sés aux pratiques funéraires dans
rituels transnationaux, notent qu’en genre parmi les migrants dans un différents pays ont montré com-
comparaison de la célébration de monde transnational. Dans une ment l’implication des migrants a
rituels en contexte de migration, étude sur les funérailles de mi- pour conséquence de modifier les
la participation des migrants à des grants du Bangladesh en Grande- pratiques funéraires dans le pays
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d’origine pour y inclure des élé- limitent les déplacements, tout ne. Gardner (2002), qui s’est pen-
ments transnationaux. Les migrants comme les raisons profession- chée sur l’aspect transnational
jouent souvent un rôle important nelles (quitter son emploi pour des cérémonies funéraires au
dans les funérailles des membres plusieurs jours) ou médicales (dif- Bangladesh, a aussi montré com-
de leur famille qui ont lieu dans le ficulté pour les personnes âgées ment les pratiques entourant
pays d’origine, que ce soit dans ou malades de se déplacer). Les celles-ci sont affectées par la
l’organisation, dans le financement parents d’enfants d’âge scolaire migration. Dans bien des cas, ce
ou dans le déroulement des céré- ou préscolaire peuvent aussi ren- sont les migrants qui financent
monies. Au décès de ces personnes contrer des difficultés (faire man- les activités entourant les fu-
ont lieu de nombreux échanges quer l’école à leur enfant ou voya- nérailles (Gardner, 2002 ; Mazzu-

téléphoniques pour informer, offrir ger avec plusieurs enfants en bas cato et al., 2006).
ses condoléances et organiser les âge). Il n’est pas toujours possi-
En contexte de migration, on
funérailles. Une chaîne s’organise ble de quitter précipitamment 181
assiste généralement à un aména-
pour joindre la famille au pays le pays : l’obtention de visas ou

gement des pratiques funéraires.


ainsi que les amis et connaissances autres modalités administratives
Selon Petit (2005), les pratiques
dispersés dans le monde. Dans peuvent nécessiter de longues
funéraires du pays d’origine, elles-
une étude sur les Ghanéens aux démarches. Dans certains cas, une
mêmes susceptibles de se modi-
Pays-Bas, Mazzucato et al. (2006) personne ne peut se déplacer en
fier, ne peuvent se transposer
montrent comment la circulation raison de son statut (réfugié, sans-
identiquement en contexte migra-
de l’information et l’ordre dans papiers, etc.). Dans les situations
toire du fait des nombreuses con-
lequel les nouvelles sont diffusées où les migrants n’assistent pas aux
traintes liées au nouveau cadre de
relèvent non seulement des tradi- cérémonies dans le pays, ils peu-
vie. Il s’ensuit ce qu’elle nomme
tions mais aussi de la technologie vent souligner la mort d’un
des « bricolages rituels ». Des com-
et des ressources économiques. proche en organisant un rituel
† †

promis adoptés par les migrants


Généralement, au Ghana, lorsque dans le pays hôte (par exemple,
pour ne pas rompre avec les tradi-
survient un décès, les gens du vil- prières aux morts, messes, etc.).
tions du pays d’origine actualisent
lage doivent être informés en pre- Pourette (2002) souligne com-
des formes de rapatriement sym-
mier, tout comme les aînés de la ment, pour les migrants de la
bolique : pour des immigrants

famille. Toutefois, lorsque la fa- Guadeloupe en France, la fête de


sénégalais en France, on assiste à
mille est dispersée dans le monde, la Toussaint demeure chaque
l’envoi de la valise mortuaire au
cette tradition se trouve modifiée année l’occasion d’honorer leurs
village afin qu’elle serve de sup-
pour s’adapter au contexte trans- morts en assistant à des messes, en
port aux funérailles (Petit, 2002).
national. Les migrants sont sou- récitant des prières et en allumant
vent informés les premiers, parce des bougies à leur domicile. Qu’en est-il alors du processus
qu’on se tourne vers eux pour de deuil quand les morts et les
financer les funérailles, mais aussi Les migrants dépensent sou-
familles sont à distance ? Cette †

parce que les coûts des appels en vent une somme importante pour
aide s’exprime-t-elle de part et
Europe sont moins élevés qu’au financer les obsèques d’un pro-
d’autre ? Les liens familiaux et

Ghana. che. Mazzucato et al. (2006) exa-


transnationaux demeurent-ils exté-
minent comment la migration a
rieurs à cet événement tragique ? †

Pour les migrants, la mort d’un un impact sur les dépenses entou-
parent au pays d’origine, souvent rant les funérailles qui se dérou- Deuil et familles immigrantes
précédée par la maladie, repré- lent au Ghana : comment l’argent

sente généralement une tragédie, est dépensé, comment les dépen- Le deuil est un processus qui
un moment que l’on appréhende ses sont organisées sur plusieurs comporte « de la peine, de la souf-

avec inquiétude. Le migrant n’est lieux géographiques et quel rôle france et du temps » (Hanus, 2002 :
† †

pas toujours en mesure de retour- l’argent investi par les migrants 636). Si le deuil est un phénomène
ner dans son pays d’origine pour aux Pays-Bas joue un rôle dans universel, les expressions du deuil
assister aux obsèques. Le coût du les relations transnationales entre varient selon les cultures autour
voyage et les moyens financiers les migrants et leur pays d’origi- du monde. Bien que, dans plu-
LSP 64-18_modèle LSP 11-02-24 14:58 Page 182

LIEN SOCIAL ET POLITIQUES, 64 processus de deuil plus difficile. gnages recueillis montrent les
De plus, de nombreux auteurs répercussions de la mort sur la
Réseaux transnationaux, familles
immigrantes et deuils ont montré combien le deuil famille et combien la mort d’un
s’inscrit aussi dans un vécu fami- des membres bouleverse la struc-
lial (Deschaux et al., 1998 ; Hétu, †
ture familiale. L’adaptation à l’ab-
1997). Non seulement le deuil se sence de la personne décédée est
vit en famille, mais il transforme une source de stress importante
aussi cette dernière et les liens qui nécessitant la négociation de nou-
la composent. velles règles et de nouvelles fron-
tières afin de redéfinir la place de
Le deuil : un événement et un

chacun dans la famille.
processus familial La famille immigrante, qui a
182 déjà vécu de nombreuses pertes
Le deuil est aussi un événement
du fait de la migration, n’échappe
familial qui commence dès l’an-
sieurs cultures, la colère et la peur pas à ces bouleversements et
nonce du décès et l’organisation
peuvent accompagner la perte, il y transformations. Vatz Laaroussi
des obsèques : choix du cercueil,

a une diversité de réactions et (2009) ajoute combien, pour les


soins de conservation et toilette,
d’attitudes par lesquelles les indi- immigrants, il est nécessaire de
choix du déroulement de la céré-
vidus, les familles et les commu- sortir des conceptions tradition-
monie, etc. (Deschaux et al.,1998).
nelles de la famille : font partie de
nautés vont exprimer leur deuil. « Si le deuil, en son travail person-

la famille les ascendants, les des-


nel intérieur, se réalise toujours
De nombreux facteurs peuvent cendants, la famille élargie, parfois
dans la solitude, il ne se vit pas
influencer le travail de deuil : le les amis, la communauté ethnocul-

dans l’isolement » écrit Hanus


type et les circonstances du deuil turelle, religieuse, etc. Nous inté-


(1998 : 233). De même, la mort

(mort par génocide, par suicide, grons à cette conception de la


d’un proche fait partie de ces évé-
par maladie, mort d’un enfant, famille les réseaux transnationaux
nements qui transforment la place
etc.) ; la relation existant entre qui, comme nous l’avons vu dans

et les fonctions de chacun. À ce


l’endeuillé et le défunt (conflic- la partie précédente, sont sollicités
sujet, Hétu déclare : « La majorité
† †

tuelle ou non) ; les valeurs et les dans la continuité, voire la trans-



des pertes surviennent dans un
croyances personnelles, familiales, formation et l’invention de rituels
contexte familial, et la dynamique
religieuses, spirituelles et sociocul- funéraires et de cérémonies reli-
de cette famille influence profon-
turelles vont aussi influencer le gieuses. Nous pensons qu’il serait
dément la façon dont chacun des
processus (Côté, 2000 : 120). Enfin, intéressant de concevoir ces chan-

membres va vivre son deuil. » †

et cela correspond plus spécifi- gements, non seulement autour


(1997 : 89). Le vécu du deuil est

quement aux familles immigran- des pratiques, mais au niveau rela-


donc familial et il transforme des
tes, comme nous l’avons vu précé- tionnel dans le cas spécifique du
liens familiaux : « Ainsi, le deuil,
deuil.
† †

demment, il est évident que le qui est une épreuve pour chacun,
deuil à distance se vit différem- est-il également un traumatisme Deuil, familles immigrantes et
ment selon les cas (si les proches qui secoue l’ensemble de la
peuvent ou non se rendre dans le
réseaux transnationaux
famille, la structure familiale
pays d’origine ; les coûts du voyage,

comme les relations établies entre En raison du caractère familial
les contraintes administratives – chacun de ses membres. Et tout du deuil, et sans nier qu’il réactive
obtention d’un visa –, les conflits comme des situations inhabi- aussi les conflits en lien avec l’his-
ou catastrophes naturelles empê- tuelles, le deuil fait grandir celui toire de la famille, nous pouvons
chant le retour, la présence d’en- qui le vit, le vécu familial commun penser que la mort active ou réac-
fants en bas âge, etc.). À ce sujet, de cette épreuve en approfondit tive les liens tissés par les familles
la littérature montre que l’en- les liens » (Hanus, 1998 : 237). En
† † immigrantes, ici, là-bas et ailleurs.
deuillé qui n’a pu voir le corps de effet, les résultats de l’étude de De Ses membres se mobilisent et
la personne défunte peut vivre un Montigny (1996) et les témoi- s’entraident autour du décès et du
LSP 64-18_modèle LSP 11-02-24 14:58 Page 183

deuil. De plus, « vivre le deuil en


† 2002), ni à l’aide réciproque au aussi tuteurs de résilience pour les
famille, c’est s’appuyer les uns sur sein des familles (par exemple, membres adultes et jeunes des
les autres afin de pouvoir s’encou- Baldassar et al., 2007 ; Goulbourne
† familles immigrantes face à l’ad-
rager dans l’acceptation de la réa- et Chamberlain, 2001 ; Le  Gall,
† versité que représente l’exil et ses
lité de la mort, afin de pouvoir 2009 ; Reynolds et Zontini, 2006 ;
† † contraintes » (Vatz Laaroussi, 2009 :
† †

exprimer et partager ses émotions Zontini, 2007). 225). Cela dit, tous les migrants et
douloureuses, son chagrin, sa les membres de leur famille trans-
peine, son désespoir, sa colère, sa Bien que le nombre d’études nationale se trouvent à des
détresse, son ressentiment, sa sur l’aide transnationale ou à dis- endroits précis, à des moments
révolte, ses inquiétudes. La famille tance reste encore limité, nous précis et les barrières politiques,
aide à l’acceptation de la réalité, avons assisté, au cours des derniè- culturelles et linguistiques qu’ils
temps essentiel mais combien res années, à la multiplication des doivent franchir affectent les
publications faisant état du main-
douloureux du travail de deuil » † moyens auxquels ils ont recours 183
(Hanus, 1998 : 238).

tien de différents types de soutien pour fournir de l’aide (Baldassar
dans les familles caractérisées par et al., 2007). L’entraide familiale
Au-delà du vécu familial du la dispersion géographique à la étant mobilisée à des moments-
deuil, Vatz Laaroussi (2009) met suite de la migration d’un ou plu- clés du cycle de vie, mais aussi
en évidence trois fonctions essen- sieurs de leurs membres (Le Gall, parce que nous avons vu comment
tielles des réseaux : l’entraide, la
† 2005). Par exemple, Baldassar et al. le deuil est familial, nous pouvons
protection et la socialisation. Ces (2007), qui ont étudié divers grou- penser que les liens familiaux
fonctions s’inscrivent dans une pes d’immigrants en Australie, transnationaux vont être activés
réciprocité intergénérationnelle. Il notent comment des parents âgés lors de deuil ou de décès (Gher-
est vrai que cette solidarité n’est restés au pays d’origine reçoivent ghel et Le Gall 2010).
pas l’exclusivité des familles du soutien et de l’affection de
immigrantes. En effet, depuis une leurs enfants adultes dispersés Comment la prise en compte de
trentaine d’années, de nom- dans le monde, en dépit des diffi- tout ce qui précède peut alors se
breuses études sur les solidarités cultés rencontrées. De même, dans faire dans l’élaboration des orien-
familiales (par exemple, Bengston une recherche sur des grands- tations et des programmes en
et Achenbaum, 1993 ; Finch et† mères originaires des Caraïbes, matière de santé et de services
Mason, 1993 ; Godbout et Char-
† Plaza (2000) observe que leur rôle sociaux ?

bonneau, 1996 ; Pitrou, 1978 ; Rossi


† † est de plus en plus transnational
et Rossi, 1990) ont montré que si, alors que ces dernières, « interna-

Conclusion 
dans nos sociétés, l’aide familiale tional flying Afro-Caribbean gran-
Le portrait démographique et
s’est transformée, elle est toujours nies », circulent entre plusieurs
religieux du Canada comme du

présente. Dans la plupart de ces pays afin d’aider leurs petits- Québec entraîne des enjeux insti-
études, la proximité géographique enfants. Dans ses études, Vatz tutionnels spécifiquement lors-
apparaît fréquemment comme un Laaroussi, quant à elle, fait une qu’on aborde la question du décès
des facteurs les plus importants association originale entre la rési- et du deuil pour les familles immi-
dans le maintien des pratiques de lience, la migration et le réseau grantes. En effet, nous avons vu
soutien et est souvent utilisée transnational. Elle démontre que d’abord combien les fonctions et
comme un indicateur pour mesu- cette triade constitue un réservoir le sens des rituels religieux accom-
rer l’entraide familiale. Néan- de tuteurs de résilience : « le ré-
† †
pagnent le processus de deuil. Or,
moins, comme nous l’apprennent seau transnational est un bassin la possibilité de respecter les pra-
les travaux sur les familles trans- extensible de personnes-clés qui tiques religieuses associées au
nationales, la migration et l’éloi- peuvent, selon les rencontres, les deuil dans une société dite laïque
gnement géographique qui en périodes et les lieux, devenir des peut paraître paradoxale. Dans un
résultent ne mettent pas fin aux tuteurs de résilience. Ces réseaux contexte où les gouvernements
liens transnationaux entre mem- structurés sur des personnes-clés déplorent chaque année les coûts
bres d’une famille dispersée dans significatives dans des espaces, excessifs de la santé et des services
le monde (Bryceson et Vuorela, eux aussi parcourus de sens, sont sociaux, il serait pertinent de se
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LIEN SOCIAL ET POLITIQUES, 64 le ministère de l’Immigration


puisque lors d’événements tra- Références bibliographiques
Réseaux transnationaux, familles
immigrantes et deuils giques comme le décès d’un
proche, le passage des frontières AGGOUN, Atmane. 2002. « Vieillisse- †

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est aussi tributaire des politiques
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Enfin, il nous paraît fondamen- ANDEZIAN, Sossie. 1989. « Du «reli- †

tal d’engager davantage de recher- gieux»dans les réseaux sociaux fémi-


ches plus poussées sur les réseaux nins », Archives de sciences sociales

transnationaux et leur lien avec le des religions, 68, 1 : 65-77.


deuil et l’immigration. À cet égard, ATTIAS-DONFUT, Claudine et Fran-


des recherches comparatives pour- çois-Charles WOLFF. 2005. « Le lieu
184 raient être réalisées dans diffé-

d’enterrement des personnes nées


rents contextes nationaux afin hors de France », Population, 5-6 :
† †

pencher sur la place et le pouvoir d’examiner l’influence de divers 813-836.


de ces pratiques à titre de préven- facteurs (tels que l’effet des lois, AZDOUZ, Rachida. 2007. « Les conflits †

tion. Ensuite, sans nier la spécifi- des contraintes structurelles, etc.) de valeurs et de droits dans le secteur
cité pour chacun de vivre son sur le développement de liens de la santé et des services sociaux », †

deuil, nous avons démontré qu’il lors  du deuil  à distance, tout dans Myriam JÉZÉQUEL (dir.). Les
est important de ne pas exclure la comme l’impact de la distance sur accommodements raisonnables : quoi, †

les rituels et les liens transnatio- comment, jusqu’où ? Des outils pour

famille et les réseaux transnatio- tous. Montréal, Éditions Yvon Blais.


naux du processus de deuil et du naux. En ce sens, la question de
soutien qu’ils peuvent apporter. l’espace et des lieux est aussi une BALDASSAR, Loretta, Cora BAL-
Nous avons insisté sur le fait que voie à poursuivre dans l’étude de DOCK et Raelene WILDING. 2007.
ces réseaux sont mobilisés dans la la migration transnationale. Les Families Caring Across Borders. Mi-
relations et pratiques transnatio- gration, Aging and Transnational
transmission de l’information, la Care Giving. Palgrave, Macmillan.
nales ne suivent pas un tracé
continuité ou la transformation
linéaire. L’étendue, l’envergure et BARNES, Linda L. et Susan S. SERED
voire l’invention de rituels funé-
l’impact de celles-ci dépendent des (dir.). 2005. Religion and Healing in
raires et de cérémonies religieuses.
différents contextes que les mi- America. New York, Oxford Univer-
En ce sens, à travers cet article grants traversent ainsi que des fac- sity Press.
nous avons tenté de mettre en évi- teurs liés au groupe, tels que sa BATTAGLINI, Alex (2005). « Religion, †

dence la nécessité d’engager les ins- taille et ses modes d’incorporation. santé et intervention », dans Solange †

titutions socio-sanitaires dans un Lilyane RACHÉDI LEFEBVRE (dir.). La religion dans


processus de reconnaissance de la sphère publique. Montréal. PUM :
professeure

cette imbrication entre les réseaux 137-151.


École de travail social
transnationaux, l’immigration et le UQÀM BENGSTON, Vernet et Andrew ACHEN-
deuil. En effet, il est important de BAUM. 1993. The Changing Contract
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sion transnationale pour favoriser professeure associée périence migratoire et identité dans
une adaptation des services. UQÀM et Université de la mort transnationale : les défunts †

Montréal portoricains rapatriés de New York », †

Ceci ne peut se réaliser qu’en Canadian Journal of Latin American


coordonnant les efforts entre les Véronique LEDUC and Caribbean Studies, 31 : 145-168. †

différents ministères. Certes, le Candidate à la maîtrise en


BEYER, Peter. 2005. « Transformations

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