Vous êtes sur la page 1sur 193
“JEAN D'LRBREE. er L\ UNCONNERIE CANADIEN NE-PRANCAIR be “ ARRACHRZ A LA MACONNERIE LE MASQUE DONT ELLE SE COUVRE, |, . PY FAITES LA VOIR TELLE QUELLE usr.” —Lacyclique de Léon of i ATIT., 20 mars 1884. ~Qui va 1A? tn pauvre Candidat aveugle qui veut voir la Lumitre. TABLE DES MATIERES. PREMIERE PARTIE. Pace Cuar. I,—Premier degré de la Magonneric........° I Toilette magonnique.. peeeeeeeeres 3 Promenade en loge.. veeee 5 Cuar. IL.—Les épreuves du premier degré.. seeseee 10 Les planchers mobiles. —L’ échelle sans fin. 13 Deuxiéme voyage magonnique.....-..6. 14 La chandelle de soufre....sseeeeeeeeee TS La veine ouverte. .... css ceeeeereeeeee ES Le scean magonnique...ssereeeeecrees 16 Cuap. 11L.—Le serment du premier degré....., Vy Cuar, IV.—~Les secrets du premier degré...... 25 Le signe. —L’attouchement.—Le mot.... 28 Cuap. V.—Deuxitme degré.—Le compagnon magon. 32 Serment du compagnon...sereerveress 34 Les secrets du deuxiéme degré........+- 36 Cuar, VI.~-Troisiéme degré.--Le maitre magon....- 39 Serment du maitre.... cee cece aeee cee 40 Réflexions sur ce serment...ccesereeeee 43. L’enseignement social de Pordre....2-+- 47 La légende d’Hiram Abiff....... cocoon 49 L’éprenvé du troisitme degré.. 10... eee 52 Le cercueil. 0. ci eae eas ce ste eves reee. §2 Les secrets: du mattre macom. sess eseee 53. Iv TABLE DES MATIERES. DEUXIEME PARTIE. Cuar. 1,—J.a Magonnerie est l’ennemie acharnée de la religion catholiqne.........0.3. 59 WAGE PREMIERE PREUVE, Programme magonnique de 1723....... 60 La Maconnerie est une religion.......-. 63 La tolérance universelle..........0256+ 65 DEUXIEME PREUVE. . Citar, [1.—Les magons avouent cette hostilitéa 1’ Eglise catholique... .eesce cere ver eseree 70 TROISIEME PREUVE. Cup, UI.—Tes papes et la Maconnerie............ 73 Citar, IV.--Un franc-magon peut-il étre catholique... 78 Cuar, V.---Un protestant peut-il étre franc-magon?,, 8 Citar. VIL—Les révérends ministres et la franc-macon- NOTE vee ey ceeeeeeeeesenre eneee 8S ‘TROISIEME PARTIE. Cuar. I.—La maconnerie franco-canadienne, est-elle différente de la masonnerie continen- tale? vive ceceseseenerenscceene 88 P Cuar, II.——La masonnerie canadienne n’est pas une i société de bienfaisance............ gt Citar. ITT,—Organisation de la magonnerie canadienne. 96 Matériel des loges canadiennes......4.- 99 Cuar. IV.—Etat actuel de la Magonnerie en Canada,. 100 Tableau de la Maconnerie dans le Dominion 103 4 Cutap, V.—La Maconnerie dans la province de Québec. tog Gdes loges en communion avec Québec... 108 | Crap. VI.—ILa-Maconnerie Prospére is... cece eee LIS ee TABLE DES MATIERES. Vv District de Québec, Montréal.......... 113 Liste des loges de la province........-+ II7 Cnap. VIT.--Bon nombre de magons catholiques...... 121 Premiére preuve, lettre du révérend J. D. Borthwick. .ssseceeeeeeee cece eens 123 Deuxiéme preuve, les aveux du Herald.. 128 Troisitme preuve, les aveux de la Minerve, 129 Plusieurs macons catholiques occupent des positionsinfluentes....s+eeseereees 130 La propagande maconnique.....++..2++ 133 Cuap, VITI.-Magons actifs et non actifs.......5 + 134 Cnav, [X.—La Magonnerie rouge...... 138 Le rose-croix....e.eeeeee 140 Serment du Rose-Croix.—Le © signet reniement du Christ....... 142 Parodie de P Eucharistic... ...- 146 Cuap, X.--Magonnerie et Christianisme Capris le Grand Mattre de Québec... ..056. 148 QUATRIEME PARTIE. / Cuap. J.—L/institut canadien ct la Magonneric..... 152 La loge des francs fréres,....-+0++ - 153 Bibliothéque de |’ Institut... . » 156 Linstitut canadien est-il ressuscité ?...... 158 Cnap, Il.—Lorgane de la magonnerie canadienne.— La Patron cc cceeaw sceneries 160 Programme de Mr. Beangrand......... 161 Cup. III,—Programme secret des francs-magons cana- Mies cic ec cece ere eee eo tete cee 166 CuAp. IY.—Les résultats magonniques...e++ ++ 145 Cuar: V.—Alors et. aujourd’hui....ccseee see aeen 177 PREMIERE PARTIE, CHAPITRE 1 PREMIER DEGRE DE LA MAQUNNERIE. * LApprenti: Magen. “Une loge est une grande salle avant la fore Wun parallélogramme ow carré long. Tes quatre eétés portent les noms des points cardinaua. ds partic Ta plus reculée ot siege le Venerable sappelle Orient et fait face a la porte dentrec, “ fanted est place devant le trane du Veneralde, un dais de couleur bleu ciel, parsemé d’étoiles dar gent, surmonte Te trang. Au fond da dais, dans Ls partie supérieure, est un Delta ravonnant ou Gleire, au centre duquel on lit en caractéres hébraiqies le nom de Jéhovah. * A Ja gauche du dais est le disque da selet! sa la droite, le croissant de la lune. “A Yoccident, des deux cétes dela porte den trée, sélévent deux colonnes de bronze, dent les chapiteaux sont ornés. de ponimes de grenade entr’ouvertes; —2— “Sur la colonne de gauche est tracée la lettre B (Boaz). “Sur Pautre on voit la lettre J (Jachin). “Le plafond décrit une courbe. T] est peint en bleu ciel et parsemé d'étoiles.” (Clavel, Hist. pitt. de la Mag.) PRESENTATION AUX LOGES. Pour éure admis 4 7/uftiation, le candidat doit présenter par écrit, une demande dont voici la tencur: “Au Véncrable Maitre...... Officiers et Fréres de la Loge... Now. «© Québec. “Moi... de la ville de... comté de... Agé de... ans, libre par naissance et d’un age mfr, déclare que, sans avoir été influencé par des amis, ni poussé par aucun motif mercenaire ou autre semblable ; librement et volontairement, je me présente comme candidat aux mystéres de la Maconnerie. Je suis attiré par la borne opinion que je me suis formé de la société, ct par le désir de Ia science. Je me conformerai avec plaisir 4 tous Jes anciens usages et aux coutnmes établies de lordre. a: “ En foi de quoi jai signe... ce... du mois de... en Yan du monde... “ Recommandé par... “ Signature.” (Constit. de la Grande Loge de Québec, chap. : Des individus magons, sect. rer.) Si la demande est agréée, on conduit le candi- dat a la chambre aux réflexions ct Yon procede alors a la toilette magonnique. Dans les loges, en effet, il y a une toilettc de rigueur tout comme, au bal, on exige unc tenue obligatoire, et cette toilette ne manque ni de pitto- resque ni de couleur locale. * Toilette magonnique du ver degre. Aprés avoir dépouillé le candidat de son “ métal,” Cest-a-dire de Fargent qu'il porte sur lui, on le déshabille complétement de la téte aux pieds, sauf le calegon et la chemise. S'il n’a pas de calecon, la loge lui ‘en fournit un, a lusage commun des aspirants. (¢) Puis on Ini bande les yeux, on lui met 4 découvert le bras droit, le sein gauche et-le (2) Morgan p. 6. —4— . genou gauche, tandis que le pied droit est chaussé d'une pantouffe acculée. Pour achever la toilette du candidat, on lui passe au cou une corde 4 neeud coulant, une vraie corde de pendu. Dans le langage maconnique, cela se nomme le “cable de remorque.” Le Tuileur prend le bout de cette corde et méne notre homme vers Ia porte de la loge comme autre- fois le sacrificateur menait a lautel le boeuf ou le veau destiné au sacrifice. Le ‘Tuileur frappe trois coups a la porte: On lui demande 4 Pintérieur: Qui est 142° Ie Tuileur répond: “Un pauvre candidat aveugle. I] vient de son plein gré, solliciter hum- blement son admission aux mysteres et priviléges de la Frane-Magonnerie.” Couvreur at, —“ Comment espére-t-il obtenir ces priviléges?” Tuileur.—~ Par Vaide de Dicu et dune bonne réputation,” Couv. Int. Halte ! jusqu’a ce que je fasse tapport, (Se tournant vers le Vénérable); Vénérable Maitre, un pauvre candidat aveugle, bien recom- mandé, réguliérement proposé et accepté dans une loge ouverte, vient, de son plein gré, solliciter hum- blement son admission aux mystéres et priviléges de la Franc-Maconnerie.” —5— Vénérable.— Comment espétre-t-il obtenir ces priviléges ? Couy. Int.— Par Faide de Dieu et d’une bonne réputation.” Vén,-—‘‘Sa bonne réputation est déja connue, mais le candidat est-il bien préparé? frére gardien intérieur, l’affirmez-vous ? Couv.— Je Paffirme.” Vén.—*“ Admettez-le en bonne forme.” Couv. Int.—“ Entre, candidat libre et de bonne réputation.” L’assistant conduit alors le candidat au jeune diacre et celui-ci lintroduit en loge, en lui tenant la pointe d'une épée sur le sein gauche. * Entrée en loge. ” LeVénérable s’adresse alors au candidat :—“Per- sonne ne peut devenir magon 4 moins d’étre né libre et d’avoir atteint ’age de majorité. Je vous demande donc: étes-vous né libre? avez-vous 21 ans?” Candidat.—“ Je réponds affirmativement aux deux questions.” —6§— Vénérable.— Agenouillez-vous, nous allons prier le ciel de bénir nos travaux.” “ Pére tout-puissant, Supreme Gouverneur de P'Univers, daigne bénir nos travaux. Accorde 4 ce candidat magon de dévouer sa vie 4 ton service et de devenir parmi nous un frére bon et fidéle. Donne- lui ta sagesse divine, pour que, grace aux secrets de notre art maconnique, il puisse montrer les beautés d'une sainteté veritable pour Vhonneur et la gloire de ton nom. Ainsi soit-il.” Nous verrons bientét sur quelles indignités le Vénérable ose appeler la bénédiction du Trés- Haut. Vénérable (au candidat).—M. X. dans les diffi- . cultés et les dangers, en qui vous confiez-vous ? Candidat—* En Dieu.” Veén.—Fort bien ! puisque votre confiance est en Dicu, levez-vous ct suivez votre guide sans craindre aucun danger.” (Carlisle, Manuel du ter degre p. 5.) * La promenade en loge. Le jeune diacre tenant le candidat par le“cable de remorque,” cest-a-dire par la corde de pendu, ha oa — j— Ie proméne autour de la loge du sud a louest, du second surveillant au premier. Prenant la main du candidat, il en frappe trois fois Vépaule des surveillants, et ceux-ci de demander: “Qui va 1a?” Le candidat répond: “Un pauvre candidat aveugle... qui sollicite admission aux mystéres et priviléges de la magonnerie.” Les surveillants reprennent: ‘Passe, homme libre et de bonne réputation !” Et il passe. Durant ce temps, les fréres s’amusent a faire rouler des boules sur le plancher ; parfois le candi- dat est atteint, mais il faut faire bonne contenance. D'autres frappent du maillet sur Penclume de marbre. J.e candidat tressaille, puis se remettant de son émotion, il poursuit sa promenade senti- mentale : “Passe, homme libre et de bonne réputation !” Beau spectacle en vérité, que celui de ce pauvyre diable de candidat en calegon et en chemise, les yeux bandés, le bras droit, le sein gauche ct le genou gauche 4 découvert, le pied droit - passé dans une pantoufle acculée, le cou orné de sa corde de pendu ! Charmant tableau digne de admiration des profanes | Si quelque Notman photographiait dans cet équi- page un bon gros anglais tout fier d’étre magon, —§8— ou encore quelque canadien mené aux loges pour étre éclairé, puis exposait 4 Ja vitrine, il aurait du succes, je pense... Les promesses Lun aveugle, Ta promenade finie, on raméne le candidat au Vénérable, qui lui adresse les questions suivantes : “M. X. déclarez-vous sur Vhonneur, que,’ sans avoir été circonvenu par vos amis, sans étre poussé par aucun motif mercenaire, librement et volon- lairement, vous vous présentez comme candidat aux mystéres et privileges de la Franc-Maconncrie.” “ Candidat.—* Je le déclare.” Vén.—* Jurez-vous que la bonne opinion congue de notre société, la soif du savoir, le désir @étre plus utile & vos semblables, sont les motifs qui vous poussent 4 rechercher ces priviléges ?” Candidat.—* Je le jure.” Vén.-—“ Promettez-vous encore, sur Phonneur, que, sans crainte comme sans témérité, vous perseé- vérez avec constance daus les cérémonies de votre mitiation, et que, une fois admis dans Pordre, vous cn observerez les anciens usages et les coutumes? ” Candidat.-—* Je le promets.” (Carlisle, p. 6.) * Halte ti ! candidat libre et-de bonne réputation | —~ - Vous aliez vite en besogne | Savez-vous bien ce que vous promettez P Quelles sont donc les cérémonies auxquetles Pon ya vous soumettre, les épreuves qu’on va vous faire subir, les us et coutumes qu’on yous demande d’observer? Etes-vous bien sir qu'il n’y aura cn tout cela ricn de compromettant pour votre honneur et votre devoir? Sur ces points vous étes dans ignorance Ja plus complete ; et cependant vous jurez! N’est-ce pas Ja un_serment a la fois aveugle ct témeéraire ? Voyez-vous la marche que suit ici et que suivra toujours la Magonnerie vis-a-vis des imprudents qui se livrent 4 elle? “Jure d'abord, tu connaitras plus tard Ja matiére de ton serment. Livre-toi pieds et poings liés au pouvoir de ordre, il te dira ensuite ce qui exige de ses membres. ‘Iu connaitras ses secrets, ses us et coutumes. Tout cela peut-étre te plaira médiocrement. Tu songeras 4 ~eculer, il sera trop | tard. La secte te rapptixcra au besoin que les serments magonniques ne sont pas de vaines paroles.” —H- CHAPITRE IL LES EPREUVES DU PREMIER DEGRR. Les épreuves vont commencer. Elles sont stu- pides, dégradantes, cruelles. Jamais société pour- suivant un but avouable, n’exigea de ses candidats parcilles humiliations, Ta Magonnerie se vante d’étre une société de bienfaisance. Son objet, dit-elle, est de rendre Vhomme libre, de le perfectionner ‘dans ses plus nobles facultés. Or, elle commence par Vavilir en le soumettant. aux bouffonneries les plus humi- liantes, par le dégrader en lui faisant exécuter les ordres les plus absurdes, par le ravaler dans sa dignité dhonime en Pabaissant au rang du plus méprisable des csclaves. Fiers de leurs lumiéres magonniques, les fréres nont que des mépris pour les profanes. Il est bon que ces profanes sachent enfin par quels procédés ces fiers magons. furent aplatis pour devenir des enfants de la Venue, \es fils de a Magonnerie libre et acceptéc, . Jemprunterai au rituel francais le détail de ces épreuves, Elles varient, il est vrai, selon les loges Mae —ll— et le degré Vimagination du fr. ‘Terrible, Pexécu- teur des hautes oeuvres magonniques. Pourtant, au fond, elles sont 4 peu prés de méme nature, et les loges canadiennes, 4 quelque rite qu’elles appar- tiennent, travaillent & peu prés de la méme manitre que les loges frangaises. * Les préludes du voyage. Le Vénérable s'adressant au postulant: “Monsicur, vous allez subir des épreuves ter- ribles, vous sentez-vous le courage de braver tous les dangers auxquels vous pouvez Ctre expose?” Le Postulant.—* Oui, Monsieur.” Le Vénérable.—* Alors, je ne réponds plus de yous! fr. ‘Terrible, entrainez ce profane hors du temple et condiiisez-le partout of doit passer le mortel qui aspire 4 connaitre nos secrets...” Le postulant, toujours dans son costume primitif cn calecon et en chemise, les yeux couverts d'un bandeau, est entrainé hors de la loge, On lui fait faire quelques tours sur lui-méme pour le dérouter, puis on le raméne dans la salle des Pas-Perdus. Un grand cadre est préparé dont le vide est fermé par du papier, comme les cerceaux que fran- — 12— chissent les écuyéres dans les cirques. Des fréres souticnnent ce cadre, instrument de la premiere épreuve, Le F, Terrible demande au“Vénérable: “Que faut-il faire du profane?” Et le Vénérable répond : “ Introduisez-le dans la caverne.” Deux fréres saisissent alors le postulant et Ie lancent de toutes leurs forces sur le cadre dont le papier livre passage en se déchirant. Deux autres fréres regoivent le patient sur leurs bras entrela- cés. On referme violemment Ia porte ; le postulant est dans la caverne... Suivent quelques instants de silence profond. Tout 4 coup, le Vénérable frappe un grand coup de maillet et fait mettre le postulant a genoux, On adresse une priére au Grand Archi- tecte de / Univers (quelle dérision impie et sacri- lege!) Ensuite on interroge le postulant aprés Pavoir fait asscoir sur un sige hérissé daspérités et porte sur des picds d'inégale hauteur. (Pas aussi commode qu’une bergeuse !) Aprés diverses cérémonies maconniques,- on annonce au postulant qwil va commencer son premier voyage cn loge.....; Attention ! du courage, innocent |. — 13 — Premier voyage magonnigue. “ Sous la conduite du F. Terrible, le postulant, les yeux bandés, fait trois fois le tour de la loge. Tt passe successivement sur des planchers mobiles, qui, posés sur des.roulettes ct hérissés d’aspérités se dérobent sous ses pas, et sur d’autres planchers inclinés en bascule qui tout a coup fiéchissent sous lui et semblent le laisser tomber dans un abime.” Puis, il monte les degrés de 7 Hchelle sans fin, il monte toujours: s'il veut s'arréter, on lui dit de monter encore jusqw’a ce qu'il soit enfin parvenu, (ille croit du moins), 4 une grande hauteur, On lui ordonne alors de se précipiter en bas... Te postu- lant ramassant tout son courage, saute et tombe dune hauteur de deux pieds. Cette épreuve est accompagnée d'un bruit de vent, de gréle et de tonnerre, et 4 cette tourmente effrayante se mélent des vagissements d’enfants, des miaulements de chats, des cris de bétes féroces... _ Ce sont les fréres qui s’amusent aux dépens du postulant, et cherchent a.leffrayer de leur mieux. Ainsi se termine le premier voyage. Le Vénérable dit alors au postulant, d’un ton grave :.“* Monsieur, ce voyage est une image de la —4— vie. Soyez courageux dans les épreuves! Partez, maintenant, pour votre second voyage en loge.” * Second voyage magonnigue. Un passé maitre vient au devant du postulant, avec unc épée dont la pointe est garnie d'une, com- position chimique qu’on enflamme. Il Pagite devant le voyageur, les étincelles volent de toutes parts. Le postulant.en regoit plusicurs sur les mains, le visage et la poitrine; ¢a brdle, mais il faut tenir bon. Le Vénérable n’a-t-il pas recommandé la cons- tance? D’aillears, le serment magonnique l'exige. Ton conduit ainsi notre homme jusqu’au tréne du Vénérable, et le passé maitre a l’épée flam- boyante se retire. Un autre passé maitre vient alors, avec une chandelle, éclairer les pas du voyageur. Cette chan- delle sent mauvais et on approche bien prés du nez de la victime ; n’importe ! il n’y a pas 4 faire de gestes. Tout. 4 coup, la flamme touche 4 du souffre habile- ment introduit dans la chandelle. Je candidat Vaspire par le nez et par la bouche. Il en a plein le corps. II tousse, il éternue, it suffoque, il prend — 1 — des poses trés peu artistiques, ct les fréres de rire aux éclats! Le tour est si spirituel, si délicat, si propre a préparer l’eprit du profane aux lumiéres maconniques. Le second voyage est terming, Le troisiéme s’accomplit & peu prés avec les mémes péripéties et les mémes épreuves. “ Monsicur, dit le Vénérable au postulant, nous connaissons maintenant votre constance dans les épreuves ; je ne saurais trop loner votre courage. Qwil ne vous abandonne pas cependant, car il vous reste encore d’autres épreuves a4 subir. La société dans laquelle vans désires Pétre admis, exigera peut- étre gue vous versies pour elle jusgu'a la werniére goutte de votre sang. Istes-vous prée? Le postulant.—‘* Je le suis.” Le Vénérable.—“ Nous avons besoin de nous convaincre que ce n’est pas 1A une vaine assurance. Voules-vous guton vous ouvre la veine & Cinstant P “Le postulant ayant consenti, on lui pratique trés légérement la saignée, mais par un artifice qu'il est inutile Pexpliquer ici, on lui fait croire que le sang s’échappe cn abondance, et quand lopéra- tion est censée avoir suivi son cours, on fui fait tenir son bras en écharpe.” (Gautrelet, p. 207.) * —1¢— Le sceau magonnique. Le Vénérable lui dit alors ces graves paroles: “Monsieur, foul profane qui sefuil recevoir magon cesse de sappartenir ; il west plus & lui, mais tl apparticnt & un ordre gui est répandu sur toute la surface du globe; ct pour que la différence des langues n’empéche pas un macon d’étre reconnu pour tel, il existe dans toutes les loges de l'univers, un sceau chargé de signes hiéroglyphiques connus des seuls vrais magons. Ce sceau, aprés avoir été rougi au feu, étant appliqué sur le corps, y imprime une marque ineffagable. Consentez vous, Monsieur, 4 recevoir sur Ja partie de votre corps que vous indiquerez, cette cmpreinte glorieuse, afin. de pouvoir dire aux fréres en la montrant: Et moi aussi, je suis macon?” Le Postulant répond : jy consens. “Fr, Expert, dit le Vénérable, faites votre office. sOn applique sur la partie du corps indiqué ou le cété brolant dune bougie qu’on vient d’éteindre, ou un petit verre qu’on a légérement chauffé avec du papier enflammé, ou bien encore on frotte -la peau avec un linge sec, puis on y pose trés pres- tement un glagon ou un corps froid. Le tour est joué. (Gautrelct : La Franc-Maconnerie, p. 210). * —17— Les épreuves sont finies. Quelle conclusion pouvons-nous en tirer ? pré- cis¢ment celle que le Vénérable indique au can- didat: “ Monsicur, tout profane qui se fait magou cesse de s’appartenir. I] appartient 4 un ordre répandu sur toute la surface du globe.” Ce nest plus un homme, c’est un esclave. TI doit obéir. Congoit-on que des hommes sérieux, des avocats, des médecins, des jeunes gens fiers de leur hon- neur consentent a se laisser dégrader de la sorte ? lis ignoraient sans doute la rigueur des épreuves macgonniques, car on recommande sur ce point wn silence absolu aux membres. Une fois entrés en loge, ila fallu aller jusqu’au bout. Le serment y obligeait, Canadiens catholiques, vous saurez du moins désormais ce qu’on vous propose, quand on veut vous faire devenir magons. CHAPITRE IIL LE SERMENT DU PREMIER ‘DEGRE. Te Vénérable s’adressant au candidat : * Monsieur, lui dit-il, mon devoir est de vous 18 avertir que la Maconnerie est libre et réclame de ses candidats une parfaite liberté d’inclination pour ses mystéres. Fondée sur les principes les plus purs de la piété ct de Ja vertu, elle posséde des priviléges grands ct inappréciables, et les donne & ceux qui le méritent, mais 4 ccux-la seu- lement. Klle exige des serments. Pourtant, soyez stir que, dans ces serments, il n’y aura rien d’imcom- patible avec vos devoirs ceils, moraux et redi- gieux (a). . Ktes-vous done décidé a préter ce serment so- lenncl fondé sur les principes que je viens de vous exposer, et a garder inviolables Ics secrets ct les mystéres de lordre. ” Le candidat répond: “ Je le suis.” “A cette période de Vinitiation, dit Morgan, plusicurs candidats, effrayés par les épreuves quiils venaient de subir, ont voulu profiter de Poffre que semblait leur faire le Vénérable, “ la Maconnerie est libre, etc.” Ils ont demandé la permission de se retirer, mais cette permission leur a toujours été invariablement refusée. Par persuasion ou par force, ils ont dt aller de Vavant et prononcer le serment magonnique. (2) Nous yervons plus loin ?audacieuse fausseté de ces pa- roles, —- 19 — Aussi, continue Pauteur américain, des milliers de magons ont jamais voulu retourner aux loges aprés leur initiation. (Morgan, p. 17.) : Bientét, du reste, nous entendrons le Vénérable nous dire lui-méme ce qu’est cette étrange liberté qu'on offre alors au postulant. Dés que celui-ci a consenti & preter le serment, le Vénérable lui dit : “ Agenouillez-vous sur le genou gauche, tenant votre picd droit en rorme d’équerre ; places la main droite sur ce livre qui est le vohime sacré de la loi, et de Ja main gauche supportez sur votre sein gauche la pointe de ce compas, puis, répétez avec moi la formule de ce serment. ” Remarquons lhabileté de la Magonnerie. Le serment de l'apprenti renferme des menaces telles, que si le postulant les connaissait d’avance, il hé- siterait 4 les prononcer ; peut-étre méme songerait- il a reculer. On ne lui donnera pas cette chance. Le Vénérable administre le serment en pronon- Gant seulement trois mots a la fois, et en les faisant de suite répéter au postulant, celui-ci ne sait vrai- ment ce qu’il a juré qu’a Ja fin du serment. Alors il est trop tard pour se rétracter, la Magonnerie le tient en sa puissance, Voici, @aprés le manuel de. Carlisle, le serment — 20 — de Papprenti, tel quil se préte dans toutes les loges canadiennes. * Moi, N., en présence du Grand architecte de Punivers et de cette loge légitime, digne et véné- rable de magons libres et acceptés, réguli¢rement assembice, de mon plein gré et consentement : Je jure trés solennellement et sincérement de cacher, couvrir et ne jamais révéler, ni en tout ni en partie, ni sur un point, ni sur plusieurs, les secrets ct mystéres des magons libres et acceptés Secrets et mystéres qui m’ont été, me seront main- tenant, ou pourront peut-étre m’étre confiés dans la suite; A moins que ce ne soit 4 un frére ou a des fréres véritables et en régle avec Pordre, et encore, dans ce cas, je ne le ferai pour ce frére ou ces fréres qu’aprés une épreuve concluante et dé- .cisive, un strict examen, ou une assurance posi- tive d'un magon bien connu que ce frére ou ces fréres sont dignes de toute confiance, ou enfin devant une loge réguliére, juste et parfaite de macons libres et acceptés. ” Je jure en outre solennellement de ne jamais écrire ces secrets, de ne jamais les imprimer, gra- ver, ni lithographier, ni-décrire dune maniére qucleonque.. Je ne le ferai pas faire par d’autres. ae ee — 21— Je m’opposerai de toutes mes forces 4 ce qu’on le fassc, sur quoi que ce soit ici bas meuble ou im- meuble, en sorte quwune lettre, un caractére, une figure, ou méme la moindre partie @une lettre, dun caractére, d'une figure, puisse étre lisible ou intelligible pour moi ou pour qui que ce soit au monde, et qu’ainsi nos secrets, arts et mystéres - cachés ne soient connus par mon indigne conduite. “Je juve solennellement d'observer ces diffe- rents points, sans équivoque ou restriction mentale @aucune sorte.” “Si je viole la moindre de mes obligations, je consens & avoir la gorge coupée, la langue arrachée par la racine, le corps enseveli dans le sable de la mer d marée basse, on A une longucur de cable du rivage, 1& ou Ie flot monte et descend réguliére- ment cn vingt-quatre heures.......6 “Ou bien, peine plus efficace encore, @érre fétri comme un vil parjure, un homme sans valeur moraze, indigne d'étre regu dans cette loge ou dans aucune autre loge légitime et société de magons qui estiment Vhonneur ct la vertu plus que tous les avantages extéricurs du rang ct de la fortune.” “Que Dieu me soit en aide, et me garde fidéle 4 ce grand et solennel serment d’apprenti magon (Carlisle’s Manual of Free-Masonry p. 9.) — 22 — Tel est le serment de Vapprenti dans Za magon- nerie anglaise, & quelque rite qu’elle »ppartiennc. Ii est aussi le méme dans la magonnerie fran- gaise. Iln’y a que quelques légeres différences dans les expressions ; mais, obligations, menaces, pénalités tout cela est identique. Voici le serment de l’apprenti, suivant le rituel frangais. * Serment de Papprenti dans les loges francaises. ‘Je jure, au nom de l’Architecte Supréme de tous les mondes, de ne jamais révéler /es secrets, les signes, les attouchements, les paroles, les doc- trines ct les usages des franc-magons, et de garder la dessus un silence éternel.” «Je promets et je jure a Dieu de n’en jamais rien trahir, ni par la plume, ni par signes, ni par paroles, ni par gestes : de n’en jamais ricn faire écrire, ni litographier, ni graver, ni imprimer, de. ne jamais publier ce qui m’a été confié jusqu’a ce moment, et ce qui le sera encore 4 lavenir. Je mengage et je me soumets 4 la peine suivante si je manque a ma parole: qu’on me brile les lévres avec tn fer ronge, qu’on me coupe les mains, qu’or m’arrache la langue, gulon me tranche la gorge; que — 23 — smon cadavre soit pendu dans une loge pendant Ie travail de Padmission d'un nouveau frére pour étre la fiétrissure de mon infiddlité ct Peffroi des autres ; qu’on le bride ensuite et qu’on en jette les cendres au vent afin qu'il ne reste plus aucune trace de la trahison.” (St-André, p. 440. Voir tous les rituels maconniques.) Comme om le voit, dans le rite frangais, la for- mule du serment finit avec la pénalité de “ la gorge coupée.” Elle ne mentionne pas autre alternative “détre flétri comme parjure, etc...” que Je rituel anglais laisse au magon coupable. Cette alternative, du reste, est de date récente. Les anciens macons l’ignoraient. On 1a probable- ment introduite dans le rituel pour adeucir un peu la férocité des menaces, et tromper les. profanes qui ignorent les moeurs véritables de la franc-ma- connerie. Quoi qu'il en soit, les vieilles menaces existent toujours, et toujours aussi l'ancienne pénalité sub- siste. * Voila done comment on devient magon, Pour une société qui sé vante @’étre:une grande — 24 — “école de moralité et de vertu,” qui prétend éclairer ses membres et les perfectionner afin qu’ils puissent ‘ mener la société asa perfection morale,” ee sont la de singuliers moyens de recrutement et de réparation ! Vous attirez, dites-vous, les hommes dans vos loges pour les rendre “ meilleurs et plus heureux.” Alors, qu’est-il besoin d’effrayer vos candidats par ces épreuves redoutables ? Vous enscignez la vertu et la plus pure morale. Pourquoi done exiger, par un serment terrible, le secret le plus inviolable sur des enseignements si précicux? Vous cherchez la perfection de Phumanité.. A quoi bon ces mystéres ? Pourquoi cette défense faite aux apétres du progrés, dene rien révéler des doctrines destinées 4 obtenir un but si glorieux ? Vit-on jamais contradiction plus flagrante entre un but que Pon prétend honnéte et les moyens employés pour Vatteindre ? Au lieu d’assister 4 une assemblée “d’hommes sages cl vertucux,” ne croirait-on pas voir plutét un conciliabule de conspirateurs, tramant un com- plot contre la religion et la société ? Evidemment, la Maconncrie'ne veut pas et ne peut pas.tout dire a Vinitié du premier degré. atte, — 2 Tt apprendra plus tard la raison de ce silence mystéricux. CHAPITRE IV. LE NOUVEAU MACON VOIT LA LUMIERE, Seerets du premier degré. Quant le postulant a prononcé le serment ma- connique, le Vénérable lui adresse ces paroles : “ Monsieur, aprés avoir été si longtemps dans les ténébres, quel est maintenant le plus ardent désir de votre cour?” Le postulant répond: Voir la lumiére.” Ce désir est légitime. Il y a plus d’une heure en effet , gue le matheureux porte son bandeau sur les yeux. Le Vénérable dit alors au jeune diacre : “ Faites voir Ja lumiére au candidat.” “Tous Jes membres forment cercle autour dit postulant. Ils frappent des mains et du pied droit le plus fort quwils peuvent pendant qu’on enléve le bandeau du candidat. Celui-ci, aprés avoir été si longtemps dans les. ténébres, se trouve’ tout-d-coup — 26 — en face d’une lumiére éblouissante, et parfois, cela produit les effets les plus alarmants. J’ai connu, dit Morgan, un homme qui s’évanouit en ce mo- ment, et l’on eut bien de la peine a lui faire reprendre ses sens. Depuis ce jour, il ne. remit plus jamais le pied dans une loge.” (Morgan, p. 20.) Dans d'autres loges, les fréres entourent le pos- tulant avec des épées nues dont la pointe est dirigée vers sa poitrine. “Ces épées, dit le Véné- rable, protégent le magon fidéle, mais aussi elles punissent le trattre. Tremblez !” “Monsieur, continue le Vénérable, par votre conduite douce et candide, vous avez échappé ce soir 4 deux grands dangers, mais il en est un troisi¢me qui vous menacera jusqu’d Ja derniére heure de votre existence.” “A votre entrée en loge, on présenta cette épée 4 votre sein découvert. Si vous vous étiez »précipité témérairement en avant, vous vous donniez la mort sur ce glaive. Le frére qui tenait 'épée n’ett pas été responsable de cet acte, il net fait qu’accomplir son devoir.” ‘De plus, Ja corde 4 noeud coulant que vous portiez au cou, vous interdisait toute tentative de retraite. Elle vous efit étranglé, si vous eussiez voulu reculer,”” — 27 “Voila les deux dangers auxquels vous avez échappé.” : Il en existe un troisiéme, et celui-la vous mena- cera jusqu’a la derniére minute de votre existence : cest la pénalité de votre serment: @’avoir fa gorge coupée si vous révétez les secrets dela Frane-Magon- nerie.” (Carlisle, p. 7.) Voila, certes, une étrange déclaration. Que signifiaient alors les paroles du Venerable ? “que la Magonnerie est libre, qu'elle demande une inclination libre pour ses mystéres.” Ce n’était donc 14 qu’hypocrisie et mensonge ? Dés qu’on entre aux loges la liberté disparait. I faut aller de l’avant, se soumettre, obéir. Le Vénérable continue : “Maintenant que vous avez prété le serment solennel de la Maconnerie, je puis vous apprendre quwil ya différents degrés dans Pordre. Chaque degré a ses secrets particuliers. Ces secrets ne sont pas communiqués a tous sans distinction, mais on les donne au candidat selon son mérite et ses apti- tudes.” “ Je vais vous instruire du signe de votre degré et des marques qui nous servent 4 nous connaitre les uns les autres et 4 nous distinguer des pro- fanes.” “ Avancez vers moi d’un pas, partant du pied —~ 98 gauche, et portant le talon droit dans le creux de Vautre pied.” : “Cestle premier pas maconnique, et c’est aussi dans cette position que sont communiqués les secrets du premier degré.” * Secrets du premier degré. Ces secrets consistent en wx signe, un attouche- ment, un mot de passe. Le Signe: Placez ainsi votre main droite —(ho- rizontale, le pouce tendu en équerre, s’appuyant sur le cété gauche de la gorge.) . Le signe est donné en tirant vivement la main d'un cété 4 Vautre de la gorge, et en la laissant tomber le long du flanc. C’est une allusion 4 votre serment; “comme homme d’honneur et comme macon vous préféreriez avoir la gorge coupée plutét que de révéler nos secrets.” Voila le signe. L’attouchement se fait en pressant le pouce de la main droite sur la premiére phalange ( 4 partir du poignet,) du premier doigt de la main droite de votre interlocuteur, et en saisissant ce doigt avec la main. Cet attouchement demande ux mot. Ce mot, les magons le tienne en haute estime, car il garde — 29 — leurs privileges, Tls ne saurai¢nt donc prendre trop de précautions, quand ils le communiquent. ILne faut jamais le donner en entier, mais scule- ment par lettres ou par syllabes. Ce mot, Cest Boaz. Le jeune diacre va vous enseigner la maniére de le dire. Le jeune diacre vicnt alors donner l’attouche- ment au magon ct lui demande : “ Qu’est-ce que cela 2?” . Le magon répond: “Vattouchtment de Tap- prenti.” Jeune diacre : “ Que demande cet attouche- ment ?” Frére ... Un mot.” Jeune diacre : “Quel est ce mot?” Frére ... “A mon initiation, Pon m’a recom- mandé la prudence. Je vous dirai ce mot en Pépelant avec vous. Commencez : Jeune diacre: “B” Frére ... “QO” Jeune diacre: “A” Frére ... “Z” : Jeune diacre: “C’est le nom de Ja colonne gauche du temple de Salomon. II signifie Force.” * — 30— Le premier surveillant présente alors au nou-: veau frére le tablier maconnique “ plus ancien que la Toison d’or ou l’Aigle Romaine, plus hono- rable que Yordre de PEtoile ou de la Jarretiére, c'est Pembléme de l'innocence et de lamitié.” {nsuite on apprend au magon que “ /a charité est Ja vertu caractéristique de Pordre.” Les magons se trouvent répandus dans tout lunivers, les uns sont riches, mais d’autres sont % pauvres. On invite donc le nouveau frére 4 faire © immédiatement la charité. Le magon de répondre: “L’on m’a dépouillé de tout mon argent, sans cela je donncrais libéra- lement.” le Vénérable Pinvite 4 quéter parmi les fréres. Ilva de Pun a autre demander Vauméne, mais & sans succés... On lui explique alors la signifi-; cation symbolique de cette cérémonic. C’était dabord pour éprouver secs principes : puis pour montrer qu’au moment de l'initiation, il navait aucun argent sur lui, autrement l'initiation ett été nulle; enfin pour l’engager 4 secourir ses fréres: “se souvenant qu'il a été recu dans la Maconnerie, pauvre et sans ressources.” “Maintenant, continue le Vénérable, vous pouvez vous retirer et reprendre vos habits, A votre retour en loge, je vous instruirai de. l'ex- Es — 31 cellence de notre ordre et des devoirs de ses membres.” ” Quand le nouveau frére revient en loge, le Vé- nérable lui donne Vinstruction magonnique du premier degré. Cette instruction est longue. Elle ne comprend pas moins de sept différentes « sections, et chaque section renferme trois clauses ou chapitres. “ Crest la, dit le Vénérable, que lon dépeint la vertu sous les couleurs les plus magnifiques, et que Yon enseigne tous les devoirs de la plus stricte moralité Les principes de la science sont im- primes dans la mémoire par des images. saisis- santes et de nature a influencer la conduite dans laccomplissement de nos devoirs sociaux.” (Car- Note) 4: Nous verrons plus loin ce que vaut Ja doctrine " eligieuse et sociale de la magonneric. Un banquet solennel termine initiation au premier degré. Le Vénérable recommande aux fréres qui vont se livrer a “une joic innocente ” d’éviter les excés.., les discours obscénes et Pintempérance. Pour des hommes “sages et ‘vertueux,” ccs conseils sembleraient inutiles. . Pourtant le Vénérable est le meilleur juge des avis convenalles 4 donner a ses.subordonnés. , —- 32 — Puis il leur enjoint le silence vis-d-vis des pro- fanes... dela famille et des amis, et il les exhorte 4 “cultiver Pamitié fraternelle, le fondement, la clé de votite, le ciment ct la gloire de cette an- cienne fraternité.... afin que le monde voit encore comme il a vu et comme il verra tonjours la bien- faisante influence de la franc-magonnerie.” Amen, so mote it be. (Cartile, Manual of Freemasonry, p. 38.) CHAPITRE V. SECOND DEGREE MACONNIQUE. —— LE COMPAGN ON MAGON. , Lintérieur de la loge est le méme qu’au premier’ degré, seulement on suspend Ia lettre G au ga- zelier qui se trouve au milicu de la salle. Le Vénérable—ouvre la loge au second degré: Vénérable — “ Mes fréres, le fr. X. sc présente ce soir pour le second degré, mais’ il faut voir d'abord s'il donnera des preuves de progrés dans le premier.” Aprés cet examen, le Vénérable continue, , “ Frére X. Venez ici, jurez vous sur votre hon- —~ 83 —~ neur d’homme, et votre fidélité de magon, de per- sévérer avec constance dans les cérémonics de votre avancement au second degré?” Le Candidat.—“ Je le jure.” Vénérable. -- Jurez vous également de cacher ce que je vais vous révéler avec le méme soin que les autres secrets macgonniques ? Candidat.—“ Je le jure.” Quelles sont ces cérémonies et ces secrets ? Le candidat Vignore, mais il jure cependant de les observer. Toujours la méme tactique. Aprés avoir regu ce scrment du candidat, le Vénérable continue : “Je vais vous confier, puisque vous en étes digne, ?attouchement et le mot de passe qui méne a la porte de la loge of vous voulez entrer. L’at- touchement se donne en pressant le pouce de la main droite entre les joints du premier et du second doigt de la main droite dun frére. Cet attouchement demande un mot de passe. Ce. mot est Shibboleth. Il signific abondance. On le repré- sente ordinairement dans nos loges par un épi de blé prés d'une chute d’eau. Rappelez vous ce mot, car sans lui, vous ne pourriez pas obtenir votre entrée dans une loge supérieure.” 2 — 34 — Te Candidat se retire pour procéder a Ja * Toilette magonnigue. Au second degré le bandeau et la corde ont dis- paru, mais le postulant, toujours en calegon et en chemise, a le bras gauche, le sein droit et le genou droit 4 découvert, tandis que le pied gauche est chaussé @une pantoufle acculée. + On Vintroduit en loge avec les mémes formalités qu’au premier degré. Le Vénérable le regoit au nom “du Grand Géométre de Univers,” puis il lui fait faire trois fois le tour de la loge, en donnant Pattouchement et le mot de passe ; alors, il lui dit: “ Agenouillez-vous sur le genou droit, plagant votre pied gauche en forme d’équerre. ‘Tenez le corps droit, placez la main droite sur le volume sacré de la loi et supportez le bras gauche sur Péquerre... puis répétez aprés moi les paroles du serment.” (a) . * Serment du compagnan. “Moi X... en présence du Grand Géométre de (a) Ce serment se donne comme celui du premier degré, seulement trois mots 4 la fois. — 35 — l'Univers, dans cette loge vénérable et légitime de compagnons magons, dfiment constituée, régu- ligrement assemblée et ouverte selon les régles, de mon plein gré et consentement, je promets solen- nellement et je jure de toujours céler, cacher, et ne jamais révéler 4 celui qui n'est qu’apprenti, ou A ceux qui ne sont pas initiés et qui ne sont pas magons, les secrets et mystéres du second degré de la magonnerie, connu sous le nom de compa- gnon.” “De plus, je jure solennellement d’agir comme un vrai et fidéle compagnon ; d’obéir aux signes et de maintenir les principes qui m’ont été inculqués dans le premier degré.” “Je jure d’observer tous ces points sans évasion, équivoque ou restriction mentale d’aucune sorte, sous peine, si je les viole, d’avoir, en outre de mes premiéres obligations, Ze sein gauche ouvert, le ceur arraché et jeté en pature aux oiseaux au ciel et aux bétes de la terre.” “Que le Tout-Puissant me soit en aide, et me . garde fidéle 4 ma grande et solennelle obligation de compagnon.” (Carlile’s manual, p. 43.) Faisons quelques courtes remarques sur ce ser- ment: lo. Il maintient les pénalités du premier degré (la gorge coupée, etc.,) et en ajoute de nouvelles. — 36 -—- 2o. L'alternative de “ laflétrissure magonnique ” laissée dans le premier degré au magon infidéle, disparait au second, Il n’est plus question que du chatiment barbare qui menace le magon indiscret ou traitre.., @avoir “le scin ouvert... le coeur arraché, vtec...” 3o. Le compagnon s’engage au silence le plus complet vis-a-vis de lapprenti, et cependant il Pap- pelle “frére,” il se dit comme lui enfant de la méme mére! : Singuli¢re fraternité que celle-la! Comme elle est loin de Ja charité chrétienne qui unit ensemble les enfants de VEglise * Les secrets du compagnon. Quand le serment a été prononcé, le Vénérable™ dit at nouvel élu: “ Levez-vous, compagnon magon, Je vais maintenant vous instruire des secrets du second degré.” Ils consistent en un signe—un attouchement— un mot de passe. Le signe. Jl est divisé en trois parties : ; Signe de fidélité. — Il vous apprendra a cacher —_ 37 nos secrets aux cowans. (a) Le voici: Pressez la main droite sur votre sein gauche, en étendant le pouce de maniére 4 former équerre. Signe Pappel.— Elevez le bras gauche ct tenez le horizontal depuis Pépaule jusqu'au coude, et vertical du coude a Ja main le pouce étendu pour faire équerre avec le premier doigt.” Signe péhal.—“'Virez la main droite d’un travers a lautre de la poitrine, et laissez la retomber le long du céteé.” “C’est unc allusion a votre serment, que vous préféreriez avoir le coeur arraché de la poitrine plutét que de révéler témérairement les secrets de votre degré.” : * Lrattouchement.—Le mot de passe. “ Pressez le pouce de la main droite sur la pre- miére phalange du second doigt de la main d'un frére magon.” “ Cet attouchement demande un mot, et ce mot est “Jackin.” “C’était le nom du pilier droit du temple de Sa- lomon.. II signifie “ établir.” (2) ‘(On désignait sous ce nom les Rois et ceux qui per- sdcuterent la magomnerie,”’ (Carlile, p. 3.) Les Papes, sans doute ! . —_ 38 — Il faut donner ce mot en usantdes plus grandes précautions, comme au premier degré, et seule- ment par lettres ou par syllabes. Le vieux diacre vous enscignera les réponscs 4 faire... Plusieurs officicrs de la loge viennent alors donner au nouveau compagnon, l’atlouchement du degré, ct lui demander Je mot de passe : —Qu'est-ce que cela?” . —* Lattouchement du compagnon.” — Que demande-t-il ?” —“Un mot.” —“ Donnez-le moi? ” —*Lion m'a recommandé pour ce degré unc aussi grande prudence qu’au premier. Je l’épelerai avec vous par lettres ou syllabes. — Comme vous voudrez, commencez :” —** Ja,” dit le compagnon, —‘ Chin,” répond son interlocuteur. —“ Jachin,” reprend le compagnon. Te mot de passe est donné, Le Vénérable confére alors au compagnon l’in- signe de son degré, puis vicnt Vinstruction magon- nique, le catéchisme of Pon fait répéter au com- pagnon les enscignements qu'il a recus. Enfin le Vénérable ferme la loge “au nom du Grand Géo- metre de univers.” — 39 — CHAPIURE VI. TROISIEMB DEGRE MAGONNIQUE.—LE MAITRE MAGON. “Ta loge de maitre est décorée en noir. Sur Tautel est un crane humain, et une lampe a esprit de vin allumé, Sur le tapis un cercueil...... Ta loge est obscure. Tous les fréres sont habillés en noir, et dans quelques loges on met un tablier noir sur lequel se trouve brodée une téte de mort.” (Eckert, Franc-magon t. I. p. 52.) Les préliminaires ressemblent a ceux des degrés précédents. La toilette de rigucur, c’est Vavoir les deux bras, les deux seins et-les deux genoux 4 découvert, les pieds sont chaussés de pantoufles acculées au talon, Dans. cet état l'on améne le candidat au Véné- rable qui lui dit dun ton grave. “Ll est juste, Monsieur, de vous avertir qu’on vous prépare une épreuve trés sérieuse pour votre courage, én méme temps qu’on va vous demander un serment des plus solennels; étes vous prét 4 accepter Tune et Pautre >?” Un candidat voulant agir en homme libre et prudent répondrait alors au Vénérable + = 40 - “ Vénérable,—Je suis courageux, pourtant j’ai- merais 4 connaitre d’'avance Pépreuve dont il s’agit. Queile est-elle ? “Vous me demandez un senmnent des plus s so- jennels. Un homme prudent ne peut contracter pareille obligation, sans en connaitre les termes et sans en examiner les conséquences. ‘ Quel est donc ce serment solennel ? Voila ce que dirait un homme libre et raison- nable. Mais la Maconnerie veut, non des hommes qui examinent et discutent, mais des esclaves. Jure Vabord, obéis ensuite | ‘Telle est la théorie de l'Ordre, et telle est aussi sa pratique. Ve Candidat répond affirmativement aux deux propositions du Vénérable. Alors, on le fait agenouiller au pied de l’autel. Il pose les detix mains sur la Bible et répéte, aprés le Vénérable le serment du maitre macon. * Serment du maitre magon. “Moi, X... en présence du Trés Haut et de cette digne ct vénérable loge, dfment constituée, réguli¢rement assemblée et ouverte selon les régles ; de mon plein gré et consentement, je promets so- AL lennellement et je jure de toujours céler, cacher et ne jamais révéler les secrets ct mystéres du degré de maitre magon, 4 personne au monde, si ce nest A celui ou a ceux 4 qui légalement et jus- tement je puis le faire, Encore ne le ferai-je pour eux qu’aprés avoir par éprcuves et strict examen, obtenu la conviction qu’ils en sont dignes et quils appartiennent 4 une loge de maitre magon.” © De plus, je jure solennellement de ne pas ré- véler les secrets du troisiéme degré a celui qui nest que compagnon magon, de méme que le com- pagnon doit cacher les secrets de son degré a celui qui n’est encore qu’apprenti. ‘Tous ccs secrets, je ne les révélerai & personne au monde, si ce n'est a de vrais ct fidéles fréres magons.” “Je m’engage & obéir aux signes dégaux ct aux ordres que me donnera une loge de maitres magons, pourvu qu’ils soient compris dans mes obligations. Je mapporterai aucune excuse, excepté la maladie ou l'urgence pressante de mes occupations privécs ou publiques.” “Je jure solennellement de maintenir ct d’ob- server en paroles et en actes, les cing points du compagnon magonnique.” “Ma main donnée 4 un magon sera un gage certain de fraternité.” “ Mon pied traverscra dangers ct dificultés pour — pe se mettre prés du sien et former une colonne de défense mutuelle ct de sfireté.” “La position que je prendrai dans mes priéres quotidiennces me rappellera ses besoins et dispo- sera mon cwur a soulager ses infortunes, autant que je pourrai Ie faire, sans détriment pour moi ct les miens.” “Ma poitrine gardera comme chose sacréc, les secrets qu'il me confiera, Toutcfois le meurtre, la trahison et Ia félonie ct autre offense contraire 4 la loide Dicu, ct aux réglements du royaume, font exception a cette régle en tous temps, ow @ mon propre choix”? “ Enfin, je défendrai le caractére d’un magon en son absence aussi bien qu’en sa présence. Je ne le mépriserai pas moi-méme et je ne le laisserai pas mépriscr par d'autres, mais je repousserai har- diment toute calomnie contre son honneur, et je _respecterai strictement la chasteté. de ceux qui lui sont chers, c’est-d-dirc, la personne de sa femme, de sa soeur ct de son enfant. Je n’aurai avec cux, le sachant bien, aucune relation charnelle_illégi- time.” “Je jure encore solennellement de ne jamais faire le moindre tort 4 un magon et de né pas souffrir qu'on lui en fasse, sans len avertir de suite. Je préférerai aussi toujours un magon dans mes — 43 -— entreprises, et je le recommanderai aux autres sclon mon pouvoir tant qu’il agira honnétement, honorablement ct fidélement vis-a-vis de moi et des autres.” “ Pobserverai tous ces points sans équivoque ni restriction mentale. Si je manque 4 Pun d’eux, je consens a avoir /e corps coupé en deux, les en- trailles arrachées et brilées, et les cendres jetées aux quatre vents du cie?, en sorte quil ne reste de moi aucun souvenir parmi les hommes, et surtout parmi les magons. “Que Dieu me soit en aide, et me garde fiddle A cette grande et solennelle obligation de maitre macon.” (Carlile, Manuel, p. 65.) * Réflexions sur le serment du maitre. Voila donc le serment du maitre magon. Avant de passer outre, faisons quelques obser- vations: - lo, Le maitre jure de ne rien dire des secrets de son degré au compagnon magon, et celui-ci fait le méme serment vis-a-vis de lapprenti. Pourtant, apprenti, compagnon et maitre s’appellent fréres.ct se disent enfants de la méme mére. . — 44 — Singuliére fraternité que celle-la! 20. Le maitre jure Wobéir auwx signes légaux et aux ordyves Vune loge de maitre magon. Voila unc obligation bien vague et bien risquée. Si, par hasard, la loge vous commandait un jour quelque besogne compromettante, que feriez-vous ? “La magonnerie est morale, me direz-vous, elle nordonne rien que d’honorable et de juste.” En @tes-vous bien str? Vous avez prété bien des serments depuis votre entrée en loge. Serment de Vapprenti: ‘(Que l’on me coupe la gorge si je trahis Jes secrets dela Franc-Magon- nerie.” Serment du compagnon: “ Que l’on m/arrache le scin gauche et le coeur.” Serment du maitre: “Que l’on m’ouvre le ventre, qu’on brtle mes entrailles, si je manque 4 mes engagements magonniques.” , Sont-ce ]4 des menaces puériles et sans portée ? ou faut-il les prendre au sérieux ? La Maconnerie elle-méme les prend-elle au sé- rieux? I.c macon, infidéle 4 ses serments, ne promet pas, i] est vrai, de se suicider, mais il se résigne 4 subir sa peine de Ia main d’un autre. “En jurant de garder Jes secrets de Ordre, dit le fr, Bazot, dans son. Manucl approuvé par le — 45 — Grand Orient de France, 7apprenti se voue en cas infraction a Pexécution de ses fréres:" (Manuel, p- 19, 21.) Tl en est de m@me du compagnon et du maitre. Voila qui est clair. Les loges anglaises et américaincs sont-elles plus indulgentes pour les macgons coupables ? Liassassinat de William Morgan et de Gracia Moreno, en 1829, semblerait prouver le contraire. Sachez bien une chose: la Franc-Maconneric est sérieuse. Tout ce qu’elle promet 4 ses membres, elle le donne. , 30, Vous jurez encore d’observer les cinq points du compagnonnage magonnique. Libre 4 vous, Messicurs, de commencer votre ceuvre sociale, en vous formant d’abord en com- pagnie d’assurance mutuelle. Mais du moins ne vantez ni votre générosité, ni surtout votre chas- teté macgonnique. Vos lumiéres, vous les gardez dans vos loges. Les profanes en sont exclus. Votre bienfaisance, vous la réservez aux fréres, et encore...! Votre chasteté, vous semblez la-restreindre ex- clusivement 4 la famille du macon. “Vous respec- terez sa femme et ses enfants,” mais votre serment ne vous oblige qu’a cela. La Maconnerie parait — 46 — vous laisser toute latitude d’aller chercher fortune chez les profanes, si bon vous semble. 1/Eglise catholique est plus austére. Elle ne fait dexception pour personne. 4o. Vous promettez enfin d’aider, d’assister, de patroner les magons, de leur préter secours dans leurs entreprises commerciales, ou dans leurs efforts pour se hisscr aux emplois publics et 4 quelque bonne position qui donne 4 la fois honneur et profit. ‘Tout cela, bien .entendu, 4 exclusion des pro- ” fanes. Et vous voudriez voir ces profanes s’extasier sur excellence de votre association, et s’incliner res- pectucusement devant le triangle des loges et votre tablier maconnique ! Allons donc! * Les papes connaissaient-ils bien la Franc-Ma- gonneric, quand ils la définissaient : “Une société ‘hommes qui se lient entre eux par un pact aussi étroit qu’impénétrable... qui s'engagent par un serment solennel et rigoureux, sous les peines les plus terribles, 4 tenir cachées par un silence inviolable, les pratiques secrétes de leur société.” (Bulle de Clément XII, 1738.) 47 — Avaient-ils tort de conclure que: “Si les Franc-Macgons ne faisaient pas le mal, ils n’auraient pas cette haine de la lumiére.” (Id.} N’étaient-ils pas les défenseurs de Ja vraic liberté de conscience, les vengeurs de la morale divine quand ils pronongaicnt : “La nullité absolue du serment tout 4 la fois impie et criminel par lequel ceux qui sont agrégés a ces sectes s’obligent a ne révéler 4 personne cc qui regarde leur société.” “ Enfin ne faisaient-ils pas acte de prudence et de fermeté lorsqu’ils obligeaient les catholiques a dénoncer les chefs principaux de ces sociétés se- crétes.” Ces condamnations et ces obligations subsistent encore et subsisteront toujours, car toujours la Franc-Maconnerie sera, par ses principes et par ses doctrines, l’ennemie de la Religion catholique et de ’Etat chrétien. CHAPITRE VIL. VENSEIGNEMENYT SOCIAL DE LA MAGONNERIE, Le magon est maintenant préparé 4 recevoir Penseignement social de l’ordre. — 48 — Il ne lui Sera cependant pas donné ouvertement, en termes clairs et précis. La Magonnerie est trop prudente pour cela. Elle enveloppe sa doctrine sociale sous le voile de Pallégorie. Deja, dans les deux premiers degrés, on avait parlé au candidat d’un temple 4 construire. On Vavait engage 4 se montrer digne @étre choisi pour cette wuvre. Maintenant Ordre va définitivement Penrdler parmi les vrais ouvriers macons, et lui montrer dans la personne du prétendu fondateur de la Vranc-Maconnerie, Hiram Abiff, ce qu'il doit Gtre ct ce qu'il doit vouloir comme macon. Cette allégorie se trouve dans tous les rites -et dans tous les manuels de l’Ordre. Le véritable-secret de la Maconnerie y est cer- tainement renfermé. Pour comprendre cette allégorie, rappelons-nous cecl lo. Hiram Abiff représente "homme libre, dé- pouillé de tout préjugé et de toute superstition, ct ne se conduisant que par es principes de la pure Raison. : 20. ‘Trois compagnons complotent sa mort et Ie tuent. 30. La Magonnerie ressuscite Hiram Abiff ct 4 s'engage avenger son trépas cn mettant a mort les trois compagnons coupables. Voici maintenant cette allégorie. * Quinze compagnons ayant charge de surveiller les autres ouvriers, voyant louvrage presque fini, ct n’étant pas encore en possession des secrets du maitre que connaissaicnt seuls, Salomon et Hiram Abiff, conspirérent pour les obtenir par n'importe quel moyen, fut-ce méme par la force.” ‘Au moment d'exécuter leur complot 12 sur 15 reculérent, mais les trois autres plus déterminés et dun caractére plus féroce, persistérent dans Jeur dessein impic. Pour l'accomplir ils se placérent aux portes de Vest, du nord et du sud du temple ot s’était rendu notre maitre Hiram Abiff pour payer, selon sa coutume, son tribut (adoration au ‘Trés-Haut 4 Vheure de midi.” “Ses dévotions finies, notre Grand-Maitre youlut sortir par la porte du nord, mais un des brigands en empécha, et faute d’autre arme, il s’était muni d'une lourde régle de plomb. D’une voix menagante il demanda A notre Grand-Maitre les secrets du maitre-magon, menacant de le tuer s'il refusait de répondre. Hiram. Abiff, fidéle a ses — 50 — obligations, déclara que ces secrets n’étaient connus que de trois personnes, et ‘qu'il ne pouvait les révéler sans leur consentement ; la diligence et la patience ne pouvaient manquer de rendre un jour un macgon digne de connaitre ces mystéres, mais pour lui, il aimerait mieux souffrir la mort plutdt que de trahir le dépét qu’on lui avait confié. A ces mots, le brigand essaya dele frapper 4 la (étc, mais troublé par la fermcté de la contenance d'Hiram, il manqua son coup, et Ja régle au lieu @attcindre Je front, frappa seulement la tempe droite, avec unc telle force que le Grand-Maitre chancela et tomba sur le genou gauche (posture du candidat en prétant le serment du Ter degré.” “Se relevant aussit6t, Hiram Abiff courut a la porte du sud. TA, i} fut accosté par le second bri- gand de la méme maniére, mais il répondit encore avec la méme fermeté. Alors, assassin qui était armé d’une équerre en asséna un coup sur la tempe gauche de maitre Hiram, ce qui le fit tomber sur le genou droit (posture du candidat prétant le serment du 2e, degré.”) “Voyant la fuite impossible de ce cété, Hiram s'avance en chancelant, faible et perdant son sang, vers Ja porte de lest, of le troisiéme brigand était posté. Celui-ci, recevant 4 son insolente demande la méme réponse qui avait été donnée aux autres, — 51 — (car notre Grand Maitre, méme a ce moment ter rible, resta inébranlable,) le frappa violemment au milieu du front avec un pesant maillet. Notre excellent maitre roula sans vie aux pieds du meur- trier.” “ Telle fut sa mort!” “Je vous ai déja indiqué la lecon morale que cette mort enseigne au frére fidele. “Dans de pareillees circonstances, un homme a Vesprit bien constitué, qui a pris pour base de sa vie les principes de la vérité morale et de la jus- tice, et qui, développant ses facultés pour la gloire de Dieu et le bonheur de Vhumanité, aura atteint le but de sa création ; celui enfin qui aura appris a considérer la mort comme le terme de ses_afflic- tions, et lentrée d'une vie meilleure, imitera aussi le courage magnanime de notre Grand Maitre.” “Vous ne fiéchirez pas, je l’espére, sous Vin- fluence de la peur, maintenant que votre épreuve approche, maintenant que vous ¢tes 1 devant moi comme une victime préte pour le sacrifice, main- tenant que la main de la mort est sur votre téte, maintenant que ce moment est Je dernier pour yous... (Carlile p. 69.) 53 — DLépreuce du dséme degré. A ces mots up frére qui, @ Vinsu du candidat : s’était approché de lui, en arriére, le frappe sur la téte avec un maillet et lenvoie rouler sur le plan- cher, Pendant qu'il est tout abasourdi par ce coup, les fréres entourent en s’écriant “c’est un traitre: il a livré nos secrets, qu’il meure !” On saisit le malheureux et on le jette dans un cercucil, que Yon referme immédiatement sur sa téte, Ce cercueil a au milicu un trou qui permet 4 Vair de s‘introduire, mais le malhcureux, au mo- ment of on l'ensevelit ainsi tout vivant, ignore ce détail. ° Te silence le plus complet régne dans la loge } au bout de quelque temps, on enléve le couvercle. Le candidat reste toujours étendu dans son cer- cueil, pendant que le Vénérabie dit : “Nos frérés remarqueront que, dans cette. céré- monie aussi bien que dans sa situation présente, notre frére représente un des plus brillants carac- téres de la maconnerie : notre maitre Hiram Abiff. Ji perdit la vie & cause de son inébranlable fidé- lité 4 garder le dépét qui lui avait été confié.” — §3 — Alors Je Vénérable reléve le candidat par les cing points de la macgonneric. C’est ainsi, continuc-t-il, que tout maitre magon se léve d'une mort figurative pour se réunir a ses premiers compagnons de travail.” (Carlile, ma- nuel p. —-) Ces paroles sont remarquables. Avant que le candidat ne se présentit aux loges, Pivnoranee, Ja superstition, le fanatisme, avait tue en Ini Phomme raisonnadZe, tel que la nature lavait fait et le voulait. La maconnerie par sa doctrine rend 4 cet homme la vie ct la vraie lumiére, Elle en fait un homme nouveau, alfranchi de pre- jugés nuisibles ou insensés, digne de travailler a la reconstruction du temple, c'est-t-dire de la so- ciété, Ine lui reste plus qu’a poursuivre les ennemis qui Pavaient si indignement traité eta s’en venger. * Les secrets du 3éme degré. Aprés avoir entendu raconter la mort d’Hiram, le candidat se retire pour aller reprendre ses habits. : — 54 — Quand il revient en loge, le Vénérable lui com- 4 munique les secrets du Béme degré, Ces secrets sont un signe, un attouchement, un | mot de passe. “Le signe pénal du degré se fait en passant: vivement la main d’un travers 4 autre du ventre, © ct en Ia laissant retomber le long du flanc puis en | plagant la pointe du pouce sur le nombril.” “Cela veut dire que, comme homme d’honneur, le magon aimerait mieux avoir le corps coupé en deux plutdt que de révéler les secrets du degré.” = Pattouchement est le premier des cing points du compagnonage magonnigue. (a) lo. Saisir la main droite du macon et toucher le poignet avec la pointe des doigts. 20. Placez le pied droit paralléle a son pied droit 4 Vintérieur. 30. Mettre le genou droit prés de son genou droit. 4o. Le sein droit contre son sein droit. 5o. La main sur l’épaule, supportant le dos. Dans cette position seulement, excepté en loge, le mot de passe est donné. Ce mot est Mahabone ou Machenach. ‘La mort d’un frére ou le frére est assommé.” (a) Voir dans le serment explication de ces cing points. * — 55 — or Le Vénérable remet alors au candidat les in- signes de son degré, puis il lui raconte la décou- verte du corps d’Hiram Abiff et le supplice des trois compagnons coupables. “Salomon, inguict de la disparition d’Hiram Abiff, envoya trois bandes 4 sa recherche.” “La premiére revint sans avoir rien trouvé.” “Ta seconde plus heurcuse, découvrit le corps WHiram Abiff, qu’on avait enterré prés d’un ar- buste (Pacacia) ct lerapportérent avec cux a Jéru- salem.” _ “La troisiéme bande, en passant pres dune tavarne, entendit des lamentations, et trouva trois hommes qui répondaient 4 la description des tra- vailleurs manquant au réle. Is les accusérent du meurtre @’Hiram. Ccs hommes, voyant toute chance d’échapper impossible, confessérent leur crime.” “On les amenaa Jérusalem et Salomon les con- damna 4 mort.” « C’est le souvenir de cette mort d’Hiram Abiff que rappelle le troisiéme degré, aussi bien que le cercueil, la téte de mort et les autres ornements funébres de la loge.” (Carlile’s Manual, p. 75.) Hiram est le type de Vhomme parfait, affranchi de tout: préjugé, de toute superstition. Tlest assas- siné par trois compagnons. coupables. Le nou- — 56 — veau magon doit ressusciter en sa personne les vertus d’Hiram et punir les meurtriers qui le mirent 4 mort. Quels sont ces meurtriers? Ie Rituel répond: ce sont fa Superstition,—lLenorance et le Lana- disme, Cest-a-dire Vaprés Pinterprétation des ma- cons. L' Regtlise catholigue—des Lnstitutions catholigues —t Etat catholique. Ceux qui veulent & tout prix ne voir dans la Magonnerie qu'une société de bienfaisance, auront, sans doute, peine a‘croire 4 une pareille interpré- tatiun. Pour les convaincre de son exactitude, laissons les macgons eux-mémes nous expliquer comment ils entendent Vallégoric d’Hiram Abiff. Ie Vénérable J. Bergé, Grand Maitre des Loges Belges cn 1875, définissait en ces termes la position de la Franc-Maconnerie vis-a-vis de PEglise Catholique. “On a dit, et je le crois, que la Magonneric est “Ja véritable ennemie de la religion catholique. “ Oui, nous sommes les ennemis de la religion catho- “ lique st le Syllabus dott en btre la base.” “Ta Franc-Magonnerie a mission de s’occuper “des questions politiques et sociales: clle doit, * pour employer une expression usitée parmi nous, “ dégrossir la pierre brute.” — be * Nous ne pouvons rester indifférents vis-a-vis | deg manceuvres de nos ennemis. Quand. les » “hommes de ténébres répandent ?LZyenorance, la 6 Superstition et le Fanatisme, et menent la popu- “Jation & Pabrutissement ct a la décrépitude, “yous avons mission de planter le drapeau du “ libre examen, de répandre ?Zustruction, Véclairer ’ “et de protéger tous ceux sur lesquels ils s’ef- © forcent d’exercer leur influence néfaste. Et cette “ mission, nous n’y faillirons pas. Voila la _poli- “ tique magonnique en opposition avec les doc- “ trines cléricales.” (Voir Cl. Janet. t. IL p. 502.) Notons, en passant, que cc Grand Maitre Belge, st farouche ennemi de I’Zenorance, de la Supers- tition et du Fanatise, représentés par Viglise Catholique, est un ami intime de notre Grande Loge de Québec. En 1875, en effet, comme en 1883, la Belgique était en communion magonnique avec Québec. Or, @aprés le Code de la Magonncrie, cette commu- nion implique communauté de vues, de principes et d’actes; nous pouvons done, sans injustice, ‘tenir notre Grande Loge de Québec responsable ‘de ces paroles. Encore un ami de notre Grande Loge québec- ‘quoise cet ex-Grand Maitre de Belgique, le frére Couvreur qui, dans la méme Zerwe, portait un toast. * ) Liglise dont Pempire repose sur Pfgnorance et la Superstition, de celle que Luther, le grand Luther, appelait déja la prostitudée des temps modernes, & li chitte de ?Eglise Romaine!” (a) Nos frane-magons canadiens sauront désormais * * ce quils promettent quand, au degré de maitre, on, leur fait jurer de poursuivre les meurtricrs de Hiram Abiff. Ils ne s’étonneront plus de voir les catholiques qui, au dire du monde magonnique, (mai 1883, p. 29,) “ont fondé leur puissance sur Plenorance, le Fanatisme et la Superstition,” com- battre la Magonnerie comme Icur ennemie la plus 4 implacable. C’est ce que nous allons prouver maintenant. (a) Cl. Janet, t. TE, p. 504. DEUXIEME PARTIE QUEST-CE QUE LA MACONNERIE ? CHAPITRE I LA MAGONNERIE EST LRNNEMIE ACHARNEE DE LA RELIGION CATHOLIQUE. * Premiére preuve: Le programme maconnique. Une société particuliére, qui s’établit au sein de la grande société générale, a soin @’exposer, dans son, programme, le but spécial qu'elle poursuit et les moyens qu’elle compte prendre pour l’atteindre. C’est ce que fit la Magonnerie anglaise quand elle se reconstitua en 1723. Voici quel fut son programme. * — 60 — Programme magonnigue de 1723. “J, Franc-Magonnerie est une Alliance Huma- “nitaire destinéc 4 perfectionner PITumanité. En “faisant mettre de cdté des préjugés nuisibles ou “insensés, cn propageant les principes de la tolé- “rance et des maximes humanitaires, la franc-ma- “connerie se propose d@amencr graduellement la “société a sa perfection morale.” Ce programme fut rédigé par le Révd frére Anderson, ct inséré par Ja Grande Loge Anglaise, dans sa premiére constitution magonnique publiée en 1723 (a). Il est concis, mais dans sa concision, .il dit tout. Nous y voyons le but que la Magonnerie se propose et les moyens qu’clle emploie pour réussir, Bien plus, nous y trouvons nettement formulée la guerre ouverte quelle poursuit contre I’Eglise catholique et la Société chrétienne. T/histoire de la Magonnerie n’est autre chose que l'application de ce programme primitif. Etudions-le donc avec soin, @vV. cert, t IL, p. 52. * — 61 — ffostilité & (Liglise Catholique. Dans ce programme, notons le Pabord, il n'est question ni de dienfaisance, ni de secours mutuels. Ia Magonnerie visait plus haut. Ce qu’elle voulait comme but final c’était “ d’ame- “ner graduciiement la Société 4 sa perfection mo- “yale.” Or, Vénoncé @un parcil but était une calomnic indigne contre ’Mglise, cn méme temps qu’une déclaration de guerre 4 la Révélation chrétienne. Ly avait, en effet, dix-huit siécles que PEglise Catholique travaillait 4 moraliser les peuples et 4 les amener avec clle dans Iles voies du progrés moral et surnaturel. Ses dogmes révélés, ses sacre- ments servaient de liens aux fidéles et de base aux sociétés fondées sur les principes chrétiens. Or, dans Yopinion des magons anglais, ces efforts n’avaient abouti qu’d un échec éclatant. L’Eglise catholique n’avait pas la force requise pour mener VHumanité a sa perfection morale. La Macgonne- ric allait reprendre ce travail en sous ceuvre. Elle se formait en “ Grande Alliance Humanitaire” pour perfectionner le monde. Par cette déclaration insolente, la Magonnerie meltait de cété l’Eglise catholique et scs Institu- tions divines,

Vous aimerez peut-être aussi