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Fiche de révision sur le contrat de travail

Vous le savez maintenant le contrat de travail est défini comme étant le contrat par lequel une
personne s'engage à exécuter au profit d'une autre personne, et sous sa subordination, un travail
moyennant une rémunération.

Les 3 éléments constitutifs sont les suivants :

Le salarié qui revendique l'existence d'un contrat de travail doit prouver qu'il réalise effectivement une
prestation pour le compte de l'employeur présumé.

Focus : lien de subordination : il s'agit du critère décisif du contrat de travail qui permet de le
différencier d'autres contrats. Nous l'avons vu, il est difficile de le prouver dans le cadre des
travailleurs indépendants.
L'arrêt Société Générale le définit comme « l'exécution d'un contrat de travail sous l'autorité de
l'employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d'en contrôler l'exécution et de
sanctionner les manquements de son subordonné ».
Cette définition classique a été élargie puisque la Cour de cassation utilise la méthode du faisceau
d'indices pour démontrer son existence : fourniture de moyens par l'employeur respect d'un horaire
de travail d'un lieu de travail, intégration au sein d'un service organisé lorsque l'employeur fixe
unilatéralement les conditions d'exécution du travail…,

Quelle est la distinction entre le travail subordonné et le travail indépendant ?

Il peut être tentant pour un chef d'entreprise d'essayer de contourner les règles du statut salarial dans
certaines situations. Pour les fournitures de certains biens ou de certaines prestations, l'entreprise
peut d'ailleurs conclure des contrats avec des travailleurs indépendants dans le cadre de sous-
traitance, de travail artisanal ou de prestations de services.

Comme nous l'avons vu le travailleur indépendant s'engage à fournir un résultat mais reste libre du
choix des moyens pour y parvenir (matériels, personnel…). Il supporte les risques et les charges
sociales.

La question qui se pose est de savoir si les travailleurs indépendants qui ne travailleraient que pour le
compte d'une seule grande entreprise n'est pas en situation de subordination au moins économique à
l'égard de celle-ci ?

L'article L. 8821-6 CT prévoit une présomption de non-salariat, notamment pour les personnes
physiques immatriculées au registre du commerce et des sociétés, au répertoire des métiers et au
registre des agents commerciaux.
A partir du moment où une personne est immatriculée à un de ces registres, elle est censée exercer
son activité de façon indépendante et n'être liée par aucun contrat de travail à l'égard du son donneur
d'ordre.
La loi du 4 août 2008 de modernisation de l'économie a élargi le champ d'application de la
présomption aux personnes physiques exerçant une activité commerciale ou artisanale dispensées de
l'obligation de s'immatriculer au RCS ou au répertoire des métiers.
De même est présumé travailleur indépendant celui dont les conditions de travail sont définies
exclusivement par lui-même ou par le contrat les définissants avec son donneur d'ordre (article L.
8221-6-1 CT).
Il s'agit cependant d'une présomption simple d'indépendance susceptible de preuves contraires.
Dès lors toute personne qui a intérêt peut donc démontrer que l'activité est en fait salariée et qu'il
existe un lien de subordination caractéristique du contrat de travail.

Comment renverser la présomption de non-salariat ?


À condition pour le travailleur indépendant de démontrer qu'il est sous la subordination juridique
permanente du maître d'ouvrage.
Dans une décision du 14 février 2006, la chambre criminelle (n° 05-82287) a jugé que

« Mais attendu qu'en prononçant ainsi, sans répondre aux réquisitions du ministère public
faisant valoir que, d'une part, les prétendus sous-traitants avaient en fait le statut de salariés,
en raison des conditions, pratiquement identiques pour chacun d'eux, de leur rémunération
qui était subordonnée, non à l'exécution d'une tâche déterminée à l'avance, mais à un
contrôle de la quantité de travail effectué, et que, d'autre part, l'existence d'un contrat de
travail était établie dès lors que les artisans concernés, fussent- ils immatriculés
au répertoire des métiers, fournissaient des prestations les mettant en état de
subordination juridique par rapport au maître de l'ouvrage durant tout le temps
d'exécution de leur tâche, même en l'absence d'un lien contractuel permanent, la
cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ; ».

La subordination juridique doit donc être permanente pendant toute la durée à accomplir même si les
deux parties ne sont liées entre elles que par des tâches occasionnelles et précaires.

Nous retrouvons ici toute la question qui s'est développée autour des plateformes numériques et des
travailleurs indépendants.

Il faut rappeler que la loi Travail du 8 août 2016 a précisé que les travailleurs des plateformes devaient
être considérés comme des indépendants au même titre de l'ordonnance du 6 avril 2022 laquelle leur
a offert davantage d'autonomie.
Pour autant et comme nous l'avons étudié cela n'a pas limité les demandes de requalification et cela a
donné lieu aux différentes décisions depuis 2018 que nous avons étudiées (Take it Easy, Uber, Bolt…).

Quels sont les conséquences ?


Au-delà des demandes de rappel de salaire qui peuvent être formulées dans un délai de prescription
de 3 ans et des demandes de dommages et intérêts pour non-respect de la procédure de licenciement
ou licenciement sans cause réelle et sérieuse, et en cas de requalification du contrat de travail
l'employeur peut être susceptible d'être poursuivi pour le délit pénal de dissimulation d'emploi
salarié s'il est établi qu'il s'est soustrait volontairement à l'accomplissement de l'une des formalités
prévues aux articles L. 3243-2 CT et L. 1221-10 CT.

https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-eco/vers-un-renforcement-des-droits-des-
travailleurs-de-plateformes-numeriques-avec-la-presomption-de-salariat-6309900

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